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Légendes et Vérités

#5 - Jean-Philippe Carpentier - "La monarchie, les Bourbons et Charles X" (Franck abed)

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41min |25/09/2025
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Description

👑 Quelle est encore aujourd’hui la portée réelle de l’héritage des Bourbons ? Peut-on concilier fidélité monarchique et regard contemporain ?


🎙️ Pour le savoir, je vous invite à découvrir un entretien passionnant avec Jean-Philippe Carpentier, avocat, consul honoraire du Luxembourg pour la Normandie et président du Corps consulaire de Normandie.


⚜️ Descendant de la maison de Bourbon, il porte un regard éclairé et sensible sur cette dynastie qui a marqué l’histoire, l’art et le patrimoine français.


🕍 De l’architecture à la mémoire symbolique, de Charles X à la transmission des valeurs monarchiques, Jean-Philippe Carpentier nous offre une réflexion à la fois enracinée et ouverte sur l’avenir.

📖 Ensemble, nous avons abordé :


• L’influence des Bourbons sur le patrimoine artistique et culturel

• Le rôle méconnu de Charles X dans l’histoire de France

• La signification du sacre de 1825 à Reims

• Les lieux et symboles qui incarnent l’héritage monarchique

• Le rapport de la France contemporaine à sa mémoire royale

• La valorisation du patrimoine au sein du Corps consulaire


💡 Résultat : un échange riche, nuancé et profondément ancré dans l’histoire longue de la France. À écouter absolument si vous vous intéressez à la monarchie, à l’histoire institutionnelle ou aux dynasties françaises.


➡️ Pour soutenir mon travail :


https://www.paypal.com/paypalme/franckauteur


➡️ Pour toute demande d’information ou proposition de collaboration :


legendesetverites@gmail.com 


🎙️ Je suis Franck Abed, intellectuel indépendant et fondateur du podcast Légendes et Vérités, un lieu d’échange et de réflexion. J’y reçois historiens, penseurs, économistes, écrivains et figures publiques pour confronter les mythes aux faits…


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans cet épisode de Légendes et Vérités, nous partons sur les traces d'une dynastie qui a profondément façonné la France, les Bourbons. A travers leur empreinte sur notre patrimoine, leur rôle dans l'histoire artistique et institutionnelle de notre pays, et la figure souvent méconnue de Charles X, nous interrogeons la mémoire monarchique et sa place dans la société contemporaine. Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir Jean-Philippe Carpentier, avocat consul honoraire du Luxembourg pour la Normandie et président du... corps consulaire de Normandie. Je précise qu'il ne s'agira pas d'un débat. L'entretien se veut intellectuel et historique. Maître Carpentier, bonsoir.

  • Speaker #1

    Oui, bonsoir Franck. Merci de m'avoir invité à participer à votre émission. Je précise à vos auditeurs qu'étant consul du Luxembourg en Normandie, je n'émettrai absolument aucune position politique. La politique étant une interdiction majeure des membres du corps consulaire.

  • Speaker #0

    Merci pour cette précision qui est la bienvenue. Première question, en tant que descendant de la maison de Bourbon, comment percevez-vous l'influence de cette dynastie sur le patrimoine culturel et architectural de la France ?

  • Speaker #1

    Pour resituer par rapport à vos auditeurs, je suis descendant de Charles X, des descendants agnatiques. par les mâles de Charles X, sûrement de la dernière branche qui en descend. Alors, comment est-ce que je perçois ça ? Je pense qu'il faut revenir aux origines de la maison de Bourbon. La maison de Bourbon, c'est une ancienne famille, très ancienne, et la maison de Bourbon, émanant des Capétiens, est issue d'un des enfants de Saint-Louis. Elle a donc eu un impact très important en matière culturelle et en matière architecturale. sur la France, d'abord cantonnée à ses fiefs, et j'invite chacun de vos auditeurs à aller voir l'empreinte de la maison de Bourbon dans tout le Bourbonnet lui-même, et notamment la zone de Bourbon-Larchambeau. Par la suite, les Bourbons sont devenus rois de Navarre, et là aussi, avant Henri IV, il y a eu une empreinte au sein de la Navarre historique qui, à l'origine, était en partie sur la France, en partie sur l'Espagne. Ensuite, à partir d'Henri IV, les Bourbons sont devenus rois de France jusqu'à Charles X qui en a été le dernier. L'impact essentiel me semble-t-il, notamment en termes de monuments, en termes d'architecture, c'est ce qu'ils ont construit à partir du règne d'Henri IV, puis par la suite avec des grands bâtisseurs comme par exemple Louis XIV. Alors, s'il fallait citer des endroits emblématiques, je parlerais peut-être tout d'abord du Louvre et de tous les travaux qui ont pu être faits au Louvre avant que la cour ne déménage à Versailles. Et ces travaux ont permis de voir arriver des façades absolument extraordinaires et notamment la façade... qui jouxte Saint-Germain-Loxeroy, la paroisse des rois de France, et qui, elle, est un exemple du style classique. Le Louvre n'a pas été la seule réalisation, puisque, je l'indiquais tout à l'heure, de nombreuses réalisations sont intervenues, et je crois que la plus emblématique, c'est Versailles. Versailles, qui a été construite relativement rapidement, et je ne cantonne pas cette réalisation de Versailles au simple... château de Versailles lui-même, mais à la ville complète et de manière globale à tous ses alentours, puisque quand Louis XIV a construit Versailles, il a structuré une ville, il a structuré une cour, et il a structuré, je dirais, une vie autour de cette ville. Donc sur un plan architectural, sur un plan culturel, Versailles existe et rayonne encore. Et il suffit de regarder l'appétence des successeurs de la dynastie Bourbon pour s'apercevoir qu'aujourd'hui encore, de nos jours, Versailles demeure l'outil de prestige de la France, celui dans lequel on accueille les chefs d'État étrangers et celui avec lequel on fait une sorte même de marketing de la France. Alors, l'héritage de la maison de Bourbon sur ce terrain-là ne s'est naturellement pas cantonné à Versailles. il a été était beaucoup plus large. Il a perduré, et il a perduré bien au-delà lorsque nos rois sont venus s'installer après... l'épisode révolutionnaire, dans la partie des Tuileries, avant même que ce palais ne brûle. Et à l'époque, leur héritage à la fois patrimonial et artistique est retourné à Paris. Ils ont restructuré la capitale, ils ont restructuré la vie, et je crois qu'il ne faut pas voir l'héritage des Bourbons comme quelque chose... de figer dans le temps, n'est comme quelque chose de beaucoup plus linéaire et qui irrigue toujours et encore notre civilisation actuelle.

  • Speaker #0

    Merci pour cette réponse très intéressante et instructive qui rappelle la dimension très historique et très ancrée de la maison de Bourbon avant même l'arrivée d'Henri IV au pouvoir. Comment la monarchie a-t-elle contribué à la constitution ? des collections artistiques nationales ?

  • Speaker #1

    Alors, sur ce terrain, je crois que je vais repartir d'un exemple très concret et qui m'a concerné il n'y a pas très longtemps. Si vous avez, d'une manière ou d'une autre, regardé ce que j'ai pu publier, même la presse de manière globale, peut-être savez-vous que je suis allé à l'exposition à la Manufacture des Gobelins. qui retracé le sacre de Charles X et qui s'intitulait le dernier sacre. Cette exposition répond presque à elle seule à la question que vous me posez. C'est-à-dire que vous avez, dans le cadre de cette exposition, exposé un certain nombre de tissus, un certain nombre d'objets, un certain nombre d'éléments qui rappellent le sacre de Charles X. Alors, dans une certaine mesure, vous pourriez me dire que c'est très récent et que cette conservation, finalement, ne correspond pas forcément à quelque chose d'ancien et de si continu que ça. Sauf que si vous visitez l'exposition avec un peu plus de profondeur, vous vous apercevez que tout ça a été un héritage du passé, qu'il y a en même temps la préservation du patrimoine, la préservation des tissus, la préservation de... tout ce qui a fait les oripeaux de la monarchie dans une certaine mesure. Et cette préservation, elle se fait dans le temps. Elle s'est faite pour tout ce qui était tissu, tout ce qui était mobilier, au mobilier national qui n'est rien d'autre que le garde-meuble du roi. Et elle s'est faite, pourquoi ? Eh bien parce que les principaux mécènes sur un plan artistique, avant mais aussi... dans une période plus contemporaine, c'était en France, la famille royale, à la fois le roi, mais également toute sa famille de manière assez étendue. Et c'était eux qui, par une politique active de promotion de l'art, qui n'est pas une politique active des Bourbons, puisqu'elle a commencé bien antérieurement, on se rappellera par exemple, en allant la voir, des richesseurs du duc de Berry, qui... sont visibles aujourd'hui dans le château de Chantilly, qui lui a été fait par un Bourbon avec pour vocation de montrer l'héritage artistique des Bourbons. Quand on regarde tout ça, on s'aperçoit qu'il y a eu une politique de mécénat extrêmement active et qui a permis de rassembler autour de la France ce qui se faisait de mieux de par le monde et qui a aussi eu des conséquences extrêmement importantes. En ce qui concerne la mode, j'en veux pour preuve quelque chose de très simple. Je sais que lorsque les Français ont ramené les collections italiennes, on a vu arriver en France la Renaissance. Lorsqu'on a ensuite dépassé la Renaissance pour se concentrer sur des styles plus classiques, on a vu émerger tout l'art qui est arrivé au XVIIe siècle. Et là encore, Louis XIV a été un des plus grands mécènes. pas le seul. Lui et tous ses successeurs l'ont été et je dois dire que sur un plan assez viscéral, je continue dans une certaine mesure cette pratique de mes ancêtres et aujourd'hui moi-même, je suis le mécène de la Fondation Giannata et donc je continue cette pratique visant à avoir des fondations d'art qui permettent de diffuser l'art. que ce soit dans une collection privée ou dans des collections publiques.

  • Speaker #0

    Très bien, merci. Charles X, votre aïeul, demeure souvent dans l'ombre de ses prédécesseurs. A votre avis ? Pourquoi cette figure royale reste-t-elle aussi méconnue du grand public ?

  • Speaker #1

    Je pense par rapport à Charles X qu'il y a une forme de procès un petit peu injuste qui lui est fait et qui lui est méconnu parce qu'il se trouve entre deux périodes. Il se trouve entre une période de retour de la monarchie avec Louis XVIII et il se trouve avec une histoire qui a été fortement reconstruite. pour complaire à ses successeurs, que ce soit son successeur direct, ou à l'époque de la République qui y a suivi, et de Napoléon III, dans laquelle on a eu tendance à présenter de manière assez caricaturale le règne de Charles X. Et pourtant, je crois qu'il faut dépasser ces clivages pour plusieurs raisons. La première, c'est que... Des principaux mots qu'il faut retenir de Charles X, c'est qu'il n'avait pas une envie de cliver. Il disait lui-même, le temps est venu de réparer et non de démolir. La deuxième, c'est que l'héritage de Charles X, contrairement à ce qu'on peut penser, il a été très important sur un plan normatif. C'est-à-dire que Charles X a été un roi qui, dans son court règne, a fait de nombreuses lois. et il n'y a pas très longtemps... dans mes fonctions consulaires, alors même qu'en qualité de président du corps consulaire, j'étais amené à prendre la parole dans une cérémonie concernant le Congo-Brasaville. Je rappelais que le code forestier, qui est celui qui irrigue encore la France, mais aussi l'Afrique, a été promulgué en 1827 par Charles X, et que c'est dans ce code, par exemple, qu'il a posé les grands principes modernes de la préservation de l'environnement. On est donc loin d'un roi obscur, mais plutôt proche d'un roi qui a fait œuvre d'un certain nombre de choses et qui, dans une certaine mesure, a pâti à la fois de son entourage, mais aussi du fait que, c'est un point de vue tout à fait personnel, il n'a pas vu qu'il fallait abaisser le sens. C'est-à-dire qu'il... s'est appuyé sur un certain nombre de personnes qui étaient dans son entourage. Et la politique qu'il a menée en laissant un sens suffrage censitaire trop Ausha fait qu'il n'a pas bénéficié de sa popularité qui pourtant était réelle dans le pays. Et sur ce terrain, je vous invite à lire les mémoires du comte de Puy-Mègre qui justement... articule ce sujet et montre que Charles X se méprenait pas nécessairement sur sa popularité lorsque, visitant Compiègne, il disait au comte de Puy-Mègre « Regardez, il m'acclame et je suis populaire » , mais qu'il se méprenait en revanche fortement sur sa popularité au sein de ceux qui payaient l'impôt et qui étaient les représentants à la Chambre et qui sont les artisans de son départ.

  • Speaker #0

    Merci, réponse très claire. Le Sacre de Reims en 1825, fastueux et symbolique, est souvent perçu comme un anachronisme. Comment l'interprétez-vous à la lumière de l'histoire et des débats contemporains sur la tradition ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais répondre en plusieurs phases. D'abord, le Sacre qui est intervenu en 1825. c'est celui dont Louis XVIII a rêvé toute sa vie et qu'il n'a jamais osé faire. J'en veux pour preuve le fait que vous avez des représentations de Louis XVIII en costume de sacre, alors même qu'il n'a jamais été sacré. Charles X est intervenu, et si vous suivez, et ça rejoint une question que vous m'avez posée tout à l'heure concernant l'impact que les Bourbons ont pu avoir, eh bien, si vous regardez l'impact que les Bourbons ont pu avoir, vous verrez qu'il y a, en y réfléchissant un peu, des styles qui portent les noms des rois. Et si vous pensez par exemple au style des meubles, vous avez des styles Louis XV, des styles Louis XVI, et il existe un style Charles X. Et pourquoi est-ce que j'en reviens à ça ? Parce que le sacre de Charles X, d'abord contrairement aux idées reçues, il n'a pas coûté extrêmement cher. Il a été, au contraire, relativement peu cher et il était conçu pour deux raisons principales. La première, c'était s'ancrer dans une tradition et montrer que Charles X s'ancrait dans la continuité des Bourbons. Mais la deuxième aussi, c'était présenter au monde un visage de la France, un visage de ses artisans. et de ce point de vue ce sacre n'a pas été extrêmement cher et il a été une véritable réussite. C'est-à-dire qu'il a permis de montrer la qualité de l'artisanat français dans une période par exemple où en matière de tissage on rentrait dans de la mécanisation et où donc il fallait présenter l'artisanat. Il a présenté le mobilier français, il a présenté tout ce que la France avait de meilleur et il a eu comme conséquence au-delà... des dépenses qui sont beaucoup moins somptuaires que ce qu'il paraît, parce qu'il a par exemple coûté beaucoup moins cher que le sacre de Charles III sur un plan comparaison à échelle identique, eh bien il a permis de mettre en avant tout cet artisanat, de mettre en avant la France. Et de mon point de vue, le sacre de Charles X, plutôt que d'être critiquable, eh bien il a plutôt été extrêmement profitable à la France. Et à cet égard, je soulignerais que dans ce sacre, on est parmi les premiers sacres modernes, au sens auquel il y avait des goodies au sacre de Charles X, un certain nombre de choses que les gens pouvaient acheter pour s'en souvenir, plus ou moins luxueux, et qui finalement rapportaient. Donc, pour ma part, je considère que ce sacre n'a pas été si coûté que ça. qu'il a été plutôt bon pour l'image de la France. Et du reste, vous observerez qu'il n'a pas été critiqué par ses contemporains, mais que le fait d'imaginer, de réfléchir au coup du sacre, avec un angle coup-rapport qui d'ailleurs n'a pas été négatif, c'est une perspective extrêmement contemporaine. Et cette perspective contemporaine, et si vous la regardez par rapport aux ocres sacres, et en particulier celui de Charles III, Vous verrez que, tout comme la perspective contemporaine le montre, les sacres aujourd'hui, même s'ils ont un coût, sont générateurs de tellement de recettes que les recettes compensent. Et que, bien au contraire, ce sont des événements fédérateurs qui génèrent des recettes et des recettes qui compensent les coûts.

  • Speaker #0

    Oui, avec également un rayonnement à l'international qu'il faut également ne pas négliger.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai souligné en rappelant qu'au Sacre, toutes les cours européennes étaient invitées et ça reste vrai pour celui de Charles III. Donc on est toujours dans le même schéma de fonctionnement.

  • Speaker #0

    Merci. Vous avez parlé tout à l'heure de Charles X et du règlement des forêts pour la France et l'Afrique. Une question dans le même sens, on va dire. Quelle trace tangible ou symbolique ? De son passage sur le trône, Charles X, retrouve-t-on encore aujourd'hui dans notre patrimoine institutionnel, architectural ou culturel ?

  • Speaker #1

    Alors, sur un plan architectural et culturel, je crois que la principale chose que je retiendrai de Charles X, c'est le style Charles X. Et comme je le disais et j'insistais dessus, le style Charles X, c'est quelque chose qui est, qui reste. Et si un jour, vous êtes amateur et que vous regardez ce qui se vend dans les salles des ventes, vous verrez que le style Charles X structure encore de nombreuses ventes aux enchères en France, de sorte que... Il en reste un certain nombre de choses. Au-delà de ce style, au-delà de tout ça, Charles X, je vous l'ai dit, est un roi qui s'est essentiellement caractérisé par le caractère normatif de son activité. Ça, c'est une chose. Et la deuxième chose par laquelle il s'est caractérisé, c'est par sa gestion des finances publiques. Je vais revenir rapidement sur les caractères normatifs de son activité, en rappelant ce que j'ai dit tout à l'heure. Par exemple, c'est des codes comme le Code forestier de 1827, mais ce n'est pas le seul texte. Charles X, c'est un roi qui a impulsé tout un corpus de textes législatifs, qui irrigue encore tout à la fois notre droit contemporain. mais aussi le droit contemporain de tous les pays francophones et qui continuent pour partie soit de l'appliquer, soit d'appliquer des droits dérivés. La deuxième chose sur laquelle je voudrais insister, c'est sur les finances publiques. Et ça, c'est quelque chose dont on ne se souvient même pas, ou pas nécessairement beaucoup, mais néanmoins qui est, de mon point de vue, assez fondamental dans l'héritage de Charles X. C'est que c'est la personne qui, après Louis XVIII, a redressé les finances publiques de la France. Et c'est le premier qui, par l'aspect normatif et par les ministres qu'il a mis en place, a mis en place un contrôle de l'efficacité de la dépense publique. Ce contrôle, il a duré pendant son règne et il a été abandonné, de manière quasi définitive d'ailleurs, après son règne. Et je crois que s'il y a quelque chose, une leçon à tirer et quelque chose peut-être à appliquer, dans notre monde contemporain, c'est précisément ça, c'est-à-dire retrouver dans notre monde contemporain une méthode saine de gestion des finances publiques et un contrôle effectif de la dépense publique.

  • Speaker #0

    La mémoire monarchique en France semble parfois délicate à évoquer, notamment dans l'espace public. Comment concilier fidélité historique ? les modernités du discours.

  • Speaker #1

    Alors, je vous répondrai à ça en deux temps. Le premier, c'est que je vais vous faire part d'une expérience très personnelle. Le week-end dernier, je suis allé dans un événement grand public où il y avait 15 000 personnes qui étaient centrées sur les vikings. Dans cet événement grand public, je... J'ai participé à la fois comme spectateur d'un spectacle historique et j'ai donné mon temps de manière bénévole pour une association qui regroupe la descendance de Guillaume le Conquérant. J'étais avec une autre personne sur le stand de cette association et sur ce stand, elle avait affiché devant et visible par tout le monde une généalogie des rois de France. elle prenait le risque que la chose puisse être diversement abordée par les personnes qui venaient la voir. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, la réception par le public de la généalogie de la famille de France a été très bonne. C'est-à-dire que les personnes se sont intéressées, ils ont montré une culture réelle, beaucoup plus profonde que celle que... peut imaginer, alors même que l'enseignement est toujours et assez souvent décrié, ils ont montré une culture réelle et ils ont montré plutôt une appétence à la connaissance et une appétence à l'histoire. Et s'il faut retenir quelque chose et un moyen aujourd'hui d'approche des choses, je crois que c'est précisément sans pour autant parler Merci. de choses identitaires, parce que ce n'est pas du tout l'objet, puisque cette association est ouverte à tout le monde, c'est précisément l'appétence du public pour l'histoire, pour les traditions et pour la connaissance. Et je crois que la meilleure approche, pour moi, de ces choses, c'est précisément de porter aux autres la connaissance de ce qui s'est passé, loin de tout tabou, toute identité, toute idéologie, mais dans la vérité historique. Et à partir du moment où on fait ça, l'accueil est bon.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est très clair. Merci beaucoup. Alors justement, en tant qu'avocat et représentant consulaire, vous êtes aussi, et on le constate à vous écouter, un homme de dialogue, et par vos activités nombreuses et variées, un homme de dialogue entre époque, au pluriel, et institution, au pluriel. En quoi ce rôle ? ou ses rôles vous permettent-ils de faire vivre ce pan de notre histoire ?

  • Speaker #1

    Vous l'avez dit... de par mon métier et de par les rôles que j'ai, je suis effectivement quelqu'un qui cherche le dialogue. Et je crois que s'il y a un point que j'ai évoqué tout à l'heure et qui me paraît essentiel, c'est celui de sortir de toute approche idéologique. C'est-à-dire qu'il faut faire fi d'un certain nombre... de préjugés, d'une part. Et puis, il faut aussi, dans le dialogue, faire fi de tout ce qu'on peut penser. On voit des gens divers et variés, et je crois que, précisément, porter ça, c'est le porter de manière extrêmement simple, mais vraiment extrêmement simple, en faisant ressortir ce qui s'est fait, et ce qui s'est fait de bon. Et je vais vous prendre un... un exemple parce que c'est un exemple qui passe assez facilement et qui finalement n'est pas si mauvais. Les Etats-Unis avec lesquels nous entretenons un certain nombre de rapports sans Louis XVI existeraient-elles ? Eh bien, poser cette question à quelqu'un et après observer sa réaction. Et je crois que Ce type de choses, ce type d'approche, poser des questions de fond sur des choses qui nous touchent encore aujourd'hui, c'est une bonne approche pour dire que, contrairement à un certain nombre d'idées reçues qui peuvent être réfléchies par des gens avec lesquels on parle, tout n'est pas dans le sens de ces idées reçues, loin s'en faut. Je vais prendre un deuxième exemple, Charles X dont on a parlé tout à l'heure. Eh bien, lisez les textes de Charles X et vous verrez qu'au-delà des réactions qu'il a pu avoir sur un plan qu'on pourrait qualifier de colonial, vous verrez qu'il avait posé les bases dans ce contexte-là de la fin de l'esclavage. Et vous avez des textes féminaux de Charles X. qui sont ni plus ni moins que les bases de la fin de l'esclavage qui ont été reprises par Victor Schoelcher. Donc prenons l'histoire, regardons-la avec un certain recul et expliquons-la. Et c'est par le dialogue que ça se résout.

  • Speaker #0

    Et oui, le dialogue, vertu très importante qu'il faut pratiquer. Et comme vous dites si bien, non pas pour cliver, mais plutôt pour réunir. et rassemblés. Vous en avez parlé tout à l'heure, vous avez récemment visité l'exposition Le Dernier Sacre au Mobilier National. Quelles ont été vos impressions ? Première question. Deuxième question, est-ce que vous recommanderiez ce genre de visite à nos compatriotes ? Et troisièmement, est-ce qu'il faut plus d'expositions qui rappellent notre histoire ?

  • Speaker #1

    J'ai visité l'exposition Le Dernier Sacre, comme vous le dites. Alors, mes impressions, je l'ai visitée deux fois, pour répondre très clairement à votre question. J'ai visité une première fois en avant-première, avec une visite commentée par Stéphane Bern, et j'ai eu la chance de le visiter une deuxième fois avec Renaud Serrette, qui était le commissaire de l'exposition. Et les deux fois, j'ai eu des visites... particulièrement intéressante. La première impression, c'est une forme d'émotion familiale et je crois que ça, ça n'est propre. La deuxième impression, quand on va voir cette exposition, c'est une forte émotion d'entrée dans la chambre mortuaire de Louis XVIII qu'on retrouve quasi intégralement et dans laquelle on perçoit mieux les choses. Et puis après, quand on progresse dans l'exposition, On se trouve dans la chambre à coucher qui est reconstituée, qui était celle de Charles X dans le Palais du Thau, et dans laquelle, là, on comprend très bien, et pour répondre en partie à votre question, je conseillerais de le visiter, on comprend très bien précisément ce que j'étais en train de dire sur le style Charles X. Parce que là, clairement, on est dans une chambre dans laquelle on a été chercher ce qu'il y avait de mieux en termes d'ébénisterie, en termes de meubles, pour montrer au monde... ce qu'était le style Charles X. Après, l'émotion, elle arrive dans cette exposition quand on monte, et avant d'entrer dans la salle du Sacre, quand on a la chance d'aller voir les Regalia. et en particulier le saint Crème. Je crois que ça, pour ceux qui sont attachés à la tradition et attachés à tout ce que ça peut représenter, c'est quelque chose qui est générateur d'émotions. Après, tout ce qui est la suite de l'exposition, c'est la salle du trône avec un manteau époustouflant, puis par la suite des salles plus explicatives. Cette exposition a la vertu de nous replonger dans ce qu'a été

  • Speaker #0

    le sacre de Charles X. Donc, elle a un aspect extrêmement didactique et pédagogique et de ce point de vue, j'invite chacun à le visiter parce que les explications de l'exposition elle-même permettent de se reprocher, de se replonger dans l'époque, mais permettent aussi de prendre une forme de recul par rapport à ce qu'a été ce sacre, son importance et ses conséquences. Ça, sur ce terrain, Je pense que c'est intéressant et je pense qu'aller visiter cette exposition, ça me paraît évident. Ensuite, comme je le disais, pour nouer le dialogue et pour discuter, c'est le sujet sur lequel vous m'invitez ce soir, des Bourbons, je crois que la meilleure manière, c'est de connaître l'histoire, à la fois l'histoire des Bourbons, mais aussi l'histoire de France de manière plus générale, et l'histoire du monde. puisque nous ne vivons pas dans un seul pays, mais nous vivions dans un monde imbriqué. Et même au temps des Bourbons, nous étions dans un monde imbriqué. Donc connaître l'histoire, c'est essentiel, parce qu'on ne peut parler de l'histoire de ce qu'elle a de bon, en assumant ce qu'elle a de mauvais, qu'à partir du moment où on la connaît. Et une fois qu'on la connaît et qu'on l'a appréhendée, et bien à ce moment-là, on est capable d'en parler, on est capable de s'ouvrir aux autres. passe, de mon point de vue, très bien, parce qu'il n'y a à avoir aucune honte de notre histoire, d'une part parce que je pense qu'on doit en être fiers, et puis d'autre part parce que je pense que, quoi qu'il se soit passé, ce n'est pas nous qui l'avons fait, et je ne vois pas pourquoi on n'assumerait pas ce qu'ont fait nos prédécesseurs en étant fiers de ce qu'ils ont fait.

  • Speaker #1

    Et pour la dernière partie de la question, je me permets de vous la redire. Est-ce qu'il faudrait multiplier ce genre d'événements pour faire connaître l'histoire aux Français, ou au contraire, ce genre d'événements doit être très thématique, puis exactement très ponctuel ?

  • Speaker #2

    Alors,

  • Speaker #0

    je pense que par rapport à ce genre d'événements, plusieurs choses doivent être distinguées. Ce genre d'événements thématiques est essentiel, mais il est évident qu'il a un côté ponctuel, puisque de toute façon, le sacre de Charles X... Donc on fait que le 200e anniversaire cette année, ce sera cette année et pas après pour son 200e anniversaire. De la même manière, si on parle d'autres personnages historiques comme par exemple Guillaume le Conquérant, on fêtera son millénaire dans deux ans et ce sera dans deux ans. À côté de ça, il y a un certain nombre d'expositions que de mon point de vue, il faut aller voir. Et puis après, connaître l'histoire, c'est aussi aller dans les lieux. Et les lieux qui sont, même s'ils sont marqués par le temps, relativement intemporelles dans leur visite, faites comme moi, emmenez vos enfants à Versailles, vous verrez qu'ils seront contents. Et de la même manière, si vous emmenez vos enfants visiter d'autres lieux en lien avec l'histoire, si vous les éduquez, vous verrez qu'ils seront contents. Et donc, une partie de ma réponse consiste à vous dire que c'est par l'éducation que ça passe. C'est par l'éducation et l'éducation... dans tous les sens du terme, c'est-à-dire pas uniquement intellectuel, mais de tout point de vue. Récemment, je suis allé visiter le château de Guédelon. Le château de Guédelon, qui est ce fameux château qui n'a rien d'historique, mais qui, en revanche, est fait par une poignée de passionnés qui reconstituent un château fort et les savoir-faire anciens. Eh bien, ces savoir-faire, ils font aussi partie de notre patrimoine et ils font aussi partie de ce qui se faisait sur un plan historique. et donc c'est avec une... une large ouverture d'esprit de mon point de vue qu'il faut aller le voir. Et après, quant aux événements eux-mêmes, je crois qu'ils sont essentiels pour que les gens et pour que le public puissent comprendre. Parce que pour avancer, pour dialoguer, pour s'ouvrir, il faut comprendre les choses. Je vais en prendre un exemple très symptomatique. Le week-end dernier, je vous l'ai dit, Je me trouvais dans une manifestation où il y avait cette fameuse généalogie des rois de France. Au décours de cette manifestation, le soir, un spectacle a été présenté concernant la Normandie, et plus particulièrement le rôle du premier duc de Normandie, Rollon, et le baptême de Rollon qui est dans une large part l'acte fondateur de la Normandie. Ce spectacle a été vu par de nombreuses personnes. Il a été vu... est présenté de manière très simple, très claire, très didactique et historique en même temps. Il n'a appelé aucune critique, alors même qu'il portait sur quelque chose le baptême de Roland, qui en tant que tel aurait pu être une thématique qui, dans notre monde contemporain, aurait pu prêter à critique. Donc là encore, le dialogue, l'ouverture, l'apprentissage de l'histoire sont la clé.

  • Speaker #1

    Cette question n'était pas prévue, mais je vous la pose quand même. Quand vous visitez Versailles tout seul ou en famille ? Pour vous, il s'agit d'un musée, d'une demeure familiale. Quel est votre rapport par exemple par rapport à Versailles, qui est quand même un lieu très emblématique de la monarchie du XIV et également de la France ?

  • Speaker #0

    La visite de Versailles est quelque chose qui est toujours avec de multiples rapports parce que ces constructeurs, qui sont mes ancêtres... qui ont à la fois vécu, travaillé et fait rayonner la France, ont toujours eu une vision de Versailles, qui est celle que je partage, multiple. C'est à la fois un lieu que je peux visiter avec ma famille en parlant de la vie que les personnes ont pu y avoir. Et donc, c'est le lieu de l'intimité. Et d'ailleurs, quand on visite Versailles, on visite des parties extrêmement intimes et sur lesquelles, eh bien, quand vous êtes... touché, vous pouvez avoir une forme de projection. Et puis d'un autre côté, Versailles, c'était pour les mêmes personnes, le lieu public, le lieu dans lequel ils travaillaient, le lieu dans lequel ils gouvernaient la France, et dans lequel ils recevaient du public. Et donc ce n'était pas un lieu intime, mais un lieu de pouvoir. Et je crois que lorsque je visite Versailles, j'ai toujours cette vue procédant de cette même ambivalence, et je considère aussi que Versailles, c'est un lieu de pouvoir. Et un lieu de pouvoir qui a vocation et fait toujours rayonner la France, ce que j'ai rappelé tout à l'heure en rappelant que même aujourd'hui dans la République moderne, les présidents de la République utilisent et instrumentent les Versailles pour faire rayonner et montrer la France. Et je crois qu'en cela, c'était là peut-être le génie de Louis XIV qui était de faire rayonner la France et de se faire rayonner lui-même précisément par Versailles.

  • Speaker #1

    En tant que président du corps consulaire de Normandie, comment intégrez-vous la valorisation du patrimoine français et monarchique dans vos fonctions ?

  • Speaker #0

    Je vais revenir à ce que sont des fonctions consulaires. Consuls sont les représentants en France de leur pays d'envoi. Je suis moi-même consul honoraire du Grand-Duché du Luxembourg. Le président du corps consulaire, c'est celui qui... préside un corps constitué qui rassemble l'intégralité des consuls dans une région, en l'espèce pour moi, la Normandie. Il va de soi que lorsqu'on est président du corps consulaire, on est dans une certaine mesure tout à la fois celui qui fédère les consuls d'un côté et celui qui, d'un autre côté, diffuse sa région et de manière plus globale le pays dans lequel sa région est inscrite. Donc en diffusant la région, automatiquement, On en diffuse à la fois les côtés économiques et les côtés culturels. Et quand on parle des côtés culturels, les côtés culturels sont multiples. Et lorsque je parle des côtés culturels, et même que je suis amené à initier des collaborations avec d'autres corps consulaires, les côtés culturels ne se cantonnent pas simplement... à des choses récentes, comme par exemple en Normandie, le débarquement, ou si on va dans d'autres régions, la Première Guerre mondiale, ou ce type de choses, mais à la valorisation d'un patrimoine culturel global, et qui donc par essence inclut les millénaires de la monarchie française et les quelques 250 ans qui ont été consécutifs à la Révolution. Et donc, par définition, ça fait partie des choses qu'on véhicule.

  • Speaker #1

    Enfin, quels sont vos projets ou initiatives personnelles à venir pour promouvoir l'histoire et le patrimoine liés au Bourbon ?

  • Speaker #0

    Mes projets et initiatives, en fait, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, J'ai plusieurs projets et initiatives. Aujourd'hui, je crois que la transmission de cette mémoire, cette mémoire familiale, elle intervient à tous les niveaux. Dès lors que mes fonctions ou ce que je dois faire s'y prête, je fais en sorte de transmettre et de rappeler cette mémoire familiale. Les initiatives qui sont mises en place sont essentiellement des initiatives aujourd'hui, ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas d'autres, mais des initiatives de recherche au sein de l'Institut du Centre France qui est une association. qui a été créée par un groupe de personnes scientifiques et qui, elle, fait aujourd'hui un certain nombre d'appels à projets, un certain nombre de recherches historiques sur la thématique de Charles X et plus généralement des Bourbons. Et ça fait partie des initiatives qui sont aujourd'hui en cours et qui vont fleurir sur les prochaines années.

  • Speaker #1

    Merci Maître Carpentier, cet entretien touche à sa fin. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée, auxquelles vous auriez aimé répondre ? Ou est-ce qu'il y a un dernier mot que vous voudriez dire à nos auditeurs ?

  • Speaker #0

    Une question que vous ne m'avez pas posée, non pas particulièrement, et un dernier mot, c'est celui que j'ai essayé de véhiculer pendant tout cet entretien, connaître l'histoire. et puis l'écoute et le dialogue et c'est par ça que passera la transmission de notre héritage historique.

  • Speaker #1

    Merci Maître Carpentier excellente soirée.

  • Speaker #0

    Vous aussi.

Description

👑 Quelle est encore aujourd’hui la portée réelle de l’héritage des Bourbons ? Peut-on concilier fidélité monarchique et regard contemporain ?


🎙️ Pour le savoir, je vous invite à découvrir un entretien passionnant avec Jean-Philippe Carpentier, avocat, consul honoraire du Luxembourg pour la Normandie et président du Corps consulaire de Normandie.


⚜️ Descendant de la maison de Bourbon, il porte un regard éclairé et sensible sur cette dynastie qui a marqué l’histoire, l’art et le patrimoine français.


🕍 De l’architecture à la mémoire symbolique, de Charles X à la transmission des valeurs monarchiques, Jean-Philippe Carpentier nous offre une réflexion à la fois enracinée et ouverte sur l’avenir.

📖 Ensemble, nous avons abordé :


• L’influence des Bourbons sur le patrimoine artistique et culturel

• Le rôle méconnu de Charles X dans l’histoire de France

• La signification du sacre de 1825 à Reims

• Les lieux et symboles qui incarnent l’héritage monarchique

• Le rapport de la France contemporaine à sa mémoire royale

• La valorisation du patrimoine au sein du Corps consulaire


💡 Résultat : un échange riche, nuancé et profondément ancré dans l’histoire longue de la France. À écouter absolument si vous vous intéressez à la monarchie, à l’histoire institutionnelle ou aux dynasties françaises.


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➡️ Pour toute demande d’information ou proposition de collaboration :


legendesetverites@gmail.com 


🎙️ Je suis Franck Abed, intellectuel indépendant et fondateur du podcast Légendes et Vérités, un lieu d’échange et de réflexion. J’y reçois historiens, penseurs, économistes, écrivains et figures publiques pour confronter les mythes aux faits…


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans cet épisode de Légendes et Vérités, nous partons sur les traces d'une dynastie qui a profondément façonné la France, les Bourbons. A travers leur empreinte sur notre patrimoine, leur rôle dans l'histoire artistique et institutionnelle de notre pays, et la figure souvent méconnue de Charles X, nous interrogeons la mémoire monarchique et sa place dans la société contemporaine. Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir Jean-Philippe Carpentier, avocat consul honoraire du Luxembourg pour la Normandie et président du... corps consulaire de Normandie. Je précise qu'il ne s'agira pas d'un débat. L'entretien se veut intellectuel et historique. Maître Carpentier, bonsoir.

  • Speaker #1

    Oui, bonsoir Franck. Merci de m'avoir invité à participer à votre émission. Je précise à vos auditeurs qu'étant consul du Luxembourg en Normandie, je n'émettrai absolument aucune position politique. La politique étant une interdiction majeure des membres du corps consulaire.

  • Speaker #0

    Merci pour cette précision qui est la bienvenue. Première question, en tant que descendant de la maison de Bourbon, comment percevez-vous l'influence de cette dynastie sur le patrimoine culturel et architectural de la France ?

  • Speaker #1

    Pour resituer par rapport à vos auditeurs, je suis descendant de Charles X, des descendants agnatiques. par les mâles de Charles X, sûrement de la dernière branche qui en descend. Alors, comment est-ce que je perçois ça ? Je pense qu'il faut revenir aux origines de la maison de Bourbon. La maison de Bourbon, c'est une ancienne famille, très ancienne, et la maison de Bourbon, émanant des Capétiens, est issue d'un des enfants de Saint-Louis. Elle a donc eu un impact très important en matière culturelle et en matière architecturale. sur la France, d'abord cantonnée à ses fiefs, et j'invite chacun de vos auditeurs à aller voir l'empreinte de la maison de Bourbon dans tout le Bourbonnet lui-même, et notamment la zone de Bourbon-Larchambeau. Par la suite, les Bourbons sont devenus rois de Navarre, et là aussi, avant Henri IV, il y a eu une empreinte au sein de la Navarre historique qui, à l'origine, était en partie sur la France, en partie sur l'Espagne. Ensuite, à partir d'Henri IV, les Bourbons sont devenus rois de France jusqu'à Charles X qui en a été le dernier. L'impact essentiel me semble-t-il, notamment en termes de monuments, en termes d'architecture, c'est ce qu'ils ont construit à partir du règne d'Henri IV, puis par la suite avec des grands bâtisseurs comme par exemple Louis XIV. Alors, s'il fallait citer des endroits emblématiques, je parlerais peut-être tout d'abord du Louvre et de tous les travaux qui ont pu être faits au Louvre avant que la cour ne déménage à Versailles. Et ces travaux ont permis de voir arriver des façades absolument extraordinaires et notamment la façade... qui jouxte Saint-Germain-Loxeroy, la paroisse des rois de France, et qui, elle, est un exemple du style classique. Le Louvre n'a pas été la seule réalisation, puisque, je l'indiquais tout à l'heure, de nombreuses réalisations sont intervenues, et je crois que la plus emblématique, c'est Versailles. Versailles, qui a été construite relativement rapidement, et je ne cantonne pas cette réalisation de Versailles au simple... château de Versailles lui-même, mais à la ville complète et de manière globale à tous ses alentours, puisque quand Louis XIV a construit Versailles, il a structuré une ville, il a structuré une cour, et il a structuré, je dirais, une vie autour de cette ville. Donc sur un plan architectural, sur un plan culturel, Versailles existe et rayonne encore. Et il suffit de regarder l'appétence des successeurs de la dynastie Bourbon pour s'apercevoir qu'aujourd'hui encore, de nos jours, Versailles demeure l'outil de prestige de la France, celui dans lequel on accueille les chefs d'État étrangers et celui avec lequel on fait une sorte même de marketing de la France. Alors, l'héritage de la maison de Bourbon sur ce terrain-là ne s'est naturellement pas cantonné à Versailles. il a été était beaucoup plus large. Il a perduré, et il a perduré bien au-delà lorsque nos rois sont venus s'installer après... l'épisode révolutionnaire, dans la partie des Tuileries, avant même que ce palais ne brûle. Et à l'époque, leur héritage à la fois patrimonial et artistique est retourné à Paris. Ils ont restructuré la capitale, ils ont restructuré la vie, et je crois qu'il ne faut pas voir l'héritage des Bourbons comme quelque chose... de figer dans le temps, n'est comme quelque chose de beaucoup plus linéaire et qui irrigue toujours et encore notre civilisation actuelle.

  • Speaker #0

    Merci pour cette réponse très intéressante et instructive qui rappelle la dimension très historique et très ancrée de la maison de Bourbon avant même l'arrivée d'Henri IV au pouvoir. Comment la monarchie a-t-elle contribué à la constitution ? des collections artistiques nationales ?

  • Speaker #1

    Alors, sur ce terrain, je crois que je vais repartir d'un exemple très concret et qui m'a concerné il n'y a pas très longtemps. Si vous avez, d'une manière ou d'une autre, regardé ce que j'ai pu publier, même la presse de manière globale, peut-être savez-vous que je suis allé à l'exposition à la Manufacture des Gobelins. qui retracé le sacre de Charles X et qui s'intitulait le dernier sacre. Cette exposition répond presque à elle seule à la question que vous me posez. C'est-à-dire que vous avez, dans le cadre de cette exposition, exposé un certain nombre de tissus, un certain nombre d'objets, un certain nombre d'éléments qui rappellent le sacre de Charles X. Alors, dans une certaine mesure, vous pourriez me dire que c'est très récent et que cette conservation, finalement, ne correspond pas forcément à quelque chose d'ancien et de si continu que ça. Sauf que si vous visitez l'exposition avec un peu plus de profondeur, vous vous apercevez que tout ça a été un héritage du passé, qu'il y a en même temps la préservation du patrimoine, la préservation des tissus, la préservation de... tout ce qui a fait les oripeaux de la monarchie dans une certaine mesure. Et cette préservation, elle se fait dans le temps. Elle s'est faite pour tout ce qui était tissu, tout ce qui était mobilier, au mobilier national qui n'est rien d'autre que le garde-meuble du roi. Et elle s'est faite, pourquoi ? Eh bien parce que les principaux mécènes sur un plan artistique, avant mais aussi... dans une période plus contemporaine, c'était en France, la famille royale, à la fois le roi, mais également toute sa famille de manière assez étendue. Et c'était eux qui, par une politique active de promotion de l'art, qui n'est pas une politique active des Bourbons, puisqu'elle a commencé bien antérieurement, on se rappellera par exemple, en allant la voir, des richesseurs du duc de Berry, qui... sont visibles aujourd'hui dans le château de Chantilly, qui lui a été fait par un Bourbon avec pour vocation de montrer l'héritage artistique des Bourbons. Quand on regarde tout ça, on s'aperçoit qu'il y a eu une politique de mécénat extrêmement active et qui a permis de rassembler autour de la France ce qui se faisait de mieux de par le monde et qui a aussi eu des conséquences extrêmement importantes. En ce qui concerne la mode, j'en veux pour preuve quelque chose de très simple. Je sais que lorsque les Français ont ramené les collections italiennes, on a vu arriver en France la Renaissance. Lorsqu'on a ensuite dépassé la Renaissance pour se concentrer sur des styles plus classiques, on a vu émerger tout l'art qui est arrivé au XVIIe siècle. Et là encore, Louis XIV a été un des plus grands mécènes. pas le seul. Lui et tous ses successeurs l'ont été et je dois dire que sur un plan assez viscéral, je continue dans une certaine mesure cette pratique de mes ancêtres et aujourd'hui moi-même, je suis le mécène de la Fondation Giannata et donc je continue cette pratique visant à avoir des fondations d'art qui permettent de diffuser l'art. que ce soit dans une collection privée ou dans des collections publiques.

  • Speaker #0

    Très bien, merci. Charles X, votre aïeul, demeure souvent dans l'ombre de ses prédécesseurs. A votre avis ? Pourquoi cette figure royale reste-t-elle aussi méconnue du grand public ?

  • Speaker #1

    Je pense par rapport à Charles X qu'il y a une forme de procès un petit peu injuste qui lui est fait et qui lui est méconnu parce qu'il se trouve entre deux périodes. Il se trouve entre une période de retour de la monarchie avec Louis XVIII et il se trouve avec une histoire qui a été fortement reconstruite. pour complaire à ses successeurs, que ce soit son successeur direct, ou à l'époque de la République qui y a suivi, et de Napoléon III, dans laquelle on a eu tendance à présenter de manière assez caricaturale le règne de Charles X. Et pourtant, je crois qu'il faut dépasser ces clivages pour plusieurs raisons. La première, c'est que... Des principaux mots qu'il faut retenir de Charles X, c'est qu'il n'avait pas une envie de cliver. Il disait lui-même, le temps est venu de réparer et non de démolir. La deuxième, c'est que l'héritage de Charles X, contrairement à ce qu'on peut penser, il a été très important sur un plan normatif. C'est-à-dire que Charles X a été un roi qui, dans son court règne, a fait de nombreuses lois. et il n'y a pas très longtemps... dans mes fonctions consulaires, alors même qu'en qualité de président du corps consulaire, j'étais amené à prendre la parole dans une cérémonie concernant le Congo-Brasaville. Je rappelais que le code forestier, qui est celui qui irrigue encore la France, mais aussi l'Afrique, a été promulgué en 1827 par Charles X, et que c'est dans ce code, par exemple, qu'il a posé les grands principes modernes de la préservation de l'environnement. On est donc loin d'un roi obscur, mais plutôt proche d'un roi qui a fait œuvre d'un certain nombre de choses et qui, dans une certaine mesure, a pâti à la fois de son entourage, mais aussi du fait que, c'est un point de vue tout à fait personnel, il n'a pas vu qu'il fallait abaisser le sens. C'est-à-dire qu'il... s'est appuyé sur un certain nombre de personnes qui étaient dans son entourage. Et la politique qu'il a menée en laissant un sens suffrage censitaire trop Ausha fait qu'il n'a pas bénéficié de sa popularité qui pourtant était réelle dans le pays. Et sur ce terrain, je vous invite à lire les mémoires du comte de Puy-Mègre qui justement... articule ce sujet et montre que Charles X se méprenait pas nécessairement sur sa popularité lorsque, visitant Compiègne, il disait au comte de Puy-Mègre « Regardez, il m'acclame et je suis populaire » , mais qu'il se méprenait en revanche fortement sur sa popularité au sein de ceux qui payaient l'impôt et qui étaient les représentants à la Chambre et qui sont les artisans de son départ.

  • Speaker #0

    Merci, réponse très claire. Le Sacre de Reims en 1825, fastueux et symbolique, est souvent perçu comme un anachronisme. Comment l'interprétez-vous à la lumière de l'histoire et des débats contemporains sur la tradition ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais répondre en plusieurs phases. D'abord, le Sacre qui est intervenu en 1825. c'est celui dont Louis XVIII a rêvé toute sa vie et qu'il n'a jamais osé faire. J'en veux pour preuve le fait que vous avez des représentations de Louis XVIII en costume de sacre, alors même qu'il n'a jamais été sacré. Charles X est intervenu, et si vous suivez, et ça rejoint une question que vous m'avez posée tout à l'heure concernant l'impact que les Bourbons ont pu avoir, eh bien, si vous regardez l'impact que les Bourbons ont pu avoir, vous verrez qu'il y a, en y réfléchissant un peu, des styles qui portent les noms des rois. Et si vous pensez par exemple au style des meubles, vous avez des styles Louis XV, des styles Louis XVI, et il existe un style Charles X. Et pourquoi est-ce que j'en reviens à ça ? Parce que le sacre de Charles X, d'abord contrairement aux idées reçues, il n'a pas coûté extrêmement cher. Il a été, au contraire, relativement peu cher et il était conçu pour deux raisons principales. La première, c'était s'ancrer dans une tradition et montrer que Charles X s'ancrait dans la continuité des Bourbons. Mais la deuxième aussi, c'était présenter au monde un visage de la France, un visage de ses artisans. et de ce point de vue ce sacre n'a pas été extrêmement cher et il a été une véritable réussite. C'est-à-dire qu'il a permis de montrer la qualité de l'artisanat français dans une période par exemple où en matière de tissage on rentrait dans de la mécanisation et où donc il fallait présenter l'artisanat. Il a présenté le mobilier français, il a présenté tout ce que la France avait de meilleur et il a eu comme conséquence au-delà... des dépenses qui sont beaucoup moins somptuaires que ce qu'il paraît, parce qu'il a par exemple coûté beaucoup moins cher que le sacre de Charles III sur un plan comparaison à échelle identique, eh bien il a permis de mettre en avant tout cet artisanat, de mettre en avant la France. Et de mon point de vue, le sacre de Charles X, plutôt que d'être critiquable, eh bien il a plutôt été extrêmement profitable à la France. Et à cet égard, je soulignerais que dans ce sacre, on est parmi les premiers sacres modernes, au sens auquel il y avait des goodies au sacre de Charles X, un certain nombre de choses que les gens pouvaient acheter pour s'en souvenir, plus ou moins luxueux, et qui finalement rapportaient. Donc, pour ma part, je considère que ce sacre n'a pas été si coûté que ça. qu'il a été plutôt bon pour l'image de la France. Et du reste, vous observerez qu'il n'a pas été critiqué par ses contemporains, mais que le fait d'imaginer, de réfléchir au coup du sacre, avec un angle coup-rapport qui d'ailleurs n'a pas été négatif, c'est une perspective extrêmement contemporaine. Et cette perspective contemporaine, et si vous la regardez par rapport aux ocres sacres, et en particulier celui de Charles III, Vous verrez que, tout comme la perspective contemporaine le montre, les sacres aujourd'hui, même s'ils ont un coût, sont générateurs de tellement de recettes que les recettes compensent. Et que, bien au contraire, ce sont des événements fédérateurs qui génèrent des recettes et des recettes qui compensent les coûts.

  • Speaker #0

    Oui, avec également un rayonnement à l'international qu'il faut également ne pas négliger.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai souligné en rappelant qu'au Sacre, toutes les cours européennes étaient invitées et ça reste vrai pour celui de Charles III. Donc on est toujours dans le même schéma de fonctionnement.

  • Speaker #0

    Merci. Vous avez parlé tout à l'heure de Charles X et du règlement des forêts pour la France et l'Afrique. Une question dans le même sens, on va dire. Quelle trace tangible ou symbolique ? De son passage sur le trône, Charles X, retrouve-t-on encore aujourd'hui dans notre patrimoine institutionnel, architectural ou culturel ?

  • Speaker #1

    Alors, sur un plan architectural et culturel, je crois que la principale chose que je retiendrai de Charles X, c'est le style Charles X. Et comme je le disais et j'insistais dessus, le style Charles X, c'est quelque chose qui est, qui reste. Et si un jour, vous êtes amateur et que vous regardez ce qui se vend dans les salles des ventes, vous verrez que le style Charles X structure encore de nombreuses ventes aux enchères en France, de sorte que... Il en reste un certain nombre de choses. Au-delà de ce style, au-delà de tout ça, Charles X, je vous l'ai dit, est un roi qui s'est essentiellement caractérisé par le caractère normatif de son activité. Ça, c'est une chose. Et la deuxième chose par laquelle il s'est caractérisé, c'est par sa gestion des finances publiques. Je vais revenir rapidement sur les caractères normatifs de son activité, en rappelant ce que j'ai dit tout à l'heure. Par exemple, c'est des codes comme le Code forestier de 1827, mais ce n'est pas le seul texte. Charles X, c'est un roi qui a impulsé tout un corpus de textes législatifs, qui irrigue encore tout à la fois notre droit contemporain. mais aussi le droit contemporain de tous les pays francophones et qui continuent pour partie soit de l'appliquer, soit d'appliquer des droits dérivés. La deuxième chose sur laquelle je voudrais insister, c'est sur les finances publiques. Et ça, c'est quelque chose dont on ne se souvient même pas, ou pas nécessairement beaucoup, mais néanmoins qui est, de mon point de vue, assez fondamental dans l'héritage de Charles X. C'est que c'est la personne qui, après Louis XVIII, a redressé les finances publiques de la France. Et c'est le premier qui, par l'aspect normatif et par les ministres qu'il a mis en place, a mis en place un contrôle de l'efficacité de la dépense publique. Ce contrôle, il a duré pendant son règne et il a été abandonné, de manière quasi définitive d'ailleurs, après son règne. Et je crois que s'il y a quelque chose, une leçon à tirer et quelque chose peut-être à appliquer, dans notre monde contemporain, c'est précisément ça, c'est-à-dire retrouver dans notre monde contemporain une méthode saine de gestion des finances publiques et un contrôle effectif de la dépense publique.

  • Speaker #0

    La mémoire monarchique en France semble parfois délicate à évoquer, notamment dans l'espace public. Comment concilier fidélité historique ? les modernités du discours.

  • Speaker #1

    Alors, je vous répondrai à ça en deux temps. Le premier, c'est que je vais vous faire part d'une expérience très personnelle. Le week-end dernier, je suis allé dans un événement grand public où il y avait 15 000 personnes qui étaient centrées sur les vikings. Dans cet événement grand public, je... J'ai participé à la fois comme spectateur d'un spectacle historique et j'ai donné mon temps de manière bénévole pour une association qui regroupe la descendance de Guillaume le Conquérant. J'étais avec une autre personne sur le stand de cette association et sur ce stand, elle avait affiché devant et visible par tout le monde une généalogie des rois de France. elle prenait le risque que la chose puisse être diversement abordée par les personnes qui venaient la voir. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, la réception par le public de la généalogie de la famille de France a été très bonne. C'est-à-dire que les personnes se sont intéressées, ils ont montré une culture réelle, beaucoup plus profonde que celle que... peut imaginer, alors même que l'enseignement est toujours et assez souvent décrié, ils ont montré une culture réelle et ils ont montré plutôt une appétence à la connaissance et une appétence à l'histoire. Et s'il faut retenir quelque chose et un moyen aujourd'hui d'approche des choses, je crois que c'est précisément sans pour autant parler Merci. de choses identitaires, parce que ce n'est pas du tout l'objet, puisque cette association est ouverte à tout le monde, c'est précisément l'appétence du public pour l'histoire, pour les traditions et pour la connaissance. Et je crois que la meilleure approche, pour moi, de ces choses, c'est précisément de porter aux autres la connaissance de ce qui s'est passé, loin de tout tabou, toute identité, toute idéologie, mais dans la vérité historique. Et à partir du moment où on fait ça, l'accueil est bon.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est très clair. Merci beaucoup. Alors justement, en tant qu'avocat et représentant consulaire, vous êtes aussi, et on le constate à vous écouter, un homme de dialogue, et par vos activités nombreuses et variées, un homme de dialogue entre époque, au pluriel, et institution, au pluriel. En quoi ce rôle ? ou ses rôles vous permettent-ils de faire vivre ce pan de notre histoire ?

  • Speaker #1

    Vous l'avez dit... de par mon métier et de par les rôles que j'ai, je suis effectivement quelqu'un qui cherche le dialogue. Et je crois que s'il y a un point que j'ai évoqué tout à l'heure et qui me paraît essentiel, c'est celui de sortir de toute approche idéologique. C'est-à-dire qu'il faut faire fi d'un certain nombre... de préjugés, d'une part. Et puis, il faut aussi, dans le dialogue, faire fi de tout ce qu'on peut penser. On voit des gens divers et variés, et je crois que, précisément, porter ça, c'est le porter de manière extrêmement simple, mais vraiment extrêmement simple, en faisant ressortir ce qui s'est fait, et ce qui s'est fait de bon. Et je vais vous prendre un... un exemple parce que c'est un exemple qui passe assez facilement et qui finalement n'est pas si mauvais. Les Etats-Unis avec lesquels nous entretenons un certain nombre de rapports sans Louis XVI existeraient-elles ? Eh bien, poser cette question à quelqu'un et après observer sa réaction. Et je crois que Ce type de choses, ce type d'approche, poser des questions de fond sur des choses qui nous touchent encore aujourd'hui, c'est une bonne approche pour dire que, contrairement à un certain nombre d'idées reçues qui peuvent être réfléchies par des gens avec lesquels on parle, tout n'est pas dans le sens de ces idées reçues, loin s'en faut. Je vais prendre un deuxième exemple, Charles X dont on a parlé tout à l'heure. Eh bien, lisez les textes de Charles X et vous verrez qu'au-delà des réactions qu'il a pu avoir sur un plan qu'on pourrait qualifier de colonial, vous verrez qu'il avait posé les bases dans ce contexte-là de la fin de l'esclavage. Et vous avez des textes féminaux de Charles X. qui sont ni plus ni moins que les bases de la fin de l'esclavage qui ont été reprises par Victor Schoelcher. Donc prenons l'histoire, regardons-la avec un certain recul et expliquons-la. Et c'est par le dialogue que ça se résout.

  • Speaker #0

    Et oui, le dialogue, vertu très importante qu'il faut pratiquer. Et comme vous dites si bien, non pas pour cliver, mais plutôt pour réunir. et rassemblés. Vous en avez parlé tout à l'heure, vous avez récemment visité l'exposition Le Dernier Sacre au Mobilier National. Quelles ont été vos impressions ? Première question. Deuxième question, est-ce que vous recommanderiez ce genre de visite à nos compatriotes ? Et troisièmement, est-ce qu'il faut plus d'expositions qui rappellent notre histoire ?

  • Speaker #1

    J'ai visité l'exposition Le Dernier Sacre, comme vous le dites. Alors, mes impressions, je l'ai visitée deux fois, pour répondre très clairement à votre question. J'ai visité une première fois en avant-première, avec une visite commentée par Stéphane Bern, et j'ai eu la chance de le visiter une deuxième fois avec Renaud Serrette, qui était le commissaire de l'exposition. Et les deux fois, j'ai eu des visites... particulièrement intéressante. La première impression, c'est une forme d'émotion familiale et je crois que ça, ça n'est propre. La deuxième impression, quand on va voir cette exposition, c'est une forte émotion d'entrée dans la chambre mortuaire de Louis XVIII qu'on retrouve quasi intégralement et dans laquelle on perçoit mieux les choses. Et puis après, quand on progresse dans l'exposition, On se trouve dans la chambre à coucher qui est reconstituée, qui était celle de Charles X dans le Palais du Thau, et dans laquelle, là, on comprend très bien, et pour répondre en partie à votre question, je conseillerais de le visiter, on comprend très bien précisément ce que j'étais en train de dire sur le style Charles X. Parce que là, clairement, on est dans une chambre dans laquelle on a été chercher ce qu'il y avait de mieux en termes d'ébénisterie, en termes de meubles, pour montrer au monde... ce qu'était le style Charles X. Après, l'émotion, elle arrive dans cette exposition quand on monte, et avant d'entrer dans la salle du Sacre, quand on a la chance d'aller voir les Regalia. et en particulier le saint Crème. Je crois que ça, pour ceux qui sont attachés à la tradition et attachés à tout ce que ça peut représenter, c'est quelque chose qui est générateur d'émotions. Après, tout ce qui est la suite de l'exposition, c'est la salle du trône avec un manteau époustouflant, puis par la suite des salles plus explicatives. Cette exposition a la vertu de nous replonger dans ce qu'a été

  • Speaker #0

    le sacre de Charles X. Donc, elle a un aspect extrêmement didactique et pédagogique et de ce point de vue, j'invite chacun à le visiter parce que les explications de l'exposition elle-même permettent de se reprocher, de se replonger dans l'époque, mais permettent aussi de prendre une forme de recul par rapport à ce qu'a été ce sacre, son importance et ses conséquences. Ça, sur ce terrain, Je pense que c'est intéressant et je pense qu'aller visiter cette exposition, ça me paraît évident. Ensuite, comme je le disais, pour nouer le dialogue et pour discuter, c'est le sujet sur lequel vous m'invitez ce soir, des Bourbons, je crois que la meilleure manière, c'est de connaître l'histoire, à la fois l'histoire des Bourbons, mais aussi l'histoire de France de manière plus générale, et l'histoire du monde. puisque nous ne vivons pas dans un seul pays, mais nous vivions dans un monde imbriqué. Et même au temps des Bourbons, nous étions dans un monde imbriqué. Donc connaître l'histoire, c'est essentiel, parce qu'on ne peut parler de l'histoire de ce qu'elle a de bon, en assumant ce qu'elle a de mauvais, qu'à partir du moment où on la connaît. Et une fois qu'on la connaît et qu'on l'a appréhendée, et bien à ce moment-là, on est capable d'en parler, on est capable de s'ouvrir aux autres. passe, de mon point de vue, très bien, parce qu'il n'y a à avoir aucune honte de notre histoire, d'une part parce que je pense qu'on doit en être fiers, et puis d'autre part parce que je pense que, quoi qu'il se soit passé, ce n'est pas nous qui l'avons fait, et je ne vois pas pourquoi on n'assumerait pas ce qu'ont fait nos prédécesseurs en étant fiers de ce qu'ils ont fait.

  • Speaker #1

    Et pour la dernière partie de la question, je me permets de vous la redire. Est-ce qu'il faudrait multiplier ce genre d'événements pour faire connaître l'histoire aux Français, ou au contraire, ce genre d'événements doit être très thématique, puis exactement très ponctuel ?

  • Speaker #2

    Alors,

  • Speaker #0

    je pense que par rapport à ce genre d'événements, plusieurs choses doivent être distinguées. Ce genre d'événements thématiques est essentiel, mais il est évident qu'il a un côté ponctuel, puisque de toute façon, le sacre de Charles X... Donc on fait que le 200e anniversaire cette année, ce sera cette année et pas après pour son 200e anniversaire. De la même manière, si on parle d'autres personnages historiques comme par exemple Guillaume le Conquérant, on fêtera son millénaire dans deux ans et ce sera dans deux ans. À côté de ça, il y a un certain nombre d'expositions que de mon point de vue, il faut aller voir. Et puis après, connaître l'histoire, c'est aussi aller dans les lieux. Et les lieux qui sont, même s'ils sont marqués par le temps, relativement intemporelles dans leur visite, faites comme moi, emmenez vos enfants à Versailles, vous verrez qu'ils seront contents. Et de la même manière, si vous emmenez vos enfants visiter d'autres lieux en lien avec l'histoire, si vous les éduquez, vous verrez qu'ils seront contents. Et donc, une partie de ma réponse consiste à vous dire que c'est par l'éducation que ça passe. C'est par l'éducation et l'éducation... dans tous les sens du terme, c'est-à-dire pas uniquement intellectuel, mais de tout point de vue. Récemment, je suis allé visiter le château de Guédelon. Le château de Guédelon, qui est ce fameux château qui n'a rien d'historique, mais qui, en revanche, est fait par une poignée de passionnés qui reconstituent un château fort et les savoir-faire anciens. Eh bien, ces savoir-faire, ils font aussi partie de notre patrimoine et ils font aussi partie de ce qui se faisait sur un plan historique. et donc c'est avec une... une large ouverture d'esprit de mon point de vue qu'il faut aller le voir. Et après, quant aux événements eux-mêmes, je crois qu'ils sont essentiels pour que les gens et pour que le public puissent comprendre. Parce que pour avancer, pour dialoguer, pour s'ouvrir, il faut comprendre les choses. Je vais en prendre un exemple très symptomatique. Le week-end dernier, je vous l'ai dit, Je me trouvais dans une manifestation où il y avait cette fameuse généalogie des rois de France. Au décours de cette manifestation, le soir, un spectacle a été présenté concernant la Normandie, et plus particulièrement le rôle du premier duc de Normandie, Rollon, et le baptême de Rollon qui est dans une large part l'acte fondateur de la Normandie. Ce spectacle a été vu par de nombreuses personnes. Il a été vu... est présenté de manière très simple, très claire, très didactique et historique en même temps. Il n'a appelé aucune critique, alors même qu'il portait sur quelque chose le baptême de Roland, qui en tant que tel aurait pu être une thématique qui, dans notre monde contemporain, aurait pu prêter à critique. Donc là encore, le dialogue, l'ouverture, l'apprentissage de l'histoire sont la clé.

  • Speaker #1

    Cette question n'était pas prévue, mais je vous la pose quand même. Quand vous visitez Versailles tout seul ou en famille ? Pour vous, il s'agit d'un musée, d'une demeure familiale. Quel est votre rapport par exemple par rapport à Versailles, qui est quand même un lieu très emblématique de la monarchie du XIV et également de la France ?

  • Speaker #0

    La visite de Versailles est quelque chose qui est toujours avec de multiples rapports parce que ces constructeurs, qui sont mes ancêtres... qui ont à la fois vécu, travaillé et fait rayonner la France, ont toujours eu une vision de Versailles, qui est celle que je partage, multiple. C'est à la fois un lieu que je peux visiter avec ma famille en parlant de la vie que les personnes ont pu y avoir. Et donc, c'est le lieu de l'intimité. Et d'ailleurs, quand on visite Versailles, on visite des parties extrêmement intimes et sur lesquelles, eh bien, quand vous êtes... touché, vous pouvez avoir une forme de projection. Et puis d'un autre côté, Versailles, c'était pour les mêmes personnes, le lieu public, le lieu dans lequel ils travaillaient, le lieu dans lequel ils gouvernaient la France, et dans lequel ils recevaient du public. Et donc ce n'était pas un lieu intime, mais un lieu de pouvoir. Et je crois que lorsque je visite Versailles, j'ai toujours cette vue procédant de cette même ambivalence, et je considère aussi que Versailles, c'est un lieu de pouvoir. Et un lieu de pouvoir qui a vocation et fait toujours rayonner la France, ce que j'ai rappelé tout à l'heure en rappelant que même aujourd'hui dans la République moderne, les présidents de la République utilisent et instrumentent les Versailles pour faire rayonner et montrer la France. Et je crois qu'en cela, c'était là peut-être le génie de Louis XIV qui était de faire rayonner la France et de se faire rayonner lui-même précisément par Versailles.

  • Speaker #1

    En tant que président du corps consulaire de Normandie, comment intégrez-vous la valorisation du patrimoine français et monarchique dans vos fonctions ?

  • Speaker #0

    Je vais revenir à ce que sont des fonctions consulaires. Consuls sont les représentants en France de leur pays d'envoi. Je suis moi-même consul honoraire du Grand-Duché du Luxembourg. Le président du corps consulaire, c'est celui qui... préside un corps constitué qui rassemble l'intégralité des consuls dans une région, en l'espèce pour moi, la Normandie. Il va de soi que lorsqu'on est président du corps consulaire, on est dans une certaine mesure tout à la fois celui qui fédère les consuls d'un côté et celui qui, d'un autre côté, diffuse sa région et de manière plus globale le pays dans lequel sa région est inscrite. Donc en diffusant la région, automatiquement, On en diffuse à la fois les côtés économiques et les côtés culturels. Et quand on parle des côtés culturels, les côtés culturels sont multiples. Et lorsque je parle des côtés culturels, et même que je suis amené à initier des collaborations avec d'autres corps consulaires, les côtés culturels ne se cantonnent pas simplement... à des choses récentes, comme par exemple en Normandie, le débarquement, ou si on va dans d'autres régions, la Première Guerre mondiale, ou ce type de choses, mais à la valorisation d'un patrimoine culturel global, et qui donc par essence inclut les millénaires de la monarchie française et les quelques 250 ans qui ont été consécutifs à la Révolution. Et donc, par définition, ça fait partie des choses qu'on véhicule.

  • Speaker #1

    Enfin, quels sont vos projets ou initiatives personnelles à venir pour promouvoir l'histoire et le patrimoine liés au Bourbon ?

  • Speaker #0

    Mes projets et initiatives, en fait, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, J'ai plusieurs projets et initiatives. Aujourd'hui, je crois que la transmission de cette mémoire, cette mémoire familiale, elle intervient à tous les niveaux. Dès lors que mes fonctions ou ce que je dois faire s'y prête, je fais en sorte de transmettre et de rappeler cette mémoire familiale. Les initiatives qui sont mises en place sont essentiellement des initiatives aujourd'hui, ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas d'autres, mais des initiatives de recherche au sein de l'Institut du Centre France qui est une association. qui a été créée par un groupe de personnes scientifiques et qui, elle, fait aujourd'hui un certain nombre d'appels à projets, un certain nombre de recherches historiques sur la thématique de Charles X et plus généralement des Bourbons. Et ça fait partie des initiatives qui sont aujourd'hui en cours et qui vont fleurir sur les prochaines années.

  • Speaker #1

    Merci Maître Carpentier, cet entretien touche à sa fin. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée, auxquelles vous auriez aimé répondre ? Ou est-ce qu'il y a un dernier mot que vous voudriez dire à nos auditeurs ?

  • Speaker #0

    Une question que vous ne m'avez pas posée, non pas particulièrement, et un dernier mot, c'est celui que j'ai essayé de véhiculer pendant tout cet entretien, connaître l'histoire. et puis l'écoute et le dialogue et c'est par ça que passera la transmission de notre héritage historique.

  • Speaker #1

    Merci Maître Carpentier excellente soirée.

  • Speaker #0

    Vous aussi.

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Description

👑 Quelle est encore aujourd’hui la portée réelle de l’héritage des Bourbons ? Peut-on concilier fidélité monarchique et regard contemporain ?


🎙️ Pour le savoir, je vous invite à découvrir un entretien passionnant avec Jean-Philippe Carpentier, avocat, consul honoraire du Luxembourg pour la Normandie et président du Corps consulaire de Normandie.


⚜️ Descendant de la maison de Bourbon, il porte un regard éclairé et sensible sur cette dynastie qui a marqué l’histoire, l’art et le patrimoine français.


🕍 De l’architecture à la mémoire symbolique, de Charles X à la transmission des valeurs monarchiques, Jean-Philippe Carpentier nous offre une réflexion à la fois enracinée et ouverte sur l’avenir.

📖 Ensemble, nous avons abordé :


• L’influence des Bourbons sur le patrimoine artistique et culturel

• Le rôle méconnu de Charles X dans l’histoire de France

• La signification du sacre de 1825 à Reims

• Les lieux et symboles qui incarnent l’héritage monarchique

• Le rapport de la France contemporaine à sa mémoire royale

• La valorisation du patrimoine au sein du Corps consulaire


💡 Résultat : un échange riche, nuancé et profondément ancré dans l’histoire longue de la France. À écouter absolument si vous vous intéressez à la monarchie, à l’histoire institutionnelle ou aux dynasties françaises.


➡️ Pour soutenir mon travail :


https://www.paypal.com/paypalme/franckauteur


➡️ Pour toute demande d’information ou proposition de collaboration :


legendesetverites@gmail.com 


🎙️ Je suis Franck Abed, intellectuel indépendant et fondateur du podcast Légendes et Vérités, un lieu d’échange et de réflexion. J’y reçois historiens, penseurs, économistes, écrivains et figures publiques pour confronter les mythes aux faits…


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans cet épisode de Légendes et Vérités, nous partons sur les traces d'une dynastie qui a profondément façonné la France, les Bourbons. A travers leur empreinte sur notre patrimoine, leur rôle dans l'histoire artistique et institutionnelle de notre pays, et la figure souvent méconnue de Charles X, nous interrogeons la mémoire monarchique et sa place dans la société contemporaine. Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir Jean-Philippe Carpentier, avocat consul honoraire du Luxembourg pour la Normandie et président du... corps consulaire de Normandie. Je précise qu'il ne s'agira pas d'un débat. L'entretien se veut intellectuel et historique. Maître Carpentier, bonsoir.

  • Speaker #1

    Oui, bonsoir Franck. Merci de m'avoir invité à participer à votre émission. Je précise à vos auditeurs qu'étant consul du Luxembourg en Normandie, je n'émettrai absolument aucune position politique. La politique étant une interdiction majeure des membres du corps consulaire.

  • Speaker #0

    Merci pour cette précision qui est la bienvenue. Première question, en tant que descendant de la maison de Bourbon, comment percevez-vous l'influence de cette dynastie sur le patrimoine culturel et architectural de la France ?

  • Speaker #1

    Pour resituer par rapport à vos auditeurs, je suis descendant de Charles X, des descendants agnatiques. par les mâles de Charles X, sûrement de la dernière branche qui en descend. Alors, comment est-ce que je perçois ça ? Je pense qu'il faut revenir aux origines de la maison de Bourbon. La maison de Bourbon, c'est une ancienne famille, très ancienne, et la maison de Bourbon, émanant des Capétiens, est issue d'un des enfants de Saint-Louis. Elle a donc eu un impact très important en matière culturelle et en matière architecturale. sur la France, d'abord cantonnée à ses fiefs, et j'invite chacun de vos auditeurs à aller voir l'empreinte de la maison de Bourbon dans tout le Bourbonnet lui-même, et notamment la zone de Bourbon-Larchambeau. Par la suite, les Bourbons sont devenus rois de Navarre, et là aussi, avant Henri IV, il y a eu une empreinte au sein de la Navarre historique qui, à l'origine, était en partie sur la France, en partie sur l'Espagne. Ensuite, à partir d'Henri IV, les Bourbons sont devenus rois de France jusqu'à Charles X qui en a été le dernier. L'impact essentiel me semble-t-il, notamment en termes de monuments, en termes d'architecture, c'est ce qu'ils ont construit à partir du règne d'Henri IV, puis par la suite avec des grands bâtisseurs comme par exemple Louis XIV. Alors, s'il fallait citer des endroits emblématiques, je parlerais peut-être tout d'abord du Louvre et de tous les travaux qui ont pu être faits au Louvre avant que la cour ne déménage à Versailles. Et ces travaux ont permis de voir arriver des façades absolument extraordinaires et notamment la façade... qui jouxte Saint-Germain-Loxeroy, la paroisse des rois de France, et qui, elle, est un exemple du style classique. Le Louvre n'a pas été la seule réalisation, puisque, je l'indiquais tout à l'heure, de nombreuses réalisations sont intervenues, et je crois que la plus emblématique, c'est Versailles. Versailles, qui a été construite relativement rapidement, et je ne cantonne pas cette réalisation de Versailles au simple... château de Versailles lui-même, mais à la ville complète et de manière globale à tous ses alentours, puisque quand Louis XIV a construit Versailles, il a structuré une ville, il a structuré une cour, et il a structuré, je dirais, une vie autour de cette ville. Donc sur un plan architectural, sur un plan culturel, Versailles existe et rayonne encore. Et il suffit de regarder l'appétence des successeurs de la dynastie Bourbon pour s'apercevoir qu'aujourd'hui encore, de nos jours, Versailles demeure l'outil de prestige de la France, celui dans lequel on accueille les chefs d'État étrangers et celui avec lequel on fait une sorte même de marketing de la France. Alors, l'héritage de la maison de Bourbon sur ce terrain-là ne s'est naturellement pas cantonné à Versailles. il a été était beaucoup plus large. Il a perduré, et il a perduré bien au-delà lorsque nos rois sont venus s'installer après... l'épisode révolutionnaire, dans la partie des Tuileries, avant même que ce palais ne brûle. Et à l'époque, leur héritage à la fois patrimonial et artistique est retourné à Paris. Ils ont restructuré la capitale, ils ont restructuré la vie, et je crois qu'il ne faut pas voir l'héritage des Bourbons comme quelque chose... de figer dans le temps, n'est comme quelque chose de beaucoup plus linéaire et qui irrigue toujours et encore notre civilisation actuelle.

  • Speaker #0

    Merci pour cette réponse très intéressante et instructive qui rappelle la dimension très historique et très ancrée de la maison de Bourbon avant même l'arrivée d'Henri IV au pouvoir. Comment la monarchie a-t-elle contribué à la constitution ? des collections artistiques nationales ?

  • Speaker #1

    Alors, sur ce terrain, je crois que je vais repartir d'un exemple très concret et qui m'a concerné il n'y a pas très longtemps. Si vous avez, d'une manière ou d'une autre, regardé ce que j'ai pu publier, même la presse de manière globale, peut-être savez-vous que je suis allé à l'exposition à la Manufacture des Gobelins. qui retracé le sacre de Charles X et qui s'intitulait le dernier sacre. Cette exposition répond presque à elle seule à la question que vous me posez. C'est-à-dire que vous avez, dans le cadre de cette exposition, exposé un certain nombre de tissus, un certain nombre d'objets, un certain nombre d'éléments qui rappellent le sacre de Charles X. Alors, dans une certaine mesure, vous pourriez me dire que c'est très récent et que cette conservation, finalement, ne correspond pas forcément à quelque chose d'ancien et de si continu que ça. Sauf que si vous visitez l'exposition avec un peu plus de profondeur, vous vous apercevez que tout ça a été un héritage du passé, qu'il y a en même temps la préservation du patrimoine, la préservation des tissus, la préservation de... tout ce qui a fait les oripeaux de la monarchie dans une certaine mesure. Et cette préservation, elle se fait dans le temps. Elle s'est faite pour tout ce qui était tissu, tout ce qui était mobilier, au mobilier national qui n'est rien d'autre que le garde-meuble du roi. Et elle s'est faite, pourquoi ? Eh bien parce que les principaux mécènes sur un plan artistique, avant mais aussi... dans une période plus contemporaine, c'était en France, la famille royale, à la fois le roi, mais également toute sa famille de manière assez étendue. Et c'était eux qui, par une politique active de promotion de l'art, qui n'est pas une politique active des Bourbons, puisqu'elle a commencé bien antérieurement, on se rappellera par exemple, en allant la voir, des richesseurs du duc de Berry, qui... sont visibles aujourd'hui dans le château de Chantilly, qui lui a été fait par un Bourbon avec pour vocation de montrer l'héritage artistique des Bourbons. Quand on regarde tout ça, on s'aperçoit qu'il y a eu une politique de mécénat extrêmement active et qui a permis de rassembler autour de la France ce qui se faisait de mieux de par le monde et qui a aussi eu des conséquences extrêmement importantes. En ce qui concerne la mode, j'en veux pour preuve quelque chose de très simple. Je sais que lorsque les Français ont ramené les collections italiennes, on a vu arriver en France la Renaissance. Lorsqu'on a ensuite dépassé la Renaissance pour se concentrer sur des styles plus classiques, on a vu émerger tout l'art qui est arrivé au XVIIe siècle. Et là encore, Louis XIV a été un des plus grands mécènes. pas le seul. Lui et tous ses successeurs l'ont été et je dois dire que sur un plan assez viscéral, je continue dans une certaine mesure cette pratique de mes ancêtres et aujourd'hui moi-même, je suis le mécène de la Fondation Giannata et donc je continue cette pratique visant à avoir des fondations d'art qui permettent de diffuser l'art. que ce soit dans une collection privée ou dans des collections publiques.

  • Speaker #0

    Très bien, merci. Charles X, votre aïeul, demeure souvent dans l'ombre de ses prédécesseurs. A votre avis ? Pourquoi cette figure royale reste-t-elle aussi méconnue du grand public ?

  • Speaker #1

    Je pense par rapport à Charles X qu'il y a une forme de procès un petit peu injuste qui lui est fait et qui lui est méconnu parce qu'il se trouve entre deux périodes. Il se trouve entre une période de retour de la monarchie avec Louis XVIII et il se trouve avec une histoire qui a été fortement reconstruite. pour complaire à ses successeurs, que ce soit son successeur direct, ou à l'époque de la République qui y a suivi, et de Napoléon III, dans laquelle on a eu tendance à présenter de manière assez caricaturale le règne de Charles X. Et pourtant, je crois qu'il faut dépasser ces clivages pour plusieurs raisons. La première, c'est que... Des principaux mots qu'il faut retenir de Charles X, c'est qu'il n'avait pas une envie de cliver. Il disait lui-même, le temps est venu de réparer et non de démolir. La deuxième, c'est que l'héritage de Charles X, contrairement à ce qu'on peut penser, il a été très important sur un plan normatif. C'est-à-dire que Charles X a été un roi qui, dans son court règne, a fait de nombreuses lois. et il n'y a pas très longtemps... dans mes fonctions consulaires, alors même qu'en qualité de président du corps consulaire, j'étais amené à prendre la parole dans une cérémonie concernant le Congo-Brasaville. Je rappelais que le code forestier, qui est celui qui irrigue encore la France, mais aussi l'Afrique, a été promulgué en 1827 par Charles X, et que c'est dans ce code, par exemple, qu'il a posé les grands principes modernes de la préservation de l'environnement. On est donc loin d'un roi obscur, mais plutôt proche d'un roi qui a fait œuvre d'un certain nombre de choses et qui, dans une certaine mesure, a pâti à la fois de son entourage, mais aussi du fait que, c'est un point de vue tout à fait personnel, il n'a pas vu qu'il fallait abaisser le sens. C'est-à-dire qu'il... s'est appuyé sur un certain nombre de personnes qui étaient dans son entourage. Et la politique qu'il a menée en laissant un sens suffrage censitaire trop Ausha fait qu'il n'a pas bénéficié de sa popularité qui pourtant était réelle dans le pays. Et sur ce terrain, je vous invite à lire les mémoires du comte de Puy-Mègre qui justement... articule ce sujet et montre que Charles X se méprenait pas nécessairement sur sa popularité lorsque, visitant Compiègne, il disait au comte de Puy-Mègre « Regardez, il m'acclame et je suis populaire » , mais qu'il se méprenait en revanche fortement sur sa popularité au sein de ceux qui payaient l'impôt et qui étaient les représentants à la Chambre et qui sont les artisans de son départ.

  • Speaker #0

    Merci, réponse très claire. Le Sacre de Reims en 1825, fastueux et symbolique, est souvent perçu comme un anachronisme. Comment l'interprétez-vous à la lumière de l'histoire et des débats contemporains sur la tradition ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais répondre en plusieurs phases. D'abord, le Sacre qui est intervenu en 1825. c'est celui dont Louis XVIII a rêvé toute sa vie et qu'il n'a jamais osé faire. J'en veux pour preuve le fait que vous avez des représentations de Louis XVIII en costume de sacre, alors même qu'il n'a jamais été sacré. Charles X est intervenu, et si vous suivez, et ça rejoint une question que vous m'avez posée tout à l'heure concernant l'impact que les Bourbons ont pu avoir, eh bien, si vous regardez l'impact que les Bourbons ont pu avoir, vous verrez qu'il y a, en y réfléchissant un peu, des styles qui portent les noms des rois. Et si vous pensez par exemple au style des meubles, vous avez des styles Louis XV, des styles Louis XVI, et il existe un style Charles X. Et pourquoi est-ce que j'en reviens à ça ? Parce que le sacre de Charles X, d'abord contrairement aux idées reçues, il n'a pas coûté extrêmement cher. Il a été, au contraire, relativement peu cher et il était conçu pour deux raisons principales. La première, c'était s'ancrer dans une tradition et montrer que Charles X s'ancrait dans la continuité des Bourbons. Mais la deuxième aussi, c'était présenter au monde un visage de la France, un visage de ses artisans. et de ce point de vue ce sacre n'a pas été extrêmement cher et il a été une véritable réussite. C'est-à-dire qu'il a permis de montrer la qualité de l'artisanat français dans une période par exemple où en matière de tissage on rentrait dans de la mécanisation et où donc il fallait présenter l'artisanat. Il a présenté le mobilier français, il a présenté tout ce que la France avait de meilleur et il a eu comme conséquence au-delà... des dépenses qui sont beaucoup moins somptuaires que ce qu'il paraît, parce qu'il a par exemple coûté beaucoup moins cher que le sacre de Charles III sur un plan comparaison à échelle identique, eh bien il a permis de mettre en avant tout cet artisanat, de mettre en avant la France. Et de mon point de vue, le sacre de Charles X, plutôt que d'être critiquable, eh bien il a plutôt été extrêmement profitable à la France. Et à cet égard, je soulignerais que dans ce sacre, on est parmi les premiers sacres modernes, au sens auquel il y avait des goodies au sacre de Charles X, un certain nombre de choses que les gens pouvaient acheter pour s'en souvenir, plus ou moins luxueux, et qui finalement rapportaient. Donc, pour ma part, je considère que ce sacre n'a pas été si coûté que ça. qu'il a été plutôt bon pour l'image de la France. Et du reste, vous observerez qu'il n'a pas été critiqué par ses contemporains, mais que le fait d'imaginer, de réfléchir au coup du sacre, avec un angle coup-rapport qui d'ailleurs n'a pas été négatif, c'est une perspective extrêmement contemporaine. Et cette perspective contemporaine, et si vous la regardez par rapport aux ocres sacres, et en particulier celui de Charles III, Vous verrez que, tout comme la perspective contemporaine le montre, les sacres aujourd'hui, même s'ils ont un coût, sont générateurs de tellement de recettes que les recettes compensent. Et que, bien au contraire, ce sont des événements fédérateurs qui génèrent des recettes et des recettes qui compensent les coûts.

  • Speaker #0

    Oui, avec également un rayonnement à l'international qu'il faut également ne pas négliger.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai souligné en rappelant qu'au Sacre, toutes les cours européennes étaient invitées et ça reste vrai pour celui de Charles III. Donc on est toujours dans le même schéma de fonctionnement.

  • Speaker #0

    Merci. Vous avez parlé tout à l'heure de Charles X et du règlement des forêts pour la France et l'Afrique. Une question dans le même sens, on va dire. Quelle trace tangible ou symbolique ? De son passage sur le trône, Charles X, retrouve-t-on encore aujourd'hui dans notre patrimoine institutionnel, architectural ou culturel ?

  • Speaker #1

    Alors, sur un plan architectural et culturel, je crois que la principale chose que je retiendrai de Charles X, c'est le style Charles X. Et comme je le disais et j'insistais dessus, le style Charles X, c'est quelque chose qui est, qui reste. Et si un jour, vous êtes amateur et que vous regardez ce qui se vend dans les salles des ventes, vous verrez que le style Charles X structure encore de nombreuses ventes aux enchères en France, de sorte que... Il en reste un certain nombre de choses. Au-delà de ce style, au-delà de tout ça, Charles X, je vous l'ai dit, est un roi qui s'est essentiellement caractérisé par le caractère normatif de son activité. Ça, c'est une chose. Et la deuxième chose par laquelle il s'est caractérisé, c'est par sa gestion des finances publiques. Je vais revenir rapidement sur les caractères normatifs de son activité, en rappelant ce que j'ai dit tout à l'heure. Par exemple, c'est des codes comme le Code forestier de 1827, mais ce n'est pas le seul texte. Charles X, c'est un roi qui a impulsé tout un corpus de textes législatifs, qui irrigue encore tout à la fois notre droit contemporain. mais aussi le droit contemporain de tous les pays francophones et qui continuent pour partie soit de l'appliquer, soit d'appliquer des droits dérivés. La deuxième chose sur laquelle je voudrais insister, c'est sur les finances publiques. Et ça, c'est quelque chose dont on ne se souvient même pas, ou pas nécessairement beaucoup, mais néanmoins qui est, de mon point de vue, assez fondamental dans l'héritage de Charles X. C'est que c'est la personne qui, après Louis XVIII, a redressé les finances publiques de la France. Et c'est le premier qui, par l'aspect normatif et par les ministres qu'il a mis en place, a mis en place un contrôle de l'efficacité de la dépense publique. Ce contrôle, il a duré pendant son règne et il a été abandonné, de manière quasi définitive d'ailleurs, après son règne. Et je crois que s'il y a quelque chose, une leçon à tirer et quelque chose peut-être à appliquer, dans notre monde contemporain, c'est précisément ça, c'est-à-dire retrouver dans notre monde contemporain une méthode saine de gestion des finances publiques et un contrôle effectif de la dépense publique.

  • Speaker #0

    La mémoire monarchique en France semble parfois délicate à évoquer, notamment dans l'espace public. Comment concilier fidélité historique ? les modernités du discours.

  • Speaker #1

    Alors, je vous répondrai à ça en deux temps. Le premier, c'est que je vais vous faire part d'une expérience très personnelle. Le week-end dernier, je suis allé dans un événement grand public où il y avait 15 000 personnes qui étaient centrées sur les vikings. Dans cet événement grand public, je... J'ai participé à la fois comme spectateur d'un spectacle historique et j'ai donné mon temps de manière bénévole pour une association qui regroupe la descendance de Guillaume le Conquérant. J'étais avec une autre personne sur le stand de cette association et sur ce stand, elle avait affiché devant et visible par tout le monde une généalogie des rois de France. elle prenait le risque que la chose puisse être diversement abordée par les personnes qui venaient la voir. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, la réception par le public de la généalogie de la famille de France a été très bonne. C'est-à-dire que les personnes se sont intéressées, ils ont montré une culture réelle, beaucoup plus profonde que celle que... peut imaginer, alors même que l'enseignement est toujours et assez souvent décrié, ils ont montré une culture réelle et ils ont montré plutôt une appétence à la connaissance et une appétence à l'histoire. Et s'il faut retenir quelque chose et un moyen aujourd'hui d'approche des choses, je crois que c'est précisément sans pour autant parler Merci. de choses identitaires, parce que ce n'est pas du tout l'objet, puisque cette association est ouverte à tout le monde, c'est précisément l'appétence du public pour l'histoire, pour les traditions et pour la connaissance. Et je crois que la meilleure approche, pour moi, de ces choses, c'est précisément de porter aux autres la connaissance de ce qui s'est passé, loin de tout tabou, toute identité, toute idéologie, mais dans la vérité historique. Et à partir du moment où on fait ça, l'accueil est bon.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est très clair. Merci beaucoup. Alors justement, en tant qu'avocat et représentant consulaire, vous êtes aussi, et on le constate à vous écouter, un homme de dialogue, et par vos activités nombreuses et variées, un homme de dialogue entre époque, au pluriel, et institution, au pluriel. En quoi ce rôle ? ou ses rôles vous permettent-ils de faire vivre ce pan de notre histoire ?

  • Speaker #1

    Vous l'avez dit... de par mon métier et de par les rôles que j'ai, je suis effectivement quelqu'un qui cherche le dialogue. Et je crois que s'il y a un point que j'ai évoqué tout à l'heure et qui me paraît essentiel, c'est celui de sortir de toute approche idéologique. C'est-à-dire qu'il faut faire fi d'un certain nombre... de préjugés, d'une part. Et puis, il faut aussi, dans le dialogue, faire fi de tout ce qu'on peut penser. On voit des gens divers et variés, et je crois que, précisément, porter ça, c'est le porter de manière extrêmement simple, mais vraiment extrêmement simple, en faisant ressortir ce qui s'est fait, et ce qui s'est fait de bon. Et je vais vous prendre un... un exemple parce que c'est un exemple qui passe assez facilement et qui finalement n'est pas si mauvais. Les Etats-Unis avec lesquels nous entretenons un certain nombre de rapports sans Louis XVI existeraient-elles ? Eh bien, poser cette question à quelqu'un et après observer sa réaction. Et je crois que Ce type de choses, ce type d'approche, poser des questions de fond sur des choses qui nous touchent encore aujourd'hui, c'est une bonne approche pour dire que, contrairement à un certain nombre d'idées reçues qui peuvent être réfléchies par des gens avec lesquels on parle, tout n'est pas dans le sens de ces idées reçues, loin s'en faut. Je vais prendre un deuxième exemple, Charles X dont on a parlé tout à l'heure. Eh bien, lisez les textes de Charles X et vous verrez qu'au-delà des réactions qu'il a pu avoir sur un plan qu'on pourrait qualifier de colonial, vous verrez qu'il avait posé les bases dans ce contexte-là de la fin de l'esclavage. Et vous avez des textes féminaux de Charles X. qui sont ni plus ni moins que les bases de la fin de l'esclavage qui ont été reprises par Victor Schoelcher. Donc prenons l'histoire, regardons-la avec un certain recul et expliquons-la. Et c'est par le dialogue que ça se résout.

  • Speaker #0

    Et oui, le dialogue, vertu très importante qu'il faut pratiquer. Et comme vous dites si bien, non pas pour cliver, mais plutôt pour réunir. et rassemblés. Vous en avez parlé tout à l'heure, vous avez récemment visité l'exposition Le Dernier Sacre au Mobilier National. Quelles ont été vos impressions ? Première question. Deuxième question, est-ce que vous recommanderiez ce genre de visite à nos compatriotes ? Et troisièmement, est-ce qu'il faut plus d'expositions qui rappellent notre histoire ?

  • Speaker #1

    J'ai visité l'exposition Le Dernier Sacre, comme vous le dites. Alors, mes impressions, je l'ai visitée deux fois, pour répondre très clairement à votre question. J'ai visité une première fois en avant-première, avec une visite commentée par Stéphane Bern, et j'ai eu la chance de le visiter une deuxième fois avec Renaud Serrette, qui était le commissaire de l'exposition. Et les deux fois, j'ai eu des visites... particulièrement intéressante. La première impression, c'est une forme d'émotion familiale et je crois que ça, ça n'est propre. La deuxième impression, quand on va voir cette exposition, c'est une forte émotion d'entrée dans la chambre mortuaire de Louis XVIII qu'on retrouve quasi intégralement et dans laquelle on perçoit mieux les choses. Et puis après, quand on progresse dans l'exposition, On se trouve dans la chambre à coucher qui est reconstituée, qui était celle de Charles X dans le Palais du Thau, et dans laquelle, là, on comprend très bien, et pour répondre en partie à votre question, je conseillerais de le visiter, on comprend très bien précisément ce que j'étais en train de dire sur le style Charles X. Parce que là, clairement, on est dans une chambre dans laquelle on a été chercher ce qu'il y avait de mieux en termes d'ébénisterie, en termes de meubles, pour montrer au monde... ce qu'était le style Charles X. Après, l'émotion, elle arrive dans cette exposition quand on monte, et avant d'entrer dans la salle du Sacre, quand on a la chance d'aller voir les Regalia. et en particulier le saint Crème. Je crois que ça, pour ceux qui sont attachés à la tradition et attachés à tout ce que ça peut représenter, c'est quelque chose qui est générateur d'émotions. Après, tout ce qui est la suite de l'exposition, c'est la salle du trône avec un manteau époustouflant, puis par la suite des salles plus explicatives. Cette exposition a la vertu de nous replonger dans ce qu'a été

  • Speaker #0

    le sacre de Charles X. Donc, elle a un aspect extrêmement didactique et pédagogique et de ce point de vue, j'invite chacun à le visiter parce que les explications de l'exposition elle-même permettent de se reprocher, de se replonger dans l'époque, mais permettent aussi de prendre une forme de recul par rapport à ce qu'a été ce sacre, son importance et ses conséquences. Ça, sur ce terrain, Je pense que c'est intéressant et je pense qu'aller visiter cette exposition, ça me paraît évident. Ensuite, comme je le disais, pour nouer le dialogue et pour discuter, c'est le sujet sur lequel vous m'invitez ce soir, des Bourbons, je crois que la meilleure manière, c'est de connaître l'histoire, à la fois l'histoire des Bourbons, mais aussi l'histoire de France de manière plus générale, et l'histoire du monde. puisque nous ne vivons pas dans un seul pays, mais nous vivions dans un monde imbriqué. Et même au temps des Bourbons, nous étions dans un monde imbriqué. Donc connaître l'histoire, c'est essentiel, parce qu'on ne peut parler de l'histoire de ce qu'elle a de bon, en assumant ce qu'elle a de mauvais, qu'à partir du moment où on la connaît. Et une fois qu'on la connaît et qu'on l'a appréhendée, et bien à ce moment-là, on est capable d'en parler, on est capable de s'ouvrir aux autres. passe, de mon point de vue, très bien, parce qu'il n'y a à avoir aucune honte de notre histoire, d'une part parce que je pense qu'on doit en être fiers, et puis d'autre part parce que je pense que, quoi qu'il se soit passé, ce n'est pas nous qui l'avons fait, et je ne vois pas pourquoi on n'assumerait pas ce qu'ont fait nos prédécesseurs en étant fiers de ce qu'ils ont fait.

  • Speaker #1

    Et pour la dernière partie de la question, je me permets de vous la redire. Est-ce qu'il faudrait multiplier ce genre d'événements pour faire connaître l'histoire aux Français, ou au contraire, ce genre d'événements doit être très thématique, puis exactement très ponctuel ?

  • Speaker #2

    Alors,

  • Speaker #0

    je pense que par rapport à ce genre d'événements, plusieurs choses doivent être distinguées. Ce genre d'événements thématiques est essentiel, mais il est évident qu'il a un côté ponctuel, puisque de toute façon, le sacre de Charles X... Donc on fait que le 200e anniversaire cette année, ce sera cette année et pas après pour son 200e anniversaire. De la même manière, si on parle d'autres personnages historiques comme par exemple Guillaume le Conquérant, on fêtera son millénaire dans deux ans et ce sera dans deux ans. À côté de ça, il y a un certain nombre d'expositions que de mon point de vue, il faut aller voir. Et puis après, connaître l'histoire, c'est aussi aller dans les lieux. Et les lieux qui sont, même s'ils sont marqués par le temps, relativement intemporelles dans leur visite, faites comme moi, emmenez vos enfants à Versailles, vous verrez qu'ils seront contents. Et de la même manière, si vous emmenez vos enfants visiter d'autres lieux en lien avec l'histoire, si vous les éduquez, vous verrez qu'ils seront contents. Et donc, une partie de ma réponse consiste à vous dire que c'est par l'éducation que ça passe. C'est par l'éducation et l'éducation... dans tous les sens du terme, c'est-à-dire pas uniquement intellectuel, mais de tout point de vue. Récemment, je suis allé visiter le château de Guédelon. Le château de Guédelon, qui est ce fameux château qui n'a rien d'historique, mais qui, en revanche, est fait par une poignée de passionnés qui reconstituent un château fort et les savoir-faire anciens. Eh bien, ces savoir-faire, ils font aussi partie de notre patrimoine et ils font aussi partie de ce qui se faisait sur un plan historique. et donc c'est avec une... une large ouverture d'esprit de mon point de vue qu'il faut aller le voir. Et après, quant aux événements eux-mêmes, je crois qu'ils sont essentiels pour que les gens et pour que le public puissent comprendre. Parce que pour avancer, pour dialoguer, pour s'ouvrir, il faut comprendre les choses. Je vais en prendre un exemple très symptomatique. Le week-end dernier, je vous l'ai dit, Je me trouvais dans une manifestation où il y avait cette fameuse généalogie des rois de France. Au décours de cette manifestation, le soir, un spectacle a été présenté concernant la Normandie, et plus particulièrement le rôle du premier duc de Normandie, Rollon, et le baptême de Rollon qui est dans une large part l'acte fondateur de la Normandie. Ce spectacle a été vu par de nombreuses personnes. Il a été vu... est présenté de manière très simple, très claire, très didactique et historique en même temps. Il n'a appelé aucune critique, alors même qu'il portait sur quelque chose le baptême de Roland, qui en tant que tel aurait pu être une thématique qui, dans notre monde contemporain, aurait pu prêter à critique. Donc là encore, le dialogue, l'ouverture, l'apprentissage de l'histoire sont la clé.

  • Speaker #1

    Cette question n'était pas prévue, mais je vous la pose quand même. Quand vous visitez Versailles tout seul ou en famille ? Pour vous, il s'agit d'un musée, d'une demeure familiale. Quel est votre rapport par exemple par rapport à Versailles, qui est quand même un lieu très emblématique de la monarchie du XIV et également de la France ?

  • Speaker #0

    La visite de Versailles est quelque chose qui est toujours avec de multiples rapports parce que ces constructeurs, qui sont mes ancêtres... qui ont à la fois vécu, travaillé et fait rayonner la France, ont toujours eu une vision de Versailles, qui est celle que je partage, multiple. C'est à la fois un lieu que je peux visiter avec ma famille en parlant de la vie que les personnes ont pu y avoir. Et donc, c'est le lieu de l'intimité. Et d'ailleurs, quand on visite Versailles, on visite des parties extrêmement intimes et sur lesquelles, eh bien, quand vous êtes... touché, vous pouvez avoir une forme de projection. Et puis d'un autre côté, Versailles, c'était pour les mêmes personnes, le lieu public, le lieu dans lequel ils travaillaient, le lieu dans lequel ils gouvernaient la France, et dans lequel ils recevaient du public. Et donc ce n'était pas un lieu intime, mais un lieu de pouvoir. Et je crois que lorsque je visite Versailles, j'ai toujours cette vue procédant de cette même ambivalence, et je considère aussi que Versailles, c'est un lieu de pouvoir. Et un lieu de pouvoir qui a vocation et fait toujours rayonner la France, ce que j'ai rappelé tout à l'heure en rappelant que même aujourd'hui dans la République moderne, les présidents de la République utilisent et instrumentent les Versailles pour faire rayonner et montrer la France. Et je crois qu'en cela, c'était là peut-être le génie de Louis XIV qui était de faire rayonner la France et de se faire rayonner lui-même précisément par Versailles.

  • Speaker #1

    En tant que président du corps consulaire de Normandie, comment intégrez-vous la valorisation du patrimoine français et monarchique dans vos fonctions ?

  • Speaker #0

    Je vais revenir à ce que sont des fonctions consulaires. Consuls sont les représentants en France de leur pays d'envoi. Je suis moi-même consul honoraire du Grand-Duché du Luxembourg. Le président du corps consulaire, c'est celui qui... préside un corps constitué qui rassemble l'intégralité des consuls dans une région, en l'espèce pour moi, la Normandie. Il va de soi que lorsqu'on est président du corps consulaire, on est dans une certaine mesure tout à la fois celui qui fédère les consuls d'un côté et celui qui, d'un autre côté, diffuse sa région et de manière plus globale le pays dans lequel sa région est inscrite. Donc en diffusant la région, automatiquement, On en diffuse à la fois les côtés économiques et les côtés culturels. Et quand on parle des côtés culturels, les côtés culturels sont multiples. Et lorsque je parle des côtés culturels, et même que je suis amené à initier des collaborations avec d'autres corps consulaires, les côtés culturels ne se cantonnent pas simplement... à des choses récentes, comme par exemple en Normandie, le débarquement, ou si on va dans d'autres régions, la Première Guerre mondiale, ou ce type de choses, mais à la valorisation d'un patrimoine culturel global, et qui donc par essence inclut les millénaires de la monarchie française et les quelques 250 ans qui ont été consécutifs à la Révolution. Et donc, par définition, ça fait partie des choses qu'on véhicule.

  • Speaker #1

    Enfin, quels sont vos projets ou initiatives personnelles à venir pour promouvoir l'histoire et le patrimoine liés au Bourbon ?

  • Speaker #0

    Mes projets et initiatives, en fait, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, J'ai plusieurs projets et initiatives. Aujourd'hui, je crois que la transmission de cette mémoire, cette mémoire familiale, elle intervient à tous les niveaux. Dès lors que mes fonctions ou ce que je dois faire s'y prête, je fais en sorte de transmettre et de rappeler cette mémoire familiale. Les initiatives qui sont mises en place sont essentiellement des initiatives aujourd'hui, ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas d'autres, mais des initiatives de recherche au sein de l'Institut du Centre France qui est une association. qui a été créée par un groupe de personnes scientifiques et qui, elle, fait aujourd'hui un certain nombre d'appels à projets, un certain nombre de recherches historiques sur la thématique de Charles X et plus généralement des Bourbons. Et ça fait partie des initiatives qui sont aujourd'hui en cours et qui vont fleurir sur les prochaines années.

  • Speaker #1

    Merci Maître Carpentier, cet entretien touche à sa fin. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée, auxquelles vous auriez aimé répondre ? Ou est-ce qu'il y a un dernier mot que vous voudriez dire à nos auditeurs ?

  • Speaker #0

    Une question que vous ne m'avez pas posée, non pas particulièrement, et un dernier mot, c'est celui que j'ai essayé de véhiculer pendant tout cet entretien, connaître l'histoire. et puis l'écoute et le dialogue et c'est par ça que passera la transmission de notre héritage historique.

  • Speaker #1

    Merci Maître Carpentier excellente soirée.

  • Speaker #0

    Vous aussi.

Description

👑 Quelle est encore aujourd’hui la portée réelle de l’héritage des Bourbons ? Peut-on concilier fidélité monarchique et regard contemporain ?


🎙️ Pour le savoir, je vous invite à découvrir un entretien passionnant avec Jean-Philippe Carpentier, avocat, consul honoraire du Luxembourg pour la Normandie et président du Corps consulaire de Normandie.


⚜️ Descendant de la maison de Bourbon, il porte un regard éclairé et sensible sur cette dynastie qui a marqué l’histoire, l’art et le patrimoine français.


🕍 De l’architecture à la mémoire symbolique, de Charles X à la transmission des valeurs monarchiques, Jean-Philippe Carpentier nous offre une réflexion à la fois enracinée et ouverte sur l’avenir.

📖 Ensemble, nous avons abordé :


• L’influence des Bourbons sur le patrimoine artistique et culturel

• Le rôle méconnu de Charles X dans l’histoire de France

• La signification du sacre de 1825 à Reims

• Les lieux et symboles qui incarnent l’héritage monarchique

• Le rapport de la France contemporaine à sa mémoire royale

• La valorisation du patrimoine au sein du Corps consulaire


💡 Résultat : un échange riche, nuancé et profondément ancré dans l’histoire longue de la France. À écouter absolument si vous vous intéressez à la monarchie, à l’histoire institutionnelle ou aux dynasties françaises.


➡️ Pour soutenir mon travail :


https://www.paypal.com/paypalme/franckauteur


➡️ Pour toute demande d’information ou proposition de collaboration :


legendesetverites@gmail.com 


🎙️ Je suis Franck Abed, intellectuel indépendant et fondateur du podcast Légendes et Vérités, un lieu d’échange et de réflexion. J’y reçois historiens, penseurs, économistes, écrivains et figures publiques pour confronter les mythes aux faits…


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans cet épisode de Légendes et Vérités, nous partons sur les traces d'une dynastie qui a profondément façonné la France, les Bourbons. A travers leur empreinte sur notre patrimoine, leur rôle dans l'histoire artistique et institutionnelle de notre pays, et la figure souvent méconnue de Charles X, nous interrogeons la mémoire monarchique et sa place dans la société contemporaine. Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir Jean-Philippe Carpentier, avocat consul honoraire du Luxembourg pour la Normandie et président du... corps consulaire de Normandie. Je précise qu'il ne s'agira pas d'un débat. L'entretien se veut intellectuel et historique. Maître Carpentier, bonsoir.

  • Speaker #1

    Oui, bonsoir Franck. Merci de m'avoir invité à participer à votre émission. Je précise à vos auditeurs qu'étant consul du Luxembourg en Normandie, je n'émettrai absolument aucune position politique. La politique étant une interdiction majeure des membres du corps consulaire.

  • Speaker #0

    Merci pour cette précision qui est la bienvenue. Première question, en tant que descendant de la maison de Bourbon, comment percevez-vous l'influence de cette dynastie sur le patrimoine culturel et architectural de la France ?

  • Speaker #1

    Pour resituer par rapport à vos auditeurs, je suis descendant de Charles X, des descendants agnatiques. par les mâles de Charles X, sûrement de la dernière branche qui en descend. Alors, comment est-ce que je perçois ça ? Je pense qu'il faut revenir aux origines de la maison de Bourbon. La maison de Bourbon, c'est une ancienne famille, très ancienne, et la maison de Bourbon, émanant des Capétiens, est issue d'un des enfants de Saint-Louis. Elle a donc eu un impact très important en matière culturelle et en matière architecturale. sur la France, d'abord cantonnée à ses fiefs, et j'invite chacun de vos auditeurs à aller voir l'empreinte de la maison de Bourbon dans tout le Bourbonnet lui-même, et notamment la zone de Bourbon-Larchambeau. Par la suite, les Bourbons sont devenus rois de Navarre, et là aussi, avant Henri IV, il y a eu une empreinte au sein de la Navarre historique qui, à l'origine, était en partie sur la France, en partie sur l'Espagne. Ensuite, à partir d'Henri IV, les Bourbons sont devenus rois de France jusqu'à Charles X qui en a été le dernier. L'impact essentiel me semble-t-il, notamment en termes de monuments, en termes d'architecture, c'est ce qu'ils ont construit à partir du règne d'Henri IV, puis par la suite avec des grands bâtisseurs comme par exemple Louis XIV. Alors, s'il fallait citer des endroits emblématiques, je parlerais peut-être tout d'abord du Louvre et de tous les travaux qui ont pu être faits au Louvre avant que la cour ne déménage à Versailles. Et ces travaux ont permis de voir arriver des façades absolument extraordinaires et notamment la façade... qui jouxte Saint-Germain-Loxeroy, la paroisse des rois de France, et qui, elle, est un exemple du style classique. Le Louvre n'a pas été la seule réalisation, puisque, je l'indiquais tout à l'heure, de nombreuses réalisations sont intervenues, et je crois que la plus emblématique, c'est Versailles. Versailles, qui a été construite relativement rapidement, et je ne cantonne pas cette réalisation de Versailles au simple... château de Versailles lui-même, mais à la ville complète et de manière globale à tous ses alentours, puisque quand Louis XIV a construit Versailles, il a structuré une ville, il a structuré une cour, et il a structuré, je dirais, une vie autour de cette ville. Donc sur un plan architectural, sur un plan culturel, Versailles existe et rayonne encore. Et il suffit de regarder l'appétence des successeurs de la dynastie Bourbon pour s'apercevoir qu'aujourd'hui encore, de nos jours, Versailles demeure l'outil de prestige de la France, celui dans lequel on accueille les chefs d'État étrangers et celui avec lequel on fait une sorte même de marketing de la France. Alors, l'héritage de la maison de Bourbon sur ce terrain-là ne s'est naturellement pas cantonné à Versailles. il a été était beaucoup plus large. Il a perduré, et il a perduré bien au-delà lorsque nos rois sont venus s'installer après... l'épisode révolutionnaire, dans la partie des Tuileries, avant même que ce palais ne brûle. Et à l'époque, leur héritage à la fois patrimonial et artistique est retourné à Paris. Ils ont restructuré la capitale, ils ont restructuré la vie, et je crois qu'il ne faut pas voir l'héritage des Bourbons comme quelque chose... de figer dans le temps, n'est comme quelque chose de beaucoup plus linéaire et qui irrigue toujours et encore notre civilisation actuelle.

  • Speaker #0

    Merci pour cette réponse très intéressante et instructive qui rappelle la dimension très historique et très ancrée de la maison de Bourbon avant même l'arrivée d'Henri IV au pouvoir. Comment la monarchie a-t-elle contribué à la constitution ? des collections artistiques nationales ?

  • Speaker #1

    Alors, sur ce terrain, je crois que je vais repartir d'un exemple très concret et qui m'a concerné il n'y a pas très longtemps. Si vous avez, d'une manière ou d'une autre, regardé ce que j'ai pu publier, même la presse de manière globale, peut-être savez-vous que je suis allé à l'exposition à la Manufacture des Gobelins. qui retracé le sacre de Charles X et qui s'intitulait le dernier sacre. Cette exposition répond presque à elle seule à la question que vous me posez. C'est-à-dire que vous avez, dans le cadre de cette exposition, exposé un certain nombre de tissus, un certain nombre d'objets, un certain nombre d'éléments qui rappellent le sacre de Charles X. Alors, dans une certaine mesure, vous pourriez me dire que c'est très récent et que cette conservation, finalement, ne correspond pas forcément à quelque chose d'ancien et de si continu que ça. Sauf que si vous visitez l'exposition avec un peu plus de profondeur, vous vous apercevez que tout ça a été un héritage du passé, qu'il y a en même temps la préservation du patrimoine, la préservation des tissus, la préservation de... tout ce qui a fait les oripeaux de la monarchie dans une certaine mesure. Et cette préservation, elle se fait dans le temps. Elle s'est faite pour tout ce qui était tissu, tout ce qui était mobilier, au mobilier national qui n'est rien d'autre que le garde-meuble du roi. Et elle s'est faite, pourquoi ? Eh bien parce que les principaux mécènes sur un plan artistique, avant mais aussi... dans une période plus contemporaine, c'était en France, la famille royale, à la fois le roi, mais également toute sa famille de manière assez étendue. Et c'était eux qui, par une politique active de promotion de l'art, qui n'est pas une politique active des Bourbons, puisqu'elle a commencé bien antérieurement, on se rappellera par exemple, en allant la voir, des richesseurs du duc de Berry, qui... sont visibles aujourd'hui dans le château de Chantilly, qui lui a été fait par un Bourbon avec pour vocation de montrer l'héritage artistique des Bourbons. Quand on regarde tout ça, on s'aperçoit qu'il y a eu une politique de mécénat extrêmement active et qui a permis de rassembler autour de la France ce qui se faisait de mieux de par le monde et qui a aussi eu des conséquences extrêmement importantes. En ce qui concerne la mode, j'en veux pour preuve quelque chose de très simple. Je sais que lorsque les Français ont ramené les collections italiennes, on a vu arriver en France la Renaissance. Lorsqu'on a ensuite dépassé la Renaissance pour se concentrer sur des styles plus classiques, on a vu émerger tout l'art qui est arrivé au XVIIe siècle. Et là encore, Louis XIV a été un des plus grands mécènes. pas le seul. Lui et tous ses successeurs l'ont été et je dois dire que sur un plan assez viscéral, je continue dans une certaine mesure cette pratique de mes ancêtres et aujourd'hui moi-même, je suis le mécène de la Fondation Giannata et donc je continue cette pratique visant à avoir des fondations d'art qui permettent de diffuser l'art. que ce soit dans une collection privée ou dans des collections publiques.

  • Speaker #0

    Très bien, merci. Charles X, votre aïeul, demeure souvent dans l'ombre de ses prédécesseurs. A votre avis ? Pourquoi cette figure royale reste-t-elle aussi méconnue du grand public ?

  • Speaker #1

    Je pense par rapport à Charles X qu'il y a une forme de procès un petit peu injuste qui lui est fait et qui lui est méconnu parce qu'il se trouve entre deux périodes. Il se trouve entre une période de retour de la monarchie avec Louis XVIII et il se trouve avec une histoire qui a été fortement reconstruite. pour complaire à ses successeurs, que ce soit son successeur direct, ou à l'époque de la République qui y a suivi, et de Napoléon III, dans laquelle on a eu tendance à présenter de manière assez caricaturale le règne de Charles X. Et pourtant, je crois qu'il faut dépasser ces clivages pour plusieurs raisons. La première, c'est que... Des principaux mots qu'il faut retenir de Charles X, c'est qu'il n'avait pas une envie de cliver. Il disait lui-même, le temps est venu de réparer et non de démolir. La deuxième, c'est que l'héritage de Charles X, contrairement à ce qu'on peut penser, il a été très important sur un plan normatif. C'est-à-dire que Charles X a été un roi qui, dans son court règne, a fait de nombreuses lois. et il n'y a pas très longtemps... dans mes fonctions consulaires, alors même qu'en qualité de président du corps consulaire, j'étais amené à prendre la parole dans une cérémonie concernant le Congo-Brasaville. Je rappelais que le code forestier, qui est celui qui irrigue encore la France, mais aussi l'Afrique, a été promulgué en 1827 par Charles X, et que c'est dans ce code, par exemple, qu'il a posé les grands principes modernes de la préservation de l'environnement. On est donc loin d'un roi obscur, mais plutôt proche d'un roi qui a fait œuvre d'un certain nombre de choses et qui, dans une certaine mesure, a pâti à la fois de son entourage, mais aussi du fait que, c'est un point de vue tout à fait personnel, il n'a pas vu qu'il fallait abaisser le sens. C'est-à-dire qu'il... s'est appuyé sur un certain nombre de personnes qui étaient dans son entourage. Et la politique qu'il a menée en laissant un sens suffrage censitaire trop Ausha fait qu'il n'a pas bénéficié de sa popularité qui pourtant était réelle dans le pays. Et sur ce terrain, je vous invite à lire les mémoires du comte de Puy-Mègre qui justement... articule ce sujet et montre que Charles X se méprenait pas nécessairement sur sa popularité lorsque, visitant Compiègne, il disait au comte de Puy-Mègre « Regardez, il m'acclame et je suis populaire » , mais qu'il se méprenait en revanche fortement sur sa popularité au sein de ceux qui payaient l'impôt et qui étaient les représentants à la Chambre et qui sont les artisans de son départ.

  • Speaker #0

    Merci, réponse très claire. Le Sacre de Reims en 1825, fastueux et symbolique, est souvent perçu comme un anachronisme. Comment l'interprétez-vous à la lumière de l'histoire et des débats contemporains sur la tradition ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais répondre en plusieurs phases. D'abord, le Sacre qui est intervenu en 1825. c'est celui dont Louis XVIII a rêvé toute sa vie et qu'il n'a jamais osé faire. J'en veux pour preuve le fait que vous avez des représentations de Louis XVIII en costume de sacre, alors même qu'il n'a jamais été sacré. Charles X est intervenu, et si vous suivez, et ça rejoint une question que vous m'avez posée tout à l'heure concernant l'impact que les Bourbons ont pu avoir, eh bien, si vous regardez l'impact que les Bourbons ont pu avoir, vous verrez qu'il y a, en y réfléchissant un peu, des styles qui portent les noms des rois. Et si vous pensez par exemple au style des meubles, vous avez des styles Louis XV, des styles Louis XVI, et il existe un style Charles X. Et pourquoi est-ce que j'en reviens à ça ? Parce que le sacre de Charles X, d'abord contrairement aux idées reçues, il n'a pas coûté extrêmement cher. Il a été, au contraire, relativement peu cher et il était conçu pour deux raisons principales. La première, c'était s'ancrer dans une tradition et montrer que Charles X s'ancrait dans la continuité des Bourbons. Mais la deuxième aussi, c'était présenter au monde un visage de la France, un visage de ses artisans. et de ce point de vue ce sacre n'a pas été extrêmement cher et il a été une véritable réussite. C'est-à-dire qu'il a permis de montrer la qualité de l'artisanat français dans une période par exemple où en matière de tissage on rentrait dans de la mécanisation et où donc il fallait présenter l'artisanat. Il a présenté le mobilier français, il a présenté tout ce que la France avait de meilleur et il a eu comme conséquence au-delà... des dépenses qui sont beaucoup moins somptuaires que ce qu'il paraît, parce qu'il a par exemple coûté beaucoup moins cher que le sacre de Charles III sur un plan comparaison à échelle identique, eh bien il a permis de mettre en avant tout cet artisanat, de mettre en avant la France. Et de mon point de vue, le sacre de Charles X, plutôt que d'être critiquable, eh bien il a plutôt été extrêmement profitable à la France. Et à cet égard, je soulignerais que dans ce sacre, on est parmi les premiers sacres modernes, au sens auquel il y avait des goodies au sacre de Charles X, un certain nombre de choses que les gens pouvaient acheter pour s'en souvenir, plus ou moins luxueux, et qui finalement rapportaient. Donc, pour ma part, je considère que ce sacre n'a pas été si coûté que ça. qu'il a été plutôt bon pour l'image de la France. Et du reste, vous observerez qu'il n'a pas été critiqué par ses contemporains, mais que le fait d'imaginer, de réfléchir au coup du sacre, avec un angle coup-rapport qui d'ailleurs n'a pas été négatif, c'est une perspective extrêmement contemporaine. Et cette perspective contemporaine, et si vous la regardez par rapport aux ocres sacres, et en particulier celui de Charles III, Vous verrez que, tout comme la perspective contemporaine le montre, les sacres aujourd'hui, même s'ils ont un coût, sont générateurs de tellement de recettes que les recettes compensent. Et que, bien au contraire, ce sont des événements fédérateurs qui génèrent des recettes et des recettes qui compensent les coûts.

  • Speaker #0

    Oui, avec également un rayonnement à l'international qu'il faut également ne pas négliger.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai souligné en rappelant qu'au Sacre, toutes les cours européennes étaient invitées et ça reste vrai pour celui de Charles III. Donc on est toujours dans le même schéma de fonctionnement.

  • Speaker #0

    Merci. Vous avez parlé tout à l'heure de Charles X et du règlement des forêts pour la France et l'Afrique. Une question dans le même sens, on va dire. Quelle trace tangible ou symbolique ? De son passage sur le trône, Charles X, retrouve-t-on encore aujourd'hui dans notre patrimoine institutionnel, architectural ou culturel ?

  • Speaker #1

    Alors, sur un plan architectural et culturel, je crois que la principale chose que je retiendrai de Charles X, c'est le style Charles X. Et comme je le disais et j'insistais dessus, le style Charles X, c'est quelque chose qui est, qui reste. Et si un jour, vous êtes amateur et que vous regardez ce qui se vend dans les salles des ventes, vous verrez que le style Charles X structure encore de nombreuses ventes aux enchères en France, de sorte que... Il en reste un certain nombre de choses. Au-delà de ce style, au-delà de tout ça, Charles X, je vous l'ai dit, est un roi qui s'est essentiellement caractérisé par le caractère normatif de son activité. Ça, c'est une chose. Et la deuxième chose par laquelle il s'est caractérisé, c'est par sa gestion des finances publiques. Je vais revenir rapidement sur les caractères normatifs de son activité, en rappelant ce que j'ai dit tout à l'heure. Par exemple, c'est des codes comme le Code forestier de 1827, mais ce n'est pas le seul texte. Charles X, c'est un roi qui a impulsé tout un corpus de textes législatifs, qui irrigue encore tout à la fois notre droit contemporain. mais aussi le droit contemporain de tous les pays francophones et qui continuent pour partie soit de l'appliquer, soit d'appliquer des droits dérivés. La deuxième chose sur laquelle je voudrais insister, c'est sur les finances publiques. Et ça, c'est quelque chose dont on ne se souvient même pas, ou pas nécessairement beaucoup, mais néanmoins qui est, de mon point de vue, assez fondamental dans l'héritage de Charles X. C'est que c'est la personne qui, après Louis XVIII, a redressé les finances publiques de la France. Et c'est le premier qui, par l'aspect normatif et par les ministres qu'il a mis en place, a mis en place un contrôle de l'efficacité de la dépense publique. Ce contrôle, il a duré pendant son règne et il a été abandonné, de manière quasi définitive d'ailleurs, après son règne. Et je crois que s'il y a quelque chose, une leçon à tirer et quelque chose peut-être à appliquer, dans notre monde contemporain, c'est précisément ça, c'est-à-dire retrouver dans notre monde contemporain une méthode saine de gestion des finances publiques et un contrôle effectif de la dépense publique.

  • Speaker #0

    La mémoire monarchique en France semble parfois délicate à évoquer, notamment dans l'espace public. Comment concilier fidélité historique ? les modernités du discours.

  • Speaker #1

    Alors, je vous répondrai à ça en deux temps. Le premier, c'est que je vais vous faire part d'une expérience très personnelle. Le week-end dernier, je suis allé dans un événement grand public où il y avait 15 000 personnes qui étaient centrées sur les vikings. Dans cet événement grand public, je... J'ai participé à la fois comme spectateur d'un spectacle historique et j'ai donné mon temps de manière bénévole pour une association qui regroupe la descendance de Guillaume le Conquérant. J'étais avec une autre personne sur le stand de cette association et sur ce stand, elle avait affiché devant et visible par tout le monde une généalogie des rois de France. elle prenait le risque que la chose puisse être diversement abordée par les personnes qui venaient la voir. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, la réception par le public de la généalogie de la famille de France a été très bonne. C'est-à-dire que les personnes se sont intéressées, ils ont montré une culture réelle, beaucoup plus profonde que celle que... peut imaginer, alors même que l'enseignement est toujours et assez souvent décrié, ils ont montré une culture réelle et ils ont montré plutôt une appétence à la connaissance et une appétence à l'histoire. Et s'il faut retenir quelque chose et un moyen aujourd'hui d'approche des choses, je crois que c'est précisément sans pour autant parler Merci. de choses identitaires, parce que ce n'est pas du tout l'objet, puisque cette association est ouverte à tout le monde, c'est précisément l'appétence du public pour l'histoire, pour les traditions et pour la connaissance. Et je crois que la meilleure approche, pour moi, de ces choses, c'est précisément de porter aux autres la connaissance de ce qui s'est passé, loin de tout tabou, toute identité, toute idéologie, mais dans la vérité historique. Et à partir du moment où on fait ça, l'accueil est bon.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est très clair. Merci beaucoup. Alors justement, en tant qu'avocat et représentant consulaire, vous êtes aussi, et on le constate à vous écouter, un homme de dialogue, et par vos activités nombreuses et variées, un homme de dialogue entre époque, au pluriel, et institution, au pluriel. En quoi ce rôle ? ou ses rôles vous permettent-ils de faire vivre ce pan de notre histoire ?

  • Speaker #1

    Vous l'avez dit... de par mon métier et de par les rôles que j'ai, je suis effectivement quelqu'un qui cherche le dialogue. Et je crois que s'il y a un point que j'ai évoqué tout à l'heure et qui me paraît essentiel, c'est celui de sortir de toute approche idéologique. C'est-à-dire qu'il faut faire fi d'un certain nombre... de préjugés, d'une part. Et puis, il faut aussi, dans le dialogue, faire fi de tout ce qu'on peut penser. On voit des gens divers et variés, et je crois que, précisément, porter ça, c'est le porter de manière extrêmement simple, mais vraiment extrêmement simple, en faisant ressortir ce qui s'est fait, et ce qui s'est fait de bon. Et je vais vous prendre un... un exemple parce que c'est un exemple qui passe assez facilement et qui finalement n'est pas si mauvais. Les Etats-Unis avec lesquels nous entretenons un certain nombre de rapports sans Louis XVI existeraient-elles ? Eh bien, poser cette question à quelqu'un et après observer sa réaction. Et je crois que Ce type de choses, ce type d'approche, poser des questions de fond sur des choses qui nous touchent encore aujourd'hui, c'est une bonne approche pour dire que, contrairement à un certain nombre d'idées reçues qui peuvent être réfléchies par des gens avec lesquels on parle, tout n'est pas dans le sens de ces idées reçues, loin s'en faut. Je vais prendre un deuxième exemple, Charles X dont on a parlé tout à l'heure. Eh bien, lisez les textes de Charles X et vous verrez qu'au-delà des réactions qu'il a pu avoir sur un plan qu'on pourrait qualifier de colonial, vous verrez qu'il avait posé les bases dans ce contexte-là de la fin de l'esclavage. Et vous avez des textes féminaux de Charles X. qui sont ni plus ni moins que les bases de la fin de l'esclavage qui ont été reprises par Victor Schoelcher. Donc prenons l'histoire, regardons-la avec un certain recul et expliquons-la. Et c'est par le dialogue que ça se résout.

  • Speaker #0

    Et oui, le dialogue, vertu très importante qu'il faut pratiquer. Et comme vous dites si bien, non pas pour cliver, mais plutôt pour réunir. et rassemblés. Vous en avez parlé tout à l'heure, vous avez récemment visité l'exposition Le Dernier Sacre au Mobilier National. Quelles ont été vos impressions ? Première question. Deuxième question, est-ce que vous recommanderiez ce genre de visite à nos compatriotes ? Et troisièmement, est-ce qu'il faut plus d'expositions qui rappellent notre histoire ?

  • Speaker #1

    J'ai visité l'exposition Le Dernier Sacre, comme vous le dites. Alors, mes impressions, je l'ai visitée deux fois, pour répondre très clairement à votre question. J'ai visité une première fois en avant-première, avec une visite commentée par Stéphane Bern, et j'ai eu la chance de le visiter une deuxième fois avec Renaud Serrette, qui était le commissaire de l'exposition. Et les deux fois, j'ai eu des visites... particulièrement intéressante. La première impression, c'est une forme d'émotion familiale et je crois que ça, ça n'est propre. La deuxième impression, quand on va voir cette exposition, c'est une forte émotion d'entrée dans la chambre mortuaire de Louis XVIII qu'on retrouve quasi intégralement et dans laquelle on perçoit mieux les choses. Et puis après, quand on progresse dans l'exposition, On se trouve dans la chambre à coucher qui est reconstituée, qui était celle de Charles X dans le Palais du Thau, et dans laquelle, là, on comprend très bien, et pour répondre en partie à votre question, je conseillerais de le visiter, on comprend très bien précisément ce que j'étais en train de dire sur le style Charles X. Parce que là, clairement, on est dans une chambre dans laquelle on a été chercher ce qu'il y avait de mieux en termes d'ébénisterie, en termes de meubles, pour montrer au monde... ce qu'était le style Charles X. Après, l'émotion, elle arrive dans cette exposition quand on monte, et avant d'entrer dans la salle du Sacre, quand on a la chance d'aller voir les Regalia. et en particulier le saint Crème. Je crois que ça, pour ceux qui sont attachés à la tradition et attachés à tout ce que ça peut représenter, c'est quelque chose qui est générateur d'émotions. Après, tout ce qui est la suite de l'exposition, c'est la salle du trône avec un manteau époustouflant, puis par la suite des salles plus explicatives. Cette exposition a la vertu de nous replonger dans ce qu'a été

  • Speaker #0

    le sacre de Charles X. Donc, elle a un aspect extrêmement didactique et pédagogique et de ce point de vue, j'invite chacun à le visiter parce que les explications de l'exposition elle-même permettent de se reprocher, de se replonger dans l'époque, mais permettent aussi de prendre une forme de recul par rapport à ce qu'a été ce sacre, son importance et ses conséquences. Ça, sur ce terrain, Je pense que c'est intéressant et je pense qu'aller visiter cette exposition, ça me paraît évident. Ensuite, comme je le disais, pour nouer le dialogue et pour discuter, c'est le sujet sur lequel vous m'invitez ce soir, des Bourbons, je crois que la meilleure manière, c'est de connaître l'histoire, à la fois l'histoire des Bourbons, mais aussi l'histoire de France de manière plus générale, et l'histoire du monde. puisque nous ne vivons pas dans un seul pays, mais nous vivions dans un monde imbriqué. Et même au temps des Bourbons, nous étions dans un monde imbriqué. Donc connaître l'histoire, c'est essentiel, parce qu'on ne peut parler de l'histoire de ce qu'elle a de bon, en assumant ce qu'elle a de mauvais, qu'à partir du moment où on la connaît. Et une fois qu'on la connaît et qu'on l'a appréhendée, et bien à ce moment-là, on est capable d'en parler, on est capable de s'ouvrir aux autres. passe, de mon point de vue, très bien, parce qu'il n'y a à avoir aucune honte de notre histoire, d'une part parce que je pense qu'on doit en être fiers, et puis d'autre part parce que je pense que, quoi qu'il se soit passé, ce n'est pas nous qui l'avons fait, et je ne vois pas pourquoi on n'assumerait pas ce qu'ont fait nos prédécesseurs en étant fiers de ce qu'ils ont fait.

  • Speaker #1

    Et pour la dernière partie de la question, je me permets de vous la redire. Est-ce qu'il faudrait multiplier ce genre d'événements pour faire connaître l'histoire aux Français, ou au contraire, ce genre d'événements doit être très thématique, puis exactement très ponctuel ?

  • Speaker #2

    Alors,

  • Speaker #0

    je pense que par rapport à ce genre d'événements, plusieurs choses doivent être distinguées. Ce genre d'événements thématiques est essentiel, mais il est évident qu'il a un côté ponctuel, puisque de toute façon, le sacre de Charles X... Donc on fait que le 200e anniversaire cette année, ce sera cette année et pas après pour son 200e anniversaire. De la même manière, si on parle d'autres personnages historiques comme par exemple Guillaume le Conquérant, on fêtera son millénaire dans deux ans et ce sera dans deux ans. À côté de ça, il y a un certain nombre d'expositions que de mon point de vue, il faut aller voir. Et puis après, connaître l'histoire, c'est aussi aller dans les lieux. Et les lieux qui sont, même s'ils sont marqués par le temps, relativement intemporelles dans leur visite, faites comme moi, emmenez vos enfants à Versailles, vous verrez qu'ils seront contents. Et de la même manière, si vous emmenez vos enfants visiter d'autres lieux en lien avec l'histoire, si vous les éduquez, vous verrez qu'ils seront contents. Et donc, une partie de ma réponse consiste à vous dire que c'est par l'éducation que ça passe. C'est par l'éducation et l'éducation... dans tous les sens du terme, c'est-à-dire pas uniquement intellectuel, mais de tout point de vue. Récemment, je suis allé visiter le château de Guédelon. Le château de Guédelon, qui est ce fameux château qui n'a rien d'historique, mais qui, en revanche, est fait par une poignée de passionnés qui reconstituent un château fort et les savoir-faire anciens. Eh bien, ces savoir-faire, ils font aussi partie de notre patrimoine et ils font aussi partie de ce qui se faisait sur un plan historique. et donc c'est avec une... une large ouverture d'esprit de mon point de vue qu'il faut aller le voir. Et après, quant aux événements eux-mêmes, je crois qu'ils sont essentiels pour que les gens et pour que le public puissent comprendre. Parce que pour avancer, pour dialoguer, pour s'ouvrir, il faut comprendre les choses. Je vais en prendre un exemple très symptomatique. Le week-end dernier, je vous l'ai dit, Je me trouvais dans une manifestation où il y avait cette fameuse généalogie des rois de France. Au décours de cette manifestation, le soir, un spectacle a été présenté concernant la Normandie, et plus particulièrement le rôle du premier duc de Normandie, Rollon, et le baptême de Rollon qui est dans une large part l'acte fondateur de la Normandie. Ce spectacle a été vu par de nombreuses personnes. Il a été vu... est présenté de manière très simple, très claire, très didactique et historique en même temps. Il n'a appelé aucune critique, alors même qu'il portait sur quelque chose le baptême de Roland, qui en tant que tel aurait pu être une thématique qui, dans notre monde contemporain, aurait pu prêter à critique. Donc là encore, le dialogue, l'ouverture, l'apprentissage de l'histoire sont la clé.

  • Speaker #1

    Cette question n'était pas prévue, mais je vous la pose quand même. Quand vous visitez Versailles tout seul ou en famille ? Pour vous, il s'agit d'un musée, d'une demeure familiale. Quel est votre rapport par exemple par rapport à Versailles, qui est quand même un lieu très emblématique de la monarchie du XIV et également de la France ?

  • Speaker #0

    La visite de Versailles est quelque chose qui est toujours avec de multiples rapports parce que ces constructeurs, qui sont mes ancêtres... qui ont à la fois vécu, travaillé et fait rayonner la France, ont toujours eu une vision de Versailles, qui est celle que je partage, multiple. C'est à la fois un lieu que je peux visiter avec ma famille en parlant de la vie que les personnes ont pu y avoir. Et donc, c'est le lieu de l'intimité. Et d'ailleurs, quand on visite Versailles, on visite des parties extrêmement intimes et sur lesquelles, eh bien, quand vous êtes... touché, vous pouvez avoir une forme de projection. Et puis d'un autre côté, Versailles, c'était pour les mêmes personnes, le lieu public, le lieu dans lequel ils travaillaient, le lieu dans lequel ils gouvernaient la France, et dans lequel ils recevaient du public. Et donc ce n'était pas un lieu intime, mais un lieu de pouvoir. Et je crois que lorsque je visite Versailles, j'ai toujours cette vue procédant de cette même ambivalence, et je considère aussi que Versailles, c'est un lieu de pouvoir. Et un lieu de pouvoir qui a vocation et fait toujours rayonner la France, ce que j'ai rappelé tout à l'heure en rappelant que même aujourd'hui dans la République moderne, les présidents de la République utilisent et instrumentent les Versailles pour faire rayonner et montrer la France. Et je crois qu'en cela, c'était là peut-être le génie de Louis XIV qui était de faire rayonner la France et de se faire rayonner lui-même précisément par Versailles.

  • Speaker #1

    En tant que président du corps consulaire de Normandie, comment intégrez-vous la valorisation du patrimoine français et monarchique dans vos fonctions ?

  • Speaker #0

    Je vais revenir à ce que sont des fonctions consulaires. Consuls sont les représentants en France de leur pays d'envoi. Je suis moi-même consul honoraire du Grand-Duché du Luxembourg. Le président du corps consulaire, c'est celui qui... préside un corps constitué qui rassemble l'intégralité des consuls dans une région, en l'espèce pour moi, la Normandie. Il va de soi que lorsqu'on est président du corps consulaire, on est dans une certaine mesure tout à la fois celui qui fédère les consuls d'un côté et celui qui, d'un autre côté, diffuse sa région et de manière plus globale le pays dans lequel sa région est inscrite. Donc en diffusant la région, automatiquement, On en diffuse à la fois les côtés économiques et les côtés culturels. Et quand on parle des côtés culturels, les côtés culturels sont multiples. Et lorsque je parle des côtés culturels, et même que je suis amené à initier des collaborations avec d'autres corps consulaires, les côtés culturels ne se cantonnent pas simplement... à des choses récentes, comme par exemple en Normandie, le débarquement, ou si on va dans d'autres régions, la Première Guerre mondiale, ou ce type de choses, mais à la valorisation d'un patrimoine culturel global, et qui donc par essence inclut les millénaires de la monarchie française et les quelques 250 ans qui ont été consécutifs à la Révolution. Et donc, par définition, ça fait partie des choses qu'on véhicule.

  • Speaker #1

    Enfin, quels sont vos projets ou initiatives personnelles à venir pour promouvoir l'histoire et le patrimoine liés au Bourbon ?

  • Speaker #0

    Mes projets et initiatives, en fait, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, J'ai plusieurs projets et initiatives. Aujourd'hui, je crois que la transmission de cette mémoire, cette mémoire familiale, elle intervient à tous les niveaux. Dès lors que mes fonctions ou ce que je dois faire s'y prête, je fais en sorte de transmettre et de rappeler cette mémoire familiale. Les initiatives qui sont mises en place sont essentiellement des initiatives aujourd'hui, ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas d'autres, mais des initiatives de recherche au sein de l'Institut du Centre France qui est une association. qui a été créée par un groupe de personnes scientifiques et qui, elle, fait aujourd'hui un certain nombre d'appels à projets, un certain nombre de recherches historiques sur la thématique de Charles X et plus généralement des Bourbons. Et ça fait partie des initiatives qui sont aujourd'hui en cours et qui vont fleurir sur les prochaines années.

  • Speaker #1

    Merci Maître Carpentier, cet entretien touche à sa fin. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée, auxquelles vous auriez aimé répondre ? Ou est-ce qu'il y a un dernier mot que vous voudriez dire à nos auditeurs ?

  • Speaker #0

    Une question que vous ne m'avez pas posée, non pas particulièrement, et un dernier mot, c'est celui que j'ai essayé de véhiculer pendant tout cet entretien, connaître l'histoire. et puis l'écoute et le dialogue et c'est par ça que passera la transmission de notre héritage historique.

  • Speaker #1

    Merci Maître Carpentier excellente soirée.

  • Speaker #0

    Vous aussi.

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