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Les Nouvelles filles de la Campagne.

"Auriane : Voyager pour Trouver ses Racines"

"Auriane : Voyager pour Trouver ses Racines"

1h12 |17/01/2025
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1h12 |17/01/2025
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Description

Bienvenue chez Auriane 💃


Auriane, ancienne Parisienne, a troquĂ© l’effervescence de la capitale pour la sĂ©rĂ©nitĂ© des paysages du Limousin.

Dans cet Ă©pisode, elle revient sur son incroyable pĂ©riple Ă  vĂ©lo jusqu’en Iran, une aventure qui a marquĂ© un tournant dans sa vie. De retour en France, elle a choisi de s’installer dans le Limousin, oĂč elle cultive dĂ©sormais une vie heureuse et en harmonie avec la nature.

Entre souvenirs de voyage, dĂ©fis d’une reconversion rurale et rĂ©flexion sur le retour Ă  l’essentiel, Auriane nous livre un tĂ©moignage inspirant sur le courage de changer de cap pour suivre ses aspirations profondes.


Merci Auriane 🙏


Pour retrouver les produits d'Auriane = https://www.lafermedessoeurs.fr


Ce podcast, je l'ai crée dans un objectif simple, montrer que l'on peut vivre heureux et heureuse en campagne.

Qu'il est possible d'avoir une vie riche et active et il me semble important de balayer les clichĂ©s et les prĂ©jugĂ©s liĂ©s Ă  la ruralitĂ©. đŸ’Ș


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue, je suis Sandrine Planck et vous Ă©coutez les nouvelles filles de la campagne. Deux fois par mois, je vais Ă  la rencontre de femmes qui, comme moi, ont changĂ© de vie pour tenter l'aventure en ruralitĂ©. Ce qu'elles ont en commun ? Elles ont redoublĂ© d'audace. Pourquoi ? Eh bien en allant vivre Ă  la campagne, et comme si ça n'Ă©tait pas dĂ©jĂ  un sacrĂ© dĂ©fi, elles ont changĂ© de mĂ©tier, dĂ©veloppĂ© une nouvelle activitĂ©, un projet, une passion, voire adoptĂ© un nouveau mode de vie. GrĂące Ă  nos Ă©changes, je vous rĂ©vĂšle tout de leur arrivĂ©e en ruralitĂ©, de leur projet de dĂ©part, leur intention, de leur nouvelle vie qui les a transformĂ©s, de leur joie et par moments de leur crainte. Je vous offre des tĂ©moignages motivants, rafraĂźchissants, qui vous feront, je l'espĂšre, sourire, plaisir et peut-ĂȘtre vous donneront envie de sauter le pas ou simplement d'y rĂ©flĂ©chir. Maintenant, je vous emmĂšne dans ma campagne. Eh bien j'ai envie de te dire bonjour Oriane.

  • Speaker #1

    Bonjour Sandrine.

  • Speaker #0

    Merci de m'accueillir chez toi. Et j'ai deux premiÚres questions avant que tu te présentes et que tu nous racontes ta fabuleuse vie. Pourquoi tu m'as dit oui ?

  • Speaker #1

    Eh bien j'étais découvert sur Instagram au tout début, je pense que tu avais fait trois épisodes. Et franchement, une des premiÚres choses que je me suis dit, c'est que j'avais trop envie que tu viennes m'interviewer.

  • Speaker #0

    C'est vrai ? J'en veux vraiment ? J'ai des trucs Ă  dire, moi.

  • Speaker #1

    J'ai adoré écouter les quelques portraits de paysannes qu'il y avait à l'époque.

  • Speaker #0

    Peut-ĂȘtre est arrivĂ© au moment d'Olivia, Cathy, les baies de Gaujy.

  • Speaker #1

    Oui, je crois qu'il y avait vraiment trois Ă©pisodes. Il y avait une apicultrice.

  • Speaker #0

    Donc Lisa, l'apicultrice. Ensuite, il y a eu Olivia avec la ferme de la Coursaline, la permaculture et les logements atypiques. AprÚs, tu as eu Cathy et les baies de Gaujy. qui a un projet. Et aprÚs, Lulu, le fournage de chÚvres, etc. On était arrivés à ce moment-là.

  • Speaker #1

    C'était à l'épisode de Cathy. Je t'ai suivie sur Instagram et je me suis dit si elle me follow back et qu'aprÚs elle vient ici, je serais trop contente. En plus, tu m'as contactée assez rapidement, une premiÚre fois, pour me proposer de venir. AprÚs, ça a mis un peu de temps à se faire. Je commence à avoir des choses à raconter. Bien sûr, j'ai encore... Pardon. bon petit syndrome de l'impostrice sur plein de choses.

  • Speaker #0

    Et elle, celle qui m'a récité les encyclopédies médicinales tout à l'heure.

  • Speaker #1

    Tu vois, il y a quelques semaines, j'avais encore vendu zéro produit. Donc il y a quelques semaines, j'étais paysanne, mais je ne l'étais pas non plus. Et il y a encore plein de trucs que je n'ai pas fait.

  • Speaker #0

    C'est marrant ce que tu dis, parce que j'ai l'impression que le marché, c'est un cap.

  • Speaker #1

    Oui. AprĂšs, faire le marchĂ©, pour moi, pas tant. parce que moi, ce n'est pas un objectif de faire les marchĂ©s. Je fais tout Ă  vĂ©lo, donc je ne veux pas m'amuser Ă  faire les marchĂ©s. En plus, mon produit, ce n'est pas un produit qui se retrouve tous les samedis matins entre la boulangĂšre et la maraĂźchĂšre. Mais vendre, jusqu'Ă  une personne que tu ne connais pas, viennent, dĂ©couvrent tes produits et se disent ça a l'air chouette, je vais lui acheter quelque chose C'est fou parce que ça fait deux ans que tu trimes comme une dingue Ă  planter des arbres, Ă  rĂ©nover ta maison, Ă  rĂ©colter des bourgeons, Ă  faire la production. Mais tu as toujours ce truc de genre, est-ce que je suis une vraie paysanne ? Pas trop. Et lĂ , j'ai un cap parce que j'ai fait deux marchĂ©s, que je commence Ă  vendre autour de moi, que je commence Ă  crĂ©er le site. Du coup, bientĂŽt, je pourrais vendre en ligne. Mais aprĂšs, j'aurai ce cap de faire la premiĂšre annĂ©e avec le premier chiffre d'affaires, de se dire comment je vis de mon activitĂ©. Puis la premiĂšre annĂ©e, tu ne te rĂ©munĂšres jamais hyper, hyper bien. Donc aprĂšs, tu auras le cap aprĂšs plus tard de vraiment, je vis confortablement de mon activitĂ©. Puis tu as l'Ă©tape de, j'ai des bĂątiments qui permettent d'accueillir plein de monde de maniĂšre confortable, en fait, t'as plein de petits cĂąbles qui font que tu te sens de plus en plus lĂ©gitime Ă  ĂȘtre lĂ , quoi.

  • Speaker #0

    Mais la vente de ton premier produit... D'ailleurs, est-ce que tu te souviens de qui t'as acheté le premier extrait de Bourgeon ? Hum...

  • Speaker #1

    Je pense que c'Ă©tait... En fait, j'ai la liste, donc je pourrais vĂ©rifier. Parce qu'en fait, je me note qui m'achĂšte et surtout, pour quel objectif. Parce que moi, je vends des... Alors, je vends certains mĂ©langes de Bourgeon oĂč il y a un objectif affichĂ©, genre articulation, stress mais je vends aussi des bourgeons genre le figuier bah tu peux le prendre parce que tu es stressĂ© ou tu peux prendre parce que tu as des troubles de la digestion et du coup je me note En fait, quelle est la question que les gens me posent quand ils cherchent un bourgeon ? Ce n'est pas leur bobo en fait. Est-ce que tu as un truc pour la tendinite ? Parce qu'en fait, c'est Ă  ça que je dois pouvoir rĂ©pondre. C'est Ă  la fin de... Quand j'aurai tout vendu, je vais pouvoir revenir sur ma liste et me dire qu'en fait, il y a un quart des demandes, c'est pour cet objectif-lĂ . Du coup, ça vaut le coup que je travaille des bourgeons pour cet objectif-lĂ  parce que les personnes qui me rencontrent, c'est ça leur souci. Et l'idĂ©e, ce n'est pas de faire... tous les remĂšdes possibles, c'est de faire des remĂšdes qui sont adaptĂ©s aux personnes que tu rencontres. Tu vois, lĂ , je me rends compte qu'un truc qui marche super bien, c'est le petit composĂ© de bourgeon pour les rĂšgles. Il marche tout seul. Genre, j'ai mĂȘme pas en parlĂ©. Les gens, ils le prennent. Ils les prennent parfois par deux, par trois. Genre, tu sens qu'il y a beaucoup de jeunes filles. C'est beaucoup... Les personnes qui achĂštent beaucoup pour leur fille ou leur petite fille, tu sens que t'as beaucoup de jeunes filles qui souffrent d'un cycle douloureux ou qui est pas bien rĂ©glĂ©, quoi. Et que moi, ça me fait trop plaisir de me dire que je peux les aider dans ces moments-lĂ  qui sont hyper durs. Moi, j'ai hyper mal vĂ©cu cette pĂ©riode de ma vie. Moi, j'ai eu mes rĂšgles Ă  10 ans. Je ne sais pas si ça vaut le coup de les mettre dans le PPS. Mais j'ai trop, trop mal vĂ©cu ce moment-lĂ . Pour moi, c'Ă©tait une humiliation. J'avais super mal. C'est jeune,

  • Speaker #0

    10 ans.

  • Speaker #1

    Et de me dire qu'aujourd'hui, je vais pouvoir parler ouvertement de ça à des personnes sur les marchés. Vraiment en leur disant que c'est normal d'avoir mal. Tu as mal, mais ce n'est pas normal d'avoir mal. Du coup...

  • Speaker #0

    solution.

  • Speaker #1

    Ouais, qu'est-ce qu'on peut faire pour que tu passes mieux cette étape et ça, ça me fait vraiment plaisir quoi. Je me rends compte en vendant que ça fonctionne et que c'est demandé et donc c'est pour ça que j'essaye à chaque fois de... Donc en gros ouais, les rÚgles, le stress beaucoup, le sommeil, les articulations un peu.

  • Speaker #0

    Ok, je vais aller faire tout ce que je peux prendre. Tout ça pour me dire pourquoi tu m'as dit oui. Ok !

  • Speaker #1

    Oui pardon.

  • Speaker #0

    Non non pas de problĂšme, j'aime bien quand ça part comme ça. Qu'est-ce qui t'a aussi donnĂ© ? envie d'y participer ? Est-ce que t'as envie de faire passer un message en particulier ? Je sais qu'il y a 2-3 trucs qui tiennent Ă  cƓur, je les ai notĂ©s, t'inquiĂšte pas. Mais quel est le message que tu veux faire passer, finalement ?

  • Speaker #1

    Je trouve ça hyper chouette de dĂ©couvrir tous ces portraits de femmes qui se sont lancĂ©es. Et je pense pas avoir beaucoup plus, pas Ă©normĂ©ment plus de valeur ajoutĂ©e, juste un portrait de plus. Je suis jeune, je me suis lancĂ©e seule. Et je rencontre quand mĂȘme des gens incroyables qui ont l'impression qu'elles peuvent pas se lancer seules, soit parce que c'est leur caractĂšre, et c'est aussi ok de se dire que moi il faut que je sois dans un groupe pour me lancer, et c'est gĂ©nial de le savoir, et les collectifs, l'Ă©nergie du groupe c'est fantastique dans ce genre de projet, mais des personnes qui auraient le tempĂ©rament pour se lancer seules et qui ne se lancent pas, parce qu'elles ont l'impression que de par leur genre potentiellement elles n'y pourront pas y arriver, ça, ça me rend... ouf et j'ai juste envie de dire Ă  ces personnes-lĂ  mais allez-y, faites-vous confiance, c'est possible. Tellement d'activitĂ©s oĂč on a l'impression qu'on ne peut pas le faire ou qu'on peut moins bien le faire parce qu'on est une femme et c'est faux. Franchement, c'est 100% faux. Moi, j'ai dĂ©placĂ© des poutres de chĂȘne de 4 mĂštres de long toute seule. J'ai dĂ©placĂ© des tas de sacs de 35 kg de chaud toute seule et en fait, c'est pas une question de physique, c'est une question de... tu rĂ©flĂ©chis comment fonctionne ton corps, c'est quoi tes forces, c'est quoi tes faiblesses, quels outils tu as Ă  ta disposition pour ne pas te blesser. Et en fait, tu trouves les astuces et tu le fais. Et puis, parfois, il faut aussi juste s'entourer, quoi. Demander l'aide Ă  une voisine, et c'est pas forcĂ©ment demander l'aide aux voisins costauds. Moi, ici, j'accueille plein de monde, beaucoup, beaucoup de femmes, mais aussi des gars, et les gars, ils n'ont pas plus de connaissances, ils ne sont pas plus grands et pas plus musclĂ©s, et juste, on fait parce qu'on est juste des humains qui faisons ensemble. Et du coup, si il y a une personne qui Ă©coute le podcast et qui se dit, allez, je me lance parce qu'elle, elle a rĂ©ussi. Franchement, trop contente.

  • Speaker #0

    OK, maintenant, tu vas nous dire qui tu es. TrĂšs briĂšvement, prĂ©sente-nous un petit peu d'oĂč tu viens, qui tu es. Tu nous dis ce que tu as envie de dire sur qui tu es, d'oĂč tu viens. Et puis, tiens, si on enchaĂźne un peu de parcours. LĂ , tu nous le redis assez... succinctement. VoilĂ . Qui tu es et mon parcours. BriĂšvement. Tu nous dis ce que tu as envie de nous dire sur toi.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la question la plus dure.

  • Speaker #0

    Oui. C'est pour ça qu'on va la faire maintenant.

  • Speaker #1

    Du coup, je suis Oriane et je suis nĂ©e en banlieue parisienne oĂč j'ai passĂ© une petite vingtaine d'annĂ©es. J'ai fait des Ă©tudes de stylisme-modĂ©lisme. Je suis allĂ©e au bout de mes Ă©tudes. AprĂšs, je me suis rendue compte que je n'Ă©tais pas du tout Ă  ma place. J'ai travaillĂ© dans un magasin de fruits et lĂ©gumes en circuit court pour me payer un vĂ©lo. Et lĂ , je suis partie en mars 2020. faire le truc le plus fou que j'ai fait de ma vie. Plus fou que d'acheter une paire.

  • Speaker #0

    Attention, Ă©coutez bien.

  • Speaker #1

    Je suis partie à vélo de banlieue parisienne et je suis allée jusqu'à Bangkok, 400 kilomÚtres au sud de Bangkok, en Thaïlande, à vélo.

  • Speaker #0

    C'est le plus gros, celui-lĂ .

  • Speaker #1

    C'est le troisiĂšme voyage Ă  vĂ©lo. J'en avais fait deux petits avant. Un toute seule sur le Danube de Vienne Ă  Belgrade et un avec ma petite sƓur en Allemagne de Berlin Ă  Munich.

  • Speaker #0

    Et tu étais une adepte du vélo avant ça ? ou hop directement je passais au mode en voyage.

  • Speaker #1

    Mes parents ils faisaient du vĂ©lo tous les dimanches, tu vois dans la forĂȘt de Clamart ou le long de la Seine. Donc on avait un peu cette petite culture du vĂ©lo le week-end en loisir. Et je crois qu'une fois on a dĂ» faire 100 km de vĂ©lo en famille. C'Ă©tait mĂȘme pas tant prĂ©vu, je crois qu'on est allĂ©, je sais plus si c'Ă©tait au Luxembourg, pas loin de chez mes grands-parents. On avait louĂ© des vĂ©los et l'idĂ©e, c'Ă©tait de faire une journĂ©e de vĂ©lo. On s'est trompĂ© de chemin, on a fini par faire 100 kilomĂštres. Et c'est un peu ce qui se rapprochait le plus d'un voyage Ă  vĂ©lo, c'Ă©tait cette expĂ©rience-lĂ . Mais en fait, c'est juste, j'Ă©tais dans cette pĂ©riode de ma vie oĂč je voulais faire plein de trucs que je n'avais jamais faits pour dĂ©couvrir ce dont j'Ă©tais capable. Et donc, j'Ă©tais tombĂ©e sur un blog d'un gars qui avait fait Paris-Istanbul Ă  vĂ©lo. Et vraiment,

  • Speaker #0

    ça m'a frappée.

  • Speaker #1

    Et je me suis dit... quoi ? On peut voyager avec un vĂ©lo ? Mais je n'Ă©tais mĂȘme pas au courant, alors que le monde ne m'avait pas dit. Mais oui, vraiment, j'Ă©tais choquĂ©e. Le monde de cyclotourisme, en fait, il y a Ă©normĂ©ment de gens qui voyagent Ă  vĂ©lo, mĂȘme qui font des voyages de fous sur plusieurs annĂ©es, qui font plusieurs fois le tour du monde Ă  vĂ©lo. Trop inspirant. Mais moi, je dĂ©couvre ça par ce gars, et je me dis, gĂ©nial. Je crois vraiment que quelques semaines plus tard, j'ai fait mon premier voyage Ă  vĂ©lo, et de toutes les expĂ©riences que j'avais faites les prĂ©cĂ©dentes annĂ©es, donc faire du stop. faire de la randonnĂ©e ou tout simplement voyager seule. Voyager Ă  vĂ©lo, ça m'avait Ă©poustouflĂ©e. J'avais vraiment adorĂ©, je me sentais hyper autonome, hyper forte. Je crevais, je rĂ©parais mon vĂ©lo, j'allais dormir chez des inconnus tous les soirs, je faisais des rencontres incroyables. Je faisais 900 kilomĂštres avec mes jambes, ça me paraissait fou. Donc j'ai adorĂ© et c'est vraiment quand j'ai dĂ©cidĂ©, Ă  un moment de ma vie oĂč du coup je n'Ă©tais plus du tout bien, oĂč je sentais qu'il fallait que je... Je fasse quelque chose parce que j'Ă©tais incapable de dire qu'est-ce que j'allais faire comme mĂ©tier. J'Ă©tais complĂštement paumĂ©e, je me sentais un peu oppressĂ©e par mes parents qui me demandaient sans cesse ce que j'allais faire de ma vie.

  • Speaker #0

    Là, les études sont terminées à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Les Ă©tudes sont terminĂ©es, j'ai fait mes quatre ans d'Ă©tudes, mon annĂ©e de stage. Et lĂ , c'est le moment oĂč tu dois postuler pour des jobs de styliste junior. Et je n'ai pas envie, je postule, mais je ne suis pas bien, je n'ai pas envie d'aller aux entretiens. Je rate d'ailleurs mes entretiens, je ne suis tellement pas impliquĂ©e. Et... Du coup, l'idĂ©e de partir seule Ă  peu prĂšs six mois Ă  l'aventure, ça me permet de faire un autre truc que je n'ai jamais fait de ma vie. Mais c'est aussi un peu une Ă©chappatoire en me disant, je ne vais pas m'occuper des rĂ©els questionnements entre guillemets. Alors qu'en fait, si, c'est trop important.

  • Speaker #0

    Une petite fuite.

  • Speaker #1

    Oui, 100%, une bonne fuite. Mais en mĂȘme temps, maintenant, c'est la meilleure dĂ©cision que j'ai prise. Évidemment que quand tu as 20 ans, c'est important de...

  • Speaker #0

    partir et de voyager, de dĂ©couvrir des choses et encore mieux si tu le fais sur un vĂ©lo quoi. Et donc et donc je m'Ă©tais dit ça, je m'Ă©tais dit si je pars Ă  vĂ©lo de chez mes parents quel est le premier pays oĂč je me dis c'est impossible de me projeter moi sur un vĂ©lo dans ce pays et c'Ă©tait l'Iran parce que j'Ă©tais dĂ©jĂ  allĂ© jusqu'en Turquie, j'avais un peu voyagĂ© en Europe mais alors l'Iran j'avais beau avoir vu des films iraniens, j'avais beau avoir vu peut-ĂȘtre des documentaires peut-ĂȘtre des images d'Iran, mais c'Ă©tait impossible de m'imaginer, moi, pĂ©daler en Iran. Je ne sais mĂȘme pas, est-ce que je pĂ©dale dans un dĂ©sert ? Est-ce que je pĂ©dale...

  • Speaker #1

    C'est par rapport à l'environnement géographique ou plutÎt la partie culturelle ?

  • Speaker #0

    L'environnement gĂ©ographique, mĂȘme si je pense que la partie culturelle en dĂ©coule, ou politique en dĂ©coule, mais vraiment, je ne pouvais pas... Imagine-toi, Sandrine, pĂ©daler en Iran. Je ne sais pas dans quoi je pĂ©dale. Du coup, je me suis dit, je vais aller lĂ -bas. Et j'ai vu Paris-TĂ©hĂ©ran, je suis tombĂ©e sur le... Le blog d'un gars qui avait fait ça en 5 mois, je me suis dit, parfait, 5 mois, je vais faire Paris-TĂ©hĂ©ran Ă  vĂ©lo. En mars 2019, je pars. Et une fois arrivĂ© Ă  TĂ©hĂ©ran, 5 mois plus tard, pas du tout envie de rentrer. Pas du tout. J'ai beau avoir Ă©tĂ© 5 mois Ă  rĂ©flĂ©chir sur mon vĂ©lo, je n'ai pas assez rĂ©flĂ©chi pour savoir ce que je vais faire de ma vie. Je dĂ©cide de le prolonger. Je le prolonge. Ça va m'amener... Alors, il y a plein d'Ă©tapes diffĂ©rentes de ce voyage, avec plein d'envies de destinations diffĂ©rentes. Une fois entrĂ©e en ThaĂŻlande, un vrai projet de rentrer Ă  vĂ©lo chez moi. Et aprĂšs, c'Ă©tait le dĂ©but du Covid. Mars 2020, je me retrouve Ă  400 kilomĂštres au sud de Bangkok. Il faut que je franchisse la frontiĂšre avec la Malaisie dans une dizaine de jours. Mais en fait, elle ferme dans 48 heures. Je suis bloquĂ©e. Donc lĂ , il faut prendre la dĂ©cision en 24 heures de est-ce que je reste ?

  • Speaker #1

    Est-ce que je suis bloquée là-bas ? Ou est-ce que je prends un avion et je rentre vite ?

  • Speaker #0

    Et en plus, c'Ă©tait pendant ce voyage-lĂ  que je me suis dit que je ne prendrais plus l'avion. Parce que c'Ă©tait un questionnement que j'avais depuis... 2018, oĂč je commençais Ă  vraiment y rĂ©flĂ©chir. Et en fait, pendant ce voyage-lĂ , j'ai rencontrĂ© des gens bien plus jeunes que moi qui avaient depuis bien longtemps dĂ©cidĂ© de ne plus prendre l'avion. Je me suis dit, si eux, ils ont pris cette dĂ©cision, moi qui ai tellement, genre, eu d'opportunitĂ©s de voyager dans ma vie, franchement, je peux, quoi. Donc je dĂ©cide de ne plus prendre l'avion et je prends l'avion pour rentrer en Europe.

  • Speaker #1

    C'est ton dernier avion ? C'Ă©tait ton dernier avion ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sĂ»r, oui. Je fais en 13 heures ce que j'ai mis un an Ă  faire Ă  vĂ©lo, quoi. Ça, c'Ă©tait un prix de dieu. Heureusement, le premier vol que j'ai pris, ce n'Ă©tait pas pour la France. Le premier vol qui Ă©tait disponible avec le moins d'escalade possible, le moins cher, c'Ă©tait pour l'Allemagne. Et du coup, je vais me confiner pendant deux mois chez un cycliste que j'ai rencontrĂ© en chemin. Et du coup, ça me fait un bon sas de dĂ©compression.

  • Speaker #1

    Avant de rentrer Ă  la maison.

  • Speaker #0

    J'en touche chez les parents. Je passe deux mois. DĂ©jĂ , il faut que j'attende mon vĂ©lo parce que j'ai envoyĂ© mon vĂ©lo par cargo jusqu'en Allemagne. Je passe deux mois. C'est confinement. Mais en Allemagne, lĂ  oĂč je suis, c'est assez tranquille. Donc, je vais dans la forĂȘt. Je pars avec une scie et une hache. Je n'ai jamais fait ça de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est la transition, ça ?

  • Speaker #0

    C'est la transition.

  • Speaker #1

    Bah, hache, forĂȘt. C'est lĂ  que...

  • Speaker #0

    Non, non, non. Avant de partir... Alors, attends. C'est vrai que je fais tout dans le mauvais sens. Mais avant de partir, je voulais déjà m'installer dans le limousin. Ah oui. Il m'appelle du limousin. Il m'appelle du limousin.

  • Speaker #1

    Tout de suite.

  • Speaker #0

    OK, OK. Bon, bref. Du coup, je passe ce confinement en Allemagne Ă  ĂȘtre dans la forĂȘt. Ă  apprendre Ă  faire des bols dans du bois. Parce que j'avais un petit atelier dans le garage de la maison oĂč j'Ă©tais, avec plein d'outils. J'apprends Ă  faire plein de trucs avec mes mains. Et je dĂ©compresse. Et je rentre Ă  vĂ©lo aprĂšs, en juin. Je fais les derniers 500 kilomĂštres Ă  vĂ©lo. Et lĂ , ça a mis un Ă©tĂ© assez compliquĂ© de retour Ă  la vie rĂ©elle. De surtout, qu'est-ce que tu vas faire de ta vie ? Et j'avais beau... avoir pĂ©dalĂ© pendant un an, c'Ă©tait toujours pas trĂšs clair. Mais je sais pas pourquoi, une fois l'Ă©tĂ© passĂ©, j'ai l'impression qu'en deux semaines, tout s'est dĂ©cantĂ©. Je me suis dit, je vais aller faire des plantes mĂ©dicinales, je vais aller planter des arbres dans le limousin, je vais repostuler Ă  mon ancien taf de fruits et lĂ©gumes pour mettre des sous de cĂŽtĂ©, je vais, pendant mes congĂ©s payĂ©s, je vais faire telle et telle formation, je repĂšre tel dispositif de financement pour plus tard. En gros, je fais tout mon plan, je balance tout Ă  mes parents, et lĂ , ils sont lĂ , genre... Et lĂ , franchement, c'est la libĂ©ration. Ils sont lĂ , tu veux devenir paysanne dans le limousin et faire des plantes mĂ©dicinales et planter des arbres ? Ok. Et Ă  partir de ce moment-lĂ , toutes les tensions entre nous se sont apaisĂ©es. Je suis allĂ©e Ă  fond dans mon projet. J'ai menĂ© mon petit plan pendant deux ans. J'ai visitĂ© des fermes, j'ai achetĂ© ma ferme. Et voilĂ , il fallait juste que ça m'assĂšre, que je prenne le temps de comprendre ce que je voulais faire. Et une fois que j'avais compris, c'Ă©tait lancĂ©.

  • Speaker #1

    Alors, ok. Bon. LĂ , on a toute une sacrĂ©e prĂ©sentation. En tout cas, bravo pour tes voyages. Mais quand mĂȘme, comment, encore une fois, comment lĂ , pourquoi le limousin ? Parce que t'as personne ici ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Y'a pas de famille, y'a pas d'amis ? Pourquoi... Là, bon, ok. Alors, déjà, pourquoi tout d'un coup les arbres, plantes médicinales ? Et surtout, ici, dans le limousin.

  • Speaker #0

    Ok. Alors...

  • Speaker #1

    J'ai peur.

  • Speaker #0

    Non, non, j'ai pas de rĂ©ponse clĂ©, y'a pas d'Ă©vĂ©nement particulier. C'est un peu comme la... Je pense que c'est arrivĂ© en mĂȘme temps que toute la construction Ă©cologique, politique, militante. Y'a eu cette... de la ruralitĂ© qui est venu Ă  moi par plein de biais.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'appel de la ruralité ?

  • Speaker #0

    C'est juste de se dire je ne suis pas Ă  ma place de la mĂȘme maniĂšre que je n'Ă©tais pas Ă  la place dans mon choix de mĂ©tier, donc styliste.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas Ă  ma place en ville.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas Ă  ma place en ville et j'ai cet appel de vivre en campagne, cet appel du limousin. que franchement, je ne sais pas trop expliquer.

  • Speaker #1

    Le limousin, il n'y a pas beaucoup de gens qui disent Ah, je vais vivre dans le limousin !

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, je pense que j'avais cette image.

  • Speaker #1

    Tu l'avais déjà visitée ?

  • Speaker #0

    Pas du tout.

  • Speaker #1

    Mais c'est fou, ça.

  • Speaker #0

    J'avais cette image d'un lieu hyper prĂ©servĂ©, trĂšs simple, avec pas beaucoup de monde, avec de la forĂȘt, avec du bocage.

  • Speaker #1

    Ça, c'est une image.

  • Speaker #0

    Une image de Parisienne qui s'imagine le limousin.

  • Speaker #1

    Tu as vu ça sur Instagram ?

  • Speaker #0

    MĂȘme pas, je crois que t'Ă©tais pas sur Instagram Ă  l'Ă©poque, je crois. Bref, n'importe quoi. Je pense que c'est venu aussi de... Quand tu te construis des valeurs Ă©cologiques, que ça fait Ă©normĂ©ment partie de ta vie, tu en parles beaucoup. Du coup, tu en parles beaucoup Ă  des gens qui vivent la mĂȘme chose que toi. J'ai eu une discussion en 2016 avec une super copine qui envisageait Ă  ce moment-lĂ  de devenir agricultrice. Et moi... En 2016, jamais de la vie, ça me parlait pas du tout. Je trouvais ça trop bien comme projet pour elle, mais ça me parlait pas du tout. Mais n'empĂȘche que...

  • Speaker #1

    C'est elle qui t'a parlĂ© du limousin, peut-ĂȘtre ?

  • Speaker #0

    Non, non, non. Mais n'empĂȘche que 8 ans plus tard, c'est moi qui suis paysanne, tu vois. Et je sais pas, enfin... Ouais, c'Ă©tait genre des amis d'amis, qui avaient une maison lĂ -bas, c'Ă©tait moi.

  • Speaker #1

    T'aurais pu aller en Aveyron, t'aurais pu aller... Je sais pas, en Normandie ?

  • Speaker #0

    Ouais, alors... Bon, Aveyron, j'ai pas l'impression d'ĂȘtre une personne... qui aiment les paysages trop secs. Je pense que le cĂŽtĂ© trĂšs l'eau qu'il y a dans le limousin, ça m'attirait. Et aprĂšs, je pense que j'ai dĂ» mettre Ă  un moment sur le bon coin un chiffre au pif de peut-ĂȘtre qu'un jour, j'aurai cette somme-lĂ . Peut-ĂȘtre qu'un jour, je pourrais m'acheter une petite maison Ă  la campagne. Et le limousin revient beaucoup. D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui s'installent dans le coin pour des raisons de budget. Oui,

  • Speaker #1

    Ă©conomiquement,

  • Speaker #0

    c'est pas cher. Il y a de l'eau, c'est central. Il y a des endroits magnifiques, pas trÚs chers dans les Pyrénées. Mais faire Paris, les Pyrénées toutes seules, c'est différent. que de faire Paris Limousin.

  • Speaker #1

    Tu avais quand mĂȘme cette notion d'accessibilitĂ© pour tes proches ?

  • Speaker #0

    Sans forcĂ©ment que ce soit ĂȘtre dans un village. LĂ , Arnaque-la-Poste, c'est ultra accessible.

  • Speaker #1

    Tu peux répéter ton village à tout le monde, s'il te plaßt ?

  • Speaker #0

    Arnaque-la-Poste. Je suis trĂšs heureuse de faire partie de...

  • Speaker #1

    Comment on appelle les habitants d'Arnaque-la-Poste ?

  • Speaker #0

    Les arnaquoises. Ça fait partie des communes au nom burlesque. C'est ma grande fiertĂ©. de ce village.

  • Speaker #1

    D'accord, tu connais l'histoire d'Arnaque-la-Poste ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est un village qui s'appelait Arnaque, puisque du coup, si je ne dis pas de bĂȘtises, on est encore dans l'Occitanie, du coup il y a beaucoup de noms en AC, Parnac, Arnaque, Ausha, et du coup il y a d'autres villages qui s'appelaient Arnaque, et du coup pour le diffĂ©rencier, on lui a rajoutĂ© le suffixe La Poste, notamment parce qu'Ă  un moment il y a eu la crĂ©ation d'un relais de poste Ă  Arnaque-la-Poste, et c'Ă©tait, je crois, un haut lieu de passage, et du coup une grande fiertĂ©, donc Arnaque-la-Poste.

  • Speaker #1

    Je t'ai fait divaguer, mais on Ă©tait en train de parler de la place centrale ou pas de ce spot.

  • Speaker #0

    Ça aurait pu ĂȘtre un coin beaucoup plus paumĂ© que du limousin qu'ici. D'ailleurs, c'est un peu le truc oĂč j'ai... S'il y avait un truc, quand j'ai visitĂ© cette ferme, oĂč je me suis dit, c'est pas tout Ă  fait comme dans mon imagination, c'est que j'imaginais un lieu encore un peu plus sauvage, une partie du limousin encore plus sauvage. Ah ouais ? Je m'attendais. Ă  prendre le train jusqu'Ă  Brive-la-Gaillarde, Ă  prendre un TER, Ă  faire 30 km de vĂ©lo pour arriver chez moi. Au final, arnaque la poste, on peut prendre un blabla-car et on y est en 3h15. On peut prendre un train jusqu'Ă  la souterraine et faire une heure du vĂ©lo. On est Ă  la ferme. Donc c'est quand mĂȘme trĂšs accessible. Moi, je ne m'attendais pas Ă  trouver un lieu aussi bien desservi. Enfin, attention, ça reste la ruralitĂ© et tout faire Ă  vĂ©lo, ce n'est pas forcĂ©ment Ă©vident.

  • Speaker #1

    Il y a desservi pour toi et desservi pour les autres.

  • Speaker #0

    Voilà, évidemment. Mais... Tu vois, j'ai des potes qui ont des projets dans les Pyrénées, ou des potes de potes. Et bien, c'est un beaucoup plus gros engagement de trouver un moment pour aller dans les Pyrénées plutÎt que de trouver un moment pour aller à Arnaque-la-Poste. Il y a beaucoup de gens qui passent par Arnaque-la-Poste tous les jours. Tous les jours, n'importe quoi. Qui passent par Arnaque-la-Poste parfois.

  • Speaker #1

    C'est the place to be.

  • Speaker #0

    Non mais tu vois au début j'avais à peu prÚs la moitié des personnes qui venaient me voir, c'est juste parce qu'ils faisaient la route de Paris à Toulouse, qui remontait vers Paris.

  • Speaker #1

    Ouais c'est sur le...

  • Speaker #0

    Donc il y avait beaucoup de gens qui venaient juste déjeuner avec moi, voir la ferme et qui repartaient quoi, c'est rigolo.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux décrire d'ailleurs ton environnement pour que les gens s'imaginent à quoi ça ressemble ici ? Donc l'habitation, puisque là on est au milieu de la ferme, et les alentours ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #0

    C'est une petite ferme de 3 hectares et demi, donc il y a... Un grand corps de bĂątiment, enfin un corps de bĂątiment tout en longueur avec une maison, deux granges, un appenti et des petites annexes, tout d'un seul tenant. DerriĂšre les bĂątiments, il y a deux hectares et demi de terrain avec une grande mare. Et de l'autre cĂŽtĂ© d'une petite route qui se termine en impasse chez mes voisins, il y a un hectare de terrain. Et donc c'est de la prairie avec des belles haies, des grands chĂȘnes, quelques frĂȘnes. Et aprĂšs, une haie de sureau, cornouillĂ©, aubĂ©pine, prunelier, etc. On est dans un hameau de trois personnes avec 66% d'anglais, puisqu'il y a moi et mes deux voisins anglais qui sont adorables. Mon hameau est collĂ© Ă  un autre hameau. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment proche. Oui,

  • Speaker #0

    on pourrait croire que c'est un seul. Oui,

  • Speaker #1

    moi je pensais que c'Ă©tait un seul.

  • Speaker #0

    Mais non, nous sommes trois Ă  l'Ăąge du lac. Et donc le hameau d'Ă  cĂŽtĂ©, il y a 11 personnes, donc oui j'ai des voisins. Ça me plaĂźt bien parce que d'un cĂŽtĂ©, je peux passer la journĂ©e sans voir personne si j'en ai envie. Et de l'autre cĂŽtĂ©, si j'ai besoin de piquer un marteau ou d'aller faire une partie de rumicube avec ma voisine, je marche une minute et je suis chez elle.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une bonne raison ou plusieurs raisons ou motivations pour justement quitter la ville pour la campagne ?

  • Speaker #0

    Je ne m'y sentais vraiment plus du tout bien. Je pense que heureusement que je me suis mise Ă  faire du vĂ©lo en ville. Mais mĂȘme prendre un mĂ©tro, ça m'angoissait.

  • Speaker #1

    Alors que tu es jeune. C'est ça aussi qui m'impressionne. Tu es hyper jeune.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est un truc de vieux d'ĂȘtre angoissĂ©e par un mĂ©tro ?

  • Speaker #1

    Non, mais de se dire... Cette migration vers la campagne, c'est pour ça que je trouve mon parcours incroyable. Parce qu'on pourrait imaginer, les idĂ©es reçues, les clichĂ©s, etc. Qu'effectivement, les gens qui aujourd'hui... Au pĂšre Ă  un changement de vie, ils ont tous au-delĂ  de 40 ans. Et ce n'est pas le cas. En fait, ça suscite ma curiositĂ© de savoir, parce que peut-ĂȘtre quand on est jeune comme ça, on a envie d'avoir du mouvement, d'avoir de la vitesse, d'avoir du bruit, d'avoir du son, de dĂ©couvrir un milliard de choses, etc. Mais certainement,

  • Speaker #0

    je me trompe. Du coup, il y a plein de rĂ©ponses qui me sont venues dans la tĂȘte pendant que tu parlais. DĂ©jĂ , je pense que le fait que j'ai grandi en banlieue, dans des villes, J'envie les gens qui ont grandi Ă  la campagne. Moi, j'ai appris Ă  dĂ©couvrir le nom des arbres Ă  25 ans. Quand je rencontre des gens qui me racontent leur enfance Ă  la campagne, je les envie Ă©normĂ©ment. Je pense que ça, ça aide. Je vois pas mal de jeunes qui ont grandi Ă  Limoges ou qui ont grandi pas loin d'ici. Et Ă  18 ans, ils filent en banlieue parisienne. C'est un pari fou, mais c'est normal. Eux, ils se sont potentiellement super ennuyĂ©s Ă  la campagne. Ils ont ce dĂ©sir. Ă  18-20 ans de ce que tu dis, de la ville, du bruit, de l'effervescence. Et moi, j'ai envie de connaĂźtre ce qu'eux, ils ont connu quand ils Ă©taient petits. AprĂšs, moi, j'ai beaucoup dĂ©couvert, j'ai eu beaucoup d'effervescence par mes voyages. J'ai l'impression d'avoir fait des trucs de fou. Je n'ai pas l'impression de louper des choses en Ă©tant ici. À la limite, je pense qu'Ă  un moment dans ma vie, j'aurais envie de repartir, faire un immense voyage Ă  vĂ©lo parce que... J'en aurais envie, mais ça, je me l'autorise. D'ailleurs, j'ai rĂ©flĂ©chi un peu, tu vois, Ă  me dire peut-ĂȘtre que tous les 10 ou 15 ans, je peux me dire, allez, je laisse les clĂ©s de la ferme Ă  une personne pendant un an ou deux et je repars Ă  l'aventure. Donc, il y a ça. L'aventure, moi, je l'ai beaucoup eue il y a quelques annĂ©es. Et la troisiĂšme chose, je pense que c'est juste ma personnalitĂ©, mĂȘme si j'ai l'impression, comme je l'avais dit, d'avoir dĂ©couvert l'adulte que je devenais entre mes 20 et mes 25 ans. En fait, j'ai dĂ©couvert que moi, ma passion, c'est jouer au Rummikub en buvant une tisane et en faisant des jeux de sociĂ©tĂ© et en papotant. Et que voir un arbre grandir, ça m'Ă©merveille. J'ai l'impression d'ĂȘtre tellement plus utile et tellement plus Ă  ma place ici qu'il n'y a pas beaucoup plus de motivation que juste c'Ă©tait Ă©vident. C'Ă©tait ma place, c'Ă©tait lĂ .

  • Speaker #1

    Et les amis que tu avais dans ton ancienne vie, comment... Comment ils perçoivent ça ?

  • Speaker #0

    Eh ben, hyper bien. Je pense que les personnes qui le perçoivent... pas bien ou qui trouverait ça bizarre, en fait, on n'est pas forcément trop en contact. Du coup, je crois que je n'ai eu aucun avis étonné ou négatif sur ce que je fais. Zéro.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as eu des Ah, moi, je ne pourrais pas

  • Speaker #0

    J'ai eu des Ah, moi, je ne pourrais pas faire ça seule Mais non, j'ai l'impression qu'il y a quand mĂȘme beaucoup de mes amis qui viennent ici qui dĂ©jĂ  sont trop contents de venir. Peut-ĂȘtre un peu moins au dĂ©but quand la maison Ă©tait en travaux et qu'il gelait Ă  l'intĂ©rieur. Mais j'ai quand mĂȘme beaucoup de personnes qui, j'ai l'impression, repartent inspirĂ©es, repartent motivĂ©es. En gĂ©nĂ©ral, les gens sont trop contents de venir me voir. Moi, je suis trop contente quand ils viennent.

  • Speaker #1

    Tout Ă  l'heure, tu nous as parlĂ© du limousin. Dans ton rĂȘve, c'Ă©tait le limousin. D'ailleurs, moi-mĂȘme, en disant ça, je juge un peu le fait qu'on se dise pourquoi le limousin ? Comme si le limousin, ce n'Ă©tait pas bien. C'est juste que ce n'est pas bien connu. c'est comme Limoges en fait moi j'ai dĂ©couvert Limoges en arrivant en Dordogne et je trouve que c'est une jolie ville quand t'es au coeur du centre historique c'est trĂšs joli mais il y a une rĂ©putation sur la ville qui est pas cool moi

  • Speaker #0

    j'avais l'inverse pas forcĂ©ment Ă  propos de Limoges mais moi le limousin ça me faisait rĂȘver mais c'est ce que j'ai dit tout Ă  l'heure chelou mais non franchement t'imagines t'es la premiĂšre personne qui me dit ça sĂ©rieux mais non mais je sais pas moi c'est tout ce dont je fantasmais en vivant Ă  Paris c'est des paysages de bocage des forĂȘts de l'eau du calme mais oui peut-ĂȘtre que j'ai l'impression que tout le monde a cette image du limousin alors que c'est que moi mais non moi c'Ă©tait c'Ă©tait le paradis pour moi alors que je n'y avais jamais Ă©tĂ© en plus ouais Mais du coup, j'y suis quand mĂȘme allĂ©e. Et justement, cet Ă©tĂ© de retour de mon grand voyage, donc l'Ă©tĂ© 2020, ma sƓur vivait Ă  ce moment-lĂ  en AngoulĂȘme. Et du coup, on a fait un voyage Ă  vĂ©lo toutes les deux, de AngoulĂȘme jusqu'en Auvergne. Et du coup, on a traversĂ© le sud de la Haute-Vienne et le nord de la CorrĂšze. Du coup, ça a juste confirmĂ© mon intuition de tout ce que j'avais en tĂȘte du limousin. C'est tous les paysages que j'ai traversĂ©s. Et j'Ă©tais lĂ , bah... Oui, j'ai envie d'y vivre. C'Ă©tait trop bien. On regardait toutes les fermes, je regardais toutes les prairies. Je me disais, si je pouvais avoir ma petite ferme lĂ , planter mes arbres ici, rĂ©nover cette petite maison lĂ . C'Ă©tait un rĂȘve pour moi.

  • Speaker #1

    Et alors, comment tu l'as trouvée, toi, ta ferme ?

  • Speaker #0

    C'Ă©tait assez rapide. Quand j'ai commencĂ© Ă  chercher, je ne savais pas si j'allais mettre deux mois ou cinq ans. Parce qu'il y a vraiment des... Du coup, Ă  ce moment-lĂ , j'Ă©coutais quand mĂȘme beaucoup de podcasts d'installation ou de reportages sur des installations. Et tant en... souvent des gens qui mettent des annĂ©es avant de trouver. Je n'avais vraiment aucune idĂ©e. Et donc, ça faisait un moment que j'avais des alertes sur le bon coin, sur les agences immobiliĂšres, de fermes. Mais en fait, tant que tu n'y passes pas 24 heures pendant des mois, tu ne trouveras pas. Il y a un moment oĂč je m'Ă©tais quand mĂȘme motivĂ©e Ă  vraiment... Aussi, je commençais Ă  avoir parce que l'achat de la ferme dĂ©pendait Ă©normĂ©ment du salaire que je... que je mettais de cĂŽtĂ© quand je travaillais Ă  Paris, au retour de mon voyage. Et donc forcĂ©ment, au dĂ©but, c'Ă©tait plus un rĂȘve de quelle ferme je pourrais acheter dans un an. Et puis au bout d'un moment, je commençais Ă  avoir les sous sur mon compte et du coup, je pouvais commencer Ă  plus sĂ©rieusement regarder des fermes et Ă©ventuellement aller visiter. On a fait un premier week-end dans le limousin avec mon frĂšre et ma mĂšre Ă  l'Ă©tĂ© 2022. On a visitĂ© une ferme sur le Boncoin et on a rencontrĂ© deux paysans qui avaient mis une annonce sur Terre de Liens. Avec Terre de Liens. Parce qu'Ă  cette Ă©poque, comme je me disais, si ça se trouve, je vais mettre trois ans avant de trouver ma ferme. Moi, je n'ai pas envie de dĂ©mĂ©nager dans le limousin dans trois ans. J'ai envie de dĂ©mĂ©nager dans le limousin dans un an. Du coup, je m'Ă©tais dit, si jamais je ne trouve pas ma ferme que je pourrais acheter tout de suite, pourquoi pas me faire prĂȘter du terrain par un paysan via Terre de Liens pour dĂ©jĂ  m'installer dans la rĂ©gion et pouvoir plus facilement visiter des fermes plus tard pour moi. Et ça, en vrai, c'est le meilleur move.

  • Speaker #1

    Tu aurais pu vivre dans un habitat allégé ?

  • Speaker #0

    Tu veux dire sur les fermes que j'ai visitées via Terre de l'Homme ?

  • Speaker #1

    Oui, est-ce que tu n'aurais pas pu avoir une caravane ?

  • Speaker #0

    En l'occurrence, les deux paysans que j'ai rencontrĂ©s, c'Ă©tait des projets un peu similaires. Il y en avait un, il Ă©tait retraitĂ©. Les deux, ils avaient une centaine d'hectares. Il y en avait un, il Ă©tait retraitĂ©. Et l'autre, il avait une quarantaine d'annĂ©es. Le retraitĂ©, il avait besoin d'un coup de main de temps en temps. Genre, je ne sais pas, trois fois par an, il avait besoin d'ĂȘtre deux pour faire la rĂ©colte de je ne sais plus quoi. Et du coup, il voulait avoir une personne sur place pour l'aider. Et le gars de 40 ans, il se trouvait un peu seul sur ses 100 hectares. Et il avait eu cette envie de plus de collectif. Et donc ces deux personnes-lĂ , qui Ă©taient sur des fermes diffĂ©rentes, avaient tous les deux de 1 Ă  4 hectares Ă  mettre Ă  disposition gratuitement, plus une petite grange avec une petite partie habitation, pareil, Ă  mettre Ă  disposition gratuitement. Donc tu pouvais vraiment te lancer dans un projet, tu ne serais jamais chez toi. Donc pour moi, ça pourrait convenir Ă  certaines personnes, pour moi ça aurait Ă©tĂ© plus du coup un projet tremplin, de quelques annĂ©es lĂ -bas, le temps de trouver ma ferme. ou de voir si ça te plaĂźt ouais aussi et du coup j'avais quand mĂȘme rendu visite Ă  ces deux personnes j'avais visitĂ© une premiĂšre ferme au final j'avais donnĂ© suite pour rien un mois plus tard lĂ  je passais mon temps sur mon tĂ©lĂ©phone Ă  checker les nouvelles annonces je pense que je regardais les annonces sur je sais pas 10 sites diffĂ©rents 3 Ă  4 fois par jour je voyais les annonces vraiment quelques heures aprĂšs qu'elles aient Ă©tĂ© publiĂ©es Et lĂ , j'ai rĂ©ussi Ă  trouver une dizaine de fermes. Et comme je n'ai aucune attache familiale, ni de rien, ni pas d'enfant, dans le limousin, ça pouvait ĂȘtre vraiment Ă  peu prĂšs partout.

  • Speaker #1

    Tu avais toutes les possibilités.

  • Speaker #0

    VoilĂ . À un moment, par hasard, j'ai trouvĂ© une dizaine de fermes. C'Ă©tait Nord-Creuse, Nord-Haute-Vienne, Sud-Indre. Avec ma mĂšre, on est descendus pendant deux jours. On a fait les dix visites. La ferme que j'ai achetĂ©e faisait partie des dix visites.

  • Speaker #1

    Et alors, pourquoi celle-lĂ  ?

  • Speaker #0

    Eh bien, c'est vraiment la seule qui avait pratiquement tous les critĂšres. Le seul critĂšre qu'elle n'avait pas, c'est qu'il y a des parties du limousin qui sont encore plus enforestĂ©es, encore plus sauvages. Mais sinon, elle avait entre 2 et 4 hectares de terrain, donc en l'occurrence 3,5 hectares. Elle avait des bĂątiments en bon Ă©tat, avec la bonne surface, avec du potentiel. Elle avait un accĂšs Ă  l'eau, mĂȘme plusieurs accĂšs Ă  l'eau. Des terrains d'un seul tenant, un cadre mignon, une impasse, il y avait tous les critĂšres.

  • Speaker #1

    Et que l'esprit moins sauvage se pourrait.

  • Speaker #0

    Et le prix aussi qui était un peu plus élevé que prévu.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Oui, les autres fermes que j'avais visitĂ©es, il y avait souvent un seul hectare de terrain, il y avait souvent un puits qui peut-ĂȘtre donne de l'eau mais on ne sait pas parce qu'il est cassĂ©. oĂč il y avait des terrains ultra morcelĂ©s, ou alors une maison inhabitĂ©e depuis 40 ans, oĂč lĂ , tu as vraiment des Ă©normes travaux Ă  faire, ou une grande route qui passe devant la ferme. Ici, il y avait tout. Surtout quand on a fait la visite, qu'on est passĂ©, qu'on a fait le tour de la mare, il y avait un super soleil, il y avait tous les arbres. J'Ă©tais trop bien. Je me suis sentie chez moi.

  • Speaker #1

    La ferme, elle s'appelle la ferme des SƓurs. J'ai bien envie que tu nous expliques... Pourquoi tu as appelĂ© cet endroit la ferme des sƓurs ? Parce que dĂ©jĂ , je trouve ça trop mignon. Mignon, pourquoi ?

  • Speaker #0

    Eh bien, ça s'est passĂ© Ă  la signature du compromis de vente. On Ă©tait Ă  la table Ă  laquelle nous sommes assises maintenant, mais dans une piĂšce beaucoup plus petite, parce que lĂ , j'ai un peu cassĂ© des murs, mais c'Ă©tait une cuisine pas immense. Et Ă  cette table, on Ă©tait, je crois, neuf personnes. Donc, il y avait cinq sƓurs, puisqu'en fait, la... La maison, je l'ai achetĂ©e Ă  une dame qui avait cinq filles. Et donc cette dame Ă©tait en EHPAD quand j'ai achetĂ© la maison. Du coup, je ne l'ai jamais rencontrĂ©e, mais j'ai rencontrĂ© les cinq sƓurs de 50 Ă  75 ans, avec une Ă©nergie de dingue qui papote Ă©normĂ©ment. Enfin, trĂšs, trĂšs vivant, quoi. TrĂšs, trĂšs chouette. Donc les cinq sƓurs, il y avait moi, il y avait ma sƓur qui Ă©tait venue Ă  l'occasion, puisque je lui fais Ă©normĂ©ment... confiance et son avis compte beaucoup. Ça me rassurait Ă©normĂ©ment qu'elle soit lĂ  parce que acheter une ferme, c'Ă©tait quand mĂȘme fou. Il y avait aussi une copine Ă  nous, Clotilde, qui est une femme incroyable, 60 ans, elle a rĂ©novĂ© trois maisons dans sa vie. C'Ă©tait mon expertise bĂątiment. Je l'ai fait venir pour me dire, dis-moi si la charpente, c'est OK, dis-moi ce que tu penses des couvertures. Pareil, trop rassurĂ©e qu'elle soit lĂ . On Ă©tait toutes ces filles autour de la table. Au milieu, il y avait l'agent immobilier avec sa petite chemise tout coincĂ©e et qui ne savait pas en placer une. J'adorais cette Ă©nergie. Mais le moment Ă©tait trop beau. Et puis c'Ă©tait fort, c'Ă©tait important comme Ă©tape dans ma vie, de signer pour un compromis de vente pour une ferme, c'Ă©tait fou. Le lendemain, je suis rentrĂ©e Ă  Paris, je devais aller au travail, j'Ă©tais sur mon vĂ©lo, et lĂ  j'y ai repensĂ©, je me suis dit, la ferme des sƓurs.

  • Speaker #1

    J'essaye de rĂ©flĂ©chir, je visualise toute cette histoire. Puis en plus, j'y suis, c'est trop bien, j'ai l'impression d'ĂȘtre Christophe Ondelat, d'en fait entrer l'accusĂ©. Maintenant, si on passe Ă  la partie professionnelle, est-ce que... Alors tu vas vulgariser, s'il te plaĂźt, parce qu'elle a plein de mots hyper scientifiques et tout et tout. Parle-nous de cette partie professionnelle. À quel moment aussi elle est arrivĂ©e, cette partie professionnelle ? Parce que tout Ă  l'heure, quand tu m'as fait visiter, tu m'as sorti un puits de sciences, de savoirs. Je me suis dit, mais comment elle fait ? Bon, elle est jeune, donc elle retient mieux que moi. Mais quand mĂȘme, tout ça, cette culture que tu as par rapport Ă  ta profession aujourd'hui, elle est arrivĂ©e quand ? Et Ă  quel moment aussi tu t'es dit, boum, ce sera mon job ? C'est parti.

  • Speaker #0

    Pendant mon voyage Ă  vĂ©lo, j'Ă©tais partie faire ce voyage en me disant qu'il fallait que je revienne en ayant trouvĂ© c'Ă©tait quoi mon mĂ©tier. Donc il y avait quand mĂȘme cet objectif. J'ai dĂ©couvert les podcasts en voyageant Ă  vĂ©lo, parce que quand tu te fais 8 heures de vĂ©lo seule, t'as envie d'Ă©couter un truc, moi c'Ă©tait le cas.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'envoie tous les podcasts à des voyageurs à vélo.

  • Speaker #0

    Ouais. J'ai beaucoup Ă©coutĂ© de podcasts sur le fĂ©minisme, mais aussi sur la paysannerie. J'avais dĂ©jĂ , avant de partir, entendu parler de permaculture, mais surtout de jardin-forĂȘt. Je savais dĂ©jĂ  que ça me parlait, cette histoire de planter des arbres, de planter des forĂȘts, en gros jardin-forĂȘt. L'idĂ©e, c'est, surtout si tu pars d'une prairie, c'est d'accompagner la succession naturelle de cette prairie vers la forĂȘt, puisque si tu as une forĂȘt et que tu n'y fais rien, Il y a une friche qui va s'installer et puis il y a une forĂȘt qui va pousser. Donc l'idĂ©e c'est, au lieu d'ĂȘtre en lutte contre une parcelle de terrain, de l'accompagner mais d'y introduire des essences qui toi t'intĂ©ressent, soit pour une production fruitiĂšre, une production comestible, ou alors une production pour l'artisanat, pour un projet pĂ©dagogique. la partie jardin forĂȘt, j'en avais dĂ©jĂ  entendu parler avant de partir, j'ai beaucoup Ă©coutĂ© de podcasts dessus en voyageant le podcast de l'Ă©cole d'agroĂ©cologie voyageuse qui est prĂ©sentĂ© par Opaline ça c'est super, il y a des prĂ©sentations de fermes gĂ©niales mais sinon une rĂ©fĂ©rence sur les jardins forĂȘts en France c'est Fabrice Desjours qui a plantĂ© un jardin forĂȘt il y a bientĂŽt 15 ans en Bourgogne sur 2 hectares et demi et il a Ă©crit un livre qui est trĂšs bien aux Ă©ditions de Terran et moi je suis allĂ©e me former chez lui. Donc ouais, sur les jardins-forĂȘts il y a une bibliographie assez intĂ©ressante il y a aussi Ă  la collection RĂ©silience chez Ulmer, il y a un petit livre du Bec et Loin sur la crĂ©ation des mini-forĂȘts-jardins et aprĂšs je crois que c'est en Angleterre c'est Martine Crawford qui a aussi Ă©crit un livre sur les forĂȘts-jardins qui est pas mal d'ailleurs on veut plus de femmes qui Ă©crivent des livres sur la permaculture et l'agroforesterie

  • Speaker #1

    C'est beaucoup des hommes ?

  • Speaker #0

    Oui. Alors, il y a GeneviĂšve Michon qui a Ă©crit pas mal de livres trĂšs intĂ©ressants sur l'agroforesterie dans le monde. Je crois que son livre, c'est Agriculture Ă  l'ombre des forĂȘts, des arbres Agriculture Ă  l'ombre des arbres Ă  vĂ©rifier. Elle a fait la prĂ©face du livre de Fabrice Desjours. Mais oui, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on veut plus de femmes qui Ă©crivent sur la permaculture, sur la paysannerie.

  • Speaker #1

    Moi, je te propose que tu commences Ă  Ă©crire dĂšs demain.

  • Speaker #0

    Allez. C'est parti,

  • Speaker #1

    prochain projet.

  • Speaker #0

    J'ai pas assez de choses Ă  faire.

  • Speaker #1

    Alors donc tu commences Ă  prendre connaissance de ce type de projet.

  • Speaker #0

    Mais pourtant, Ă  la fin de mon voyage et pendant ces deux mois, un peu de dĂ©cantation du projet, je suis plutĂŽt partie en tĂȘte avec l'idĂ©e de faire des plantes mĂ©dicinales. Donc pendant longtemps, mon projet ça a Ă©tĂ© de faire...

  • Speaker #1

    PAM.

  • Speaker #0

    Ouais, P-P-A-M, de la tisane, des baumes, voilĂ , un peu transformation trĂšs variĂ©e. et Ă  cĂŽtĂ© de planter un jardin forĂȘt. Pendant trĂšs longtemps, mon projet de jardin forĂȘt, il Ă©tait quand mĂȘme un peu Ă  cĂŽtĂ©. C'Ă©tait vraiment un projet qui Ă©tait scindĂ© en deux. Et j'ai mis vraiment du temps avant de relier les deux. D'ailleurs, je crois que c'est Fabrice Desjours, pendant la formation, qui m'a aidĂ©e Ă  ne faire plus qu'un. On faisait pas mal de design. On avait du coup nos...

  • Speaker #1

    Tu veux dire Ă  rejoindre les deux ?

  • Speaker #0

    Oui, Ă  dire arrĂȘte de penser, arrĂȘte de mettre des arbres d'un cĂŽtĂ© et du romarin en plein soleil de l'autre cĂŽtĂ©. Si tu veux faire des plantes mĂ©dicinales, pourquoi tu ne ferais pas des plantes mĂ©dicinales dans ton jardin forĂȘt ? Ça, ça m'a trop aidĂ©e. Je me suis dit, mais oui, je suis bĂȘte, j'arrĂȘte pas de... Ma passion, c'est les arbres, mais je veux cultiver quand mĂȘme en herboristerie. Bon, il y a aussi... On utilise aussi les arbres. Il y a aussi des plantes comme la consoute, qui sont des plantes qui adorent l'ombre. Mais il y a quand mĂȘme une grosse partie des plantes en herboristerie traditionnelle. qui sont des plantes de plein soleil, des plantes Ă©mergentes. Les soucis, le romarin, la lavande, tout ça, c'est trĂšs peu forestier. Et moi, ma passion, c'est les forĂȘts. Un peu Ă©tonnant.

  • Speaker #1

    Pourquoi c'est ta passion, les forĂȘts ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. C'est comme le limousin,

  • Speaker #1

    ça ne s'explique pas.

  • Speaker #0

    C'est pareil, rien ne s'explique. Ça s'est fait petit Ă  petit. Si je pense qu'au bout d'un moment, ça m'a parlĂ© de planter des paysages plus durables. En fait... Le potager, au dĂ©but, c'est un peu la porte d'entrĂ©e vers dĂ©couvrir comment fonctionne le vivant. Mais trĂšs vite, je me dis quel est l'intĂ©rĂȘt de passer une saison Ă  faire du potager si tu dois repartir Ă  zĂ©ro l'annĂ©e prochaine. Alors que quand tu plantes un arbre, tu le plantes pour 50, 100 ans. AprĂšs ta mort, j'aime bien l'idĂ©e de travailler aprĂšs toi.

  • Speaker #1

    Du long terme.

  • Speaker #0

    Des paysages pĂ©rennes, des paysages qui existent encore, mĂȘme si toi, tu meurs. Ça, ça me parle. Et donc petit Ă  petit, je me suis dit arrĂȘte de focaliser sur les tisanes. Et en fait, sur une autre formation, chez MĂ©lilotus en CorrĂšze, une super ferme en production de plantes mĂ©dicinales, j'ai dĂ©couvert la gĂ©mothĂ©rapie. Donc gĂ©mothĂ©rapie, c'est des extraits de bourgeons. Tu cueilles les bourgeons Ă  la sortie de l'hiver. Quand ils gonflent, ils gonflent, ils gonflent. Et juste avant qu'ils explosent, tu les cueilles Ă  ce moment-lĂ .

  • Speaker #1

    Et tu prends l'extrait, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Ouais, en gros, tu les fais macĂ©rer dans un mĂ©lange d'eau, d'alcool. Et traditionnellement de glycĂ©rine, mais il y a beaucoup de producteuristes qui vont remplacer la glycĂ©rine par du miel pour pouvoir travailler avec les ingrĂ©dients les plus locaux possibles, voire mĂȘme produits sur la ferme.

  • Speaker #1

    Toi tu mets ça ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Pour l'instant, j'achÚte le miel à un producteur de miel qui a un tout petit rucher à cÎté de ses plantes médicinales, à une vingtaine de kilomÚtres de chez moi. D'accord. Et à terme, si j'y arrive, c'est d'avoir un petit rucher sur la ferme et d'avoir le miel. produit sur la ferme pour la gémothérapie. Eau, alcool et miel. Tu mets les bourgeons à matérer dedans.

  • Speaker #1

    Eau, alcool, miel, d'accord. Tu mets les bourgeons.

  • Speaker #0

    AprÚs, tu laisses macérer pendant 3 semaines jusqu'à 40 jours. Et tous les jours, tu prends ton bocal et tu viens le dynamiser. Du coup, dynamiser un bocal, c'est lui...

  • Speaker #1

    Le secouer.

  • Speaker #0

    Oui, le secouer en lui apportant un mouvement.

  • Speaker #1

    En faisant des 8.

  • Speaker #0

    Oui, en faisant des 8.

  • Speaker #1

    Pas le PD8 avec ses bras, lĂ .

  • Speaker #0

    En gros, l'idée, c'est de... que pendant tout le moment de la macération, tes solvants continuent d'extraire toute l'information qu'il y a dans le bourgeon. Tu vois, ton macérat de bourgeon, c'est un truc vivant. Tu ne veux pas le laisser stagner pendant trois semaines, un mois.

  • Speaker #1

    C'est comme si tu le faisais libre.

  • Speaker #0

    Tu l'actives. Exactement. Du coup, tu fais ça pendant trois semaines Ă  40 jours. AprĂšs, tu viens... C'est beaucoup quand mĂȘme. Oui. Quand tu as une quarantaine de bocaux qui pĂšsent chacun un kilo, tu le sens dans les bras.

  • Speaker #1

    C'est ça les muscles.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Il ne faut pas que... Oui. et aprÚs tu viens filtrer ton macérat, donc tu récupÚres juste le solvant qui a capté toutes les molécules du bourgeon en fait le plus liquide va partir toi tu vas garder la matiÚre la plus la galette de bourgeon la galette ?

  • Speaker #1

    quand tu la presses on dirait un petit steak aprÚs t'as des trucs comme ça à me montrer ou pas ?

  • Speaker #0

    est-ce que j'ai pris des photos ? tu montreras plus tard mais en gros nous on garde le liquide la galette de bourgeon, tu la compostes aprĂšs. Puisque toute l'information du bourgeon a Ă©tĂ© extraite par tes trois solvants dans le liquide. C'est pour ça qu'on utilise trois solvants. C'est comme si tu fais une tisane ou une alcoolature, tu ne vas pas extraire les mĂȘmes molĂ©cules parce que l'eau chaude ne va pas capter la mĂȘme chose que l'alcool. LĂ , du coup, on a ces trois solvants parce que chaque solvant va capter des molĂ©cules diffĂ©rentes du bourgeon. LĂ ,

  • Speaker #1

    en fait, c'est que tu enlĂšves le solide et tu gardes le liquide. D'accord.

  • Speaker #0

    Ce que tu mets dans les flacons, c'est l'extrait de bourgeon. On dit aussi macĂ©rat mĂšre de bourgeon. Et aprĂšs, tu le mets dans des petits flacons de 30 millilitres avec un compte-gouttes, un peu comme les huiles essentielles. Et aprĂšs, ça se prend sous forme de cure de trois semaines. Tu mets 15 gouttes dans un verre d'eau le matin. Et ça soigne une trĂšs grande diversitĂ© de choses. Mais surtout, moi, ce qui m'appelle dans la gĂ©mothĂ©rapie, c'est que je travaille avec les arbres. Et en fait, j'ai enfin pu me libĂ©rer de cette... dualitĂ© entre d'un cĂŽtĂ© mes plantes mĂ©dicinales de plein soleil et de l'autre cĂŽtĂ© ma forĂȘt. Je fais mes produits de soins dans ma forĂȘt puisque je travaille que avec les arbres. VoilĂ , ça fait le pont. Donc je produis de la gĂ©mothĂ©rapie, donc des extraits de bourgeons, ça c'est ma production. C'est la premiĂšre annĂ©e que je produis. Je commence Ă  vendre. Vous pouvez aller voir sur lafermedesseur.fr et vous pouvez dĂ©sormais acheter les flacons de gĂ©mothĂ©rapie, donc les extraits de bourgeons sur internet. Donc soit je vous les envoie, soit sinon vous pouvez passer Ă  la ferme les rĂ©cupĂ©rer, donc ça c'est mon activitĂ© de production cette annĂ©e et sinon sur 2 hectares et demi, donc je plante un jardin forĂȘt, Ă  visĂ©e nourriciĂšre et pĂ©dagogique, donc pour accueillir plein d'Ă©vĂ©nements, c'est GĂ©alca Ă  la ferme, on fait des fĂȘtes des plantes, on fait des chantiers de plantation collective vous ĂȘtes le dĂ©vannerie, j'apprends aux gens Ă  greffer, on fait plein de choses, l'idĂ©e c'est de faire vivre le lieu, et sur l'hectare enfin sur la parcelle d'en face je dĂ©veloppe de l'agroforesterie syntropique, donc c'est une technique d'agroforesterie... qui travaille sur trois piliers. La construction des plantations dans l'espace, on travaille avec des strates pour que toutes les strates de vĂ©gĂ©taux soient remplies. Ensuite, on travaille avec la succession dans le temps. Quand on plante une ligne en agroforesterie syntropique, on plante tout ce qui va exister dans le systĂšme de la premiĂšre annĂ©e Ă  dans 300 ans. Oui, je vais planter mes cassis et mes abricotiers pour avoir une production de fruits, mais je vais aussi semer mes noyĂ©s et mes chĂȘnes. pour qu'une fois que mes productions fruitiĂšres sont arrivĂ©es au bout de leur vie, qu'il y ait aussi une forĂȘt qui lui succĂšde. Et le troisiĂšme pilier de la centropie, c'est la... La perturbation, c'est imiter la dynamique de fonctionnement du vivant. Et en gros, 70 Ă  80% de ce que je plante, quand je fais une plantation en agriculture syntropique, c'est des plantes qui sont destinĂ©es Ă  ĂȘtre taillĂ©es trĂšs frĂ©quemment. Donc on choisit des plantes que plus on taille, plus elles poussent, plus on taille, plus elles poussent. Et quand on vient faire une perturbation en agriculture syntropique, on essaye de faire ça la veille d'un jour oĂč il pleut. Du coup, on vient tailler Ă  ras.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que tu as choisi le limousin ?

  • Speaker #0

    Moi, je n'avais pas encore dĂ©couvert la Saint-Tropez Ă  ce moment-lĂ . Mais en gros, on taille d'un coup, comme si on Ă©tait un gros troupeau de vaches qui venaient brouter notre parcelle pour faire une perturbation. On veut en gros faire un petit choc au systĂšme pour le lancer dans une nouvelle dynamique de crĂ©ation de vivants. On vient tailler Ă  ras tout ce qui adore ĂȘtre taillĂ©. On apporte Ă©normĂ©ment de matiĂšre au sol, puisque tout ce qu'on taille, on le met dans le tas.

  • Speaker #1

    Tout le reste par terre.

  • Speaker #0

    On a une grande entrĂ©e de lumiĂšre sur le systĂšme, puisque tout d'un coup, on a tout ouvert. Le lendemain... il pleut, gros apport d'eau et toutes les plantes qui ont Ă©tĂ© taillĂ©es elles vont Ă©mettre une hormone qui s'appelle la gibĂ©ryline qui donne l'information Ă  la plante qu'il faut qu'elle repousse vite parce qu'elle vient de se faire couper la tĂȘte et comme elle est sympa et qu'on en a taillĂ© Ă©normĂ©ment, elle va aussi filer l'information qu'il faut que ça pousse aux copines Ă  cĂŽtĂ©. MĂȘme si on n'a pas taillĂ© notre pommier Ă  ras parce que nous on veut des pommes et bien lui aussi il va avoir ce petit boom de croissance qu'on appelle le saut du chat en agriculture syntropique.

  • Speaker #1

    Je pense que tu peux Ă©crire un livre.

  • Speaker #0

    Il y a déjà un super livre d'Anna El-Theri qui est édité chez Terre Vivante et qui s'appelle Bienvenue en Syntropie, si vous voulez un peu comprendre, débroussailler cette forme d'agriculture hyper passionnante, je vous le recommande.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il faut ĂȘtre vraiment, dĂ©jĂ , c'est un peu con cette question que je vais te poser, mais est-ce que c'est complexe Ă  lire ce genre d'ouvrage pour quelqu'un qui n'y connaĂźt pas grand-chose ? Est-ce que ça peut ĂȘtre dur Ă  lire, tu vois ? Ou est-ce qu'il ne vaut mieux pas venir te voir et tu fais des ateliers ?

  • Speaker #0

    Alors dĂ©jĂ , vous pouvez venir en woofing Ă  la ferme. Si vous voulez vraiment apprendre Ă  travailler en syntropie, le mieux, c'est quand mĂȘme d'aller dans des fermes qui font de la syntropie. Moi, je suis allĂ©e me former dans deux fermes gĂ©niales. La ferme des Mahouagites, dans le Gers, oĂč j'ai fait ma premiĂšre formation en agriculture syntropique. Et aprĂšs, je suis allĂ©e me former chez Anna El-Theri, l'autrice du livre dont j'ai parlĂ©, en Dordogne. Et donc ça, c'est vraiment la clĂ© pour faire un bond Ă©norme en comprĂ©hension. Mais peu importe le sujet, en fait. Ma formation chez Fabrice Desjours sur les jardins forĂȘts, mes deux formations en agriculture syntropique, mes formations en gĂ©mothĂ©rapie et en production de plantes mĂ©dicinales, c'est vraiment le fait de passer cinq jours sur une ferme. Oui,

  • Speaker #1

    au cƓur de l'action.

  • Speaker #0

    C'est ça qui nous fait progresser de fou. Donc c'est pas mal de lire en amont, de regarder quelques vidĂ©os en amont pour essayer d'avoir... D'avoir des mots-clĂ©s, par exemple. Rien que le fait d'arriver dans une ferme avec le vocabulaire, ça aide. Mais aprĂšs, il faut aller vivre les choses. Donc, il faut faire du woofing, il faut aller se former. Ça, c'est gĂ©nial.

  • Speaker #1

    Il y a un truc qui est important à préciser. Donc, tout ça, et je sais que c'est important pour toi, toute seule. Toute seule.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    tout ça toute seule.

  • Speaker #0

    Oui. En fait, quand j'Ă©tais prĂȘte Ă  me lancer, c'est-Ă -dire quand j'avais la motivation, l'Ă©nergie, l'envie et les sous, En fait, j'Ă©tais la seule personne autour de moi qui avait ce projet-lĂ .

  • Speaker #1

    Est-ce que tu aurais pu le faire en collectif ?

  • Speaker #0

    Si j'avais, Ă  ce moment-lĂ , Ă©tĂ© portĂ©e par une envie de collectif avec des copines, oui, je l'aurais fait en collectif, je pense. Mais en fait, c'est un peu le hasard qui a fait que j'avais envie de le faire. J'Ă©tais prĂȘte et je n'avais pas besoin d'ĂȘtre accompagnĂ©e d'une autre personne pour me lancer. Donc, je l'ai fait. Au final, je pense que c'Ă©tait plutĂŽt une bonne dĂ©cision parce que ça correspond aussi pas mal Ă  mon tempĂ©rament. Je suis franchement fiĂšre. d'avoir fait ça seule j'ai pas fait ça 100% seule il y a Ă©normĂ©ment de copines et de copains qui sont venus m'aider donc il y a et en vrai je suis trop contente de voir tel mur de la maison et de me dire ça je l'ai fait avec Jeanne telle construction de me dire que ça on l'a construit avec Flore ça c'est gĂ©nial, j'adore ça mais je suis aussi super fiĂšre de pas avoir eu peur et de m'ĂȘtre lancĂ©e et ça veut pas dire que j'ai pas paniquĂ© plein de moments qu'il y a pas plein de moments oĂč je me suis dit je n'y arriverai jamais si, j'ai paniquĂ© plein de fois mais je suis encore plus fiĂšre de l'avoir fait et d'avoir surmontĂ© toutes les petites peurs qui Ă©taient sur mon passage Et ouais, si on pense qu'on peut se lancer seule, il faut le faire, peu importe son genre, peu importe son Ăąge, peu importe son passĂ©. Genre moi, je suis arrivĂ©e ici, je n'avais jamais utilisĂ© de perceuse. Comme on dit, j'ai fait une dalle Ă  la chaux toute seule. Maintenant, je vais me mettre Ă  apprendre l'Ă©lectricitĂ©. J'ai eu un aperçu de comment...

  • Speaker #1

    Ça, c'est la partie auto-construction ?

  • Speaker #0

    Ouais. La partie agricole, j'avais moins peur parce que j'avais quand mĂȘme beaucoup travaillĂ© avant. En woofing, en formation, beaucoup de lectures, beaucoup de premiĂšres expĂ©rimentations. Du coup, j'avais assez confiance en moi sur la partie agricole.

  • Speaker #1

    C'est plutĂŽt la partie bĂątiment.

  • Speaker #0

    Oui, ça pour le coup, ce n'Ă©tait mĂȘme pas prĂ©vu que je rĂ©nove une maison. Et puis la partie administrative, ça c'Ă©tait aussi une grosse dĂ©couverte. Et ça, ça a suscitĂ© beaucoup de stress et de panique et d'anxiĂ©tĂ© chez moi. Mais voilĂ , maintenant, j'ai plus. plus peur quand je fais ma TVA. À chaque fois, c'est une nouvelle Ă©tape de gagner. Se lancer seule, c'est possible. Si on en a envie, si ça correspond Ă  notre personnalitĂ©, il faut le faire. Il ne faut pas avoir peur si on peut ne pas avoir peur.

  • Speaker #1

    À certaines, j'ai posĂ© la question, est-ce qu'il y avait un bon moment, selon elles, pour changer de territoire, changer de vie, changer de mĂ©tier, changer de mode de vie ?

  • Speaker #0

    Non, je pense qu'on le sait. Moi, c'est sĂ»r que ça a Ă©tĂ©... particuliĂšrement facile parce qu'au-delĂ  du fait d'ĂȘtre prĂȘte et d'en avoir trĂšs envie, j'avais pas d'enfants, j'Ă©tais pas en couple, j'avais pas d'endettement. Enfin, franchement, tous les feux Ă©taient au vert pour me lancer. Donc, moi, je suis peut-ĂȘtre particuliĂšrement privilĂ©giĂ©e. Et c'est peut-ĂȘtre des dĂ©cisions qui sont beaucoup plus dures Ă  prendre pour d'autres personnes.

  • Speaker #1

    Quand il y a une famille tout autour,

  • Speaker #0

    tu sais. Ouais, plein de choses qui peuvent ĂȘtre des freins. Mais non, je pense que si on le sent et que surtout si on sent qu'on n'est pas Ă  sa place... Il ne faut pas y rester quoi. Si on peut, si on a le privilĂšge de ne pas y rester. Mais bon, c'est un point de vue de personnes trĂšs privilĂ©giĂ©es, Ă©videmment.

  • Speaker #1

    Je me suis noté comment ton nouveau mode de vie, comment ça influence ton quotidien. Qu'est-ce qui a changé ? Est-ce que tu as des choses concrÚtes ?

  • Speaker #0

    Il y a la diffĂ©rence toute simple d'ĂȘtre chef d'entreprise versus ĂȘtre salariĂ©. Oui, dĂ©jĂ . J'ai crĂ©Ă© mon entreprise en septembre. Donc il y a 9 mois, lĂ  c'est ma premiĂšre annĂ©e de production, donc j'ai pas encore trouvĂ© ce bon Ă©quilibre entre Ă  quel moment je travaille, Ă  quel moment je ne travaille pas, et ça c'est Ă©vident qu'il va falloir que je le fasse rapidement ou Ă  un moment donnĂ©. Ça, ça change beaucoup, du coup ça entraĂźne pas mal de culpabilitĂ©, tu vois, de je ne travaille pas aujourd'hui. En fait j'ai du mal Ă  me dire... Aujourd'hui, voire aujourd'hui et demain,

  • Speaker #1

    je ne travaille pas.

  • Speaker #0

    Mais surtout parce qu'en fait, ce que j'ai tendance Ă  faire, c'est me rĂ©veiller. Je sens que ça va ĂȘtre une petite journĂ©e, mais j'y vais quand mĂȘme. Je travaille mal une journĂ©e alors que j'aurais pu me dire, aujourd'hui, c'est un jour off et mĂȘme encore mieux, le prĂ©voir dans le calendrier pour que deux jours plus tĂŽt, je puisse me dire dans deux jours, je me repose. Parce qu'en fait, c'est vraiment ça qui repose, c'est de voir le jour de repos venir. et du coup ça c'est dur en tout cas c'est dur pour moi Organiser,

  • Speaker #1

    structurer, ĂȘtre en libre et ĂȘtre en...

  • Speaker #0

    En fait actuellement mon organisation c'est je travaille tous les jours jusqu'au jour oĂč je ne travaille pas mais il y a beaucoup de fois oĂč le jour oĂč je ne travaille pas en fait j'essaye quand mĂȘme de travailler et je travaille mal et du coup c'est un mauvais jour de repos Ouais ou alors ces jours lĂ  tu profites pas Ouais tu culpabilises de ne pas ĂȘtre dehors ou de faire les choses Ă  moitiĂ© de lire un bouquin alors que je vois bien que le peu de fois oĂč je me suis autoriser des journĂ©es de repos, c'est souvent parce que j'avais prĂ©vu des choses, comme il y a cette brocante, trop bien, elle est Ă  15 km, du coup si la brocante est Ă  15 km, je vais m'organiser, quitte Ă  aller lĂ -bas Ă  vĂ©lo, je vais aller voir le marchĂ©,

  • Speaker #1

    ou je vais manger... Tu as optimisé tout ton truc là.

  • Speaker #0

    Et en fait là j'adore, parce que je sais que c'est la veille, déjà je me dis demain, petit jour de repos, on va faire la petite brocante, on va faire le marché, je suis trop bien. Je sais que c'est un truc sur lequel il faut vraiment que je travaille, et que ça me rend heureuse en plus d'ajouter un rythme dans ma vie.

  • Speaker #1

    J'en profite. Il y avait un truc qui était important pour toi, qu'on devait évoquer ensemble aujourd'hui. Parce que c'est vrai que bien souvent, quand on parle de vivre à la campagne, de ruralité, on parle des difficultés de mobilité. Et la plupart ont le permis, ou des voitures, etc. Mais souvent, il y a plusieurs voitures. En tout cas, la mobilité, c'est un sujet. Et toi, tu avais envie de prendre la parole là-dessus, parce que tu es sur un autre modÚle. Tu peux nous expliquer ? Enfin, on a un petit peu compris, mais vas-y.

  • Speaker #0

    Ça fait partie du projet depuis le dĂ©but. C'est de m'installer... Ah, c'est une volontĂ© ! Ah oui, 100%. C'est de m'installer Ă  la campagne sans voiture et Ă  vĂ©lo. Et du coup, de tout faire Ă  vĂ©lo. Mon retour d'expĂ©rience, c'est que ça marche. Et que si vous avez un projet d'installation Ă  la campagne, et que vous vous dites que ça rime forcĂ©ment avec le fait, parfois mĂȘme, d'acheter une voiture, parce que si on est sur un projet nĂ©o-rural d'une personne qui habite en ville sans voiture, il y a souvent ce rĂ©flexe de se dire... Et mĂȘme souvent, parfois, les gens ne sont pas forcĂ©ment trĂšs heureux de faire ce choix. De se dire, je vais m'installer Ă  la campagne, gĂ©nial, mais du coup,

  • Speaker #1

    il faut que je le fasse.

  • Speaker #0

    Et bien en fait, c'est possible. En tout cas, pour moi, ça l'a Ă©tĂ© et je suis super heureuse de ce choix. Évidemment que tous les projets vont ĂȘtre diffĂ©rents, que ça va dĂ©pendre de votre contexte familial, de votre territoire, de votre motivation, votre plaisir Ă  vous dĂ©placer. On parle du vĂ©lo, mais ça peut ĂȘtre autre chose. Mais pareil, mĂȘme pour des familles, tu vois, qui se diraient trop bien cette paysanne qui fait son truc Ă  vĂ©lo. Mais nous, on a des enfants, c'est non. En fait, ça vaut le coup d'y rĂ©flĂ©chir. Moi, pendant que j'ai voyagĂ© Ă  vĂ©lo, j'ai rencontrĂ© des familles avec des enfants qui avaient 6 mois, des enfants qui avaient 5 ans, des adolescents. J'ai rencontrĂ© des personnes qui avaient 70 ans, qui faisaient du vĂ©lo Ă  l'autre bout de la planĂšte sur un tandem. En fait, des rĂ©cits de mobilitĂ© diffĂ©rentes. Il y en a plein et c'est important de les Ă©crire. Et peut-ĂȘtre que... que dans... Je parle Ă  une personne. Peut-ĂȘtre que dans votre cas, vous aurez besoin d'une voiture. Mais se poser la question et Ă©tudier le projet sans voiture, ça peut ĂȘtre hyper intĂ©ressant. Il y a aussi un autre truc Ă  prendre en compte.

  • Speaker #1

    Tu ne voulais pas que ce soit un frein à l'installation ? À la campagne ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, je voulais juste dire que ça vaut le coup de se poser la question, est-ce que je peux le faire sans voiture ? Il y a un autre Ă©lĂ©ment que moi, je n'avais pas trop anticipĂ©, c'est que tout le monde dans le coin a des voitures individuelles, ou Ă©normĂ©ment de personnes, mĂȘme souvent plusieurs voitures par foyer. Et en fait, il y a aussi des personnes qui se rendent compte qu'elles n'ont pas trop envie de faire 15 km de voiture pour aller au cinĂ©ma dans une voiture avec une seule personne. Donc, soit elles ne le font pas, c'est possible du coup de s'organiser pour remplir une voiture, pour aller au cinĂ©ma, parce que c'est aussi important d'avoir accĂšs Ă  la culture en milieu rural. Soit elles le font quand mĂȘme, mais du coup, elles auront trop envie de covoiturer et d'avoir une personne en plus dans la voiture. Et du coup, depuis que je suis arrivĂ©e, plein de fois, j'ai covoiturĂ© pour aller Ă  tel Ă©vĂ©nement Ă  35 kilomĂštres de chez moi, pour aller Ă  une sortie cinĂ©, on s'envoie un petit message. Qui veut aller Ă  cette projection ?

  • Speaker #1

    Je vais te demander justement comment t'es arrivée à trouver les contacts.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pas Ă©vident. C'est vrai. En fait, je crois que ce qui m'aide le plus, c'est l'association que j'ai rejoint depuis septembre. C'est une association locale qui travaille Ă  la protection des forĂȘts locales. Et en fait, lĂ , ça m'a permis d'avoir un petit noyau d'une quinzaine de personnes avec des valeurs similaires, plus un noyau plus grand d'une centaine de personnes adhĂ©rentes Ă  l'association. Et du coup, on discute sur Slack, en gros, sur un rĂ©seau de communication. Et en fait, c'est vraiment ça. Tu as un petit canal, je cherche, je donne. Moi, j'ai dit, je dois faire trois allers-retours Ă  la dĂ©chetterie pour vider ma grange. Est-ce qu'une personne avec un vĂ©hicule pourrait venir m'aider ? En contrepartie, je peux filer un coup de main sur un truc, vous rĂ©munĂ©rez l'essence, j'ai proposĂ© ce truc. Et du coup, lĂ , il y a deux maraĂźchers qui sont venus m'aider Ă  vider la grange. On a fait trois allers-retours Ă  la dĂ©chetterie, ça a pris une matinĂ©e. Et dans quelques semaines, je vais aller les aider plusieurs jours Ă  faire une rĂ©colte oĂč ils ont besoin de main-d'Ɠuvre. Et du coup, on fait un troc comme ça. Il y a une personne qui va dire, je vais Ă  l'arborĂ©tum qui est Ă  35 km la semaine prochaine. J'ai trois places dans ma voiture, qui veut venir.

  • Speaker #1

    C'est bien aussi dans ce sens-lĂ  de pouvoir ouvrir.

  • Speaker #0

    Moi, je repÚre un événement, je dis, ça a l'air trop cool, qui y va ? Et puis aprÚs, soit les personnes, elles passent par chez moi, soit moi, je fais 10 km de vélo pour les rejoindre. AprÚs, on en fait 50 ensemble. En fait, le covoiturage, c'est aussi une super option que je n'avais pas forcément anticipée et qui marche bien.

  • Speaker #1

    D'accord. Oui. Ok. À quoi tu ne renoncerais plus aujourd'hui en vivant en limousin ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je pense que je serais trùs malheureuse si je ne plantais pas d'arbres et que je ne les regardais pas pousser. Ça m'en rend tellement heureuse. Si je n'avais pas un petit bout de terrain pour voir des arbres pousser, ça me rendrait trop triste. D'accord.

  • Speaker #1

    La nature, elle joue un Ă©norme rĂŽle dans ta nouvelle vie.

  • Speaker #0

    Le vivant est trĂšs important.

  • Speaker #1

    Ta décision de changement de vie, avec le recul ?

  • Speaker #0

    Je suis contente d'ĂȘtre parvenue jusqu'ici, bien que le point de dĂ©part ait Ă©tĂ© Ă  l'opposĂ©. Parfois, je suis un peu triste de ne pas avoir reçu une Ă©ducation beaucoup plus tournĂ©e vers le travail manuel, l'artisanat, la valorisation des connaissances liĂ©es au vivant. Parfois, ça me rend triste d'avoir passĂ©. Tant d'annĂ©es sur une chaise, dans un bĂątiment fermĂ©, Ă  Ă©tudier peut-ĂȘtre certaines choses qui me servent, mais de maniĂšre mal enseignĂ©e. Parfois, ça me rend triste de me dire que je n'ai pas grandi en connaissant le nom des arbres, en apprenant Ă  reconnaĂźtre les oiseaux qui m'entourent. Parfois, je me dis qu'avoir passĂ© quatre ans Ă  Ă©tudier le stylisme et le modĂ©lisme, quelle perte de temps. Et en mĂȘme temps, peut-ĂȘtre que c'est tous ces petits trucs qui ont fait qu'aujourd'hui, je suis devenue paysanne Ă  Arnaque-la-Poste. Peut-ĂȘtre que si j'avais grandi dĂ©jĂ  ici... dĂ©jĂ  entourĂ©e, dĂ©jĂ  Ă©duquĂ©e Ă  tout ça. Peut-ĂȘtre qu'aujourd'hui, je ferais complĂštement autre chose.

  • Speaker #1

    Tu serais styliste Ă  Paris.

  • Speaker #0

    Donc, je ne regrette rien du tout. Je suis contente d'avoir réussi à en arriver là.

  • Speaker #1

    Tu as un conseil lĂ -dessus pour les gens qui voudraient avoir le dĂ©clic ? Qui n'ont pas le dĂ©clic, qui en rĂȘvent, mais qui n'y arrivent pas, par exemple ? Est-ce que tu as un conseil ? Surtout aux femmes. Sans voiture.

  • Speaker #0

    Franchement, faites-le. Si vous doutez, venez me voir. Venez passer une semaine en woofing. On aura le temps de discuter de plein de choses. Je pense qu'il y a plein de choses hyper réjouissantes sur le fait de devenir paysanne. Je pense que ça met du temps à se créer mais il y a aussi déjà plein de groupes de paysannes qui se créent et que c'est... hyper heureux et hyper solidaires et qu'il faut se lancer parce que de toute façon déjà il faut qu'il y ait de plus en plus de paysans et de paysannes il faut que tous les milieux s'exempte du patriarcat mais surtout que la paysannerie que les femmes s'emparent de la paysannerie c'est génial du coup il faut se lancer et si vous avez un doute franchement venez me voir c'est la ferme des soeurs sur Woufing je serais trop contente qu'on discute et du coup c'est un peu un non conseil mais foncez quoi n'ayez pas trop peur et ne réfléchissez pas trop parce que de toute maniÚre il y aura des étapes flippantes moi je crois que j'ai un peu je me suis un peu lancée sans trop réfléchir Et en fait, il y a eu des étapes flippantes aprÚs, mais heureusement que je n'ai pas su. Heureusement que je n'ai pas su.

  • Speaker #1

    De toute façon, c'est mieux de ne pas savoir.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Donc faites-le, ça va bien se passer. Et puis quand ça se passera mal, vous y arriverez quand mĂȘme parce qu'il n'y a pas le choix.

  • Speaker #1

    On arrive à la fin. On a beaucoup parlé, mais tu as plein de choses super sympas à dire. Si tu dois balayer les idées reçues sur la vie en ruralité, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ? Qu'est-ce que tu as envie de dire à tous ces gens qui ont plein d'idées reçues, de clichés ? Sur la vie à la campagne, tu te fais chier, les gens ne sont pas cultivés, il ne se passe rien, tu n'as pas de vie sociale, etc.

  • Speaker #0

    Il y a un truc qui m'a vachement étonnée, c'est une énorme forme d'entraide que je n'avais pas trop soupçonnée. C'est vrai que j'aurais pu parler de ça quand tu parlais de surprise tout à l'heure.

  • Speaker #1

    C'est pas grave, on parle maintenant.

  • Speaker #0

    Quand je suis arrivĂ©e, je me suis rendue compte que si j'avais une question, si j'avais... Une problĂ©matique, en fait, la rĂ©ponse elle arrivait directe si j'avais besoin de quelque chose. Il suffisait de juste le demander et les gens te donnent trĂšs facilement, avec plaisir. Et ça, je trouve que ça rend hyper heureux de se dire que quand on manque d'un truc, il suffit d'aller toquer chez le voisin ou la voisine. Et j'ai hĂąte de pouvoir rendre l'appareil et de pouvoir... donner et redonner tout ce qu'on m'a donnĂ©. Une Ă©norme forme d'entraide incroyable depuis que je suis arrivĂ©e. Ça fait trop du bien.

  • Speaker #1

    Ça, c'est clair. Ça, c'est indĂ©niable. La richesse, elle est lĂ . Elle n'est pas dans ton porte-monnaie. Elle est lĂ . Une autre femme, aprĂšs toi, Ă  ce micro.

  • Speaker #0

    Facile. J'en ai dĂ©jĂ  parlĂ© en plus. C'est Jocelyne. Du coup, on Ă©tait salariĂ©s dans la mĂȘme entreprise Ă  Paris.

  • Speaker #1

    D'accord. Le magasin de fruits et légumes. Elle a changé de vie aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, et en fait, elle a fait son installation agricole une année avant moi. D'ailleurs, elle n'est pas trÚs loin de chez toi, elle est en Dordogne.

  • Speaker #1

    Elle est oĂč ?

  • Speaker #0

    Curege, ça s'appelle Eau Rouge Vergée. Mais non !

  • Speaker #2

    Mais oui !

  • Speaker #1

    Ok, mais oui !

  • Speaker #0

    Et en fait, dĂ©jĂ , c'est trop bien parce que c'est un peu mon relais. C'est-Ă -dire que quand je fais une nouvelle Ă©tape, genre faire ma dĂ©claration TVA, pour la premiĂšre fois, je sais qu'elle, elle l'a fait une annĂ©e plus tĂŽt. Du coup, on s'envoie des petits messages, comment on fait ça ? Du coup, c'est ma mentor-e sur les questions administratives. Et d'ailleurs, je suis contente parce que je commence Ă  devenir la mentor-e d'autres personnes. Ça, c'est cool. Et ouais, elle a un super projet. Ça, c'est trop bien. C'est aussi une super histoire de femme, puisque du coup, elle avait un projet d'installation seule. Mais en fait, elle a rencontrĂ© son associĂ©, qui est une femme, au BPREA. Du coup, elles ont montĂ© un projet toutes les deux. Et je trouve ça trop cool que, juste par une amitiĂ© dans un BPREA, elle se soit lancĂ©e Ă  deux femmes.

  • Speaker #1

    elle est dans ma liste si tu devais recommander ce podcast Ă  quelqu'un, qu'est-ce que tu pourrais lui dire ? ce serait quoi quand tu files le petit cadeau, tu dis quoi ?

  • Speaker #0

    ça fait trop du bien d'entendre des femmes avec des parcours incroyables, ça donne trop de force ça donne envie de les rencontrer d'ailleurs il y en a pas mal que j'ai suivi sur Instagram on s'est envoyĂ© des petits messages ça donne grave envie de se faire plein de copines je vois qu'aprĂšs vous suivez parce que je vois les noms sur les comptes je dis bah tiens maintenant je connaisse bien sĂ»r Ça donne envie de se faire plein de copines. Moi, tu sais quoi ? Les profils qui m'ont le plus marquĂ©e, je note sur Google Maps leur village. Parce que ça m'arrive de faire des voyages Ă  vĂ©lo. Et comme ça, je me dis, qu'est-ce qu'il y a lĂ  ? Ah, mais c'est cette fille super du podcast. Je lui ai demandĂ© si je ne peux pas passer, poser ma tante dans son jardin dans deux semaines. Ça, c'est un petit...

  • Speaker #1

    La communauté des NFC. Parfait. Donc, tu dirais ça. Ton choix de vie à la campagne, il est définitif ?

  • Speaker #0

    Oui. Si jamais j'ai besoin de repartir Ă  l'aventure, je pense que ce n'est pas impossible de trouver une paysanne qui aurait envie de se tester en agriculture sur une annĂ©e. Peut-ĂȘtre une personne qui serait en train de passer son BPREA, qui pourrait venir faire ses stages ici, puis en plus lĂ . Et puis aprĂšs, je lui filerai les clĂ©s. Et ça pourrait ĂȘtre trop cool. C'est vrai qu'avoir cette ouverture-lĂ  sur l'idĂ©e de pouvoir renforcer mon vĂ©lo pour aller Ă  l'autre bout du monde comme une dingo, j'aime trop l'idĂ©e.

  • Speaker #1

    Les deux derniĂšres, de quoi tu es la plus fiĂšre ou la plus heureuse ?

  • Speaker #0

    Ce qui me rend la plus heureuse, c'est mes Ausha. Je pense que ce qui me rend la plus fiĂšre, c'est quand mĂȘme le voyage Ă  vĂ©lo que j'ai fait. Parce que je trouve que ça a aussi dĂ©terminĂ© l'adulte que j'Ă©tais en train de devenir. Et ça m'a donnĂ© plein de force pour la suite. AprĂšs, en vrai, je crois que je suis fiĂšre de toutes les petites micro-Ă©tapes du projet. Non, mais tu vois, faire la premiĂšre rĂ©colte de bourgeons, faire la premiĂšre filtration, finaliser les Ă©tiquettes. faire le premier marchĂ©, accueillir la premiĂšre personne en woofing. C'est plein de choses. Chaque nouvelle Ă©tape, c'est incroyable et ça rend ultra fiĂšre. Et en fait, cette vie, elle est pleine de fiertĂ©. Je pense que c'est important. Et parfois, je pense que je peux l'oublier. Je peux me dire, je n'ai pas encore fait ça. Parfois, j'ai l'impression qu'il y a des gens qui regardent ma ferme de loin et qui se disent, ce n'est pas abouti ça. Mais en fait, c'est juste moi qui me regarde de loin.

  • Speaker #1

    Mais là, quand on parle, parce qu'il y a pas mal de filles qui m'ont dit, en faisant le podcast, je me suis fait la rétrospective.

  • Speaker #0

    de tout ce que j'avais fait c'est un parcours qui peut que ĂȘtre rempli d'Ă©tapes qui rendent fiers ton pĂšre et ta mĂšre sont autour de la table,

  • Speaker #1

    qu'est-ce qu'ils te disent ?

  • Speaker #0

    je crois qu'ils sont...

  • Speaker #1

    et ta soeur ? et mon frĂšre ah oui tu ne m'as pas parlĂ© de ton frĂšre c'est vrai on n'en a pas parlĂ© en tout cas tes proches tout Ă  l'heure tu as dit quand mĂȘme que quand tu as dit que tu allais partir dans le limousin patati patata ils ont dit go on y va et aujourd'hui ils voient tout ça ? Qu'est-ce qu'ils te disent ?

  • Speaker #0

    DĂ©jĂ , c'est les personnes qui viennent le plus. Ils viennent Ă  peu prĂšs tous les deux mois. Je crois qu'ils sont vraiment contents pour moi. Ils aiment bien venir ici. Quand ils viennent, on fait les touristes dans le limousin.

  • Speaker #1

    D'accord. Trop rigolo.

  • Speaker #0

    Ma sƓur, quand elle vient, elle me prĂ©vient. Elle me dit, je ne t'aiderai pour rien. Je vais aussi pour me la couler douce.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mon frĂšre, il m'a pas mal aidĂ©e. Bon, je dis ça, mais ma sƓur m'a aussi Ă©normĂ©ment aidĂ©e, Ă©videmment. Et non, je suis trop contente quand ils viennent. En plus... J'arrive Ă  les accueillir dans des conditions de plus en plus confortables. Et du coup, je sens qu'au dĂ©but, quand ils venaient, c'Ă©tait pour finir un coup de main pour les travaux. C'Ă©tait un peu rude. Maintenant, ils peuvent venir se laver les douces. Et ça me fait trop plaisir de pouvoir offrir cet endroit Ă  mes proches.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, ce n'est pas grave si tu n'es pas styliste ?

  • Speaker #0

    Non. Je crois que c'est ça aussi.

  • Speaker #1

    Que tu as trouvé ta place ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, j'ai grandi, j'ai évolué. Mais eux aussi ont énormément changé, évolué ces derniÚres années. Et du coup, je pense que... Je pense que c'est évident pour eux maintenant que le plus important, c'est que leurs enfants soient heureux et pas que leurs enfants réussissent d'un point de vue économique. Le plus important, c'est qu'on soit bien.

  • Speaker #1

    On clÎture avec ça ? C'est pas mal comme phrase. Allez. On clÎture avec ça ? Merci Auriane.

  • Speaker #0

    Merci Sandrine.

  • Speaker #1

    Non, on va aller boire un coup. Non, je rigole.

  • Speaker #2

    Merci pour votre Ă©coute. Merci d'ĂȘtre restĂ© jusqu'au bout de notre Ă©change. Et si vous voulez continuer Ă  m'encourager et surtout Ă  faire connaĂźtre le podcast, vous pouvez mettre 5 Ă©toiles et un commentaire sympathique sur Apple Podcasts et Spotify. Surtout, vous n'oubliez pas de vous abonner Ă  la chaĂźne de podcast pour ĂȘtre notifiĂ© des nouveaux Ă©pisodes. Et si vous voulez faire partie de la communautĂ© des Nouvelles Filles de la Campagne, abonnez-vous Ă  la newsletter. Alors, soit vous m'Ă©crivez sur les nouvellesfillesdelacampagne.com, tout attachĂ© en minuscules, ou vous me contactez sur les rĂ©seaux sociaux des Nouvelles Filles de la Campagne, Instagram et Facebook. Je vous dĂ©voile les coulisses des Nouvelles Filles de la Campagne, des tips, des astuces, des sujets, la sortie des nouveaux Ă©pisodes et plein d'autres surprises. Alors, un grand merci et je vous dis Ă  bientĂŽt. Ciao !

Description

Bienvenue chez Auriane 💃


Auriane, ancienne Parisienne, a troquĂ© l’effervescence de la capitale pour la sĂ©rĂ©nitĂ© des paysages du Limousin.

Dans cet Ă©pisode, elle revient sur son incroyable pĂ©riple Ă  vĂ©lo jusqu’en Iran, une aventure qui a marquĂ© un tournant dans sa vie. De retour en France, elle a choisi de s’installer dans le Limousin, oĂč elle cultive dĂ©sormais une vie heureuse et en harmonie avec la nature.

Entre souvenirs de voyage, dĂ©fis d’une reconversion rurale et rĂ©flexion sur le retour Ă  l’essentiel, Auriane nous livre un tĂ©moignage inspirant sur le courage de changer de cap pour suivre ses aspirations profondes.


Merci Auriane 🙏


Pour retrouver les produits d'Auriane = https://www.lafermedessoeurs.fr


Ce podcast, je l'ai crée dans un objectif simple, montrer que l'on peut vivre heureux et heureuse en campagne.

Qu'il est possible d'avoir une vie riche et active et il me semble important de balayer les clichĂ©s et les prĂ©jugĂ©s liĂ©s Ă  la ruralitĂ©. đŸ’Ș


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue, je suis Sandrine Planck et vous Ă©coutez les nouvelles filles de la campagne. Deux fois par mois, je vais Ă  la rencontre de femmes qui, comme moi, ont changĂ© de vie pour tenter l'aventure en ruralitĂ©. Ce qu'elles ont en commun ? Elles ont redoublĂ© d'audace. Pourquoi ? Eh bien en allant vivre Ă  la campagne, et comme si ça n'Ă©tait pas dĂ©jĂ  un sacrĂ© dĂ©fi, elles ont changĂ© de mĂ©tier, dĂ©veloppĂ© une nouvelle activitĂ©, un projet, une passion, voire adoptĂ© un nouveau mode de vie. GrĂące Ă  nos Ă©changes, je vous rĂ©vĂšle tout de leur arrivĂ©e en ruralitĂ©, de leur projet de dĂ©part, leur intention, de leur nouvelle vie qui les a transformĂ©s, de leur joie et par moments de leur crainte. Je vous offre des tĂ©moignages motivants, rafraĂźchissants, qui vous feront, je l'espĂšre, sourire, plaisir et peut-ĂȘtre vous donneront envie de sauter le pas ou simplement d'y rĂ©flĂ©chir. Maintenant, je vous emmĂšne dans ma campagne. Eh bien j'ai envie de te dire bonjour Oriane.

  • Speaker #1

    Bonjour Sandrine.

  • Speaker #0

    Merci de m'accueillir chez toi. Et j'ai deux premiÚres questions avant que tu te présentes et que tu nous racontes ta fabuleuse vie. Pourquoi tu m'as dit oui ?

  • Speaker #1

    Eh bien j'étais découvert sur Instagram au tout début, je pense que tu avais fait trois épisodes. Et franchement, une des premiÚres choses que je me suis dit, c'est que j'avais trop envie que tu viennes m'interviewer.

  • Speaker #0

    C'est vrai ? J'en veux vraiment ? J'ai des trucs Ă  dire, moi.

  • Speaker #1

    J'ai adoré écouter les quelques portraits de paysannes qu'il y avait à l'époque.

  • Speaker #0

    Peut-ĂȘtre est arrivĂ© au moment d'Olivia, Cathy, les baies de Gaujy.

  • Speaker #1

    Oui, je crois qu'il y avait vraiment trois Ă©pisodes. Il y avait une apicultrice.

  • Speaker #0

    Donc Lisa, l'apicultrice. Ensuite, il y a eu Olivia avec la ferme de la Coursaline, la permaculture et les logements atypiques. AprÚs, tu as eu Cathy et les baies de Gaujy. qui a un projet. Et aprÚs, Lulu, le fournage de chÚvres, etc. On était arrivés à ce moment-là.

  • Speaker #1

    C'était à l'épisode de Cathy. Je t'ai suivie sur Instagram et je me suis dit si elle me follow back et qu'aprÚs elle vient ici, je serais trop contente. En plus, tu m'as contactée assez rapidement, une premiÚre fois, pour me proposer de venir. AprÚs, ça a mis un peu de temps à se faire. Je commence à avoir des choses à raconter. Bien sûr, j'ai encore... Pardon. bon petit syndrome de l'impostrice sur plein de choses.

  • Speaker #0

    Et elle, celle qui m'a récité les encyclopédies médicinales tout à l'heure.

  • Speaker #1

    Tu vois, il y a quelques semaines, j'avais encore vendu zéro produit. Donc il y a quelques semaines, j'étais paysanne, mais je ne l'étais pas non plus. Et il y a encore plein de trucs que je n'ai pas fait.

  • Speaker #0

    C'est marrant ce que tu dis, parce que j'ai l'impression que le marché, c'est un cap.

  • Speaker #1

    Oui. AprĂšs, faire le marchĂ©, pour moi, pas tant. parce que moi, ce n'est pas un objectif de faire les marchĂ©s. Je fais tout Ă  vĂ©lo, donc je ne veux pas m'amuser Ă  faire les marchĂ©s. En plus, mon produit, ce n'est pas un produit qui se retrouve tous les samedis matins entre la boulangĂšre et la maraĂźchĂšre. Mais vendre, jusqu'Ă  une personne que tu ne connais pas, viennent, dĂ©couvrent tes produits et se disent ça a l'air chouette, je vais lui acheter quelque chose C'est fou parce que ça fait deux ans que tu trimes comme une dingue Ă  planter des arbres, Ă  rĂ©nover ta maison, Ă  rĂ©colter des bourgeons, Ă  faire la production. Mais tu as toujours ce truc de genre, est-ce que je suis une vraie paysanne ? Pas trop. Et lĂ , j'ai un cap parce que j'ai fait deux marchĂ©s, que je commence Ă  vendre autour de moi, que je commence Ă  crĂ©er le site. Du coup, bientĂŽt, je pourrais vendre en ligne. Mais aprĂšs, j'aurai ce cap de faire la premiĂšre annĂ©e avec le premier chiffre d'affaires, de se dire comment je vis de mon activitĂ©. Puis la premiĂšre annĂ©e, tu ne te rĂ©munĂšres jamais hyper, hyper bien. Donc aprĂšs, tu auras le cap aprĂšs plus tard de vraiment, je vis confortablement de mon activitĂ©. Puis tu as l'Ă©tape de, j'ai des bĂątiments qui permettent d'accueillir plein de monde de maniĂšre confortable, en fait, t'as plein de petits cĂąbles qui font que tu te sens de plus en plus lĂ©gitime Ă  ĂȘtre lĂ , quoi.

  • Speaker #0

    Mais la vente de ton premier produit... D'ailleurs, est-ce que tu te souviens de qui t'as acheté le premier extrait de Bourgeon ? Hum...

  • Speaker #1

    Je pense que c'Ă©tait... En fait, j'ai la liste, donc je pourrais vĂ©rifier. Parce qu'en fait, je me note qui m'achĂšte et surtout, pour quel objectif. Parce que moi, je vends des... Alors, je vends certains mĂ©langes de Bourgeon oĂč il y a un objectif affichĂ©, genre articulation, stress mais je vends aussi des bourgeons genre le figuier bah tu peux le prendre parce que tu es stressĂ© ou tu peux prendre parce que tu as des troubles de la digestion et du coup je me note En fait, quelle est la question que les gens me posent quand ils cherchent un bourgeon ? Ce n'est pas leur bobo en fait. Est-ce que tu as un truc pour la tendinite ? Parce qu'en fait, c'est Ă  ça que je dois pouvoir rĂ©pondre. C'est Ă  la fin de... Quand j'aurai tout vendu, je vais pouvoir revenir sur ma liste et me dire qu'en fait, il y a un quart des demandes, c'est pour cet objectif-lĂ . Du coup, ça vaut le coup que je travaille des bourgeons pour cet objectif-lĂ  parce que les personnes qui me rencontrent, c'est ça leur souci. Et l'idĂ©e, ce n'est pas de faire... tous les remĂšdes possibles, c'est de faire des remĂšdes qui sont adaptĂ©s aux personnes que tu rencontres. Tu vois, lĂ , je me rends compte qu'un truc qui marche super bien, c'est le petit composĂ© de bourgeon pour les rĂšgles. Il marche tout seul. Genre, j'ai mĂȘme pas en parlĂ©. Les gens, ils le prennent. Ils les prennent parfois par deux, par trois. Genre, tu sens qu'il y a beaucoup de jeunes filles. C'est beaucoup... Les personnes qui achĂštent beaucoup pour leur fille ou leur petite fille, tu sens que t'as beaucoup de jeunes filles qui souffrent d'un cycle douloureux ou qui est pas bien rĂ©glĂ©, quoi. Et que moi, ça me fait trop plaisir de me dire que je peux les aider dans ces moments-lĂ  qui sont hyper durs. Moi, j'ai hyper mal vĂ©cu cette pĂ©riode de ma vie. Moi, j'ai eu mes rĂšgles Ă  10 ans. Je ne sais pas si ça vaut le coup de les mettre dans le PPS. Mais j'ai trop, trop mal vĂ©cu ce moment-lĂ . Pour moi, c'Ă©tait une humiliation. J'avais super mal. C'est jeune,

  • Speaker #0

    10 ans.

  • Speaker #1

    Et de me dire qu'aujourd'hui, je vais pouvoir parler ouvertement de ça à des personnes sur les marchés. Vraiment en leur disant que c'est normal d'avoir mal. Tu as mal, mais ce n'est pas normal d'avoir mal. Du coup...

  • Speaker #0

    solution.

  • Speaker #1

    Ouais, qu'est-ce qu'on peut faire pour que tu passes mieux cette étape et ça, ça me fait vraiment plaisir quoi. Je me rends compte en vendant que ça fonctionne et que c'est demandé et donc c'est pour ça que j'essaye à chaque fois de... Donc en gros ouais, les rÚgles, le stress beaucoup, le sommeil, les articulations un peu.

  • Speaker #0

    Ok, je vais aller faire tout ce que je peux prendre. Tout ça pour me dire pourquoi tu m'as dit oui. Ok !

  • Speaker #1

    Oui pardon.

  • Speaker #0

    Non non pas de problĂšme, j'aime bien quand ça part comme ça. Qu'est-ce qui t'a aussi donnĂ© ? envie d'y participer ? Est-ce que t'as envie de faire passer un message en particulier ? Je sais qu'il y a 2-3 trucs qui tiennent Ă  cƓur, je les ai notĂ©s, t'inquiĂšte pas. Mais quel est le message que tu veux faire passer, finalement ?

  • Speaker #1

    Je trouve ça hyper chouette de dĂ©couvrir tous ces portraits de femmes qui se sont lancĂ©es. Et je pense pas avoir beaucoup plus, pas Ă©normĂ©ment plus de valeur ajoutĂ©e, juste un portrait de plus. Je suis jeune, je me suis lancĂ©e seule. Et je rencontre quand mĂȘme des gens incroyables qui ont l'impression qu'elles peuvent pas se lancer seules, soit parce que c'est leur caractĂšre, et c'est aussi ok de se dire que moi il faut que je sois dans un groupe pour me lancer, et c'est gĂ©nial de le savoir, et les collectifs, l'Ă©nergie du groupe c'est fantastique dans ce genre de projet, mais des personnes qui auraient le tempĂ©rament pour se lancer seules et qui ne se lancent pas, parce qu'elles ont l'impression que de par leur genre potentiellement elles n'y pourront pas y arriver, ça, ça me rend... ouf et j'ai juste envie de dire Ă  ces personnes-lĂ  mais allez-y, faites-vous confiance, c'est possible. Tellement d'activitĂ©s oĂč on a l'impression qu'on ne peut pas le faire ou qu'on peut moins bien le faire parce qu'on est une femme et c'est faux. Franchement, c'est 100% faux. Moi, j'ai dĂ©placĂ© des poutres de chĂȘne de 4 mĂštres de long toute seule. J'ai dĂ©placĂ© des tas de sacs de 35 kg de chaud toute seule et en fait, c'est pas une question de physique, c'est une question de... tu rĂ©flĂ©chis comment fonctionne ton corps, c'est quoi tes forces, c'est quoi tes faiblesses, quels outils tu as Ă  ta disposition pour ne pas te blesser. Et en fait, tu trouves les astuces et tu le fais. Et puis, parfois, il faut aussi juste s'entourer, quoi. Demander l'aide Ă  une voisine, et c'est pas forcĂ©ment demander l'aide aux voisins costauds. Moi, ici, j'accueille plein de monde, beaucoup, beaucoup de femmes, mais aussi des gars, et les gars, ils n'ont pas plus de connaissances, ils ne sont pas plus grands et pas plus musclĂ©s, et juste, on fait parce qu'on est juste des humains qui faisons ensemble. Et du coup, si il y a une personne qui Ă©coute le podcast et qui se dit, allez, je me lance parce qu'elle, elle a rĂ©ussi. Franchement, trop contente.

  • Speaker #0

    OK, maintenant, tu vas nous dire qui tu es. TrĂšs briĂšvement, prĂ©sente-nous un petit peu d'oĂč tu viens, qui tu es. Tu nous dis ce que tu as envie de dire sur qui tu es, d'oĂč tu viens. Et puis, tiens, si on enchaĂźne un peu de parcours. LĂ , tu nous le redis assez... succinctement. VoilĂ . Qui tu es et mon parcours. BriĂšvement. Tu nous dis ce que tu as envie de nous dire sur toi.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la question la plus dure.

  • Speaker #0

    Oui. C'est pour ça qu'on va la faire maintenant.

  • Speaker #1

    Du coup, je suis Oriane et je suis nĂ©e en banlieue parisienne oĂč j'ai passĂ© une petite vingtaine d'annĂ©es. J'ai fait des Ă©tudes de stylisme-modĂ©lisme. Je suis allĂ©e au bout de mes Ă©tudes. AprĂšs, je me suis rendue compte que je n'Ă©tais pas du tout Ă  ma place. J'ai travaillĂ© dans un magasin de fruits et lĂ©gumes en circuit court pour me payer un vĂ©lo. Et lĂ , je suis partie en mars 2020. faire le truc le plus fou que j'ai fait de ma vie. Plus fou que d'acheter une paire.

  • Speaker #0

    Attention, Ă©coutez bien.

  • Speaker #1

    Je suis partie à vélo de banlieue parisienne et je suis allée jusqu'à Bangkok, 400 kilomÚtres au sud de Bangkok, en Thaïlande, à vélo.

  • Speaker #0

    C'est le plus gros, celui-lĂ .

  • Speaker #1

    C'est le troisiĂšme voyage Ă  vĂ©lo. J'en avais fait deux petits avant. Un toute seule sur le Danube de Vienne Ă  Belgrade et un avec ma petite sƓur en Allemagne de Berlin Ă  Munich.

  • Speaker #0

    Et tu étais une adepte du vélo avant ça ? ou hop directement je passais au mode en voyage.

  • Speaker #1

    Mes parents ils faisaient du vĂ©lo tous les dimanches, tu vois dans la forĂȘt de Clamart ou le long de la Seine. Donc on avait un peu cette petite culture du vĂ©lo le week-end en loisir. Et je crois qu'une fois on a dĂ» faire 100 km de vĂ©lo en famille. C'Ă©tait mĂȘme pas tant prĂ©vu, je crois qu'on est allĂ©, je sais plus si c'Ă©tait au Luxembourg, pas loin de chez mes grands-parents. On avait louĂ© des vĂ©los et l'idĂ©e, c'Ă©tait de faire une journĂ©e de vĂ©lo. On s'est trompĂ© de chemin, on a fini par faire 100 kilomĂštres. Et c'est un peu ce qui se rapprochait le plus d'un voyage Ă  vĂ©lo, c'Ă©tait cette expĂ©rience-lĂ . Mais en fait, c'est juste, j'Ă©tais dans cette pĂ©riode de ma vie oĂč je voulais faire plein de trucs que je n'avais jamais faits pour dĂ©couvrir ce dont j'Ă©tais capable. Et donc, j'Ă©tais tombĂ©e sur un blog d'un gars qui avait fait Paris-Istanbul Ă  vĂ©lo. Et vraiment,

  • Speaker #0

    ça m'a frappée.

  • Speaker #1

    Et je me suis dit... quoi ? On peut voyager avec un vĂ©lo ? Mais je n'Ă©tais mĂȘme pas au courant, alors que le monde ne m'avait pas dit. Mais oui, vraiment, j'Ă©tais choquĂ©e. Le monde de cyclotourisme, en fait, il y a Ă©normĂ©ment de gens qui voyagent Ă  vĂ©lo, mĂȘme qui font des voyages de fous sur plusieurs annĂ©es, qui font plusieurs fois le tour du monde Ă  vĂ©lo. Trop inspirant. Mais moi, je dĂ©couvre ça par ce gars, et je me dis, gĂ©nial. Je crois vraiment que quelques semaines plus tard, j'ai fait mon premier voyage Ă  vĂ©lo, et de toutes les expĂ©riences que j'avais faites les prĂ©cĂ©dentes annĂ©es, donc faire du stop. faire de la randonnĂ©e ou tout simplement voyager seule. Voyager Ă  vĂ©lo, ça m'avait Ă©poustouflĂ©e. J'avais vraiment adorĂ©, je me sentais hyper autonome, hyper forte. Je crevais, je rĂ©parais mon vĂ©lo, j'allais dormir chez des inconnus tous les soirs, je faisais des rencontres incroyables. Je faisais 900 kilomĂštres avec mes jambes, ça me paraissait fou. Donc j'ai adorĂ© et c'est vraiment quand j'ai dĂ©cidĂ©, Ă  un moment de ma vie oĂč du coup je n'Ă©tais plus du tout bien, oĂč je sentais qu'il fallait que je... Je fasse quelque chose parce que j'Ă©tais incapable de dire qu'est-ce que j'allais faire comme mĂ©tier. J'Ă©tais complĂštement paumĂ©e, je me sentais un peu oppressĂ©e par mes parents qui me demandaient sans cesse ce que j'allais faire de ma vie.

  • Speaker #0

    Là, les études sont terminées à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Les Ă©tudes sont terminĂ©es, j'ai fait mes quatre ans d'Ă©tudes, mon annĂ©e de stage. Et lĂ , c'est le moment oĂč tu dois postuler pour des jobs de styliste junior. Et je n'ai pas envie, je postule, mais je ne suis pas bien, je n'ai pas envie d'aller aux entretiens. Je rate d'ailleurs mes entretiens, je ne suis tellement pas impliquĂ©e. Et... Du coup, l'idĂ©e de partir seule Ă  peu prĂšs six mois Ă  l'aventure, ça me permet de faire un autre truc que je n'ai jamais fait de ma vie. Mais c'est aussi un peu une Ă©chappatoire en me disant, je ne vais pas m'occuper des rĂ©els questionnements entre guillemets. Alors qu'en fait, si, c'est trop important.

  • Speaker #0

    Une petite fuite.

  • Speaker #1

    Oui, 100%, une bonne fuite. Mais en mĂȘme temps, maintenant, c'est la meilleure dĂ©cision que j'ai prise. Évidemment que quand tu as 20 ans, c'est important de...

  • Speaker #0

    partir et de voyager, de dĂ©couvrir des choses et encore mieux si tu le fais sur un vĂ©lo quoi. Et donc et donc je m'Ă©tais dit ça, je m'Ă©tais dit si je pars Ă  vĂ©lo de chez mes parents quel est le premier pays oĂč je me dis c'est impossible de me projeter moi sur un vĂ©lo dans ce pays et c'Ă©tait l'Iran parce que j'Ă©tais dĂ©jĂ  allĂ© jusqu'en Turquie, j'avais un peu voyagĂ© en Europe mais alors l'Iran j'avais beau avoir vu des films iraniens, j'avais beau avoir vu peut-ĂȘtre des documentaires peut-ĂȘtre des images d'Iran, mais c'Ă©tait impossible de m'imaginer, moi, pĂ©daler en Iran. Je ne sais mĂȘme pas, est-ce que je pĂ©dale dans un dĂ©sert ? Est-ce que je pĂ©dale...

  • Speaker #1

    C'est par rapport à l'environnement géographique ou plutÎt la partie culturelle ?

  • Speaker #0

    L'environnement gĂ©ographique, mĂȘme si je pense que la partie culturelle en dĂ©coule, ou politique en dĂ©coule, mais vraiment, je ne pouvais pas... Imagine-toi, Sandrine, pĂ©daler en Iran. Je ne sais pas dans quoi je pĂ©dale. Du coup, je me suis dit, je vais aller lĂ -bas. Et j'ai vu Paris-TĂ©hĂ©ran, je suis tombĂ©e sur le... Le blog d'un gars qui avait fait ça en 5 mois, je me suis dit, parfait, 5 mois, je vais faire Paris-TĂ©hĂ©ran Ă  vĂ©lo. En mars 2019, je pars. Et une fois arrivĂ© Ă  TĂ©hĂ©ran, 5 mois plus tard, pas du tout envie de rentrer. Pas du tout. J'ai beau avoir Ă©tĂ© 5 mois Ă  rĂ©flĂ©chir sur mon vĂ©lo, je n'ai pas assez rĂ©flĂ©chi pour savoir ce que je vais faire de ma vie. Je dĂ©cide de le prolonger. Je le prolonge. Ça va m'amener... Alors, il y a plein d'Ă©tapes diffĂ©rentes de ce voyage, avec plein d'envies de destinations diffĂ©rentes. Une fois entrĂ©e en ThaĂŻlande, un vrai projet de rentrer Ă  vĂ©lo chez moi. Et aprĂšs, c'Ă©tait le dĂ©but du Covid. Mars 2020, je me retrouve Ă  400 kilomĂštres au sud de Bangkok. Il faut que je franchisse la frontiĂšre avec la Malaisie dans une dizaine de jours. Mais en fait, elle ferme dans 48 heures. Je suis bloquĂ©e. Donc lĂ , il faut prendre la dĂ©cision en 24 heures de est-ce que je reste ?

  • Speaker #1

    Est-ce que je suis bloquée là-bas ? Ou est-ce que je prends un avion et je rentre vite ?

  • Speaker #0

    Et en plus, c'Ă©tait pendant ce voyage-lĂ  que je me suis dit que je ne prendrais plus l'avion. Parce que c'Ă©tait un questionnement que j'avais depuis... 2018, oĂč je commençais Ă  vraiment y rĂ©flĂ©chir. Et en fait, pendant ce voyage-lĂ , j'ai rencontrĂ© des gens bien plus jeunes que moi qui avaient depuis bien longtemps dĂ©cidĂ© de ne plus prendre l'avion. Je me suis dit, si eux, ils ont pris cette dĂ©cision, moi qui ai tellement, genre, eu d'opportunitĂ©s de voyager dans ma vie, franchement, je peux, quoi. Donc je dĂ©cide de ne plus prendre l'avion et je prends l'avion pour rentrer en Europe.

  • Speaker #1

    C'est ton dernier avion ? C'Ă©tait ton dernier avion ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sĂ»r, oui. Je fais en 13 heures ce que j'ai mis un an Ă  faire Ă  vĂ©lo, quoi. Ça, c'Ă©tait un prix de dieu. Heureusement, le premier vol que j'ai pris, ce n'Ă©tait pas pour la France. Le premier vol qui Ă©tait disponible avec le moins d'escalade possible, le moins cher, c'Ă©tait pour l'Allemagne. Et du coup, je vais me confiner pendant deux mois chez un cycliste que j'ai rencontrĂ© en chemin. Et du coup, ça me fait un bon sas de dĂ©compression.

  • Speaker #1

    Avant de rentrer Ă  la maison.

  • Speaker #0

    J'en touche chez les parents. Je passe deux mois. DĂ©jĂ , il faut que j'attende mon vĂ©lo parce que j'ai envoyĂ© mon vĂ©lo par cargo jusqu'en Allemagne. Je passe deux mois. C'est confinement. Mais en Allemagne, lĂ  oĂč je suis, c'est assez tranquille. Donc, je vais dans la forĂȘt. Je pars avec une scie et une hache. Je n'ai jamais fait ça de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est la transition, ça ?

  • Speaker #0

    C'est la transition.

  • Speaker #1

    Bah, hache, forĂȘt. C'est lĂ  que...

  • Speaker #0

    Non, non, non. Avant de partir... Alors, attends. C'est vrai que je fais tout dans le mauvais sens. Mais avant de partir, je voulais déjà m'installer dans le limousin. Ah oui. Il m'appelle du limousin. Il m'appelle du limousin.

  • Speaker #1

    Tout de suite.

  • Speaker #0

    OK, OK. Bon, bref. Du coup, je passe ce confinement en Allemagne Ă  ĂȘtre dans la forĂȘt. Ă  apprendre Ă  faire des bols dans du bois. Parce que j'avais un petit atelier dans le garage de la maison oĂč j'Ă©tais, avec plein d'outils. J'apprends Ă  faire plein de trucs avec mes mains. Et je dĂ©compresse. Et je rentre Ă  vĂ©lo aprĂšs, en juin. Je fais les derniers 500 kilomĂštres Ă  vĂ©lo. Et lĂ , ça a mis un Ă©tĂ© assez compliquĂ© de retour Ă  la vie rĂ©elle. De surtout, qu'est-ce que tu vas faire de ta vie ? Et j'avais beau... avoir pĂ©dalĂ© pendant un an, c'Ă©tait toujours pas trĂšs clair. Mais je sais pas pourquoi, une fois l'Ă©tĂ© passĂ©, j'ai l'impression qu'en deux semaines, tout s'est dĂ©cantĂ©. Je me suis dit, je vais aller faire des plantes mĂ©dicinales, je vais aller planter des arbres dans le limousin, je vais repostuler Ă  mon ancien taf de fruits et lĂ©gumes pour mettre des sous de cĂŽtĂ©, je vais, pendant mes congĂ©s payĂ©s, je vais faire telle et telle formation, je repĂšre tel dispositif de financement pour plus tard. En gros, je fais tout mon plan, je balance tout Ă  mes parents, et lĂ , ils sont lĂ , genre... Et lĂ , franchement, c'est la libĂ©ration. Ils sont lĂ , tu veux devenir paysanne dans le limousin et faire des plantes mĂ©dicinales et planter des arbres ? Ok. Et Ă  partir de ce moment-lĂ , toutes les tensions entre nous se sont apaisĂ©es. Je suis allĂ©e Ă  fond dans mon projet. J'ai menĂ© mon petit plan pendant deux ans. J'ai visitĂ© des fermes, j'ai achetĂ© ma ferme. Et voilĂ , il fallait juste que ça m'assĂšre, que je prenne le temps de comprendre ce que je voulais faire. Et une fois que j'avais compris, c'Ă©tait lancĂ©.

  • Speaker #1

    Alors, ok. Bon. LĂ , on a toute une sacrĂ©e prĂ©sentation. En tout cas, bravo pour tes voyages. Mais quand mĂȘme, comment, encore une fois, comment lĂ , pourquoi le limousin ? Parce que t'as personne ici ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Y'a pas de famille, y'a pas d'amis ? Pourquoi... Là, bon, ok. Alors, déjà, pourquoi tout d'un coup les arbres, plantes médicinales ? Et surtout, ici, dans le limousin.

  • Speaker #0

    Ok. Alors...

  • Speaker #1

    J'ai peur.

  • Speaker #0

    Non, non, j'ai pas de rĂ©ponse clĂ©, y'a pas d'Ă©vĂ©nement particulier. C'est un peu comme la... Je pense que c'est arrivĂ© en mĂȘme temps que toute la construction Ă©cologique, politique, militante. Y'a eu cette... de la ruralitĂ© qui est venu Ă  moi par plein de biais.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'appel de la ruralité ?

  • Speaker #0

    C'est juste de se dire je ne suis pas Ă  ma place de la mĂȘme maniĂšre que je n'Ă©tais pas Ă  la place dans mon choix de mĂ©tier, donc styliste.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas Ă  ma place en ville.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas Ă  ma place en ville et j'ai cet appel de vivre en campagne, cet appel du limousin. que franchement, je ne sais pas trop expliquer.

  • Speaker #1

    Le limousin, il n'y a pas beaucoup de gens qui disent Ah, je vais vivre dans le limousin !

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, je pense que j'avais cette image.

  • Speaker #1

    Tu l'avais déjà visitée ?

  • Speaker #0

    Pas du tout.

  • Speaker #1

    Mais c'est fou, ça.

  • Speaker #0

    J'avais cette image d'un lieu hyper prĂ©servĂ©, trĂšs simple, avec pas beaucoup de monde, avec de la forĂȘt, avec du bocage.

  • Speaker #1

    Ça, c'est une image.

  • Speaker #0

    Une image de Parisienne qui s'imagine le limousin.

  • Speaker #1

    Tu as vu ça sur Instagram ?

  • Speaker #0

    MĂȘme pas, je crois que t'Ă©tais pas sur Instagram Ă  l'Ă©poque, je crois. Bref, n'importe quoi. Je pense que c'est venu aussi de... Quand tu te construis des valeurs Ă©cologiques, que ça fait Ă©normĂ©ment partie de ta vie, tu en parles beaucoup. Du coup, tu en parles beaucoup Ă  des gens qui vivent la mĂȘme chose que toi. J'ai eu une discussion en 2016 avec une super copine qui envisageait Ă  ce moment-lĂ  de devenir agricultrice. Et moi... En 2016, jamais de la vie, ça me parlait pas du tout. Je trouvais ça trop bien comme projet pour elle, mais ça me parlait pas du tout. Mais n'empĂȘche que...

  • Speaker #1

    C'est elle qui t'a parlĂ© du limousin, peut-ĂȘtre ?

  • Speaker #0

    Non, non, non. Mais n'empĂȘche que 8 ans plus tard, c'est moi qui suis paysanne, tu vois. Et je sais pas, enfin... Ouais, c'Ă©tait genre des amis d'amis, qui avaient une maison lĂ -bas, c'Ă©tait moi.

  • Speaker #1

    T'aurais pu aller en Aveyron, t'aurais pu aller... Je sais pas, en Normandie ?

  • Speaker #0

    Ouais, alors... Bon, Aveyron, j'ai pas l'impression d'ĂȘtre une personne... qui aiment les paysages trop secs. Je pense que le cĂŽtĂ© trĂšs l'eau qu'il y a dans le limousin, ça m'attirait. Et aprĂšs, je pense que j'ai dĂ» mettre Ă  un moment sur le bon coin un chiffre au pif de peut-ĂȘtre qu'un jour, j'aurai cette somme-lĂ . Peut-ĂȘtre qu'un jour, je pourrais m'acheter une petite maison Ă  la campagne. Et le limousin revient beaucoup. D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui s'installent dans le coin pour des raisons de budget. Oui,

  • Speaker #1

    Ă©conomiquement,

  • Speaker #0

    c'est pas cher. Il y a de l'eau, c'est central. Il y a des endroits magnifiques, pas trÚs chers dans les Pyrénées. Mais faire Paris, les Pyrénées toutes seules, c'est différent. que de faire Paris Limousin.

  • Speaker #1

    Tu avais quand mĂȘme cette notion d'accessibilitĂ© pour tes proches ?

  • Speaker #0

    Sans forcĂ©ment que ce soit ĂȘtre dans un village. LĂ , Arnaque-la-Poste, c'est ultra accessible.

  • Speaker #1

    Tu peux répéter ton village à tout le monde, s'il te plaßt ?

  • Speaker #0

    Arnaque-la-Poste. Je suis trĂšs heureuse de faire partie de...

  • Speaker #1

    Comment on appelle les habitants d'Arnaque-la-Poste ?

  • Speaker #0

    Les arnaquoises. Ça fait partie des communes au nom burlesque. C'est ma grande fiertĂ©. de ce village.

  • Speaker #1

    D'accord, tu connais l'histoire d'Arnaque-la-Poste ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est un village qui s'appelait Arnaque, puisque du coup, si je ne dis pas de bĂȘtises, on est encore dans l'Occitanie, du coup il y a beaucoup de noms en AC, Parnac, Arnaque, Ausha, et du coup il y a d'autres villages qui s'appelaient Arnaque, et du coup pour le diffĂ©rencier, on lui a rajoutĂ© le suffixe La Poste, notamment parce qu'Ă  un moment il y a eu la crĂ©ation d'un relais de poste Ă  Arnaque-la-Poste, et c'Ă©tait, je crois, un haut lieu de passage, et du coup une grande fiertĂ©, donc Arnaque-la-Poste.

  • Speaker #1

    Je t'ai fait divaguer, mais on Ă©tait en train de parler de la place centrale ou pas de ce spot.

  • Speaker #0

    Ça aurait pu ĂȘtre un coin beaucoup plus paumĂ© que du limousin qu'ici. D'ailleurs, c'est un peu le truc oĂč j'ai... S'il y avait un truc, quand j'ai visitĂ© cette ferme, oĂč je me suis dit, c'est pas tout Ă  fait comme dans mon imagination, c'est que j'imaginais un lieu encore un peu plus sauvage, une partie du limousin encore plus sauvage. Ah ouais ? Je m'attendais. Ă  prendre le train jusqu'Ă  Brive-la-Gaillarde, Ă  prendre un TER, Ă  faire 30 km de vĂ©lo pour arriver chez moi. Au final, arnaque la poste, on peut prendre un blabla-car et on y est en 3h15. On peut prendre un train jusqu'Ă  la souterraine et faire une heure du vĂ©lo. On est Ă  la ferme. Donc c'est quand mĂȘme trĂšs accessible. Moi, je ne m'attendais pas Ă  trouver un lieu aussi bien desservi. Enfin, attention, ça reste la ruralitĂ© et tout faire Ă  vĂ©lo, ce n'est pas forcĂ©ment Ă©vident.

  • Speaker #1

    Il y a desservi pour toi et desservi pour les autres.

  • Speaker #0

    Voilà, évidemment. Mais... Tu vois, j'ai des potes qui ont des projets dans les Pyrénées, ou des potes de potes. Et bien, c'est un beaucoup plus gros engagement de trouver un moment pour aller dans les Pyrénées plutÎt que de trouver un moment pour aller à Arnaque-la-Poste. Il y a beaucoup de gens qui passent par Arnaque-la-Poste tous les jours. Tous les jours, n'importe quoi. Qui passent par Arnaque-la-Poste parfois.

  • Speaker #1

    C'est the place to be.

  • Speaker #0

    Non mais tu vois au début j'avais à peu prÚs la moitié des personnes qui venaient me voir, c'est juste parce qu'ils faisaient la route de Paris à Toulouse, qui remontait vers Paris.

  • Speaker #1

    Ouais c'est sur le...

  • Speaker #0

    Donc il y avait beaucoup de gens qui venaient juste déjeuner avec moi, voir la ferme et qui repartaient quoi, c'est rigolo.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux décrire d'ailleurs ton environnement pour que les gens s'imaginent à quoi ça ressemble ici ? Donc l'habitation, puisque là on est au milieu de la ferme, et les alentours ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #0

    C'est une petite ferme de 3 hectares et demi, donc il y a... Un grand corps de bĂątiment, enfin un corps de bĂątiment tout en longueur avec une maison, deux granges, un appenti et des petites annexes, tout d'un seul tenant. DerriĂšre les bĂątiments, il y a deux hectares et demi de terrain avec une grande mare. Et de l'autre cĂŽtĂ© d'une petite route qui se termine en impasse chez mes voisins, il y a un hectare de terrain. Et donc c'est de la prairie avec des belles haies, des grands chĂȘnes, quelques frĂȘnes. Et aprĂšs, une haie de sureau, cornouillĂ©, aubĂ©pine, prunelier, etc. On est dans un hameau de trois personnes avec 66% d'anglais, puisqu'il y a moi et mes deux voisins anglais qui sont adorables. Mon hameau est collĂ© Ă  un autre hameau. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment proche. Oui,

  • Speaker #0

    on pourrait croire que c'est un seul. Oui,

  • Speaker #1

    moi je pensais que c'Ă©tait un seul.

  • Speaker #0

    Mais non, nous sommes trois Ă  l'Ăąge du lac. Et donc le hameau d'Ă  cĂŽtĂ©, il y a 11 personnes, donc oui j'ai des voisins. Ça me plaĂźt bien parce que d'un cĂŽtĂ©, je peux passer la journĂ©e sans voir personne si j'en ai envie. Et de l'autre cĂŽtĂ©, si j'ai besoin de piquer un marteau ou d'aller faire une partie de rumicube avec ma voisine, je marche une minute et je suis chez elle.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une bonne raison ou plusieurs raisons ou motivations pour justement quitter la ville pour la campagne ?

  • Speaker #0

    Je ne m'y sentais vraiment plus du tout bien. Je pense que heureusement que je me suis mise Ă  faire du vĂ©lo en ville. Mais mĂȘme prendre un mĂ©tro, ça m'angoissait.

  • Speaker #1

    Alors que tu es jeune. C'est ça aussi qui m'impressionne. Tu es hyper jeune.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est un truc de vieux d'ĂȘtre angoissĂ©e par un mĂ©tro ?

  • Speaker #1

    Non, mais de se dire... Cette migration vers la campagne, c'est pour ça que je trouve mon parcours incroyable. Parce qu'on pourrait imaginer, les idĂ©es reçues, les clichĂ©s, etc. Qu'effectivement, les gens qui aujourd'hui... Au pĂšre Ă  un changement de vie, ils ont tous au-delĂ  de 40 ans. Et ce n'est pas le cas. En fait, ça suscite ma curiositĂ© de savoir, parce que peut-ĂȘtre quand on est jeune comme ça, on a envie d'avoir du mouvement, d'avoir de la vitesse, d'avoir du bruit, d'avoir du son, de dĂ©couvrir un milliard de choses, etc. Mais certainement,

  • Speaker #0

    je me trompe. Du coup, il y a plein de rĂ©ponses qui me sont venues dans la tĂȘte pendant que tu parlais. DĂ©jĂ , je pense que le fait que j'ai grandi en banlieue, dans des villes, J'envie les gens qui ont grandi Ă  la campagne. Moi, j'ai appris Ă  dĂ©couvrir le nom des arbres Ă  25 ans. Quand je rencontre des gens qui me racontent leur enfance Ă  la campagne, je les envie Ă©normĂ©ment. Je pense que ça, ça aide. Je vois pas mal de jeunes qui ont grandi Ă  Limoges ou qui ont grandi pas loin d'ici. Et Ă  18 ans, ils filent en banlieue parisienne. C'est un pari fou, mais c'est normal. Eux, ils se sont potentiellement super ennuyĂ©s Ă  la campagne. Ils ont ce dĂ©sir. Ă  18-20 ans de ce que tu dis, de la ville, du bruit, de l'effervescence. Et moi, j'ai envie de connaĂźtre ce qu'eux, ils ont connu quand ils Ă©taient petits. AprĂšs, moi, j'ai beaucoup dĂ©couvert, j'ai eu beaucoup d'effervescence par mes voyages. J'ai l'impression d'avoir fait des trucs de fou. Je n'ai pas l'impression de louper des choses en Ă©tant ici. À la limite, je pense qu'Ă  un moment dans ma vie, j'aurais envie de repartir, faire un immense voyage Ă  vĂ©lo parce que... J'en aurais envie, mais ça, je me l'autorise. D'ailleurs, j'ai rĂ©flĂ©chi un peu, tu vois, Ă  me dire peut-ĂȘtre que tous les 10 ou 15 ans, je peux me dire, allez, je laisse les clĂ©s de la ferme Ă  une personne pendant un an ou deux et je repars Ă  l'aventure. Donc, il y a ça. L'aventure, moi, je l'ai beaucoup eue il y a quelques annĂ©es. Et la troisiĂšme chose, je pense que c'est juste ma personnalitĂ©, mĂȘme si j'ai l'impression, comme je l'avais dit, d'avoir dĂ©couvert l'adulte que je devenais entre mes 20 et mes 25 ans. En fait, j'ai dĂ©couvert que moi, ma passion, c'est jouer au Rummikub en buvant une tisane et en faisant des jeux de sociĂ©tĂ© et en papotant. Et que voir un arbre grandir, ça m'Ă©merveille. J'ai l'impression d'ĂȘtre tellement plus utile et tellement plus Ă  ma place ici qu'il n'y a pas beaucoup plus de motivation que juste c'Ă©tait Ă©vident. C'Ă©tait ma place, c'Ă©tait lĂ .

  • Speaker #1

    Et les amis que tu avais dans ton ancienne vie, comment... Comment ils perçoivent ça ?

  • Speaker #0

    Eh ben, hyper bien. Je pense que les personnes qui le perçoivent... pas bien ou qui trouverait ça bizarre, en fait, on n'est pas forcément trop en contact. Du coup, je crois que je n'ai eu aucun avis étonné ou négatif sur ce que je fais. Zéro.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as eu des Ah, moi, je ne pourrais pas

  • Speaker #0

    J'ai eu des Ah, moi, je ne pourrais pas faire ça seule Mais non, j'ai l'impression qu'il y a quand mĂȘme beaucoup de mes amis qui viennent ici qui dĂ©jĂ  sont trop contents de venir. Peut-ĂȘtre un peu moins au dĂ©but quand la maison Ă©tait en travaux et qu'il gelait Ă  l'intĂ©rieur. Mais j'ai quand mĂȘme beaucoup de personnes qui, j'ai l'impression, repartent inspirĂ©es, repartent motivĂ©es. En gĂ©nĂ©ral, les gens sont trop contents de venir me voir. Moi, je suis trop contente quand ils viennent.

  • Speaker #1

    Tout Ă  l'heure, tu nous as parlĂ© du limousin. Dans ton rĂȘve, c'Ă©tait le limousin. D'ailleurs, moi-mĂȘme, en disant ça, je juge un peu le fait qu'on se dise pourquoi le limousin ? Comme si le limousin, ce n'Ă©tait pas bien. C'est juste que ce n'est pas bien connu. c'est comme Limoges en fait moi j'ai dĂ©couvert Limoges en arrivant en Dordogne et je trouve que c'est une jolie ville quand t'es au coeur du centre historique c'est trĂšs joli mais il y a une rĂ©putation sur la ville qui est pas cool moi

  • Speaker #0

    j'avais l'inverse pas forcĂ©ment Ă  propos de Limoges mais moi le limousin ça me faisait rĂȘver mais c'est ce que j'ai dit tout Ă  l'heure chelou mais non franchement t'imagines t'es la premiĂšre personne qui me dit ça sĂ©rieux mais non mais je sais pas moi c'est tout ce dont je fantasmais en vivant Ă  Paris c'est des paysages de bocage des forĂȘts de l'eau du calme mais oui peut-ĂȘtre que j'ai l'impression que tout le monde a cette image du limousin alors que c'est que moi mais non moi c'Ă©tait c'Ă©tait le paradis pour moi alors que je n'y avais jamais Ă©tĂ© en plus ouais Mais du coup, j'y suis quand mĂȘme allĂ©e. Et justement, cet Ă©tĂ© de retour de mon grand voyage, donc l'Ă©tĂ© 2020, ma sƓur vivait Ă  ce moment-lĂ  en AngoulĂȘme. Et du coup, on a fait un voyage Ă  vĂ©lo toutes les deux, de AngoulĂȘme jusqu'en Auvergne. Et du coup, on a traversĂ© le sud de la Haute-Vienne et le nord de la CorrĂšze. Du coup, ça a juste confirmĂ© mon intuition de tout ce que j'avais en tĂȘte du limousin. C'est tous les paysages que j'ai traversĂ©s. Et j'Ă©tais lĂ , bah... Oui, j'ai envie d'y vivre. C'Ă©tait trop bien. On regardait toutes les fermes, je regardais toutes les prairies. Je me disais, si je pouvais avoir ma petite ferme lĂ , planter mes arbres ici, rĂ©nover cette petite maison lĂ . C'Ă©tait un rĂȘve pour moi.

  • Speaker #1

    Et alors, comment tu l'as trouvée, toi, ta ferme ?

  • Speaker #0

    C'Ă©tait assez rapide. Quand j'ai commencĂ© Ă  chercher, je ne savais pas si j'allais mettre deux mois ou cinq ans. Parce qu'il y a vraiment des... Du coup, Ă  ce moment-lĂ , j'Ă©coutais quand mĂȘme beaucoup de podcasts d'installation ou de reportages sur des installations. Et tant en... souvent des gens qui mettent des annĂ©es avant de trouver. Je n'avais vraiment aucune idĂ©e. Et donc, ça faisait un moment que j'avais des alertes sur le bon coin, sur les agences immobiliĂšres, de fermes. Mais en fait, tant que tu n'y passes pas 24 heures pendant des mois, tu ne trouveras pas. Il y a un moment oĂč je m'Ă©tais quand mĂȘme motivĂ©e Ă  vraiment... Aussi, je commençais Ă  avoir parce que l'achat de la ferme dĂ©pendait Ă©normĂ©ment du salaire que je... que je mettais de cĂŽtĂ© quand je travaillais Ă  Paris, au retour de mon voyage. Et donc forcĂ©ment, au dĂ©but, c'Ă©tait plus un rĂȘve de quelle ferme je pourrais acheter dans un an. Et puis au bout d'un moment, je commençais Ă  avoir les sous sur mon compte et du coup, je pouvais commencer Ă  plus sĂ©rieusement regarder des fermes et Ă©ventuellement aller visiter. On a fait un premier week-end dans le limousin avec mon frĂšre et ma mĂšre Ă  l'Ă©tĂ© 2022. On a visitĂ© une ferme sur le Boncoin et on a rencontrĂ© deux paysans qui avaient mis une annonce sur Terre de Liens. Avec Terre de Liens. Parce qu'Ă  cette Ă©poque, comme je me disais, si ça se trouve, je vais mettre trois ans avant de trouver ma ferme. Moi, je n'ai pas envie de dĂ©mĂ©nager dans le limousin dans trois ans. J'ai envie de dĂ©mĂ©nager dans le limousin dans un an. Du coup, je m'Ă©tais dit, si jamais je ne trouve pas ma ferme que je pourrais acheter tout de suite, pourquoi pas me faire prĂȘter du terrain par un paysan via Terre de Liens pour dĂ©jĂ  m'installer dans la rĂ©gion et pouvoir plus facilement visiter des fermes plus tard pour moi. Et ça, en vrai, c'est le meilleur move.

  • Speaker #1

    Tu aurais pu vivre dans un habitat allégé ?

  • Speaker #0

    Tu veux dire sur les fermes que j'ai visitées via Terre de l'Homme ?

  • Speaker #1

    Oui, est-ce que tu n'aurais pas pu avoir une caravane ?

  • Speaker #0

    En l'occurrence, les deux paysans que j'ai rencontrĂ©s, c'Ă©tait des projets un peu similaires. Il y en avait un, il Ă©tait retraitĂ©. Les deux, ils avaient une centaine d'hectares. Il y en avait un, il Ă©tait retraitĂ©. Et l'autre, il avait une quarantaine d'annĂ©es. Le retraitĂ©, il avait besoin d'un coup de main de temps en temps. Genre, je ne sais pas, trois fois par an, il avait besoin d'ĂȘtre deux pour faire la rĂ©colte de je ne sais plus quoi. Et du coup, il voulait avoir une personne sur place pour l'aider. Et le gars de 40 ans, il se trouvait un peu seul sur ses 100 hectares. Et il avait eu cette envie de plus de collectif. Et donc ces deux personnes-lĂ , qui Ă©taient sur des fermes diffĂ©rentes, avaient tous les deux de 1 Ă  4 hectares Ă  mettre Ă  disposition gratuitement, plus une petite grange avec une petite partie habitation, pareil, Ă  mettre Ă  disposition gratuitement. Donc tu pouvais vraiment te lancer dans un projet, tu ne serais jamais chez toi. Donc pour moi, ça pourrait convenir Ă  certaines personnes, pour moi ça aurait Ă©tĂ© plus du coup un projet tremplin, de quelques annĂ©es lĂ -bas, le temps de trouver ma ferme. ou de voir si ça te plaĂźt ouais aussi et du coup j'avais quand mĂȘme rendu visite Ă  ces deux personnes j'avais visitĂ© une premiĂšre ferme au final j'avais donnĂ© suite pour rien un mois plus tard lĂ  je passais mon temps sur mon tĂ©lĂ©phone Ă  checker les nouvelles annonces je pense que je regardais les annonces sur je sais pas 10 sites diffĂ©rents 3 Ă  4 fois par jour je voyais les annonces vraiment quelques heures aprĂšs qu'elles aient Ă©tĂ© publiĂ©es Et lĂ , j'ai rĂ©ussi Ă  trouver une dizaine de fermes. Et comme je n'ai aucune attache familiale, ni de rien, ni pas d'enfant, dans le limousin, ça pouvait ĂȘtre vraiment Ă  peu prĂšs partout.

  • Speaker #1

    Tu avais toutes les possibilités.

  • Speaker #0

    VoilĂ . À un moment, par hasard, j'ai trouvĂ© une dizaine de fermes. C'Ă©tait Nord-Creuse, Nord-Haute-Vienne, Sud-Indre. Avec ma mĂšre, on est descendus pendant deux jours. On a fait les dix visites. La ferme que j'ai achetĂ©e faisait partie des dix visites.

  • Speaker #1

    Et alors, pourquoi celle-lĂ  ?

  • Speaker #0

    Eh bien, c'est vraiment la seule qui avait pratiquement tous les critĂšres. Le seul critĂšre qu'elle n'avait pas, c'est qu'il y a des parties du limousin qui sont encore plus enforestĂ©es, encore plus sauvages. Mais sinon, elle avait entre 2 et 4 hectares de terrain, donc en l'occurrence 3,5 hectares. Elle avait des bĂątiments en bon Ă©tat, avec la bonne surface, avec du potentiel. Elle avait un accĂšs Ă  l'eau, mĂȘme plusieurs accĂšs Ă  l'eau. Des terrains d'un seul tenant, un cadre mignon, une impasse, il y avait tous les critĂšres.

  • Speaker #1

    Et que l'esprit moins sauvage se pourrait.

  • Speaker #0

    Et le prix aussi qui était un peu plus élevé que prévu.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Oui, les autres fermes que j'avais visitĂ©es, il y avait souvent un seul hectare de terrain, il y avait souvent un puits qui peut-ĂȘtre donne de l'eau mais on ne sait pas parce qu'il est cassĂ©. oĂč il y avait des terrains ultra morcelĂ©s, ou alors une maison inhabitĂ©e depuis 40 ans, oĂč lĂ , tu as vraiment des Ă©normes travaux Ă  faire, ou une grande route qui passe devant la ferme. Ici, il y avait tout. Surtout quand on a fait la visite, qu'on est passĂ©, qu'on a fait le tour de la mare, il y avait un super soleil, il y avait tous les arbres. J'Ă©tais trop bien. Je me suis sentie chez moi.

  • Speaker #1

    La ferme, elle s'appelle la ferme des SƓurs. J'ai bien envie que tu nous expliques... Pourquoi tu as appelĂ© cet endroit la ferme des sƓurs ? Parce que dĂ©jĂ , je trouve ça trop mignon. Mignon, pourquoi ?

  • Speaker #0

    Eh bien, ça s'est passĂ© Ă  la signature du compromis de vente. On Ă©tait Ă  la table Ă  laquelle nous sommes assises maintenant, mais dans une piĂšce beaucoup plus petite, parce que lĂ , j'ai un peu cassĂ© des murs, mais c'Ă©tait une cuisine pas immense. Et Ă  cette table, on Ă©tait, je crois, neuf personnes. Donc, il y avait cinq sƓurs, puisqu'en fait, la... La maison, je l'ai achetĂ©e Ă  une dame qui avait cinq filles. Et donc cette dame Ă©tait en EHPAD quand j'ai achetĂ© la maison. Du coup, je ne l'ai jamais rencontrĂ©e, mais j'ai rencontrĂ© les cinq sƓurs de 50 Ă  75 ans, avec une Ă©nergie de dingue qui papote Ă©normĂ©ment. Enfin, trĂšs, trĂšs vivant, quoi. TrĂšs, trĂšs chouette. Donc les cinq sƓurs, il y avait moi, il y avait ma sƓur qui Ă©tait venue Ă  l'occasion, puisque je lui fais Ă©normĂ©ment... confiance et son avis compte beaucoup. Ça me rassurait Ă©normĂ©ment qu'elle soit lĂ  parce que acheter une ferme, c'Ă©tait quand mĂȘme fou. Il y avait aussi une copine Ă  nous, Clotilde, qui est une femme incroyable, 60 ans, elle a rĂ©novĂ© trois maisons dans sa vie. C'Ă©tait mon expertise bĂątiment. Je l'ai fait venir pour me dire, dis-moi si la charpente, c'est OK, dis-moi ce que tu penses des couvertures. Pareil, trop rassurĂ©e qu'elle soit lĂ . On Ă©tait toutes ces filles autour de la table. Au milieu, il y avait l'agent immobilier avec sa petite chemise tout coincĂ©e et qui ne savait pas en placer une. J'adorais cette Ă©nergie. Mais le moment Ă©tait trop beau. Et puis c'Ă©tait fort, c'Ă©tait important comme Ă©tape dans ma vie, de signer pour un compromis de vente pour une ferme, c'Ă©tait fou. Le lendemain, je suis rentrĂ©e Ă  Paris, je devais aller au travail, j'Ă©tais sur mon vĂ©lo, et lĂ  j'y ai repensĂ©, je me suis dit, la ferme des sƓurs.

  • Speaker #1

    J'essaye de rĂ©flĂ©chir, je visualise toute cette histoire. Puis en plus, j'y suis, c'est trop bien, j'ai l'impression d'ĂȘtre Christophe Ondelat, d'en fait entrer l'accusĂ©. Maintenant, si on passe Ă  la partie professionnelle, est-ce que... Alors tu vas vulgariser, s'il te plaĂźt, parce qu'elle a plein de mots hyper scientifiques et tout et tout. Parle-nous de cette partie professionnelle. À quel moment aussi elle est arrivĂ©e, cette partie professionnelle ? Parce que tout Ă  l'heure, quand tu m'as fait visiter, tu m'as sorti un puits de sciences, de savoirs. Je me suis dit, mais comment elle fait ? Bon, elle est jeune, donc elle retient mieux que moi. Mais quand mĂȘme, tout ça, cette culture que tu as par rapport Ă  ta profession aujourd'hui, elle est arrivĂ©e quand ? Et Ă  quel moment aussi tu t'es dit, boum, ce sera mon job ? C'est parti.

  • Speaker #0

    Pendant mon voyage Ă  vĂ©lo, j'Ă©tais partie faire ce voyage en me disant qu'il fallait que je revienne en ayant trouvĂ© c'Ă©tait quoi mon mĂ©tier. Donc il y avait quand mĂȘme cet objectif. J'ai dĂ©couvert les podcasts en voyageant Ă  vĂ©lo, parce que quand tu te fais 8 heures de vĂ©lo seule, t'as envie d'Ă©couter un truc, moi c'Ă©tait le cas.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'envoie tous les podcasts à des voyageurs à vélo.

  • Speaker #0

    Ouais. J'ai beaucoup Ă©coutĂ© de podcasts sur le fĂ©minisme, mais aussi sur la paysannerie. J'avais dĂ©jĂ , avant de partir, entendu parler de permaculture, mais surtout de jardin-forĂȘt. Je savais dĂ©jĂ  que ça me parlait, cette histoire de planter des arbres, de planter des forĂȘts, en gros jardin-forĂȘt. L'idĂ©e, c'est, surtout si tu pars d'une prairie, c'est d'accompagner la succession naturelle de cette prairie vers la forĂȘt, puisque si tu as une forĂȘt et que tu n'y fais rien, Il y a une friche qui va s'installer et puis il y a une forĂȘt qui va pousser. Donc l'idĂ©e c'est, au lieu d'ĂȘtre en lutte contre une parcelle de terrain, de l'accompagner mais d'y introduire des essences qui toi t'intĂ©ressent, soit pour une production fruitiĂšre, une production comestible, ou alors une production pour l'artisanat, pour un projet pĂ©dagogique. la partie jardin forĂȘt, j'en avais dĂ©jĂ  entendu parler avant de partir, j'ai beaucoup Ă©coutĂ© de podcasts dessus en voyageant le podcast de l'Ă©cole d'agroĂ©cologie voyageuse qui est prĂ©sentĂ© par Opaline ça c'est super, il y a des prĂ©sentations de fermes gĂ©niales mais sinon une rĂ©fĂ©rence sur les jardins forĂȘts en France c'est Fabrice Desjours qui a plantĂ© un jardin forĂȘt il y a bientĂŽt 15 ans en Bourgogne sur 2 hectares et demi et il a Ă©crit un livre qui est trĂšs bien aux Ă©ditions de Terran et moi je suis allĂ©e me former chez lui. Donc ouais, sur les jardins-forĂȘts il y a une bibliographie assez intĂ©ressante il y a aussi Ă  la collection RĂ©silience chez Ulmer, il y a un petit livre du Bec et Loin sur la crĂ©ation des mini-forĂȘts-jardins et aprĂšs je crois que c'est en Angleterre c'est Martine Crawford qui a aussi Ă©crit un livre sur les forĂȘts-jardins qui est pas mal d'ailleurs on veut plus de femmes qui Ă©crivent des livres sur la permaculture et l'agroforesterie

  • Speaker #1

    C'est beaucoup des hommes ?

  • Speaker #0

    Oui. Alors, il y a GeneviĂšve Michon qui a Ă©crit pas mal de livres trĂšs intĂ©ressants sur l'agroforesterie dans le monde. Je crois que son livre, c'est Agriculture Ă  l'ombre des forĂȘts, des arbres Agriculture Ă  l'ombre des arbres Ă  vĂ©rifier. Elle a fait la prĂ©face du livre de Fabrice Desjours. Mais oui, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on veut plus de femmes qui Ă©crivent sur la permaculture, sur la paysannerie.

  • Speaker #1

    Moi, je te propose que tu commences Ă  Ă©crire dĂšs demain.

  • Speaker #0

    Allez. C'est parti,

  • Speaker #1

    prochain projet.

  • Speaker #0

    J'ai pas assez de choses Ă  faire.

  • Speaker #1

    Alors donc tu commences Ă  prendre connaissance de ce type de projet.

  • Speaker #0

    Mais pourtant, Ă  la fin de mon voyage et pendant ces deux mois, un peu de dĂ©cantation du projet, je suis plutĂŽt partie en tĂȘte avec l'idĂ©e de faire des plantes mĂ©dicinales. Donc pendant longtemps, mon projet ça a Ă©tĂ© de faire...

  • Speaker #1

    PAM.

  • Speaker #0

    Ouais, P-P-A-M, de la tisane, des baumes, voilĂ , un peu transformation trĂšs variĂ©e. et Ă  cĂŽtĂ© de planter un jardin forĂȘt. Pendant trĂšs longtemps, mon projet de jardin forĂȘt, il Ă©tait quand mĂȘme un peu Ă  cĂŽtĂ©. C'Ă©tait vraiment un projet qui Ă©tait scindĂ© en deux. Et j'ai mis vraiment du temps avant de relier les deux. D'ailleurs, je crois que c'est Fabrice Desjours, pendant la formation, qui m'a aidĂ©e Ă  ne faire plus qu'un. On faisait pas mal de design. On avait du coup nos...

  • Speaker #1

    Tu veux dire Ă  rejoindre les deux ?

  • Speaker #0

    Oui, Ă  dire arrĂȘte de penser, arrĂȘte de mettre des arbres d'un cĂŽtĂ© et du romarin en plein soleil de l'autre cĂŽtĂ©. Si tu veux faire des plantes mĂ©dicinales, pourquoi tu ne ferais pas des plantes mĂ©dicinales dans ton jardin forĂȘt ? Ça, ça m'a trop aidĂ©e. Je me suis dit, mais oui, je suis bĂȘte, j'arrĂȘte pas de... Ma passion, c'est les arbres, mais je veux cultiver quand mĂȘme en herboristerie. Bon, il y a aussi... On utilise aussi les arbres. Il y a aussi des plantes comme la consoute, qui sont des plantes qui adorent l'ombre. Mais il y a quand mĂȘme une grosse partie des plantes en herboristerie traditionnelle. qui sont des plantes de plein soleil, des plantes Ă©mergentes. Les soucis, le romarin, la lavande, tout ça, c'est trĂšs peu forestier. Et moi, ma passion, c'est les forĂȘts. Un peu Ă©tonnant.

  • Speaker #1

    Pourquoi c'est ta passion, les forĂȘts ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. C'est comme le limousin,

  • Speaker #1

    ça ne s'explique pas.

  • Speaker #0

    C'est pareil, rien ne s'explique. Ça s'est fait petit Ă  petit. Si je pense qu'au bout d'un moment, ça m'a parlĂ© de planter des paysages plus durables. En fait... Le potager, au dĂ©but, c'est un peu la porte d'entrĂ©e vers dĂ©couvrir comment fonctionne le vivant. Mais trĂšs vite, je me dis quel est l'intĂ©rĂȘt de passer une saison Ă  faire du potager si tu dois repartir Ă  zĂ©ro l'annĂ©e prochaine. Alors que quand tu plantes un arbre, tu le plantes pour 50, 100 ans. AprĂšs ta mort, j'aime bien l'idĂ©e de travailler aprĂšs toi.

  • Speaker #1

    Du long terme.

  • Speaker #0

    Des paysages pĂ©rennes, des paysages qui existent encore, mĂȘme si toi, tu meurs. Ça, ça me parle. Et donc petit Ă  petit, je me suis dit arrĂȘte de focaliser sur les tisanes. Et en fait, sur une autre formation, chez MĂ©lilotus en CorrĂšze, une super ferme en production de plantes mĂ©dicinales, j'ai dĂ©couvert la gĂ©mothĂ©rapie. Donc gĂ©mothĂ©rapie, c'est des extraits de bourgeons. Tu cueilles les bourgeons Ă  la sortie de l'hiver. Quand ils gonflent, ils gonflent, ils gonflent. Et juste avant qu'ils explosent, tu les cueilles Ă  ce moment-lĂ .

  • Speaker #1

    Et tu prends l'extrait, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Ouais, en gros, tu les fais macĂ©rer dans un mĂ©lange d'eau, d'alcool. Et traditionnellement de glycĂ©rine, mais il y a beaucoup de producteuristes qui vont remplacer la glycĂ©rine par du miel pour pouvoir travailler avec les ingrĂ©dients les plus locaux possibles, voire mĂȘme produits sur la ferme.

  • Speaker #1

    Toi tu mets ça ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Pour l'instant, j'achÚte le miel à un producteur de miel qui a un tout petit rucher à cÎté de ses plantes médicinales, à une vingtaine de kilomÚtres de chez moi. D'accord. Et à terme, si j'y arrive, c'est d'avoir un petit rucher sur la ferme et d'avoir le miel. produit sur la ferme pour la gémothérapie. Eau, alcool et miel. Tu mets les bourgeons à matérer dedans.

  • Speaker #1

    Eau, alcool, miel, d'accord. Tu mets les bourgeons.

  • Speaker #0

    AprÚs, tu laisses macérer pendant 3 semaines jusqu'à 40 jours. Et tous les jours, tu prends ton bocal et tu viens le dynamiser. Du coup, dynamiser un bocal, c'est lui...

  • Speaker #1

    Le secouer.

  • Speaker #0

    Oui, le secouer en lui apportant un mouvement.

  • Speaker #1

    En faisant des 8.

  • Speaker #0

    Oui, en faisant des 8.

  • Speaker #1

    Pas le PD8 avec ses bras, lĂ .

  • Speaker #0

    En gros, l'idée, c'est de... que pendant tout le moment de la macération, tes solvants continuent d'extraire toute l'information qu'il y a dans le bourgeon. Tu vois, ton macérat de bourgeon, c'est un truc vivant. Tu ne veux pas le laisser stagner pendant trois semaines, un mois.

  • Speaker #1

    C'est comme si tu le faisais libre.

  • Speaker #0

    Tu l'actives. Exactement. Du coup, tu fais ça pendant trois semaines Ă  40 jours. AprĂšs, tu viens... C'est beaucoup quand mĂȘme. Oui. Quand tu as une quarantaine de bocaux qui pĂšsent chacun un kilo, tu le sens dans les bras.

  • Speaker #1

    C'est ça les muscles.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Il ne faut pas que... Oui. et aprÚs tu viens filtrer ton macérat, donc tu récupÚres juste le solvant qui a capté toutes les molécules du bourgeon en fait le plus liquide va partir toi tu vas garder la matiÚre la plus la galette de bourgeon la galette ?

  • Speaker #1

    quand tu la presses on dirait un petit steak aprÚs t'as des trucs comme ça à me montrer ou pas ?

  • Speaker #0

    est-ce que j'ai pris des photos ? tu montreras plus tard mais en gros nous on garde le liquide la galette de bourgeon, tu la compostes aprĂšs. Puisque toute l'information du bourgeon a Ă©tĂ© extraite par tes trois solvants dans le liquide. C'est pour ça qu'on utilise trois solvants. C'est comme si tu fais une tisane ou une alcoolature, tu ne vas pas extraire les mĂȘmes molĂ©cules parce que l'eau chaude ne va pas capter la mĂȘme chose que l'alcool. LĂ , du coup, on a ces trois solvants parce que chaque solvant va capter des molĂ©cules diffĂ©rentes du bourgeon. LĂ ,

  • Speaker #1

    en fait, c'est que tu enlĂšves le solide et tu gardes le liquide. D'accord.

  • Speaker #0

    Ce que tu mets dans les flacons, c'est l'extrait de bourgeon. On dit aussi macĂ©rat mĂšre de bourgeon. Et aprĂšs, tu le mets dans des petits flacons de 30 millilitres avec un compte-gouttes, un peu comme les huiles essentielles. Et aprĂšs, ça se prend sous forme de cure de trois semaines. Tu mets 15 gouttes dans un verre d'eau le matin. Et ça soigne une trĂšs grande diversitĂ© de choses. Mais surtout, moi, ce qui m'appelle dans la gĂ©mothĂ©rapie, c'est que je travaille avec les arbres. Et en fait, j'ai enfin pu me libĂ©rer de cette... dualitĂ© entre d'un cĂŽtĂ© mes plantes mĂ©dicinales de plein soleil et de l'autre cĂŽtĂ© ma forĂȘt. Je fais mes produits de soins dans ma forĂȘt puisque je travaille que avec les arbres. VoilĂ , ça fait le pont. Donc je produis de la gĂ©mothĂ©rapie, donc des extraits de bourgeons, ça c'est ma production. C'est la premiĂšre annĂ©e que je produis. Je commence Ă  vendre. Vous pouvez aller voir sur lafermedesseur.fr et vous pouvez dĂ©sormais acheter les flacons de gĂ©mothĂ©rapie, donc les extraits de bourgeons sur internet. Donc soit je vous les envoie, soit sinon vous pouvez passer Ă  la ferme les rĂ©cupĂ©rer, donc ça c'est mon activitĂ© de production cette annĂ©e et sinon sur 2 hectares et demi, donc je plante un jardin forĂȘt, Ă  visĂ©e nourriciĂšre et pĂ©dagogique, donc pour accueillir plein d'Ă©vĂ©nements, c'est GĂ©alca Ă  la ferme, on fait des fĂȘtes des plantes, on fait des chantiers de plantation collective vous ĂȘtes le dĂ©vannerie, j'apprends aux gens Ă  greffer, on fait plein de choses, l'idĂ©e c'est de faire vivre le lieu, et sur l'hectare enfin sur la parcelle d'en face je dĂ©veloppe de l'agroforesterie syntropique, donc c'est une technique d'agroforesterie... qui travaille sur trois piliers. La construction des plantations dans l'espace, on travaille avec des strates pour que toutes les strates de vĂ©gĂ©taux soient remplies. Ensuite, on travaille avec la succession dans le temps. Quand on plante une ligne en agroforesterie syntropique, on plante tout ce qui va exister dans le systĂšme de la premiĂšre annĂ©e Ă  dans 300 ans. Oui, je vais planter mes cassis et mes abricotiers pour avoir une production de fruits, mais je vais aussi semer mes noyĂ©s et mes chĂȘnes. pour qu'une fois que mes productions fruitiĂšres sont arrivĂ©es au bout de leur vie, qu'il y ait aussi une forĂȘt qui lui succĂšde. Et le troisiĂšme pilier de la centropie, c'est la... La perturbation, c'est imiter la dynamique de fonctionnement du vivant. Et en gros, 70 Ă  80% de ce que je plante, quand je fais une plantation en agriculture syntropique, c'est des plantes qui sont destinĂ©es Ă  ĂȘtre taillĂ©es trĂšs frĂ©quemment. Donc on choisit des plantes que plus on taille, plus elles poussent, plus on taille, plus elles poussent. Et quand on vient faire une perturbation en agriculture syntropique, on essaye de faire ça la veille d'un jour oĂč il pleut. Du coup, on vient tailler Ă  ras.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que tu as choisi le limousin ?

  • Speaker #0

    Moi, je n'avais pas encore dĂ©couvert la Saint-Tropez Ă  ce moment-lĂ . Mais en gros, on taille d'un coup, comme si on Ă©tait un gros troupeau de vaches qui venaient brouter notre parcelle pour faire une perturbation. On veut en gros faire un petit choc au systĂšme pour le lancer dans une nouvelle dynamique de crĂ©ation de vivants. On vient tailler Ă  ras tout ce qui adore ĂȘtre taillĂ©. On apporte Ă©normĂ©ment de matiĂšre au sol, puisque tout ce qu'on taille, on le met dans le tas.

  • Speaker #1

    Tout le reste par terre.

  • Speaker #0

    On a une grande entrĂ©e de lumiĂšre sur le systĂšme, puisque tout d'un coup, on a tout ouvert. Le lendemain... il pleut, gros apport d'eau et toutes les plantes qui ont Ă©tĂ© taillĂ©es elles vont Ă©mettre une hormone qui s'appelle la gibĂ©ryline qui donne l'information Ă  la plante qu'il faut qu'elle repousse vite parce qu'elle vient de se faire couper la tĂȘte et comme elle est sympa et qu'on en a taillĂ© Ă©normĂ©ment, elle va aussi filer l'information qu'il faut que ça pousse aux copines Ă  cĂŽtĂ©. MĂȘme si on n'a pas taillĂ© notre pommier Ă  ras parce que nous on veut des pommes et bien lui aussi il va avoir ce petit boom de croissance qu'on appelle le saut du chat en agriculture syntropique.

  • Speaker #1

    Je pense que tu peux Ă©crire un livre.

  • Speaker #0

    Il y a déjà un super livre d'Anna El-Theri qui est édité chez Terre Vivante et qui s'appelle Bienvenue en Syntropie, si vous voulez un peu comprendre, débroussailler cette forme d'agriculture hyper passionnante, je vous le recommande.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il faut ĂȘtre vraiment, dĂ©jĂ , c'est un peu con cette question que je vais te poser, mais est-ce que c'est complexe Ă  lire ce genre d'ouvrage pour quelqu'un qui n'y connaĂźt pas grand-chose ? Est-ce que ça peut ĂȘtre dur Ă  lire, tu vois ? Ou est-ce qu'il ne vaut mieux pas venir te voir et tu fais des ateliers ?

  • Speaker #0

    Alors dĂ©jĂ , vous pouvez venir en woofing Ă  la ferme. Si vous voulez vraiment apprendre Ă  travailler en syntropie, le mieux, c'est quand mĂȘme d'aller dans des fermes qui font de la syntropie. Moi, je suis allĂ©e me former dans deux fermes gĂ©niales. La ferme des Mahouagites, dans le Gers, oĂč j'ai fait ma premiĂšre formation en agriculture syntropique. Et aprĂšs, je suis allĂ©e me former chez Anna El-Theri, l'autrice du livre dont j'ai parlĂ©, en Dordogne. Et donc ça, c'est vraiment la clĂ© pour faire un bond Ă©norme en comprĂ©hension. Mais peu importe le sujet, en fait. Ma formation chez Fabrice Desjours sur les jardins forĂȘts, mes deux formations en agriculture syntropique, mes formations en gĂ©mothĂ©rapie et en production de plantes mĂ©dicinales, c'est vraiment le fait de passer cinq jours sur une ferme. Oui,

  • Speaker #1

    au cƓur de l'action.

  • Speaker #0

    C'est ça qui nous fait progresser de fou. Donc c'est pas mal de lire en amont, de regarder quelques vidĂ©os en amont pour essayer d'avoir... D'avoir des mots-clĂ©s, par exemple. Rien que le fait d'arriver dans une ferme avec le vocabulaire, ça aide. Mais aprĂšs, il faut aller vivre les choses. Donc, il faut faire du woofing, il faut aller se former. Ça, c'est gĂ©nial.

  • Speaker #1

    Il y a un truc qui est important à préciser. Donc, tout ça, et je sais que c'est important pour toi, toute seule. Toute seule.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    tout ça toute seule.

  • Speaker #0

    Oui. En fait, quand j'Ă©tais prĂȘte Ă  me lancer, c'est-Ă -dire quand j'avais la motivation, l'Ă©nergie, l'envie et les sous, En fait, j'Ă©tais la seule personne autour de moi qui avait ce projet-lĂ .

  • Speaker #1

    Est-ce que tu aurais pu le faire en collectif ?

  • Speaker #0

    Si j'avais, Ă  ce moment-lĂ , Ă©tĂ© portĂ©e par une envie de collectif avec des copines, oui, je l'aurais fait en collectif, je pense. Mais en fait, c'est un peu le hasard qui a fait que j'avais envie de le faire. J'Ă©tais prĂȘte et je n'avais pas besoin d'ĂȘtre accompagnĂ©e d'une autre personne pour me lancer. Donc, je l'ai fait. Au final, je pense que c'Ă©tait plutĂŽt une bonne dĂ©cision parce que ça correspond aussi pas mal Ă  mon tempĂ©rament. Je suis franchement fiĂšre. d'avoir fait ça seule j'ai pas fait ça 100% seule il y a Ă©normĂ©ment de copines et de copains qui sont venus m'aider donc il y a et en vrai je suis trop contente de voir tel mur de la maison et de me dire ça je l'ai fait avec Jeanne telle construction de me dire que ça on l'a construit avec Flore ça c'est gĂ©nial, j'adore ça mais je suis aussi super fiĂšre de pas avoir eu peur et de m'ĂȘtre lancĂ©e et ça veut pas dire que j'ai pas paniquĂ© plein de moments qu'il y a pas plein de moments oĂč je me suis dit je n'y arriverai jamais si, j'ai paniquĂ© plein de fois mais je suis encore plus fiĂšre de l'avoir fait et d'avoir surmontĂ© toutes les petites peurs qui Ă©taient sur mon passage Et ouais, si on pense qu'on peut se lancer seule, il faut le faire, peu importe son genre, peu importe son Ăąge, peu importe son passĂ©. Genre moi, je suis arrivĂ©e ici, je n'avais jamais utilisĂ© de perceuse. Comme on dit, j'ai fait une dalle Ă  la chaux toute seule. Maintenant, je vais me mettre Ă  apprendre l'Ă©lectricitĂ©. J'ai eu un aperçu de comment...

  • Speaker #1

    Ça, c'est la partie auto-construction ?

  • Speaker #0

    Ouais. La partie agricole, j'avais moins peur parce que j'avais quand mĂȘme beaucoup travaillĂ© avant. En woofing, en formation, beaucoup de lectures, beaucoup de premiĂšres expĂ©rimentations. Du coup, j'avais assez confiance en moi sur la partie agricole.

  • Speaker #1

    C'est plutĂŽt la partie bĂątiment.

  • Speaker #0

    Oui, ça pour le coup, ce n'Ă©tait mĂȘme pas prĂ©vu que je rĂ©nove une maison. Et puis la partie administrative, ça c'Ă©tait aussi une grosse dĂ©couverte. Et ça, ça a suscitĂ© beaucoup de stress et de panique et d'anxiĂ©tĂ© chez moi. Mais voilĂ , maintenant, j'ai plus. plus peur quand je fais ma TVA. À chaque fois, c'est une nouvelle Ă©tape de gagner. Se lancer seule, c'est possible. Si on en a envie, si ça correspond Ă  notre personnalitĂ©, il faut le faire. Il ne faut pas avoir peur si on peut ne pas avoir peur.

  • Speaker #1

    À certaines, j'ai posĂ© la question, est-ce qu'il y avait un bon moment, selon elles, pour changer de territoire, changer de vie, changer de mĂ©tier, changer de mode de vie ?

  • Speaker #0

    Non, je pense qu'on le sait. Moi, c'est sĂ»r que ça a Ă©tĂ©... particuliĂšrement facile parce qu'au-delĂ  du fait d'ĂȘtre prĂȘte et d'en avoir trĂšs envie, j'avais pas d'enfants, j'Ă©tais pas en couple, j'avais pas d'endettement. Enfin, franchement, tous les feux Ă©taient au vert pour me lancer. Donc, moi, je suis peut-ĂȘtre particuliĂšrement privilĂ©giĂ©e. Et c'est peut-ĂȘtre des dĂ©cisions qui sont beaucoup plus dures Ă  prendre pour d'autres personnes.

  • Speaker #1

    Quand il y a une famille tout autour,

  • Speaker #0

    tu sais. Ouais, plein de choses qui peuvent ĂȘtre des freins. Mais non, je pense que si on le sent et que surtout si on sent qu'on n'est pas Ă  sa place... Il ne faut pas y rester quoi. Si on peut, si on a le privilĂšge de ne pas y rester. Mais bon, c'est un point de vue de personnes trĂšs privilĂ©giĂ©es, Ă©videmment.

  • Speaker #1

    Je me suis noté comment ton nouveau mode de vie, comment ça influence ton quotidien. Qu'est-ce qui a changé ? Est-ce que tu as des choses concrÚtes ?

  • Speaker #0

    Il y a la diffĂ©rence toute simple d'ĂȘtre chef d'entreprise versus ĂȘtre salariĂ©. Oui, dĂ©jĂ . J'ai crĂ©Ă© mon entreprise en septembre. Donc il y a 9 mois, lĂ  c'est ma premiĂšre annĂ©e de production, donc j'ai pas encore trouvĂ© ce bon Ă©quilibre entre Ă  quel moment je travaille, Ă  quel moment je ne travaille pas, et ça c'est Ă©vident qu'il va falloir que je le fasse rapidement ou Ă  un moment donnĂ©. Ça, ça change beaucoup, du coup ça entraĂźne pas mal de culpabilitĂ©, tu vois, de je ne travaille pas aujourd'hui. En fait j'ai du mal Ă  me dire... Aujourd'hui, voire aujourd'hui et demain,

  • Speaker #1

    je ne travaille pas.

  • Speaker #0

    Mais surtout parce qu'en fait, ce que j'ai tendance Ă  faire, c'est me rĂ©veiller. Je sens que ça va ĂȘtre une petite journĂ©e, mais j'y vais quand mĂȘme. Je travaille mal une journĂ©e alors que j'aurais pu me dire, aujourd'hui, c'est un jour off et mĂȘme encore mieux, le prĂ©voir dans le calendrier pour que deux jours plus tĂŽt, je puisse me dire dans deux jours, je me repose. Parce qu'en fait, c'est vraiment ça qui repose, c'est de voir le jour de repos venir. et du coup ça c'est dur en tout cas c'est dur pour moi Organiser,

  • Speaker #1

    structurer, ĂȘtre en libre et ĂȘtre en...

  • Speaker #0

    En fait actuellement mon organisation c'est je travaille tous les jours jusqu'au jour oĂč je ne travaille pas mais il y a beaucoup de fois oĂč le jour oĂč je ne travaille pas en fait j'essaye quand mĂȘme de travailler et je travaille mal et du coup c'est un mauvais jour de repos Ouais ou alors ces jours lĂ  tu profites pas Ouais tu culpabilises de ne pas ĂȘtre dehors ou de faire les choses Ă  moitiĂ© de lire un bouquin alors que je vois bien que le peu de fois oĂč je me suis autoriser des journĂ©es de repos, c'est souvent parce que j'avais prĂ©vu des choses, comme il y a cette brocante, trop bien, elle est Ă  15 km, du coup si la brocante est Ă  15 km, je vais m'organiser, quitte Ă  aller lĂ -bas Ă  vĂ©lo, je vais aller voir le marchĂ©,

  • Speaker #1

    ou je vais manger... Tu as optimisé tout ton truc là.

  • Speaker #0

    Et en fait là j'adore, parce que je sais que c'est la veille, déjà je me dis demain, petit jour de repos, on va faire la petite brocante, on va faire le marché, je suis trop bien. Je sais que c'est un truc sur lequel il faut vraiment que je travaille, et que ça me rend heureuse en plus d'ajouter un rythme dans ma vie.

  • Speaker #1

    J'en profite. Il y avait un truc qui était important pour toi, qu'on devait évoquer ensemble aujourd'hui. Parce que c'est vrai que bien souvent, quand on parle de vivre à la campagne, de ruralité, on parle des difficultés de mobilité. Et la plupart ont le permis, ou des voitures, etc. Mais souvent, il y a plusieurs voitures. En tout cas, la mobilité, c'est un sujet. Et toi, tu avais envie de prendre la parole là-dessus, parce que tu es sur un autre modÚle. Tu peux nous expliquer ? Enfin, on a un petit peu compris, mais vas-y.

  • Speaker #0

    Ça fait partie du projet depuis le dĂ©but. C'est de m'installer... Ah, c'est une volontĂ© ! Ah oui, 100%. C'est de m'installer Ă  la campagne sans voiture et Ă  vĂ©lo. Et du coup, de tout faire Ă  vĂ©lo. Mon retour d'expĂ©rience, c'est que ça marche. Et que si vous avez un projet d'installation Ă  la campagne, et que vous vous dites que ça rime forcĂ©ment avec le fait, parfois mĂȘme, d'acheter une voiture, parce que si on est sur un projet nĂ©o-rural d'une personne qui habite en ville sans voiture, il y a souvent ce rĂ©flexe de se dire... Et mĂȘme souvent, parfois, les gens ne sont pas forcĂ©ment trĂšs heureux de faire ce choix. De se dire, je vais m'installer Ă  la campagne, gĂ©nial, mais du coup,

  • Speaker #1

    il faut que je le fasse.

  • Speaker #0

    Et bien en fait, c'est possible. En tout cas, pour moi, ça l'a Ă©tĂ© et je suis super heureuse de ce choix. Évidemment que tous les projets vont ĂȘtre diffĂ©rents, que ça va dĂ©pendre de votre contexte familial, de votre territoire, de votre motivation, votre plaisir Ă  vous dĂ©placer. On parle du vĂ©lo, mais ça peut ĂȘtre autre chose. Mais pareil, mĂȘme pour des familles, tu vois, qui se diraient trop bien cette paysanne qui fait son truc Ă  vĂ©lo. Mais nous, on a des enfants, c'est non. En fait, ça vaut le coup d'y rĂ©flĂ©chir. Moi, pendant que j'ai voyagĂ© Ă  vĂ©lo, j'ai rencontrĂ© des familles avec des enfants qui avaient 6 mois, des enfants qui avaient 5 ans, des adolescents. J'ai rencontrĂ© des personnes qui avaient 70 ans, qui faisaient du vĂ©lo Ă  l'autre bout de la planĂšte sur un tandem. En fait, des rĂ©cits de mobilitĂ© diffĂ©rentes. Il y en a plein et c'est important de les Ă©crire. Et peut-ĂȘtre que... que dans... Je parle Ă  une personne. Peut-ĂȘtre que dans votre cas, vous aurez besoin d'une voiture. Mais se poser la question et Ă©tudier le projet sans voiture, ça peut ĂȘtre hyper intĂ©ressant. Il y a aussi un autre truc Ă  prendre en compte.

  • Speaker #1

    Tu ne voulais pas que ce soit un frein à l'installation ? À la campagne ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, je voulais juste dire que ça vaut le coup de se poser la question, est-ce que je peux le faire sans voiture ? Il y a un autre Ă©lĂ©ment que moi, je n'avais pas trop anticipĂ©, c'est que tout le monde dans le coin a des voitures individuelles, ou Ă©normĂ©ment de personnes, mĂȘme souvent plusieurs voitures par foyer. Et en fait, il y a aussi des personnes qui se rendent compte qu'elles n'ont pas trop envie de faire 15 km de voiture pour aller au cinĂ©ma dans une voiture avec une seule personne. Donc, soit elles ne le font pas, c'est possible du coup de s'organiser pour remplir une voiture, pour aller au cinĂ©ma, parce que c'est aussi important d'avoir accĂšs Ă  la culture en milieu rural. Soit elles le font quand mĂȘme, mais du coup, elles auront trop envie de covoiturer et d'avoir une personne en plus dans la voiture. Et du coup, depuis que je suis arrivĂ©e, plein de fois, j'ai covoiturĂ© pour aller Ă  tel Ă©vĂ©nement Ă  35 kilomĂštres de chez moi, pour aller Ă  une sortie cinĂ©, on s'envoie un petit message. Qui veut aller Ă  cette projection ?

  • Speaker #1

    Je vais te demander justement comment t'es arrivée à trouver les contacts.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pas Ă©vident. C'est vrai. En fait, je crois que ce qui m'aide le plus, c'est l'association que j'ai rejoint depuis septembre. C'est une association locale qui travaille Ă  la protection des forĂȘts locales. Et en fait, lĂ , ça m'a permis d'avoir un petit noyau d'une quinzaine de personnes avec des valeurs similaires, plus un noyau plus grand d'une centaine de personnes adhĂ©rentes Ă  l'association. Et du coup, on discute sur Slack, en gros, sur un rĂ©seau de communication. Et en fait, c'est vraiment ça. Tu as un petit canal, je cherche, je donne. Moi, j'ai dit, je dois faire trois allers-retours Ă  la dĂ©chetterie pour vider ma grange. Est-ce qu'une personne avec un vĂ©hicule pourrait venir m'aider ? En contrepartie, je peux filer un coup de main sur un truc, vous rĂ©munĂ©rez l'essence, j'ai proposĂ© ce truc. Et du coup, lĂ , il y a deux maraĂźchers qui sont venus m'aider Ă  vider la grange. On a fait trois allers-retours Ă  la dĂ©chetterie, ça a pris une matinĂ©e. Et dans quelques semaines, je vais aller les aider plusieurs jours Ă  faire une rĂ©colte oĂč ils ont besoin de main-d'Ɠuvre. Et du coup, on fait un troc comme ça. Il y a une personne qui va dire, je vais Ă  l'arborĂ©tum qui est Ă  35 km la semaine prochaine. J'ai trois places dans ma voiture, qui veut venir.

  • Speaker #1

    C'est bien aussi dans ce sens-lĂ  de pouvoir ouvrir.

  • Speaker #0

    Moi, je repÚre un événement, je dis, ça a l'air trop cool, qui y va ? Et puis aprÚs, soit les personnes, elles passent par chez moi, soit moi, je fais 10 km de vélo pour les rejoindre. AprÚs, on en fait 50 ensemble. En fait, le covoiturage, c'est aussi une super option que je n'avais pas forcément anticipée et qui marche bien.

  • Speaker #1

    D'accord. Oui. Ok. À quoi tu ne renoncerais plus aujourd'hui en vivant en limousin ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je pense que je serais trùs malheureuse si je ne plantais pas d'arbres et que je ne les regardais pas pousser. Ça m'en rend tellement heureuse. Si je n'avais pas un petit bout de terrain pour voir des arbres pousser, ça me rendrait trop triste. D'accord.

  • Speaker #1

    La nature, elle joue un Ă©norme rĂŽle dans ta nouvelle vie.

  • Speaker #0

    Le vivant est trĂšs important.

  • Speaker #1

    Ta décision de changement de vie, avec le recul ?

  • Speaker #0

    Je suis contente d'ĂȘtre parvenue jusqu'ici, bien que le point de dĂ©part ait Ă©tĂ© Ă  l'opposĂ©. Parfois, je suis un peu triste de ne pas avoir reçu une Ă©ducation beaucoup plus tournĂ©e vers le travail manuel, l'artisanat, la valorisation des connaissances liĂ©es au vivant. Parfois, ça me rend triste d'avoir passĂ©. Tant d'annĂ©es sur une chaise, dans un bĂątiment fermĂ©, Ă  Ă©tudier peut-ĂȘtre certaines choses qui me servent, mais de maniĂšre mal enseignĂ©e. Parfois, ça me rend triste de me dire que je n'ai pas grandi en connaissant le nom des arbres, en apprenant Ă  reconnaĂźtre les oiseaux qui m'entourent. Parfois, je me dis qu'avoir passĂ© quatre ans Ă  Ă©tudier le stylisme et le modĂ©lisme, quelle perte de temps. Et en mĂȘme temps, peut-ĂȘtre que c'est tous ces petits trucs qui ont fait qu'aujourd'hui, je suis devenue paysanne Ă  Arnaque-la-Poste. Peut-ĂȘtre que si j'avais grandi dĂ©jĂ  ici... dĂ©jĂ  entourĂ©e, dĂ©jĂ  Ă©duquĂ©e Ă  tout ça. Peut-ĂȘtre qu'aujourd'hui, je ferais complĂštement autre chose.

  • Speaker #1

    Tu serais styliste Ă  Paris.

  • Speaker #0

    Donc, je ne regrette rien du tout. Je suis contente d'avoir réussi à en arriver là.

  • Speaker #1

    Tu as un conseil lĂ -dessus pour les gens qui voudraient avoir le dĂ©clic ? Qui n'ont pas le dĂ©clic, qui en rĂȘvent, mais qui n'y arrivent pas, par exemple ? Est-ce que tu as un conseil ? Surtout aux femmes. Sans voiture.

  • Speaker #0

    Franchement, faites-le. Si vous doutez, venez me voir. Venez passer une semaine en woofing. On aura le temps de discuter de plein de choses. Je pense qu'il y a plein de choses hyper réjouissantes sur le fait de devenir paysanne. Je pense que ça met du temps à se créer mais il y a aussi déjà plein de groupes de paysannes qui se créent et que c'est... hyper heureux et hyper solidaires et qu'il faut se lancer parce que de toute façon déjà il faut qu'il y ait de plus en plus de paysans et de paysannes il faut que tous les milieux s'exempte du patriarcat mais surtout que la paysannerie que les femmes s'emparent de la paysannerie c'est génial du coup il faut se lancer et si vous avez un doute franchement venez me voir c'est la ferme des soeurs sur Woufing je serais trop contente qu'on discute et du coup c'est un peu un non conseil mais foncez quoi n'ayez pas trop peur et ne réfléchissez pas trop parce que de toute maniÚre il y aura des étapes flippantes moi je crois que j'ai un peu je me suis un peu lancée sans trop réfléchir Et en fait, il y a eu des étapes flippantes aprÚs, mais heureusement que je n'ai pas su. Heureusement que je n'ai pas su.

  • Speaker #1

    De toute façon, c'est mieux de ne pas savoir.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Donc faites-le, ça va bien se passer. Et puis quand ça se passera mal, vous y arriverez quand mĂȘme parce qu'il n'y a pas le choix.

  • Speaker #1

    On arrive à la fin. On a beaucoup parlé, mais tu as plein de choses super sympas à dire. Si tu dois balayer les idées reçues sur la vie en ruralité, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ? Qu'est-ce que tu as envie de dire à tous ces gens qui ont plein d'idées reçues, de clichés ? Sur la vie à la campagne, tu te fais chier, les gens ne sont pas cultivés, il ne se passe rien, tu n'as pas de vie sociale, etc.

  • Speaker #0

    Il y a un truc qui m'a vachement étonnée, c'est une énorme forme d'entraide que je n'avais pas trop soupçonnée. C'est vrai que j'aurais pu parler de ça quand tu parlais de surprise tout à l'heure.

  • Speaker #1

    C'est pas grave, on parle maintenant.

  • Speaker #0

    Quand je suis arrivĂ©e, je me suis rendue compte que si j'avais une question, si j'avais... Une problĂ©matique, en fait, la rĂ©ponse elle arrivait directe si j'avais besoin de quelque chose. Il suffisait de juste le demander et les gens te donnent trĂšs facilement, avec plaisir. Et ça, je trouve que ça rend hyper heureux de se dire que quand on manque d'un truc, il suffit d'aller toquer chez le voisin ou la voisine. Et j'ai hĂąte de pouvoir rendre l'appareil et de pouvoir... donner et redonner tout ce qu'on m'a donnĂ©. Une Ă©norme forme d'entraide incroyable depuis que je suis arrivĂ©e. Ça fait trop du bien.

  • Speaker #1

    Ça, c'est clair. Ça, c'est indĂ©niable. La richesse, elle est lĂ . Elle n'est pas dans ton porte-monnaie. Elle est lĂ . Une autre femme, aprĂšs toi, Ă  ce micro.

  • Speaker #0

    Facile. J'en ai dĂ©jĂ  parlĂ© en plus. C'est Jocelyne. Du coup, on Ă©tait salariĂ©s dans la mĂȘme entreprise Ă  Paris.

  • Speaker #1

    D'accord. Le magasin de fruits et légumes. Elle a changé de vie aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, et en fait, elle a fait son installation agricole une année avant moi. D'ailleurs, elle n'est pas trÚs loin de chez toi, elle est en Dordogne.

  • Speaker #1

    Elle est oĂč ?

  • Speaker #0

    Curege, ça s'appelle Eau Rouge Vergée. Mais non !

  • Speaker #2

    Mais oui !

  • Speaker #1

    Ok, mais oui !

  • Speaker #0

    Et en fait, dĂ©jĂ , c'est trop bien parce que c'est un peu mon relais. C'est-Ă -dire que quand je fais une nouvelle Ă©tape, genre faire ma dĂ©claration TVA, pour la premiĂšre fois, je sais qu'elle, elle l'a fait une annĂ©e plus tĂŽt. Du coup, on s'envoie des petits messages, comment on fait ça ? Du coup, c'est ma mentor-e sur les questions administratives. Et d'ailleurs, je suis contente parce que je commence Ă  devenir la mentor-e d'autres personnes. Ça, c'est cool. Et ouais, elle a un super projet. Ça, c'est trop bien. C'est aussi une super histoire de femme, puisque du coup, elle avait un projet d'installation seule. Mais en fait, elle a rencontrĂ© son associĂ©, qui est une femme, au BPREA. Du coup, elles ont montĂ© un projet toutes les deux. Et je trouve ça trop cool que, juste par une amitiĂ© dans un BPREA, elle se soit lancĂ©e Ă  deux femmes.

  • Speaker #1

    elle est dans ma liste si tu devais recommander ce podcast Ă  quelqu'un, qu'est-ce que tu pourrais lui dire ? ce serait quoi quand tu files le petit cadeau, tu dis quoi ?

  • Speaker #0

    ça fait trop du bien d'entendre des femmes avec des parcours incroyables, ça donne trop de force ça donne envie de les rencontrer d'ailleurs il y en a pas mal que j'ai suivi sur Instagram on s'est envoyĂ© des petits messages ça donne grave envie de se faire plein de copines je vois qu'aprĂšs vous suivez parce que je vois les noms sur les comptes je dis bah tiens maintenant je connaisse bien sĂ»r Ça donne envie de se faire plein de copines. Moi, tu sais quoi ? Les profils qui m'ont le plus marquĂ©e, je note sur Google Maps leur village. Parce que ça m'arrive de faire des voyages Ă  vĂ©lo. Et comme ça, je me dis, qu'est-ce qu'il y a lĂ  ? Ah, mais c'est cette fille super du podcast. Je lui ai demandĂ© si je ne peux pas passer, poser ma tante dans son jardin dans deux semaines. Ça, c'est un petit...

  • Speaker #1

    La communauté des NFC. Parfait. Donc, tu dirais ça. Ton choix de vie à la campagne, il est définitif ?

  • Speaker #0

    Oui. Si jamais j'ai besoin de repartir Ă  l'aventure, je pense que ce n'est pas impossible de trouver une paysanne qui aurait envie de se tester en agriculture sur une annĂ©e. Peut-ĂȘtre une personne qui serait en train de passer son BPREA, qui pourrait venir faire ses stages ici, puis en plus lĂ . Et puis aprĂšs, je lui filerai les clĂ©s. Et ça pourrait ĂȘtre trop cool. C'est vrai qu'avoir cette ouverture-lĂ  sur l'idĂ©e de pouvoir renforcer mon vĂ©lo pour aller Ă  l'autre bout du monde comme une dingo, j'aime trop l'idĂ©e.

  • Speaker #1

    Les deux derniĂšres, de quoi tu es la plus fiĂšre ou la plus heureuse ?

  • Speaker #0

    Ce qui me rend la plus heureuse, c'est mes Ausha. Je pense que ce qui me rend la plus fiĂšre, c'est quand mĂȘme le voyage Ă  vĂ©lo que j'ai fait. Parce que je trouve que ça a aussi dĂ©terminĂ© l'adulte que j'Ă©tais en train de devenir. Et ça m'a donnĂ© plein de force pour la suite. AprĂšs, en vrai, je crois que je suis fiĂšre de toutes les petites micro-Ă©tapes du projet. Non, mais tu vois, faire la premiĂšre rĂ©colte de bourgeons, faire la premiĂšre filtration, finaliser les Ă©tiquettes. faire le premier marchĂ©, accueillir la premiĂšre personne en woofing. C'est plein de choses. Chaque nouvelle Ă©tape, c'est incroyable et ça rend ultra fiĂšre. Et en fait, cette vie, elle est pleine de fiertĂ©. Je pense que c'est important. Et parfois, je pense que je peux l'oublier. Je peux me dire, je n'ai pas encore fait ça. Parfois, j'ai l'impression qu'il y a des gens qui regardent ma ferme de loin et qui se disent, ce n'est pas abouti ça. Mais en fait, c'est juste moi qui me regarde de loin.

  • Speaker #1

    Mais là, quand on parle, parce qu'il y a pas mal de filles qui m'ont dit, en faisant le podcast, je me suis fait la rétrospective.

  • Speaker #0

    de tout ce que j'avais fait c'est un parcours qui peut que ĂȘtre rempli d'Ă©tapes qui rendent fiers ton pĂšre et ta mĂšre sont autour de la table,

  • Speaker #1

    qu'est-ce qu'ils te disent ?

  • Speaker #0

    je crois qu'ils sont...

  • Speaker #1

    et ta soeur ? et mon frĂšre ah oui tu ne m'as pas parlĂ© de ton frĂšre c'est vrai on n'en a pas parlĂ© en tout cas tes proches tout Ă  l'heure tu as dit quand mĂȘme que quand tu as dit que tu allais partir dans le limousin patati patata ils ont dit go on y va et aujourd'hui ils voient tout ça ? Qu'est-ce qu'ils te disent ?

  • Speaker #0

    DĂ©jĂ , c'est les personnes qui viennent le plus. Ils viennent Ă  peu prĂšs tous les deux mois. Je crois qu'ils sont vraiment contents pour moi. Ils aiment bien venir ici. Quand ils viennent, on fait les touristes dans le limousin.

  • Speaker #1

    D'accord. Trop rigolo.

  • Speaker #0

    Ma sƓur, quand elle vient, elle me prĂ©vient. Elle me dit, je ne t'aiderai pour rien. Je vais aussi pour me la couler douce.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mon frĂšre, il m'a pas mal aidĂ©e. Bon, je dis ça, mais ma sƓur m'a aussi Ă©normĂ©ment aidĂ©e, Ă©videmment. Et non, je suis trop contente quand ils viennent. En plus... J'arrive Ă  les accueillir dans des conditions de plus en plus confortables. Et du coup, je sens qu'au dĂ©but, quand ils venaient, c'Ă©tait pour finir un coup de main pour les travaux. C'Ă©tait un peu rude. Maintenant, ils peuvent venir se laver les douces. Et ça me fait trop plaisir de pouvoir offrir cet endroit Ă  mes proches.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, ce n'est pas grave si tu n'es pas styliste ?

  • Speaker #0

    Non. Je crois que c'est ça aussi.

  • Speaker #1

    Que tu as trouvé ta place ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, j'ai grandi, j'ai évolué. Mais eux aussi ont énormément changé, évolué ces derniÚres années. Et du coup, je pense que... Je pense que c'est évident pour eux maintenant que le plus important, c'est que leurs enfants soient heureux et pas que leurs enfants réussissent d'un point de vue économique. Le plus important, c'est qu'on soit bien.

  • Speaker #1

    On clÎture avec ça ? C'est pas mal comme phrase. Allez. On clÎture avec ça ? Merci Auriane.

  • Speaker #0

    Merci Sandrine.

  • Speaker #1

    Non, on va aller boire un coup. Non, je rigole.

  • Speaker #2

    Merci pour votre Ă©coute. Merci d'ĂȘtre restĂ© jusqu'au bout de notre Ă©change. Et si vous voulez continuer Ă  m'encourager et surtout Ă  faire connaĂźtre le podcast, vous pouvez mettre 5 Ă©toiles et un commentaire sympathique sur Apple Podcasts et Spotify. Surtout, vous n'oubliez pas de vous abonner Ă  la chaĂźne de podcast pour ĂȘtre notifiĂ© des nouveaux Ă©pisodes. Et si vous voulez faire partie de la communautĂ© des Nouvelles Filles de la Campagne, abonnez-vous Ă  la newsletter. Alors, soit vous m'Ă©crivez sur les nouvellesfillesdelacampagne.com, tout attachĂ© en minuscules, ou vous me contactez sur les rĂ©seaux sociaux des Nouvelles Filles de la Campagne, Instagram et Facebook. Je vous dĂ©voile les coulisses des Nouvelles Filles de la Campagne, des tips, des astuces, des sujets, la sortie des nouveaux Ă©pisodes et plein d'autres surprises. Alors, un grand merci et je vous dis Ă  bientĂŽt. Ciao !

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Bienvenue chez Auriane 💃


Auriane, ancienne Parisienne, a troquĂ© l’effervescence de la capitale pour la sĂ©rĂ©nitĂ© des paysages du Limousin.

Dans cet Ă©pisode, elle revient sur son incroyable pĂ©riple Ă  vĂ©lo jusqu’en Iran, une aventure qui a marquĂ© un tournant dans sa vie. De retour en France, elle a choisi de s’installer dans le Limousin, oĂč elle cultive dĂ©sormais une vie heureuse et en harmonie avec la nature.

Entre souvenirs de voyage, dĂ©fis d’une reconversion rurale et rĂ©flexion sur le retour Ă  l’essentiel, Auriane nous livre un tĂ©moignage inspirant sur le courage de changer de cap pour suivre ses aspirations profondes.


Merci Auriane 🙏


Pour retrouver les produits d'Auriane = https://www.lafermedessoeurs.fr


Ce podcast, je l'ai crée dans un objectif simple, montrer que l'on peut vivre heureux et heureuse en campagne.

Qu'il est possible d'avoir une vie riche et active et il me semble important de balayer les clichĂ©s et les prĂ©jugĂ©s liĂ©s Ă  la ruralitĂ©. đŸ’Ș


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  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue, je suis Sandrine Planck et vous Ă©coutez les nouvelles filles de la campagne. Deux fois par mois, je vais Ă  la rencontre de femmes qui, comme moi, ont changĂ© de vie pour tenter l'aventure en ruralitĂ©. Ce qu'elles ont en commun ? Elles ont redoublĂ© d'audace. Pourquoi ? Eh bien en allant vivre Ă  la campagne, et comme si ça n'Ă©tait pas dĂ©jĂ  un sacrĂ© dĂ©fi, elles ont changĂ© de mĂ©tier, dĂ©veloppĂ© une nouvelle activitĂ©, un projet, une passion, voire adoptĂ© un nouveau mode de vie. GrĂące Ă  nos Ă©changes, je vous rĂ©vĂšle tout de leur arrivĂ©e en ruralitĂ©, de leur projet de dĂ©part, leur intention, de leur nouvelle vie qui les a transformĂ©s, de leur joie et par moments de leur crainte. Je vous offre des tĂ©moignages motivants, rafraĂźchissants, qui vous feront, je l'espĂšre, sourire, plaisir et peut-ĂȘtre vous donneront envie de sauter le pas ou simplement d'y rĂ©flĂ©chir. Maintenant, je vous emmĂšne dans ma campagne. Eh bien j'ai envie de te dire bonjour Oriane.

  • Speaker #1

    Bonjour Sandrine.

  • Speaker #0

    Merci de m'accueillir chez toi. Et j'ai deux premiÚres questions avant que tu te présentes et que tu nous racontes ta fabuleuse vie. Pourquoi tu m'as dit oui ?

  • Speaker #1

    Eh bien j'étais découvert sur Instagram au tout début, je pense que tu avais fait trois épisodes. Et franchement, une des premiÚres choses que je me suis dit, c'est que j'avais trop envie que tu viennes m'interviewer.

  • Speaker #0

    C'est vrai ? J'en veux vraiment ? J'ai des trucs Ă  dire, moi.

  • Speaker #1

    J'ai adoré écouter les quelques portraits de paysannes qu'il y avait à l'époque.

  • Speaker #0

    Peut-ĂȘtre est arrivĂ© au moment d'Olivia, Cathy, les baies de Gaujy.

  • Speaker #1

    Oui, je crois qu'il y avait vraiment trois Ă©pisodes. Il y avait une apicultrice.

  • Speaker #0

    Donc Lisa, l'apicultrice. Ensuite, il y a eu Olivia avec la ferme de la Coursaline, la permaculture et les logements atypiques. AprÚs, tu as eu Cathy et les baies de Gaujy. qui a un projet. Et aprÚs, Lulu, le fournage de chÚvres, etc. On était arrivés à ce moment-là.

  • Speaker #1

    C'était à l'épisode de Cathy. Je t'ai suivie sur Instagram et je me suis dit si elle me follow back et qu'aprÚs elle vient ici, je serais trop contente. En plus, tu m'as contactée assez rapidement, une premiÚre fois, pour me proposer de venir. AprÚs, ça a mis un peu de temps à se faire. Je commence à avoir des choses à raconter. Bien sûr, j'ai encore... Pardon. bon petit syndrome de l'impostrice sur plein de choses.

  • Speaker #0

    Et elle, celle qui m'a récité les encyclopédies médicinales tout à l'heure.

  • Speaker #1

    Tu vois, il y a quelques semaines, j'avais encore vendu zéro produit. Donc il y a quelques semaines, j'étais paysanne, mais je ne l'étais pas non plus. Et il y a encore plein de trucs que je n'ai pas fait.

  • Speaker #0

    C'est marrant ce que tu dis, parce que j'ai l'impression que le marché, c'est un cap.

  • Speaker #1

    Oui. AprĂšs, faire le marchĂ©, pour moi, pas tant. parce que moi, ce n'est pas un objectif de faire les marchĂ©s. Je fais tout Ă  vĂ©lo, donc je ne veux pas m'amuser Ă  faire les marchĂ©s. En plus, mon produit, ce n'est pas un produit qui se retrouve tous les samedis matins entre la boulangĂšre et la maraĂźchĂšre. Mais vendre, jusqu'Ă  une personne que tu ne connais pas, viennent, dĂ©couvrent tes produits et se disent ça a l'air chouette, je vais lui acheter quelque chose C'est fou parce que ça fait deux ans que tu trimes comme une dingue Ă  planter des arbres, Ă  rĂ©nover ta maison, Ă  rĂ©colter des bourgeons, Ă  faire la production. Mais tu as toujours ce truc de genre, est-ce que je suis une vraie paysanne ? Pas trop. Et lĂ , j'ai un cap parce que j'ai fait deux marchĂ©s, que je commence Ă  vendre autour de moi, que je commence Ă  crĂ©er le site. Du coup, bientĂŽt, je pourrais vendre en ligne. Mais aprĂšs, j'aurai ce cap de faire la premiĂšre annĂ©e avec le premier chiffre d'affaires, de se dire comment je vis de mon activitĂ©. Puis la premiĂšre annĂ©e, tu ne te rĂ©munĂšres jamais hyper, hyper bien. Donc aprĂšs, tu auras le cap aprĂšs plus tard de vraiment, je vis confortablement de mon activitĂ©. Puis tu as l'Ă©tape de, j'ai des bĂątiments qui permettent d'accueillir plein de monde de maniĂšre confortable, en fait, t'as plein de petits cĂąbles qui font que tu te sens de plus en plus lĂ©gitime Ă  ĂȘtre lĂ , quoi.

  • Speaker #0

    Mais la vente de ton premier produit... D'ailleurs, est-ce que tu te souviens de qui t'as acheté le premier extrait de Bourgeon ? Hum...

  • Speaker #1

    Je pense que c'Ă©tait... En fait, j'ai la liste, donc je pourrais vĂ©rifier. Parce qu'en fait, je me note qui m'achĂšte et surtout, pour quel objectif. Parce que moi, je vends des... Alors, je vends certains mĂ©langes de Bourgeon oĂč il y a un objectif affichĂ©, genre articulation, stress mais je vends aussi des bourgeons genre le figuier bah tu peux le prendre parce que tu es stressĂ© ou tu peux prendre parce que tu as des troubles de la digestion et du coup je me note En fait, quelle est la question que les gens me posent quand ils cherchent un bourgeon ? Ce n'est pas leur bobo en fait. Est-ce que tu as un truc pour la tendinite ? Parce qu'en fait, c'est Ă  ça que je dois pouvoir rĂ©pondre. C'est Ă  la fin de... Quand j'aurai tout vendu, je vais pouvoir revenir sur ma liste et me dire qu'en fait, il y a un quart des demandes, c'est pour cet objectif-lĂ . Du coup, ça vaut le coup que je travaille des bourgeons pour cet objectif-lĂ  parce que les personnes qui me rencontrent, c'est ça leur souci. Et l'idĂ©e, ce n'est pas de faire... tous les remĂšdes possibles, c'est de faire des remĂšdes qui sont adaptĂ©s aux personnes que tu rencontres. Tu vois, lĂ , je me rends compte qu'un truc qui marche super bien, c'est le petit composĂ© de bourgeon pour les rĂšgles. Il marche tout seul. Genre, j'ai mĂȘme pas en parlĂ©. Les gens, ils le prennent. Ils les prennent parfois par deux, par trois. Genre, tu sens qu'il y a beaucoup de jeunes filles. C'est beaucoup... Les personnes qui achĂštent beaucoup pour leur fille ou leur petite fille, tu sens que t'as beaucoup de jeunes filles qui souffrent d'un cycle douloureux ou qui est pas bien rĂ©glĂ©, quoi. Et que moi, ça me fait trop plaisir de me dire que je peux les aider dans ces moments-lĂ  qui sont hyper durs. Moi, j'ai hyper mal vĂ©cu cette pĂ©riode de ma vie. Moi, j'ai eu mes rĂšgles Ă  10 ans. Je ne sais pas si ça vaut le coup de les mettre dans le PPS. Mais j'ai trop, trop mal vĂ©cu ce moment-lĂ . Pour moi, c'Ă©tait une humiliation. J'avais super mal. C'est jeune,

  • Speaker #0

    10 ans.

  • Speaker #1

    Et de me dire qu'aujourd'hui, je vais pouvoir parler ouvertement de ça à des personnes sur les marchés. Vraiment en leur disant que c'est normal d'avoir mal. Tu as mal, mais ce n'est pas normal d'avoir mal. Du coup...

  • Speaker #0

    solution.

  • Speaker #1

    Ouais, qu'est-ce qu'on peut faire pour que tu passes mieux cette étape et ça, ça me fait vraiment plaisir quoi. Je me rends compte en vendant que ça fonctionne et que c'est demandé et donc c'est pour ça que j'essaye à chaque fois de... Donc en gros ouais, les rÚgles, le stress beaucoup, le sommeil, les articulations un peu.

  • Speaker #0

    Ok, je vais aller faire tout ce que je peux prendre. Tout ça pour me dire pourquoi tu m'as dit oui. Ok !

  • Speaker #1

    Oui pardon.

  • Speaker #0

    Non non pas de problĂšme, j'aime bien quand ça part comme ça. Qu'est-ce qui t'a aussi donnĂ© ? envie d'y participer ? Est-ce que t'as envie de faire passer un message en particulier ? Je sais qu'il y a 2-3 trucs qui tiennent Ă  cƓur, je les ai notĂ©s, t'inquiĂšte pas. Mais quel est le message que tu veux faire passer, finalement ?

  • Speaker #1

    Je trouve ça hyper chouette de dĂ©couvrir tous ces portraits de femmes qui se sont lancĂ©es. Et je pense pas avoir beaucoup plus, pas Ă©normĂ©ment plus de valeur ajoutĂ©e, juste un portrait de plus. Je suis jeune, je me suis lancĂ©e seule. Et je rencontre quand mĂȘme des gens incroyables qui ont l'impression qu'elles peuvent pas se lancer seules, soit parce que c'est leur caractĂšre, et c'est aussi ok de se dire que moi il faut que je sois dans un groupe pour me lancer, et c'est gĂ©nial de le savoir, et les collectifs, l'Ă©nergie du groupe c'est fantastique dans ce genre de projet, mais des personnes qui auraient le tempĂ©rament pour se lancer seules et qui ne se lancent pas, parce qu'elles ont l'impression que de par leur genre potentiellement elles n'y pourront pas y arriver, ça, ça me rend... ouf et j'ai juste envie de dire Ă  ces personnes-lĂ  mais allez-y, faites-vous confiance, c'est possible. Tellement d'activitĂ©s oĂč on a l'impression qu'on ne peut pas le faire ou qu'on peut moins bien le faire parce qu'on est une femme et c'est faux. Franchement, c'est 100% faux. Moi, j'ai dĂ©placĂ© des poutres de chĂȘne de 4 mĂštres de long toute seule. J'ai dĂ©placĂ© des tas de sacs de 35 kg de chaud toute seule et en fait, c'est pas une question de physique, c'est une question de... tu rĂ©flĂ©chis comment fonctionne ton corps, c'est quoi tes forces, c'est quoi tes faiblesses, quels outils tu as Ă  ta disposition pour ne pas te blesser. Et en fait, tu trouves les astuces et tu le fais. Et puis, parfois, il faut aussi juste s'entourer, quoi. Demander l'aide Ă  une voisine, et c'est pas forcĂ©ment demander l'aide aux voisins costauds. Moi, ici, j'accueille plein de monde, beaucoup, beaucoup de femmes, mais aussi des gars, et les gars, ils n'ont pas plus de connaissances, ils ne sont pas plus grands et pas plus musclĂ©s, et juste, on fait parce qu'on est juste des humains qui faisons ensemble. Et du coup, si il y a une personne qui Ă©coute le podcast et qui se dit, allez, je me lance parce qu'elle, elle a rĂ©ussi. Franchement, trop contente.

  • Speaker #0

    OK, maintenant, tu vas nous dire qui tu es. TrĂšs briĂšvement, prĂ©sente-nous un petit peu d'oĂč tu viens, qui tu es. Tu nous dis ce que tu as envie de dire sur qui tu es, d'oĂč tu viens. Et puis, tiens, si on enchaĂźne un peu de parcours. LĂ , tu nous le redis assez... succinctement. VoilĂ . Qui tu es et mon parcours. BriĂšvement. Tu nous dis ce que tu as envie de nous dire sur toi.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la question la plus dure.

  • Speaker #0

    Oui. C'est pour ça qu'on va la faire maintenant.

  • Speaker #1

    Du coup, je suis Oriane et je suis nĂ©e en banlieue parisienne oĂč j'ai passĂ© une petite vingtaine d'annĂ©es. J'ai fait des Ă©tudes de stylisme-modĂ©lisme. Je suis allĂ©e au bout de mes Ă©tudes. AprĂšs, je me suis rendue compte que je n'Ă©tais pas du tout Ă  ma place. J'ai travaillĂ© dans un magasin de fruits et lĂ©gumes en circuit court pour me payer un vĂ©lo. Et lĂ , je suis partie en mars 2020. faire le truc le plus fou que j'ai fait de ma vie. Plus fou que d'acheter une paire.

  • Speaker #0

    Attention, Ă©coutez bien.

  • Speaker #1

    Je suis partie à vélo de banlieue parisienne et je suis allée jusqu'à Bangkok, 400 kilomÚtres au sud de Bangkok, en Thaïlande, à vélo.

  • Speaker #0

    C'est le plus gros, celui-lĂ .

  • Speaker #1

    C'est le troisiĂšme voyage Ă  vĂ©lo. J'en avais fait deux petits avant. Un toute seule sur le Danube de Vienne Ă  Belgrade et un avec ma petite sƓur en Allemagne de Berlin Ă  Munich.

  • Speaker #0

    Et tu étais une adepte du vélo avant ça ? ou hop directement je passais au mode en voyage.

  • Speaker #1

    Mes parents ils faisaient du vĂ©lo tous les dimanches, tu vois dans la forĂȘt de Clamart ou le long de la Seine. Donc on avait un peu cette petite culture du vĂ©lo le week-end en loisir. Et je crois qu'une fois on a dĂ» faire 100 km de vĂ©lo en famille. C'Ă©tait mĂȘme pas tant prĂ©vu, je crois qu'on est allĂ©, je sais plus si c'Ă©tait au Luxembourg, pas loin de chez mes grands-parents. On avait louĂ© des vĂ©los et l'idĂ©e, c'Ă©tait de faire une journĂ©e de vĂ©lo. On s'est trompĂ© de chemin, on a fini par faire 100 kilomĂštres. Et c'est un peu ce qui se rapprochait le plus d'un voyage Ă  vĂ©lo, c'Ă©tait cette expĂ©rience-lĂ . Mais en fait, c'est juste, j'Ă©tais dans cette pĂ©riode de ma vie oĂč je voulais faire plein de trucs que je n'avais jamais faits pour dĂ©couvrir ce dont j'Ă©tais capable. Et donc, j'Ă©tais tombĂ©e sur un blog d'un gars qui avait fait Paris-Istanbul Ă  vĂ©lo. Et vraiment,

  • Speaker #0

    ça m'a frappée.

  • Speaker #1

    Et je me suis dit... quoi ? On peut voyager avec un vĂ©lo ? Mais je n'Ă©tais mĂȘme pas au courant, alors que le monde ne m'avait pas dit. Mais oui, vraiment, j'Ă©tais choquĂ©e. Le monde de cyclotourisme, en fait, il y a Ă©normĂ©ment de gens qui voyagent Ă  vĂ©lo, mĂȘme qui font des voyages de fous sur plusieurs annĂ©es, qui font plusieurs fois le tour du monde Ă  vĂ©lo. Trop inspirant. Mais moi, je dĂ©couvre ça par ce gars, et je me dis, gĂ©nial. Je crois vraiment que quelques semaines plus tard, j'ai fait mon premier voyage Ă  vĂ©lo, et de toutes les expĂ©riences que j'avais faites les prĂ©cĂ©dentes annĂ©es, donc faire du stop. faire de la randonnĂ©e ou tout simplement voyager seule. Voyager Ă  vĂ©lo, ça m'avait Ă©poustouflĂ©e. J'avais vraiment adorĂ©, je me sentais hyper autonome, hyper forte. Je crevais, je rĂ©parais mon vĂ©lo, j'allais dormir chez des inconnus tous les soirs, je faisais des rencontres incroyables. Je faisais 900 kilomĂštres avec mes jambes, ça me paraissait fou. Donc j'ai adorĂ© et c'est vraiment quand j'ai dĂ©cidĂ©, Ă  un moment de ma vie oĂč du coup je n'Ă©tais plus du tout bien, oĂč je sentais qu'il fallait que je... Je fasse quelque chose parce que j'Ă©tais incapable de dire qu'est-ce que j'allais faire comme mĂ©tier. J'Ă©tais complĂštement paumĂ©e, je me sentais un peu oppressĂ©e par mes parents qui me demandaient sans cesse ce que j'allais faire de ma vie.

  • Speaker #0

    Là, les études sont terminées à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Les Ă©tudes sont terminĂ©es, j'ai fait mes quatre ans d'Ă©tudes, mon annĂ©e de stage. Et lĂ , c'est le moment oĂč tu dois postuler pour des jobs de styliste junior. Et je n'ai pas envie, je postule, mais je ne suis pas bien, je n'ai pas envie d'aller aux entretiens. Je rate d'ailleurs mes entretiens, je ne suis tellement pas impliquĂ©e. Et... Du coup, l'idĂ©e de partir seule Ă  peu prĂšs six mois Ă  l'aventure, ça me permet de faire un autre truc que je n'ai jamais fait de ma vie. Mais c'est aussi un peu une Ă©chappatoire en me disant, je ne vais pas m'occuper des rĂ©els questionnements entre guillemets. Alors qu'en fait, si, c'est trop important.

  • Speaker #0

    Une petite fuite.

  • Speaker #1

    Oui, 100%, une bonne fuite. Mais en mĂȘme temps, maintenant, c'est la meilleure dĂ©cision que j'ai prise. Évidemment que quand tu as 20 ans, c'est important de...

  • Speaker #0

    partir et de voyager, de dĂ©couvrir des choses et encore mieux si tu le fais sur un vĂ©lo quoi. Et donc et donc je m'Ă©tais dit ça, je m'Ă©tais dit si je pars Ă  vĂ©lo de chez mes parents quel est le premier pays oĂč je me dis c'est impossible de me projeter moi sur un vĂ©lo dans ce pays et c'Ă©tait l'Iran parce que j'Ă©tais dĂ©jĂ  allĂ© jusqu'en Turquie, j'avais un peu voyagĂ© en Europe mais alors l'Iran j'avais beau avoir vu des films iraniens, j'avais beau avoir vu peut-ĂȘtre des documentaires peut-ĂȘtre des images d'Iran, mais c'Ă©tait impossible de m'imaginer, moi, pĂ©daler en Iran. Je ne sais mĂȘme pas, est-ce que je pĂ©dale dans un dĂ©sert ? Est-ce que je pĂ©dale...

  • Speaker #1

    C'est par rapport à l'environnement géographique ou plutÎt la partie culturelle ?

  • Speaker #0

    L'environnement gĂ©ographique, mĂȘme si je pense que la partie culturelle en dĂ©coule, ou politique en dĂ©coule, mais vraiment, je ne pouvais pas... Imagine-toi, Sandrine, pĂ©daler en Iran. Je ne sais pas dans quoi je pĂ©dale. Du coup, je me suis dit, je vais aller lĂ -bas. Et j'ai vu Paris-TĂ©hĂ©ran, je suis tombĂ©e sur le... Le blog d'un gars qui avait fait ça en 5 mois, je me suis dit, parfait, 5 mois, je vais faire Paris-TĂ©hĂ©ran Ă  vĂ©lo. En mars 2019, je pars. Et une fois arrivĂ© Ă  TĂ©hĂ©ran, 5 mois plus tard, pas du tout envie de rentrer. Pas du tout. J'ai beau avoir Ă©tĂ© 5 mois Ă  rĂ©flĂ©chir sur mon vĂ©lo, je n'ai pas assez rĂ©flĂ©chi pour savoir ce que je vais faire de ma vie. Je dĂ©cide de le prolonger. Je le prolonge. Ça va m'amener... Alors, il y a plein d'Ă©tapes diffĂ©rentes de ce voyage, avec plein d'envies de destinations diffĂ©rentes. Une fois entrĂ©e en ThaĂŻlande, un vrai projet de rentrer Ă  vĂ©lo chez moi. Et aprĂšs, c'Ă©tait le dĂ©but du Covid. Mars 2020, je me retrouve Ă  400 kilomĂštres au sud de Bangkok. Il faut que je franchisse la frontiĂšre avec la Malaisie dans une dizaine de jours. Mais en fait, elle ferme dans 48 heures. Je suis bloquĂ©e. Donc lĂ , il faut prendre la dĂ©cision en 24 heures de est-ce que je reste ?

  • Speaker #1

    Est-ce que je suis bloquée là-bas ? Ou est-ce que je prends un avion et je rentre vite ?

  • Speaker #0

    Et en plus, c'Ă©tait pendant ce voyage-lĂ  que je me suis dit que je ne prendrais plus l'avion. Parce que c'Ă©tait un questionnement que j'avais depuis... 2018, oĂč je commençais Ă  vraiment y rĂ©flĂ©chir. Et en fait, pendant ce voyage-lĂ , j'ai rencontrĂ© des gens bien plus jeunes que moi qui avaient depuis bien longtemps dĂ©cidĂ© de ne plus prendre l'avion. Je me suis dit, si eux, ils ont pris cette dĂ©cision, moi qui ai tellement, genre, eu d'opportunitĂ©s de voyager dans ma vie, franchement, je peux, quoi. Donc je dĂ©cide de ne plus prendre l'avion et je prends l'avion pour rentrer en Europe.

  • Speaker #1

    C'est ton dernier avion ? C'Ă©tait ton dernier avion ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sĂ»r, oui. Je fais en 13 heures ce que j'ai mis un an Ă  faire Ă  vĂ©lo, quoi. Ça, c'Ă©tait un prix de dieu. Heureusement, le premier vol que j'ai pris, ce n'Ă©tait pas pour la France. Le premier vol qui Ă©tait disponible avec le moins d'escalade possible, le moins cher, c'Ă©tait pour l'Allemagne. Et du coup, je vais me confiner pendant deux mois chez un cycliste que j'ai rencontrĂ© en chemin. Et du coup, ça me fait un bon sas de dĂ©compression.

  • Speaker #1

    Avant de rentrer Ă  la maison.

  • Speaker #0

    J'en touche chez les parents. Je passe deux mois. DĂ©jĂ , il faut que j'attende mon vĂ©lo parce que j'ai envoyĂ© mon vĂ©lo par cargo jusqu'en Allemagne. Je passe deux mois. C'est confinement. Mais en Allemagne, lĂ  oĂč je suis, c'est assez tranquille. Donc, je vais dans la forĂȘt. Je pars avec une scie et une hache. Je n'ai jamais fait ça de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est la transition, ça ?

  • Speaker #0

    C'est la transition.

  • Speaker #1

    Bah, hache, forĂȘt. C'est lĂ  que...

  • Speaker #0

    Non, non, non. Avant de partir... Alors, attends. C'est vrai que je fais tout dans le mauvais sens. Mais avant de partir, je voulais déjà m'installer dans le limousin. Ah oui. Il m'appelle du limousin. Il m'appelle du limousin.

  • Speaker #1

    Tout de suite.

  • Speaker #0

    OK, OK. Bon, bref. Du coup, je passe ce confinement en Allemagne Ă  ĂȘtre dans la forĂȘt. Ă  apprendre Ă  faire des bols dans du bois. Parce que j'avais un petit atelier dans le garage de la maison oĂč j'Ă©tais, avec plein d'outils. J'apprends Ă  faire plein de trucs avec mes mains. Et je dĂ©compresse. Et je rentre Ă  vĂ©lo aprĂšs, en juin. Je fais les derniers 500 kilomĂštres Ă  vĂ©lo. Et lĂ , ça a mis un Ă©tĂ© assez compliquĂ© de retour Ă  la vie rĂ©elle. De surtout, qu'est-ce que tu vas faire de ta vie ? Et j'avais beau... avoir pĂ©dalĂ© pendant un an, c'Ă©tait toujours pas trĂšs clair. Mais je sais pas pourquoi, une fois l'Ă©tĂ© passĂ©, j'ai l'impression qu'en deux semaines, tout s'est dĂ©cantĂ©. Je me suis dit, je vais aller faire des plantes mĂ©dicinales, je vais aller planter des arbres dans le limousin, je vais repostuler Ă  mon ancien taf de fruits et lĂ©gumes pour mettre des sous de cĂŽtĂ©, je vais, pendant mes congĂ©s payĂ©s, je vais faire telle et telle formation, je repĂšre tel dispositif de financement pour plus tard. En gros, je fais tout mon plan, je balance tout Ă  mes parents, et lĂ , ils sont lĂ , genre... Et lĂ , franchement, c'est la libĂ©ration. Ils sont lĂ , tu veux devenir paysanne dans le limousin et faire des plantes mĂ©dicinales et planter des arbres ? Ok. Et Ă  partir de ce moment-lĂ , toutes les tensions entre nous se sont apaisĂ©es. Je suis allĂ©e Ă  fond dans mon projet. J'ai menĂ© mon petit plan pendant deux ans. J'ai visitĂ© des fermes, j'ai achetĂ© ma ferme. Et voilĂ , il fallait juste que ça m'assĂšre, que je prenne le temps de comprendre ce que je voulais faire. Et une fois que j'avais compris, c'Ă©tait lancĂ©.

  • Speaker #1

    Alors, ok. Bon. LĂ , on a toute une sacrĂ©e prĂ©sentation. En tout cas, bravo pour tes voyages. Mais quand mĂȘme, comment, encore une fois, comment lĂ , pourquoi le limousin ? Parce que t'as personne ici ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Y'a pas de famille, y'a pas d'amis ? Pourquoi... Là, bon, ok. Alors, déjà, pourquoi tout d'un coup les arbres, plantes médicinales ? Et surtout, ici, dans le limousin.

  • Speaker #0

    Ok. Alors...

  • Speaker #1

    J'ai peur.

  • Speaker #0

    Non, non, j'ai pas de rĂ©ponse clĂ©, y'a pas d'Ă©vĂ©nement particulier. C'est un peu comme la... Je pense que c'est arrivĂ© en mĂȘme temps que toute la construction Ă©cologique, politique, militante. Y'a eu cette... de la ruralitĂ© qui est venu Ă  moi par plein de biais.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'appel de la ruralité ?

  • Speaker #0

    C'est juste de se dire je ne suis pas Ă  ma place de la mĂȘme maniĂšre que je n'Ă©tais pas Ă  la place dans mon choix de mĂ©tier, donc styliste.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas Ă  ma place en ville.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas Ă  ma place en ville et j'ai cet appel de vivre en campagne, cet appel du limousin. que franchement, je ne sais pas trop expliquer.

  • Speaker #1

    Le limousin, il n'y a pas beaucoup de gens qui disent Ah, je vais vivre dans le limousin !

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, je pense que j'avais cette image.

  • Speaker #1

    Tu l'avais déjà visitée ?

  • Speaker #0

    Pas du tout.

  • Speaker #1

    Mais c'est fou, ça.

  • Speaker #0

    J'avais cette image d'un lieu hyper prĂ©servĂ©, trĂšs simple, avec pas beaucoup de monde, avec de la forĂȘt, avec du bocage.

  • Speaker #1

    Ça, c'est une image.

  • Speaker #0

    Une image de Parisienne qui s'imagine le limousin.

  • Speaker #1

    Tu as vu ça sur Instagram ?

  • Speaker #0

    MĂȘme pas, je crois que t'Ă©tais pas sur Instagram Ă  l'Ă©poque, je crois. Bref, n'importe quoi. Je pense que c'est venu aussi de... Quand tu te construis des valeurs Ă©cologiques, que ça fait Ă©normĂ©ment partie de ta vie, tu en parles beaucoup. Du coup, tu en parles beaucoup Ă  des gens qui vivent la mĂȘme chose que toi. J'ai eu une discussion en 2016 avec une super copine qui envisageait Ă  ce moment-lĂ  de devenir agricultrice. Et moi... En 2016, jamais de la vie, ça me parlait pas du tout. Je trouvais ça trop bien comme projet pour elle, mais ça me parlait pas du tout. Mais n'empĂȘche que...

  • Speaker #1

    C'est elle qui t'a parlĂ© du limousin, peut-ĂȘtre ?

  • Speaker #0

    Non, non, non. Mais n'empĂȘche que 8 ans plus tard, c'est moi qui suis paysanne, tu vois. Et je sais pas, enfin... Ouais, c'Ă©tait genre des amis d'amis, qui avaient une maison lĂ -bas, c'Ă©tait moi.

  • Speaker #1

    T'aurais pu aller en Aveyron, t'aurais pu aller... Je sais pas, en Normandie ?

  • Speaker #0

    Ouais, alors... Bon, Aveyron, j'ai pas l'impression d'ĂȘtre une personne... qui aiment les paysages trop secs. Je pense que le cĂŽtĂ© trĂšs l'eau qu'il y a dans le limousin, ça m'attirait. Et aprĂšs, je pense que j'ai dĂ» mettre Ă  un moment sur le bon coin un chiffre au pif de peut-ĂȘtre qu'un jour, j'aurai cette somme-lĂ . Peut-ĂȘtre qu'un jour, je pourrais m'acheter une petite maison Ă  la campagne. Et le limousin revient beaucoup. D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui s'installent dans le coin pour des raisons de budget. Oui,

  • Speaker #1

    Ă©conomiquement,

  • Speaker #0

    c'est pas cher. Il y a de l'eau, c'est central. Il y a des endroits magnifiques, pas trÚs chers dans les Pyrénées. Mais faire Paris, les Pyrénées toutes seules, c'est différent. que de faire Paris Limousin.

  • Speaker #1

    Tu avais quand mĂȘme cette notion d'accessibilitĂ© pour tes proches ?

  • Speaker #0

    Sans forcĂ©ment que ce soit ĂȘtre dans un village. LĂ , Arnaque-la-Poste, c'est ultra accessible.

  • Speaker #1

    Tu peux répéter ton village à tout le monde, s'il te plaßt ?

  • Speaker #0

    Arnaque-la-Poste. Je suis trĂšs heureuse de faire partie de...

  • Speaker #1

    Comment on appelle les habitants d'Arnaque-la-Poste ?

  • Speaker #0

    Les arnaquoises. Ça fait partie des communes au nom burlesque. C'est ma grande fiertĂ©. de ce village.

  • Speaker #1

    D'accord, tu connais l'histoire d'Arnaque-la-Poste ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est un village qui s'appelait Arnaque, puisque du coup, si je ne dis pas de bĂȘtises, on est encore dans l'Occitanie, du coup il y a beaucoup de noms en AC, Parnac, Arnaque, Ausha, et du coup il y a d'autres villages qui s'appelaient Arnaque, et du coup pour le diffĂ©rencier, on lui a rajoutĂ© le suffixe La Poste, notamment parce qu'Ă  un moment il y a eu la crĂ©ation d'un relais de poste Ă  Arnaque-la-Poste, et c'Ă©tait, je crois, un haut lieu de passage, et du coup une grande fiertĂ©, donc Arnaque-la-Poste.

  • Speaker #1

    Je t'ai fait divaguer, mais on Ă©tait en train de parler de la place centrale ou pas de ce spot.

  • Speaker #0

    Ça aurait pu ĂȘtre un coin beaucoup plus paumĂ© que du limousin qu'ici. D'ailleurs, c'est un peu le truc oĂč j'ai... S'il y avait un truc, quand j'ai visitĂ© cette ferme, oĂč je me suis dit, c'est pas tout Ă  fait comme dans mon imagination, c'est que j'imaginais un lieu encore un peu plus sauvage, une partie du limousin encore plus sauvage. Ah ouais ? Je m'attendais. Ă  prendre le train jusqu'Ă  Brive-la-Gaillarde, Ă  prendre un TER, Ă  faire 30 km de vĂ©lo pour arriver chez moi. Au final, arnaque la poste, on peut prendre un blabla-car et on y est en 3h15. On peut prendre un train jusqu'Ă  la souterraine et faire une heure du vĂ©lo. On est Ă  la ferme. Donc c'est quand mĂȘme trĂšs accessible. Moi, je ne m'attendais pas Ă  trouver un lieu aussi bien desservi. Enfin, attention, ça reste la ruralitĂ© et tout faire Ă  vĂ©lo, ce n'est pas forcĂ©ment Ă©vident.

  • Speaker #1

    Il y a desservi pour toi et desservi pour les autres.

  • Speaker #0

    Voilà, évidemment. Mais... Tu vois, j'ai des potes qui ont des projets dans les Pyrénées, ou des potes de potes. Et bien, c'est un beaucoup plus gros engagement de trouver un moment pour aller dans les Pyrénées plutÎt que de trouver un moment pour aller à Arnaque-la-Poste. Il y a beaucoup de gens qui passent par Arnaque-la-Poste tous les jours. Tous les jours, n'importe quoi. Qui passent par Arnaque-la-Poste parfois.

  • Speaker #1

    C'est the place to be.

  • Speaker #0

    Non mais tu vois au début j'avais à peu prÚs la moitié des personnes qui venaient me voir, c'est juste parce qu'ils faisaient la route de Paris à Toulouse, qui remontait vers Paris.

  • Speaker #1

    Ouais c'est sur le...

  • Speaker #0

    Donc il y avait beaucoup de gens qui venaient juste déjeuner avec moi, voir la ferme et qui repartaient quoi, c'est rigolo.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux décrire d'ailleurs ton environnement pour que les gens s'imaginent à quoi ça ressemble ici ? Donc l'habitation, puisque là on est au milieu de la ferme, et les alentours ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #0

    C'est une petite ferme de 3 hectares et demi, donc il y a... Un grand corps de bĂątiment, enfin un corps de bĂątiment tout en longueur avec une maison, deux granges, un appenti et des petites annexes, tout d'un seul tenant. DerriĂšre les bĂątiments, il y a deux hectares et demi de terrain avec une grande mare. Et de l'autre cĂŽtĂ© d'une petite route qui se termine en impasse chez mes voisins, il y a un hectare de terrain. Et donc c'est de la prairie avec des belles haies, des grands chĂȘnes, quelques frĂȘnes. Et aprĂšs, une haie de sureau, cornouillĂ©, aubĂ©pine, prunelier, etc. On est dans un hameau de trois personnes avec 66% d'anglais, puisqu'il y a moi et mes deux voisins anglais qui sont adorables. Mon hameau est collĂ© Ă  un autre hameau. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment proche. Oui,

  • Speaker #0

    on pourrait croire que c'est un seul. Oui,

  • Speaker #1

    moi je pensais que c'Ă©tait un seul.

  • Speaker #0

    Mais non, nous sommes trois Ă  l'Ăąge du lac. Et donc le hameau d'Ă  cĂŽtĂ©, il y a 11 personnes, donc oui j'ai des voisins. Ça me plaĂźt bien parce que d'un cĂŽtĂ©, je peux passer la journĂ©e sans voir personne si j'en ai envie. Et de l'autre cĂŽtĂ©, si j'ai besoin de piquer un marteau ou d'aller faire une partie de rumicube avec ma voisine, je marche une minute et je suis chez elle.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une bonne raison ou plusieurs raisons ou motivations pour justement quitter la ville pour la campagne ?

  • Speaker #0

    Je ne m'y sentais vraiment plus du tout bien. Je pense que heureusement que je me suis mise Ă  faire du vĂ©lo en ville. Mais mĂȘme prendre un mĂ©tro, ça m'angoissait.

  • Speaker #1

    Alors que tu es jeune. C'est ça aussi qui m'impressionne. Tu es hyper jeune.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est un truc de vieux d'ĂȘtre angoissĂ©e par un mĂ©tro ?

  • Speaker #1

    Non, mais de se dire... Cette migration vers la campagne, c'est pour ça que je trouve mon parcours incroyable. Parce qu'on pourrait imaginer, les idĂ©es reçues, les clichĂ©s, etc. Qu'effectivement, les gens qui aujourd'hui... Au pĂšre Ă  un changement de vie, ils ont tous au-delĂ  de 40 ans. Et ce n'est pas le cas. En fait, ça suscite ma curiositĂ© de savoir, parce que peut-ĂȘtre quand on est jeune comme ça, on a envie d'avoir du mouvement, d'avoir de la vitesse, d'avoir du bruit, d'avoir du son, de dĂ©couvrir un milliard de choses, etc. Mais certainement,

  • Speaker #0

    je me trompe. Du coup, il y a plein de rĂ©ponses qui me sont venues dans la tĂȘte pendant que tu parlais. DĂ©jĂ , je pense que le fait que j'ai grandi en banlieue, dans des villes, J'envie les gens qui ont grandi Ă  la campagne. Moi, j'ai appris Ă  dĂ©couvrir le nom des arbres Ă  25 ans. Quand je rencontre des gens qui me racontent leur enfance Ă  la campagne, je les envie Ă©normĂ©ment. Je pense que ça, ça aide. Je vois pas mal de jeunes qui ont grandi Ă  Limoges ou qui ont grandi pas loin d'ici. Et Ă  18 ans, ils filent en banlieue parisienne. C'est un pari fou, mais c'est normal. Eux, ils se sont potentiellement super ennuyĂ©s Ă  la campagne. Ils ont ce dĂ©sir. Ă  18-20 ans de ce que tu dis, de la ville, du bruit, de l'effervescence. Et moi, j'ai envie de connaĂźtre ce qu'eux, ils ont connu quand ils Ă©taient petits. AprĂšs, moi, j'ai beaucoup dĂ©couvert, j'ai eu beaucoup d'effervescence par mes voyages. J'ai l'impression d'avoir fait des trucs de fou. Je n'ai pas l'impression de louper des choses en Ă©tant ici. À la limite, je pense qu'Ă  un moment dans ma vie, j'aurais envie de repartir, faire un immense voyage Ă  vĂ©lo parce que... J'en aurais envie, mais ça, je me l'autorise. D'ailleurs, j'ai rĂ©flĂ©chi un peu, tu vois, Ă  me dire peut-ĂȘtre que tous les 10 ou 15 ans, je peux me dire, allez, je laisse les clĂ©s de la ferme Ă  une personne pendant un an ou deux et je repars Ă  l'aventure. Donc, il y a ça. L'aventure, moi, je l'ai beaucoup eue il y a quelques annĂ©es. Et la troisiĂšme chose, je pense que c'est juste ma personnalitĂ©, mĂȘme si j'ai l'impression, comme je l'avais dit, d'avoir dĂ©couvert l'adulte que je devenais entre mes 20 et mes 25 ans. En fait, j'ai dĂ©couvert que moi, ma passion, c'est jouer au Rummikub en buvant une tisane et en faisant des jeux de sociĂ©tĂ© et en papotant. Et que voir un arbre grandir, ça m'Ă©merveille. J'ai l'impression d'ĂȘtre tellement plus utile et tellement plus Ă  ma place ici qu'il n'y a pas beaucoup plus de motivation que juste c'Ă©tait Ă©vident. C'Ă©tait ma place, c'Ă©tait lĂ .

  • Speaker #1

    Et les amis que tu avais dans ton ancienne vie, comment... Comment ils perçoivent ça ?

  • Speaker #0

    Eh ben, hyper bien. Je pense que les personnes qui le perçoivent... pas bien ou qui trouverait ça bizarre, en fait, on n'est pas forcément trop en contact. Du coup, je crois que je n'ai eu aucun avis étonné ou négatif sur ce que je fais. Zéro.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as eu des Ah, moi, je ne pourrais pas

  • Speaker #0

    J'ai eu des Ah, moi, je ne pourrais pas faire ça seule Mais non, j'ai l'impression qu'il y a quand mĂȘme beaucoup de mes amis qui viennent ici qui dĂ©jĂ  sont trop contents de venir. Peut-ĂȘtre un peu moins au dĂ©but quand la maison Ă©tait en travaux et qu'il gelait Ă  l'intĂ©rieur. Mais j'ai quand mĂȘme beaucoup de personnes qui, j'ai l'impression, repartent inspirĂ©es, repartent motivĂ©es. En gĂ©nĂ©ral, les gens sont trop contents de venir me voir. Moi, je suis trop contente quand ils viennent.

  • Speaker #1

    Tout Ă  l'heure, tu nous as parlĂ© du limousin. Dans ton rĂȘve, c'Ă©tait le limousin. D'ailleurs, moi-mĂȘme, en disant ça, je juge un peu le fait qu'on se dise pourquoi le limousin ? Comme si le limousin, ce n'Ă©tait pas bien. C'est juste que ce n'est pas bien connu. c'est comme Limoges en fait moi j'ai dĂ©couvert Limoges en arrivant en Dordogne et je trouve que c'est une jolie ville quand t'es au coeur du centre historique c'est trĂšs joli mais il y a une rĂ©putation sur la ville qui est pas cool moi

  • Speaker #0

    j'avais l'inverse pas forcĂ©ment Ă  propos de Limoges mais moi le limousin ça me faisait rĂȘver mais c'est ce que j'ai dit tout Ă  l'heure chelou mais non franchement t'imagines t'es la premiĂšre personne qui me dit ça sĂ©rieux mais non mais je sais pas moi c'est tout ce dont je fantasmais en vivant Ă  Paris c'est des paysages de bocage des forĂȘts de l'eau du calme mais oui peut-ĂȘtre que j'ai l'impression que tout le monde a cette image du limousin alors que c'est que moi mais non moi c'Ă©tait c'Ă©tait le paradis pour moi alors que je n'y avais jamais Ă©tĂ© en plus ouais Mais du coup, j'y suis quand mĂȘme allĂ©e. Et justement, cet Ă©tĂ© de retour de mon grand voyage, donc l'Ă©tĂ© 2020, ma sƓur vivait Ă  ce moment-lĂ  en AngoulĂȘme. Et du coup, on a fait un voyage Ă  vĂ©lo toutes les deux, de AngoulĂȘme jusqu'en Auvergne. Et du coup, on a traversĂ© le sud de la Haute-Vienne et le nord de la CorrĂšze. Du coup, ça a juste confirmĂ© mon intuition de tout ce que j'avais en tĂȘte du limousin. C'est tous les paysages que j'ai traversĂ©s. Et j'Ă©tais lĂ , bah... Oui, j'ai envie d'y vivre. C'Ă©tait trop bien. On regardait toutes les fermes, je regardais toutes les prairies. Je me disais, si je pouvais avoir ma petite ferme lĂ , planter mes arbres ici, rĂ©nover cette petite maison lĂ . C'Ă©tait un rĂȘve pour moi.

  • Speaker #1

    Et alors, comment tu l'as trouvée, toi, ta ferme ?

  • Speaker #0

    C'Ă©tait assez rapide. Quand j'ai commencĂ© Ă  chercher, je ne savais pas si j'allais mettre deux mois ou cinq ans. Parce qu'il y a vraiment des... Du coup, Ă  ce moment-lĂ , j'Ă©coutais quand mĂȘme beaucoup de podcasts d'installation ou de reportages sur des installations. Et tant en... souvent des gens qui mettent des annĂ©es avant de trouver. Je n'avais vraiment aucune idĂ©e. Et donc, ça faisait un moment que j'avais des alertes sur le bon coin, sur les agences immobiliĂšres, de fermes. Mais en fait, tant que tu n'y passes pas 24 heures pendant des mois, tu ne trouveras pas. Il y a un moment oĂč je m'Ă©tais quand mĂȘme motivĂ©e Ă  vraiment... Aussi, je commençais Ă  avoir parce que l'achat de la ferme dĂ©pendait Ă©normĂ©ment du salaire que je... que je mettais de cĂŽtĂ© quand je travaillais Ă  Paris, au retour de mon voyage. Et donc forcĂ©ment, au dĂ©but, c'Ă©tait plus un rĂȘve de quelle ferme je pourrais acheter dans un an. Et puis au bout d'un moment, je commençais Ă  avoir les sous sur mon compte et du coup, je pouvais commencer Ă  plus sĂ©rieusement regarder des fermes et Ă©ventuellement aller visiter. On a fait un premier week-end dans le limousin avec mon frĂšre et ma mĂšre Ă  l'Ă©tĂ© 2022. On a visitĂ© une ferme sur le Boncoin et on a rencontrĂ© deux paysans qui avaient mis une annonce sur Terre de Liens. Avec Terre de Liens. Parce qu'Ă  cette Ă©poque, comme je me disais, si ça se trouve, je vais mettre trois ans avant de trouver ma ferme. Moi, je n'ai pas envie de dĂ©mĂ©nager dans le limousin dans trois ans. J'ai envie de dĂ©mĂ©nager dans le limousin dans un an. Du coup, je m'Ă©tais dit, si jamais je ne trouve pas ma ferme que je pourrais acheter tout de suite, pourquoi pas me faire prĂȘter du terrain par un paysan via Terre de Liens pour dĂ©jĂ  m'installer dans la rĂ©gion et pouvoir plus facilement visiter des fermes plus tard pour moi. Et ça, en vrai, c'est le meilleur move.

  • Speaker #1

    Tu aurais pu vivre dans un habitat allégé ?

  • Speaker #0

    Tu veux dire sur les fermes que j'ai visitées via Terre de l'Homme ?

  • Speaker #1

    Oui, est-ce que tu n'aurais pas pu avoir une caravane ?

  • Speaker #0

    En l'occurrence, les deux paysans que j'ai rencontrĂ©s, c'Ă©tait des projets un peu similaires. Il y en avait un, il Ă©tait retraitĂ©. Les deux, ils avaient une centaine d'hectares. Il y en avait un, il Ă©tait retraitĂ©. Et l'autre, il avait une quarantaine d'annĂ©es. Le retraitĂ©, il avait besoin d'un coup de main de temps en temps. Genre, je ne sais pas, trois fois par an, il avait besoin d'ĂȘtre deux pour faire la rĂ©colte de je ne sais plus quoi. Et du coup, il voulait avoir une personne sur place pour l'aider. Et le gars de 40 ans, il se trouvait un peu seul sur ses 100 hectares. Et il avait eu cette envie de plus de collectif. Et donc ces deux personnes-lĂ , qui Ă©taient sur des fermes diffĂ©rentes, avaient tous les deux de 1 Ă  4 hectares Ă  mettre Ă  disposition gratuitement, plus une petite grange avec une petite partie habitation, pareil, Ă  mettre Ă  disposition gratuitement. Donc tu pouvais vraiment te lancer dans un projet, tu ne serais jamais chez toi. Donc pour moi, ça pourrait convenir Ă  certaines personnes, pour moi ça aurait Ă©tĂ© plus du coup un projet tremplin, de quelques annĂ©es lĂ -bas, le temps de trouver ma ferme. ou de voir si ça te plaĂźt ouais aussi et du coup j'avais quand mĂȘme rendu visite Ă  ces deux personnes j'avais visitĂ© une premiĂšre ferme au final j'avais donnĂ© suite pour rien un mois plus tard lĂ  je passais mon temps sur mon tĂ©lĂ©phone Ă  checker les nouvelles annonces je pense que je regardais les annonces sur je sais pas 10 sites diffĂ©rents 3 Ă  4 fois par jour je voyais les annonces vraiment quelques heures aprĂšs qu'elles aient Ă©tĂ© publiĂ©es Et lĂ , j'ai rĂ©ussi Ă  trouver une dizaine de fermes. Et comme je n'ai aucune attache familiale, ni de rien, ni pas d'enfant, dans le limousin, ça pouvait ĂȘtre vraiment Ă  peu prĂšs partout.

  • Speaker #1

    Tu avais toutes les possibilités.

  • Speaker #0

    VoilĂ . À un moment, par hasard, j'ai trouvĂ© une dizaine de fermes. C'Ă©tait Nord-Creuse, Nord-Haute-Vienne, Sud-Indre. Avec ma mĂšre, on est descendus pendant deux jours. On a fait les dix visites. La ferme que j'ai achetĂ©e faisait partie des dix visites.

  • Speaker #1

    Et alors, pourquoi celle-lĂ  ?

  • Speaker #0

    Eh bien, c'est vraiment la seule qui avait pratiquement tous les critĂšres. Le seul critĂšre qu'elle n'avait pas, c'est qu'il y a des parties du limousin qui sont encore plus enforestĂ©es, encore plus sauvages. Mais sinon, elle avait entre 2 et 4 hectares de terrain, donc en l'occurrence 3,5 hectares. Elle avait des bĂątiments en bon Ă©tat, avec la bonne surface, avec du potentiel. Elle avait un accĂšs Ă  l'eau, mĂȘme plusieurs accĂšs Ă  l'eau. Des terrains d'un seul tenant, un cadre mignon, une impasse, il y avait tous les critĂšres.

  • Speaker #1

    Et que l'esprit moins sauvage se pourrait.

  • Speaker #0

    Et le prix aussi qui était un peu plus élevé que prévu.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Oui, les autres fermes que j'avais visitĂ©es, il y avait souvent un seul hectare de terrain, il y avait souvent un puits qui peut-ĂȘtre donne de l'eau mais on ne sait pas parce qu'il est cassĂ©. oĂč il y avait des terrains ultra morcelĂ©s, ou alors une maison inhabitĂ©e depuis 40 ans, oĂč lĂ , tu as vraiment des Ă©normes travaux Ă  faire, ou une grande route qui passe devant la ferme. Ici, il y avait tout. Surtout quand on a fait la visite, qu'on est passĂ©, qu'on a fait le tour de la mare, il y avait un super soleil, il y avait tous les arbres. J'Ă©tais trop bien. Je me suis sentie chez moi.

  • Speaker #1

    La ferme, elle s'appelle la ferme des SƓurs. J'ai bien envie que tu nous expliques... Pourquoi tu as appelĂ© cet endroit la ferme des sƓurs ? Parce que dĂ©jĂ , je trouve ça trop mignon. Mignon, pourquoi ?

  • Speaker #0

    Eh bien, ça s'est passĂ© Ă  la signature du compromis de vente. On Ă©tait Ă  la table Ă  laquelle nous sommes assises maintenant, mais dans une piĂšce beaucoup plus petite, parce que lĂ , j'ai un peu cassĂ© des murs, mais c'Ă©tait une cuisine pas immense. Et Ă  cette table, on Ă©tait, je crois, neuf personnes. Donc, il y avait cinq sƓurs, puisqu'en fait, la... La maison, je l'ai achetĂ©e Ă  une dame qui avait cinq filles. Et donc cette dame Ă©tait en EHPAD quand j'ai achetĂ© la maison. Du coup, je ne l'ai jamais rencontrĂ©e, mais j'ai rencontrĂ© les cinq sƓurs de 50 Ă  75 ans, avec une Ă©nergie de dingue qui papote Ă©normĂ©ment. Enfin, trĂšs, trĂšs vivant, quoi. TrĂšs, trĂšs chouette. Donc les cinq sƓurs, il y avait moi, il y avait ma sƓur qui Ă©tait venue Ă  l'occasion, puisque je lui fais Ă©normĂ©ment... confiance et son avis compte beaucoup. Ça me rassurait Ă©normĂ©ment qu'elle soit lĂ  parce que acheter une ferme, c'Ă©tait quand mĂȘme fou. Il y avait aussi une copine Ă  nous, Clotilde, qui est une femme incroyable, 60 ans, elle a rĂ©novĂ© trois maisons dans sa vie. C'Ă©tait mon expertise bĂątiment. Je l'ai fait venir pour me dire, dis-moi si la charpente, c'est OK, dis-moi ce que tu penses des couvertures. Pareil, trop rassurĂ©e qu'elle soit lĂ . On Ă©tait toutes ces filles autour de la table. Au milieu, il y avait l'agent immobilier avec sa petite chemise tout coincĂ©e et qui ne savait pas en placer une. J'adorais cette Ă©nergie. Mais le moment Ă©tait trop beau. Et puis c'Ă©tait fort, c'Ă©tait important comme Ă©tape dans ma vie, de signer pour un compromis de vente pour une ferme, c'Ă©tait fou. Le lendemain, je suis rentrĂ©e Ă  Paris, je devais aller au travail, j'Ă©tais sur mon vĂ©lo, et lĂ  j'y ai repensĂ©, je me suis dit, la ferme des sƓurs.

  • Speaker #1

    J'essaye de rĂ©flĂ©chir, je visualise toute cette histoire. Puis en plus, j'y suis, c'est trop bien, j'ai l'impression d'ĂȘtre Christophe Ondelat, d'en fait entrer l'accusĂ©. Maintenant, si on passe Ă  la partie professionnelle, est-ce que... Alors tu vas vulgariser, s'il te plaĂźt, parce qu'elle a plein de mots hyper scientifiques et tout et tout. Parle-nous de cette partie professionnelle. À quel moment aussi elle est arrivĂ©e, cette partie professionnelle ? Parce que tout Ă  l'heure, quand tu m'as fait visiter, tu m'as sorti un puits de sciences, de savoirs. Je me suis dit, mais comment elle fait ? Bon, elle est jeune, donc elle retient mieux que moi. Mais quand mĂȘme, tout ça, cette culture que tu as par rapport Ă  ta profession aujourd'hui, elle est arrivĂ©e quand ? Et Ă  quel moment aussi tu t'es dit, boum, ce sera mon job ? C'est parti.

  • Speaker #0

    Pendant mon voyage Ă  vĂ©lo, j'Ă©tais partie faire ce voyage en me disant qu'il fallait que je revienne en ayant trouvĂ© c'Ă©tait quoi mon mĂ©tier. Donc il y avait quand mĂȘme cet objectif. J'ai dĂ©couvert les podcasts en voyageant Ă  vĂ©lo, parce que quand tu te fais 8 heures de vĂ©lo seule, t'as envie d'Ă©couter un truc, moi c'Ă©tait le cas.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'envoie tous les podcasts à des voyageurs à vélo.

  • Speaker #0

    Ouais. J'ai beaucoup Ă©coutĂ© de podcasts sur le fĂ©minisme, mais aussi sur la paysannerie. J'avais dĂ©jĂ , avant de partir, entendu parler de permaculture, mais surtout de jardin-forĂȘt. Je savais dĂ©jĂ  que ça me parlait, cette histoire de planter des arbres, de planter des forĂȘts, en gros jardin-forĂȘt. L'idĂ©e, c'est, surtout si tu pars d'une prairie, c'est d'accompagner la succession naturelle de cette prairie vers la forĂȘt, puisque si tu as une forĂȘt et que tu n'y fais rien, Il y a une friche qui va s'installer et puis il y a une forĂȘt qui va pousser. Donc l'idĂ©e c'est, au lieu d'ĂȘtre en lutte contre une parcelle de terrain, de l'accompagner mais d'y introduire des essences qui toi t'intĂ©ressent, soit pour une production fruitiĂšre, une production comestible, ou alors une production pour l'artisanat, pour un projet pĂ©dagogique. la partie jardin forĂȘt, j'en avais dĂ©jĂ  entendu parler avant de partir, j'ai beaucoup Ă©coutĂ© de podcasts dessus en voyageant le podcast de l'Ă©cole d'agroĂ©cologie voyageuse qui est prĂ©sentĂ© par Opaline ça c'est super, il y a des prĂ©sentations de fermes gĂ©niales mais sinon une rĂ©fĂ©rence sur les jardins forĂȘts en France c'est Fabrice Desjours qui a plantĂ© un jardin forĂȘt il y a bientĂŽt 15 ans en Bourgogne sur 2 hectares et demi et il a Ă©crit un livre qui est trĂšs bien aux Ă©ditions de Terran et moi je suis allĂ©e me former chez lui. Donc ouais, sur les jardins-forĂȘts il y a une bibliographie assez intĂ©ressante il y a aussi Ă  la collection RĂ©silience chez Ulmer, il y a un petit livre du Bec et Loin sur la crĂ©ation des mini-forĂȘts-jardins et aprĂšs je crois que c'est en Angleterre c'est Martine Crawford qui a aussi Ă©crit un livre sur les forĂȘts-jardins qui est pas mal d'ailleurs on veut plus de femmes qui Ă©crivent des livres sur la permaculture et l'agroforesterie

  • Speaker #1

    C'est beaucoup des hommes ?

  • Speaker #0

    Oui. Alors, il y a GeneviĂšve Michon qui a Ă©crit pas mal de livres trĂšs intĂ©ressants sur l'agroforesterie dans le monde. Je crois que son livre, c'est Agriculture Ă  l'ombre des forĂȘts, des arbres Agriculture Ă  l'ombre des arbres Ă  vĂ©rifier. Elle a fait la prĂ©face du livre de Fabrice Desjours. Mais oui, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on veut plus de femmes qui Ă©crivent sur la permaculture, sur la paysannerie.

  • Speaker #1

    Moi, je te propose que tu commences Ă  Ă©crire dĂšs demain.

  • Speaker #0

    Allez. C'est parti,

  • Speaker #1

    prochain projet.

  • Speaker #0

    J'ai pas assez de choses Ă  faire.

  • Speaker #1

    Alors donc tu commences Ă  prendre connaissance de ce type de projet.

  • Speaker #0

    Mais pourtant, Ă  la fin de mon voyage et pendant ces deux mois, un peu de dĂ©cantation du projet, je suis plutĂŽt partie en tĂȘte avec l'idĂ©e de faire des plantes mĂ©dicinales. Donc pendant longtemps, mon projet ça a Ă©tĂ© de faire...

  • Speaker #1

    PAM.

  • Speaker #0

    Ouais, P-P-A-M, de la tisane, des baumes, voilĂ , un peu transformation trĂšs variĂ©e. et Ă  cĂŽtĂ© de planter un jardin forĂȘt. Pendant trĂšs longtemps, mon projet de jardin forĂȘt, il Ă©tait quand mĂȘme un peu Ă  cĂŽtĂ©. C'Ă©tait vraiment un projet qui Ă©tait scindĂ© en deux. Et j'ai mis vraiment du temps avant de relier les deux. D'ailleurs, je crois que c'est Fabrice Desjours, pendant la formation, qui m'a aidĂ©e Ă  ne faire plus qu'un. On faisait pas mal de design. On avait du coup nos...

  • Speaker #1

    Tu veux dire Ă  rejoindre les deux ?

  • Speaker #0

    Oui, Ă  dire arrĂȘte de penser, arrĂȘte de mettre des arbres d'un cĂŽtĂ© et du romarin en plein soleil de l'autre cĂŽtĂ©. Si tu veux faire des plantes mĂ©dicinales, pourquoi tu ne ferais pas des plantes mĂ©dicinales dans ton jardin forĂȘt ? Ça, ça m'a trop aidĂ©e. Je me suis dit, mais oui, je suis bĂȘte, j'arrĂȘte pas de... Ma passion, c'est les arbres, mais je veux cultiver quand mĂȘme en herboristerie. Bon, il y a aussi... On utilise aussi les arbres. Il y a aussi des plantes comme la consoute, qui sont des plantes qui adorent l'ombre. Mais il y a quand mĂȘme une grosse partie des plantes en herboristerie traditionnelle. qui sont des plantes de plein soleil, des plantes Ă©mergentes. Les soucis, le romarin, la lavande, tout ça, c'est trĂšs peu forestier. Et moi, ma passion, c'est les forĂȘts. Un peu Ă©tonnant.

  • Speaker #1

    Pourquoi c'est ta passion, les forĂȘts ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. C'est comme le limousin,

  • Speaker #1

    ça ne s'explique pas.

  • Speaker #0

    C'est pareil, rien ne s'explique. Ça s'est fait petit Ă  petit. Si je pense qu'au bout d'un moment, ça m'a parlĂ© de planter des paysages plus durables. En fait... Le potager, au dĂ©but, c'est un peu la porte d'entrĂ©e vers dĂ©couvrir comment fonctionne le vivant. Mais trĂšs vite, je me dis quel est l'intĂ©rĂȘt de passer une saison Ă  faire du potager si tu dois repartir Ă  zĂ©ro l'annĂ©e prochaine. Alors que quand tu plantes un arbre, tu le plantes pour 50, 100 ans. AprĂšs ta mort, j'aime bien l'idĂ©e de travailler aprĂšs toi.

  • Speaker #1

    Du long terme.

  • Speaker #0

    Des paysages pĂ©rennes, des paysages qui existent encore, mĂȘme si toi, tu meurs. Ça, ça me parle. Et donc petit Ă  petit, je me suis dit arrĂȘte de focaliser sur les tisanes. Et en fait, sur une autre formation, chez MĂ©lilotus en CorrĂšze, une super ferme en production de plantes mĂ©dicinales, j'ai dĂ©couvert la gĂ©mothĂ©rapie. Donc gĂ©mothĂ©rapie, c'est des extraits de bourgeons. Tu cueilles les bourgeons Ă  la sortie de l'hiver. Quand ils gonflent, ils gonflent, ils gonflent. Et juste avant qu'ils explosent, tu les cueilles Ă  ce moment-lĂ .

  • Speaker #1

    Et tu prends l'extrait, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Ouais, en gros, tu les fais macĂ©rer dans un mĂ©lange d'eau, d'alcool. Et traditionnellement de glycĂ©rine, mais il y a beaucoup de producteuristes qui vont remplacer la glycĂ©rine par du miel pour pouvoir travailler avec les ingrĂ©dients les plus locaux possibles, voire mĂȘme produits sur la ferme.

  • Speaker #1

    Toi tu mets ça ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Pour l'instant, j'achÚte le miel à un producteur de miel qui a un tout petit rucher à cÎté de ses plantes médicinales, à une vingtaine de kilomÚtres de chez moi. D'accord. Et à terme, si j'y arrive, c'est d'avoir un petit rucher sur la ferme et d'avoir le miel. produit sur la ferme pour la gémothérapie. Eau, alcool et miel. Tu mets les bourgeons à matérer dedans.

  • Speaker #1

    Eau, alcool, miel, d'accord. Tu mets les bourgeons.

  • Speaker #0

    AprÚs, tu laisses macérer pendant 3 semaines jusqu'à 40 jours. Et tous les jours, tu prends ton bocal et tu viens le dynamiser. Du coup, dynamiser un bocal, c'est lui...

  • Speaker #1

    Le secouer.

  • Speaker #0

    Oui, le secouer en lui apportant un mouvement.

  • Speaker #1

    En faisant des 8.

  • Speaker #0

    Oui, en faisant des 8.

  • Speaker #1

    Pas le PD8 avec ses bras, lĂ .

  • Speaker #0

    En gros, l'idée, c'est de... que pendant tout le moment de la macération, tes solvants continuent d'extraire toute l'information qu'il y a dans le bourgeon. Tu vois, ton macérat de bourgeon, c'est un truc vivant. Tu ne veux pas le laisser stagner pendant trois semaines, un mois.

  • Speaker #1

    C'est comme si tu le faisais libre.

  • Speaker #0

    Tu l'actives. Exactement. Du coup, tu fais ça pendant trois semaines Ă  40 jours. AprĂšs, tu viens... C'est beaucoup quand mĂȘme. Oui. Quand tu as une quarantaine de bocaux qui pĂšsent chacun un kilo, tu le sens dans les bras.

  • Speaker #1

    C'est ça les muscles.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Il ne faut pas que... Oui. et aprÚs tu viens filtrer ton macérat, donc tu récupÚres juste le solvant qui a capté toutes les molécules du bourgeon en fait le plus liquide va partir toi tu vas garder la matiÚre la plus la galette de bourgeon la galette ?

  • Speaker #1

    quand tu la presses on dirait un petit steak aprÚs t'as des trucs comme ça à me montrer ou pas ?

  • Speaker #0

    est-ce que j'ai pris des photos ? tu montreras plus tard mais en gros nous on garde le liquide la galette de bourgeon, tu la compostes aprĂšs. Puisque toute l'information du bourgeon a Ă©tĂ© extraite par tes trois solvants dans le liquide. C'est pour ça qu'on utilise trois solvants. C'est comme si tu fais une tisane ou une alcoolature, tu ne vas pas extraire les mĂȘmes molĂ©cules parce que l'eau chaude ne va pas capter la mĂȘme chose que l'alcool. LĂ , du coup, on a ces trois solvants parce que chaque solvant va capter des molĂ©cules diffĂ©rentes du bourgeon. LĂ ,

  • Speaker #1

    en fait, c'est que tu enlĂšves le solide et tu gardes le liquide. D'accord.

  • Speaker #0

    Ce que tu mets dans les flacons, c'est l'extrait de bourgeon. On dit aussi macĂ©rat mĂšre de bourgeon. Et aprĂšs, tu le mets dans des petits flacons de 30 millilitres avec un compte-gouttes, un peu comme les huiles essentielles. Et aprĂšs, ça se prend sous forme de cure de trois semaines. Tu mets 15 gouttes dans un verre d'eau le matin. Et ça soigne une trĂšs grande diversitĂ© de choses. Mais surtout, moi, ce qui m'appelle dans la gĂ©mothĂ©rapie, c'est que je travaille avec les arbres. Et en fait, j'ai enfin pu me libĂ©rer de cette... dualitĂ© entre d'un cĂŽtĂ© mes plantes mĂ©dicinales de plein soleil et de l'autre cĂŽtĂ© ma forĂȘt. Je fais mes produits de soins dans ma forĂȘt puisque je travaille que avec les arbres. VoilĂ , ça fait le pont. Donc je produis de la gĂ©mothĂ©rapie, donc des extraits de bourgeons, ça c'est ma production. C'est la premiĂšre annĂ©e que je produis. Je commence Ă  vendre. Vous pouvez aller voir sur lafermedesseur.fr et vous pouvez dĂ©sormais acheter les flacons de gĂ©mothĂ©rapie, donc les extraits de bourgeons sur internet. Donc soit je vous les envoie, soit sinon vous pouvez passer Ă  la ferme les rĂ©cupĂ©rer, donc ça c'est mon activitĂ© de production cette annĂ©e et sinon sur 2 hectares et demi, donc je plante un jardin forĂȘt, Ă  visĂ©e nourriciĂšre et pĂ©dagogique, donc pour accueillir plein d'Ă©vĂ©nements, c'est GĂ©alca Ă  la ferme, on fait des fĂȘtes des plantes, on fait des chantiers de plantation collective vous ĂȘtes le dĂ©vannerie, j'apprends aux gens Ă  greffer, on fait plein de choses, l'idĂ©e c'est de faire vivre le lieu, et sur l'hectare enfin sur la parcelle d'en face je dĂ©veloppe de l'agroforesterie syntropique, donc c'est une technique d'agroforesterie... qui travaille sur trois piliers. La construction des plantations dans l'espace, on travaille avec des strates pour que toutes les strates de vĂ©gĂ©taux soient remplies. Ensuite, on travaille avec la succession dans le temps. Quand on plante une ligne en agroforesterie syntropique, on plante tout ce qui va exister dans le systĂšme de la premiĂšre annĂ©e Ă  dans 300 ans. Oui, je vais planter mes cassis et mes abricotiers pour avoir une production de fruits, mais je vais aussi semer mes noyĂ©s et mes chĂȘnes. pour qu'une fois que mes productions fruitiĂšres sont arrivĂ©es au bout de leur vie, qu'il y ait aussi une forĂȘt qui lui succĂšde. Et le troisiĂšme pilier de la centropie, c'est la... La perturbation, c'est imiter la dynamique de fonctionnement du vivant. Et en gros, 70 Ă  80% de ce que je plante, quand je fais une plantation en agriculture syntropique, c'est des plantes qui sont destinĂ©es Ă  ĂȘtre taillĂ©es trĂšs frĂ©quemment. Donc on choisit des plantes que plus on taille, plus elles poussent, plus on taille, plus elles poussent. Et quand on vient faire une perturbation en agriculture syntropique, on essaye de faire ça la veille d'un jour oĂč il pleut. Du coup, on vient tailler Ă  ras.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que tu as choisi le limousin ?

  • Speaker #0

    Moi, je n'avais pas encore dĂ©couvert la Saint-Tropez Ă  ce moment-lĂ . Mais en gros, on taille d'un coup, comme si on Ă©tait un gros troupeau de vaches qui venaient brouter notre parcelle pour faire une perturbation. On veut en gros faire un petit choc au systĂšme pour le lancer dans une nouvelle dynamique de crĂ©ation de vivants. On vient tailler Ă  ras tout ce qui adore ĂȘtre taillĂ©. On apporte Ă©normĂ©ment de matiĂšre au sol, puisque tout ce qu'on taille, on le met dans le tas.

  • Speaker #1

    Tout le reste par terre.

  • Speaker #0

    On a une grande entrĂ©e de lumiĂšre sur le systĂšme, puisque tout d'un coup, on a tout ouvert. Le lendemain... il pleut, gros apport d'eau et toutes les plantes qui ont Ă©tĂ© taillĂ©es elles vont Ă©mettre une hormone qui s'appelle la gibĂ©ryline qui donne l'information Ă  la plante qu'il faut qu'elle repousse vite parce qu'elle vient de se faire couper la tĂȘte et comme elle est sympa et qu'on en a taillĂ© Ă©normĂ©ment, elle va aussi filer l'information qu'il faut que ça pousse aux copines Ă  cĂŽtĂ©. MĂȘme si on n'a pas taillĂ© notre pommier Ă  ras parce que nous on veut des pommes et bien lui aussi il va avoir ce petit boom de croissance qu'on appelle le saut du chat en agriculture syntropique.

  • Speaker #1

    Je pense que tu peux Ă©crire un livre.

  • Speaker #0

    Il y a déjà un super livre d'Anna El-Theri qui est édité chez Terre Vivante et qui s'appelle Bienvenue en Syntropie, si vous voulez un peu comprendre, débroussailler cette forme d'agriculture hyper passionnante, je vous le recommande.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il faut ĂȘtre vraiment, dĂ©jĂ , c'est un peu con cette question que je vais te poser, mais est-ce que c'est complexe Ă  lire ce genre d'ouvrage pour quelqu'un qui n'y connaĂźt pas grand-chose ? Est-ce que ça peut ĂȘtre dur Ă  lire, tu vois ? Ou est-ce qu'il ne vaut mieux pas venir te voir et tu fais des ateliers ?

  • Speaker #0

    Alors dĂ©jĂ , vous pouvez venir en woofing Ă  la ferme. Si vous voulez vraiment apprendre Ă  travailler en syntropie, le mieux, c'est quand mĂȘme d'aller dans des fermes qui font de la syntropie. Moi, je suis allĂ©e me former dans deux fermes gĂ©niales. La ferme des Mahouagites, dans le Gers, oĂč j'ai fait ma premiĂšre formation en agriculture syntropique. Et aprĂšs, je suis allĂ©e me former chez Anna El-Theri, l'autrice du livre dont j'ai parlĂ©, en Dordogne. Et donc ça, c'est vraiment la clĂ© pour faire un bond Ă©norme en comprĂ©hension. Mais peu importe le sujet, en fait. Ma formation chez Fabrice Desjours sur les jardins forĂȘts, mes deux formations en agriculture syntropique, mes formations en gĂ©mothĂ©rapie et en production de plantes mĂ©dicinales, c'est vraiment le fait de passer cinq jours sur une ferme. Oui,

  • Speaker #1

    au cƓur de l'action.

  • Speaker #0

    C'est ça qui nous fait progresser de fou. Donc c'est pas mal de lire en amont, de regarder quelques vidĂ©os en amont pour essayer d'avoir... D'avoir des mots-clĂ©s, par exemple. Rien que le fait d'arriver dans une ferme avec le vocabulaire, ça aide. Mais aprĂšs, il faut aller vivre les choses. Donc, il faut faire du woofing, il faut aller se former. Ça, c'est gĂ©nial.

  • Speaker #1

    Il y a un truc qui est important à préciser. Donc, tout ça, et je sais que c'est important pour toi, toute seule. Toute seule.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    tout ça toute seule.

  • Speaker #0

    Oui. En fait, quand j'Ă©tais prĂȘte Ă  me lancer, c'est-Ă -dire quand j'avais la motivation, l'Ă©nergie, l'envie et les sous, En fait, j'Ă©tais la seule personne autour de moi qui avait ce projet-lĂ .

  • Speaker #1

    Est-ce que tu aurais pu le faire en collectif ?

  • Speaker #0

    Si j'avais, Ă  ce moment-lĂ , Ă©tĂ© portĂ©e par une envie de collectif avec des copines, oui, je l'aurais fait en collectif, je pense. Mais en fait, c'est un peu le hasard qui a fait que j'avais envie de le faire. J'Ă©tais prĂȘte et je n'avais pas besoin d'ĂȘtre accompagnĂ©e d'une autre personne pour me lancer. Donc, je l'ai fait. Au final, je pense que c'Ă©tait plutĂŽt une bonne dĂ©cision parce que ça correspond aussi pas mal Ă  mon tempĂ©rament. Je suis franchement fiĂšre. d'avoir fait ça seule j'ai pas fait ça 100% seule il y a Ă©normĂ©ment de copines et de copains qui sont venus m'aider donc il y a et en vrai je suis trop contente de voir tel mur de la maison et de me dire ça je l'ai fait avec Jeanne telle construction de me dire que ça on l'a construit avec Flore ça c'est gĂ©nial, j'adore ça mais je suis aussi super fiĂšre de pas avoir eu peur et de m'ĂȘtre lancĂ©e et ça veut pas dire que j'ai pas paniquĂ© plein de moments qu'il y a pas plein de moments oĂč je me suis dit je n'y arriverai jamais si, j'ai paniquĂ© plein de fois mais je suis encore plus fiĂšre de l'avoir fait et d'avoir surmontĂ© toutes les petites peurs qui Ă©taient sur mon passage Et ouais, si on pense qu'on peut se lancer seule, il faut le faire, peu importe son genre, peu importe son Ăąge, peu importe son passĂ©. Genre moi, je suis arrivĂ©e ici, je n'avais jamais utilisĂ© de perceuse. Comme on dit, j'ai fait une dalle Ă  la chaux toute seule. Maintenant, je vais me mettre Ă  apprendre l'Ă©lectricitĂ©. J'ai eu un aperçu de comment...

  • Speaker #1

    Ça, c'est la partie auto-construction ?

  • Speaker #0

    Ouais. La partie agricole, j'avais moins peur parce que j'avais quand mĂȘme beaucoup travaillĂ© avant. En woofing, en formation, beaucoup de lectures, beaucoup de premiĂšres expĂ©rimentations. Du coup, j'avais assez confiance en moi sur la partie agricole.

  • Speaker #1

    C'est plutĂŽt la partie bĂątiment.

  • Speaker #0

    Oui, ça pour le coup, ce n'Ă©tait mĂȘme pas prĂ©vu que je rĂ©nove une maison. Et puis la partie administrative, ça c'Ă©tait aussi une grosse dĂ©couverte. Et ça, ça a suscitĂ© beaucoup de stress et de panique et d'anxiĂ©tĂ© chez moi. Mais voilĂ , maintenant, j'ai plus. plus peur quand je fais ma TVA. À chaque fois, c'est une nouvelle Ă©tape de gagner. Se lancer seule, c'est possible. Si on en a envie, si ça correspond Ă  notre personnalitĂ©, il faut le faire. Il ne faut pas avoir peur si on peut ne pas avoir peur.

  • Speaker #1

    À certaines, j'ai posĂ© la question, est-ce qu'il y avait un bon moment, selon elles, pour changer de territoire, changer de vie, changer de mĂ©tier, changer de mode de vie ?

  • Speaker #0

    Non, je pense qu'on le sait. Moi, c'est sĂ»r que ça a Ă©tĂ©... particuliĂšrement facile parce qu'au-delĂ  du fait d'ĂȘtre prĂȘte et d'en avoir trĂšs envie, j'avais pas d'enfants, j'Ă©tais pas en couple, j'avais pas d'endettement. Enfin, franchement, tous les feux Ă©taient au vert pour me lancer. Donc, moi, je suis peut-ĂȘtre particuliĂšrement privilĂ©giĂ©e. Et c'est peut-ĂȘtre des dĂ©cisions qui sont beaucoup plus dures Ă  prendre pour d'autres personnes.

  • Speaker #1

    Quand il y a une famille tout autour,

  • Speaker #0

    tu sais. Ouais, plein de choses qui peuvent ĂȘtre des freins. Mais non, je pense que si on le sent et que surtout si on sent qu'on n'est pas Ă  sa place... Il ne faut pas y rester quoi. Si on peut, si on a le privilĂšge de ne pas y rester. Mais bon, c'est un point de vue de personnes trĂšs privilĂ©giĂ©es, Ă©videmment.

  • Speaker #1

    Je me suis noté comment ton nouveau mode de vie, comment ça influence ton quotidien. Qu'est-ce qui a changé ? Est-ce que tu as des choses concrÚtes ?

  • Speaker #0

    Il y a la diffĂ©rence toute simple d'ĂȘtre chef d'entreprise versus ĂȘtre salariĂ©. Oui, dĂ©jĂ . J'ai crĂ©Ă© mon entreprise en septembre. Donc il y a 9 mois, lĂ  c'est ma premiĂšre annĂ©e de production, donc j'ai pas encore trouvĂ© ce bon Ă©quilibre entre Ă  quel moment je travaille, Ă  quel moment je ne travaille pas, et ça c'est Ă©vident qu'il va falloir que je le fasse rapidement ou Ă  un moment donnĂ©. Ça, ça change beaucoup, du coup ça entraĂźne pas mal de culpabilitĂ©, tu vois, de je ne travaille pas aujourd'hui. En fait j'ai du mal Ă  me dire... Aujourd'hui, voire aujourd'hui et demain,

  • Speaker #1

    je ne travaille pas.

  • Speaker #0

    Mais surtout parce qu'en fait, ce que j'ai tendance Ă  faire, c'est me rĂ©veiller. Je sens que ça va ĂȘtre une petite journĂ©e, mais j'y vais quand mĂȘme. Je travaille mal une journĂ©e alors que j'aurais pu me dire, aujourd'hui, c'est un jour off et mĂȘme encore mieux, le prĂ©voir dans le calendrier pour que deux jours plus tĂŽt, je puisse me dire dans deux jours, je me repose. Parce qu'en fait, c'est vraiment ça qui repose, c'est de voir le jour de repos venir. et du coup ça c'est dur en tout cas c'est dur pour moi Organiser,

  • Speaker #1

    structurer, ĂȘtre en libre et ĂȘtre en...

  • Speaker #0

    En fait actuellement mon organisation c'est je travaille tous les jours jusqu'au jour oĂč je ne travaille pas mais il y a beaucoup de fois oĂč le jour oĂč je ne travaille pas en fait j'essaye quand mĂȘme de travailler et je travaille mal et du coup c'est un mauvais jour de repos Ouais ou alors ces jours lĂ  tu profites pas Ouais tu culpabilises de ne pas ĂȘtre dehors ou de faire les choses Ă  moitiĂ© de lire un bouquin alors que je vois bien que le peu de fois oĂč je me suis autoriser des journĂ©es de repos, c'est souvent parce que j'avais prĂ©vu des choses, comme il y a cette brocante, trop bien, elle est Ă  15 km, du coup si la brocante est Ă  15 km, je vais m'organiser, quitte Ă  aller lĂ -bas Ă  vĂ©lo, je vais aller voir le marchĂ©,

  • Speaker #1

    ou je vais manger... Tu as optimisé tout ton truc là.

  • Speaker #0

    Et en fait là j'adore, parce que je sais que c'est la veille, déjà je me dis demain, petit jour de repos, on va faire la petite brocante, on va faire le marché, je suis trop bien. Je sais que c'est un truc sur lequel il faut vraiment que je travaille, et que ça me rend heureuse en plus d'ajouter un rythme dans ma vie.

  • Speaker #1

    J'en profite. Il y avait un truc qui était important pour toi, qu'on devait évoquer ensemble aujourd'hui. Parce que c'est vrai que bien souvent, quand on parle de vivre à la campagne, de ruralité, on parle des difficultés de mobilité. Et la plupart ont le permis, ou des voitures, etc. Mais souvent, il y a plusieurs voitures. En tout cas, la mobilité, c'est un sujet. Et toi, tu avais envie de prendre la parole là-dessus, parce que tu es sur un autre modÚle. Tu peux nous expliquer ? Enfin, on a un petit peu compris, mais vas-y.

  • Speaker #0

    Ça fait partie du projet depuis le dĂ©but. C'est de m'installer... Ah, c'est une volontĂ© ! Ah oui, 100%. C'est de m'installer Ă  la campagne sans voiture et Ă  vĂ©lo. Et du coup, de tout faire Ă  vĂ©lo. Mon retour d'expĂ©rience, c'est que ça marche. Et que si vous avez un projet d'installation Ă  la campagne, et que vous vous dites que ça rime forcĂ©ment avec le fait, parfois mĂȘme, d'acheter une voiture, parce que si on est sur un projet nĂ©o-rural d'une personne qui habite en ville sans voiture, il y a souvent ce rĂ©flexe de se dire... Et mĂȘme souvent, parfois, les gens ne sont pas forcĂ©ment trĂšs heureux de faire ce choix. De se dire, je vais m'installer Ă  la campagne, gĂ©nial, mais du coup,

  • Speaker #1

    il faut que je le fasse.

  • Speaker #0

    Et bien en fait, c'est possible. En tout cas, pour moi, ça l'a Ă©tĂ© et je suis super heureuse de ce choix. Évidemment que tous les projets vont ĂȘtre diffĂ©rents, que ça va dĂ©pendre de votre contexte familial, de votre territoire, de votre motivation, votre plaisir Ă  vous dĂ©placer. On parle du vĂ©lo, mais ça peut ĂȘtre autre chose. Mais pareil, mĂȘme pour des familles, tu vois, qui se diraient trop bien cette paysanne qui fait son truc Ă  vĂ©lo. Mais nous, on a des enfants, c'est non. En fait, ça vaut le coup d'y rĂ©flĂ©chir. Moi, pendant que j'ai voyagĂ© Ă  vĂ©lo, j'ai rencontrĂ© des familles avec des enfants qui avaient 6 mois, des enfants qui avaient 5 ans, des adolescents. J'ai rencontrĂ© des personnes qui avaient 70 ans, qui faisaient du vĂ©lo Ă  l'autre bout de la planĂšte sur un tandem. En fait, des rĂ©cits de mobilitĂ© diffĂ©rentes. Il y en a plein et c'est important de les Ă©crire. Et peut-ĂȘtre que... que dans... Je parle Ă  une personne. Peut-ĂȘtre que dans votre cas, vous aurez besoin d'une voiture. Mais se poser la question et Ă©tudier le projet sans voiture, ça peut ĂȘtre hyper intĂ©ressant. Il y a aussi un autre truc Ă  prendre en compte.

  • Speaker #1

    Tu ne voulais pas que ce soit un frein à l'installation ? À la campagne ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, je voulais juste dire que ça vaut le coup de se poser la question, est-ce que je peux le faire sans voiture ? Il y a un autre Ă©lĂ©ment que moi, je n'avais pas trop anticipĂ©, c'est que tout le monde dans le coin a des voitures individuelles, ou Ă©normĂ©ment de personnes, mĂȘme souvent plusieurs voitures par foyer. Et en fait, il y a aussi des personnes qui se rendent compte qu'elles n'ont pas trop envie de faire 15 km de voiture pour aller au cinĂ©ma dans une voiture avec une seule personne. Donc, soit elles ne le font pas, c'est possible du coup de s'organiser pour remplir une voiture, pour aller au cinĂ©ma, parce que c'est aussi important d'avoir accĂšs Ă  la culture en milieu rural. Soit elles le font quand mĂȘme, mais du coup, elles auront trop envie de covoiturer et d'avoir une personne en plus dans la voiture. Et du coup, depuis que je suis arrivĂ©e, plein de fois, j'ai covoiturĂ© pour aller Ă  tel Ă©vĂ©nement Ă  35 kilomĂštres de chez moi, pour aller Ă  une sortie cinĂ©, on s'envoie un petit message. Qui veut aller Ă  cette projection ?

  • Speaker #1

    Je vais te demander justement comment t'es arrivée à trouver les contacts.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pas Ă©vident. C'est vrai. En fait, je crois que ce qui m'aide le plus, c'est l'association que j'ai rejoint depuis septembre. C'est une association locale qui travaille Ă  la protection des forĂȘts locales. Et en fait, lĂ , ça m'a permis d'avoir un petit noyau d'une quinzaine de personnes avec des valeurs similaires, plus un noyau plus grand d'une centaine de personnes adhĂ©rentes Ă  l'association. Et du coup, on discute sur Slack, en gros, sur un rĂ©seau de communication. Et en fait, c'est vraiment ça. Tu as un petit canal, je cherche, je donne. Moi, j'ai dit, je dois faire trois allers-retours Ă  la dĂ©chetterie pour vider ma grange. Est-ce qu'une personne avec un vĂ©hicule pourrait venir m'aider ? En contrepartie, je peux filer un coup de main sur un truc, vous rĂ©munĂ©rez l'essence, j'ai proposĂ© ce truc. Et du coup, lĂ , il y a deux maraĂźchers qui sont venus m'aider Ă  vider la grange. On a fait trois allers-retours Ă  la dĂ©chetterie, ça a pris une matinĂ©e. Et dans quelques semaines, je vais aller les aider plusieurs jours Ă  faire une rĂ©colte oĂč ils ont besoin de main-d'Ɠuvre. Et du coup, on fait un troc comme ça. Il y a une personne qui va dire, je vais Ă  l'arborĂ©tum qui est Ă  35 km la semaine prochaine. J'ai trois places dans ma voiture, qui veut venir.

  • Speaker #1

    C'est bien aussi dans ce sens-lĂ  de pouvoir ouvrir.

  • Speaker #0

    Moi, je repÚre un événement, je dis, ça a l'air trop cool, qui y va ? Et puis aprÚs, soit les personnes, elles passent par chez moi, soit moi, je fais 10 km de vélo pour les rejoindre. AprÚs, on en fait 50 ensemble. En fait, le covoiturage, c'est aussi une super option que je n'avais pas forcément anticipée et qui marche bien.

  • Speaker #1

    D'accord. Oui. Ok. À quoi tu ne renoncerais plus aujourd'hui en vivant en limousin ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je pense que je serais trùs malheureuse si je ne plantais pas d'arbres et que je ne les regardais pas pousser. Ça m'en rend tellement heureuse. Si je n'avais pas un petit bout de terrain pour voir des arbres pousser, ça me rendrait trop triste. D'accord.

  • Speaker #1

    La nature, elle joue un Ă©norme rĂŽle dans ta nouvelle vie.

  • Speaker #0

    Le vivant est trĂšs important.

  • Speaker #1

    Ta décision de changement de vie, avec le recul ?

  • Speaker #0

    Je suis contente d'ĂȘtre parvenue jusqu'ici, bien que le point de dĂ©part ait Ă©tĂ© Ă  l'opposĂ©. Parfois, je suis un peu triste de ne pas avoir reçu une Ă©ducation beaucoup plus tournĂ©e vers le travail manuel, l'artisanat, la valorisation des connaissances liĂ©es au vivant. Parfois, ça me rend triste d'avoir passĂ©. Tant d'annĂ©es sur une chaise, dans un bĂątiment fermĂ©, Ă  Ă©tudier peut-ĂȘtre certaines choses qui me servent, mais de maniĂšre mal enseignĂ©e. Parfois, ça me rend triste de me dire que je n'ai pas grandi en connaissant le nom des arbres, en apprenant Ă  reconnaĂźtre les oiseaux qui m'entourent. Parfois, je me dis qu'avoir passĂ© quatre ans Ă  Ă©tudier le stylisme et le modĂ©lisme, quelle perte de temps. Et en mĂȘme temps, peut-ĂȘtre que c'est tous ces petits trucs qui ont fait qu'aujourd'hui, je suis devenue paysanne Ă  Arnaque-la-Poste. Peut-ĂȘtre que si j'avais grandi dĂ©jĂ  ici... dĂ©jĂ  entourĂ©e, dĂ©jĂ  Ă©duquĂ©e Ă  tout ça. Peut-ĂȘtre qu'aujourd'hui, je ferais complĂštement autre chose.

  • Speaker #1

    Tu serais styliste Ă  Paris.

  • Speaker #0

    Donc, je ne regrette rien du tout. Je suis contente d'avoir réussi à en arriver là.

  • Speaker #1

    Tu as un conseil lĂ -dessus pour les gens qui voudraient avoir le dĂ©clic ? Qui n'ont pas le dĂ©clic, qui en rĂȘvent, mais qui n'y arrivent pas, par exemple ? Est-ce que tu as un conseil ? Surtout aux femmes. Sans voiture.

  • Speaker #0

    Franchement, faites-le. Si vous doutez, venez me voir. Venez passer une semaine en woofing. On aura le temps de discuter de plein de choses. Je pense qu'il y a plein de choses hyper réjouissantes sur le fait de devenir paysanne. Je pense que ça met du temps à se créer mais il y a aussi déjà plein de groupes de paysannes qui se créent et que c'est... hyper heureux et hyper solidaires et qu'il faut se lancer parce que de toute façon déjà il faut qu'il y ait de plus en plus de paysans et de paysannes il faut que tous les milieux s'exempte du patriarcat mais surtout que la paysannerie que les femmes s'emparent de la paysannerie c'est génial du coup il faut se lancer et si vous avez un doute franchement venez me voir c'est la ferme des soeurs sur Woufing je serais trop contente qu'on discute et du coup c'est un peu un non conseil mais foncez quoi n'ayez pas trop peur et ne réfléchissez pas trop parce que de toute maniÚre il y aura des étapes flippantes moi je crois que j'ai un peu je me suis un peu lancée sans trop réfléchir Et en fait, il y a eu des étapes flippantes aprÚs, mais heureusement que je n'ai pas su. Heureusement que je n'ai pas su.

  • Speaker #1

    De toute façon, c'est mieux de ne pas savoir.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Donc faites-le, ça va bien se passer. Et puis quand ça se passera mal, vous y arriverez quand mĂȘme parce qu'il n'y a pas le choix.

  • Speaker #1

    On arrive à la fin. On a beaucoup parlé, mais tu as plein de choses super sympas à dire. Si tu dois balayer les idées reçues sur la vie en ruralité, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ? Qu'est-ce que tu as envie de dire à tous ces gens qui ont plein d'idées reçues, de clichés ? Sur la vie à la campagne, tu te fais chier, les gens ne sont pas cultivés, il ne se passe rien, tu n'as pas de vie sociale, etc.

  • Speaker #0

    Il y a un truc qui m'a vachement étonnée, c'est une énorme forme d'entraide que je n'avais pas trop soupçonnée. C'est vrai que j'aurais pu parler de ça quand tu parlais de surprise tout à l'heure.

  • Speaker #1

    C'est pas grave, on parle maintenant.

  • Speaker #0

    Quand je suis arrivĂ©e, je me suis rendue compte que si j'avais une question, si j'avais... Une problĂ©matique, en fait, la rĂ©ponse elle arrivait directe si j'avais besoin de quelque chose. Il suffisait de juste le demander et les gens te donnent trĂšs facilement, avec plaisir. Et ça, je trouve que ça rend hyper heureux de se dire que quand on manque d'un truc, il suffit d'aller toquer chez le voisin ou la voisine. Et j'ai hĂąte de pouvoir rendre l'appareil et de pouvoir... donner et redonner tout ce qu'on m'a donnĂ©. Une Ă©norme forme d'entraide incroyable depuis que je suis arrivĂ©e. Ça fait trop du bien.

  • Speaker #1

    Ça, c'est clair. Ça, c'est indĂ©niable. La richesse, elle est lĂ . Elle n'est pas dans ton porte-monnaie. Elle est lĂ . Une autre femme, aprĂšs toi, Ă  ce micro.

  • Speaker #0

    Facile. J'en ai dĂ©jĂ  parlĂ© en plus. C'est Jocelyne. Du coup, on Ă©tait salariĂ©s dans la mĂȘme entreprise Ă  Paris.

  • Speaker #1

    D'accord. Le magasin de fruits et légumes. Elle a changé de vie aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, et en fait, elle a fait son installation agricole une année avant moi. D'ailleurs, elle n'est pas trÚs loin de chez toi, elle est en Dordogne.

  • Speaker #1

    Elle est oĂč ?

  • Speaker #0

    Curege, ça s'appelle Eau Rouge Vergée. Mais non !

  • Speaker #2

    Mais oui !

  • Speaker #1

    Ok, mais oui !

  • Speaker #0

    Et en fait, dĂ©jĂ , c'est trop bien parce que c'est un peu mon relais. C'est-Ă -dire que quand je fais une nouvelle Ă©tape, genre faire ma dĂ©claration TVA, pour la premiĂšre fois, je sais qu'elle, elle l'a fait une annĂ©e plus tĂŽt. Du coup, on s'envoie des petits messages, comment on fait ça ? Du coup, c'est ma mentor-e sur les questions administratives. Et d'ailleurs, je suis contente parce que je commence Ă  devenir la mentor-e d'autres personnes. Ça, c'est cool. Et ouais, elle a un super projet. Ça, c'est trop bien. C'est aussi une super histoire de femme, puisque du coup, elle avait un projet d'installation seule. Mais en fait, elle a rencontrĂ© son associĂ©, qui est une femme, au BPREA. Du coup, elles ont montĂ© un projet toutes les deux. Et je trouve ça trop cool que, juste par une amitiĂ© dans un BPREA, elle se soit lancĂ©e Ă  deux femmes.

  • Speaker #1

    elle est dans ma liste si tu devais recommander ce podcast Ă  quelqu'un, qu'est-ce que tu pourrais lui dire ? ce serait quoi quand tu files le petit cadeau, tu dis quoi ?

  • Speaker #0

    ça fait trop du bien d'entendre des femmes avec des parcours incroyables, ça donne trop de force ça donne envie de les rencontrer d'ailleurs il y en a pas mal que j'ai suivi sur Instagram on s'est envoyĂ© des petits messages ça donne grave envie de se faire plein de copines je vois qu'aprĂšs vous suivez parce que je vois les noms sur les comptes je dis bah tiens maintenant je connaisse bien sĂ»r Ça donne envie de se faire plein de copines. Moi, tu sais quoi ? Les profils qui m'ont le plus marquĂ©e, je note sur Google Maps leur village. Parce que ça m'arrive de faire des voyages Ă  vĂ©lo. Et comme ça, je me dis, qu'est-ce qu'il y a lĂ  ? Ah, mais c'est cette fille super du podcast. Je lui ai demandĂ© si je ne peux pas passer, poser ma tante dans son jardin dans deux semaines. Ça, c'est un petit...

  • Speaker #1

    La communauté des NFC. Parfait. Donc, tu dirais ça. Ton choix de vie à la campagne, il est définitif ?

  • Speaker #0

    Oui. Si jamais j'ai besoin de repartir Ă  l'aventure, je pense que ce n'est pas impossible de trouver une paysanne qui aurait envie de se tester en agriculture sur une annĂ©e. Peut-ĂȘtre une personne qui serait en train de passer son BPREA, qui pourrait venir faire ses stages ici, puis en plus lĂ . Et puis aprĂšs, je lui filerai les clĂ©s. Et ça pourrait ĂȘtre trop cool. C'est vrai qu'avoir cette ouverture-lĂ  sur l'idĂ©e de pouvoir renforcer mon vĂ©lo pour aller Ă  l'autre bout du monde comme une dingo, j'aime trop l'idĂ©e.

  • Speaker #1

    Les deux derniĂšres, de quoi tu es la plus fiĂšre ou la plus heureuse ?

  • Speaker #0

    Ce qui me rend la plus heureuse, c'est mes Ausha. Je pense que ce qui me rend la plus fiĂšre, c'est quand mĂȘme le voyage Ă  vĂ©lo que j'ai fait. Parce que je trouve que ça a aussi dĂ©terminĂ© l'adulte que j'Ă©tais en train de devenir. Et ça m'a donnĂ© plein de force pour la suite. AprĂšs, en vrai, je crois que je suis fiĂšre de toutes les petites micro-Ă©tapes du projet. Non, mais tu vois, faire la premiĂšre rĂ©colte de bourgeons, faire la premiĂšre filtration, finaliser les Ă©tiquettes. faire le premier marchĂ©, accueillir la premiĂšre personne en woofing. C'est plein de choses. Chaque nouvelle Ă©tape, c'est incroyable et ça rend ultra fiĂšre. Et en fait, cette vie, elle est pleine de fiertĂ©. Je pense que c'est important. Et parfois, je pense que je peux l'oublier. Je peux me dire, je n'ai pas encore fait ça. Parfois, j'ai l'impression qu'il y a des gens qui regardent ma ferme de loin et qui se disent, ce n'est pas abouti ça. Mais en fait, c'est juste moi qui me regarde de loin.

  • Speaker #1

    Mais là, quand on parle, parce qu'il y a pas mal de filles qui m'ont dit, en faisant le podcast, je me suis fait la rétrospective.

  • Speaker #0

    de tout ce que j'avais fait c'est un parcours qui peut que ĂȘtre rempli d'Ă©tapes qui rendent fiers ton pĂšre et ta mĂšre sont autour de la table,

  • Speaker #1

    qu'est-ce qu'ils te disent ?

  • Speaker #0

    je crois qu'ils sont...

  • Speaker #1

    et ta soeur ? et mon frĂšre ah oui tu ne m'as pas parlĂ© de ton frĂšre c'est vrai on n'en a pas parlĂ© en tout cas tes proches tout Ă  l'heure tu as dit quand mĂȘme que quand tu as dit que tu allais partir dans le limousin patati patata ils ont dit go on y va et aujourd'hui ils voient tout ça ? Qu'est-ce qu'ils te disent ?

  • Speaker #0

    DĂ©jĂ , c'est les personnes qui viennent le plus. Ils viennent Ă  peu prĂšs tous les deux mois. Je crois qu'ils sont vraiment contents pour moi. Ils aiment bien venir ici. Quand ils viennent, on fait les touristes dans le limousin.

  • Speaker #1

    D'accord. Trop rigolo.

  • Speaker #0

    Ma sƓur, quand elle vient, elle me prĂ©vient. Elle me dit, je ne t'aiderai pour rien. Je vais aussi pour me la couler douce.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mon frĂšre, il m'a pas mal aidĂ©e. Bon, je dis ça, mais ma sƓur m'a aussi Ă©normĂ©ment aidĂ©e, Ă©videmment. Et non, je suis trop contente quand ils viennent. En plus... J'arrive Ă  les accueillir dans des conditions de plus en plus confortables. Et du coup, je sens qu'au dĂ©but, quand ils venaient, c'Ă©tait pour finir un coup de main pour les travaux. C'Ă©tait un peu rude. Maintenant, ils peuvent venir se laver les douces. Et ça me fait trop plaisir de pouvoir offrir cet endroit Ă  mes proches.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, ce n'est pas grave si tu n'es pas styliste ?

  • Speaker #0

    Non. Je crois que c'est ça aussi.

  • Speaker #1

    Que tu as trouvé ta place ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, j'ai grandi, j'ai évolué. Mais eux aussi ont énormément changé, évolué ces derniÚres années. Et du coup, je pense que... Je pense que c'est évident pour eux maintenant que le plus important, c'est que leurs enfants soient heureux et pas que leurs enfants réussissent d'un point de vue économique. Le plus important, c'est qu'on soit bien.

  • Speaker #1

    On clÎture avec ça ? C'est pas mal comme phrase. Allez. On clÎture avec ça ? Merci Auriane.

  • Speaker #0

    Merci Sandrine.

  • Speaker #1

    Non, on va aller boire un coup. Non, je rigole.

  • Speaker #2

    Merci pour votre Ă©coute. Merci d'ĂȘtre restĂ© jusqu'au bout de notre Ă©change. Et si vous voulez continuer Ă  m'encourager et surtout Ă  faire connaĂźtre le podcast, vous pouvez mettre 5 Ă©toiles et un commentaire sympathique sur Apple Podcasts et Spotify. Surtout, vous n'oubliez pas de vous abonner Ă  la chaĂźne de podcast pour ĂȘtre notifiĂ© des nouveaux Ă©pisodes. Et si vous voulez faire partie de la communautĂ© des Nouvelles Filles de la Campagne, abonnez-vous Ă  la newsletter. Alors, soit vous m'Ă©crivez sur les nouvellesfillesdelacampagne.com, tout attachĂ© en minuscules, ou vous me contactez sur les rĂ©seaux sociaux des Nouvelles Filles de la Campagne, Instagram et Facebook. Je vous dĂ©voile les coulisses des Nouvelles Filles de la Campagne, des tips, des astuces, des sujets, la sortie des nouveaux Ă©pisodes et plein d'autres surprises. Alors, un grand merci et je vous dis Ă  bientĂŽt. Ciao !

Description

Bienvenue chez Auriane 💃


Auriane, ancienne Parisienne, a troquĂ© l’effervescence de la capitale pour la sĂ©rĂ©nitĂ© des paysages du Limousin.

Dans cet Ă©pisode, elle revient sur son incroyable pĂ©riple Ă  vĂ©lo jusqu’en Iran, une aventure qui a marquĂ© un tournant dans sa vie. De retour en France, elle a choisi de s’installer dans le Limousin, oĂč elle cultive dĂ©sormais une vie heureuse et en harmonie avec la nature.

Entre souvenirs de voyage, dĂ©fis d’une reconversion rurale et rĂ©flexion sur le retour Ă  l’essentiel, Auriane nous livre un tĂ©moignage inspirant sur le courage de changer de cap pour suivre ses aspirations profondes.


Merci Auriane 🙏


Pour retrouver les produits d'Auriane = https://www.lafermedessoeurs.fr


Ce podcast, je l'ai crée dans un objectif simple, montrer que l'on peut vivre heureux et heureuse en campagne.

Qu'il est possible d'avoir une vie riche et active et il me semble important de balayer les clichĂ©s et les prĂ©jugĂ©s liĂ©s Ă  la ruralitĂ©. đŸ’Ș


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue, je suis Sandrine Planck et vous Ă©coutez les nouvelles filles de la campagne. Deux fois par mois, je vais Ă  la rencontre de femmes qui, comme moi, ont changĂ© de vie pour tenter l'aventure en ruralitĂ©. Ce qu'elles ont en commun ? Elles ont redoublĂ© d'audace. Pourquoi ? Eh bien en allant vivre Ă  la campagne, et comme si ça n'Ă©tait pas dĂ©jĂ  un sacrĂ© dĂ©fi, elles ont changĂ© de mĂ©tier, dĂ©veloppĂ© une nouvelle activitĂ©, un projet, une passion, voire adoptĂ© un nouveau mode de vie. GrĂące Ă  nos Ă©changes, je vous rĂ©vĂšle tout de leur arrivĂ©e en ruralitĂ©, de leur projet de dĂ©part, leur intention, de leur nouvelle vie qui les a transformĂ©s, de leur joie et par moments de leur crainte. Je vous offre des tĂ©moignages motivants, rafraĂźchissants, qui vous feront, je l'espĂšre, sourire, plaisir et peut-ĂȘtre vous donneront envie de sauter le pas ou simplement d'y rĂ©flĂ©chir. Maintenant, je vous emmĂšne dans ma campagne. Eh bien j'ai envie de te dire bonjour Oriane.

  • Speaker #1

    Bonjour Sandrine.

  • Speaker #0

    Merci de m'accueillir chez toi. Et j'ai deux premiÚres questions avant que tu te présentes et que tu nous racontes ta fabuleuse vie. Pourquoi tu m'as dit oui ?

  • Speaker #1

    Eh bien j'étais découvert sur Instagram au tout début, je pense que tu avais fait trois épisodes. Et franchement, une des premiÚres choses que je me suis dit, c'est que j'avais trop envie que tu viennes m'interviewer.

  • Speaker #0

    C'est vrai ? J'en veux vraiment ? J'ai des trucs Ă  dire, moi.

  • Speaker #1

    J'ai adoré écouter les quelques portraits de paysannes qu'il y avait à l'époque.

  • Speaker #0

    Peut-ĂȘtre est arrivĂ© au moment d'Olivia, Cathy, les baies de Gaujy.

  • Speaker #1

    Oui, je crois qu'il y avait vraiment trois Ă©pisodes. Il y avait une apicultrice.

  • Speaker #0

    Donc Lisa, l'apicultrice. Ensuite, il y a eu Olivia avec la ferme de la Coursaline, la permaculture et les logements atypiques. AprÚs, tu as eu Cathy et les baies de Gaujy. qui a un projet. Et aprÚs, Lulu, le fournage de chÚvres, etc. On était arrivés à ce moment-là.

  • Speaker #1

    C'était à l'épisode de Cathy. Je t'ai suivie sur Instagram et je me suis dit si elle me follow back et qu'aprÚs elle vient ici, je serais trop contente. En plus, tu m'as contactée assez rapidement, une premiÚre fois, pour me proposer de venir. AprÚs, ça a mis un peu de temps à se faire. Je commence à avoir des choses à raconter. Bien sûr, j'ai encore... Pardon. bon petit syndrome de l'impostrice sur plein de choses.

  • Speaker #0

    Et elle, celle qui m'a récité les encyclopédies médicinales tout à l'heure.

  • Speaker #1

    Tu vois, il y a quelques semaines, j'avais encore vendu zéro produit. Donc il y a quelques semaines, j'étais paysanne, mais je ne l'étais pas non plus. Et il y a encore plein de trucs que je n'ai pas fait.

  • Speaker #0

    C'est marrant ce que tu dis, parce que j'ai l'impression que le marché, c'est un cap.

  • Speaker #1

    Oui. AprĂšs, faire le marchĂ©, pour moi, pas tant. parce que moi, ce n'est pas un objectif de faire les marchĂ©s. Je fais tout Ă  vĂ©lo, donc je ne veux pas m'amuser Ă  faire les marchĂ©s. En plus, mon produit, ce n'est pas un produit qui se retrouve tous les samedis matins entre la boulangĂšre et la maraĂźchĂšre. Mais vendre, jusqu'Ă  une personne que tu ne connais pas, viennent, dĂ©couvrent tes produits et se disent ça a l'air chouette, je vais lui acheter quelque chose C'est fou parce que ça fait deux ans que tu trimes comme une dingue Ă  planter des arbres, Ă  rĂ©nover ta maison, Ă  rĂ©colter des bourgeons, Ă  faire la production. Mais tu as toujours ce truc de genre, est-ce que je suis une vraie paysanne ? Pas trop. Et lĂ , j'ai un cap parce que j'ai fait deux marchĂ©s, que je commence Ă  vendre autour de moi, que je commence Ă  crĂ©er le site. Du coup, bientĂŽt, je pourrais vendre en ligne. Mais aprĂšs, j'aurai ce cap de faire la premiĂšre annĂ©e avec le premier chiffre d'affaires, de se dire comment je vis de mon activitĂ©. Puis la premiĂšre annĂ©e, tu ne te rĂ©munĂšres jamais hyper, hyper bien. Donc aprĂšs, tu auras le cap aprĂšs plus tard de vraiment, je vis confortablement de mon activitĂ©. Puis tu as l'Ă©tape de, j'ai des bĂątiments qui permettent d'accueillir plein de monde de maniĂšre confortable, en fait, t'as plein de petits cĂąbles qui font que tu te sens de plus en plus lĂ©gitime Ă  ĂȘtre lĂ , quoi.

  • Speaker #0

    Mais la vente de ton premier produit... D'ailleurs, est-ce que tu te souviens de qui t'as acheté le premier extrait de Bourgeon ? Hum...

  • Speaker #1

    Je pense que c'Ă©tait... En fait, j'ai la liste, donc je pourrais vĂ©rifier. Parce qu'en fait, je me note qui m'achĂšte et surtout, pour quel objectif. Parce que moi, je vends des... Alors, je vends certains mĂ©langes de Bourgeon oĂč il y a un objectif affichĂ©, genre articulation, stress mais je vends aussi des bourgeons genre le figuier bah tu peux le prendre parce que tu es stressĂ© ou tu peux prendre parce que tu as des troubles de la digestion et du coup je me note En fait, quelle est la question que les gens me posent quand ils cherchent un bourgeon ? Ce n'est pas leur bobo en fait. Est-ce que tu as un truc pour la tendinite ? Parce qu'en fait, c'est Ă  ça que je dois pouvoir rĂ©pondre. C'est Ă  la fin de... Quand j'aurai tout vendu, je vais pouvoir revenir sur ma liste et me dire qu'en fait, il y a un quart des demandes, c'est pour cet objectif-lĂ . Du coup, ça vaut le coup que je travaille des bourgeons pour cet objectif-lĂ  parce que les personnes qui me rencontrent, c'est ça leur souci. Et l'idĂ©e, ce n'est pas de faire... tous les remĂšdes possibles, c'est de faire des remĂšdes qui sont adaptĂ©s aux personnes que tu rencontres. Tu vois, lĂ , je me rends compte qu'un truc qui marche super bien, c'est le petit composĂ© de bourgeon pour les rĂšgles. Il marche tout seul. Genre, j'ai mĂȘme pas en parlĂ©. Les gens, ils le prennent. Ils les prennent parfois par deux, par trois. Genre, tu sens qu'il y a beaucoup de jeunes filles. C'est beaucoup... Les personnes qui achĂštent beaucoup pour leur fille ou leur petite fille, tu sens que t'as beaucoup de jeunes filles qui souffrent d'un cycle douloureux ou qui est pas bien rĂ©glĂ©, quoi. Et que moi, ça me fait trop plaisir de me dire que je peux les aider dans ces moments-lĂ  qui sont hyper durs. Moi, j'ai hyper mal vĂ©cu cette pĂ©riode de ma vie. Moi, j'ai eu mes rĂšgles Ă  10 ans. Je ne sais pas si ça vaut le coup de les mettre dans le PPS. Mais j'ai trop, trop mal vĂ©cu ce moment-lĂ . Pour moi, c'Ă©tait une humiliation. J'avais super mal. C'est jeune,

  • Speaker #0

    10 ans.

  • Speaker #1

    Et de me dire qu'aujourd'hui, je vais pouvoir parler ouvertement de ça à des personnes sur les marchés. Vraiment en leur disant que c'est normal d'avoir mal. Tu as mal, mais ce n'est pas normal d'avoir mal. Du coup...

  • Speaker #0

    solution.

  • Speaker #1

    Ouais, qu'est-ce qu'on peut faire pour que tu passes mieux cette étape et ça, ça me fait vraiment plaisir quoi. Je me rends compte en vendant que ça fonctionne et que c'est demandé et donc c'est pour ça que j'essaye à chaque fois de... Donc en gros ouais, les rÚgles, le stress beaucoup, le sommeil, les articulations un peu.

  • Speaker #0

    Ok, je vais aller faire tout ce que je peux prendre. Tout ça pour me dire pourquoi tu m'as dit oui. Ok !

  • Speaker #1

    Oui pardon.

  • Speaker #0

    Non non pas de problĂšme, j'aime bien quand ça part comme ça. Qu'est-ce qui t'a aussi donnĂ© ? envie d'y participer ? Est-ce que t'as envie de faire passer un message en particulier ? Je sais qu'il y a 2-3 trucs qui tiennent Ă  cƓur, je les ai notĂ©s, t'inquiĂšte pas. Mais quel est le message que tu veux faire passer, finalement ?

  • Speaker #1

    Je trouve ça hyper chouette de dĂ©couvrir tous ces portraits de femmes qui se sont lancĂ©es. Et je pense pas avoir beaucoup plus, pas Ă©normĂ©ment plus de valeur ajoutĂ©e, juste un portrait de plus. Je suis jeune, je me suis lancĂ©e seule. Et je rencontre quand mĂȘme des gens incroyables qui ont l'impression qu'elles peuvent pas se lancer seules, soit parce que c'est leur caractĂšre, et c'est aussi ok de se dire que moi il faut que je sois dans un groupe pour me lancer, et c'est gĂ©nial de le savoir, et les collectifs, l'Ă©nergie du groupe c'est fantastique dans ce genre de projet, mais des personnes qui auraient le tempĂ©rament pour se lancer seules et qui ne se lancent pas, parce qu'elles ont l'impression que de par leur genre potentiellement elles n'y pourront pas y arriver, ça, ça me rend... ouf et j'ai juste envie de dire Ă  ces personnes-lĂ  mais allez-y, faites-vous confiance, c'est possible. Tellement d'activitĂ©s oĂč on a l'impression qu'on ne peut pas le faire ou qu'on peut moins bien le faire parce qu'on est une femme et c'est faux. Franchement, c'est 100% faux. Moi, j'ai dĂ©placĂ© des poutres de chĂȘne de 4 mĂštres de long toute seule. J'ai dĂ©placĂ© des tas de sacs de 35 kg de chaud toute seule et en fait, c'est pas une question de physique, c'est une question de... tu rĂ©flĂ©chis comment fonctionne ton corps, c'est quoi tes forces, c'est quoi tes faiblesses, quels outils tu as Ă  ta disposition pour ne pas te blesser. Et en fait, tu trouves les astuces et tu le fais. Et puis, parfois, il faut aussi juste s'entourer, quoi. Demander l'aide Ă  une voisine, et c'est pas forcĂ©ment demander l'aide aux voisins costauds. Moi, ici, j'accueille plein de monde, beaucoup, beaucoup de femmes, mais aussi des gars, et les gars, ils n'ont pas plus de connaissances, ils ne sont pas plus grands et pas plus musclĂ©s, et juste, on fait parce qu'on est juste des humains qui faisons ensemble. Et du coup, si il y a une personne qui Ă©coute le podcast et qui se dit, allez, je me lance parce qu'elle, elle a rĂ©ussi. Franchement, trop contente.

  • Speaker #0

    OK, maintenant, tu vas nous dire qui tu es. TrĂšs briĂšvement, prĂ©sente-nous un petit peu d'oĂč tu viens, qui tu es. Tu nous dis ce que tu as envie de dire sur qui tu es, d'oĂč tu viens. Et puis, tiens, si on enchaĂźne un peu de parcours. LĂ , tu nous le redis assez... succinctement. VoilĂ . Qui tu es et mon parcours. BriĂšvement. Tu nous dis ce que tu as envie de nous dire sur toi.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la question la plus dure.

  • Speaker #0

    Oui. C'est pour ça qu'on va la faire maintenant.

  • Speaker #1

    Du coup, je suis Oriane et je suis nĂ©e en banlieue parisienne oĂč j'ai passĂ© une petite vingtaine d'annĂ©es. J'ai fait des Ă©tudes de stylisme-modĂ©lisme. Je suis allĂ©e au bout de mes Ă©tudes. AprĂšs, je me suis rendue compte que je n'Ă©tais pas du tout Ă  ma place. J'ai travaillĂ© dans un magasin de fruits et lĂ©gumes en circuit court pour me payer un vĂ©lo. Et lĂ , je suis partie en mars 2020. faire le truc le plus fou que j'ai fait de ma vie. Plus fou que d'acheter une paire.

  • Speaker #0

    Attention, Ă©coutez bien.

  • Speaker #1

    Je suis partie à vélo de banlieue parisienne et je suis allée jusqu'à Bangkok, 400 kilomÚtres au sud de Bangkok, en Thaïlande, à vélo.

  • Speaker #0

    C'est le plus gros, celui-lĂ .

  • Speaker #1

    C'est le troisiĂšme voyage Ă  vĂ©lo. J'en avais fait deux petits avant. Un toute seule sur le Danube de Vienne Ă  Belgrade et un avec ma petite sƓur en Allemagne de Berlin Ă  Munich.

  • Speaker #0

    Et tu étais une adepte du vélo avant ça ? ou hop directement je passais au mode en voyage.

  • Speaker #1

    Mes parents ils faisaient du vĂ©lo tous les dimanches, tu vois dans la forĂȘt de Clamart ou le long de la Seine. Donc on avait un peu cette petite culture du vĂ©lo le week-end en loisir. Et je crois qu'une fois on a dĂ» faire 100 km de vĂ©lo en famille. C'Ă©tait mĂȘme pas tant prĂ©vu, je crois qu'on est allĂ©, je sais plus si c'Ă©tait au Luxembourg, pas loin de chez mes grands-parents. On avait louĂ© des vĂ©los et l'idĂ©e, c'Ă©tait de faire une journĂ©e de vĂ©lo. On s'est trompĂ© de chemin, on a fini par faire 100 kilomĂštres. Et c'est un peu ce qui se rapprochait le plus d'un voyage Ă  vĂ©lo, c'Ă©tait cette expĂ©rience-lĂ . Mais en fait, c'est juste, j'Ă©tais dans cette pĂ©riode de ma vie oĂč je voulais faire plein de trucs que je n'avais jamais faits pour dĂ©couvrir ce dont j'Ă©tais capable. Et donc, j'Ă©tais tombĂ©e sur un blog d'un gars qui avait fait Paris-Istanbul Ă  vĂ©lo. Et vraiment,

  • Speaker #0

    ça m'a frappée.

  • Speaker #1

    Et je me suis dit... quoi ? On peut voyager avec un vĂ©lo ? Mais je n'Ă©tais mĂȘme pas au courant, alors que le monde ne m'avait pas dit. Mais oui, vraiment, j'Ă©tais choquĂ©e. Le monde de cyclotourisme, en fait, il y a Ă©normĂ©ment de gens qui voyagent Ă  vĂ©lo, mĂȘme qui font des voyages de fous sur plusieurs annĂ©es, qui font plusieurs fois le tour du monde Ă  vĂ©lo. Trop inspirant. Mais moi, je dĂ©couvre ça par ce gars, et je me dis, gĂ©nial. Je crois vraiment que quelques semaines plus tard, j'ai fait mon premier voyage Ă  vĂ©lo, et de toutes les expĂ©riences que j'avais faites les prĂ©cĂ©dentes annĂ©es, donc faire du stop. faire de la randonnĂ©e ou tout simplement voyager seule. Voyager Ă  vĂ©lo, ça m'avait Ă©poustouflĂ©e. J'avais vraiment adorĂ©, je me sentais hyper autonome, hyper forte. Je crevais, je rĂ©parais mon vĂ©lo, j'allais dormir chez des inconnus tous les soirs, je faisais des rencontres incroyables. Je faisais 900 kilomĂštres avec mes jambes, ça me paraissait fou. Donc j'ai adorĂ© et c'est vraiment quand j'ai dĂ©cidĂ©, Ă  un moment de ma vie oĂč du coup je n'Ă©tais plus du tout bien, oĂč je sentais qu'il fallait que je... Je fasse quelque chose parce que j'Ă©tais incapable de dire qu'est-ce que j'allais faire comme mĂ©tier. J'Ă©tais complĂštement paumĂ©e, je me sentais un peu oppressĂ©e par mes parents qui me demandaient sans cesse ce que j'allais faire de ma vie.

  • Speaker #0

    Là, les études sont terminées à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Les Ă©tudes sont terminĂ©es, j'ai fait mes quatre ans d'Ă©tudes, mon annĂ©e de stage. Et lĂ , c'est le moment oĂč tu dois postuler pour des jobs de styliste junior. Et je n'ai pas envie, je postule, mais je ne suis pas bien, je n'ai pas envie d'aller aux entretiens. Je rate d'ailleurs mes entretiens, je ne suis tellement pas impliquĂ©e. Et... Du coup, l'idĂ©e de partir seule Ă  peu prĂšs six mois Ă  l'aventure, ça me permet de faire un autre truc que je n'ai jamais fait de ma vie. Mais c'est aussi un peu une Ă©chappatoire en me disant, je ne vais pas m'occuper des rĂ©els questionnements entre guillemets. Alors qu'en fait, si, c'est trop important.

  • Speaker #0

    Une petite fuite.

  • Speaker #1

    Oui, 100%, une bonne fuite. Mais en mĂȘme temps, maintenant, c'est la meilleure dĂ©cision que j'ai prise. Évidemment que quand tu as 20 ans, c'est important de...

  • Speaker #0

    partir et de voyager, de dĂ©couvrir des choses et encore mieux si tu le fais sur un vĂ©lo quoi. Et donc et donc je m'Ă©tais dit ça, je m'Ă©tais dit si je pars Ă  vĂ©lo de chez mes parents quel est le premier pays oĂč je me dis c'est impossible de me projeter moi sur un vĂ©lo dans ce pays et c'Ă©tait l'Iran parce que j'Ă©tais dĂ©jĂ  allĂ© jusqu'en Turquie, j'avais un peu voyagĂ© en Europe mais alors l'Iran j'avais beau avoir vu des films iraniens, j'avais beau avoir vu peut-ĂȘtre des documentaires peut-ĂȘtre des images d'Iran, mais c'Ă©tait impossible de m'imaginer, moi, pĂ©daler en Iran. Je ne sais mĂȘme pas, est-ce que je pĂ©dale dans un dĂ©sert ? Est-ce que je pĂ©dale...

  • Speaker #1

    C'est par rapport à l'environnement géographique ou plutÎt la partie culturelle ?

  • Speaker #0

    L'environnement gĂ©ographique, mĂȘme si je pense que la partie culturelle en dĂ©coule, ou politique en dĂ©coule, mais vraiment, je ne pouvais pas... Imagine-toi, Sandrine, pĂ©daler en Iran. Je ne sais pas dans quoi je pĂ©dale. Du coup, je me suis dit, je vais aller lĂ -bas. Et j'ai vu Paris-TĂ©hĂ©ran, je suis tombĂ©e sur le... Le blog d'un gars qui avait fait ça en 5 mois, je me suis dit, parfait, 5 mois, je vais faire Paris-TĂ©hĂ©ran Ă  vĂ©lo. En mars 2019, je pars. Et une fois arrivĂ© Ă  TĂ©hĂ©ran, 5 mois plus tard, pas du tout envie de rentrer. Pas du tout. J'ai beau avoir Ă©tĂ© 5 mois Ă  rĂ©flĂ©chir sur mon vĂ©lo, je n'ai pas assez rĂ©flĂ©chi pour savoir ce que je vais faire de ma vie. Je dĂ©cide de le prolonger. Je le prolonge. Ça va m'amener... Alors, il y a plein d'Ă©tapes diffĂ©rentes de ce voyage, avec plein d'envies de destinations diffĂ©rentes. Une fois entrĂ©e en ThaĂŻlande, un vrai projet de rentrer Ă  vĂ©lo chez moi. Et aprĂšs, c'Ă©tait le dĂ©but du Covid. Mars 2020, je me retrouve Ă  400 kilomĂštres au sud de Bangkok. Il faut que je franchisse la frontiĂšre avec la Malaisie dans une dizaine de jours. Mais en fait, elle ferme dans 48 heures. Je suis bloquĂ©e. Donc lĂ , il faut prendre la dĂ©cision en 24 heures de est-ce que je reste ?

  • Speaker #1

    Est-ce que je suis bloquée là-bas ? Ou est-ce que je prends un avion et je rentre vite ?

  • Speaker #0

    Et en plus, c'Ă©tait pendant ce voyage-lĂ  que je me suis dit que je ne prendrais plus l'avion. Parce que c'Ă©tait un questionnement que j'avais depuis... 2018, oĂč je commençais Ă  vraiment y rĂ©flĂ©chir. Et en fait, pendant ce voyage-lĂ , j'ai rencontrĂ© des gens bien plus jeunes que moi qui avaient depuis bien longtemps dĂ©cidĂ© de ne plus prendre l'avion. Je me suis dit, si eux, ils ont pris cette dĂ©cision, moi qui ai tellement, genre, eu d'opportunitĂ©s de voyager dans ma vie, franchement, je peux, quoi. Donc je dĂ©cide de ne plus prendre l'avion et je prends l'avion pour rentrer en Europe.

  • Speaker #1

    C'est ton dernier avion ? C'Ă©tait ton dernier avion ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sĂ»r, oui. Je fais en 13 heures ce que j'ai mis un an Ă  faire Ă  vĂ©lo, quoi. Ça, c'Ă©tait un prix de dieu. Heureusement, le premier vol que j'ai pris, ce n'Ă©tait pas pour la France. Le premier vol qui Ă©tait disponible avec le moins d'escalade possible, le moins cher, c'Ă©tait pour l'Allemagne. Et du coup, je vais me confiner pendant deux mois chez un cycliste que j'ai rencontrĂ© en chemin. Et du coup, ça me fait un bon sas de dĂ©compression.

  • Speaker #1

    Avant de rentrer Ă  la maison.

  • Speaker #0

    J'en touche chez les parents. Je passe deux mois. DĂ©jĂ , il faut que j'attende mon vĂ©lo parce que j'ai envoyĂ© mon vĂ©lo par cargo jusqu'en Allemagne. Je passe deux mois. C'est confinement. Mais en Allemagne, lĂ  oĂč je suis, c'est assez tranquille. Donc, je vais dans la forĂȘt. Je pars avec une scie et une hache. Je n'ai jamais fait ça de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est la transition, ça ?

  • Speaker #0

    C'est la transition.

  • Speaker #1

    Bah, hache, forĂȘt. C'est lĂ  que...

  • Speaker #0

    Non, non, non. Avant de partir... Alors, attends. C'est vrai que je fais tout dans le mauvais sens. Mais avant de partir, je voulais déjà m'installer dans le limousin. Ah oui. Il m'appelle du limousin. Il m'appelle du limousin.

  • Speaker #1

    Tout de suite.

  • Speaker #0

    OK, OK. Bon, bref. Du coup, je passe ce confinement en Allemagne Ă  ĂȘtre dans la forĂȘt. Ă  apprendre Ă  faire des bols dans du bois. Parce que j'avais un petit atelier dans le garage de la maison oĂč j'Ă©tais, avec plein d'outils. J'apprends Ă  faire plein de trucs avec mes mains. Et je dĂ©compresse. Et je rentre Ă  vĂ©lo aprĂšs, en juin. Je fais les derniers 500 kilomĂštres Ă  vĂ©lo. Et lĂ , ça a mis un Ă©tĂ© assez compliquĂ© de retour Ă  la vie rĂ©elle. De surtout, qu'est-ce que tu vas faire de ta vie ? Et j'avais beau... avoir pĂ©dalĂ© pendant un an, c'Ă©tait toujours pas trĂšs clair. Mais je sais pas pourquoi, une fois l'Ă©tĂ© passĂ©, j'ai l'impression qu'en deux semaines, tout s'est dĂ©cantĂ©. Je me suis dit, je vais aller faire des plantes mĂ©dicinales, je vais aller planter des arbres dans le limousin, je vais repostuler Ă  mon ancien taf de fruits et lĂ©gumes pour mettre des sous de cĂŽtĂ©, je vais, pendant mes congĂ©s payĂ©s, je vais faire telle et telle formation, je repĂšre tel dispositif de financement pour plus tard. En gros, je fais tout mon plan, je balance tout Ă  mes parents, et lĂ , ils sont lĂ , genre... Et lĂ , franchement, c'est la libĂ©ration. Ils sont lĂ , tu veux devenir paysanne dans le limousin et faire des plantes mĂ©dicinales et planter des arbres ? Ok. Et Ă  partir de ce moment-lĂ , toutes les tensions entre nous se sont apaisĂ©es. Je suis allĂ©e Ă  fond dans mon projet. J'ai menĂ© mon petit plan pendant deux ans. J'ai visitĂ© des fermes, j'ai achetĂ© ma ferme. Et voilĂ , il fallait juste que ça m'assĂšre, que je prenne le temps de comprendre ce que je voulais faire. Et une fois que j'avais compris, c'Ă©tait lancĂ©.

  • Speaker #1

    Alors, ok. Bon. LĂ , on a toute une sacrĂ©e prĂ©sentation. En tout cas, bravo pour tes voyages. Mais quand mĂȘme, comment, encore une fois, comment lĂ , pourquoi le limousin ? Parce que t'as personne ici ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Y'a pas de famille, y'a pas d'amis ? Pourquoi... Là, bon, ok. Alors, déjà, pourquoi tout d'un coup les arbres, plantes médicinales ? Et surtout, ici, dans le limousin.

  • Speaker #0

    Ok. Alors...

  • Speaker #1

    J'ai peur.

  • Speaker #0

    Non, non, j'ai pas de rĂ©ponse clĂ©, y'a pas d'Ă©vĂ©nement particulier. C'est un peu comme la... Je pense que c'est arrivĂ© en mĂȘme temps que toute la construction Ă©cologique, politique, militante. Y'a eu cette... de la ruralitĂ© qui est venu Ă  moi par plein de biais.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'appel de la ruralité ?

  • Speaker #0

    C'est juste de se dire je ne suis pas Ă  ma place de la mĂȘme maniĂšre que je n'Ă©tais pas Ă  la place dans mon choix de mĂ©tier, donc styliste.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas Ă  ma place en ville.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas Ă  ma place en ville et j'ai cet appel de vivre en campagne, cet appel du limousin. que franchement, je ne sais pas trop expliquer.

  • Speaker #1

    Le limousin, il n'y a pas beaucoup de gens qui disent Ah, je vais vivre dans le limousin !

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, je pense que j'avais cette image.

  • Speaker #1

    Tu l'avais déjà visitée ?

  • Speaker #0

    Pas du tout.

  • Speaker #1

    Mais c'est fou, ça.

  • Speaker #0

    J'avais cette image d'un lieu hyper prĂ©servĂ©, trĂšs simple, avec pas beaucoup de monde, avec de la forĂȘt, avec du bocage.

  • Speaker #1

    Ça, c'est une image.

  • Speaker #0

    Une image de Parisienne qui s'imagine le limousin.

  • Speaker #1

    Tu as vu ça sur Instagram ?

  • Speaker #0

    MĂȘme pas, je crois que t'Ă©tais pas sur Instagram Ă  l'Ă©poque, je crois. Bref, n'importe quoi. Je pense que c'est venu aussi de... Quand tu te construis des valeurs Ă©cologiques, que ça fait Ă©normĂ©ment partie de ta vie, tu en parles beaucoup. Du coup, tu en parles beaucoup Ă  des gens qui vivent la mĂȘme chose que toi. J'ai eu une discussion en 2016 avec une super copine qui envisageait Ă  ce moment-lĂ  de devenir agricultrice. Et moi... En 2016, jamais de la vie, ça me parlait pas du tout. Je trouvais ça trop bien comme projet pour elle, mais ça me parlait pas du tout. Mais n'empĂȘche que...

  • Speaker #1

    C'est elle qui t'a parlĂ© du limousin, peut-ĂȘtre ?

  • Speaker #0

    Non, non, non. Mais n'empĂȘche que 8 ans plus tard, c'est moi qui suis paysanne, tu vois. Et je sais pas, enfin... Ouais, c'Ă©tait genre des amis d'amis, qui avaient une maison lĂ -bas, c'Ă©tait moi.

  • Speaker #1

    T'aurais pu aller en Aveyron, t'aurais pu aller... Je sais pas, en Normandie ?

  • Speaker #0

    Ouais, alors... Bon, Aveyron, j'ai pas l'impression d'ĂȘtre une personne... qui aiment les paysages trop secs. Je pense que le cĂŽtĂ© trĂšs l'eau qu'il y a dans le limousin, ça m'attirait. Et aprĂšs, je pense que j'ai dĂ» mettre Ă  un moment sur le bon coin un chiffre au pif de peut-ĂȘtre qu'un jour, j'aurai cette somme-lĂ . Peut-ĂȘtre qu'un jour, je pourrais m'acheter une petite maison Ă  la campagne. Et le limousin revient beaucoup. D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui s'installent dans le coin pour des raisons de budget. Oui,

  • Speaker #1

    Ă©conomiquement,

  • Speaker #0

    c'est pas cher. Il y a de l'eau, c'est central. Il y a des endroits magnifiques, pas trÚs chers dans les Pyrénées. Mais faire Paris, les Pyrénées toutes seules, c'est différent. que de faire Paris Limousin.

  • Speaker #1

    Tu avais quand mĂȘme cette notion d'accessibilitĂ© pour tes proches ?

  • Speaker #0

    Sans forcĂ©ment que ce soit ĂȘtre dans un village. LĂ , Arnaque-la-Poste, c'est ultra accessible.

  • Speaker #1

    Tu peux répéter ton village à tout le monde, s'il te plaßt ?

  • Speaker #0

    Arnaque-la-Poste. Je suis trĂšs heureuse de faire partie de...

  • Speaker #1

    Comment on appelle les habitants d'Arnaque-la-Poste ?

  • Speaker #0

    Les arnaquoises. Ça fait partie des communes au nom burlesque. C'est ma grande fiertĂ©. de ce village.

  • Speaker #1

    D'accord, tu connais l'histoire d'Arnaque-la-Poste ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est un village qui s'appelait Arnaque, puisque du coup, si je ne dis pas de bĂȘtises, on est encore dans l'Occitanie, du coup il y a beaucoup de noms en AC, Parnac, Arnaque, Ausha, et du coup il y a d'autres villages qui s'appelaient Arnaque, et du coup pour le diffĂ©rencier, on lui a rajoutĂ© le suffixe La Poste, notamment parce qu'Ă  un moment il y a eu la crĂ©ation d'un relais de poste Ă  Arnaque-la-Poste, et c'Ă©tait, je crois, un haut lieu de passage, et du coup une grande fiertĂ©, donc Arnaque-la-Poste.

  • Speaker #1

    Je t'ai fait divaguer, mais on Ă©tait en train de parler de la place centrale ou pas de ce spot.

  • Speaker #0

    Ça aurait pu ĂȘtre un coin beaucoup plus paumĂ© que du limousin qu'ici. D'ailleurs, c'est un peu le truc oĂč j'ai... S'il y avait un truc, quand j'ai visitĂ© cette ferme, oĂč je me suis dit, c'est pas tout Ă  fait comme dans mon imagination, c'est que j'imaginais un lieu encore un peu plus sauvage, une partie du limousin encore plus sauvage. Ah ouais ? Je m'attendais. Ă  prendre le train jusqu'Ă  Brive-la-Gaillarde, Ă  prendre un TER, Ă  faire 30 km de vĂ©lo pour arriver chez moi. Au final, arnaque la poste, on peut prendre un blabla-car et on y est en 3h15. On peut prendre un train jusqu'Ă  la souterraine et faire une heure du vĂ©lo. On est Ă  la ferme. Donc c'est quand mĂȘme trĂšs accessible. Moi, je ne m'attendais pas Ă  trouver un lieu aussi bien desservi. Enfin, attention, ça reste la ruralitĂ© et tout faire Ă  vĂ©lo, ce n'est pas forcĂ©ment Ă©vident.

  • Speaker #1

    Il y a desservi pour toi et desservi pour les autres.

  • Speaker #0

    Voilà, évidemment. Mais... Tu vois, j'ai des potes qui ont des projets dans les Pyrénées, ou des potes de potes. Et bien, c'est un beaucoup plus gros engagement de trouver un moment pour aller dans les Pyrénées plutÎt que de trouver un moment pour aller à Arnaque-la-Poste. Il y a beaucoup de gens qui passent par Arnaque-la-Poste tous les jours. Tous les jours, n'importe quoi. Qui passent par Arnaque-la-Poste parfois.

  • Speaker #1

    C'est the place to be.

  • Speaker #0

    Non mais tu vois au début j'avais à peu prÚs la moitié des personnes qui venaient me voir, c'est juste parce qu'ils faisaient la route de Paris à Toulouse, qui remontait vers Paris.

  • Speaker #1

    Ouais c'est sur le...

  • Speaker #0

    Donc il y avait beaucoup de gens qui venaient juste déjeuner avec moi, voir la ferme et qui repartaient quoi, c'est rigolo.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux décrire d'ailleurs ton environnement pour que les gens s'imaginent à quoi ça ressemble ici ? Donc l'habitation, puisque là on est au milieu de la ferme, et les alentours ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #0

    C'est une petite ferme de 3 hectares et demi, donc il y a... Un grand corps de bĂątiment, enfin un corps de bĂątiment tout en longueur avec une maison, deux granges, un appenti et des petites annexes, tout d'un seul tenant. DerriĂšre les bĂątiments, il y a deux hectares et demi de terrain avec une grande mare. Et de l'autre cĂŽtĂ© d'une petite route qui se termine en impasse chez mes voisins, il y a un hectare de terrain. Et donc c'est de la prairie avec des belles haies, des grands chĂȘnes, quelques frĂȘnes. Et aprĂšs, une haie de sureau, cornouillĂ©, aubĂ©pine, prunelier, etc. On est dans un hameau de trois personnes avec 66% d'anglais, puisqu'il y a moi et mes deux voisins anglais qui sont adorables. Mon hameau est collĂ© Ă  un autre hameau. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment proche. Oui,

  • Speaker #0

    on pourrait croire que c'est un seul. Oui,

  • Speaker #1

    moi je pensais que c'Ă©tait un seul.

  • Speaker #0

    Mais non, nous sommes trois Ă  l'Ăąge du lac. Et donc le hameau d'Ă  cĂŽtĂ©, il y a 11 personnes, donc oui j'ai des voisins. Ça me plaĂźt bien parce que d'un cĂŽtĂ©, je peux passer la journĂ©e sans voir personne si j'en ai envie. Et de l'autre cĂŽtĂ©, si j'ai besoin de piquer un marteau ou d'aller faire une partie de rumicube avec ma voisine, je marche une minute et je suis chez elle.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une bonne raison ou plusieurs raisons ou motivations pour justement quitter la ville pour la campagne ?

  • Speaker #0

    Je ne m'y sentais vraiment plus du tout bien. Je pense que heureusement que je me suis mise Ă  faire du vĂ©lo en ville. Mais mĂȘme prendre un mĂ©tro, ça m'angoissait.

  • Speaker #1

    Alors que tu es jeune. C'est ça aussi qui m'impressionne. Tu es hyper jeune.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est un truc de vieux d'ĂȘtre angoissĂ©e par un mĂ©tro ?

  • Speaker #1

    Non, mais de se dire... Cette migration vers la campagne, c'est pour ça que je trouve mon parcours incroyable. Parce qu'on pourrait imaginer, les idĂ©es reçues, les clichĂ©s, etc. Qu'effectivement, les gens qui aujourd'hui... Au pĂšre Ă  un changement de vie, ils ont tous au-delĂ  de 40 ans. Et ce n'est pas le cas. En fait, ça suscite ma curiositĂ© de savoir, parce que peut-ĂȘtre quand on est jeune comme ça, on a envie d'avoir du mouvement, d'avoir de la vitesse, d'avoir du bruit, d'avoir du son, de dĂ©couvrir un milliard de choses, etc. Mais certainement,

  • Speaker #0

    je me trompe. Du coup, il y a plein de rĂ©ponses qui me sont venues dans la tĂȘte pendant que tu parlais. DĂ©jĂ , je pense que le fait que j'ai grandi en banlieue, dans des villes, J'envie les gens qui ont grandi Ă  la campagne. Moi, j'ai appris Ă  dĂ©couvrir le nom des arbres Ă  25 ans. Quand je rencontre des gens qui me racontent leur enfance Ă  la campagne, je les envie Ă©normĂ©ment. Je pense que ça, ça aide. Je vois pas mal de jeunes qui ont grandi Ă  Limoges ou qui ont grandi pas loin d'ici. Et Ă  18 ans, ils filent en banlieue parisienne. C'est un pari fou, mais c'est normal. Eux, ils se sont potentiellement super ennuyĂ©s Ă  la campagne. Ils ont ce dĂ©sir. Ă  18-20 ans de ce que tu dis, de la ville, du bruit, de l'effervescence. Et moi, j'ai envie de connaĂźtre ce qu'eux, ils ont connu quand ils Ă©taient petits. AprĂšs, moi, j'ai beaucoup dĂ©couvert, j'ai eu beaucoup d'effervescence par mes voyages. J'ai l'impression d'avoir fait des trucs de fou. Je n'ai pas l'impression de louper des choses en Ă©tant ici. À la limite, je pense qu'Ă  un moment dans ma vie, j'aurais envie de repartir, faire un immense voyage Ă  vĂ©lo parce que... J'en aurais envie, mais ça, je me l'autorise. D'ailleurs, j'ai rĂ©flĂ©chi un peu, tu vois, Ă  me dire peut-ĂȘtre que tous les 10 ou 15 ans, je peux me dire, allez, je laisse les clĂ©s de la ferme Ă  une personne pendant un an ou deux et je repars Ă  l'aventure. Donc, il y a ça. L'aventure, moi, je l'ai beaucoup eue il y a quelques annĂ©es. Et la troisiĂšme chose, je pense que c'est juste ma personnalitĂ©, mĂȘme si j'ai l'impression, comme je l'avais dit, d'avoir dĂ©couvert l'adulte que je devenais entre mes 20 et mes 25 ans. En fait, j'ai dĂ©couvert que moi, ma passion, c'est jouer au Rummikub en buvant une tisane et en faisant des jeux de sociĂ©tĂ© et en papotant. Et que voir un arbre grandir, ça m'Ă©merveille. J'ai l'impression d'ĂȘtre tellement plus utile et tellement plus Ă  ma place ici qu'il n'y a pas beaucoup plus de motivation que juste c'Ă©tait Ă©vident. C'Ă©tait ma place, c'Ă©tait lĂ .

  • Speaker #1

    Et les amis que tu avais dans ton ancienne vie, comment... Comment ils perçoivent ça ?

  • Speaker #0

    Eh ben, hyper bien. Je pense que les personnes qui le perçoivent... pas bien ou qui trouverait ça bizarre, en fait, on n'est pas forcément trop en contact. Du coup, je crois que je n'ai eu aucun avis étonné ou négatif sur ce que je fais. Zéro.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as eu des Ah, moi, je ne pourrais pas

  • Speaker #0

    J'ai eu des Ah, moi, je ne pourrais pas faire ça seule Mais non, j'ai l'impression qu'il y a quand mĂȘme beaucoup de mes amis qui viennent ici qui dĂ©jĂ  sont trop contents de venir. Peut-ĂȘtre un peu moins au dĂ©but quand la maison Ă©tait en travaux et qu'il gelait Ă  l'intĂ©rieur. Mais j'ai quand mĂȘme beaucoup de personnes qui, j'ai l'impression, repartent inspirĂ©es, repartent motivĂ©es. En gĂ©nĂ©ral, les gens sont trop contents de venir me voir. Moi, je suis trop contente quand ils viennent.

  • Speaker #1

    Tout Ă  l'heure, tu nous as parlĂ© du limousin. Dans ton rĂȘve, c'Ă©tait le limousin. D'ailleurs, moi-mĂȘme, en disant ça, je juge un peu le fait qu'on se dise pourquoi le limousin ? Comme si le limousin, ce n'Ă©tait pas bien. C'est juste que ce n'est pas bien connu. c'est comme Limoges en fait moi j'ai dĂ©couvert Limoges en arrivant en Dordogne et je trouve que c'est une jolie ville quand t'es au coeur du centre historique c'est trĂšs joli mais il y a une rĂ©putation sur la ville qui est pas cool moi

  • Speaker #0

    j'avais l'inverse pas forcĂ©ment Ă  propos de Limoges mais moi le limousin ça me faisait rĂȘver mais c'est ce que j'ai dit tout Ă  l'heure chelou mais non franchement t'imagines t'es la premiĂšre personne qui me dit ça sĂ©rieux mais non mais je sais pas moi c'est tout ce dont je fantasmais en vivant Ă  Paris c'est des paysages de bocage des forĂȘts de l'eau du calme mais oui peut-ĂȘtre que j'ai l'impression que tout le monde a cette image du limousin alors que c'est que moi mais non moi c'Ă©tait c'Ă©tait le paradis pour moi alors que je n'y avais jamais Ă©tĂ© en plus ouais Mais du coup, j'y suis quand mĂȘme allĂ©e. Et justement, cet Ă©tĂ© de retour de mon grand voyage, donc l'Ă©tĂ© 2020, ma sƓur vivait Ă  ce moment-lĂ  en AngoulĂȘme. Et du coup, on a fait un voyage Ă  vĂ©lo toutes les deux, de AngoulĂȘme jusqu'en Auvergne. Et du coup, on a traversĂ© le sud de la Haute-Vienne et le nord de la CorrĂšze. Du coup, ça a juste confirmĂ© mon intuition de tout ce que j'avais en tĂȘte du limousin. C'est tous les paysages que j'ai traversĂ©s. Et j'Ă©tais lĂ , bah... Oui, j'ai envie d'y vivre. C'Ă©tait trop bien. On regardait toutes les fermes, je regardais toutes les prairies. Je me disais, si je pouvais avoir ma petite ferme lĂ , planter mes arbres ici, rĂ©nover cette petite maison lĂ . C'Ă©tait un rĂȘve pour moi.

  • Speaker #1

    Et alors, comment tu l'as trouvée, toi, ta ferme ?

  • Speaker #0

    C'Ă©tait assez rapide. Quand j'ai commencĂ© Ă  chercher, je ne savais pas si j'allais mettre deux mois ou cinq ans. Parce qu'il y a vraiment des... Du coup, Ă  ce moment-lĂ , j'Ă©coutais quand mĂȘme beaucoup de podcasts d'installation ou de reportages sur des installations. Et tant en... souvent des gens qui mettent des annĂ©es avant de trouver. Je n'avais vraiment aucune idĂ©e. Et donc, ça faisait un moment que j'avais des alertes sur le bon coin, sur les agences immobiliĂšres, de fermes. Mais en fait, tant que tu n'y passes pas 24 heures pendant des mois, tu ne trouveras pas. Il y a un moment oĂč je m'Ă©tais quand mĂȘme motivĂ©e Ă  vraiment... Aussi, je commençais Ă  avoir parce que l'achat de la ferme dĂ©pendait Ă©normĂ©ment du salaire que je... que je mettais de cĂŽtĂ© quand je travaillais Ă  Paris, au retour de mon voyage. Et donc forcĂ©ment, au dĂ©but, c'Ă©tait plus un rĂȘve de quelle ferme je pourrais acheter dans un an. Et puis au bout d'un moment, je commençais Ă  avoir les sous sur mon compte et du coup, je pouvais commencer Ă  plus sĂ©rieusement regarder des fermes et Ă©ventuellement aller visiter. On a fait un premier week-end dans le limousin avec mon frĂšre et ma mĂšre Ă  l'Ă©tĂ© 2022. On a visitĂ© une ferme sur le Boncoin et on a rencontrĂ© deux paysans qui avaient mis une annonce sur Terre de Liens. Avec Terre de Liens. Parce qu'Ă  cette Ă©poque, comme je me disais, si ça se trouve, je vais mettre trois ans avant de trouver ma ferme. Moi, je n'ai pas envie de dĂ©mĂ©nager dans le limousin dans trois ans. J'ai envie de dĂ©mĂ©nager dans le limousin dans un an. Du coup, je m'Ă©tais dit, si jamais je ne trouve pas ma ferme que je pourrais acheter tout de suite, pourquoi pas me faire prĂȘter du terrain par un paysan via Terre de Liens pour dĂ©jĂ  m'installer dans la rĂ©gion et pouvoir plus facilement visiter des fermes plus tard pour moi. Et ça, en vrai, c'est le meilleur move.

  • Speaker #1

    Tu aurais pu vivre dans un habitat allégé ?

  • Speaker #0

    Tu veux dire sur les fermes que j'ai visitées via Terre de l'Homme ?

  • Speaker #1

    Oui, est-ce que tu n'aurais pas pu avoir une caravane ?

  • Speaker #0

    En l'occurrence, les deux paysans que j'ai rencontrĂ©s, c'Ă©tait des projets un peu similaires. Il y en avait un, il Ă©tait retraitĂ©. Les deux, ils avaient une centaine d'hectares. Il y en avait un, il Ă©tait retraitĂ©. Et l'autre, il avait une quarantaine d'annĂ©es. Le retraitĂ©, il avait besoin d'un coup de main de temps en temps. Genre, je ne sais pas, trois fois par an, il avait besoin d'ĂȘtre deux pour faire la rĂ©colte de je ne sais plus quoi. Et du coup, il voulait avoir une personne sur place pour l'aider. Et le gars de 40 ans, il se trouvait un peu seul sur ses 100 hectares. Et il avait eu cette envie de plus de collectif. Et donc ces deux personnes-lĂ , qui Ă©taient sur des fermes diffĂ©rentes, avaient tous les deux de 1 Ă  4 hectares Ă  mettre Ă  disposition gratuitement, plus une petite grange avec une petite partie habitation, pareil, Ă  mettre Ă  disposition gratuitement. Donc tu pouvais vraiment te lancer dans un projet, tu ne serais jamais chez toi. Donc pour moi, ça pourrait convenir Ă  certaines personnes, pour moi ça aurait Ă©tĂ© plus du coup un projet tremplin, de quelques annĂ©es lĂ -bas, le temps de trouver ma ferme. ou de voir si ça te plaĂźt ouais aussi et du coup j'avais quand mĂȘme rendu visite Ă  ces deux personnes j'avais visitĂ© une premiĂšre ferme au final j'avais donnĂ© suite pour rien un mois plus tard lĂ  je passais mon temps sur mon tĂ©lĂ©phone Ă  checker les nouvelles annonces je pense que je regardais les annonces sur je sais pas 10 sites diffĂ©rents 3 Ă  4 fois par jour je voyais les annonces vraiment quelques heures aprĂšs qu'elles aient Ă©tĂ© publiĂ©es Et lĂ , j'ai rĂ©ussi Ă  trouver une dizaine de fermes. Et comme je n'ai aucune attache familiale, ni de rien, ni pas d'enfant, dans le limousin, ça pouvait ĂȘtre vraiment Ă  peu prĂšs partout.

  • Speaker #1

    Tu avais toutes les possibilités.

  • Speaker #0

    VoilĂ . À un moment, par hasard, j'ai trouvĂ© une dizaine de fermes. C'Ă©tait Nord-Creuse, Nord-Haute-Vienne, Sud-Indre. Avec ma mĂšre, on est descendus pendant deux jours. On a fait les dix visites. La ferme que j'ai achetĂ©e faisait partie des dix visites.

  • Speaker #1

    Et alors, pourquoi celle-lĂ  ?

  • Speaker #0

    Eh bien, c'est vraiment la seule qui avait pratiquement tous les critĂšres. Le seul critĂšre qu'elle n'avait pas, c'est qu'il y a des parties du limousin qui sont encore plus enforestĂ©es, encore plus sauvages. Mais sinon, elle avait entre 2 et 4 hectares de terrain, donc en l'occurrence 3,5 hectares. Elle avait des bĂątiments en bon Ă©tat, avec la bonne surface, avec du potentiel. Elle avait un accĂšs Ă  l'eau, mĂȘme plusieurs accĂšs Ă  l'eau. Des terrains d'un seul tenant, un cadre mignon, une impasse, il y avait tous les critĂšres.

  • Speaker #1

    Et que l'esprit moins sauvage se pourrait.

  • Speaker #0

    Et le prix aussi qui était un peu plus élevé que prévu.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Oui, les autres fermes que j'avais visitĂ©es, il y avait souvent un seul hectare de terrain, il y avait souvent un puits qui peut-ĂȘtre donne de l'eau mais on ne sait pas parce qu'il est cassĂ©. oĂč il y avait des terrains ultra morcelĂ©s, ou alors une maison inhabitĂ©e depuis 40 ans, oĂč lĂ , tu as vraiment des Ă©normes travaux Ă  faire, ou une grande route qui passe devant la ferme. Ici, il y avait tout. Surtout quand on a fait la visite, qu'on est passĂ©, qu'on a fait le tour de la mare, il y avait un super soleil, il y avait tous les arbres. J'Ă©tais trop bien. Je me suis sentie chez moi.

  • Speaker #1

    La ferme, elle s'appelle la ferme des SƓurs. J'ai bien envie que tu nous expliques... Pourquoi tu as appelĂ© cet endroit la ferme des sƓurs ? Parce que dĂ©jĂ , je trouve ça trop mignon. Mignon, pourquoi ?

  • Speaker #0

    Eh bien, ça s'est passĂ© Ă  la signature du compromis de vente. On Ă©tait Ă  la table Ă  laquelle nous sommes assises maintenant, mais dans une piĂšce beaucoup plus petite, parce que lĂ , j'ai un peu cassĂ© des murs, mais c'Ă©tait une cuisine pas immense. Et Ă  cette table, on Ă©tait, je crois, neuf personnes. Donc, il y avait cinq sƓurs, puisqu'en fait, la... La maison, je l'ai achetĂ©e Ă  une dame qui avait cinq filles. Et donc cette dame Ă©tait en EHPAD quand j'ai achetĂ© la maison. Du coup, je ne l'ai jamais rencontrĂ©e, mais j'ai rencontrĂ© les cinq sƓurs de 50 Ă  75 ans, avec une Ă©nergie de dingue qui papote Ă©normĂ©ment. Enfin, trĂšs, trĂšs vivant, quoi. TrĂšs, trĂšs chouette. Donc les cinq sƓurs, il y avait moi, il y avait ma sƓur qui Ă©tait venue Ă  l'occasion, puisque je lui fais Ă©normĂ©ment... confiance et son avis compte beaucoup. Ça me rassurait Ă©normĂ©ment qu'elle soit lĂ  parce que acheter une ferme, c'Ă©tait quand mĂȘme fou. Il y avait aussi une copine Ă  nous, Clotilde, qui est une femme incroyable, 60 ans, elle a rĂ©novĂ© trois maisons dans sa vie. C'Ă©tait mon expertise bĂątiment. Je l'ai fait venir pour me dire, dis-moi si la charpente, c'est OK, dis-moi ce que tu penses des couvertures. Pareil, trop rassurĂ©e qu'elle soit lĂ . On Ă©tait toutes ces filles autour de la table. Au milieu, il y avait l'agent immobilier avec sa petite chemise tout coincĂ©e et qui ne savait pas en placer une. J'adorais cette Ă©nergie. Mais le moment Ă©tait trop beau. Et puis c'Ă©tait fort, c'Ă©tait important comme Ă©tape dans ma vie, de signer pour un compromis de vente pour une ferme, c'Ă©tait fou. Le lendemain, je suis rentrĂ©e Ă  Paris, je devais aller au travail, j'Ă©tais sur mon vĂ©lo, et lĂ  j'y ai repensĂ©, je me suis dit, la ferme des sƓurs.

  • Speaker #1

    J'essaye de rĂ©flĂ©chir, je visualise toute cette histoire. Puis en plus, j'y suis, c'est trop bien, j'ai l'impression d'ĂȘtre Christophe Ondelat, d'en fait entrer l'accusĂ©. Maintenant, si on passe Ă  la partie professionnelle, est-ce que... Alors tu vas vulgariser, s'il te plaĂźt, parce qu'elle a plein de mots hyper scientifiques et tout et tout. Parle-nous de cette partie professionnelle. À quel moment aussi elle est arrivĂ©e, cette partie professionnelle ? Parce que tout Ă  l'heure, quand tu m'as fait visiter, tu m'as sorti un puits de sciences, de savoirs. Je me suis dit, mais comment elle fait ? Bon, elle est jeune, donc elle retient mieux que moi. Mais quand mĂȘme, tout ça, cette culture que tu as par rapport Ă  ta profession aujourd'hui, elle est arrivĂ©e quand ? Et Ă  quel moment aussi tu t'es dit, boum, ce sera mon job ? C'est parti.

  • Speaker #0

    Pendant mon voyage Ă  vĂ©lo, j'Ă©tais partie faire ce voyage en me disant qu'il fallait que je revienne en ayant trouvĂ© c'Ă©tait quoi mon mĂ©tier. Donc il y avait quand mĂȘme cet objectif. J'ai dĂ©couvert les podcasts en voyageant Ă  vĂ©lo, parce que quand tu te fais 8 heures de vĂ©lo seule, t'as envie d'Ă©couter un truc, moi c'Ă©tait le cas.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'envoie tous les podcasts à des voyageurs à vélo.

  • Speaker #0

    Ouais. J'ai beaucoup Ă©coutĂ© de podcasts sur le fĂ©minisme, mais aussi sur la paysannerie. J'avais dĂ©jĂ , avant de partir, entendu parler de permaculture, mais surtout de jardin-forĂȘt. Je savais dĂ©jĂ  que ça me parlait, cette histoire de planter des arbres, de planter des forĂȘts, en gros jardin-forĂȘt. L'idĂ©e, c'est, surtout si tu pars d'une prairie, c'est d'accompagner la succession naturelle de cette prairie vers la forĂȘt, puisque si tu as une forĂȘt et que tu n'y fais rien, Il y a une friche qui va s'installer et puis il y a une forĂȘt qui va pousser. Donc l'idĂ©e c'est, au lieu d'ĂȘtre en lutte contre une parcelle de terrain, de l'accompagner mais d'y introduire des essences qui toi t'intĂ©ressent, soit pour une production fruitiĂšre, une production comestible, ou alors une production pour l'artisanat, pour un projet pĂ©dagogique. la partie jardin forĂȘt, j'en avais dĂ©jĂ  entendu parler avant de partir, j'ai beaucoup Ă©coutĂ© de podcasts dessus en voyageant le podcast de l'Ă©cole d'agroĂ©cologie voyageuse qui est prĂ©sentĂ© par Opaline ça c'est super, il y a des prĂ©sentations de fermes gĂ©niales mais sinon une rĂ©fĂ©rence sur les jardins forĂȘts en France c'est Fabrice Desjours qui a plantĂ© un jardin forĂȘt il y a bientĂŽt 15 ans en Bourgogne sur 2 hectares et demi et il a Ă©crit un livre qui est trĂšs bien aux Ă©ditions de Terran et moi je suis allĂ©e me former chez lui. Donc ouais, sur les jardins-forĂȘts il y a une bibliographie assez intĂ©ressante il y a aussi Ă  la collection RĂ©silience chez Ulmer, il y a un petit livre du Bec et Loin sur la crĂ©ation des mini-forĂȘts-jardins et aprĂšs je crois que c'est en Angleterre c'est Martine Crawford qui a aussi Ă©crit un livre sur les forĂȘts-jardins qui est pas mal d'ailleurs on veut plus de femmes qui Ă©crivent des livres sur la permaculture et l'agroforesterie

  • Speaker #1

    C'est beaucoup des hommes ?

  • Speaker #0

    Oui. Alors, il y a GeneviĂšve Michon qui a Ă©crit pas mal de livres trĂšs intĂ©ressants sur l'agroforesterie dans le monde. Je crois que son livre, c'est Agriculture Ă  l'ombre des forĂȘts, des arbres Agriculture Ă  l'ombre des arbres Ă  vĂ©rifier. Elle a fait la prĂ©face du livre de Fabrice Desjours. Mais oui, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on veut plus de femmes qui Ă©crivent sur la permaculture, sur la paysannerie.

  • Speaker #1

    Moi, je te propose que tu commences Ă  Ă©crire dĂšs demain.

  • Speaker #0

    Allez. C'est parti,

  • Speaker #1

    prochain projet.

  • Speaker #0

    J'ai pas assez de choses Ă  faire.

  • Speaker #1

    Alors donc tu commences Ă  prendre connaissance de ce type de projet.

  • Speaker #0

    Mais pourtant, Ă  la fin de mon voyage et pendant ces deux mois, un peu de dĂ©cantation du projet, je suis plutĂŽt partie en tĂȘte avec l'idĂ©e de faire des plantes mĂ©dicinales. Donc pendant longtemps, mon projet ça a Ă©tĂ© de faire...

  • Speaker #1

    PAM.

  • Speaker #0

    Ouais, P-P-A-M, de la tisane, des baumes, voilĂ , un peu transformation trĂšs variĂ©e. et Ă  cĂŽtĂ© de planter un jardin forĂȘt. Pendant trĂšs longtemps, mon projet de jardin forĂȘt, il Ă©tait quand mĂȘme un peu Ă  cĂŽtĂ©. C'Ă©tait vraiment un projet qui Ă©tait scindĂ© en deux. Et j'ai mis vraiment du temps avant de relier les deux. D'ailleurs, je crois que c'est Fabrice Desjours, pendant la formation, qui m'a aidĂ©e Ă  ne faire plus qu'un. On faisait pas mal de design. On avait du coup nos...

  • Speaker #1

    Tu veux dire Ă  rejoindre les deux ?

  • Speaker #0

    Oui, Ă  dire arrĂȘte de penser, arrĂȘte de mettre des arbres d'un cĂŽtĂ© et du romarin en plein soleil de l'autre cĂŽtĂ©. Si tu veux faire des plantes mĂ©dicinales, pourquoi tu ne ferais pas des plantes mĂ©dicinales dans ton jardin forĂȘt ? Ça, ça m'a trop aidĂ©e. Je me suis dit, mais oui, je suis bĂȘte, j'arrĂȘte pas de... Ma passion, c'est les arbres, mais je veux cultiver quand mĂȘme en herboristerie. Bon, il y a aussi... On utilise aussi les arbres. Il y a aussi des plantes comme la consoute, qui sont des plantes qui adorent l'ombre. Mais il y a quand mĂȘme une grosse partie des plantes en herboristerie traditionnelle. qui sont des plantes de plein soleil, des plantes Ă©mergentes. Les soucis, le romarin, la lavande, tout ça, c'est trĂšs peu forestier. Et moi, ma passion, c'est les forĂȘts. Un peu Ă©tonnant.

  • Speaker #1

    Pourquoi c'est ta passion, les forĂȘts ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. C'est comme le limousin,

  • Speaker #1

    ça ne s'explique pas.

  • Speaker #0

    C'est pareil, rien ne s'explique. Ça s'est fait petit Ă  petit. Si je pense qu'au bout d'un moment, ça m'a parlĂ© de planter des paysages plus durables. En fait... Le potager, au dĂ©but, c'est un peu la porte d'entrĂ©e vers dĂ©couvrir comment fonctionne le vivant. Mais trĂšs vite, je me dis quel est l'intĂ©rĂȘt de passer une saison Ă  faire du potager si tu dois repartir Ă  zĂ©ro l'annĂ©e prochaine. Alors que quand tu plantes un arbre, tu le plantes pour 50, 100 ans. AprĂšs ta mort, j'aime bien l'idĂ©e de travailler aprĂšs toi.

  • Speaker #1

    Du long terme.

  • Speaker #0

    Des paysages pĂ©rennes, des paysages qui existent encore, mĂȘme si toi, tu meurs. Ça, ça me parle. Et donc petit Ă  petit, je me suis dit arrĂȘte de focaliser sur les tisanes. Et en fait, sur une autre formation, chez MĂ©lilotus en CorrĂšze, une super ferme en production de plantes mĂ©dicinales, j'ai dĂ©couvert la gĂ©mothĂ©rapie. Donc gĂ©mothĂ©rapie, c'est des extraits de bourgeons. Tu cueilles les bourgeons Ă  la sortie de l'hiver. Quand ils gonflent, ils gonflent, ils gonflent. Et juste avant qu'ils explosent, tu les cueilles Ă  ce moment-lĂ .

  • Speaker #1

    Et tu prends l'extrait, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Ouais, en gros, tu les fais macĂ©rer dans un mĂ©lange d'eau, d'alcool. Et traditionnellement de glycĂ©rine, mais il y a beaucoup de producteuristes qui vont remplacer la glycĂ©rine par du miel pour pouvoir travailler avec les ingrĂ©dients les plus locaux possibles, voire mĂȘme produits sur la ferme.

  • Speaker #1

    Toi tu mets ça ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Pour l'instant, j'achÚte le miel à un producteur de miel qui a un tout petit rucher à cÎté de ses plantes médicinales, à une vingtaine de kilomÚtres de chez moi. D'accord. Et à terme, si j'y arrive, c'est d'avoir un petit rucher sur la ferme et d'avoir le miel. produit sur la ferme pour la gémothérapie. Eau, alcool et miel. Tu mets les bourgeons à matérer dedans.

  • Speaker #1

    Eau, alcool, miel, d'accord. Tu mets les bourgeons.

  • Speaker #0

    AprÚs, tu laisses macérer pendant 3 semaines jusqu'à 40 jours. Et tous les jours, tu prends ton bocal et tu viens le dynamiser. Du coup, dynamiser un bocal, c'est lui...

  • Speaker #1

    Le secouer.

  • Speaker #0

    Oui, le secouer en lui apportant un mouvement.

  • Speaker #1

    En faisant des 8.

  • Speaker #0

    Oui, en faisant des 8.

  • Speaker #1

    Pas le PD8 avec ses bras, lĂ .

  • Speaker #0

    En gros, l'idée, c'est de... que pendant tout le moment de la macération, tes solvants continuent d'extraire toute l'information qu'il y a dans le bourgeon. Tu vois, ton macérat de bourgeon, c'est un truc vivant. Tu ne veux pas le laisser stagner pendant trois semaines, un mois.

  • Speaker #1

    C'est comme si tu le faisais libre.

  • Speaker #0

    Tu l'actives. Exactement. Du coup, tu fais ça pendant trois semaines Ă  40 jours. AprĂšs, tu viens... C'est beaucoup quand mĂȘme. Oui. Quand tu as une quarantaine de bocaux qui pĂšsent chacun un kilo, tu le sens dans les bras.

  • Speaker #1

    C'est ça les muscles.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Il ne faut pas que... Oui. et aprÚs tu viens filtrer ton macérat, donc tu récupÚres juste le solvant qui a capté toutes les molécules du bourgeon en fait le plus liquide va partir toi tu vas garder la matiÚre la plus la galette de bourgeon la galette ?

  • Speaker #1

    quand tu la presses on dirait un petit steak aprÚs t'as des trucs comme ça à me montrer ou pas ?

  • Speaker #0

    est-ce que j'ai pris des photos ? tu montreras plus tard mais en gros nous on garde le liquide la galette de bourgeon, tu la compostes aprĂšs. Puisque toute l'information du bourgeon a Ă©tĂ© extraite par tes trois solvants dans le liquide. C'est pour ça qu'on utilise trois solvants. C'est comme si tu fais une tisane ou une alcoolature, tu ne vas pas extraire les mĂȘmes molĂ©cules parce que l'eau chaude ne va pas capter la mĂȘme chose que l'alcool. LĂ , du coup, on a ces trois solvants parce que chaque solvant va capter des molĂ©cules diffĂ©rentes du bourgeon. LĂ ,

  • Speaker #1

    en fait, c'est que tu enlĂšves le solide et tu gardes le liquide. D'accord.

  • Speaker #0

    Ce que tu mets dans les flacons, c'est l'extrait de bourgeon. On dit aussi macĂ©rat mĂšre de bourgeon. Et aprĂšs, tu le mets dans des petits flacons de 30 millilitres avec un compte-gouttes, un peu comme les huiles essentielles. Et aprĂšs, ça se prend sous forme de cure de trois semaines. Tu mets 15 gouttes dans un verre d'eau le matin. Et ça soigne une trĂšs grande diversitĂ© de choses. Mais surtout, moi, ce qui m'appelle dans la gĂ©mothĂ©rapie, c'est que je travaille avec les arbres. Et en fait, j'ai enfin pu me libĂ©rer de cette... dualitĂ© entre d'un cĂŽtĂ© mes plantes mĂ©dicinales de plein soleil et de l'autre cĂŽtĂ© ma forĂȘt. Je fais mes produits de soins dans ma forĂȘt puisque je travaille que avec les arbres. VoilĂ , ça fait le pont. Donc je produis de la gĂ©mothĂ©rapie, donc des extraits de bourgeons, ça c'est ma production. C'est la premiĂšre annĂ©e que je produis. Je commence Ă  vendre. Vous pouvez aller voir sur lafermedesseur.fr et vous pouvez dĂ©sormais acheter les flacons de gĂ©mothĂ©rapie, donc les extraits de bourgeons sur internet. Donc soit je vous les envoie, soit sinon vous pouvez passer Ă  la ferme les rĂ©cupĂ©rer, donc ça c'est mon activitĂ© de production cette annĂ©e et sinon sur 2 hectares et demi, donc je plante un jardin forĂȘt, Ă  visĂ©e nourriciĂšre et pĂ©dagogique, donc pour accueillir plein d'Ă©vĂ©nements, c'est GĂ©alca Ă  la ferme, on fait des fĂȘtes des plantes, on fait des chantiers de plantation collective vous ĂȘtes le dĂ©vannerie, j'apprends aux gens Ă  greffer, on fait plein de choses, l'idĂ©e c'est de faire vivre le lieu, et sur l'hectare enfin sur la parcelle d'en face je dĂ©veloppe de l'agroforesterie syntropique, donc c'est une technique d'agroforesterie... qui travaille sur trois piliers. La construction des plantations dans l'espace, on travaille avec des strates pour que toutes les strates de vĂ©gĂ©taux soient remplies. Ensuite, on travaille avec la succession dans le temps. Quand on plante une ligne en agroforesterie syntropique, on plante tout ce qui va exister dans le systĂšme de la premiĂšre annĂ©e Ă  dans 300 ans. Oui, je vais planter mes cassis et mes abricotiers pour avoir une production de fruits, mais je vais aussi semer mes noyĂ©s et mes chĂȘnes. pour qu'une fois que mes productions fruitiĂšres sont arrivĂ©es au bout de leur vie, qu'il y ait aussi une forĂȘt qui lui succĂšde. Et le troisiĂšme pilier de la centropie, c'est la... La perturbation, c'est imiter la dynamique de fonctionnement du vivant. Et en gros, 70 Ă  80% de ce que je plante, quand je fais une plantation en agriculture syntropique, c'est des plantes qui sont destinĂ©es Ă  ĂȘtre taillĂ©es trĂšs frĂ©quemment. Donc on choisit des plantes que plus on taille, plus elles poussent, plus on taille, plus elles poussent. Et quand on vient faire une perturbation en agriculture syntropique, on essaye de faire ça la veille d'un jour oĂč il pleut. Du coup, on vient tailler Ă  ras.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que tu as choisi le limousin ?

  • Speaker #0

    Moi, je n'avais pas encore dĂ©couvert la Saint-Tropez Ă  ce moment-lĂ . Mais en gros, on taille d'un coup, comme si on Ă©tait un gros troupeau de vaches qui venaient brouter notre parcelle pour faire une perturbation. On veut en gros faire un petit choc au systĂšme pour le lancer dans une nouvelle dynamique de crĂ©ation de vivants. On vient tailler Ă  ras tout ce qui adore ĂȘtre taillĂ©. On apporte Ă©normĂ©ment de matiĂšre au sol, puisque tout ce qu'on taille, on le met dans le tas.

  • Speaker #1

    Tout le reste par terre.

  • Speaker #0

    On a une grande entrĂ©e de lumiĂšre sur le systĂšme, puisque tout d'un coup, on a tout ouvert. Le lendemain... il pleut, gros apport d'eau et toutes les plantes qui ont Ă©tĂ© taillĂ©es elles vont Ă©mettre une hormone qui s'appelle la gibĂ©ryline qui donne l'information Ă  la plante qu'il faut qu'elle repousse vite parce qu'elle vient de se faire couper la tĂȘte et comme elle est sympa et qu'on en a taillĂ© Ă©normĂ©ment, elle va aussi filer l'information qu'il faut que ça pousse aux copines Ă  cĂŽtĂ©. MĂȘme si on n'a pas taillĂ© notre pommier Ă  ras parce que nous on veut des pommes et bien lui aussi il va avoir ce petit boom de croissance qu'on appelle le saut du chat en agriculture syntropique.

  • Speaker #1

    Je pense que tu peux Ă©crire un livre.

  • Speaker #0

    Il y a déjà un super livre d'Anna El-Theri qui est édité chez Terre Vivante et qui s'appelle Bienvenue en Syntropie, si vous voulez un peu comprendre, débroussailler cette forme d'agriculture hyper passionnante, je vous le recommande.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il faut ĂȘtre vraiment, dĂ©jĂ , c'est un peu con cette question que je vais te poser, mais est-ce que c'est complexe Ă  lire ce genre d'ouvrage pour quelqu'un qui n'y connaĂźt pas grand-chose ? Est-ce que ça peut ĂȘtre dur Ă  lire, tu vois ? Ou est-ce qu'il ne vaut mieux pas venir te voir et tu fais des ateliers ?

  • Speaker #0

    Alors dĂ©jĂ , vous pouvez venir en woofing Ă  la ferme. Si vous voulez vraiment apprendre Ă  travailler en syntropie, le mieux, c'est quand mĂȘme d'aller dans des fermes qui font de la syntropie. Moi, je suis allĂ©e me former dans deux fermes gĂ©niales. La ferme des Mahouagites, dans le Gers, oĂč j'ai fait ma premiĂšre formation en agriculture syntropique. Et aprĂšs, je suis allĂ©e me former chez Anna El-Theri, l'autrice du livre dont j'ai parlĂ©, en Dordogne. Et donc ça, c'est vraiment la clĂ© pour faire un bond Ă©norme en comprĂ©hension. Mais peu importe le sujet, en fait. Ma formation chez Fabrice Desjours sur les jardins forĂȘts, mes deux formations en agriculture syntropique, mes formations en gĂ©mothĂ©rapie et en production de plantes mĂ©dicinales, c'est vraiment le fait de passer cinq jours sur une ferme. Oui,

  • Speaker #1

    au cƓur de l'action.

  • Speaker #0

    C'est ça qui nous fait progresser de fou. Donc c'est pas mal de lire en amont, de regarder quelques vidĂ©os en amont pour essayer d'avoir... D'avoir des mots-clĂ©s, par exemple. Rien que le fait d'arriver dans une ferme avec le vocabulaire, ça aide. Mais aprĂšs, il faut aller vivre les choses. Donc, il faut faire du woofing, il faut aller se former. Ça, c'est gĂ©nial.

  • Speaker #1

    Il y a un truc qui est important à préciser. Donc, tout ça, et je sais que c'est important pour toi, toute seule. Toute seule.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    tout ça toute seule.

  • Speaker #0

    Oui. En fait, quand j'Ă©tais prĂȘte Ă  me lancer, c'est-Ă -dire quand j'avais la motivation, l'Ă©nergie, l'envie et les sous, En fait, j'Ă©tais la seule personne autour de moi qui avait ce projet-lĂ .

  • Speaker #1

    Est-ce que tu aurais pu le faire en collectif ?

  • Speaker #0

    Si j'avais, Ă  ce moment-lĂ , Ă©tĂ© portĂ©e par une envie de collectif avec des copines, oui, je l'aurais fait en collectif, je pense. Mais en fait, c'est un peu le hasard qui a fait que j'avais envie de le faire. J'Ă©tais prĂȘte et je n'avais pas besoin d'ĂȘtre accompagnĂ©e d'une autre personne pour me lancer. Donc, je l'ai fait. Au final, je pense que c'Ă©tait plutĂŽt une bonne dĂ©cision parce que ça correspond aussi pas mal Ă  mon tempĂ©rament. Je suis franchement fiĂšre. d'avoir fait ça seule j'ai pas fait ça 100% seule il y a Ă©normĂ©ment de copines et de copains qui sont venus m'aider donc il y a et en vrai je suis trop contente de voir tel mur de la maison et de me dire ça je l'ai fait avec Jeanne telle construction de me dire que ça on l'a construit avec Flore ça c'est gĂ©nial, j'adore ça mais je suis aussi super fiĂšre de pas avoir eu peur et de m'ĂȘtre lancĂ©e et ça veut pas dire que j'ai pas paniquĂ© plein de moments qu'il y a pas plein de moments oĂč je me suis dit je n'y arriverai jamais si, j'ai paniquĂ© plein de fois mais je suis encore plus fiĂšre de l'avoir fait et d'avoir surmontĂ© toutes les petites peurs qui Ă©taient sur mon passage Et ouais, si on pense qu'on peut se lancer seule, il faut le faire, peu importe son genre, peu importe son Ăąge, peu importe son passĂ©. Genre moi, je suis arrivĂ©e ici, je n'avais jamais utilisĂ© de perceuse. Comme on dit, j'ai fait une dalle Ă  la chaux toute seule. Maintenant, je vais me mettre Ă  apprendre l'Ă©lectricitĂ©. J'ai eu un aperçu de comment...

  • Speaker #1

    Ça, c'est la partie auto-construction ?

  • Speaker #0

    Ouais. La partie agricole, j'avais moins peur parce que j'avais quand mĂȘme beaucoup travaillĂ© avant. En woofing, en formation, beaucoup de lectures, beaucoup de premiĂšres expĂ©rimentations. Du coup, j'avais assez confiance en moi sur la partie agricole.

  • Speaker #1

    C'est plutĂŽt la partie bĂątiment.

  • Speaker #0

    Oui, ça pour le coup, ce n'Ă©tait mĂȘme pas prĂ©vu que je rĂ©nove une maison. Et puis la partie administrative, ça c'Ă©tait aussi une grosse dĂ©couverte. Et ça, ça a suscitĂ© beaucoup de stress et de panique et d'anxiĂ©tĂ© chez moi. Mais voilĂ , maintenant, j'ai plus. plus peur quand je fais ma TVA. À chaque fois, c'est une nouvelle Ă©tape de gagner. Se lancer seule, c'est possible. Si on en a envie, si ça correspond Ă  notre personnalitĂ©, il faut le faire. Il ne faut pas avoir peur si on peut ne pas avoir peur.

  • Speaker #1

    À certaines, j'ai posĂ© la question, est-ce qu'il y avait un bon moment, selon elles, pour changer de territoire, changer de vie, changer de mĂ©tier, changer de mode de vie ?

  • Speaker #0

    Non, je pense qu'on le sait. Moi, c'est sĂ»r que ça a Ă©tĂ©... particuliĂšrement facile parce qu'au-delĂ  du fait d'ĂȘtre prĂȘte et d'en avoir trĂšs envie, j'avais pas d'enfants, j'Ă©tais pas en couple, j'avais pas d'endettement. Enfin, franchement, tous les feux Ă©taient au vert pour me lancer. Donc, moi, je suis peut-ĂȘtre particuliĂšrement privilĂ©giĂ©e. Et c'est peut-ĂȘtre des dĂ©cisions qui sont beaucoup plus dures Ă  prendre pour d'autres personnes.

  • Speaker #1

    Quand il y a une famille tout autour,

  • Speaker #0

    tu sais. Ouais, plein de choses qui peuvent ĂȘtre des freins. Mais non, je pense que si on le sent et que surtout si on sent qu'on n'est pas Ă  sa place... Il ne faut pas y rester quoi. Si on peut, si on a le privilĂšge de ne pas y rester. Mais bon, c'est un point de vue de personnes trĂšs privilĂ©giĂ©es, Ă©videmment.

  • Speaker #1

    Je me suis noté comment ton nouveau mode de vie, comment ça influence ton quotidien. Qu'est-ce qui a changé ? Est-ce que tu as des choses concrÚtes ?

  • Speaker #0

    Il y a la diffĂ©rence toute simple d'ĂȘtre chef d'entreprise versus ĂȘtre salariĂ©. Oui, dĂ©jĂ . J'ai crĂ©Ă© mon entreprise en septembre. Donc il y a 9 mois, lĂ  c'est ma premiĂšre annĂ©e de production, donc j'ai pas encore trouvĂ© ce bon Ă©quilibre entre Ă  quel moment je travaille, Ă  quel moment je ne travaille pas, et ça c'est Ă©vident qu'il va falloir que je le fasse rapidement ou Ă  un moment donnĂ©. Ça, ça change beaucoup, du coup ça entraĂźne pas mal de culpabilitĂ©, tu vois, de je ne travaille pas aujourd'hui. En fait j'ai du mal Ă  me dire... Aujourd'hui, voire aujourd'hui et demain,

  • Speaker #1

    je ne travaille pas.

  • Speaker #0

    Mais surtout parce qu'en fait, ce que j'ai tendance Ă  faire, c'est me rĂ©veiller. Je sens que ça va ĂȘtre une petite journĂ©e, mais j'y vais quand mĂȘme. Je travaille mal une journĂ©e alors que j'aurais pu me dire, aujourd'hui, c'est un jour off et mĂȘme encore mieux, le prĂ©voir dans le calendrier pour que deux jours plus tĂŽt, je puisse me dire dans deux jours, je me repose. Parce qu'en fait, c'est vraiment ça qui repose, c'est de voir le jour de repos venir. et du coup ça c'est dur en tout cas c'est dur pour moi Organiser,

  • Speaker #1

    structurer, ĂȘtre en libre et ĂȘtre en...

  • Speaker #0

    En fait actuellement mon organisation c'est je travaille tous les jours jusqu'au jour oĂč je ne travaille pas mais il y a beaucoup de fois oĂč le jour oĂč je ne travaille pas en fait j'essaye quand mĂȘme de travailler et je travaille mal et du coup c'est un mauvais jour de repos Ouais ou alors ces jours lĂ  tu profites pas Ouais tu culpabilises de ne pas ĂȘtre dehors ou de faire les choses Ă  moitiĂ© de lire un bouquin alors que je vois bien que le peu de fois oĂč je me suis autoriser des journĂ©es de repos, c'est souvent parce que j'avais prĂ©vu des choses, comme il y a cette brocante, trop bien, elle est Ă  15 km, du coup si la brocante est Ă  15 km, je vais m'organiser, quitte Ă  aller lĂ -bas Ă  vĂ©lo, je vais aller voir le marchĂ©,

  • Speaker #1

    ou je vais manger... Tu as optimisé tout ton truc là.

  • Speaker #0

    Et en fait là j'adore, parce que je sais que c'est la veille, déjà je me dis demain, petit jour de repos, on va faire la petite brocante, on va faire le marché, je suis trop bien. Je sais que c'est un truc sur lequel il faut vraiment que je travaille, et que ça me rend heureuse en plus d'ajouter un rythme dans ma vie.

  • Speaker #1

    J'en profite. Il y avait un truc qui était important pour toi, qu'on devait évoquer ensemble aujourd'hui. Parce que c'est vrai que bien souvent, quand on parle de vivre à la campagne, de ruralité, on parle des difficultés de mobilité. Et la plupart ont le permis, ou des voitures, etc. Mais souvent, il y a plusieurs voitures. En tout cas, la mobilité, c'est un sujet. Et toi, tu avais envie de prendre la parole là-dessus, parce que tu es sur un autre modÚle. Tu peux nous expliquer ? Enfin, on a un petit peu compris, mais vas-y.

  • Speaker #0

    Ça fait partie du projet depuis le dĂ©but. C'est de m'installer... Ah, c'est une volontĂ© ! Ah oui, 100%. C'est de m'installer Ă  la campagne sans voiture et Ă  vĂ©lo. Et du coup, de tout faire Ă  vĂ©lo. Mon retour d'expĂ©rience, c'est que ça marche. Et que si vous avez un projet d'installation Ă  la campagne, et que vous vous dites que ça rime forcĂ©ment avec le fait, parfois mĂȘme, d'acheter une voiture, parce que si on est sur un projet nĂ©o-rural d'une personne qui habite en ville sans voiture, il y a souvent ce rĂ©flexe de se dire... Et mĂȘme souvent, parfois, les gens ne sont pas forcĂ©ment trĂšs heureux de faire ce choix. De se dire, je vais m'installer Ă  la campagne, gĂ©nial, mais du coup,

  • Speaker #1

    il faut que je le fasse.

  • Speaker #0

    Et bien en fait, c'est possible. En tout cas, pour moi, ça l'a Ă©tĂ© et je suis super heureuse de ce choix. Évidemment que tous les projets vont ĂȘtre diffĂ©rents, que ça va dĂ©pendre de votre contexte familial, de votre territoire, de votre motivation, votre plaisir Ă  vous dĂ©placer. On parle du vĂ©lo, mais ça peut ĂȘtre autre chose. Mais pareil, mĂȘme pour des familles, tu vois, qui se diraient trop bien cette paysanne qui fait son truc Ă  vĂ©lo. Mais nous, on a des enfants, c'est non. En fait, ça vaut le coup d'y rĂ©flĂ©chir. Moi, pendant que j'ai voyagĂ© Ă  vĂ©lo, j'ai rencontrĂ© des familles avec des enfants qui avaient 6 mois, des enfants qui avaient 5 ans, des adolescents. J'ai rencontrĂ© des personnes qui avaient 70 ans, qui faisaient du vĂ©lo Ă  l'autre bout de la planĂšte sur un tandem. En fait, des rĂ©cits de mobilitĂ© diffĂ©rentes. Il y en a plein et c'est important de les Ă©crire. Et peut-ĂȘtre que... que dans... Je parle Ă  une personne. Peut-ĂȘtre que dans votre cas, vous aurez besoin d'une voiture. Mais se poser la question et Ă©tudier le projet sans voiture, ça peut ĂȘtre hyper intĂ©ressant. Il y a aussi un autre truc Ă  prendre en compte.

  • Speaker #1

    Tu ne voulais pas que ce soit un frein à l'installation ? À la campagne ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, je voulais juste dire que ça vaut le coup de se poser la question, est-ce que je peux le faire sans voiture ? Il y a un autre Ă©lĂ©ment que moi, je n'avais pas trop anticipĂ©, c'est que tout le monde dans le coin a des voitures individuelles, ou Ă©normĂ©ment de personnes, mĂȘme souvent plusieurs voitures par foyer. Et en fait, il y a aussi des personnes qui se rendent compte qu'elles n'ont pas trop envie de faire 15 km de voiture pour aller au cinĂ©ma dans une voiture avec une seule personne. Donc, soit elles ne le font pas, c'est possible du coup de s'organiser pour remplir une voiture, pour aller au cinĂ©ma, parce que c'est aussi important d'avoir accĂšs Ă  la culture en milieu rural. Soit elles le font quand mĂȘme, mais du coup, elles auront trop envie de covoiturer et d'avoir une personne en plus dans la voiture. Et du coup, depuis que je suis arrivĂ©e, plein de fois, j'ai covoiturĂ© pour aller Ă  tel Ă©vĂ©nement Ă  35 kilomĂštres de chez moi, pour aller Ă  une sortie cinĂ©, on s'envoie un petit message. Qui veut aller Ă  cette projection ?

  • Speaker #1

    Je vais te demander justement comment t'es arrivée à trouver les contacts.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pas Ă©vident. C'est vrai. En fait, je crois que ce qui m'aide le plus, c'est l'association que j'ai rejoint depuis septembre. C'est une association locale qui travaille Ă  la protection des forĂȘts locales. Et en fait, lĂ , ça m'a permis d'avoir un petit noyau d'une quinzaine de personnes avec des valeurs similaires, plus un noyau plus grand d'une centaine de personnes adhĂ©rentes Ă  l'association. Et du coup, on discute sur Slack, en gros, sur un rĂ©seau de communication. Et en fait, c'est vraiment ça. Tu as un petit canal, je cherche, je donne. Moi, j'ai dit, je dois faire trois allers-retours Ă  la dĂ©chetterie pour vider ma grange. Est-ce qu'une personne avec un vĂ©hicule pourrait venir m'aider ? En contrepartie, je peux filer un coup de main sur un truc, vous rĂ©munĂ©rez l'essence, j'ai proposĂ© ce truc. Et du coup, lĂ , il y a deux maraĂźchers qui sont venus m'aider Ă  vider la grange. On a fait trois allers-retours Ă  la dĂ©chetterie, ça a pris une matinĂ©e. Et dans quelques semaines, je vais aller les aider plusieurs jours Ă  faire une rĂ©colte oĂč ils ont besoin de main-d'Ɠuvre. Et du coup, on fait un troc comme ça. Il y a une personne qui va dire, je vais Ă  l'arborĂ©tum qui est Ă  35 km la semaine prochaine. J'ai trois places dans ma voiture, qui veut venir.

  • Speaker #1

    C'est bien aussi dans ce sens-lĂ  de pouvoir ouvrir.

  • Speaker #0

    Moi, je repÚre un événement, je dis, ça a l'air trop cool, qui y va ? Et puis aprÚs, soit les personnes, elles passent par chez moi, soit moi, je fais 10 km de vélo pour les rejoindre. AprÚs, on en fait 50 ensemble. En fait, le covoiturage, c'est aussi une super option que je n'avais pas forcément anticipée et qui marche bien.

  • Speaker #1

    D'accord. Oui. Ok. À quoi tu ne renoncerais plus aujourd'hui en vivant en limousin ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je pense que je serais trùs malheureuse si je ne plantais pas d'arbres et que je ne les regardais pas pousser. Ça m'en rend tellement heureuse. Si je n'avais pas un petit bout de terrain pour voir des arbres pousser, ça me rendrait trop triste. D'accord.

  • Speaker #1

    La nature, elle joue un Ă©norme rĂŽle dans ta nouvelle vie.

  • Speaker #0

    Le vivant est trĂšs important.

  • Speaker #1

    Ta décision de changement de vie, avec le recul ?

  • Speaker #0

    Je suis contente d'ĂȘtre parvenue jusqu'ici, bien que le point de dĂ©part ait Ă©tĂ© Ă  l'opposĂ©. Parfois, je suis un peu triste de ne pas avoir reçu une Ă©ducation beaucoup plus tournĂ©e vers le travail manuel, l'artisanat, la valorisation des connaissances liĂ©es au vivant. Parfois, ça me rend triste d'avoir passĂ©. Tant d'annĂ©es sur une chaise, dans un bĂątiment fermĂ©, Ă  Ă©tudier peut-ĂȘtre certaines choses qui me servent, mais de maniĂšre mal enseignĂ©e. Parfois, ça me rend triste de me dire que je n'ai pas grandi en connaissant le nom des arbres, en apprenant Ă  reconnaĂźtre les oiseaux qui m'entourent. Parfois, je me dis qu'avoir passĂ© quatre ans Ă  Ă©tudier le stylisme et le modĂ©lisme, quelle perte de temps. Et en mĂȘme temps, peut-ĂȘtre que c'est tous ces petits trucs qui ont fait qu'aujourd'hui, je suis devenue paysanne Ă  Arnaque-la-Poste. Peut-ĂȘtre que si j'avais grandi dĂ©jĂ  ici... dĂ©jĂ  entourĂ©e, dĂ©jĂ  Ă©duquĂ©e Ă  tout ça. Peut-ĂȘtre qu'aujourd'hui, je ferais complĂštement autre chose.

  • Speaker #1

    Tu serais styliste Ă  Paris.

  • Speaker #0

    Donc, je ne regrette rien du tout. Je suis contente d'avoir réussi à en arriver là.

  • Speaker #1

    Tu as un conseil lĂ -dessus pour les gens qui voudraient avoir le dĂ©clic ? Qui n'ont pas le dĂ©clic, qui en rĂȘvent, mais qui n'y arrivent pas, par exemple ? Est-ce que tu as un conseil ? Surtout aux femmes. Sans voiture.

  • Speaker #0

    Franchement, faites-le. Si vous doutez, venez me voir. Venez passer une semaine en woofing. On aura le temps de discuter de plein de choses. Je pense qu'il y a plein de choses hyper réjouissantes sur le fait de devenir paysanne. Je pense que ça met du temps à se créer mais il y a aussi déjà plein de groupes de paysannes qui se créent et que c'est... hyper heureux et hyper solidaires et qu'il faut se lancer parce que de toute façon déjà il faut qu'il y ait de plus en plus de paysans et de paysannes il faut que tous les milieux s'exempte du patriarcat mais surtout que la paysannerie que les femmes s'emparent de la paysannerie c'est génial du coup il faut se lancer et si vous avez un doute franchement venez me voir c'est la ferme des soeurs sur Woufing je serais trop contente qu'on discute et du coup c'est un peu un non conseil mais foncez quoi n'ayez pas trop peur et ne réfléchissez pas trop parce que de toute maniÚre il y aura des étapes flippantes moi je crois que j'ai un peu je me suis un peu lancée sans trop réfléchir Et en fait, il y a eu des étapes flippantes aprÚs, mais heureusement que je n'ai pas su. Heureusement que je n'ai pas su.

  • Speaker #1

    De toute façon, c'est mieux de ne pas savoir.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Donc faites-le, ça va bien se passer. Et puis quand ça se passera mal, vous y arriverez quand mĂȘme parce qu'il n'y a pas le choix.

  • Speaker #1

    On arrive à la fin. On a beaucoup parlé, mais tu as plein de choses super sympas à dire. Si tu dois balayer les idées reçues sur la vie en ruralité, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ? Qu'est-ce que tu as envie de dire à tous ces gens qui ont plein d'idées reçues, de clichés ? Sur la vie à la campagne, tu te fais chier, les gens ne sont pas cultivés, il ne se passe rien, tu n'as pas de vie sociale, etc.

  • Speaker #0

    Il y a un truc qui m'a vachement étonnée, c'est une énorme forme d'entraide que je n'avais pas trop soupçonnée. C'est vrai que j'aurais pu parler de ça quand tu parlais de surprise tout à l'heure.

  • Speaker #1

    C'est pas grave, on parle maintenant.

  • Speaker #0

    Quand je suis arrivĂ©e, je me suis rendue compte que si j'avais une question, si j'avais... Une problĂ©matique, en fait, la rĂ©ponse elle arrivait directe si j'avais besoin de quelque chose. Il suffisait de juste le demander et les gens te donnent trĂšs facilement, avec plaisir. Et ça, je trouve que ça rend hyper heureux de se dire que quand on manque d'un truc, il suffit d'aller toquer chez le voisin ou la voisine. Et j'ai hĂąte de pouvoir rendre l'appareil et de pouvoir... donner et redonner tout ce qu'on m'a donnĂ©. Une Ă©norme forme d'entraide incroyable depuis que je suis arrivĂ©e. Ça fait trop du bien.

  • Speaker #1

    Ça, c'est clair. Ça, c'est indĂ©niable. La richesse, elle est lĂ . Elle n'est pas dans ton porte-monnaie. Elle est lĂ . Une autre femme, aprĂšs toi, Ă  ce micro.

  • Speaker #0

    Facile. J'en ai dĂ©jĂ  parlĂ© en plus. C'est Jocelyne. Du coup, on Ă©tait salariĂ©s dans la mĂȘme entreprise Ă  Paris.

  • Speaker #1

    D'accord. Le magasin de fruits et légumes. Elle a changé de vie aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, et en fait, elle a fait son installation agricole une année avant moi. D'ailleurs, elle n'est pas trÚs loin de chez toi, elle est en Dordogne.

  • Speaker #1

    Elle est oĂč ?

  • Speaker #0

    Curege, ça s'appelle Eau Rouge Vergée. Mais non !

  • Speaker #2

    Mais oui !

  • Speaker #1

    Ok, mais oui !

  • Speaker #0

    Et en fait, dĂ©jĂ , c'est trop bien parce que c'est un peu mon relais. C'est-Ă -dire que quand je fais une nouvelle Ă©tape, genre faire ma dĂ©claration TVA, pour la premiĂšre fois, je sais qu'elle, elle l'a fait une annĂ©e plus tĂŽt. Du coup, on s'envoie des petits messages, comment on fait ça ? Du coup, c'est ma mentor-e sur les questions administratives. Et d'ailleurs, je suis contente parce que je commence Ă  devenir la mentor-e d'autres personnes. Ça, c'est cool. Et ouais, elle a un super projet. Ça, c'est trop bien. C'est aussi une super histoire de femme, puisque du coup, elle avait un projet d'installation seule. Mais en fait, elle a rencontrĂ© son associĂ©, qui est une femme, au BPREA. Du coup, elles ont montĂ© un projet toutes les deux. Et je trouve ça trop cool que, juste par une amitiĂ© dans un BPREA, elle se soit lancĂ©e Ă  deux femmes.

  • Speaker #1

    elle est dans ma liste si tu devais recommander ce podcast Ă  quelqu'un, qu'est-ce que tu pourrais lui dire ? ce serait quoi quand tu files le petit cadeau, tu dis quoi ?

  • Speaker #0

    ça fait trop du bien d'entendre des femmes avec des parcours incroyables, ça donne trop de force ça donne envie de les rencontrer d'ailleurs il y en a pas mal que j'ai suivi sur Instagram on s'est envoyĂ© des petits messages ça donne grave envie de se faire plein de copines je vois qu'aprĂšs vous suivez parce que je vois les noms sur les comptes je dis bah tiens maintenant je connaisse bien sĂ»r Ça donne envie de se faire plein de copines. Moi, tu sais quoi ? Les profils qui m'ont le plus marquĂ©e, je note sur Google Maps leur village. Parce que ça m'arrive de faire des voyages Ă  vĂ©lo. Et comme ça, je me dis, qu'est-ce qu'il y a lĂ  ? Ah, mais c'est cette fille super du podcast. Je lui ai demandĂ© si je ne peux pas passer, poser ma tante dans son jardin dans deux semaines. Ça, c'est un petit...

  • Speaker #1

    La communauté des NFC. Parfait. Donc, tu dirais ça. Ton choix de vie à la campagne, il est définitif ?

  • Speaker #0

    Oui. Si jamais j'ai besoin de repartir Ă  l'aventure, je pense que ce n'est pas impossible de trouver une paysanne qui aurait envie de se tester en agriculture sur une annĂ©e. Peut-ĂȘtre une personne qui serait en train de passer son BPREA, qui pourrait venir faire ses stages ici, puis en plus lĂ . Et puis aprĂšs, je lui filerai les clĂ©s. Et ça pourrait ĂȘtre trop cool. C'est vrai qu'avoir cette ouverture-lĂ  sur l'idĂ©e de pouvoir renforcer mon vĂ©lo pour aller Ă  l'autre bout du monde comme une dingo, j'aime trop l'idĂ©e.

  • Speaker #1

    Les deux derniĂšres, de quoi tu es la plus fiĂšre ou la plus heureuse ?

  • Speaker #0

    Ce qui me rend la plus heureuse, c'est mes Ausha. Je pense que ce qui me rend la plus fiĂšre, c'est quand mĂȘme le voyage Ă  vĂ©lo que j'ai fait. Parce que je trouve que ça a aussi dĂ©terminĂ© l'adulte que j'Ă©tais en train de devenir. Et ça m'a donnĂ© plein de force pour la suite. AprĂšs, en vrai, je crois que je suis fiĂšre de toutes les petites micro-Ă©tapes du projet. Non, mais tu vois, faire la premiĂšre rĂ©colte de bourgeons, faire la premiĂšre filtration, finaliser les Ă©tiquettes. faire le premier marchĂ©, accueillir la premiĂšre personne en woofing. C'est plein de choses. Chaque nouvelle Ă©tape, c'est incroyable et ça rend ultra fiĂšre. Et en fait, cette vie, elle est pleine de fiertĂ©. Je pense que c'est important. Et parfois, je pense que je peux l'oublier. Je peux me dire, je n'ai pas encore fait ça. Parfois, j'ai l'impression qu'il y a des gens qui regardent ma ferme de loin et qui se disent, ce n'est pas abouti ça. Mais en fait, c'est juste moi qui me regarde de loin.

  • Speaker #1

    Mais là, quand on parle, parce qu'il y a pas mal de filles qui m'ont dit, en faisant le podcast, je me suis fait la rétrospective.

  • Speaker #0

    de tout ce que j'avais fait c'est un parcours qui peut que ĂȘtre rempli d'Ă©tapes qui rendent fiers ton pĂšre et ta mĂšre sont autour de la table,

  • Speaker #1

    qu'est-ce qu'ils te disent ?

  • Speaker #0

    je crois qu'ils sont...

  • Speaker #1

    et ta soeur ? et mon frĂšre ah oui tu ne m'as pas parlĂ© de ton frĂšre c'est vrai on n'en a pas parlĂ© en tout cas tes proches tout Ă  l'heure tu as dit quand mĂȘme que quand tu as dit que tu allais partir dans le limousin patati patata ils ont dit go on y va et aujourd'hui ils voient tout ça ? Qu'est-ce qu'ils te disent ?

  • Speaker #0

    DĂ©jĂ , c'est les personnes qui viennent le plus. Ils viennent Ă  peu prĂšs tous les deux mois. Je crois qu'ils sont vraiment contents pour moi. Ils aiment bien venir ici. Quand ils viennent, on fait les touristes dans le limousin.

  • Speaker #1

    D'accord. Trop rigolo.

  • Speaker #0

    Ma sƓur, quand elle vient, elle me prĂ©vient. Elle me dit, je ne t'aiderai pour rien. Je vais aussi pour me la couler douce.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mon frĂšre, il m'a pas mal aidĂ©e. Bon, je dis ça, mais ma sƓur m'a aussi Ă©normĂ©ment aidĂ©e, Ă©videmment. Et non, je suis trop contente quand ils viennent. En plus... J'arrive Ă  les accueillir dans des conditions de plus en plus confortables. Et du coup, je sens qu'au dĂ©but, quand ils venaient, c'Ă©tait pour finir un coup de main pour les travaux. C'Ă©tait un peu rude. Maintenant, ils peuvent venir se laver les douces. Et ça me fait trop plaisir de pouvoir offrir cet endroit Ă  mes proches.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, ce n'est pas grave si tu n'es pas styliste ?

  • Speaker #0

    Non. Je crois que c'est ça aussi.

  • Speaker #1

    Que tu as trouvé ta place ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, j'ai grandi, j'ai évolué. Mais eux aussi ont énormément changé, évolué ces derniÚres années. Et du coup, je pense que... Je pense que c'est évident pour eux maintenant que le plus important, c'est que leurs enfants soient heureux et pas que leurs enfants réussissent d'un point de vue économique. Le plus important, c'est qu'on soit bien.

  • Speaker #1

    On clÎture avec ça ? C'est pas mal comme phrase. Allez. On clÎture avec ça ? Merci Auriane.

  • Speaker #0

    Merci Sandrine.

  • Speaker #1

    Non, on va aller boire un coup. Non, je rigole.

  • Speaker #2

    Merci pour votre Ă©coute. Merci d'ĂȘtre restĂ© jusqu'au bout de notre Ă©change. Et si vous voulez continuer Ă  m'encourager et surtout Ă  faire connaĂźtre le podcast, vous pouvez mettre 5 Ă©toiles et un commentaire sympathique sur Apple Podcasts et Spotify. Surtout, vous n'oubliez pas de vous abonner Ă  la chaĂźne de podcast pour ĂȘtre notifiĂ© des nouveaux Ă©pisodes. Et si vous voulez faire partie de la communautĂ© des Nouvelles Filles de la Campagne, abonnez-vous Ă  la newsletter. Alors, soit vous m'Ă©crivez sur les nouvellesfillesdelacampagne.com, tout attachĂ© en minuscules, ou vous me contactez sur les rĂ©seaux sociaux des Nouvelles Filles de la Campagne, Instagram et Facebook. Je vous dĂ©voile les coulisses des Nouvelles Filles de la Campagne, des tips, des astuces, des sujets, la sortie des nouveaux Ă©pisodes et plein d'autres surprises. Alors, un grand merci et je vous dis Ă  bientĂŽt. Ciao !

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