- Speaker #0
Bienvenue, aujourd'hui on explore une douleur vraiment extrême, l'algie vasculaire de la face ou AVF.
- Speaker #1
Bonjour, oui, une des pires douleurs connues.
- Speaker #0
Et on va regarder une approche manuelle, la myothérapie, grâce à un article qui la détaille. L'idée c'est de comprendre l'AVF, comment la myothérapie agirait et ce que ça vaut vraiment. Alors pour commencer, l'AVF, qu'est-ce qui la rend si terrible ?
- Speaker #1
C'est la violence de la douleur en fait, toujours d'un seul côté du visage. Autour de l'œil, perçu comme une brûlure intense ou comme si on vous enfonçait quelque chose. Sur l'échelle de la douleur, on est très souvent à 9 ou 10 sur 10. Une migraine sévère, c'est peut-être 7 ou 8. Une céphalée de tension au dépasse rarement 5. Là, c'est un autre niveau.
- Speaker #0
Et ça arrive par crise, c'est ça ? Pas en continu ?
- Speaker #1
Exactement. Des prises qui peuvent être assez courtes, genre 15 minutes, ou durer jusqu'à 3 heures, mais elles peuvent se répéter Jusqu'à huit fois par jour dans les mauvaises périodes.
- Speaker #0
Huit fois par jour, c'est énorme !
- Speaker #1
Et ça fonctionne par cycles. Des périodes d'activité de quelques semaines ou mois, puis des périodes de rémission où tout s'arrête. Et pendant la crise, souvent l'œil pleure, le nez est bouché ou coule, mais seulement du côté où ça fait mal.
- Speaker #0
Et on sait qui ça touche principalement, quelles seraient les causes ?
- Speaker #1
Alors on estime qu'il y aurait environ 120 000 personnes touchées en France. Ça touche plus souvent les hommes, entre 20 et 40 ans. mais pas exclusivement. Pour les causes, on n'est pas encore totalement sûr. Il y a des hypothèses, une dilatation des vaisseaux sanguins qui viendrait appuyer sur le nerf trijumeaux, un nerf très important du visage, ou alors un problème au niveau de l'hypothalamus dans le cerveau qui gère nos horloges internes.
- Speaker #0
Il y a des facteurs déclencheurs connus ?
- Speaker #1
Oui, des choses comme l'alcool, le tabac, parfois un changement de rythme de sommeil, le stress. Ça peut déclencher une crise chez les personnes prédisposées.
- Speaker #0
J'imagine l'impact sur la vie. ... On entend parfois l'expression « amputation sans anesthésie » .
- Speaker #1
C'est fort, hein ? Mais ça dit bien le désespoir que ça peut causer. Ça chamboule tout, le travail, la vie sociale. Ça génère beaucoup d'anxiété, d'isolement. Le diagnostic, c'est le neurologue qui le pose en se basant sur les symptômes.
- Speaker #0
Et les traitements classiques ?
- Speaker #1
Il y a des traitements pour calmer la crise aiguë, comme l'oxygène à haute concentration ou des injections de sumatriptans. Et des traitements de fond, pour essayer d'espacer les crises. Mais bon, ça ne marche pas pour tout le monde, et puis il peut y avoir des effets secondaires.
- Speaker #0
C'est là qu'intervient cette fameuse myothérapie alors. Qu'est-ce que c'est exactement ?
- Speaker #1
C'est une thérapie manuelle, une sorte de technique d'ostéopathie très spécifique, qui cible les contractures musculaires profondes. L'idée, c'est que ces contractures pourraient être une source de douleur ou un facteur déclenchant. D'accord. La particularité, c'est la façon de travailler. Le thérapeute agit sur le muscle quand il est en position de raccourcissement passif, relâché. Pas en l'étirant. comme on fait souvent.
- Speaker #0
Mais le lien entre une contracture dans le cou et une douleur aussi intense à l'œil, ça peut paraître un peu surprenant, non ?
- Speaker #1
Oui, c'est là que ça devient intéressant. L'hypothèse, c'est que des muscles très tendus, très contractés à la base du crâne ou au niveau des cervicales, pourraient comprimer des structures importantes.
- Speaker #0
Comme des nerfs ou des vaisseaux ?
- Speaker #1
Exactement. Un peu comme si on pinçait un tuyau, ça pourrait irriter des nerfs ou gêner la circulation sanguine dans cette zone, voire causer une légère baisse d'oxygène locale. Une hypoxie qui entraînerait une réaction de dilatation des vaisseaux et paf, la crise d'AVF démarrerait. C'est une cascade en quelque sorte.
- Speaker #0
Une réaction en chaîne qui partirait du coup. C'est une piste, mais est-ce que ça marche concrètement ? Est-ce qu'on a des preuves ?
- Speaker #1
Alors, il y a une étude qui est souvent mise en avant, celle de Michel Ponziot. Il a suivi 67 patients qui souffraient d'AVF depuis 10 ans au moyenne, donc des cas chroniques.
- Speaker #0
Et les résultats ?
- Speaker #1
Les chiffres annoncés sont assez spectaculaires. 82% des patients auraient eu une rémission complète des crises et 6% une amélioration notable. En moyenne, il a fallu une douzaine de séances.
- Speaker #0
Attendez, 82% de rémission complète pour une maladie aussi sévère, juste avec des manipulations du cou ? Ça paraît énorme, il faut peut-être nuancer ça, non ?
- Speaker #1
Oui, oui, tout à fait. Il faut rester prudent, c'est très encourageant, bien sûr, mais rémission dans ce contexte, ça veut surtout dire un espacement très important des crises. voir leur disparition pendant la durée du suivi de l'étude. Ça ne signifie pas forcément une guérison définitive pour tout le monde.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
L'efficacité peut varier et c'est crucial vraiment de voir un thérapeute qui est bien formé à cette technique spécifique qu'on appelle parfois la brachymyothérapie. Ce n'est pas juste un massage du cou quoi.
- Speaker #0
Donc on n'est plus sur une approche complémentaire, une pièce du puzzle plutôt qu'une solution miracle.
- Speaker #1
Absolument. La myothérapie, ça s'envisage vraiment comme un complément aux traitements médicaux, surtout au début. ou si les traitements classiques ne suffisent pas ou sont mal tolérés. L'idéal, ce serait que le neurologue et le myothérapéte communiquent.
- Speaker #0
Côté pratique, ça implique quoi, ça ?
- Speaker #1
Déjà, il faut savoir que ce n'est pas remboursé par la Sécurité sociale. Une séance, ça coûte entre 50 et 90 euros à peu près. Certaines mutuelles peuvent se prendre en charge une partie, il faut vérifier.
- Speaker #0
Et j'imagine que l'hygiène de vie globale reste super importante.
- Speaker #1
Ah oui, essentielle. Tout ce qui aide à calmer le système nerveux et à éviter les déclencheurs connus, c'est bon à prendre. Avoir un sommeil régulier, gérer son stress, relaxation, méditation, ce qui marche pour soi, éviter l'alcool, faire attention à sa posture, peut-être quelques étirements doux, c'est vraiment un tout.
- Speaker #0
Bon, alors si on devait résumer tout ça ?
- Speaker #1
On retient que l'AVF, c'est une douleur absolument extrême, très invalidante. La myothérapie, elle, propose une piste intéressante en ciblant les contractures musculaires profondes du cou comme un potentiel déclencheur. L'étude de Ponziot montre des résultats très prometteurs pour une majorité de patients, plus de 80% d'amélioration ou de rémission. Mais voilà, c'est une approche à voir comme complémentaire, intégrée dans une prise en charge globale, avec le suivi médical et une bonne hygiène de vie.
- Speaker #0
Parfait. Et pour terminer, peut-être une réflexion ? Si des tensions musculaires, quelque chose d'apparemment mécanique dans le cou, peuvent influencer une maladie neurovasculaire aussi intense que l'AVF, qu'est-ce que ça nous dit sur les liens possibles entre notre état musculaire, notre squelette et d'autres problèmes neurologiques complexes ? C'est peut-être une invitation à voir le corps de façon plus connectée, plus intégrée.