Résumé :
L’entretien explore la trajectoire du chef djihadiste Ahmad al-Shara, dit al-Joulani, leader de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), groupe issu d’Al-Qaïda. Ancien compagnon de route de Zarqaoui, il cherche aujourd’hui à se présenter comme un dirigeant modéré et pragmatique, notamment pour obtenir une levée des sanctions occidentales. Or, selon Balanche, il est directement ou indirectement responsable de massacres de populations alaouites et chrétiennes en Syrie en mars 2025.
Al-Shara utilise une stratégie de double langage : d’un côté un discours modernisé, sous l’influence d’une agence de communication britannique, et de l’autre, une pratique de répression et de terreur, avec la bénédiction tacite de la Turquie et du Qatar, principaux soutiens régionaux. Le financement international, notamment européen, alimente indirectement son régime, notamment via les ONG locales contrôlées par HTS, dans un système où les bailleurs ferment souvent les yeux.
Fabrice Balanche montre que le djihadisme et l’islamisme politique, bien que différents dans leur rythme et leurs méthodes, partagent une même matrice idéologique, issue du frérisme. Les Frères musulmans fournissent le vernis institutionnel, les relais internationaux, et l’appareil idéologique, tandis que les groupes djihadistes exécutent la conquête violente. Al-Shara, bien que non officiellement membre de la confrérie, en partage les principes et bénéficie de leurs réseaux.
Sur le plan géopolitique, la Syrie est redevenue un pivot stratégique : la Turquie veut y asseoir un néo-ottomanisme califal, le Qatar y soutient une révolution islamique soft, tandis que l’Occident, par realpolitik, tolère ces transformations par crainte d’un chaos à la libyenne.
En parallèle, Fabrice Balanche évoque la situation européenne : les Frères musulmans s’implantent via le tissu associatif, la politique de la ville, et une stratégie d’entrisme, notamment dans les municipalités. Ils évitent la violence directe, mais contribuent à une réislamisation des quartiers qui peut ensuite nourrir les filières djihadistes. Leur influence repose sur une logique clientéliste et communautariste, souvent facilitée par des élus naïfs ou complices.
L’université française est critiquée pour son aveuglement idéologique : les filières de sciences humaines sont dominées par une pensée islamo-gauchiste et wokiste, qui refuse toute critique de l’islamisme au nom de la lutte contre l’islamophobie. Le cas personnel de Balanche est évoqué : accusé d’islamophobie pour avoir exposé des faits en conférence, il dénonce l’intimidation intellectuelle, l’autocensure, et la déformation des savoirs par des logiques militantes.
Conclusion :
• La France risque de suivre un scénario libanais ou syrien si elle ne réagit pas à temps.
• L’université est pour l’instant verrouillée idéologiquement.
• La production de savoirs critiques doit passer par des structures indépendantes (comme le CERIF!), pour former une pensée libre sur l’islamisme et ses réseaux.
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