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Les Nuits Zouave

"Vincent et Moi" : Vincent Delerm & Vincent Frèrebeau, fondateur de tôt Ou tard et Zouave

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36min |13/06/2024
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"Vincent et Moi" : Vincent Delerm & Vincent Frèrebeau, fondateur de tôt Ou tard et Zouave

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Description

Dans ce second épisode, nous parcourons l'itinéraire de deux Vincent qui ont marqué l'histoire du groupe tôt Ou tard / Zouave : Vincent Delerm, premier artiste signé par le label indépendant, et Vincent Frèrebeau fondateur des deux sociétés de production.


Comprendrez-vous quelque chose aux revenus de la musique enregistrée et de la musique live ? Vincent Delerm a-t-il transformé ses équipes en porte-clefs ? Julien Clerc apprécie-t-il de jouer à Bourg-en-Bresse ?


Nous répondrons à toutes les questions que vous vous posez sur le monde de la musique dans ce deuxième épisode des NUITS ZOUAVE !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ouais, un peu de flotte aussi. Oh, si t'as un CocaZero, un truc comme ça. Non,

  • Speaker #1

    de l'eau. Où est mon portable ?

  • Speaker #0

    Alors ? Hum, t'as 100. Bon,

  • Speaker #1

    allez, tranquille, t'es pas...

  • Speaker #0

    Alors, un test, bah écoutez, moi je parlerai pas tellement plus fort que ça. Moi,

  • Speaker #1

    je parlerai pas beaucoup plus que ça. Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Faut un artiste zouave. J'aime bien. Bonjour. C'est trop bien de faire ça.

  • Speaker #1

    Bonjour. Je sais pas.

  • Speaker #0

    Bonjour, et bah c'est... Je suis Vincent Delerme, et je suis un chanteur... qui fait des chansons au piano et qui a été signé par un label Tôt ou tard et qui a été tourné par un tourneur qui s'appelle Zouave.

  • Speaker #1

    Et moi, je m'appelle Vincent Frèrebeau et je suis à la tête d'un groupe que j'ai créé qui comprend le label Tôt ou tard et également la société de production Zouave

  • Speaker #2

    Spectacle. Est-ce que ça va ? Merci ! Oui, voilà, on est complet ce soir. Sold out, baby ! Merci !

  • Speaker #3

    Zouave a 15 ans et présente Les Nuits Zouaves, le podcast Une vie de concert. En fait, le truc, c'est une histoire qui est un peu folle aussi,

  • Speaker #0

    d'être toujours chez ton auteur aujourd'hui. Vu à quel point j'en ai fait une sorte de fixette quand j'étais étudiant. Le moment où j'ai commencé vraiment à faire des chansons, où j'avais 17-18 ans et où j'étais étudiant, c'était en fait les débuts du label Tout ou tard. Je ne m'en rendais pas forcément compte à cette époque-là. Je ne voyais pas ça comme un label qui venait de se créer. Mais c'était une maison de disques qui comptait beaucoup pour moi parce qu'elle faisait converger des choses qui comptaient. C'est à dire à la fois une tradition quand même d'écriture évidemment avec Dick Haneghan, Thomas Fersen, des gens qui étaient très voilà qui avaient vraiment une vraie manière d'écrire des textes et que ce soit chez Franck Monnet sur son deuxième album ou chez Fersen il y avait des arrangements qui étaient très aboutis, qui étaient très soignés et ça ça me touchait vraiment je me disais c'est génial parce qu'il y a tout il y a ce... Ce soin un peu, cette culture un peu anglaise aussi qui était très très digérée. Et puis aussi il y avait quelque chose de très assumé, parce que c'est des années où, moi je me disais ça, mais peut-être c'est un faux regard, mais j'avais l'impression que l'industrie du disque était beaucoup à pas choisir son camp, à mettre beaucoup d'autocollants sur les disques, avec marqué à la croisée de la chanson et de la pop, ou à la croisée de la chanson et du rock. Et qu'en fait, tôt ou tard, ils avaient vraiment choisi leur camp. Bon Vincent, quelle est ta fonction dans ce bazar ?

  • Speaker #1

    On s'est rencontrés, moi j'étais encore dans des circonstances différentes parce que j'étais salarié d'une grosse maison de disques qui était Warner et j'avais créé cette étiquette Tautard, j'insiste sur le mot étiquette parce que c'était rien d'autre à l'époque, c'était pas du tout mon entreprise c'était un label qui était intégré à Warner et en effet à l'intérieur de ce label j'avais développé beaucoup de projets de chansons il y avait... Tu les as cités, Tethered, Thomas Fersen, Dick Hanegarn, Jackie Gélin, qui avaient fait deux albums avec nous, et puis on avait aussi eu un très très beau succès avec La Sade C'est Là, en 97. Donc tout ça, on était en cette dynamique-là, et en fait, c'était une dynamique qui convenait finalement, moi qui me convenait très bien et avec laquelle j'étais pleinement heureux, mais ça ne convenait pas. tant que ça à la maison de disques qui m'employaient parce qu'ils étaient dans la logique beaucoup plus globale et beaucoup plus pop etc etc j'ai senti à l'époque que quelque chose allait m'échapper donc plutôt que voir ce truc m'échapper j'ai choisi moi de m'échapper et à ma grande surprise Warner à l'époque m'avait proposé de faire ce qu'on appelle une jeune venture, c'est une société en partenariat entre eux et moi et donc c'est là que Vincent arrive parce que j'avais rencontré Vincent Grâce à un musicien qui travaillait avec Thomas Fersen, qui est devenu ton arrangeur, qui est devenu ensuite...

  • Speaker #0

    Le pianiste de Thomas, oui.

  • Speaker #1

    Qui m'a un jour alerté, qui m'a prévenu, qui m'a dit Vincent, j'ai rencontré un autre Vincent, il est super, faut que tu le croises. Il écrit des chansons, et c'est là qu'on s'est croisés, que Vincent est venu nous voir une première fois, avec trois chansons, je crois.

  • Speaker #0

    Avec huit chansons, mais c'était un rendez-vous d'écoute. Oui,

  • Speaker #1

    donc on a écouté trois.

  • Speaker #0

    Et si je vais être franc, t'en as écouté trois et demi, plus que trois. Le téléphone a sonné sur l'heure du thé. Il m'a dit, bon, écoute, c'est pas mal, je vais écouter et tout. Et en fait, j'espérais que ça atteigne le premier refrain, parce que j'étais assez content du refrain de l'heure du thé, l'idée de sortir de chez toi habillé comme hier et tout. Et je me dis, putain, putain, il n'y a pas eu le premier refrain. Il ne va jamais me signer.

  • Speaker #1

    Je m'attends. Rue Saint-Séverin, je sors de chez toi habillé comme hier. Dans la ville normale, des voitures banales qui ne savent pas pour la nuit dernière. Non, et c'est vrai que ça a pris du temps ensuite, parce que moi j'ai vraiment, je me souviens avoir été marqué par le style d'écriture de Vincent, et m'être dit, comme on se dit souvent, d'abord que pour signer les projets, il faut un peu prendre du temps, parce qu'il y a l'impulsion, il y a l'envie immédiate, et puis après il faut savoir où on va, comment on va faire, etc. Donc il fallait ce temps-là, et puis il fallait d'autres répertoires, et puis j'avais besoin avec Vincent de comprendre comment les choses allaient être traduites en... en musique enregistrée, quand je dis que j'avais besoin de comprendre, c'est-à-dire que je n'extrapolais pas à l'époque, je n'arrivais pas à matérialiser la chanson une fois qu'elle allait être imprimée. Oui,

  • Speaker #0

    ce n'était pas facile, parce que moi, en fait, quand j'ai commencé, tu vois, quand on a commencé, quand on a été signé, j'étais signé avec Jeanne Chéral, et elle, elle faisait à l'époque, avant qu'on fasse nos spectacles ensemble du début, elle a fait des dizaines et dizaines de trucs où elle a envoyé ses cassettes, où elle était prise des tremplins. Ça filait droit, techniquement elle chantait droit. Moi mon truc c'était quand même très particulier la manière de chanter. Et donc après, une fois que je me retrouvais en public, et ça m'a servi quand j'ai fait les premières parties de Fersen à un moment donné, et Vincent Frerbeau et Olivier Poubelle qui étaient mon premier tourneur, m'ont un peu testé en première partie de Fersen. Et là, ça je savais le faire parce que je venais du théâtre et que là du coup ça revenait ma zone. Mais sur le papier, à posteriori, même si ça m'a semblé long,

  • Speaker #1

    Vincent il n'a pas tout de suite décidé de me signer mais je constate à quel point c'était normal encore aujourd'hui à l'époque je me souviens avoir fait un truc que je ne ferais plus aujourd'hui parce que je n'avais pas de société de production de spectacle à l'époque mais du coup je t'avais dit je crois qu'il faut que tu t'installes un peu que tu tournes etc et je t'avais envoyé chez un confrère et ami donc Astérios Olivier Poubelle et qui à son tour avait eu un coup de coeur et tu avais ensuite justement, avait développé quelque chose avec toi sur scène, qui a permis à Vincent de faire de nombreuses premières parties, mais aussi de commencer à amorcer une petite tournée, et à faire un concert qui, pour moi, a été un déclencheur, qui était un concert à Malakoff, qui était un des concerts dans lequel j'ai réalisé qu'il fallait que je signe Vincent très très vite. Et finalement, tu t'es retrouvé être la première signature, mais quand je dis la première, c'est un quart d'heure après qu'on soit devenu indépendant, Vincent. Alors pour le coup, c'était un petit peu prévu entre nous comme ça, on avait...

  • Speaker #0

    moi j'avais choisi Vincent pour être le premier artiste à signer chez Tohoutard dans la version indépendante ce qui m'a vachement épaté bon il faut admettre que c'est un peu paniquant d'avoir face à toi quelqu'un qui te dit ah non mais moi je veux être sur ce label là à tout prix c'est comme si t'es quelqu'un qui te dit ah non mais moi t'es l'homme de ma vie et machin ouais finalement c'est pas très je le conseille pas tu vois comme stratégie c'était fou c'était une période moi c'est vraiment un truc dont je me suis jamais remis enfin le L'intensité de ce moment-là et le plaisir du succès du premier album aussi beaucoup pour cette raison-là.

  • Speaker #2

    Et c'était fou pour nous aussi, c'était chute pour nous,

  • Speaker #1

    parce que nous, on démarrait une aventure indépendante qui était quand même une inconnue totale, qui était dans des bureaux d'ailleurs qui sont dans le même bâtiment que celui dans lequel nous sommes aujourd'hui, mais qui était tout petit. qui était un petit bureau de 60 mètres carrés dans lequel on était quatre. On était un peu comme devant une page blanche. Sur cette page blanche, on a écrit Vincent Delerme. Et on était l'année d'après, fort de, je ne sais pas, peut-être 150 000 ventes à l'époque. On était aux Victoires de la Musique, que tu as gagné. On a transformé tout ça en un succès qui a été au-delà des 400, 450 000 albums vendus. Ce qui était absolument dingue. C'était aussi la fin d'une époque. C'est le début d'une crise. très forte que connaît la musique enregistrée et nous on vit cette aventure là qu'on savait pas à l'époque mais qui est une des dernières finalement à se vivre de cette manière là un développement d'artiste tout en étant la première dans un autre genre parce qu'au delà de ce

  • Speaker #0

    que je faisais il y a eu toute une génération là d'un seul coup tout ce qui était un peu chanson française se mettait à marche et il y a eu vraiment un moment qui était d'ailleurs un peu trompeur parce que pour des gens qui ont existé un peu et qui se sont dit ça y est c'est bon euh Et en fait c'est retombé assez vite, mais c'était assez fou et je trouve que pour moi, historiquement, ça m'a toujours intéressé l'histoire de la chanson française tu vois, et c'était la première fois qu'il y avait une génération de gens qui arrivaient en disant bah nous on vient à ça parce qu'on a adoré d'autres chanteurs. Benabar il parlait de Delpech, Biolay il parlait de Gainsbourg, moi je parlais de Souchon, chaque chanteur avait son truc tu vois, et toutes ces générations, Kali, Jeanne Chéral elle parlait beaucoup de Véronique Sanson, de William Sher, d'Ygelin. Et on avait tous des maîtres et des maîtresses qu'on assumait. Là où souvent il y a une posture qui consiste à dire que tu t'es fait tout seul, ou alors que tes modèles ne sont que jazz ou que anglo-saxon. Mais là d'un coup… Et en fait j'aimais bien faire partie de ce truc-là parce que moi je me suis vraiment fabriqué avec des chanteurs et j'ai voulu faire ça parce que j'ai vu des spectacles, mes parents m'ont beaucoup trimballé voir des concerts et tout ça.

  • Speaker #1

    et j'aimais bien faire partie de ce truc là mais par ailleurs effectivement techniquement en termes d'industrie oui c'était la fin d'une époque ce qu'on aime beaucoup c'est que cette filiation continue et finalement elle continue en interne aussi parce que si tu demandes à Vianney pourquoi il a voulu signer avec Togutin il parle de Delerme, il parle de Fersen il parle de Bogarts, il parle de tout ça et Noé Prechof c'est la même chose et Sylvain Dutuc qui est le chanteur de Boulevard des Airs c'est la même chose Il vient nous voir parce qu'il est un immense fan de Vincent et que son Boulevard Désert est baptisé comme ça en raison de la DVD qu'on a fait qui s'appelait Un soir boulevard Voltaire et c'est parti de là.

  • Speaker #0

    Il y a des moments où ça rigole, il y a des moments où ça se plante, où ton album passe à travers. Et en fait, dans ces moments-là, le fait que ton parcours ait quand même un petit sens, que tu suis une ligne et tout, c'est ça qui te tient. Je me suis dit, de toute façon, c'est ça qu'il fallait faire, parce que le sens, c'était ça. Et ça, c'est vraiment un truc qui est une force, parce que c'est ça qui te sauve tout le temps. Du côté, ah merde, ça fait trois semaines qu'il flotte. Mais bon, pas grave, on sait pourquoi on est là.

  • Speaker #1

    Ça peut être aussi moi. Alors on revient à notre métier à nous, notre métier de producteur. Notre métier de producteur c'est de rencontrer des artistes, c'est d'essayer du mieux qu'on peut d'accompagner leur création. Donc c'est déceler déjà le talent, enfin déceler, ressentir le talent d'un artiste et ensuite de l'aider à fabriquer son projet. et ensuite de l'aider à faire connaître son projet et de l'amener aux gens. Et puis s'inscrire dans la durée, ce qui est au moins aussi important, voire beaucoup plus important surtout que d'avoir un premier succès une fois. Donc c'est ça notre devoir en fait.

  • Speaker #0

    En général dans la société, il y a une sorte de défiance latente envers les producteurs, peut-être envers les patrons et les patronnes en général, mais en tout cas dans la musique, il y a le moment en plus de la licence globale, tout ça a favorisé encore ce truc-là, parce que les gens pour se rassurer sur le fait que d'un seul coup il pouvait avoir des 10 sans les payer Il dit ouais mais de toute façon c'est que des mecs qui fument le cigare et qui ressemblent à Eddie Barclay et qui font des… enfin tu vois il y avait… c'est une idée qui est pratique souvent l'idée de… et ça c'est une idée qui a la peau assez dure parce que souvent les gens vont te dire mais pourquoi toi tu as ton public ? Maintenant ça fait 20 ans que tu fais ça, tu as des gens qui te suivent, tu pourrais… je pourrais m'auto-produire tu vois. Et ça en fait tous les gens qui le font, il y a une tradition, c'est pour ça que c'est intéressant aussi que quand je dis j'aime bien… L'histoire de la chanson, c'est qu'il y a souvent eu des artistes qui, au bout d'un moment, ont eu l'impression, pas du tout chez tout ou tard, mais dans d'autres structures, de se faire un peu avoir. Et ils ont dit, je vais fabriquer mon truc, créer mes éditions et tout ça. Mais en fait, souvent, c'est très sclérosant parce que d'un seul coup, déjà, tu te mets à avoir toutes les lignes de comptabilité en tête. Donc tu te dis, pourquoi est-ce qu'on paye un mec si cher pour faire la lumière ? Franchement, deux projecteurs, c'est bon. Pourquoi tel mec qui fait la photo de mes pochettes de disques ? Franchement, c'est abusé le tarif qu'il prend et tout. Moi, j'ai un pote qui avait fait une bonne photo cet été en vacances. Et en fait, tu peux tout réduire comme ça. Alors déjà, ça, c'est techniquement parlant. Et surtout, en termes d'élan, quand tu sors un nouvel album, en fait, le fait d'être... Tu pourrais te dire que tu as ton public, mais en fait, non. C'est une illusion. Tu l'as d'une certaine manière, mais il faut tout le temps que ta maison de disques aille le rechercher pour toi. C'est pas moi tout seul qui peut aller le choper. Évidemment que j'ai ma responsabilité, que j'utilise Instagram de cette manière-là aussi pour une communauté. Mais tu as quelque chose qui est beaucoup plus fort déjà en termes de confiance dans ton projet, d'énergie et aussi de paroles prises parce que les attachés de presse qui parlent de ton disque et tout ça, c'est un savoir-faire. Ça revient à l'idée dont on parlait, c'est de savoir qu'il y a des vrais métiers et ça compte beaucoup. Et en fait, je trouve que souvent les gens qui se disent à un certain stade maintenant je crois que je peux m'en passer Ouais au bout d'un moment ils reviennent au bercail de leur maison de disques originelle ou en tout cas ils s'aperçoivent que c'est pas si simple.

  • Speaker #1

    Moi déjà il y a une chose, c'est que la nature des projets qui nous plaisent, qui nous intéressent et qui nous motivent, ce sont la plupart du temps des projets qui sont des projets avec du texte, avec du sens, avec de la profondeur, avec des gens. Et donc tout ça, ça se retrouve plus sur une scène que dans un rayon disque. Donc c'est simplement qu'avant il y avait deux métiers. Et puis le secteur de la musique enregistrée s'est effondré dans les années 2000. Ça a conduit des acteurs comme moi à créer leur société de production de spectacles pour avoir deux intérêts supplémentaires à réussir un projet. Un intérêt stratégique, parce que c'est une trajectoire dont on décide ensemble avec l'artiste et tout ce qu'on fait se fait dans l'intérêt du projet, donc dans l'intérêt de l'artiste, parce que l'intérêt du projet, si on réfléchit deux secondes, il n'est pas très éloigné d'une autre à condition qu'on ait... un petit peu une maîtrise de tous les éléments. Donc l'intérêt stratégique, c'est d'être capable de décider, alors qu'on n'a pas la moindre idée du répertoire qui va composer un nouvel album, de pouvoir décider stratégiquement un certain nombre d'opérations, soit une tournée, soit une résidence parisienne, et ça c'est des décisions qu'on doit prendre très en amont, et c'est aussi une relation de confiance entre les artistes et le producteur, pour pouvoir... Comment mettre en place toutes ces choses-là. Donc ça, c'est un vrai intérêt stratégique qu'on peut avoir ensemble, nous, à produire les spectacles de nos artistes, et les artistes à être produits par nous. C'est le premier point. Puis il y a évidemment un point économique, où sur... Une grande partie du répertoire, les revenus existent, mais se font beaucoup plus long à arriver. Hier, on était payé comptant d'un succès quand on avait des disques à vendre, ou quand on avait même encore la partie téléchargement, donc le down-loan, on était payé comptant de notre succès quand on en avait. Aujourd'hui, un succès, il est payé sur 10 ans, c'est-à-dire pour arriver à reconstituer. Ce que rapportait la musique enregistrée hier, il faut vraiment avoir le temps parce que c'est le mode du streaming.

  • Speaker #0

    Par contre, le modèle de fabrication, lui, n'a pas du tout bougé en termes de financièrement, de coût. Il est même plus cher.

  • Speaker #1

    En termes de coût, il est même plus cher. Le coût de production a augmenté, mais pas de façon démesurée. Le coût de marketing, c'est-à-dire pour faire connaître. Un projet, le coût de la promotion et du marketing, lui, il s'est multiplié par 5. Simplement parce que l'offre, elle s'est multipliée par 1 000. C'est-à-dire que d'un seul coup, on a, je crois, quelques 100 000 chansons qui arrivent sur les plateformes de streaming chaque jour dans le monde. Alors dans ces 100 000, il faut comprendre qu'il y a énormément de projets qui ne sont pas du tout des projets du réseau, on va dire, professionnels, mais qui sont beaucoup d'amateurs qui décident d'uploader une chanson. d'anniversaire à leur grand-mère ou je ne sais quoi, simplement pour que la grand-mère puisse l'écouter. Donc ce ne sont pas 100 000 chansons, projets, etc. Il reste qu'il faut surnager là-dedans, il faut que les 12-13 chansons qui composent le nouvel album d'un artiste puissent passer au-dessus de beaucoup d'autres. Et ça, ça veut dire des moyens colossaux pour arriver à un moment, éclairer avec un faisceau cet ensemble de chansons, ou une chanson en particulier, etc. Enfin bref. Il faut investir beaucoup de temps et d'argent, de moyens, pour arriver à émerger. Particulièrement quand on parle d'artistes qui n'ont pas de notoriété encore. Donc il faut tout construire. C'est énormément de moyens à la disposition de ça. Et du coup, comme ces moyens-là ne sont récupérés que sur un terme très très long, le retour sur investissement est très très long. Parce que le modèle du streaming, qui est un modèle d'abonnement, comme si... vous payez un loyer un petit peu pour écouter la musique qui vous plaît, en tant que propriétaire, vous touchez un loyer aussi. C'est-à-dire que vous ne touchez pas le produit de la vente d'un appartement en une seconde, vous touchez votre part du loyer mensuel. Donc ça peut être très très long avant de recouper cet investissement. Et donc, l'intérêt économique du live, et de se retrouver quand on est producteur phonographique, à devenir producteur de spectacle, c'est ça. C'est que le spectacle reste dans la musique. Pardon de parler comme ça, mais il y a une économie, donc il ne faut absolument pas la taire. C'est le moyen d'être payé comptant, c'est le seul moyen d'être payé comptant d'un succès. Ça ne veut pas dire qu'en musique enregistrée ça ne marche pas, ça veut dire que ça va être beaucoup plus long. Mais le succès du spectacle...

  • Speaker #0

    c'est le moyen de matérialiser économiquement le travail qui est fait. Il faut bien trouver comme ça une économie mixte entre le phono et le spectacle. C'est pour ça qu'on s'est mis, c'est pour toutes ces raisons-là qu'on s'est mis à faire du spectacle, et c'est pour une raison bien supérieure à celle-ci, qui est aussi le goût qu'on a, nous, pour le spectacle, et le plaisir qu'on a à aller, à chaque fois que l'un de nos artistes joue, d'y être, d'y être en équipe, d'y être... Ici, il y a toute une équipe, on est 38 ici dans le groupe qui compose toutes ces activités-là. Et il n'est pas rare de retrouver au guichet des concerts des uns et des autres pour faire les invitations, le directeur juridique, le comptable, etc. Parce qu'on partage tous une vraie passion pour la musique et nos artistes. Et c'est le moment qui cristallise ça. C'est le moment de partage en fait. C'est le moment, c'est le repas de famille, c'est plus que le repas de famille.

  • Speaker #1

    Il faut dire qu'avant même qu'il y ait cette structure de tournée, ça a été une originalité et une force de tout au tard. C'est qu'il y avait systématiquement dans les concerts des gens de la maison de disques.

  • Speaker #0

    Ça paraît con,

  • Speaker #1

    mais c'est pas tout le temps. À l'époque, ils n'avaient aucun intérêt à y être, autre que... Et même, c'est un plaisir forcément fort quand tu as poussé un projet, d'assister au moment où tu vois que sur les têtes des gens dans la salle, ça prend, que le truc fonctionne. Et donc du coup, moi toutes les fois où j'ai participé d'un peu loin à un projet autre que le mien et où tu te retrouves au concert à voir le truc, tu te dis Ah putain, mais en fait ça, ça marche, puis les gens sont contents. Enfin, il y a un plaisir de ça, oui. C'est quoi ce plan ? Rêve adolescent ? la scène une vie comme ça c'est quoi cette histoire la salle dans le noir quatrième rappel servir à quoi Et des gens qui sont chez Peutard, c'est un peu des personnages dont on pourrait faire un porte-clés ou une peluche quand même la plupart du temps. Enfin, tu vois, on peut les caricaturer. Et ça, c'est vraiment important. Et c'est ça qui fait aussi que sur scène, ça existe. Parce que c'est des personnages, la manière de se tenir de Noé Préchauffe. On a tous des attitudes, des postures. Il y en a peu, finalement, qui n'ont pas leur petit truc à eux, ou leur petite scoliose à eux. Et ça, ça fait que sur scène, c'est ça qui est le plus important aujourd'hui. Parce qu'il y a tellement de propositions qu'il faut que tout le monde soit un peu monstrueux, dans le sens différent, en tout cas pas complètement lissé sur le reste. Évidemment que nos vies sont très éparpillées par plein d'applications, par plein de choses et tout, et que le moment du spectacle, c'est quand même, si les gens s'obligent à aller voir un film en salle, plutôt que de le regarder chez eux ou à venir voir un spectacle, c'est quand même pour un peu presque une sorte de forme d'hygiène de vie, de dire, allez, je continue à me dire que pendant 1h30, je vais être capable physiologiquement d'être polarisé sur un truc. Évidemment qu'il y aura quelques personnes qui regardent leur téléphone, mais peu, et puis bon, à pied des mots, les gens le sortent pour faire une photo, tu vois, mais... Mais non, c'est ça qui est d'autant plus touchant aujourd'hui, c'est de, étant donné tout ce qui se passe et à quel point quand même, même des gens, tu vois, moi je m'estime comme un mec, j'ai fait, j'aime bien lire des bouquins et machin, mais j'ai quand même une, ma capacité d'attention, de concentration est beaucoup moins forte qu'avant parce qu'on est, on va voir le post que t'as fait sur Instagram, s'il a été liké par machin, si quelqu'un a fait un commentaire, si t'as reçu un mail, un message, enfin tous les trucs. Et là, tu... t'as plus que ça à faire de regarder un spectacle et c'est super en

  • Speaker #0

    fait le live se porte mieux que jamais. Je crois que ce sont les chiffres du CNM de l'année dernière qui le disent. Le live vit ses meilleures années. Pour moi, il y a plein de raisons à ça. La relation à la musique des gens, du public, elle a complètement changé. Elle est devenue un tout petit peu désacralisée par le streaming, c'est-à-dire que le streaming n'offre pas ce qu'offrait hier pour ceux qui ne consomment plus qu'en streaming. Il n'y a pas la collection de streaming. J'ai lu un truc récemment de quelqu'un qui disait qu'on se rappelle du premier disque qu'on a acheté, par contre on ne se rappelle pas du premier stream qu'on a écouté. Pour autant, la musique enregistrée est très écoutée, beaucoup plus qu'avant. Elle est écoutée de façon moins captive aussi, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui passent, qui écoutent les playlists de streaming comme on écoute une radio. Les services de streaming proposent des radios, et proposent par algorithme des écoutes de musique qu'on ne connaîtrait pas sinon. Donc... Donc la relation a complètement changé, c'est-à-dire que le public qui a son album fétiche, qui n'écoute que ça pendant un an, ça existe encore mais ça existe moins. En revanche, il y a un truc, c'est une analyse qui vaut ce qu'elle vaut, c'est la mienne, il y a une façon de consommer la musique aujourd'hui qui n'est plus considérée comme un achat. A juste titre, c'est une location. Et du coup, on a le sentiment, je pense, beaucoup de gens ont le sentiment... une fois qu'ils ont payé leur abonnement, ils n'ont plus l'acte d'achat, ils ne vont plus au magasin, ils ne vont plus. Et donc ils écoutent la musique de façon un petit peu globale comme ça. Malgré tout, à l'intérieur de ce qu'ils entendent, il y a vraiment des projets qu'ils écoutent pour le coup, qu'ils découvrent, qui leur plaît, qui leur fait quelque chose. Et le moment où ils se disent, là je vais payer pour ma musique, c'est en payant un ticket de concert. Et il y a aussi une autre relation qu'on peut faire, c'est... se dire ok, j'ai vendu j'ai un exemple précis en tête là j'ai vendu 3000 albums à date je remplis une cigale donc 1400 personnes donc 1200 billets de vendu plus les cigales debout, 1200 personnes payantes, 200 invités pour 3010 vendus et sur les 1200 personnes payantes, il y en a au moins la moitié qui connaissent toutes les paroles par coeur donc ça veut dire quand même La matérialisation, si je puis appeler ça comme ça, de la relation entre le public et l'artiste, c'est vraiment devenu le billet de concert. Et là, on en a chez nous, actuels, futurs, plein d'exemples qui nous disent ça. On est les producteurs du groupe Chacapon, qu'on en a parlé tout à l'heure, qu'il en est à 60 000 de son dernier album, 60 000 albums vendus, ce qui n'est pas pire. par les temps qui courent, et on a vendu 500 000 billets pour la tournée. Donc il y a comme ça une dichotomie totale entre ces deux résultats. C'est le monde à l'envers par rapport au monde que nous avons connu dans les fins des années 90 et aussi début des années 2000, où vraiment les scores étaient exactement opposés à ça. Donc il y a eu... Tout notre secteur s'est énormément réorganisé autour d'un ensemble de choses. Quand on parlait tout à l'heure, Vincent parlait de sa communauté, nous notre obsession, finalement, c'est même un paradoxe, c'est que nos artistes se retrouvent avec la plus grande autonomie apparente qu'ils soient. Et la plus grande autonomie apparente, c'est la plus grosse communauté. Mais cette communauté-là, pour être active, elle doit être alimentée en permanence. Évidemment, des posts qu'on peut mettre sur les réseaux sociaux, mais ce n'est pas suffisant. Il faut de la matière aussi, donc il faut un nouveau spectacle, il faut un nouvel album. Il faut être artistiquement présent. Ce n'est pas juste poster une photo bien sentie tous les trois jours. C'est avoir une actualité, parce que finalement, je ne sais pas, tu me contrediras peut-être, mais les périodes au cours desquelles... Tu recrutes le plus de nouveaux followers sur les plateformes, c'est évidemment les périodes de promotion, les périodes où l'artiste est très présent, en radio, en télé, en presse, etc. et en spectacle. Donc en fait, nous on constate ça sur la plupart de nos artistes, quand on a une tournée qui marche très très bien, là on recrute, on engrange, comme tu dis, des followers dans tous les sens. Nous sommes nous-mêmes followers d'autres artistes. Moi, à titre personnel, là... Je guette l'arrivée, d'ailleurs c'est marrant parce que ça me dit aussi quelle est ma relation à la musique. Moi en tant que spectateur et en tant que consommateur, il y a tellement de choses qui arrivent finalement, mon esprit n'est pas capable de tout regarder, de m'intéresser à tout etc. Alors je m'intéresse en fait à très peu de choses. Je m'intéresse aux projets que nous, nous produisons. Et puis à l'extérieur, j'ai finalement très très peu de projets qui appellent mon intérêt de façon absolument presque angoissée de louper le truc, etc. Et là, récemment, je me suis rendu compte que ce que je n'avais absolument jamais fait, pas fait depuis des années, m'est arrivé. C'est-à-dire que j'ai appris par les réseaux, donc par cette communauté à laquelle cette fois-ci j'appartiens. Je me suis rendu compte qu'il y avait un nouvel album de Billie Eilish, ça m'a rendu heureux, et d'un coup je me suis dit Ah, ça a égayé mon... Ça m'a aussi, je me suis tout de suite demandé comment j'allais pouvoir acheter des places, machin, etc. Bon, je suis à l'intérieur, je suis boulanger moi-même, donc je paye mon pain, mais je le paye en direct. Je vais au fourneau. Et donc voilà, je me suis interrogé autour de tout ça, je me suis excité autour de tout ça, j'ai trouvé ça génial, et je me suis dit, ah, je me retrouve dans la peau de ce consommateur de musique. Ce consommateur de musique a été happé par de l'information qui m'est arrivée. Alors oui, ça cultive l'idée, ou moi j'appelle ça plutôt une illusion qu'une idée, qu'un artiste peut se dévoyer tout seul. En vrai, il faut une organisation autour de tout ça assez solide. il faut une organisation qui accepte l'échec aussi, qui peut, parce que l'échec... comme le succès, sont des choses qui sont mutualisées. Et mutualiser le succès, c'est beaucoup plus agréable que mutualiser l'échec, mais mutualiser l'échec, c'est utile, parce que ça peut arriver dans une phase, dans une carrière, que les choses se passent plus ou moins bien, et dans ce cas-là, il vaut mieux que l'échec soit mutualisé, parce que sinon, il est assassin. Donc, je pense que c'est une des raisons pour lesquelles l'association entre l'artiste et un producteur, quel qu'il soit, au pluriel, c'est quelque chose qui reste indispensable.

  • Speaker #1

    Finalement, Vincent, dans son affection pour un certain schéma d'artiste, il a été un peu précurseur aussi de ce qui se passe dans l'époque. C'est-à-dire que l'attachement quand même des gens au spectacle et tout, il vient souvent aussi d'un attachement à une personnalité, justement à cette idée que les gens qu'on va voir sur scène, on a envie de penser que c'est des gens qu'on pourrait aimer dans la vie. Et qu'on sait que c'est important pour eux de faire ce spectacle. J'ai un pote qui, quand il était jeune, il allait voir Julien Clerc, il se disait... Est-ce que Julien Clerc, quand il était de Bourg-en-Bresse, et son saint hantise, c'était de se dire, est-ce que c'est important pour lui de chanter à Bourg-en-Bresse ? En fait, c'est une question que les gens ont beaucoup en tête dans les spectacles. Est-ce que c'est en train de compter le moment qu'on est en train de vivre pour la personne qui est sur scène ? Et je trouve que chez Tautard, il y a toujours eu une école de gens dont on peut se dire, je crois que lui, ça pourrait être un bon pote. Et on voit bien, tu vois Noé Prichoff sur scène, tu vois bien qui c'est. Tu vois Bogart, c'est albin, évidemment que c'est... Moi, on n'est pas que d'un... On a des paradoxes et tout, mais quand même, je pense qu'au bout d'un moment, les gens, ils identifient ce truc-là et ça compte beaucoup quand même. Parce qu'on est souvent dépassé aussi par... Je ne sais pas comment dire, on vit dans des vies où il y a aussi quand même beaucoup de gens qui ne nous tiennent pas à la porte dans le métro. Il y a tout dans la vie, il y a une multitude de... d'infos, de vexation, de frustration, de jalousie. Le rapport qu'on a les uns aux autres, il est très complexe. Donc le moment des spectacles, je trouve que c'est un moment qui doit être un moment où on se prend une bouffée d'air de quelqu'un qui nous fait du bien, au-delà de sa musique, qui nous fait du bien un peu, parce qu'on l'a choisi aussi comme être humain. C'est un truc qui rejoint beaucoup, pour moi, ce que je ressentais du casting que faisait Tauhoutard de ses artistes. Je traverse une ville, la nuit est facile, depuis longtemps, je connais ces âmes. Les soirs de concert, la chambre en hiver, je relis la trappe-cœur. Ah, Manuiz Ouav, idéal. Bon, comme on est dans cette pièce et tout, et que je suis beaucoup arrivé là grâce à lui, et par lui, je dirais Thomas Fersen, parce que c'est quelqu'un qui est incroyable sur scène, qui sait choper les gens, voilà. Et pareil, les gens ont un attachement très fort à lui, et il est seul dans sa catégorie. Après, je dirais Divine Comedy, parce que quand j'ai découvert ce mec-là, c'était tellement ce que j'espérais, un truc très lyrique, très grandiloquent, et... très amoureux et puis je mettrais deux potes deux zouaves pour finir qui sont Albin de la Simone et Mathieu Bogart et puis ma petite soeur Jeanne Chéral qui ferait un dernier appel avec tout le monde Ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin pas comme ils sont.

  • Speaker #0

    ce qui avait cloché pour ne pas que ça nous gêne moi j'ai pas de nuisoir j'ai que des nuisoirs j'ai des nuisoirs tout le temps ma nuisoir idéale ça va être celle qui va être organisée par une équipe qui travaille à réunir tout le monde parce que chaque élément, chaque artiste et même chaque salarié de Zouave je l'ai choisi moi donc J'ai choisi de travailler avec eux, donc je ne vais pas... En fait, je ne suis pas du tout impliqué dans la fabrication de cette Nuit is Love, et ce sera moi une surprise. Et ma Nuit is Love préférée, ça va être celle qui va avoir lieu le 15 mai, parce que ce sera une surprise à partir de mes potes, de mes artistes, de mes équipes. Et donc c'est un cadeau génial, donc je n'ai pas à choisir. Depuis 15 ans, ZOAV accompagne et fait grandir la musique live. Les Nuits ZOAV, le podcast,

  • Speaker #1

    une production Big Red Machine.

  • Speaker #0

    Réalisation, la Grande Zaza Productions. Les Nuits ZOAV, le podcast,

  • Speaker #1

    une vie de concert.

Description

Dans ce second épisode, nous parcourons l'itinéraire de deux Vincent qui ont marqué l'histoire du groupe tôt Ou tard / Zouave : Vincent Delerm, premier artiste signé par le label indépendant, et Vincent Frèrebeau fondateur des deux sociétés de production.


Comprendrez-vous quelque chose aux revenus de la musique enregistrée et de la musique live ? Vincent Delerm a-t-il transformé ses équipes en porte-clefs ? Julien Clerc apprécie-t-il de jouer à Bourg-en-Bresse ?


Nous répondrons à toutes les questions que vous vous posez sur le monde de la musique dans ce deuxième épisode des NUITS ZOUAVE !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ouais, un peu de flotte aussi. Oh, si t'as un CocaZero, un truc comme ça. Non,

  • Speaker #1

    de l'eau. Où est mon portable ?

  • Speaker #0

    Alors ? Hum, t'as 100. Bon,

  • Speaker #1

    allez, tranquille, t'es pas...

  • Speaker #0

    Alors, un test, bah écoutez, moi je parlerai pas tellement plus fort que ça. Moi,

  • Speaker #1

    je parlerai pas beaucoup plus que ça. Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Faut un artiste zouave. J'aime bien. Bonjour. C'est trop bien de faire ça.

  • Speaker #1

    Bonjour. Je sais pas.

  • Speaker #0

    Bonjour, et bah c'est... Je suis Vincent Delerme, et je suis un chanteur... qui fait des chansons au piano et qui a été signé par un label Tôt ou tard et qui a été tourné par un tourneur qui s'appelle Zouave.

  • Speaker #1

    Et moi, je m'appelle Vincent Frèrebeau et je suis à la tête d'un groupe que j'ai créé qui comprend le label Tôt ou tard et également la société de production Zouave

  • Speaker #2

    Spectacle. Est-ce que ça va ? Merci ! Oui, voilà, on est complet ce soir. Sold out, baby ! Merci !

  • Speaker #3

    Zouave a 15 ans et présente Les Nuits Zouaves, le podcast Une vie de concert. En fait, le truc, c'est une histoire qui est un peu folle aussi,

  • Speaker #0

    d'être toujours chez ton auteur aujourd'hui. Vu à quel point j'en ai fait une sorte de fixette quand j'étais étudiant. Le moment où j'ai commencé vraiment à faire des chansons, où j'avais 17-18 ans et où j'étais étudiant, c'était en fait les débuts du label Tout ou tard. Je ne m'en rendais pas forcément compte à cette époque-là. Je ne voyais pas ça comme un label qui venait de se créer. Mais c'était une maison de disques qui comptait beaucoup pour moi parce qu'elle faisait converger des choses qui comptaient. C'est à dire à la fois une tradition quand même d'écriture évidemment avec Dick Haneghan, Thomas Fersen, des gens qui étaient très voilà qui avaient vraiment une vraie manière d'écrire des textes et que ce soit chez Franck Monnet sur son deuxième album ou chez Fersen il y avait des arrangements qui étaient très aboutis, qui étaient très soignés et ça ça me touchait vraiment je me disais c'est génial parce qu'il y a tout il y a ce... Ce soin un peu, cette culture un peu anglaise aussi qui était très très digérée. Et puis aussi il y avait quelque chose de très assumé, parce que c'est des années où, moi je me disais ça, mais peut-être c'est un faux regard, mais j'avais l'impression que l'industrie du disque était beaucoup à pas choisir son camp, à mettre beaucoup d'autocollants sur les disques, avec marqué à la croisée de la chanson et de la pop, ou à la croisée de la chanson et du rock. Et qu'en fait, tôt ou tard, ils avaient vraiment choisi leur camp. Bon Vincent, quelle est ta fonction dans ce bazar ?

  • Speaker #1

    On s'est rencontrés, moi j'étais encore dans des circonstances différentes parce que j'étais salarié d'une grosse maison de disques qui était Warner et j'avais créé cette étiquette Tautard, j'insiste sur le mot étiquette parce que c'était rien d'autre à l'époque, c'était pas du tout mon entreprise c'était un label qui était intégré à Warner et en effet à l'intérieur de ce label j'avais développé beaucoup de projets de chansons il y avait... Tu les as cités, Tethered, Thomas Fersen, Dick Hanegarn, Jackie Gélin, qui avaient fait deux albums avec nous, et puis on avait aussi eu un très très beau succès avec La Sade C'est Là, en 97. Donc tout ça, on était en cette dynamique-là, et en fait, c'était une dynamique qui convenait finalement, moi qui me convenait très bien et avec laquelle j'étais pleinement heureux, mais ça ne convenait pas. tant que ça à la maison de disques qui m'employaient parce qu'ils étaient dans la logique beaucoup plus globale et beaucoup plus pop etc etc j'ai senti à l'époque que quelque chose allait m'échapper donc plutôt que voir ce truc m'échapper j'ai choisi moi de m'échapper et à ma grande surprise Warner à l'époque m'avait proposé de faire ce qu'on appelle une jeune venture, c'est une société en partenariat entre eux et moi et donc c'est là que Vincent arrive parce que j'avais rencontré Vincent Grâce à un musicien qui travaillait avec Thomas Fersen, qui est devenu ton arrangeur, qui est devenu ensuite...

  • Speaker #0

    Le pianiste de Thomas, oui.

  • Speaker #1

    Qui m'a un jour alerté, qui m'a prévenu, qui m'a dit Vincent, j'ai rencontré un autre Vincent, il est super, faut que tu le croises. Il écrit des chansons, et c'est là qu'on s'est croisés, que Vincent est venu nous voir une première fois, avec trois chansons, je crois.

  • Speaker #0

    Avec huit chansons, mais c'était un rendez-vous d'écoute. Oui,

  • Speaker #1

    donc on a écouté trois.

  • Speaker #0

    Et si je vais être franc, t'en as écouté trois et demi, plus que trois. Le téléphone a sonné sur l'heure du thé. Il m'a dit, bon, écoute, c'est pas mal, je vais écouter et tout. Et en fait, j'espérais que ça atteigne le premier refrain, parce que j'étais assez content du refrain de l'heure du thé, l'idée de sortir de chez toi habillé comme hier et tout. Et je me dis, putain, putain, il n'y a pas eu le premier refrain. Il ne va jamais me signer.

  • Speaker #1

    Je m'attends. Rue Saint-Séverin, je sors de chez toi habillé comme hier. Dans la ville normale, des voitures banales qui ne savent pas pour la nuit dernière. Non, et c'est vrai que ça a pris du temps ensuite, parce que moi j'ai vraiment, je me souviens avoir été marqué par le style d'écriture de Vincent, et m'être dit, comme on se dit souvent, d'abord que pour signer les projets, il faut un peu prendre du temps, parce qu'il y a l'impulsion, il y a l'envie immédiate, et puis après il faut savoir où on va, comment on va faire, etc. Donc il fallait ce temps-là, et puis il fallait d'autres répertoires, et puis j'avais besoin avec Vincent de comprendre comment les choses allaient être traduites en... en musique enregistrée, quand je dis que j'avais besoin de comprendre, c'est-à-dire que je n'extrapolais pas à l'époque, je n'arrivais pas à matérialiser la chanson une fois qu'elle allait être imprimée. Oui,

  • Speaker #0

    ce n'était pas facile, parce que moi, en fait, quand j'ai commencé, tu vois, quand on a commencé, quand on a été signé, j'étais signé avec Jeanne Chéral, et elle, elle faisait à l'époque, avant qu'on fasse nos spectacles ensemble du début, elle a fait des dizaines et dizaines de trucs où elle a envoyé ses cassettes, où elle était prise des tremplins. Ça filait droit, techniquement elle chantait droit. Moi mon truc c'était quand même très particulier la manière de chanter. Et donc après, une fois que je me retrouvais en public, et ça m'a servi quand j'ai fait les premières parties de Fersen à un moment donné, et Vincent Frerbeau et Olivier Poubelle qui étaient mon premier tourneur, m'ont un peu testé en première partie de Fersen. Et là, ça je savais le faire parce que je venais du théâtre et que là du coup ça revenait ma zone. Mais sur le papier, à posteriori, même si ça m'a semblé long,

  • Speaker #1

    Vincent il n'a pas tout de suite décidé de me signer mais je constate à quel point c'était normal encore aujourd'hui à l'époque je me souviens avoir fait un truc que je ne ferais plus aujourd'hui parce que je n'avais pas de société de production de spectacle à l'époque mais du coup je t'avais dit je crois qu'il faut que tu t'installes un peu que tu tournes etc et je t'avais envoyé chez un confrère et ami donc Astérios Olivier Poubelle et qui à son tour avait eu un coup de coeur et tu avais ensuite justement, avait développé quelque chose avec toi sur scène, qui a permis à Vincent de faire de nombreuses premières parties, mais aussi de commencer à amorcer une petite tournée, et à faire un concert qui, pour moi, a été un déclencheur, qui était un concert à Malakoff, qui était un des concerts dans lequel j'ai réalisé qu'il fallait que je signe Vincent très très vite. Et finalement, tu t'es retrouvé être la première signature, mais quand je dis la première, c'est un quart d'heure après qu'on soit devenu indépendant, Vincent. Alors pour le coup, c'était un petit peu prévu entre nous comme ça, on avait...

  • Speaker #0

    moi j'avais choisi Vincent pour être le premier artiste à signer chez Tohoutard dans la version indépendante ce qui m'a vachement épaté bon il faut admettre que c'est un peu paniquant d'avoir face à toi quelqu'un qui te dit ah non mais moi je veux être sur ce label là à tout prix c'est comme si t'es quelqu'un qui te dit ah non mais moi t'es l'homme de ma vie et machin ouais finalement c'est pas très je le conseille pas tu vois comme stratégie c'était fou c'était une période moi c'est vraiment un truc dont je me suis jamais remis enfin le L'intensité de ce moment-là et le plaisir du succès du premier album aussi beaucoup pour cette raison-là.

  • Speaker #2

    Et c'était fou pour nous aussi, c'était chute pour nous,

  • Speaker #1

    parce que nous, on démarrait une aventure indépendante qui était quand même une inconnue totale, qui était dans des bureaux d'ailleurs qui sont dans le même bâtiment que celui dans lequel nous sommes aujourd'hui, mais qui était tout petit. qui était un petit bureau de 60 mètres carrés dans lequel on était quatre. On était un peu comme devant une page blanche. Sur cette page blanche, on a écrit Vincent Delerme. Et on était l'année d'après, fort de, je ne sais pas, peut-être 150 000 ventes à l'époque. On était aux Victoires de la Musique, que tu as gagné. On a transformé tout ça en un succès qui a été au-delà des 400, 450 000 albums vendus. Ce qui était absolument dingue. C'était aussi la fin d'une époque. C'est le début d'une crise. très forte que connaît la musique enregistrée et nous on vit cette aventure là qu'on savait pas à l'époque mais qui est une des dernières finalement à se vivre de cette manière là un développement d'artiste tout en étant la première dans un autre genre parce qu'au delà de ce

  • Speaker #0

    que je faisais il y a eu toute une génération là d'un seul coup tout ce qui était un peu chanson française se mettait à marche et il y a eu vraiment un moment qui était d'ailleurs un peu trompeur parce que pour des gens qui ont existé un peu et qui se sont dit ça y est c'est bon euh Et en fait c'est retombé assez vite, mais c'était assez fou et je trouve que pour moi, historiquement, ça m'a toujours intéressé l'histoire de la chanson française tu vois, et c'était la première fois qu'il y avait une génération de gens qui arrivaient en disant bah nous on vient à ça parce qu'on a adoré d'autres chanteurs. Benabar il parlait de Delpech, Biolay il parlait de Gainsbourg, moi je parlais de Souchon, chaque chanteur avait son truc tu vois, et toutes ces générations, Kali, Jeanne Chéral elle parlait beaucoup de Véronique Sanson, de William Sher, d'Ygelin. Et on avait tous des maîtres et des maîtresses qu'on assumait. Là où souvent il y a une posture qui consiste à dire que tu t'es fait tout seul, ou alors que tes modèles ne sont que jazz ou que anglo-saxon. Mais là d'un coup… Et en fait j'aimais bien faire partie de ce truc-là parce que moi je me suis vraiment fabriqué avec des chanteurs et j'ai voulu faire ça parce que j'ai vu des spectacles, mes parents m'ont beaucoup trimballé voir des concerts et tout ça.

  • Speaker #1

    et j'aimais bien faire partie de ce truc là mais par ailleurs effectivement techniquement en termes d'industrie oui c'était la fin d'une époque ce qu'on aime beaucoup c'est que cette filiation continue et finalement elle continue en interne aussi parce que si tu demandes à Vianney pourquoi il a voulu signer avec Togutin il parle de Delerme, il parle de Fersen il parle de Bogarts, il parle de tout ça et Noé Prechof c'est la même chose et Sylvain Dutuc qui est le chanteur de Boulevard des Airs c'est la même chose Il vient nous voir parce qu'il est un immense fan de Vincent et que son Boulevard Désert est baptisé comme ça en raison de la DVD qu'on a fait qui s'appelait Un soir boulevard Voltaire et c'est parti de là.

  • Speaker #0

    Il y a des moments où ça rigole, il y a des moments où ça se plante, où ton album passe à travers. Et en fait, dans ces moments-là, le fait que ton parcours ait quand même un petit sens, que tu suis une ligne et tout, c'est ça qui te tient. Je me suis dit, de toute façon, c'est ça qu'il fallait faire, parce que le sens, c'était ça. Et ça, c'est vraiment un truc qui est une force, parce que c'est ça qui te sauve tout le temps. Du côté, ah merde, ça fait trois semaines qu'il flotte. Mais bon, pas grave, on sait pourquoi on est là.

  • Speaker #1

    Ça peut être aussi moi. Alors on revient à notre métier à nous, notre métier de producteur. Notre métier de producteur c'est de rencontrer des artistes, c'est d'essayer du mieux qu'on peut d'accompagner leur création. Donc c'est déceler déjà le talent, enfin déceler, ressentir le talent d'un artiste et ensuite de l'aider à fabriquer son projet. et ensuite de l'aider à faire connaître son projet et de l'amener aux gens. Et puis s'inscrire dans la durée, ce qui est au moins aussi important, voire beaucoup plus important surtout que d'avoir un premier succès une fois. Donc c'est ça notre devoir en fait.

  • Speaker #0

    En général dans la société, il y a une sorte de défiance latente envers les producteurs, peut-être envers les patrons et les patronnes en général, mais en tout cas dans la musique, il y a le moment en plus de la licence globale, tout ça a favorisé encore ce truc-là, parce que les gens pour se rassurer sur le fait que d'un seul coup il pouvait avoir des 10 sans les payer Il dit ouais mais de toute façon c'est que des mecs qui fument le cigare et qui ressemblent à Eddie Barclay et qui font des… enfin tu vois il y avait… c'est une idée qui est pratique souvent l'idée de… et ça c'est une idée qui a la peau assez dure parce que souvent les gens vont te dire mais pourquoi toi tu as ton public ? Maintenant ça fait 20 ans que tu fais ça, tu as des gens qui te suivent, tu pourrais… je pourrais m'auto-produire tu vois. Et ça en fait tous les gens qui le font, il y a une tradition, c'est pour ça que c'est intéressant aussi que quand je dis j'aime bien… L'histoire de la chanson, c'est qu'il y a souvent eu des artistes qui, au bout d'un moment, ont eu l'impression, pas du tout chez tout ou tard, mais dans d'autres structures, de se faire un peu avoir. Et ils ont dit, je vais fabriquer mon truc, créer mes éditions et tout ça. Mais en fait, souvent, c'est très sclérosant parce que d'un seul coup, déjà, tu te mets à avoir toutes les lignes de comptabilité en tête. Donc tu te dis, pourquoi est-ce qu'on paye un mec si cher pour faire la lumière ? Franchement, deux projecteurs, c'est bon. Pourquoi tel mec qui fait la photo de mes pochettes de disques ? Franchement, c'est abusé le tarif qu'il prend et tout. Moi, j'ai un pote qui avait fait une bonne photo cet été en vacances. Et en fait, tu peux tout réduire comme ça. Alors déjà, ça, c'est techniquement parlant. Et surtout, en termes d'élan, quand tu sors un nouvel album, en fait, le fait d'être... Tu pourrais te dire que tu as ton public, mais en fait, non. C'est une illusion. Tu l'as d'une certaine manière, mais il faut tout le temps que ta maison de disques aille le rechercher pour toi. C'est pas moi tout seul qui peut aller le choper. Évidemment que j'ai ma responsabilité, que j'utilise Instagram de cette manière-là aussi pour une communauté. Mais tu as quelque chose qui est beaucoup plus fort déjà en termes de confiance dans ton projet, d'énergie et aussi de paroles prises parce que les attachés de presse qui parlent de ton disque et tout ça, c'est un savoir-faire. Ça revient à l'idée dont on parlait, c'est de savoir qu'il y a des vrais métiers et ça compte beaucoup. Et en fait, je trouve que souvent les gens qui se disent à un certain stade maintenant je crois que je peux m'en passer Ouais au bout d'un moment ils reviennent au bercail de leur maison de disques originelle ou en tout cas ils s'aperçoivent que c'est pas si simple.

  • Speaker #1

    Moi déjà il y a une chose, c'est que la nature des projets qui nous plaisent, qui nous intéressent et qui nous motivent, ce sont la plupart du temps des projets qui sont des projets avec du texte, avec du sens, avec de la profondeur, avec des gens. Et donc tout ça, ça se retrouve plus sur une scène que dans un rayon disque. Donc c'est simplement qu'avant il y avait deux métiers. Et puis le secteur de la musique enregistrée s'est effondré dans les années 2000. Ça a conduit des acteurs comme moi à créer leur société de production de spectacles pour avoir deux intérêts supplémentaires à réussir un projet. Un intérêt stratégique, parce que c'est une trajectoire dont on décide ensemble avec l'artiste et tout ce qu'on fait se fait dans l'intérêt du projet, donc dans l'intérêt de l'artiste, parce que l'intérêt du projet, si on réfléchit deux secondes, il n'est pas très éloigné d'une autre à condition qu'on ait... un petit peu une maîtrise de tous les éléments. Donc l'intérêt stratégique, c'est d'être capable de décider, alors qu'on n'a pas la moindre idée du répertoire qui va composer un nouvel album, de pouvoir décider stratégiquement un certain nombre d'opérations, soit une tournée, soit une résidence parisienne, et ça c'est des décisions qu'on doit prendre très en amont, et c'est aussi une relation de confiance entre les artistes et le producteur, pour pouvoir... Comment mettre en place toutes ces choses-là. Donc ça, c'est un vrai intérêt stratégique qu'on peut avoir ensemble, nous, à produire les spectacles de nos artistes, et les artistes à être produits par nous. C'est le premier point. Puis il y a évidemment un point économique, où sur... Une grande partie du répertoire, les revenus existent, mais se font beaucoup plus long à arriver. Hier, on était payé comptant d'un succès quand on avait des disques à vendre, ou quand on avait même encore la partie téléchargement, donc le down-loan, on était payé comptant de notre succès quand on en avait. Aujourd'hui, un succès, il est payé sur 10 ans, c'est-à-dire pour arriver à reconstituer. Ce que rapportait la musique enregistrée hier, il faut vraiment avoir le temps parce que c'est le mode du streaming.

  • Speaker #0

    Par contre, le modèle de fabrication, lui, n'a pas du tout bougé en termes de financièrement, de coût. Il est même plus cher.

  • Speaker #1

    En termes de coût, il est même plus cher. Le coût de production a augmenté, mais pas de façon démesurée. Le coût de marketing, c'est-à-dire pour faire connaître. Un projet, le coût de la promotion et du marketing, lui, il s'est multiplié par 5. Simplement parce que l'offre, elle s'est multipliée par 1 000. C'est-à-dire que d'un seul coup, on a, je crois, quelques 100 000 chansons qui arrivent sur les plateformes de streaming chaque jour dans le monde. Alors dans ces 100 000, il faut comprendre qu'il y a énormément de projets qui ne sont pas du tout des projets du réseau, on va dire, professionnels, mais qui sont beaucoup d'amateurs qui décident d'uploader une chanson. d'anniversaire à leur grand-mère ou je ne sais quoi, simplement pour que la grand-mère puisse l'écouter. Donc ce ne sont pas 100 000 chansons, projets, etc. Il reste qu'il faut surnager là-dedans, il faut que les 12-13 chansons qui composent le nouvel album d'un artiste puissent passer au-dessus de beaucoup d'autres. Et ça, ça veut dire des moyens colossaux pour arriver à un moment, éclairer avec un faisceau cet ensemble de chansons, ou une chanson en particulier, etc. Enfin bref. Il faut investir beaucoup de temps et d'argent, de moyens, pour arriver à émerger. Particulièrement quand on parle d'artistes qui n'ont pas de notoriété encore. Donc il faut tout construire. C'est énormément de moyens à la disposition de ça. Et du coup, comme ces moyens-là ne sont récupérés que sur un terme très très long, le retour sur investissement est très très long. Parce que le modèle du streaming, qui est un modèle d'abonnement, comme si... vous payez un loyer un petit peu pour écouter la musique qui vous plaît, en tant que propriétaire, vous touchez un loyer aussi. C'est-à-dire que vous ne touchez pas le produit de la vente d'un appartement en une seconde, vous touchez votre part du loyer mensuel. Donc ça peut être très très long avant de recouper cet investissement. Et donc, l'intérêt économique du live, et de se retrouver quand on est producteur phonographique, à devenir producteur de spectacle, c'est ça. C'est que le spectacle reste dans la musique. Pardon de parler comme ça, mais il y a une économie, donc il ne faut absolument pas la taire. C'est le moyen d'être payé comptant, c'est le seul moyen d'être payé comptant d'un succès. Ça ne veut pas dire qu'en musique enregistrée ça ne marche pas, ça veut dire que ça va être beaucoup plus long. Mais le succès du spectacle...

  • Speaker #0

    c'est le moyen de matérialiser économiquement le travail qui est fait. Il faut bien trouver comme ça une économie mixte entre le phono et le spectacle. C'est pour ça qu'on s'est mis, c'est pour toutes ces raisons-là qu'on s'est mis à faire du spectacle, et c'est pour une raison bien supérieure à celle-ci, qui est aussi le goût qu'on a, nous, pour le spectacle, et le plaisir qu'on a à aller, à chaque fois que l'un de nos artistes joue, d'y être, d'y être en équipe, d'y être... Ici, il y a toute une équipe, on est 38 ici dans le groupe qui compose toutes ces activités-là. Et il n'est pas rare de retrouver au guichet des concerts des uns et des autres pour faire les invitations, le directeur juridique, le comptable, etc. Parce qu'on partage tous une vraie passion pour la musique et nos artistes. Et c'est le moment qui cristallise ça. C'est le moment de partage en fait. C'est le moment, c'est le repas de famille, c'est plus que le repas de famille.

  • Speaker #1

    Il faut dire qu'avant même qu'il y ait cette structure de tournée, ça a été une originalité et une force de tout au tard. C'est qu'il y avait systématiquement dans les concerts des gens de la maison de disques.

  • Speaker #0

    Ça paraît con,

  • Speaker #1

    mais c'est pas tout le temps. À l'époque, ils n'avaient aucun intérêt à y être, autre que... Et même, c'est un plaisir forcément fort quand tu as poussé un projet, d'assister au moment où tu vois que sur les têtes des gens dans la salle, ça prend, que le truc fonctionne. Et donc du coup, moi toutes les fois où j'ai participé d'un peu loin à un projet autre que le mien et où tu te retrouves au concert à voir le truc, tu te dis Ah putain, mais en fait ça, ça marche, puis les gens sont contents. Enfin, il y a un plaisir de ça, oui. C'est quoi ce plan ? Rêve adolescent ? la scène une vie comme ça c'est quoi cette histoire la salle dans le noir quatrième rappel servir à quoi Et des gens qui sont chez Peutard, c'est un peu des personnages dont on pourrait faire un porte-clés ou une peluche quand même la plupart du temps. Enfin, tu vois, on peut les caricaturer. Et ça, c'est vraiment important. Et c'est ça qui fait aussi que sur scène, ça existe. Parce que c'est des personnages, la manière de se tenir de Noé Préchauffe. On a tous des attitudes, des postures. Il y en a peu, finalement, qui n'ont pas leur petit truc à eux, ou leur petite scoliose à eux. Et ça, ça fait que sur scène, c'est ça qui est le plus important aujourd'hui. Parce qu'il y a tellement de propositions qu'il faut que tout le monde soit un peu monstrueux, dans le sens différent, en tout cas pas complètement lissé sur le reste. Évidemment que nos vies sont très éparpillées par plein d'applications, par plein de choses et tout, et que le moment du spectacle, c'est quand même, si les gens s'obligent à aller voir un film en salle, plutôt que de le regarder chez eux ou à venir voir un spectacle, c'est quand même pour un peu presque une sorte de forme d'hygiène de vie, de dire, allez, je continue à me dire que pendant 1h30, je vais être capable physiologiquement d'être polarisé sur un truc. Évidemment qu'il y aura quelques personnes qui regardent leur téléphone, mais peu, et puis bon, à pied des mots, les gens le sortent pour faire une photo, tu vois, mais... Mais non, c'est ça qui est d'autant plus touchant aujourd'hui, c'est de, étant donné tout ce qui se passe et à quel point quand même, même des gens, tu vois, moi je m'estime comme un mec, j'ai fait, j'aime bien lire des bouquins et machin, mais j'ai quand même une, ma capacité d'attention, de concentration est beaucoup moins forte qu'avant parce qu'on est, on va voir le post que t'as fait sur Instagram, s'il a été liké par machin, si quelqu'un a fait un commentaire, si t'as reçu un mail, un message, enfin tous les trucs. Et là, tu... t'as plus que ça à faire de regarder un spectacle et c'est super en

  • Speaker #0

    fait le live se porte mieux que jamais. Je crois que ce sont les chiffres du CNM de l'année dernière qui le disent. Le live vit ses meilleures années. Pour moi, il y a plein de raisons à ça. La relation à la musique des gens, du public, elle a complètement changé. Elle est devenue un tout petit peu désacralisée par le streaming, c'est-à-dire que le streaming n'offre pas ce qu'offrait hier pour ceux qui ne consomment plus qu'en streaming. Il n'y a pas la collection de streaming. J'ai lu un truc récemment de quelqu'un qui disait qu'on se rappelle du premier disque qu'on a acheté, par contre on ne se rappelle pas du premier stream qu'on a écouté. Pour autant, la musique enregistrée est très écoutée, beaucoup plus qu'avant. Elle est écoutée de façon moins captive aussi, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui passent, qui écoutent les playlists de streaming comme on écoute une radio. Les services de streaming proposent des radios, et proposent par algorithme des écoutes de musique qu'on ne connaîtrait pas sinon. Donc... Donc la relation a complètement changé, c'est-à-dire que le public qui a son album fétiche, qui n'écoute que ça pendant un an, ça existe encore mais ça existe moins. En revanche, il y a un truc, c'est une analyse qui vaut ce qu'elle vaut, c'est la mienne, il y a une façon de consommer la musique aujourd'hui qui n'est plus considérée comme un achat. A juste titre, c'est une location. Et du coup, on a le sentiment, je pense, beaucoup de gens ont le sentiment... une fois qu'ils ont payé leur abonnement, ils n'ont plus l'acte d'achat, ils ne vont plus au magasin, ils ne vont plus. Et donc ils écoutent la musique de façon un petit peu globale comme ça. Malgré tout, à l'intérieur de ce qu'ils entendent, il y a vraiment des projets qu'ils écoutent pour le coup, qu'ils découvrent, qui leur plaît, qui leur fait quelque chose. Et le moment où ils se disent, là je vais payer pour ma musique, c'est en payant un ticket de concert. Et il y a aussi une autre relation qu'on peut faire, c'est... se dire ok, j'ai vendu j'ai un exemple précis en tête là j'ai vendu 3000 albums à date je remplis une cigale donc 1400 personnes donc 1200 billets de vendu plus les cigales debout, 1200 personnes payantes, 200 invités pour 3010 vendus et sur les 1200 personnes payantes, il y en a au moins la moitié qui connaissent toutes les paroles par coeur donc ça veut dire quand même La matérialisation, si je puis appeler ça comme ça, de la relation entre le public et l'artiste, c'est vraiment devenu le billet de concert. Et là, on en a chez nous, actuels, futurs, plein d'exemples qui nous disent ça. On est les producteurs du groupe Chacapon, qu'on en a parlé tout à l'heure, qu'il en est à 60 000 de son dernier album, 60 000 albums vendus, ce qui n'est pas pire. par les temps qui courent, et on a vendu 500 000 billets pour la tournée. Donc il y a comme ça une dichotomie totale entre ces deux résultats. C'est le monde à l'envers par rapport au monde que nous avons connu dans les fins des années 90 et aussi début des années 2000, où vraiment les scores étaient exactement opposés à ça. Donc il y a eu... Tout notre secteur s'est énormément réorganisé autour d'un ensemble de choses. Quand on parlait tout à l'heure, Vincent parlait de sa communauté, nous notre obsession, finalement, c'est même un paradoxe, c'est que nos artistes se retrouvent avec la plus grande autonomie apparente qu'ils soient. Et la plus grande autonomie apparente, c'est la plus grosse communauté. Mais cette communauté-là, pour être active, elle doit être alimentée en permanence. Évidemment, des posts qu'on peut mettre sur les réseaux sociaux, mais ce n'est pas suffisant. Il faut de la matière aussi, donc il faut un nouveau spectacle, il faut un nouvel album. Il faut être artistiquement présent. Ce n'est pas juste poster une photo bien sentie tous les trois jours. C'est avoir une actualité, parce que finalement, je ne sais pas, tu me contrediras peut-être, mais les périodes au cours desquelles... Tu recrutes le plus de nouveaux followers sur les plateformes, c'est évidemment les périodes de promotion, les périodes où l'artiste est très présent, en radio, en télé, en presse, etc. et en spectacle. Donc en fait, nous on constate ça sur la plupart de nos artistes, quand on a une tournée qui marche très très bien, là on recrute, on engrange, comme tu dis, des followers dans tous les sens. Nous sommes nous-mêmes followers d'autres artistes. Moi, à titre personnel, là... Je guette l'arrivée, d'ailleurs c'est marrant parce que ça me dit aussi quelle est ma relation à la musique. Moi en tant que spectateur et en tant que consommateur, il y a tellement de choses qui arrivent finalement, mon esprit n'est pas capable de tout regarder, de m'intéresser à tout etc. Alors je m'intéresse en fait à très peu de choses. Je m'intéresse aux projets que nous, nous produisons. Et puis à l'extérieur, j'ai finalement très très peu de projets qui appellent mon intérêt de façon absolument presque angoissée de louper le truc, etc. Et là, récemment, je me suis rendu compte que ce que je n'avais absolument jamais fait, pas fait depuis des années, m'est arrivé. C'est-à-dire que j'ai appris par les réseaux, donc par cette communauté à laquelle cette fois-ci j'appartiens. Je me suis rendu compte qu'il y avait un nouvel album de Billie Eilish, ça m'a rendu heureux, et d'un coup je me suis dit Ah, ça a égayé mon... Ça m'a aussi, je me suis tout de suite demandé comment j'allais pouvoir acheter des places, machin, etc. Bon, je suis à l'intérieur, je suis boulanger moi-même, donc je paye mon pain, mais je le paye en direct. Je vais au fourneau. Et donc voilà, je me suis interrogé autour de tout ça, je me suis excité autour de tout ça, j'ai trouvé ça génial, et je me suis dit, ah, je me retrouve dans la peau de ce consommateur de musique. Ce consommateur de musique a été happé par de l'information qui m'est arrivée. Alors oui, ça cultive l'idée, ou moi j'appelle ça plutôt une illusion qu'une idée, qu'un artiste peut se dévoyer tout seul. En vrai, il faut une organisation autour de tout ça assez solide. il faut une organisation qui accepte l'échec aussi, qui peut, parce que l'échec... comme le succès, sont des choses qui sont mutualisées. Et mutualiser le succès, c'est beaucoup plus agréable que mutualiser l'échec, mais mutualiser l'échec, c'est utile, parce que ça peut arriver dans une phase, dans une carrière, que les choses se passent plus ou moins bien, et dans ce cas-là, il vaut mieux que l'échec soit mutualisé, parce que sinon, il est assassin. Donc, je pense que c'est une des raisons pour lesquelles l'association entre l'artiste et un producteur, quel qu'il soit, au pluriel, c'est quelque chose qui reste indispensable.

  • Speaker #1

    Finalement, Vincent, dans son affection pour un certain schéma d'artiste, il a été un peu précurseur aussi de ce qui se passe dans l'époque. C'est-à-dire que l'attachement quand même des gens au spectacle et tout, il vient souvent aussi d'un attachement à une personnalité, justement à cette idée que les gens qu'on va voir sur scène, on a envie de penser que c'est des gens qu'on pourrait aimer dans la vie. Et qu'on sait que c'est important pour eux de faire ce spectacle. J'ai un pote qui, quand il était jeune, il allait voir Julien Clerc, il se disait... Est-ce que Julien Clerc, quand il était de Bourg-en-Bresse, et son saint hantise, c'était de se dire, est-ce que c'est important pour lui de chanter à Bourg-en-Bresse ? En fait, c'est une question que les gens ont beaucoup en tête dans les spectacles. Est-ce que c'est en train de compter le moment qu'on est en train de vivre pour la personne qui est sur scène ? Et je trouve que chez Tautard, il y a toujours eu une école de gens dont on peut se dire, je crois que lui, ça pourrait être un bon pote. Et on voit bien, tu vois Noé Prichoff sur scène, tu vois bien qui c'est. Tu vois Bogart, c'est albin, évidemment que c'est... Moi, on n'est pas que d'un... On a des paradoxes et tout, mais quand même, je pense qu'au bout d'un moment, les gens, ils identifient ce truc-là et ça compte beaucoup quand même. Parce qu'on est souvent dépassé aussi par... Je ne sais pas comment dire, on vit dans des vies où il y a aussi quand même beaucoup de gens qui ne nous tiennent pas à la porte dans le métro. Il y a tout dans la vie, il y a une multitude de... d'infos, de vexation, de frustration, de jalousie. Le rapport qu'on a les uns aux autres, il est très complexe. Donc le moment des spectacles, je trouve que c'est un moment qui doit être un moment où on se prend une bouffée d'air de quelqu'un qui nous fait du bien, au-delà de sa musique, qui nous fait du bien un peu, parce qu'on l'a choisi aussi comme être humain. C'est un truc qui rejoint beaucoup, pour moi, ce que je ressentais du casting que faisait Tauhoutard de ses artistes. Je traverse une ville, la nuit est facile, depuis longtemps, je connais ces âmes. Les soirs de concert, la chambre en hiver, je relis la trappe-cœur. Ah, Manuiz Ouav, idéal. Bon, comme on est dans cette pièce et tout, et que je suis beaucoup arrivé là grâce à lui, et par lui, je dirais Thomas Fersen, parce que c'est quelqu'un qui est incroyable sur scène, qui sait choper les gens, voilà. Et pareil, les gens ont un attachement très fort à lui, et il est seul dans sa catégorie. Après, je dirais Divine Comedy, parce que quand j'ai découvert ce mec-là, c'était tellement ce que j'espérais, un truc très lyrique, très grandiloquent, et... très amoureux et puis je mettrais deux potes deux zouaves pour finir qui sont Albin de la Simone et Mathieu Bogart et puis ma petite soeur Jeanne Chéral qui ferait un dernier appel avec tout le monde Ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin pas comme ils sont.

  • Speaker #0

    ce qui avait cloché pour ne pas que ça nous gêne moi j'ai pas de nuisoir j'ai que des nuisoirs j'ai des nuisoirs tout le temps ma nuisoir idéale ça va être celle qui va être organisée par une équipe qui travaille à réunir tout le monde parce que chaque élément, chaque artiste et même chaque salarié de Zouave je l'ai choisi moi donc J'ai choisi de travailler avec eux, donc je ne vais pas... En fait, je ne suis pas du tout impliqué dans la fabrication de cette Nuit is Love, et ce sera moi une surprise. Et ma Nuit is Love préférée, ça va être celle qui va avoir lieu le 15 mai, parce que ce sera une surprise à partir de mes potes, de mes artistes, de mes équipes. Et donc c'est un cadeau génial, donc je n'ai pas à choisir. Depuis 15 ans, ZOAV accompagne et fait grandir la musique live. Les Nuits ZOAV, le podcast,

  • Speaker #1

    une production Big Red Machine.

  • Speaker #0

    Réalisation, la Grande Zaza Productions. Les Nuits ZOAV, le podcast,

  • Speaker #1

    une vie de concert.

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Description

Dans ce second épisode, nous parcourons l'itinéraire de deux Vincent qui ont marqué l'histoire du groupe tôt Ou tard / Zouave : Vincent Delerm, premier artiste signé par le label indépendant, et Vincent Frèrebeau fondateur des deux sociétés de production.


Comprendrez-vous quelque chose aux revenus de la musique enregistrée et de la musique live ? Vincent Delerm a-t-il transformé ses équipes en porte-clefs ? Julien Clerc apprécie-t-il de jouer à Bourg-en-Bresse ?


Nous répondrons à toutes les questions que vous vous posez sur le monde de la musique dans ce deuxième épisode des NUITS ZOUAVE !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ouais, un peu de flotte aussi. Oh, si t'as un CocaZero, un truc comme ça. Non,

  • Speaker #1

    de l'eau. Où est mon portable ?

  • Speaker #0

    Alors ? Hum, t'as 100. Bon,

  • Speaker #1

    allez, tranquille, t'es pas...

  • Speaker #0

    Alors, un test, bah écoutez, moi je parlerai pas tellement plus fort que ça. Moi,

  • Speaker #1

    je parlerai pas beaucoup plus que ça. Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Faut un artiste zouave. J'aime bien. Bonjour. C'est trop bien de faire ça.

  • Speaker #1

    Bonjour. Je sais pas.

  • Speaker #0

    Bonjour, et bah c'est... Je suis Vincent Delerme, et je suis un chanteur... qui fait des chansons au piano et qui a été signé par un label Tôt ou tard et qui a été tourné par un tourneur qui s'appelle Zouave.

  • Speaker #1

    Et moi, je m'appelle Vincent Frèrebeau et je suis à la tête d'un groupe que j'ai créé qui comprend le label Tôt ou tard et également la société de production Zouave

  • Speaker #2

    Spectacle. Est-ce que ça va ? Merci ! Oui, voilà, on est complet ce soir. Sold out, baby ! Merci !

  • Speaker #3

    Zouave a 15 ans et présente Les Nuits Zouaves, le podcast Une vie de concert. En fait, le truc, c'est une histoire qui est un peu folle aussi,

  • Speaker #0

    d'être toujours chez ton auteur aujourd'hui. Vu à quel point j'en ai fait une sorte de fixette quand j'étais étudiant. Le moment où j'ai commencé vraiment à faire des chansons, où j'avais 17-18 ans et où j'étais étudiant, c'était en fait les débuts du label Tout ou tard. Je ne m'en rendais pas forcément compte à cette époque-là. Je ne voyais pas ça comme un label qui venait de se créer. Mais c'était une maison de disques qui comptait beaucoup pour moi parce qu'elle faisait converger des choses qui comptaient. C'est à dire à la fois une tradition quand même d'écriture évidemment avec Dick Haneghan, Thomas Fersen, des gens qui étaient très voilà qui avaient vraiment une vraie manière d'écrire des textes et que ce soit chez Franck Monnet sur son deuxième album ou chez Fersen il y avait des arrangements qui étaient très aboutis, qui étaient très soignés et ça ça me touchait vraiment je me disais c'est génial parce qu'il y a tout il y a ce... Ce soin un peu, cette culture un peu anglaise aussi qui était très très digérée. Et puis aussi il y avait quelque chose de très assumé, parce que c'est des années où, moi je me disais ça, mais peut-être c'est un faux regard, mais j'avais l'impression que l'industrie du disque était beaucoup à pas choisir son camp, à mettre beaucoup d'autocollants sur les disques, avec marqué à la croisée de la chanson et de la pop, ou à la croisée de la chanson et du rock. Et qu'en fait, tôt ou tard, ils avaient vraiment choisi leur camp. Bon Vincent, quelle est ta fonction dans ce bazar ?

  • Speaker #1

    On s'est rencontrés, moi j'étais encore dans des circonstances différentes parce que j'étais salarié d'une grosse maison de disques qui était Warner et j'avais créé cette étiquette Tautard, j'insiste sur le mot étiquette parce que c'était rien d'autre à l'époque, c'était pas du tout mon entreprise c'était un label qui était intégré à Warner et en effet à l'intérieur de ce label j'avais développé beaucoup de projets de chansons il y avait... Tu les as cités, Tethered, Thomas Fersen, Dick Hanegarn, Jackie Gélin, qui avaient fait deux albums avec nous, et puis on avait aussi eu un très très beau succès avec La Sade C'est Là, en 97. Donc tout ça, on était en cette dynamique-là, et en fait, c'était une dynamique qui convenait finalement, moi qui me convenait très bien et avec laquelle j'étais pleinement heureux, mais ça ne convenait pas. tant que ça à la maison de disques qui m'employaient parce qu'ils étaient dans la logique beaucoup plus globale et beaucoup plus pop etc etc j'ai senti à l'époque que quelque chose allait m'échapper donc plutôt que voir ce truc m'échapper j'ai choisi moi de m'échapper et à ma grande surprise Warner à l'époque m'avait proposé de faire ce qu'on appelle une jeune venture, c'est une société en partenariat entre eux et moi et donc c'est là que Vincent arrive parce que j'avais rencontré Vincent Grâce à un musicien qui travaillait avec Thomas Fersen, qui est devenu ton arrangeur, qui est devenu ensuite...

  • Speaker #0

    Le pianiste de Thomas, oui.

  • Speaker #1

    Qui m'a un jour alerté, qui m'a prévenu, qui m'a dit Vincent, j'ai rencontré un autre Vincent, il est super, faut que tu le croises. Il écrit des chansons, et c'est là qu'on s'est croisés, que Vincent est venu nous voir une première fois, avec trois chansons, je crois.

  • Speaker #0

    Avec huit chansons, mais c'était un rendez-vous d'écoute. Oui,

  • Speaker #1

    donc on a écouté trois.

  • Speaker #0

    Et si je vais être franc, t'en as écouté trois et demi, plus que trois. Le téléphone a sonné sur l'heure du thé. Il m'a dit, bon, écoute, c'est pas mal, je vais écouter et tout. Et en fait, j'espérais que ça atteigne le premier refrain, parce que j'étais assez content du refrain de l'heure du thé, l'idée de sortir de chez toi habillé comme hier et tout. Et je me dis, putain, putain, il n'y a pas eu le premier refrain. Il ne va jamais me signer.

  • Speaker #1

    Je m'attends. Rue Saint-Séverin, je sors de chez toi habillé comme hier. Dans la ville normale, des voitures banales qui ne savent pas pour la nuit dernière. Non, et c'est vrai que ça a pris du temps ensuite, parce que moi j'ai vraiment, je me souviens avoir été marqué par le style d'écriture de Vincent, et m'être dit, comme on se dit souvent, d'abord que pour signer les projets, il faut un peu prendre du temps, parce qu'il y a l'impulsion, il y a l'envie immédiate, et puis après il faut savoir où on va, comment on va faire, etc. Donc il fallait ce temps-là, et puis il fallait d'autres répertoires, et puis j'avais besoin avec Vincent de comprendre comment les choses allaient être traduites en... en musique enregistrée, quand je dis que j'avais besoin de comprendre, c'est-à-dire que je n'extrapolais pas à l'époque, je n'arrivais pas à matérialiser la chanson une fois qu'elle allait être imprimée. Oui,

  • Speaker #0

    ce n'était pas facile, parce que moi, en fait, quand j'ai commencé, tu vois, quand on a commencé, quand on a été signé, j'étais signé avec Jeanne Chéral, et elle, elle faisait à l'époque, avant qu'on fasse nos spectacles ensemble du début, elle a fait des dizaines et dizaines de trucs où elle a envoyé ses cassettes, où elle était prise des tremplins. Ça filait droit, techniquement elle chantait droit. Moi mon truc c'était quand même très particulier la manière de chanter. Et donc après, une fois que je me retrouvais en public, et ça m'a servi quand j'ai fait les premières parties de Fersen à un moment donné, et Vincent Frerbeau et Olivier Poubelle qui étaient mon premier tourneur, m'ont un peu testé en première partie de Fersen. Et là, ça je savais le faire parce que je venais du théâtre et que là du coup ça revenait ma zone. Mais sur le papier, à posteriori, même si ça m'a semblé long,

  • Speaker #1

    Vincent il n'a pas tout de suite décidé de me signer mais je constate à quel point c'était normal encore aujourd'hui à l'époque je me souviens avoir fait un truc que je ne ferais plus aujourd'hui parce que je n'avais pas de société de production de spectacle à l'époque mais du coup je t'avais dit je crois qu'il faut que tu t'installes un peu que tu tournes etc et je t'avais envoyé chez un confrère et ami donc Astérios Olivier Poubelle et qui à son tour avait eu un coup de coeur et tu avais ensuite justement, avait développé quelque chose avec toi sur scène, qui a permis à Vincent de faire de nombreuses premières parties, mais aussi de commencer à amorcer une petite tournée, et à faire un concert qui, pour moi, a été un déclencheur, qui était un concert à Malakoff, qui était un des concerts dans lequel j'ai réalisé qu'il fallait que je signe Vincent très très vite. Et finalement, tu t'es retrouvé être la première signature, mais quand je dis la première, c'est un quart d'heure après qu'on soit devenu indépendant, Vincent. Alors pour le coup, c'était un petit peu prévu entre nous comme ça, on avait...

  • Speaker #0

    moi j'avais choisi Vincent pour être le premier artiste à signer chez Tohoutard dans la version indépendante ce qui m'a vachement épaté bon il faut admettre que c'est un peu paniquant d'avoir face à toi quelqu'un qui te dit ah non mais moi je veux être sur ce label là à tout prix c'est comme si t'es quelqu'un qui te dit ah non mais moi t'es l'homme de ma vie et machin ouais finalement c'est pas très je le conseille pas tu vois comme stratégie c'était fou c'était une période moi c'est vraiment un truc dont je me suis jamais remis enfin le L'intensité de ce moment-là et le plaisir du succès du premier album aussi beaucoup pour cette raison-là.

  • Speaker #2

    Et c'était fou pour nous aussi, c'était chute pour nous,

  • Speaker #1

    parce que nous, on démarrait une aventure indépendante qui était quand même une inconnue totale, qui était dans des bureaux d'ailleurs qui sont dans le même bâtiment que celui dans lequel nous sommes aujourd'hui, mais qui était tout petit. qui était un petit bureau de 60 mètres carrés dans lequel on était quatre. On était un peu comme devant une page blanche. Sur cette page blanche, on a écrit Vincent Delerme. Et on était l'année d'après, fort de, je ne sais pas, peut-être 150 000 ventes à l'époque. On était aux Victoires de la Musique, que tu as gagné. On a transformé tout ça en un succès qui a été au-delà des 400, 450 000 albums vendus. Ce qui était absolument dingue. C'était aussi la fin d'une époque. C'est le début d'une crise. très forte que connaît la musique enregistrée et nous on vit cette aventure là qu'on savait pas à l'époque mais qui est une des dernières finalement à se vivre de cette manière là un développement d'artiste tout en étant la première dans un autre genre parce qu'au delà de ce

  • Speaker #0

    que je faisais il y a eu toute une génération là d'un seul coup tout ce qui était un peu chanson française se mettait à marche et il y a eu vraiment un moment qui était d'ailleurs un peu trompeur parce que pour des gens qui ont existé un peu et qui se sont dit ça y est c'est bon euh Et en fait c'est retombé assez vite, mais c'était assez fou et je trouve que pour moi, historiquement, ça m'a toujours intéressé l'histoire de la chanson française tu vois, et c'était la première fois qu'il y avait une génération de gens qui arrivaient en disant bah nous on vient à ça parce qu'on a adoré d'autres chanteurs. Benabar il parlait de Delpech, Biolay il parlait de Gainsbourg, moi je parlais de Souchon, chaque chanteur avait son truc tu vois, et toutes ces générations, Kali, Jeanne Chéral elle parlait beaucoup de Véronique Sanson, de William Sher, d'Ygelin. Et on avait tous des maîtres et des maîtresses qu'on assumait. Là où souvent il y a une posture qui consiste à dire que tu t'es fait tout seul, ou alors que tes modèles ne sont que jazz ou que anglo-saxon. Mais là d'un coup… Et en fait j'aimais bien faire partie de ce truc-là parce que moi je me suis vraiment fabriqué avec des chanteurs et j'ai voulu faire ça parce que j'ai vu des spectacles, mes parents m'ont beaucoup trimballé voir des concerts et tout ça.

  • Speaker #1

    et j'aimais bien faire partie de ce truc là mais par ailleurs effectivement techniquement en termes d'industrie oui c'était la fin d'une époque ce qu'on aime beaucoup c'est que cette filiation continue et finalement elle continue en interne aussi parce que si tu demandes à Vianney pourquoi il a voulu signer avec Togutin il parle de Delerme, il parle de Fersen il parle de Bogarts, il parle de tout ça et Noé Prechof c'est la même chose et Sylvain Dutuc qui est le chanteur de Boulevard des Airs c'est la même chose Il vient nous voir parce qu'il est un immense fan de Vincent et que son Boulevard Désert est baptisé comme ça en raison de la DVD qu'on a fait qui s'appelait Un soir boulevard Voltaire et c'est parti de là.

  • Speaker #0

    Il y a des moments où ça rigole, il y a des moments où ça se plante, où ton album passe à travers. Et en fait, dans ces moments-là, le fait que ton parcours ait quand même un petit sens, que tu suis une ligne et tout, c'est ça qui te tient. Je me suis dit, de toute façon, c'est ça qu'il fallait faire, parce que le sens, c'était ça. Et ça, c'est vraiment un truc qui est une force, parce que c'est ça qui te sauve tout le temps. Du côté, ah merde, ça fait trois semaines qu'il flotte. Mais bon, pas grave, on sait pourquoi on est là.

  • Speaker #1

    Ça peut être aussi moi. Alors on revient à notre métier à nous, notre métier de producteur. Notre métier de producteur c'est de rencontrer des artistes, c'est d'essayer du mieux qu'on peut d'accompagner leur création. Donc c'est déceler déjà le talent, enfin déceler, ressentir le talent d'un artiste et ensuite de l'aider à fabriquer son projet. et ensuite de l'aider à faire connaître son projet et de l'amener aux gens. Et puis s'inscrire dans la durée, ce qui est au moins aussi important, voire beaucoup plus important surtout que d'avoir un premier succès une fois. Donc c'est ça notre devoir en fait.

  • Speaker #0

    En général dans la société, il y a une sorte de défiance latente envers les producteurs, peut-être envers les patrons et les patronnes en général, mais en tout cas dans la musique, il y a le moment en plus de la licence globale, tout ça a favorisé encore ce truc-là, parce que les gens pour se rassurer sur le fait que d'un seul coup il pouvait avoir des 10 sans les payer Il dit ouais mais de toute façon c'est que des mecs qui fument le cigare et qui ressemblent à Eddie Barclay et qui font des… enfin tu vois il y avait… c'est une idée qui est pratique souvent l'idée de… et ça c'est une idée qui a la peau assez dure parce que souvent les gens vont te dire mais pourquoi toi tu as ton public ? Maintenant ça fait 20 ans que tu fais ça, tu as des gens qui te suivent, tu pourrais… je pourrais m'auto-produire tu vois. Et ça en fait tous les gens qui le font, il y a une tradition, c'est pour ça que c'est intéressant aussi que quand je dis j'aime bien… L'histoire de la chanson, c'est qu'il y a souvent eu des artistes qui, au bout d'un moment, ont eu l'impression, pas du tout chez tout ou tard, mais dans d'autres structures, de se faire un peu avoir. Et ils ont dit, je vais fabriquer mon truc, créer mes éditions et tout ça. Mais en fait, souvent, c'est très sclérosant parce que d'un seul coup, déjà, tu te mets à avoir toutes les lignes de comptabilité en tête. Donc tu te dis, pourquoi est-ce qu'on paye un mec si cher pour faire la lumière ? Franchement, deux projecteurs, c'est bon. Pourquoi tel mec qui fait la photo de mes pochettes de disques ? Franchement, c'est abusé le tarif qu'il prend et tout. Moi, j'ai un pote qui avait fait une bonne photo cet été en vacances. Et en fait, tu peux tout réduire comme ça. Alors déjà, ça, c'est techniquement parlant. Et surtout, en termes d'élan, quand tu sors un nouvel album, en fait, le fait d'être... Tu pourrais te dire que tu as ton public, mais en fait, non. C'est une illusion. Tu l'as d'une certaine manière, mais il faut tout le temps que ta maison de disques aille le rechercher pour toi. C'est pas moi tout seul qui peut aller le choper. Évidemment que j'ai ma responsabilité, que j'utilise Instagram de cette manière-là aussi pour une communauté. Mais tu as quelque chose qui est beaucoup plus fort déjà en termes de confiance dans ton projet, d'énergie et aussi de paroles prises parce que les attachés de presse qui parlent de ton disque et tout ça, c'est un savoir-faire. Ça revient à l'idée dont on parlait, c'est de savoir qu'il y a des vrais métiers et ça compte beaucoup. Et en fait, je trouve que souvent les gens qui se disent à un certain stade maintenant je crois que je peux m'en passer Ouais au bout d'un moment ils reviennent au bercail de leur maison de disques originelle ou en tout cas ils s'aperçoivent que c'est pas si simple.

  • Speaker #1

    Moi déjà il y a une chose, c'est que la nature des projets qui nous plaisent, qui nous intéressent et qui nous motivent, ce sont la plupart du temps des projets qui sont des projets avec du texte, avec du sens, avec de la profondeur, avec des gens. Et donc tout ça, ça se retrouve plus sur une scène que dans un rayon disque. Donc c'est simplement qu'avant il y avait deux métiers. Et puis le secteur de la musique enregistrée s'est effondré dans les années 2000. Ça a conduit des acteurs comme moi à créer leur société de production de spectacles pour avoir deux intérêts supplémentaires à réussir un projet. Un intérêt stratégique, parce que c'est une trajectoire dont on décide ensemble avec l'artiste et tout ce qu'on fait se fait dans l'intérêt du projet, donc dans l'intérêt de l'artiste, parce que l'intérêt du projet, si on réfléchit deux secondes, il n'est pas très éloigné d'une autre à condition qu'on ait... un petit peu une maîtrise de tous les éléments. Donc l'intérêt stratégique, c'est d'être capable de décider, alors qu'on n'a pas la moindre idée du répertoire qui va composer un nouvel album, de pouvoir décider stratégiquement un certain nombre d'opérations, soit une tournée, soit une résidence parisienne, et ça c'est des décisions qu'on doit prendre très en amont, et c'est aussi une relation de confiance entre les artistes et le producteur, pour pouvoir... Comment mettre en place toutes ces choses-là. Donc ça, c'est un vrai intérêt stratégique qu'on peut avoir ensemble, nous, à produire les spectacles de nos artistes, et les artistes à être produits par nous. C'est le premier point. Puis il y a évidemment un point économique, où sur... Une grande partie du répertoire, les revenus existent, mais se font beaucoup plus long à arriver. Hier, on était payé comptant d'un succès quand on avait des disques à vendre, ou quand on avait même encore la partie téléchargement, donc le down-loan, on était payé comptant de notre succès quand on en avait. Aujourd'hui, un succès, il est payé sur 10 ans, c'est-à-dire pour arriver à reconstituer. Ce que rapportait la musique enregistrée hier, il faut vraiment avoir le temps parce que c'est le mode du streaming.

  • Speaker #0

    Par contre, le modèle de fabrication, lui, n'a pas du tout bougé en termes de financièrement, de coût. Il est même plus cher.

  • Speaker #1

    En termes de coût, il est même plus cher. Le coût de production a augmenté, mais pas de façon démesurée. Le coût de marketing, c'est-à-dire pour faire connaître. Un projet, le coût de la promotion et du marketing, lui, il s'est multiplié par 5. Simplement parce que l'offre, elle s'est multipliée par 1 000. C'est-à-dire que d'un seul coup, on a, je crois, quelques 100 000 chansons qui arrivent sur les plateformes de streaming chaque jour dans le monde. Alors dans ces 100 000, il faut comprendre qu'il y a énormément de projets qui ne sont pas du tout des projets du réseau, on va dire, professionnels, mais qui sont beaucoup d'amateurs qui décident d'uploader une chanson. d'anniversaire à leur grand-mère ou je ne sais quoi, simplement pour que la grand-mère puisse l'écouter. Donc ce ne sont pas 100 000 chansons, projets, etc. Il reste qu'il faut surnager là-dedans, il faut que les 12-13 chansons qui composent le nouvel album d'un artiste puissent passer au-dessus de beaucoup d'autres. Et ça, ça veut dire des moyens colossaux pour arriver à un moment, éclairer avec un faisceau cet ensemble de chansons, ou une chanson en particulier, etc. Enfin bref. Il faut investir beaucoup de temps et d'argent, de moyens, pour arriver à émerger. Particulièrement quand on parle d'artistes qui n'ont pas de notoriété encore. Donc il faut tout construire. C'est énormément de moyens à la disposition de ça. Et du coup, comme ces moyens-là ne sont récupérés que sur un terme très très long, le retour sur investissement est très très long. Parce que le modèle du streaming, qui est un modèle d'abonnement, comme si... vous payez un loyer un petit peu pour écouter la musique qui vous plaît, en tant que propriétaire, vous touchez un loyer aussi. C'est-à-dire que vous ne touchez pas le produit de la vente d'un appartement en une seconde, vous touchez votre part du loyer mensuel. Donc ça peut être très très long avant de recouper cet investissement. Et donc, l'intérêt économique du live, et de se retrouver quand on est producteur phonographique, à devenir producteur de spectacle, c'est ça. C'est que le spectacle reste dans la musique. Pardon de parler comme ça, mais il y a une économie, donc il ne faut absolument pas la taire. C'est le moyen d'être payé comptant, c'est le seul moyen d'être payé comptant d'un succès. Ça ne veut pas dire qu'en musique enregistrée ça ne marche pas, ça veut dire que ça va être beaucoup plus long. Mais le succès du spectacle...

  • Speaker #0

    c'est le moyen de matérialiser économiquement le travail qui est fait. Il faut bien trouver comme ça une économie mixte entre le phono et le spectacle. C'est pour ça qu'on s'est mis, c'est pour toutes ces raisons-là qu'on s'est mis à faire du spectacle, et c'est pour une raison bien supérieure à celle-ci, qui est aussi le goût qu'on a, nous, pour le spectacle, et le plaisir qu'on a à aller, à chaque fois que l'un de nos artistes joue, d'y être, d'y être en équipe, d'y être... Ici, il y a toute une équipe, on est 38 ici dans le groupe qui compose toutes ces activités-là. Et il n'est pas rare de retrouver au guichet des concerts des uns et des autres pour faire les invitations, le directeur juridique, le comptable, etc. Parce qu'on partage tous une vraie passion pour la musique et nos artistes. Et c'est le moment qui cristallise ça. C'est le moment de partage en fait. C'est le moment, c'est le repas de famille, c'est plus que le repas de famille.

  • Speaker #1

    Il faut dire qu'avant même qu'il y ait cette structure de tournée, ça a été une originalité et une force de tout au tard. C'est qu'il y avait systématiquement dans les concerts des gens de la maison de disques.

  • Speaker #0

    Ça paraît con,

  • Speaker #1

    mais c'est pas tout le temps. À l'époque, ils n'avaient aucun intérêt à y être, autre que... Et même, c'est un plaisir forcément fort quand tu as poussé un projet, d'assister au moment où tu vois que sur les têtes des gens dans la salle, ça prend, que le truc fonctionne. Et donc du coup, moi toutes les fois où j'ai participé d'un peu loin à un projet autre que le mien et où tu te retrouves au concert à voir le truc, tu te dis Ah putain, mais en fait ça, ça marche, puis les gens sont contents. Enfin, il y a un plaisir de ça, oui. C'est quoi ce plan ? Rêve adolescent ? la scène une vie comme ça c'est quoi cette histoire la salle dans le noir quatrième rappel servir à quoi Et des gens qui sont chez Peutard, c'est un peu des personnages dont on pourrait faire un porte-clés ou une peluche quand même la plupart du temps. Enfin, tu vois, on peut les caricaturer. Et ça, c'est vraiment important. Et c'est ça qui fait aussi que sur scène, ça existe. Parce que c'est des personnages, la manière de se tenir de Noé Préchauffe. On a tous des attitudes, des postures. Il y en a peu, finalement, qui n'ont pas leur petit truc à eux, ou leur petite scoliose à eux. Et ça, ça fait que sur scène, c'est ça qui est le plus important aujourd'hui. Parce qu'il y a tellement de propositions qu'il faut que tout le monde soit un peu monstrueux, dans le sens différent, en tout cas pas complètement lissé sur le reste. Évidemment que nos vies sont très éparpillées par plein d'applications, par plein de choses et tout, et que le moment du spectacle, c'est quand même, si les gens s'obligent à aller voir un film en salle, plutôt que de le regarder chez eux ou à venir voir un spectacle, c'est quand même pour un peu presque une sorte de forme d'hygiène de vie, de dire, allez, je continue à me dire que pendant 1h30, je vais être capable physiologiquement d'être polarisé sur un truc. Évidemment qu'il y aura quelques personnes qui regardent leur téléphone, mais peu, et puis bon, à pied des mots, les gens le sortent pour faire une photo, tu vois, mais... Mais non, c'est ça qui est d'autant plus touchant aujourd'hui, c'est de, étant donné tout ce qui se passe et à quel point quand même, même des gens, tu vois, moi je m'estime comme un mec, j'ai fait, j'aime bien lire des bouquins et machin, mais j'ai quand même une, ma capacité d'attention, de concentration est beaucoup moins forte qu'avant parce qu'on est, on va voir le post que t'as fait sur Instagram, s'il a été liké par machin, si quelqu'un a fait un commentaire, si t'as reçu un mail, un message, enfin tous les trucs. Et là, tu... t'as plus que ça à faire de regarder un spectacle et c'est super en

  • Speaker #0

    fait le live se porte mieux que jamais. Je crois que ce sont les chiffres du CNM de l'année dernière qui le disent. Le live vit ses meilleures années. Pour moi, il y a plein de raisons à ça. La relation à la musique des gens, du public, elle a complètement changé. Elle est devenue un tout petit peu désacralisée par le streaming, c'est-à-dire que le streaming n'offre pas ce qu'offrait hier pour ceux qui ne consomment plus qu'en streaming. Il n'y a pas la collection de streaming. J'ai lu un truc récemment de quelqu'un qui disait qu'on se rappelle du premier disque qu'on a acheté, par contre on ne se rappelle pas du premier stream qu'on a écouté. Pour autant, la musique enregistrée est très écoutée, beaucoup plus qu'avant. Elle est écoutée de façon moins captive aussi, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui passent, qui écoutent les playlists de streaming comme on écoute une radio. Les services de streaming proposent des radios, et proposent par algorithme des écoutes de musique qu'on ne connaîtrait pas sinon. Donc... Donc la relation a complètement changé, c'est-à-dire que le public qui a son album fétiche, qui n'écoute que ça pendant un an, ça existe encore mais ça existe moins. En revanche, il y a un truc, c'est une analyse qui vaut ce qu'elle vaut, c'est la mienne, il y a une façon de consommer la musique aujourd'hui qui n'est plus considérée comme un achat. A juste titre, c'est une location. Et du coup, on a le sentiment, je pense, beaucoup de gens ont le sentiment... une fois qu'ils ont payé leur abonnement, ils n'ont plus l'acte d'achat, ils ne vont plus au magasin, ils ne vont plus. Et donc ils écoutent la musique de façon un petit peu globale comme ça. Malgré tout, à l'intérieur de ce qu'ils entendent, il y a vraiment des projets qu'ils écoutent pour le coup, qu'ils découvrent, qui leur plaît, qui leur fait quelque chose. Et le moment où ils se disent, là je vais payer pour ma musique, c'est en payant un ticket de concert. Et il y a aussi une autre relation qu'on peut faire, c'est... se dire ok, j'ai vendu j'ai un exemple précis en tête là j'ai vendu 3000 albums à date je remplis une cigale donc 1400 personnes donc 1200 billets de vendu plus les cigales debout, 1200 personnes payantes, 200 invités pour 3010 vendus et sur les 1200 personnes payantes, il y en a au moins la moitié qui connaissent toutes les paroles par coeur donc ça veut dire quand même La matérialisation, si je puis appeler ça comme ça, de la relation entre le public et l'artiste, c'est vraiment devenu le billet de concert. Et là, on en a chez nous, actuels, futurs, plein d'exemples qui nous disent ça. On est les producteurs du groupe Chacapon, qu'on en a parlé tout à l'heure, qu'il en est à 60 000 de son dernier album, 60 000 albums vendus, ce qui n'est pas pire. par les temps qui courent, et on a vendu 500 000 billets pour la tournée. Donc il y a comme ça une dichotomie totale entre ces deux résultats. C'est le monde à l'envers par rapport au monde que nous avons connu dans les fins des années 90 et aussi début des années 2000, où vraiment les scores étaient exactement opposés à ça. Donc il y a eu... Tout notre secteur s'est énormément réorganisé autour d'un ensemble de choses. Quand on parlait tout à l'heure, Vincent parlait de sa communauté, nous notre obsession, finalement, c'est même un paradoxe, c'est que nos artistes se retrouvent avec la plus grande autonomie apparente qu'ils soient. Et la plus grande autonomie apparente, c'est la plus grosse communauté. Mais cette communauté-là, pour être active, elle doit être alimentée en permanence. Évidemment, des posts qu'on peut mettre sur les réseaux sociaux, mais ce n'est pas suffisant. Il faut de la matière aussi, donc il faut un nouveau spectacle, il faut un nouvel album. Il faut être artistiquement présent. Ce n'est pas juste poster une photo bien sentie tous les trois jours. C'est avoir une actualité, parce que finalement, je ne sais pas, tu me contrediras peut-être, mais les périodes au cours desquelles... Tu recrutes le plus de nouveaux followers sur les plateformes, c'est évidemment les périodes de promotion, les périodes où l'artiste est très présent, en radio, en télé, en presse, etc. et en spectacle. Donc en fait, nous on constate ça sur la plupart de nos artistes, quand on a une tournée qui marche très très bien, là on recrute, on engrange, comme tu dis, des followers dans tous les sens. Nous sommes nous-mêmes followers d'autres artistes. Moi, à titre personnel, là... Je guette l'arrivée, d'ailleurs c'est marrant parce que ça me dit aussi quelle est ma relation à la musique. Moi en tant que spectateur et en tant que consommateur, il y a tellement de choses qui arrivent finalement, mon esprit n'est pas capable de tout regarder, de m'intéresser à tout etc. Alors je m'intéresse en fait à très peu de choses. Je m'intéresse aux projets que nous, nous produisons. Et puis à l'extérieur, j'ai finalement très très peu de projets qui appellent mon intérêt de façon absolument presque angoissée de louper le truc, etc. Et là, récemment, je me suis rendu compte que ce que je n'avais absolument jamais fait, pas fait depuis des années, m'est arrivé. C'est-à-dire que j'ai appris par les réseaux, donc par cette communauté à laquelle cette fois-ci j'appartiens. Je me suis rendu compte qu'il y avait un nouvel album de Billie Eilish, ça m'a rendu heureux, et d'un coup je me suis dit Ah, ça a égayé mon... Ça m'a aussi, je me suis tout de suite demandé comment j'allais pouvoir acheter des places, machin, etc. Bon, je suis à l'intérieur, je suis boulanger moi-même, donc je paye mon pain, mais je le paye en direct. Je vais au fourneau. Et donc voilà, je me suis interrogé autour de tout ça, je me suis excité autour de tout ça, j'ai trouvé ça génial, et je me suis dit, ah, je me retrouve dans la peau de ce consommateur de musique. Ce consommateur de musique a été happé par de l'information qui m'est arrivée. Alors oui, ça cultive l'idée, ou moi j'appelle ça plutôt une illusion qu'une idée, qu'un artiste peut se dévoyer tout seul. En vrai, il faut une organisation autour de tout ça assez solide. il faut une organisation qui accepte l'échec aussi, qui peut, parce que l'échec... comme le succès, sont des choses qui sont mutualisées. Et mutualiser le succès, c'est beaucoup plus agréable que mutualiser l'échec, mais mutualiser l'échec, c'est utile, parce que ça peut arriver dans une phase, dans une carrière, que les choses se passent plus ou moins bien, et dans ce cas-là, il vaut mieux que l'échec soit mutualisé, parce que sinon, il est assassin. Donc, je pense que c'est une des raisons pour lesquelles l'association entre l'artiste et un producteur, quel qu'il soit, au pluriel, c'est quelque chose qui reste indispensable.

  • Speaker #1

    Finalement, Vincent, dans son affection pour un certain schéma d'artiste, il a été un peu précurseur aussi de ce qui se passe dans l'époque. C'est-à-dire que l'attachement quand même des gens au spectacle et tout, il vient souvent aussi d'un attachement à une personnalité, justement à cette idée que les gens qu'on va voir sur scène, on a envie de penser que c'est des gens qu'on pourrait aimer dans la vie. Et qu'on sait que c'est important pour eux de faire ce spectacle. J'ai un pote qui, quand il était jeune, il allait voir Julien Clerc, il se disait... Est-ce que Julien Clerc, quand il était de Bourg-en-Bresse, et son saint hantise, c'était de se dire, est-ce que c'est important pour lui de chanter à Bourg-en-Bresse ? En fait, c'est une question que les gens ont beaucoup en tête dans les spectacles. Est-ce que c'est en train de compter le moment qu'on est en train de vivre pour la personne qui est sur scène ? Et je trouve que chez Tautard, il y a toujours eu une école de gens dont on peut se dire, je crois que lui, ça pourrait être un bon pote. Et on voit bien, tu vois Noé Prichoff sur scène, tu vois bien qui c'est. Tu vois Bogart, c'est albin, évidemment que c'est... Moi, on n'est pas que d'un... On a des paradoxes et tout, mais quand même, je pense qu'au bout d'un moment, les gens, ils identifient ce truc-là et ça compte beaucoup quand même. Parce qu'on est souvent dépassé aussi par... Je ne sais pas comment dire, on vit dans des vies où il y a aussi quand même beaucoup de gens qui ne nous tiennent pas à la porte dans le métro. Il y a tout dans la vie, il y a une multitude de... d'infos, de vexation, de frustration, de jalousie. Le rapport qu'on a les uns aux autres, il est très complexe. Donc le moment des spectacles, je trouve que c'est un moment qui doit être un moment où on se prend une bouffée d'air de quelqu'un qui nous fait du bien, au-delà de sa musique, qui nous fait du bien un peu, parce qu'on l'a choisi aussi comme être humain. C'est un truc qui rejoint beaucoup, pour moi, ce que je ressentais du casting que faisait Tauhoutard de ses artistes. Je traverse une ville, la nuit est facile, depuis longtemps, je connais ces âmes. Les soirs de concert, la chambre en hiver, je relis la trappe-cœur. Ah, Manuiz Ouav, idéal. Bon, comme on est dans cette pièce et tout, et que je suis beaucoup arrivé là grâce à lui, et par lui, je dirais Thomas Fersen, parce que c'est quelqu'un qui est incroyable sur scène, qui sait choper les gens, voilà. Et pareil, les gens ont un attachement très fort à lui, et il est seul dans sa catégorie. Après, je dirais Divine Comedy, parce que quand j'ai découvert ce mec-là, c'était tellement ce que j'espérais, un truc très lyrique, très grandiloquent, et... très amoureux et puis je mettrais deux potes deux zouaves pour finir qui sont Albin de la Simone et Mathieu Bogart et puis ma petite soeur Jeanne Chéral qui ferait un dernier appel avec tout le monde Ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin pas comme ils sont.

  • Speaker #0

    ce qui avait cloché pour ne pas que ça nous gêne moi j'ai pas de nuisoir j'ai que des nuisoirs j'ai des nuisoirs tout le temps ma nuisoir idéale ça va être celle qui va être organisée par une équipe qui travaille à réunir tout le monde parce que chaque élément, chaque artiste et même chaque salarié de Zouave je l'ai choisi moi donc J'ai choisi de travailler avec eux, donc je ne vais pas... En fait, je ne suis pas du tout impliqué dans la fabrication de cette Nuit is Love, et ce sera moi une surprise. Et ma Nuit is Love préférée, ça va être celle qui va avoir lieu le 15 mai, parce que ce sera une surprise à partir de mes potes, de mes artistes, de mes équipes. Et donc c'est un cadeau génial, donc je n'ai pas à choisir. Depuis 15 ans, ZOAV accompagne et fait grandir la musique live. Les Nuits ZOAV, le podcast,

  • Speaker #1

    une production Big Red Machine.

  • Speaker #0

    Réalisation, la Grande Zaza Productions. Les Nuits ZOAV, le podcast,

  • Speaker #1

    une vie de concert.

Description

Dans ce second épisode, nous parcourons l'itinéraire de deux Vincent qui ont marqué l'histoire du groupe tôt Ou tard / Zouave : Vincent Delerm, premier artiste signé par le label indépendant, et Vincent Frèrebeau fondateur des deux sociétés de production.


Comprendrez-vous quelque chose aux revenus de la musique enregistrée et de la musique live ? Vincent Delerm a-t-il transformé ses équipes en porte-clefs ? Julien Clerc apprécie-t-il de jouer à Bourg-en-Bresse ?


Nous répondrons à toutes les questions que vous vous posez sur le monde de la musique dans ce deuxième épisode des NUITS ZOUAVE !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ouais, un peu de flotte aussi. Oh, si t'as un CocaZero, un truc comme ça. Non,

  • Speaker #1

    de l'eau. Où est mon portable ?

  • Speaker #0

    Alors ? Hum, t'as 100. Bon,

  • Speaker #1

    allez, tranquille, t'es pas...

  • Speaker #0

    Alors, un test, bah écoutez, moi je parlerai pas tellement plus fort que ça. Moi,

  • Speaker #1

    je parlerai pas beaucoup plus que ça. Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Faut un artiste zouave. J'aime bien. Bonjour. C'est trop bien de faire ça.

  • Speaker #1

    Bonjour. Je sais pas.

  • Speaker #0

    Bonjour, et bah c'est... Je suis Vincent Delerme, et je suis un chanteur... qui fait des chansons au piano et qui a été signé par un label Tôt ou tard et qui a été tourné par un tourneur qui s'appelle Zouave.

  • Speaker #1

    Et moi, je m'appelle Vincent Frèrebeau et je suis à la tête d'un groupe que j'ai créé qui comprend le label Tôt ou tard et également la société de production Zouave

  • Speaker #2

    Spectacle. Est-ce que ça va ? Merci ! Oui, voilà, on est complet ce soir. Sold out, baby ! Merci !

  • Speaker #3

    Zouave a 15 ans et présente Les Nuits Zouaves, le podcast Une vie de concert. En fait, le truc, c'est une histoire qui est un peu folle aussi,

  • Speaker #0

    d'être toujours chez ton auteur aujourd'hui. Vu à quel point j'en ai fait une sorte de fixette quand j'étais étudiant. Le moment où j'ai commencé vraiment à faire des chansons, où j'avais 17-18 ans et où j'étais étudiant, c'était en fait les débuts du label Tout ou tard. Je ne m'en rendais pas forcément compte à cette époque-là. Je ne voyais pas ça comme un label qui venait de se créer. Mais c'était une maison de disques qui comptait beaucoup pour moi parce qu'elle faisait converger des choses qui comptaient. C'est à dire à la fois une tradition quand même d'écriture évidemment avec Dick Haneghan, Thomas Fersen, des gens qui étaient très voilà qui avaient vraiment une vraie manière d'écrire des textes et que ce soit chez Franck Monnet sur son deuxième album ou chez Fersen il y avait des arrangements qui étaient très aboutis, qui étaient très soignés et ça ça me touchait vraiment je me disais c'est génial parce qu'il y a tout il y a ce... Ce soin un peu, cette culture un peu anglaise aussi qui était très très digérée. Et puis aussi il y avait quelque chose de très assumé, parce que c'est des années où, moi je me disais ça, mais peut-être c'est un faux regard, mais j'avais l'impression que l'industrie du disque était beaucoup à pas choisir son camp, à mettre beaucoup d'autocollants sur les disques, avec marqué à la croisée de la chanson et de la pop, ou à la croisée de la chanson et du rock. Et qu'en fait, tôt ou tard, ils avaient vraiment choisi leur camp. Bon Vincent, quelle est ta fonction dans ce bazar ?

  • Speaker #1

    On s'est rencontrés, moi j'étais encore dans des circonstances différentes parce que j'étais salarié d'une grosse maison de disques qui était Warner et j'avais créé cette étiquette Tautard, j'insiste sur le mot étiquette parce que c'était rien d'autre à l'époque, c'était pas du tout mon entreprise c'était un label qui était intégré à Warner et en effet à l'intérieur de ce label j'avais développé beaucoup de projets de chansons il y avait... Tu les as cités, Tethered, Thomas Fersen, Dick Hanegarn, Jackie Gélin, qui avaient fait deux albums avec nous, et puis on avait aussi eu un très très beau succès avec La Sade C'est Là, en 97. Donc tout ça, on était en cette dynamique-là, et en fait, c'était une dynamique qui convenait finalement, moi qui me convenait très bien et avec laquelle j'étais pleinement heureux, mais ça ne convenait pas. tant que ça à la maison de disques qui m'employaient parce qu'ils étaient dans la logique beaucoup plus globale et beaucoup plus pop etc etc j'ai senti à l'époque que quelque chose allait m'échapper donc plutôt que voir ce truc m'échapper j'ai choisi moi de m'échapper et à ma grande surprise Warner à l'époque m'avait proposé de faire ce qu'on appelle une jeune venture, c'est une société en partenariat entre eux et moi et donc c'est là que Vincent arrive parce que j'avais rencontré Vincent Grâce à un musicien qui travaillait avec Thomas Fersen, qui est devenu ton arrangeur, qui est devenu ensuite...

  • Speaker #0

    Le pianiste de Thomas, oui.

  • Speaker #1

    Qui m'a un jour alerté, qui m'a prévenu, qui m'a dit Vincent, j'ai rencontré un autre Vincent, il est super, faut que tu le croises. Il écrit des chansons, et c'est là qu'on s'est croisés, que Vincent est venu nous voir une première fois, avec trois chansons, je crois.

  • Speaker #0

    Avec huit chansons, mais c'était un rendez-vous d'écoute. Oui,

  • Speaker #1

    donc on a écouté trois.

  • Speaker #0

    Et si je vais être franc, t'en as écouté trois et demi, plus que trois. Le téléphone a sonné sur l'heure du thé. Il m'a dit, bon, écoute, c'est pas mal, je vais écouter et tout. Et en fait, j'espérais que ça atteigne le premier refrain, parce que j'étais assez content du refrain de l'heure du thé, l'idée de sortir de chez toi habillé comme hier et tout. Et je me dis, putain, putain, il n'y a pas eu le premier refrain. Il ne va jamais me signer.

  • Speaker #1

    Je m'attends. Rue Saint-Séverin, je sors de chez toi habillé comme hier. Dans la ville normale, des voitures banales qui ne savent pas pour la nuit dernière. Non, et c'est vrai que ça a pris du temps ensuite, parce que moi j'ai vraiment, je me souviens avoir été marqué par le style d'écriture de Vincent, et m'être dit, comme on se dit souvent, d'abord que pour signer les projets, il faut un peu prendre du temps, parce qu'il y a l'impulsion, il y a l'envie immédiate, et puis après il faut savoir où on va, comment on va faire, etc. Donc il fallait ce temps-là, et puis il fallait d'autres répertoires, et puis j'avais besoin avec Vincent de comprendre comment les choses allaient être traduites en... en musique enregistrée, quand je dis que j'avais besoin de comprendre, c'est-à-dire que je n'extrapolais pas à l'époque, je n'arrivais pas à matérialiser la chanson une fois qu'elle allait être imprimée. Oui,

  • Speaker #0

    ce n'était pas facile, parce que moi, en fait, quand j'ai commencé, tu vois, quand on a commencé, quand on a été signé, j'étais signé avec Jeanne Chéral, et elle, elle faisait à l'époque, avant qu'on fasse nos spectacles ensemble du début, elle a fait des dizaines et dizaines de trucs où elle a envoyé ses cassettes, où elle était prise des tremplins. Ça filait droit, techniquement elle chantait droit. Moi mon truc c'était quand même très particulier la manière de chanter. Et donc après, une fois que je me retrouvais en public, et ça m'a servi quand j'ai fait les premières parties de Fersen à un moment donné, et Vincent Frerbeau et Olivier Poubelle qui étaient mon premier tourneur, m'ont un peu testé en première partie de Fersen. Et là, ça je savais le faire parce que je venais du théâtre et que là du coup ça revenait ma zone. Mais sur le papier, à posteriori, même si ça m'a semblé long,

  • Speaker #1

    Vincent il n'a pas tout de suite décidé de me signer mais je constate à quel point c'était normal encore aujourd'hui à l'époque je me souviens avoir fait un truc que je ne ferais plus aujourd'hui parce que je n'avais pas de société de production de spectacle à l'époque mais du coup je t'avais dit je crois qu'il faut que tu t'installes un peu que tu tournes etc et je t'avais envoyé chez un confrère et ami donc Astérios Olivier Poubelle et qui à son tour avait eu un coup de coeur et tu avais ensuite justement, avait développé quelque chose avec toi sur scène, qui a permis à Vincent de faire de nombreuses premières parties, mais aussi de commencer à amorcer une petite tournée, et à faire un concert qui, pour moi, a été un déclencheur, qui était un concert à Malakoff, qui était un des concerts dans lequel j'ai réalisé qu'il fallait que je signe Vincent très très vite. Et finalement, tu t'es retrouvé être la première signature, mais quand je dis la première, c'est un quart d'heure après qu'on soit devenu indépendant, Vincent. Alors pour le coup, c'était un petit peu prévu entre nous comme ça, on avait...

  • Speaker #0

    moi j'avais choisi Vincent pour être le premier artiste à signer chez Tohoutard dans la version indépendante ce qui m'a vachement épaté bon il faut admettre que c'est un peu paniquant d'avoir face à toi quelqu'un qui te dit ah non mais moi je veux être sur ce label là à tout prix c'est comme si t'es quelqu'un qui te dit ah non mais moi t'es l'homme de ma vie et machin ouais finalement c'est pas très je le conseille pas tu vois comme stratégie c'était fou c'était une période moi c'est vraiment un truc dont je me suis jamais remis enfin le L'intensité de ce moment-là et le plaisir du succès du premier album aussi beaucoup pour cette raison-là.

  • Speaker #2

    Et c'était fou pour nous aussi, c'était chute pour nous,

  • Speaker #1

    parce que nous, on démarrait une aventure indépendante qui était quand même une inconnue totale, qui était dans des bureaux d'ailleurs qui sont dans le même bâtiment que celui dans lequel nous sommes aujourd'hui, mais qui était tout petit. qui était un petit bureau de 60 mètres carrés dans lequel on était quatre. On était un peu comme devant une page blanche. Sur cette page blanche, on a écrit Vincent Delerme. Et on était l'année d'après, fort de, je ne sais pas, peut-être 150 000 ventes à l'époque. On était aux Victoires de la Musique, que tu as gagné. On a transformé tout ça en un succès qui a été au-delà des 400, 450 000 albums vendus. Ce qui était absolument dingue. C'était aussi la fin d'une époque. C'est le début d'une crise. très forte que connaît la musique enregistrée et nous on vit cette aventure là qu'on savait pas à l'époque mais qui est une des dernières finalement à se vivre de cette manière là un développement d'artiste tout en étant la première dans un autre genre parce qu'au delà de ce

  • Speaker #0

    que je faisais il y a eu toute une génération là d'un seul coup tout ce qui était un peu chanson française se mettait à marche et il y a eu vraiment un moment qui était d'ailleurs un peu trompeur parce que pour des gens qui ont existé un peu et qui se sont dit ça y est c'est bon euh Et en fait c'est retombé assez vite, mais c'était assez fou et je trouve que pour moi, historiquement, ça m'a toujours intéressé l'histoire de la chanson française tu vois, et c'était la première fois qu'il y avait une génération de gens qui arrivaient en disant bah nous on vient à ça parce qu'on a adoré d'autres chanteurs. Benabar il parlait de Delpech, Biolay il parlait de Gainsbourg, moi je parlais de Souchon, chaque chanteur avait son truc tu vois, et toutes ces générations, Kali, Jeanne Chéral elle parlait beaucoup de Véronique Sanson, de William Sher, d'Ygelin. Et on avait tous des maîtres et des maîtresses qu'on assumait. Là où souvent il y a une posture qui consiste à dire que tu t'es fait tout seul, ou alors que tes modèles ne sont que jazz ou que anglo-saxon. Mais là d'un coup… Et en fait j'aimais bien faire partie de ce truc-là parce que moi je me suis vraiment fabriqué avec des chanteurs et j'ai voulu faire ça parce que j'ai vu des spectacles, mes parents m'ont beaucoup trimballé voir des concerts et tout ça.

  • Speaker #1

    et j'aimais bien faire partie de ce truc là mais par ailleurs effectivement techniquement en termes d'industrie oui c'était la fin d'une époque ce qu'on aime beaucoup c'est que cette filiation continue et finalement elle continue en interne aussi parce que si tu demandes à Vianney pourquoi il a voulu signer avec Togutin il parle de Delerme, il parle de Fersen il parle de Bogarts, il parle de tout ça et Noé Prechof c'est la même chose et Sylvain Dutuc qui est le chanteur de Boulevard des Airs c'est la même chose Il vient nous voir parce qu'il est un immense fan de Vincent et que son Boulevard Désert est baptisé comme ça en raison de la DVD qu'on a fait qui s'appelait Un soir boulevard Voltaire et c'est parti de là.

  • Speaker #0

    Il y a des moments où ça rigole, il y a des moments où ça se plante, où ton album passe à travers. Et en fait, dans ces moments-là, le fait que ton parcours ait quand même un petit sens, que tu suis une ligne et tout, c'est ça qui te tient. Je me suis dit, de toute façon, c'est ça qu'il fallait faire, parce que le sens, c'était ça. Et ça, c'est vraiment un truc qui est une force, parce que c'est ça qui te sauve tout le temps. Du côté, ah merde, ça fait trois semaines qu'il flotte. Mais bon, pas grave, on sait pourquoi on est là.

  • Speaker #1

    Ça peut être aussi moi. Alors on revient à notre métier à nous, notre métier de producteur. Notre métier de producteur c'est de rencontrer des artistes, c'est d'essayer du mieux qu'on peut d'accompagner leur création. Donc c'est déceler déjà le talent, enfin déceler, ressentir le talent d'un artiste et ensuite de l'aider à fabriquer son projet. et ensuite de l'aider à faire connaître son projet et de l'amener aux gens. Et puis s'inscrire dans la durée, ce qui est au moins aussi important, voire beaucoup plus important surtout que d'avoir un premier succès une fois. Donc c'est ça notre devoir en fait.

  • Speaker #0

    En général dans la société, il y a une sorte de défiance latente envers les producteurs, peut-être envers les patrons et les patronnes en général, mais en tout cas dans la musique, il y a le moment en plus de la licence globale, tout ça a favorisé encore ce truc-là, parce que les gens pour se rassurer sur le fait que d'un seul coup il pouvait avoir des 10 sans les payer Il dit ouais mais de toute façon c'est que des mecs qui fument le cigare et qui ressemblent à Eddie Barclay et qui font des… enfin tu vois il y avait… c'est une idée qui est pratique souvent l'idée de… et ça c'est une idée qui a la peau assez dure parce que souvent les gens vont te dire mais pourquoi toi tu as ton public ? Maintenant ça fait 20 ans que tu fais ça, tu as des gens qui te suivent, tu pourrais… je pourrais m'auto-produire tu vois. Et ça en fait tous les gens qui le font, il y a une tradition, c'est pour ça que c'est intéressant aussi que quand je dis j'aime bien… L'histoire de la chanson, c'est qu'il y a souvent eu des artistes qui, au bout d'un moment, ont eu l'impression, pas du tout chez tout ou tard, mais dans d'autres structures, de se faire un peu avoir. Et ils ont dit, je vais fabriquer mon truc, créer mes éditions et tout ça. Mais en fait, souvent, c'est très sclérosant parce que d'un seul coup, déjà, tu te mets à avoir toutes les lignes de comptabilité en tête. Donc tu te dis, pourquoi est-ce qu'on paye un mec si cher pour faire la lumière ? Franchement, deux projecteurs, c'est bon. Pourquoi tel mec qui fait la photo de mes pochettes de disques ? Franchement, c'est abusé le tarif qu'il prend et tout. Moi, j'ai un pote qui avait fait une bonne photo cet été en vacances. Et en fait, tu peux tout réduire comme ça. Alors déjà, ça, c'est techniquement parlant. Et surtout, en termes d'élan, quand tu sors un nouvel album, en fait, le fait d'être... Tu pourrais te dire que tu as ton public, mais en fait, non. C'est une illusion. Tu l'as d'une certaine manière, mais il faut tout le temps que ta maison de disques aille le rechercher pour toi. C'est pas moi tout seul qui peut aller le choper. Évidemment que j'ai ma responsabilité, que j'utilise Instagram de cette manière-là aussi pour une communauté. Mais tu as quelque chose qui est beaucoup plus fort déjà en termes de confiance dans ton projet, d'énergie et aussi de paroles prises parce que les attachés de presse qui parlent de ton disque et tout ça, c'est un savoir-faire. Ça revient à l'idée dont on parlait, c'est de savoir qu'il y a des vrais métiers et ça compte beaucoup. Et en fait, je trouve que souvent les gens qui se disent à un certain stade maintenant je crois que je peux m'en passer Ouais au bout d'un moment ils reviennent au bercail de leur maison de disques originelle ou en tout cas ils s'aperçoivent que c'est pas si simple.

  • Speaker #1

    Moi déjà il y a une chose, c'est que la nature des projets qui nous plaisent, qui nous intéressent et qui nous motivent, ce sont la plupart du temps des projets qui sont des projets avec du texte, avec du sens, avec de la profondeur, avec des gens. Et donc tout ça, ça se retrouve plus sur une scène que dans un rayon disque. Donc c'est simplement qu'avant il y avait deux métiers. Et puis le secteur de la musique enregistrée s'est effondré dans les années 2000. Ça a conduit des acteurs comme moi à créer leur société de production de spectacles pour avoir deux intérêts supplémentaires à réussir un projet. Un intérêt stratégique, parce que c'est une trajectoire dont on décide ensemble avec l'artiste et tout ce qu'on fait se fait dans l'intérêt du projet, donc dans l'intérêt de l'artiste, parce que l'intérêt du projet, si on réfléchit deux secondes, il n'est pas très éloigné d'une autre à condition qu'on ait... un petit peu une maîtrise de tous les éléments. Donc l'intérêt stratégique, c'est d'être capable de décider, alors qu'on n'a pas la moindre idée du répertoire qui va composer un nouvel album, de pouvoir décider stratégiquement un certain nombre d'opérations, soit une tournée, soit une résidence parisienne, et ça c'est des décisions qu'on doit prendre très en amont, et c'est aussi une relation de confiance entre les artistes et le producteur, pour pouvoir... Comment mettre en place toutes ces choses-là. Donc ça, c'est un vrai intérêt stratégique qu'on peut avoir ensemble, nous, à produire les spectacles de nos artistes, et les artistes à être produits par nous. C'est le premier point. Puis il y a évidemment un point économique, où sur... Une grande partie du répertoire, les revenus existent, mais se font beaucoup plus long à arriver. Hier, on était payé comptant d'un succès quand on avait des disques à vendre, ou quand on avait même encore la partie téléchargement, donc le down-loan, on était payé comptant de notre succès quand on en avait. Aujourd'hui, un succès, il est payé sur 10 ans, c'est-à-dire pour arriver à reconstituer. Ce que rapportait la musique enregistrée hier, il faut vraiment avoir le temps parce que c'est le mode du streaming.

  • Speaker #0

    Par contre, le modèle de fabrication, lui, n'a pas du tout bougé en termes de financièrement, de coût. Il est même plus cher.

  • Speaker #1

    En termes de coût, il est même plus cher. Le coût de production a augmenté, mais pas de façon démesurée. Le coût de marketing, c'est-à-dire pour faire connaître. Un projet, le coût de la promotion et du marketing, lui, il s'est multiplié par 5. Simplement parce que l'offre, elle s'est multipliée par 1 000. C'est-à-dire que d'un seul coup, on a, je crois, quelques 100 000 chansons qui arrivent sur les plateformes de streaming chaque jour dans le monde. Alors dans ces 100 000, il faut comprendre qu'il y a énormément de projets qui ne sont pas du tout des projets du réseau, on va dire, professionnels, mais qui sont beaucoup d'amateurs qui décident d'uploader une chanson. d'anniversaire à leur grand-mère ou je ne sais quoi, simplement pour que la grand-mère puisse l'écouter. Donc ce ne sont pas 100 000 chansons, projets, etc. Il reste qu'il faut surnager là-dedans, il faut que les 12-13 chansons qui composent le nouvel album d'un artiste puissent passer au-dessus de beaucoup d'autres. Et ça, ça veut dire des moyens colossaux pour arriver à un moment, éclairer avec un faisceau cet ensemble de chansons, ou une chanson en particulier, etc. Enfin bref. Il faut investir beaucoup de temps et d'argent, de moyens, pour arriver à émerger. Particulièrement quand on parle d'artistes qui n'ont pas de notoriété encore. Donc il faut tout construire. C'est énormément de moyens à la disposition de ça. Et du coup, comme ces moyens-là ne sont récupérés que sur un terme très très long, le retour sur investissement est très très long. Parce que le modèle du streaming, qui est un modèle d'abonnement, comme si... vous payez un loyer un petit peu pour écouter la musique qui vous plaît, en tant que propriétaire, vous touchez un loyer aussi. C'est-à-dire que vous ne touchez pas le produit de la vente d'un appartement en une seconde, vous touchez votre part du loyer mensuel. Donc ça peut être très très long avant de recouper cet investissement. Et donc, l'intérêt économique du live, et de se retrouver quand on est producteur phonographique, à devenir producteur de spectacle, c'est ça. C'est que le spectacle reste dans la musique. Pardon de parler comme ça, mais il y a une économie, donc il ne faut absolument pas la taire. C'est le moyen d'être payé comptant, c'est le seul moyen d'être payé comptant d'un succès. Ça ne veut pas dire qu'en musique enregistrée ça ne marche pas, ça veut dire que ça va être beaucoup plus long. Mais le succès du spectacle...

  • Speaker #0

    c'est le moyen de matérialiser économiquement le travail qui est fait. Il faut bien trouver comme ça une économie mixte entre le phono et le spectacle. C'est pour ça qu'on s'est mis, c'est pour toutes ces raisons-là qu'on s'est mis à faire du spectacle, et c'est pour une raison bien supérieure à celle-ci, qui est aussi le goût qu'on a, nous, pour le spectacle, et le plaisir qu'on a à aller, à chaque fois que l'un de nos artistes joue, d'y être, d'y être en équipe, d'y être... Ici, il y a toute une équipe, on est 38 ici dans le groupe qui compose toutes ces activités-là. Et il n'est pas rare de retrouver au guichet des concerts des uns et des autres pour faire les invitations, le directeur juridique, le comptable, etc. Parce qu'on partage tous une vraie passion pour la musique et nos artistes. Et c'est le moment qui cristallise ça. C'est le moment de partage en fait. C'est le moment, c'est le repas de famille, c'est plus que le repas de famille.

  • Speaker #1

    Il faut dire qu'avant même qu'il y ait cette structure de tournée, ça a été une originalité et une force de tout au tard. C'est qu'il y avait systématiquement dans les concerts des gens de la maison de disques.

  • Speaker #0

    Ça paraît con,

  • Speaker #1

    mais c'est pas tout le temps. À l'époque, ils n'avaient aucun intérêt à y être, autre que... Et même, c'est un plaisir forcément fort quand tu as poussé un projet, d'assister au moment où tu vois que sur les têtes des gens dans la salle, ça prend, que le truc fonctionne. Et donc du coup, moi toutes les fois où j'ai participé d'un peu loin à un projet autre que le mien et où tu te retrouves au concert à voir le truc, tu te dis Ah putain, mais en fait ça, ça marche, puis les gens sont contents. Enfin, il y a un plaisir de ça, oui. C'est quoi ce plan ? Rêve adolescent ? la scène une vie comme ça c'est quoi cette histoire la salle dans le noir quatrième rappel servir à quoi Et des gens qui sont chez Peutard, c'est un peu des personnages dont on pourrait faire un porte-clés ou une peluche quand même la plupart du temps. Enfin, tu vois, on peut les caricaturer. Et ça, c'est vraiment important. Et c'est ça qui fait aussi que sur scène, ça existe. Parce que c'est des personnages, la manière de se tenir de Noé Préchauffe. On a tous des attitudes, des postures. Il y en a peu, finalement, qui n'ont pas leur petit truc à eux, ou leur petite scoliose à eux. Et ça, ça fait que sur scène, c'est ça qui est le plus important aujourd'hui. Parce qu'il y a tellement de propositions qu'il faut que tout le monde soit un peu monstrueux, dans le sens différent, en tout cas pas complètement lissé sur le reste. Évidemment que nos vies sont très éparpillées par plein d'applications, par plein de choses et tout, et que le moment du spectacle, c'est quand même, si les gens s'obligent à aller voir un film en salle, plutôt que de le regarder chez eux ou à venir voir un spectacle, c'est quand même pour un peu presque une sorte de forme d'hygiène de vie, de dire, allez, je continue à me dire que pendant 1h30, je vais être capable physiologiquement d'être polarisé sur un truc. Évidemment qu'il y aura quelques personnes qui regardent leur téléphone, mais peu, et puis bon, à pied des mots, les gens le sortent pour faire une photo, tu vois, mais... Mais non, c'est ça qui est d'autant plus touchant aujourd'hui, c'est de, étant donné tout ce qui se passe et à quel point quand même, même des gens, tu vois, moi je m'estime comme un mec, j'ai fait, j'aime bien lire des bouquins et machin, mais j'ai quand même une, ma capacité d'attention, de concentration est beaucoup moins forte qu'avant parce qu'on est, on va voir le post que t'as fait sur Instagram, s'il a été liké par machin, si quelqu'un a fait un commentaire, si t'as reçu un mail, un message, enfin tous les trucs. Et là, tu... t'as plus que ça à faire de regarder un spectacle et c'est super en

  • Speaker #0

    fait le live se porte mieux que jamais. Je crois que ce sont les chiffres du CNM de l'année dernière qui le disent. Le live vit ses meilleures années. Pour moi, il y a plein de raisons à ça. La relation à la musique des gens, du public, elle a complètement changé. Elle est devenue un tout petit peu désacralisée par le streaming, c'est-à-dire que le streaming n'offre pas ce qu'offrait hier pour ceux qui ne consomment plus qu'en streaming. Il n'y a pas la collection de streaming. J'ai lu un truc récemment de quelqu'un qui disait qu'on se rappelle du premier disque qu'on a acheté, par contre on ne se rappelle pas du premier stream qu'on a écouté. Pour autant, la musique enregistrée est très écoutée, beaucoup plus qu'avant. Elle est écoutée de façon moins captive aussi, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui passent, qui écoutent les playlists de streaming comme on écoute une radio. Les services de streaming proposent des radios, et proposent par algorithme des écoutes de musique qu'on ne connaîtrait pas sinon. Donc... Donc la relation a complètement changé, c'est-à-dire que le public qui a son album fétiche, qui n'écoute que ça pendant un an, ça existe encore mais ça existe moins. En revanche, il y a un truc, c'est une analyse qui vaut ce qu'elle vaut, c'est la mienne, il y a une façon de consommer la musique aujourd'hui qui n'est plus considérée comme un achat. A juste titre, c'est une location. Et du coup, on a le sentiment, je pense, beaucoup de gens ont le sentiment... une fois qu'ils ont payé leur abonnement, ils n'ont plus l'acte d'achat, ils ne vont plus au magasin, ils ne vont plus. Et donc ils écoutent la musique de façon un petit peu globale comme ça. Malgré tout, à l'intérieur de ce qu'ils entendent, il y a vraiment des projets qu'ils écoutent pour le coup, qu'ils découvrent, qui leur plaît, qui leur fait quelque chose. Et le moment où ils se disent, là je vais payer pour ma musique, c'est en payant un ticket de concert. Et il y a aussi une autre relation qu'on peut faire, c'est... se dire ok, j'ai vendu j'ai un exemple précis en tête là j'ai vendu 3000 albums à date je remplis une cigale donc 1400 personnes donc 1200 billets de vendu plus les cigales debout, 1200 personnes payantes, 200 invités pour 3010 vendus et sur les 1200 personnes payantes, il y en a au moins la moitié qui connaissent toutes les paroles par coeur donc ça veut dire quand même La matérialisation, si je puis appeler ça comme ça, de la relation entre le public et l'artiste, c'est vraiment devenu le billet de concert. Et là, on en a chez nous, actuels, futurs, plein d'exemples qui nous disent ça. On est les producteurs du groupe Chacapon, qu'on en a parlé tout à l'heure, qu'il en est à 60 000 de son dernier album, 60 000 albums vendus, ce qui n'est pas pire. par les temps qui courent, et on a vendu 500 000 billets pour la tournée. Donc il y a comme ça une dichotomie totale entre ces deux résultats. C'est le monde à l'envers par rapport au monde que nous avons connu dans les fins des années 90 et aussi début des années 2000, où vraiment les scores étaient exactement opposés à ça. Donc il y a eu... Tout notre secteur s'est énormément réorganisé autour d'un ensemble de choses. Quand on parlait tout à l'heure, Vincent parlait de sa communauté, nous notre obsession, finalement, c'est même un paradoxe, c'est que nos artistes se retrouvent avec la plus grande autonomie apparente qu'ils soient. Et la plus grande autonomie apparente, c'est la plus grosse communauté. Mais cette communauté-là, pour être active, elle doit être alimentée en permanence. Évidemment, des posts qu'on peut mettre sur les réseaux sociaux, mais ce n'est pas suffisant. Il faut de la matière aussi, donc il faut un nouveau spectacle, il faut un nouvel album. Il faut être artistiquement présent. Ce n'est pas juste poster une photo bien sentie tous les trois jours. C'est avoir une actualité, parce que finalement, je ne sais pas, tu me contrediras peut-être, mais les périodes au cours desquelles... Tu recrutes le plus de nouveaux followers sur les plateformes, c'est évidemment les périodes de promotion, les périodes où l'artiste est très présent, en radio, en télé, en presse, etc. et en spectacle. Donc en fait, nous on constate ça sur la plupart de nos artistes, quand on a une tournée qui marche très très bien, là on recrute, on engrange, comme tu dis, des followers dans tous les sens. Nous sommes nous-mêmes followers d'autres artistes. Moi, à titre personnel, là... Je guette l'arrivée, d'ailleurs c'est marrant parce que ça me dit aussi quelle est ma relation à la musique. Moi en tant que spectateur et en tant que consommateur, il y a tellement de choses qui arrivent finalement, mon esprit n'est pas capable de tout regarder, de m'intéresser à tout etc. Alors je m'intéresse en fait à très peu de choses. Je m'intéresse aux projets que nous, nous produisons. Et puis à l'extérieur, j'ai finalement très très peu de projets qui appellent mon intérêt de façon absolument presque angoissée de louper le truc, etc. Et là, récemment, je me suis rendu compte que ce que je n'avais absolument jamais fait, pas fait depuis des années, m'est arrivé. C'est-à-dire que j'ai appris par les réseaux, donc par cette communauté à laquelle cette fois-ci j'appartiens. Je me suis rendu compte qu'il y avait un nouvel album de Billie Eilish, ça m'a rendu heureux, et d'un coup je me suis dit Ah, ça a égayé mon... Ça m'a aussi, je me suis tout de suite demandé comment j'allais pouvoir acheter des places, machin, etc. Bon, je suis à l'intérieur, je suis boulanger moi-même, donc je paye mon pain, mais je le paye en direct. Je vais au fourneau. Et donc voilà, je me suis interrogé autour de tout ça, je me suis excité autour de tout ça, j'ai trouvé ça génial, et je me suis dit, ah, je me retrouve dans la peau de ce consommateur de musique. Ce consommateur de musique a été happé par de l'information qui m'est arrivée. Alors oui, ça cultive l'idée, ou moi j'appelle ça plutôt une illusion qu'une idée, qu'un artiste peut se dévoyer tout seul. En vrai, il faut une organisation autour de tout ça assez solide. il faut une organisation qui accepte l'échec aussi, qui peut, parce que l'échec... comme le succès, sont des choses qui sont mutualisées. Et mutualiser le succès, c'est beaucoup plus agréable que mutualiser l'échec, mais mutualiser l'échec, c'est utile, parce que ça peut arriver dans une phase, dans une carrière, que les choses se passent plus ou moins bien, et dans ce cas-là, il vaut mieux que l'échec soit mutualisé, parce que sinon, il est assassin. Donc, je pense que c'est une des raisons pour lesquelles l'association entre l'artiste et un producteur, quel qu'il soit, au pluriel, c'est quelque chose qui reste indispensable.

  • Speaker #1

    Finalement, Vincent, dans son affection pour un certain schéma d'artiste, il a été un peu précurseur aussi de ce qui se passe dans l'époque. C'est-à-dire que l'attachement quand même des gens au spectacle et tout, il vient souvent aussi d'un attachement à une personnalité, justement à cette idée que les gens qu'on va voir sur scène, on a envie de penser que c'est des gens qu'on pourrait aimer dans la vie. Et qu'on sait que c'est important pour eux de faire ce spectacle. J'ai un pote qui, quand il était jeune, il allait voir Julien Clerc, il se disait... Est-ce que Julien Clerc, quand il était de Bourg-en-Bresse, et son saint hantise, c'était de se dire, est-ce que c'est important pour lui de chanter à Bourg-en-Bresse ? En fait, c'est une question que les gens ont beaucoup en tête dans les spectacles. Est-ce que c'est en train de compter le moment qu'on est en train de vivre pour la personne qui est sur scène ? Et je trouve que chez Tautard, il y a toujours eu une école de gens dont on peut se dire, je crois que lui, ça pourrait être un bon pote. Et on voit bien, tu vois Noé Prichoff sur scène, tu vois bien qui c'est. Tu vois Bogart, c'est albin, évidemment que c'est... Moi, on n'est pas que d'un... On a des paradoxes et tout, mais quand même, je pense qu'au bout d'un moment, les gens, ils identifient ce truc-là et ça compte beaucoup quand même. Parce qu'on est souvent dépassé aussi par... Je ne sais pas comment dire, on vit dans des vies où il y a aussi quand même beaucoup de gens qui ne nous tiennent pas à la porte dans le métro. Il y a tout dans la vie, il y a une multitude de... d'infos, de vexation, de frustration, de jalousie. Le rapport qu'on a les uns aux autres, il est très complexe. Donc le moment des spectacles, je trouve que c'est un moment qui doit être un moment où on se prend une bouffée d'air de quelqu'un qui nous fait du bien, au-delà de sa musique, qui nous fait du bien un peu, parce qu'on l'a choisi aussi comme être humain. C'est un truc qui rejoint beaucoup, pour moi, ce que je ressentais du casting que faisait Tauhoutard de ses artistes. Je traverse une ville, la nuit est facile, depuis longtemps, je connais ces âmes. Les soirs de concert, la chambre en hiver, je relis la trappe-cœur. Ah, Manuiz Ouav, idéal. Bon, comme on est dans cette pièce et tout, et que je suis beaucoup arrivé là grâce à lui, et par lui, je dirais Thomas Fersen, parce que c'est quelqu'un qui est incroyable sur scène, qui sait choper les gens, voilà. Et pareil, les gens ont un attachement très fort à lui, et il est seul dans sa catégorie. Après, je dirais Divine Comedy, parce que quand j'ai découvert ce mec-là, c'était tellement ce que j'espérais, un truc très lyrique, très grandiloquent, et... très amoureux et puis je mettrais deux potes deux zouaves pour finir qui sont Albin de la Simone et Mathieu Bogart et puis ma petite soeur Jeanne Chéral qui ferait un dernier appel avec tout le monde Ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin pas comme ils sont.

  • Speaker #0

    ce qui avait cloché pour ne pas que ça nous gêne moi j'ai pas de nuisoir j'ai que des nuisoirs j'ai des nuisoirs tout le temps ma nuisoir idéale ça va être celle qui va être organisée par une équipe qui travaille à réunir tout le monde parce que chaque élément, chaque artiste et même chaque salarié de Zouave je l'ai choisi moi donc J'ai choisi de travailler avec eux, donc je ne vais pas... En fait, je ne suis pas du tout impliqué dans la fabrication de cette Nuit is Love, et ce sera moi une surprise. Et ma Nuit is Love préférée, ça va être celle qui va avoir lieu le 15 mai, parce que ce sera une surprise à partir de mes potes, de mes artistes, de mes équipes. Et donc c'est un cadeau génial, donc je n'ai pas à choisir. Depuis 15 ans, ZOAV accompagne et fait grandir la musique live. Les Nuits ZOAV, le podcast,

  • Speaker #1

    une production Big Red Machine.

  • Speaker #0

    Réalisation, la Grande Zaza Productions. Les Nuits ZOAV, le podcast,

  • Speaker #1

    une vie de concert.

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