- Speaker #0
Bonjour et bienvenue, je suis Sandrine Planck et vous écoutez les nouvelles filles de la campagne. Deux fois par mois, je vais à la rencontre de femmes qui, comme moi, ont changé de vie pour tenter l'aventure en ruralité. Ce qu'elles ont en commun ? Elles ont redoublé d'audace. Pourquoi ? Eh bien en allant vivre à la campagne, et comme si ça n'était pas déjà un sacré défi, elles ont changé de métier, développé une nouvelle activité, un projet, une passion, voire adopté un nouveau mode de vie. Grâce à nos échanges, je vous révèle tout de leur arrivée en ruralité, de leur projet de départ, leur intention, de leur nouvelle vie qui les a transformés, de leur joie et par moments de leur crainte. Je vous offre des témoignages motivants, rafraîchissants, qui vous feront, je l'espère, sourire, plaisir et peut-être vous donneront envie de sauter le pas ou simplement d'y réfléchir. Maintenant, je vous emmène dans ma campagne. Eh bien j'ai envie de te dire bonjour Oriane.
- Speaker #1
Bonjour Sandrine.
- Speaker #0
Merci de m'accueillir chez toi. Et j'ai deux premières questions avant que tu te présentes et que tu nous racontes ta fabuleuse vie. Pourquoi tu m'as dit oui ?
- Speaker #1
Eh bien j'étais découvert sur Instagram au tout début, je pense que tu avais fait trois épisodes. Et franchement, une des premières choses que je me suis dit, c'est que j'avais trop envie que tu viennes m'interviewer.
- Speaker #0
C'est vrai ? J'en veux vraiment ? J'ai des trucs à dire, moi.
- Speaker #1
J'ai adoré écouter les quelques portraits de paysannes qu'il y avait à l'époque.
- Speaker #0
Peut-être est arrivé au moment d'Olivia, Cathy, les baies de Gaujy.
- Speaker #1
Oui, je crois qu'il y avait vraiment trois épisodes. Il y avait une apicultrice.
- Speaker #0
Donc Lisa, l'apicultrice. Ensuite, il y a eu Olivia avec la ferme de la Coursaline, la permaculture et les logements atypiques. Après, tu as eu Cathy et les baies de Gaujy. qui a un projet. Et après, Lulu, le fournage de chèvres, etc. On était arrivés à ce moment-là.
- Speaker #1
C'était à l'épisode de Cathy. Je t'ai suivie sur Instagram et je me suis dit si elle me follow back et qu'après elle vient ici, je serais trop contente. En plus, tu m'as contactée assez rapidement, une première fois, pour me proposer de venir. Après, ça a mis un peu de temps à se faire. Je commence à avoir des choses à raconter. Bien sûr, j'ai encore... Pardon. bon petit syndrome de l'impostrice sur plein de choses.
- Speaker #0
Et elle, celle qui m'a récité les encyclopédies médicinales tout à l'heure.
- Speaker #1
Tu vois, il y a quelques semaines, j'avais encore vendu zéro produit. Donc il y a quelques semaines, j'étais paysanne, mais je ne l'étais pas non plus. Et il y a encore plein de trucs que je n'ai pas fait.
- Speaker #0
C'est marrant ce que tu dis, parce que j'ai l'impression que le marché, c'est un cap.
- Speaker #1
Oui. Après, faire le marché, pour moi, pas tant. parce que moi, ce n'est pas un objectif de faire les marchés. Je fais tout à vélo, donc je ne veux pas m'amuser à faire les marchés. En plus, mon produit, ce n'est pas un produit qui se retrouve tous les samedis matins entre la boulangère et la maraîchère. Mais vendre, jusqu'à une personne que tu ne connais pas, viennent, découvrent tes produits et se disent ça a l'air chouette, je vais lui acheter quelque chose C'est fou parce que ça fait deux ans que tu trimes comme une dingue à planter des arbres, à rénover ta maison, à récolter des bourgeons, à faire la production. Mais tu as toujours ce truc de genre, est-ce que je suis une vraie paysanne ? Pas trop. Et là, j'ai un cap parce que j'ai fait deux marchés, que je commence à vendre autour de moi, que je commence à créer le site. Du coup, bientôt, je pourrais vendre en ligne. Mais après, j'aurai ce cap de faire la première année avec le premier chiffre d'affaires, de se dire comment je vis de mon activité. Puis la première année, tu ne te rémunères jamais hyper, hyper bien. Donc après, tu auras le cap après plus tard de vraiment, je vis confortablement de mon activité. Puis tu as l'étape de, j'ai des bâtiments qui permettent d'accueillir plein de monde de manière confortable, en fait, t'as plein de petits câbles qui font que tu te sens de plus en plus légitime à être là, quoi.
- Speaker #0
Mais la vente de ton premier produit... D'ailleurs, est-ce que tu te souviens de qui t'as acheté le premier extrait de Bourgeon ? Hum...
- Speaker #1
Je pense que c'était... En fait, j'ai la liste, donc je pourrais vérifier. Parce qu'en fait, je me note qui m'achète et surtout, pour quel objectif. Parce que moi, je vends des... Alors, je vends certains mélanges de Bourgeon où il y a un objectif affiché, genre articulation, stress mais je vends aussi des bourgeons genre le figuier bah tu peux le prendre parce que tu es stressé ou tu peux prendre parce que tu as des troubles de la digestion et du coup je me note En fait, quelle est la question que les gens me posent quand ils cherchent un bourgeon ? Ce n'est pas leur bobo en fait. Est-ce que tu as un truc pour la tendinite ? Parce qu'en fait, c'est à ça que je dois pouvoir répondre. C'est à la fin de... Quand j'aurai tout vendu, je vais pouvoir revenir sur ma liste et me dire qu'en fait, il y a un quart des demandes, c'est pour cet objectif-là. Du coup, ça vaut le coup que je travaille des bourgeons pour cet objectif-là parce que les personnes qui me rencontrent, c'est ça leur souci. Et l'idée, ce n'est pas de faire... tous les remèdes possibles, c'est de faire des remèdes qui sont adaptés aux personnes que tu rencontres. Tu vois, là, je me rends compte qu'un truc qui marche super bien, c'est le petit composé de bourgeon pour les règles. Il marche tout seul. Genre, j'ai même pas en parlé. Les gens, ils le prennent. Ils les prennent parfois par deux, par trois. Genre, tu sens qu'il y a beaucoup de jeunes filles. C'est beaucoup... Les personnes qui achètent beaucoup pour leur fille ou leur petite fille, tu sens que t'as beaucoup de jeunes filles qui souffrent d'un cycle douloureux ou qui est pas bien réglé, quoi. Et que moi, ça me fait trop plaisir de me dire que je peux les aider dans ces moments-là qui sont hyper durs. Moi, j'ai hyper mal vécu cette période de ma vie. Moi, j'ai eu mes règles à 10 ans. Je ne sais pas si ça vaut le coup de les mettre dans le PPS. Mais j'ai trop, trop mal vécu ce moment-là. Pour moi, c'était une humiliation. J'avais super mal. C'est jeune,
- Speaker #0
10 ans.
- Speaker #1
Et de me dire qu'aujourd'hui, je vais pouvoir parler ouvertement de ça à des personnes sur les marchés. Vraiment en leur disant que c'est normal d'avoir mal. Tu as mal, mais ce n'est pas normal d'avoir mal. Du coup...
- Speaker #0
solution.
- Speaker #1
Ouais, qu'est-ce qu'on peut faire pour que tu passes mieux cette étape et ça, ça me fait vraiment plaisir quoi. Je me rends compte en vendant que ça fonctionne et que c'est demandé et donc c'est pour ça que j'essaye à chaque fois de... Donc en gros ouais, les règles, le stress beaucoup, le sommeil, les articulations un peu.
- Speaker #0
Ok, je vais aller faire tout ce que je peux prendre. Tout ça pour me dire pourquoi tu m'as dit oui. Ok !
- Speaker #1
Oui pardon.
- Speaker #0
Non non pas de problème, j'aime bien quand ça part comme ça. Qu'est-ce qui t'a aussi donné ? envie d'y participer ? Est-ce que t'as envie de faire passer un message en particulier ? Je sais qu'il y a 2-3 trucs qui tiennent à cœur, je les ai notés, t'inquiète pas. Mais quel est le message que tu veux faire passer, finalement ?
- Speaker #1
Je trouve ça hyper chouette de découvrir tous ces portraits de femmes qui se sont lancées. Et je pense pas avoir beaucoup plus, pas énormément plus de valeur ajoutée, juste un portrait de plus. Je suis jeune, je me suis lancée seule. Et je rencontre quand même des gens incroyables qui ont l'impression qu'elles peuvent pas se lancer seules, soit parce que c'est leur caractère, et c'est aussi ok de se dire que moi il faut que je sois dans un groupe pour me lancer, et c'est génial de le savoir, et les collectifs, l'énergie du groupe c'est fantastique dans ce genre de projet, mais des personnes qui auraient le tempérament pour se lancer seules et qui ne se lancent pas, parce qu'elles ont l'impression que de par leur genre potentiellement elles n'y pourront pas y arriver, ça, ça me rend... ouf et j'ai juste envie de dire à ces personnes-là mais allez-y, faites-vous confiance, c'est possible. Tellement d'activités où on a l'impression qu'on ne peut pas le faire ou qu'on peut moins bien le faire parce qu'on est une femme et c'est faux. Franchement, c'est 100% faux. Moi, j'ai déplacé des poutres de chêne de 4 mètres de long toute seule. J'ai déplacé des tas de sacs de 35 kg de chaud toute seule et en fait, c'est pas une question de physique, c'est une question de... tu réfléchis comment fonctionne ton corps, c'est quoi tes forces, c'est quoi tes faiblesses, quels outils tu as à ta disposition pour ne pas te blesser. Et en fait, tu trouves les astuces et tu le fais. Et puis, parfois, il faut aussi juste s'entourer, quoi. Demander l'aide à une voisine, et c'est pas forcément demander l'aide aux voisins costauds. Moi, ici, j'accueille plein de monde, beaucoup, beaucoup de femmes, mais aussi des gars, et les gars, ils n'ont pas plus de connaissances, ils ne sont pas plus grands et pas plus musclés, et juste, on fait parce qu'on est juste des humains qui faisons ensemble. Et du coup, si il y a une personne qui écoute le podcast et qui se dit, allez, je me lance parce qu'elle, elle a réussi. Franchement, trop contente.
- Speaker #0
OK, maintenant, tu vas nous dire qui tu es. Très brièvement, présente-nous un petit peu d'où tu viens, qui tu es. Tu nous dis ce que tu as envie de dire sur qui tu es, d'où tu viens. Et puis, tiens, si on enchaîne un peu de parcours. Là, tu nous le redis assez... succinctement. Voilà. Qui tu es et mon parcours. Brièvement. Tu nous dis ce que tu as envie de nous dire sur toi.
- Speaker #1
Je pense que c'est la question la plus dure.
- Speaker #0
Oui. C'est pour ça qu'on va la faire maintenant.
- Speaker #1
Du coup, je suis Oriane et je suis née en banlieue parisienne où j'ai passé une petite vingtaine d'années. J'ai fait des études de stylisme-modélisme. Je suis allée au bout de mes études. Après, je me suis rendue compte que je n'étais pas du tout à ma place. J'ai travaillé dans un magasin de fruits et légumes en circuit court pour me payer un vélo. Et là, je suis partie en mars 2020. faire le truc le plus fou que j'ai fait de ma vie. Plus fou que d'acheter une paire.
- Speaker #0
Attention, écoutez bien.
- Speaker #1
Je suis partie à vélo de banlieue parisienne et je suis allée jusqu'à Bangkok, 400 kilomètres au sud de Bangkok, en Thaïlande, à vélo.
- Speaker #0
C'est le plus gros, celui-là.
- Speaker #1
C'est le troisième voyage à vélo. J'en avais fait deux petits avant. Un toute seule sur le Danube de Vienne à Belgrade et un avec ma petite sœur en Allemagne de Berlin à Munich.
- Speaker #0
Et tu étais une adepte du vélo avant ça ? ou hop directement je passais au mode en voyage.
- Speaker #1
Mes parents ils faisaient du vélo tous les dimanches, tu vois dans la forêt de Clamart ou le long de la Seine. Donc on avait un peu cette petite culture du vélo le week-end en loisir. Et je crois qu'une fois on a dû faire 100 km de vélo en famille. C'était même pas tant prévu, je crois qu'on est allé, je sais plus si c'était au Luxembourg, pas loin de chez mes grands-parents. On avait loué des vélos et l'idée, c'était de faire une journée de vélo. On s'est trompé de chemin, on a fini par faire 100 kilomètres. Et c'est un peu ce qui se rapprochait le plus d'un voyage à vélo, c'était cette expérience-là. Mais en fait, c'est juste, j'étais dans cette période de ma vie où je voulais faire plein de trucs que je n'avais jamais faits pour découvrir ce dont j'étais capable. Et donc, j'étais tombée sur un blog d'un gars qui avait fait Paris-Istanbul à vélo. Et vraiment,
- Speaker #0
ça m'a frappée.
- Speaker #1
Et je me suis dit... quoi ? On peut voyager avec un vélo ? Mais je n'étais même pas au courant, alors que le monde ne m'avait pas dit. Mais oui, vraiment, j'étais choquée. Le monde de cyclotourisme, en fait, il y a énormément de gens qui voyagent à vélo, même qui font des voyages de fous sur plusieurs années, qui font plusieurs fois le tour du monde à vélo. Trop inspirant. Mais moi, je découvre ça par ce gars, et je me dis, génial. Je crois vraiment que quelques semaines plus tard, j'ai fait mon premier voyage à vélo, et de toutes les expériences que j'avais faites les précédentes années, donc faire du stop. faire de la randonnée ou tout simplement voyager seule. Voyager à vélo, ça m'avait époustouflée. J'avais vraiment adoré, je me sentais hyper autonome, hyper forte. Je crevais, je réparais mon vélo, j'allais dormir chez des inconnus tous les soirs, je faisais des rencontres incroyables. Je faisais 900 kilomètres avec mes jambes, ça me paraissait fou. Donc j'ai adoré et c'est vraiment quand j'ai décidé, à un moment de ma vie où du coup je n'étais plus du tout bien, où je sentais qu'il fallait que je... Je fasse quelque chose parce que j'étais incapable de dire qu'est-ce que j'allais faire comme métier. J'étais complètement paumée, je me sentais un peu oppressée par mes parents qui me demandaient sans cesse ce que j'allais faire de ma vie.
- Speaker #0
Là, les études sont terminées à ce moment-là.
- Speaker #1
Les études sont terminées, j'ai fait mes quatre ans d'études, mon année de stage. Et là, c'est le moment où tu dois postuler pour des jobs de styliste junior. Et je n'ai pas envie, je postule, mais je ne suis pas bien, je n'ai pas envie d'aller aux entretiens. Je rate d'ailleurs mes entretiens, je ne suis tellement pas impliquée. Et... Du coup, l'idée de partir seule à peu près six mois à l'aventure, ça me permet de faire un autre truc que je n'ai jamais fait de ma vie. Mais c'est aussi un peu une échappatoire en me disant, je ne vais pas m'occuper des réels questionnements entre guillemets. Alors qu'en fait, si, c'est trop important.
- Speaker #0
Une petite fuite.
- Speaker #1
Oui, 100%, une bonne fuite. Mais en même temps, maintenant, c'est la meilleure décision que j'ai prise. Évidemment que quand tu as 20 ans, c'est important de...
- Speaker #0
partir et de voyager, de découvrir des choses et encore mieux si tu le fais sur un vélo quoi. Et donc et donc je m'étais dit ça, je m'étais dit si je pars à vélo de chez mes parents quel est le premier pays où je me dis c'est impossible de me projeter moi sur un vélo dans ce pays et c'était l'Iran parce que j'étais déjà allé jusqu'en Turquie, j'avais un peu voyagé en Europe mais alors l'Iran j'avais beau avoir vu des films iraniens, j'avais beau avoir vu peut-être des documentaires peut-être des images d'Iran, mais c'était impossible de m'imaginer, moi, pédaler en Iran. Je ne sais même pas, est-ce que je pédale dans un désert ? Est-ce que je pédale...
- Speaker #1
C'est par rapport à l'environnement géographique ou plutôt la partie culturelle ?
- Speaker #0
L'environnement géographique, même si je pense que la partie culturelle en découle, ou politique en découle, mais vraiment, je ne pouvais pas... Imagine-toi, Sandrine, pédaler en Iran. Je ne sais pas dans quoi je pédale. Du coup, je me suis dit, je vais aller là-bas. Et j'ai vu Paris-Téhéran, je suis tombée sur le... Le blog d'un gars qui avait fait ça en 5 mois, je me suis dit, parfait, 5 mois, je vais faire Paris-Téhéran à vélo. En mars 2019, je pars. Et une fois arrivé à Téhéran, 5 mois plus tard, pas du tout envie de rentrer. Pas du tout. J'ai beau avoir été 5 mois à réfléchir sur mon vélo, je n'ai pas assez réfléchi pour savoir ce que je vais faire de ma vie. Je décide de le prolonger. Je le prolonge. Ça va m'amener... Alors, il y a plein d'étapes différentes de ce voyage, avec plein d'envies de destinations différentes. Une fois entrée en Thaïlande, un vrai projet de rentrer à vélo chez moi. Et après, c'était le début du Covid. Mars 2020, je me retrouve à 400 kilomètres au sud de Bangkok. Il faut que je franchisse la frontière avec la Malaisie dans une dizaine de jours. Mais en fait, elle ferme dans 48 heures. Je suis bloquée. Donc là, il faut prendre la décision en 24 heures de est-ce que je reste ?
- Speaker #1
Est-ce que je suis bloquée là-bas ? Ou est-ce que je prends un avion et je rentre vite ?
- Speaker #0
Et en plus, c'était pendant ce voyage-là que je me suis dit que je ne prendrais plus l'avion. Parce que c'était un questionnement que j'avais depuis... 2018, où je commençais à vraiment y réfléchir. Et en fait, pendant ce voyage-là, j'ai rencontré des gens bien plus jeunes que moi qui avaient depuis bien longtemps décidé de ne plus prendre l'avion. Je me suis dit, si eux, ils ont pris cette décision, moi qui ai tellement, genre, eu d'opportunités de voyager dans ma vie, franchement, je peux, quoi. Donc je décide de ne plus prendre l'avion et je prends l'avion pour rentrer en Europe.
- Speaker #1
C'est ton dernier avion ? C'était ton dernier avion ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr, oui. Je fais en 13 heures ce que j'ai mis un an à faire à vélo, quoi. Ça, c'était un prix de dieu. Heureusement, le premier vol que j'ai pris, ce n'était pas pour la France. Le premier vol qui était disponible avec le moins d'escalade possible, le moins cher, c'était pour l'Allemagne. Et du coup, je vais me confiner pendant deux mois chez un cycliste que j'ai rencontré en chemin. Et du coup, ça me fait un bon sas de décompression.
- Speaker #1
Avant de rentrer à la maison.
- Speaker #0
J'en touche chez les parents. Je passe deux mois. Déjà, il faut que j'attende mon vélo parce que j'ai envoyé mon vélo par cargo jusqu'en Allemagne. Je passe deux mois. C'est confinement. Mais en Allemagne, là où je suis, c'est assez tranquille. Donc, je vais dans la forêt. Je pars avec une scie et une hache. Je n'ai jamais fait ça de ma vie.
- Speaker #1
C'est la transition, ça ?
- Speaker #0
C'est la transition.
- Speaker #1
Bah, hache, forêt. C'est là que...
- Speaker #0
Non, non, non. Avant de partir... Alors, attends. C'est vrai que je fais tout dans le mauvais sens. Mais avant de partir, je voulais déjà m'installer dans le limousin. Ah oui. Il m'appelle du limousin. Il m'appelle du limousin.
- Speaker #1
Tout de suite.
- Speaker #0
OK, OK. Bon, bref. Du coup, je passe ce confinement en Allemagne à être dans la forêt. à apprendre à faire des bols dans du bois. Parce que j'avais un petit atelier dans le garage de la maison où j'étais, avec plein d'outils. J'apprends à faire plein de trucs avec mes mains. Et je décompresse. Et je rentre à vélo après, en juin. Je fais les derniers 500 kilomètres à vélo. Et là, ça a mis un été assez compliqué de retour à la vie réelle. De surtout, qu'est-ce que tu vas faire de ta vie ? Et j'avais beau... avoir pédalé pendant un an, c'était toujours pas très clair. Mais je sais pas pourquoi, une fois l'été passé, j'ai l'impression qu'en deux semaines, tout s'est décanté. Je me suis dit, je vais aller faire des plantes médicinales, je vais aller planter des arbres dans le limousin, je vais repostuler à mon ancien taf de fruits et légumes pour mettre des sous de côté, je vais, pendant mes congés payés, je vais faire telle et telle formation, je repère tel dispositif de financement pour plus tard. En gros, je fais tout mon plan, je balance tout à mes parents, et là, ils sont là, genre... Et là, franchement, c'est la libération. Ils sont là, tu veux devenir paysanne dans le limousin et faire des plantes médicinales et planter des arbres ? Ok. Et à partir de ce moment-là, toutes les tensions entre nous se sont apaisées. Je suis allée à fond dans mon projet. J'ai mené mon petit plan pendant deux ans. J'ai visité des fermes, j'ai acheté ma ferme. Et voilà, il fallait juste que ça m'assère, que je prenne le temps de comprendre ce que je voulais faire. Et une fois que j'avais compris, c'était lancé.
- Speaker #1
Alors, ok. Bon. Là, on a toute une sacrée présentation. En tout cas, bravo pour tes voyages. Mais quand même, comment, encore une fois, comment là, pourquoi le limousin ? Parce que t'as personne ici ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Y'a pas de famille, y'a pas d'amis ? Pourquoi... Là, bon, ok. Alors, déjà, pourquoi tout d'un coup les arbres, plantes médicinales ? Et surtout, ici, dans le limousin.
- Speaker #0
Ok. Alors...
- Speaker #1
J'ai peur.
- Speaker #0
Non, non, j'ai pas de réponse clé, y'a pas d'événement particulier. C'est un peu comme la... Je pense que c'est arrivé en même temps que toute la construction écologique, politique, militante. Y'a eu cette... de la ruralité qui est venu à moi par plein de biais.
- Speaker #1
C'est quoi l'appel de la ruralité ?
- Speaker #0
C'est juste de se dire je ne suis pas à ma place de la même manière que je n'étais pas à la place dans mon choix de métier, donc styliste.
- Speaker #1
Je ne suis pas à ma place en ville.
- Speaker #0
Je ne suis pas à ma place en ville et j'ai cet appel de vivre en campagne, cet appel du limousin. que franchement, je ne sais pas trop expliquer.
- Speaker #1
Le limousin, il n'y a pas beaucoup de gens qui disent Ah, je vais vivre dans le limousin !
- Speaker #0
Je ne sais pas, je pense que j'avais cette image.
- Speaker #1
Tu l'avais déjà visitée ?
- Speaker #0
Pas du tout.
- Speaker #1
Mais c'est fou, ça.
- Speaker #0
J'avais cette image d'un lieu hyper préservé, très simple, avec pas beaucoup de monde, avec de la forêt, avec du bocage.
- Speaker #1
Ça, c'est une image.
- Speaker #0
Une image de Parisienne qui s'imagine le limousin.
- Speaker #1
Tu as vu ça sur Instagram ?
- Speaker #0
Même pas, je crois que t'étais pas sur Instagram à l'époque, je crois. Bref, n'importe quoi. Je pense que c'est venu aussi de... Quand tu te construis des valeurs écologiques, que ça fait énormément partie de ta vie, tu en parles beaucoup. Du coup, tu en parles beaucoup à des gens qui vivent la même chose que toi. J'ai eu une discussion en 2016 avec une super copine qui envisageait à ce moment-là de devenir agricultrice. Et moi... En 2016, jamais de la vie, ça me parlait pas du tout. Je trouvais ça trop bien comme projet pour elle, mais ça me parlait pas du tout. Mais n'empêche que...
- Speaker #1
C'est elle qui t'a parlé du limousin, peut-être ?
- Speaker #0
Non, non, non. Mais n'empêche que 8 ans plus tard, c'est moi qui suis paysanne, tu vois. Et je sais pas, enfin... Ouais, c'était genre des amis d'amis, qui avaient une maison là-bas, c'était moi.
- Speaker #1
T'aurais pu aller en Aveyron, t'aurais pu aller... Je sais pas, en Normandie ?
- Speaker #0
Ouais, alors... Bon, Aveyron, j'ai pas l'impression d'être une personne... qui aiment les paysages trop secs. Je pense que le côté très l'eau qu'il y a dans le limousin, ça m'attirait. Et après, je pense que j'ai dû mettre à un moment sur le bon coin un chiffre au pif de peut-être qu'un jour, j'aurai cette somme-là. Peut-être qu'un jour, je pourrais m'acheter une petite maison à la campagne. Et le limousin revient beaucoup. D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui s'installent dans le coin pour des raisons de budget. Oui,
- Speaker #1
économiquement,
- Speaker #0
c'est pas cher. Il y a de l'eau, c'est central. Il y a des endroits magnifiques, pas très chers dans les Pyrénées. Mais faire Paris, les Pyrénées toutes seules, c'est différent. que de faire Paris Limousin.
- Speaker #1
Tu avais quand même cette notion d'accessibilité pour tes proches ?
- Speaker #0
Sans forcément que ce soit être dans un village. Là, Arnaque-la-Poste, c'est ultra accessible.
- Speaker #1
Tu peux répéter ton village à tout le monde, s'il te plaît ?
- Speaker #0
Arnaque-la-Poste. Je suis très heureuse de faire partie de...
- Speaker #1
Comment on appelle les habitants d'Arnaque-la-Poste ?
- Speaker #0
Les arnaquoises. Ça fait partie des communes au nom burlesque. C'est ma grande fierté. de ce village.
- Speaker #1
D'accord, tu connais l'histoire d'Arnaque-la-Poste ? Oui,
- Speaker #0
c'est un village qui s'appelait Arnaque, puisque du coup, si je ne dis pas de bêtises, on est encore dans l'Occitanie, du coup il y a beaucoup de noms en AC, Parnac, Arnaque, Ausha, et du coup il y a d'autres villages qui s'appelaient Arnaque, et du coup pour le différencier, on lui a rajouté le suffixe La Poste, notamment parce qu'à un moment il y a eu la création d'un relais de poste à Arnaque-la-Poste, et c'était, je crois, un haut lieu de passage, et du coup une grande fierté, donc Arnaque-la-Poste.
- Speaker #1
Je t'ai fait divaguer, mais on était en train de parler de la place centrale ou pas de ce spot.
- Speaker #0
Ça aurait pu être un coin beaucoup plus paumé que du limousin qu'ici. D'ailleurs, c'est un peu le truc où j'ai... S'il y avait un truc, quand j'ai visité cette ferme, où je me suis dit, c'est pas tout à fait comme dans mon imagination, c'est que j'imaginais un lieu encore un peu plus sauvage, une partie du limousin encore plus sauvage. Ah ouais ? Je m'attendais. à prendre le train jusqu'à Brive-la-Gaillarde, à prendre un TER, à faire 30 km de vélo pour arriver chez moi. Au final, arnaque la poste, on peut prendre un blabla-car et on y est en 3h15. On peut prendre un train jusqu'à la souterraine et faire une heure du vélo. On est à la ferme. Donc c'est quand même très accessible. Moi, je ne m'attendais pas à trouver un lieu aussi bien desservi. Enfin, attention, ça reste la ruralité et tout faire à vélo, ce n'est pas forcément évident.
- Speaker #1
Il y a desservi pour toi et desservi pour les autres.
- Speaker #0
Voilà, évidemment. Mais... Tu vois, j'ai des potes qui ont des projets dans les Pyrénées, ou des potes de potes. Et bien, c'est un beaucoup plus gros engagement de trouver un moment pour aller dans les Pyrénées plutôt que de trouver un moment pour aller à Arnaque-la-Poste. Il y a beaucoup de gens qui passent par Arnaque-la-Poste tous les jours. Tous les jours, n'importe quoi. Qui passent par Arnaque-la-Poste parfois.
- Speaker #1
C'est the place to be.
- Speaker #0
Non mais tu vois au début j'avais à peu près la moitié des personnes qui venaient me voir, c'est juste parce qu'ils faisaient la route de Paris à Toulouse, qui remontait vers Paris.
- Speaker #1
Ouais c'est sur le...
- Speaker #0
Donc il y avait beaucoup de gens qui venaient juste déjeuner avec moi, voir la ferme et qui repartaient quoi, c'est rigolo.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux décrire d'ailleurs ton environnement pour que les gens s'imaginent à quoi ça ressemble ici ? Donc l'habitation, puisque là on est au milieu de la ferme, et les alentours ça ressemble à quoi ?
- Speaker #0
C'est une petite ferme de 3 hectares et demi, donc il y a... Un grand corps de bâtiment, enfin un corps de bâtiment tout en longueur avec une maison, deux granges, un appenti et des petites annexes, tout d'un seul tenant. Derrière les bâtiments, il y a deux hectares et demi de terrain avec une grande mare. Et de l'autre côté d'une petite route qui se termine en impasse chez mes voisins, il y a un hectare de terrain. Et donc c'est de la prairie avec des belles haies, des grands chênes, quelques frênes. Et après, une haie de sureau, cornouillé, aubépine, prunelier, etc. On est dans un hameau de trois personnes avec 66% d'anglais, puisqu'il y a moi et mes deux voisins anglais qui sont adorables. Mon hameau est collé à un autre hameau. Oui,
- Speaker #1
c'est vraiment proche. Oui,
- Speaker #0
on pourrait croire que c'est un seul. Oui,
- Speaker #1
moi je pensais que c'était un seul.
- Speaker #0
Mais non, nous sommes trois à l'âge du lac. Et donc le hameau d'à côté, il y a 11 personnes, donc oui j'ai des voisins. Ça me plaît bien parce que d'un côté, je peux passer la journée sans voir personne si j'en ai envie. Et de l'autre côté, si j'ai besoin de piquer un marteau ou d'aller faire une partie de rumicube avec ma voisine, je marche une minute et je suis chez elle.
- Speaker #1
Est-ce que tu as une bonne raison ou plusieurs raisons ou motivations pour justement quitter la ville pour la campagne ?
- Speaker #0
Je ne m'y sentais vraiment plus du tout bien. Je pense que heureusement que je me suis mise à faire du vélo en ville. Mais même prendre un métro, ça m'angoissait.
- Speaker #1
Alors que tu es jeune. C'est ça aussi qui m'impressionne. Tu es hyper jeune.
- Speaker #0
Est-ce que c'est un truc de vieux d'être angoissée par un métro ?
- Speaker #1
Non, mais de se dire... Cette migration vers la campagne, c'est pour ça que je trouve mon parcours incroyable. Parce qu'on pourrait imaginer, les idées reçues, les clichés, etc. Qu'effectivement, les gens qui aujourd'hui... Au père à un changement de vie, ils ont tous au-delà de 40 ans. Et ce n'est pas le cas. En fait, ça suscite ma curiosité de savoir, parce que peut-être quand on est jeune comme ça, on a envie d'avoir du mouvement, d'avoir de la vitesse, d'avoir du bruit, d'avoir du son, de découvrir un milliard de choses, etc. Mais certainement,
- Speaker #0
je me trompe. Du coup, il y a plein de réponses qui me sont venues dans la tête pendant que tu parlais. Déjà, je pense que le fait que j'ai grandi en banlieue, dans des villes, J'envie les gens qui ont grandi à la campagne. Moi, j'ai appris à découvrir le nom des arbres à 25 ans. Quand je rencontre des gens qui me racontent leur enfance à la campagne, je les envie énormément. Je pense que ça, ça aide. Je vois pas mal de jeunes qui ont grandi à Limoges ou qui ont grandi pas loin d'ici. Et à 18 ans, ils filent en banlieue parisienne. C'est un pari fou, mais c'est normal. Eux, ils se sont potentiellement super ennuyés à la campagne. Ils ont ce désir. à 18-20 ans de ce que tu dis, de la ville, du bruit, de l'effervescence. Et moi, j'ai envie de connaître ce qu'eux, ils ont connu quand ils étaient petits. Après, moi, j'ai beaucoup découvert, j'ai eu beaucoup d'effervescence par mes voyages. J'ai l'impression d'avoir fait des trucs de fou. Je n'ai pas l'impression de louper des choses en étant ici. À la limite, je pense qu'à un moment dans ma vie, j'aurais envie de repartir, faire un immense voyage à vélo parce que... J'en aurais envie, mais ça, je me l'autorise. D'ailleurs, j'ai réfléchi un peu, tu vois, à me dire peut-être que tous les 10 ou 15 ans, je peux me dire, allez, je laisse les clés de la ferme à une personne pendant un an ou deux et je repars à l'aventure. Donc, il y a ça. L'aventure, moi, je l'ai beaucoup eue il y a quelques années. Et la troisième chose, je pense que c'est juste ma personnalité, même si j'ai l'impression, comme je l'avais dit, d'avoir découvert l'adulte que je devenais entre mes 20 et mes 25 ans. En fait, j'ai découvert que moi, ma passion, c'est jouer au Rummikub en buvant une tisane et en faisant des jeux de société et en papotant. Et que voir un arbre grandir, ça m'émerveille. J'ai l'impression d'être tellement plus utile et tellement plus à ma place ici qu'il n'y a pas beaucoup plus de motivation que juste c'était évident. C'était ma place, c'était là.
- Speaker #1
Et les amis que tu avais dans ton ancienne vie, comment... Comment ils perçoivent ça ?
- Speaker #0
Eh ben, hyper bien. Je pense que les personnes qui le perçoivent... pas bien ou qui trouverait ça bizarre, en fait, on n'est pas forcément trop en contact. Du coup, je crois que je n'ai eu aucun avis étonné ou négatif sur ce que je fais. Zéro.
- Speaker #1
Est-ce que tu as eu des Ah, moi, je ne pourrais pas
- Speaker #0
J'ai eu des Ah, moi, je ne pourrais pas faire ça seule Mais non, j'ai l'impression qu'il y a quand même beaucoup de mes amis qui viennent ici qui déjà sont trop contents de venir. Peut-être un peu moins au début quand la maison était en travaux et qu'il gelait à l'intérieur. Mais j'ai quand même beaucoup de personnes qui, j'ai l'impression, repartent inspirées, repartent motivées. En général, les gens sont trop contents de venir me voir. Moi, je suis trop contente quand ils viennent.
- Speaker #1
Tout à l'heure, tu nous as parlé du limousin. Dans ton rêve, c'était le limousin. D'ailleurs, moi-même, en disant ça, je juge un peu le fait qu'on se dise pourquoi le limousin ? Comme si le limousin, ce n'était pas bien. C'est juste que ce n'est pas bien connu. c'est comme Limoges en fait moi j'ai découvert Limoges en arrivant en Dordogne et je trouve que c'est une jolie ville quand t'es au coeur du centre historique c'est très joli mais il y a une réputation sur la ville qui est pas cool moi
- Speaker #0
j'avais l'inverse pas forcément à propos de Limoges mais moi le limousin ça me faisait rêver mais c'est ce que j'ai dit tout à l'heure chelou mais non franchement t'imagines t'es la première personne qui me dit ça sérieux mais non mais je sais pas moi c'est tout ce dont je fantasmais en vivant à Paris c'est des paysages de bocage des forêts de l'eau du calme mais oui peut-être que j'ai l'impression que tout le monde a cette image du limousin alors que c'est que moi mais non moi c'était c'était le paradis pour moi alors que je n'y avais jamais été en plus ouais Mais du coup, j'y suis quand même allée. Et justement, cet été de retour de mon grand voyage, donc l'été 2020, ma sœur vivait à ce moment-là en Angoulême. Et du coup, on a fait un voyage à vélo toutes les deux, de Angoulême jusqu'en Auvergne. Et du coup, on a traversé le sud de la Haute-Vienne et le nord de la Corrèze. Du coup, ça a juste confirmé mon intuition de tout ce que j'avais en tête du limousin. C'est tous les paysages que j'ai traversés. Et j'étais là, bah... Oui, j'ai envie d'y vivre. C'était trop bien. On regardait toutes les fermes, je regardais toutes les prairies. Je me disais, si je pouvais avoir ma petite ferme là, planter mes arbres ici, rénover cette petite maison là. C'était un rêve pour moi.
- Speaker #1
Et alors, comment tu l'as trouvée, toi, ta ferme ?
- Speaker #0
C'était assez rapide. Quand j'ai commencé à chercher, je ne savais pas si j'allais mettre deux mois ou cinq ans. Parce qu'il y a vraiment des... Du coup, à ce moment-là, j'écoutais quand même beaucoup de podcasts d'installation ou de reportages sur des installations. Et tant en... souvent des gens qui mettent des années avant de trouver. Je n'avais vraiment aucune idée. Et donc, ça faisait un moment que j'avais des alertes sur le bon coin, sur les agences immobilières, de fermes. Mais en fait, tant que tu n'y passes pas 24 heures pendant des mois, tu ne trouveras pas. Il y a un moment où je m'étais quand même motivée à vraiment... Aussi, je commençais à avoir parce que l'achat de la ferme dépendait énormément du salaire que je... que je mettais de côté quand je travaillais à Paris, au retour de mon voyage. Et donc forcément, au début, c'était plus un rêve de quelle ferme je pourrais acheter dans un an. Et puis au bout d'un moment, je commençais à avoir les sous sur mon compte et du coup, je pouvais commencer à plus sérieusement regarder des fermes et éventuellement aller visiter. On a fait un premier week-end dans le limousin avec mon frère et ma mère à l'été 2022. On a visité une ferme sur le Boncoin et on a rencontré deux paysans qui avaient mis une annonce sur Terre de Liens. Avec Terre de Liens. Parce qu'à cette époque, comme je me disais, si ça se trouve, je vais mettre trois ans avant de trouver ma ferme. Moi, je n'ai pas envie de déménager dans le limousin dans trois ans. J'ai envie de déménager dans le limousin dans un an. Du coup, je m'étais dit, si jamais je ne trouve pas ma ferme que je pourrais acheter tout de suite, pourquoi pas me faire prêter du terrain par un paysan via Terre de Liens pour déjà m'installer dans la région et pouvoir plus facilement visiter des fermes plus tard pour moi. Et ça, en vrai, c'est le meilleur move.
- Speaker #1
Tu aurais pu vivre dans un habitat allégé ?
- Speaker #0
Tu veux dire sur les fermes que j'ai visitées via Terre de l'Homme ?
- Speaker #1
Oui, est-ce que tu n'aurais pas pu avoir une caravane ?
- Speaker #0
En l'occurrence, les deux paysans que j'ai rencontrés, c'était des projets un peu similaires. Il y en avait un, il était retraité. Les deux, ils avaient une centaine d'hectares. Il y en avait un, il était retraité. Et l'autre, il avait une quarantaine d'années. Le retraité, il avait besoin d'un coup de main de temps en temps. Genre, je ne sais pas, trois fois par an, il avait besoin d'être deux pour faire la récolte de je ne sais plus quoi. Et du coup, il voulait avoir une personne sur place pour l'aider. Et le gars de 40 ans, il se trouvait un peu seul sur ses 100 hectares. Et il avait eu cette envie de plus de collectif. Et donc ces deux personnes-là, qui étaient sur des fermes différentes, avaient tous les deux de 1 à 4 hectares à mettre à disposition gratuitement, plus une petite grange avec une petite partie habitation, pareil, à mettre à disposition gratuitement. Donc tu pouvais vraiment te lancer dans un projet, tu ne serais jamais chez toi. Donc pour moi, ça pourrait convenir à certaines personnes, pour moi ça aurait été plus du coup un projet tremplin, de quelques années là-bas, le temps de trouver ma ferme. ou de voir si ça te plaît ouais aussi et du coup j'avais quand même rendu visite à ces deux personnes j'avais visité une première ferme au final j'avais donné suite pour rien un mois plus tard là je passais mon temps sur mon téléphone à checker les nouvelles annonces je pense que je regardais les annonces sur je sais pas 10 sites différents 3 à 4 fois par jour je voyais les annonces vraiment quelques heures après qu'elles aient été publiées Et là, j'ai réussi à trouver une dizaine de fermes. Et comme je n'ai aucune attache familiale, ni de rien, ni pas d'enfant, dans le limousin, ça pouvait être vraiment à peu près partout.
- Speaker #1
Tu avais toutes les possibilités.
- Speaker #0
Voilà. À un moment, par hasard, j'ai trouvé une dizaine de fermes. C'était Nord-Creuse, Nord-Haute-Vienne, Sud-Indre. Avec ma mère, on est descendus pendant deux jours. On a fait les dix visites. La ferme que j'ai achetée faisait partie des dix visites.
- Speaker #1
Et alors, pourquoi celle-là ?
- Speaker #0
Eh bien, c'est vraiment la seule qui avait pratiquement tous les critères. Le seul critère qu'elle n'avait pas, c'est qu'il y a des parties du limousin qui sont encore plus enforestées, encore plus sauvages. Mais sinon, elle avait entre 2 et 4 hectares de terrain, donc en l'occurrence 3,5 hectares. Elle avait des bâtiments en bon état, avec la bonne surface, avec du potentiel. Elle avait un accès à l'eau, même plusieurs accès à l'eau. Des terrains d'un seul tenant, un cadre mignon, une impasse, il y avait tous les critères.
- Speaker #1
Et que l'esprit moins sauvage se pourrait.
- Speaker #0
Et le prix aussi qui était un peu plus élevé que prévu.
- Speaker #1
Ah oui ?
- Speaker #0
Oui, les autres fermes que j'avais visitées, il y avait souvent un seul hectare de terrain, il y avait souvent un puits qui peut-être donne de l'eau mais on ne sait pas parce qu'il est cassé. où il y avait des terrains ultra morcelés, ou alors une maison inhabitée depuis 40 ans, où là, tu as vraiment des énormes travaux à faire, ou une grande route qui passe devant la ferme. Ici, il y avait tout. Surtout quand on a fait la visite, qu'on est passé, qu'on a fait le tour de la mare, il y avait un super soleil, il y avait tous les arbres. J'étais trop bien. Je me suis sentie chez moi.
- Speaker #1
La ferme, elle s'appelle la ferme des Sœurs. J'ai bien envie que tu nous expliques... Pourquoi tu as appelé cet endroit la ferme des sœurs ? Parce que déjà, je trouve ça trop mignon. Mignon, pourquoi ?
- Speaker #0
Eh bien, ça s'est passé à la signature du compromis de vente. On était à la table à laquelle nous sommes assises maintenant, mais dans une pièce beaucoup plus petite, parce que là, j'ai un peu cassé des murs, mais c'était une cuisine pas immense. Et à cette table, on était, je crois, neuf personnes. Donc, il y avait cinq sœurs, puisqu'en fait, la... La maison, je l'ai achetée à une dame qui avait cinq filles. Et donc cette dame était en EHPAD quand j'ai acheté la maison. Du coup, je ne l'ai jamais rencontrée, mais j'ai rencontré les cinq sœurs de 50 à 75 ans, avec une énergie de dingue qui papote énormément. Enfin, très, très vivant, quoi. Très, très chouette. Donc les cinq sœurs, il y avait moi, il y avait ma sœur qui était venue à l'occasion, puisque je lui fais énormément... confiance et son avis compte beaucoup. Ça me rassurait énormément qu'elle soit là parce que acheter une ferme, c'était quand même fou. Il y avait aussi une copine à nous, Clotilde, qui est une femme incroyable, 60 ans, elle a rénové trois maisons dans sa vie. C'était mon expertise bâtiment. Je l'ai fait venir pour me dire, dis-moi si la charpente, c'est OK, dis-moi ce que tu penses des couvertures. Pareil, trop rassurée qu'elle soit là. On était toutes ces filles autour de la table. Au milieu, il y avait l'agent immobilier avec sa petite chemise tout coincée et qui ne savait pas en placer une. J'adorais cette énergie. Mais le moment était trop beau. Et puis c'était fort, c'était important comme étape dans ma vie, de signer pour un compromis de vente pour une ferme, c'était fou. Le lendemain, je suis rentrée à Paris, je devais aller au travail, j'étais sur mon vélo, et là j'y ai repensé, je me suis dit, la ferme des sœurs.
- Speaker #1
J'essaye de réfléchir, je visualise toute cette histoire. Puis en plus, j'y suis, c'est trop bien, j'ai l'impression d'être Christophe Ondelat, d'en fait entrer l'accusé. Maintenant, si on passe à la partie professionnelle, est-ce que... Alors tu vas vulgariser, s'il te plaît, parce qu'elle a plein de mots hyper scientifiques et tout et tout. Parle-nous de cette partie professionnelle. À quel moment aussi elle est arrivée, cette partie professionnelle ? Parce que tout à l'heure, quand tu m'as fait visiter, tu m'as sorti un puits de sciences, de savoirs. Je me suis dit, mais comment elle fait ? Bon, elle est jeune, donc elle retient mieux que moi. Mais quand même, tout ça, cette culture que tu as par rapport à ta profession aujourd'hui, elle est arrivée quand ? Et à quel moment aussi tu t'es dit, boum, ce sera mon job ? C'est parti.
- Speaker #0
Pendant mon voyage à vélo, j'étais partie faire ce voyage en me disant qu'il fallait que je revienne en ayant trouvé c'était quoi mon métier. Donc il y avait quand même cet objectif. J'ai découvert les podcasts en voyageant à vélo, parce que quand tu te fais 8 heures de vélo seule, t'as envie d'écouter un truc, moi c'était le cas.
- Speaker #1
C'est vrai que j'envoie tous les podcasts à des voyageurs à vélo.
- Speaker #0
Ouais. J'ai beaucoup écouté de podcasts sur le féminisme, mais aussi sur la paysannerie. J'avais déjà, avant de partir, entendu parler de permaculture, mais surtout de jardin-forêt. Je savais déjà que ça me parlait, cette histoire de planter des arbres, de planter des forêts, en gros jardin-forêt. L'idée, c'est, surtout si tu pars d'une prairie, c'est d'accompagner la succession naturelle de cette prairie vers la forêt, puisque si tu as une forêt et que tu n'y fais rien, Il y a une friche qui va s'installer et puis il y a une forêt qui va pousser. Donc l'idée c'est, au lieu d'être en lutte contre une parcelle de terrain, de l'accompagner mais d'y introduire des essences qui toi t'intéressent, soit pour une production fruitière, une production comestible, ou alors une production pour l'artisanat, pour un projet pédagogique. la partie jardin forêt, j'en avais déjà entendu parler avant de partir, j'ai beaucoup écouté de podcasts dessus en voyageant le podcast de l'école d'agroécologie voyageuse qui est présenté par Opaline ça c'est super, il y a des présentations de fermes géniales mais sinon une référence sur les jardins forêts en France c'est Fabrice Desjours qui a planté un jardin forêt il y a bientôt 15 ans en Bourgogne sur 2 hectares et demi et il a écrit un livre qui est très bien aux éditions de Terran et moi je suis allée me former chez lui. Donc ouais, sur les jardins-forêts il y a une bibliographie assez intéressante il y a aussi à la collection Résilience chez Ulmer, il y a un petit livre du Bec et Loin sur la création des mini-forêts-jardins et après je crois que c'est en Angleterre c'est Martine Crawford qui a aussi écrit un livre sur les forêts-jardins qui est pas mal d'ailleurs on veut plus de femmes qui écrivent des livres sur la permaculture et l'agroforesterie
- Speaker #1
C'est beaucoup des hommes ?
- Speaker #0
Oui. Alors, il y a Geneviève Michon qui a écrit pas mal de livres très intéressants sur l'agroforesterie dans le monde. Je crois que son livre, c'est Agriculture à l'ombre des forêts, des arbres Agriculture à l'ombre des arbres à vérifier. Elle a fait la préface du livre de Fabrice Desjours. Mais oui, de manière générale, on veut plus de femmes qui écrivent sur la permaculture, sur la paysannerie.
- Speaker #1
Moi, je te propose que tu commences à écrire dès demain.
- Speaker #0
Allez. C'est parti,
- Speaker #1
prochain projet.
- Speaker #0
J'ai pas assez de choses à faire.
- Speaker #1
Alors donc tu commences à prendre connaissance de ce type de projet.
- Speaker #0
Mais pourtant, à la fin de mon voyage et pendant ces deux mois, un peu de décantation du projet, je suis plutôt partie en tête avec l'idée de faire des plantes médicinales. Donc pendant longtemps, mon projet ça a été de faire...
- Speaker #1
PAM.
- Speaker #0
Ouais, P-P-A-M, de la tisane, des baumes, voilà, un peu transformation très variée. et à côté de planter un jardin forêt. Pendant très longtemps, mon projet de jardin forêt, il était quand même un peu à côté. C'était vraiment un projet qui était scindé en deux. Et j'ai mis vraiment du temps avant de relier les deux. D'ailleurs, je crois que c'est Fabrice Desjours, pendant la formation, qui m'a aidée à ne faire plus qu'un. On faisait pas mal de design. On avait du coup nos...
- Speaker #1
Tu veux dire à rejoindre les deux ?
- Speaker #0
Oui, à dire arrête de penser, arrête de mettre des arbres d'un côté et du romarin en plein soleil de l'autre côté. Si tu veux faire des plantes médicinales, pourquoi tu ne ferais pas des plantes médicinales dans ton jardin forêt ? Ça, ça m'a trop aidée. Je me suis dit, mais oui, je suis bête, j'arrête pas de... Ma passion, c'est les arbres, mais je veux cultiver quand même en herboristerie. Bon, il y a aussi... On utilise aussi les arbres. Il y a aussi des plantes comme la consoute, qui sont des plantes qui adorent l'ombre. Mais il y a quand même une grosse partie des plantes en herboristerie traditionnelle. qui sont des plantes de plein soleil, des plantes émergentes. Les soucis, le romarin, la lavande, tout ça, c'est très peu forestier. Et moi, ma passion, c'est les forêts. Un peu étonnant.
- Speaker #1
Pourquoi c'est ta passion, les forêts ?
- Speaker #0
Je ne sais pas. C'est comme le limousin,
- Speaker #1
ça ne s'explique pas.
- Speaker #0
C'est pareil, rien ne s'explique. Ça s'est fait petit à petit. Si je pense qu'au bout d'un moment, ça m'a parlé de planter des paysages plus durables. En fait... Le potager, au début, c'est un peu la porte d'entrée vers découvrir comment fonctionne le vivant. Mais très vite, je me dis quel est l'intérêt de passer une saison à faire du potager si tu dois repartir à zéro l'année prochaine. Alors que quand tu plantes un arbre, tu le plantes pour 50, 100 ans. Après ta mort, j'aime bien l'idée de travailler après toi.
- Speaker #1
Du long terme.
- Speaker #0
Des paysages pérennes, des paysages qui existent encore, même si toi, tu meurs. Ça, ça me parle. Et donc petit à petit, je me suis dit arrête de focaliser sur les tisanes. Et en fait, sur une autre formation, chez Mélilotus en Corrèze, une super ferme en production de plantes médicinales, j'ai découvert la gémothérapie. Donc gémothérapie, c'est des extraits de bourgeons. Tu cueilles les bourgeons à la sortie de l'hiver. Quand ils gonflent, ils gonflent, ils gonflent. Et juste avant qu'ils explosent, tu les cueilles à ce moment-là.
- Speaker #1
Et tu prends l'extrait, c'est ça ?
- Speaker #0
Ouais, en gros, tu les fais macérer dans un mélange d'eau, d'alcool. Et traditionnellement de glycérine, mais il y a beaucoup de producteuristes qui vont remplacer la glycérine par du miel pour pouvoir travailler avec les ingrédients les plus locaux possibles, voire même produits sur la ferme.
- Speaker #1
Toi tu mets ça ?
- Speaker #0
Bien sûr. Pour l'instant, j'achète le miel à un producteur de miel qui a un tout petit rucher à côté de ses plantes médicinales, à une vingtaine de kilomètres de chez moi. D'accord. Et à terme, si j'y arrive, c'est d'avoir un petit rucher sur la ferme et d'avoir le miel. produit sur la ferme pour la gémothérapie. Eau, alcool et miel. Tu mets les bourgeons à matérer dedans.
- Speaker #1
Eau, alcool, miel, d'accord. Tu mets les bourgeons.
- Speaker #0
Après, tu laisses macérer pendant 3 semaines jusqu'à 40 jours. Et tous les jours, tu prends ton bocal et tu viens le dynamiser. Du coup, dynamiser un bocal, c'est lui...
- Speaker #1
Le secouer.
- Speaker #0
Oui, le secouer en lui apportant un mouvement.
- Speaker #1
En faisant des 8.
- Speaker #0
Oui, en faisant des 8.
- Speaker #1
Pas le PD8 avec ses bras, là.
- Speaker #0
En gros, l'idée, c'est de... que pendant tout le moment de la macération, tes solvants continuent d'extraire toute l'information qu'il y a dans le bourgeon. Tu vois, ton macérat de bourgeon, c'est un truc vivant. Tu ne veux pas le laisser stagner pendant trois semaines, un mois.
- Speaker #1
C'est comme si tu le faisais libre.
- Speaker #0
Tu l'actives. Exactement. Du coup, tu fais ça pendant trois semaines à 40 jours. Après, tu viens... C'est beaucoup quand même. Oui. Quand tu as une quarantaine de bocaux qui pèsent chacun un kilo, tu le sens dans les bras.
- Speaker #1
C'est ça les muscles.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Il ne faut pas que... Oui. et après tu viens filtrer ton macérat, donc tu récupères juste le solvant qui a capté toutes les molécules du bourgeon en fait le plus liquide va partir toi tu vas garder la matière la plus la galette de bourgeon la galette ?
- Speaker #1
quand tu la presses on dirait un petit steak après t'as des trucs comme ça à me montrer ou pas ?
- Speaker #0
est-ce que j'ai pris des photos ? tu montreras plus tard mais en gros nous on garde le liquide la galette de bourgeon, tu la compostes après. Puisque toute l'information du bourgeon a été extraite par tes trois solvants dans le liquide. C'est pour ça qu'on utilise trois solvants. C'est comme si tu fais une tisane ou une alcoolature, tu ne vas pas extraire les mêmes molécules parce que l'eau chaude ne va pas capter la même chose que l'alcool. Là, du coup, on a ces trois solvants parce que chaque solvant va capter des molécules différentes du bourgeon. Là,
- Speaker #1
en fait, c'est que tu enlèves le solide et tu gardes le liquide. D'accord.
- Speaker #0
Ce que tu mets dans les flacons, c'est l'extrait de bourgeon. On dit aussi macérat mère de bourgeon. Et après, tu le mets dans des petits flacons de 30 millilitres avec un compte-gouttes, un peu comme les huiles essentielles. Et après, ça se prend sous forme de cure de trois semaines. Tu mets 15 gouttes dans un verre d'eau le matin. Et ça soigne une très grande diversité de choses. Mais surtout, moi, ce qui m'appelle dans la gémothérapie, c'est que je travaille avec les arbres. Et en fait, j'ai enfin pu me libérer de cette... dualité entre d'un côté mes plantes médicinales de plein soleil et de l'autre côté ma forêt. Je fais mes produits de soins dans ma forêt puisque je travaille que avec les arbres. Voilà, ça fait le pont. Donc je produis de la gémothérapie, donc des extraits de bourgeons, ça c'est ma production. C'est la première année que je produis. Je commence à vendre. Vous pouvez aller voir sur lafermedesseur.fr et vous pouvez désormais acheter les flacons de gémothérapie, donc les extraits de bourgeons sur internet. Donc soit je vous les envoie, soit sinon vous pouvez passer à la ferme les récupérer, donc ça c'est mon activité de production cette année et sinon sur 2 hectares et demi, donc je plante un jardin forêt, à visée nourricière et pédagogique, donc pour accueillir plein d'événements, c'est Géalca à la ferme, on fait des fêtes des plantes, on fait des chantiers de plantation collective vous êtes le dévannerie, j'apprends aux gens à greffer, on fait plein de choses, l'idée c'est de faire vivre le lieu, et sur l'hectare enfin sur la parcelle d'en face je développe de l'agroforesterie syntropique, donc c'est une technique d'agroforesterie... qui travaille sur trois piliers. La construction des plantations dans l'espace, on travaille avec des strates pour que toutes les strates de végétaux soient remplies. Ensuite, on travaille avec la succession dans le temps. Quand on plante une ligne en agroforesterie syntropique, on plante tout ce qui va exister dans le système de la première année à dans 300 ans. Oui, je vais planter mes cassis et mes abricotiers pour avoir une production de fruits, mais je vais aussi semer mes noyés et mes chênes. pour qu'une fois que mes productions fruitières sont arrivées au bout de leur vie, qu'il y ait aussi une forêt qui lui succède. Et le troisième pilier de la centropie, c'est la... La perturbation, c'est imiter la dynamique de fonctionnement du vivant. Et en gros, 70 à 80% de ce que je plante, quand je fais une plantation en agriculture syntropique, c'est des plantes qui sont destinées à être taillées très fréquemment. Donc on choisit des plantes que plus on taille, plus elles poussent, plus on taille, plus elles poussent. Et quand on vient faire une perturbation en agriculture syntropique, on essaye de faire ça la veille d'un jour où il pleut. Du coup, on vient tailler à ras.
- Speaker #1
C'est pour ça que tu as choisi le limousin ?
- Speaker #0
Moi, je n'avais pas encore découvert la Saint-Tropez à ce moment-là. Mais en gros, on taille d'un coup, comme si on était un gros troupeau de vaches qui venaient brouter notre parcelle pour faire une perturbation. On veut en gros faire un petit choc au système pour le lancer dans une nouvelle dynamique de création de vivants. On vient tailler à ras tout ce qui adore être taillé. On apporte énormément de matière au sol, puisque tout ce qu'on taille, on le met dans le tas.
- Speaker #1
Tout le reste par terre.
- Speaker #0
On a une grande entrée de lumière sur le système, puisque tout d'un coup, on a tout ouvert. Le lendemain... il pleut, gros apport d'eau et toutes les plantes qui ont été taillées elles vont émettre une hormone qui s'appelle la gibéryline qui donne l'information à la plante qu'il faut qu'elle repousse vite parce qu'elle vient de se faire couper la tête et comme elle est sympa et qu'on en a taillé énormément, elle va aussi filer l'information qu'il faut que ça pousse aux copines à côté. Même si on n'a pas taillé notre pommier à ras parce que nous on veut des pommes et bien lui aussi il va avoir ce petit boom de croissance qu'on appelle le saut du chat en agriculture syntropique.
- Speaker #1
Je pense que tu peux écrire un livre.
- Speaker #0
Il y a déjà un super livre d'Anna El-Theri qui est édité chez Terre Vivante et qui s'appelle Bienvenue en Syntropie, si vous voulez un peu comprendre, débroussailler cette forme d'agriculture hyper passionnante, je vous le recommande.
- Speaker #1
Est-ce qu'il faut être vraiment, déjà, c'est un peu con cette question que je vais te poser, mais est-ce que c'est complexe à lire ce genre d'ouvrage pour quelqu'un qui n'y connaît pas grand-chose ? Est-ce que ça peut être dur à lire, tu vois ? Ou est-ce qu'il ne vaut mieux pas venir te voir et tu fais des ateliers ?
- Speaker #0
Alors déjà, vous pouvez venir en woofing à la ferme. Si vous voulez vraiment apprendre à travailler en syntropie, le mieux, c'est quand même d'aller dans des fermes qui font de la syntropie. Moi, je suis allée me former dans deux fermes géniales. La ferme des Mahouagites, dans le Gers, où j'ai fait ma première formation en agriculture syntropique. Et après, je suis allée me former chez Anna El-Theri, l'autrice du livre dont j'ai parlé, en Dordogne. Et donc ça, c'est vraiment la clé pour faire un bond énorme en compréhension. Mais peu importe le sujet, en fait. Ma formation chez Fabrice Desjours sur les jardins forêts, mes deux formations en agriculture syntropique, mes formations en gémothérapie et en production de plantes médicinales, c'est vraiment le fait de passer cinq jours sur une ferme. Oui,
- Speaker #1
au cœur de l'action.
- Speaker #0
C'est ça qui nous fait progresser de fou. Donc c'est pas mal de lire en amont, de regarder quelques vidéos en amont pour essayer d'avoir... D'avoir des mots-clés, par exemple. Rien que le fait d'arriver dans une ferme avec le vocabulaire, ça aide. Mais après, il faut aller vivre les choses. Donc, il faut faire du woofing, il faut aller se former. Ça, c'est génial.
- Speaker #1
Il y a un truc qui est important à préciser. Donc, tout ça, et je sais que c'est important pour toi, toute seule. Toute seule.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
tout ça toute seule.
- Speaker #0
Oui. En fait, quand j'étais prête à me lancer, c'est-à-dire quand j'avais la motivation, l'énergie, l'envie et les sous, En fait, j'étais la seule personne autour de moi qui avait ce projet-là.
- Speaker #1
Est-ce que tu aurais pu le faire en collectif ?
- Speaker #0
Si j'avais, à ce moment-là, été portée par une envie de collectif avec des copines, oui, je l'aurais fait en collectif, je pense. Mais en fait, c'est un peu le hasard qui a fait que j'avais envie de le faire. J'étais prête et je n'avais pas besoin d'être accompagnée d'une autre personne pour me lancer. Donc, je l'ai fait. Au final, je pense que c'était plutôt une bonne décision parce que ça correspond aussi pas mal à mon tempérament. Je suis franchement fière. d'avoir fait ça seule j'ai pas fait ça 100% seule il y a énormément de copines et de copains qui sont venus m'aider donc il y a et en vrai je suis trop contente de voir tel mur de la maison et de me dire ça je l'ai fait avec Jeanne telle construction de me dire que ça on l'a construit avec Flore ça c'est génial, j'adore ça mais je suis aussi super fière de pas avoir eu peur et de m'être lancée et ça veut pas dire que j'ai pas paniqué plein de moments qu'il y a pas plein de moments où je me suis dit je n'y arriverai jamais si, j'ai paniqué plein de fois mais je suis encore plus fière de l'avoir fait et d'avoir surmonté toutes les petites peurs qui étaient sur mon passage Et ouais, si on pense qu'on peut se lancer seule, il faut le faire, peu importe son genre, peu importe son âge, peu importe son passé. Genre moi, je suis arrivée ici, je n'avais jamais utilisé de perceuse. Comme on dit, j'ai fait une dalle à la chaux toute seule. Maintenant, je vais me mettre à apprendre l'électricité. J'ai eu un aperçu de comment...
- Speaker #1
Ça, c'est la partie auto-construction ?
- Speaker #0
Ouais. La partie agricole, j'avais moins peur parce que j'avais quand même beaucoup travaillé avant. En woofing, en formation, beaucoup de lectures, beaucoup de premières expérimentations. Du coup, j'avais assez confiance en moi sur la partie agricole.
- Speaker #1
C'est plutôt la partie bâtiment.
- Speaker #0
Oui, ça pour le coup, ce n'était même pas prévu que je rénove une maison. Et puis la partie administrative, ça c'était aussi une grosse découverte. Et ça, ça a suscité beaucoup de stress et de panique et d'anxiété chez moi. Mais voilà, maintenant, j'ai plus. plus peur quand je fais ma TVA. À chaque fois, c'est une nouvelle étape de gagner. Se lancer seule, c'est possible. Si on en a envie, si ça correspond à notre personnalité, il faut le faire. Il ne faut pas avoir peur si on peut ne pas avoir peur.
- Speaker #1
À certaines, j'ai posé la question, est-ce qu'il y avait un bon moment, selon elles, pour changer de territoire, changer de vie, changer de métier, changer de mode de vie ?
- Speaker #0
Non, je pense qu'on le sait. Moi, c'est sûr que ça a été... particulièrement facile parce qu'au-delà du fait d'être prête et d'en avoir très envie, j'avais pas d'enfants, j'étais pas en couple, j'avais pas d'endettement. Enfin, franchement, tous les feux étaient au vert pour me lancer. Donc, moi, je suis peut-être particulièrement privilégiée. Et c'est peut-être des décisions qui sont beaucoup plus dures à prendre pour d'autres personnes.
- Speaker #1
Quand il y a une famille tout autour,
- Speaker #0
tu sais. Ouais, plein de choses qui peuvent être des freins. Mais non, je pense que si on le sent et que surtout si on sent qu'on n'est pas à sa place... Il ne faut pas y rester quoi. Si on peut, si on a le privilège de ne pas y rester. Mais bon, c'est un point de vue de personnes très privilégiées, évidemment.
- Speaker #1
Je me suis noté comment ton nouveau mode de vie, comment ça influence ton quotidien. Qu'est-ce qui a changé ? Est-ce que tu as des choses concrètes ?
- Speaker #0
Il y a la différence toute simple d'être chef d'entreprise versus être salarié. Oui, déjà. J'ai créé mon entreprise en septembre. Donc il y a 9 mois, là c'est ma première année de production, donc j'ai pas encore trouvé ce bon équilibre entre à quel moment je travaille, à quel moment je ne travaille pas, et ça c'est évident qu'il va falloir que je le fasse rapidement ou à un moment donné. Ça, ça change beaucoup, du coup ça entraîne pas mal de culpabilité, tu vois, de je ne travaille pas aujourd'hui. En fait j'ai du mal à me dire... Aujourd'hui, voire aujourd'hui et demain,
- Speaker #1
je ne travaille pas.
- Speaker #0
Mais surtout parce qu'en fait, ce que j'ai tendance à faire, c'est me réveiller. Je sens que ça va être une petite journée, mais j'y vais quand même. Je travaille mal une journée alors que j'aurais pu me dire, aujourd'hui, c'est un jour off et même encore mieux, le prévoir dans le calendrier pour que deux jours plus tôt, je puisse me dire dans deux jours, je me repose. Parce qu'en fait, c'est vraiment ça qui repose, c'est de voir le jour de repos venir. et du coup ça c'est dur en tout cas c'est dur pour moi Organiser,
- Speaker #1
structurer, être en libre et être en...
- Speaker #0
En fait actuellement mon organisation c'est je travaille tous les jours jusqu'au jour où je ne travaille pas mais il y a beaucoup de fois où le jour où je ne travaille pas en fait j'essaye quand même de travailler et je travaille mal et du coup c'est un mauvais jour de repos Ouais ou alors ces jours là tu profites pas Ouais tu culpabilises de ne pas être dehors ou de faire les choses à moitié de lire un bouquin alors que je vois bien que le peu de fois où je me suis autoriser des journées de repos, c'est souvent parce que j'avais prévu des choses, comme il y a cette brocante, trop bien, elle est à 15 km, du coup si la brocante est à 15 km, je vais m'organiser, quitte à aller là-bas à vélo, je vais aller voir le marché,
- Speaker #1
ou je vais manger... Tu as optimisé tout ton truc là.
- Speaker #0
Et en fait là j'adore, parce que je sais que c'est la veille, déjà je me dis demain, petit jour de repos, on va faire la petite brocante, on va faire le marché, je suis trop bien. Je sais que c'est un truc sur lequel il faut vraiment que je travaille, et que ça me rend heureuse en plus d'ajouter un rythme dans ma vie.
- Speaker #1
J'en profite. Il y avait un truc qui était important pour toi, qu'on devait évoquer ensemble aujourd'hui. Parce que c'est vrai que bien souvent, quand on parle de vivre à la campagne, de ruralité, on parle des difficultés de mobilité. Et la plupart ont le permis, ou des voitures, etc. Mais souvent, il y a plusieurs voitures. En tout cas, la mobilité, c'est un sujet. Et toi, tu avais envie de prendre la parole là-dessus, parce que tu es sur un autre modèle. Tu peux nous expliquer ? Enfin, on a un petit peu compris, mais vas-y.
- Speaker #0
Ça fait partie du projet depuis le début. C'est de m'installer... Ah, c'est une volonté ! Ah oui, 100%. C'est de m'installer à la campagne sans voiture et à vélo. Et du coup, de tout faire à vélo. Mon retour d'expérience, c'est que ça marche. Et que si vous avez un projet d'installation à la campagne, et que vous vous dites que ça rime forcément avec le fait, parfois même, d'acheter une voiture, parce que si on est sur un projet néo-rural d'une personne qui habite en ville sans voiture, il y a souvent ce réflexe de se dire... Et même souvent, parfois, les gens ne sont pas forcément très heureux de faire ce choix. De se dire, je vais m'installer à la campagne, génial, mais du coup,
- Speaker #1
il faut que je le fasse.
- Speaker #0
Et bien en fait, c'est possible. En tout cas, pour moi, ça l'a été et je suis super heureuse de ce choix. Évidemment que tous les projets vont être différents, que ça va dépendre de votre contexte familial, de votre territoire, de votre motivation, votre plaisir à vous déplacer. On parle du vélo, mais ça peut être autre chose. Mais pareil, même pour des familles, tu vois, qui se diraient trop bien cette paysanne qui fait son truc à vélo. Mais nous, on a des enfants, c'est non. En fait, ça vaut le coup d'y réfléchir. Moi, pendant que j'ai voyagé à vélo, j'ai rencontré des familles avec des enfants qui avaient 6 mois, des enfants qui avaient 5 ans, des adolescents. J'ai rencontré des personnes qui avaient 70 ans, qui faisaient du vélo à l'autre bout de la planète sur un tandem. En fait, des récits de mobilité différentes. Il y en a plein et c'est important de les écrire. Et peut-être que... que dans... Je parle à une personne. Peut-être que dans votre cas, vous aurez besoin d'une voiture. Mais se poser la question et étudier le projet sans voiture, ça peut être hyper intéressant. Il y a aussi un autre truc à prendre en compte.
- Speaker #1
Tu ne voulais pas que ce soit un frein à l'installation ? À la campagne ?
- Speaker #0
Oui, en fait, je voulais juste dire que ça vaut le coup de se poser la question, est-ce que je peux le faire sans voiture ? Il y a un autre élément que moi, je n'avais pas trop anticipé, c'est que tout le monde dans le coin a des voitures individuelles, ou énormément de personnes, même souvent plusieurs voitures par foyer. Et en fait, il y a aussi des personnes qui se rendent compte qu'elles n'ont pas trop envie de faire 15 km de voiture pour aller au cinéma dans une voiture avec une seule personne. Donc, soit elles ne le font pas, c'est possible du coup de s'organiser pour remplir une voiture, pour aller au cinéma, parce que c'est aussi important d'avoir accès à la culture en milieu rural. Soit elles le font quand même, mais du coup, elles auront trop envie de covoiturer et d'avoir une personne en plus dans la voiture. Et du coup, depuis que je suis arrivée, plein de fois, j'ai covoituré pour aller à tel événement à 35 kilomètres de chez moi, pour aller à une sortie ciné, on s'envoie un petit message. Qui veut aller à cette projection ?
- Speaker #1
Je vais te demander justement comment t'es arrivée à trouver les contacts.
- Speaker #0
Ça, c'est pas évident. C'est vrai. En fait, je crois que ce qui m'aide le plus, c'est l'association que j'ai rejoint depuis septembre. C'est une association locale qui travaille à la protection des forêts locales. Et en fait, là, ça m'a permis d'avoir un petit noyau d'une quinzaine de personnes avec des valeurs similaires, plus un noyau plus grand d'une centaine de personnes adhérentes à l'association. Et du coup, on discute sur Slack, en gros, sur un réseau de communication. Et en fait, c'est vraiment ça. Tu as un petit canal, je cherche, je donne. Moi, j'ai dit, je dois faire trois allers-retours à la déchetterie pour vider ma grange. Est-ce qu'une personne avec un véhicule pourrait venir m'aider ? En contrepartie, je peux filer un coup de main sur un truc, vous rémunérez l'essence, j'ai proposé ce truc. Et du coup, là, il y a deux maraîchers qui sont venus m'aider à vider la grange. On a fait trois allers-retours à la déchetterie, ça a pris une matinée. Et dans quelques semaines, je vais aller les aider plusieurs jours à faire une récolte où ils ont besoin de main-d'œuvre. Et du coup, on fait un troc comme ça. Il y a une personne qui va dire, je vais à l'arborétum qui est à 35 km la semaine prochaine. J'ai trois places dans ma voiture, qui veut venir.
- Speaker #1
C'est bien aussi dans ce sens-là de pouvoir ouvrir.
- Speaker #0
Moi, je repère un événement, je dis, ça a l'air trop cool, qui y va ? Et puis après, soit les personnes, elles passent par chez moi, soit moi, je fais 10 km de vélo pour les rejoindre. Après, on en fait 50 ensemble. En fait, le covoiturage, c'est aussi une super option que je n'avais pas forcément anticipée et qui marche bien.
- Speaker #1
D'accord. Oui. Ok. À quoi tu ne renoncerais plus aujourd'hui en vivant en limousin ?
- Speaker #0
Eh ben, je pense que je serais très malheureuse si je ne plantais pas d'arbres et que je ne les regardais pas pousser. Ça m'en rend tellement heureuse. Si je n'avais pas un petit bout de terrain pour voir des arbres pousser, ça me rendrait trop triste. D'accord.
- Speaker #1
La nature, elle joue un énorme rôle dans ta nouvelle vie.
- Speaker #0
Le vivant est très important.
- Speaker #1
Ta décision de changement de vie, avec le recul ?
- Speaker #0
Je suis contente d'être parvenue jusqu'ici, bien que le point de départ ait été à l'opposé. Parfois, je suis un peu triste de ne pas avoir reçu une éducation beaucoup plus tournée vers le travail manuel, l'artisanat, la valorisation des connaissances liées au vivant. Parfois, ça me rend triste d'avoir passé. Tant d'années sur une chaise, dans un bâtiment fermé, à étudier peut-être certaines choses qui me servent, mais de manière mal enseignée. Parfois, ça me rend triste de me dire que je n'ai pas grandi en connaissant le nom des arbres, en apprenant à reconnaître les oiseaux qui m'entourent. Parfois, je me dis qu'avoir passé quatre ans à étudier le stylisme et le modélisme, quelle perte de temps. Et en même temps, peut-être que c'est tous ces petits trucs qui ont fait qu'aujourd'hui, je suis devenue paysanne à Arnaque-la-Poste. Peut-être que si j'avais grandi déjà ici... déjà entourée, déjà éduquée à tout ça. Peut-être qu'aujourd'hui, je ferais complètement autre chose.
- Speaker #1
Tu serais styliste à Paris.
- Speaker #0
Donc, je ne regrette rien du tout. Je suis contente d'avoir réussi à en arriver là.
- Speaker #1
Tu as un conseil là-dessus pour les gens qui voudraient avoir le déclic ? Qui n'ont pas le déclic, qui en rêvent, mais qui n'y arrivent pas, par exemple ? Est-ce que tu as un conseil ? Surtout aux femmes. Sans voiture.
- Speaker #0
Franchement, faites-le. Si vous doutez, venez me voir. Venez passer une semaine en woofing. On aura le temps de discuter de plein de choses. Je pense qu'il y a plein de choses hyper réjouissantes sur le fait de devenir paysanne. Je pense que ça met du temps à se créer mais il y a aussi déjà plein de groupes de paysannes qui se créent et que c'est... hyper heureux et hyper solidaires et qu'il faut se lancer parce que de toute façon déjà il faut qu'il y ait de plus en plus de paysans et de paysannes il faut que tous les milieux s'exempte du patriarcat mais surtout que la paysannerie que les femmes s'emparent de la paysannerie c'est génial du coup il faut se lancer et si vous avez un doute franchement venez me voir c'est la ferme des soeurs sur Woufing je serais trop contente qu'on discute et du coup c'est un peu un non conseil mais foncez quoi n'ayez pas trop peur et ne réfléchissez pas trop parce que de toute manière il y aura des étapes flippantes moi je crois que j'ai un peu je me suis un peu lancée sans trop réfléchir Et en fait, il y a eu des étapes flippantes après, mais heureusement que je n'ai pas su. Heureusement que je n'ai pas su.
- Speaker #1
De toute façon, c'est mieux de ne pas savoir.
- Speaker #0
Ah oui, oui. Donc faites-le, ça va bien se passer. Et puis quand ça se passera mal, vous y arriverez quand même parce qu'il n'y a pas le choix.
- Speaker #1
On arrive à la fin. On a beaucoup parlé, mais tu as plein de choses super sympas à dire. Si tu dois balayer les idées reçues sur la vie en ruralité, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ? Qu'est-ce que tu as envie de dire à tous ces gens qui ont plein d'idées reçues, de clichés ? Sur la vie à la campagne, tu te fais chier, les gens ne sont pas cultivés, il ne se passe rien, tu n'as pas de vie sociale, etc.
- Speaker #0
Il y a un truc qui m'a vachement étonnée, c'est une énorme forme d'entraide que je n'avais pas trop soupçonnée. C'est vrai que j'aurais pu parler de ça quand tu parlais de surprise tout à l'heure.
- Speaker #1
C'est pas grave, on parle maintenant.
- Speaker #0
Quand je suis arrivée, je me suis rendue compte que si j'avais une question, si j'avais... Une problématique, en fait, la réponse elle arrivait directe si j'avais besoin de quelque chose. Il suffisait de juste le demander et les gens te donnent très facilement, avec plaisir. Et ça, je trouve que ça rend hyper heureux de se dire que quand on manque d'un truc, il suffit d'aller toquer chez le voisin ou la voisine. Et j'ai hâte de pouvoir rendre l'appareil et de pouvoir... donner et redonner tout ce qu'on m'a donné. Une énorme forme d'entraide incroyable depuis que je suis arrivée. Ça fait trop du bien.
- Speaker #1
Ça, c'est clair. Ça, c'est indéniable. La richesse, elle est là. Elle n'est pas dans ton porte-monnaie. Elle est là. Une autre femme, après toi, à ce micro.
- Speaker #0
Facile. J'en ai déjà parlé en plus. C'est Jocelyne. Du coup, on était salariés dans la même entreprise à Paris.
- Speaker #1
D'accord. Le magasin de fruits et légumes. Elle a changé de vie aussi ?
- Speaker #0
Oui, et en fait, elle a fait son installation agricole une année avant moi. D'ailleurs, elle n'est pas très loin de chez toi, elle est en Dordogne.
- Speaker #1
Elle est où ?
- Speaker #0
Curege, ça s'appelle Eau Rouge Vergée. Mais non !
- Speaker #2
Mais oui !
- Speaker #1
Ok, mais oui !
- Speaker #0
Et en fait, déjà, c'est trop bien parce que c'est un peu mon relais. C'est-à-dire que quand je fais une nouvelle étape, genre faire ma déclaration TVA, pour la première fois, je sais qu'elle, elle l'a fait une année plus tôt. Du coup, on s'envoie des petits messages, comment on fait ça ? Du coup, c'est ma mentor-e sur les questions administratives. Et d'ailleurs, je suis contente parce que je commence à devenir la mentor-e d'autres personnes. Ça, c'est cool. Et ouais, elle a un super projet. Ça, c'est trop bien. C'est aussi une super histoire de femme, puisque du coup, elle avait un projet d'installation seule. Mais en fait, elle a rencontré son associé, qui est une femme, au BPREA. Du coup, elles ont monté un projet toutes les deux. Et je trouve ça trop cool que, juste par une amitié dans un BPREA, elle se soit lancée à deux femmes.
- Speaker #1
elle est dans ma liste si tu devais recommander ce podcast à quelqu'un, qu'est-ce que tu pourrais lui dire ? ce serait quoi quand tu files le petit cadeau, tu dis quoi ?
- Speaker #0
ça fait trop du bien d'entendre des femmes avec des parcours incroyables, ça donne trop de force ça donne envie de les rencontrer d'ailleurs il y en a pas mal que j'ai suivi sur Instagram on s'est envoyé des petits messages ça donne grave envie de se faire plein de copines je vois qu'après vous suivez parce que je vois les noms sur les comptes je dis bah tiens maintenant je connaisse bien sûr Ça donne envie de se faire plein de copines. Moi, tu sais quoi ? Les profils qui m'ont le plus marquée, je note sur Google Maps leur village. Parce que ça m'arrive de faire des voyages à vélo. Et comme ça, je me dis, qu'est-ce qu'il y a là ? Ah, mais c'est cette fille super du podcast. Je lui ai demandé si je ne peux pas passer, poser ma tante dans son jardin dans deux semaines. Ça, c'est un petit...
- Speaker #1
La communauté des NFC. Parfait. Donc, tu dirais ça. Ton choix de vie à la campagne, il est définitif ?
- Speaker #0
Oui. Si jamais j'ai besoin de repartir à l'aventure, je pense que ce n'est pas impossible de trouver une paysanne qui aurait envie de se tester en agriculture sur une année. Peut-être une personne qui serait en train de passer son BPREA, qui pourrait venir faire ses stages ici, puis en plus là. Et puis après, je lui filerai les clés. Et ça pourrait être trop cool. C'est vrai qu'avoir cette ouverture-là sur l'idée de pouvoir renforcer mon vélo pour aller à l'autre bout du monde comme une dingo, j'aime trop l'idée.
- Speaker #1
Les deux dernières, de quoi tu es la plus fière ou la plus heureuse ?
- Speaker #0
Ce qui me rend la plus heureuse, c'est mes Ausha. Je pense que ce qui me rend la plus fière, c'est quand même le voyage à vélo que j'ai fait. Parce que je trouve que ça a aussi déterminé l'adulte que j'étais en train de devenir. Et ça m'a donné plein de force pour la suite. Après, en vrai, je crois que je suis fière de toutes les petites micro-étapes du projet. Non, mais tu vois, faire la première récolte de bourgeons, faire la première filtration, finaliser les étiquettes. faire le premier marché, accueillir la première personne en woofing. C'est plein de choses. Chaque nouvelle étape, c'est incroyable et ça rend ultra fière. Et en fait, cette vie, elle est pleine de fierté. Je pense que c'est important. Et parfois, je pense que je peux l'oublier. Je peux me dire, je n'ai pas encore fait ça. Parfois, j'ai l'impression qu'il y a des gens qui regardent ma ferme de loin et qui se disent, ce n'est pas abouti ça. Mais en fait, c'est juste moi qui me regarde de loin.
- Speaker #1
Mais là, quand on parle, parce qu'il y a pas mal de filles qui m'ont dit, en faisant le podcast, je me suis fait la rétrospective.
- Speaker #0
de tout ce que j'avais fait c'est un parcours qui peut que être rempli d'étapes qui rendent fiers ton père et ta mère sont autour de la table,
- Speaker #1
qu'est-ce qu'ils te disent ?
- Speaker #0
je crois qu'ils sont...
- Speaker #1
et ta soeur ? et mon frère ah oui tu ne m'as pas parlé de ton frère c'est vrai on n'en a pas parlé en tout cas tes proches tout à l'heure tu as dit quand même que quand tu as dit que tu allais partir dans le limousin patati patata ils ont dit go on y va et aujourd'hui ils voient tout ça ? Qu'est-ce qu'ils te disent ?
- Speaker #0
Déjà, c'est les personnes qui viennent le plus. Ils viennent à peu près tous les deux mois. Je crois qu'ils sont vraiment contents pour moi. Ils aiment bien venir ici. Quand ils viennent, on fait les touristes dans le limousin.
- Speaker #1
D'accord. Trop rigolo.
- Speaker #0
Ma sœur, quand elle vient, elle me prévient. Elle me dit, je ne t'aiderai pour rien. Je vais aussi pour me la couler douce.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
Mon frère, il m'a pas mal aidée. Bon, je dis ça, mais ma sœur m'a aussi énormément aidée, évidemment. Et non, je suis trop contente quand ils viennent. En plus... J'arrive à les accueillir dans des conditions de plus en plus confortables. Et du coup, je sens qu'au début, quand ils venaient, c'était pour finir un coup de main pour les travaux. C'était un peu rude. Maintenant, ils peuvent venir se laver les douces. Et ça me fait trop plaisir de pouvoir offrir cet endroit à mes proches.
- Speaker #1
Ok. Donc, ce n'est pas grave si tu n'es pas styliste ?
- Speaker #0
Non. Je crois que c'est ça aussi.
- Speaker #1
Que tu as trouvé ta place ?
- Speaker #0
En fait, moi, j'ai grandi, j'ai évolué. Mais eux aussi ont énormément changé, évolué ces dernières années. Et du coup, je pense que... Je pense que c'est évident pour eux maintenant que le plus important, c'est que leurs enfants soient heureux et pas que leurs enfants réussissent d'un point de vue économique. Le plus important, c'est qu'on soit bien.
- Speaker #1
On clôture avec ça ? C'est pas mal comme phrase. Allez. On clôture avec ça ? Merci Auriane.
- Speaker #0
Merci Sandrine.
- Speaker #1
Non, on va aller boire un coup. Non, je rigole.
- Speaker #2
Merci pour votre écoute. Merci d'être resté jusqu'au bout de notre échange. Et si vous voulez continuer à m'encourager et surtout à faire connaître le podcast, vous pouvez mettre 5 étoiles et un commentaire sympathique sur Apple Podcasts et Spotify. Surtout, vous n'oubliez pas de vous abonner à la chaîne de podcast pour être notifié des nouveaux épisodes. Et si vous voulez faire partie de la communauté des Nouvelles Filles de la Campagne, abonnez-vous à la newsletter. Alors, soit vous m'écrivez sur les nouvellesfillesdelacampagne.com, tout attaché en minuscules, ou vous me contactez sur les réseaux sociaux des Nouvelles Filles de la Campagne, Instagram et Facebook. Je vous dévoile les coulisses des Nouvelles Filles de la Campagne, des tips, des astuces, des sujets, la sortie des nouveaux épisodes et plein d'autres surprises. Alors, un grand merci et je vous dis à bientôt. Ciao !