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Les Sages - le podcast des plus grands leader·euse(s) humanistes

S2E3 | Anthony Babkine (Diversidays, Obama leaders, TBWA) - Pour un avenir inclusif et humain

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1h08 |06/10/2024
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Description

Dans cet épisode de "Les Sages - le podcast des leader·euse(s) humanistes", Nicolas Jeanne reçoit Anthony Babkine, un entrepreneur social visionnaire et cofondateur de l'association Diversidays, qui se bat pour l'égalité des chances dans le secteur numérique.


Anthony a fait ses preuves dans le monde de la communication et de la publicité. Il y a occupé des postes à responsabilité chez TBWA où il a pu influencer des stratégies de marque et des campagnes innovantes.


Son parcours, qui débute dans une banlieue parisienne, illustre parfaitement comment un homme peut transformer ses défis en opportunités, et comment ses expériences personnelles lui ont permis de gravir les échelons du succès dans des entreprises prestigieuses. À travers son histoire, il nous rappelle l'importance de la diversité dans le monde des affaires et comment cela peut enrichir les entreprises tout en favorisant une culture d'inclusion.


Dans la seconde partie de cet épisode, Anthony partage ses engagements passionnés pour la transformation sociale et l'entrepreneuriat à impact. En tant que cofondateur de Diversidays, il œuvre sans relâche pour aider les entrepreneurs issus de milieux sous-représentés à réaliser leurs rêves. Il présente notamment son Leadership Programme, une initiative novatrice conçue pour accompagner ces entrepreneurs dans leur parcours.


Anthony évoque également son expérience enrichissante avec la fondation Obama, qui lui a permis de renforcer son réseau et développer son état d'esprit.


Cet engagement envers l'égalité des chances et la diversité est au cœur de sa mission, et il nous inspire à repenser notre rôle en tant que leaders dans nos propres sphères d'influence.


L'épisode se termine sur une note personnelle où Anthony partage sa vision de l'avenir. Il insiste sur l'importance de la santé et du bien-être dans son parcours, soulignant que le succès ne se mesure pas uniquement en termes de chiffres, mais aussi en termes d'épanouissement personnel et collectif.


En écoutant cet épisode, vous découvrirez non seulement les défis et les réussites d'un leader engagé, mais aussi des réflexions profondes sur le rôle de la technologie comme ascenseur social et l'impact des entreprises à impact.


Bon voyage avec les Sages ! 



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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders. Et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages. Anthony Babkin est le gars que vous aimeriez avoir en tant qu'ami. Sympa, à l'écoute, proche de vous. Anthony est unanimement reconnu comme un humaniste par son entourage. Mais Anthony, c'est aussi un gars très ambitieux. Pour lui-même, bien sûr, mais aussi pour prouver que c'est possible de devenir d'Evry-Courcouron, en banlieue parisienne. et de tout casser, et surtout, de prendre sa place. Pour ce faire, il comprend rapidement qu'il va devoir changer les étiquettes qu'on peut lui prêter. Il va faire le CELSA, une précieuse école de communication, puis progressivement entrer chez TBWA, la troisième agence de pub française, en tant que DG adjoint de la partie corporate, à seulement 31 ans. En 2017, il veut aligner ses convictions profondes avec son métier. Il crée l'association d'égalité des chances Diversidays. En 2022, il est choisi par Barack Obama. pour être l'un de ses représentants en Europe à travers sa fondation. Anthony aujourd'hui se bat pour les autres, pour rétablir l'égalité des chances et redémarrer l'ascenseur social. Allez, on y va avec Anthony.

  • Speaker #1

    Salut Anthony, et merci d'avoir accepté notre invitation dans les sages. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Très très bien, merci de me recevoir dans ton podcast, c'est cool.

  • Speaker #1

    Écoute, avec plaisir. Est-ce que pour nos auditeurs, je peux te demander de te présenter en quelques lignes ?

  • Speaker #2

    Eh bien, je m'appelle Anthony, j'ai... cofondé il y a maintenant 8 ans une structure d'égalité des chances qui s'appelle DiversiDays avec une ambition qui était assez importante à l'époque, c'est de faire en sorte que les métiers de la tech soient accessibles au plus grand nombre. On a une conviction avec Mounira, donc la cofondatrice, c'est que le fait que le numérique peut être l'ascenseur social du 21ème siècle et cette ambition elle est toujours la même 8 ans après, sauf qu'il y a une chose qui a changé, on a accompagné 13 000 personnes en 8 ans, donc il y a 40% d'entre eux qui ont repris la route des études, pas mal qui ont créé des startups aussi, ou qui ont levé des fonds. Donc ça réalise un peu de la promesse qu'on a envie de voir, parce que monter une asso d'égalité des chances, il y a une mission très forte derrière, c'est le fait de se dire est-ce que l'ascenseur social peut fonctionner ? Et on est convaincu que la tech ça peut être un accélérateur, donc on le prouve un peu au quotidien, j'ai envie de dire à notre échelle, c'est 800 000 personnes qui sont attendues dans les métiers du numérique d'ici 2030, donc il va falloir du monde dans ce fameux ascenseur. Et donc voilà, on est un de ces acteurs d'égalité des chances en France. Et je me décris comme un entrepreneur social. Et à côté de ça, je crée des contenus aussi. J'ai mon podcast qui s'appelle Prends ta place. On a tout un podcast maintenant.

  • Speaker #1

    On va en reparler. Et juste, je réagis. Tu dis 800 000 personnes attendues dans le numérique. Aujourd'hui, on a à peu près combien de personnes, tu penses, dans le milieu digital, numérique,

  • Speaker #2

    tech ? Alors, c'est difficile à quantifier. Je sais qu'aujourd'hui, les startups, par exemple, les offres en CDI, c'est à peu près 10% du marché de l'emploi. OK. des personnes en reconversion, si on ne mise pas sur toutes les personnes qui sont soit éloignées de l'emploi, soit dans un job qui va potentiellement être transformé par l'intelligence artificielle ou même remplacé, parce que voilà, le métier de comptable, le métier d'hôte de caisse, des métiers qui vont être plus on va dire remplacés sur des chaînes logistiques ou des chaînes d'approvisionnement ou industrielles, en fait tous ces jobs-là vont changer. Et si les gens n'empruntent pas la voie de la reconversion, déjà ils vont au casse-pipe. Mais l'autre chose aussi, c'est que la France, si elle n'a pas suffisamment de main-d'oeuvre dans ce domaine-là, elle sera en panne de croissance. Donc il y a un truc monumental. Et dans ces fameux 800 000, si je prends par exemple que le métier de cybersécurité, donc professionnel en cybersécurité, il y a eu 15 000 professionnels manquants pour la France l'année dernière sur ces domaines-là. Donc il y a un enjeu monumental de former des gens, de faire connaître ces métiers, mais surtout de faire savoir que c'est accessible au plus grand nombre. Sans le bac, on peut reprendre certaines études dans le domaine, pas toutes, data analyst et autres métiers qui demandent parfois d'avoir quelques années d'études, mais certains de métiers de développeur, de métiers de chef de projet web, de métiers d'UX designer, etc., sur des choses de premier niveau, ça peut fonctionner avec la reconversion pro.

  • Speaker #1

    C'est des métiers qui n'arrêtent pas d'évoluer, donc je pense que tu peux... tu peux aussi un peu choper le train en marche et avoir les dernières connaissances et arriver à t'intégrer sur le marché du travail.

  • Speaker #2

    Complètement, je pense que c'est ça la plus grande opportunité qui est ouverte avec ces métiers, c'est que tu peux te former à tout âge et en vérité, pour pas grand-chose, nous, on bosse beaucoup avec Google qui ont créé les Google Career Certificates. En fait, pour quasi zéro, tu peux te former à des métiers, des compétences qui sont très recherchées sur le marché de l'emploi. Donc, c'est un peu cette promesse-là aussi que nous, on soutient, c'est de dire, en fait... il n'y a jamais eu autant d'opportunités d'avoir un job qui est plutôt en CDI, plutôt rémunérateur et où il y a une traction mais encore faut-il le savoir puisque dès lors où tu sors dans des grandes zones urbaines tu vas dans des quartiers, des zones rurales dès lors où tu t'adresses à des personnes de plus de 50 ans qui n'ont pas de bac ou d'études supérieures, il y a ce vrai syndrome de l'imposteur qui se crée, c'est-à-dire c'est peut-être pas fait pour moi, ou alors il y a aussi ce côté juste manque de connaissance de l'information

  • Speaker #1

    de dire en fait j'ai jamais entendu parler de CMT je connais pas ce domaine dans le coin où je suis en fait il n'y a pas d'offre d'emploi donc voilà et ça me parle beaucoup je fais un big up à ma maman parce qu'elle est en banlieue rouennaise tu vois et elle a travaillé dans ma dernière startup et justement elle était un peu en reconversion elle a dit je vais aller trouver un taf et donc tu vois ça me parle et c'est le plus bien intégré et depuis elle a quitté ta boîte et elle a fait fortune c'est ça elle est partie en Silicon Valley voilà ok Anto écoute et pour revenir un peu sur ton enfance du coup tu as grandi je crois en banlieue parisienne est-ce que tu peux nous en parler un petit peu dans quel milieu social,

  • Speaker #2

    est-ce que tu avais des passions ouais moi je suis un pur produit de banlieue et j'assume à présent parce que pendant longtemps je considère que je me suis un peu caché il faisait pas bon de dire et je crois que c'est toujours le cas malheureusement de dire qu'on vient d'un quartier où qu'on a grandi en banlieue avec toutes les codes et tous les stéréotypes qui vont avec, quand je dis les codes c'est que moi j'ai en plus, j'ai grandi dans l'Essonne et on était fier de dire c'était l'Essonne je laisse rires Et donc, on était tous habillés à l'américaine, moi le premier, Doura, casquette, baggy. Donc, j'ai l'impression de me déguiser, pour le coup, quand j'allais en entreprise. Et je pense qu'on a appris très tôt à être caméléon. Et c'était la condition sine qua non aussi à trouver un job. Donc, j'ai dû me fondre, mais j'ai dû me confondre aussi à un moment. Et c'est ça que je regrette le plus, d'avoir gommé mon identité là où j'ai grandi. Aujourd'hui, je le revendique beaucoup plus parce qu'en fait, déjà, on dit que... la banlieue influence Paname et Paname influence le monde. Mais si on en revient à ça, on voit bien que les codes des quartiers populaires aujourd'hui ou ce qu'on appelle les cultures populaires influencent notre société. Ayana Kamoura, l'artiste la plus streamée dans le monde et plein d'autres artistes ou plein d'autres personnes qui viennent de nos quartiers ou de nos banlieues et qui inspirent beaucoup de gens. Et en fait, je me dis tout simplement que cette culture est devenue un peu plus mainstream. Mais en tout cas, pour ma génération, on a dû gommer beaucoup de choses. Et je le regrette parce qu'on nous a jamais dit et sans faire les enfants déshérités mais je trouve qu'on a ça en commun avec tous les gens avec qui j'ai grandi et on se retrouve aujourd'hui sur ce même narratif, on nous a pas dit qu'on était capables, on nous a pas dit que c'était possible et je le regrette parce que en fait on a du potentiel et on est nombreux à avoir prouvé qu'on avait ce potentiel et je cite souvent Amad qui a créé BoostKP le plus gros média rap à RENBI je pense souvent à Paul Lay qui a créé LabelleVie.com je pense aux équipes qui ont créé La Lucarne la plus grande compétition sportive, la petite lucarne qui est devenue la plus grande lucarne d'Europe. Je pense aussi à toutes ces femmes entrepreneurs dans notre territoire ou des personnes qui sont tout simplement des décideurs économiques qui ont grandi dans ces territoires et qui sont devenues des gens importants. Et on n'en parle jamais. Dans le narratif public, on n'en parle pas. Donc voilà, j'ai grandi à Evry. J'ai, on va dire, le passé de l'ancien mauvais élève qui n'a pas trouvé sa place à l'école. et un peu forcé par le destin, des structures d'égalité des chances et les parents. J'ai réussi à continuer les études. J'ai fait deux années de redoublement. Je dis souvent, j'ai eu le bac mention rattrapage. J'ai fait un IUT technique de commercialisation. Il y avait une belle école d'ingénieurs à Evry et de managers qui s'appelait l'Institut National des Télécommunications, qui est devenu l'Institut Mines Télécom Business School. Je l'ai intégré. C'était une école publique, donc elle coûtait dix fois moins cher qu'une école de commerce. De toute façon, les parents avaient... Je n'avais pas les moyens de payer une école de commerce. Et en dernière année, je me suis dit, vas-y, je me chauffe pour la Sorbonne et je suis rentré à la Sorbonne. Et donc, comme quoi, pour un mauvais élève, c'était plutôt pas mal. Mais je n'ai pas brillé à l'école, mais j'ai eu les diplômes, c'était le plus important. Donc, c'est peut-être un conseil que j'ai envie de donner à ceux qui nous écoutent, non pas de jouer le vieux sage, mais avec le recul.

  • Speaker #1

    avoir le diplôme c'est aussi important que de tenter de rentrer dans l'école c'est pas de sortir majeur c'est des labels et si je rebondis sur ce que tu viens de dire il y a un truc que tu as dit on nous a pas dit que c'était possible concrètement ça veut dire quoi ? c'est à l'école,

  • Speaker #2

    c'est dans les médias c'est peut-être des rôles modèles ou je sais pas t'as bien résumé le triptyque représentation déjà peu de représentation positive sur des gens qui viennent des mêmes territoires que nous et qui réussissent dans des des environnements très variés. J'en fais presque, tu vois, avec Stéphane Baudel, maire d'Evry, presque une priorité stratégique. Quand on papote ensemble, je lui dis, mais il faut qu'on valorise les réussites de notre territoire. C'est la projection et c'est la condition sine qua non pour que des jeunes se disent, c'est possible, je peux le faire.

  • Speaker #1

    Mais oui,

  • Speaker #2

    je peux être avocat, médecin, créateur d'entreprise, peu importe, mais je peux me projeter dans une condition sociale qui n'est pas forcément celle de mes parents. Que ce soit en termes de diplôme, que ce soit en termes de... de perspective professionnelle. Donc, on n'est pas condamné. C'est-à-dire, tu n'es pas condamné à rester dans ta classe sociale. Parce que pour moi, derrière tout ce sujet-là, il y a celui de la mobilité sociale. Comment on permet à des jeunes gens de leur dire, tu n'es pas condamné à rester dans ton quartier ? Et quand je dis condamné, c'est au sens géographique du terme, au sens sociologique du terme, c'est-à-dire, tu peux t'émanciper, tu peux rester au quartier, il n'y a pas de souci, mais tu peux rêver grand et gagner de l'argent et devenir quelqu'un. Voilà. Je pense qu'on a tous ça en commun, c'est que, tu vois, c'est marrant parce que je me suis rapproché vachement des équipes de Niska. Ils ont créé Niska le chanteur, pour ceux qui ne connaîtraient pas. Est-ce qu'il y a encore des gens qui ne connaissent pas Niska d'ailleurs ? Bon bref, il y a des gens qui n'écoutent pas sans doute. Niska a créé une association qui s'appelle Charon Ensemble et ils ont créé un livre d'or qui recense tous les gens qu'on connaît ou qui ont grandi à Evry. Et je trouve que c'est intéressant parce que dedans, ils ont mis plein de portraits de... plein de gens qui ont fait des parcours très différents de pilote d'avion à créateur d'entreprise et en fait on a ça en commun on se rend compte qu'on n'a pas eu de représentation positive, on n'a pas forcément rencontré des gens qui nous ont dit tiens t'es en galère, c'est ça la voie pour y arriver et dès lors où t'es en échec scolaire on t'envoie vers des voies sans issue moi ça a été CAP cuisine très tôt quand les notes n'allaient plus un CAP cuisine c'est très bien mais quand tu sais que derrière le CAP cuisine il n'y a pas forcément de volonté de la part des gens qui t'y orientent d'aller vers un bac pro, un BTS cuisine, une grande école ou quoi que ce soit, mais plutôt de te dire, hé, va te former et on ne te revoit plus dans nos radars, ça questionne énormément. Donc moi, j'ai envie qu'on soit beaucoup plus ambitieux pour les jeunes des territoires ruraux ou quartiers et qu'on leur montre des figures qui peuvent leur dire, regarde ce que tu peux devenir, voilà ce que tu peux faire. Tu n'es pas condamné à... l'échec.

  • Speaker #1

    Et je suis d'accord avec toi, quand tu es les jeunes de quartier, mais aussi de territoire ruraux. Tu vois, moi, je viens de campagne et ça va, j'ai été, je sais pas pourquoi d'ailleurs, j'étais en ville entre guillemets assez rapidement et j'ai eu accès à une somme d'informations. Mais sinon, si t'es tu vois, moi, j'ai mon petit cousin qui est resté en campagne, on vit pas la même life.

  • Speaker #2

    C'est évident,

  • Speaker #1

    on n'a pas les mêmes données.

  • Speaker #2

    Il y a ce sujet de l'éloignement géographique et je l'explique mal, tu vois, sur les banlieues parce que les banlieues, elles sont, par exemple, si on prend la ville de Paris, elles sont collées à Paris.

  • Speaker #1

    5 minutes,

  • Speaker #2

    30 minutes mais en fait l'info ne circule pas et aussi parce qu'il y a un truc très très fort de c'est pas fait pour nous et quand tu dis c'est pas fait pour nous, alors déjà il faut avoir l'info mais il y a toujours ce syndrome de l'imposteur de est-ce que finalement ça me correspond est-ce que mes parents m'y encouragent moi par exemple, j'ai des parents incroyables sincèrement je sais que le jour où j'ai créé ma boîte, ma mère m'a dit Anto, risquez, attention s'il y a le moins de trucs, on ne pourra pas éponger... Et en fait, elle m'avait conditionné à dire attention, c'est compliqué, sans le vouloir forcément. Et à nouveau...

  • Speaker #1

    Oui, c'était un réflexe de maman.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Oui, mais si tu viens d'une famille qui a des moyens, en fait, on te dit fonce, de toute façon, papa ou maman va essayer.

  • Speaker #1

    On peut éliminer 20, 30, 40 cas.

  • Speaker #2

    La love money, la fameuse love money. Nous, c'est le love du cœur.

  • Speaker #1

    La love énergie.

  • Speaker #2

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #2

    et du coup,

  • Speaker #1

    ce qui est intéressant, enfin, ce que je me pose comme question en t'écoutant, Est-ce que tu as eu un switch ? Est-ce que tu as grandi dans ces milieux où c'était moins facile d'avoir de l'ambition ? Est-ce qu'il y a un moment où tu as rencontré quelqu'un où tu as eu un switch en te disant c'est possible, je vais y arriver Et après, tu as commencé ton ascension professionnelle.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe lidée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code les sages et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    En vrai, je pense que mes vrais moteurs, c'est les parents. J'ai des parents, je pense qu'ils sont intelligents, mais paradoxalement, qui n'ont pas eu forcément l'opportunité de faire des études supérieures ou de s'émanciper dans des domaines dans lesquels ils voulaient vraiment aller. J'ai un daron qui a toujours voulu percer dans la musique, qui a fait plein de trucs bien, mais qui a toujours voulu avoir son studio, etc., et qui n'est pas forcément parvenu. Et j'ai une maman, je pense, qui avait énormément de potentiel pour créer une entreprise, etc., mais elle a consacré beaucoup de temps à notre éducation. Et donc, en fait, si tu prends les deux points, tu te dis, en fait, ils m'ont biberonné un peu de leurs rêves. Et quand j'étais en échec scolaire, ma mère m'a dit la cuisine, OK, mais si tu fais de la cuisine, tu fais un truc bien. Et je me suis rendu compte qu'ils nous ont donné ce truc là de si tu vas quelque part, il faut que tu sois pas le meilleur. Je ne suis pas sûr que ce soit ça qui m'est légué, mais le côté on veut que tu sois, que tu fasses quelque chose de bien. Exemplaire. Donc déjà, j'étais un peu conditionné là dedans, un peu, je dis biberonné à l'ambition, mais tu vois, voilà. Je pense qu'on est toujours un peu le miroir de nos parents et de leurs attentes. Et après, il y a eu des rencontres extrêmement structurantes. J'ai le souvenir d'un prof que j'ai rencontré en IUT. C'est le premier prof qui m'a fait comprendre que je n'étais pas si bête que ça. Parce que le système scolaire te laisse penser que tu es bête à force d'être en échec. C'est à peine à 38 ans, donc c'est maintenant que je m'aperçois que j'ai peut-être des choses qui m'ont mis en difficulté. Tu vois, des troubles de la concentration, un peu d'hyperactivité. l'hypersensibilité, hyper, hyper, enfin voilà.

  • Speaker #1

    Plein d'hyper à gérer au quotidien.

  • Speaker #2

    Ouais, plein d'hyper à gérer. En fait, on l'a popularisé, tous ces diagnostics-là ont été popularisés de manière très récente, mais je trouve qu'on aurait tous besoin, déjà, il faut le dire, il y a un cinquième de la population mondiale qui est hypersensible.

  • Speaker #1

    Ouais, j'en pense en tout à fait.

  • Speaker #2

    Donc quand on tombe déjà sur ce type de stats, tu te dis, ça veut dire qu'on est finalement quand même beaucoup à être concerné.

  • Speaker #1

    Et dans la pièce, là, on est quatre, peut-être un, deux, trois.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça. En fait, c'est des choses qui te ralentissent. Moi, je disais à Madarone, mais qu'est-ce que les profs disaient de moi ? Elle me dit, rêveur. Bon, déjà, ça doit t'alerter sur le côté, bon, le gamin, il est là, mais pas là. Et je pense qu'il y a eu des profs qui ont su lire un peu à travers ce côté, oui, je suis dans les vapes ou j'en sais rien, parce qu'ils voyaient que ça tournait quand même. Mais c'est vrai que tu finis par douter quand tes résultats sont négatifs. Et ce prof là m'a dit Anthony, vous n'êtes pas si bête que vous pensez, tentez l'école de commerce, elle est juste à côté, c'est à Evry, en plus elle n'est pas chère, vous êtes à côté, il faut y aller quoi, il faut tester. Et je suis rentré dans cette école de commerce, mais jamais de ma vie j'aurais tenté de faire une école de commerce pour toutes les raisons qu'on a évoquées. Psychologique déjà de se dire j'ai pas les moyens, personne ne l'a fait dans mon entourage avant, enfin c'est que des facteurs autodimitants, mais à un moment où quand on lève le voile sur ça on se dit bah pourquoi pas. qu'est-ce que j'ai à perdre au final ? Et après, c'est des portes qui s'ouvrent et une multitude de gens que tu rencontres. Ça se dessine, mais heureusement, moi, j'appelle ça des anges gardiens, des bonnes fées, des gens que tu crois sur ton parcours et qui vont être des détonateurs ultra positifs. Oui,

  • Speaker #1

    carrément. Et quand je t'écoute, il y a quelque chose dans lequel je pense, parce que s'il y a des jeunes qui écoutent le podcast, tu peux avoir ce déclic et dire je vais faire ce taf. et je vais y arriver ou ces études mais tu vois quand t'es jeune malgré tout il faut quand même pouvoir les financer ces études tu vois financer ton quotidien si c'est du public bon ça coûte un billet mais ça reste un billet abordable le privé ça peut coûter 10 000 euros ou plus par an comment toi en fait t'as géré ça est-ce que t'as été tes parents t'as emprunté t'as fait à côté à McDo à Carrefour non j'ai regardé ce qu'il y avait de gratuit dans le système j'ai pris les choses et j'ai fait

  • Speaker #2

    Enfin, je veux dire, sur ça, on est ultra chanceux. Il y a un chiffre qui m'a un peu marqué, qui était d'une étude sur le rapport des inégalités. Il faut vous dire qu'aux États-Unis, le plus petit montant d'une année d'études, c'est 9 000 dollars. Et au max, enfin en moyenne, max, c'est 50 000 dollars. Donc ça veut dire qu'un étudiant américain, pour vraiment faire ses études supérieures, ça va lui prendre 5 à 10 ans. Et en plus, il va se saigner, ça veut dire qu'il va faire un taf à côté, vraiment pour faire rentrer du cash, c'est-à-dire pour faire rentrer 9 000 dollars par an et se nourrir et se loger et se... Donc, on a ce privilège en France d'avoir des études qui, au bas mot, sur de la fac ou quoi que ce soit, qui est entre 350 euros et 1000 euros. Donc, c'est tout à fait absorbable. Moi, j'ai fait l'UT. J'ai fait une école qui coûtait 1000 balles par an. Et ensuite, j'ai fait... Et encore, il y a 60% de boursiers. Donc, je parle de cette école, l'Institut Milne Telecom Business School foncé. Et ensuite, il y a l'alternance. Bien sûr, j'aurais pu... Enfin, j'ai monté ma petite startup à côté. Donc, c'était... Je dis startup, mais c'était une toute... toute petite boîte, vraiment rien qui permet de briller dans un podcast. Mais voilà, j'ai eu ma petite expérience professionnelle, on va dire, à mon compte à ce moment-là. Et vraiment, après, j'ai continué par de l'alternance et j'ai fait la Sorbonne. Donc, mon plus grand conseil, c'est visez les meilleures formations. Tenez-vous du mal pour essayer d'y rentrer. Et surtout, ne vous limitez pas, n'écoutez absolument pas les gens qui vous disent c'est compliqué, c'est difficile, c'est sélectif. La dernière année, c'était le CELSA Paris-Sorbonne pour moi. Et vraiment, je revenais de loin en termes d'études. J'ai réussi le concours écrit, donc j'ai passé la deuxième étape, le concours orale, j'ai réussi l'oral. dans des conditions absolument atroces, mais j'ai réussi l'oral. Et voilà, Sorbonne sur la CV et sur le CV, mais ça change une vie. Je suis passé de gens envoyés sans CV, je n'avais pas de réponse quand c'était Evry sur mon CV seulement, malheureusement. C'est une réalité. Et ensuite, quand j'ai mis la Sorbonne, j'ai envoyé 13 CV pour l'alternance. J'ai eu 13 entretiens d'embauche. Et vraiment, ce n'est pas pour briller à nouveau sur ton podcast, c'est vraiment redire que malheureusement, on est dans un pays qui va accorder beaucoup d'attention, bien trop à mon sens, sur le nom de la fac. sur le nom de ta ville d'origine, sur ton nom tout court. Ça m'a beaucoup freiné à titre perso. Et aujourd'hui, mon rôle en tant qu'acteur associatif, c'est éviter que d'autres gens vivent ça. C'est un peu dur,

  • Speaker #1

    mais je pense que tu as des étiquettes connotées négativement et des étiquettes connotées positivement.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas normal qu'à compétence égale en France, quelqu'un qui a un nom à consonance étrangère ait sept fois moins de chances d'obtenir un entretien de recrutement. Et 30% de plus s'il a un nom à consonance maghrébine. Ça s'appelle du racisme. C'est statistique, c'est prouvé. Ce que je te dis là, ce sont des chiffres du défenseur des droits. Et moi, ça m'obsède parce que je me dis qu'en fait, il y a énormément de potentiels qui ont du talent. Et je dis potentiel parce que je crois toujours qu'on n'est pas talent. On est potentiel et on devient talent parce qu'il y a des gens qui croient en toi. Et je pense à tous ces gens qui ont du potentiel et qui pourraient devenir des talents dans des entreprises, mais juste parce qu'il n'y a pas le bon nom, parce qu'il n'y a pas la bonne fac, ou qu'il n'y a pas la bonne ville sur le CV. ça va les restreindre énormément dans leur démarche. Et la réalité, c'est que c'est une perte sèche pour la France puisque c'est des gens qui vont partir à l'étranger ou qui vont faire autre chose, alors qu'on a besoin de cerveaux, qu'on a besoin de gens qui innovent. Enfin voilà, c'est du gâchis.

  • Speaker #1

    Et tu vois, ça me fait penser à une amie avec qui je dînais hier soir et qui vient de se lancer dans l'entrepreneuriat et qui s'appelait, elle se reconnaîtra, qui s'appelait Dunia et qui a changé de prénom, qui s'appelle Roman maintenant. Et pour ses raisons, parce que tu vois, elle est sur un modèle où elle veut lever des fonds. et elle pense, et c'est vrai que je suis assez d'accord avec elle, qu'elle aura potentiellement une plus forte probabilité à passer l'étape de la rencontre. Déjà sur le CV, ça sera marqué Romane au lieu de Dunia. Et du coup, peut-être qu'après, elle pourra avoir la chance de prouver en face-to-face ses compétences, son talent.

  • Speaker #2

    Sur ça, j'ai une vision un peu partagée, parce que je comprends la démarche, qui est presque une démarche de désespoir, de changer son prénom, c'est changer son identité.

  • Speaker #1

    Depuis que tu es né. C'est ça.

  • Speaker #2

    c'est plus seulement masquer quelque chose ou quoi c'est transformer quelque chose qui c'est votre ADN en fait, je pense son prénom déjà un c'est un choix donc respect pour les gens qui l'ont fait deuxièmement je pense que quand on est contraint à ça c'est qu'on est contraint de moi ce qui m'embête un peu dans ce débat du changement de prénom je trouve qu'évidemment c'est la solution la plus simple et plus rapide pour la personne qui le fait pour moi j'y vois un peu de désespoir malheureusement en revanche ce qu'on essaie de créer avec l'assaut et qui est plus long terme c'est comment on trouve des alternatives à ça Comment on fait en sorte que des gens qui financent des projets à impact ou des projets entrepreneuriaux ressemblent à ceux qui sont discriminés ? C'est plus long, ça suppose de créer un espèce de collectif de gens engagés ou qui se sentent concernés par ces discrets ou par ces problèmes-là. Mais c'est ce qu'on essaye de constituer avec l'asso et ça commence à fonctionner. Avec des investisseurs, je pense à Paul Lay dont j'ai parlé, de la bellevie.com, je pense à Fariacha qui a créé aussi Golden Bees, qui l'a revendu au groupe Figaro, et pareil qui est investisseuse aujourd'hui, et commence à constituer un... pool d'investisseurs, de gens qui sont sensibles au discret, qui sont sensibles au fait de financer des porteurs de projets qui ne viennent pas toujours des mêmes environs géographiques ou sociaux.

  • Speaker #1

    Et en plus, clairement, tu peux en trouver parce que, tu vois, en préparant cette interview, j'ai fait un petit listing des gens qui ont, entre guillemets, réussi professionnellement. Et tu as des gens comme Mohamed Altrad qui est d'origine, alors je pense qu'il est français, mais qui est aussi d'origine syrienne, qui a monté un groupe leader dans les échafaudages qui fait 5 milliards de CA. t'as Patrick Brahi qui est d'origine marocaine avec Altice, 11 milliards de CERN Philippe Journeau qui est un peu moins connu mais qui est la compagnie de Strasbourg, une foncière et aussi Henri et Octave Claba j'ai interviewé Henri Claba, le patriarche de la famille Claba qui a fondé OVH et qui est d'origine polonaise et je pense aussi au SAAD,

  • Speaker #2

    Rodolphe et Tania SAAD, TMA-CGM qui ont créé le plus gros groupe de fret dans le monde et qui sont à Marseille et qui sont d'origine libanaise. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que si on regarde l'histoire des migrations de manière générale, alors on peut regarder l'histoire comme elle est décrite par le parti d'extrême droite, mais en revanche, tu peux regarder aussi l'histoire des migrations sous l'angle économique, et là, ça dit tout autre chose. Les États-Unis, d'ailleurs, loin s'en faut, soit Jeff Bezos, que ce soit qui d'autre ? Elon Musk. Elon Musk, enfin, et plein d'autres, sont des gens qui sont des fils ou filles d'immigrés, première, deuxième génération. Donc c'est intéressant de regarder en tout cas l'histoire des migrations sous ce spectre-là. Ça dit autre chose.

  • Speaker #1

    Elon Musk, il est assez connu, je crois qu'il est d'origine sud-africaine. Mais Jeff Bezos, il est d'origine ?

  • Speaker #2

    Je ne veux pas dire de bêtises.

  • Speaker #1

    On mettra dans les commentaires. Et si on revient du coup à ton parcours, donc tu rentres, donc tu as fait le DUT à Evry, puis l'Institut des Mines en master. Et du coup, après un master au CELSAR, qui est une école assez prestigieuse en com, si je n'ai pas de bêtise. Et qu'est-ce que tu as appris là-bas ? Est-ce que c'était aussi un peu un déclic ? Tu as côtoyé peut-être, puisqu'on pourrait en parler, mais d'autres personnes ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que le plus gros déclic, il est social. C'est la première fois où je me suis senti autant en décalage socialement avec les gens de mon formation. Pour être franc, je n'avais pas d'amis. Alors je pense que déjà, il y avait un décalage parce que j'avais très très faim professionnellement, j'avais plein de projets, j'avais déjà commencé à écrire un bouquin, etc. Donc j'étais un peu en décalage parce que je donnais déjà des cours à côté. Donc les gens se disaient, qu'est-ce qu'il fout là, lui ? Puis les gens avaient vite compris que je venais là pour le diplôme et pas forcément pour l'enseignement. Dit comme ça, c'est un peu trivial, mais je l'assume aujourd'hui. Je savais qu'il me manquait la bonne étiquette sur le CV pour dire j'ai fait la Sorbonne. Si les gens de la Sorbonne m'entendent, ils vont me... m'excommunier à vie mais j'assume ce côté là en fait je pense que quand on vient de zones qui sont moins considérées, on cherche des labels, des choses qui crédibilisent notre parcours, pour un gamin qui n'était pas fait pour les études, faire un premier master puis un deuxième master à la Sorbonne je peux dire que c'était enfin c'était presque un combat personnel du karaté et en vrai je considère que j'ai beaucoup plus appris à l'IUT avec une vision très 360 de la com, du marketing... de la comptabilité, du droit, c'était beaucoup plus complet que les formations que j'ai faites après qui étaient peut-être plus théoriques et moins professionnalisantes donc je me suis senti beaucoup plus porté et nourri par l'IUT que après, paradoxalement en revanche, en rien, je remets en cause la qualité des cours, j'ai eu des profs exceptionnels absolument partout mais c'est juste que j'ai vu l'impact de la Sorbonne sur mon CV et j'ai vu aussi le décalage social quand j'étais au Salsa parce que d'un coup c'était la première fois où quotidiennement j'étais obligé de quitter ma petite banlieue à faire RERD Evry et arriver sur les quai de Neuilly avec la ligne je ne sais plus combien et franchement c'était l'enfer et parfois j'y allais même en bagnole parce que je m'étais dit je vais gagner du temps et en fait je mettais 2h30 à y aller déjà tu traverses le monde parce qu'il faut se dire qu'Evry c'est vraiment Sud Paris et Neuilly c'est vraiment Nord-Ouest Paris donc il faut être à peu près le soir aussi Ouais, mais en fait, le RERD était tellement défaillant tout le temps. Moi, je l'utilisais, il l'est toujours, mais il y a des moments où il est vraiment défaillant et je mettais presque deux heures en train. Donc voilà, c'est un peu... Il faut en vouloir. Il faut avoir faim à ce moment-là et surtout quand tu sais le décalage qu'il peut y avoir sur certaines formations où tu rencontres des gens qui étaient prédestinés à aller dans ce type de programme ou d'école parce qu'ils vivaient à Neuilly ou à côté. Et à nouveau, je ne leur reproche rien, mais tu arrives là-bas, tu as un décalage. Enfin, moi, c'est ce que j'appelle l'itinéraire d'un transclasse. C'est... l'itinéraire que n'importe quelle personne va faire lorsqu'il change de classe sociale, mais ne le sait pas forcément. En termes de code, de valeur, de potes, de références, que ce soit sociale, culturelle, sortie, ciné, concert, j'en sais rien, artiste, on n'a pas les mêmes rêves, on n'a pas grandi aux mêmes endroits. Pourtant, géographiquement, on n'est pas très loin, mais il y a tout qui nous sépare.

  • Speaker #1

    Je te comprends, parce que moi, quand je suis l'originaire de Normandie, j'ai été faire mes études à Lille et je suis arrivé dans une école de commerce et pareil, je fais des cultures au début. et j'étais plutôt on va dire studieux et la majorité n'était pas très studieux pareil il y a eu un peu un sas le temps de trouver des potes ta bande de potes quoi et bizarrement c'est que tu vas retrouver des gens qui te ressemblent au départ pas mal et puis vous faites votre chemin ensemble mais c'est

  • Speaker #2

    vrai que c'est un peu ce que je reproche aujourd'hui à une formation comme le CELSA sur le papier il y a écrit c'est ouvert à tous et dans la promotion que l'école va faire ou dans la capacité à aller attirer des élèves différents il n'y en a quasiment aucune Je me souviens quand j'avais fait, donc j'étais diplômé du CELSA et j'avais proposé de faire la promotion de l'école dans mon IUT à Evry. Et quand j'ai appelé pour dire j'aimerais bien avoir des plaquettes, la secrétaire m'a dit Alors Evry, ça va être compliqué ? Je dis Non, non, c'est pas Evry, c'est Evry. Elle dit Ah non, mais on n'aura jamais un livreur pour vous emmener des plaquettes là-bas, c'est impossible, on ne l'a jamais fait. Et dans ma tête, je disais donc La promotion du CELSA, c'est Paris Intramuros, Point Bar ou Neuilly ou les villes avoisinantes. Là, je me suis dit On a vraiment...

  • Speaker #1

    Tu penses que quand on te dit ça, c'est inconscient ?

  • Speaker #2

    Complètement. Je pense que c'est... Oui, mais c'est là où c'est flippant. Parce que si je serais conscient, je me dirais, bon, il faut péter la strate ou virer la personne. Alors que là, c'est-à-dire, c'est tellement dans nos gènes de ne jamais aller promouvoir ce qu'on fait en dehors de nos remparts, que là, d'un coup, ça te met une gifle. Ce que tu dis, c'est même plus conscient. Ça veut dire qu'on a toujours fait comme ça. Et c'est ça qui me fait peur, parce que vous êtes une école publique. Et je me souviens, c'était ma prof de... J'étais en IUT donc, deuxième année.

  • Speaker #0

    Et ma prof, on peut dire que c'était la directrice pédagogique, Marisol Craver, elle voyait mes notes. Bon, déjà, c'est elle qui avait proposé mon redoublement. Donc, tu vois, il y avait un rôle très maternel, parce qu'à la fois, c'est celle qui m'avait fait redoubler, mais celle qui me guidait un peu dans mon quotidien. Et quand je lui dis, j'aimerais bien faire de la com après, je lui dis, c'est quoi le mieux ? Elle me dit, c'est le CELSA Paris-Sarbonne, Anthony. Et je lui dis, mais est-ce que... Et là, j'ai lu une forme de désespoir dans ses yeux. Elle s'est dit, mais... Anthony, c'est la meilleure, mais vu votre niveau d'orthographe, vu votre niveau j'ai senti que c'était en mode pour pas me décourager essayez, vous avez rien à perdre et j'ai essayé, j'avais rien à perdre, je l'ai fait mais c'est vrai que j'aurais pu me mettre beaucoup de barrières à ce moment-là parce que voilà, une des plus belles écoles de com en France et qui est publique à nouveau ça veut dire que faire le CELSA à Sorbonne vous coûte 300 euros, littéralement et je me souviens de l'intranet du CELSA c'est assez traumatisant, c'est-à-dire que toutes les offres que tu vois pas passer de responsables, je ne sais pas, chargés de com chez Louis Vuitton, chargés de com chez je ne sais pas quelle belle entreprise ou marque, ne sont pas sur les sites publics. Par contre, ils sont sur le site de l'Internet du Ciel Zin, parce que ce n'est que des anciens.

  • Speaker #1

    Donc, ça perpétue forcément des choses.

  • Speaker #0

    C'est là qu'on se rend compte que ça a un petit avantage et un privilège de rentrer dans ce genre d'école.

  • Speaker #1

    Et toi, du coup, quand tu montes à Paris, mieux tu montes à Neuilly. Est-ce que, du coup, tu as des potes ? avec qui tu partages un peu la même ambition ? Je parle dans tes potes un peu d'enfance. Déverie, est-ce que vous êtes une bande de potes à s'être embarqués un peu dans on va tout casser ? Non.

  • Speaker #0

    Non, et d'ailleurs, je dis que tout le temps, ou après, il y a eu une dizaine d'années où j'ai vraiment essayé de prendre ma place dans la communication, ce qui a fait qu'à un moment, j'ai vrillé et que j'ai décidé d'ailleurs de créer DiversiDays avec mon ancienne copine de promo. C'est que j'ai eu l'impression de me déraciner. déraciné de mes valeurs, de mon socle, de là où je venais, mon identité, Evry, là où j'ai grandi, mes amis, ma famille. Et j'ai eu le sentiment d'être un peu seul dans cet itinéraire du transclasse. Et paradoxalement, je dis souvent qu'un arbre sans racines, c'est un arbre qui tombe. Et donc se déraciner, c'est une prise de risque. Et je me suis déraciné de manière très inconsciente. Dire, ben voilà, j'arrive à Neuilly ou à Levallois, etc. Tu rentres dans le monde de la com, après t'as plus le choix de prendre un appartement dans le coin en question. Et je pense que c'est ça qui peut créer un désalignement aussi, c'est qu'en fait, tu es un peu seul dans ta quête. Cette quête, je pense qu'on est finalement nombreux à... Tu sais, on dit Paris, c'est la ville... Non, Paris, c'est la campagne qui réussit. Il y avait quelqu'un qui m'a dit ça.

  • Speaker #1

    Je n'avais jamais entendu ça.

  • Speaker #0

    Et parce qu'en fait, on dit souvent les Parisiens, les Parisiens, mais en fait, tu as 90% des gens qui sont à Paris qui sont des gens qui viennent d'ailleurs. Et qu'on cherchait dans cette ville le fait de vouloir réussir, etc. Et je trouve dans cette quête-là... C'est un exercice un peu solitaire. A titre perso, je me suis rendu compte quand j'ai fait un deuxième master, mes potes déjà m'ont dit Anto, tu as fait un premier master, lance-toi ! Je leur ai dit Mais moi, je cherche quelque chose qui va me permettre de rentrer dans le monde de la com. Et je voyais bien que le premier diplôme ne suffirait pas. Malheureusement, à nouveau, la ville de banlieue sur le CV, pas d'expérience dans un grand groupe, le côté non-consonance à l'étranger, sans faire la victime, juste me ramener à des trucs rationnels de je suis en train de galérer Je me souviens que ma mère m'a dit Mais tu sais quoi ? mets mon nom de jeune fille, mets une adresse à Paris. Je dis, mais l'adresse de qui ? On n'avait pas de famille. Donc, tu vois, c'est plein de même de choses que je repense. Je disais, ma mère avait bien capté. Et moi, j'étais dans un truc un peu de, bon, on va tenter d'autres pistes. Et non, c'est un exercice solitaire. Et oui, je me suis un peu déraciné. J'ai l'impression que pendant une dizaine d'années, ma prio, ce n'était pas les potes. C'était vraiment genre percé professionnellement. Et là où ça a fini par payer, c'est que je pense que quand tu passes énormément de temps sur un projet. Quand tu bosses deux fois plus que les autres, déjà, tu arrives sur la ligne de départ. Je dis souvent qu'on n'a pas la même ligne de départ. Nous, en tant que ruraux,

  • Speaker #1

    on n'a pas ce type d'objet de rattraper.

  • Speaker #0

    Exactement. Juste en termes de rêve, de connaissance, de compréhension de ce monde, déjà, juste revenir sur la même base de départ, ça, c'est un challenge.

  • Speaker #1

    De normes aussi de ces milieux un peu plus...

  • Speaker #0

    Un peu plus bourgeois, un peu plus renseignés, informés sur comment fonctionne ce monde. Et c'est là où le cardio, il rentre en compte. C'est ce que tu le veux vraiment. Tu vois, dans cette espèce de quête de progression, de prendre sa place dans un environnement professionnel, moi je me rends compte que j'ai bossé jour et nuit après. Et c'est vraiment la détermination, l'envie sans relâche d'en être. Et je pense que c'est là où c'est le plus difficile. Je le vois avec beaucoup d'entrepreneurs qu'on accompagne. On est là pour leur faire gagner du temps. Globalement, ce qui m'a manqué quand j'ai voulu créer ma première entreprise, c'était des moyens financiers. du conseil pour avoir confiance en moi dans ma démarche et bien sûr toute la partie on va dire plus accompagnement du quotidien et d'avoir des représentations positives se dire que c'est possible donc on essaye de corriger ça aujourd'hui avec les gens qu'on accompagne parce que moi titre personnel à l'époque ça m'avait vachement ralenti donc on essaie de leur faire gagner du temps mais quand même faut du cardio quand tu arrives dans la start up nation crée ta boîte là dedans que tout le monde parle franglish qui a plein de termes techniques que tout le monde est bilingue, trilingue, parce que dès le plus jeune âge, ils sont allés faire des voyages au bout du monde ou faire leur année de césure dans je ne sais pas quel pays, que la plupart ont fait une grande école, qu'ils maîtrisent des fondamentaux sur la compta, gestion, droit, etc., ou qu'ils ont les bons potes pour les aider sur ces sujets, et la love money des parents, je ne dis pas que c'est facile pour eux. En revanche, ils ont un socle qui leur permet normalement de réussir plus facilement. Donc, nous, on est là pour leur faciliter ça, mais je suis aussi conscient que le cardio y compte. C'est-à-dire, en gros, à l'instant où tu es arrivé sur la même ligne de départ, Est-ce que tu es encore prêt à courir pendant plusieurs dizaines de kilomètres pour être juste champion dans ton domaine ? Beaucoup d'appelés, peu d'élus. Maintenant, j'ai plein de gens que j'ai en tête, qu'on a accompagnés, qui font des choses formidables. Je pense à l'équipe KUNTO, qui est une application pour faire du sport pour les personnes en situation de handicap. Lui, il a créé une appli qui est en train de cartonner. Je pense à Lubna Ksibi, qui a créé Meet My Mama, qui est devenue une plateforme exceptionnelle pour les femmes. on va dire issus des minorités au sens large et qui s'émancipent à travers la cuisine en étant traiteurs, etc. Je pense à Khaled El Mazayan qui a créé Inovaya, une solution technique pour le traitement de l'eau et en particulier dans des zones isolées ou dans des zones de conflit. Enfin, que des gens qui ont des parcours de ouf et pour lesquels ce n'était pas écrit d'avance qu'ils allaient réussir.

  • Speaker #1

    Et tu vois, dans la texte, ça me fait penser, hier soir, j'ai regardé un petit peu dans les... dans les patrons ou patronnes de licorne donc c'est des boîtes qui valent plus d'un milliard de dollars dans le monde des start up après j'ai pas fait tous les founders mais j'ai trouvé que je sais pas si tu connais Jonathan Gailov qui est le cofondateur d'aircall et qui a des origines je crois que sa maman est bulgare mais sinon en effet majoritairement parce que j'avais fait il y a longtemps l'exercice je crois que c'est quand même je dirais pas 30 40 50 facile d'HEC, ESSEC, ESCP, EDEC

  • Speaker #0

    C'est marrant que tu parles de Jonathan, parce que Jonathan, c'est aussi un enfant de la DAS. Et je trouve ça intéressant de ne pas s'arrêter qu'à la diversité sociale, ethnique ou culturelle. Moi, mes sujets m'ont poussé à aller beaucoup plus loin sur la question du genre, sur la question du handicap, sur la question des vulnérabilités, on peut dire invisibles. Quand on est une personne LGBTQIA+, on peut être victime de discrimination parce qu'on a fait une transition, parce qu'on a fait son coming out, etc. Donc il y a plein de choses qui peuvent expliquer les discriminations. Mais le sociotype que tu décris, en effet, c'est un peu la caricature de la Startup Nation. Et à la limite, très bien que ces gens la réussissent, mais en revanche, comment on fait en sorte que d'autres puissent aussi avoir leur place ? Aujourd'hui, il y a le programme French Tech Tremplin, il y a les programmes de Diversity Days, il y a des programmes appuyés par la BPI, donc il y a des dispositifs innovants qui ont aidé vachement à faire émerger ça. Mais un, il faut que ça dure. Deux, les personnes que ça concerne, il faut qu'ils s'autorisent à frapper à nos portes et à créer quelque chose. Et trois, c'est... j'ai un enjeu. énorme sur ces fondateurs de start-up, comme tu l'as dit, qui sont un peu... qui se ressemblent beaucoup, c'est de les faire s'engager véritablement pour que leur boîte ne soit pas des boîtes de clones. Parce qu'être un homme blanc de plus de 40 qui gagne bien sa vie ou qui a fait une bonne école, c'est pas un problème. En revanche, être cette personne-là, mais avoir aucun engagement et aucune conscience des responsabilités qu'il a sur cette société, ça, c'est emmerdant. Et ça, c'est mon challenge de... C'est le challenge de ma vie. Faire en sorte que ces gens-là, qui sont en responsabilité, qui recrutent des gens dans notre pays, ne recrutent pas que des clones. Et là, je peux te dire qu'il y a un gros taf à faire.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi. Et puis aussi, tu vois, ce n'est pas qu'une question entre guillemets de conviction éthique politique. Moi, je pense fondamentalement que dans les boîtes innovantes, il faut de la créativité. Et de la créativité, si tu mets dix mecs ou dix filles qui se ressemblent dans la même pièce, elle va être moindre.

  • Speaker #0

    Et c'est prouvé. C'est-à-dire, tu as une étude McKinsey qui existe depuis une dizaine d'années là-dessus, qui montre que des équipes diverses sont 30% plus probables ou capables d'innover. Donc... Ça veut dire que c'est même pas...

  • Speaker #1

    C'est Ren McKinsey.

  • Speaker #0

    Je ne sais plus s'il fait bon de les citer dans une interview, mais ce qui est sûr, c'est que c'est eux qui suivent ce sujet-là de l'impact de la diversité et de l'inclusion sur la performance ou sur l'innovation dans une entreprise. Donc c'est quantifié, c'est qualifié, et c'est intéressant parce que ça veut aussi dire beaucoup de choses sur la capacité d'innovation d'une entreprise qui va être diversifiée.

  • Speaker #1

    Ok, et si on revient sur ton parcours, Anthony, du coup aujourd'hui tu as 38 ans, si je ne dis pas de bêtises. T'as un parcours assez riche, on va parler de diversi-days après, mais avant, je pense que ton expérience la plus significative, c'est chez TWBA.

  • Speaker #0

    TBWA.

  • Speaker #1

    TBWA, excuse-moi, qui est donc, je crois, j'ai noté, j'ai lu que c'était la troisième agence de pub en France. Est-ce que tu peux nous parler de cette expérience ? Qu'est-ce que t'as appris ? Et du coup, je crois que t'as été jusqu'à être directeur corporate.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais directeur général adjoint en charge du numérique. Écoute, ça a été une expérience sans doute la plus significative de ma vie au niveau professionnel avant d'avoir l'assaut. Je dis souvent que j'ai tout appris là-bas, c'était ma deuxième école, parce que déjà je suis tombé sur un patron, et ça s'est fait de manière tout à fait inconsciente, mais qui est d'origine américaine et qui était beaucoup plus sur le pédigré des gens que sur leur cursus scolaire ou quoi que ce soit. Et je me souviens d'un des premiers échanges que j'ai eu avec lui, évidemment, il m'avait recruté, ma feuille de route était plutôt claire sur ce que je devais réaliser. mais beaucoup moins sur les objectifs du quotidien. Et je me souviens, être rentré dans son bureau, lui avoir dit, bon, on se pose, qu'est-ce que tu attends de moi ? C'est quoi ma feuille de route ? Il m'a dit, Mano, tu sais ce que tu dois faire ? Et là, je me suis dit, waouh, tu as un patron dont tu attends, tu sais, quelque chose d'extrêmement cérébral, carré, etc. Et je pense qu'il ne me l'a jamais dit, mais qu'il m'avait très vite capté en disant, si je te bride dans un espèce de truc très corseté, très convenu avec une feuille de route, tu vas t'ennuyer, ça ne va pas fonctionner. Donc il m'a laissé avec ma créativité. La première année a été une année extrêmement compliquée d'un point de vue personnel parce que je suis arrivé dans un environnement que je maîtrisais tout juste, qui était le monde bobo de la com parisienne. Et ça a été extrêmement difficile au départ de faire mes marques. J'ai senti beaucoup de concurrence interne, d'hostilité même. Je suis arrivé, j'avais déjà écrit plusieurs bouquins, j'étais chroniqueur BFM Business. J'avais un peu ma visibilité sur mes sujets. Et je dis souvent, en fait, je suis arrivé et les gens se sont dit, soit c'est un génie. parce que 26 ans, le mec, tout ça, ou soit c'est une coquille vide. Et comme je suis aucun des deux, ça a été très difficile parce que les gens m'ont chargé de plein d'intentions, de taffes. J'ai été surmené la première année, c'était très délicat. Même limite, j'étais un peu dégradé dans ma fonction de manager. J'étais arrivé pour manager une équipe et on m'en a désaisi. Donc ça a été très humiliant. J'en parle rarement, c'est la première fois que j'en parle dans un podcast, mais aujourd'hui, je me sens plus libre d'en parler. Mais je pense que c'était un moment professionnel assez humiliant parce qu'on m'a fait comprendre que globalement, j'avais pas... la capacité de manager une équipe ou en tout cas que des gens étaient venus dire, rapporter des choses qui n'étaient pas forcément vraies d'ailleurs, je le sais avec le recul à présent, mais pour essayer de me déstabiliser. Et écoute, j'ai...

  • Speaker #1

    Pour comprendre, Anthony, tu as été mis sur un poste à responsabilité ou...

  • Speaker #0

    En fait, on m'a dit...

  • Speaker #1

    Dès le départ ? Ouais,

  • Speaker #0

    on m'a dit dans cette agence-là, donc TBWA, qui est un des plus gros groupes de conseils en communication et publicité dans le monde, en France qui est une grosse entité, c'est plus de, je ne sais plus, plus de 1000 personnes. Et donc, on m'a dit, il faut créer une entité liée à la communication numérique. Il y avait deux stagiaires et une personne en place. Et donc, on m'a dit, tu vas manager cette équipe. Et l'arrivée a été un peu brutale parce que pendant six mois, il n'y avait personne sur le poste. Il n'y avait pas vraiment de feuilles de route quadrillées. Il y avait plein de clients qui étaient en demande, mais on est au début du social media dans les entreprises. C'est ce que ça veut dire pour elles. On est en 2010. Et à ce moment-là, tout le monde m'attend, tournant, en disant, on a besoin de quelqu'un comme toi qui a tes compétences. Et voilà, je me suis pris les pieds dans le plat et par chance, à l'époque, j'ai celle qui est devenue après cofondatrice de l'association Diversidades Mounira, qui me connaissait à titre perso, qui me disait Antho, tu vaux mieux que ça. Te laisse pas désarçonner, intimider, boss, sois discret, dans le sens, fais pas de vagues. Et écoute, j'ai suivi ses conseils, je me suis vachement impliqué. Et on a gagné des premières compétitions, une deuxième, une troisième. Ensuite, les gens comprennent que tu es là pour réussir et que tu n'es pas là pour rire avec eux ou céder à leur pression.

  • Speaker #1

    Quand tu dis des compétitions, c'est quoi ? C'est des appels d'offres ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est des gros appels d'offres. En fait, une agence est toujours dans ce cycle-là, de tous les 3-4 mois, avoir des gros appels à projets qui tombent. Et surtout, les cycles de vie de clients durent 2-3 ans. Donc, c'est une quête constante de nouveaux appels à projets. donc ça peut être pour faire la campagne, pour gouvernement ça peut être pour un grand compte, etc et donc moi ma spécialité c'était l'accompagnement des dirigeants sur le numérique et l'accompagnement des entreprises aussi sur les réseaux sociaux et en fait ouais avec un peu d'abnégation un peu de tu serres fort la gorge et tu te tais pendant un an je me suis concentré sur le taf jour et nuit et après bah voilà tu recrutes une première personne on te redonne un petit peu de responsabilité la personne qui était au dessus de toi bah en fait tu passes manager et puis après tu exiges aussi des choses que le niveau de rémunération n'était pas aligné et donc oui au bout de 4 ans je suis devenu directeur général adjoint en charge du numérique où j'avais au total on était une trentaine t'avais une vingtaine de community managers social media managers aussi créatifs et puis aussi pas mal de free de gens qui intervenaient sur des événements et c'est vrai que c'était génial parce que d'un coup t'as une vraie team tu t'émancipes aussi en tant que manager t'apprends ce que c'est aussi que d'avoir des responsabilités à embaucher des gens, des gens qui s'en vont, des gens qui ça se passe bien, d'autres pas bien. Donc je dis souvent que j'ai tout appris là-bas. C'était une superbe école, une deuxième école pour moi, avec des gens qui ont été vraiment des mentors, Emeline Korengold et Anne-Cécile Thoman, qui sont à la tête d'Edelman maintenant, qui est une grosse agence de relations publiques, mais qui ont été des mentors pour moi, qui m'ont toujours fait confiance. Et en plus, quand j'ai dit que je voulais partir, je leur ai dit la seule chose qui me retient, c'est si vous m'aidez à créer une structure d'égalité des chances. En interne,

  • Speaker #1

    du coup ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Et du coup, il faut le savoir, pour tous ceux qui veulent créer des projets créatifs, une agence, elle a souvent ce qu'on appelle du temps en pro bono. C'est le terme américain pour parler du temps de collaborateur qui est alloué à des projets non-profit. Et donc moi, pendant six mois, j'ai des équipes créatives qui ont bossé sur le non-diversity, sur l'identité, sur le premier événement. C'était en 2017. Et aujourd'hui, me voilà à la tête de ce projet, huit ans plus tard, à y passer tout mon temps.

  • Speaker #1

    Donc en 2017, tu sautes le pas avec DiversiDays. Est-ce que déjà tu peux nous rappeler en quelques mots ce que c'est DiversiDays ?

  • Speaker #0

    Oui, structure d'égalité des chances. Notre objectif, c'est d'aider des gens qui ont perdu confiance en eux, compte tenu de parfois des obstacles professionnels, de leur singularité, de ce qui a pu leur renvoyer le monde du travail. Donc on remet en confiance des gens surtout qui ont envie de se reconvertir dans les métiers du numérique. les armer dans leur projet de reprise d'études ou projet de reconversion pro au sens pur. C'est-à-dire, tiens, tu étais chauffeur poids lourd et puis, en fait, tu as toujours été un peu geekos ou tu as toujours aimé un peu l'informatique, les réseaux sociaux, j'en sais rien, peu importe. Et tu te dis, pourquoi pas ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi pas me reconvertir ? Et donc, on facilite cette reconversion-là. On a un programme qui s'appelle Déclic Numérique qui a accompagné près de 13 000 personnes sur les cinq dernières années. Donc, c'est des gros volumes, dont une bonne moitié qui a repris les études dans les 12 à 18 mois. Donc on est un espèce d'accélérateur au retour vers la formation dans le numérique. Pour te dire, ça fait presque 6000 personnes en France qui ont repris les études grâce à des clics numériques, ce qui est un gros rien pour voyeurs. Alors on ne le fait pas seul, on a plein de partenaires, que ce soit des grandes formations, c'est un plomb 42, Connexio en particulier, mais on a aussi toute la PEC, France Travail, le ministère du Travail, la GFI, AXA, Google et plein d'autres qui nous financent et qui permettent d'avoir une équipe qui est derrière. On a un deuxième grand programme qui est un programme d'accompagnement à l'entrepreneuriat qui s'appelle le Leadership Programme. On a à peu près 500 entrepreneurs qui ont rejoint ce programme-là. Et là, on va l'accélérer. Alors, je fais un teasing, je ne sais pas quand est-ce que sort le podcast, mais il sera public d'ici là, je pense. On a été retenu par BPI France aussi pour être dans plusieurs régions. Donc voilà, on va chercher tous les talents des quartiers. En particulier, là, ce sera très quartier. Tous les talents des quartiers qui veulent créer une startup et qui veulent avoir un petit peu plus de traction. Et mon dernier programme, c'est... Take Your Place c'est un programme plutôt pour permettre aux startups d'avoir des stratégies de diversité et d'inclusion elles sont à peine 13% à avoir vraiment armé,

  • Speaker #1

    musclé leur stratégie sur ce sujet et donc il y a un travail monumental de sensibiliser ces boîtes aux pratiques inclusives recrutement inclusif etc ok et sur ces trois programmes du coup est-ce que depuis quelques années je ne sais pas il y a un parcours qui t'a marqué tu vois une startup une jeune entreprise qui t'a marqué et que tu aimerais partager une

  • Speaker #0

    ou deux trois c'est dur il y en a tellement en fait Beaucoup m'inspirent par leur résilience et aussi par leur envie de vraiment percer dans leur domaine. Je vais parler de ceux, un qui vient de rejoindre le board, il a fait un peu le grand chelème, j'en ai parlé tout à l'heure, il s'appelle Lekunto, mais il s'appelle Hicham, un des cofondateurs. Je les adore parce qu'en tout cas, en moi, c'est un miroir. On a peut-être 6-7 ans d'écart, mais déjà ils viennent pour la plupart d'entre eux du 91, ils ont grandi à Grigny. À Grigny, on se le redit de manière simple, mais c'est une des villes qui est toujours citée pour des raisons négatives. Donc, ils font partie un peu des héros de cette ville. Héros positifs dans le sens où ils entreprennent dans la tech. Ils ont eu le flair parce qu'en plein Covid, ils avaient lancé un concept de food truck. Donc, ils se sont complètement cassés la gueule. Mais ils ont rebondi parce qu'ils sont trois potes. Ils s'entendent super bien, potes d'enfance, etc. Et ils ont décidé de lancer leur application. Et depuis 2-3 ans maintenant, ils cartonnent, ils sont absolument partout. Hicham en particulier a été lauréat de Talents des Cités, prix du jury, prix coup de cœur. Ils ont été pris aussi, retenus sur des trophées en D-Tech, etc. Donc, ils cochent toutes les cases. Et moi, là où ils m'inspirent, c'est que je trouve qu'il y a un supplément d'âme que je retrouve chez pas mal d'entrepreneurs qui viennent des quartiers, zones rurales et aussi des gens qui ont connu des galères. où en fait ils le font évidemment pour monter un business, etc. Mais il y a toujours l'ancrage sur la question de la cause, de l'impact social, de la raison pour laquelle ils le font qui m'anime énormément. C'est-à-dire qu'il y a toujours ce sujet de l'impact qui est en fond et qui est intrinsèque. Parce que je veux aider les miens, je veux aider mes proches, je veux aider des gens qui ont connu des vulnérabilités. Et c'est pour ça que je me sens très en cohésion avec eux, et en particulier avec Hicham qui a rejoint le board de l'association. Parce que c'est ça aussi la boucle est bouclée à l'instant où moi je... Je considère qu'on avait réussi, et je mets des grands guillemets à réussi, parce qu'on n'a jamais réussi dans l'entrepreneuriat social. Il y a des millions de gens à aider. Le problème, c'est qu'il y a toujours plus de gens, parce que notre société ne va pas très bien. C'est ça. Mais le petit, on va dire, warning positif ou clignotage positif qu'il y avait eu, c'était Khaled, qui a levé, je ne sais plus combien, 10 millions d'euros, qui m'a dit en taux, je vais faire un don à l'association. Mais un vrai don. Parce qu'il me dit, c'est grâce à vous. Pas 10 euros,

  • Speaker #1

    quoi.

  • Speaker #0

    Non, c'est ça. Et je ne sais pas, c'était un beau symbole pour nous, au même titre que Hicham qui rejoint notre board, parce que ça veut dire que c'est la boucle qui commence à s'alimenter et c'est des beaux signaux en tout cas. Ça veut dire qu'on ne fait pas trop mal notre job normalement.

  • Speaker #1

    Tu me rappelles une belle boucle, tu en as parlé de l'école 42 qui a été créée par Xavier Niel. Je crois, parce qu'au début, je m'y intéressais, je me disais comment, c'est Niel qui finance. Mais je crois qu'il avait dit justement que potentiellement, un de ses objectifs, c'était que les gens qui ont trouvé un taf, et souvent, c'est des tafs qui sont quand même assez bien payés, un jour puissent refinancer les personnes qui vont passer par 42.

  • Speaker #0

    Ben oui, oui. C'est une stratégie long terme. C'est plus long, c'est plus difficile, mais au fin mot, c'est ce qu'on souhaite. C'est qu'à un moment, Et donc, si c'est auto-alimenté, enfin voilà. Par exemple, le président de l'asso actuellement, c'est Nadim. Nadim, c'était le premier bénévole de l'association. Ça me va très bien aussi. Donc voilà, je suis en plan de pré-retraite.

  • Speaker #1

    Et si on avance un petit peu sur ton parcours, donc aujourd'hui, tu es à full time sur Diversity Day. Mais alors, il s'est quand même passé quelque chose. Je pense que tu es fier et tu peux. En 2022, tu es rentré dans le programme Obama Leaders, donc Obama pour Barack Obama. Et Michel, je ne sais pas, tu me diras.

  • Speaker #0

    C'est leur fondation à tous les deux.

  • Speaker #1

    Ok. Est-ce que du coup, tu peux nous en parler ? Ça consiste en quoi ? Et pourquoi, selon toi, tu as été choisi aussi ?

  • Speaker #0

    Dure comme question. Je vais commencer par ça, parce que je trouve que c'est intéressant. J'ai été choisi parce que j'ai postulé déjà. Donc, c'est une invitation à tous ceux qui... T'as fait ? Mais oui, en fait, on a tous ce putain... Pardon, je suis un peu vulgaire, mais ce putain de syndrome de l'imposteur où on se dit, est-ce que c'est vraiment fait pour moi ? Oh, il y a des gens qui ont fait ci, qui ont fait ça. Et je trouve que c'est ce qui est assez fort dans la Obama Foundation, c'est qu'il y a des gens qui, peut-être de prime abord, on se dit bah pourtant il n'est pas si visible ou pas si ceci cela mais justement la force du réseau de Michel et Barack Obama, c'est vraiment de se dire on va repérer des gens qui sont peut-être sous les radars à qui on va apporter de la force Donc ça c'est l'ambition première aussi. Et puis repérer évidemment des progressistes, des gens qui ont envie d'avoir des gens qui s'impliquent dans le débat public ou sur des questions d'intérêt général de manière un peu… un peu visibles, pour faire en sorte qu'on n'ait pas que des vieux grincheux à la tête de nos sociétés. Deuxième chose, moi j'avais été recommandé, donc il y a ce processus de recommandation, si vous connaissez quelqu'un qui a fait le programme, il a le potentiel de vous recommander, donc il ne faut pas se gêner, des gens qui me suivraient, qui m'écouteraient et avec qui je suis en contact, où on partage des choses, qui m'invitent à prendre un café, que ce soit virtuel, visuel, comme ils veulent, mais en tout cas je suis toujours prompt à donner des infos sur ce programme, parce que moi il a changé ma vie. En fait, je trouve qu'à l'instant où quelqu'un qui a son aura, qui a son parcours et ses convictions met la lumière sur ce que vous faites, ça apporte énormément de force. Voilà, donc on se sent tout petit. Et surtout que j'ai eu cette chance avec les différents leaders de ma promo de rencontrer Barack Obama. Et c'était une rencontre transcendante parce que c'est quelqu'un, c'est un grand leader, c'est quelqu'un qui écoute. C'est quelqu'un qui était en connivence avec nous et qui a passé beaucoup de temps à essayer de réparer nos névroses. parce qu'on est tous en tant qu'entrepreneurs sociaux à se poser mille et une questions sur notre légitimité l'adversité, le rapport au compromis slash la compromission donc on est tous un peu animés par les mêmes questions et ça fait du bien de se retrouver à un moment dans un programme avec des gens qui ont le même rapport au monde ou le même rapport au questionnement sur qu'est-ce qui pourrait me faire plier donc Donc c'était un super programme et je me sens extrêmement chanceux. Et j'invite tous ceux qui ont envie à postuler. Il y a un seul critère que je déteste, c'est la limite d'âge. Donc si vous avez plus de 45, ce n'est pas possible. Mais de 25 à 45, foncez. Je n'y suis pour rien. Je suis le premier à leur dire que c'est naze. Mais voilà, c'est leur critère.

  • Speaker #1

    Forcément, je te la pose. Est-ce que tu as une anecdote sur Barack Obama ? Comment il est ? Parce que des fois, il y a des personnages, entre guillemets, publics, qui sont différents. entre l'image publique et privée, ce qui est aussi parfois normal. Mais tu vois, est-ce que tu as quelque chose à nous raconter ? De quoi tu as parlé avec Barack Obama ?

  • Speaker #0

    Allez, Jean, tac au tac, la première anecdote amusante, c'est son sourire. Parce qu'on sait qu'il a un sourire qui est ultra communicatif. Et quand on a eu la photo d'équipe, en fait, on nous a rangé un peu en randonnion. Et bon, il s'est avéré que j'étais vraiment à côté de lui. Et donc, du coup... il me dit, bon, c'est le moment du sourire. Et il fait ce grand sourire éclatant que tout le monde connaît. Et il dit, en gros, il nous dit, ça, c'est ma technique. C'est-à-dire, tant qu'il y a la photo, vous souriez. Et c'est vrai que c'est amusant de voir que c'est presque devenu une private joke parce que son sourire a fait partie aussi de la raison pour laquelle à un moment, des gens ont voté pour lui. Je parle de sa bonhomie. Il y a même ce dessin avec le Yes Weekend qui est devenu extrêmement populaire. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut en rien négliger le côté homme de relation publique aussi, qui travaille les trucs. C'était amusant qu'il nous fasse part de son tips pour les photos. Vous ne lâchez pas le sourire. Dès que la photo s'est arrêtée, il a arrêté son sourire. Deuxième anecdote moins fun, mais plus personnelle. J'ai pu lui dire, lorsqu'on a eu un échange, il y a eu des échanges très informels, un cocktail. Donc ça, c'était ouf, on avait deux heures avec lui.

  • Speaker #1

    Cocktail avec Bach,

  • Speaker #0

    c'est pas mal. Oui, en plus, avec des échanges plus interpersonnels. Donc chacun, si tu avais envie de lui dire, ma mère vous adore. Et moi, je lui ai dit à quel point le fait d'avoir eu sa confiance avait changé mon rapport à des personnalités publiques ou institutionnelles. Et en fait, il m'a dit oui. Et tu sais, je m'attendais à ce qu'il me dise, super. Et en fait... je pense qu'il en est conscient et c'est intéressant d'avoir conscience de son leadership parce que ça veut dire qu'il sait la force qu'il nous apporte et ça je trouve que c'est quelque chose dont on parle absolument pas en France et qui est quand même très très puissant de la part des américains ils ont plein de défauts mais ils ont cette qualité là c'est de savoir la force du leadership la force de en fait moi en tant que leader quelle force je peux apporter à quelqu'un à l'instant où je le recommande à l'instant où je lui il fait part de mon mouvement etc et donc il était très conscient de ça et moi ça m'a fait du bien parce que je me suis dit ok ça veut dire qu'il fait ça pour ça Il sait qu'il lui reste peut-être dix ans à avoir l'aura qu'il a, ou peut-être moins, peut-être plus, j'en sais rien, parce qu'il est en train de créer son espèce de grand héritage à Chicago avec un lieu extrêmement important sur les minorités, etc. Donc voilà, il est en train de créer son héritage. Et troisième chose, je pense que l'anecdote qui m'a le plus frappé, c'est ce moment où il nous a tous écoutés pendant 45 minutes, on avait des groupes de travail et on parlait de ce rapport au compromis. Et il nous a dit, vous savez, votre plus grand problème à tous, c'est que vous doutez de votre proposition de valeur et de ce que vous apportez sur la table. Et je pense que c'était un peu confidentiel, mais à l'instant où tu le dis à 35 personnes, c'est plus confidentiel. Il nous dit, vous savez, toutes les fois où la porte s'est fermée dans des grands rendez-vous comme le G7, le G20, etc., il nous dit, mais la qualité des conversations que j'ai ne sont pas à la hauteur de la qualité des conversations que j'ai avec vous. Ça, ça m'a mis une baffe. Parce que je me suis dit, mais en vrai, à l'instant où tu montes dans les tours, est-ce que vraiment les conversations que tu as avec les gens sont aussi consistantes que celles que nous, on peut avoir en tant qu'entrepreneurs sociaux, de gens qui voyons la réalité des gens tous les jours ? Donc moi, ça m'a un peu transcendé cet échange-là parce que je me suis dit, si un mec comme lui nous dit qu'on a de la valeur, c'est qu'il ne nous le dit pas pour nous faire plaisir.

  • Speaker #1

    Tu sais que je suis d'accord avec toi parce qu'il y a quelques mois, je me suis un peu engagé en tant que citoyen en politique et pareil, j'étais un peu stressé, c'est un nouveau domaine, etc. Et alors, le but, ce n'est pas de taper sur les politiques, parce que comme dans tout domaine, tu as des gens brillants, tu as des gens qui se donnent un peu moins. Mais pareil, j'avais été surpris par les conversations et pas le côté intellectuel, mais la profondeur des conversations.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est des expériences qui sont intéressantes parce qu'elles te mènent dans d'autres sphères et elles te challengent aussi sur ce que tu peux apporter toi aussi. On peut douter quand on ne vient pas de ces sphères-là, ces milieux sociaux. Mais en fait, on re-rencontre des gens soit pas intéressants, soit pas instruits, soit pas... Tu vois ? Là, tu te dis, bon, peut-être finalement, je ne suis pas si nul que ça.

  • Speaker #1

    Je peux faire ma place ? Ouais, c'est ça. Ok, Anthony, écoute, on arrive, il nous reste une dizaine de minutes. On va passer à une partie un peu plus personnelle. Alors, pour la saison 2, on a essayé un peu d'innover dans les sages. À chaque fois, on essaie d'avoir quelqu'un qui est proche de l'invité, qui pose une question, et donc c'est une petite surprise. Alors, c'est Mélisangéldi. qui est la fondatrice d'Iconote une marque de basket éco-responsable et donc qui est de la promo diversi d'ice de l'année dernière si j'ai pas de bêtise et donc qui a rédigé un message que je trouve très mignon qui dit tu fais beaucoup attention à mettre en avant les autres et mettre en valeur les projets à impact mais est-ce que toi tu es heureux ?

  • Speaker #0

    Est-ce que je suis heureux ? Je suis très sensible donc il faut faire attention en présentant ce genre de message hum... Je suis très heureux, ouais. Je suis très très heureux. Ce que je fais me rend très heureux. Et tu parles d'une fille qui m'inspire beaucoup. En fait, ce qui me rend heureux, tu sais, dans cette crise qu'on vit en ce moment où tout est pessimisme, tout est noir, tout est profondément négatif, je trouve qu'être aux côtés de gens dont le quotidien, c'est de se battre pour des grandes causes ou de prendre leur place dans des environnements dans lesquels personne ne les attend, ça me rend profondément enthousiaste. J'ai cette chance d'être nourri au quotidien de gens qui font des choses incroyables et d'aller dans des environnements dans lesquels je n'avais pas accès pour essayer de créer des ponts, je me sens utile. Il n'y a rien de mieux dans une vie que de se sentir utile. Donc oui, je fais attention aux autres. C'est vrai que je me suis un peu négligé sur ces six ou sept dernières années. Je pense que quand on est au service des autres et qu'on a le goût des autres, on peut se méprendre sur ce que ça veut dire de se protéger soi aussi, sur nos vulnérabilités. J'ai passé peu de temps à faire du sport, à manger bien, à me coucher tôt. Donc je réapprends ça. Mais c'est vrai que c'est un... gros challenge. En vrai, je trouve que je dis souvent que l'entrepreneuriat social, ça rend humble, mais c'est qu'en fait, au quotidien, c'est des montagnes russes. Les changements politiques sont quotidiens. On est obligé de coudre avec le politique parce que c'est lui qui construit les politiques sociales. Et ça peut désarçonner plus d'une fois. Plus d'une fois, je me suis dit, mais j'arrête tout. Qu'est-ce que je fous là ? Je suis taré, en fait. Et la rencontre des gens, Melissandre et toutes ses promos, et toutes les autres promos, etc. Ça te porte. Enfin, l'instant où t'as un genou à terre... t'as tout de suite quelqu'un pour te relever ou pour te dire t'arrête pas, t'arrête pas c'est utile ce que tu fais je connais pas toute la promo,

  • Speaker #1

    je connais que

  • Speaker #0

    Mélissande et ma fille je crois et ces personnes elles ont une telle énergie genre de dingo mais ça te nourrit les gens me disent mais Anto comment ça se fait que t'es en forme il y a Mathéo qui est à côté de nous et qui m'a aidé pendant les 6 derniers mois à tout cranter l'agenda, les rendez-vous etc et Il me dit souvent, je ne sais pas comment tu fais, mais je fais que mon arme secrète, c'est les gens que j'accompagne. Ils me boostent tellement. Et tu sais, on dit souvent, on aide le soi de l'époque, on se répare. Moi, ma manière de me réparer, c'est d'aider les autres aujourd'hui. Parce que quand je les vois réussir, je me dis, c'est toutes les chances que je n'ai peut-être pas eues à l'époque, sans faire l'enfant maudit ou misérable. Mais on cède, on est dans les autres, je pense.

  • Speaker #1

    C'est des belles paroles. Tu as parlé de la politique, on a parlé de Barack Obama. Question pas facile. Qu'est-ce que tu penses de la politique actuelle ?

  • Speaker #0

    C'est le chaos. Là, on est dans une période qui est très complexe. Et puis, j'ai l'impression qu'il y a un côté parti-remise sur 2027 avec l'arrivée au pouvoir potentiel de l'extrême droite. Ça me fait très peur parce que ce sont des gens qui ont pris tous nos sujets en considération, mais sous le mauvais angle. Tu vois, on parlait des migrations tout à l'heure. Je pense que... D'ailleurs, c'est intéressant. Le... Profil même de Jordan Bardella, c'est un profil de quelqu'un d'origine italienne, immigré, père aussi. Je ne sais plus de quelle origine, mais maghrébine il est. Donc ça veut dire que le fruit,

  • Speaker #1

    c'est assez... C'est un casque comme truc, je ne le savais pas.

  • Speaker #0

    Mais il est le fruit de ces migrations-là. Et en fait, il est dans un déni total. Ça veut dire, tu sais, je suis toujours un peu vigilant des gens qui arrivent quelque part et qui ferment très fort la porte. Je trouve qu'il n'y a rien de pire que ça. Donc... Au contraire, je trouve que dans les personnes qui sont des immigrés de première, deuxième génération, leur rôle, c'est d'ouvrir la porte aux générations suivantes. Donc ce sont des gens qui me font, à titre personnel, très peur. Et après, à titre plus professionnel, si je prends mes sujets comme des sujets de conviction, des sujets qui sont armés par des lois, par des financements, etc., ça me fait très peur sur toutes les minorités au sens social, ethnique, géographique, social et culturel, minorités au sens aussi handicap. En fait, de se dire, est-ce qu'on aura toujours des politiques sociales qui seront dotées ? Est-ce qu'on ne va pas ratiboiser la chose ? On voit ce qui se passe aux États-Unis. Donald Trump, dont le débat actuel avec Kamala Harris aussi, se joue sur l'IVG. On est en train de dire à des femmes que pour avorter, elles vont devoir prouver pour certaines qu'elles ont été violées ou victimes d'inceste. Comment elles vont prouver ça ? Ce n'est pas assez humiliant déjà ? Ou ce n'est pas assez humiliant de devoir... passer devant un médecin pour dire je ne vais pas le garder, etc. et de vivre les complications que peut être une interruption volontaire de grossesse. Donc je crois qu'on vit des débats absolument fous. Et j'aime bien citer Simone de Beauvoir qui dit à la première révolution, à la première crise, il faudra se méfier des droits, des droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes, parce qu'à chaque crise, ils pourront être bousculés. C'est ce qui se passe actuellement. Donc voilà, j'ai très peur de ce qui se passe, j'ai très peur du chaos. J'ai très peur des annonces qui sont faites en ce moment et elles sont une insulte à tout notre travail d'entrepreneur social.

  • Speaker #1

    On arrive sur la fin de l'interview si on finit sur un ton un peu plus léger Est-ce qu'on parlait pas de Jackie Chan ?

  • Speaker #0

    Ah ! Je l'avais oublié Tu veux qu'on l'appelle ? Écoute, non c'était un super moment pour tes auditeurs, j'ai eu la chance de porter la flamme paralympique il y a quelques semaines c'était tout à fait inattendu, j'ai eu un message quelques jours avant pour me dire coucou es-tu dispo pour porter la flamme ? plus Place de la République, etc. Et un peu, en dernier moment, j'apprends que Jackie Chan fait partie du convoi. Donc voilà, on a une petite vidéo qui a fait pas mal de vues sur les réseaux où je danse avec lui. Il s'ennuyait. En fait, tout le monde a fait son selfie, sa vidéo avec lui. Et donc, je suis allé le choper. Je lui ai dit...

  • Speaker #1

    On va faire un truc plus fun, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais, je lui ai dit, Jackie, t'es mon mentor. Et son traducteur a dit, he can teach you. Et genre... Et donc, tu vois, il m'a appris des prises et tout. C'était un moment extrêmement drôle. Et puis, du coup, qui restera gravé aussi, parce que c'est une légende de notre enfance. Et puis, pour beaucoup de gens, ça reste le symbole des films qu'on regardait quand on était petit.

  • Speaker #1

    Deux dernières questions. C'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as faite dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Je dirais que j'ai fait pas mal de choses audacieuses, parce qu'en fait, à chaque fois, on m'a quand même fait comprendre qu'il ne fallait pas y aller. Et je crois qu'aujourd'hui, dès qu'on me dit que c'est compliqué, c'est comme si tu armais la machine. On me dit c'est compliqué, ça me stimule. Et si on me dit ça va être difficile, ça y est, c'est le top départ. Le truc le plus audacieux ? Je pense que c'est un pari futur que je suis en train de me lancer. En fait, quand tu te lances dans l'entrepreneuriat social, c'est tout à fait inconscient, je pense, pour beaucoup d'entre nous. Moi, j'y suis allé à cœur perdu. Au bout de deux ans, je suis devenu salarié de la structure parce que c'était la fin de mes droits chômage et je me suis dit c'est ça que je veux faire. Ça s'est imposé comme une évidence. L'assaut s'est créé. Six ans après, elle a eu l'impact dont je parlais tout à l'heure. Elle commence à être de plus en plus connue en France. Et j'ai une obsession aujourd'hui, c'est... Je crois qu'il n'y a pas de grand rendez-vous de l'égalité des chances en France. Il n'y a pas ce grand, on va dire, totem qui permet de réunir les Français autour de la grande cause qu'est l'égalité des chances et la lutte contre les discriminations. Il n'y a pas de moment positif, il n'y a pas le moment de... On célèbre les différences, on célèbre les singularités. Et donc, peut-être le truc le plus audacieux que je fais de ma vie, c'est d'essayer de créer ce grand rendez-vous, parce que le but, c'est de réunir plus de 10 000 Français, que ce soit un moment de grande écoute. Ça devient un peu les enfoirés version égalité des chances. Je prends l'exemple des enfoirés parce qu'on sait que c'est un moment de solidarité, c'est un moment où les Français se retrouvent, c'est un beau symbole de notre société qui est à l'unisson autour de la lutte contre l'exclusion. Et j'aimerais faire exactement la même chose sur la lutte contre la discrimination et la lutte en faveur de l'égalité des chances. Donc, le truc le plus audacieux arrive. Et ça fait deux ans que je bosse dessus, donc si j'en parle de manière aussi...

  • Speaker #1

    C'est costaud.

  • Speaker #0

    C'est qu'à tout moment, t'as envie d'arrêter parce que... Quand tu présentes ce projet, tout le monde dit mais c'est génial ! Et quand tu dis et qui veut combien met aux portes ? Les pépettes. Combien met au pot commun ? Là, c'est très compliqué. Donc, il y a des signaux plutôt positifs. Donc, rendez-vous milieu d'année prochaine. Lieu et date à venir pour se retrouver pour ce grand rendez-vous. Inch'Allah.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, Anthony ?

  • Speaker #0

    La seule chose que tu peux me souhaiter, et avec longévité, c'est la santé. Si j'ai la santé, on va tout éclater.

  • Speaker #1

    Merci Anthony Je t'en prie

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose il n'y a qu'un moyen de nous remercier Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast abonnez-vous et mettez 5 étoiles 30 secondes de votre temps mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles et que d'autres personnes découvrent les sages Avant de se quitter, une dernière chose N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne, J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.

Chapters

  • Introduction et présentation de Anthony Babkine

    00:05

  • Le parcours d'Anthony : de la banlieue à l'entrepreneuriat

    02:10

  • Diversidays : promouvoir l'égalité des chances dans la tech

    03:18

  • Les opportunités dans le numérique et la reconversion professionnelle

    05:10

  • L'importance de la représentation et des modèles positifs

    05:59

  • Le rôle des mentors et des rencontres clés dans le parcours d'Anthony

    14:06

  • Le programme Obama Leaders et son impact sur Anthony

    20:06

  • La vision d'Anthony pour l'avenir et l'égalité des chances

    50:02

  • Conclusion et réflexions personnelles d'Anthony

    01:04:15

Description

Dans cet épisode de "Les Sages - le podcast des leader·euse(s) humanistes", Nicolas Jeanne reçoit Anthony Babkine, un entrepreneur social visionnaire et cofondateur de l'association Diversidays, qui se bat pour l'égalité des chances dans le secteur numérique.


Anthony a fait ses preuves dans le monde de la communication et de la publicité. Il y a occupé des postes à responsabilité chez TBWA où il a pu influencer des stratégies de marque et des campagnes innovantes.


Son parcours, qui débute dans une banlieue parisienne, illustre parfaitement comment un homme peut transformer ses défis en opportunités, et comment ses expériences personnelles lui ont permis de gravir les échelons du succès dans des entreprises prestigieuses. À travers son histoire, il nous rappelle l'importance de la diversité dans le monde des affaires et comment cela peut enrichir les entreprises tout en favorisant une culture d'inclusion.


Dans la seconde partie de cet épisode, Anthony partage ses engagements passionnés pour la transformation sociale et l'entrepreneuriat à impact. En tant que cofondateur de Diversidays, il œuvre sans relâche pour aider les entrepreneurs issus de milieux sous-représentés à réaliser leurs rêves. Il présente notamment son Leadership Programme, une initiative novatrice conçue pour accompagner ces entrepreneurs dans leur parcours.


Anthony évoque également son expérience enrichissante avec la fondation Obama, qui lui a permis de renforcer son réseau et développer son état d'esprit.


Cet engagement envers l'égalité des chances et la diversité est au cœur de sa mission, et il nous inspire à repenser notre rôle en tant que leaders dans nos propres sphères d'influence.


L'épisode se termine sur une note personnelle où Anthony partage sa vision de l'avenir. Il insiste sur l'importance de la santé et du bien-être dans son parcours, soulignant que le succès ne se mesure pas uniquement en termes de chiffres, mais aussi en termes d'épanouissement personnel et collectif.


En écoutant cet épisode, vous découvrirez non seulement les défis et les réussites d'un leader engagé, mais aussi des réflexions profondes sur le rôle de la technologie comme ascenseur social et l'impact des entreprises à impact.


Bon voyage avec les Sages ! 



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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders. Et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages. Anthony Babkin est le gars que vous aimeriez avoir en tant qu'ami. Sympa, à l'écoute, proche de vous. Anthony est unanimement reconnu comme un humaniste par son entourage. Mais Anthony, c'est aussi un gars très ambitieux. Pour lui-même, bien sûr, mais aussi pour prouver que c'est possible de devenir d'Evry-Courcouron, en banlieue parisienne. et de tout casser, et surtout, de prendre sa place. Pour ce faire, il comprend rapidement qu'il va devoir changer les étiquettes qu'on peut lui prêter. Il va faire le CELSA, une précieuse école de communication, puis progressivement entrer chez TBWA, la troisième agence de pub française, en tant que DG adjoint de la partie corporate, à seulement 31 ans. En 2017, il veut aligner ses convictions profondes avec son métier. Il crée l'association d'égalité des chances Diversidays. En 2022, il est choisi par Barack Obama. pour être l'un de ses représentants en Europe à travers sa fondation. Anthony aujourd'hui se bat pour les autres, pour rétablir l'égalité des chances et redémarrer l'ascenseur social. Allez, on y va avec Anthony.

  • Speaker #1

    Salut Anthony, et merci d'avoir accepté notre invitation dans les sages. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Très très bien, merci de me recevoir dans ton podcast, c'est cool.

  • Speaker #1

    Écoute, avec plaisir. Est-ce que pour nos auditeurs, je peux te demander de te présenter en quelques lignes ?

  • Speaker #2

    Eh bien, je m'appelle Anthony, j'ai... cofondé il y a maintenant 8 ans une structure d'égalité des chances qui s'appelle DiversiDays avec une ambition qui était assez importante à l'époque, c'est de faire en sorte que les métiers de la tech soient accessibles au plus grand nombre. On a une conviction avec Mounira, donc la cofondatrice, c'est que le fait que le numérique peut être l'ascenseur social du 21ème siècle et cette ambition elle est toujours la même 8 ans après, sauf qu'il y a une chose qui a changé, on a accompagné 13 000 personnes en 8 ans, donc il y a 40% d'entre eux qui ont repris la route des études, pas mal qui ont créé des startups aussi, ou qui ont levé des fonds. Donc ça réalise un peu de la promesse qu'on a envie de voir, parce que monter une asso d'égalité des chances, il y a une mission très forte derrière, c'est le fait de se dire est-ce que l'ascenseur social peut fonctionner ? Et on est convaincu que la tech ça peut être un accélérateur, donc on le prouve un peu au quotidien, j'ai envie de dire à notre échelle, c'est 800 000 personnes qui sont attendues dans les métiers du numérique d'ici 2030, donc il va falloir du monde dans ce fameux ascenseur. Et donc voilà, on est un de ces acteurs d'égalité des chances en France. Et je me décris comme un entrepreneur social. Et à côté de ça, je crée des contenus aussi. J'ai mon podcast qui s'appelle Prends ta place. On a tout un podcast maintenant.

  • Speaker #1

    On va en reparler. Et juste, je réagis. Tu dis 800 000 personnes attendues dans le numérique. Aujourd'hui, on a à peu près combien de personnes, tu penses, dans le milieu digital, numérique,

  • Speaker #2

    tech ? Alors, c'est difficile à quantifier. Je sais qu'aujourd'hui, les startups, par exemple, les offres en CDI, c'est à peu près 10% du marché de l'emploi. OK. des personnes en reconversion, si on ne mise pas sur toutes les personnes qui sont soit éloignées de l'emploi, soit dans un job qui va potentiellement être transformé par l'intelligence artificielle ou même remplacé, parce que voilà, le métier de comptable, le métier d'hôte de caisse, des métiers qui vont être plus on va dire remplacés sur des chaînes logistiques ou des chaînes d'approvisionnement ou industrielles, en fait tous ces jobs-là vont changer. Et si les gens n'empruntent pas la voie de la reconversion, déjà ils vont au casse-pipe. Mais l'autre chose aussi, c'est que la France, si elle n'a pas suffisamment de main-d'oeuvre dans ce domaine-là, elle sera en panne de croissance. Donc il y a un truc monumental. Et dans ces fameux 800 000, si je prends par exemple que le métier de cybersécurité, donc professionnel en cybersécurité, il y a eu 15 000 professionnels manquants pour la France l'année dernière sur ces domaines-là. Donc il y a un enjeu monumental de former des gens, de faire connaître ces métiers, mais surtout de faire savoir que c'est accessible au plus grand nombre. Sans le bac, on peut reprendre certaines études dans le domaine, pas toutes, data analyst et autres métiers qui demandent parfois d'avoir quelques années d'études, mais certains de métiers de développeur, de métiers de chef de projet web, de métiers d'UX designer, etc., sur des choses de premier niveau, ça peut fonctionner avec la reconversion pro.

  • Speaker #1

    C'est des métiers qui n'arrêtent pas d'évoluer, donc je pense que tu peux... tu peux aussi un peu choper le train en marche et avoir les dernières connaissances et arriver à t'intégrer sur le marché du travail.

  • Speaker #2

    Complètement, je pense que c'est ça la plus grande opportunité qui est ouverte avec ces métiers, c'est que tu peux te former à tout âge et en vérité, pour pas grand-chose, nous, on bosse beaucoup avec Google qui ont créé les Google Career Certificates. En fait, pour quasi zéro, tu peux te former à des métiers, des compétences qui sont très recherchées sur le marché de l'emploi. Donc, c'est un peu cette promesse-là aussi que nous, on soutient, c'est de dire, en fait... il n'y a jamais eu autant d'opportunités d'avoir un job qui est plutôt en CDI, plutôt rémunérateur et où il y a une traction mais encore faut-il le savoir puisque dès lors où tu sors dans des grandes zones urbaines tu vas dans des quartiers, des zones rurales dès lors où tu t'adresses à des personnes de plus de 50 ans qui n'ont pas de bac ou d'études supérieures, il y a ce vrai syndrome de l'imposteur qui se crée, c'est-à-dire c'est peut-être pas fait pour moi, ou alors il y a aussi ce côté juste manque de connaissance de l'information

  • Speaker #1

    de dire en fait j'ai jamais entendu parler de CMT je connais pas ce domaine dans le coin où je suis en fait il n'y a pas d'offre d'emploi donc voilà et ça me parle beaucoup je fais un big up à ma maman parce qu'elle est en banlieue rouennaise tu vois et elle a travaillé dans ma dernière startup et justement elle était un peu en reconversion elle a dit je vais aller trouver un taf et donc tu vois ça me parle et c'est le plus bien intégré et depuis elle a quitté ta boîte et elle a fait fortune c'est ça elle est partie en Silicon Valley voilà ok Anto écoute et pour revenir un peu sur ton enfance du coup tu as grandi je crois en banlieue parisienne est-ce que tu peux nous en parler un petit peu dans quel milieu social,

  • Speaker #2

    est-ce que tu avais des passions ouais moi je suis un pur produit de banlieue et j'assume à présent parce que pendant longtemps je considère que je me suis un peu caché il faisait pas bon de dire et je crois que c'est toujours le cas malheureusement de dire qu'on vient d'un quartier où qu'on a grandi en banlieue avec toutes les codes et tous les stéréotypes qui vont avec, quand je dis les codes c'est que moi j'ai en plus, j'ai grandi dans l'Essonne et on était fier de dire c'était l'Essonne je laisse rires Et donc, on était tous habillés à l'américaine, moi le premier, Doura, casquette, baggy. Donc, j'ai l'impression de me déguiser, pour le coup, quand j'allais en entreprise. Et je pense qu'on a appris très tôt à être caméléon. Et c'était la condition sine qua non aussi à trouver un job. Donc, j'ai dû me fondre, mais j'ai dû me confondre aussi à un moment. Et c'est ça que je regrette le plus, d'avoir gommé mon identité là où j'ai grandi. Aujourd'hui, je le revendique beaucoup plus parce qu'en fait, déjà, on dit que... la banlieue influence Paname et Paname influence le monde. Mais si on en revient à ça, on voit bien que les codes des quartiers populaires aujourd'hui ou ce qu'on appelle les cultures populaires influencent notre société. Ayana Kamoura, l'artiste la plus streamée dans le monde et plein d'autres artistes ou plein d'autres personnes qui viennent de nos quartiers ou de nos banlieues et qui inspirent beaucoup de gens. Et en fait, je me dis tout simplement que cette culture est devenue un peu plus mainstream. Mais en tout cas, pour ma génération, on a dû gommer beaucoup de choses. Et je le regrette parce qu'on nous a jamais dit et sans faire les enfants déshérités mais je trouve qu'on a ça en commun avec tous les gens avec qui j'ai grandi et on se retrouve aujourd'hui sur ce même narratif, on nous a pas dit qu'on était capables, on nous a pas dit que c'était possible et je le regrette parce que en fait on a du potentiel et on est nombreux à avoir prouvé qu'on avait ce potentiel et je cite souvent Amad qui a créé BoostKP le plus gros média rap à RENBI je pense souvent à Paul Lay qui a créé LabelleVie.com je pense aux équipes qui ont créé La Lucarne la plus grande compétition sportive, la petite lucarne qui est devenue la plus grande lucarne d'Europe. Je pense aussi à toutes ces femmes entrepreneurs dans notre territoire ou des personnes qui sont tout simplement des décideurs économiques qui ont grandi dans ces territoires et qui sont devenues des gens importants. Et on n'en parle jamais. Dans le narratif public, on n'en parle pas. Donc voilà, j'ai grandi à Evry. J'ai, on va dire, le passé de l'ancien mauvais élève qui n'a pas trouvé sa place à l'école. et un peu forcé par le destin, des structures d'égalité des chances et les parents. J'ai réussi à continuer les études. J'ai fait deux années de redoublement. Je dis souvent, j'ai eu le bac mention rattrapage. J'ai fait un IUT technique de commercialisation. Il y avait une belle école d'ingénieurs à Evry et de managers qui s'appelait l'Institut National des Télécommunications, qui est devenu l'Institut Mines Télécom Business School. Je l'ai intégré. C'était une école publique, donc elle coûtait dix fois moins cher qu'une école de commerce. De toute façon, les parents avaient... Je n'avais pas les moyens de payer une école de commerce. Et en dernière année, je me suis dit, vas-y, je me chauffe pour la Sorbonne et je suis rentré à la Sorbonne. Et donc, comme quoi, pour un mauvais élève, c'était plutôt pas mal. Mais je n'ai pas brillé à l'école, mais j'ai eu les diplômes, c'était le plus important. Donc, c'est peut-être un conseil que j'ai envie de donner à ceux qui nous écoutent, non pas de jouer le vieux sage, mais avec le recul.

  • Speaker #1

    avoir le diplôme c'est aussi important que de tenter de rentrer dans l'école c'est pas de sortir majeur c'est des labels et si je rebondis sur ce que tu viens de dire il y a un truc que tu as dit on nous a pas dit que c'était possible concrètement ça veut dire quoi ? c'est à l'école,

  • Speaker #2

    c'est dans les médias c'est peut-être des rôles modèles ou je sais pas t'as bien résumé le triptyque représentation déjà peu de représentation positive sur des gens qui viennent des mêmes territoires que nous et qui réussissent dans des des environnements très variés. J'en fais presque, tu vois, avec Stéphane Baudel, maire d'Evry, presque une priorité stratégique. Quand on papote ensemble, je lui dis, mais il faut qu'on valorise les réussites de notre territoire. C'est la projection et c'est la condition sine qua non pour que des jeunes se disent, c'est possible, je peux le faire.

  • Speaker #1

    Mais oui,

  • Speaker #2

    je peux être avocat, médecin, créateur d'entreprise, peu importe, mais je peux me projeter dans une condition sociale qui n'est pas forcément celle de mes parents. Que ce soit en termes de diplôme, que ce soit en termes de... de perspective professionnelle. Donc, on n'est pas condamné. C'est-à-dire, tu n'es pas condamné à rester dans ta classe sociale. Parce que pour moi, derrière tout ce sujet-là, il y a celui de la mobilité sociale. Comment on permet à des jeunes gens de leur dire, tu n'es pas condamné à rester dans ton quartier ? Et quand je dis condamné, c'est au sens géographique du terme, au sens sociologique du terme, c'est-à-dire, tu peux t'émanciper, tu peux rester au quartier, il n'y a pas de souci, mais tu peux rêver grand et gagner de l'argent et devenir quelqu'un. Voilà. Je pense qu'on a tous ça en commun, c'est que, tu vois, c'est marrant parce que je me suis rapproché vachement des équipes de Niska. Ils ont créé Niska le chanteur, pour ceux qui ne connaîtraient pas. Est-ce qu'il y a encore des gens qui ne connaissent pas Niska d'ailleurs ? Bon bref, il y a des gens qui n'écoutent pas sans doute. Niska a créé une association qui s'appelle Charon Ensemble et ils ont créé un livre d'or qui recense tous les gens qu'on connaît ou qui ont grandi à Evry. Et je trouve que c'est intéressant parce que dedans, ils ont mis plein de portraits de... plein de gens qui ont fait des parcours très différents de pilote d'avion à créateur d'entreprise et en fait on a ça en commun on se rend compte qu'on n'a pas eu de représentation positive, on n'a pas forcément rencontré des gens qui nous ont dit tiens t'es en galère, c'est ça la voie pour y arriver et dès lors où t'es en échec scolaire on t'envoie vers des voies sans issue moi ça a été CAP cuisine très tôt quand les notes n'allaient plus un CAP cuisine c'est très bien mais quand tu sais que derrière le CAP cuisine il n'y a pas forcément de volonté de la part des gens qui t'y orientent d'aller vers un bac pro, un BTS cuisine, une grande école ou quoi que ce soit, mais plutôt de te dire, hé, va te former et on ne te revoit plus dans nos radars, ça questionne énormément. Donc moi, j'ai envie qu'on soit beaucoup plus ambitieux pour les jeunes des territoires ruraux ou quartiers et qu'on leur montre des figures qui peuvent leur dire, regarde ce que tu peux devenir, voilà ce que tu peux faire. Tu n'es pas condamné à... l'échec.

  • Speaker #1

    Et je suis d'accord avec toi, quand tu es les jeunes de quartier, mais aussi de territoire ruraux. Tu vois, moi, je viens de campagne et ça va, j'ai été, je sais pas pourquoi d'ailleurs, j'étais en ville entre guillemets assez rapidement et j'ai eu accès à une somme d'informations. Mais sinon, si t'es tu vois, moi, j'ai mon petit cousin qui est resté en campagne, on vit pas la même life.

  • Speaker #2

    C'est évident,

  • Speaker #1

    on n'a pas les mêmes données.

  • Speaker #2

    Il y a ce sujet de l'éloignement géographique et je l'explique mal, tu vois, sur les banlieues parce que les banlieues, elles sont, par exemple, si on prend la ville de Paris, elles sont collées à Paris.

  • Speaker #1

    5 minutes,

  • Speaker #2

    30 minutes mais en fait l'info ne circule pas et aussi parce qu'il y a un truc très très fort de c'est pas fait pour nous et quand tu dis c'est pas fait pour nous, alors déjà il faut avoir l'info mais il y a toujours ce syndrome de l'imposteur de est-ce que finalement ça me correspond est-ce que mes parents m'y encouragent moi par exemple, j'ai des parents incroyables sincèrement je sais que le jour où j'ai créé ma boîte, ma mère m'a dit Anto, risquez, attention s'il y a le moins de trucs, on ne pourra pas éponger... Et en fait, elle m'avait conditionné à dire attention, c'est compliqué, sans le vouloir forcément. Et à nouveau...

  • Speaker #1

    Oui, c'était un réflexe de maman.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Oui, mais si tu viens d'une famille qui a des moyens, en fait, on te dit fonce, de toute façon, papa ou maman va essayer.

  • Speaker #1

    On peut éliminer 20, 30, 40 cas.

  • Speaker #2

    La love money, la fameuse love money. Nous, c'est le love du cœur.

  • Speaker #1

    La love énergie.

  • Speaker #2

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #2

    et du coup,

  • Speaker #1

    ce qui est intéressant, enfin, ce que je me pose comme question en t'écoutant, Est-ce que tu as eu un switch ? Est-ce que tu as grandi dans ces milieux où c'était moins facile d'avoir de l'ambition ? Est-ce qu'il y a un moment où tu as rencontré quelqu'un où tu as eu un switch en te disant c'est possible, je vais y arriver Et après, tu as commencé ton ascension professionnelle.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe lidée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code les sages et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    En vrai, je pense que mes vrais moteurs, c'est les parents. J'ai des parents, je pense qu'ils sont intelligents, mais paradoxalement, qui n'ont pas eu forcément l'opportunité de faire des études supérieures ou de s'émanciper dans des domaines dans lesquels ils voulaient vraiment aller. J'ai un daron qui a toujours voulu percer dans la musique, qui a fait plein de trucs bien, mais qui a toujours voulu avoir son studio, etc., et qui n'est pas forcément parvenu. Et j'ai une maman, je pense, qui avait énormément de potentiel pour créer une entreprise, etc., mais elle a consacré beaucoup de temps à notre éducation. Et donc, en fait, si tu prends les deux points, tu te dis, en fait, ils m'ont biberonné un peu de leurs rêves. Et quand j'étais en échec scolaire, ma mère m'a dit la cuisine, OK, mais si tu fais de la cuisine, tu fais un truc bien. Et je me suis rendu compte qu'ils nous ont donné ce truc là de si tu vas quelque part, il faut que tu sois pas le meilleur. Je ne suis pas sûr que ce soit ça qui m'est légué, mais le côté on veut que tu sois, que tu fasses quelque chose de bien. Exemplaire. Donc déjà, j'étais un peu conditionné là dedans, un peu, je dis biberonné à l'ambition, mais tu vois, voilà. Je pense qu'on est toujours un peu le miroir de nos parents et de leurs attentes. Et après, il y a eu des rencontres extrêmement structurantes. J'ai le souvenir d'un prof que j'ai rencontré en IUT. C'est le premier prof qui m'a fait comprendre que je n'étais pas si bête que ça. Parce que le système scolaire te laisse penser que tu es bête à force d'être en échec. C'est à peine à 38 ans, donc c'est maintenant que je m'aperçois que j'ai peut-être des choses qui m'ont mis en difficulté. Tu vois, des troubles de la concentration, un peu d'hyperactivité. l'hypersensibilité, hyper, hyper, enfin voilà.

  • Speaker #1

    Plein d'hyper à gérer au quotidien.

  • Speaker #2

    Ouais, plein d'hyper à gérer. En fait, on l'a popularisé, tous ces diagnostics-là ont été popularisés de manière très récente, mais je trouve qu'on aurait tous besoin, déjà, il faut le dire, il y a un cinquième de la population mondiale qui est hypersensible.

  • Speaker #1

    Ouais, j'en pense en tout à fait.

  • Speaker #2

    Donc quand on tombe déjà sur ce type de stats, tu te dis, ça veut dire qu'on est finalement quand même beaucoup à être concerné.

  • Speaker #1

    Et dans la pièce, là, on est quatre, peut-être un, deux, trois.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça. En fait, c'est des choses qui te ralentissent. Moi, je disais à Madarone, mais qu'est-ce que les profs disaient de moi ? Elle me dit, rêveur. Bon, déjà, ça doit t'alerter sur le côté, bon, le gamin, il est là, mais pas là. Et je pense qu'il y a eu des profs qui ont su lire un peu à travers ce côté, oui, je suis dans les vapes ou j'en sais rien, parce qu'ils voyaient que ça tournait quand même. Mais c'est vrai que tu finis par douter quand tes résultats sont négatifs. Et ce prof là m'a dit Anthony, vous n'êtes pas si bête que vous pensez, tentez l'école de commerce, elle est juste à côté, c'est à Evry, en plus elle n'est pas chère, vous êtes à côté, il faut y aller quoi, il faut tester. Et je suis rentré dans cette école de commerce, mais jamais de ma vie j'aurais tenté de faire une école de commerce pour toutes les raisons qu'on a évoquées. Psychologique déjà de se dire j'ai pas les moyens, personne ne l'a fait dans mon entourage avant, enfin c'est que des facteurs autodimitants, mais à un moment où quand on lève le voile sur ça on se dit bah pourquoi pas. qu'est-ce que j'ai à perdre au final ? Et après, c'est des portes qui s'ouvrent et une multitude de gens que tu rencontres. Ça se dessine, mais heureusement, moi, j'appelle ça des anges gardiens, des bonnes fées, des gens que tu crois sur ton parcours et qui vont être des détonateurs ultra positifs. Oui,

  • Speaker #1

    carrément. Et quand je t'écoute, il y a quelque chose dans lequel je pense, parce que s'il y a des jeunes qui écoutent le podcast, tu peux avoir ce déclic et dire je vais faire ce taf. et je vais y arriver ou ces études mais tu vois quand t'es jeune malgré tout il faut quand même pouvoir les financer ces études tu vois financer ton quotidien si c'est du public bon ça coûte un billet mais ça reste un billet abordable le privé ça peut coûter 10 000 euros ou plus par an comment toi en fait t'as géré ça est-ce que t'as été tes parents t'as emprunté t'as fait à côté à McDo à Carrefour non j'ai regardé ce qu'il y avait de gratuit dans le système j'ai pris les choses et j'ai fait

  • Speaker #2

    Enfin, je veux dire, sur ça, on est ultra chanceux. Il y a un chiffre qui m'a un peu marqué, qui était d'une étude sur le rapport des inégalités. Il faut vous dire qu'aux États-Unis, le plus petit montant d'une année d'études, c'est 9 000 dollars. Et au max, enfin en moyenne, max, c'est 50 000 dollars. Donc ça veut dire qu'un étudiant américain, pour vraiment faire ses études supérieures, ça va lui prendre 5 à 10 ans. Et en plus, il va se saigner, ça veut dire qu'il va faire un taf à côté, vraiment pour faire rentrer du cash, c'est-à-dire pour faire rentrer 9 000 dollars par an et se nourrir et se loger et se... Donc, on a ce privilège en France d'avoir des études qui, au bas mot, sur de la fac ou quoi que ce soit, qui est entre 350 euros et 1000 euros. Donc, c'est tout à fait absorbable. Moi, j'ai fait l'UT. J'ai fait une école qui coûtait 1000 balles par an. Et ensuite, j'ai fait... Et encore, il y a 60% de boursiers. Donc, je parle de cette école, l'Institut Milne Telecom Business School foncé. Et ensuite, il y a l'alternance. Bien sûr, j'aurais pu... Enfin, j'ai monté ma petite startup à côté. Donc, c'était... Je dis startup, mais c'était une toute... toute petite boîte, vraiment rien qui permet de briller dans un podcast. Mais voilà, j'ai eu ma petite expérience professionnelle, on va dire, à mon compte à ce moment-là. Et vraiment, après, j'ai continué par de l'alternance et j'ai fait la Sorbonne. Donc, mon plus grand conseil, c'est visez les meilleures formations. Tenez-vous du mal pour essayer d'y rentrer. Et surtout, ne vous limitez pas, n'écoutez absolument pas les gens qui vous disent c'est compliqué, c'est difficile, c'est sélectif. La dernière année, c'était le CELSA Paris-Sorbonne pour moi. Et vraiment, je revenais de loin en termes d'études. J'ai réussi le concours écrit, donc j'ai passé la deuxième étape, le concours orale, j'ai réussi l'oral. dans des conditions absolument atroces, mais j'ai réussi l'oral. Et voilà, Sorbonne sur la CV et sur le CV, mais ça change une vie. Je suis passé de gens envoyés sans CV, je n'avais pas de réponse quand c'était Evry sur mon CV seulement, malheureusement. C'est une réalité. Et ensuite, quand j'ai mis la Sorbonne, j'ai envoyé 13 CV pour l'alternance. J'ai eu 13 entretiens d'embauche. Et vraiment, ce n'est pas pour briller à nouveau sur ton podcast, c'est vraiment redire que malheureusement, on est dans un pays qui va accorder beaucoup d'attention, bien trop à mon sens, sur le nom de la fac. sur le nom de ta ville d'origine, sur ton nom tout court. Ça m'a beaucoup freiné à titre perso. Et aujourd'hui, mon rôle en tant qu'acteur associatif, c'est éviter que d'autres gens vivent ça. C'est un peu dur,

  • Speaker #1

    mais je pense que tu as des étiquettes connotées négativement et des étiquettes connotées positivement.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas normal qu'à compétence égale en France, quelqu'un qui a un nom à consonance étrangère ait sept fois moins de chances d'obtenir un entretien de recrutement. Et 30% de plus s'il a un nom à consonance maghrébine. Ça s'appelle du racisme. C'est statistique, c'est prouvé. Ce que je te dis là, ce sont des chiffres du défenseur des droits. Et moi, ça m'obsède parce que je me dis qu'en fait, il y a énormément de potentiels qui ont du talent. Et je dis potentiel parce que je crois toujours qu'on n'est pas talent. On est potentiel et on devient talent parce qu'il y a des gens qui croient en toi. Et je pense à tous ces gens qui ont du potentiel et qui pourraient devenir des talents dans des entreprises, mais juste parce qu'il n'y a pas le bon nom, parce qu'il n'y a pas la bonne fac, ou qu'il n'y a pas la bonne ville sur le CV. ça va les restreindre énormément dans leur démarche. Et la réalité, c'est que c'est une perte sèche pour la France puisque c'est des gens qui vont partir à l'étranger ou qui vont faire autre chose, alors qu'on a besoin de cerveaux, qu'on a besoin de gens qui innovent. Enfin voilà, c'est du gâchis.

  • Speaker #1

    Et tu vois, ça me fait penser à une amie avec qui je dînais hier soir et qui vient de se lancer dans l'entrepreneuriat et qui s'appelait, elle se reconnaîtra, qui s'appelait Dunia et qui a changé de prénom, qui s'appelle Roman maintenant. Et pour ses raisons, parce que tu vois, elle est sur un modèle où elle veut lever des fonds. et elle pense, et c'est vrai que je suis assez d'accord avec elle, qu'elle aura potentiellement une plus forte probabilité à passer l'étape de la rencontre. Déjà sur le CV, ça sera marqué Romane au lieu de Dunia. Et du coup, peut-être qu'après, elle pourra avoir la chance de prouver en face-to-face ses compétences, son talent.

  • Speaker #2

    Sur ça, j'ai une vision un peu partagée, parce que je comprends la démarche, qui est presque une démarche de désespoir, de changer son prénom, c'est changer son identité.

  • Speaker #1

    Depuis que tu es né. C'est ça.

  • Speaker #2

    c'est plus seulement masquer quelque chose ou quoi c'est transformer quelque chose qui c'est votre ADN en fait, je pense son prénom déjà un c'est un choix donc respect pour les gens qui l'ont fait deuxièmement je pense que quand on est contraint à ça c'est qu'on est contraint de moi ce qui m'embête un peu dans ce débat du changement de prénom je trouve qu'évidemment c'est la solution la plus simple et plus rapide pour la personne qui le fait pour moi j'y vois un peu de désespoir malheureusement en revanche ce qu'on essaie de créer avec l'assaut et qui est plus long terme c'est comment on trouve des alternatives à ça Comment on fait en sorte que des gens qui financent des projets à impact ou des projets entrepreneuriaux ressemblent à ceux qui sont discriminés ? C'est plus long, ça suppose de créer un espèce de collectif de gens engagés ou qui se sentent concernés par ces discrets ou par ces problèmes-là. Mais c'est ce qu'on essaye de constituer avec l'asso et ça commence à fonctionner. Avec des investisseurs, je pense à Paul Lay dont j'ai parlé, de la bellevie.com, je pense à Fariacha qui a créé aussi Golden Bees, qui l'a revendu au groupe Figaro, et pareil qui est investisseuse aujourd'hui, et commence à constituer un... pool d'investisseurs, de gens qui sont sensibles au discret, qui sont sensibles au fait de financer des porteurs de projets qui ne viennent pas toujours des mêmes environs géographiques ou sociaux.

  • Speaker #1

    Et en plus, clairement, tu peux en trouver parce que, tu vois, en préparant cette interview, j'ai fait un petit listing des gens qui ont, entre guillemets, réussi professionnellement. Et tu as des gens comme Mohamed Altrad qui est d'origine, alors je pense qu'il est français, mais qui est aussi d'origine syrienne, qui a monté un groupe leader dans les échafaudages qui fait 5 milliards de CA. t'as Patrick Brahi qui est d'origine marocaine avec Altice, 11 milliards de CERN Philippe Journeau qui est un peu moins connu mais qui est la compagnie de Strasbourg, une foncière et aussi Henri et Octave Claba j'ai interviewé Henri Claba, le patriarche de la famille Claba qui a fondé OVH et qui est d'origine polonaise et je pense aussi au SAAD,

  • Speaker #2

    Rodolphe et Tania SAAD, TMA-CGM qui ont créé le plus gros groupe de fret dans le monde et qui sont à Marseille et qui sont d'origine libanaise. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que si on regarde l'histoire des migrations de manière générale, alors on peut regarder l'histoire comme elle est décrite par le parti d'extrême droite, mais en revanche, tu peux regarder aussi l'histoire des migrations sous l'angle économique, et là, ça dit tout autre chose. Les États-Unis, d'ailleurs, loin s'en faut, soit Jeff Bezos, que ce soit qui d'autre ? Elon Musk. Elon Musk, enfin, et plein d'autres, sont des gens qui sont des fils ou filles d'immigrés, première, deuxième génération. Donc c'est intéressant de regarder en tout cas l'histoire des migrations sous ce spectre-là. Ça dit autre chose.

  • Speaker #1

    Elon Musk, il est assez connu, je crois qu'il est d'origine sud-africaine. Mais Jeff Bezos, il est d'origine ?

  • Speaker #2

    Je ne veux pas dire de bêtises.

  • Speaker #1

    On mettra dans les commentaires. Et si on revient du coup à ton parcours, donc tu rentres, donc tu as fait le DUT à Evry, puis l'Institut des Mines en master. Et du coup, après un master au CELSAR, qui est une école assez prestigieuse en com, si je n'ai pas de bêtise. Et qu'est-ce que tu as appris là-bas ? Est-ce que c'était aussi un peu un déclic ? Tu as côtoyé peut-être, puisqu'on pourrait en parler, mais d'autres personnes ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que le plus gros déclic, il est social. C'est la première fois où je me suis senti autant en décalage socialement avec les gens de mon formation. Pour être franc, je n'avais pas d'amis. Alors je pense que déjà, il y avait un décalage parce que j'avais très très faim professionnellement, j'avais plein de projets, j'avais déjà commencé à écrire un bouquin, etc. Donc j'étais un peu en décalage parce que je donnais déjà des cours à côté. Donc les gens se disaient, qu'est-ce qu'il fout là, lui ? Puis les gens avaient vite compris que je venais là pour le diplôme et pas forcément pour l'enseignement. Dit comme ça, c'est un peu trivial, mais je l'assume aujourd'hui. Je savais qu'il me manquait la bonne étiquette sur le CV pour dire j'ai fait la Sorbonne. Si les gens de la Sorbonne m'entendent, ils vont me... m'excommunier à vie mais j'assume ce côté là en fait je pense que quand on vient de zones qui sont moins considérées, on cherche des labels, des choses qui crédibilisent notre parcours, pour un gamin qui n'était pas fait pour les études, faire un premier master puis un deuxième master à la Sorbonne je peux dire que c'était enfin c'était presque un combat personnel du karaté et en vrai je considère que j'ai beaucoup plus appris à l'IUT avec une vision très 360 de la com, du marketing... de la comptabilité, du droit, c'était beaucoup plus complet que les formations que j'ai faites après qui étaient peut-être plus théoriques et moins professionnalisantes donc je me suis senti beaucoup plus porté et nourri par l'IUT que après, paradoxalement en revanche, en rien, je remets en cause la qualité des cours, j'ai eu des profs exceptionnels absolument partout mais c'est juste que j'ai vu l'impact de la Sorbonne sur mon CV et j'ai vu aussi le décalage social quand j'étais au Salsa parce que d'un coup c'était la première fois où quotidiennement j'étais obligé de quitter ma petite banlieue à faire RERD Evry et arriver sur les quai de Neuilly avec la ligne je ne sais plus combien et franchement c'était l'enfer et parfois j'y allais même en bagnole parce que je m'étais dit je vais gagner du temps et en fait je mettais 2h30 à y aller déjà tu traverses le monde parce qu'il faut se dire qu'Evry c'est vraiment Sud Paris et Neuilly c'est vraiment Nord-Ouest Paris donc il faut être à peu près le soir aussi Ouais, mais en fait, le RERD était tellement défaillant tout le temps. Moi, je l'utilisais, il l'est toujours, mais il y a des moments où il est vraiment défaillant et je mettais presque deux heures en train. Donc voilà, c'est un peu... Il faut en vouloir. Il faut avoir faim à ce moment-là et surtout quand tu sais le décalage qu'il peut y avoir sur certaines formations où tu rencontres des gens qui étaient prédestinés à aller dans ce type de programme ou d'école parce qu'ils vivaient à Neuilly ou à côté. Et à nouveau, je ne leur reproche rien, mais tu arrives là-bas, tu as un décalage. Enfin, moi, c'est ce que j'appelle l'itinéraire d'un transclasse. C'est... l'itinéraire que n'importe quelle personne va faire lorsqu'il change de classe sociale, mais ne le sait pas forcément. En termes de code, de valeur, de potes, de références, que ce soit sociale, culturelle, sortie, ciné, concert, j'en sais rien, artiste, on n'a pas les mêmes rêves, on n'a pas grandi aux mêmes endroits. Pourtant, géographiquement, on n'est pas très loin, mais il y a tout qui nous sépare.

  • Speaker #1

    Je te comprends, parce que moi, quand je suis l'originaire de Normandie, j'ai été faire mes études à Lille et je suis arrivé dans une école de commerce et pareil, je fais des cultures au début. et j'étais plutôt on va dire studieux et la majorité n'était pas très studieux pareil il y a eu un peu un sas le temps de trouver des potes ta bande de potes quoi et bizarrement c'est que tu vas retrouver des gens qui te ressemblent au départ pas mal et puis vous faites votre chemin ensemble mais c'est

  • Speaker #2

    vrai que c'est un peu ce que je reproche aujourd'hui à une formation comme le CELSA sur le papier il y a écrit c'est ouvert à tous et dans la promotion que l'école va faire ou dans la capacité à aller attirer des élèves différents il n'y en a quasiment aucune Je me souviens quand j'avais fait, donc j'étais diplômé du CELSA et j'avais proposé de faire la promotion de l'école dans mon IUT à Evry. Et quand j'ai appelé pour dire j'aimerais bien avoir des plaquettes, la secrétaire m'a dit Alors Evry, ça va être compliqué ? Je dis Non, non, c'est pas Evry, c'est Evry. Elle dit Ah non, mais on n'aura jamais un livreur pour vous emmener des plaquettes là-bas, c'est impossible, on ne l'a jamais fait. Et dans ma tête, je disais donc La promotion du CELSA, c'est Paris Intramuros, Point Bar ou Neuilly ou les villes avoisinantes. Là, je me suis dit On a vraiment...

  • Speaker #1

    Tu penses que quand on te dit ça, c'est inconscient ?

  • Speaker #2

    Complètement. Je pense que c'est... Oui, mais c'est là où c'est flippant. Parce que si je serais conscient, je me dirais, bon, il faut péter la strate ou virer la personne. Alors que là, c'est-à-dire, c'est tellement dans nos gènes de ne jamais aller promouvoir ce qu'on fait en dehors de nos remparts, que là, d'un coup, ça te met une gifle. Ce que tu dis, c'est même plus conscient. Ça veut dire qu'on a toujours fait comme ça. Et c'est ça qui me fait peur, parce que vous êtes une école publique. Et je me souviens, c'était ma prof de... J'étais en IUT donc, deuxième année.

  • Speaker #0

    Et ma prof, on peut dire que c'était la directrice pédagogique, Marisol Craver, elle voyait mes notes. Bon, déjà, c'est elle qui avait proposé mon redoublement. Donc, tu vois, il y avait un rôle très maternel, parce qu'à la fois, c'est celle qui m'avait fait redoubler, mais celle qui me guidait un peu dans mon quotidien. Et quand je lui dis, j'aimerais bien faire de la com après, je lui dis, c'est quoi le mieux ? Elle me dit, c'est le CELSA Paris-Sarbonne, Anthony. Et je lui dis, mais est-ce que... Et là, j'ai lu une forme de désespoir dans ses yeux. Elle s'est dit, mais... Anthony, c'est la meilleure, mais vu votre niveau d'orthographe, vu votre niveau j'ai senti que c'était en mode pour pas me décourager essayez, vous avez rien à perdre et j'ai essayé, j'avais rien à perdre, je l'ai fait mais c'est vrai que j'aurais pu me mettre beaucoup de barrières à ce moment-là parce que voilà, une des plus belles écoles de com en France et qui est publique à nouveau ça veut dire que faire le CELSA à Sorbonne vous coûte 300 euros, littéralement et je me souviens de l'intranet du CELSA c'est assez traumatisant, c'est-à-dire que toutes les offres que tu vois pas passer de responsables, je ne sais pas, chargés de com chez Louis Vuitton, chargés de com chez je ne sais pas quelle belle entreprise ou marque, ne sont pas sur les sites publics. Par contre, ils sont sur le site de l'Internet du Ciel Zin, parce que ce n'est que des anciens.

  • Speaker #1

    Donc, ça perpétue forcément des choses.

  • Speaker #0

    C'est là qu'on se rend compte que ça a un petit avantage et un privilège de rentrer dans ce genre d'école.

  • Speaker #1

    Et toi, du coup, quand tu montes à Paris, mieux tu montes à Neuilly. Est-ce que, du coup, tu as des potes ? avec qui tu partages un peu la même ambition ? Je parle dans tes potes un peu d'enfance. Déverie, est-ce que vous êtes une bande de potes à s'être embarqués un peu dans on va tout casser ? Non.

  • Speaker #0

    Non, et d'ailleurs, je dis que tout le temps, ou après, il y a eu une dizaine d'années où j'ai vraiment essayé de prendre ma place dans la communication, ce qui a fait qu'à un moment, j'ai vrillé et que j'ai décidé d'ailleurs de créer DiversiDays avec mon ancienne copine de promo. C'est que j'ai eu l'impression de me déraciner. déraciné de mes valeurs, de mon socle, de là où je venais, mon identité, Evry, là où j'ai grandi, mes amis, ma famille. Et j'ai eu le sentiment d'être un peu seul dans cet itinéraire du transclasse. Et paradoxalement, je dis souvent qu'un arbre sans racines, c'est un arbre qui tombe. Et donc se déraciner, c'est une prise de risque. Et je me suis déraciné de manière très inconsciente. Dire, ben voilà, j'arrive à Neuilly ou à Levallois, etc. Tu rentres dans le monde de la com, après t'as plus le choix de prendre un appartement dans le coin en question. Et je pense que c'est ça qui peut créer un désalignement aussi, c'est qu'en fait, tu es un peu seul dans ta quête. Cette quête, je pense qu'on est finalement nombreux à... Tu sais, on dit Paris, c'est la ville... Non, Paris, c'est la campagne qui réussit. Il y avait quelqu'un qui m'a dit ça.

  • Speaker #1

    Je n'avais jamais entendu ça.

  • Speaker #0

    Et parce qu'en fait, on dit souvent les Parisiens, les Parisiens, mais en fait, tu as 90% des gens qui sont à Paris qui sont des gens qui viennent d'ailleurs. Et qu'on cherchait dans cette ville le fait de vouloir réussir, etc. Et je trouve dans cette quête-là... C'est un exercice un peu solitaire. A titre perso, je me suis rendu compte quand j'ai fait un deuxième master, mes potes déjà m'ont dit Anto, tu as fait un premier master, lance-toi ! Je leur ai dit Mais moi, je cherche quelque chose qui va me permettre de rentrer dans le monde de la com. Et je voyais bien que le premier diplôme ne suffirait pas. Malheureusement, à nouveau, la ville de banlieue sur le CV, pas d'expérience dans un grand groupe, le côté non-consonance à l'étranger, sans faire la victime, juste me ramener à des trucs rationnels de je suis en train de galérer Je me souviens que ma mère m'a dit Mais tu sais quoi ? mets mon nom de jeune fille, mets une adresse à Paris. Je dis, mais l'adresse de qui ? On n'avait pas de famille. Donc, tu vois, c'est plein de même de choses que je repense. Je disais, ma mère avait bien capté. Et moi, j'étais dans un truc un peu de, bon, on va tenter d'autres pistes. Et non, c'est un exercice solitaire. Et oui, je me suis un peu déraciné. J'ai l'impression que pendant une dizaine d'années, ma prio, ce n'était pas les potes. C'était vraiment genre percé professionnellement. Et là où ça a fini par payer, c'est que je pense que quand tu passes énormément de temps sur un projet. Quand tu bosses deux fois plus que les autres, déjà, tu arrives sur la ligne de départ. Je dis souvent qu'on n'a pas la même ligne de départ. Nous, en tant que ruraux,

  • Speaker #1

    on n'a pas ce type d'objet de rattraper.

  • Speaker #0

    Exactement. Juste en termes de rêve, de connaissance, de compréhension de ce monde, déjà, juste revenir sur la même base de départ, ça, c'est un challenge.

  • Speaker #1

    De normes aussi de ces milieux un peu plus...

  • Speaker #0

    Un peu plus bourgeois, un peu plus renseignés, informés sur comment fonctionne ce monde. Et c'est là où le cardio, il rentre en compte. C'est ce que tu le veux vraiment. Tu vois, dans cette espèce de quête de progression, de prendre sa place dans un environnement professionnel, moi je me rends compte que j'ai bossé jour et nuit après. Et c'est vraiment la détermination, l'envie sans relâche d'en être. Et je pense que c'est là où c'est le plus difficile. Je le vois avec beaucoup d'entrepreneurs qu'on accompagne. On est là pour leur faire gagner du temps. Globalement, ce qui m'a manqué quand j'ai voulu créer ma première entreprise, c'était des moyens financiers. du conseil pour avoir confiance en moi dans ma démarche et bien sûr toute la partie on va dire plus accompagnement du quotidien et d'avoir des représentations positives se dire que c'est possible donc on essaye de corriger ça aujourd'hui avec les gens qu'on accompagne parce que moi titre personnel à l'époque ça m'avait vachement ralenti donc on essaie de leur faire gagner du temps mais quand même faut du cardio quand tu arrives dans la start up nation crée ta boîte là dedans que tout le monde parle franglish qui a plein de termes techniques que tout le monde est bilingue, trilingue, parce que dès le plus jeune âge, ils sont allés faire des voyages au bout du monde ou faire leur année de césure dans je ne sais pas quel pays, que la plupart ont fait une grande école, qu'ils maîtrisent des fondamentaux sur la compta, gestion, droit, etc., ou qu'ils ont les bons potes pour les aider sur ces sujets, et la love money des parents, je ne dis pas que c'est facile pour eux. En revanche, ils ont un socle qui leur permet normalement de réussir plus facilement. Donc, nous, on est là pour leur faciliter ça, mais je suis aussi conscient que le cardio y compte. C'est-à-dire, en gros, à l'instant où tu es arrivé sur la même ligne de départ, Est-ce que tu es encore prêt à courir pendant plusieurs dizaines de kilomètres pour être juste champion dans ton domaine ? Beaucoup d'appelés, peu d'élus. Maintenant, j'ai plein de gens que j'ai en tête, qu'on a accompagnés, qui font des choses formidables. Je pense à l'équipe KUNTO, qui est une application pour faire du sport pour les personnes en situation de handicap. Lui, il a créé une appli qui est en train de cartonner. Je pense à Lubna Ksibi, qui a créé Meet My Mama, qui est devenue une plateforme exceptionnelle pour les femmes. on va dire issus des minorités au sens large et qui s'émancipent à travers la cuisine en étant traiteurs, etc. Je pense à Khaled El Mazayan qui a créé Inovaya, une solution technique pour le traitement de l'eau et en particulier dans des zones isolées ou dans des zones de conflit. Enfin, que des gens qui ont des parcours de ouf et pour lesquels ce n'était pas écrit d'avance qu'ils allaient réussir.

  • Speaker #1

    Et tu vois, dans la texte, ça me fait penser, hier soir, j'ai regardé un petit peu dans les... dans les patrons ou patronnes de licorne donc c'est des boîtes qui valent plus d'un milliard de dollars dans le monde des start up après j'ai pas fait tous les founders mais j'ai trouvé que je sais pas si tu connais Jonathan Gailov qui est le cofondateur d'aircall et qui a des origines je crois que sa maman est bulgare mais sinon en effet majoritairement parce que j'avais fait il y a longtemps l'exercice je crois que c'est quand même je dirais pas 30 40 50 facile d'HEC, ESSEC, ESCP, EDEC

  • Speaker #0

    C'est marrant que tu parles de Jonathan, parce que Jonathan, c'est aussi un enfant de la DAS. Et je trouve ça intéressant de ne pas s'arrêter qu'à la diversité sociale, ethnique ou culturelle. Moi, mes sujets m'ont poussé à aller beaucoup plus loin sur la question du genre, sur la question du handicap, sur la question des vulnérabilités, on peut dire invisibles. Quand on est une personne LGBTQIA+, on peut être victime de discrimination parce qu'on a fait une transition, parce qu'on a fait son coming out, etc. Donc il y a plein de choses qui peuvent expliquer les discriminations. Mais le sociotype que tu décris, en effet, c'est un peu la caricature de la Startup Nation. Et à la limite, très bien que ces gens la réussissent, mais en revanche, comment on fait en sorte que d'autres puissent aussi avoir leur place ? Aujourd'hui, il y a le programme French Tech Tremplin, il y a les programmes de Diversity Days, il y a des programmes appuyés par la BPI, donc il y a des dispositifs innovants qui ont aidé vachement à faire émerger ça. Mais un, il faut que ça dure. Deux, les personnes que ça concerne, il faut qu'ils s'autorisent à frapper à nos portes et à créer quelque chose. Et trois, c'est... j'ai un enjeu. énorme sur ces fondateurs de start-up, comme tu l'as dit, qui sont un peu... qui se ressemblent beaucoup, c'est de les faire s'engager véritablement pour que leur boîte ne soit pas des boîtes de clones. Parce qu'être un homme blanc de plus de 40 qui gagne bien sa vie ou qui a fait une bonne école, c'est pas un problème. En revanche, être cette personne-là, mais avoir aucun engagement et aucune conscience des responsabilités qu'il a sur cette société, ça, c'est emmerdant. Et ça, c'est mon challenge de... C'est le challenge de ma vie. Faire en sorte que ces gens-là, qui sont en responsabilité, qui recrutent des gens dans notre pays, ne recrutent pas que des clones. Et là, je peux te dire qu'il y a un gros taf à faire.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi. Et puis aussi, tu vois, ce n'est pas qu'une question entre guillemets de conviction éthique politique. Moi, je pense fondamentalement que dans les boîtes innovantes, il faut de la créativité. Et de la créativité, si tu mets dix mecs ou dix filles qui se ressemblent dans la même pièce, elle va être moindre.

  • Speaker #0

    Et c'est prouvé. C'est-à-dire, tu as une étude McKinsey qui existe depuis une dizaine d'années là-dessus, qui montre que des équipes diverses sont 30% plus probables ou capables d'innover. Donc... Ça veut dire que c'est même pas...

  • Speaker #1

    C'est Ren McKinsey.

  • Speaker #0

    Je ne sais plus s'il fait bon de les citer dans une interview, mais ce qui est sûr, c'est que c'est eux qui suivent ce sujet-là de l'impact de la diversité et de l'inclusion sur la performance ou sur l'innovation dans une entreprise. Donc c'est quantifié, c'est qualifié, et c'est intéressant parce que ça veut aussi dire beaucoup de choses sur la capacité d'innovation d'une entreprise qui va être diversifiée.

  • Speaker #1

    Ok, et si on revient sur ton parcours, Anthony, du coup aujourd'hui tu as 38 ans, si je ne dis pas de bêtises. T'as un parcours assez riche, on va parler de diversi-days après, mais avant, je pense que ton expérience la plus significative, c'est chez TWBA.

  • Speaker #0

    TBWA.

  • Speaker #1

    TBWA, excuse-moi, qui est donc, je crois, j'ai noté, j'ai lu que c'était la troisième agence de pub en France. Est-ce que tu peux nous parler de cette expérience ? Qu'est-ce que t'as appris ? Et du coup, je crois que t'as été jusqu'à être directeur corporate.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais directeur général adjoint en charge du numérique. Écoute, ça a été une expérience sans doute la plus significative de ma vie au niveau professionnel avant d'avoir l'assaut. Je dis souvent que j'ai tout appris là-bas, c'était ma deuxième école, parce que déjà je suis tombé sur un patron, et ça s'est fait de manière tout à fait inconsciente, mais qui est d'origine américaine et qui était beaucoup plus sur le pédigré des gens que sur leur cursus scolaire ou quoi que ce soit. Et je me souviens d'un des premiers échanges que j'ai eu avec lui, évidemment, il m'avait recruté, ma feuille de route était plutôt claire sur ce que je devais réaliser. mais beaucoup moins sur les objectifs du quotidien. Et je me souviens, être rentré dans son bureau, lui avoir dit, bon, on se pose, qu'est-ce que tu attends de moi ? C'est quoi ma feuille de route ? Il m'a dit, Mano, tu sais ce que tu dois faire ? Et là, je me suis dit, waouh, tu as un patron dont tu attends, tu sais, quelque chose d'extrêmement cérébral, carré, etc. Et je pense qu'il ne me l'a jamais dit, mais qu'il m'avait très vite capté en disant, si je te bride dans un espèce de truc très corseté, très convenu avec une feuille de route, tu vas t'ennuyer, ça ne va pas fonctionner. Donc il m'a laissé avec ma créativité. La première année a été une année extrêmement compliquée d'un point de vue personnel parce que je suis arrivé dans un environnement que je maîtrisais tout juste, qui était le monde bobo de la com parisienne. Et ça a été extrêmement difficile au départ de faire mes marques. J'ai senti beaucoup de concurrence interne, d'hostilité même. Je suis arrivé, j'avais déjà écrit plusieurs bouquins, j'étais chroniqueur BFM Business. J'avais un peu ma visibilité sur mes sujets. Et je dis souvent, en fait, je suis arrivé et les gens se sont dit, soit c'est un génie. parce que 26 ans, le mec, tout ça, ou soit c'est une coquille vide. Et comme je suis aucun des deux, ça a été très difficile parce que les gens m'ont chargé de plein d'intentions, de taffes. J'ai été surmené la première année, c'était très délicat. Même limite, j'étais un peu dégradé dans ma fonction de manager. J'étais arrivé pour manager une équipe et on m'en a désaisi. Donc ça a été très humiliant. J'en parle rarement, c'est la première fois que j'en parle dans un podcast, mais aujourd'hui, je me sens plus libre d'en parler. Mais je pense que c'était un moment professionnel assez humiliant parce qu'on m'a fait comprendre que globalement, j'avais pas... la capacité de manager une équipe ou en tout cas que des gens étaient venus dire, rapporter des choses qui n'étaient pas forcément vraies d'ailleurs, je le sais avec le recul à présent, mais pour essayer de me déstabiliser. Et écoute, j'ai...

  • Speaker #1

    Pour comprendre, Anthony, tu as été mis sur un poste à responsabilité ou...

  • Speaker #0

    En fait, on m'a dit...

  • Speaker #1

    Dès le départ ? Ouais,

  • Speaker #0

    on m'a dit dans cette agence-là, donc TBWA, qui est un des plus gros groupes de conseils en communication et publicité dans le monde, en France qui est une grosse entité, c'est plus de, je ne sais plus, plus de 1000 personnes. Et donc, on m'a dit, il faut créer une entité liée à la communication numérique. Il y avait deux stagiaires et une personne en place. Et donc, on m'a dit, tu vas manager cette équipe. Et l'arrivée a été un peu brutale parce que pendant six mois, il n'y avait personne sur le poste. Il n'y avait pas vraiment de feuilles de route quadrillées. Il y avait plein de clients qui étaient en demande, mais on est au début du social media dans les entreprises. C'est ce que ça veut dire pour elles. On est en 2010. Et à ce moment-là, tout le monde m'attend, tournant, en disant, on a besoin de quelqu'un comme toi qui a tes compétences. Et voilà, je me suis pris les pieds dans le plat et par chance, à l'époque, j'ai celle qui est devenue après cofondatrice de l'association Diversidades Mounira, qui me connaissait à titre perso, qui me disait Antho, tu vaux mieux que ça. Te laisse pas désarçonner, intimider, boss, sois discret, dans le sens, fais pas de vagues. Et écoute, j'ai suivi ses conseils, je me suis vachement impliqué. Et on a gagné des premières compétitions, une deuxième, une troisième. Ensuite, les gens comprennent que tu es là pour réussir et que tu n'es pas là pour rire avec eux ou céder à leur pression.

  • Speaker #1

    Quand tu dis des compétitions, c'est quoi ? C'est des appels d'offres ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est des gros appels d'offres. En fait, une agence est toujours dans ce cycle-là, de tous les 3-4 mois, avoir des gros appels à projets qui tombent. Et surtout, les cycles de vie de clients durent 2-3 ans. Donc, c'est une quête constante de nouveaux appels à projets. donc ça peut être pour faire la campagne, pour gouvernement ça peut être pour un grand compte, etc et donc moi ma spécialité c'était l'accompagnement des dirigeants sur le numérique et l'accompagnement des entreprises aussi sur les réseaux sociaux et en fait ouais avec un peu d'abnégation un peu de tu serres fort la gorge et tu te tais pendant un an je me suis concentré sur le taf jour et nuit et après bah voilà tu recrutes une première personne on te redonne un petit peu de responsabilité la personne qui était au dessus de toi bah en fait tu passes manager et puis après tu exiges aussi des choses que le niveau de rémunération n'était pas aligné et donc oui au bout de 4 ans je suis devenu directeur général adjoint en charge du numérique où j'avais au total on était une trentaine t'avais une vingtaine de community managers social media managers aussi créatifs et puis aussi pas mal de free de gens qui intervenaient sur des événements et c'est vrai que c'était génial parce que d'un coup t'as une vraie team tu t'émancipes aussi en tant que manager t'apprends ce que c'est aussi que d'avoir des responsabilités à embaucher des gens, des gens qui s'en vont, des gens qui ça se passe bien, d'autres pas bien. Donc je dis souvent que j'ai tout appris là-bas. C'était une superbe école, une deuxième école pour moi, avec des gens qui ont été vraiment des mentors, Emeline Korengold et Anne-Cécile Thoman, qui sont à la tête d'Edelman maintenant, qui est une grosse agence de relations publiques, mais qui ont été des mentors pour moi, qui m'ont toujours fait confiance. Et en plus, quand j'ai dit que je voulais partir, je leur ai dit la seule chose qui me retient, c'est si vous m'aidez à créer une structure d'égalité des chances. En interne,

  • Speaker #1

    du coup ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Et du coup, il faut le savoir, pour tous ceux qui veulent créer des projets créatifs, une agence, elle a souvent ce qu'on appelle du temps en pro bono. C'est le terme américain pour parler du temps de collaborateur qui est alloué à des projets non-profit. Et donc moi, pendant six mois, j'ai des équipes créatives qui ont bossé sur le non-diversity, sur l'identité, sur le premier événement. C'était en 2017. Et aujourd'hui, me voilà à la tête de ce projet, huit ans plus tard, à y passer tout mon temps.

  • Speaker #1

    Donc en 2017, tu sautes le pas avec DiversiDays. Est-ce que déjà tu peux nous rappeler en quelques mots ce que c'est DiversiDays ?

  • Speaker #0

    Oui, structure d'égalité des chances. Notre objectif, c'est d'aider des gens qui ont perdu confiance en eux, compte tenu de parfois des obstacles professionnels, de leur singularité, de ce qui a pu leur renvoyer le monde du travail. Donc on remet en confiance des gens surtout qui ont envie de se reconvertir dans les métiers du numérique. les armer dans leur projet de reprise d'études ou projet de reconversion pro au sens pur. C'est-à-dire, tiens, tu étais chauffeur poids lourd et puis, en fait, tu as toujours été un peu geekos ou tu as toujours aimé un peu l'informatique, les réseaux sociaux, j'en sais rien, peu importe. Et tu te dis, pourquoi pas ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi pas me reconvertir ? Et donc, on facilite cette reconversion-là. On a un programme qui s'appelle Déclic Numérique qui a accompagné près de 13 000 personnes sur les cinq dernières années. Donc, c'est des gros volumes, dont une bonne moitié qui a repris les études dans les 12 à 18 mois. Donc on est un espèce d'accélérateur au retour vers la formation dans le numérique. Pour te dire, ça fait presque 6000 personnes en France qui ont repris les études grâce à des clics numériques, ce qui est un gros rien pour voyeurs. Alors on ne le fait pas seul, on a plein de partenaires, que ce soit des grandes formations, c'est un plomb 42, Connexio en particulier, mais on a aussi toute la PEC, France Travail, le ministère du Travail, la GFI, AXA, Google et plein d'autres qui nous financent et qui permettent d'avoir une équipe qui est derrière. On a un deuxième grand programme qui est un programme d'accompagnement à l'entrepreneuriat qui s'appelle le Leadership Programme. On a à peu près 500 entrepreneurs qui ont rejoint ce programme-là. Et là, on va l'accélérer. Alors, je fais un teasing, je ne sais pas quand est-ce que sort le podcast, mais il sera public d'ici là, je pense. On a été retenu par BPI France aussi pour être dans plusieurs régions. Donc voilà, on va chercher tous les talents des quartiers. En particulier, là, ce sera très quartier. Tous les talents des quartiers qui veulent créer une startup et qui veulent avoir un petit peu plus de traction. Et mon dernier programme, c'est... Take Your Place c'est un programme plutôt pour permettre aux startups d'avoir des stratégies de diversité et d'inclusion elles sont à peine 13% à avoir vraiment armé,

  • Speaker #1

    musclé leur stratégie sur ce sujet et donc il y a un travail monumental de sensibiliser ces boîtes aux pratiques inclusives recrutement inclusif etc ok et sur ces trois programmes du coup est-ce que depuis quelques années je ne sais pas il y a un parcours qui t'a marqué tu vois une startup une jeune entreprise qui t'a marqué et que tu aimerais partager une

  • Speaker #0

    ou deux trois c'est dur il y en a tellement en fait Beaucoup m'inspirent par leur résilience et aussi par leur envie de vraiment percer dans leur domaine. Je vais parler de ceux, un qui vient de rejoindre le board, il a fait un peu le grand chelème, j'en ai parlé tout à l'heure, il s'appelle Lekunto, mais il s'appelle Hicham, un des cofondateurs. Je les adore parce qu'en tout cas, en moi, c'est un miroir. On a peut-être 6-7 ans d'écart, mais déjà ils viennent pour la plupart d'entre eux du 91, ils ont grandi à Grigny. À Grigny, on se le redit de manière simple, mais c'est une des villes qui est toujours citée pour des raisons négatives. Donc, ils font partie un peu des héros de cette ville. Héros positifs dans le sens où ils entreprennent dans la tech. Ils ont eu le flair parce qu'en plein Covid, ils avaient lancé un concept de food truck. Donc, ils se sont complètement cassés la gueule. Mais ils ont rebondi parce qu'ils sont trois potes. Ils s'entendent super bien, potes d'enfance, etc. Et ils ont décidé de lancer leur application. Et depuis 2-3 ans maintenant, ils cartonnent, ils sont absolument partout. Hicham en particulier a été lauréat de Talents des Cités, prix du jury, prix coup de cœur. Ils ont été pris aussi, retenus sur des trophées en D-Tech, etc. Donc, ils cochent toutes les cases. Et moi, là où ils m'inspirent, c'est que je trouve qu'il y a un supplément d'âme que je retrouve chez pas mal d'entrepreneurs qui viennent des quartiers, zones rurales et aussi des gens qui ont connu des galères. où en fait ils le font évidemment pour monter un business, etc. Mais il y a toujours l'ancrage sur la question de la cause, de l'impact social, de la raison pour laquelle ils le font qui m'anime énormément. C'est-à-dire qu'il y a toujours ce sujet de l'impact qui est en fond et qui est intrinsèque. Parce que je veux aider les miens, je veux aider mes proches, je veux aider des gens qui ont connu des vulnérabilités. Et c'est pour ça que je me sens très en cohésion avec eux, et en particulier avec Hicham qui a rejoint le board de l'association. Parce que c'est ça aussi la boucle est bouclée à l'instant où moi je... Je considère qu'on avait réussi, et je mets des grands guillemets à réussi, parce qu'on n'a jamais réussi dans l'entrepreneuriat social. Il y a des millions de gens à aider. Le problème, c'est qu'il y a toujours plus de gens, parce que notre société ne va pas très bien. C'est ça. Mais le petit, on va dire, warning positif ou clignotage positif qu'il y avait eu, c'était Khaled, qui a levé, je ne sais plus combien, 10 millions d'euros, qui m'a dit en taux, je vais faire un don à l'association. Mais un vrai don. Parce qu'il me dit, c'est grâce à vous. Pas 10 euros,

  • Speaker #1

    quoi.

  • Speaker #0

    Non, c'est ça. Et je ne sais pas, c'était un beau symbole pour nous, au même titre que Hicham qui rejoint notre board, parce que ça veut dire que c'est la boucle qui commence à s'alimenter et c'est des beaux signaux en tout cas. Ça veut dire qu'on ne fait pas trop mal notre job normalement.

  • Speaker #1

    Tu me rappelles une belle boucle, tu en as parlé de l'école 42 qui a été créée par Xavier Niel. Je crois, parce qu'au début, je m'y intéressais, je me disais comment, c'est Niel qui finance. Mais je crois qu'il avait dit justement que potentiellement, un de ses objectifs, c'était que les gens qui ont trouvé un taf, et souvent, c'est des tafs qui sont quand même assez bien payés, un jour puissent refinancer les personnes qui vont passer par 42.

  • Speaker #0

    Ben oui, oui. C'est une stratégie long terme. C'est plus long, c'est plus difficile, mais au fin mot, c'est ce qu'on souhaite. C'est qu'à un moment, Et donc, si c'est auto-alimenté, enfin voilà. Par exemple, le président de l'asso actuellement, c'est Nadim. Nadim, c'était le premier bénévole de l'association. Ça me va très bien aussi. Donc voilà, je suis en plan de pré-retraite.

  • Speaker #1

    Et si on avance un petit peu sur ton parcours, donc aujourd'hui, tu es à full time sur Diversity Day. Mais alors, il s'est quand même passé quelque chose. Je pense que tu es fier et tu peux. En 2022, tu es rentré dans le programme Obama Leaders, donc Obama pour Barack Obama. Et Michel, je ne sais pas, tu me diras.

  • Speaker #0

    C'est leur fondation à tous les deux.

  • Speaker #1

    Ok. Est-ce que du coup, tu peux nous en parler ? Ça consiste en quoi ? Et pourquoi, selon toi, tu as été choisi aussi ?

  • Speaker #0

    Dure comme question. Je vais commencer par ça, parce que je trouve que c'est intéressant. J'ai été choisi parce que j'ai postulé déjà. Donc, c'est une invitation à tous ceux qui... T'as fait ? Mais oui, en fait, on a tous ce putain... Pardon, je suis un peu vulgaire, mais ce putain de syndrome de l'imposteur où on se dit, est-ce que c'est vraiment fait pour moi ? Oh, il y a des gens qui ont fait ci, qui ont fait ça. Et je trouve que c'est ce qui est assez fort dans la Obama Foundation, c'est qu'il y a des gens qui, peut-être de prime abord, on se dit bah pourtant il n'est pas si visible ou pas si ceci cela mais justement la force du réseau de Michel et Barack Obama, c'est vraiment de se dire on va repérer des gens qui sont peut-être sous les radars à qui on va apporter de la force Donc ça c'est l'ambition première aussi. Et puis repérer évidemment des progressistes, des gens qui ont envie d'avoir des gens qui s'impliquent dans le débat public ou sur des questions d'intérêt général de manière un peu… un peu visibles, pour faire en sorte qu'on n'ait pas que des vieux grincheux à la tête de nos sociétés. Deuxième chose, moi j'avais été recommandé, donc il y a ce processus de recommandation, si vous connaissez quelqu'un qui a fait le programme, il a le potentiel de vous recommander, donc il ne faut pas se gêner, des gens qui me suivraient, qui m'écouteraient et avec qui je suis en contact, où on partage des choses, qui m'invitent à prendre un café, que ce soit virtuel, visuel, comme ils veulent, mais en tout cas je suis toujours prompt à donner des infos sur ce programme, parce que moi il a changé ma vie. En fait, je trouve qu'à l'instant où quelqu'un qui a son aura, qui a son parcours et ses convictions met la lumière sur ce que vous faites, ça apporte énormément de force. Voilà, donc on se sent tout petit. Et surtout que j'ai eu cette chance avec les différents leaders de ma promo de rencontrer Barack Obama. Et c'était une rencontre transcendante parce que c'est quelqu'un, c'est un grand leader, c'est quelqu'un qui écoute. C'est quelqu'un qui était en connivence avec nous et qui a passé beaucoup de temps à essayer de réparer nos névroses. parce qu'on est tous en tant qu'entrepreneurs sociaux à se poser mille et une questions sur notre légitimité l'adversité, le rapport au compromis slash la compromission donc on est tous un peu animés par les mêmes questions et ça fait du bien de se retrouver à un moment dans un programme avec des gens qui ont le même rapport au monde ou le même rapport au questionnement sur qu'est-ce qui pourrait me faire plier donc Donc c'était un super programme et je me sens extrêmement chanceux. Et j'invite tous ceux qui ont envie à postuler. Il y a un seul critère que je déteste, c'est la limite d'âge. Donc si vous avez plus de 45, ce n'est pas possible. Mais de 25 à 45, foncez. Je n'y suis pour rien. Je suis le premier à leur dire que c'est naze. Mais voilà, c'est leur critère.

  • Speaker #1

    Forcément, je te la pose. Est-ce que tu as une anecdote sur Barack Obama ? Comment il est ? Parce que des fois, il y a des personnages, entre guillemets, publics, qui sont différents. entre l'image publique et privée, ce qui est aussi parfois normal. Mais tu vois, est-ce que tu as quelque chose à nous raconter ? De quoi tu as parlé avec Barack Obama ?

  • Speaker #0

    Allez, Jean, tac au tac, la première anecdote amusante, c'est son sourire. Parce qu'on sait qu'il a un sourire qui est ultra communicatif. Et quand on a eu la photo d'équipe, en fait, on nous a rangé un peu en randonnion. Et bon, il s'est avéré que j'étais vraiment à côté de lui. Et donc, du coup... il me dit, bon, c'est le moment du sourire. Et il fait ce grand sourire éclatant que tout le monde connaît. Et il dit, en gros, il nous dit, ça, c'est ma technique. C'est-à-dire, tant qu'il y a la photo, vous souriez. Et c'est vrai que c'est amusant de voir que c'est presque devenu une private joke parce que son sourire a fait partie aussi de la raison pour laquelle à un moment, des gens ont voté pour lui. Je parle de sa bonhomie. Il y a même ce dessin avec le Yes Weekend qui est devenu extrêmement populaire. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut en rien négliger le côté homme de relation publique aussi, qui travaille les trucs. C'était amusant qu'il nous fasse part de son tips pour les photos. Vous ne lâchez pas le sourire. Dès que la photo s'est arrêtée, il a arrêté son sourire. Deuxième anecdote moins fun, mais plus personnelle. J'ai pu lui dire, lorsqu'on a eu un échange, il y a eu des échanges très informels, un cocktail. Donc ça, c'était ouf, on avait deux heures avec lui.

  • Speaker #1

    Cocktail avec Bach,

  • Speaker #0

    c'est pas mal. Oui, en plus, avec des échanges plus interpersonnels. Donc chacun, si tu avais envie de lui dire, ma mère vous adore. Et moi, je lui ai dit à quel point le fait d'avoir eu sa confiance avait changé mon rapport à des personnalités publiques ou institutionnelles. Et en fait, il m'a dit oui. Et tu sais, je m'attendais à ce qu'il me dise, super. Et en fait... je pense qu'il en est conscient et c'est intéressant d'avoir conscience de son leadership parce que ça veut dire qu'il sait la force qu'il nous apporte et ça je trouve que c'est quelque chose dont on parle absolument pas en France et qui est quand même très très puissant de la part des américains ils ont plein de défauts mais ils ont cette qualité là c'est de savoir la force du leadership la force de en fait moi en tant que leader quelle force je peux apporter à quelqu'un à l'instant où je le recommande à l'instant où je lui il fait part de mon mouvement etc et donc il était très conscient de ça et moi ça m'a fait du bien parce que je me suis dit ok ça veut dire qu'il fait ça pour ça Il sait qu'il lui reste peut-être dix ans à avoir l'aura qu'il a, ou peut-être moins, peut-être plus, j'en sais rien, parce qu'il est en train de créer son espèce de grand héritage à Chicago avec un lieu extrêmement important sur les minorités, etc. Donc voilà, il est en train de créer son héritage. Et troisième chose, je pense que l'anecdote qui m'a le plus frappé, c'est ce moment où il nous a tous écoutés pendant 45 minutes, on avait des groupes de travail et on parlait de ce rapport au compromis. Et il nous a dit, vous savez, votre plus grand problème à tous, c'est que vous doutez de votre proposition de valeur et de ce que vous apportez sur la table. Et je pense que c'était un peu confidentiel, mais à l'instant où tu le dis à 35 personnes, c'est plus confidentiel. Il nous dit, vous savez, toutes les fois où la porte s'est fermée dans des grands rendez-vous comme le G7, le G20, etc., il nous dit, mais la qualité des conversations que j'ai ne sont pas à la hauteur de la qualité des conversations que j'ai avec vous. Ça, ça m'a mis une baffe. Parce que je me suis dit, mais en vrai, à l'instant où tu montes dans les tours, est-ce que vraiment les conversations que tu as avec les gens sont aussi consistantes que celles que nous, on peut avoir en tant qu'entrepreneurs sociaux, de gens qui voyons la réalité des gens tous les jours ? Donc moi, ça m'a un peu transcendé cet échange-là parce que je me suis dit, si un mec comme lui nous dit qu'on a de la valeur, c'est qu'il ne nous le dit pas pour nous faire plaisir.

  • Speaker #1

    Tu sais que je suis d'accord avec toi parce qu'il y a quelques mois, je me suis un peu engagé en tant que citoyen en politique et pareil, j'étais un peu stressé, c'est un nouveau domaine, etc. Et alors, le but, ce n'est pas de taper sur les politiques, parce que comme dans tout domaine, tu as des gens brillants, tu as des gens qui se donnent un peu moins. Mais pareil, j'avais été surpris par les conversations et pas le côté intellectuel, mais la profondeur des conversations.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est des expériences qui sont intéressantes parce qu'elles te mènent dans d'autres sphères et elles te challengent aussi sur ce que tu peux apporter toi aussi. On peut douter quand on ne vient pas de ces sphères-là, ces milieux sociaux. Mais en fait, on re-rencontre des gens soit pas intéressants, soit pas instruits, soit pas... Tu vois ? Là, tu te dis, bon, peut-être finalement, je ne suis pas si nul que ça.

  • Speaker #1

    Je peux faire ma place ? Ouais, c'est ça. Ok, Anthony, écoute, on arrive, il nous reste une dizaine de minutes. On va passer à une partie un peu plus personnelle. Alors, pour la saison 2, on a essayé un peu d'innover dans les sages. À chaque fois, on essaie d'avoir quelqu'un qui est proche de l'invité, qui pose une question, et donc c'est une petite surprise. Alors, c'est Mélisangéldi. qui est la fondatrice d'Iconote une marque de basket éco-responsable et donc qui est de la promo diversi d'ice de l'année dernière si j'ai pas de bêtise et donc qui a rédigé un message que je trouve très mignon qui dit tu fais beaucoup attention à mettre en avant les autres et mettre en valeur les projets à impact mais est-ce que toi tu es heureux ?

  • Speaker #0

    Est-ce que je suis heureux ? Je suis très sensible donc il faut faire attention en présentant ce genre de message hum... Je suis très heureux, ouais. Je suis très très heureux. Ce que je fais me rend très heureux. Et tu parles d'une fille qui m'inspire beaucoup. En fait, ce qui me rend heureux, tu sais, dans cette crise qu'on vit en ce moment où tout est pessimisme, tout est noir, tout est profondément négatif, je trouve qu'être aux côtés de gens dont le quotidien, c'est de se battre pour des grandes causes ou de prendre leur place dans des environnements dans lesquels personne ne les attend, ça me rend profondément enthousiaste. J'ai cette chance d'être nourri au quotidien de gens qui font des choses incroyables et d'aller dans des environnements dans lesquels je n'avais pas accès pour essayer de créer des ponts, je me sens utile. Il n'y a rien de mieux dans une vie que de se sentir utile. Donc oui, je fais attention aux autres. C'est vrai que je me suis un peu négligé sur ces six ou sept dernières années. Je pense que quand on est au service des autres et qu'on a le goût des autres, on peut se méprendre sur ce que ça veut dire de se protéger soi aussi, sur nos vulnérabilités. J'ai passé peu de temps à faire du sport, à manger bien, à me coucher tôt. Donc je réapprends ça. Mais c'est vrai que c'est un... gros challenge. En vrai, je trouve que je dis souvent que l'entrepreneuriat social, ça rend humble, mais c'est qu'en fait, au quotidien, c'est des montagnes russes. Les changements politiques sont quotidiens. On est obligé de coudre avec le politique parce que c'est lui qui construit les politiques sociales. Et ça peut désarçonner plus d'une fois. Plus d'une fois, je me suis dit, mais j'arrête tout. Qu'est-ce que je fous là ? Je suis taré, en fait. Et la rencontre des gens, Melissandre et toutes ses promos, et toutes les autres promos, etc. Ça te porte. Enfin, l'instant où t'as un genou à terre... t'as tout de suite quelqu'un pour te relever ou pour te dire t'arrête pas, t'arrête pas c'est utile ce que tu fais je connais pas toute la promo,

  • Speaker #1

    je connais que

  • Speaker #0

    Mélissande et ma fille je crois et ces personnes elles ont une telle énergie genre de dingo mais ça te nourrit les gens me disent mais Anto comment ça se fait que t'es en forme il y a Mathéo qui est à côté de nous et qui m'a aidé pendant les 6 derniers mois à tout cranter l'agenda, les rendez-vous etc et Il me dit souvent, je ne sais pas comment tu fais, mais je fais que mon arme secrète, c'est les gens que j'accompagne. Ils me boostent tellement. Et tu sais, on dit souvent, on aide le soi de l'époque, on se répare. Moi, ma manière de me réparer, c'est d'aider les autres aujourd'hui. Parce que quand je les vois réussir, je me dis, c'est toutes les chances que je n'ai peut-être pas eues à l'époque, sans faire l'enfant maudit ou misérable. Mais on cède, on est dans les autres, je pense.

  • Speaker #1

    C'est des belles paroles. Tu as parlé de la politique, on a parlé de Barack Obama. Question pas facile. Qu'est-ce que tu penses de la politique actuelle ?

  • Speaker #0

    C'est le chaos. Là, on est dans une période qui est très complexe. Et puis, j'ai l'impression qu'il y a un côté parti-remise sur 2027 avec l'arrivée au pouvoir potentiel de l'extrême droite. Ça me fait très peur parce que ce sont des gens qui ont pris tous nos sujets en considération, mais sous le mauvais angle. Tu vois, on parlait des migrations tout à l'heure. Je pense que... D'ailleurs, c'est intéressant. Le... Profil même de Jordan Bardella, c'est un profil de quelqu'un d'origine italienne, immigré, père aussi. Je ne sais plus de quelle origine, mais maghrébine il est. Donc ça veut dire que le fruit,

  • Speaker #1

    c'est assez... C'est un casque comme truc, je ne le savais pas.

  • Speaker #0

    Mais il est le fruit de ces migrations-là. Et en fait, il est dans un déni total. Ça veut dire, tu sais, je suis toujours un peu vigilant des gens qui arrivent quelque part et qui ferment très fort la porte. Je trouve qu'il n'y a rien de pire que ça. Donc... Au contraire, je trouve que dans les personnes qui sont des immigrés de première, deuxième génération, leur rôle, c'est d'ouvrir la porte aux générations suivantes. Donc ce sont des gens qui me font, à titre personnel, très peur. Et après, à titre plus professionnel, si je prends mes sujets comme des sujets de conviction, des sujets qui sont armés par des lois, par des financements, etc., ça me fait très peur sur toutes les minorités au sens social, ethnique, géographique, social et culturel, minorités au sens aussi handicap. En fait, de se dire, est-ce qu'on aura toujours des politiques sociales qui seront dotées ? Est-ce qu'on ne va pas ratiboiser la chose ? On voit ce qui se passe aux États-Unis. Donald Trump, dont le débat actuel avec Kamala Harris aussi, se joue sur l'IVG. On est en train de dire à des femmes que pour avorter, elles vont devoir prouver pour certaines qu'elles ont été violées ou victimes d'inceste. Comment elles vont prouver ça ? Ce n'est pas assez humiliant déjà ? Ou ce n'est pas assez humiliant de devoir... passer devant un médecin pour dire je ne vais pas le garder, etc. et de vivre les complications que peut être une interruption volontaire de grossesse. Donc je crois qu'on vit des débats absolument fous. Et j'aime bien citer Simone de Beauvoir qui dit à la première révolution, à la première crise, il faudra se méfier des droits, des droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes, parce qu'à chaque crise, ils pourront être bousculés. C'est ce qui se passe actuellement. Donc voilà, j'ai très peur de ce qui se passe, j'ai très peur du chaos. J'ai très peur des annonces qui sont faites en ce moment et elles sont une insulte à tout notre travail d'entrepreneur social.

  • Speaker #1

    On arrive sur la fin de l'interview si on finit sur un ton un peu plus léger Est-ce qu'on parlait pas de Jackie Chan ?

  • Speaker #0

    Ah ! Je l'avais oublié Tu veux qu'on l'appelle ? Écoute, non c'était un super moment pour tes auditeurs, j'ai eu la chance de porter la flamme paralympique il y a quelques semaines c'était tout à fait inattendu, j'ai eu un message quelques jours avant pour me dire coucou es-tu dispo pour porter la flamme ? plus Place de la République, etc. Et un peu, en dernier moment, j'apprends que Jackie Chan fait partie du convoi. Donc voilà, on a une petite vidéo qui a fait pas mal de vues sur les réseaux où je danse avec lui. Il s'ennuyait. En fait, tout le monde a fait son selfie, sa vidéo avec lui. Et donc, je suis allé le choper. Je lui ai dit...

  • Speaker #1

    On va faire un truc plus fun, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais, je lui ai dit, Jackie, t'es mon mentor. Et son traducteur a dit, he can teach you. Et genre... Et donc, tu vois, il m'a appris des prises et tout. C'était un moment extrêmement drôle. Et puis, du coup, qui restera gravé aussi, parce que c'est une légende de notre enfance. Et puis, pour beaucoup de gens, ça reste le symbole des films qu'on regardait quand on était petit.

  • Speaker #1

    Deux dernières questions. C'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as faite dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Je dirais que j'ai fait pas mal de choses audacieuses, parce qu'en fait, à chaque fois, on m'a quand même fait comprendre qu'il ne fallait pas y aller. Et je crois qu'aujourd'hui, dès qu'on me dit que c'est compliqué, c'est comme si tu armais la machine. On me dit c'est compliqué, ça me stimule. Et si on me dit ça va être difficile, ça y est, c'est le top départ. Le truc le plus audacieux ? Je pense que c'est un pari futur que je suis en train de me lancer. En fait, quand tu te lances dans l'entrepreneuriat social, c'est tout à fait inconscient, je pense, pour beaucoup d'entre nous. Moi, j'y suis allé à cœur perdu. Au bout de deux ans, je suis devenu salarié de la structure parce que c'était la fin de mes droits chômage et je me suis dit c'est ça que je veux faire. Ça s'est imposé comme une évidence. L'assaut s'est créé. Six ans après, elle a eu l'impact dont je parlais tout à l'heure. Elle commence à être de plus en plus connue en France. Et j'ai une obsession aujourd'hui, c'est... Je crois qu'il n'y a pas de grand rendez-vous de l'égalité des chances en France. Il n'y a pas ce grand, on va dire, totem qui permet de réunir les Français autour de la grande cause qu'est l'égalité des chances et la lutte contre les discriminations. Il n'y a pas de moment positif, il n'y a pas le moment de... On célèbre les différences, on célèbre les singularités. Et donc, peut-être le truc le plus audacieux que je fais de ma vie, c'est d'essayer de créer ce grand rendez-vous, parce que le but, c'est de réunir plus de 10 000 Français, que ce soit un moment de grande écoute. Ça devient un peu les enfoirés version égalité des chances. Je prends l'exemple des enfoirés parce qu'on sait que c'est un moment de solidarité, c'est un moment où les Français se retrouvent, c'est un beau symbole de notre société qui est à l'unisson autour de la lutte contre l'exclusion. Et j'aimerais faire exactement la même chose sur la lutte contre la discrimination et la lutte en faveur de l'égalité des chances. Donc, le truc le plus audacieux arrive. Et ça fait deux ans que je bosse dessus, donc si j'en parle de manière aussi...

  • Speaker #1

    C'est costaud.

  • Speaker #0

    C'est qu'à tout moment, t'as envie d'arrêter parce que... Quand tu présentes ce projet, tout le monde dit mais c'est génial ! Et quand tu dis et qui veut combien met aux portes ? Les pépettes. Combien met au pot commun ? Là, c'est très compliqué. Donc, il y a des signaux plutôt positifs. Donc, rendez-vous milieu d'année prochaine. Lieu et date à venir pour se retrouver pour ce grand rendez-vous. Inch'Allah.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, Anthony ?

  • Speaker #0

    La seule chose que tu peux me souhaiter, et avec longévité, c'est la santé. Si j'ai la santé, on va tout éclater.

  • Speaker #1

    Merci Anthony Je t'en prie

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose il n'y a qu'un moyen de nous remercier Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast abonnez-vous et mettez 5 étoiles 30 secondes de votre temps mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles et que d'autres personnes découvrent les sages Avant de se quitter, une dernière chose N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne, J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.

Chapters

  • Introduction et présentation de Anthony Babkine

    00:05

  • Le parcours d'Anthony : de la banlieue à l'entrepreneuriat

    02:10

  • Diversidays : promouvoir l'égalité des chances dans la tech

    03:18

  • Les opportunités dans le numérique et la reconversion professionnelle

    05:10

  • L'importance de la représentation et des modèles positifs

    05:59

  • Le rôle des mentors et des rencontres clés dans le parcours d'Anthony

    14:06

  • Le programme Obama Leaders et son impact sur Anthony

    20:06

  • La vision d'Anthony pour l'avenir et l'égalité des chances

    50:02

  • Conclusion et réflexions personnelles d'Anthony

    01:04:15

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Description

Dans cet épisode de "Les Sages - le podcast des leader·euse(s) humanistes", Nicolas Jeanne reçoit Anthony Babkine, un entrepreneur social visionnaire et cofondateur de l'association Diversidays, qui se bat pour l'égalité des chances dans le secteur numérique.


Anthony a fait ses preuves dans le monde de la communication et de la publicité. Il y a occupé des postes à responsabilité chez TBWA où il a pu influencer des stratégies de marque et des campagnes innovantes.


Son parcours, qui débute dans une banlieue parisienne, illustre parfaitement comment un homme peut transformer ses défis en opportunités, et comment ses expériences personnelles lui ont permis de gravir les échelons du succès dans des entreprises prestigieuses. À travers son histoire, il nous rappelle l'importance de la diversité dans le monde des affaires et comment cela peut enrichir les entreprises tout en favorisant une culture d'inclusion.


Dans la seconde partie de cet épisode, Anthony partage ses engagements passionnés pour la transformation sociale et l'entrepreneuriat à impact. En tant que cofondateur de Diversidays, il œuvre sans relâche pour aider les entrepreneurs issus de milieux sous-représentés à réaliser leurs rêves. Il présente notamment son Leadership Programme, une initiative novatrice conçue pour accompagner ces entrepreneurs dans leur parcours.


Anthony évoque également son expérience enrichissante avec la fondation Obama, qui lui a permis de renforcer son réseau et développer son état d'esprit.


Cet engagement envers l'égalité des chances et la diversité est au cœur de sa mission, et il nous inspire à repenser notre rôle en tant que leaders dans nos propres sphères d'influence.


L'épisode se termine sur une note personnelle où Anthony partage sa vision de l'avenir. Il insiste sur l'importance de la santé et du bien-être dans son parcours, soulignant que le succès ne se mesure pas uniquement en termes de chiffres, mais aussi en termes d'épanouissement personnel et collectif.


En écoutant cet épisode, vous découvrirez non seulement les défis et les réussites d'un leader engagé, mais aussi des réflexions profondes sur le rôle de la technologie comme ascenseur social et l'impact des entreprises à impact.


Bon voyage avec les Sages ! 



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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders. Et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages. Anthony Babkin est le gars que vous aimeriez avoir en tant qu'ami. Sympa, à l'écoute, proche de vous. Anthony est unanimement reconnu comme un humaniste par son entourage. Mais Anthony, c'est aussi un gars très ambitieux. Pour lui-même, bien sûr, mais aussi pour prouver que c'est possible de devenir d'Evry-Courcouron, en banlieue parisienne. et de tout casser, et surtout, de prendre sa place. Pour ce faire, il comprend rapidement qu'il va devoir changer les étiquettes qu'on peut lui prêter. Il va faire le CELSA, une précieuse école de communication, puis progressivement entrer chez TBWA, la troisième agence de pub française, en tant que DG adjoint de la partie corporate, à seulement 31 ans. En 2017, il veut aligner ses convictions profondes avec son métier. Il crée l'association d'égalité des chances Diversidays. En 2022, il est choisi par Barack Obama. pour être l'un de ses représentants en Europe à travers sa fondation. Anthony aujourd'hui se bat pour les autres, pour rétablir l'égalité des chances et redémarrer l'ascenseur social. Allez, on y va avec Anthony.

  • Speaker #1

    Salut Anthony, et merci d'avoir accepté notre invitation dans les sages. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Très très bien, merci de me recevoir dans ton podcast, c'est cool.

  • Speaker #1

    Écoute, avec plaisir. Est-ce que pour nos auditeurs, je peux te demander de te présenter en quelques lignes ?

  • Speaker #2

    Eh bien, je m'appelle Anthony, j'ai... cofondé il y a maintenant 8 ans une structure d'égalité des chances qui s'appelle DiversiDays avec une ambition qui était assez importante à l'époque, c'est de faire en sorte que les métiers de la tech soient accessibles au plus grand nombre. On a une conviction avec Mounira, donc la cofondatrice, c'est que le fait que le numérique peut être l'ascenseur social du 21ème siècle et cette ambition elle est toujours la même 8 ans après, sauf qu'il y a une chose qui a changé, on a accompagné 13 000 personnes en 8 ans, donc il y a 40% d'entre eux qui ont repris la route des études, pas mal qui ont créé des startups aussi, ou qui ont levé des fonds. Donc ça réalise un peu de la promesse qu'on a envie de voir, parce que monter une asso d'égalité des chances, il y a une mission très forte derrière, c'est le fait de se dire est-ce que l'ascenseur social peut fonctionner ? Et on est convaincu que la tech ça peut être un accélérateur, donc on le prouve un peu au quotidien, j'ai envie de dire à notre échelle, c'est 800 000 personnes qui sont attendues dans les métiers du numérique d'ici 2030, donc il va falloir du monde dans ce fameux ascenseur. Et donc voilà, on est un de ces acteurs d'égalité des chances en France. Et je me décris comme un entrepreneur social. Et à côté de ça, je crée des contenus aussi. J'ai mon podcast qui s'appelle Prends ta place. On a tout un podcast maintenant.

  • Speaker #1

    On va en reparler. Et juste, je réagis. Tu dis 800 000 personnes attendues dans le numérique. Aujourd'hui, on a à peu près combien de personnes, tu penses, dans le milieu digital, numérique,

  • Speaker #2

    tech ? Alors, c'est difficile à quantifier. Je sais qu'aujourd'hui, les startups, par exemple, les offres en CDI, c'est à peu près 10% du marché de l'emploi. OK. des personnes en reconversion, si on ne mise pas sur toutes les personnes qui sont soit éloignées de l'emploi, soit dans un job qui va potentiellement être transformé par l'intelligence artificielle ou même remplacé, parce que voilà, le métier de comptable, le métier d'hôte de caisse, des métiers qui vont être plus on va dire remplacés sur des chaînes logistiques ou des chaînes d'approvisionnement ou industrielles, en fait tous ces jobs-là vont changer. Et si les gens n'empruntent pas la voie de la reconversion, déjà ils vont au casse-pipe. Mais l'autre chose aussi, c'est que la France, si elle n'a pas suffisamment de main-d'oeuvre dans ce domaine-là, elle sera en panne de croissance. Donc il y a un truc monumental. Et dans ces fameux 800 000, si je prends par exemple que le métier de cybersécurité, donc professionnel en cybersécurité, il y a eu 15 000 professionnels manquants pour la France l'année dernière sur ces domaines-là. Donc il y a un enjeu monumental de former des gens, de faire connaître ces métiers, mais surtout de faire savoir que c'est accessible au plus grand nombre. Sans le bac, on peut reprendre certaines études dans le domaine, pas toutes, data analyst et autres métiers qui demandent parfois d'avoir quelques années d'études, mais certains de métiers de développeur, de métiers de chef de projet web, de métiers d'UX designer, etc., sur des choses de premier niveau, ça peut fonctionner avec la reconversion pro.

  • Speaker #1

    C'est des métiers qui n'arrêtent pas d'évoluer, donc je pense que tu peux... tu peux aussi un peu choper le train en marche et avoir les dernières connaissances et arriver à t'intégrer sur le marché du travail.

  • Speaker #2

    Complètement, je pense que c'est ça la plus grande opportunité qui est ouverte avec ces métiers, c'est que tu peux te former à tout âge et en vérité, pour pas grand-chose, nous, on bosse beaucoup avec Google qui ont créé les Google Career Certificates. En fait, pour quasi zéro, tu peux te former à des métiers, des compétences qui sont très recherchées sur le marché de l'emploi. Donc, c'est un peu cette promesse-là aussi que nous, on soutient, c'est de dire, en fait... il n'y a jamais eu autant d'opportunités d'avoir un job qui est plutôt en CDI, plutôt rémunérateur et où il y a une traction mais encore faut-il le savoir puisque dès lors où tu sors dans des grandes zones urbaines tu vas dans des quartiers, des zones rurales dès lors où tu t'adresses à des personnes de plus de 50 ans qui n'ont pas de bac ou d'études supérieures, il y a ce vrai syndrome de l'imposteur qui se crée, c'est-à-dire c'est peut-être pas fait pour moi, ou alors il y a aussi ce côté juste manque de connaissance de l'information

  • Speaker #1

    de dire en fait j'ai jamais entendu parler de CMT je connais pas ce domaine dans le coin où je suis en fait il n'y a pas d'offre d'emploi donc voilà et ça me parle beaucoup je fais un big up à ma maman parce qu'elle est en banlieue rouennaise tu vois et elle a travaillé dans ma dernière startup et justement elle était un peu en reconversion elle a dit je vais aller trouver un taf et donc tu vois ça me parle et c'est le plus bien intégré et depuis elle a quitté ta boîte et elle a fait fortune c'est ça elle est partie en Silicon Valley voilà ok Anto écoute et pour revenir un peu sur ton enfance du coup tu as grandi je crois en banlieue parisienne est-ce que tu peux nous en parler un petit peu dans quel milieu social,

  • Speaker #2

    est-ce que tu avais des passions ouais moi je suis un pur produit de banlieue et j'assume à présent parce que pendant longtemps je considère que je me suis un peu caché il faisait pas bon de dire et je crois que c'est toujours le cas malheureusement de dire qu'on vient d'un quartier où qu'on a grandi en banlieue avec toutes les codes et tous les stéréotypes qui vont avec, quand je dis les codes c'est que moi j'ai en plus, j'ai grandi dans l'Essonne et on était fier de dire c'était l'Essonne je laisse rires Et donc, on était tous habillés à l'américaine, moi le premier, Doura, casquette, baggy. Donc, j'ai l'impression de me déguiser, pour le coup, quand j'allais en entreprise. Et je pense qu'on a appris très tôt à être caméléon. Et c'était la condition sine qua non aussi à trouver un job. Donc, j'ai dû me fondre, mais j'ai dû me confondre aussi à un moment. Et c'est ça que je regrette le plus, d'avoir gommé mon identité là où j'ai grandi. Aujourd'hui, je le revendique beaucoup plus parce qu'en fait, déjà, on dit que... la banlieue influence Paname et Paname influence le monde. Mais si on en revient à ça, on voit bien que les codes des quartiers populaires aujourd'hui ou ce qu'on appelle les cultures populaires influencent notre société. Ayana Kamoura, l'artiste la plus streamée dans le monde et plein d'autres artistes ou plein d'autres personnes qui viennent de nos quartiers ou de nos banlieues et qui inspirent beaucoup de gens. Et en fait, je me dis tout simplement que cette culture est devenue un peu plus mainstream. Mais en tout cas, pour ma génération, on a dû gommer beaucoup de choses. Et je le regrette parce qu'on nous a jamais dit et sans faire les enfants déshérités mais je trouve qu'on a ça en commun avec tous les gens avec qui j'ai grandi et on se retrouve aujourd'hui sur ce même narratif, on nous a pas dit qu'on était capables, on nous a pas dit que c'était possible et je le regrette parce que en fait on a du potentiel et on est nombreux à avoir prouvé qu'on avait ce potentiel et je cite souvent Amad qui a créé BoostKP le plus gros média rap à RENBI je pense souvent à Paul Lay qui a créé LabelleVie.com je pense aux équipes qui ont créé La Lucarne la plus grande compétition sportive, la petite lucarne qui est devenue la plus grande lucarne d'Europe. Je pense aussi à toutes ces femmes entrepreneurs dans notre territoire ou des personnes qui sont tout simplement des décideurs économiques qui ont grandi dans ces territoires et qui sont devenues des gens importants. Et on n'en parle jamais. Dans le narratif public, on n'en parle pas. Donc voilà, j'ai grandi à Evry. J'ai, on va dire, le passé de l'ancien mauvais élève qui n'a pas trouvé sa place à l'école. et un peu forcé par le destin, des structures d'égalité des chances et les parents. J'ai réussi à continuer les études. J'ai fait deux années de redoublement. Je dis souvent, j'ai eu le bac mention rattrapage. J'ai fait un IUT technique de commercialisation. Il y avait une belle école d'ingénieurs à Evry et de managers qui s'appelait l'Institut National des Télécommunications, qui est devenu l'Institut Mines Télécom Business School. Je l'ai intégré. C'était une école publique, donc elle coûtait dix fois moins cher qu'une école de commerce. De toute façon, les parents avaient... Je n'avais pas les moyens de payer une école de commerce. Et en dernière année, je me suis dit, vas-y, je me chauffe pour la Sorbonne et je suis rentré à la Sorbonne. Et donc, comme quoi, pour un mauvais élève, c'était plutôt pas mal. Mais je n'ai pas brillé à l'école, mais j'ai eu les diplômes, c'était le plus important. Donc, c'est peut-être un conseil que j'ai envie de donner à ceux qui nous écoutent, non pas de jouer le vieux sage, mais avec le recul.

  • Speaker #1

    avoir le diplôme c'est aussi important que de tenter de rentrer dans l'école c'est pas de sortir majeur c'est des labels et si je rebondis sur ce que tu viens de dire il y a un truc que tu as dit on nous a pas dit que c'était possible concrètement ça veut dire quoi ? c'est à l'école,

  • Speaker #2

    c'est dans les médias c'est peut-être des rôles modèles ou je sais pas t'as bien résumé le triptyque représentation déjà peu de représentation positive sur des gens qui viennent des mêmes territoires que nous et qui réussissent dans des des environnements très variés. J'en fais presque, tu vois, avec Stéphane Baudel, maire d'Evry, presque une priorité stratégique. Quand on papote ensemble, je lui dis, mais il faut qu'on valorise les réussites de notre territoire. C'est la projection et c'est la condition sine qua non pour que des jeunes se disent, c'est possible, je peux le faire.

  • Speaker #1

    Mais oui,

  • Speaker #2

    je peux être avocat, médecin, créateur d'entreprise, peu importe, mais je peux me projeter dans une condition sociale qui n'est pas forcément celle de mes parents. Que ce soit en termes de diplôme, que ce soit en termes de... de perspective professionnelle. Donc, on n'est pas condamné. C'est-à-dire, tu n'es pas condamné à rester dans ta classe sociale. Parce que pour moi, derrière tout ce sujet-là, il y a celui de la mobilité sociale. Comment on permet à des jeunes gens de leur dire, tu n'es pas condamné à rester dans ton quartier ? Et quand je dis condamné, c'est au sens géographique du terme, au sens sociologique du terme, c'est-à-dire, tu peux t'émanciper, tu peux rester au quartier, il n'y a pas de souci, mais tu peux rêver grand et gagner de l'argent et devenir quelqu'un. Voilà. Je pense qu'on a tous ça en commun, c'est que, tu vois, c'est marrant parce que je me suis rapproché vachement des équipes de Niska. Ils ont créé Niska le chanteur, pour ceux qui ne connaîtraient pas. Est-ce qu'il y a encore des gens qui ne connaissent pas Niska d'ailleurs ? Bon bref, il y a des gens qui n'écoutent pas sans doute. Niska a créé une association qui s'appelle Charon Ensemble et ils ont créé un livre d'or qui recense tous les gens qu'on connaît ou qui ont grandi à Evry. Et je trouve que c'est intéressant parce que dedans, ils ont mis plein de portraits de... plein de gens qui ont fait des parcours très différents de pilote d'avion à créateur d'entreprise et en fait on a ça en commun on se rend compte qu'on n'a pas eu de représentation positive, on n'a pas forcément rencontré des gens qui nous ont dit tiens t'es en galère, c'est ça la voie pour y arriver et dès lors où t'es en échec scolaire on t'envoie vers des voies sans issue moi ça a été CAP cuisine très tôt quand les notes n'allaient plus un CAP cuisine c'est très bien mais quand tu sais que derrière le CAP cuisine il n'y a pas forcément de volonté de la part des gens qui t'y orientent d'aller vers un bac pro, un BTS cuisine, une grande école ou quoi que ce soit, mais plutôt de te dire, hé, va te former et on ne te revoit plus dans nos radars, ça questionne énormément. Donc moi, j'ai envie qu'on soit beaucoup plus ambitieux pour les jeunes des territoires ruraux ou quartiers et qu'on leur montre des figures qui peuvent leur dire, regarde ce que tu peux devenir, voilà ce que tu peux faire. Tu n'es pas condamné à... l'échec.

  • Speaker #1

    Et je suis d'accord avec toi, quand tu es les jeunes de quartier, mais aussi de territoire ruraux. Tu vois, moi, je viens de campagne et ça va, j'ai été, je sais pas pourquoi d'ailleurs, j'étais en ville entre guillemets assez rapidement et j'ai eu accès à une somme d'informations. Mais sinon, si t'es tu vois, moi, j'ai mon petit cousin qui est resté en campagne, on vit pas la même life.

  • Speaker #2

    C'est évident,

  • Speaker #1

    on n'a pas les mêmes données.

  • Speaker #2

    Il y a ce sujet de l'éloignement géographique et je l'explique mal, tu vois, sur les banlieues parce que les banlieues, elles sont, par exemple, si on prend la ville de Paris, elles sont collées à Paris.

  • Speaker #1

    5 minutes,

  • Speaker #2

    30 minutes mais en fait l'info ne circule pas et aussi parce qu'il y a un truc très très fort de c'est pas fait pour nous et quand tu dis c'est pas fait pour nous, alors déjà il faut avoir l'info mais il y a toujours ce syndrome de l'imposteur de est-ce que finalement ça me correspond est-ce que mes parents m'y encouragent moi par exemple, j'ai des parents incroyables sincèrement je sais que le jour où j'ai créé ma boîte, ma mère m'a dit Anto, risquez, attention s'il y a le moins de trucs, on ne pourra pas éponger... Et en fait, elle m'avait conditionné à dire attention, c'est compliqué, sans le vouloir forcément. Et à nouveau...

  • Speaker #1

    Oui, c'était un réflexe de maman.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Oui, mais si tu viens d'une famille qui a des moyens, en fait, on te dit fonce, de toute façon, papa ou maman va essayer.

  • Speaker #1

    On peut éliminer 20, 30, 40 cas.

  • Speaker #2

    La love money, la fameuse love money. Nous, c'est le love du cœur.

  • Speaker #1

    La love énergie.

  • Speaker #2

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #2

    et du coup,

  • Speaker #1

    ce qui est intéressant, enfin, ce que je me pose comme question en t'écoutant, Est-ce que tu as eu un switch ? Est-ce que tu as grandi dans ces milieux où c'était moins facile d'avoir de l'ambition ? Est-ce qu'il y a un moment où tu as rencontré quelqu'un où tu as eu un switch en te disant c'est possible, je vais y arriver Et après, tu as commencé ton ascension professionnelle.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe lidée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code les sages et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    En vrai, je pense que mes vrais moteurs, c'est les parents. J'ai des parents, je pense qu'ils sont intelligents, mais paradoxalement, qui n'ont pas eu forcément l'opportunité de faire des études supérieures ou de s'émanciper dans des domaines dans lesquels ils voulaient vraiment aller. J'ai un daron qui a toujours voulu percer dans la musique, qui a fait plein de trucs bien, mais qui a toujours voulu avoir son studio, etc., et qui n'est pas forcément parvenu. Et j'ai une maman, je pense, qui avait énormément de potentiel pour créer une entreprise, etc., mais elle a consacré beaucoup de temps à notre éducation. Et donc, en fait, si tu prends les deux points, tu te dis, en fait, ils m'ont biberonné un peu de leurs rêves. Et quand j'étais en échec scolaire, ma mère m'a dit la cuisine, OK, mais si tu fais de la cuisine, tu fais un truc bien. Et je me suis rendu compte qu'ils nous ont donné ce truc là de si tu vas quelque part, il faut que tu sois pas le meilleur. Je ne suis pas sûr que ce soit ça qui m'est légué, mais le côté on veut que tu sois, que tu fasses quelque chose de bien. Exemplaire. Donc déjà, j'étais un peu conditionné là dedans, un peu, je dis biberonné à l'ambition, mais tu vois, voilà. Je pense qu'on est toujours un peu le miroir de nos parents et de leurs attentes. Et après, il y a eu des rencontres extrêmement structurantes. J'ai le souvenir d'un prof que j'ai rencontré en IUT. C'est le premier prof qui m'a fait comprendre que je n'étais pas si bête que ça. Parce que le système scolaire te laisse penser que tu es bête à force d'être en échec. C'est à peine à 38 ans, donc c'est maintenant que je m'aperçois que j'ai peut-être des choses qui m'ont mis en difficulté. Tu vois, des troubles de la concentration, un peu d'hyperactivité. l'hypersensibilité, hyper, hyper, enfin voilà.

  • Speaker #1

    Plein d'hyper à gérer au quotidien.

  • Speaker #2

    Ouais, plein d'hyper à gérer. En fait, on l'a popularisé, tous ces diagnostics-là ont été popularisés de manière très récente, mais je trouve qu'on aurait tous besoin, déjà, il faut le dire, il y a un cinquième de la population mondiale qui est hypersensible.

  • Speaker #1

    Ouais, j'en pense en tout à fait.

  • Speaker #2

    Donc quand on tombe déjà sur ce type de stats, tu te dis, ça veut dire qu'on est finalement quand même beaucoup à être concerné.

  • Speaker #1

    Et dans la pièce, là, on est quatre, peut-être un, deux, trois.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça. En fait, c'est des choses qui te ralentissent. Moi, je disais à Madarone, mais qu'est-ce que les profs disaient de moi ? Elle me dit, rêveur. Bon, déjà, ça doit t'alerter sur le côté, bon, le gamin, il est là, mais pas là. Et je pense qu'il y a eu des profs qui ont su lire un peu à travers ce côté, oui, je suis dans les vapes ou j'en sais rien, parce qu'ils voyaient que ça tournait quand même. Mais c'est vrai que tu finis par douter quand tes résultats sont négatifs. Et ce prof là m'a dit Anthony, vous n'êtes pas si bête que vous pensez, tentez l'école de commerce, elle est juste à côté, c'est à Evry, en plus elle n'est pas chère, vous êtes à côté, il faut y aller quoi, il faut tester. Et je suis rentré dans cette école de commerce, mais jamais de ma vie j'aurais tenté de faire une école de commerce pour toutes les raisons qu'on a évoquées. Psychologique déjà de se dire j'ai pas les moyens, personne ne l'a fait dans mon entourage avant, enfin c'est que des facteurs autodimitants, mais à un moment où quand on lève le voile sur ça on se dit bah pourquoi pas. qu'est-ce que j'ai à perdre au final ? Et après, c'est des portes qui s'ouvrent et une multitude de gens que tu rencontres. Ça se dessine, mais heureusement, moi, j'appelle ça des anges gardiens, des bonnes fées, des gens que tu crois sur ton parcours et qui vont être des détonateurs ultra positifs. Oui,

  • Speaker #1

    carrément. Et quand je t'écoute, il y a quelque chose dans lequel je pense, parce que s'il y a des jeunes qui écoutent le podcast, tu peux avoir ce déclic et dire je vais faire ce taf. et je vais y arriver ou ces études mais tu vois quand t'es jeune malgré tout il faut quand même pouvoir les financer ces études tu vois financer ton quotidien si c'est du public bon ça coûte un billet mais ça reste un billet abordable le privé ça peut coûter 10 000 euros ou plus par an comment toi en fait t'as géré ça est-ce que t'as été tes parents t'as emprunté t'as fait à côté à McDo à Carrefour non j'ai regardé ce qu'il y avait de gratuit dans le système j'ai pris les choses et j'ai fait

  • Speaker #2

    Enfin, je veux dire, sur ça, on est ultra chanceux. Il y a un chiffre qui m'a un peu marqué, qui était d'une étude sur le rapport des inégalités. Il faut vous dire qu'aux États-Unis, le plus petit montant d'une année d'études, c'est 9 000 dollars. Et au max, enfin en moyenne, max, c'est 50 000 dollars. Donc ça veut dire qu'un étudiant américain, pour vraiment faire ses études supérieures, ça va lui prendre 5 à 10 ans. Et en plus, il va se saigner, ça veut dire qu'il va faire un taf à côté, vraiment pour faire rentrer du cash, c'est-à-dire pour faire rentrer 9 000 dollars par an et se nourrir et se loger et se... Donc, on a ce privilège en France d'avoir des études qui, au bas mot, sur de la fac ou quoi que ce soit, qui est entre 350 euros et 1000 euros. Donc, c'est tout à fait absorbable. Moi, j'ai fait l'UT. J'ai fait une école qui coûtait 1000 balles par an. Et ensuite, j'ai fait... Et encore, il y a 60% de boursiers. Donc, je parle de cette école, l'Institut Milne Telecom Business School foncé. Et ensuite, il y a l'alternance. Bien sûr, j'aurais pu... Enfin, j'ai monté ma petite startup à côté. Donc, c'était... Je dis startup, mais c'était une toute... toute petite boîte, vraiment rien qui permet de briller dans un podcast. Mais voilà, j'ai eu ma petite expérience professionnelle, on va dire, à mon compte à ce moment-là. Et vraiment, après, j'ai continué par de l'alternance et j'ai fait la Sorbonne. Donc, mon plus grand conseil, c'est visez les meilleures formations. Tenez-vous du mal pour essayer d'y rentrer. Et surtout, ne vous limitez pas, n'écoutez absolument pas les gens qui vous disent c'est compliqué, c'est difficile, c'est sélectif. La dernière année, c'était le CELSA Paris-Sorbonne pour moi. Et vraiment, je revenais de loin en termes d'études. J'ai réussi le concours écrit, donc j'ai passé la deuxième étape, le concours orale, j'ai réussi l'oral. dans des conditions absolument atroces, mais j'ai réussi l'oral. Et voilà, Sorbonne sur la CV et sur le CV, mais ça change une vie. Je suis passé de gens envoyés sans CV, je n'avais pas de réponse quand c'était Evry sur mon CV seulement, malheureusement. C'est une réalité. Et ensuite, quand j'ai mis la Sorbonne, j'ai envoyé 13 CV pour l'alternance. J'ai eu 13 entretiens d'embauche. Et vraiment, ce n'est pas pour briller à nouveau sur ton podcast, c'est vraiment redire que malheureusement, on est dans un pays qui va accorder beaucoup d'attention, bien trop à mon sens, sur le nom de la fac. sur le nom de ta ville d'origine, sur ton nom tout court. Ça m'a beaucoup freiné à titre perso. Et aujourd'hui, mon rôle en tant qu'acteur associatif, c'est éviter que d'autres gens vivent ça. C'est un peu dur,

  • Speaker #1

    mais je pense que tu as des étiquettes connotées négativement et des étiquettes connotées positivement.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas normal qu'à compétence égale en France, quelqu'un qui a un nom à consonance étrangère ait sept fois moins de chances d'obtenir un entretien de recrutement. Et 30% de plus s'il a un nom à consonance maghrébine. Ça s'appelle du racisme. C'est statistique, c'est prouvé. Ce que je te dis là, ce sont des chiffres du défenseur des droits. Et moi, ça m'obsède parce que je me dis qu'en fait, il y a énormément de potentiels qui ont du talent. Et je dis potentiel parce que je crois toujours qu'on n'est pas talent. On est potentiel et on devient talent parce qu'il y a des gens qui croient en toi. Et je pense à tous ces gens qui ont du potentiel et qui pourraient devenir des talents dans des entreprises, mais juste parce qu'il n'y a pas le bon nom, parce qu'il n'y a pas la bonne fac, ou qu'il n'y a pas la bonne ville sur le CV. ça va les restreindre énormément dans leur démarche. Et la réalité, c'est que c'est une perte sèche pour la France puisque c'est des gens qui vont partir à l'étranger ou qui vont faire autre chose, alors qu'on a besoin de cerveaux, qu'on a besoin de gens qui innovent. Enfin voilà, c'est du gâchis.

  • Speaker #1

    Et tu vois, ça me fait penser à une amie avec qui je dînais hier soir et qui vient de se lancer dans l'entrepreneuriat et qui s'appelait, elle se reconnaîtra, qui s'appelait Dunia et qui a changé de prénom, qui s'appelle Roman maintenant. Et pour ses raisons, parce que tu vois, elle est sur un modèle où elle veut lever des fonds. et elle pense, et c'est vrai que je suis assez d'accord avec elle, qu'elle aura potentiellement une plus forte probabilité à passer l'étape de la rencontre. Déjà sur le CV, ça sera marqué Romane au lieu de Dunia. Et du coup, peut-être qu'après, elle pourra avoir la chance de prouver en face-to-face ses compétences, son talent.

  • Speaker #2

    Sur ça, j'ai une vision un peu partagée, parce que je comprends la démarche, qui est presque une démarche de désespoir, de changer son prénom, c'est changer son identité.

  • Speaker #1

    Depuis que tu es né. C'est ça.

  • Speaker #2

    c'est plus seulement masquer quelque chose ou quoi c'est transformer quelque chose qui c'est votre ADN en fait, je pense son prénom déjà un c'est un choix donc respect pour les gens qui l'ont fait deuxièmement je pense que quand on est contraint à ça c'est qu'on est contraint de moi ce qui m'embête un peu dans ce débat du changement de prénom je trouve qu'évidemment c'est la solution la plus simple et plus rapide pour la personne qui le fait pour moi j'y vois un peu de désespoir malheureusement en revanche ce qu'on essaie de créer avec l'assaut et qui est plus long terme c'est comment on trouve des alternatives à ça Comment on fait en sorte que des gens qui financent des projets à impact ou des projets entrepreneuriaux ressemblent à ceux qui sont discriminés ? C'est plus long, ça suppose de créer un espèce de collectif de gens engagés ou qui se sentent concernés par ces discrets ou par ces problèmes-là. Mais c'est ce qu'on essaye de constituer avec l'asso et ça commence à fonctionner. Avec des investisseurs, je pense à Paul Lay dont j'ai parlé, de la bellevie.com, je pense à Fariacha qui a créé aussi Golden Bees, qui l'a revendu au groupe Figaro, et pareil qui est investisseuse aujourd'hui, et commence à constituer un... pool d'investisseurs, de gens qui sont sensibles au discret, qui sont sensibles au fait de financer des porteurs de projets qui ne viennent pas toujours des mêmes environs géographiques ou sociaux.

  • Speaker #1

    Et en plus, clairement, tu peux en trouver parce que, tu vois, en préparant cette interview, j'ai fait un petit listing des gens qui ont, entre guillemets, réussi professionnellement. Et tu as des gens comme Mohamed Altrad qui est d'origine, alors je pense qu'il est français, mais qui est aussi d'origine syrienne, qui a monté un groupe leader dans les échafaudages qui fait 5 milliards de CA. t'as Patrick Brahi qui est d'origine marocaine avec Altice, 11 milliards de CERN Philippe Journeau qui est un peu moins connu mais qui est la compagnie de Strasbourg, une foncière et aussi Henri et Octave Claba j'ai interviewé Henri Claba, le patriarche de la famille Claba qui a fondé OVH et qui est d'origine polonaise et je pense aussi au SAAD,

  • Speaker #2

    Rodolphe et Tania SAAD, TMA-CGM qui ont créé le plus gros groupe de fret dans le monde et qui sont à Marseille et qui sont d'origine libanaise. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que si on regarde l'histoire des migrations de manière générale, alors on peut regarder l'histoire comme elle est décrite par le parti d'extrême droite, mais en revanche, tu peux regarder aussi l'histoire des migrations sous l'angle économique, et là, ça dit tout autre chose. Les États-Unis, d'ailleurs, loin s'en faut, soit Jeff Bezos, que ce soit qui d'autre ? Elon Musk. Elon Musk, enfin, et plein d'autres, sont des gens qui sont des fils ou filles d'immigrés, première, deuxième génération. Donc c'est intéressant de regarder en tout cas l'histoire des migrations sous ce spectre-là. Ça dit autre chose.

  • Speaker #1

    Elon Musk, il est assez connu, je crois qu'il est d'origine sud-africaine. Mais Jeff Bezos, il est d'origine ?

  • Speaker #2

    Je ne veux pas dire de bêtises.

  • Speaker #1

    On mettra dans les commentaires. Et si on revient du coup à ton parcours, donc tu rentres, donc tu as fait le DUT à Evry, puis l'Institut des Mines en master. Et du coup, après un master au CELSAR, qui est une école assez prestigieuse en com, si je n'ai pas de bêtise. Et qu'est-ce que tu as appris là-bas ? Est-ce que c'était aussi un peu un déclic ? Tu as côtoyé peut-être, puisqu'on pourrait en parler, mais d'autres personnes ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que le plus gros déclic, il est social. C'est la première fois où je me suis senti autant en décalage socialement avec les gens de mon formation. Pour être franc, je n'avais pas d'amis. Alors je pense que déjà, il y avait un décalage parce que j'avais très très faim professionnellement, j'avais plein de projets, j'avais déjà commencé à écrire un bouquin, etc. Donc j'étais un peu en décalage parce que je donnais déjà des cours à côté. Donc les gens se disaient, qu'est-ce qu'il fout là, lui ? Puis les gens avaient vite compris que je venais là pour le diplôme et pas forcément pour l'enseignement. Dit comme ça, c'est un peu trivial, mais je l'assume aujourd'hui. Je savais qu'il me manquait la bonne étiquette sur le CV pour dire j'ai fait la Sorbonne. Si les gens de la Sorbonne m'entendent, ils vont me... m'excommunier à vie mais j'assume ce côté là en fait je pense que quand on vient de zones qui sont moins considérées, on cherche des labels, des choses qui crédibilisent notre parcours, pour un gamin qui n'était pas fait pour les études, faire un premier master puis un deuxième master à la Sorbonne je peux dire que c'était enfin c'était presque un combat personnel du karaté et en vrai je considère que j'ai beaucoup plus appris à l'IUT avec une vision très 360 de la com, du marketing... de la comptabilité, du droit, c'était beaucoup plus complet que les formations que j'ai faites après qui étaient peut-être plus théoriques et moins professionnalisantes donc je me suis senti beaucoup plus porté et nourri par l'IUT que après, paradoxalement en revanche, en rien, je remets en cause la qualité des cours, j'ai eu des profs exceptionnels absolument partout mais c'est juste que j'ai vu l'impact de la Sorbonne sur mon CV et j'ai vu aussi le décalage social quand j'étais au Salsa parce que d'un coup c'était la première fois où quotidiennement j'étais obligé de quitter ma petite banlieue à faire RERD Evry et arriver sur les quai de Neuilly avec la ligne je ne sais plus combien et franchement c'était l'enfer et parfois j'y allais même en bagnole parce que je m'étais dit je vais gagner du temps et en fait je mettais 2h30 à y aller déjà tu traverses le monde parce qu'il faut se dire qu'Evry c'est vraiment Sud Paris et Neuilly c'est vraiment Nord-Ouest Paris donc il faut être à peu près le soir aussi Ouais, mais en fait, le RERD était tellement défaillant tout le temps. Moi, je l'utilisais, il l'est toujours, mais il y a des moments où il est vraiment défaillant et je mettais presque deux heures en train. Donc voilà, c'est un peu... Il faut en vouloir. Il faut avoir faim à ce moment-là et surtout quand tu sais le décalage qu'il peut y avoir sur certaines formations où tu rencontres des gens qui étaient prédestinés à aller dans ce type de programme ou d'école parce qu'ils vivaient à Neuilly ou à côté. Et à nouveau, je ne leur reproche rien, mais tu arrives là-bas, tu as un décalage. Enfin, moi, c'est ce que j'appelle l'itinéraire d'un transclasse. C'est... l'itinéraire que n'importe quelle personne va faire lorsqu'il change de classe sociale, mais ne le sait pas forcément. En termes de code, de valeur, de potes, de références, que ce soit sociale, culturelle, sortie, ciné, concert, j'en sais rien, artiste, on n'a pas les mêmes rêves, on n'a pas grandi aux mêmes endroits. Pourtant, géographiquement, on n'est pas très loin, mais il y a tout qui nous sépare.

  • Speaker #1

    Je te comprends, parce que moi, quand je suis l'originaire de Normandie, j'ai été faire mes études à Lille et je suis arrivé dans une école de commerce et pareil, je fais des cultures au début. et j'étais plutôt on va dire studieux et la majorité n'était pas très studieux pareil il y a eu un peu un sas le temps de trouver des potes ta bande de potes quoi et bizarrement c'est que tu vas retrouver des gens qui te ressemblent au départ pas mal et puis vous faites votre chemin ensemble mais c'est

  • Speaker #2

    vrai que c'est un peu ce que je reproche aujourd'hui à une formation comme le CELSA sur le papier il y a écrit c'est ouvert à tous et dans la promotion que l'école va faire ou dans la capacité à aller attirer des élèves différents il n'y en a quasiment aucune Je me souviens quand j'avais fait, donc j'étais diplômé du CELSA et j'avais proposé de faire la promotion de l'école dans mon IUT à Evry. Et quand j'ai appelé pour dire j'aimerais bien avoir des plaquettes, la secrétaire m'a dit Alors Evry, ça va être compliqué ? Je dis Non, non, c'est pas Evry, c'est Evry. Elle dit Ah non, mais on n'aura jamais un livreur pour vous emmener des plaquettes là-bas, c'est impossible, on ne l'a jamais fait. Et dans ma tête, je disais donc La promotion du CELSA, c'est Paris Intramuros, Point Bar ou Neuilly ou les villes avoisinantes. Là, je me suis dit On a vraiment...

  • Speaker #1

    Tu penses que quand on te dit ça, c'est inconscient ?

  • Speaker #2

    Complètement. Je pense que c'est... Oui, mais c'est là où c'est flippant. Parce que si je serais conscient, je me dirais, bon, il faut péter la strate ou virer la personne. Alors que là, c'est-à-dire, c'est tellement dans nos gènes de ne jamais aller promouvoir ce qu'on fait en dehors de nos remparts, que là, d'un coup, ça te met une gifle. Ce que tu dis, c'est même plus conscient. Ça veut dire qu'on a toujours fait comme ça. Et c'est ça qui me fait peur, parce que vous êtes une école publique. Et je me souviens, c'était ma prof de... J'étais en IUT donc, deuxième année.

  • Speaker #0

    Et ma prof, on peut dire que c'était la directrice pédagogique, Marisol Craver, elle voyait mes notes. Bon, déjà, c'est elle qui avait proposé mon redoublement. Donc, tu vois, il y avait un rôle très maternel, parce qu'à la fois, c'est celle qui m'avait fait redoubler, mais celle qui me guidait un peu dans mon quotidien. Et quand je lui dis, j'aimerais bien faire de la com après, je lui dis, c'est quoi le mieux ? Elle me dit, c'est le CELSA Paris-Sarbonne, Anthony. Et je lui dis, mais est-ce que... Et là, j'ai lu une forme de désespoir dans ses yeux. Elle s'est dit, mais... Anthony, c'est la meilleure, mais vu votre niveau d'orthographe, vu votre niveau j'ai senti que c'était en mode pour pas me décourager essayez, vous avez rien à perdre et j'ai essayé, j'avais rien à perdre, je l'ai fait mais c'est vrai que j'aurais pu me mettre beaucoup de barrières à ce moment-là parce que voilà, une des plus belles écoles de com en France et qui est publique à nouveau ça veut dire que faire le CELSA à Sorbonne vous coûte 300 euros, littéralement et je me souviens de l'intranet du CELSA c'est assez traumatisant, c'est-à-dire que toutes les offres que tu vois pas passer de responsables, je ne sais pas, chargés de com chez Louis Vuitton, chargés de com chez je ne sais pas quelle belle entreprise ou marque, ne sont pas sur les sites publics. Par contre, ils sont sur le site de l'Internet du Ciel Zin, parce que ce n'est que des anciens.

  • Speaker #1

    Donc, ça perpétue forcément des choses.

  • Speaker #0

    C'est là qu'on se rend compte que ça a un petit avantage et un privilège de rentrer dans ce genre d'école.

  • Speaker #1

    Et toi, du coup, quand tu montes à Paris, mieux tu montes à Neuilly. Est-ce que, du coup, tu as des potes ? avec qui tu partages un peu la même ambition ? Je parle dans tes potes un peu d'enfance. Déverie, est-ce que vous êtes une bande de potes à s'être embarqués un peu dans on va tout casser ? Non.

  • Speaker #0

    Non, et d'ailleurs, je dis que tout le temps, ou après, il y a eu une dizaine d'années où j'ai vraiment essayé de prendre ma place dans la communication, ce qui a fait qu'à un moment, j'ai vrillé et que j'ai décidé d'ailleurs de créer DiversiDays avec mon ancienne copine de promo. C'est que j'ai eu l'impression de me déraciner. déraciné de mes valeurs, de mon socle, de là où je venais, mon identité, Evry, là où j'ai grandi, mes amis, ma famille. Et j'ai eu le sentiment d'être un peu seul dans cet itinéraire du transclasse. Et paradoxalement, je dis souvent qu'un arbre sans racines, c'est un arbre qui tombe. Et donc se déraciner, c'est une prise de risque. Et je me suis déraciné de manière très inconsciente. Dire, ben voilà, j'arrive à Neuilly ou à Levallois, etc. Tu rentres dans le monde de la com, après t'as plus le choix de prendre un appartement dans le coin en question. Et je pense que c'est ça qui peut créer un désalignement aussi, c'est qu'en fait, tu es un peu seul dans ta quête. Cette quête, je pense qu'on est finalement nombreux à... Tu sais, on dit Paris, c'est la ville... Non, Paris, c'est la campagne qui réussit. Il y avait quelqu'un qui m'a dit ça.

  • Speaker #1

    Je n'avais jamais entendu ça.

  • Speaker #0

    Et parce qu'en fait, on dit souvent les Parisiens, les Parisiens, mais en fait, tu as 90% des gens qui sont à Paris qui sont des gens qui viennent d'ailleurs. Et qu'on cherchait dans cette ville le fait de vouloir réussir, etc. Et je trouve dans cette quête-là... C'est un exercice un peu solitaire. A titre perso, je me suis rendu compte quand j'ai fait un deuxième master, mes potes déjà m'ont dit Anto, tu as fait un premier master, lance-toi ! Je leur ai dit Mais moi, je cherche quelque chose qui va me permettre de rentrer dans le monde de la com. Et je voyais bien que le premier diplôme ne suffirait pas. Malheureusement, à nouveau, la ville de banlieue sur le CV, pas d'expérience dans un grand groupe, le côté non-consonance à l'étranger, sans faire la victime, juste me ramener à des trucs rationnels de je suis en train de galérer Je me souviens que ma mère m'a dit Mais tu sais quoi ? mets mon nom de jeune fille, mets une adresse à Paris. Je dis, mais l'adresse de qui ? On n'avait pas de famille. Donc, tu vois, c'est plein de même de choses que je repense. Je disais, ma mère avait bien capté. Et moi, j'étais dans un truc un peu de, bon, on va tenter d'autres pistes. Et non, c'est un exercice solitaire. Et oui, je me suis un peu déraciné. J'ai l'impression que pendant une dizaine d'années, ma prio, ce n'était pas les potes. C'était vraiment genre percé professionnellement. Et là où ça a fini par payer, c'est que je pense que quand tu passes énormément de temps sur un projet. Quand tu bosses deux fois plus que les autres, déjà, tu arrives sur la ligne de départ. Je dis souvent qu'on n'a pas la même ligne de départ. Nous, en tant que ruraux,

  • Speaker #1

    on n'a pas ce type d'objet de rattraper.

  • Speaker #0

    Exactement. Juste en termes de rêve, de connaissance, de compréhension de ce monde, déjà, juste revenir sur la même base de départ, ça, c'est un challenge.

  • Speaker #1

    De normes aussi de ces milieux un peu plus...

  • Speaker #0

    Un peu plus bourgeois, un peu plus renseignés, informés sur comment fonctionne ce monde. Et c'est là où le cardio, il rentre en compte. C'est ce que tu le veux vraiment. Tu vois, dans cette espèce de quête de progression, de prendre sa place dans un environnement professionnel, moi je me rends compte que j'ai bossé jour et nuit après. Et c'est vraiment la détermination, l'envie sans relâche d'en être. Et je pense que c'est là où c'est le plus difficile. Je le vois avec beaucoup d'entrepreneurs qu'on accompagne. On est là pour leur faire gagner du temps. Globalement, ce qui m'a manqué quand j'ai voulu créer ma première entreprise, c'était des moyens financiers. du conseil pour avoir confiance en moi dans ma démarche et bien sûr toute la partie on va dire plus accompagnement du quotidien et d'avoir des représentations positives se dire que c'est possible donc on essaye de corriger ça aujourd'hui avec les gens qu'on accompagne parce que moi titre personnel à l'époque ça m'avait vachement ralenti donc on essaie de leur faire gagner du temps mais quand même faut du cardio quand tu arrives dans la start up nation crée ta boîte là dedans que tout le monde parle franglish qui a plein de termes techniques que tout le monde est bilingue, trilingue, parce que dès le plus jeune âge, ils sont allés faire des voyages au bout du monde ou faire leur année de césure dans je ne sais pas quel pays, que la plupart ont fait une grande école, qu'ils maîtrisent des fondamentaux sur la compta, gestion, droit, etc., ou qu'ils ont les bons potes pour les aider sur ces sujets, et la love money des parents, je ne dis pas que c'est facile pour eux. En revanche, ils ont un socle qui leur permet normalement de réussir plus facilement. Donc, nous, on est là pour leur faciliter ça, mais je suis aussi conscient que le cardio y compte. C'est-à-dire, en gros, à l'instant où tu es arrivé sur la même ligne de départ, Est-ce que tu es encore prêt à courir pendant plusieurs dizaines de kilomètres pour être juste champion dans ton domaine ? Beaucoup d'appelés, peu d'élus. Maintenant, j'ai plein de gens que j'ai en tête, qu'on a accompagnés, qui font des choses formidables. Je pense à l'équipe KUNTO, qui est une application pour faire du sport pour les personnes en situation de handicap. Lui, il a créé une appli qui est en train de cartonner. Je pense à Lubna Ksibi, qui a créé Meet My Mama, qui est devenue une plateforme exceptionnelle pour les femmes. on va dire issus des minorités au sens large et qui s'émancipent à travers la cuisine en étant traiteurs, etc. Je pense à Khaled El Mazayan qui a créé Inovaya, une solution technique pour le traitement de l'eau et en particulier dans des zones isolées ou dans des zones de conflit. Enfin, que des gens qui ont des parcours de ouf et pour lesquels ce n'était pas écrit d'avance qu'ils allaient réussir.

  • Speaker #1

    Et tu vois, dans la texte, ça me fait penser, hier soir, j'ai regardé un petit peu dans les... dans les patrons ou patronnes de licorne donc c'est des boîtes qui valent plus d'un milliard de dollars dans le monde des start up après j'ai pas fait tous les founders mais j'ai trouvé que je sais pas si tu connais Jonathan Gailov qui est le cofondateur d'aircall et qui a des origines je crois que sa maman est bulgare mais sinon en effet majoritairement parce que j'avais fait il y a longtemps l'exercice je crois que c'est quand même je dirais pas 30 40 50 facile d'HEC, ESSEC, ESCP, EDEC

  • Speaker #0

    C'est marrant que tu parles de Jonathan, parce que Jonathan, c'est aussi un enfant de la DAS. Et je trouve ça intéressant de ne pas s'arrêter qu'à la diversité sociale, ethnique ou culturelle. Moi, mes sujets m'ont poussé à aller beaucoup plus loin sur la question du genre, sur la question du handicap, sur la question des vulnérabilités, on peut dire invisibles. Quand on est une personne LGBTQIA+, on peut être victime de discrimination parce qu'on a fait une transition, parce qu'on a fait son coming out, etc. Donc il y a plein de choses qui peuvent expliquer les discriminations. Mais le sociotype que tu décris, en effet, c'est un peu la caricature de la Startup Nation. Et à la limite, très bien que ces gens la réussissent, mais en revanche, comment on fait en sorte que d'autres puissent aussi avoir leur place ? Aujourd'hui, il y a le programme French Tech Tremplin, il y a les programmes de Diversity Days, il y a des programmes appuyés par la BPI, donc il y a des dispositifs innovants qui ont aidé vachement à faire émerger ça. Mais un, il faut que ça dure. Deux, les personnes que ça concerne, il faut qu'ils s'autorisent à frapper à nos portes et à créer quelque chose. Et trois, c'est... j'ai un enjeu. énorme sur ces fondateurs de start-up, comme tu l'as dit, qui sont un peu... qui se ressemblent beaucoup, c'est de les faire s'engager véritablement pour que leur boîte ne soit pas des boîtes de clones. Parce qu'être un homme blanc de plus de 40 qui gagne bien sa vie ou qui a fait une bonne école, c'est pas un problème. En revanche, être cette personne-là, mais avoir aucun engagement et aucune conscience des responsabilités qu'il a sur cette société, ça, c'est emmerdant. Et ça, c'est mon challenge de... C'est le challenge de ma vie. Faire en sorte que ces gens-là, qui sont en responsabilité, qui recrutent des gens dans notre pays, ne recrutent pas que des clones. Et là, je peux te dire qu'il y a un gros taf à faire.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi. Et puis aussi, tu vois, ce n'est pas qu'une question entre guillemets de conviction éthique politique. Moi, je pense fondamentalement que dans les boîtes innovantes, il faut de la créativité. Et de la créativité, si tu mets dix mecs ou dix filles qui se ressemblent dans la même pièce, elle va être moindre.

  • Speaker #0

    Et c'est prouvé. C'est-à-dire, tu as une étude McKinsey qui existe depuis une dizaine d'années là-dessus, qui montre que des équipes diverses sont 30% plus probables ou capables d'innover. Donc... Ça veut dire que c'est même pas...

  • Speaker #1

    C'est Ren McKinsey.

  • Speaker #0

    Je ne sais plus s'il fait bon de les citer dans une interview, mais ce qui est sûr, c'est que c'est eux qui suivent ce sujet-là de l'impact de la diversité et de l'inclusion sur la performance ou sur l'innovation dans une entreprise. Donc c'est quantifié, c'est qualifié, et c'est intéressant parce que ça veut aussi dire beaucoup de choses sur la capacité d'innovation d'une entreprise qui va être diversifiée.

  • Speaker #1

    Ok, et si on revient sur ton parcours, Anthony, du coup aujourd'hui tu as 38 ans, si je ne dis pas de bêtises. T'as un parcours assez riche, on va parler de diversi-days après, mais avant, je pense que ton expérience la plus significative, c'est chez TWBA.

  • Speaker #0

    TBWA.

  • Speaker #1

    TBWA, excuse-moi, qui est donc, je crois, j'ai noté, j'ai lu que c'était la troisième agence de pub en France. Est-ce que tu peux nous parler de cette expérience ? Qu'est-ce que t'as appris ? Et du coup, je crois que t'as été jusqu'à être directeur corporate.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais directeur général adjoint en charge du numérique. Écoute, ça a été une expérience sans doute la plus significative de ma vie au niveau professionnel avant d'avoir l'assaut. Je dis souvent que j'ai tout appris là-bas, c'était ma deuxième école, parce que déjà je suis tombé sur un patron, et ça s'est fait de manière tout à fait inconsciente, mais qui est d'origine américaine et qui était beaucoup plus sur le pédigré des gens que sur leur cursus scolaire ou quoi que ce soit. Et je me souviens d'un des premiers échanges que j'ai eu avec lui, évidemment, il m'avait recruté, ma feuille de route était plutôt claire sur ce que je devais réaliser. mais beaucoup moins sur les objectifs du quotidien. Et je me souviens, être rentré dans son bureau, lui avoir dit, bon, on se pose, qu'est-ce que tu attends de moi ? C'est quoi ma feuille de route ? Il m'a dit, Mano, tu sais ce que tu dois faire ? Et là, je me suis dit, waouh, tu as un patron dont tu attends, tu sais, quelque chose d'extrêmement cérébral, carré, etc. Et je pense qu'il ne me l'a jamais dit, mais qu'il m'avait très vite capté en disant, si je te bride dans un espèce de truc très corseté, très convenu avec une feuille de route, tu vas t'ennuyer, ça ne va pas fonctionner. Donc il m'a laissé avec ma créativité. La première année a été une année extrêmement compliquée d'un point de vue personnel parce que je suis arrivé dans un environnement que je maîtrisais tout juste, qui était le monde bobo de la com parisienne. Et ça a été extrêmement difficile au départ de faire mes marques. J'ai senti beaucoup de concurrence interne, d'hostilité même. Je suis arrivé, j'avais déjà écrit plusieurs bouquins, j'étais chroniqueur BFM Business. J'avais un peu ma visibilité sur mes sujets. Et je dis souvent, en fait, je suis arrivé et les gens se sont dit, soit c'est un génie. parce que 26 ans, le mec, tout ça, ou soit c'est une coquille vide. Et comme je suis aucun des deux, ça a été très difficile parce que les gens m'ont chargé de plein d'intentions, de taffes. J'ai été surmené la première année, c'était très délicat. Même limite, j'étais un peu dégradé dans ma fonction de manager. J'étais arrivé pour manager une équipe et on m'en a désaisi. Donc ça a été très humiliant. J'en parle rarement, c'est la première fois que j'en parle dans un podcast, mais aujourd'hui, je me sens plus libre d'en parler. Mais je pense que c'était un moment professionnel assez humiliant parce qu'on m'a fait comprendre que globalement, j'avais pas... la capacité de manager une équipe ou en tout cas que des gens étaient venus dire, rapporter des choses qui n'étaient pas forcément vraies d'ailleurs, je le sais avec le recul à présent, mais pour essayer de me déstabiliser. Et écoute, j'ai...

  • Speaker #1

    Pour comprendre, Anthony, tu as été mis sur un poste à responsabilité ou...

  • Speaker #0

    En fait, on m'a dit...

  • Speaker #1

    Dès le départ ? Ouais,

  • Speaker #0

    on m'a dit dans cette agence-là, donc TBWA, qui est un des plus gros groupes de conseils en communication et publicité dans le monde, en France qui est une grosse entité, c'est plus de, je ne sais plus, plus de 1000 personnes. Et donc, on m'a dit, il faut créer une entité liée à la communication numérique. Il y avait deux stagiaires et une personne en place. Et donc, on m'a dit, tu vas manager cette équipe. Et l'arrivée a été un peu brutale parce que pendant six mois, il n'y avait personne sur le poste. Il n'y avait pas vraiment de feuilles de route quadrillées. Il y avait plein de clients qui étaient en demande, mais on est au début du social media dans les entreprises. C'est ce que ça veut dire pour elles. On est en 2010. Et à ce moment-là, tout le monde m'attend, tournant, en disant, on a besoin de quelqu'un comme toi qui a tes compétences. Et voilà, je me suis pris les pieds dans le plat et par chance, à l'époque, j'ai celle qui est devenue après cofondatrice de l'association Diversidades Mounira, qui me connaissait à titre perso, qui me disait Antho, tu vaux mieux que ça. Te laisse pas désarçonner, intimider, boss, sois discret, dans le sens, fais pas de vagues. Et écoute, j'ai suivi ses conseils, je me suis vachement impliqué. Et on a gagné des premières compétitions, une deuxième, une troisième. Ensuite, les gens comprennent que tu es là pour réussir et que tu n'es pas là pour rire avec eux ou céder à leur pression.

  • Speaker #1

    Quand tu dis des compétitions, c'est quoi ? C'est des appels d'offres ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est des gros appels d'offres. En fait, une agence est toujours dans ce cycle-là, de tous les 3-4 mois, avoir des gros appels à projets qui tombent. Et surtout, les cycles de vie de clients durent 2-3 ans. Donc, c'est une quête constante de nouveaux appels à projets. donc ça peut être pour faire la campagne, pour gouvernement ça peut être pour un grand compte, etc et donc moi ma spécialité c'était l'accompagnement des dirigeants sur le numérique et l'accompagnement des entreprises aussi sur les réseaux sociaux et en fait ouais avec un peu d'abnégation un peu de tu serres fort la gorge et tu te tais pendant un an je me suis concentré sur le taf jour et nuit et après bah voilà tu recrutes une première personne on te redonne un petit peu de responsabilité la personne qui était au dessus de toi bah en fait tu passes manager et puis après tu exiges aussi des choses que le niveau de rémunération n'était pas aligné et donc oui au bout de 4 ans je suis devenu directeur général adjoint en charge du numérique où j'avais au total on était une trentaine t'avais une vingtaine de community managers social media managers aussi créatifs et puis aussi pas mal de free de gens qui intervenaient sur des événements et c'est vrai que c'était génial parce que d'un coup t'as une vraie team tu t'émancipes aussi en tant que manager t'apprends ce que c'est aussi que d'avoir des responsabilités à embaucher des gens, des gens qui s'en vont, des gens qui ça se passe bien, d'autres pas bien. Donc je dis souvent que j'ai tout appris là-bas. C'était une superbe école, une deuxième école pour moi, avec des gens qui ont été vraiment des mentors, Emeline Korengold et Anne-Cécile Thoman, qui sont à la tête d'Edelman maintenant, qui est une grosse agence de relations publiques, mais qui ont été des mentors pour moi, qui m'ont toujours fait confiance. Et en plus, quand j'ai dit que je voulais partir, je leur ai dit la seule chose qui me retient, c'est si vous m'aidez à créer une structure d'égalité des chances. En interne,

  • Speaker #1

    du coup ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Et du coup, il faut le savoir, pour tous ceux qui veulent créer des projets créatifs, une agence, elle a souvent ce qu'on appelle du temps en pro bono. C'est le terme américain pour parler du temps de collaborateur qui est alloué à des projets non-profit. Et donc moi, pendant six mois, j'ai des équipes créatives qui ont bossé sur le non-diversity, sur l'identité, sur le premier événement. C'était en 2017. Et aujourd'hui, me voilà à la tête de ce projet, huit ans plus tard, à y passer tout mon temps.

  • Speaker #1

    Donc en 2017, tu sautes le pas avec DiversiDays. Est-ce que déjà tu peux nous rappeler en quelques mots ce que c'est DiversiDays ?

  • Speaker #0

    Oui, structure d'égalité des chances. Notre objectif, c'est d'aider des gens qui ont perdu confiance en eux, compte tenu de parfois des obstacles professionnels, de leur singularité, de ce qui a pu leur renvoyer le monde du travail. Donc on remet en confiance des gens surtout qui ont envie de se reconvertir dans les métiers du numérique. les armer dans leur projet de reprise d'études ou projet de reconversion pro au sens pur. C'est-à-dire, tiens, tu étais chauffeur poids lourd et puis, en fait, tu as toujours été un peu geekos ou tu as toujours aimé un peu l'informatique, les réseaux sociaux, j'en sais rien, peu importe. Et tu te dis, pourquoi pas ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi pas me reconvertir ? Et donc, on facilite cette reconversion-là. On a un programme qui s'appelle Déclic Numérique qui a accompagné près de 13 000 personnes sur les cinq dernières années. Donc, c'est des gros volumes, dont une bonne moitié qui a repris les études dans les 12 à 18 mois. Donc on est un espèce d'accélérateur au retour vers la formation dans le numérique. Pour te dire, ça fait presque 6000 personnes en France qui ont repris les études grâce à des clics numériques, ce qui est un gros rien pour voyeurs. Alors on ne le fait pas seul, on a plein de partenaires, que ce soit des grandes formations, c'est un plomb 42, Connexio en particulier, mais on a aussi toute la PEC, France Travail, le ministère du Travail, la GFI, AXA, Google et plein d'autres qui nous financent et qui permettent d'avoir une équipe qui est derrière. On a un deuxième grand programme qui est un programme d'accompagnement à l'entrepreneuriat qui s'appelle le Leadership Programme. On a à peu près 500 entrepreneurs qui ont rejoint ce programme-là. Et là, on va l'accélérer. Alors, je fais un teasing, je ne sais pas quand est-ce que sort le podcast, mais il sera public d'ici là, je pense. On a été retenu par BPI France aussi pour être dans plusieurs régions. Donc voilà, on va chercher tous les talents des quartiers. En particulier, là, ce sera très quartier. Tous les talents des quartiers qui veulent créer une startup et qui veulent avoir un petit peu plus de traction. Et mon dernier programme, c'est... Take Your Place c'est un programme plutôt pour permettre aux startups d'avoir des stratégies de diversité et d'inclusion elles sont à peine 13% à avoir vraiment armé,

  • Speaker #1

    musclé leur stratégie sur ce sujet et donc il y a un travail monumental de sensibiliser ces boîtes aux pratiques inclusives recrutement inclusif etc ok et sur ces trois programmes du coup est-ce que depuis quelques années je ne sais pas il y a un parcours qui t'a marqué tu vois une startup une jeune entreprise qui t'a marqué et que tu aimerais partager une

  • Speaker #0

    ou deux trois c'est dur il y en a tellement en fait Beaucoup m'inspirent par leur résilience et aussi par leur envie de vraiment percer dans leur domaine. Je vais parler de ceux, un qui vient de rejoindre le board, il a fait un peu le grand chelème, j'en ai parlé tout à l'heure, il s'appelle Lekunto, mais il s'appelle Hicham, un des cofondateurs. Je les adore parce qu'en tout cas, en moi, c'est un miroir. On a peut-être 6-7 ans d'écart, mais déjà ils viennent pour la plupart d'entre eux du 91, ils ont grandi à Grigny. À Grigny, on se le redit de manière simple, mais c'est une des villes qui est toujours citée pour des raisons négatives. Donc, ils font partie un peu des héros de cette ville. Héros positifs dans le sens où ils entreprennent dans la tech. Ils ont eu le flair parce qu'en plein Covid, ils avaient lancé un concept de food truck. Donc, ils se sont complètement cassés la gueule. Mais ils ont rebondi parce qu'ils sont trois potes. Ils s'entendent super bien, potes d'enfance, etc. Et ils ont décidé de lancer leur application. Et depuis 2-3 ans maintenant, ils cartonnent, ils sont absolument partout. Hicham en particulier a été lauréat de Talents des Cités, prix du jury, prix coup de cœur. Ils ont été pris aussi, retenus sur des trophées en D-Tech, etc. Donc, ils cochent toutes les cases. Et moi, là où ils m'inspirent, c'est que je trouve qu'il y a un supplément d'âme que je retrouve chez pas mal d'entrepreneurs qui viennent des quartiers, zones rurales et aussi des gens qui ont connu des galères. où en fait ils le font évidemment pour monter un business, etc. Mais il y a toujours l'ancrage sur la question de la cause, de l'impact social, de la raison pour laquelle ils le font qui m'anime énormément. C'est-à-dire qu'il y a toujours ce sujet de l'impact qui est en fond et qui est intrinsèque. Parce que je veux aider les miens, je veux aider mes proches, je veux aider des gens qui ont connu des vulnérabilités. Et c'est pour ça que je me sens très en cohésion avec eux, et en particulier avec Hicham qui a rejoint le board de l'association. Parce que c'est ça aussi la boucle est bouclée à l'instant où moi je... Je considère qu'on avait réussi, et je mets des grands guillemets à réussi, parce qu'on n'a jamais réussi dans l'entrepreneuriat social. Il y a des millions de gens à aider. Le problème, c'est qu'il y a toujours plus de gens, parce que notre société ne va pas très bien. C'est ça. Mais le petit, on va dire, warning positif ou clignotage positif qu'il y avait eu, c'était Khaled, qui a levé, je ne sais plus combien, 10 millions d'euros, qui m'a dit en taux, je vais faire un don à l'association. Mais un vrai don. Parce qu'il me dit, c'est grâce à vous. Pas 10 euros,

  • Speaker #1

    quoi.

  • Speaker #0

    Non, c'est ça. Et je ne sais pas, c'était un beau symbole pour nous, au même titre que Hicham qui rejoint notre board, parce que ça veut dire que c'est la boucle qui commence à s'alimenter et c'est des beaux signaux en tout cas. Ça veut dire qu'on ne fait pas trop mal notre job normalement.

  • Speaker #1

    Tu me rappelles une belle boucle, tu en as parlé de l'école 42 qui a été créée par Xavier Niel. Je crois, parce qu'au début, je m'y intéressais, je me disais comment, c'est Niel qui finance. Mais je crois qu'il avait dit justement que potentiellement, un de ses objectifs, c'était que les gens qui ont trouvé un taf, et souvent, c'est des tafs qui sont quand même assez bien payés, un jour puissent refinancer les personnes qui vont passer par 42.

  • Speaker #0

    Ben oui, oui. C'est une stratégie long terme. C'est plus long, c'est plus difficile, mais au fin mot, c'est ce qu'on souhaite. C'est qu'à un moment, Et donc, si c'est auto-alimenté, enfin voilà. Par exemple, le président de l'asso actuellement, c'est Nadim. Nadim, c'était le premier bénévole de l'association. Ça me va très bien aussi. Donc voilà, je suis en plan de pré-retraite.

  • Speaker #1

    Et si on avance un petit peu sur ton parcours, donc aujourd'hui, tu es à full time sur Diversity Day. Mais alors, il s'est quand même passé quelque chose. Je pense que tu es fier et tu peux. En 2022, tu es rentré dans le programme Obama Leaders, donc Obama pour Barack Obama. Et Michel, je ne sais pas, tu me diras.

  • Speaker #0

    C'est leur fondation à tous les deux.

  • Speaker #1

    Ok. Est-ce que du coup, tu peux nous en parler ? Ça consiste en quoi ? Et pourquoi, selon toi, tu as été choisi aussi ?

  • Speaker #0

    Dure comme question. Je vais commencer par ça, parce que je trouve que c'est intéressant. J'ai été choisi parce que j'ai postulé déjà. Donc, c'est une invitation à tous ceux qui... T'as fait ? Mais oui, en fait, on a tous ce putain... Pardon, je suis un peu vulgaire, mais ce putain de syndrome de l'imposteur où on se dit, est-ce que c'est vraiment fait pour moi ? Oh, il y a des gens qui ont fait ci, qui ont fait ça. Et je trouve que c'est ce qui est assez fort dans la Obama Foundation, c'est qu'il y a des gens qui, peut-être de prime abord, on se dit bah pourtant il n'est pas si visible ou pas si ceci cela mais justement la force du réseau de Michel et Barack Obama, c'est vraiment de se dire on va repérer des gens qui sont peut-être sous les radars à qui on va apporter de la force Donc ça c'est l'ambition première aussi. Et puis repérer évidemment des progressistes, des gens qui ont envie d'avoir des gens qui s'impliquent dans le débat public ou sur des questions d'intérêt général de manière un peu… un peu visibles, pour faire en sorte qu'on n'ait pas que des vieux grincheux à la tête de nos sociétés. Deuxième chose, moi j'avais été recommandé, donc il y a ce processus de recommandation, si vous connaissez quelqu'un qui a fait le programme, il a le potentiel de vous recommander, donc il ne faut pas se gêner, des gens qui me suivraient, qui m'écouteraient et avec qui je suis en contact, où on partage des choses, qui m'invitent à prendre un café, que ce soit virtuel, visuel, comme ils veulent, mais en tout cas je suis toujours prompt à donner des infos sur ce programme, parce que moi il a changé ma vie. En fait, je trouve qu'à l'instant où quelqu'un qui a son aura, qui a son parcours et ses convictions met la lumière sur ce que vous faites, ça apporte énormément de force. Voilà, donc on se sent tout petit. Et surtout que j'ai eu cette chance avec les différents leaders de ma promo de rencontrer Barack Obama. Et c'était une rencontre transcendante parce que c'est quelqu'un, c'est un grand leader, c'est quelqu'un qui écoute. C'est quelqu'un qui était en connivence avec nous et qui a passé beaucoup de temps à essayer de réparer nos névroses. parce qu'on est tous en tant qu'entrepreneurs sociaux à se poser mille et une questions sur notre légitimité l'adversité, le rapport au compromis slash la compromission donc on est tous un peu animés par les mêmes questions et ça fait du bien de se retrouver à un moment dans un programme avec des gens qui ont le même rapport au monde ou le même rapport au questionnement sur qu'est-ce qui pourrait me faire plier donc Donc c'était un super programme et je me sens extrêmement chanceux. Et j'invite tous ceux qui ont envie à postuler. Il y a un seul critère que je déteste, c'est la limite d'âge. Donc si vous avez plus de 45, ce n'est pas possible. Mais de 25 à 45, foncez. Je n'y suis pour rien. Je suis le premier à leur dire que c'est naze. Mais voilà, c'est leur critère.

  • Speaker #1

    Forcément, je te la pose. Est-ce que tu as une anecdote sur Barack Obama ? Comment il est ? Parce que des fois, il y a des personnages, entre guillemets, publics, qui sont différents. entre l'image publique et privée, ce qui est aussi parfois normal. Mais tu vois, est-ce que tu as quelque chose à nous raconter ? De quoi tu as parlé avec Barack Obama ?

  • Speaker #0

    Allez, Jean, tac au tac, la première anecdote amusante, c'est son sourire. Parce qu'on sait qu'il a un sourire qui est ultra communicatif. Et quand on a eu la photo d'équipe, en fait, on nous a rangé un peu en randonnion. Et bon, il s'est avéré que j'étais vraiment à côté de lui. Et donc, du coup... il me dit, bon, c'est le moment du sourire. Et il fait ce grand sourire éclatant que tout le monde connaît. Et il dit, en gros, il nous dit, ça, c'est ma technique. C'est-à-dire, tant qu'il y a la photo, vous souriez. Et c'est vrai que c'est amusant de voir que c'est presque devenu une private joke parce que son sourire a fait partie aussi de la raison pour laquelle à un moment, des gens ont voté pour lui. Je parle de sa bonhomie. Il y a même ce dessin avec le Yes Weekend qui est devenu extrêmement populaire. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut en rien négliger le côté homme de relation publique aussi, qui travaille les trucs. C'était amusant qu'il nous fasse part de son tips pour les photos. Vous ne lâchez pas le sourire. Dès que la photo s'est arrêtée, il a arrêté son sourire. Deuxième anecdote moins fun, mais plus personnelle. J'ai pu lui dire, lorsqu'on a eu un échange, il y a eu des échanges très informels, un cocktail. Donc ça, c'était ouf, on avait deux heures avec lui.

  • Speaker #1

    Cocktail avec Bach,

  • Speaker #0

    c'est pas mal. Oui, en plus, avec des échanges plus interpersonnels. Donc chacun, si tu avais envie de lui dire, ma mère vous adore. Et moi, je lui ai dit à quel point le fait d'avoir eu sa confiance avait changé mon rapport à des personnalités publiques ou institutionnelles. Et en fait, il m'a dit oui. Et tu sais, je m'attendais à ce qu'il me dise, super. Et en fait... je pense qu'il en est conscient et c'est intéressant d'avoir conscience de son leadership parce que ça veut dire qu'il sait la force qu'il nous apporte et ça je trouve que c'est quelque chose dont on parle absolument pas en France et qui est quand même très très puissant de la part des américains ils ont plein de défauts mais ils ont cette qualité là c'est de savoir la force du leadership la force de en fait moi en tant que leader quelle force je peux apporter à quelqu'un à l'instant où je le recommande à l'instant où je lui il fait part de mon mouvement etc et donc il était très conscient de ça et moi ça m'a fait du bien parce que je me suis dit ok ça veut dire qu'il fait ça pour ça Il sait qu'il lui reste peut-être dix ans à avoir l'aura qu'il a, ou peut-être moins, peut-être plus, j'en sais rien, parce qu'il est en train de créer son espèce de grand héritage à Chicago avec un lieu extrêmement important sur les minorités, etc. Donc voilà, il est en train de créer son héritage. Et troisième chose, je pense que l'anecdote qui m'a le plus frappé, c'est ce moment où il nous a tous écoutés pendant 45 minutes, on avait des groupes de travail et on parlait de ce rapport au compromis. Et il nous a dit, vous savez, votre plus grand problème à tous, c'est que vous doutez de votre proposition de valeur et de ce que vous apportez sur la table. Et je pense que c'était un peu confidentiel, mais à l'instant où tu le dis à 35 personnes, c'est plus confidentiel. Il nous dit, vous savez, toutes les fois où la porte s'est fermée dans des grands rendez-vous comme le G7, le G20, etc., il nous dit, mais la qualité des conversations que j'ai ne sont pas à la hauteur de la qualité des conversations que j'ai avec vous. Ça, ça m'a mis une baffe. Parce que je me suis dit, mais en vrai, à l'instant où tu montes dans les tours, est-ce que vraiment les conversations que tu as avec les gens sont aussi consistantes que celles que nous, on peut avoir en tant qu'entrepreneurs sociaux, de gens qui voyons la réalité des gens tous les jours ? Donc moi, ça m'a un peu transcendé cet échange-là parce que je me suis dit, si un mec comme lui nous dit qu'on a de la valeur, c'est qu'il ne nous le dit pas pour nous faire plaisir.

  • Speaker #1

    Tu sais que je suis d'accord avec toi parce qu'il y a quelques mois, je me suis un peu engagé en tant que citoyen en politique et pareil, j'étais un peu stressé, c'est un nouveau domaine, etc. Et alors, le but, ce n'est pas de taper sur les politiques, parce que comme dans tout domaine, tu as des gens brillants, tu as des gens qui se donnent un peu moins. Mais pareil, j'avais été surpris par les conversations et pas le côté intellectuel, mais la profondeur des conversations.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est des expériences qui sont intéressantes parce qu'elles te mènent dans d'autres sphères et elles te challengent aussi sur ce que tu peux apporter toi aussi. On peut douter quand on ne vient pas de ces sphères-là, ces milieux sociaux. Mais en fait, on re-rencontre des gens soit pas intéressants, soit pas instruits, soit pas... Tu vois ? Là, tu te dis, bon, peut-être finalement, je ne suis pas si nul que ça.

  • Speaker #1

    Je peux faire ma place ? Ouais, c'est ça. Ok, Anthony, écoute, on arrive, il nous reste une dizaine de minutes. On va passer à une partie un peu plus personnelle. Alors, pour la saison 2, on a essayé un peu d'innover dans les sages. À chaque fois, on essaie d'avoir quelqu'un qui est proche de l'invité, qui pose une question, et donc c'est une petite surprise. Alors, c'est Mélisangéldi. qui est la fondatrice d'Iconote une marque de basket éco-responsable et donc qui est de la promo diversi d'ice de l'année dernière si j'ai pas de bêtise et donc qui a rédigé un message que je trouve très mignon qui dit tu fais beaucoup attention à mettre en avant les autres et mettre en valeur les projets à impact mais est-ce que toi tu es heureux ?

  • Speaker #0

    Est-ce que je suis heureux ? Je suis très sensible donc il faut faire attention en présentant ce genre de message hum... Je suis très heureux, ouais. Je suis très très heureux. Ce que je fais me rend très heureux. Et tu parles d'une fille qui m'inspire beaucoup. En fait, ce qui me rend heureux, tu sais, dans cette crise qu'on vit en ce moment où tout est pessimisme, tout est noir, tout est profondément négatif, je trouve qu'être aux côtés de gens dont le quotidien, c'est de se battre pour des grandes causes ou de prendre leur place dans des environnements dans lesquels personne ne les attend, ça me rend profondément enthousiaste. J'ai cette chance d'être nourri au quotidien de gens qui font des choses incroyables et d'aller dans des environnements dans lesquels je n'avais pas accès pour essayer de créer des ponts, je me sens utile. Il n'y a rien de mieux dans une vie que de se sentir utile. Donc oui, je fais attention aux autres. C'est vrai que je me suis un peu négligé sur ces six ou sept dernières années. Je pense que quand on est au service des autres et qu'on a le goût des autres, on peut se méprendre sur ce que ça veut dire de se protéger soi aussi, sur nos vulnérabilités. J'ai passé peu de temps à faire du sport, à manger bien, à me coucher tôt. Donc je réapprends ça. Mais c'est vrai que c'est un... gros challenge. En vrai, je trouve que je dis souvent que l'entrepreneuriat social, ça rend humble, mais c'est qu'en fait, au quotidien, c'est des montagnes russes. Les changements politiques sont quotidiens. On est obligé de coudre avec le politique parce que c'est lui qui construit les politiques sociales. Et ça peut désarçonner plus d'une fois. Plus d'une fois, je me suis dit, mais j'arrête tout. Qu'est-ce que je fous là ? Je suis taré, en fait. Et la rencontre des gens, Melissandre et toutes ses promos, et toutes les autres promos, etc. Ça te porte. Enfin, l'instant où t'as un genou à terre... t'as tout de suite quelqu'un pour te relever ou pour te dire t'arrête pas, t'arrête pas c'est utile ce que tu fais je connais pas toute la promo,

  • Speaker #1

    je connais que

  • Speaker #0

    Mélissande et ma fille je crois et ces personnes elles ont une telle énergie genre de dingo mais ça te nourrit les gens me disent mais Anto comment ça se fait que t'es en forme il y a Mathéo qui est à côté de nous et qui m'a aidé pendant les 6 derniers mois à tout cranter l'agenda, les rendez-vous etc et Il me dit souvent, je ne sais pas comment tu fais, mais je fais que mon arme secrète, c'est les gens que j'accompagne. Ils me boostent tellement. Et tu sais, on dit souvent, on aide le soi de l'époque, on se répare. Moi, ma manière de me réparer, c'est d'aider les autres aujourd'hui. Parce que quand je les vois réussir, je me dis, c'est toutes les chances que je n'ai peut-être pas eues à l'époque, sans faire l'enfant maudit ou misérable. Mais on cède, on est dans les autres, je pense.

  • Speaker #1

    C'est des belles paroles. Tu as parlé de la politique, on a parlé de Barack Obama. Question pas facile. Qu'est-ce que tu penses de la politique actuelle ?

  • Speaker #0

    C'est le chaos. Là, on est dans une période qui est très complexe. Et puis, j'ai l'impression qu'il y a un côté parti-remise sur 2027 avec l'arrivée au pouvoir potentiel de l'extrême droite. Ça me fait très peur parce que ce sont des gens qui ont pris tous nos sujets en considération, mais sous le mauvais angle. Tu vois, on parlait des migrations tout à l'heure. Je pense que... D'ailleurs, c'est intéressant. Le... Profil même de Jordan Bardella, c'est un profil de quelqu'un d'origine italienne, immigré, père aussi. Je ne sais plus de quelle origine, mais maghrébine il est. Donc ça veut dire que le fruit,

  • Speaker #1

    c'est assez... C'est un casque comme truc, je ne le savais pas.

  • Speaker #0

    Mais il est le fruit de ces migrations-là. Et en fait, il est dans un déni total. Ça veut dire, tu sais, je suis toujours un peu vigilant des gens qui arrivent quelque part et qui ferment très fort la porte. Je trouve qu'il n'y a rien de pire que ça. Donc... Au contraire, je trouve que dans les personnes qui sont des immigrés de première, deuxième génération, leur rôle, c'est d'ouvrir la porte aux générations suivantes. Donc ce sont des gens qui me font, à titre personnel, très peur. Et après, à titre plus professionnel, si je prends mes sujets comme des sujets de conviction, des sujets qui sont armés par des lois, par des financements, etc., ça me fait très peur sur toutes les minorités au sens social, ethnique, géographique, social et culturel, minorités au sens aussi handicap. En fait, de se dire, est-ce qu'on aura toujours des politiques sociales qui seront dotées ? Est-ce qu'on ne va pas ratiboiser la chose ? On voit ce qui se passe aux États-Unis. Donald Trump, dont le débat actuel avec Kamala Harris aussi, se joue sur l'IVG. On est en train de dire à des femmes que pour avorter, elles vont devoir prouver pour certaines qu'elles ont été violées ou victimes d'inceste. Comment elles vont prouver ça ? Ce n'est pas assez humiliant déjà ? Ou ce n'est pas assez humiliant de devoir... passer devant un médecin pour dire je ne vais pas le garder, etc. et de vivre les complications que peut être une interruption volontaire de grossesse. Donc je crois qu'on vit des débats absolument fous. Et j'aime bien citer Simone de Beauvoir qui dit à la première révolution, à la première crise, il faudra se méfier des droits, des droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes, parce qu'à chaque crise, ils pourront être bousculés. C'est ce qui se passe actuellement. Donc voilà, j'ai très peur de ce qui se passe, j'ai très peur du chaos. J'ai très peur des annonces qui sont faites en ce moment et elles sont une insulte à tout notre travail d'entrepreneur social.

  • Speaker #1

    On arrive sur la fin de l'interview si on finit sur un ton un peu plus léger Est-ce qu'on parlait pas de Jackie Chan ?

  • Speaker #0

    Ah ! Je l'avais oublié Tu veux qu'on l'appelle ? Écoute, non c'était un super moment pour tes auditeurs, j'ai eu la chance de porter la flamme paralympique il y a quelques semaines c'était tout à fait inattendu, j'ai eu un message quelques jours avant pour me dire coucou es-tu dispo pour porter la flamme ? plus Place de la République, etc. Et un peu, en dernier moment, j'apprends que Jackie Chan fait partie du convoi. Donc voilà, on a une petite vidéo qui a fait pas mal de vues sur les réseaux où je danse avec lui. Il s'ennuyait. En fait, tout le monde a fait son selfie, sa vidéo avec lui. Et donc, je suis allé le choper. Je lui ai dit...

  • Speaker #1

    On va faire un truc plus fun, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais, je lui ai dit, Jackie, t'es mon mentor. Et son traducteur a dit, he can teach you. Et genre... Et donc, tu vois, il m'a appris des prises et tout. C'était un moment extrêmement drôle. Et puis, du coup, qui restera gravé aussi, parce que c'est une légende de notre enfance. Et puis, pour beaucoup de gens, ça reste le symbole des films qu'on regardait quand on était petit.

  • Speaker #1

    Deux dernières questions. C'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as faite dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Je dirais que j'ai fait pas mal de choses audacieuses, parce qu'en fait, à chaque fois, on m'a quand même fait comprendre qu'il ne fallait pas y aller. Et je crois qu'aujourd'hui, dès qu'on me dit que c'est compliqué, c'est comme si tu armais la machine. On me dit c'est compliqué, ça me stimule. Et si on me dit ça va être difficile, ça y est, c'est le top départ. Le truc le plus audacieux ? Je pense que c'est un pari futur que je suis en train de me lancer. En fait, quand tu te lances dans l'entrepreneuriat social, c'est tout à fait inconscient, je pense, pour beaucoup d'entre nous. Moi, j'y suis allé à cœur perdu. Au bout de deux ans, je suis devenu salarié de la structure parce que c'était la fin de mes droits chômage et je me suis dit c'est ça que je veux faire. Ça s'est imposé comme une évidence. L'assaut s'est créé. Six ans après, elle a eu l'impact dont je parlais tout à l'heure. Elle commence à être de plus en plus connue en France. Et j'ai une obsession aujourd'hui, c'est... Je crois qu'il n'y a pas de grand rendez-vous de l'égalité des chances en France. Il n'y a pas ce grand, on va dire, totem qui permet de réunir les Français autour de la grande cause qu'est l'égalité des chances et la lutte contre les discriminations. Il n'y a pas de moment positif, il n'y a pas le moment de... On célèbre les différences, on célèbre les singularités. Et donc, peut-être le truc le plus audacieux que je fais de ma vie, c'est d'essayer de créer ce grand rendez-vous, parce que le but, c'est de réunir plus de 10 000 Français, que ce soit un moment de grande écoute. Ça devient un peu les enfoirés version égalité des chances. Je prends l'exemple des enfoirés parce qu'on sait que c'est un moment de solidarité, c'est un moment où les Français se retrouvent, c'est un beau symbole de notre société qui est à l'unisson autour de la lutte contre l'exclusion. Et j'aimerais faire exactement la même chose sur la lutte contre la discrimination et la lutte en faveur de l'égalité des chances. Donc, le truc le plus audacieux arrive. Et ça fait deux ans que je bosse dessus, donc si j'en parle de manière aussi...

  • Speaker #1

    C'est costaud.

  • Speaker #0

    C'est qu'à tout moment, t'as envie d'arrêter parce que... Quand tu présentes ce projet, tout le monde dit mais c'est génial ! Et quand tu dis et qui veut combien met aux portes ? Les pépettes. Combien met au pot commun ? Là, c'est très compliqué. Donc, il y a des signaux plutôt positifs. Donc, rendez-vous milieu d'année prochaine. Lieu et date à venir pour se retrouver pour ce grand rendez-vous. Inch'Allah.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, Anthony ?

  • Speaker #0

    La seule chose que tu peux me souhaiter, et avec longévité, c'est la santé. Si j'ai la santé, on va tout éclater.

  • Speaker #1

    Merci Anthony Je t'en prie

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose il n'y a qu'un moyen de nous remercier Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast abonnez-vous et mettez 5 étoiles 30 secondes de votre temps mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles et que d'autres personnes découvrent les sages Avant de se quitter, une dernière chose N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne, J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.

Chapters

  • Introduction et présentation de Anthony Babkine

    00:05

  • Le parcours d'Anthony : de la banlieue à l'entrepreneuriat

    02:10

  • Diversidays : promouvoir l'égalité des chances dans la tech

    03:18

  • Les opportunités dans le numérique et la reconversion professionnelle

    05:10

  • L'importance de la représentation et des modèles positifs

    05:59

  • Le rôle des mentors et des rencontres clés dans le parcours d'Anthony

    14:06

  • Le programme Obama Leaders et son impact sur Anthony

    20:06

  • La vision d'Anthony pour l'avenir et l'égalité des chances

    50:02

  • Conclusion et réflexions personnelles d'Anthony

    01:04:15

Description

Dans cet épisode de "Les Sages - le podcast des leader·euse(s) humanistes", Nicolas Jeanne reçoit Anthony Babkine, un entrepreneur social visionnaire et cofondateur de l'association Diversidays, qui se bat pour l'égalité des chances dans le secteur numérique.


Anthony a fait ses preuves dans le monde de la communication et de la publicité. Il y a occupé des postes à responsabilité chez TBWA où il a pu influencer des stratégies de marque et des campagnes innovantes.


Son parcours, qui débute dans une banlieue parisienne, illustre parfaitement comment un homme peut transformer ses défis en opportunités, et comment ses expériences personnelles lui ont permis de gravir les échelons du succès dans des entreprises prestigieuses. À travers son histoire, il nous rappelle l'importance de la diversité dans le monde des affaires et comment cela peut enrichir les entreprises tout en favorisant une culture d'inclusion.


Dans la seconde partie de cet épisode, Anthony partage ses engagements passionnés pour la transformation sociale et l'entrepreneuriat à impact. En tant que cofondateur de Diversidays, il œuvre sans relâche pour aider les entrepreneurs issus de milieux sous-représentés à réaliser leurs rêves. Il présente notamment son Leadership Programme, une initiative novatrice conçue pour accompagner ces entrepreneurs dans leur parcours.


Anthony évoque également son expérience enrichissante avec la fondation Obama, qui lui a permis de renforcer son réseau et développer son état d'esprit.


Cet engagement envers l'égalité des chances et la diversité est au cœur de sa mission, et il nous inspire à repenser notre rôle en tant que leaders dans nos propres sphères d'influence.


L'épisode se termine sur une note personnelle où Anthony partage sa vision de l'avenir. Il insiste sur l'importance de la santé et du bien-être dans son parcours, soulignant que le succès ne se mesure pas uniquement en termes de chiffres, mais aussi en termes d'épanouissement personnel et collectif.


En écoutant cet épisode, vous découvrirez non seulement les défis et les réussites d'un leader engagé, mais aussi des réflexions profondes sur le rôle de la technologie comme ascenseur social et l'impact des entreprises à impact.


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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders. Et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages. Anthony Babkin est le gars que vous aimeriez avoir en tant qu'ami. Sympa, à l'écoute, proche de vous. Anthony est unanimement reconnu comme un humaniste par son entourage. Mais Anthony, c'est aussi un gars très ambitieux. Pour lui-même, bien sûr, mais aussi pour prouver que c'est possible de devenir d'Evry-Courcouron, en banlieue parisienne. et de tout casser, et surtout, de prendre sa place. Pour ce faire, il comprend rapidement qu'il va devoir changer les étiquettes qu'on peut lui prêter. Il va faire le CELSA, une précieuse école de communication, puis progressivement entrer chez TBWA, la troisième agence de pub française, en tant que DG adjoint de la partie corporate, à seulement 31 ans. En 2017, il veut aligner ses convictions profondes avec son métier. Il crée l'association d'égalité des chances Diversidays. En 2022, il est choisi par Barack Obama. pour être l'un de ses représentants en Europe à travers sa fondation. Anthony aujourd'hui se bat pour les autres, pour rétablir l'égalité des chances et redémarrer l'ascenseur social. Allez, on y va avec Anthony.

  • Speaker #1

    Salut Anthony, et merci d'avoir accepté notre invitation dans les sages. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Très très bien, merci de me recevoir dans ton podcast, c'est cool.

  • Speaker #1

    Écoute, avec plaisir. Est-ce que pour nos auditeurs, je peux te demander de te présenter en quelques lignes ?

  • Speaker #2

    Eh bien, je m'appelle Anthony, j'ai... cofondé il y a maintenant 8 ans une structure d'égalité des chances qui s'appelle DiversiDays avec une ambition qui était assez importante à l'époque, c'est de faire en sorte que les métiers de la tech soient accessibles au plus grand nombre. On a une conviction avec Mounira, donc la cofondatrice, c'est que le fait que le numérique peut être l'ascenseur social du 21ème siècle et cette ambition elle est toujours la même 8 ans après, sauf qu'il y a une chose qui a changé, on a accompagné 13 000 personnes en 8 ans, donc il y a 40% d'entre eux qui ont repris la route des études, pas mal qui ont créé des startups aussi, ou qui ont levé des fonds. Donc ça réalise un peu de la promesse qu'on a envie de voir, parce que monter une asso d'égalité des chances, il y a une mission très forte derrière, c'est le fait de se dire est-ce que l'ascenseur social peut fonctionner ? Et on est convaincu que la tech ça peut être un accélérateur, donc on le prouve un peu au quotidien, j'ai envie de dire à notre échelle, c'est 800 000 personnes qui sont attendues dans les métiers du numérique d'ici 2030, donc il va falloir du monde dans ce fameux ascenseur. Et donc voilà, on est un de ces acteurs d'égalité des chances en France. Et je me décris comme un entrepreneur social. Et à côté de ça, je crée des contenus aussi. J'ai mon podcast qui s'appelle Prends ta place. On a tout un podcast maintenant.

  • Speaker #1

    On va en reparler. Et juste, je réagis. Tu dis 800 000 personnes attendues dans le numérique. Aujourd'hui, on a à peu près combien de personnes, tu penses, dans le milieu digital, numérique,

  • Speaker #2

    tech ? Alors, c'est difficile à quantifier. Je sais qu'aujourd'hui, les startups, par exemple, les offres en CDI, c'est à peu près 10% du marché de l'emploi. OK. des personnes en reconversion, si on ne mise pas sur toutes les personnes qui sont soit éloignées de l'emploi, soit dans un job qui va potentiellement être transformé par l'intelligence artificielle ou même remplacé, parce que voilà, le métier de comptable, le métier d'hôte de caisse, des métiers qui vont être plus on va dire remplacés sur des chaînes logistiques ou des chaînes d'approvisionnement ou industrielles, en fait tous ces jobs-là vont changer. Et si les gens n'empruntent pas la voie de la reconversion, déjà ils vont au casse-pipe. Mais l'autre chose aussi, c'est que la France, si elle n'a pas suffisamment de main-d'oeuvre dans ce domaine-là, elle sera en panne de croissance. Donc il y a un truc monumental. Et dans ces fameux 800 000, si je prends par exemple que le métier de cybersécurité, donc professionnel en cybersécurité, il y a eu 15 000 professionnels manquants pour la France l'année dernière sur ces domaines-là. Donc il y a un enjeu monumental de former des gens, de faire connaître ces métiers, mais surtout de faire savoir que c'est accessible au plus grand nombre. Sans le bac, on peut reprendre certaines études dans le domaine, pas toutes, data analyst et autres métiers qui demandent parfois d'avoir quelques années d'études, mais certains de métiers de développeur, de métiers de chef de projet web, de métiers d'UX designer, etc., sur des choses de premier niveau, ça peut fonctionner avec la reconversion pro.

  • Speaker #1

    C'est des métiers qui n'arrêtent pas d'évoluer, donc je pense que tu peux... tu peux aussi un peu choper le train en marche et avoir les dernières connaissances et arriver à t'intégrer sur le marché du travail.

  • Speaker #2

    Complètement, je pense que c'est ça la plus grande opportunité qui est ouverte avec ces métiers, c'est que tu peux te former à tout âge et en vérité, pour pas grand-chose, nous, on bosse beaucoup avec Google qui ont créé les Google Career Certificates. En fait, pour quasi zéro, tu peux te former à des métiers, des compétences qui sont très recherchées sur le marché de l'emploi. Donc, c'est un peu cette promesse-là aussi que nous, on soutient, c'est de dire, en fait... il n'y a jamais eu autant d'opportunités d'avoir un job qui est plutôt en CDI, plutôt rémunérateur et où il y a une traction mais encore faut-il le savoir puisque dès lors où tu sors dans des grandes zones urbaines tu vas dans des quartiers, des zones rurales dès lors où tu t'adresses à des personnes de plus de 50 ans qui n'ont pas de bac ou d'études supérieures, il y a ce vrai syndrome de l'imposteur qui se crée, c'est-à-dire c'est peut-être pas fait pour moi, ou alors il y a aussi ce côté juste manque de connaissance de l'information

  • Speaker #1

    de dire en fait j'ai jamais entendu parler de CMT je connais pas ce domaine dans le coin où je suis en fait il n'y a pas d'offre d'emploi donc voilà et ça me parle beaucoup je fais un big up à ma maman parce qu'elle est en banlieue rouennaise tu vois et elle a travaillé dans ma dernière startup et justement elle était un peu en reconversion elle a dit je vais aller trouver un taf et donc tu vois ça me parle et c'est le plus bien intégré et depuis elle a quitté ta boîte et elle a fait fortune c'est ça elle est partie en Silicon Valley voilà ok Anto écoute et pour revenir un peu sur ton enfance du coup tu as grandi je crois en banlieue parisienne est-ce que tu peux nous en parler un petit peu dans quel milieu social,

  • Speaker #2

    est-ce que tu avais des passions ouais moi je suis un pur produit de banlieue et j'assume à présent parce que pendant longtemps je considère que je me suis un peu caché il faisait pas bon de dire et je crois que c'est toujours le cas malheureusement de dire qu'on vient d'un quartier où qu'on a grandi en banlieue avec toutes les codes et tous les stéréotypes qui vont avec, quand je dis les codes c'est que moi j'ai en plus, j'ai grandi dans l'Essonne et on était fier de dire c'était l'Essonne je laisse rires Et donc, on était tous habillés à l'américaine, moi le premier, Doura, casquette, baggy. Donc, j'ai l'impression de me déguiser, pour le coup, quand j'allais en entreprise. Et je pense qu'on a appris très tôt à être caméléon. Et c'était la condition sine qua non aussi à trouver un job. Donc, j'ai dû me fondre, mais j'ai dû me confondre aussi à un moment. Et c'est ça que je regrette le plus, d'avoir gommé mon identité là où j'ai grandi. Aujourd'hui, je le revendique beaucoup plus parce qu'en fait, déjà, on dit que... la banlieue influence Paname et Paname influence le monde. Mais si on en revient à ça, on voit bien que les codes des quartiers populaires aujourd'hui ou ce qu'on appelle les cultures populaires influencent notre société. Ayana Kamoura, l'artiste la plus streamée dans le monde et plein d'autres artistes ou plein d'autres personnes qui viennent de nos quartiers ou de nos banlieues et qui inspirent beaucoup de gens. Et en fait, je me dis tout simplement que cette culture est devenue un peu plus mainstream. Mais en tout cas, pour ma génération, on a dû gommer beaucoup de choses. Et je le regrette parce qu'on nous a jamais dit et sans faire les enfants déshérités mais je trouve qu'on a ça en commun avec tous les gens avec qui j'ai grandi et on se retrouve aujourd'hui sur ce même narratif, on nous a pas dit qu'on était capables, on nous a pas dit que c'était possible et je le regrette parce que en fait on a du potentiel et on est nombreux à avoir prouvé qu'on avait ce potentiel et je cite souvent Amad qui a créé BoostKP le plus gros média rap à RENBI je pense souvent à Paul Lay qui a créé LabelleVie.com je pense aux équipes qui ont créé La Lucarne la plus grande compétition sportive, la petite lucarne qui est devenue la plus grande lucarne d'Europe. Je pense aussi à toutes ces femmes entrepreneurs dans notre territoire ou des personnes qui sont tout simplement des décideurs économiques qui ont grandi dans ces territoires et qui sont devenues des gens importants. Et on n'en parle jamais. Dans le narratif public, on n'en parle pas. Donc voilà, j'ai grandi à Evry. J'ai, on va dire, le passé de l'ancien mauvais élève qui n'a pas trouvé sa place à l'école. et un peu forcé par le destin, des structures d'égalité des chances et les parents. J'ai réussi à continuer les études. J'ai fait deux années de redoublement. Je dis souvent, j'ai eu le bac mention rattrapage. J'ai fait un IUT technique de commercialisation. Il y avait une belle école d'ingénieurs à Evry et de managers qui s'appelait l'Institut National des Télécommunications, qui est devenu l'Institut Mines Télécom Business School. Je l'ai intégré. C'était une école publique, donc elle coûtait dix fois moins cher qu'une école de commerce. De toute façon, les parents avaient... Je n'avais pas les moyens de payer une école de commerce. Et en dernière année, je me suis dit, vas-y, je me chauffe pour la Sorbonne et je suis rentré à la Sorbonne. Et donc, comme quoi, pour un mauvais élève, c'était plutôt pas mal. Mais je n'ai pas brillé à l'école, mais j'ai eu les diplômes, c'était le plus important. Donc, c'est peut-être un conseil que j'ai envie de donner à ceux qui nous écoutent, non pas de jouer le vieux sage, mais avec le recul.

  • Speaker #1

    avoir le diplôme c'est aussi important que de tenter de rentrer dans l'école c'est pas de sortir majeur c'est des labels et si je rebondis sur ce que tu viens de dire il y a un truc que tu as dit on nous a pas dit que c'était possible concrètement ça veut dire quoi ? c'est à l'école,

  • Speaker #2

    c'est dans les médias c'est peut-être des rôles modèles ou je sais pas t'as bien résumé le triptyque représentation déjà peu de représentation positive sur des gens qui viennent des mêmes territoires que nous et qui réussissent dans des des environnements très variés. J'en fais presque, tu vois, avec Stéphane Baudel, maire d'Evry, presque une priorité stratégique. Quand on papote ensemble, je lui dis, mais il faut qu'on valorise les réussites de notre territoire. C'est la projection et c'est la condition sine qua non pour que des jeunes se disent, c'est possible, je peux le faire.

  • Speaker #1

    Mais oui,

  • Speaker #2

    je peux être avocat, médecin, créateur d'entreprise, peu importe, mais je peux me projeter dans une condition sociale qui n'est pas forcément celle de mes parents. Que ce soit en termes de diplôme, que ce soit en termes de... de perspective professionnelle. Donc, on n'est pas condamné. C'est-à-dire, tu n'es pas condamné à rester dans ta classe sociale. Parce que pour moi, derrière tout ce sujet-là, il y a celui de la mobilité sociale. Comment on permet à des jeunes gens de leur dire, tu n'es pas condamné à rester dans ton quartier ? Et quand je dis condamné, c'est au sens géographique du terme, au sens sociologique du terme, c'est-à-dire, tu peux t'émanciper, tu peux rester au quartier, il n'y a pas de souci, mais tu peux rêver grand et gagner de l'argent et devenir quelqu'un. Voilà. Je pense qu'on a tous ça en commun, c'est que, tu vois, c'est marrant parce que je me suis rapproché vachement des équipes de Niska. Ils ont créé Niska le chanteur, pour ceux qui ne connaîtraient pas. Est-ce qu'il y a encore des gens qui ne connaissent pas Niska d'ailleurs ? Bon bref, il y a des gens qui n'écoutent pas sans doute. Niska a créé une association qui s'appelle Charon Ensemble et ils ont créé un livre d'or qui recense tous les gens qu'on connaît ou qui ont grandi à Evry. Et je trouve que c'est intéressant parce que dedans, ils ont mis plein de portraits de... plein de gens qui ont fait des parcours très différents de pilote d'avion à créateur d'entreprise et en fait on a ça en commun on se rend compte qu'on n'a pas eu de représentation positive, on n'a pas forcément rencontré des gens qui nous ont dit tiens t'es en galère, c'est ça la voie pour y arriver et dès lors où t'es en échec scolaire on t'envoie vers des voies sans issue moi ça a été CAP cuisine très tôt quand les notes n'allaient plus un CAP cuisine c'est très bien mais quand tu sais que derrière le CAP cuisine il n'y a pas forcément de volonté de la part des gens qui t'y orientent d'aller vers un bac pro, un BTS cuisine, une grande école ou quoi que ce soit, mais plutôt de te dire, hé, va te former et on ne te revoit plus dans nos radars, ça questionne énormément. Donc moi, j'ai envie qu'on soit beaucoup plus ambitieux pour les jeunes des territoires ruraux ou quartiers et qu'on leur montre des figures qui peuvent leur dire, regarde ce que tu peux devenir, voilà ce que tu peux faire. Tu n'es pas condamné à... l'échec.

  • Speaker #1

    Et je suis d'accord avec toi, quand tu es les jeunes de quartier, mais aussi de territoire ruraux. Tu vois, moi, je viens de campagne et ça va, j'ai été, je sais pas pourquoi d'ailleurs, j'étais en ville entre guillemets assez rapidement et j'ai eu accès à une somme d'informations. Mais sinon, si t'es tu vois, moi, j'ai mon petit cousin qui est resté en campagne, on vit pas la même life.

  • Speaker #2

    C'est évident,

  • Speaker #1

    on n'a pas les mêmes données.

  • Speaker #2

    Il y a ce sujet de l'éloignement géographique et je l'explique mal, tu vois, sur les banlieues parce que les banlieues, elles sont, par exemple, si on prend la ville de Paris, elles sont collées à Paris.

  • Speaker #1

    5 minutes,

  • Speaker #2

    30 minutes mais en fait l'info ne circule pas et aussi parce qu'il y a un truc très très fort de c'est pas fait pour nous et quand tu dis c'est pas fait pour nous, alors déjà il faut avoir l'info mais il y a toujours ce syndrome de l'imposteur de est-ce que finalement ça me correspond est-ce que mes parents m'y encouragent moi par exemple, j'ai des parents incroyables sincèrement je sais que le jour où j'ai créé ma boîte, ma mère m'a dit Anto, risquez, attention s'il y a le moins de trucs, on ne pourra pas éponger... Et en fait, elle m'avait conditionné à dire attention, c'est compliqué, sans le vouloir forcément. Et à nouveau...

  • Speaker #1

    Oui, c'était un réflexe de maman.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Oui, mais si tu viens d'une famille qui a des moyens, en fait, on te dit fonce, de toute façon, papa ou maman va essayer.

  • Speaker #1

    On peut éliminer 20, 30, 40 cas.

  • Speaker #2

    La love money, la fameuse love money. Nous, c'est le love du cœur.

  • Speaker #1

    La love énergie.

  • Speaker #2

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #2

    et du coup,

  • Speaker #1

    ce qui est intéressant, enfin, ce que je me pose comme question en t'écoutant, Est-ce que tu as eu un switch ? Est-ce que tu as grandi dans ces milieux où c'était moins facile d'avoir de l'ambition ? Est-ce qu'il y a un moment où tu as rencontré quelqu'un où tu as eu un switch en te disant c'est possible, je vais y arriver Et après, tu as commencé ton ascension professionnelle.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe lidée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code les sages et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    En vrai, je pense que mes vrais moteurs, c'est les parents. J'ai des parents, je pense qu'ils sont intelligents, mais paradoxalement, qui n'ont pas eu forcément l'opportunité de faire des études supérieures ou de s'émanciper dans des domaines dans lesquels ils voulaient vraiment aller. J'ai un daron qui a toujours voulu percer dans la musique, qui a fait plein de trucs bien, mais qui a toujours voulu avoir son studio, etc., et qui n'est pas forcément parvenu. Et j'ai une maman, je pense, qui avait énormément de potentiel pour créer une entreprise, etc., mais elle a consacré beaucoup de temps à notre éducation. Et donc, en fait, si tu prends les deux points, tu te dis, en fait, ils m'ont biberonné un peu de leurs rêves. Et quand j'étais en échec scolaire, ma mère m'a dit la cuisine, OK, mais si tu fais de la cuisine, tu fais un truc bien. Et je me suis rendu compte qu'ils nous ont donné ce truc là de si tu vas quelque part, il faut que tu sois pas le meilleur. Je ne suis pas sûr que ce soit ça qui m'est légué, mais le côté on veut que tu sois, que tu fasses quelque chose de bien. Exemplaire. Donc déjà, j'étais un peu conditionné là dedans, un peu, je dis biberonné à l'ambition, mais tu vois, voilà. Je pense qu'on est toujours un peu le miroir de nos parents et de leurs attentes. Et après, il y a eu des rencontres extrêmement structurantes. J'ai le souvenir d'un prof que j'ai rencontré en IUT. C'est le premier prof qui m'a fait comprendre que je n'étais pas si bête que ça. Parce que le système scolaire te laisse penser que tu es bête à force d'être en échec. C'est à peine à 38 ans, donc c'est maintenant que je m'aperçois que j'ai peut-être des choses qui m'ont mis en difficulté. Tu vois, des troubles de la concentration, un peu d'hyperactivité. l'hypersensibilité, hyper, hyper, enfin voilà.

  • Speaker #1

    Plein d'hyper à gérer au quotidien.

  • Speaker #2

    Ouais, plein d'hyper à gérer. En fait, on l'a popularisé, tous ces diagnostics-là ont été popularisés de manière très récente, mais je trouve qu'on aurait tous besoin, déjà, il faut le dire, il y a un cinquième de la population mondiale qui est hypersensible.

  • Speaker #1

    Ouais, j'en pense en tout à fait.

  • Speaker #2

    Donc quand on tombe déjà sur ce type de stats, tu te dis, ça veut dire qu'on est finalement quand même beaucoup à être concerné.

  • Speaker #1

    Et dans la pièce, là, on est quatre, peut-être un, deux, trois.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça. En fait, c'est des choses qui te ralentissent. Moi, je disais à Madarone, mais qu'est-ce que les profs disaient de moi ? Elle me dit, rêveur. Bon, déjà, ça doit t'alerter sur le côté, bon, le gamin, il est là, mais pas là. Et je pense qu'il y a eu des profs qui ont su lire un peu à travers ce côté, oui, je suis dans les vapes ou j'en sais rien, parce qu'ils voyaient que ça tournait quand même. Mais c'est vrai que tu finis par douter quand tes résultats sont négatifs. Et ce prof là m'a dit Anthony, vous n'êtes pas si bête que vous pensez, tentez l'école de commerce, elle est juste à côté, c'est à Evry, en plus elle n'est pas chère, vous êtes à côté, il faut y aller quoi, il faut tester. Et je suis rentré dans cette école de commerce, mais jamais de ma vie j'aurais tenté de faire une école de commerce pour toutes les raisons qu'on a évoquées. Psychologique déjà de se dire j'ai pas les moyens, personne ne l'a fait dans mon entourage avant, enfin c'est que des facteurs autodimitants, mais à un moment où quand on lève le voile sur ça on se dit bah pourquoi pas. qu'est-ce que j'ai à perdre au final ? Et après, c'est des portes qui s'ouvrent et une multitude de gens que tu rencontres. Ça se dessine, mais heureusement, moi, j'appelle ça des anges gardiens, des bonnes fées, des gens que tu crois sur ton parcours et qui vont être des détonateurs ultra positifs. Oui,

  • Speaker #1

    carrément. Et quand je t'écoute, il y a quelque chose dans lequel je pense, parce que s'il y a des jeunes qui écoutent le podcast, tu peux avoir ce déclic et dire je vais faire ce taf. et je vais y arriver ou ces études mais tu vois quand t'es jeune malgré tout il faut quand même pouvoir les financer ces études tu vois financer ton quotidien si c'est du public bon ça coûte un billet mais ça reste un billet abordable le privé ça peut coûter 10 000 euros ou plus par an comment toi en fait t'as géré ça est-ce que t'as été tes parents t'as emprunté t'as fait à côté à McDo à Carrefour non j'ai regardé ce qu'il y avait de gratuit dans le système j'ai pris les choses et j'ai fait

  • Speaker #2

    Enfin, je veux dire, sur ça, on est ultra chanceux. Il y a un chiffre qui m'a un peu marqué, qui était d'une étude sur le rapport des inégalités. Il faut vous dire qu'aux États-Unis, le plus petit montant d'une année d'études, c'est 9 000 dollars. Et au max, enfin en moyenne, max, c'est 50 000 dollars. Donc ça veut dire qu'un étudiant américain, pour vraiment faire ses études supérieures, ça va lui prendre 5 à 10 ans. Et en plus, il va se saigner, ça veut dire qu'il va faire un taf à côté, vraiment pour faire rentrer du cash, c'est-à-dire pour faire rentrer 9 000 dollars par an et se nourrir et se loger et se... Donc, on a ce privilège en France d'avoir des études qui, au bas mot, sur de la fac ou quoi que ce soit, qui est entre 350 euros et 1000 euros. Donc, c'est tout à fait absorbable. Moi, j'ai fait l'UT. J'ai fait une école qui coûtait 1000 balles par an. Et ensuite, j'ai fait... Et encore, il y a 60% de boursiers. Donc, je parle de cette école, l'Institut Milne Telecom Business School foncé. Et ensuite, il y a l'alternance. Bien sûr, j'aurais pu... Enfin, j'ai monté ma petite startup à côté. Donc, c'était... Je dis startup, mais c'était une toute... toute petite boîte, vraiment rien qui permet de briller dans un podcast. Mais voilà, j'ai eu ma petite expérience professionnelle, on va dire, à mon compte à ce moment-là. Et vraiment, après, j'ai continué par de l'alternance et j'ai fait la Sorbonne. Donc, mon plus grand conseil, c'est visez les meilleures formations. Tenez-vous du mal pour essayer d'y rentrer. Et surtout, ne vous limitez pas, n'écoutez absolument pas les gens qui vous disent c'est compliqué, c'est difficile, c'est sélectif. La dernière année, c'était le CELSA Paris-Sorbonne pour moi. Et vraiment, je revenais de loin en termes d'études. J'ai réussi le concours écrit, donc j'ai passé la deuxième étape, le concours orale, j'ai réussi l'oral. dans des conditions absolument atroces, mais j'ai réussi l'oral. Et voilà, Sorbonne sur la CV et sur le CV, mais ça change une vie. Je suis passé de gens envoyés sans CV, je n'avais pas de réponse quand c'était Evry sur mon CV seulement, malheureusement. C'est une réalité. Et ensuite, quand j'ai mis la Sorbonne, j'ai envoyé 13 CV pour l'alternance. J'ai eu 13 entretiens d'embauche. Et vraiment, ce n'est pas pour briller à nouveau sur ton podcast, c'est vraiment redire que malheureusement, on est dans un pays qui va accorder beaucoup d'attention, bien trop à mon sens, sur le nom de la fac. sur le nom de ta ville d'origine, sur ton nom tout court. Ça m'a beaucoup freiné à titre perso. Et aujourd'hui, mon rôle en tant qu'acteur associatif, c'est éviter que d'autres gens vivent ça. C'est un peu dur,

  • Speaker #1

    mais je pense que tu as des étiquettes connotées négativement et des étiquettes connotées positivement.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas normal qu'à compétence égale en France, quelqu'un qui a un nom à consonance étrangère ait sept fois moins de chances d'obtenir un entretien de recrutement. Et 30% de plus s'il a un nom à consonance maghrébine. Ça s'appelle du racisme. C'est statistique, c'est prouvé. Ce que je te dis là, ce sont des chiffres du défenseur des droits. Et moi, ça m'obsède parce que je me dis qu'en fait, il y a énormément de potentiels qui ont du talent. Et je dis potentiel parce que je crois toujours qu'on n'est pas talent. On est potentiel et on devient talent parce qu'il y a des gens qui croient en toi. Et je pense à tous ces gens qui ont du potentiel et qui pourraient devenir des talents dans des entreprises, mais juste parce qu'il n'y a pas le bon nom, parce qu'il n'y a pas la bonne fac, ou qu'il n'y a pas la bonne ville sur le CV. ça va les restreindre énormément dans leur démarche. Et la réalité, c'est que c'est une perte sèche pour la France puisque c'est des gens qui vont partir à l'étranger ou qui vont faire autre chose, alors qu'on a besoin de cerveaux, qu'on a besoin de gens qui innovent. Enfin voilà, c'est du gâchis.

  • Speaker #1

    Et tu vois, ça me fait penser à une amie avec qui je dînais hier soir et qui vient de se lancer dans l'entrepreneuriat et qui s'appelait, elle se reconnaîtra, qui s'appelait Dunia et qui a changé de prénom, qui s'appelle Roman maintenant. Et pour ses raisons, parce que tu vois, elle est sur un modèle où elle veut lever des fonds. et elle pense, et c'est vrai que je suis assez d'accord avec elle, qu'elle aura potentiellement une plus forte probabilité à passer l'étape de la rencontre. Déjà sur le CV, ça sera marqué Romane au lieu de Dunia. Et du coup, peut-être qu'après, elle pourra avoir la chance de prouver en face-to-face ses compétences, son talent.

  • Speaker #2

    Sur ça, j'ai une vision un peu partagée, parce que je comprends la démarche, qui est presque une démarche de désespoir, de changer son prénom, c'est changer son identité.

  • Speaker #1

    Depuis que tu es né. C'est ça.

  • Speaker #2

    c'est plus seulement masquer quelque chose ou quoi c'est transformer quelque chose qui c'est votre ADN en fait, je pense son prénom déjà un c'est un choix donc respect pour les gens qui l'ont fait deuxièmement je pense que quand on est contraint à ça c'est qu'on est contraint de moi ce qui m'embête un peu dans ce débat du changement de prénom je trouve qu'évidemment c'est la solution la plus simple et plus rapide pour la personne qui le fait pour moi j'y vois un peu de désespoir malheureusement en revanche ce qu'on essaie de créer avec l'assaut et qui est plus long terme c'est comment on trouve des alternatives à ça Comment on fait en sorte que des gens qui financent des projets à impact ou des projets entrepreneuriaux ressemblent à ceux qui sont discriminés ? C'est plus long, ça suppose de créer un espèce de collectif de gens engagés ou qui se sentent concernés par ces discrets ou par ces problèmes-là. Mais c'est ce qu'on essaye de constituer avec l'asso et ça commence à fonctionner. Avec des investisseurs, je pense à Paul Lay dont j'ai parlé, de la bellevie.com, je pense à Fariacha qui a créé aussi Golden Bees, qui l'a revendu au groupe Figaro, et pareil qui est investisseuse aujourd'hui, et commence à constituer un... pool d'investisseurs, de gens qui sont sensibles au discret, qui sont sensibles au fait de financer des porteurs de projets qui ne viennent pas toujours des mêmes environs géographiques ou sociaux.

  • Speaker #1

    Et en plus, clairement, tu peux en trouver parce que, tu vois, en préparant cette interview, j'ai fait un petit listing des gens qui ont, entre guillemets, réussi professionnellement. Et tu as des gens comme Mohamed Altrad qui est d'origine, alors je pense qu'il est français, mais qui est aussi d'origine syrienne, qui a monté un groupe leader dans les échafaudages qui fait 5 milliards de CA. t'as Patrick Brahi qui est d'origine marocaine avec Altice, 11 milliards de CERN Philippe Journeau qui est un peu moins connu mais qui est la compagnie de Strasbourg, une foncière et aussi Henri et Octave Claba j'ai interviewé Henri Claba, le patriarche de la famille Claba qui a fondé OVH et qui est d'origine polonaise et je pense aussi au SAAD,

  • Speaker #2

    Rodolphe et Tania SAAD, TMA-CGM qui ont créé le plus gros groupe de fret dans le monde et qui sont à Marseille et qui sont d'origine libanaise. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que si on regarde l'histoire des migrations de manière générale, alors on peut regarder l'histoire comme elle est décrite par le parti d'extrême droite, mais en revanche, tu peux regarder aussi l'histoire des migrations sous l'angle économique, et là, ça dit tout autre chose. Les États-Unis, d'ailleurs, loin s'en faut, soit Jeff Bezos, que ce soit qui d'autre ? Elon Musk. Elon Musk, enfin, et plein d'autres, sont des gens qui sont des fils ou filles d'immigrés, première, deuxième génération. Donc c'est intéressant de regarder en tout cas l'histoire des migrations sous ce spectre-là. Ça dit autre chose.

  • Speaker #1

    Elon Musk, il est assez connu, je crois qu'il est d'origine sud-africaine. Mais Jeff Bezos, il est d'origine ?

  • Speaker #2

    Je ne veux pas dire de bêtises.

  • Speaker #1

    On mettra dans les commentaires. Et si on revient du coup à ton parcours, donc tu rentres, donc tu as fait le DUT à Evry, puis l'Institut des Mines en master. Et du coup, après un master au CELSAR, qui est une école assez prestigieuse en com, si je n'ai pas de bêtise. Et qu'est-ce que tu as appris là-bas ? Est-ce que c'était aussi un peu un déclic ? Tu as côtoyé peut-être, puisqu'on pourrait en parler, mais d'autres personnes ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que le plus gros déclic, il est social. C'est la première fois où je me suis senti autant en décalage socialement avec les gens de mon formation. Pour être franc, je n'avais pas d'amis. Alors je pense que déjà, il y avait un décalage parce que j'avais très très faim professionnellement, j'avais plein de projets, j'avais déjà commencé à écrire un bouquin, etc. Donc j'étais un peu en décalage parce que je donnais déjà des cours à côté. Donc les gens se disaient, qu'est-ce qu'il fout là, lui ? Puis les gens avaient vite compris que je venais là pour le diplôme et pas forcément pour l'enseignement. Dit comme ça, c'est un peu trivial, mais je l'assume aujourd'hui. Je savais qu'il me manquait la bonne étiquette sur le CV pour dire j'ai fait la Sorbonne. Si les gens de la Sorbonne m'entendent, ils vont me... m'excommunier à vie mais j'assume ce côté là en fait je pense que quand on vient de zones qui sont moins considérées, on cherche des labels, des choses qui crédibilisent notre parcours, pour un gamin qui n'était pas fait pour les études, faire un premier master puis un deuxième master à la Sorbonne je peux dire que c'était enfin c'était presque un combat personnel du karaté et en vrai je considère que j'ai beaucoup plus appris à l'IUT avec une vision très 360 de la com, du marketing... de la comptabilité, du droit, c'était beaucoup plus complet que les formations que j'ai faites après qui étaient peut-être plus théoriques et moins professionnalisantes donc je me suis senti beaucoup plus porté et nourri par l'IUT que après, paradoxalement en revanche, en rien, je remets en cause la qualité des cours, j'ai eu des profs exceptionnels absolument partout mais c'est juste que j'ai vu l'impact de la Sorbonne sur mon CV et j'ai vu aussi le décalage social quand j'étais au Salsa parce que d'un coup c'était la première fois où quotidiennement j'étais obligé de quitter ma petite banlieue à faire RERD Evry et arriver sur les quai de Neuilly avec la ligne je ne sais plus combien et franchement c'était l'enfer et parfois j'y allais même en bagnole parce que je m'étais dit je vais gagner du temps et en fait je mettais 2h30 à y aller déjà tu traverses le monde parce qu'il faut se dire qu'Evry c'est vraiment Sud Paris et Neuilly c'est vraiment Nord-Ouest Paris donc il faut être à peu près le soir aussi Ouais, mais en fait, le RERD était tellement défaillant tout le temps. Moi, je l'utilisais, il l'est toujours, mais il y a des moments où il est vraiment défaillant et je mettais presque deux heures en train. Donc voilà, c'est un peu... Il faut en vouloir. Il faut avoir faim à ce moment-là et surtout quand tu sais le décalage qu'il peut y avoir sur certaines formations où tu rencontres des gens qui étaient prédestinés à aller dans ce type de programme ou d'école parce qu'ils vivaient à Neuilly ou à côté. Et à nouveau, je ne leur reproche rien, mais tu arrives là-bas, tu as un décalage. Enfin, moi, c'est ce que j'appelle l'itinéraire d'un transclasse. C'est... l'itinéraire que n'importe quelle personne va faire lorsqu'il change de classe sociale, mais ne le sait pas forcément. En termes de code, de valeur, de potes, de références, que ce soit sociale, culturelle, sortie, ciné, concert, j'en sais rien, artiste, on n'a pas les mêmes rêves, on n'a pas grandi aux mêmes endroits. Pourtant, géographiquement, on n'est pas très loin, mais il y a tout qui nous sépare.

  • Speaker #1

    Je te comprends, parce que moi, quand je suis l'originaire de Normandie, j'ai été faire mes études à Lille et je suis arrivé dans une école de commerce et pareil, je fais des cultures au début. et j'étais plutôt on va dire studieux et la majorité n'était pas très studieux pareil il y a eu un peu un sas le temps de trouver des potes ta bande de potes quoi et bizarrement c'est que tu vas retrouver des gens qui te ressemblent au départ pas mal et puis vous faites votre chemin ensemble mais c'est

  • Speaker #2

    vrai que c'est un peu ce que je reproche aujourd'hui à une formation comme le CELSA sur le papier il y a écrit c'est ouvert à tous et dans la promotion que l'école va faire ou dans la capacité à aller attirer des élèves différents il n'y en a quasiment aucune Je me souviens quand j'avais fait, donc j'étais diplômé du CELSA et j'avais proposé de faire la promotion de l'école dans mon IUT à Evry. Et quand j'ai appelé pour dire j'aimerais bien avoir des plaquettes, la secrétaire m'a dit Alors Evry, ça va être compliqué ? Je dis Non, non, c'est pas Evry, c'est Evry. Elle dit Ah non, mais on n'aura jamais un livreur pour vous emmener des plaquettes là-bas, c'est impossible, on ne l'a jamais fait. Et dans ma tête, je disais donc La promotion du CELSA, c'est Paris Intramuros, Point Bar ou Neuilly ou les villes avoisinantes. Là, je me suis dit On a vraiment...

  • Speaker #1

    Tu penses que quand on te dit ça, c'est inconscient ?

  • Speaker #2

    Complètement. Je pense que c'est... Oui, mais c'est là où c'est flippant. Parce que si je serais conscient, je me dirais, bon, il faut péter la strate ou virer la personne. Alors que là, c'est-à-dire, c'est tellement dans nos gènes de ne jamais aller promouvoir ce qu'on fait en dehors de nos remparts, que là, d'un coup, ça te met une gifle. Ce que tu dis, c'est même plus conscient. Ça veut dire qu'on a toujours fait comme ça. Et c'est ça qui me fait peur, parce que vous êtes une école publique. Et je me souviens, c'était ma prof de... J'étais en IUT donc, deuxième année.

  • Speaker #0

    Et ma prof, on peut dire que c'était la directrice pédagogique, Marisol Craver, elle voyait mes notes. Bon, déjà, c'est elle qui avait proposé mon redoublement. Donc, tu vois, il y avait un rôle très maternel, parce qu'à la fois, c'est celle qui m'avait fait redoubler, mais celle qui me guidait un peu dans mon quotidien. Et quand je lui dis, j'aimerais bien faire de la com après, je lui dis, c'est quoi le mieux ? Elle me dit, c'est le CELSA Paris-Sarbonne, Anthony. Et je lui dis, mais est-ce que... Et là, j'ai lu une forme de désespoir dans ses yeux. Elle s'est dit, mais... Anthony, c'est la meilleure, mais vu votre niveau d'orthographe, vu votre niveau j'ai senti que c'était en mode pour pas me décourager essayez, vous avez rien à perdre et j'ai essayé, j'avais rien à perdre, je l'ai fait mais c'est vrai que j'aurais pu me mettre beaucoup de barrières à ce moment-là parce que voilà, une des plus belles écoles de com en France et qui est publique à nouveau ça veut dire que faire le CELSA à Sorbonne vous coûte 300 euros, littéralement et je me souviens de l'intranet du CELSA c'est assez traumatisant, c'est-à-dire que toutes les offres que tu vois pas passer de responsables, je ne sais pas, chargés de com chez Louis Vuitton, chargés de com chez je ne sais pas quelle belle entreprise ou marque, ne sont pas sur les sites publics. Par contre, ils sont sur le site de l'Internet du Ciel Zin, parce que ce n'est que des anciens.

  • Speaker #1

    Donc, ça perpétue forcément des choses.

  • Speaker #0

    C'est là qu'on se rend compte que ça a un petit avantage et un privilège de rentrer dans ce genre d'école.

  • Speaker #1

    Et toi, du coup, quand tu montes à Paris, mieux tu montes à Neuilly. Est-ce que, du coup, tu as des potes ? avec qui tu partages un peu la même ambition ? Je parle dans tes potes un peu d'enfance. Déverie, est-ce que vous êtes une bande de potes à s'être embarqués un peu dans on va tout casser ? Non.

  • Speaker #0

    Non, et d'ailleurs, je dis que tout le temps, ou après, il y a eu une dizaine d'années où j'ai vraiment essayé de prendre ma place dans la communication, ce qui a fait qu'à un moment, j'ai vrillé et que j'ai décidé d'ailleurs de créer DiversiDays avec mon ancienne copine de promo. C'est que j'ai eu l'impression de me déraciner. déraciné de mes valeurs, de mon socle, de là où je venais, mon identité, Evry, là où j'ai grandi, mes amis, ma famille. Et j'ai eu le sentiment d'être un peu seul dans cet itinéraire du transclasse. Et paradoxalement, je dis souvent qu'un arbre sans racines, c'est un arbre qui tombe. Et donc se déraciner, c'est une prise de risque. Et je me suis déraciné de manière très inconsciente. Dire, ben voilà, j'arrive à Neuilly ou à Levallois, etc. Tu rentres dans le monde de la com, après t'as plus le choix de prendre un appartement dans le coin en question. Et je pense que c'est ça qui peut créer un désalignement aussi, c'est qu'en fait, tu es un peu seul dans ta quête. Cette quête, je pense qu'on est finalement nombreux à... Tu sais, on dit Paris, c'est la ville... Non, Paris, c'est la campagne qui réussit. Il y avait quelqu'un qui m'a dit ça.

  • Speaker #1

    Je n'avais jamais entendu ça.

  • Speaker #0

    Et parce qu'en fait, on dit souvent les Parisiens, les Parisiens, mais en fait, tu as 90% des gens qui sont à Paris qui sont des gens qui viennent d'ailleurs. Et qu'on cherchait dans cette ville le fait de vouloir réussir, etc. Et je trouve dans cette quête-là... C'est un exercice un peu solitaire. A titre perso, je me suis rendu compte quand j'ai fait un deuxième master, mes potes déjà m'ont dit Anto, tu as fait un premier master, lance-toi ! Je leur ai dit Mais moi, je cherche quelque chose qui va me permettre de rentrer dans le monde de la com. Et je voyais bien que le premier diplôme ne suffirait pas. Malheureusement, à nouveau, la ville de banlieue sur le CV, pas d'expérience dans un grand groupe, le côté non-consonance à l'étranger, sans faire la victime, juste me ramener à des trucs rationnels de je suis en train de galérer Je me souviens que ma mère m'a dit Mais tu sais quoi ? mets mon nom de jeune fille, mets une adresse à Paris. Je dis, mais l'adresse de qui ? On n'avait pas de famille. Donc, tu vois, c'est plein de même de choses que je repense. Je disais, ma mère avait bien capté. Et moi, j'étais dans un truc un peu de, bon, on va tenter d'autres pistes. Et non, c'est un exercice solitaire. Et oui, je me suis un peu déraciné. J'ai l'impression que pendant une dizaine d'années, ma prio, ce n'était pas les potes. C'était vraiment genre percé professionnellement. Et là où ça a fini par payer, c'est que je pense que quand tu passes énormément de temps sur un projet. Quand tu bosses deux fois plus que les autres, déjà, tu arrives sur la ligne de départ. Je dis souvent qu'on n'a pas la même ligne de départ. Nous, en tant que ruraux,

  • Speaker #1

    on n'a pas ce type d'objet de rattraper.

  • Speaker #0

    Exactement. Juste en termes de rêve, de connaissance, de compréhension de ce monde, déjà, juste revenir sur la même base de départ, ça, c'est un challenge.

  • Speaker #1

    De normes aussi de ces milieux un peu plus...

  • Speaker #0

    Un peu plus bourgeois, un peu plus renseignés, informés sur comment fonctionne ce monde. Et c'est là où le cardio, il rentre en compte. C'est ce que tu le veux vraiment. Tu vois, dans cette espèce de quête de progression, de prendre sa place dans un environnement professionnel, moi je me rends compte que j'ai bossé jour et nuit après. Et c'est vraiment la détermination, l'envie sans relâche d'en être. Et je pense que c'est là où c'est le plus difficile. Je le vois avec beaucoup d'entrepreneurs qu'on accompagne. On est là pour leur faire gagner du temps. Globalement, ce qui m'a manqué quand j'ai voulu créer ma première entreprise, c'était des moyens financiers. du conseil pour avoir confiance en moi dans ma démarche et bien sûr toute la partie on va dire plus accompagnement du quotidien et d'avoir des représentations positives se dire que c'est possible donc on essaye de corriger ça aujourd'hui avec les gens qu'on accompagne parce que moi titre personnel à l'époque ça m'avait vachement ralenti donc on essaie de leur faire gagner du temps mais quand même faut du cardio quand tu arrives dans la start up nation crée ta boîte là dedans que tout le monde parle franglish qui a plein de termes techniques que tout le monde est bilingue, trilingue, parce que dès le plus jeune âge, ils sont allés faire des voyages au bout du monde ou faire leur année de césure dans je ne sais pas quel pays, que la plupart ont fait une grande école, qu'ils maîtrisent des fondamentaux sur la compta, gestion, droit, etc., ou qu'ils ont les bons potes pour les aider sur ces sujets, et la love money des parents, je ne dis pas que c'est facile pour eux. En revanche, ils ont un socle qui leur permet normalement de réussir plus facilement. Donc, nous, on est là pour leur faciliter ça, mais je suis aussi conscient que le cardio y compte. C'est-à-dire, en gros, à l'instant où tu es arrivé sur la même ligne de départ, Est-ce que tu es encore prêt à courir pendant plusieurs dizaines de kilomètres pour être juste champion dans ton domaine ? Beaucoup d'appelés, peu d'élus. Maintenant, j'ai plein de gens que j'ai en tête, qu'on a accompagnés, qui font des choses formidables. Je pense à l'équipe KUNTO, qui est une application pour faire du sport pour les personnes en situation de handicap. Lui, il a créé une appli qui est en train de cartonner. Je pense à Lubna Ksibi, qui a créé Meet My Mama, qui est devenue une plateforme exceptionnelle pour les femmes. on va dire issus des minorités au sens large et qui s'émancipent à travers la cuisine en étant traiteurs, etc. Je pense à Khaled El Mazayan qui a créé Inovaya, une solution technique pour le traitement de l'eau et en particulier dans des zones isolées ou dans des zones de conflit. Enfin, que des gens qui ont des parcours de ouf et pour lesquels ce n'était pas écrit d'avance qu'ils allaient réussir.

  • Speaker #1

    Et tu vois, dans la texte, ça me fait penser, hier soir, j'ai regardé un petit peu dans les... dans les patrons ou patronnes de licorne donc c'est des boîtes qui valent plus d'un milliard de dollars dans le monde des start up après j'ai pas fait tous les founders mais j'ai trouvé que je sais pas si tu connais Jonathan Gailov qui est le cofondateur d'aircall et qui a des origines je crois que sa maman est bulgare mais sinon en effet majoritairement parce que j'avais fait il y a longtemps l'exercice je crois que c'est quand même je dirais pas 30 40 50 facile d'HEC, ESSEC, ESCP, EDEC

  • Speaker #0

    C'est marrant que tu parles de Jonathan, parce que Jonathan, c'est aussi un enfant de la DAS. Et je trouve ça intéressant de ne pas s'arrêter qu'à la diversité sociale, ethnique ou culturelle. Moi, mes sujets m'ont poussé à aller beaucoup plus loin sur la question du genre, sur la question du handicap, sur la question des vulnérabilités, on peut dire invisibles. Quand on est une personne LGBTQIA+, on peut être victime de discrimination parce qu'on a fait une transition, parce qu'on a fait son coming out, etc. Donc il y a plein de choses qui peuvent expliquer les discriminations. Mais le sociotype que tu décris, en effet, c'est un peu la caricature de la Startup Nation. Et à la limite, très bien que ces gens la réussissent, mais en revanche, comment on fait en sorte que d'autres puissent aussi avoir leur place ? Aujourd'hui, il y a le programme French Tech Tremplin, il y a les programmes de Diversity Days, il y a des programmes appuyés par la BPI, donc il y a des dispositifs innovants qui ont aidé vachement à faire émerger ça. Mais un, il faut que ça dure. Deux, les personnes que ça concerne, il faut qu'ils s'autorisent à frapper à nos portes et à créer quelque chose. Et trois, c'est... j'ai un enjeu. énorme sur ces fondateurs de start-up, comme tu l'as dit, qui sont un peu... qui se ressemblent beaucoup, c'est de les faire s'engager véritablement pour que leur boîte ne soit pas des boîtes de clones. Parce qu'être un homme blanc de plus de 40 qui gagne bien sa vie ou qui a fait une bonne école, c'est pas un problème. En revanche, être cette personne-là, mais avoir aucun engagement et aucune conscience des responsabilités qu'il a sur cette société, ça, c'est emmerdant. Et ça, c'est mon challenge de... C'est le challenge de ma vie. Faire en sorte que ces gens-là, qui sont en responsabilité, qui recrutent des gens dans notre pays, ne recrutent pas que des clones. Et là, je peux te dire qu'il y a un gros taf à faire.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi. Et puis aussi, tu vois, ce n'est pas qu'une question entre guillemets de conviction éthique politique. Moi, je pense fondamentalement que dans les boîtes innovantes, il faut de la créativité. Et de la créativité, si tu mets dix mecs ou dix filles qui se ressemblent dans la même pièce, elle va être moindre.

  • Speaker #0

    Et c'est prouvé. C'est-à-dire, tu as une étude McKinsey qui existe depuis une dizaine d'années là-dessus, qui montre que des équipes diverses sont 30% plus probables ou capables d'innover. Donc... Ça veut dire que c'est même pas...

  • Speaker #1

    C'est Ren McKinsey.

  • Speaker #0

    Je ne sais plus s'il fait bon de les citer dans une interview, mais ce qui est sûr, c'est que c'est eux qui suivent ce sujet-là de l'impact de la diversité et de l'inclusion sur la performance ou sur l'innovation dans une entreprise. Donc c'est quantifié, c'est qualifié, et c'est intéressant parce que ça veut aussi dire beaucoup de choses sur la capacité d'innovation d'une entreprise qui va être diversifiée.

  • Speaker #1

    Ok, et si on revient sur ton parcours, Anthony, du coup aujourd'hui tu as 38 ans, si je ne dis pas de bêtises. T'as un parcours assez riche, on va parler de diversi-days après, mais avant, je pense que ton expérience la plus significative, c'est chez TWBA.

  • Speaker #0

    TBWA.

  • Speaker #1

    TBWA, excuse-moi, qui est donc, je crois, j'ai noté, j'ai lu que c'était la troisième agence de pub en France. Est-ce que tu peux nous parler de cette expérience ? Qu'est-ce que t'as appris ? Et du coup, je crois que t'as été jusqu'à être directeur corporate.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais directeur général adjoint en charge du numérique. Écoute, ça a été une expérience sans doute la plus significative de ma vie au niveau professionnel avant d'avoir l'assaut. Je dis souvent que j'ai tout appris là-bas, c'était ma deuxième école, parce que déjà je suis tombé sur un patron, et ça s'est fait de manière tout à fait inconsciente, mais qui est d'origine américaine et qui était beaucoup plus sur le pédigré des gens que sur leur cursus scolaire ou quoi que ce soit. Et je me souviens d'un des premiers échanges que j'ai eu avec lui, évidemment, il m'avait recruté, ma feuille de route était plutôt claire sur ce que je devais réaliser. mais beaucoup moins sur les objectifs du quotidien. Et je me souviens, être rentré dans son bureau, lui avoir dit, bon, on se pose, qu'est-ce que tu attends de moi ? C'est quoi ma feuille de route ? Il m'a dit, Mano, tu sais ce que tu dois faire ? Et là, je me suis dit, waouh, tu as un patron dont tu attends, tu sais, quelque chose d'extrêmement cérébral, carré, etc. Et je pense qu'il ne me l'a jamais dit, mais qu'il m'avait très vite capté en disant, si je te bride dans un espèce de truc très corseté, très convenu avec une feuille de route, tu vas t'ennuyer, ça ne va pas fonctionner. Donc il m'a laissé avec ma créativité. La première année a été une année extrêmement compliquée d'un point de vue personnel parce que je suis arrivé dans un environnement que je maîtrisais tout juste, qui était le monde bobo de la com parisienne. Et ça a été extrêmement difficile au départ de faire mes marques. J'ai senti beaucoup de concurrence interne, d'hostilité même. Je suis arrivé, j'avais déjà écrit plusieurs bouquins, j'étais chroniqueur BFM Business. J'avais un peu ma visibilité sur mes sujets. Et je dis souvent, en fait, je suis arrivé et les gens se sont dit, soit c'est un génie. parce que 26 ans, le mec, tout ça, ou soit c'est une coquille vide. Et comme je suis aucun des deux, ça a été très difficile parce que les gens m'ont chargé de plein d'intentions, de taffes. J'ai été surmené la première année, c'était très délicat. Même limite, j'étais un peu dégradé dans ma fonction de manager. J'étais arrivé pour manager une équipe et on m'en a désaisi. Donc ça a été très humiliant. J'en parle rarement, c'est la première fois que j'en parle dans un podcast, mais aujourd'hui, je me sens plus libre d'en parler. Mais je pense que c'était un moment professionnel assez humiliant parce qu'on m'a fait comprendre que globalement, j'avais pas... la capacité de manager une équipe ou en tout cas que des gens étaient venus dire, rapporter des choses qui n'étaient pas forcément vraies d'ailleurs, je le sais avec le recul à présent, mais pour essayer de me déstabiliser. Et écoute, j'ai...

  • Speaker #1

    Pour comprendre, Anthony, tu as été mis sur un poste à responsabilité ou...

  • Speaker #0

    En fait, on m'a dit...

  • Speaker #1

    Dès le départ ? Ouais,

  • Speaker #0

    on m'a dit dans cette agence-là, donc TBWA, qui est un des plus gros groupes de conseils en communication et publicité dans le monde, en France qui est une grosse entité, c'est plus de, je ne sais plus, plus de 1000 personnes. Et donc, on m'a dit, il faut créer une entité liée à la communication numérique. Il y avait deux stagiaires et une personne en place. Et donc, on m'a dit, tu vas manager cette équipe. Et l'arrivée a été un peu brutale parce que pendant six mois, il n'y avait personne sur le poste. Il n'y avait pas vraiment de feuilles de route quadrillées. Il y avait plein de clients qui étaient en demande, mais on est au début du social media dans les entreprises. C'est ce que ça veut dire pour elles. On est en 2010. Et à ce moment-là, tout le monde m'attend, tournant, en disant, on a besoin de quelqu'un comme toi qui a tes compétences. Et voilà, je me suis pris les pieds dans le plat et par chance, à l'époque, j'ai celle qui est devenue après cofondatrice de l'association Diversidades Mounira, qui me connaissait à titre perso, qui me disait Antho, tu vaux mieux que ça. Te laisse pas désarçonner, intimider, boss, sois discret, dans le sens, fais pas de vagues. Et écoute, j'ai suivi ses conseils, je me suis vachement impliqué. Et on a gagné des premières compétitions, une deuxième, une troisième. Ensuite, les gens comprennent que tu es là pour réussir et que tu n'es pas là pour rire avec eux ou céder à leur pression.

  • Speaker #1

    Quand tu dis des compétitions, c'est quoi ? C'est des appels d'offres ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est des gros appels d'offres. En fait, une agence est toujours dans ce cycle-là, de tous les 3-4 mois, avoir des gros appels à projets qui tombent. Et surtout, les cycles de vie de clients durent 2-3 ans. Donc, c'est une quête constante de nouveaux appels à projets. donc ça peut être pour faire la campagne, pour gouvernement ça peut être pour un grand compte, etc et donc moi ma spécialité c'était l'accompagnement des dirigeants sur le numérique et l'accompagnement des entreprises aussi sur les réseaux sociaux et en fait ouais avec un peu d'abnégation un peu de tu serres fort la gorge et tu te tais pendant un an je me suis concentré sur le taf jour et nuit et après bah voilà tu recrutes une première personne on te redonne un petit peu de responsabilité la personne qui était au dessus de toi bah en fait tu passes manager et puis après tu exiges aussi des choses que le niveau de rémunération n'était pas aligné et donc oui au bout de 4 ans je suis devenu directeur général adjoint en charge du numérique où j'avais au total on était une trentaine t'avais une vingtaine de community managers social media managers aussi créatifs et puis aussi pas mal de free de gens qui intervenaient sur des événements et c'est vrai que c'était génial parce que d'un coup t'as une vraie team tu t'émancipes aussi en tant que manager t'apprends ce que c'est aussi que d'avoir des responsabilités à embaucher des gens, des gens qui s'en vont, des gens qui ça se passe bien, d'autres pas bien. Donc je dis souvent que j'ai tout appris là-bas. C'était une superbe école, une deuxième école pour moi, avec des gens qui ont été vraiment des mentors, Emeline Korengold et Anne-Cécile Thoman, qui sont à la tête d'Edelman maintenant, qui est une grosse agence de relations publiques, mais qui ont été des mentors pour moi, qui m'ont toujours fait confiance. Et en plus, quand j'ai dit que je voulais partir, je leur ai dit la seule chose qui me retient, c'est si vous m'aidez à créer une structure d'égalité des chances. En interne,

  • Speaker #1

    du coup ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Et du coup, il faut le savoir, pour tous ceux qui veulent créer des projets créatifs, une agence, elle a souvent ce qu'on appelle du temps en pro bono. C'est le terme américain pour parler du temps de collaborateur qui est alloué à des projets non-profit. Et donc moi, pendant six mois, j'ai des équipes créatives qui ont bossé sur le non-diversity, sur l'identité, sur le premier événement. C'était en 2017. Et aujourd'hui, me voilà à la tête de ce projet, huit ans plus tard, à y passer tout mon temps.

  • Speaker #1

    Donc en 2017, tu sautes le pas avec DiversiDays. Est-ce que déjà tu peux nous rappeler en quelques mots ce que c'est DiversiDays ?

  • Speaker #0

    Oui, structure d'égalité des chances. Notre objectif, c'est d'aider des gens qui ont perdu confiance en eux, compte tenu de parfois des obstacles professionnels, de leur singularité, de ce qui a pu leur renvoyer le monde du travail. Donc on remet en confiance des gens surtout qui ont envie de se reconvertir dans les métiers du numérique. les armer dans leur projet de reprise d'études ou projet de reconversion pro au sens pur. C'est-à-dire, tiens, tu étais chauffeur poids lourd et puis, en fait, tu as toujours été un peu geekos ou tu as toujours aimé un peu l'informatique, les réseaux sociaux, j'en sais rien, peu importe. Et tu te dis, pourquoi pas ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi pas me reconvertir ? Et donc, on facilite cette reconversion-là. On a un programme qui s'appelle Déclic Numérique qui a accompagné près de 13 000 personnes sur les cinq dernières années. Donc, c'est des gros volumes, dont une bonne moitié qui a repris les études dans les 12 à 18 mois. Donc on est un espèce d'accélérateur au retour vers la formation dans le numérique. Pour te dire, ça fait presque 6000 personnes en France qui ont repris les études grâce à des clics numériques, ce qui est un gros rien pour voyeurs. Alors on ne le fait pas seul, on a plein de partenaires, que ce soit des grandes formations, c'est un plomb 42, Connexio en particulier, mais on a aussi toute la PEC, France Travail, le ministère du Travail, la GFI, AXA, Google et plein d'autres qui nous financent et qui permettent d'avoir une équipe qui est derrière. On a un deuxième grand programme qui est un programme d'accompagnement à l'entrepreneuriat qui s'appelle le Leadership Programme. On a à peu près 500 entrepreneurs qui ont rejoint ce programme-là. Et là, on va l'accélérer. Alors, je fais un teasing, je ne sais pas quand est-ce que sort le podcast, mais il sera public d'ici là, je pense. On a été retenu par BPI France aussi pour être dans plusieurs régions. Donc voilà, on va chercher tous les talents des quartiers. En particulier, là, ce sera très quartier. Tous les talents des quartiers qui veulent créer une startup et qui veulent avoir un petit peu plus de traction. Et mon dernier programme, c'est... Take Your Place c'est un programme plutôt pour permettre aux startups d'avoir des stratégies de diversité et d'inclusion elles sont à peine 13% à avoir vraiment armé,

  • Speaker #1

    musclé leur stratégie sur ce sujet et donc il y a un travail monumental de sensibiliser ces boîtes aux pratiques inclusives recrutement inclusif etc ok et sur ces trois programmes du coup est-ce que depuis quelques années je ne sais pas il y a un parcours qui t'a marqué tu vois une startup une jeune entreprise qui t'a marqué et que tu aimerais partager une

  • Speaker #0

    ou deux trois c'est dur il y en a tellement en fait Beaucoup m'inspirent par leur résilience et aussi par leur envie de vraiment percer dans leur domaine. Je vais parler de ceux, un qui vient de rejoindre le board, il a fait un peu le grand chelème, j'en ai parlé tout à l'heure, il s'appelle Lekunto, mais il s'appelle Hicham, un des cofondateurs. Je les adore parce qu'en tout cas, en moi, c'est un miroir. On a peut-être 6-7 ans d'écart, mais déjà ils viennent pour la plupart d'entre eux du 91, ils ont grandi à Grigny. À Grigny, on se le redit de manière simple, mais c'est une des villes qui est toujours citée pour des raisons négatives. Donc, ils font partie un peu des héros de cette ville. Héros positifs dans le sens où ils entreprennent dans la tech. Ils ont eu le flair parce qu'en plein Covid, ils avaient lancé un concept de food truck. Donc, ils se sont complètement cassés la gueule. Mais ils ont rebondi parce qu'ils sont trois potes. Ils s'entendent super bien, potes d'enfance, etc. Et ils ont décidé de lancer leur application. Et depuis 2-3 ans maintenant, ils cartonnent, ils sont absolument partout. Hicham en particulier a été lauréat de Talents des Cités, prix du jury, prix coup de cœur. Ils ont été pris aussi, retenus sur des trophées en D-Tech, etc. Donc, ils cochent toutes les cases. Et moi, là où ils m'inspirent, c'est que je trouve qu'il y a un supplément d'âme que je retrouve chez pas mal d'entrepreneurs qui viennent des quartiers, zones rurales et aussi des gens qui ont connu des galères. où en fait ils le font évidemment pour monter un business, etc. Mais il y a toujours l'ancrage sur la question de la cause, de l'impact social, de la raison pour laquelle ils le font qui m'anime énormément. C'est-à-dire qu'il y a toujours ce sujet de l'impact qui est en fond et qui est intrinsèque. Parce que je veux aider les miens, je veux aider mes proches, je veux aider des gens qui ont connu des vulnérabilités. Et c'est pour ça que je me sens très en cohésion avec eux, et en particulier avec Hicham qui a rejoint le board de l'association. Parce que c'est ça aussi la boucle est bouclée à l'instant où moi je... Je considère qu'on avait réussi, et je mets des grands guillemets à réussi, parce qu'on n'a jamais réussi dans l'entrepreneuriat social. Il y a des millions de gens à aider. Le problème, c'est qu'il y a toujours plus de gens, parce que notre société ne va pas très bien. C'est ça. Mais le petit, on va dire, warning positif ou clignotage positif qu'il y avait eu, c'était Khaled, qui a levé, je ne sais plus combien, 10 millions d'euros, qui m'a dit en taux, je vais faire un don à l'association. Mais un vrai don. Parce qu'il me dit, c'est grâce à vous. Pas 10 euros,

  • Speaker #1

    quoi.

  • Speaker #0

    Non, c'est ça. Et je ne sais pas, c'était un beau symbole pour nous, au même titre que Hicham qui rejoint notre board, parce que ça veut dire que c'est la boucle qui commence à s'alimenter et c'est des beaux signaux en tout cas. Ça veut dire qu'on ne fait pas trop mal notre job normalement.

  • Speaker #1

    Tu me rappelles une belle boucle, tu en as parlé de l'école 42 qui a été créée par Xavier Niel. Je crois, parce qu'au début, je m'y intéressais, je me disais comment, c'est Niel qui finance. Mais je crois qu'il avait dit justement que potentiellement, un de ses objectifs, c'était que les gens qui ont trouvé un taf, et souvent, c'est des tafs qui sont quand même assez bien payés, un jour puissent refinancer les personnes qui vont passer par 42.

  • Speaker #0

    Ben oui, oui. C'est une stratégie long terme. C'est plus long, c'est plus difficile, mais au fin mot, c'est ce qu'on souhaite. C'est qu'à un moment, Et donc, si c'est auto-alimenté, enfin voilà. Par exemple, le président de l'asso actuellement, c'est Nadim. Nadim, c'était le premier bénévole de l'association. Ça me va très bien aussi. Donc voilà, je suis en plan de pré-retraite.

  • Speaker #1

    Et si on avance un petit peu sur ton parcours, donc aujourd'hui, tu es à full time sur Diversity Day. Mais alors, il s'est quand même passé quelque chose. Je pense que tu es fier et tu peux. En 2022, tu es rentré dans le programme Obama Leaders, donc Obama pour Barack Obama. Et Michel, je ne sais pas, tu me diras.

  • Speaker #0

    C'est leur fondation à tous les deux.

  • Speaker #1

    Ok. Est-ce que du coup, tu peux nous en parler ? Ça consiste en quoi ? Et pourquoi, selon toi, tu as été choisi aussi ?

  • Speaker #0

    Dure comme question. Je vais commencer par ça, parce que je trouve que c'est intéressant. J'ai été choisi parce que j'ai postulé déjà. Donc, c'est une invitation à tous ceux qui... T'as fait ? Mais oui, en fait, on a tous ce putain... Pardon, je suis un peu vulgaire, mais ce putain de syndrome de l'imposteur où on se dit, est-ce que c'est vraiment fait pour moi ? Oh, il y a des gens qui ont fait ci, qui ont fait ça. Et je trouve que c'est ce qui est assez fort dans la Obama Foundation, c'est qu'il y a des gens qui, peut-être de prime abord, on se dit bah pourtant il n'est pas si visible ou pas si ceci cela mais justement la force du réseau de Michel et Barack Obama, c'est vraiment de se dire on va repérer des gens qui sont peut-être sous les radars à qui on va apporter de la force Donc ça c'est l'ambition première aussi. Et puis repérer évidemment des progressistes, des gens qui ont envie d'avoir des gens qui s'impliquent dans le débat public ou sur des questions d'intérêt général de manière un peu… un peu visibles, pour faire en sorte qu'on n'ait pas que des vieux grincheux à la tête de nos sociétés. Deuxième chose, moi j'avais été recommandé, donc il y a ce processus de recommandation, si vous connaissez quelqu'un qui a fait le programme, il a le potentiel de vous recommander, donc il ne faut pas se gêner, des gens qui me suivraient, qui m'écouteraient et avec qui je suis en contact, où on partage des choses, qui m'invitent à prendre un café, que ce soit virtuel, visuel, comme ils veulent, mais en tout cas je suis toujours prompt à donner des infos sur ce programme, parce que moi il a changé ma vie. En fait, je trouve qu'à l'instant où quelqu'un qui a son aura, qui a son parcours et ses convictions met la lumière sur ce que vous faites, ça apporte énormément de force. Voilà, donc on se sent tout petit. Et surtout que j'ai eu cette chance avec les différents leaders de ma promo de rencontrer Barack Obama. Et c'était une rencontre transcendante parce que c'est quelqu'un, c'est un grand leader, c'est quelqu'un qui écoute. C'est quelqu'un qui était en connivence avec nous et qui a passé beaucoup de temps à essayer de réparer nos névroses. parce qu'on est tous en tant qu'entrepreneurs sociaux à se poser mille et une questions sur notre légitimité l'adversité, le rapport au compromis slash la compromission donc on est tous un peu animés par les mêmes questions et ça fait du bien de se retrouver à un moment dans un programme avec des gens qui ont le même rapport au monde ou le même rapport au questionnement sur qu'est-ce qui pourrait me faire plier donc Donc c'était un super programme et je me sens extrêmement chanceux. Et j'invite tous ceux qui ont envie à postuler. Il y a un seul critère que je déteste, c'est la limite d'âge. Donc si vous avez plus de 45, ce n'est pas possible. Mais de 25 à 45, foncez. Je n'y suis pour rien. Je suis le premier à leur dire que c'est naze. Mais voilà, c'est leur critère.

  • Speaker #1

    Forcément, je te la pose. Est-ce que tu as une anecdote sur Barack Obama ? Comment il est ? Parce que des fois, il y a des personnages, entre guillemets, publics, qui sont différents. entre l'image publique et privée, ce qui est aussi parfois normal. Mais tu vois, est-ce que tu as quelque chose à nous raconter ? De quoi tu as parlé avec Barack Obama ?

  • Speaker #0

    Allez, Jean, tac au tac, la première anecdote amusante, c'est son sourire. Parce qu'on sait qu'il a un sourire qui est ultra communicatif. Et quand on a eu la photo d'équipe, en fait, on nous a rangé un peu en randonnion. Et bon, il s'est avéré que j'étais vraiment à côté de lui. Et donc, du coup... il me dit, bon, c'est le moment du sourire. Et il fait ce grand sourire éclatant que tout le monde connaît. Et il dit, en gros, il nous dit, ça, c'est ma technique. C'est-à-dire, tant qu'il y a la photo, vous souriez. Et c'est vrai que c'est amusant de voir que c'est presque devenu une private joke parce que son sourire a fait partie aussi de la raison pour laquelle à un moment, des gens ont voté pour lui. Je parle de sa bonhomie. Il y a même ce dessin avec le Yes Weekend qui est devenu extrêmement populaire. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut en rien négliger le côté homme de relation publique aussi, qui travaille les trucs. C'était amusant qu'il nous fasse part de son tips pour les photos. Vous ne lâchez pas le sourire. Dès que la photo s'est arrêtée, il a arrêté son sourire. Deuxième anecdote moins fun, mais plus personnelle. J'ai pu lui dire, lorsqu'on a eu un échange, il y a eu des échanges très informels, un cocktail. Donc ça, c'était ouf, on avait deux heures avec lui.

  • Speaker #1

    Cocktail avec Bach,

  • Speaker #0

    c'est pas mal. Oui, en plus, avec des échanges plus interpersonnels. Donc chacun, si tu avais envie de lui dire, ma mère vous adore. Et moi, je lui ai dit à quel point le fait d'avoir eu sa confiance avait changé mon rapport à des personnalités publiques ou institutionnelles. Et en fait, il m'a dit oui. Et tu sais, je m'attendais à ce qu'il me dise, super. Et en fait... je pense qu'il en est conscient et c'est intéressant d'avoir conscience de son leadership parce que ça veut dire qu'il sait la force qu'il nous apporte et ça je trouve que c'est quelque chose dont on parle absolument pas en France et qui est quand même très très puissant de la part des américains ils ont plein de défauts mais ils ont cette qualité là c'est de savoir la force du leadership la force de en fait moi en tant que leader quelle force je peux apporter à quelqu'un à l'instant où je le recommande à l'instant où je lui il fait part de mon mouvement etc et donc il était très conscient de ça et moi ça m'a fait du bien parce que je me suis dit ok ça veut dire qu'il fait ça pour ça Il sait qu'il lui reste peut-être dix ans à avoir l'aura qu'il a, ou peut-être moins, peut-être plus, j'en sais rien, parce qu'il est en train de créer son espèce de grand héritage à Chicago avec un lieu extrêmement important sur les minorités, etc. Donc voilà, il est en train de créer son héritage. Et troisième chose, je pense que l'anecdote qui m'a le plus frappé, c'est ce moment où il nous a tous écoutés pendant 45 minutes, on avait des groupes de travail et on parlait de ce rapport au compromis. Et il nous a dit, vous savez, votre plus grand problème à tous, c'est que vous doutez de votre proposition de valeur et de ce que vous apportez sur la table. Et je pense que c'était un peu confidentiel, mais à l'instant où tu le dis à 35 personnes, c'est plus confidentiel. Il nous dit, vous savez, toutes les fois où la porte s'est fermée dans des grands rendez-vous comme le G7, le G20, etc., il nous dit, mais la qualité des conversations que j'ai ne sont pas à la hauteur de la qualité des conversations que j'ai avec vous. Ça, ça m'a mis une baffe. Parce que je me suis dit, mais en vrai, à l'instant où tu montes dans les tours, est-ce que vraiment les conversations que tu as avec les gens sont aussi consistantes que celles que nous, on peut avoir en tant qu'entrepreneurs sociaux, de gens qui voyons la réalité des gens tous les jours ? Donc moi, ça m'a un peu transcendé cet échange-là parce que je me suis dit, si un mec comme lui nous dit qu'on a de la valeur, c'est qu'il ne nous le dit pas pour nous faire plaisir.

  • Speaker #1

    Tu sais que je suis d'accord avec toi parce qu'il y a quelques mois, je me suis un peu engagé en tant que citoyen en politique et pareil, j'étais un peu stressé, c'est un nouveau domaine, etc. Et alors, le but, ce n'est pas de taper sur les politiques, parce que comme dans tout domaine, tu as des gens brillants, tu as des gens qui se donnent un peu moins. Mais pareil, j'avais été surpris par les conversations et pas le côté intellectuel, mais la profondeur des conversations.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est des expériences qui sont intéressantes parce qu'elles te mènent dans d'autres sphères et elles te challengent aussi sur ce que tu peux apporter toi aussi. On peut douter quand on ne vient pas de ces sphères-là, ces milieux sociaux. Mais en fait, on re-rencontre des gens soit pas intéressants, soit pas instruits, soit pas... Tu vois ? Là, tu te dis, bon, peut-être finalement, je ne suis pas si nul que ça.

  • Speaker #1

    Je peux faire ma place ? Ouais, c'est ça. Ok, Anthony, écoute, on arrive, il nous reste une dizaine de minutes. On va passer à une partie un peu plus personnelle. Alors, pour la saison 2, on a essayé un peu d'innover dans les sages. À chaque fois, on essaie d'avoir quelqu'un qui est proche de l'invité, qui pose une question, et donc c'est une petite surprise. Alors, c'est Mélisangéldi. qui est la fondatrice d'Iconote une marque de basket éco-responsable et donc qui est de la promo diversi d'ice de l'année dernière si j'ai pas de bêtise et donc qui a rédigé un message que je trouve très mignon qui dit tu fais beaucoup attention à mettre en avant les autres et mettre en valeur les projets à impact mais est-ce que toi tu es heureux ?

  • Speaker #0

    Est-ce que je suis heureux ? Je suis très sensible donc il faut faire attention en présentant ce genre de message hum... Je suis très heureux, ouais. Je suis très très heureux. Ce que je fais me rend très heureux. Et tu parles d'une fille qui m'inspire beaucoup. En fait, ce qui me rend heureux, tu sais, dans cette crise qu'on vit en ce moment où tout est pessimisme, tout est noir, tout est profondément négatif, je trouve qu'être aux côtés de gens dont le quotidien, c'est de se battre pour des grandes causes ou de prendre leur place dans des environnements dans lesquels personne ne les attend, ça me rend profondément enthousiaste. J'ai cette chance d'être nourri au quotidien de gens qui font des choses incroyables et d'aller dans des environnements dans lesquels je n'avais pas accès pour essayer de créer des ponts, je me sens utile. Il n'y a rien de mieux dans une vie que de se sentir utile. Donc oui, je fais attention aux autres. C'est vrai que je me suis un peu négligé sur ces six ou sept dernières années. Je pense que quand on est au service des autres et qu'on a le goût des autres, on peut se méprendre sur ce que ça veut dire de se protéger soi aussi, sur nos vulnérabilités. J'ai passé peu de temps à faire du sport, à manger bien, à me coucher tôt. Donc je réapprends ça. Mais c'est vrai que c'est un... gros challenge. En vrai, je trouve que je dis souvent que l'entrepreneuriat social, ça rend humble, mais c'est qu'en fait, au quotidien, c'est des montagnes russes. Les changements politiques sont quotidiens. On est obligé de coudre avec le politique parce que c'est lui qui construit les politiques sociales. Et ça peut désarçonner plus d'une fois. Plus d'une fois, je me suis dit, mais j'arrête tout. Qu'est-ce que je fous là ? Je suis taré, en fait. Et la rencontre des gens, Melissandre et toutes ses promos, et toutes les autres promos, etc. Ça te porte. Enfin, l'instant où t'as un genou à terre... t'as tout de suite quelqu'un pour te relever ou pour te dire t'arrête pas, t'arrête pas c'est utile ce que tu fais je connais pas toute la promo,

  • Speaker #1

    je connais que

  • Speaker #0

    Mélissande et ma fille je crois et ces personnes elles ont une telle énergie genre de dingo mais ça te nourrit les gens me disent mais Anto comment ça se fait que t'es en forme il y a Mathéo qui est à côté de nous et qui m'a aidé pendant les 6 derniers mois à tout cranter l'agenda, les rendez-vous etc et Il me dit souvent, je ne sais pas comment tu fais, mais je fais que mon arme secrète, c'est les gens que j'accompagne. Ils me boostent tellement. Et tu sais, on dit souvent, on aide le soi de l'époque, on se répare. Moi, ma manière de me réparer, c'est d'aider les autres aujourd'hui. Parce que quand je les vois réussir, je me dis, c'est toutes les chances que je n'ai peut-être pas eues à l'époque, sans faire l'enfant maudit ou misérable. Mais on cède, on est dans les autres, je pense.

  • Speaker #1

    C'est des belles paroles. Tu as parlé de la politique, on a parlé de Barack Obama. Question pas facile. Qu'est-ce que tu penses de la politique actuelle ?

  • Speaker #0

    C'est le chaos. Là, on est dans une période qui est très complexe. Et puis, j'ai l'impression qu'il y a un côté parti-remise sur 2027 avec l'arrivée au pouvoir potentiel de l'extrême droite. Ça me fait très peur parce que ce sont des gens qui ont pris tous nos sujets en considération, mais sous le mauvais angle. Tu vois, on parlait des migrations tout à l'heure. Je pense que... D'ailleurs, c'est intéressant. Le... Profil même de Jordan Bardella, c'est un profil de quelqu'un d'origine italienne, immigré, père aussi. Je ne sais plus de quelle origine, mais maghrébine il est. Donc ça veut dire que le fruit,

  • Speaker #1

    c'est assez... C'est un casque comme truc, je ne le savais pas.

  • Speaker #0

    Mais il est le fruit de ces migrations-là. Et en fait, il est dans un déni total. Ça veut dire, tu sais, je suis toujours un peu vigilant des gens qui arrivent quelque part et qui ferment très fort la porte. Je trouve qu'il n'y a rien de pire que ça. Donc... Au contraire, je trouve que dans les personnes qui sont des immigrés de première, deuxième génération, leur rôle, c'est d'ouvrir la porte aux générations suivantes. Donc ce sont des gens qui me font, à titre personnel, très peur. Et après, à titre plus professionnel, si je prends mes sujets comme des sujets de conviction, des sujets qui sont armés par des lois, par des financements, etc., ça me fait très peur sur toutes les minorités au sens social, ethnique, géographique, social et culturel, minorités au sens aussi handicap. En fait, de se dire, est-ce qu'on aura toujours des politiques sociales qui seront dotées ? Est-ce qu'on ne va pas ratiboiser la chose ? On voit ce qui se passe aux États-Unis. Donald Trump, dont le débat actuel avec Kamala Harris aussi, se joue sur l'IVG. On est en train de dire à des femmes que pour avorter, elles vont devoir prouver pour certaines qu'elles ont été violées ou victimes d'inceste. Comment elles vont prouver ça ? Ce n'est pas assez humiliant déjà ? Ou ce n'est pas assez humiliant de devoir... passer devant un médecin pour dire je ne vais pas le garder, etc. et de vivre les complications que peut être une interruption volontaire de grossesse. Donc je crois qu'on vit des débats absolument fous. Et j'aime bien citer Simone de Beauvoir qui dit à la première révolution, à la première crise, il faudra se méfier des droits, des droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes, parce qu'à chaque crise, ils pourront être bousculés. C'est ce qui se passe actuellement. Donc voilà, j'ai très peur de ce qui se passe, j'ai très peur du chaos. J'ai très peur des annonces qui sont faites en ce moment et elles sont une insulte à tout notre travail d'entrepreneur social.

  • Speaker #1

    On arrive sur la fin de l'interview si on finit sur un ton un peu plus léger Est-ce qu'on parlait pas de Jackie Chan ?

  • Speaker #0

    Ah ! Je l'avais oublié Tu veux qu'on l'appelle ? Écoute, non c'était un super moment pour tes auditeurs, j'ai eu la chance de porter la flamme paralympique il y a quelques semaines c'était tout à fait inattendu, j'ai eu un message quelques jours avant pour me dire coucou es-tu dispo pour porter la flamme ? plus Place de la République, etc. Et un peu, en dernier moment, j'apprends que Jackie Chan fait partie du convoi. Donc voilà, on a une petite vidéo qui a fait pas mal de vues sur les réseaux où je danse avec lui. Il s'ennuyait. En fait, tout le monde a fait son selfie, sa vidéo avec lui. Et donc, je suis allé le choper. Je lui ai dit...

  • Speaker #1

    On va faire un truc plus fun, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais, je lui ai dit, Jackie, t'es mon mentor. Et son traducteur a dit, he can teach you. Et genre... Et donc, tu vois, il m'a appris des prises et tout. C'était un moment extrêmement drôle. Et puis, du coup, qui restera gravé aussi, parce que c'est une légende de notre enfance. Et puis, pour beaucoup de gens, ça reste le symbole des films qu'on regardait quand on était petit.

  • Speaker #1

    Deux dernières questions. C'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as faite dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Je dirais que j'ai fait pas mal de choses audacieuses, parce qu'en fait, à chaque fois, on m'a quand même fait comprendre qu'il ne fallait pas y aller. Et je crois qu'aujourd'hui, dès qu'on me dit que c'est compliqué, c'est comme si tu armais la machine. On me dit c'est compliqué, ça me stimule. Et si on me dit ça va être difficile, ça y est, c'est le top départ. Le truc le plus audacieux ? Je pense que c'est un pari futur que je suis en train de me lancer. En fait, quand tu te lances dans l'entrepreneuriat social, c'est tout à fait inconscient, je pense, pour beaucoup d'entre nous. Moi, j'y suis allé à cœur perdu. Au bout de deux ans, je suis devenu salarié de la structure parce que c'était la fin de mes droits chômage et je me suis dit c'est ça que je veux faire. Ça s'est imposé comme une évidence. L'assaut s'est créé. Six ans après, elle a eu l'impact dont je parlais tout à l'heure. Elle commence à être de plus en plus connue en France. Et j'ai une obsession aujourd'hui, c'est... Je crois qu'il n'y a pas de grand rendez-vous de l'égalité des chances en France. Il n'y a pas ce grand, on va dire, totem qui permet de réunir les Français autour de la grande cause qu'est l'égalité des chances et la lutte contre les discriminations. Il n'y a pas de moment positif, il n'y a pas le moment de... On célèbre les différences, on célèbre les singularités. Et donc, peut-être le truc le plus audacieux que je fais de ma vie, c'est d'essayer de créer ce grand rendez-vous, parce que le but, c'est de réunir plus de 10 000 Français, que ce soit un moment de grande écoute. Ça devient un peu les enfoirés version égalité des chances. Je prends l'exemple des enfoirés parce qu'on sait que c'est un moment de solidarité, c'est un moment où les Français se retrouvent, c'est un beau symbole de notre société qui est à l'unisson autour de la lutte contre l'exclusion. Et j'aimerais faire exactement la même chose sur la lutte contre la discrimination et la lutte en faveur de l'égalité des chances. Donc, le truc le plus audacieux arrive. Et ça fait deux ans que je bosse dessus, donc si j'en parle de manière aussi...

  • Speaker #1

    C'est costaud.

  • Speaker #0

    C'est qu'à tout moment, t'as envie d'arrêter parce que... Quand tu présentes ce projet, tout le monde dit mais c'est génial ! Et quand tu dis et qui veut combien met aux portes ? Les pépettes. Combien met au pot commun ? Là, c'est très compliqué. Donc, il y a des signaux plutôt positifs. Donc, rendez-vous milieu d'année prochaine. Lieu et date à venir pour se retrouver pour ce grand rendez-vous. Inch'Allah.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, Anthony ?

  • Speaker #0

    La seule chose que tu peux me souhaiter, et avec longévité, c'est la santé. Si j'ai la santé, on va tout éclater.

  • Speaker #1

    Merci Anthony Je t'en prie

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose il n'y a qu'un moyen de nous remercier Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast abonnez-vous et mettez 5 étoiles 30 secondes de votre temps mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles et que d'autres personnes découvrent les sages Avant de se quitter, une dernière chose N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne, J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.

Chapters

  • Introduction et présentation de Anthony Babkine

    00:05

  • Le parcours d'Anthony : de la banlieue à l'entrepreneuriat

    02:10

  • Diversidays : promouvoir l'égalité des chances dans la tech

    03:18

  • Les opportunités dans le numérique et la reconversion professionnelle

    05:10

  • L'importance de la représentation et des modèles positifs

    05:59

  • Le rôle des mentors et des rencontres clés dans le parcours d'Anthony

    14:06

  • Le programme Obama Leaders et son impact sur Anthony

    20:06

  • La vision d'Anthony pour l'avenir et l'égalité des chances

    50:02

  • Conclusion et réflexions personnelles d'Anthony

    01:04:15

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