I do? Do I ? :on décrypte une silhouette audacieuse du dernier défilé Vetements. Entre extravagance et esprit rebelle, elle a fait tourner toutes les têtes. Prêts à deviner de quoi il s’agit ?
La mode est bien plus qu'une question de style : elle reflète les dynamiques sociales et les bouleversements culturels. Depuis les premiers grands couturiers du XIXe siècle comme Charles Frederick Worth, considéré comme le père de la haute couture, jusqu'à des icônes comme Yves Saint Laurent ou Thierry Mugler, la mode a toujours flirté avec des notions de pouvoir, d'expression personnelle et de rébellion. Les années 90, par exemple, ont vu l’émergence de l'anti-mode, incarnée par Martin Margiela et Rei Kawakubo, redéfinissant l’élégance par la déconstruction et l’audace visuelle. Cette époque a jeté les bases d'un esprit "no gender" et anticonformiste, repris plus tard par des marques comme Vetements.
Fondée en 2014 par Demna et Guram Gvasalia, Vetements a rapidement bouleversé les codes de la mode contemporaine. Décrié par un système qu’ils jugeaient prévisible, le duo a adopté une approche radicale et conceptuelle, où l’attitude prime sur les techniques traditionnelles. La marque puise son esthétique dans les années post-soviétiques et le streetwear, avec des silhouettes brutes, oversize et asymétriques présentées dans des lieux atypiques comme des boîtes de nuit ou des sex-shops. À travers des t-shirts ironiques affichant des logos d’entreprises de masse ou des slogans subversifs, Vetements transforme la banalité en produit de luxe. Cette approche a séduit des consommateurs lassés d’une mode trop sérieuse.
Intitulée "Time to clean up the mess", la collection SS25 est un manifeste contre la surconsommation, inspirée par la crise économique et un consommateur désillusionné. Présentée dans un centre commercial abandonné, elle se concentre sur le recyclage et la réinvention de pièces existantes. La collection interroge l’idée que la nouveauté est toujours synonyme de progrès, présentant des vêtements déconstruits, réassemblés et imparfaits. Une pile de textiles usagés au photocall symbolise cette critique de la surconsommation. Vetements invite ainsi à créer une élégance unique et conceptuelle à partir de ce qui existe déjà, redéfinissant les notions de luxe.
La robe de mariée, portée par Anok Yai pour clore le défilé, incarne parfaitement cette philosophie. Déstructurée, avec des manches en dentelle et une traîne dramatique, elle contraste fortement avec le décor lugubre du centre commercial. Ce look subvertit les conventions des robes de mariée traditionnelles, souvent structurées et luxueuses. Anok Yai, rappelant les "Noces funèbres" de Tim Burton, a accentué cet effet dramatique en courant vers les photographes — une improvisation due à la traîne encombrante qui a créé l’un des moments les plus viraux de la fashion week. Cette scène, non prévue, a renforcé l’énergie brute et subversive de Vetements.
Avec cette collection, Vetements démontre une volonté de transformer la mode en un outil de réflexion sur l’individualité et la créativité, loin de la consommation de masse, tout en prônant une réappropriation des pièces existantes. Le message est clair : la mode peut être inclusive, personnelle et durable sans sacrifier l’impact visuel.
Auteurs : Théo Saussard, Eugénie Iwasko, Lyne Petit, Paloma Martinez
Professeurs : Anne Desmarest De Jotemps
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