Ambre, 19 ans : "Pour ma génération la santé mentale n'est plus tabou." | SPECIALE SANTE MENTALE DES JEUNES cover
Ambre, 19 ans : "Pour ma génération la santé mentale n'est plus tabou." | SPECIALE SANTE MENTALE DES JEUNES cover
Les Adultes de Demain

Ambre, 19 ans : "Pour ma génération la santé mentale n'est plus tabou." | SPECIALE SANTE MENTALE DES JEUNES

Ambre, 19 ans : "Pour ma génération la santé mentale n'est plus tabou." | SPECIALE SANTE MENTALE DES JEUNES

20min |07/08/2024
Play
Ambre, 19 ans : "Pour ma génération la santé mentale n'est plus tabou." | SPECIALE SANTE MENTALE DES JEUNES cover
Ambre, 19 ans : "Pour ma génération la santé mentale n'est plus tabou." | SPECIALE SANTE MENTALE DES JEUNES cover
Les Adultes de Demain

Ambre, 19 ans : "Pour ma génération la santé mentale n'est plus tabou." | SPECIALE SANTE MENTALE DES JEUNES

Ambre, 19 ans : "Pour ma génération la santé mentale n'est plus tabou." | SPECIALE SANTE MENTALE DES JEUNES

20min |07/08/2024
Play

Description

C'était un dimanche après-midi en juin au Facettes Festival. J'ai eu la chance de pouvoir enregistrer en live 3 podcasts exclusifs sur la santé mentale des jeunes et ce avec des jeunes.


J'ai croisé la route d'Ambre, de Nina et de Sacha, 3 jeunes femmes qui ont entre 15 et 19 ans et qui ont toutes vécu des moments difficiles en termes de santé mentale. Dépression, tentatives de suicide, phobie scolaire et autres grandes souffrances psychiques, qu'elles ont presque toutes surmonté. 


On le sait, la santé mentale des ados et des jeunes s'est grandement dégradée. Comment survivre à tout ça ? Comment l'école s'est adaptée à leurs situations ? Qu'est-ce qu'elles changeraient dans le monde pour que moins de jeunes vivent ces moments-là ?

Je suis sortie de ces 3 enregistrements chamboulée, habitée par un sentiment d'injustice que si jeune on puisse autant souffrir mais aussi par énormément d'admiration pour leur courage, leur maturité et leur panache de devenir le temps d'un épisode les porte-paroles de ces jeunes qui méritent d'être encore en plus entendus.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On a une culture,

  • Speaker #1

    nous, françaises, de la punition. Et on pense que c'est normal.

  • Speaker #0

    Pourquoi est-ce qu'on exclut un enfant de l'école ? Parce qu'il est différent. Des outils comme l'intelligence artificielle, elles ne posent pas réellement de nouvelles questions. Elles posent d'anciennes questions auxquelles on n'a pas répondu depuis longtemps. Comme Maria Montessori le disait, l'éducation est la plus belle arme de paix. Michel Onfray a cette phrase que j'aime beaucoup, il dit tous les enfants sont des philosophes et certains adultes le demeurent Nos enfants deviennent comme nous les voyons, nos enfants deviennent comme ils nous voient.

  • Speaker #1

    Prenons le temps de réfléchir à ce qu'on veut pour demain. Bienvenue sur le podcast Les Adules de Demain. Je m'appelle Stéphanie Desclebbes, je suis entrepreneur et surtout une actrice engagée pour l'enfance. Dans ce podcast, je donne la voix à celles et ceux qui changent le monde grâce à l'éducation. Pour en savoir plus sur mes dernières actualités, rendez-vous sur le compte Insta at Les Adules de Demain ou sur mon compte perso LinkedIn. Pour retrouver un condensé des meilleurs moments du podcast, Je vous laisse découvrir le livre Offrir le meilleur aux enfants aux éditions Atier, que j'ai co-écrit avec ma mère Sylvie Descleb, que vous entendrez beaucoup dans ce podcast. Allez, je laisse place à un nouvel épisode. C'était un dimanche après-midi en juin, au Facette Festival. J'ai eu la chance de pouvoir enregistrer en live trois podcasts exclusifs sur la santé mentale des jeunes et ceux avec des jeunes. J'ai croisé la route d'Ambre, de Nina et de Sacha. Trois jeunes femmes qui ont entre 15 et 19 ans et qui ont toutes vécu des moments difficiles en termes de santé mentale. Dépression, tentative de suicide, phobie scolaire et autres grandes souffrances psychiques qu'elles ont presque toutes surmontées. On le sait, la santé mentale des ados et des jeunes s'est grandement dégradée. Comment survivra tout ça ? Comment l'école s'est adaptée à leur situation ? Qu'est-ce qu'elle changerait dans le monde pour que moins de jeunes vivent ces moments-là ? Je suis sortie de ces trois enregistrements assez chamboulée, habitée à la fois par un sentiment d'injustice que, si jeunes, on puisse autant souffrir, mais aussi par énormément d'admiration pour leur courage, leur maturité et leur panache, de devenir le temps d'un épisode, les porte-paroles de ces jeunes qui méritent d'être encore plus entendus. Je vous souhaite une très bonne écoute. Salut Ambre !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Alors pour te présenter brièvement, tu as 19 ans, tu habites à Saint-Mort si je ne me trompe pas, et tu es barista. Et ma première question pour toi déjà, c'est de savoir comment est-ce que tu vas ?

  • Speaker #0

    Je vais très bien en ce moment.

  • Speaker #1

    Super ! Alors je sais que tu as souffert d'une dépression à l'âge de 14 ans. Est-ce que tu pourrais nous raconter ce qui s'est passé pour toi à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors à 14 ans, je sortais tout juste du collège. J'avais mon brevet dans la poche qui était un exploit pour moi à l'époque, j'en étais très fière. Et j'étais censée arriver au lycée et c'était manifestement pas quelque chose qui me convenait, le lycée public. Et je me suis sentie pas forcément à ma place dans mon lycée de secteur. Et le système scolaire ne m'a pas aidée finalement. Et donc de là, ça allait assez vite, phobie sociale, phobie scolaire. Mes profs ne m'ont pas du tout aidée. Je faisais des attaques de panique en plein cours, je manquais de m'évanouir et je devais sortir un peu la marche de la honte devant toute la classe parce que je ne me sentais pas bien. Et donc j'ai été déscolarisée un an, une année scolaire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé pendant cette année scolaire ?

  • Speaker #0

    Je ne sortais presque plus de chez moi, sauf pour faire mes rendez-vous psy. J'en avais trois par semaine et c'était la seule chose qui me poussait un petit peu à sortir de chez moi. Et donc, je passais mon temps à faire ça. J'ai très peu de souvenirs et le temps passait un peu bizarrement, sûrement dû à la dépression. Et donc, je passais juste mon temps à sûrement regarder des séries, écouter de la musique et aller à mes rendez-vous psy. Tout ça pendant un an.

  • Speaker #1

    Comment ça s'est passé tes rendez-vous psy ?

  • Speaker #0

    Ça m'a beaucoup aidée. J'ai refusé beaucoup de traitements. J'ai eu des anxiolytiques et on m'a mise sous tranquillisant à l'âge de 14 ans. sachant que j'étais également anorexique et je devais en prendre trois fois par jour. Donc j'étais un légume. Et ce n'est pas forcément quelque chose que j'ai apprécié dans la façon dont les psychiatres ont pu traiter ma maladie. Mais avec le temps, j'ai compris qu'en tout cas, pour mon cas, c'était très important de trouver une bonne psy dans mon cas et d'avoir un suivi très régulier pour aller mieux.

  • Speaker #1

    Et alors, qu'est-ce qui s'est passé après cette année de déscolarisation ?

  • Speaker #0

    Alors, après cette année, j'avais envie quand même de reprendre mes études, d'aller au lycée. Et j'ai toujours eu cette envie d'étudier, d'amasser le plus de connaissances possible. Sauf que le système scolaire traditionnel, ce n'était pas pour moi. Donc, mon père m'a aidée à chercher une école un peu plus alternative. Donc, je suis arrivée dans une école hors contrat à double cursus. Donc, j'ai fait un cursus art-études et je suis tombée sur une petite école de musique. qui a maintenant un petit peu grandi, mais en tout cas, à l'époque, c'était une toute petite école. On était deux en écriture créative, on était trois en musique. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée, puisqu'en écriture créative, puis même dans n'importe quel domaine artistique, j'ai pu m'exprimer. Et je me suis sentie écoutée aussi. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée, l'art, dans tout ça.

  • Speaker #1

    Et donc après cette année de déscolarisation, tu as pu retourner sans problème à l'école.

  • Speaker #0

    Ça a été très compliqué, surtout que cette école était à une heure de transport de chez moi. Donc les transports aux heures de pointe, quand on a eu une phobie scolaire et sociale, c'est pas facile de se retrouver au milieu de plein de gens, arriver... au milieu d'ados de mon âge finalement, et de ne pas savoir où me mettre, tous leurs petits tics de langage d'adolescent, moi je ne comprenais rien, puisque j'avais été totalement déconnectée de tout ça. Et se réinsérer finalement dans une société, ou en tout cas dans un lycée, ce n'était pas une mince affaire, mais c'est faisable.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que tu en parlais autour de toi, de cette phobie scolaire et de cette phobie sociale ?

  • Speaker #0

    Je n'en parlais pas, parce que c'est mal perçu qu'on nous fait sentir... Un peu honteux vis-à-vis de tout ça, on ressent beaucoup de culpabilité, on a l'impression de décevoir son entourage, ses parents. La plupart des gens ne croient pas au fait qu'on puisse se réinsérer dans le système scolaire après une déscolarisation, alors que c'est possible. Je l'ai fait et j'ai pu trouver des alternatives et c'est possible. Et donc je n'en parlais pas.

  • Speaker #1

    Et quand est-ce que tu as commencé à en parler ?

  • Speaker #0

    Quand j'ai commencé à aller mieux, quand j'ai commencé à me faire des amis, à avoir un cercle social. très à l'écoute de tout ce qui m'était arrivé. Et quand j'ai commencé aussi à me sentir à l'aise et que la honte a totalement disparu de cet événement.

  • Speaker #1

    Quand on s'était rencontrés toutes les deux et que tu me racontais ton histoire, tu m'as parlé beaucoup de l'école et du fait qu'ils ont refusé d'aménager ton emploi du temps. Est-ce que tu peux nous parler de tout ça ?

  • Speaker #0

    Alors, il faut savoir que quand on veut un aménagement d'horaire dans les lycées publics, Il faut passer par un médecin scolaire. Et moi j'appartiens à la commune de Créteil, il n'y a qu'un seul médecin pour l'académie de Créteil. Et ça a pris des mois pour un rendez-vous. Et c'est mal tombé parce que c'était juste avant le Covid. Donc ils ont refusé, c'est mon établissement scolaire qui a refusé cet aménagement, sous prétexte que c'était trop compliqué à faire et que ce n'était pas faisable. On m'avait demandé de même me rendre à mes cours d'EPS. Et on m'a dit non c'est très important que tu fasses du sport. Non, c'est très important que je prenne soin de moi et de ma santé mentale. Et donc de là, j'aurais dû être inscrite au CNED pour raison médicale. Donc c'est gratuit dans ces cas-là. Puis avec le Covid, ça ne s'est jamais fait. Et j'ai abandonné l'idée de reprendre une scolarité cette année-là, en tout cas l'année de mes 14 ans. Et puis je me suis juste concentrée sur le fait de trouver une nouvelle école qui me conviendrait beaucoup plus.

  • Speaker #1

    Et donc c'est grâce à l'appui de ta famille que tu as trouvé cette alternative et cette autre école ?

  • Speaker #0

    Notamment, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais connaissance de tous les sujets autour de la santé mentale quand tu as vécu tout ça à 14 ans ?

  • Speaker #0

    À 14 ans, non, j'en avais aucune. Et la génération de mes parents est très peu informée sur ce sujet-là. C'était un sujet qui était très tabou à leur époque, pendant leur jeunesse. Et mine de rien, on ne s'attend pas non plus à ce qu'un jeune lycéen, une jeune lycéenne... soit confronté à des problèmes de santé mentale. Donc c'est beaucoup, les parents sont désemparés, et puis l'entourage l'est également, et puis on ne sait pas vers qui se tourner finalement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais des gens autour de toi, tu avais connaissance de jeunes qui vivaient la même chose que toi ?

  • Speaker #0

    Absolument pas, je me sentais très seule pendant cette époque.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que le Covid a eu comme effet sur toi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis l'une des rares personnes qui a adoré, parce que moi on me dit tu ne sors pas de chez toi, il ne fallait pas me le dire deux fois. J'étais très contente et en plus je me rappelle il faisait beau donc je sortais, j'avais décidé de refaire toute ma chambre et de repeindre mes meubles et je trouvais ça génial puisque j'avais une bonne raison enfin de ne pas sortir de chez moi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui tu es guérie ?

  • Speaker #0

    Oui, totalement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

  • Speaker #0

    Alors notamment parce que je suis retournée voir la psy qui me suivait à cette époque, que je lui ai raconté quelques petits trucs. Elle m'a dit non c'est pas utile que tu fasses une thérapie et je suis allée la voir en fait pour faire une psychanalyse. Et j'ai pu directement entamer cette psychanalyse qui ne peut pas se faire si on a besoin d'une thérapie avant. Ou alors c'est compliqué et ça peut faire ressurgir d'anciens traumatismes. Mais ce n'est pas la chose à faire dans ces cas-là. Et aussi parce que je me sens vraiment épanouie, parce que je ne fais plus d'attaques de panique en plein cours ou dans des lieux publics. Je ne reste plus cloîtrée chez moi. J'ai une vie sociale très épanouie. Et j'aime beaucoup ce que je fais en ce moment.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, dans les bars, il y a beaucoup de monde.

  • Speaker #0

    Exactement. Là, j'ai fait un bon pas possible.

  • Speaker #1

    Je sais aussi que tu aimes bien faire de la musique, d'écouter de la musique, que tu dessines et que tu écris des poèmes. Ce n'est pas commun, est-ce que tu pourrais nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    J'ai découvert ça notamment pendant mes cours d'écriture dans cette petite école d'art dans laquelle j'étais. J'ai arrêté au bout de trois ans. Après avoir arrêté, quand j'étais au lycée, En première, avec les cours de français, je me suis découvert une passion pour la poésie, notamment grâce à Baudelaire. Et je me suis dit que j'aimerais vraiment écrire de la poésie, parce que c'est un moyen d'expression, et pour la beauté aussi des textes et des poèmes qu'on peut écrire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça te fait à toi d'exprimer tout ce que tu ressens à travers l'art ?

  • Speaker #0

    C'est très libérateur et je m'en sers aussi beaucoup pour faire comprendre aux gens mes émotions et mes sentiments. Parce que c'est pas toujours simple, c'est souvent très difficile de poser des mots sur quelque chose d'aussi abstrait que parfois même nous on ne comprend pas. Et ça permet notamment d'ailleurs quand on écrit de réaliser certaines choses dont on n'avait pas conscience avant de les écrire.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu les partages tes poèmes à ta famille, à tes amis ?

  • Speaker #0

    Ça m'arrive, il y a des poèmes que j'écris pour moi, j'ai un carnet de poèmes et c'est à moi. Mais j'écris beaucoup de lettres et de poèmes pour les gens qui m'entourent. Des fois, c'est des grandes déclarations d'amour parce que c'est très important de dire aux gens quand on aime passer du temps avec eux et de leur faire plein de compliments. Et parfois, c'est juste quand j'ai quelque chose qui me pèse un petit peu, de juste leur en parler parce que ce n'est pas toujours facile de leur dire face à face.

  • Speaker #1

    Alors toi qui as 19 ans aujourd'hui, qu'est-ce que tu aurais envie de dire à la jeune Ambre qui avait 14 ans et qui vivait une dépression ? Qu'est-ce que tu auras envie de lui dire aujourd'hui, toi qui as vécu toutes ces années, toutes ces épreuves ?

  • Speaker #0

    Que c'est ok d'être déscolarisé, qu'il ne faut pas s'en vouloir, que ce n'est pas à moi de protéger les émotions de mes parents, mais que c'est aux parents de prendre soin de leurs enfants, et que ce n'est pas grave et que je reprendrai ma scolarité, que cette soif de connaissances, je trouverai une façon de la s'ouvrir.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu auras envie de dire aux jeunes qui vivent en ce moment ? Comme toi, il y a quelques années, des épisodes difficiles en termes de santé mentale. Qu'est-ce que tu aurais envie de leur dire et aussi qu'est-ce que tu aurais envie de dire aux parents qui nous écoutent ?

  • Speaker #0

    Alors pour les jeunes, j'aimerais leur faire comprendre que c'est extrêmement important d'avoir un bon suivi avec un 1 ou une psy. Et pas forcément un psychiatre, mais toute l'importance en fait de la psychologie. Parce que souvent, c'est des jeunes qui sont comme moi à l'époque. très renfermés sur eux-mêmes. La plupart des ados qui ont des maladies mentales ou non ont juste envie d'être entendus et surtout écoutés. Et la chose qui m'a le plus aidée, c'est de pouvoir trois fois par semaine aller voir quelqu'un et que cette personne m'écoute. Alors c'est son travail, évidemment. C'est différent d'avoir des amis autour de nous qui font ça, mais c'est un bon début. Et aussi de sourire un petit peu au monde, parce qu'on va vite se rendre compte qu'il y a de belles personnes. qui nous soutiendront dans ces moments pas forcément très simples.

  • Speaker #1

    Qui est-ce qui t'a soutenue justement durant cette période ?

  • Speaker #0

    Alors, pendant ma dépression, personne, parce que malheureusement, j'étais beaucoup trop renfermée sur moi-même. Mais ce qui m'a aidée, après cette dépression, à m'accrocher à une vie sociale, à m'accrocher à ma scolarité, c'est un groupe d'amis que j'ai rencontrés et que je vois toujours presque quotidiennement et qui m'a fait comprendre. que c'était normal par moment de ne pas se sentir bien, que ça ne voulait pas dire que je retomberais dans une dépression, que aussi d'accepter le fait qu'on ne va pas toujours bien et de voir qu'il y a des gens qui sont là aussi pour nous, pour nous écouter et pas juste pour boire des verres en soirée.

  • Speaker #1

    Tu parles du parcours qui est difficile, notamment pour trouver la bonne personne pour t'écouter. Donc tu as parlé de psychologue, de psychiatre. Comment toi ça s'est passé ? Ces rencontres, comment tu t'es assurée de trouver la bonne personne pour te suivre ?

  • Speaker #0

    Alors moi ça a été très laborieux. J'ai vu des dizaines de psys avant de psychiatre, psychologue, avant de trouver la psychologue qui me convenait. Et j'avais beaucoup d'a priori. Dans le monde des psychiatres, en fait c'est des médecins. C'est pas des personnes qui sont forcément là pour nous écouter, qui ne vont pas faire de thérapie. Ils sont juste là la plupart du temps pour nous prescrire des médicaments. pour poser des diagnostics. Et c'est très important, je pense, de différencier psychiatre et psychologue. Et c'était vraiment laborieux. Il ne faut pas hésiter à demander aux gens autour de soi s'ils connaissent des personnes psychologues ou psychiatres qu'ils estiment compétents ou en tout cas avec qui ça a bien fonctionné pour eux. Parce qu'il y a beaucoup plus de personnes qui voient de psychologues que ce qu'on pense.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que tu as su que tu avais trouvé la bonne personne ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était à partir du moment où ma psy devait m'interrompre et me dire ça fait une heure qu'on parle, j'ai d'autres clients

  • Speaker #1

    Alors, j'ai une question pour toi importante, à laquelle tu m'avais déjà répondu quand on avait échangé ensemble, mais je me permets de te la poser à nouveau parce que j'avais adoré ta réponse. Alors, je ne sais pas si tu t'en souviendras, mais je sais que tu me donneras une réponse que je vais beaucoup apprécier. Si tu avais une baguette magique, qu'est-ce que tu changerais dans le monde pour que moins de jeunes vivent des épisodes difficiles en termes de santé mentale ?

  • Speaker #0

    Je me rappelle à peu près de ce que j'avais répondu. Je leur donnerais des amis super compréhensifs comme les miens. Je ne leur donne pas mes amis. Ils sont à moi, je les garde. Mais je leur donnerai un cercle d'amis, un, deux ou un peu plus, qui seront vraiment à l'écoute de tout ça. Parce que c'est bien d'avoir des amis, mais c'est aussi bien d'avoir un bon psychologue, comme j'insiste depuis le début, et leur donner vraiment un bon psychologue qui sera là pour les écouter, pour les aider comme ce que j'ai eu moi. Et c'est une chance inouïe.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu changerais dans le système scolaire ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, je pense que les profs ne sont pas forcément suffisamment éduqués en matière de santé mentale, que ce soit dans le supérieur ou au collège-lycée. Donc, qu'ils aient peut-être une petite formation sur ça, sur aussi reconnaître les signes d'un isolement social, ce genre de choses. Et sûrement, mais ça viendrait beaucoup plus haut, mais de l'éducation nationale, de permettre à plus de jeunes d'avoir des aménagements d'emploi du temps. De les alléger parce que moi au lycée, j'étais en horaire aménagé, j'avais des cours de 9h à 13h30. On a fait tout le programme scolaire, donc c'est que c'est faisable. Et dans beaucoup d'autres pays, en fait, c'est ça, c'est le matin, c'est des cours classiques, maths, physique, etc. Et l'après-midi, c'est des cours de sport ou d'art ou autre chose. Mais c'est un système qui fonctionne très bien, mine de rien. On devrait peut-être prendre exemple sur ça.

  • Speaker #1

    Parce que tu nous as parlé de ta dépression qui a démarré à l'âge de 14 ans. Est-ce que l'école était pour toi difficile déjà avant cet âge-là ?

  • Speaker #0

    Non, ça n'a jamais été un souci pour moi. En tout cas, quand j'étais au collège, après on parle souvent de la différence entre collège et lycée, effectivement il y en a une. Et le passage peut être compliqué, mais ce n'est pas surhumain. On nous stresse beaucoup avec cette histoire de bac. Le bac n'est pas impossible à avoir. Au collège, j'avais des amis du collège, j'avais aucun problème à interagir avec les gens, je m'entendais très bien avec mes profs. Et puis bon, au lycée, à cause de la dépression en partie, ça ne se passait pas de la même façon.

  • Speaker #1

    Alors tu le sais, on est aujourd'hui au Facette Festival, c'est le festival qui célèbre le sujet de la santé mentale pour les jeunes, et c'est notamment organisé par des jeunes. Est-ce que toi, aujourd'hui, tu penses que la santé mentale... n'est plus tabou ?

  • Speaker #0

    Je pense que pour ma génération, effectivement, ce n'est plus du tout un tabou. Par contre, pour notamment la génération de mes parents, ou peut-être les générations en dessous de la mienne, je ne sais pas, je ne les côtoie pas assez pour dire, mais peut-être que pour eux, ce sera encore tabou, et c'est difficile de changer la mentalité d'adultes qui ont déjà toute une vie devant eux.

  • Speaker #1

    Quel serait ton plus grand rêve ?

  • Speaker #0

    Pour les dix prochaines années, alors déjà reprendre mes études. Et comme ça n'a pas changé depuis que je suis sortie du collège, c'est juste amasser le plus de connaissances possibles, d'apprendre sur plein de sujets différents et de vraiment me nourrir de tout ça, puisque les livres, mine de rien, ça ne suffit pas. Et étudier et me trouver un métier dans lequel je m'épanouis et surtout avoir une... Une envie de me lever le matin, une raison de me lever, pas juste râler contre mes 15 réveils du matin. Pourquoi je me lève déjà ? Je dois aller travailler.

  • Speaker #1

    Tu sais déjà ce que tu aimerais étudier ?

  • Speaker #0

    A priori, ce serait la joie aérée ou l'astrophysique. C'est très différent.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, on te le souhaite. Merci infiniment, Ambre, pour ton temps et pour ton témoignage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode. J'aimerais prendre le temps de remercier tous ceux qui s'abonnent à la chaîne du podcast, qui laissent des avis et des notes sur Apple Podcast ou Spotify. Ça paraît rien, mais ça fait toute la différence pour faire connaître notre travail qui est complètement indépendant. Pour me retrouver... Je vous rappelle que vous pouvez aller sur le compte Instagram des adultes de demain ou sur mon compte LinkedIn perso. N'hésitez pas à me partager vos retours sur cet épisode ou sur le podcast en général, ça fait tellement du bien de vous lire. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode.

Description

C'était un dimanche après-midi en juin au Facettes Festival. J'ai eu la chance de pouvoir enregistrer en live 3 podcasts exclusifs sur la santé mentale des jeunes et ce avec des jeunes.


J'ai croisé la route d'Ambre, de Nina et de Sacha, 3 jeunes femmes qui ont entre 15 et 19 ans et qui ont toutes vécu des moments difficiles en termes de santé mentale. Dépression, tentatives de suicide, phobie scolaire et autres grandes souffrances psychiques, qu'elles ont presque toutes surmonté. 


On le sait, la santé mentale des ados et des jeunes s'est grandement dégradée. Comment survivre à tout ça ? Comment l'école s'est adaptée à leurs situations ? Qu'est-ce qu'elles changeraient dans le monde pour que moins de jeunes vivent ces moments-là ?

Je suis sortie de ces 3 enregistrements chamboulée, habitée par un sentiment d'injustice que si jeune on puisse autant souffrir mais aussi par énormément d'admiration pour leur courage, leur maturité et leur panache de devenir le temps d'un épisode les porte-paroles de ces jeunes qui méritent d'être encore en plus entendus.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On a une culture,

  • Speaker #1

    nous, françaises, de la punition. Et on pense que c'est normal.

  • Speaker #0

    Pourquoi est-ce qu'on exclut un enfant de l'école ? Parce qu'il est différent. Des outils comme l'intelligence artificielle, elles ne posent pas réellement de nouvelles questions. Elles posent d'anciennes questions auxquelles on n'a pas répondu depuis longtemps. Comme Maria Montessori le disait, l'éducation est la plus belle arme de paix. Michel Onfray a cette phrase que j'aime beaucoup, il dit tous les enfants sont des philosophes et certains adultes le demeurent Nos enfants deviennent comme nous les voyons, nos enfants deviennent comme ils nous voient.

  • Speaker #1

    Prenons le temps de réfléchir à ce qu'on veut pour demain. Bienvenue sur le podcast Les Adules de Demain. Je m'appelle Stéphanie Desclebbes, je suis entrepreneur et surtout une actrice engagée pour l'enfance. Dans ce podcast, je donne la voix à celles et ceux qui changent le monde grâce à l'éducation. Pour en savoir plus sur mes dernières actualités, rendez-vous sur le compte Insta at Les Adules de Demain ou sur mon compte perso LinkedIn. Pour retrouver un condensé des meilleurs moments du podcast, Je vous laisse découvrir le livre Offrir le meilleur aux enfants aux éditions Atier, que j'ai co-écrit avec ma mère Sylvie Descleb, que vous entendrez beaucoup dans ce podcast. Allez, je laisse place à un nouvel épisode. C'était un dimanche après-midi en juin, au Facette Festival. J'ai eu la chance de pouvoir enregistrer en live trois podcasts exclusifs sur la santé mentale des jeunes et ceux avec des jeunes. J'ai croisé la route d'Ambre, de Nina et de Sacha. Trois jeunes femmes qui ont entre 15 et 19 ans et qui ont toutes vécu des moments difficiles en termes de santé mentale. Dépression, tentative de suicide, phobie scolaire et autres grandes souffrances psychiques qu'elles ont presque toutes surmontées. On le sait, la santé mentale des ados et des jeunes s'est grandement dégradée. Comment survivra tout ça ? Comment l'école s'est adaptée à leur situation ? Qu'est-ce qu'elle changerait dans le monde pour que moins de jeunes vivent ces moments-là ? Je suis sortie de ces trois enregistrements assez chamboulée, habitée à la fois par un sentiment d'injustice que, si jeunes, on puisse autant souffrir, mais aussi par énormément d'admiration pour leur courage, leur maturité et leur panache, de devenir le temps d'un épisode, les porte-paroles de ces jeunes qui méritent d'être encore plus entendus. Je vous souhaite une très bonne écoute. Salut Ambre !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Alors pour te présenter brièvement, tu as 19 ans, tu habites à Saint-Mort si je ne me trompe pas, et tu es barista. Et ma première question pour toi déjà, c'est de savoir comment est-ce que tu vas ?

  • Speaker #0

    Je vais très bien en ce moment.

  • Speaker #1

    Super ! Alors je sais que tu as souffert d'une dépression à l'âge de 14 ans. Est-ce que tu pourrais nous raconter ce qui s'est passé pour toi à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors à 14 ans, je sortais tout juste du collège. J'avais mon brevet dans la poche qui était un exploit pour moi à l'époque, j'en étais très fière. Et j'étais censée arriver au lycée et c'était manifestement pas quelque chose qui me convenait, le lycée public. Et je me suis sentie pas forcément à ma place dans mon lycée de secteur. Et le système scolaire ne m'a pas aidée finalement. Et donc de là, ça allait assez vite, phobie sociale, phobie scolaire. Mes profs ne m'ont pas du tout aidée. Je faisais des attaques de panique en plein cours, je manquais de m'évanouir et je devais sortir un peu la marche de la honte devant toute la classe parce que je ne me sentais pas bien. Et donc j'ai été déscolarisée un an, une année scolaire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé pendant cette année scolaire ?

  • Speaker #0

    Je ne sortais presque plus de chez moi, sauf pour faire mes rendez-vous psy. J'en avais trois par semaine et c'était la seule chose qui me poussait un petit peu à sortir de chez moi. Et donc, je passais mon temps à faire ça. J'ai très peu de souvenirs et le temps passait un peu bizarrement, sûrement dû à la dépression. Et donc, je passais juste mon temps à sûrement regarder des séries, écouter de la musique et aller à mes rendez-vous psy. Tout ça pendant un an.

  • Speaker #1

    Comment ça s'est passé tes rendez-vous psy ?

  • Speaker #0

    Ça m'a beaucoup aidée. J'ai refusé beaucoup de traitements. J'ai eu des anxiolytiques et on m'a mise sous tranquillisant à l'âge de 14 ans. sachant que j'étais également anorexique et je devais en prendre trois fois par jour. Donc j'étais un légume. Et ce n'est pas forcément quelque chose que j'ai apprécié dans la façon dont les psychiatres ont pu traiter ma maladie. Mais avec le temps, j'ai compris qu'en tout cas, pour mon cas, c'était très important de trouver une bonne psy dans mon cas et d'avoir un suivi très régulier pour aller mieux.

  • Speaker #1

    Et alors, qu'est-ce qui s'est passé après cette année de déscolarisation ?

  • Speaker #0

    Alors, après cette année, j'avais envie quand même de reprendre mes études, d'aller au lycée. Et j'ai toujours eu cette envie d'étudier, d'amasser le plus de connaissances possible. Sauf que le système scolaire traditionnel, ce n'était pas pour moi. Donc, mon père m'a aidée à chercher une école un peu plus alternative. Donc, je suis arrivée dans une école hors contrat à double cursus. Donc, j'ai fait un cursus art-études et je suis tombée sur une petite école de musique. qui a maintenant un petit peu grandi, mais en tout cas, à l'époque, c'était une toute petite école. On était deux en écriture créative, on était trois en musique. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée, puisqu'en écriture créative, puis même dans n'importe quel domaine artistique, j'ai pu m'exprimer. Et je me suis sentie écoutée aussi. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée, l'art, dans tout ça.

  • Speaker #1

    Et donc après cette année de déscolarisation, tu as pu retourner sans problème à l'école.

  • Speaker #0

    Ça a été très compliqué, surtout que cette école était à une heure de transport de chez moi. Donc les transports aux heures de pointe, quand on a eu une phobie scolaire et sociale, c'est pas facile de se retrouver au milieu de plein de gens, arriver... au milieu d'ados de mon âge finalement, et de ne pas savoir où me mettre, tous leurs petits tics de langage d'adolescent, moi je ne comprenais rien, puisque j'avais été totalement déconnectée de tout ça. Et se réinsérer finalement dans une société, ou en tout cas dans un lycée, ce n'était pas une mince affaire, mais c'est faisable.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que tu en parlais autour de toi, de cette phobie scolaire et de cette phobie sociale ?

  • Speaker #0

    Je n'en parlais pas, parce que c'est mal perçu qu'on nous fait sentir... Un peu honteux vis-à-vis de tout ça, on ressent beaucoup de culpabilité, on a l'impression de décevoir son entourage, ses parents. La plupart des gens ne croient pas au fait qu'on puisse se réinsérer dans le système scolaire après une déscolarisation, alors que c'est possible. Je l'ai fait et j'ai pu trouver des alternatives et c'est possible. Et donc je n'en parlais pas.

  • Speaker #1

    Et quand est-ce que tu as commencé à en parler ?

  • Speaker #0

    Quand j'ai commencé à aller mieux, quand j'ai commencé à me faire des amis, à avoir un cercle social. très à l'écoute de tout ce qui m'était arrivé. Et quand j'ai commencé aussi à me sentir à l'aise et que la honte a totalement disparu de cet événement.

  • Speaker #1

    Quand on s'était rencontrés toutes les deux et que tu me racontais ton histoire, tu m'as parlé beaucoup de l'école et du fait qu'ils ont refusé d'aménager ton emploi du temps. Est-ce que tu peux nous parler de tout ça ?

  • Speaker #0

    Alors, il faut savoir que quand on veut un aménagement d'horaire dans les lycées publics, Il faut passer par un médecin scolaire. Et moi j'appartiens à la commune de Créteil, il n'y a qu'un seul médecin pour l'académie de Créteil. Et ça a pris des mois pour un rendez-vous. Et c'est mal tombé parce que c'était juste avant le Covid. Donc ils ont refusé, c'est mon établissement scolaire qui a refusé cet aménagement, sous prétexte que c'était trop compliqué à faire et que ce n'était pas faisable. On m'avait demandé de même me rendre à mes cours d'EPS. Et on m'a dit non c'est très important que tu fasses du sport. Non, c'est très important que je prenne soin de moi et de ma santé mentale. Et donc de là, j'aurais dû être inscrite au CNED pour raison médicale. Donc c'est gratuit dans ces cas-là. Puis avec le Covid, ça ne s'est jamais fait. Et j'ai abandonné l'idée de reprendre une scolarité cette année-là, en tout cas l'année de mes 14 ans. Et puis je me suis juste concentrée sur le fait de trouver une nouvelle école qui me conviendrait beaucoup plus.

  • Speaker #1

    Et donc c'est grâce à l'appui de ta famille que tu as trouvé cette alternative et cette autre école ?

  • Speaker #0

    Notamment, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais connaissance de tous les sujets autour de la santé mentale quand tu as vécu tout ça à 14 ans ?

  • Speaker #0

    À 14 ans, non, j'en avais aucune. Et la génération de mes parents est très peu informée sur ce sujet-là. C'était un sujet qui était très tabou à leur époque, pendant leur jeunesse. Et mine de rien, on ne s'attend pas non plus à ce qu'un jeune lycéen, une jeune lycéenne... soit confronté à des problèmes de santé mentale. Donc c'est beaucoup, les parents sont désemparés, et puis l'entourage l'est également, et puis on ne sait pas vers qui se tourner finalement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais des gens autour de toi, tu avais connaissance de jeunes qui vivaient la même chose que toi ?

  • Speaker #0

    Absolument pas, je me sentais très seule pendant cette époque.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que le Covid a eu comme effet sur toi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis l'une des rares personnes qui a adoré, parce que moi on me dit tu ne sors pas de chez toi, il ne fallait pas me le dire deux fois. J'étais très contente et en plus je me rappelle il faisait beau donc je sortais, j'avais décidé de refaire toute ma chambre et de repeindre mes meubles et je trouvais ça génial puisque j'avais une bonne raison enfin de ne pas sortir de chez moi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui tu es guérie ?

  • Speaker #0

    Oui, totalement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

  • Speaker #0

    Alors notamment parce que je suis retournée voir la psy qui me suivait à cette époque, que je lui ai raconté quelques petits trucs. Elle m'a dit non c'est pas utile que tu fasses une thérapie et je suis allée la voir en fait pour faire une psychanalyse. Et j'ai pu directement entamer cette psychanalyse qui ne peut pas se faire si on a besoin d'une thérapie avant. Ou alors c'est compliqué et ça peut faire ressurgir d'anciens traumatismes. Mais ce n'est pas la chose à faire dans ces cas-là. Et aussi parce que je me sens vraiment épanouie, parce que je ne fais plus d'attaques de panique en plein cours ou dans des lieux publics. Je ne reste plus cloîtrée chez moi. J'ai une vie sociale très épanouie. Et j'aime beaucoup ce que je fais en ce moment.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, dans les bars, il y a beaucoup de monde.

  • Speaker #0

    Exactement. Là, j'ai fait un bon pas possible.

  • Speaker #1

    Je sais aussi que tu aimes bien faire de la musique, d'écouter de la musique, que tu dessines et que tu écris des poèmes. Ce n'est pas commun, est-ce que tu pourrais nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    J'ai découvert ça notamment pendant mes cours d'écriture dans cette petite école d'art dans laquelle j'étais. J'ai arrêté au bout de trois ans. Après avoir arrêté, quand j'étais au lycée, En première, avec les cours de français, je me suis découvert une passion pour la poésie, notamment grâce à Baudelaire. Et je me suis dit que j'aimerais vraiment écrire de la poésie, parce que c'est un moyen d'expression, et pour la beauté aussi des textes et des poèmes qu'on peut écrire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça te fait à toi d'exprimer tout ce que tu ressens à travers l'art ?

  • Speaker #0

    C'est très libérateur et je m'en sers aussi beaucoup pour faire comprendre aux gens mes émotions et mes sentiments. Parce que c'est pas toujours simple, c'est souvent très difficile de poser des mots sur quelque chose d'aussi abstrait que parfois même nous on ne comprend pas. Et ça permet notamment d'ailleurs quand on écrit de réaliser certaines choses dont on n'avait pas conscience avant de les écrire.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu les partages tes poèmes à ta famille, à tes amis ?

  • Speaker #0

    Ça m'arrive, il y a des poèmes que j'écris pour moi, j'ai un carnet de poèmes et c'est à moi. Mais j'écris beaucoup de lettres et de poèmes pour les gens qui m'entourent. Des fois, c'est des grandes déclarations d'amour parce que c'est très important de dire aux gens quand on aime passer du temps avec eux et de leur faire plein de compliments. Et parfois, c'est juste quand j'ai quelque chose qui me pèse un petit peu, de juste leur en parler parce que ce n'est pas toujours facile de leur dire face à face.

  • Speaker #1

    Alors toi qui as 19 ans aujourd'hui, qu'est-ce que tu aurais envie de dire à la jeune Ambre qui avait 14 ans et qui vivait une dépression ? Qu'est-ce que tu auras envie de lui dire aujourd'hui, toi qui as vécu toutes ces années, toutes ces épreuves ?

  • Speaker #0

    Que c'est ok d'être déscolarisé, qu'il ne faut pas s'en vouloir, que ce n'est pas à moi de protéger les émotions de mes parents, mais que c'est aux parents de prendre soin de leurs enfants, et que ce n'est pas grave et que je reprendrai ma scolarité, que cette soif de connaissances, je trouverai une façon de la s'ouvrir.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu auras envie de dire aux jeunes qui vivent en ce moment ? Comme toi, il y a quelques années, des épisodes difficiles en termes de santé mentale. Qu'est-ce que tu aurais envie de leur dire et aussi qu'est-ce que tu aurais envie de dire aux parents qui nous écoutent ?

  • Speaker #0

    Alors pour les jeunes, j'aimerais leur faire comprendre que c'est extrêmement important d'avoir un bon suivi avec un 1 ou une psy. Et pas forcément un psychiatre, mais toute l'importance en fait de la psychologie. Parce que souvent, c'est des jeunes qui sont comme moi à l'époque. très renfermés sur eux-mêmes. La plupart des ados qui ont des maladies mentales ou non ont juste envie d'être entendus et surtout écoutés. Et la chose qui m'a le plus aidée, c'est de pouvoir trois fois par semaine aller voir quelqu'un et que cette personne m'écoute. Alors c'est son travail, évidemment. C'est différent d'avoir des amis autour de nous qui font ça, mais c'est un bon début. Et aussi de sourire un petit peu au monde, parce qu'on va vite se rendre compte qu'il y a de belles personnes. qui nous soutiendront dans ces moments pas forcément très simples.

  • Speaker #1

    Qui est-ce qui t'a soutenue justement durant cette période ?

  • Speaker #0

    Alors, pendant ma dépression, personne, parce que malheureusement, j'étais beaucoup trop renfermée sur moi-même. Mais ce qui m'a aidée, après cette dépression, à m'accrocher à une vie sociale, à m'accrocher à ma scolarité, c'est un groupe d'amis que j'ai rencontrés et que je vois toujours presque quotidiennement et qui m'a fait comprendre. que c'était normal par moment de ne pas se sentir bien, que ça ne voulait pas dire que je retomberais dans une dépression, que aussi d'accepter le fait qu'on ne va pas toujours bien et de voir qu'il y a des gens qui sont là aussi pour nous, pour nous écouter et pas juste pour boire des verres en soirée.

  • Speaker #1

    Tu parles du parcours qui est difficile, notamment pour trouver la bonne personne pour t'écouter. Donc tu as parlé de psychologue, de psychiatre. Comment toi ça s'est passé ? Ces rencontres, comment tu t'es assurée de trouver la bonne personne pour te suivre ?

  • Speaker #0

    Alors moi ça a été très laborieux. J'ai vu des dizaines de psys avant de psychiatre, psychologue, avant de trouver la psychologue qui me convenait. Et j'avais beaucoup d'a priori. Dans le monde des psychiatres, en fait c'est des médecins. C'est pas des personnes qui sont forcément là pour nous écouter, qui ne vont pas faire de thérapie. Ils sont juste là la plupart du temps pour nous prescrire des médicaments. pour poser des diagnostics. Et c'est très important, je pense, de différencier psychiatre et psychologue. Et c'était vraiment laborieux. Il ne faut pas hésiter à demander aux gens autour de soi s'ils connaissent des personnes psychologues ou psychiatres qu'ils estiment compétents ou en tout cas avec qui ça a bien fonctionné pour eux. Parce qu'il y a beaucoup plus de personnes qui voient de psychologues que ce qu'on pense.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que tu as su que tu avais trouvé la bonne personne ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était à partir du moment où ma psy devait m'interrompre et me dire ça fait une heure qu'on parle, j'ai d'autres clients

  • Speaker #1

    Alors, j'ai une question pour toi importante, à laquelle tu m'avais déjà répondu quand on avait échangé ensemble, mais je me permets de te la poser à nouveau parce que j'avais adoré ta réponse. Alors, je ne sais pas si tu t'en souviendras, mais je sais que tu me donneras une réponse que je vais beaucoup apprécier. Si tu avais une baguette magique, qu'est-ce que tu changerais dans le monde pour que moins de jeunes vivent des épisodes difficiles en termes de santé mentale ?

  • Speaker #0

    Je me rappelle à peu près de ce que j'avais répondu. Je leur donnerais des amis super compréhensifs comme les miens. Je ne leur donne pas mes amis. Ils sont à moi, je les garde. Mais je leur donnerai un cercle d'amis, un, deux ou un peu plus, qui seront vraiment à l'écoute de tout ça. Parce que c'est bien d'avoir des amis, mais c'est aussi bien d'avoir un bon psychologue, comme j'insiste depuis le début, et leur donner vraiment un bon psychologue qui sera là pour les écouter, pour les aider comme ce que j'ai eu moi. Et c'est une chance inouïe.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu changerais dans le système scolaire ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, je pense que les profs ne sont pas forcément suffisamment éduqués en matière de santé mentale, que ce soit dans le supérieur ou au collège-lycée. Donc, qu'ils aient peut-être une petite formation sur ça, sur aussi reconnaître les signes d'un isolement social, ce genre de choses. Et sûrement, mais ça viendrait beaucoup plus haut, mais de l'éducation nationale, de permettre à plus de jeunes d'avoir des aménagements d'emploi du temps. De les alléger parce que moi au lycée, j'étais en horaire aménagé, j'avais des cours de 9h à 13h30. On a fait tout le programme scolaire, donc c'est que c'est faisable. Et dans beaucoup d'autres pays, en fait, c'est ça, c'est le matin, c'est des cours classiques, maths, physique, etc. Et l'après-midi, c'est des cours de sport ou d'art ou autre chose. Mais c'est un système qui fonctionne très bien, mine de rien. On devrait peut-être prendre exemple sur ça.

  • Speaker #1

    Parce que tu nous as parlé de ta dépression qui a démarré à l'âge de 14 ans. Est-ce que l'école était pour toi difficile déjà avant cet âge-là ?

  • Speaker #0

    Non, ça n'a jamais été un souci pour moi. En tout cas, quand j'étais au collège, après on parle souvent de la différence entre collège et lycée, effectivement il y en a une. Et le passage peut être compliqué, mais ce n'est pas surhumain. On nous stresse beaucoup avec cette histoire de bac. Le bac n'est pas impossible à avoir. Au collège, j'avais des amis du collège, j'avais aucun problème à interagir avec les gens, je m'entendais très bien avec mes profs. Et puis bon, au lycée, à cause de la dépression en partie, ça ne se passait pas de la même façon.

  • Speaker #1

    Alors tu le sais, on est aujourd'hui au Facette Festival, c'est le festival qui célèbre le sujet de la santé mentale pour les jeunes, et c'est notamment organisé par des jeunes. Est-ce que toi, aujourd'hui, tu penses que la santé mentale... n'est plus tabou ?

  • Speaker #0

    Je pense que pour ma génération, effectivement, ce n'est plus du tout un tabou. Par contre, pour notamment la génération de mes parents, ou peut-être les générations en dessous de la mienne, je ne sais pas, je ne les côtoie pas assez pour dire, mais peut-être que pour eux, ce sera encore tabou, et c'est difficile de changer la mentalité d'adultes qui ont déjà toute une vie devant eux.

  • Speaker #1

    Quel serait ton plus grand rêve ?

  • Speaker #0

    Pour les dix prochaines années, alors déjà reprendre mes études. Et comme ça n'a pas changé depuis que je suis sortie du collège, c'est juste amasser le plus de connaissances possibles, d'apprendre sur plein de sujets différents et de vraiment me nourrir de tout ça, puisque les livres, mine de rien, ça ne suffit pas. Et étudier et me trouver un métier dans lequel je m'épanouis et surtout avoir une... Une envie de me lever le matin, une raison de me lever, pas juste râler contre mes 15 réveils du matin. Pourquoi je me lève déjà ? Je dois aller travailler.

  • Speaker #1

    Tu sais déjà ce que tu aimerais étudier ?

  • Speaker #0

    A priori, ce serait la joie aérée ou l'astrophysique. C'est très différent.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, on te le souhaite. Merci infiniment, Ambre, pour ton temps et pour ton témoignage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode. J'aimerais prendre le temps de remercier tous ceux qui s'abonnent à la chaîne du podcast, qui laissent des avis et des notes sur Apple Podcast ou Spotify. Ça paraît rien, mais ça fait toute la différence pour faire connaître notre travail qui est complètement indépendant. Pour me retrouver... Je vous rappelle que vous pouvez aller sur le compte Instagram des adultes de demain ou sur mon compte LinkedIn perso. N'hésitez pas à me partager vos retours sur cet épisode ou sur le podcast en général, ça fait tellement du bien de vous lire. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode.

Share

Embed

You may also like

Description

C'était un dimanche après-midi en juin au Facettes Festival. J'ai eu la chance de pouvoir enregistrer en live 3 podcasts exclusifs sur la santé mentale des jeunes et ce avec des jeunes.


J'ai croisé la route d'Ambre, de Nina et de Sacha, 3 jeunes femmes qui ont entre 15 et 19 ans et qui ont toutes vécu des moments difficiles en termes de santé mentale. Dépression, tentatives de suicide, phobie scolaire et autres grandes souffrances psychiques, qu'elles ont presque toutes surmonté. 


On le sait, la santé mentale des ados et des jeunes s'est grandement dégradée. Comment survivre à tout ça ? Comment l'école s'est adaptée à leurs situations ? Qu'est-ce qu'elles changeraient dans le monde pour que moins de jeunes vivent ces moments-là ?

Je suis sortie de ces 3 enregistrements chamboulée, habitée par un sentiment d'injustice que si jeune on puisse autant souffrir mais aussi par énormément d'admiration pour leur courage, leur maturité et leur panache de devenir le temps d'un épisode les porte-paroles de ces jeunes qui méritent d'être encore en plus entendus.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On a une culture,

  • Speaker #1

    nous, françaises, de la punition. Et on pense que c'est normal.

  • Speaker #0

    Pourquoi est-ce qu'on exclut un enfant de l'école ? Parce qu'il est différent. Des outils comme l'intelligence artificielle, elles ne posent pas réellement de nouvelles questions. Elles posent d'anciennes questions auxquelles on n'a pas répondu depuis longtemps. Comme Maria Montessori le disait, l'éducation est la plus belle arme de paix. Michel Onfray a cette phrase que j'aime beaucoup, il dit tous les enfants sont des philosophes et certains adultes le demeurent Nos enfants deviennent comme nous les voyons, nos enfants deviennent comme ils nous voient.

  • Speaker #1

    Prenons le temps de réfléchir à ce qu'on veut pour demain. Bienvenue sur le podcast Les Adules de Demain. Je m'appelle Stéphanie Desclebbes, je suis entrepreneur et surtout une actrice engagée pour l'enfance. Dans ce podcast, je donne la voix à celles et ceux qui changent le monde grâce à l'éducation. Pour en savoir plus sur mes dernières actualités, rendez-vous sur le compte Insta at Les Adules de Demain ou sur mon compte perso LinkedIn. Pour retrouver un condensé des meilleurs moments du podcast, Je vous laisse découvrir le livre Offrir le meilleur aux enfants aux éditions Atier, que j'ai co-écrit avec ma mère Sylvie Descleb, que vous entendrez beaucoup dans ce podcast. Allez, je laisse place à un nouvel épisode. C'était un dimanche après-midi en juin, au Facette Festival. J'ai eu la chance de pouvoir enregistrer en live trois podcasts exclusifs sur la santé mentale des jeunes et ceux avec des jeunes. J'ai croisé la route d'Ambre, de Nina et de Sacha. Trois jeunes femmes qui ont entre 15 et 19 ans et qui ont toutes vécu des moments difficiles en termes de santé mentale. Dépression, tentative de suicide, phobie scolaire et autres grandes souffrances psychiques qu'elles ont presque toutes surmontées. On le sait, la santé mentale des ados et des jeunes s'est grandement dégradée. Comment survivra tout ça ? Comment l'école s'est adaptée à leur situation ? Qu'est-ce qu'elle changerait dans le monde pour que moins de jeunes vivent ces moments-là ? Je suis sortie de ces trois enregistrements assez chamboulée, habitée à la fois par un sentiment d'injustice que, si jeunes, on puisse autant souffrir, mais aussi par énormément d'admiration pour leur courage, leur maturité et leur panache, de devenir le temps d'un épisode, les porte-paroles de ces jeunes qui méritent d'être encore plus entendus. Je vous souhaite une très bonne écoute. Salut Ambre !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Alors pour te présenter brièvement, tu as 19 ans, tu habites à Saint-Mort si je ne me trompe pas, et tu es barista. Et ma première question pour toi déjà, c'est de savoir comment est-ce que tu vas ?

  • Speaker #0

    Je vais très bien en ce moment.

  • Speaker #1

    Super ! Alors je sais que tu as souffert d'une dépression à l'âge de 14 ans. Est-ce que tu pourrais nous raconter ce qui s'est passé pour toi à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors à 14 ans, je sortais tout juste du collège. J'avais mon brevet dans la poche qui était un exploit pour moi à l'époque, j'en étais très fière. Et j'étais censée arriver au lycée et c'était manifestement pas quelque chose qui me convenait, le lycée public. Et je me suis sentie pas forcément à ma place dans mon lycée de secteur. Et le système scolaire ne m'a pas aidée finalement. Et donc de là, ça allait assez vite, phobie sociale, phobie scolaire. Mes profs ne m'ont pas du tout aidée. Je faisais des attaques de panique en plein cours, je manquais de m'évanouir et je devais sortir un peu la marche de la honte devant toute la classe parce que je ne me sentais pas bien. Et donc j'ai été déscolarisée un an, une année scolaire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé pendant cette année scolaire ?

  • Speaker #0

    Je ne sortais presque plus de chez moi, sauf pour faire mes rendez-vous psy. J'en avais trois par semaine et c'était la seule chose qui me poussait un petit peu à sortir de chez moi. Et donc, je passais mon temps à faire ça. J'ai très peu de souvenirs et le temps passait un peu bizarrement, sûrement dû à la dépression. Et donc, je passais juste mon temps à sûrement regarder des séries, écouter de la musique et aller à mes rendez-vous psy. Tout ça pendant un an.

  • Speaker #1

    Comment ça s'est passé tes rendez-vous psy ?

  • Speaker #0

    Ça m'a beaucoup aidée. J'ai refusé beaucoup de traitements. J'ai eu des anxiolytiques et on m'a mise sous tranquillisant à l'âge de 14 ans. sachant que j'étais également anorexique et je devais en prendre trois fois par jour. Donc j'étais un légume. Et ce n'est pas forcément quelque chose que j'ai apprécié dans la façon dont les psychiatres ont pu traiter ma maladie. Mais avec le temps, j'ai compris qu'en tout cas, pour mon cas, c'était très important de trouver une bonne psy dans mon cas et d'avoir un suivi très régulier pour aller mieux.

  • Speaker #1

    Et alors, qu'est-ce qui s'est passé après cette année de déscolarisation ?

  • Speaker #0

    Alors, après cette année, j'avais envie quand même de reprendre mes études, d'aller au lycée. Et j'ai toujours eu cette envie d'étudier, d'amasser le plus de connaissances possible. Sauf que le système scolaire traditionnel, ce n'était pas pour moi. Donc, mon père m'a aidée à chercher une école un peu plus alternative. Donc, je suis arrivée dans une école hors contrat à double cursus. Donc, j'ai fait un cursus art-études et je suis tombée sur une petite école de musique. qui a maintenant un petit peu grandi, mais en tout cas, à l'époque, c'était une toute petite école. On était deux en écriture créative, on était trois en musique. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée, puisqu'en écriture créative, puis même dans n'importe quel domaine artistique, j'ai pu m'exprimer. Et je me suis sentie écoutée aussi. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée, l'art, dans tout ça.

  • Speaker #1

    Et donc après cette année de déscolarisation, tu as pu retourner sans problème à l'école.

  • Speaker #0

    Ça a été très compliqué, surtout que cette école était à une heure de transport de chez moi. Donc les transports aux heures de pointe, quand on a eu une phobie scolaire et sociale, c'est pas facile de se retrouver au milieu de plein de gens, arriver... au milieu d'ados de mon âge finalement, et de ne pas savoir où me mettre, tous leurs petits tics de langage d'adolescent, moi je ne comprenais rien, puisque j'avais été totalement déconnectée de tout ça. Et se réinsérer finalement dans une société, ou en tout cas dans un lycée, ce n'était pas une mince affaire, mais c'est faisable.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que tu en parlais autour de toi, de cette phobie scolaire et de cette phobie sociale ?

  • Speaker #0

    Je n'en parlais pas, parce que c'est mal perçu qu'on nous fait sentir... Un peu honteux vis-à-vis de tout ça, on ressent beaucoup de culpabilité, on a l'impression de décevoir son entourage, ses parents. La plupart des gens ne croient pas au fait qu'on puisse se réinsérer dans le système scolaire après une déscolarisation, alors que c'est possible. Je l'ai fait et j'ai pu trouver des alternatives et c'est possible. Et donc je n'en parlais pas.

  • Speaker #1

    Et quand est-ce que tu as commencé à en parler ?

  • Speaker #0

    Quand j'ai commencé à aller mieux, quand j'ai commencé à me faire des amis, à avoir un cercle social. très à l'écoute de tout ce qui m'était arrivé. Et quand j'ai commencé aussi à me sentir à l'aise et que la honte a totalement disparu de cet événement.

  • Speaker #1

    Quand on s'était rencontrés toutes les deux et que tu me racontais ton histoire, tu m'as parlé beaucoup de l'école et du fait qu'ils ont refusé d'aménager ton emploi du temps. Est-ce que tu peux nous parler de tout ça ?

  • Speaker #0

    Alors, il faut savoir que quand on veut un aménagement d'horaire dans les lycées publics, Il faut passer par un médecin scolaire. Et moi j'appartiens à la commune de Créteil, il n'y a qu'un seul médecin pour l'académie de Créteil. Et ça a pris des mois pour un rendez-vous. Et c'est mal tombé parce que c'était juste avant le Covid. Donc ils ont refusé, c'est mon établissement scolaire qui a refusé cet aménagement, sous prétexte que c'était trop compliqué à faire et que ce n'était pas faisable. On m'avait demandé de même me rendre à mes cours d'EPS. Et on m'a dit non c'est très important que tu fasses du sport. Non, c'est très important que je prenne soin de moi et de ma santé mentale. Et donc de là, j'aurais dû être inscrite au CNED pour raison médicale. Donc c'est gratuit dans ces cas-là. Puis avec le Covid, ça ne s'est jamais fait. Et j'ai abandonné l'idée de reprendre une scolarité cette année-là, en tout cas l'année de mes 14 ans. Et puis je me suis juste concentrée sur le fait de trouver une nouvelle école qui me conviendrait beaucoup plus.

  • Speaker #1

    Et donc c'est grâce à l'appui de ta famille que tu as trouvé cette alternative et cette autre école ?

  • Speaker #0

    Notamment, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais connaissance de tous les sujets autour de la santé mentale quand tu as vécu tout ça à 14 ans ?

  • Speaker #0

    À 14 ans, non, j'en avais aucune. Et la génération de mes parents est très peu informée sur ce sujet-là. C'était un sujet qui était très tabou à leur époque, pendant leur jeunesse. Et mine de rien, on ne s'attend pas non plus à ce qu'un jeune lycéen, une jeune lycéenne... soit confronté à des problèmes de santé mentale. Donc c'est beaucoup, les parents sont désemparés, et puis l'entourage l'est également, et puis on ne sait pas vers qui se tourner finalement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais des gens autour de toi, tu avais connaissance de jeunes qui vivaient la même chose que toi ?

  • Speaker #0

    Absolument pas, je me sentais très seule pendant cette époque.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que le Covid a eu comme effet sur toi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis l'une des rares personnes qui a adoré, parce que moi on me dit tu ne sors pas de chez toi, il ne fallait pas me le dire deux fois. J'étais très contente et en plus je me rappelle il faisait beau donc je sortais, j'avais décidé de refaire toute ma chambre et de repeindre mes meubles et je trouvais ça génial puisque j'avais une bonne raison enfin de ne pas sortir de chez moi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui tu es guérie ?

  • Speaker #0

    Oui, totalement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

  • Speaker #0

    Alors notamment parce que je suis retournée voir la psy qui me suivait à cette époque, que je lui ai raconté quelques petits trucs. Elle m'a dit non c'est pas utile que tu fasses une thérapie et je suis allée la voir en fait pour faire une psychanalyse. Et j'ai pu directement entamer cette psychanalyse qui ne peut pas se faire si on a besoin d'une thérapie avant. Ou alors c'est compliqué et ça peut faire ressurgir d'anciens traumatismes. Mais ce n'est pas la chose à faire dans ces cas-là. Et aussi parce que je me sens vraiment épanouie, parce que je ne fais plus d'attaques de panique en plein cours ou dans des lieux publics. Je ne reste plus cloîtrée chez moi. J'ai une vie sociale très épanouie. Et j'aime beaucoup ce que je fais en ce moment.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, dans les bars, il y a beaucoup de monde.

  • Speaker #0

    Exactement. Là, j'ai fait un bon pas possible.

  • Speaker #1

    Je sais aussi que tu aimes bien faire de la musique, d'écouter de la musique, que tu dessines et que tu écris des poèmes. Ce n'est pas commun, est-ce que tu pourrais nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    J'ai découvert ça notamment pendant mes cours d'écriture dans cette petite école d'art dans laquelle j'étais. J'ai arrêté au bout de trois ans. Après avoir arrêté, quand j'étais au lycée, En première, avec les cours de français, je me suis découvert une passion pour la poésie, notamment grâce à Baudelaire. Et je me suis dit que j'aimerais vraiment écrire de la poésie, parce que c'est un moyen d'expression, et pour la beauté aussi des textes et des poèmes qu'on peut écrire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça te fait à toi d'exprimer tout ce que tu ressens à travers l'art ?

  • Speaker #0

    C'est très libérateur et je m'en sers aussi beaucoup pour faire comprendre aux gens mes émotions et mes sentiments. Parce que c'est pas toujours simple, c'est souvent très difficile de poser des mots sur quelque chose d'aussi abstrait que parfois même nous on ne comprend pas. Et ça permet notamment d'ailleurs quand on écrit de réaliser certaines choses dont on n'avait pas conscience avant de les écrire.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu les partages tes poèmes à ta famille, à tes amis ?

  • Speaker #0

    Ça m'arrive, il y a des poèmes que j'écris pour moi, j'ai un carnet de poèmes et c'est à moi. Mais j'écris beaucoup de lettres et de poèmes pour les gens qui m'entourent. Des fois, c'est des grandes déclarations d'amour parce que c'est très important de dire aux gens quand on aime passer du temps avec eux et de leur faire plein de compliments. Et parfois, c'est juste quand j'ai quelque chose qui me pèse un petit peu, de juste leur en parler parce que ce n'est pas toujours facile de leur dire face à face.

  • Speaker #1

    Alors toi qui as 19 ans aujourd'hui, qu'est-ce que tu aurais envie de dire à la jeune Ambre qui avait 14 ans et qui vivait une dépression ? Qu'est-ce que tu auras envie de lui dire aujourd'hui, toi qui as vécu toutes ces années, toutes ces épreuves ?

  • Speaker #0

    Que c'est ok d'être déscolarisé, qu'il ne faut pas s'en vouloir, que ce n'est pas à moi de protéger les émotions de mes parents, mais que c'est aux parents de prendre soin de leurs enfants, et que ce n'est pas grave et que je reprendrai ma scolarité, que cette soif de connaissances, je trouverai une façon de la s'ouvrir.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu auras envie de dire aux jeunes qui vivent en ce moment ? Comme toi, il y a quelques années, des épisodes difficiles en termes de santé mentale. Qu'est-ce que tu aurais envie de leur dire et aussi qu'est-ce que tu aurais envie de dire aux parents qui nous écoutent ?

  • Speaker #0

    Alors pour les jeunes, j'aimerais leur faire comprendre que c'est extrêmement important d'avoir un bon suivi avec un 1 ou une psy. Et pas forcément un psychiatre, mais toute l'importance en fait de la psychologie. Parce que souvent, c'est des jeunes qui sont comme moi à l'époque. très renfermés sur eux-mêmes. La plupart des ados qui ont des maladies mentales ou non ont juste envie d'être entendus et surtout écoutés. Et la chose qui m'a le plus aidée, c'est de pouvoir trois fois par semaine aller voir quelqu'un et que cette personne m'écoute. Alors c'est son travail, évidemment. C'est différent d'avoir des amis autour de nous qui font ça, mais c'est un bon début. Et aussi de sourire un petit peu au monde, parce qu'on va vite se rendre compte qu'il y a de belles personnes. qui nous soutiendront dans ces moments pas forcément très simples.

  • Speaker #1

    Qui est-ce qui t'a soutenue justement durant cette période ?

  • Speaker #0

    Alors, pendant ma dépression, personne, parce que malheureusement, j'étais beaucoup trop renfermée sur moi-même. Mais ce qui m'a aidée, après cette dépression, à m'accrocher à une vie sociale, à m'accrocher à ma scolarité, c'est un groupe d'amis que j'ai rencontrés et que je vois toujours presque quotidiennement et qui m'a fait comprendre. que c'était normal par moment de ne pas se sentir bien, que ça ne voulait pas dire que je retomberais dans une dépression, que aussi d'accepter le fait qu'on ne va pas toujours bien et de voir qu'il y a des gens qui sont là aussi pour nous, pour nous écouter et pas juste pour boire des verres en soirée.

  • Speaker #1

    Tu parles du parcours qui est difficile, notamment pour trouver la bonne personne pour t'écouter. Donc tu as parlé de psychologue, de psychiatre. Comment toi ça s'est passé ? Ces rencontres, comment tu t'es assurée de trouver la bonne personne pour te suivre ?

  • Speaker #0

    Alors moi ça a été très laborieux. J'ai vu des dizaines de psys avant de psychiatre, psychologue, avant de trouver la psychologue qui me convenait. Et j'avais beaucoup d'a priori. Dans le monde des psychiatres, en fait c'est des médecins. C'est pas des personnes qui sont forcément là pour nous écouter, qui ne vont pas faire de thérapie. Ils sont juste là la plupart du temps pour nous prescrire des médicaments. pour poser des diagnostics. Et c'est très important, je pense, de différencier psychiatre et psychologue. Et c'était vraiment laborieux. Il ne faut pas hésiter à demander aux gens autour de soi s'ils connaissent des personnes psychologues ou psychiatres qu'ils estiment compétents ou en tout cas avec qui ça a bien fonctionné pour eux. Parce qu'il y a beaucoup plus de personnes qui voient de psychologues que ce qu'on pense.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que tu as su que tu avais trouvé la bonne personne ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était à partir du moment où ma psy devait m'interrompre et me dire ça fait une heure qu'on parle, j'ai d'autres clients

  • Speaker #1

    Alors, j'ai une question pour toi importante, à laquelle tu m'avais déjà répondu quand on avait échangé ensemble, mais je me permets de te la poser à nouveau parce que j'avais adoré ta réponse. Alors, je ne sais pas si tu t'en souviendras, mais je sais que tu me donneras une réponse que je vais beaucoup apprécier. Si tu avais une baguette magique, qu'est-ce que tu changerais dans le monde pour que moins de jeunes vivent des épisodes difficiles en termes de santé mentale ?

  • Speaker #0

    Je me rappelle à peu près de ce que j'avais répondu. Je leur donnerais des amis super compréhensifs comme les miens. Je ne leur donne pas mes amis. Ils sont à moi, je les garde. Mais je leur donnerai un cercle d'amis, un, deux ou un peu plus, qui seront vraiment à l'écoute de tout ça. Parce que c'est bien d'avoir des amis, mais c'est aussi bien d'avoir un bon psychologue, comme j'insiste depuis le début, et leur donner vraiment un bon psychologue qui sera là pour les écouter, pour les aider comme ce que j'ai eu moi. Et c'est une chance inouïe.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu changerais dans le système scolaire ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, je pense que les profs ne sont pas forcément suffisamment éduqués en matière de santé mentale, que ce soit dans le supérieur ou au collège-lycée. Donc, qu'ils aient peut-être une petite formation sur ça, sur aussi reconnaître les signes d'un isolement social, ce genre de choses. Et sûrement, mais ça viendrait beaucoup plus haut, mais de l'éducation nationale, de permettre à plus de jeunes d'avoir des aménagements d'emploi du temps. De les alléger parce que moi au lycée, j'étais en horaire aménagé, j'avais des cours de 9h à 13h30. On a fait tout le programme scolaire, donc c'est que c'est faisable. Et dans beaucoup d'autres pays, en fait, c'est ça, c'est le matin, c'est des cours classiques, maths, physique, etc. Et l'après-midi, c'est des cours de sport ou d'art ou autre chose. Mais c'est un système qui fonctionne très bien, mine de rien. On devrait peut-être prendre exemple sur ça.

  • Speaker #1

    Parce que tu nous as parlé de ta dépression qui a démarré à l'âge de 14 ans. Est-ce que l'école était pour toi difficile déjà avant cet âge-là ?

  • Speaker #0

    Non, ça n'a jamais été un souci pour moi. En tout cas, quand j'étais au collège, après on parle souvent de la différence entre collège et lycée, effectivement il y en a une. Et le passage peut être compliqué, mais ce n'est pas surhumain. On nous stresse beaucoup avec cette histoire de bac. Le bac n'est pas impossible à avoir. Au collège, j'avais des amis du collège, j'avais aucun problème à interagir avec les gens, je m'entendais très bien avec mes profs. Et puis bon, au lycée, à cause de la dépression en partie, ça ne se passait pas de la même façon.

  • Speaker #1

    Alors tu le sais, on est aujourd'hui au Facette Festival, c'est le festival qui célèbre le sujet de la santé mentale pour les jeunes, et c'est notamment organisé par des jeunes. Est-ce que toi, aujourd'hui, tu penses que la santé mentale... n'est plus tabou ?

  • Speaker #0

    Je pense que pour ma génération, effectivement, ce n'est plus du tout un tabou. Par contre, pour notamment la génération de mes parents, ou peut-être les générations en dessous de la mienne, je ne sais pas, je ne les côtoie pas assez pour dire, mais peut-être que pour eux, ce sera encore tabou, et c'est difficile de changer la mentalité d'adultes qui ont déjà toute une vie devant eux.

  • Speaker #1

    Quel serait ton plus grand rêve ?

  • Speaker #0

    Pour les dix prochaines années, alors déjà reprendre mes études. Et comme ça n'a pas changé depuis que je suis sortie du collège, c'est juste amasser le plus de connaissances possibles, d'apprendre sur plein de sujets différents et de vraiment me nourrir de tout ça, puisque les livres, mine de rien, ça ne suffit pas. Et étudier et me trouver un métier dans lequel je m'épanouis et surtout avoir une... Une envie de me lever le matin, une raison de me lever, pas juste râler contre mes 15 réveils du matin. Pourquoi je me lève déjà ? Je dois aller travailler.

  • Speaker #1

    Tu sais déjà ce que tu aimerais étudier ?

  • Speaker #0

    A priori, ce serait la joie aérée ou l'astrophysique. C'est très différent.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, on te le souhaite. Merci infiniment, Ambre, pour ton temps et pour ton témoignage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode. J'aimerais prendre le temps de remercier tous ceux qui s'abonnent à la chaîne du podcast, qui laissent des avis et des notes sur Apple Podcast ou Spotify. Ça paraît rien, mais ça fait toute la différence pour faire connaître notre travail qui est complètement indépendant. Pour me retrouver... Je vous rappelle que vous pouvez aller sur le compte Instagram des adultes de demain ou sur mon compte LinkedIn perso. N'hésitez pas à me partager vos retours sur cet épisode ou sur le podcast en général, ça fait tellement du bien de vous lire. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode.

Description

C'était un dimanche après-midi en juin au Facettes Festival. J'ai eu la chance de pouvoir enregistrer en live 3 podcasts exclusifs sur la santé mentale des jeunes et ce avec des jeunes.


J'ai croisé la route d'Ambre, de Nina et de Sacha, 3 jeunes femmes qui ont entre 15 et 19 ans et qui ont toutes vécu des moments difficiles en termes de santé mentale. Dépression, tentatives de suicide, phobie scolaire et autres grandes souffrances psychiques, qu'elles ont presque toutes surmonté. 


On le sait, la santé mentale des ados et des jeunes s'est grandement dégradée. Comment survivre à tout ça ? Comment l'école s'est adaptée à leurs situations ? Qu'est-ce qu'elles changeraient dans le monde pour que moins de jeunes vivent ces moments-là ?

Je suis sortie de ces 3 enregistrements chamboulée, habitée par un sentiment d'injustice que si jeune on puisse autant souffrir mais aussi par énormément d'admiration pour leur courage, leur maturité et leur panache de devenir le temps d'un épisode les porte-paroles de ces jeunes qui méritent d'être encore en plus entendus.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On a une culture,

  • Speaker #1

    nous, françaises, de la punition. Et on pense que c'est normal.

  • Speaker #0

    Pourquoi est-ce qu'on exclut un enfant de l'école ? Parce qu'il est différent. Des outils comme l'intelligence artificielle, elles ne posent pas réellement de nouvelles questions. Elles posent d'anciennes questions auxquelles on n'a pas répondu depuis longtemps. Comme Maria Montessori le disait, l'éducation est la plus belle arme de paix. Michel Onfray a cette phrase que j'aime beaucoup, il dit tous les enfants sont des philosophes et certains adultes le demeurent Nos enfants deviennent comme nous les voyons, nos enfants deviennent comme ils nous voient.

  • Speaker #1

    Prenons le temps de réfléchir à ce qu'on veut pour demain. Bienvenue sur le podcast Les Adules de Demain. Je m'appelle Stéphanie Desclebbes, je suis entrepreneur et surtout une actrice engagée pour l'enfance. Dans ce podcast, je donne la voix à celles et ceux qui changent le monde grâce à l'éducation. Pour en savoir plus sur mes dernières actualités, rendez-vous sur le compte Insta at Les Adules de Demain ou sur mon compte perso LinkedIn. Pour retrouver un condensé des meilleurs moments du podcast, Je vous laisse découvrir le livre Offrir le meilleur aux enfants aux éditions Atier, que j'ai co-écrit avec ma mère Sylvie Descleb, que vous entendrez beaucoup dans ce podcast. Allez, je laisse place à un nouvel épisode. C'était un dimanche après-midi en juin, au Facette Festival. J'ai eu la chance de pouvoir enregistrer en live trois podcasts exclusifs sur la santé mentale des jeunes et ceux avec des jeunes. J'ai croisé la route d'Ambre, de Nina et de Sacha. Trois jeunes femmes qui ont entre 15 et 19 ans et qui ont toutes vécu des moments difficiles en termes de santé mentale. Dépression, tentative de suicide, phobie scolaire et autres grandes souffrances psychiques qu'elles ont presque toutes surmontées. On le sait, la santé mentale des ados et des jeunes s'est grandement dégradée. Comment survivra tout ça ? Comment l'école s'est adaptée à leur situation ? Qu'est-ce qu'elle changerait dans le monde pour que moins de jeunes vivent ces moments-là ? Je suis sortie de ces trois enregistrements assez chamboulée, habitée à la fois par un sentiment d'injustice que, si jeunes, on puisse autant souffrir, mais aussi par énormément d'admiration pour leur courage, leur maturité et leur panache, de devenir le temps d'un épisode, les porte-paroles de ces jeunes qui méritent d'être encore plus entendus. Je vous souhaite une très bonne écoute. Salut Ambre !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Alors pour te présenter brièvement, tu as 19 ans, tu habites à Saint-Mort si je ne me trompe pas, et tu es barista. Et ma première question pour toi déjà, c'est de savoir comment est-ce que tu vas ?

  • Speaker #0

    Je vais très bien en ce moment.

  • Speaker #1

    Super ! Alors je sais que tu as souffert d'une dépression à l'âge de 14 ans. Est-ce que tu pourrais nous raconter ce qui s'est passé pour toi à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors à 14 ans, je sortais tout juste du collège. J'avais mon brevet dans la poche qui était un exploit pour moi à l'époque, j'en étais très fière. Et j'étais censée arriver au lycée et c'était manifestement pas quelque chose qui me convenait, le lycée public. Et je me suis sentie pas forcément à ma place dans mon lycée de secteur. Et le système scolaire ne m'a pas aidée finalement. Et donc de là, ça allait assez vite, phobie sociale, phobie scolaire. Mes profs ne m'ont pas du tout aidée. Je faisais des attaques de panique en plein cours, je manquais de m'évanouir et je devais sortir un peu la marche de la honte devant toute la classe parce que je ne me sentais pas bien. Et donc j'ai été déscolarisée un an, une année scolaire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé pendant cette année scolaire ?

  • Speaker #0

    Je ne sortais presque plus de chez moi, sauf pour faire mes rendez-vous psy. J'en avais trois par semaine et c'était la seule chose qui me poussait un petit peu à sortir de chez moi. Et donc, je passais mon temps à faire ça. J'ai très peu de souvenirs et le temps passait un peu bizarrement, sûrement dû à la dépression. Et donc, je passais juste mon temps à sûrement regarder des séries, écouter de la musique et aller à mes rendez-vous psy. Tout ça pendant un an.

  • Speaker #1

    Comment ça s'est passé tes rendez-vous psy ?

  • Speaker #0

    Ça m'a beaucoup aidée. J'ai refusé beaucoup de traitements. J'ai eu des anxiolytiques et on m'a mise sous tranquillisant à l'âge de 14 ans. sachant que j'étais également anorexique et je devais en prendre trois fois par jour. Donc j'étais un légume. Et ce n'est pas forcément quelque chose que j'ai apprécié dans la façon dont les psychiatres ont pu traiter ma maladie. Mais avec le temps, j'ai compris qu'en tout cas, pour mon cas, c'était très important de trouver une bonne psy dans mon cas et d'avoir un suivi très régulier pour aller mieux.

  • Speaker #1

    Et alors, qu'est-ce qui s'est passé après cette année de déscolarisation ?

  • Speaker #0

    Alors, après cette année, j'avais envie quand même de reprendre mes études, d'aller au lycée. Et j'ai toujours eu cette envie d'étudier, d'amasser le plus de connaissances possible. Sauf que le système scolaire traditionnel, ce n'était pas pour moi. Donc, mon père m'a aidée à chercher une école un peu plus alternative. Donc, je suis arrivée dans une école hors contrat à double cursus. Donc, j'ai fait un cursus art-études et je suis tombée sur une petite école de musique. qui a maintenant un petit peu grandi, mais en tout cas, à l'époque, c'était une toute petite école. On était deux en écriture créative, on était trois en musique. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée, puisqu'en écriture créative, puis même dans n'importe quel domaine artistique, j'ai pu m'exprimer. Et je me suis sentie écoutée aussi. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée, l'art, dans tout ça.

  • Speaker #1

    Et donc après cette année de déscolarisation, tu as pu retourner sans problème à l'école.

  • Speaker #0

    Ça a été très compliqué, surtout que cette école était à une heure de transport de chez moi. Donc les transports aux heures de pointe, quand on a eu une phobie scolaire et sociale, c'est pas facile de se retrouver au milieu de plein de gens, arriver... au milieu d'ados de mon âge finalement, et de ne pas savoir où me mettre, tous leurs petits tics de langage d'adolescent, moi je ne comprenais rien, puisque j'avais été totalement déconnectée de tout ça. Et se réinsérer finalement dans une société, ou en tout cas dans un lycée, ce n'était pas une mince affaire, mais c'est faisable.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que tu en parlais autour de toi, de cette phobie scolaire et de cette phobie sociale ?

  • Speaker #0

    Je n'en parlais pas, parce que c'est mal perçu qu'on nous fait sentir... Un peu honteux vis-à-vis de tout ça, on ressent beaucoup de culpabilité, on a l'impression de décevoir son entourage, ses parents. La plupart des gens ne croient pas au fait qu'on puisse se réinsérer dans le système scolaire après une déscolarisation, alors que c'est possible. Je l'ai fait et j'ai pu trouver des alternatives et c'est possible. Et donc je n'en parlais pas.

  • Speaker #1

    Et quand est-ce que tu as commencé à en parler ?

  • Speaker #0

    Quand j'ai commencé à aller mieux, quand j'ai commencé à me faire des amis, à avoir un cercle social. très à l'écoute de tout ce qui m'était arrivé. Et quand j'ai commencé aussi à me sentir à l'aise et que la honte a totalement disparu de cet événement.

  • Speaker #1

    Quand on s'était rencontrés toutes les deux et que tu me racontais ton histoire, tu m'as parlé beaucoup de l'école et du fait qu'ils ont refusé d'aménager ton emploi du temps. Est-ce que tu peux nous parler de tout ça ?

  • Speaker #0

    Alors, il faut savoir que quand on veut un aménagement d'horaire dans les lycées publics, Il faut passer par un médecin scolaire. Et moi j'appartiens à la commune de Créteil, il n'y a qu'un seul médecin pour l'académie de Créteil. Et ça a pris des mois pour un rendez-vous. Et c'est mal tombé parce que c'était juste avant le Covid. Donc ils ont refusé, c'est mon établissement scolaire qui a refusé cet aménagement, sous prétexte que c'était trop compliqué à faire et que ce n'était pas faisable. On m'avait demandé de même me rendre à mes cours d'EPS. Et on m'a dit non c'est très important que tu fasses du sport. Non, c'est très important que je prenne soin de moi et de ma santé mentale. Et donc de là, j'aurais dû être inscrite au CNED pour raison médicale. Donc c'est gratuit dans ces cas-là. Puis avec le Covid, ça ne s'est jamais fait. Et j'ai abandonné l'idée de reprendre une scolarité cette année-là, en tout cas l'année de mes 14 ans. Et puis je me suis juste concentrée sur le fait de trouver une nouvelle école qui me conviendrait beaucoup plus.

  • Speaker #1

    Et donc c'est grâce à l'appui de ta famille que tu as trouvé cette alternative et cette autre école ?

  • Speaker #0

    Notamment, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais connaissance de tous les sujets autour de la santé mentale quand tu as vécu tout ça à 14 ans ?

  • Speaker #0

    À 14 ans, non, j'en avais aucune. Et la génération de mes parents est très peu informée sur ce sujet-là. C'était un sujet qui était très tabou à leur époque, pendant leur jeunesse. Et mine de rien, on ne s'attend pas non plus à ce qu'un jeune lycéen, une jeune lycéenne... soit confronté à des problèmes de santé mentale. Donc c'est beaucoup, les parents sont désemparés, et puis l'entourage l'est également, et puis on ne sait pas vers qui se tourner finalement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais des gens autour de toi, tu avais connaissance de jeunes qui vivaient la même chose que toi ?

  • Speaker #0

    Absolument pas, je me sentais très seule pendant cette époque.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que le Covid a eu comme effet sur toi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis l'une des rares personnes qui a adoré, parce que moi on me dit tu ne sors pas de chez toi, il ne fallait pas me le dire deux fois. J'étais très contente et en plus je me rappelle il faisait beau donc je sortais, j'avais décidé de refaire toute ma chambre et de repeindre mes meubles et je trouvais ça génial puisque j'avais une bonne raison enfin de ne pas sortir de chez moi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui tu es guérie ?

  • Speaker #0

    Oui, totalement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

  • Speaker #0

    Alors notamment parce que je suis retournée voir la psy qui me suivait à cette époque, que je lui ai raconté quelques petits trucs. Elle m'a dit non c'est pas utile que tu fasses une thérapie et je suis allée la voir en fait pour faire une psychanalyse. Et j'ai pu directement entamer cette psychanalyse qui ne peut pas se faire si on a besoin d'une thérapie avant. Ou alors c'est compliqué et ça peut faire ressurgir d'anciens traumatismes. Mais ce n'est pas la chose à faire dans ces cas-là. Et aussi parce que je me sens vraiment épanouie, parce que je ne fais plus d'attaques de panique en plein cours ou dans des lieux publics. Je ne reste plus cloîtrée chez moi. J'ai une vie sociale très épanouie. Et j'aime beaucoup ce que je fais en ce moment.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, dans les bars, il y a beaucoup de monde.

  • Speaker #0

    Exactement. Là, j'ai fait un bon pas possible.

  • Speaker #1

    Je sais aussi que tu aimes bien faire de la musique, d'écouter de la musique, que tu dessines et que tu écris des poèmes. Ce n'est pas commun, est-ce que tu pourrais nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    J'ai découvert ça notamment pendant mes cours d'écriture dans cette petite école d'art dans laquelle j'étais. J'ai arrêté au bout de trois ans. Après avoir arrêté, quand j'étais au lycée, En première, avec les cours de français, je me suis découvert une passion pour la poésie, notamment grâce à Baudelaire. Et je me suis dit que j'aimerais vraiment écrire de la poésie, parce que c'est un moyen d'expression, et pour la beauté aussi des textes et des poèmes qu'on peut écrire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça te fait à toi d'exprimer tout ce que tu ressens à travers l'art ?

  • Speaker #0

    C'est très libérateur et je m'en sers aussi beaucoup pour faire comprendre aux gens mes émotions et mes sentiments. Parce que c'est pas toujours simple, c'est souvent très difficile de poser des mots sur quelque chose d'aussi abstrait que parfois même nous on ne comprend pas. Et ça permet notamment d'ailleurs quand on écrit de réaliser certaines choses dont on n'avait pas conscience avant de les écrire.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu les partages tes poèmes à ta famille, à tes amis ?

  • Speaker #0

    Ça m'arrive, il y a des poèmes que j'écris pour moi, j'ai un carnet de poèmes et c'est à moi. Mais j'écris beaucoup de lettres et de poèmes pour les gens qui m'entourent. Des fois, c'est des grandes déclarations d'amour parce que c'est très important de dire aux gens quand on aime passer du temps avec eux et de leur faire plein de compliments. Et parfois, c'est juste quand j'ai quelque chose qui me pèse un petit peu, de juste leur en parler parce que ce n'est pas toujours facile de leur dire face à face.

  • Speaker #1

    Alors toi qui as 19 ans aujourd'hui, qu'est-ce que tu aurais envie de dire à la jeune Ambre qui avait 14 ans et qui vivait une dépression ? Qu'est-ce que tu auras envie de lui dire aujourd'hui, toi qui as vécu toutes ces années, toutes ces épreuves ?

  • Speaker #0

    Que c'est ok d'être déscolarisé, qu'il ne faut pas s'en vouloir, que ce n'est pas à moi de protéger les émotions de mes parents, mais que c'est aux parents de prendre soin de leurs enfants, et que ce n'est pas grave et que je reprendrai ma scolarité, que cette soif de connaissances, je trouverai une façon de la s'ouvrir.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu auras envie de dire aux jeunes qui vivent en ce moment ? Comme toi, il y a quelques années, des épisodes difficiles en termes de santé mentale. Qu'est-ce que tu aurais envie de leur dire et aussi qu'est-ce que tu aurais envie de dire aux parents qui nous écoutent ?

  • Speaker #0

    Alors pour les jeunes, j'aimerais leur faire comprendre que c'est extrêmement important d'avoir un bon suivi avec un 1 ou une psy. Et pas forcément un psychiatre, mais toute l'importance en fait de la psychologie. Parce que souvent, c'est des jeunes qui sont comme moi à l'époque. très renfermés sur eux-mêmes. La plupart des ados qui ont des maladies mentales ou non ont juste envie d'être entendus et surtout écoutés. Et la chose qui m'a le plus aidée, c'est de pouvoir trois fois par semaine aller voir quelqu'un et que cette personne m'écoute. Alors c'est son travail, évidemment. C'est différent d'avoir des amis autour de nous qui font ça, mais c'est un bon début. Et aussi de sourire un petit peu au monde, parce qu'on va vite se rendre compte qu'il y a de belles personnes. qui nous soutiendront dans ces moments pas forcément très simples.

  • Speaker #1

    Qui est-ce qui t'a soutenue justement durant cette période ?

  • Speaker #0

    Alors, pendant ma dépression, personne, parce que malheureusement, j'étais beaucoup trop renfermée sur moi-même. Mais ce qui m'a aidée, après cette dépression, à m'accrocher à une vie sociale, à m'accrocher à ma scolarité, c'est un groupe d'amis que j'ai rencontrés et que je vois toujours presque quotidiennement et qui m'a fait comprendre. que c'était normal par moment de ne pas se sentir bien, que ça ne voulait pas dire que je retomberais dans une dépression, que aussi d'accepter le fait qu'on ne va pas toujours bien et de voir qu'il y a des gens qui sont là aussi pour nous, pour nous écouter et pas juste pour boire des verres en soirée.

  • Speaker #1

    Tu parles du parcours qui est difficile, notamment pour trouver la bonne personne pour t'écouter. Donc tu as parlé de psychologue, de psychiatre. Comment toi ça s'est passé ? Ces rencontres, comment tu t'es assurée de trouver la bonne personne pour te suivre ?

  • Speaker #0

    Alors moi ça a été très laborieux. J'ai vu des dizaines de psys avant de psychiatre, psychologue, avant de trouver la psychologue qui me convenait. Et j'avais beaucoup d'a priori. Dans le monde des psychiatres, en fait c'est des médecins. C'est pas des personnes qui sont forcément là pour nous écouter, qui ne vont pas faire de thérapie. Ils sont juste là la plupart du temps pour nous prescrire des médicaments. pour poser des diagnostics. Et c'est très important, je pense, de différencier psychiatre et psychologue. Et c'était vraiment laborieux. Il ne faut pas hésiter à demander aux gens autour de soi s'ils connaissent des personnes psychologues ou psychiatres qu'ils estiment compétents ou en tout cas avec qui ça a bien fonctionné pour eux. Parce qu'il y a beaucoup plus de personnes qui voient de psychologues que ce qu'on pense.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que tu as su que tu avais trouvé la bonne personne ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était à partir du moment où ma psy devait m'interrompre et me dire ça fait une heure qu'on parle, j'ai d'autres clients

  • Speaker #1

    Alors, j'ai une question pour toi importante, à laquelle tu m'avais déjà répondu quand on avait échangé ensemble, mais je me permets de te la poser à nouveau parce que j'avais adoré ta réponse. Alors, je ne sais pas si tu t'en souviendras, mais je sais que tu me donneras une réponse que je vais beaucoup apprécier. Si tu avais une baguette magique, qu'est-ce que tu changerais dans le monde pour que moins de jeunes vivent des épisodes difficiles en termes de santé mentale ?

  • Speaker #0

    Je me rappelle à peu près de ce que j'avais répondu. Je leur donnerais des amis super compréhensifs comme les miens. Je ne leur donne pas mes amis. Ils sont à moi, je les garde. Mais je leur donnerai un cercle d'amis, un, deux ou un peu plus, qui seront vraiment à l'écoute de tout ça. Parce que c'est bien d'avoir des amis, mais c'est aussi bien d'avoir un bon psychologue, comme j'insiste depuis le début, et leur donner vraiment un bon psychologue qui sera là pour les écouter, pour les aider comme ce que j'ai eu moi. Et c'est une chance inouïe.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu changerais dans le système scolaire ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, je pense que les profs ne sont pas forcément suffisamment éduqués en matière de santé mentale, que ce soit dans le supérieur ou au collège-lycée. Donc, qu'ils aient peut-être une petite formation sur ça, sur aussi reconnaître les signes d'un isolement social, ce genre de choses. Et sûrement, mais ça viendrait beaucoup plus haut, mais de l'éducation nationale, de permettre à plus de jeunes d'avoir des aménagements d'emploi du temps. De les alléger parce que moi au lycée, j'étais en horaire aménagé, j'avais des cours de 9h à 13h30. On a fait tout le programme scolaire, donc c'est que c'est faisable. Et dans beaucoup d'autres pays, en fait, c'est ça, c'est le matin, c'est des cours classiques, maths, physique, etc. Et l'après-midi, c'est des cours de sport ou d'art ou autre chose. Mais c'est un système qui fonctionne très bien, mine de rien. On devrait peut-être prendre exemple sur ça.

  • Speaker #1

    Parce que tu nous as parlé de ta dépression qui a démarré à l'âge de 14 ans. Est-ce que l'école était pour toi difficile déjà avant cet âge-là ?

  • Speaker #0

    Non, ça n'a jamais été un souci pour moi. En tout cas, quand j'étais au collège, après on parle souvent de la différence entre collège et lycée, effectivement il y en a une. Et le passage peut être compliqué, mais ce n'est pas surhumain. On nous stresse beaucoup avec cette histoire de bac. Le bac n'est pas impossible à avoir. Au collège, j'avais des amis du collège, j'avais aucun problème à interagir avec les gens, je m'entendais très bien avec mes profs. Et puis bon, au lycée, à cause de la dépression en partie, ça ne se passait pas de la même façon.

  • Speaker #1

    Alors tu le sais, on est aujourd'hui au Facette Festival, c'est le festival qui célèbre le sujet de la santé mentale pour les jeunes, et c'est notamment organisé par des jeunes. Est-ce que toi, aujourd'hui, tu penses que la santé mentale... n'est plus tabou ?

  • Speaker #0

    Je pense que pour ma génération, effectivement, ce n'est plus du tout un tabou. Par contre, pour notamment la génération de mes parents, ou peut-être les générations en dessous de la mienne, je ne sais pas, je ne les côtoie pas assez pour dire, mais peut-être que pour eux, ce sera encore tabou, et c'est difficile de changer la mentalité d'adultes qui ont déjà toute une vie devant eux.

  • Speaker #1

    Quel serait ton plus grand rêve ?

  • Speaker #0

    Pour les dix prochaines années, alors déjà reprendre mes études. Et comme ça n'a pas changé depuis que je suis sortie du collège, c'est juste amasser le plus de connaissances possibles, d'apprendre sur plein de sujets différents et de vraiment me nourrir de tout ça, puisque les livres, mine de rien, ça ne suffit pas. Et étudier et me trouver un métier dans lequel je m'épanouis et surtout avoir une... Une envie de me lever le matin, une raison de me lever, pas juste râler contre mes 15 réveils du matin. Pourquoi je me lève déjà ? Je dois aller travailler.

  • Speaker #1

    Tu sais déjà ce que tu aimerais étudier ?

  • Speaker #0

    A priori, ce serait la joie aérée ou l'astrophysique. C'est très différent.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, on te le souhaite. Merci infiniment, Ambre, pour ton temps et pour ton témoignage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode. J'aimerais prendre le temps de remercier tous ceux qui s'abonnent à la chaîne du podcast, qui laissent des avis et des notes sur Apple Podcast ou Spotify. Ça paraît rien, mais ça fait toute la différence pour faire connaître notre travail qui est complètement indépendant. Pour me retrouver... Je vous rappelle que vous pouvez aller sur le compte Instagram des adultes de demain ou sur mon compte LinkedIn perso. N'hésitez pas à me partager vos retours sur cet épisode ou sur le podcast en général, ça fait tellement du bien de vous lire. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode.

Share

Embed

You may also like