Description
Dans cet épisode pilote, on parle de Pilote, de BD, de SF, d'anti-héros et d'héroïne, de la dette de George Lucas et de tas d'autres choses.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Dans cet épisode pilote, on parle de Pilote, de BD, de SF, d'anti-héros et d'héroïne, de la dette de George Lucas et de tas d'autres choses.
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Transcription
Deux amis se rendent à tour de rôle l'un chez l'autre pour découvrir les objets culturels posés sur l'étagère.
Là, graphiquement, c'est le top. C'est une nouvelle émotion. très beau quoi. Alors là où c'est drôle c'est qu'évidemment en plein milieu de Far West, sur le plan, on détourne une case, on a une grosse moto qui arrive. Un dessin, un très beau dessin, rien de pas bleu, c'est du truc déjà un peu cosmique. Modification programme urgente, je vais être fait. Modification urgente cause menace extérieure. En fait, destiné c'est trouver des solutions graphiques. Les cadres, les cases, et la composition des planches, tout devient possible. L'écume a été récupérée par notamment les studios Illydias et Jean-Lucas. Ce qui est vraiment bien dans cette série, c'est qu'elle a un côté en fait très humaniste, mais alors... humaniste polymorphe.
Ah, c'était l'origan de la science-fiction. Donc, Christophe, là, tu nous amènes vers des livres, j'ai l'impression. Oui,
des bébés. On ne se donne pas tête aux rues. C'est sur les terres truquées, une des aventures de Valérian et Laureline, agents spatio-temporels, signés de Mézières et Christin, et édités chez Dargaud. C'est vraiment le format classique, un peu plus grand que du A4, voire même du A4. Les fameux, comme on disait, albums cartonnés des grands éditeurs de l'époque, des années 70, 80, et encore aujourd'hui on en trouve bien sûr, comme Dargo, Casterman, Lena. Vraiment l'album classique, couverture cartonnée, et avec dedans, comme toujours, un nombre de... Alors généralement on disait même 48 planches, ce qui est le cas. Alors celui-ci a une toute petite particularité. Mon album préféré... de Valérian et Laureline est imprimée à l'envers.
C'est-à-dire qu'il y a la couverture qui est dans un sens et il y a toutes les pages intérieures qui sont dans l'autre sens. On commence par la face.
Et en plus, il commence par la fin. Il y a deux erreurs qui ont fait vraiment un objet...
Un objet collector ?
Pour le coup, totalement.
Est-ce que tu te souviens comment tu t'es procuré cet objet ?
Non, pour être sincère, celui-là, je n'en serais vraiment pas sûr. Je pense que j'ai quand même dû l'acheter ici à Montpellier, bon maintenant ça fait quand même peut-être, je sais pas, 10-15 ans, parce que j'ai vraiment une relation très très particulière avec cette série, et comment j'ai découvert cette série et comment j'ai découvert cet épisode, c'est aussi toute une histoire qui alors elle par contre nous ramène quasiment à la fin des années 70, puisque la première fois où j'ai réellement lu cette histoire, ce n'était effectivement pas... dans le format album, qui, bon, même si à l'époque, ça existait déjà, on avait quand même une relation à ça qui était un petit peu différente. Ça avait un certain coût, on n'achetait pas non plus des albums cartonnés tout le temps.
C'était quelle période,
ça ? Moi, j'ai vraiment... Là, l'aventure originelle, je crois qu'elle est sortie en 77. Et moi, je l'ai en fait découvert dans un recueil pilote, et ça devait être genre 78-79.
Donc là, on se déplace dans les... dans les étagères.
J'en ai un là. Et alors, parce que moi, en fait, l'histoire commence, c'est qu'à l'époque, donc j'étais à Paris, j'étais à Rony-sous-Bois, j'habitais avec mes parents et ma sœur. Et un jour, mon oncle maternel est passé à la maison et en fait, en rentrant de l'école, ma mère me dit Ah, il y a ton oncle qui t'a laissé des BD dans la chambre. Donc, je lui ai dit Non, je... Je commençais déjà à aimer les bandes dessinées, je lisais pif, il y avait peut-être déjà les premiers Strange, des choses comme ça. Et bon, il y avait aussi, enfin voilà, on avait déjà quelques Tintin ou des choses classiques comme ça, Spirou. Et là, je vois sur mon lit un gros recueil de 50 numéros de pilotes, comme ils faisaient des fois, tu sais, aussi pour Spirou, pour tous les hebdomadaires de BD qui existaient à l'époque. De temps en temps, tout était réuni sur genre, ça représentait peut-être 10 mois d'une année ou même quasiment une année entière. Tous les numéros étaient regroupés en recueil.
Avec une couverture cartonnée, solide.
Grosse couverture exactement cartonnée.
Contrairement aux hebdomadaires.
Voilà, exactement, qui était en souple. Et alors là, gros choc, parce que je m'en souviens, donc c'était sur mon lit. Donc déjà, j'ouvre au hasard le recueil et je tombe. Donc là, j'ai quoi ? J'ai 8 ans devant. Et je tombe sur une femme nue. En position de lotus, un dessin, un très beau dessin, rien de graveleux, une espèce de truc déjà un peu cosmique. Ça, je m'en souviendrai toujours. Donc là, tout de suite, je referme le recueil.
Dérangé par cette vision.
Par la vision, de peur que ma mère ne débarque pour venir m'expliquer ce que... Je crois me souvenir qu'elle me dit, ça va, ça te plaît ? J'ai dit, oui, oui, tout va bien. Voilà. Et après, je réouvre, je crois, le recueil. Et là, je tombe sur cette aventure de Valérian.
Donc, la femme nue ne faisait pas partie de cette aventure-là. C'était un autre dessin.
C'était, voilà, un autre dessin. Alors, comme il y avait plusieurs numéros, mais de toute façon, maintenant... Je connais la série Valérian, je suis sûr que ça n'était pas Valérian. Je n'ai jamais retrouvé ce dessin-là et quel était le dessinateur. Par contre, je me souviens que sur le recueil de Pilote, la couverture principale, c'était une caricature de Valéry Giscard d'Estaing. Je m'en souviens très bien. Un jour, j'aimerais bien retrouver le numéro de Pilote qui correspondait à ça.
Pilote qui était un journal qui s'adressait à la jeunesse, mais pas que. On comprend bien qu'entre une femme nue et une caricature du président de la République de l'époque,
Voilà, disons il y avait...
Officiellement c'est le journal d'Astérix, en plein historique. C'est ça.
Ça c'est un peu le talent de Goscinny, parce que Pilote commence quand même à la fin des années 50, tout début des années 60. Évidemment au début c'est le journal d'Astérix. Grosso modo, c'est vraiment l'antichambre de toute la révolution de la bande dessinée, là pour le coup vraiment française. Même s'il y avait des liens avec les franco-belges. Eux étaient surtout, les écoles belges étaient surtout occupées avec Spirou et Tintin. Pilote a vraiment été l'antichambre qui a récupéré tous les talents français tout au long des années 60. Avec ce point culminant, moi je trouve, des années 70, où en plus des vieux dessinateurs qui étaient là au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. toute une avant-garde qui petit à petit va s'installer avec des gens comme Giro Noebius qui publiait Blubbery avec Charles Parlier, qui était lui aussi un grand scénariste qui était à la tête de multiples séries. Et puis petit à petit, dans le numéro de pilote que je tiens dans les mains, qui doit être vraiment, on a en plus en couverture par exemple Druyer. Et à la fin des années 60, Valérian a été publié tout d'abord dans Pilote. Il y aura aussi même Goscinny, Bretécher, tout le monde est passé par Pilote, grosso modo, pour faire simple.
Oui, surtout que dans les non-classités, les gens qui vont partir après monter leur propre vue.
Exactement. C'est le talent de Goscinny d'avoir eu énormément, non seulement de flair, mais surtout, on va y revenir peut-être dessus avec Valérian, mais c'est que en plus il n'avait pas peur d'aller dans des territoires qui a priori lui en tant que scénariste et je sais si c'était un grand scénariste ne le concernait pas du tout ne se sentait pas même apte à dire qu'est ce qui était bon ou pas bon mais qu'importe il sentait qu'il y avait quelque chose il sentait qu'il y avait du potentiel et il amenait les gens ils disaient venez venez proposer vos planches fin voilà moi je prends vos planches où je prends vos histoires il était quelqu'un qui était ouvert quoi qui malheureusement presque finira par le payer à la fin des années 60 avec une espèce de rébellion de tous les auteurs, grosso modo, que j'ai cités avant, qui se sont un peu rebellés contre le père. Et comme tu dis, après, c'est ce qui a donné à ce moment-là la création de toutes les autres revues qui ont suivi, comme l'Éco des Savannes, Métal hurlant. Et
Fluide Glaciale.
Et Fluide Glaciale après. C'est voilà, alors que tous ces gens-là ont bénéficié de l'intelligence de Goscinny et puis des opportunités qu'il a donné à tout le monde, c'est vrai que les gens se sont sentis quand même à un moment corsetés dans l'esprit pilote, le fait peut-être de ne pas pouvoir révolutionner les choses assez vite, et tous à un moment ou à un autre ont voulu en prendre encore plus de liberté et quitter pilote, et quitter entre guillemets Goscinny. qui quand même un jour a été convoqué officiellement dans un bar par toute une petite tripotée de dessinateurs pour une espèce de procès. On ne va pas dire stalinien, ça c'est quand même une opinion pour Goscinny. Mais enfin, une espèce de réquisitoire très très sévère, que d'ailleurs Goscinny a très très mal vécu à l'époque, et qui fait que... Oui, non, il l'avait très très mal pris, mais bon, ça c'était une autre époque.
Donc toi, tu ouvres, on revient à notre histoire, même si c'est bien de s'éloigner. Toi, tu ouvres une deuxième fois ce magazine, tu tombes sur cet épisode ? Non, non,
sur cet épisode.
C'est pas vrai ? Je le rappelle, il s'appelle Les Terres Truquées.
Sur Les Terres Truquées. À l'époque, effectivement, la série s'appelle encore juste Valérian, même si très vite, on comprend que, même en fait, dès le deuxième épisode, Laureline, et effectivement, ça fait partie des attraits de cette série et l'une de ses révolutions, c'est que Christin et Mézières ont très bien compris, ils ont eu une manière très originale d'aborder la science-fiction, d'aborder le thème du héros. et de l'héroïne et de faire quelque chose qui quasiment annonce tout ce qui se passe aujourd'hui, où effectivement Laureline n'est pas juste une subalterne du soi-disant héros, Valérian n'étant même pas non plus un héros de type classique, et c'est tout le charme de cette série, qui trouve son apogée pour moi justement dans cet épisode particulièrement.
On fait une petite pause avec ça, tu parles du rôle de la femme qui est peut-être en avance par rapport à d'autres... On est en quelle année, là, à peu près ? Là, c'est 1977. Surtout que c'est à une époque où, justement, quand vont arriver des magazines comme Metal Hurlant ou ce genre de choses, on peut constater qu'Antoine Aureli aujourd'hui, qu'ils sont encore sexistes, sous certains aspects.
Totalement.
De manière très évidente, même s'ils se prétendent plus avant-gardistes.
Alors, c'est à la faute, c'est toujours ambigu, c'est pour ça que, bon, c'est toujours difficile quand on n'a pas le temps, si ce n'est pas le sujet principal de se lancer dans ce genre de discussion. Mais c'est vrai que... d'un côté même les revues soi-disant un peu plus moderne vont rester dans une forme de sexisme mais encore plus désinhibé j'ai envie de dire et en même temps c'est quand même aussi dans ces revues là qui aura eu aussi des femmes chantal montelier d'autres qui auront pu le salement voilà c'est une attrice car il exactement il ya quand même des dessinatrices qui arrivent ou ou qui étaient déjà arrivées avant, mais qui vont pouvoir s'exprimer, mais même si elles, elles disent aussi que quand même, la situation n'était quand même pas terrible, terrible. Même si, par exemple, aussi, l'un des spin-off, entre guillemets, de Metal Hurlant, c'était Anana, un magazine fait, grosso modo, entièrement que par des femmes, qui aura une existence très courte. Et voilà. Donc oui, tout ça pour dire que, dans une série de science-fiction qui a tout... qui a certaines apparences classiques. Valérian est une série qui est profondément atypique et qui, pour moi, reste l'un des chefs-d'oeuvre non seulement absolus de la bande dessinée, mais de l'art tout court. Non seulement par les thèmes abordés, mais par le style de Mézières et les scénarios de Christin. Vraiment plein de choses. Mais aussi par rapport à ce couple qui est au centre de toutes les histoires et qui, je trouve... amène des choses vraiment profondément modernes, mais modernes dans le sens où, en fait, ça se réadapte toujours à l'ère du temps dans lequel on va lire ses aventures. Ce qui fait que c'est toujours de la science-fiction. C'est ça que j'aime. C'est que c'est même pas rattrapé par le temps qui passe, quoi, en fait. Je trouve que c'est toujours excessivement moderne et c'est vraiment un vrai appel à l'imaginaire. Et les rapports humains sont vraiment... disons, comment dire, totalement dénudés de tous les mauvais clichés que chacun peut avoir à n'importe quel moment de l'histoire. Donc c'est ça aussi qui est intéressant.
Nous, à la corporation Bendix, pensons que cela arrivera, et avant que trop de demain ne passe. Déjà, nos astronautes tournent dans l'espace à près de 200 milles de hauteur. La prochaine chose que vous savez, un véhicule inhumain va rouvrir la surface de la Terre. Ensuite, un véhicule humain va l'explorer en détail. Après cela, vous serez là, si vous voulez. Les gens de Tomorrow à Bendix aident à faire ces choses possibles. Et plus dans les domaines de la défense nationale, l'aviation, l'espace, l'océanique. Automotive and manufacturing. To search, to discover, to develop. To broaden man's knowledge of the world he lives in and the universe around him. To make reality of imagination. This is Bendix, the Tomorrow People.
Est-ce que tu peux décrire ces deux personnages principaux ? Tu les as déjà évoqués rapidement, mais leur personnalité, peut-être aussi leur identité visuelle, à quoi ils ressemblent, et comment fonctionne leur duo ?
Valérian et Laureline sont deux agents spatio-temporels qui résident principalement à Galax City, une université du futur. En gros, au tout début, Quand la série commence, c'est effectivement des vrais agents spatio-temporels qui sont obligés de se déplacer le long du fil du temps, de la flèche du temps, pour aller réparer des erreurs qui seraient commises par différents... enfin surtout un méchant qui occupe en fait les trois... les deux premiers petits épisodes et l'épisode principal du début, qui a un nom, je suis dehors, genre Zorglub, comme... je sais plus comment il s'appelle, mais... Bon, on verra ça, peut-être plus tard. Enfin, voilà. Au début, c'est vraiment des aventures où les deux personnages voyagent dans le temps. Alors, très important, le premier épisode, il retourne en 1986 et il parle d'un incident nucléaire. Alors qu'effectivement, c'est ce qui va nous arriver avec Tchernobyl. Donc, en gros...
Alors qu'on est plus de 15 ans avant.
Ah ben oui, là, c'est 70. Donc, c'est... Ils sont, oui, 15 ans, voilà, exactement avant. Mais c'est sûr que c'est tout à leur honneur, mais comme dit Christin, c'est le but aussi un petit peu de la science-fiction, de tellement essayer de prévoir de choses que forcément à un moment tu tombes un peu juste. C'est malheureusement pour ça qu'il ne faut pas prendre la science-fiction comme une espèce de délire ou de choses pas réelles. Non, c'est justement ça. C'est des gens qui essayent au contraire de coller à toute forme de réalité mais pas celle que l'on vit tous les jours celle qui pourrait arriver donc c'est en ce sens là que moi je pense qu'il faut prendre la science fiction au sérieux même avec quand même légèreté humour et plein de choses mais que c'est un domaine qu'il ne faut surtout pas abandonner pour absolument non seulement nourrir notre imaginaire mais en fait être totalement conscient de ce qui pourrait nous arriver c'est ça qui est important donc au début surtout des aventures spatio-temporelles, j'ai envie de dire. Mais là où ça devient intéressant, c'est à partir de l'épisode de l'Empire des Mille Planètes, où là, il y a toute une cosmogonie qui se met en place, et où là, Valérian et Laureline agissent beaucoup plus comme des espèces d'ambassadeurs et de défenseurs des multiples races extraterrestres qui peuplent maintenant visiblement l'univers. Et donc... Après la ville de Galaxie City au début, il y a après une espèce de lieu interlope où tous les gens se rencontrent qui s'appelle Point Central et qui est une espèce de gigantesque ambassade dans l'espace où tous les peuples du cosmos sont réunis. A partir de là, les aventures de Valérian et l'Aureline pressent plus un aspect de découverte de mondes différents. peuplades différentes et de races extraterrestres différentes, qui en fait une espèce de catalogue merveilleux où alors là, il y a plein de thématiques qui sont abordées, il y a la lutte des classes dans les oiseaux du maître, ou même dans le pays sans étoiles, l'ambassadeur des ombres, alors là, c'est vraiment un... disons du Shakespeare dans l'espace avec un jeu diplomatique de lutte de pouvoir sur de grandes négociations cosmiques. Pour moi, c'est l'une des plus grandes séries qui, de toute façon, va même influencer, je le dis nettement, tout Star Wars et dans Valérian. Et on le sait, tous les gens qui ont travaillé sur Star Wars avaient des reproductions des planches de Valérian et aussi de Moebius et de Drouillet. Mais au niveau de Star Wars, que ce soit au niveau du look, vous prenez le look du Faucon Millenium de Yann Solo et le Vesto de Valérian et Laureline. C'est quasiment le même. Sans parler de plein de cases, la princesse Leia en bikini sur Jabba le Hutt, le bikini, c'est... Je ne sais plus quelle monture. C'est l'oreline, elle a le même. Et c'est là encore 5, 6 ans, 7 ans avant.
Mais où est-ce que je suis ?
Au palais de Jabba.
Qui êtes-vous ?
Quelqu'un qui vous aime.
Leïa.
Je vais vous sortir de là.
Qu'est-ce que c'est ? Je connais bien,
sire.
Jabba, écoutez Jabba. J'étais justement venu pour vous rembourser. J'ai eu un petit contre-temps. C'est pas ma faute.
Mais c'est vrai que même déjà, avant d'attaquer après, ce qui pour moi fait le sel aussi de la série, qui est surtout effectivement cette relation Valérian-Laureline, Et on n'est pas dupes, on voit très bien qu'effectivement, ils ont un peu écorné le côté héros masculin sur de lui, qui va tout le temps gagner. Et ils vont effectivement le remplacer par autre chose, et ils vont faire de l'Aureline, véritablement, presque la force motrice des histoires. Alors que ce qu'il y a de touchant chez Valérian, c'est que c'est presque un gaffeur. C'est presque, effectivement, il a tous les attraits du héros mâle. qui va tout réussir et tout, alors que non seulement il ne réussit pas tout, mais c'est en ratant des trucs qu'effectivement il va plus ou moins s'en sortir, et c'est tout cette espèce de... On peut dire qu'ils sont amoureux l'un de l'autre, mais ça, après, on ne s'apesantit pas là-dessus, outre mesure, mais il y a cette espèce de petit... Il se chipote en permanence là-dessus, parce qu'effectivement, Valérian sent bien qu'il est un peu... poussé de son piédestal, mais par une Laureline qui ne le fait même pas exprès, et qui est parfois plus brillante que lui, et qui a des meilleures idées au bon moment, et puis qui elle les réussit, alors que ce qu'il y a de touchant chez Valérian, c'est justement ses échecs. Et c'est notamment dans cet épisode-là que je trouve que c'est poussé à son extrême, que c'est vraiment le plus intéressant sur l'éther truqué, ce qui est vraiment un album préféré. Et juste avant d'aborder ça, c'est que quand même, même eux, dans tout leur côté classique de la science-fiction, ils ont vraiment ce côté, ils ont abandonné aussi très vite, ce qui était un petit peu au début, avec là, le méchant, j'ai oublié le nom, un côté gros méchant. C'est au bout déjà du deuxième album de l'Empire des Mille Planètes, il n'y a vraiment plus du tout de notion de mal, de bien, fortement identifié avec ça, c'est le mal à détruire et tout. C'est toujours très très très très subtil, même quand il y a ça dans certains albums comme Le Pays sans Étoiles, où au début, où les oiseaux du maître, où il y a une forme même d'oppression, des formes de dictature dans certains mondes qui sont visités. On découvre toujours au final qu'effectivement il y a une raison à ça et que les choses sont plus complexes et beaucoup plus subtiles. Ce qu'il y a de vraiment bien dans cette série, c'est qu'elle a un côté en fait très humaniste, mais alors polyhumaniste, polymorphe.
Et pas binaire.
Voilà, il n'y a pas effectivement d'empire du mal, de choses comme ça. Il y a un moment sur une planète, il y a effectivement peut-être quelqu'un qui ne fait pas de bonnes choses. Mais justement, rien ne se résout ni par des combats, ni par une guerre, ni par ce genre de choses. C'est vraiment, et là encore, comme de toute façon, ils sont censés être soit à la base des agents spatio-temporels qui sont censés laisser la flèche du temps en bon ordre, c'est-à-dire... agir le moins possible sans faire de dégâts même si on verra que dans le futur après ça sera pas aussi simple que ça même après quand ils ont ce côté ambassadeur là encore ils sont toujours très prudents et d'ailleurs souvent les problèmes naissent par de par des petites choses par des petits détails qui subitement enclenche des événements et des épreuves ou des visions des soucis des problèmes qu'il va falloir qu'il résolve mais qui sont de nature toujours disons voilà qui sont anti anti climax anti anti action pure et dure il ya un album qui par contre presque prend le contrepoint de tout ça mais qui pour moi est justement la démonstration brillante et alors là qui est juste comme il le disait c'était juste avant la guerre des étoiles ou même pendant c'est les héros de l'équinoxe un superbe album ou Quatre champions partout dans l'univers sont sélectionnés pour faire partie d'une grande épreuve, je ne sais plus la finalité, mais une espèce de rencontre cosmique finale avec un être suprême qui doit enfanter. la nouvelle semence de l'univers et tout, enfin bon si ça se fait pas bien, tout va capoter. Alors évidemment, il y a quatre mondes qui envoient chacun un champion. Nous évidemment c'est Valerian, il va être une véritable catastrophe. Mais c'est à hurler de rire tellement c'est très très bon, parce que les autres sont des espèces de caricatures, soit du gros guerrier musclé, soit du hippie qui poste d'une, machin, vraiment c'est... C'est vraiment très très excellent.
Il y a aussi une dimension parodique du coup, le récit de la fiction.
Voilà, c'est-à-dire qu'ils arrivent vraiment à tout mélanger, à tous les niveaux, et là c'est vraiment un pur album d'action, puisqu'évidemment ils vont avoir plein d'épreuves chacun, donc on est vraiment dans le cinéma presque hollywoodien à outrance, et je crois que c'est Mézières qui disait, je ne sais plus si c'était juste... Ils avaient été voir, je crois qu'ils ont été voir Star Wars, ils se sont dit, ah ouais bon... nous ont bien piqué des trucs. Et en même temps, il venait genre, je pense, à peine de commencer à travailler cet album. Et il a dit, bon, là, de toute façon, il va falloir mettre le paquet, parce qu'avec de tels films maintenant au cinéma, on ne va plus pouvoir suivre. Donc, il y avait encore de la marge, parce que... Je pense que, quand même... Mais ils avaient senti le truc, ils avaient bien compris. Bon, c'était un peu... Ils avaient compris que le cinéma hollywoodien, c'était bien inspiré aussi de tout ce que l'Europe avait produit à ce niveau-là, au niveau scientifique, avec les gens comme Drouillet, Moebius et eux. Et c'est là où ils vont développer des histoires sur plusieurs albums, qui vont amener la série vraiment vers un autre univers. Alors qu'effectivement, toute cette première série, c'est à chaque fois des albums qu'on peut presque lire indépendamment les uns des autres, il n'y a vraiment pas de soucis, même si effectivement, dans l'évolution du trait de Mézières ou l'évolution des personnages, c'est vrai que c'est peut-être un peu mieux de le lire un peu dans l'ordre, puisque à force, le palamceste des choses que vivent Valérian et Laureline, finit par, en soi, en tant que lecteur, on leur crée une relation très spécifique.
C'est quelque chose qui est latent, qui est là tout le temps, mais de laquelle on peut projeter, fantasmer, etc.
Exactement. Mais en même temps, on le sent bien, parce qu'effectivement, au début, ça a à voir avec le trait. Au début, quand Mézières dessine, il a encore, comme il disait, des vieux tics un peu de dessin communique. Comme il dit, je suis encore un peu trop gros nez. Et petit à petit, il va vers une forme de trait semi-réaliste, quand même. Voilà, on n'est pas vraiment dans le réalisme. Après, ça se discute, mais lui, il appelle plutôt ça du style semi-réaliste. Mais qui fait que moi, je trouve qu'il a une patte unique. Alors, beaucoup de noir, parce que moi, je trouve que l'ancrage, c'est l'une des choses, même si on peut faire d'albums sans ancrage. Là, c'est vrai que pour moi, on est dans la quintessence de la production BD française. C'est-à-dire, il y a des crayonnés, il y a de l'ancrage. Après, les couleurs sont faites sur des calques. Et tout ça aussi est une production.
Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Disons, je crois que c'était sa sœur qui a refait toutes les couleurs des albums.
Tu veux dire qu'il y a un travail collaboratif et un peu... Et puis, en technique,
il y a toute une industrie derrière. Il faut bien comprendre ça, que même si la bande dessinée reste quand même un domaine merveilleux, il y a... assez proche entre guillemets dans les outils, enfin la simplicité des outils de la littérature, on n'a pas besoin de grand chose. Voilà. Cet épisode commence d'une manière très bizarre pour une série de science-fiction, c'est que les premières planches en plus ont l'air de décrire des choses très historiques. On voit l'armée anglaise à l'époque de la conquête, enfin voilà, toutes les choses autour de l'Inde, la compagnie des Indes, etc. Donc on a plutôt l'impression de tomber dans une bande dessinée historique.
Historique et d'aventure, plus que dans la science-fiction.
Exactement. Dis donc rapidement, c'est vrai qu'au début on est assez surpris, on a l'impression d'être dans une aventure historique. Alors moi la première fois que je dis ça, peut-être que je ne comprends pas encore ce que c'est que Valérian, donc je me laisse bercer, il y a très peu de dialogue, il n'y a que des images, c'est un assaut... d'une citadelle indienne par les troupes anglaises de l'époque. C'est vraiment du dessin, j'ai envie de dire, un petit peu classique, mais avec la touche de mésière sur laquelle peut-être je reviendrai plus tard. Des très belles couleurs, mais tout est très classique. On se croirait vraiment dans une ambiance même de film hollywoodien. Au bout de la troisième planche, on découvre dans les troupes anglaises, on comprend bien que c'est le personnage qu'on voit en couverture, mais qui était certainement aussi, ça je m'en souviens, en médaillon, en haut du début de la série, quand on feuilletait une revue, il devait y avoir soit un résumé, soit la présentation du nouvel épisode, et on voit que l'un des soldats anglais a la tête de Valérian. Et donc ils sont en train d'envahir cette citadelle, ça se bat un petit peu partout. À la planche 4, c'est là où les choses commencent à être bizarres, ça commence un petit peu à parler. Et pour faire vite, tout en bas de la planche 4, le fameux Valérian sort carrément un pistolet laser. Et là on se dit, effectivement, les choses n'ont pas l'air d'être ce qu'elles sont.
Oui, sur la dernière case de la page de gauche en bas, on voit... Clairement, une arme laser, une arme du futur. Voilà. Et un impact aussi avec un halo de lumière un peu étrange, coloré de rose.
Et là, à partir de là, on passe à la planche 5. Et là, on voit l'un des personnages qui est censé être un Indien accroupi au sol, en train de faire une espèce de prière et qui dit un truc un peu bizarre. Le programme non respecté. Donc on comprend qu'il y a vraiment quelque chose de bizarre qui se passe. On passe, il y a un tigre qui essaye de bouffer Valérian, pareil, il ressort son pistolet laser et il s'en débarrasse. Là, on se dit que vraiment, on est en train d'être témoin de quelque chose de très très très particulier.
Ce qu'il y a d'assez classique aussi, c'est l'utilisation des onomatopées peut-être. Oui, on a des onomatopées. En gros caractère, tu vois, c'est un peu imposant dans les cases. C'est là qu'on apprend que les pistolets de laser font chlof. comme là.
Et on en est maintenant, je crois, à la planche 6. Et là, effectivement, on voit que même les gens qui habitent ce temple, cette citadelle indienne, ont l'air de communiquer avec des terminaux futuristes. Donc là, on se dit que vraiment, il y a quelque chose qui...
n'est absolument plus du tout historique là dedans mais qu'on a l'air d'être vraiment dans de la science fiction j'essaie de résumer un peu vieux oui on va pas faire tout voilà de l'album filier ce qui est intéressant je trouve que c'est que c'est progressif effectivement dans les premières planches aucun indice de ça puis à cette arme qui apparaît et puis là dans une page sur laquelle tu es on voit dissimulé dans un élément de décor qui fait de son époque effectivement ce terminal dont tu parles.
Voilà, et on voit que les personnages tiennent des discours qui sont là aussi totalement futuristes, modifications, programmes urgentes, je répète, modifications urgentes, causes, menaces extérieures. Voilà, on voit Valérian qui progresse un peu vers quelque chose qu'il a l'air de chercher et qui finalement trouve, c'est ce fameux terminal. Lui-même, le Valérian, qui était depuis le début déguisé comme un soldat de l'armée britannique, sort une espèce de... de disons d'outils futuristes aussi et là il appelle Laureline et il a l'air de vouloir récupérer des coordonnées précises on sent qu'il y a un dialogue qui s'instaure, enfin tout ça pour amener à la dernière case de la planche 7 où Valérian visiblement a réussi sa mission, il doit maintenant s'échapper et là quand il ressort on a l'impression que tous les autres personnages restants qui sont dehors dans la citadelle mais à la fois même les soldats anglais et quelques indiens, tout le monde le met en joue, et là, horreur, tout le monde lui tire dessus, et on voit le personnage principal de la série se prendre 18 impacts de balles, on voit du sang, et donc, ben voilà, c'est fini, quoi.
On voit effectivement du sang qui gicle, ce qui va encore dans l'hypothèse qu'on disait tout à l'heure, que Pilote, c'est quand même un journal qui s'adresse plutôt à un public plus averti. À l'époque, dans les publications pour la jeunesse, On ne voit pas de sang.
Non, mais là, on le voit bien. En tout cas, moi, je me souviens déjà que là, pour moi, c'était comme une espèce de révélation parce que vu qu'à côté, j'étais dans Pif Gadget, même s'il y a eu aussi des choses un petit peu plus modernes, c'est vrai subitement d'être pris par cette histoire, de voir que déjà, il y a deux climats différents, quelque chose de très historique qui commence à devenir de la science-fiction et un personnage auquel on commence à s'attacher puisque c'est avec lui qu'on va au cœur de l'action et voir qu'à la planche 7, visiblement il ne va pas s'en sortir, ça a un côté aussi là encore qui était totalement surprenant, et moi j'étais là, j'étais en plein délire intellectuel. Mais voilà, c'est vrai qu'en plus la beauté de la chose c'est que la planche suivante, on voit donc le personnage de Valérian qui tombe de la muraille de la citadelle, il tombe à la renverse, Il tombe dans cette espèce de bassin qui entoure la citadelle, la tête en sang, enfin il y a du sang qui sort de son corps de partout. Et en fait dans une même case, toute en longueur, qui prend toute la longueur de la planche, on voit trois représentations de Valérien qui passent du milieu aquatique et historique, j'ai envie de dire, de la citadelle indienne. à son corps qui flotte dans un entre-deux et qui finit en fait par flotter carrément dans l'espace. Alors déjà visuellement c'est juste superbe, bon là il faudra quand même revenir sur le trait de Mézières parce que je pense que ça n'est pas étranger au fait que j'ai aussi été après, disons sensibilisé, comme j'aimais beaucoup dessiner, c'est quand même des choses qui m'ont énormément marqué. Mais donc là, il y a pour moi une espèce de synthèse totale du talent et du scénariste et du dessinateur, et qui nous donne une case qui est l'amorce d'une nouvelle planche, mais qui est la fin aussi d'une séquence, et qui laisse énormément de questions, qui est la mort du personnage visiblement principal de la série, et en même temps une espèce de voyage de son corps dans plein de lieux différents. Et là... à ce stade-là, on n'arrive pas encore à mettre les choses en relation, et on n'arrive pas à comprendre, et c'est ça qui est extraordinaire, et qui est bien, c'est d'être perturbé, de ne pas comprendre, et de sentir que tout le reste de l'histoire, tout le reste de l'album, va nous amener, disons, plein de réponses, mais en tout cas plein de choses, plein d'émotions. on a effectivement comme tu disais différents climats on voit très bien qu'on passe d'un climat qui au début nous apparaît comme quasi historique un climat et cauchemardesque et de science fiction puisqu'on a vu et puis très vite il ya un vaisseau qui apparaît sur fond de l'espace, donc là on a bien compris qu'on était vraiment dans de la science-fiction, mais en plus là on n'a pas eu le temps de détailler mais au niveau des dialogues,
il y a aussi des interventions un peu humoristiques donc c'est vrai que subitement ça c'est une donnée qu'on n'avait pas évoquée encore en plus de ces plusieurs registres de narration et tout ça il y a un ton humoristique aussi qui arrive.
Exactement, il y a un humour, alors là qui n'est que amené par le personnage de Valérian... qui a une espèce, disons, de désinvolture. On a bien compris maintenant que ça y est, il est en train d'effectuer une mission et que, effectivement, tout a l'air factice autour de lui. Mais il a quelques réparties qui font qu'on a aussi une espèce d'humour très léger. Ce n'est vraiment pas des gros gags. C'était un petit peu plus prononcé dans les premiers numéros. Mais qui fait que ça aussi, c'est quand même... Un élément important de la série, c'est qu'elle arrive à ménager plusieurs niveaux d'expression. Il y a un côté imaginaire merveilleux, un côté science-fictionnesque qui va aborder des thèmes très sérieux, mais en même temps, il y a de l'humour. mais vraiment un bon humour, notamment entre Valérian et Loraline, qui sont un peu des adeptes de s'envoyer un peu des vannes... De joutes verbales. De joutes verbales, exactement, qui sont assez humoristiques. Alors là, ça va être remplacé par d'autres joutes verbales, mais là aussi, c'est encore un élément qui est très important dans cette série, c'est qu'elle a quand même un fond d'humour qui fait que... Il y a une espèce de distance qui, je trouve, est très juste, qui aide le spectateur, le lecteur, vraiment à se mettre au bon niveau par rapport à ça.
Je suis moins calé que toi, mais il me semble, quand on connaît un petit peu le travail que fait le scénariste à côté, que ce n'est pas son registre le plus connu. L'humour, ce n'est pas sa spécialité. Enfin, celui qui a travaillé avec Bilal, ou les BD qu'il a fait avec Bilal, les albums qu'il a fait avec Bilal, ne sont pas forcément molles.
Tout à fait. Par contre, c'est un élément qu'il avait effectivement avec Mézières, qui est le dessinateur avec qui il travaille, et qui est vraiment l'un des premiers avec qui il a travaillé. Ils ont tous les deux été, je ne sais pas ce qu'explique leur humour, mais ils se sont connus aussi, ils ont tous les deux été aux États-Unis. au moment où encore ce pays fascinait encore beaucoup d'européens ils ont pas mal travaillé là-bas avant de revenir en france et de vraiment s'installer dans le milieu de la BD mais au début ils ont commencé par par des histoires comiques
Juste une petite question rapide, toi quand tu le découvres la première fois dans Pilot, tu oublies toute l'aventure ? Sur le recueil, il y a toute l'aventure ?
Oui, je crois bien parce que, enfin c'est maintenant le souvenir que j'en ai. Ce qui fait que, bon, sous mon nom, on peut aussi se servir de l'histoire pour essayer d'aborder un petit peu le style. Et donc, on comprend qu'en fait, effectivement, le Valérian qui est mort n'est pas le vrai Valérian. On va très vite comprendre que, en fait, les missions vont se multiplier. Après, les Indes coloniales, il va carrément dans le Londres, alors d'une autre époque. Bon, ça reste encore lié à l'Angleterre.
C'est-à-dire victorien,
haut de forme. Chapeau haute forme qui est comme sur la couverture. Et là encore une espèce de Valérian débarque et essaye de choper, là encore on retrouve le dispositif électronique futuriste alors qu'il a l'air de rentrer dans une espèce de club londonien à la Phileas Fogg ou un peu comme ça. Et encore une fois il doit choper des coordonnées et au moment où il chope les coordonnées tout a l'air de déraper et encore une fois tout le monde veut le tuer et encore une fois, boum, en fin de planche. Un deuxième Valérien meurt et à chaque fois pendant ce temps il y a effectivement le vaisseau de Valérien et d'Aureline qu'on a reconnu qui a l'air de flotter quelque part en orbite. Et on voit l'Aureline qui crie à chaque fois et on va très vite comprendre après le troisième épisode que donc à chaque fois ce n'est pas le vrai Valérien qui meurt. Elle évidemment, l'Aureline voyant ça à chaque fois a quand même la sensation que c'est l'homme qu'elle aime quand même un petit peu qui lui passe. Elle est assistée cette fois par quelqu'un qu'on n'a jamais vu par ailleurs, une autre femme, qui a l'air beaucoup plus froide et qui a l'air un peu d'être la chef de cette mission.
Qui ressemble un petit peu, alors pas dans sa tenue vestimentaire, mais dans sa coiffure et tout ça, à des espèces de pin-up, je trouve un petit peu... l'infirmière ou la... tu vois, qui est un peu stylisée.
Elle a un petit côté comme ça avec ses cheveux.
Ses grandes lunettes.
Et alors surtout ses grandes lunettes, voilà, donc elle fait à la fois très sérieuse, alors que le Rollin, bon, a un côté... comment dire... qui ne va pas du tout avec son caractère, mais au niveau graphisme, c'est vrai qu'elle a une taille de guêpe, elle fait un petit peu presque midi nette comme ça, elle a les cheveux rouges. Bon là on ne le voit pas trop parce qu'à chaque fois elle est dans les vaisseaux, alors il y a des espèces d'éclairages un peu surréalistes qui font qu'on n'est pas du tout dans une lumière naturelle. Mais là effectivement on comprend très vite que l'autre c'est la chef de la mission, l'Aureline est à ses ordres, et visiblement tout le monde a l'air de se servir de Valérian pour essayer de remplir cette mission qui a l'air à chaque fois très périlleuse. Le troisième monde visité étant carrément le Far West cette fois. Alors là où c'est drôle, c'est qu'évidemment, en plein milieu du Far West, subitement, au détour d'une case, on a une grosse moto qui arrive, et là, le personnage, le troisième Valérian qu'on voit de l'histoire, dit mais j'ai l'impression que, oui, ça se détraque, gros anachronisme ce machin à mon avis
Oui, il y a une espèce de harlet qui débarque le Far West. Voilà,
et là on sent qu'effectivement, on avait compris que déjà, on était dans quelque chose de factif à un certain niveau, mais que ça a l'air de s'amplifier. Alors bon, pour faire rapide... là aussi au bout de la troisième aventure, on voit qu'en fait, chaque fois qu'un monde est exploré, il s'agit juste en fait d'une espèce de toute petite île qui flotte dans l'espace, où semble être reconstruite à chaque fois une période de la planète Terre, une période de l'histoire de la planète Terre, mais reproduite sur une très petite surface. Et donc effectivement, toute la mission semble... oblige donc tout l'équipage, les deux femmes et puis ce Valérian qui a l'air de se reproduire à l'infini, d'aller visiter ces différents petits îlots artificiels pour aller récupérer des coordonnées qui semblent les rapprocher de plus en plus d'une espèce d'entité ou de personnage qu'on n'a pas encore complètement identifié. après la voilà ce qui est génial dans cet album c'est que on a compris que on a des bouts de la france du début du 20e siècle l'inde l'époque victorienne le cosmos Le trait de Mézières s'éclate complètement dans toutes ces ambiances. Et puis au fur et à mesure, et là on va arrêter de divulgacher, mais on arrive à des espèces de planches complètement dingues. Des grandes planches même qui sont une case géante.
Oui, il y a une planche avec une case qui occupe toute la planche. Voilà, il y a des découpages assez variés quand même.
Oui, c'est vraiment là aussi...... la bande dessinée française montre que même au niveau des cadres, des cases, de la composition des planches, tout devient possible.
Moi ce qui me frappe le plus quand tu feuillettes les pages comme ça, c'est le travail sur les lumières, sur les éclairages, il y a vraiment des atmosphères différentes selon les lieux où on se trouve, il y a un gros boulot de ce côté-là, il y a les couleurs mais il y a vraiment un principe d'éclairage qui est assez fort. Alors...
De toute façon, c'est vraiment les deux, parce que sur une case comme ça, où on est à l'intérieur du vaisseau, c'est-à-dire qu'effectivement, il y a à la fois des éclairages qui sont toujours très marqués, parce qu'effectivement, ça dramatise la situation, alors qu'il se passe peu de choses dans cette case. On voit les deux personnages de femmes qui sont en train de regarder quelque chose à l'extérieur dans l'espace et qui a l'air de vraiment les impressionner. Mais ce qu'il y a de génial, voilà, c'est que sur une case toute simple, où on fait deux visages de femmes avec quelques boutons derrière, une espèce de dispositif électronique, il arrive. à créer de la tension, il arrive à créer presque, pas du mouvement, parce que là il n'y a pas de mouvement, mais effectivement, par l'éclairage latéral qui fait qu'il y a des ombres très marquées, et par les couleurs qui ne sont absolument pas traitées d'un mode réaliste, toutes les peaux des femmes sont quasiment marron, alors qu'entre guillemets ce sont des femmes blanches, leurs cheveux sont violets, voilà. Il y a vraiment, tout est mis en place, et dans le texte de l'une des bulles, on a vraiment des grosses lettres qui ont même été coloriées en rouge. Donc voilà, voilà une case toute simple, toute bête, où a priori il se passe pas grand chose, et je pense que même si on la sort, on est tout de suite happé par ça. On se dit mais qu'est-ce qu'elles sont en train de regarder ? Et y'a même pas besoin qu'elles décrivent trop, elles disent deux, trois choses, et c'est juste qu'elles ont l'air impressionnées, et y'en a une qui continue à être un peu vilaine avec Laureline, et à lui dire avancez jeune fille, avancez, c'est un ordre. mais tout de suite, on est capté. Et effectivement, derrière, ça défile.
Cette case que tu décris, qui est totalement panoramique, puisque la page est découpée en cinq cases panoramiques, c'est-à-dire qui courent de gauche à droite, cette case-là, on pourrait très bien, alors qu'il y a juste deux femmes qui ont l'air inquiètes et une qui donne un ordre à l'autre, elle pourrait très bien servir de teaser. C'est-à-dire qu'on pourrait la sortir et dire, voilà, le prochain album des aventures de Palérian.
C'est exactement ça. Alors qu'en plus, en soi, dedans, dans la case, il se passe pas grand chose. Pas grand chose. Mais voilà, là on progresse encore dans l'album. Ça va encore plus loin dans le délire graphique, l'apothéose étant... Enfin, la chef de la mission qui n'était pas très gentille rencontre la personne qu'ils étaient... Enfin, la personne... Je vous en dis pas plus.
Ne spoilons pas,
totalement. La personne qu'ils étaient censés rencontrer, elle finit par le rencontrer. On comprend plein de choses. Mais l'apothéose étant... que le vaisseau de Valérian et Laureline, j'essaie de les mettre ensemble, c'est un épisode de la Première Guerre mondiale. Et là, il y a des images silencieuses sur quasiment un charmier de la Première Guerre mondiale, qui en fait l'une des scènes les plus émouvantes que je connaisse. Rien que le réveil de Laureline dans le vaisseau abandonné, là, graphiquement, c'est le top.
Un jour, vous verrez l'océan autour de vous dans un incroyable aquacopter. Et la voiture familiale est en train de faire de grandes changements aussi. Imaginez juste taper le bord de la plage pour stopper et aller. Ou le conduire avec le bouton de pression électronique. Les gens de Bendix de demain sont en train de faire ces choses possible. Et plus dans les zones de défense nationale, l'aviation, l'espace, l'océanique, l'automotive et la fabrication. Pour chercher, pour découvrir, pour développer. Pour éliminer toutes les frontières de l'espace et de la pensée.
C'est Bendix,
les gens du demain.
Si la série est aussi populaire aujourd'hui auprès des jeunes, je veux dire. Les nostalgiques se rachètent les albums, c'est un phénomène assez connu. Mais tu sais si... Parce que tu en as discuté avec des gens jeunes ou parce que tu en as entendu parler ?
Je ne sais pas si j'ai réellement la réponse à ça. Je pense qu'il ne faut quand même pas se leurrer. Les jeunes aujourd'hui le connaissent moins. Par contre, il y a une anecdote très touchante de Christin. Il s'en était rendu compte lui, c'était au milieu des années 2000, où il était invité à une séance dédicace dans une espèce de salon, et il y avait un jeune dessinateur à côté, et présentation faite, machin, il dit mais Valérian, c'est quoi ? Voilà, et là il a dit j'ai eu un petit passe-mort que ça
Alors, autrement, est-ce que tu penses que c'est daté ? Est-ce que tu penses, toi, que ça pourrait parler, ou que c'est une science-fiction qui a été un peu rattrapée ? On t'a un peu répondu à cette question tout à l'heure, mais...
Moi, non, je pense que oui, je pense que c'est toujours d'actualité. C'est effectivement, comme tu disais, rattrapé, parce que c'est dans le sens où l'écume a été récupérée par notamment les studios hollywoodiens et l'équipe à Georges Lucas, et qu'effectivement, ce sont des choses qui, après, sont principalement passées par le cinéma, et donc ont touché énormément de gens. et effectivement certainement aussi même au milieu des japonais, des animés et tout, même si eux ils ont leur propre source et leur propre histoire et tout ça. Mais je pense que, moi c'est ça que j'aimerais, c'est effectivement, j'aimerais que les jeunes puissent lire Valérian, parce que je suis sûr qu'ils trouveraient ça génial, parce que je trouve que, comme on disait au début, que ce soit par la manière d'aborder la science-fiction, que ce soit par la manière d'aborder les personnages, et notamment ce... couple masculin-féminin et toutes les inventions qu'il y a dedans, pour moi, ça fait quelque chose qui est encore toujours moderne. Je pense que l'enjeu principal, c'est que quand nous, c'était un peu notre génération, enfin tous ceux qui sont nés en années 60, 70 ou encore 80, on commence à brasser beaucoup de monde, mais je pense qu'on avait encore un imaginaire qui était très fortement orienté vers l'année 2000. On avait tous, quelque part, tout le monde avait une espèce de définition de l'année 2000. C'était une espèce de tampon, là, qu'on savait qu'on allait, qu'on fonçait vers là.
C'était l'horizon de la science-fiction.
Voilà, de la science-fiction, et puis même, quelque part, un peu de notre quotidien. Enfin, tout le temps, il n'y a pas longtemps, j'entendais, de toute façon, c'était quelqu'un qui le disait mieux que moi, mais... Oui, c'était Étienne Klein, le physicien, le vulgarisateur. Il disait même, c'était documenté. L'année 2000 était documentée. On nous disait comment on allait voler dans les voitures volantes, comment on allait manger, comment on allait... Il y avait un imaginaire créé pour ça. Et même si on savait qu'on allait dépasser l'an 2000. Même si plus on s'est rapprochés, on s'est inventé un bug de l'an 2000 qui n'est jamais arrivé. Et effectivement, aujourd'hui, peut-être ce qui manque, c'est qu'on se rend compte que s'il y a un truc devant, par contre, c'est catastrophique. Ou il n'y a rien. Et c'est pour ça que je trouve que cette série est toujours d'actualité, et que j'aimerais que les jeunes la lisent, c'est que je trouve qu'elle donne à chacun matière à rêver, mais même pour un futur qu'on n'atteindra peut-être jamais, mais qu'on peut en nourrir notre présent. Parce que là-dedans, les termes de sexualité, de politique, d'être esclave ou pas esclave, de se libérer, qu'est-ce qui est faux, qu'est-ce qui est vrai ? Enfin, tout est déjà traité là-dedans et traité d'une telle manière que ça n'est pas encore épuisé par la réalité. C'est ça qui est génial. J'admire le travail qu'ils ont fait. Moi, cet album, il est clair que j'ai lu plein, plein, plein d'albums de bande dessinée. Vraiment, j'ai lu de tous les genres et tout. Mais celui-là, il est évident qu'il a une saveur particulière. Même 40 ans après, je peux le relire. Là, je commençais presque à le relire.
C'était la question que j'allais te poser. Est-ce que ce sont des albums, et celui-là en particulier, que tu relis ?
Oui, oui. Après, maintenant, je ne le relis pas tous les ans. Et cet album-là, j'ai dû le lire au moins 7 fois, 10 fois.
Est-ce que tu le relis par nostalgie ou est-ce que tu le relis parce que tu y trouves des choses à chaque fois ? Est-ce que tu as un regard différent aujourd'hui dessus ?
Par rapport à la bande dessinée, je dirais que... Il y a un peu tout ça, mais comme je dessine aussi à côté, c'est vrai que des fois, je ne relis pas certains albums. Justement, je savoure juste l'aspect graphique. Je prends tout ça, quoi. Je prends tout ça et ça va me nourrir après pour mon travail. Donc, que ce soit en lisant à la fois l'histoire et en savourant les dessins. Parce que c'est ça, c'est que quand tu... Je pense que quand tu dessines en plus après, même inconsciemment, tu regardes comment le dessinateur fait. Mais pas forcément, même si on connaît les trucs et les techniques, mais vraiment de voir... En fait, dessiner, c'est trouver des solutions graphiques. C'est pour ça que tout le monde peut dessiner, parce qu'en fait, il ne faut pas s'apesantir tellement au début sur le trait en lui-même. Ça, il faut travailler, il faut s'entraîner, il faut faire plein de choses. Mais c'est déjà qu'est-ce que tu veux dessiner, et donc comment tu vas le dessiner. Il faut que tu trouves une solution à ça. Voilà,
c'est tout. Réalisé par Yann Jouvert. La musique du générique est signée Off Avec des intermèdes musicaux de Raymond Scott, un extrait du film Le retour du Jedi de Richard Martin, des ambiances sonores extraites des œuvres de Hank Biddings,
Description
Dans cet épisode pilote, on parle de Pilote, de BD, de SF, d'anti-héros et d'héroïne, de la dette de George Lucas et de tas d'autres choses.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Deux amis se rendent à tour de rôle l'un chez l'autre pour découvrir les objets culturels posés sur l'étagère.
Là, graphiquement, c'est le top. C'est une nouvelle émotion. très beau quoi. Alors là où c'est drôle c'est qu'évidemment en plein milieu de Far West, sur le plan, on détourne une case, on a une grosse moto qui arrive. Un dessin, un très beau dessin, rien de pas bleu, c'est du truc déjà un peu cosmique. Modification programme urgente, je vais être fait. Modification urgente cause menace extérieure. En fait, destiné c'est trouver des solutions graphiques. Les cadres, les cases, et la composition des planches, tout devient possible. L'écume a été récupérée par notamment les studios Illydias et Jean-Lucas. Ce qui est vraiment bien dans cette série, c'est qu'elle a un côté en fait très humaniste, mais alors... humaniste polymorphe.
Ah, c'était l'origan de la science-fiction. Donc, Christophe, là, tu nous amènes vers des livres, j'ai l'impression. Oui,
des bébés. On ne se donne pas tête aux rues. C'est sur les terres truquées, une des aventures de Valérian et Laureline, agents spatio-temporels, signés de Mézières et Christin, et édités chez Dargaud. C'est vraiment le format classique, un peu plus grand que du A4, voire même du A4. Les fameux, comme on disait, albums cartonnés des grands éditeurs de l'époque, des années 70, 80, et encore aujourd'hui on en trouve bien sûr, comme Dargo, Casterman, Lena. Vraiment l'album classique, couverture cartonnée, et avec dedans, comme toujours, un nombre de... Alors généralement on disait même 48 planches, ce qui est le cas. Alors celui-ci a une toute petite particularité. Mon album préféré... de Valérian et Laureline est imprimée à l'envers.
C'est-à-dire qu'il y a la couverture qui est dans un sens et il y a toutes les pages intérieures qui sont dans l'autre sens. On commence par la face.
Et en plus, il commence par la fin. Il y a deux erreurs qui ont fait vraiment un objet...
Un objet collector ?
Pour le coup, totalement.
Est-ce que tu te souviens comment tu t'es procuré cet objet ?
Non, pour être sincère, celui-là, je n'en serais vraiment pas sûr. Je pense que j'ai quand même dû l'acheter ici à Montpellier, bon maintenant ça fait quand même peut-être, je sais pas, 10-15 ans, parce que j'ai vraiment une relation très très particulière avec cette série, et comment j'ai découvert cette série et comment j'ai découvert cet épisode, c'est aussi toute une histoire qui alors elle par contre nous ramène quasiment à la fin des années 70, puisque la première fois où j'ai réellement lu cette histoire, ce n'était effectivement pas... dans le format album, qui, bon, même si à l'époque, ça existait déjà, on avait quand même une relation à ça qui était un petit peu différente. Ça avait un certain coût, on n'achetait pas non plus des albums cartonnés tout le temps.
C'était quelle période,
ça ? Moi, j'ai vraiment... Là, l'aventure originelle, je crois qu'elle est sortie en 77. Et moi, je l'ai en fait découvert dans un recueil pilote, et ça devait être genre 78-79.
Donc là, on se déplace dans les... dans les étagères.
J'en ai un là. Et alors, parce que moi, en fait, l'histoire commence, c'est qu'à l'époque, donc j'étais à Paris, j'étais à Rony-sous-Bois, j'habitais avec mes parents et ma sœur. Et un jour, mon oncle maternel est passé à la maison et en fait, en rentrant de l'école, ma mère me dit Ah, il y a ton oncle qui t'a laissé des BD dans la chambre. Donc, je lui ai dit Non, je... Je commençais déjà à aimer les bandes dessinées, je lisais pif, il y avait peut-être déjà les premiers Strange, des choses comme ça. Et bon, il y avait aussi, enfin voilà, on avait déjà quelques Tintin ou des choses classiques comme ça, Spirou. Et là, je vois sur mon lit un gros recueil de 50 numéros de pilotes, comme ils faisaient des fois, tu sais, aussi pour Spirou, pour tous les hebdomadaires de BD qui existaient à l'époque. De temps en temps, tout était réuni sur genre, ça représentait peut-être 10 mois d'une année ou même quasiment une année entière. Tous les numéros étaient regroupés en recueil.
Avec une couverture cartonnée, solide.
Grosse couverture exactement cartonnée.
Contrairement aux hebdomadaires.
Voilà, exactement, qui était en souple. Et alors là, gros choc, parce que je m'en souviens, donc c'était sur mon lit. Donc déjà, j'ouvre au hasard le recueil et je tombe. Donc là, j'ai quoi ? J'ai 8 ans devant. Et je tombe sur une femme nue. En position de lotus, un dessin, un très beau dessin, rien de graveleux, une espèce de truc déjà un peu cosmique. Ça, je m'en souviendrai toujours. Donc là, tout de suite, je referme le recueil.
Dérangé par cette vision.
Par la vision, de peur que ma mère ne débarque pour venir m'expliquer ce que... Je crois me souvenir qu'elle me dit, ça va, ça te plaît ? J'ai dit, oui, oui, tout va bien. Voilà. Et après, je réouvre, je crois, le recueil. Et là, je tombe sur cette aventure de Valérian.
Donc, la femme nue ne faisait pas partie de cette aventure-là. C'était un autre dessin.
C'était, voilà, un autre dessin. Alors, comme il y avait plusieurs numéros, mais de toute façon, maintenant... Je connais la série Valérian, je suis sûr que ça n'était pas Valérian. Je n'ai jamais retrouvé ce dessin-là et quel était le dessinateur. Par contre, je me souviens que sur le recueil de Pilote, la couverture principale, c'était une caricature de Valéry Giscard d'Estaing. Je m'en souviens très bien. Un jour, j'aimerais bien retrouver le numéro de Pilote qui correspondait à ça.
Pilote qui était un journal qui s'adressait à la jeunesse, mais pas que. On comprend bien qu'entre une femme nue et une caricature du président de la République de l'époque,
Voilà, disons il y avait...
Officiellement c'est le journal d'Astérix, en plein historique. C'est ça.
Ça c'est un peu le talent de Goscinny, parce que Pilote commence quand même à la fin des années 50, tout début des années 60. Évidemment au début c'est le journal d'Astérix. Grosso modo, c'est vraiment l'antichambre de toute la révolution de la bande dessinée, là pour le coup vraiment française. Même s'il y avait des liens avec les franco-belges. Eux étaient surtout, les écoles belges étaient surtout occupées avec Spirou et Tintin. Pilote a vraiment été l'antichambre qui a récupéré tous les talents français tout au long des années 60. Avec ce point culminant, moi je trouve, des années 70, où en plus des vieux dessinateurs qui étaient là au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. toute une avant-garde qui petit à petit va s'installer avec des gens comme Giro Noebius qui publiait Blubbery avec Charles Parlier, qui était lui aussi un grand scénariste qui était à la tête de multiples séries. Et puis petit à petit, dans le numéro de pilote que je tiens dans les mains, qui doit être vraiment, on a en plus en couverture par exemple Druyer. Et à la fin des années 60, Valérian a été publié tout d'abord dans Pilote. Il y aura aussi même Goscinny, Bretécher, tout le monde est passé par Pilote, grosso modo, pour faire simple.
Oui, surtout que dans les non-classités, les gens qui vont partir après monter leur propre vue.
Exactement. C'est le talent de Goscinny d'avoir eu énormément, non seulement de flair, mais surtout, on va y revenir peut-être dessus avec Valérian, mais c'est que en plus il n'avait pas peur d'aller dans des territoires qui a priori lui en tant que scénariste et je sais si c'était un grand scénariste ne le concernait pas du tout ne se sentait pas même apte à dire qu'est ce qui était bon ou pas bon mais qu'importe il sentait qu'il y avait quelque chose il sentait qu'il y avait du potentiel et il amenait les gens ils disaient venez venez proposer vos planches fin voilà moi je prends vos planches où je prends vos histoires il était quelqu'un qui était ouvert quoi qui malheureusement presque finira par le payer à la fin des années 60 avec une espèce de rébellion de tous les auteurs, grosso modo, que j'ai cités avant, qui se sont un peu rebellés contre le père. Et comme tu dis, après, c'est ce qui a donné à ce moment-là la création de toutes les autres revues qui ont suivi, comme l'Éco des Savannes, Métal hurlant. Et
Fluide Glaciale.
Et Fluide Glaciale après. C'est voilà, alors que tous ces gens-là ont bénéficié de l'intelligence de Goscinny et puis des opportunités qu'il a donné à tout le monde, c'est vrai que les gens se sont sentis quand même à un moment corsetés dans l'esprit pilote, le fait peut-être de ne pas pouvoir révolutionner les choses assez vite, et tous à un moment ou à un autre ont voulu en prendre encore plus de liberté et quitter pilote, et quitter entre guillemets Goscinny. qui quand même un jour a été convoqué officiellement dans un bar par toute une petite tripotée de dessinateurs pour une espèce de procès. On ne va pas dire stalinien, ça c'est quand même une opinion pour Goscinny. Mais enfin, une espèce de réquisitoire très très sévère, que d'ailleurs Goscinny a très très mal vécu à l'époque, et qui fait que... Oui, non, il l'avait très très mal pris, mais bon, ça c'était une autre époque.
Donc toi, tu ouvres, on revient à notre histoire, même si c'est bien de s'éloigner. Toi, tu ouvres une deuxième fois ce magazine, tu tombes sur cet épisode ? Non, non,
sur cet épisode.
C'est pas vrai ? Je le rappelle, il s'appelle Les Terres Truquées.
Sur Les Terres Truquées. À l'époque, effectivement, la série s'appelle encore juste Valérian, même si très vite, on comprend que, même en fait, dès le deuxième épisode, Laureline, et effectivement, ça fait partie des attraits de cette série et l'une de ses révolutions, c'est que Christin et Mézières ont très bien compris, ils ont eu une manière très originale d'aborder la science-fiction, d'aborder le thème du héros. et de l'héroïne et de faire quelque chose qui quasiment annonce tout ce qui se passe aujourd'hui, où effectivement Laureline n'est pas juste une subalterne du soi-disant héros, Valérian n'étant même pas non plus un héros de type classique, et c'est tout le charme de cette série, qui trouve son apogée pour moi justement dans cet épisode particulièrement.
On fait une petite pause avec ça, tu parles du rôle de la femme qui est peut-être en avance par rapport à d'autres... On est en quelle année, là, à peu près ? Là, c'est 1977. Surtout que c'est à une époque où, justement, quand vont arriver des magazines comme Metal Hurlant ou ce genre de choses, on peut constater qu'Antoine Aureli aujourd'hui, qu'ils sont encore sexistes, sous certains aspects.
Totalement.
De manière très évidente, même s'ils se prétendent plus avant-gardistes.
Alors, c'est à la faute, c'est toujours ambigu, c'est pour ça que, bon, c'est toujours difficile quand on n'a pas le temps, si ce n'est pas le sujet principal de se lancer dans ce genre de discussion. Mais c'est vrai que... d'un côté même les revues soi-disant un peu plus moderne vont rester dans une forme de sexisme mais encore plus désinhibé j'ai envie de dire et en même temps c'est quand même aussi dans ces revues là qui aura eu aussi des femmes chantal montelier d'autres qui auront pu le salement voilà c'est une attrice car il exactement il ya quand même des dessinatrices qui arrivent ou ou qui étaient déjà arrivées avant, mais qui vont pouvoir s'exprimer, mais même si elles, elles disent aussi que quand même, la situation n'était quand même pas terrible, terrible. Même si, par exemple, aussi, l'un des spin-off, entre guillemets, de Metal Hurlant, c'était Anana, un magazine fait, grosso modo, entièrement que par des femmes, qui aura une existence très courte. Et voilà. Donc oui, tout ça pour dire que, dans une série de science-fiction qui a tout... qui a certaines apparences classiques. Valérian est une série qui est profondément atypique et qui, pour moi, reste l'un des chefs-d'oeuvre non seulement absolus de la bande dessinée, mais de l'art tout court. Non seulement par les thèmes abordés, mais par le style de Mézières et les scénarios de Christin. Vraiment plein de choses. Mais aussi par rapport à ce couple qui est au centre de toutes les histoires et qui, je trouve... amène des choses vraiment profondément modernes, mais modernes dans le sens où, en fait, ça se réadapte toujours à l'ère du temps dans lequel on va lire ses aventures. Ce qui fait que c'est toujours de la science-fiction. C'est ça que j'aime. C'est que c'est même pas rattrapé par le temps qui passe, quoi, en fait. Je trouve que c'est toujours excessivement moderne et c'est vraiment un vrai appel à l'imaginaire. Et les rapports humains sont vraiment... disons, comment dire, totalement dénudés de tous les mauvais clichés que chacun peut avoir à n'importe quel moment de l'histoire. Donc c'est ça aussi qui est intéressant.
Nous, à la corporation Bendix, pensons que cela arrivera, et avant que trop de demain ne passe. Déjà, nos astronautes tournent dans l'espace à près de 200 milles de hauteur. La prochaine chose que vous savez, un véhicule inhumain va rouvrir la surface de la Terre. Ensuite, un véhicule humain va l'explorer en détail. Après cela, vous serez là, si vous voulez. Les gens de Tomorrow à Bendix aident à faire ces choses possibles. Et plus dans les domaines de la défense nationale, l'aviation, l'espace, l'océanique. Automotive and manufacturing. To search, to discover, to develop. To broaden man's knowledge of the world he lives in and the universe around him. To make reality of imagination. This is Bendix, the Tomorrow People.
Est-ce que tu peux décrire ces deux personnages principaux ? Tu les as déjà évoqués rapidement, mais leur personnalité, peut-être aussi leur identité visuelle, à quoi ils ressemblent, et comment fonctionne leur duo ?
Valérian et Laureline sont deux agents spatio-temporels qui résident principalement à Galax City, une université du futur. En gros, au tout début, Quand la série commence, c'est effectivement des vrais agents spatio-temporels qui sont obligés de se déplacer le long du fil du temps, de la flèche du temps, pour aller réparer des erreurs qui seraient commises par différents... enfin surtout un méchant qui occupe en fait les trois... les deux premiers petits épisodes et l'épisode principal du début, qui a un nom, je suis dehors, genre Zorglub, comme... je sais plus comment il s'appelle, mais... Bon, on verra ça, peut-être plus tard. Enfin, voilà. Au début, c'est vraiment des aventures où les deux personnages voyagent dans le temps. Alors, très important, le premier épisode, il retourne en 1986 et il parle d'un incident nucléaire. Alors qu'effectivement, c'est ce qui va nous arriver avec Tchernobyl. Donc, en gros...
Alors qu'on est plus de 15 ans avant.
Ah ben oui, là, c'est 70. Donc, c'est... Ils sont, oui, 15 ans, voilà, exactement avant. Mais c'est sûr que c'est tout à leur honneur, mais comme dit Christin, c'est le but aussi un petit peu de la science-fiction, de tellement essayer de prévoir de choses que forcément à un moment tu tombes un peu juste. C'est malheureusement pour ça qu'il ne faut pas prendre la science-fiction comme une espèce de délire ou de choses pas réelles. Non, c'est justement ça. C'est des gens qui essayent au contraire de coller à toute forme de réalité mais pas celle que l'on vit tous les jours celle qui pourrait arriver donc c'est en ce sens là que moi je pense qu'il faut prendre la science fiction au sérieux même avec quand même légèreté humour et plein de choses mais que c'est un domaine qu'il ne faut surtout pas abandonner pour absolument non seulement nourrir notre imaginaire mais en fait être totalement conscient de ce qui pourrait nous arriver c'est ça qui est important donc au début surtout des aventures spatio-temporelles, j'ai envie de dire. Mais là où ça devient intéressant, c'est à partir de l'épisode de l'Empire des Mille Planètes, où là, il y a toute une cosmogonie qui se met en place, et où là, Valérian et Laureline agissent beaucoup plus comme des espèces d'ambassadeurs et de défenseurs des multiples races extraterrestres qui peuplent maintenant visiblement l'univers. Et donc... Après la ville de Galaxie City au début, il y a après une espèce de lieu interlope où tous les gens se rencontrent qui s'appelle Point Central et qui est une espèce de gigantesque ambassade dans l'espace où tous les peuples du cosmos sont réunis. A partir de là, les aventures de Valérian et l'Aureline pressent plus un aspect de découverte de mondes différents. peuplades différentes et de races extraterrestres différentes, qui en fait une espèce de catalogue merveilleux où alors là, il y a plein de thématiques qui sont abordées, il y a la lutte des classes dans les oiseaux du maître, ou même dans le pays sans étoiles, l'ambassadeur des ombres, alors là, c'est vraiment un... disons du Shakespeare dans l'espace avec un jeu diplomatique de lutte de pouvoir sur de grandes négociations cosmiques. Pour moi, c'est l'une des plus grandes séries qui, de toute façon, va même influencer, je le dis nettement, tout Star Wars et dans Valérian. Et on le sait, tous les gens qui ont travaillé sur Star Wars avaient des reproductions des planches de Valérian et aussi de Moebius et de Drouillet. Mais au niveau de Star Wars, que ce soit au niveau du look, vous prenez le look du Faucon Millenium de Yann Solo et le Vesto de Valérian et Laureline. C'est quasiment le même. Sans parler de plein de cases, la princesse Leia en bikini sur Jabba le Hutt, le bikini, c'est... Je ne sais plus quelle monture. C'est l'oreline, elle a le même. Et c'est là encore 5, 6 ans, 7 ans avant.
Mais où est-ce que je suis ?
Au palais de Jabba.
Qui êtes-vous ?
Quelqu'un qui vous aime.
Leïa.
Je vais vous sortir de là.
Qu'est-ce que c'est ? Je connais bien,
sire.
Jabba, écoutez Jabba. J'étais justement venu pour vous rembourser. J'ai eu un petit contre-temps. C'est pas ma faute.
Mais c'est vrai que même déjà, avant d'attaquer après, ce qui pour moi fait le sel aussi de la série, qui est surtout effectivement cette relation Valérian-Laureline, Et on n'est pas dupes, on voit très bien qu'effectivement, ils ont un peu écorné le côté héros masculin sur de lui, qui va tout le temps gagner. Et ils vont effectivement le remplacer par autre chose, et ils vont faire de l'Aureline, véritablement, presque la force motrice des histoires. Alors que ce qu'il y a de touchant chez Valérian, c'est que c'est presque un gaffeur. C'est presque, effectivement, il a tous les attraits du héros mâle. qui va tout réussir et tout, alors que non seulement il ne réussit pas tout, mais c'est en ratant des trucs qu'effectivement il va plus ou moins s'en sortir, et c'est tout cette espèce de... On peut dire qu'ils sont amoureux l'un de l'autre, mais ça, après, on ne s'apesantit pas là-dessus, outre mesure, mais il y a cette espèce de petit... Il se chipote en permanence là-dessus, parce qu'effectivement, Valérian sent bien qu'il est un peu... poussé de son piédestal, mais par une Laureline qui ne le fait même pas exprès, et qui est parfois plus brillante que lui, et qui a des meilleures idées au bon moment, et puis qui elle les réussit, alors que ce qu'il y a de touchant chez Valérian, c'est justement ses échecs. Et c'est notamment dans cet épisode-là que je trouve que c'est poussé à son extrême, que c'est vraiment le plus intéressant sur l'éther truqué, ce qui est vraiment un album préféré. Et juste avant d'aborder ça, c'est que quand même, même eux, dans tout leur côté classique de la science-fiction, ils ont vraiment ce côté, ils ont abandonné aussi très vite, ce qui était un petit peu au début, avec là, le méchant, j'ai oublié le nom, un côté gros méchant. C'est au bout déjà du deuxième album de l'Empire des Mille Planètes, il n'y a vraiment plus du tout de notion de mal, de bien, fortement identifié avec ça, c'est le mal à détruire et tout. C'est toujours très très très très subtil, même quand il y a ça dans certains albums comme Le Pays sans Étoiles, où au début, où les oiseaux du maître, où il y a une forme même d'oppression, des formes de dictature dans certains mondes qui sont visités. On découvre toujours au final qu'effectivement il y a une raison à ça et que les choses sont plus complexes et beaucoup plus subtiles. Ce qu'il y a de vraiment bien dans cette série, c'est qu'elle a un côté en fait très humaniste, mais alors polyhumaniste, polymorphe.
Et pas binaire.
Voilà, il n'y a pas effectivement d'empire du mal, de choses comme ça. Il y a un moment sur une planète, il y a effectivement peut-être quelqu'un qui ne fait pas de bonnes choses. Mais justement, rien ne se résout ni par des combats, ni par une guerre, ni par ce genre de choses. C'est vraiment, et là encore, comme de toute façon, ils sont censés être soit à la base des agents spatio-temporels qui sont censés laisser la flèche du temps en bon ordre, c'est-à-dire... agir le moins possible sans faire de dégâts même si on verra que dans le futur après ça sera pas aussi simple que ça même après quand ils ont ce côté ambassadeur là encore ils sont toujours très prudents et d'ailleurs souvent les problèmes naissent par de par des petites choses par des petits détails qui subitement enclenche des événements et des épreuves ou des visions des soucis des problèmes qu'il va falloir qu'il résolve mais qui sont de nature toujours disons voilà qui sont anti anti climax anti anti action pure et dure il ya un album qui par contre presque prend le contrepoint de tout ça mais qui pour moi est justement la démonstration brillante et alors là qui est juste comme il le disait c'était juste avant la guerre des étoiles ou même pendant c'est les héros de l'équinoxe un superbe album ou Quatre champions partout dans l'univers sont sélectionnés pour faire partie d'une grande épreuve, je ne sais plus la finalité, mais une espèce de rencontre cosmique finale avec un être suprême qui doit enfanter. la nouvelle semence de l'univers et tout, enfin bon si ça se fait pas bien, tout va capoter. Alors évidemment, il y a quatre mondes qui envoient chacun un champion. Nous évidemment c'est Valerian, il va être une véritable catastrophe. Mais c'est à hurler de rire tellement c'est très très bon, parce que les autres sont des espèces de caricatures, soit du gros guerrier musclé, soit du hippie qui poste d'une, machin, vraiment c'est... C'est vraiment très très excellent.
Il y a aussi une dimension parodique du coup, le récit de la fiction.
Voilà, c'est-à-dire qu'ils arrivent vraiment à tout mélanger, à tous les niveaux, et là c'est vraiment un pur album d'action, puisqu'évidemment ils vont avoir plein d'épreuves chacun, donc on est vraiment dans le cinéma presque hollywoodien à outrance, et je crois que c'est Mézières qui disait, je ne sais plus si c'était juste... Ils avaient été voir, je crois qu'ils ont été voir Star Wars, ils se sont dit, ah ouais bon... nous ont bien piqué des trucs. Et en même temps, il venait genre, je pense, à peine de commencer à travailler cet album. Et il a dit, bon, là, de toute façon, il va falloir mettre le paquet, parce qu'avec de tels films maintenant au cinéma, on ne va plus pouvoir suivre. Donc, il y avait encore de la marge, parce que... Je pense que, quand même... Mais ils avaient senti le truc, ils avaient bien compris. Bon, c'était un peu... Ils avaient compris que le cinéma hollywoodien, c'était bien inspiré aussi de tout ce que l'Europe avait produit à ce niveau-là, au niveau scientifique, avec les gens comme Drouillet, Moebius et eux. Et c'est là où ils vont développer des histoires sur plusieurs albums, qui vont amener la série vraiment vers un autre univers. Alors qu'effectivement, toute cette première série, c'est à chaque fois des albums qu'on peut presque lire indépendamment les uns des autres, il n'y a vraiment pas de soucis, même si effectivement, dans l'évolution du trait de Mézières ou l'évolution des personnages, c'est vrai que c'est peut-être un peu mieux de le lire un peu dans l'ordre, puisque à force, le palamceste des choses que vivent Valérian et Laureline, finit par, en soi, en tant que lecteur, on leur crée une relation très spécifique.
C'est quelque chose qui est latent, qui est là tout le temps, mais de laquelle on peut projeter, fantasmer, etc.
Exactement. Mais en même temps, on le sent bien, parce qu'effectivement, au début, ça a à voir avec le trait. Au début, quand Mézières dessine, il a encore, comme il disait, des vieux tics un peu de dessin communique. Comme il dit, je suis encore un peu trop gros nez. Et petit à petit, il va vers une forme de trait semi-réaliste, quand même. Voilà, on n'est pas vraiment dans le réalisme. Après, ça se discute, mais lui, il appelle plutôt ça du style semi-réaliste. Mais qui fait que moi, je trouve qu'il a une patte unique. Alors, beaucoup de noir, parce que moi, je trouve que l'ancrage, c'est l'une des choses, même si on peut faire d'albums sans ancrage. Là, c'est vrai que pour moi, on est dans la quintessence de la production BD française. C'est-à-dire, il y a des crayonnés, il y a de l'ancrage. Après, les couleurs sont faites sur des calques. Et tout ça aussi est une production.
Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Disons, je crois que c'était sa sœur qui a refait toutes les couleurs des albums.
Tu veux dire qu'il y a un travail collaboratif et un peu... Et puis, en technique,
il y a toute une industrie derrière. Il faut bien comprendre ça, que même si la bande dessinée reste quand même un domaine merveilleux, il y a... assez proche entre guillemets dans les outils, enfin la simplicité des outils de la littérature, on n'a pas besoin de grand chose. Voilà. Cet épisode commence d'une manière très bizarre pour une série de science-fiction, c'est que les premières planches en plus ont l'air de décrire des choses très historiques. On voit l'armée anglaise à l'époque de la conquête, enfin voilà, toutes les choses autour de l'Inde, la compagnie des Indes, etc. Donc on a plutôt l'impression de tomber dans une bande dessinée historique.
Historique et d'aventure, plus que dans la science-fiction.
Exactement. Dis donc rapidement, c'est vrai qu'au début on est assez surpris, on a l'impression d'être dans une aventure historique. Alors moi la première fois que je dis ça, peut-être que je ne comprends pas encore ce que c'est que Valérian, donc je me laisse bercer, il y a très peu de dialogue, il n'y a que des images, c'est un assaut... d'une citadelle indienne par les troupes anglaises de l'époque. C'est vraiment du dessin, j'ai envie de dire, un petit peu classique, mais avec la touche de mésière sur laquelle peut-être je reviendrai plus tard. Des très belles couleurs, mais tout est très classique. On se croirait vraiment dans une ambiance même de film hollywoodien. Au bout de la troisième planche, on découvre dans les troupes anglaises, on comprend bien que c'est le personnage qu'on voit en couverture, mais qui était certainement aussi, ça je m'en souviens, en médaillon, en haut du début de la série, quand on feuilletait une revue, il devait y avoir soit un résumé, soit la présentation du nouvel épisode, et on voit que l'un des soldats anglais a la tête de Valérian. Et donc ils sont en train d'envahir cette citadelle, ça se bat un petit peu partout. À la planche 4, c'est là où les choses commencent à être bizarres, ça commence un petit peu à parler. Et pour faire vite, tout en bas de la planche 4, le fameux Valérian sort carrément un pistolet laser. Et là on se dit, effectivement, les choses n'ont pas l'air d'être ce qu'elles sont.
Oui, sur la dernière case de la page de gauche en bas, on voit... Clairement, une arme laser, une arme du futur. Voilà. Et un impact aussi avec un halo de lumière un peu étrange, coloré de rose.
Et là, à partir de là, on passe à la planche 5. Et là, on voit l'un des personnages qui est censé être un Indien accroupi au sol, en train de faire une espèce de prière et qui dit un truc un peu bizarre. Le programme non respecté. Donc on comprend qu'il y a vraiment quelque chose de bizarre qui se passe. On passe, il y a un tigre qui essaye de bouffer Valérian, pareil, il ressort son pistolet laser et il s'en débarrasse. Là, on se dit que vraiment, on est en train d'être témoin de quelque chose de très très très particulier.
Ce qu'il y a d'assez classique aussi, c'est l'utilisation des onomatopées peut-être. Oui, on a des onomatopées. En gros caractère, tu vois, c'est un peu imposant dans les cases. C'est là qu'on apprend que les pistolets de laser font chlof. comme là.
Et on en est maintenant, je crois, à la planche 6. Et là, effectivement, on voit que même les gens qui habitent ce temple, cette citadelle indienne, ont l'air de communiquer avec des terminaux futuristes. Donc là, on se dit que vraiment, il y a quelque chose qui...
n'est absolument plus du tout historique là dedans mais qu'on a l'air d'être vraiment dans de la science fiction j'essaie de résumer un peu vieux oui on va pas faire tout voilà de l'album filier ce qui est intéressant je trouve que c'est que c'est progressif effectivement dans les premières planches aucun indice de ça puis à cette arme qui apparaît et puis là dans une page sur laquelle tu es on voit dissimulé dans un élément de décor qui fait de son époque effectivement ce terminal dont tu parles.
Voilà, et on voit que les personnages tiennent des discours qui sont là aussi totalement futuristes, modifications, programmes urgentes, je répète, modifications urgentes, causes, menaces extérieures. Voilà, on voit Valérian qui progresse un peu vers quelque chose qu'il a l'air de chercher et qui finalement trouve, c'est ce fameux terminal. Lui-même, le Valérian, qui était depuis le début déguisé comme un soldat de l'armée britannique, sort une espèce de... de disons d'outils futuristes aussi et là il appelle Laureline et il a l'air de vouloir récupérer des coordonnées précises on sent qu'il y a un dialogue qui s'instaure, enfin tout ça pour amener à la dernière case de la planche 7 où Valérian visiblement a réussi sa mission, il doit maintenant s'échapper et là quand il ressort on a l'impression que tous les autres personnages restants qui sont dehors dans la citadelle mais à la fois même les soldats anglais et quelques indiens, tout le monde le met en joue, et là, horreur, tout le monde lui tire dessus, et on voit le personnage principal de la série se prendre 18 impacts de balles, on voit du sang, et donc, ben voilà, c'est fini, quoi.
On voit effectivement du sang qui gicle, ce qui va encore dans l'hypothèse qu'on disait tout à l'heure, que Pilote, c'est quand même un journal qui s'adresse plutôt à un public plus averti. À l'époque, dans les publications pour la jeunesse, On ne voit pas de sang.
Non, mais là, on le voit bien. En tout cas, moi, je me souviens déjà que là, pour moi, c'était comme une espèce de révélation parce que vu qu'à côté, j'étais dans Pif Gadget, même s'il y a eu aussi des choses un petit peu plus modernes, c'est vrai subitement d'être pris par cette histoire, de voir que déjà, il y a deux climats différents, quelque chose de très historique qui commence à devenir de la science-fiction et un personnage auquel on commence à s'attacher puisque c'est avec lui qu'on va au cœur de l'action et voir qu'à la planche 7, visiblement il ne va pas s'en sortir, ça a un côté aussi là encore qui était totalement surprenant, et moi j'étais là, j'étais en plein délire intellectuel. Mais voilà, c'est vrai qu'en plus la beauté de la chose c'est que la planche suivante, on voit donc le personnage de Valérian qui tombe de la muraille de la citadelle, il tombe à la renverse, Il tombe dans cette espèce de bassin qui entoure la citadelle, la tête en sang, enfin il y a du sang qui sort de son corps de partout. Et en fait dans une même case, toute en longueur, qui prend toute la longueur de la planche, on voit trois représentations de Valérien qui passent du milieu aquatique et historique, j'ai envie de dire, de la citadelle indienne. à son corps qui flotte dans un entre-deux et qui finit en fait par flotter carrément dans l'espace. Alors déjà visuellement c'est juste superbe, bon là il faudra quand même revenir sur le trait de Mézières parce que je pense que ça n'est pas étranger au fait que j'ai aussi été après, disons sensibilisé, comme j'aimais beaucoup dessiner, c'est quand même des choses qui m'ont énormément marqué. Mais donc là, il y a pour moi une espèce de synthèse totale du talent et du scénariste et du dessinateur, et qui nous donne une case qui est l'amorce d'une nouvelle planche, mais qui est la fin aussi d'une séquence, et qui laisse énormément de questions, qui est la mort du personnage visiblement principal de la série, et en même temps une espèce de voyage de son corps dans plein de lieux différents. Et là... à ce stade-là, on n'arrive pas encore à mettre les choses en relation, et on n'arrive pas à comprendre, et c'est ça qui est extraordinaire, et qui est bien, c'est d'être perturbé, de ne pas comprendre, et de sentir que tout le reste de l'histoire, tout le reste de l'album, va nous amener, disons, plein de réponses, mais en tout cas plein de choses, plein d'émotions. on a effectivement comme tu disais différents climats on voit très bien qu'on passe d'un climat qui au début nous apparaît comme quasi historique un climat et cauchemardesque et de science fiction puisqu'on a vu et puis très vite il ya un vaisseau qui apparaît sur fond de l'espace, donc là on a bien compris qu'on était vraiment dans de la science-fiction, mais en plus là on n'a pas eu le temps de détailler mais au niveau des dialogues,
il y a aussi des interventions un peu humoristiques donc c'est vrai que subitement ça c'est une donnée qu'on n'avait pas évoquée encore en plus de ces plusieurs registres de narration et tout ça il y a un ton humoristique aussi qui arrive.
Exactement, il y a un humour, alors là qui n'est que amené par le personnage de Valérian... qui a une espèce, disons, de désinvolture. On a bien compris maintenant que ça y est, il est en train d'effectuer une mission et que, effectivement, tout a l'air factice autour de lui. Mais il a quelques réparties qui font qu'on a aussi une espèce d'humour très léger. Ce n'est vraiment pas des gros gags. C'était un petit peu plus prononcé dans les premiers numéros. Mais qui fait que ça aussi, c'est quand même... Un élément important de la série, c'est qu'elle arrive à ménager plusieurs niveaux d'expression. Il y a un côté imaginaire merveilleux, un côté science-fictionnesque qui va aborder des thèmes très sérieux, mais en même temps, il y a de l'humour. mais vraiment un bon humour, notamment entre Valérian et Loraline, qui sont un peu des adeptes de s'envoyer un peu des vannes... De joutes verbales. De joutes verbales, exactement, qui sont assez humoristiques. Alors là, ça va être remplacé par d'autres joutes verbales, mais là aussi, c'est encore un élément qui est très important dans cette série, c'est qu'elle a quand même un fond d'humour qui fait que... Il y a une espèce de distance qui, je trouve, est très juste, qui aide le spectateur, le lecteur, vraiment à se mettre au bon niveau par rapport à ça.
Je suis moins calé que toi, mais il me semble, quand on connaît un petit peu le travail que fait le scénariste à côté, que ce n'est pas son registre le plus connu. L'humour, ce n'est pas sa spécialité. Enfin, celui qui a travaillé avec Bilal, ou les BD qu'il a fait avec Bilal, les albums qu'il a fait avec Bilal, ne sont pas forcément molles.
Tout à fait. Par contre, c'est un élément qu'il avait effectivement avec Mézières, qui est le dessinateur avec qui il travaille, et qui est vraiment l'un des premiers avec qui il a travaillé. Ils ont tous les deux été, je ne sais pas ce qu'explique leur humour, mais ils se sont connus aussi, ils ont tous les deux été aux États-Unis. au moment où encore ce pays fascinait encore beaucoup d'européens ils ont pas mal travaillé là-bas avant de revenir en france et de vraiment s'installer dans le milieu de la BD mais au début ils ont commencé par par des histoires comiques
Juste une petite question rapide, toi quand tu le découvres la première fois dans Pilot, tu oublies toute l'aventure ? Sur le recueil, il y a toute l'aventure ?
Oui, je crois bien parce que, enfin c'est maintenant le souvenir que j'en ai. Ce qui fait que, bon, sous mon nom, on peut aussi se servir de l'histoire pour essayer d'aborder un petit peu le style. Et donc, on comprend qu'en fait, effectivement, le Valérian qui est mort n'est pas le vrai Valérian. On va très vite comprendre que, en fait, les missions vont se multiplier. Après, les Indes coloniales, il va carrément dans le Londres, alors d'une autre époque. Bon, ça reste encore lié à l'Angleterre.
C'est-à-dire victorien,
haut de forme. Chapeau haute forme qui est comme sur la couverture. Et là encore une espèce de Valérian débarque et essaye de choper, là encore on retrouve le dispositif électronique futuriste alors qu'il a l'air de rentrer dans une espèce de club londonien à la Phileas Fogg ou un peu comme ça. Et encore une fois il doit choper des coordonnées et au moment où il chope les coordonnées tout a l'air de déraper et encore une fois tout le monde veut le tuer et encore une fois, boum, en fin de planche. Un deuxième Valérien meurt et à chaque fois pendant ce temps il y a effectivement le vaisseau de Valérien et d'Aureline qu'on a reconnu qui a l'air de flotter quelque part en orbite. Et on voit l'Aureline qui crie à chaque fois et on va très vite comprendre après le troisième épisode que donc à chaque fois ce n'est pas le vrai Valérien qui meurt. Elle évidemment, l'Aureline voyant ça à chaque fois a quand même la sensation que c'est l'homme qu'elle aime quand même un petit peu qui lui passe. Elle est assistée cette fois par quelqu'un qu'on n'a jamais vu par ailleurs, une autre femme, qui a l'air beaucoup plus froide et qui a l'air un peu d'être la chef de cette mission.
Qui ressemble un petit peu, alors pas dans sa tenue vestimentaire, mais dans sa coiffure et tout ça, à des espèces de pin-up, je trouve un petit peu... l'infirmière ou la... tu vois, qui est un peu stylisée.
Elle a un petit côté comme ça avec ses cheveux.
Ses grandes lunettes.
Et alors surtout ses grandes lunettes, voilà, donc elle fait à la fois très sérieuse, alors que le Rollin, bon, a un côté... comment dire... qui ne va pas du tout avec son caractère, mais au niveau graphisme, c'est vrai qu'elle a une taille de guêpe, elle fait un petit peu presque midi nette comme ça, elle a les cheveux rouges. Bon là on ne le voit pas trop parce qu'à chaque fois elle est dans les vaisseaux, alors il y a des espèces d'éclairages un peu surréalistes qui font qu'on n'est pas du tout dans une lumière naturelle. Mais là effectivement on comprend très vite que l'autre c'est la chef de la mission, l'Aureline est à ses ordres, et visiblement tout le monde a l'air de se servir de Valérian pour essayer de remplir cette mission qui a l'air à chaque fois très périlleuse. Le troisième monde visité étant carrément le Far West cette fois. Alors là où c'est drôle, c'est qu'évidemment, en plein milieu du Far West, subitement, au détour d'une case, on a une grosse moto qui arrive, et là, le personnage, le troisième Valérian qu'on voit de l'histoire, dit mais j'ai l'impression que, oui, ça se détraque, gros anachronisme ce machin à mon avis
Oui, il y a une espèce de harlet qui débarque le Far West. Voilà,
et là on sent qu'effectivement, on avait compris que déjà, on était dans quelque chose de factif à un certain niveau, mais que ça a l'air de s'amplifier. Alors bon, pour faire rapide... là aussi au bout de la troisième aventure, on voit qu'en fait, chaque fois qu'un monde est exploré, il s'agit juste en fait d'une espèce de toute petite île qui flotte dans l'espace, où semble être reconstruite à chaque fois une période de la planète Terre, une période de l'histoire de la planète Terre, mais reproduite sur une très petite surface. Et donc effectivement, toute la mission semble... oblige donc tout l'équipage, les deux femmes et puis ce Valérian qui a l'air de se reproduire à l'infini, d'aller visiter ces différents petits îlots artificiels pour aller récupérer des coordonnées qui semblent les rapprocher de plus en plus d'une espèce d'entité ou de personnage qu'on n'a pas encore complètement identifié. après la voilà ce qui est génial dans cet album c'est que on a compris que on a des bouts de la france du début du 20e siècle l'inde l'époque victorienne le cosmos Le trait de Mézières s'éclate complètement dans toutes ces ambiances. Et puis au fur et à mesure, et là on va arrêter de divulgacher, mais on arrive à des espèces de planches complètement dingues. Des grandes planches même qui sont une case géante.
Oui, il y a une planche avec une case qui occupe toute la planche. Voilà, il y a des découpages assez variés quand même.
Oui, c'est vraiment là aussi...... la bande dessinée française montre que même au niveau des cadres, des cases, de la composition des planches, tout devient possible.
Moi ce qui me frappe le plus quand tu feuillettes les pages comme ça, c'est le travail sur les lumières, sur les éclairages, il y a vraiment des atmosphères différentes selon les lieux où on se trouve, il y a un gros boulot de ce côté-là, il y a les couleurs mais il y a vraiment un principe d'éclairage qui est assez fort. Alors...
De toute façon, c'est vraiment les deux, parce que sur une case comme ça, où on est à l'intérieur du vaisseau, c'est-à-dire qu'effectivement, il y a à la fois des éclairages qui sont toujours très marqués, parce qu'effectivement, ça dramatise la situation, alors qu'il se passe peu de choses dans cette case. On voit les deux personnages de femmes qui sont en train de regarder quelque chose à l'extérieur dans l'espace et qui a l'air de vraiment les impressionner. Mais ce qu'il y a de génial, voilà, c'est que sur une case toute simple, où on fait deux visages de femmes avec quelques boutons derrière, une espèce de dispositif électronique, il arrive. à créer de la tension, il arrive à créer presque, pas du mouvement, parce que là il n'y a pas de mouvement, mais effectivement, par l'éclairage latéral qui fait qu'il y a des ombres très marquées, et par les couleurs qui ne sont absolument pas traitées d'un mode réaliste, toutes les peaux des femmes sont quasiment marron, alors qu'entre guillemets ce sont des femmes blanches, leurs cheveux sont violets, voilà. Il y a vraiment, tout est mis en place, et dans le texte de l'une des bulles, on a vraiment des grosses lettres qui ont même été coloriées en rouge. Donc voilà, voilà une case toute simple, toute bête, où a priori il se passe pas grand chose, et je pense que même si on la sort, on est tout de suite happé par ça. On se dit mais qu'est-ce qu'elles sont en train de regarder ? Et y'a même pas besoin qu'elles décrivent trop, elles disent deux, trois choses, et c'est juste qu'elles ont l'air impressionnées, et y'en a une qui continue à être un peu vilaine avec Laureline, et à lui dire avancez jeune fille, avancez, c'est un ordre. mais tout de suite, on est capté. Et effectivement, derrière, ça défile.
Cette case que tu décris, qui est totalement panoramique, puisque la page est découpée en cinq cases panoramiques, c'est-à-dire qui courent de gauche à droite, cette case-là, on pourrait très bien, alors qu'il y a juste deux femmes qui ont l'air inquiètes et une qui donne un ordre à l'autre, elle pourrait très bien servir de teaser. C'est-à-dire qu'on pourrait la sortir et dire, voilà, le prochain album des aventures de Palérian.
C'est exactement ça. Alors qu'en plus, en soi, dedans, dans la case, il se passe pas grand chose. Pas grand chose. Mais voilà, là on progresse encore dans l'album. Ça va encore plus loin dans le délire graphique, l'apothéose étant... Enfin, la chef de la mission qui n'était pas très gentille rencontre la personne qu'ils étaient... Enfin, la personne... Je vous en dis pas plus.
Ne spoilons pas,
totalement. La personne qu'ils étaient censés rencontrer, elle finit par le rencontrer. On comprend plein de choses. Mais l'apothéose étant... que le vaisseau de Valérian et Laureline, j'essaie de les mettre ensemble, c'est un épisode de la Première Guerre mondiale. Et là, il y a des images silencieuses sur quasiment un charmier de la Première Guerre mondiale, qui en fait l'une des scènes les plus émouvantes que je connaisse. Rien que le réveil de Laureline dans le vaisseau abandonné, là, graphiquement, c'est le top.
Un jour, vous verrez l'océan autour de vous dans un incroyable aquacopter. Et la voiture familiale est en train de faire de grandes changements aussi. Imaginez juste taper le bord de la plage pour stopper et aller. Ou le conduire avec le bouton de pression électronique. Les gens de Bendix de demain sont en train de faire ces choses possible. Et plus dans les zones de défense nationale, l'aviation, l'espace, l'océanique, l'automotive et la fabrication. Pour chercher, pour découvrir, pour développer. Pour éliminer toutes les frontières de l'espace et de la pensée.
C'est Bendix,
les gens du demain.
Si la série est aussi populaire aujourd'hui auprès des jeunes, je veux dire. Les nostalgiques se rachètent les albums, c'est un phénomène assez connu. Mais tu sais si... Parce que tu en as discuté avec des gens jeunes ou parce que tu en as entendu parler ?
Je ne sais pas si j'ai réellement la réponse à ça. Je pense qu'il ne faut quand même pas se leurrer. Les jeunes aujourd'hui le connaissent moins. Par contre, il y a une anecdote très touchante de Christin. Il s'en était rendu compte lui, c'était au milieu des années 2000, où il était invité à une séance dédicace dans une espèce de salon, et il y avait un jeune dessinateur à côté, et présentation faite, machin, il dit mais Valérian, c'est quoi ? Voilà, et là il a dit j'ai eu un petit passe-mort que ça
Alors, autrement, est-ce que tu penses que c'est daté ? Est-ce que tu penses, toi, que ça pourrait parler, ou que c'est une science-fiction qui a été un peu rattrapée ? On t'a un peu répondu à cette question tout à l'heure, mais...
Moi, non, je pense que oui, je pense que c'est toujours d'actualité. C'est effectivement, comme tu disais, rattrapé, parce que c'est dans le sens où l'écume a été récupérée par notamment les studios hollywoodiens et l'équipe à Georges Lucas, et qu'effectivement, ce sont des choses qui, après, sont principalement passées par le cinéma, et donc ont touché énormément de gens. et effectivement certainement aussi même au milieu des japonais, des animés et tout, même si eux ils ont leur propre source et leur propre histoire et tout ça. Mais je pense que, moi c'est ça que j'aimerais, c'est effectivement, j'aimerais que les jeunes puissent lire Valérian, parce que je suis sûr qu'ils trouveraient ça génial, parce que je trouve que, comme on disait au début, que ce soit par la manière d'aborder la science-fiction, que ce soit par la manière d'aborder les personnages, et notamment ce... couple masculin-féminin et toutes les inventions qu'il y a dedans, pour moi, ça fait quelque chose qui est encore toujours moderne. Je pense que l'enjeu principal, c'est que quand nous, c'était un peu notre génération, enfin tous ceux qui sont nés en années 60, 70 ou encore 80, on commence à brasser beaucoup de monde, mais je pense qu'on avait encore un imaginaire qui était très fortement orienté vers l'année 2000. On avait tous, quelque part, tout le monde avait une espèce de définition de l'année 2000. C'était une espèce de tampon, là, qu'on savait qu'on allait, qu'on fonçait vers là.
C'était l'horizon de la science-fiction.
Voilà, de la science-fiction, et puis même, quelque part, un peu de notre quotidien. Enfin, tout le temps, il n'y a pas longtemps, j'entendais, de toute façon, c'était quelqu'un qui le disait mieux que moi, mais... Oui, c'était Étienne Klein, le physicien, le vulgarisateur. Il disait même, c'était documenté. L'année 2000 était documentée. On nous disait comment on allait voler dans les voitures volantes, comment on allait manger, comment on allait... Il y avait un imaginaire créé pour ça. Et même si on savait qu'on allait dépasser l'an 2000. Même si plus on s'est rapprochés, on s'est inventé un bug de l'an 2000 qui n'est jamais arrivé. Et effectivement, aujourd'hui, peut-être ce qui manque, c'est qu'on se rend compte que s'il y a un truc devant, par contre, c'est catastrophique. Ou il n'y a rien. Et c'est pour ça que je trouve que cette série est toujours d'actualité, et que j'aimerais que les jeunes la lisent, c'est que je trouve qu'elle donne à chacun matière à rêver, mais même pour un futur qu'on n'atteindra peut-être jamais, mais qu'on peut en nourrir notre présent. Parce que là-dedans, les termes de sexualité, de politique, d'être esclave ou pas esclave, de se libérer, qu'est-ce qui est faux, qu'est-ce qui est vrai ? Enfin, tout est déjà traité là-dedans et traité d'une telle manière que ça n'est pas encore épuisé par la réalité. C'est ça qui est génial. J'admire le travail qu'ils ont fait. Moi, cet album, il est clair que j'ai lu plein, plein, plein d'albums de bande dessinée. Vraiment, j'ai lu de tous les genres et tout. Mais celui-là, il est évident qu'il a une saveur particulière. Même 40 ans après, je peux le relire. Là, je commençais presque à le relire.
C'était la question que j'allais te poser. Est-ce que ce sont des albums, et celui-là en particulier, que tu relis ?
Oui, oui. Après, maintenant, je ne le relis pas tous les ans. Et cet album-là, j'ai dû le lire au moins 7 fois, 10 fois.
Est-ce que tu le relis par nostalgie ou est-ce que tu le relis parce que tu y trouves des choses à chaque fois ? Est-ce que tu as un regard différent aujourd'hui dessus ?
Par rapport à la bande dessinée, je dirais que... Il y a un peu tout ça, mais comme je dessine aussi à côté, c'est vrai que des fois, je ne relis pas certains albums. Justement, je savoure juste l'aspect graphique. Je prends tout ça, quoi. Je prends tout ça et ça va me nourrir après pour mon travail. Donc, que ce soit en lisant à la fois l'histoire et en savourant les dessins. Parce que c'est ça, c'est que quand tu... Je pense que quand tu dessines en plus après, même inconsciemment, tu regardes comment le dessinateur fait. Mais pas forcément, même si on connaît les trucs et les techniques, mais vraiment de voir... En fait, dessiner, c'est trouver des solutions graphiques. C'est pour ça que tout le monde peut dessiner, parce qu'en fait, il ne faut pas s'apesantir tellement au début sur le trait en lui-même. Ça, il faut travailler, il faut s'entraîner, il faut faire plein de choses. Mais c'est déjà qu'est-ce que tu veux dessiner, et donc comment tu vas le dessiner. Il faut que tu trouves une solution à ça. Voilà,
c'est tout. Réalisé par Yann Jouvert. La musique du générique est signée Off Avec des intermèdes musicaux de Raymond Scott, un extrait du film Le retour du Jedi de Richard Martin, des ambiances sonores extraites des œuvres de Hank Biddings,
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Description
Dans cet épisode pilote, on parle de Pilote, de BD, de SF, d'anti-héros et d'héroïne, de la dette de George Lucas et de tas d'autres choses.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Deux amis se rendent à tour de rôle l'un chez l'autre pour découvrir les objets culturels posés sur l'étagère.
Là, graphiquement, c'est le top. C'est une nouvelle émotion. très beau quoi. Alors là où c'est drôle c'est qu'évidemment en plein milieu de Far West, sur le plan, on détourne une case, on a une grosse moto qui arrive. Un dessin, un très beau dessin, rien de pas bleu, c'est du truc déjà un peu cosmique. Modification programme urgente, je vais être fait. Modification urgente cause menace extérieure. En fait, destiné c'est trouver des solutions graphiques. Les cadres, les cases, et la composition des planches, tout devient possible. L'écume a été récupérée par notamment les studios Illydias et Jean-Lucas. Ce qui est vraiment bien dans cette série, c'est qu'elle a un côté en fait très humaniste, mais alors... humaniste polymorphe.
Ah, c'était l'origan de la science-fiction. Donc, Christophe, là, tu nous amènes vers des livres, j'ai l'impression. Oui,
des bébés. On ne se donne pas tête aux rues. C'est sur les terres truquées, une des aventures de Valérian et Laureline, agents spatio-temporels, signés de Mézières et Christin, et édités chez Dargaud. C'est vraiment le format classique, un peu plus grand que du A4, voire même du A4. Les fameux, comme on disait, albums cartonnés des grands éditeurs de l'époque, des années 70, 80, et encore aujourd'hui on en trouve bien sûr, comme Dargo, Casterman, Lena. Vraiment l'album classique, couverture cartonnée, et avec dedans, comme toujours, un nombre de... Alors généralement on disait même 48 planches, ce qui est le cas. Alors celui-ci a une toute petite particularité. Mon album préféré... de Valérian et Laureline est imprimée à l'envers.
C'est-à-dire qu'il y a la couverture qui est dans un sens et il y a toutes les pages intérieures qui sont dans l'autre sens. On commence par la face.
Et en plus, il commence par la fin. Il y a deux erreurs qui ont fait vraiment un objet...
Un objet collector ?
Pour le coup, totalement.
Est-ce que tu te souviens comment tu t'es procuré cet objet ?
Non, pour être sincère, celui-là, je n'en serais vraiment pas sûr. Je pense que j'ai quand même dû l'acheter ici à Montpellier, bon maintenant ça fait quand même peut-être, je sais pas, 10-15 ans, parce que j'ai vraiment une relation très très particulière avec cette série, et comment j'ai découvert cette série et comment j'ai découvert cet épisode, c'est aussi toute une histoire qui alors elle par contre nous ramène quasiment à la fin des années 70, puisque la première fois où j'ai réellement lu cette histoire, ce n'était effectivement pas... dans le format album, qui, bon, même si à l'époque, ça existait déjà, on avait quand même une relation à ça qui était un petit peu différente. Ça avait un certain coût, on n'achetait pas non plus des albums cartonnés tout le temps.
C'était quelle période,
ça ? Moi, j'ai vraiment... Là, l'aventure originelle, je crois qu'elle est sortie en 77. Et moi, je l'ai en fait découvert dans un recueil pilote, et ça devait être genre 78-79.
Donc là, on se déplace dans les... dans les étagères.
J'en ai un là. Et alors, parce que moi, en fait, l'histoire commence, c'est qu'à l'époque, donc j'étais à Paris, j'étais à Rony-sous-Bois, j'habitais avec mes parents et ma sœur. Et un jour, mon oncle maternel est passé à la maison et en fait, en rentrant de l'école, ma mère me dit Ah, il y a ton oncle qui t'a laissé des BD dans la chambre. Donc, je lui ai dit Non, je... Je commençais déjà à aimer les bandes dessinées, je lisais pif, il y avait peut-être déjà les premiers Strange, des choses comme ça. Et bon, il y avait aussi, enfin voilà, on avait déjà quelques Tintin ou des choses classiques comme ça, Spirou. Et là, je vois sur mon lit un gros recueil de 50 numéros de pilotes, comme ils faisaient des fois, tu sais, aussi pour Spirou, pour tous les hebdomadaires de BD qui existaient à l'époque. De temps en temps, tout était réuni sur genre, ça représentait peut-être 10 mois d'une année ou même quasiment une année entière. Tous les numéros étaient regroupés en recueil.
Avec une couverture cartonnée, solide.
Grosse couverture exactement cartonnée.
Contrairement aux hebdomadaires.
Voilà, exactement, qui était en souple. Et alors là, gros choc, parce que je m'en souviens, donc c'était sur mon lit. Donc déjà, j'ouvre au hasard le recueil et je tombe. Donc là, j'ai quoi ? J'ai 8 ans devant. Et je tombe sur une femme nue. En position de lotus, un dessin, un très beau dessin, rien de graveleux, une espèce de truc déjà un peu cosmique. Ça, je m'en souviendrai toujours. Donc là, tout de suite, je referme le recueil.
Dérangé par cette vision.
Par la vision, de peur que ma mère ne débarque pour venir m'expliquer ce que... Je crois me souvenir qu'elle me dit, ça va, ça te plaît ? J'ai dit, oui, oui, tout va bien. Voilà. Et après, je réouvre, je crois, le recueil. Et là, je tombe sur cette aventure de Valérian.
Donc, la femme nue ne faisait pas partie de cette aventure-là. C'était un autre dessin.
C'était, voilà, un autre dessin. Alors, comme il y avait plusieurs numéros, mais de toute façon, maintenant... Je connais la série Valérian, je suis sûr que ça n'était pas Valérian. Je n'ai jamais retrouvé ce dessin-là et quel était le dessinateur. Par contre, je me souviens que sur le recueil de Pilote, la couverture principale, c'était une caricature de Valéry Giscard d'Estaing. Je m'en souviens très bien. Un jour, j'aimerais bien retrouver le numéro de Pilote qui correspondait à ça.
Pilote qui était un journal qui s'adressait à la jeunesse, mais pas que. On comprend bien qu'entre une femme nue et une caricature du président de la République de l'époque,
Voilà, disons il y avait...
Officiellement c'est le journal d'Astérix, en plein historique. C'est ça.
Ça c'est un peu le talent de Goscinny, parce que Pilote commence quand même à la fin des années 50, tout début des années 60. Évidemment au début c'est le journal d'Astérix. Grosso modo, c'est vraiment l'antichambre de toute la révolution de la bande dessinée, là pour le coup vraiment française. Même s'il y avait des liens avec les franco-belges. Eux étaient surtout, les écoles belges étaient surtout occupées avec Spirou et Tintin. Pilote a vraiment été l'antichambre qui a récupéré tous les talents français tout au long des années 60. Avec ce point culminant, moi je trouve, des années 70, où en plus des vieux dessinateurs qui étaient là au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. toute une avant-garde qui petit à petit va s'installer avec des gens comme Giro Noebius qui publiait Blubbery avec Charles Parlier, qui était lui aussi un grand scénariste qui était à la tête de multiples séries. Et puis petit à petit, dans le numéro de pilote que je tiens dans les mains, qui doit être vraiment, on a en plus en couverture par exemple Druyer. Et à la fin des années 60, Valérian a été publié tout d'abord dans Pilote. Il y aura aussi même Goscinny, Bretécher, tout le monde est passé par Pilote, grosso modo, pour faire simple.
Oui, surtout que dans les non-classités, les gens qui vont partir après monter leur propre vue.
Exactement. C'est le talent de Goscinny d'avoir eu énormément, non seulement de flair, mais surtout, on va y revenir peut-être dessus avec Valérian, mais c'est que en plus il n'avait pas peur d'aller dans des territoires qui a priori lui en tant que scénariste et je sais si c'était un grand scénariste ne le concernait pas du tout ne se sentait pas même apte à dire qu'est ce qui était bon ou pas bon mais qu'importe il sentait qu'il y avait quelque chose il sentait qu'il y avait du potentiel et il amenait les gens ils disaient venez venez proposer vos planches fin voilà moi je prends vos planches où je prends vos histoires il était quelqu'un qui était ouvert quoi qui malheureusement presque finira par le payer à la fin des années 60 avec une espèce de rébellion de tous les auteurs, grosso modo, que j'ai cités avant, qui se sont un peu rebellés contre le père. Et comme tu dis, après, c'est ce qui a donné à ce moment-là la création de toutes les autres revues qui ont suivi, comme l'Éco des Savannes, Métal hurlant. Et
Fluide Glaciale.
Et Fluide Glaciale après. C'est voilà, alors que tous ces gens-là ont bénéficié de l'intelligence de Goscinny et puis des opportunités qu'il a donné à tout le monde, c'est vrai que les gens se sont sentis quand même à un moment corsetés dans l'esprit pilote, le fait peut-être de ne pas pouvoir révolutionner les choses assez vite, et tous à un moment ou à un autre ont voulu en prendre encore plus de liberté et quitter pilote, et quitter entre guillemets Goscinny. qui quand même un jour a été convoqué officiellement dans un bar par toute une petite tripotée de dessinateurs pour une espèce de procès. On ne va pas dire stalinien, ça c'est quand même une opinion pour Goscinny. Mais enfin, une espèce de réquisitoire très très sévère, que d'ailleurs Goscinny a très très mal vécu à l'époque, et qui fait que... Oui, non, il l'avait très très mal pris, mais bon, ça c'était une autre époque.
Donc toi, tu ouvres, on revient à notre histoire, même si c'est bien de s'éloigner. Toi, tu ouvres une deuxième fois ce magazine, tu tombes sur cet épisode ? Non, non,
sur cet épisode.
C'est pas vrai ? Je le rappelle, il s'appelle Les Terres Truquées.
Sur Les Terres Truquées. À l'époque, effectivement, la série s'appelle encore juste Valérian, même si très vite, on comprend que, même en fait, dès le deuxième épisode, Laureline, et effectivement, ça fait partie des attraits de cette série et l'une de ses révolutions, c'est que Christin et Mézières ont très bien compris, ils ont eu une manière très originale d'aborder la science-fiction, d'aborder le thème du héros. et de l'héroïne et de faire quelque chose qui quasiment annonce tout ce qui se passe aujourd'hui, où effectivement Laureline n'est pas juste une subalterne du soi-disant héros, Valérian n'étant même pas non plus un héros de type classique, et c'est tout le charme de cette série, qui trouve son apogée pour moi justement dans cet épisode particulièrement.
On fait une petite pause avec ça, tu parles du rôle de la femme qui est peut-être en avance par rapport à d'autres... On est en quelle année, là, à peu près ? Là, c'est 1977. Surtout que c'est à une époque où, justement, quand vont arriver des magazines comme Metal Hurlant ou ce genre de choses, on peut constater qu'Antoine Aureli aujourd'hui, qu'ils sont encore sexistes, sous certains aspects.
Totalement.
De manière très évidente, même s'ils se prétendent plus avant-gardistes.
Alors, c'est à la faute, c'est toujours ambigu, c'est pour ça que, bon, c'est toujours difficile quand on n'a pas le temps, si ce n'est pas le sujet principal de se lancer dans ce genre de discussion. Mais c'est vrai que... d'un côté même les revues soi-disant un peu plus moderne vont rester dans une forme de sexisme mais encore plus désinhibé j'ai envie de dire et en même temps c'est quand même aussi dans ces revues là qui aura eu aussi des femmes chantal montelier d'autres qui auront pu le salement voilà c'est une attrice car il exactement il ya quand même des dessinatrices qui arrivent ou ou qui étaient déjà arrivées avant, mais qui vont pouvoir s'exprimer, mais même si elles, elles disent aussi que quand même, la situation n'était quand même pas terrible, terrible. Même si, par exemple, aussi, l'un des spin-off, entre guillemets, de Metal Hurlant, c'était Anana, un magazine fait, grosso modo, entièrement que par des femmes, qui aura une existence très courte. Et voilà. Donc oui, tout ça pour dire que, dans une série de science-fiction qui a tout... qui a certaines apparences classiques. Valérian est une série qui est profondément atypique et qui, pour moi, reste l'un des chefs-d'oeuvre non seulement absolus de la bande dessinée, mais de l'art tout court. Non seulement par les thèmes abordés, mais par le style de Mézières et les scénarios de Christin. Vraiment plein de choses. Mais aussi par rapport à ce couple qui est au centre de toutes les histoires et qui, je trouve... amène des choses vraiment profondément modernes, mais modernes dans le sens où, en fait, ça se réadapte toujours à l'ère du temps dans lequel on va lire ses aventures. Ce qui fait que c'est toujours de la science-fiction. C'est ça que j'aime. C'est que c'est même pas rattrapé par le temps qui passe, quoi, en fait. Je trouve que c'est toujours excessivement moderne et c'est vraiment un vrai appel à l'imaginaire. Et les rapports humains sont vraiment... disons, comment dire, totalement dénudés de tous les mauvais clichés que chacun peut avoir à n'importe quel moment de l'histoire. Donc c'est ça aussi qui est intéressant.
Nous, à la corporation Bendix, pensons que cela arrivera, et avant que trop de demain ne passe. Déjà, nos astronautes tournent dans l'espace à près de 200 milles de hauteur. La prochaine chose que vous savez, un véhicule inhumain va rouvrir la surface de la Terre. Ensuite, un véhicule humain va l'explorer en détail. Après cela, vous serez là, si vous voulez. Les gens de Tomorrow à Bendix aident à faire ces choses possibles. Et plus dans les domaines de la défense nationale, l'aviation, l'espace, l'océanique. Automotive and manufacturing. To search, to discover, to develop. To broaden man's knowledge of the world he lives in and the universe around him. To make reality of imagination. This is Bendix, the Tomorrow People.
Est-ce que tu peux décrire ces deux personnages principaux ? Tu les as déjà évoqués rapidement, mais leur personnalité, peut-être aussi leur identité visuelle, à quoi ils ressemblent, et comment fonctionne leur duo ?
Valérian et Laureline sont deux agents spatio-temporels qui résident principalement à Galax City, une université du futur. En gros, au tout début, Quand la série commence, c'est effectivement des vrais agents spatio-temporels qui sont obligés de se déplacer le long du fil du temps, de la flèche du temps, pour aller réparer des erreurs qui seraient commises par différents... enfin surtout un méchant qui occupe en fait les trois... les deux premiers petits épisodes et l'épisode principal du début, qui a un nom, je suis dehors, genre Zorglub, comme... je sais plus comment il s'appelle, mais... Bon, on verra ça, peut-être plus tard. Enfin, voilà. Au début, c'est vraiment des aventures où les deux personnages voyagent dans le temps. Alors, très important, le premier épisode, il retourne en 1986 et il parle d'un incident nucléaire. Alors qu'effectivement, c'est ce qui va nous arriver avec Tchernobyl. Donc, en gros...
Alors qu'on est plus de 15 ans avant.
Ah ben oui, là, c'est 70. Donc, c'est... Ils sont, oui, 15 ans, voilà, exactement avant. Mais c'est sûr que c'est tout à leur honneur, mais comme dit Christin, c'est le but aussi un petit peu de la science-fiction, de tellement essayer de prévoir de choses que forcément à un moment tu tombes un peu juste. C'est malheureusement pour ça qu'il ne faut pas prendre la science-fiction comme une espèce de délire ou de choses pas réelles. Non, c'est justement ça. C'est des gens qui essayent au contraire de coller à toute forme de réalité mais pas celle que l'on vit tous les jours celle qui pourrait arriver donc c'est en ce sens là que moi je pense qu'il faut prendre la science fiction au sérieux même avec quand même légèreté humour et plein de choses mais que c'est un domaine qu'il ne faut surtout pas abandonner pour absolument non seulement nourrir notre imaginaire mais en fait être totalement conscient de ce qui pourrait nous arriver c'est ça qui est important donc au début surtout des aventures spatio-temporelles, j'ai envie de dire. Mais là où ça devient intéressant, c'est à partir de l'épisode de l'Empire des Mille Planètes, où là, il y a toute une cosmogonie qui se met en place, et où là, Valérian et Laureline agissent beaucoup plus comme des espèces d'ambassadeurs et de défenseurs des multiples races extraterrestres qui peuplent maintenant visiblement l'univers. Et donc... Après la ville de Galaxie City au début, il y a après une espèce de lieu interlope où tous les gens se rencontrent qui s'appelle Point Central et qui est une espèce de gigantesque ambassade dans l'espace où tous les peuples du cosmos sont réunis. A partir de là, les aventures de Valérian et l'Aureline pressent plus un aspect de découverte de mondes différents. peuplades différentes et de races extraterrestres différentes, qui en fait une espèce de catalogue merveilleux où alors là, il y a plein de thématiques qui sont abordées, il y a la lutte des classes dans les oiseaux du maître, ou même dans le pays sans étoiles, l'ambassadeur des ombres, alors là, c'est vraiment un... disons du Shakespeare dans l'espace avec un jeu diplomatique de lutte de pouvoir sur de grandes négociations cosmiques. Pour moi, c'est l'une des plus grandes séries qui, de toute façon, va même influencer, je le dis nettement, tout Star Wars et dans Valérian. Et on le sait, tous les gens qui ont travaillé sur Star Wars avaient des reproductions des planches de Valérian et aussi de Moebius et de Drouillet. Mais au niveau de Star Wars, que ce soit au niveau du look, vous prenez le look du Faucon Millenium de Yann Solo et le Vesto de Valérian et Laureline. C'est quasiment le même. Sans parler de plein de cases, la princesse Leia en bikini sur Jabba le Hutt, le bikini, c'est... Je ne sais plus quelle monture. C'est l'oreline, elle a le même. Et c'est là encore 5, 6 ans, 7 ans avant.
Mais où est-ce que je suis ?
Au palais de Jabba.
Qui êtes-vous ?
Quelqu'un qui vous aime.
Leïa.
Je vais vous sortir de là.
Qu'est-ce que c'est ? Je connais bien,
sire.
Jabba, écoutez Jabba. J'étais justement venu pour vous rembourser. J'ai eu un petit contre-temps. C'est pas ma faute.
Mais c'est vrai que même déjà, avant d'attaquer après, ce qui pour moi fait le sel aussi de la série, qui est surtout effectivement cette relation Valérian-Laureline, Et on n'est pas dupes, on voit très bien qu'effectivement, ils ont un peu écorné le côté héros masculin sur de lui, qui va tout le temps gagner. Et ils vont effectivement le remplacer par autre chose, et ils vont faire de l'Aureline, véritablement, presque la force motrice des histoires. Alors que ce qu'il y a de touchant chez Valérian, c'est que c'est presque un gaffeur. C'est presque, effectivement, il a tous les attraits du héros mâle. qui va tout réussir et tout, alors que non seulement il ne réussit pas tout, mais c'est en ratant des trucs qu'effectivement il va plus ou moins s'en sortir, et c'est tout cette espèce de... On peut dire qu'ils sont amoureux l'un de l'autre, mais ça, après, on ne s'apesantit pas là-dessus, outre mesure, mais il y a cette espèce de petit... Il se chipote en permanence là-dessus, parce qu'effectivement, Valérian sent bien qu'il est un peu... poussé de son piédestal, mais par une Laureline qui ne le fait même pas exprès, et qui est parfois plus brillante que lui, et qui a des meilleures idées au bon moment, et puis qui elle les réussit, alors que ce qu'il y a de touchant chez Valérian, c'est justement ses échecs. Et c'est notamment dans cet épisode-là que je trouve que c'est poussé à son extrême, que c'est vraiment le plus intéressant sur l'éther truqué, ce qui est vraiment un album préféré. Et juste avant d'aborder ça, c'est que quand même, même eux, dans tout leur côté classique de la science-fiction, ils ont vraiment ce côté, ils ont abandonné aussi très vite, ce qui était un petit peu au début, avec là, le méchant, j'ai oublié le nom, un côté gros méchant. C'est au bout déjà du deuxième album de l'Empire des Mille Planètes, il n'y a vraiment plus du tout de notion de mal, de bien, fortement identifié avec ça, c'est le mal à détruire et tout. C'est toujours très très très très subtil, même quand il y a ça dans certains albums comme Le Pays sans Étoiles, où au début, où les oiseaux du maître, où il y a une forme même d'oppression, des formes de dictature dans certains mondes qui sont visités. On découvre toujours au final qu'effectivement il y a une raison à ça et que les choses sont plus complexes et beaucoup plus subtiles. Ce qu'il y a de vraiment bien dans cette série, c'est qu'elle a un côté en fait très humaniste, mais alors polyhumaniste, polymorphe.
Et pas binaire.
Voilà, il n'y a pas effectivement d'empire du mal, de choses comme ça. Il y a un moment sur une planète, il y a effectivement peut-être quelqu'un qui ne fait pas de bonnes choses. Mais justement, rien ne se résout ni par des combats, ni par une guerre, ni par ce genre de choses. C'est vraiment, et là encore, comme de toute façon, ils sont censés être soit à la base des agents spatio-temporels qui sont censés laisser la flèche du temps en bon ordre, c'est-à-dire... agir le moins possible sans faire de dégâts même si on verra que dans le futur après ça sera pas aussi simple que ça même après quand ils ont ce côté ambassadeur là encore ils sont toujours très prudents et d'ailleurs souvent les problèmes naissent par de par des petites choses par des petits détails qui subitement enclenche des événements et des épreuves ou des visions des soucis des problèmes qu'il va falloir qu'il résolve mais qui sont de nature toujours disons voilà qui sont anti anti climax anti anti action pure et dure il ya un album qui par contre presque prend le contrepoint de tout ça mais qui pour moi est justement la démonstration brillante et alors là qui est juste comme il le disait c'était juste avant la guerre des étoiles ou même pendant c'est les héros de l'équinoxe un superbe album ou Quatre champions partout dans l'univers sont sélectionnés pour faire partie d'une grande épreuve, je ne sais plus la finalité, mais une espèce de rencontre cosmique finale avec un être suprême qui doit enfanter. la nouvelle semence de l'univers et tout, enfin bon si ça se fait pas bien, tout va capoter. Alors évidemment, il y a quatre mondes qui envoient chacun un champion. Nous évidemment c'est Valerian, il va être une véritable catastrophe. Mais c'est à hurler de rire tellement c'est très très bon, parce que les autres sont des espèces de caricatures, soit du gros guerrier musclé, soit du hippie qui poste d'une, machin, vraiment c'est... C'est vraiment très très excellent.
Il y a aussi une dimension parodique du coup, le récit de la fiction.
Voilà, c'est-à-dire qu'ils arrivent vraiment à tout mélanger, à tous les niveaux, et là c'est vraiment un pur album d'action, puisqu'évidemment ils vont avoir plein d'épreuves chacun, donc on est vraiment dans le cinéma presque hollywoodien à outrance, et je crois que c'est Mézières qui disait, je ne sais plus si c'était juste... Ils avaient été voir, je crois qu'ils ont été voir Star Wars, ils se sont dit, ah ouais bon... nous ont bien piqué des trucs. Et en même temps, il venait genre, je pense, à peine de commencer à travailler cet album. Et il a dit, bon, là, de toute façon, il va falloir mettre le paquet, parce qu'avec de tels films maintenant au cinéma, on ne va plus pouvoir suivre. Donc, il y avait encore de la marge, parce que... Je pense que, quand même... Mais ils avaient senti le truc, ils avaient bien compris. Bon, c'était un peu... Ils avaient compris que le cinéma hollywoodien, c'était bien inspiré aussi de tout ce que l'Europe avait produit à ce niveau-là, au niveau scientifique, avec les gens comme Drouillet, Moebius et eux. Et c'est là où ils vont développer des histoires sur plusieurs albums, qui vont amener la série vraiment vers un autre univers. Alors qu'effectivement, toute cette première série, c'est à chaque fois des albums qu'on peut presque lire indépendamment les uns des autres, il n'y a vraiment pas de soucis, même si effectivement, dans l'évolution du trait de Mézières ou l'évolution des personnages, c'est vrai que c'est peut-être un peu mieux de le lire un peu dans l'ordre, puisque à force, le palamceste des choses que vivent Valérian et Laureline, finit par, en soi, en tant que lecteur, on leur crée une relation très spécifique.
C'est quelque chose qui est latent, qui est là tout le temps, mais de laquelle on peut projeter, fantasmer, etc.
Exactement. Mais en même temps, on le sent bien, parce qu'effectivement, au début, ça a à voir avec le trait. Au début, quand Mézières dessine, il a encore, comme il disait, des vieux tics un peu de dessin communique. Comme il dit, je suis encore un peu trop gros nez. Et petit à petit, il va vers une forme de trait semi-réaliste, quand même. Voilà, on n'est pas vraiment dans le réalisme. Après, ça se discute, mais lui, il appelle plutôt ça du style semi-réaliste. Mais qui fait que moi, je trouve qu'il a une patte unique. Alors, beaucoup de noir, parce que moi, je trouve que l'ancrage, c'est l'une des choses, même si on peut faire d'albums sans ancrage. Là, c'est vrai que pour moi, on est dans la quintessence de la production BD française. C'est-à-dire, il y a des crayonnés, il y a de l'ancrage. Après, les couleurs sont faites sur des calques. Et tout ça aussi est une production.
Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Disons, je crois que c'était sa sœur qui a refait toutes les couleurs des albums.
Tu veux dire qu'il y a un travail collaboratif et un peu... Et puis, en technique,
il y a toute une industrie derrière. Il faut bien comprendre ça, que même si la bande dessinée reste quand même un domaine merveilleux, il y a... assez proche entre guillemets dans les outils, enfin la simplicité des outils de la littérature, on n'a pas besoin de grand chose. Voilà. Cet épisode commence d'une manière très bizarre pour une série de science-fiction, c'est que les premières planches en plus ont l'air de décrire des choses très historiques. On voit l'armée anglaise à l'époque de la conquête, enfin voilà, toutes les choses autour de l'Inde, la compagnie des Indes, etc. Donc on a plutôt l'impression de tomber dans une bande dessinée historique.
Historique et d'aventure, plus que dans la science-fiction.
Exactement. Dis donc rapidement, c'est vrai qu'au début on est assez surpris, on a l'impression d'être dans une aventure historique. Alors moi la première fois que je dis ça, peut-être que je ne comprends pas encore ce que c'est que Valérian, donc je me laisse bercer, il y a très peu de dialogue, il n'y a que des images, c'est un assaut... d'une citadelle indienne par les troupes anglaises de l'époque. C'est vraiment du dessin, j'ai envie de dire, un petit peu classique, mais avec la touche de mésière sur laquelle peut-être je reviendrai plus tard. Des très belles couleurs, mais tout est très classique. On se croirait vraiment dans une ambiance même de film hollywoodien. Au bout de la troisième planche, on découvre dans les troupes anglaises, on comprend bien que c'est le personnage qu'on voit en couverture, mais qui était certainement aussi, ça je m'en souviens, en médaillon, en haut du début de la série, quand on feuilletait une revue, il devait y avoir soit un résumé, soit la présentation du nouvel épisode, et on voit que l'un des soldats anglais a la tête de Valérian. Et donc ils sont en train d'envahir cette citadelle, ça se bat un petit peu partout. À la planche 4, c'est là où les choses commencent à être bizarres, ça commence un petit peu à parler. Et pour faire vite, tout en bas de la planche 4, le fameux Valérian sort carrément un pistolet laser. Et là on se dit, effectivement, les choses n'ont pas l'air d'être ce qu'elles sont.
Oui, sur la dernière case de la page de gauche en bas, on voit... Clairement, une arme laser, une arme du futur. Voilà. Et un impact aussi avec un halo de lumière un peu étrange, coloré de rose.
Et là, à partir de là, on passe à la planche 5. Et là, on voit l'un des personnages qui est censé être un Indien accroupi au sol, en train de faire une espèce de prière et qui dit un truc un peu bizarre. Le programme non respecté. Donc on comprend qu'il y a vraiment quelque chose de bizarre qui se passe. On passe, il y a un tigre qui essaye de bouffer Valérian, pareil, il ressort son pistolet laser et il s'en débarrasse. Là, on se dit que vraiment, on est en train d'être témoin de quelque chose de très très très particulier.
Ce qu'il y a d'assez classique aussi, c'est l'utilisation des onomatopées peut-être. Oui, on a des onomatopées. En gros caractère, tu vois, c'est un peu imposant dans les cases. C'est là qu'on apprend que les pistolets de laser font chlof. comme là.
Et on en est maintenant, je crois, à la planche 6. Et là, effectivement, on voit que même les gens qui habitent ce temple, cette citadelle indienne, ont l'air de communiquer avec des terminaux futuristes. Donc là, on se dit que vraiment, il y a quelque chose qui...
n'est absolument plus du tout historique là dedans mais qu'on a l'air d'être vraiment dans de la science fiction j'essaie de résumer un peu vieux oui on va pas faire tout voilà de l'album filier ce qui est intéressant je trouve que c'est que c'est progressif effectivement dans les premières planches aucun indice de ça puis à cette arme qui apparaît et puis là dans une page sur laquelle tu es on voit dissimulé dans un élément de décor qui fait de son époque effectivement ce terminal dont tu parles.
Voilà, et on voit que les personnages tiennent des discours qui sont là aussi totalement futuristes, modifications, programmes urgentes, je répète, modifications urgentes, causes, menaces extérieures. Voilà, on voit Valérian qui progresse un peu vers quelque chose qu'il a l'air de chercher et qui finalement trouve, c'est ce fameux terminal. Lui-même, le Valérian, qui était depuis le début déguisé comme un soldat de l'armée britannique, sort une espèce de... de disons d'outils futuristes aussi et là il appelle Laureline et il a l'air de vouloir récupérer des coordonnées précises on sent qu'il y a un dialogue qui s'instaure, enfin tout ça pour amener à la dernière case de la planche 7 où Valérian visiblement a réussi sa mission, il doit maintenant s'échapper et là quand il ressort on a l'impression que tous les autres personnages restants qui sont dehors dans la citadelle mais à la fois même les soldats anglais et quelques indiens, tout le monde le met en joue, et là, horreur, tout le monde lui tire dessus, et on voit le personnage principal de la série se prendre 18 impacts de balles, on voit du sang, et donc, ben voilà, c'est fini, quoi.
On voit effectivement du sang qui gicle, ce qui va encore dans l'hypothèse qu'on disait tout à l'heure, que Pilote, c'est quand même un journal qui s'adresse plutôt à un public plus averti. À l'époque, dans les publications pour la jeunesse, On ne voit pas de sang.
Non, mais là, on le voit bien. En tout cas, moi, je me souviens déjà que là, pour moi, c'était comme une espèce de révélation parce que vu qu'à côté, j'étais dans Pif Gadget, même s'il y a eu aussi des choses un petit peu plus modernes, c'est vrai subitement d'être pris par cette histoire, de voir que déjà, il y a deux climats différents, quelque chose de très historique qui commence à devenir de la science-fiction et un personnage auquel on commence à s'attacher puisque c'est avec lui qu'on va au cœur de l'action et voir qu'à la planche 7, visiblement il ne va pas s'en sortir, ça a un côté aussi là encore qui était totalement surprenant, et moi j'étais là, j'étais en plein délire intellectuel. Mais voilà, c'est vrai qu'en plus la beauté de la chose c'est que la planche suivante, on voit donc le personnage de Valérian qui tombe de la muraille de la citadelle, il tombe à la renverse, Il tombe dans cette espèce de bassin qui entoure la citadelle, la tête en sang, enfin il y a du sang qui sort de son corps de partout. Et en fait dans une même case, toute en longueur, qui prend toute la longueur de la planche, on voit trois représentations de Valérien qui passent du milieu aquatique et historique, j'ai envie de dire, de la citadelle indienne. à son corps qui flotte dans un entre-deux et qui finit en fait par flotter carrément dans l'espace. Alors déjà visuellement c'est juste superbe, bon là il faudra quand même revenir sur le trait de Mézières parce que je pense que ça n'est pas étranger au fait que j'ai aussi été après, disons sensibilisé, comme j'aimais beaucoup dessiner, c'est quand même des choses qui m'ont énormément marqué. Mais donc là, il y a pour moi une espèce de synthèse totale du talent et du scénariste et du dessinateur, et qui nous donne une case qui est l'amorce d'une nouvelle planche, mais qui est la fin aussi d'une séquence, et qui laisse énormément de questions, qui est la mort du personnage visiblement principal de la série, et en même temps une espèce de voyage de son corps dans plein de lieux différents. Et là... à ce stade-là, on n'arrive pas encore à mettre les choses en relation, et on n'arrive pas à comprendre, et c'est ça qui est extraordinaire, et qui est bien, c'est d'être perturbé, de ne pas comprendre, et de sentir que tout le reste de l'histoire, tout le reste de l'album, va nous amener, disons, plein de réponses, mais en tout cas plein de choses, plein d'émotions. on a effectivement comme tu disais différents climats on voit très bien qu'on passe d'un climat qui au début nous apparaît comme quasi historique un climat et cauchemardesque et de science fiction puisqu'on a vu et puis très vite il ya un vaisseau qui apparaît sur fond de l'espace, donc là on a bien compris qu'on était vraiment dans de la science-fiction, mais en plus là on n'a pas eu le temps de détailler mais au niveau des dialogues,
il y a aussi des interventions un peu humoristiques donc c'est vrai que subitement ça c'est une donnée qu'on n'avait pas évoquée encore en plus de ces plusieurs registres de narration et tout ça il y a un ton humoristique aussi qui arrive.
Exactement, il y a un humour, alors là qui n'est que amené par le personnage de Valérian... qui a une espèce, disons, de désinvolture. On a bien compris maintenant que ça y est, il est en train d'effectuer une mission et que, effectivement, tout a l'air factice autour de lui. Mais il a quelques réparties qui font qu'on a aussi une espèce d'humour très léger. Ce n'est vraiment pas des gros gags. C'était un petit peu plus prononcé dans les premiers numéros. Mais qui fait que ça aussi, c'est quand même... Un élément important de la série, c'est qu'elle arrive à ménager plusieurs niveaux d'expression. Il y a un côté imaginaire merveilleux, un côté science-fictionnesque qui va aborder des thèmes très sérieux, mais en même temps, il y a de l'humour. mais vraiment un bon humour, notamment entre Valérian et Loraline, qui sont un peu des adeptes de s'envoyer un peu des vannes... De joutes verbales. De joutes verbales, exactement, qui sont assez humoristiques. Alors là, ça va être remplacé par d'autres joutes verbales, mais là aussi, c'est encore un élément qui est très important dans cette série, c'est qu'elle a quand même un fond d'humour qui fait que... Il y a une espèce de distance qui, je trouve, est très juste, qui aide le spectateur, le lecteur, vraiment à se mettre au bon niveau par rapport à ça.
Je suis moins calé que toi, mais il me semble, quand on connaît un petit peu le travail que fait le scénariste à côté, que ce n'est pas son registre le plus connu. L'humour, ce n'est pas sa spécialité. Enfin, celui qui a travaillé avec Bilal, ou les BD qu'il a fait avec Bilal, les albums qu'il a fait avec Bilal, ne sont pas forcément molles.
Tout à fait. Par contre, c'est un élément qu'il avait effectivement avec Mézières, qui est le dessinateur avec qui il travaille, et qui est vraiment l'un des premiers avec qui il a travaillé. Ils ont tous les deux été, je ne sais pas ce qu'explique leur humour, mais ils se sont connus aussi, ils ont tous les deux été aux États-Unis. au moment où encore ce pays fascinait encore beaucoup d'européens ils ont pas mal travaillé là-bas avant de revenir en france et de vraiment s'installer dans le milieu de la BD mais au début ils ont commencé par par des histoires comiques
Juste une petite question rapide, toi quand tu le découvres la première fois dans Pilot, tu oublies toute l'aventure ? Sur le recueil, il y a toute l'aventure ?
Oui, je crois bien parce que, enfin c'est maintenant le souvenir que j'en ai. Ce qui fait que, bon, sous mon nom, on peut aussi se servir de l'histoire pour essayer d'aborder un petit peu le style. Et donc, on comprend qu'en fait, effectivement, le Valérian qui est mort n'est pas le vrai Valérian. On va très vite comprendre que, en fait, les missions vont se multiplier. Après, les Indes coloniales, il va carrément dans le Londres, alors d'une autre époque. Bon, ça reste encore lié à l'Angleterre.
C'est-à-dire victorien,
haut de forme. Chapeau haute forme qui est comme sur la couverture. Et là encore une espèce de Valérian débarque et essaye de choper, là encore on retrouve le dispositif électronique futuriste alors qu'il a l'air de rentrer dans une espèce de club londonien à la Phileas Fogg ou un peu comme ça. Et encore une fois il doit choper des coordonnées et au moment où il chope les coordonnées tout a l'air de déraper et encore une fois tout le monde veut le tuer et encore une fois, boum, en fin de planche. Un deuxième Valérien meurt et à chaque fois pendant ce temps il y a effectivement le vaisseau de Valérien et d'Aureline qu'on a reconnu qui a l'air de flotter quelque part en orbite. Et on voit l'Aureline qui crie à chaque fois et on va très vite comprendre après le troisième épisode que donc à chaque fois ce n'est pas le vrai Valérien qui meurt. Elle évidemment, l'Aureline voyant ça à chaque fois a quand même la sensation que c'est l'homme qu'elle aime quand même un petit peu qui lui passe. Elle est assistée cette fois par quelqu'un qu'on n'a jamais vu par ailleurs, une autre femme, qui a l'air beaucoup plus froide et qui a l'air un peu d'être la chef de cette mission.
Qui ressemble un petit peu, alors pas dans sa tenue vestimentaire, mais dans sa coiffure et tout ça, à des espèces de pin-up, je trouve un petit peu... l'infirmière ou la... tu vois, qui est un peu stylisée.
Elle a un petit côté comme ça avec ses cheveux.
Ses grandes lunettes.
Et alors surtout ses grandes lunettes, voilà, donc elle fait à la fois très sérieuse, alors que le Rollin, bon, a un côté... comment dire... qui ne va pas du tout avec son caractère, mais au niveau graphisme, c'est vrai qu'elle a une taille de guêpe, elle fait un petit peu presque midi nette comme ça, elle a les cheveux rouges. Bon là on ne le voit pas trop parce qu'à chaque fois elle est dans les vaisseaux, alors il y a des espèces d'éclairages un peu surréalistes qui font qu'on n'est pas du tout dans une lumière naturelle. Mais là effectivement on comprend très vite que l'autre c'est la chef de la mission, l'Aureline est à ses ordres, et visiblement tout le monde a l'air de se servir de Valérian pour essayer de remplir cette mission qui a l'air à chaque fois très périlleuse. Le troisième monde visité étant carrément le Far West cette fois. Alors là où c'est drôle, c'est qu'évidemment, en plein milieu du Far West, subitement, au détour d'une case, on a une grosse moto qui arrive, et là, le personnage, le troisième Valérian qu'on voit de l'histoire, dit mais j'ai l'impression que, oui, ça se détraque, gros anachronisme ce machin à mon avis
Oui, il y a une espèce de harlet qui débarque le Far West. Voilà,
et là on sent qu'effectivement, on avait compris que déjà, on était dans quelque chose de factif à un certain niveau, mais que ça a l'air de s'amplifier. Alors bon, pour faire rapide... là aussi au bout de la troisième aventure, on voit qu'en fait, chaque fois qu'un monde est exploré, il s'agit juste en fait d'une espèce de toute petite île qui flotte dans l'espace, où semble être reconstruite à chaque fois une période de la planète Terre, une période de l'histoire de la planète Terre, mais reproduite sur une très petite surface. Et donc effectivement, toute la mission semble... oblige donc tout l'équipage, les deux femmes et puis ce Valérian qui a l'air de se reproduire à l'infini, d'aller visiter ces différents petits îlots artificiels pour aller récupérer des coordonnées qui semblent les rapprocher de plus en plus d'une espèce d'entité ou de personnage qu'on n'a pas encore complètement identifié. après la voilà ce qui est génial dans cet album c'est que on a compris que on a des bouts de la france du début du 20e siècle l'inde l'époque victorienne le cosmos Le trait de Mézières s'éclate complètement dans toutes ces ambiances. Et puis au fur et à mesure, et là on va arrêter de divulgacher, mais on arrive à des espèces de planches complètement dingues. Des grandes planches même qui sont une case géante.
Oui, il y a une planche avec une case qui occupe toute la planche. Voilà, il y a des découpages assez variés quand même.
Oui, c'est vraiment là aussi...... la bande dessinée française montre que même au niveau des cadres, des cases, de la composition des planches, tout devient possible.
Moi ce qui me frappe le plus quand tu feuillettes les pages comme ça, c'est le travail sur les lumières, sur les éclairages, il y a vraiment des atmosphères différentes selon les lieux où on se trouve, il y a un gros boulot de ce côté-là, il y a les couleurs mais il y a vraiment un principe d'éclairage qui est assez fort. Alors...
De toute façon, c'est vraiment les deux, parce que sur une case comme ça, où on est à l'intérieur du vaisseau, c'est-à-dire qu'effectivement, il y a à la fois des éclairages qui sont toujours très marqués, parce qu'effectivement, ça dramatise la situation, alors qu'il se passe peu de choses dans cette case. On voit les deux personnages de femmes qui sont en train de regarder quelque chose à l'extérieur dans l'espace et qui a l'air de vraiment les impressionner. Mais ce qu'il y a de génial, voilà, c'est que sur une case toute simple, où on fait deux visages de femmes avec quelques boutons derrière, une espèce de dispositif électronique, il arrive. à créer de la tension, il arrive à créer presque, pas du mouvement, parce que là il n'y a pas de mouvement, mais effectivement, par l'éclairage latéral qui fait qu'il y a des ombres très marquées, et par les couleurs qui ne sont absolument pas traitées d'un mode réaliste, toutes les peaux des femmes sont quasiment marron, alors qu'entre guillemets ce sont des femmes blanches, leurs cheveux sont violets, voilà. Il y a vraiment, tout est mis en place, et dans le texte de l'une des bulles, on a vraiment des grosses lettres qui ont même été coloriées en rouge. Donc voilà, voilà une case toute simple, toute bête, où a priori il se passe pas grand chose, et je pense que même si on la sort, on est tout de suite happé par ça. On se dit mais qu'est-ce qu'elles sont en train de regarder ? Et y'a même pas besoin qu'elles décrivent trop, elles disent deux, trois choses, et c'est juste qu'elles ont l'air impressionnées, et y'en a une qui continue à être un peu vilaine avec Laureline, et à lui dire avancez jeune fille, avancez, c'est un ordre. mais tout de suite, on est capté. Et effectivement, derrière, ça défile.
Cette case que tu décris, qui est totalement panoramique, puisque la page est découpée en cinq cases panoramiques, c'est-à-dire qui courent de gauche à droite, cette case-là, on pourrait très bien, alors qu'il y a juste deux femmes qui ont l'air inquiètes et une qui donne un ordre à l'autre, elle pourrait très bien servir de teaser. C'est-à-dire qu'on pourrait la sortir et dire, voilà, le prochain album des aventures de Palérian.
C'est exactement ça. Alors qu'en plus, en soi, dedans, dans la case, il se passe pas grand chose. Pas grand chose. Mais voilà, là on progresse encore dans l'album. Ça va encore plus loin dans le délire graphique, l'apothéose étant... Enfin, la chef de la mission qui n'était pas très gentille rencontre la personne qu'ils étaient... Enfin, la personne... Je vous en dis pas plus.
Ne spoilons pas,
totalement. La personne qu'ils étaient censés rencontrer, elle finit par le rencontrer. On comprend plein de choses. Mais l'apothéose étant... que le vaisseau de Valérian et Laureline, j'essaie de les mettre ensemble, c'est un épisode de la Première Guerre mondiale. Et là, il y a des images silencieuses sur quasiment un charmier de la Première Guerre mondiale, qui en fait l'une des scènes les plus émouvantes que je connaisse. Rien que le réveil de Laureline dans le vaisseau abandonné, là, graphiquement, c'est le top.
Un jour, vous verrez l'océan autour de vous dans un incroyable aquacopter. Et la voiture familiale est en train de faire de grandes changements aussi. Imaginez juste taper le bord de la plage pour stopper et aller. Ou le conduire avec le bouton de pression électronique. Les gens de Bendix de demain sont en train de faire ces choses possible. Et plus dans les zones de défense nationale, l'aviation, l'espace, l'océanique, l'automotive et la fabrication. Pour chercher, pour découvrir, pour développer. Pour éliminer toutes les frontières de l'espace et de la pensée.
C'est Bendix,
les gens du demain.
Si la série est aussi populaire aujourd'hui auprès des jeunes, je veux dire. Les nostalgiques se rachètent les albums, c'est un phénomène assez connu. Mais tu sais si... Parce que tu en as discuté avec des gens jeunes ou parce que tu en as entendu parler ?
Je ne sais pas si j'ai réellement la réponse à ça. Je pense qu'il ne faut quand même pas se leurrer. Les jeunes aujourd'hui le connaissent moins. Par contre, il y a une anecdote très touchante de Christin. Il s'en était rendu compte lui, c'était au milieu des années 2000, où il était invité à une séance dédicace dans une espèce de salon, et il y avait un jeune dessinateur à côté, et présentation faite, machin, il dit mais Valérian, c'est quoi ? Voilà, et là il a dit j'ai eu un petit passe-mort que ça
Alors, autrement, est-ce que tu penses que c'est daté ? Est-ce que tu penses, toi, que ça pourrait parler, ou que c'est une science-fiction qui a été un peu rattrapée ? On t'a un peu répondu à cette question tout à l'heure, mais...
Moi, non, je pense que oui, je pense que c'est toujours d'actualité. C'est effectivement, comme tu disais, rattrapé, parce que c'est dans le sens où l'écume a été récupérée par notamment les studios hollywoodiens et l'équipe à Georges Lucas, et qu'effectivement, ce sont des choses qui, après, sont principalement passées par le cinéma, et donc ont touché énormément de gens. et effectivement certainement aussi même au milieu des japonais, des animés et tout, même si eux ils ont leur propre source et leur propre histoire et tout ça. Mais je pense que, moi c'est ça que j'aimerais, c'est effectivement, j'aimerais que les jeunes puissent lire Valérian, parce que je suis sûr qu'ils trouveraient ça génial, parce que je trouve que, comme on disait au début, que ce soit par la manière d'aborder la science-fiction, que ce soit par la manière d'aborder les personnages, et notamment ce... couple masculin-féminin et toutes les inventions qu'il y a dedans, pour moi, ça fait quelque chose qui est encore toujours moderne. Je pense que l'enjeu principal, c'est que quand nous, c'était un peu notre génération, enfin tous ceux qui sont nés en années 60, 70 ou encore 80, on commence à brasser beaucoup de monde, mais je pense qu'on avait encore un imaginaire qui était très fortement orienté vers l'année 2000. On avait tous, quelque part, tout le monde avait une espèce de définition de l'année 2000. C'était une espèce de tampon, là, qu'on savait qu'on allait, qu'on fonçait vers là.
C'était l'horizon de la science-fiction.
Voilà, de la science-fiction, et puis même, quelque part, un peu de notre quotidien. Enfin, tout le temps, il n'y a pas longtemps, j'entendais, de toute façon, c'était quelqu'un qui le disait mieux que moi, mais... Oui, c'était Étienne Klein, le physicien, le vulgarisateur. Il disait même, c'était documenté. L'année 2000 était documentée. On nous disait comment on allait voler dans les voitures volantes, comment on allait manger, comment on allait... Il y avait un imaginaire créé pour ça. Et même si on savait qu'on allait dépasser l'an 2000. Même si plus on s'est rapprochés, on s'est inventé un bug de l'an 2000 qui n'est jamais arrivé. Et effectivement, aujourd'hui, peut-être ce qui manque, c'est qu'on se rend compte que s'il y a un truc devant, par contre, c'est catastrophique. Ou il n'y a rien. Et c'est pour ça que je trouve que cette série est toujours d'actualité, et que j'aimerais que les jeunes la lisent, c'est que je trouve qu'elle donne à chacun matière à rêver, mais même pour un futur qu'on n'atteindra peut-être jamais, mais qu'on peut en nourrir notre présent. Parce que là-dedans, les termes de sexualité, de politique, d'être esclave ou pas esclave, de se libérer, qu'est-ce qui est faux, qu'est-ce qui est vrai ? Enfin, tout est déjà traité là-dedans et traité d'une telle manière que ça n'est pas encore épuisé par la réalité. C'est ça qui est génial. J'admire le travail qu'ils ont fait. Moi, cet album, il est clair que j'ai lu plein, plein, plein d'albums de bande dessinée. Vraiment, j'ai lu de tous les genres et tout. Mais celui-là, il est évident qu'il a une saveur particulière. Même 40 ans après, je peux le relire. Là, je commençais presque à le relire.
C'était la question que j'allais te poser. Est-ce que ce sont des albums, et celui-là en particulier, que tu relis ?
Oui, oui. Après, maintenant, je ne le relis pas tous les ans. Et cet album-là, j'ai dû le lire au moins 7 fois, 10 fois.
Est-ce que tu le relis par nostalgie ou est-ce que tu le relis parce que tu y trouves des choses à chaque fois ? Est-ce que tu as un regard différent aujourd'hui dessus ?
Par rapport à la bande dessinée, je dirais que... Il y a un peu tout ça, mais comme je dessine aussi à côté, c'est vrai que des fois, je ne relis pas certains albums. Justement, je savoure juste l'aspect graphique. Je prends tout ça, quoi. Je prends tout ça et ça va me nourrir après pour mon travail. Donc, que ce soit en lisant à la fois l'histoire et en savourant les dessins. Parce que c'est ça, c'est que quand tu... Je pense que quand tu dessines en plus après, même inconsciemment, tu regardes comment le dessinateur fait. Mais pas forcément, même si on connaît les trucs et les techniques, mais vraiment de voir... En fait, dessiner, c'est trouver des solutions graphiques. C'est pour ça que tout le monde peut dessiner, parce qu'en fait, il ne faut pas s'apesantir tellement au début sur le trait en lui-même. Ça, il faut travailler, il faut s'entraîner, il faut faire plein de choses. Mais c'est déjà qu'est-ce que tu veux dessiner, et donc comment tu vas le dessiner. Il faut que tu trouves une solution à ça. Voilà,
c'est tout. Réalisé par Yann Jouvert. La musique du générique est signée Off Avec des intermèdes musicaux de Raymond Scott, un extrait du film Le retour du Jedi de Richard Martin, des ambiances sonores extraites des œuvres de Hank Biddings,
Description
Dans cet épisode pilote, on parle de Pilote, de BD, de SF, d'anti-héros et d'héroïne, de la dette de George Lucas et de tas d'autres choses.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Deux amis se rendent à tour de rôle l'un chez l'autre pour découvrir les objets culturels posés sur l'étagère.
Là, graphiquement, c'est le top. C'est une nouvelle émotion. très beau quoi. Alors là où c'est drôle c'est qu'évidemment en plein milieu de Far West, sur le plan, on détourne une case, on a une grosse moto qui arrive. Un dessin, un très beau dessin, rien de pas bleu, c'est du truc déjà un peu cosmique. Modification programme urgente, je vais être fait. Modification urgente cause menace extérieure. En fait, destiné c'est trouver des solutions graphiques. Les cadres, les cases, et la composition des planches, tout devient possible. L'écume a été récupérée par notamment les studios Illydias et Jean-Lucas. Ce qui est vraiment bien dans cette série, c'est qu'elle a un côté en fait très humaniste, mais alors... humaniste polymorphe.
Ah, c'était l'origan de la science-fiction. Donc, Christophe, là, tu nous amènes vers des livres, j'ai l'impression. Oui,
des bébés. On ne se donne pas tête aux rues. C'est sur les terres truquées, une des aventures de Valérian et Laureline, agents spatio-temporels, signés de Mézières et Christin, et édités chez Dargaud. C'est vraiment le format classique, un peu plus grand que du A4, voire même du A4. Les fameux, comme on disait, albums cartonnés des grands éditeurs de l'époque, des années 70, 80, et encore aujourd'hui on en trouve bien sûr, comme Dargo, Casterman, Lena. Vraiment l'album classique, couverture cartonnée, et avec dedans, comme toujours, un nombre de... Alors généralement on disait même 48 planches, ce qui est le cas. Alors celui-ci a une toute petite particularité. Mon album préféré... de Valérian et Laureline est imprimée à l'envers.
C'est-à-dire qu'il y a la couverture qui est dans un sens et il y a toutes les pages intérieures qui sont dans l'autre sens. On commence par la face.
Et en plus, il commence par la fin. Il y a deux erreurs qui ont fait vraiment un objet...
Un objet collector ?
Pour le coup, totalement.
Est-ce que tu te souviens comment tu t'es procuré cet objet ?
Non, pour être sincère, celui-là, je n'en serais vraiment pas sûr. Je pense que j'ai quand même dû l'acheter ici à Montpellier, bon maintenant ça fait quand même peut-être, je sais pas, 10-15 ans, parce que j'ai vraiment une relation très très particulière avec cette série, et comment j'ai découvert cette série et comment j'ai découvert cet épisode, c'est aussi toute une histoire qui alors elle par contre nous ramène quasiment à la fin des années 70, puisque la première fois où j'ai réellement lu cette histoire, ce n'était effectivement pas... dans le format album, qui, bon, même si à l'époque, ça existait déjà, on avait quand même une relation à ça qui était un petit peu différente. Ça avait un certain coût, on n'achetait pas non plus des albums cartonnés tout le temps.
C'était quelle période,
ça ? Moi, j'ai vraiment... Là, l'aventure originelle, je crois qu'elle est sortie en 77. Et moi, je l'ai en fait découvert dans un recueil pilote, et ça devait être genre 78-79.
Donc là, on se déplace dans les... dans les étagères.
J'en ai un là. Et alors, parce que moi, en fait, l'histoire commence, c'est qu'à l'époque, donc j'étais à Paris, j'étais à Rony-sous-Bois, j'habitais avec mes parents et ma sœur. Et un jour, mon oncle maternel est passé à la maison et en fait, en rentrant de l'école, ma mère me dit Ah, il y a ton oncle qui t'a laissé des BD dans la chambre. Donc, je lui ai dit Non, je... Je commençais déjà à aimer les bandes dessinées, je lisais pif, il y avait peut-être déjà les premiers Strange, des choses comme ça. Et bon, il y avait aussi, enfin voilà, on avait déjà quelques Tintin ou des choses classiques comme ça, Spirou. Et là, je vois sur mon lit un gros recueil de 50 numéros de pilotes, comme ils faisaient des fois, tu sais, aussi pour Spirou, pour tous les hebdomadaires de BD qui existaient à l'époque. De temps en temps, tout était réuni sur genre, ça représentait peut-être 10 mois d'une année ou même quasiment une année entière. Tous les numéros étaient regroupés en recueil.
Avec une couverture cartonnée, solide.
Grosse couverture exactement cartonnée.
Contrairement aux hebdomadaires.
Voilà, exactement, qui était en souple. Et alors là, gros choc, parce que je m'en souviens, donc c'était sur mon lit. Donc déjà, j'ouvre au hasard le recueil et je tombe. Donc là, j'ai quoi ? J'ai 8 ans devant. Et je tombe sur une femme nue. En position de lotus, un dessin, un très beau dessin, rien de graveleux, une espèce de truc déjà un peu cosmique. Ça, je m'en souviendrai toujours. Donc là, tout de suite, je referme le recueil.
Dérangé par cette vision.
Par la vision, de peur que ma mère ne débarque pour venir m'expliquer ce que... Je crois me souvenir qu'elle me dit, ça va, ça te plaît ? J'ai dit, oui, oui, tout va bien. Voilà. Et après, je réouvre, je crois, le recueil. Et là, je tombe sur cette aventure de Valérian.
Donc, la femme nue ne faisait pas partie de cette aventure-là. C'était un autre dessin.
C'était, voilà, un autre dessin. Alors, comme il y avait plusieurs numéros, mais de toute façon, maintenant... Je connais la série Valérian, je suis sûr que ça n'était pas Valérian. Je n'ai jamais retrouvé ce dessin-là et quel était le dessinateur. Par contre, je me souviens que sur le recueil de Pilote, la couverture principale, c'était une caricature de Valéry Giscard d'Estaing. Je m'en souviens très bien. Un jour, j'aimerais bien retrouver le numéro de Pilote qui correspondait à ça.
Pilote qui était un journal qui s'adressait à la jeunesse, mais pas que. On comprend bien qu'entre une femme nue et une caricature du président de la République de l'époque,
Voilà, disons il y avait...
Officiellement c'est le journal d'Astérix, en plein historique. C'est ça.
Ça c'est un peu le talent de Goscinny, parce que Pilote commence quand même à la fin des années 50, tout début des années 60. Évidemment au début c'est le journal d'Astérix. Grosso modo, c'est vraiment l'antichambre de toute la révolution de la bande dessinée, là pour le coup vraiment française. Même s'il y avait des liens avec les franco-belges. Eux étaient surtout, les écoles belges étaient surtout occupées avec Spirou et Tintin. Pilote a vraiment été l'antichambre qui a récupéré tous les talents français tout au long des années 60. Avec ce point culminant, moi je trouve, des années 70, où en plus des vieux dessinateurs qui étaient là au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. toute une avant-garde qui petit à petit va s'installer avec des gens comme Giro Noebius qui publiait Blubbery avec Charles Parlier, qui était lui aussi un grand scénariste qui était à la tête de multiples séries. Et puis petit à petit, dans le numéro de pilote que je tiens dans les mains, qui doit être vraiment, on a en plus en couverture par exemple Druyer. Et à la fin des années 60, Valérian a été publié tout d'abord dans Pilote. Il y aura aussi même Goscinny, Bretécher, tout le monde est passé par Pilote, grosso modo, pour faire simple.
Oui, surtout que dans les non-classités, les gens qui vont partir après monter leur propre vue.
Exactement. C'est le talent de Goscinny d'avoir eu énormément, non seulement de flair, mais surtout, on va y revenir peut-être dessus avec Valérian, mais c'est que en plus il n'avait pas peur d'aller dans des territoires qui a priori lui en tant que scénariste et je sais si c'était un grand scénariste ne le concernait pas du tout ne se sentait pas même apte à dire qu'est ce qui était bon ou pas bon mais qu'importe il sentait qu'il y avait quelque chose il sentait qu'il y avait du potentiel et il amenait les gens ils disaient venez venez proposer vos planches fin voilà moi je prends vos planches où je prends vos histoires il était quelqu'un qui était ouvert quoi qui malheureusement presque finira par le payer à la fin des années 60 avec une espèce de rébellion de tous les auteurs, grosso modo, que j'ai cités avant, qui se sont un peu rebellés contre le père. Et comme tu dis, après, c'est ce qui a donné à ce moment-là la création de toutes les autres revues qui ont suivi, comme l'Éco des Savannes, Métal hurlant. Et
Fluide Glaciale.
Et Fluide Glaciale après. C'est voilà, alors que tous ces gens-là ont bénéficié de l'intelligence de Goscinny et puis des opportunités qu'il a donné à tout le monde, c'est vrai que les gens se sont sentis quand même à un moment corsetés dans l'esprit pilote, le fait peut-être de ne pas pouvoir révolutionner les choses assez vite, et tous à un moment ou à un autre ont voulu en prendre encore plus de liberté et quitter pilote, et quitter entre guillemets Goscinny. qui quand même un jour a été convoqué officiellement dans un bar par toute une petite tripotée de dessinateurs pour une espèce de procès. On ne va pas dire stalinien, ça c'est quand même une opinion pour Goscinny. Mais enfin, une espèce de réquisitoire très très sévère, que d'ailleurs Goscinny a très très mal vécu à l'époque, et qui fait que... Oui, non, il l'avait très très mal pris, mais bon, ça c'était une autre époque.
Donc toi, tu ouvres, on revient à notre histoire, même si c'est bien de s'éloigner. Toi, tu ouvres une deuxième fois ce magazine, tu tombes sur cet épisode ? Non, non,
sur cet épisode.
C'est pas vrai ? Je le rappelle, il s'appelle Les Terres Truquées.
Sur Les Terres Truquées. À l'époque, effectivement, la série s'appelle encore juste Valérian, même si très vite, on comprend que, même en fait, dès le deuxième épisode, Laureline, et effectivement, ça fait partie des attraits de cette série et l'une de ses révolutions, c'est que Christin et Mézières ont très bien compris, ils ont eu une manière très originale d'aborder la science-fiction, d'aborder le thème du héros. et de l'héroïne et de faire quelque chose qui quasiment annonce tout ce qui se passe aujourd'hui, où effectivement Laureline n'est pas juste une subalterne du soi-disant héros, Valérian n'étant même pas non plus un héros de type classique, et c'est tout le charme de cette série, qui trouve son apogée pour moi justement dans cet épisode particulièrement.
On fait une petite pause avec ça, tu parles du rôle de la femme qui est peut-être en avance par rapport à d'autres... On est en quelle année, là, à peu près ? Là, c'est 1977. Surtout que c'est à une époque où, justement, quand vont arriver des magazines comme Metal Hurlant ou ce genre de choses, on peut constater qu'Antoine Aureli aujourd'hui, qu'ils sont encore sexistes, sous certains aspects.
Totalement.
De manière très évidente, même s'ils se prétendent plus avant-gardistes.
Alors, c'est à la faute, c'est toujours ambigu, c'est pour ça que, bon, c'est toujours difficile quand on n'a pas le temps, si ce n'est pas le sujet principal de se lancer dans ce genre de discussion. Mais c'est vrai que... d'un côté même les revues soi-disant un peu plus moderne vont rester dans une forme de sexisme mais encore plus désinhibé j'ai envie de dire et en même temps c'est quand même aussi dans ces revues là qui aura eu aussi des femmes chantal montelier d'autres qui auront pu le salement voilà c'est une attrice car il exactement il ya quand même des dessinatrices qui arrivent ou ou qui étaient déjà arrivées avant, mais qui vont pouvoir s'exprimer, mais même si elles, elles disent aussi que quand même, la situation n'était quand même pas terrible, terrible. Même si, par exemple, aussi, l'un des spin-off, entre guillemets, de Metal Hurlant, c'était Anana, un magazine fait, grosso modo, entièrement que par des femmes, qui aura une existence très courte. Et voilà. Donc oui, tout ça pour dire que, dans une série de science-fiction qui a tout... qui a certaines apparences classiques. Valérian est une série qui est profondément atypique et qui, pour moi, reste l'un des chefs-d'oeuvre non seulement absolus de la bande dessinée, mais de l'art tout court. Non seulement par les thèmes abordés, mais par le style de Mézières et les scénarios de Christin. Vraiment plein de choses. Mais aussi par rapport à ce couple qui est au centre de toutes les histoires et qui, je trouve... amène des choses vraiment profondément modernes, mais modernes dans le sens où, en fait, ça se réadapte toujours à l'ère du temps dans lequel on va lire ses aventures. Ce qui fait que c'est toujours de la science-fiction. C'est ça que j'aime. C'est que c'est même pas rattrapé par le temps qui passe, quoi, en fait. Je trouve que c'est toujours excessivement moderne et c'est vraiment un vrai appel à l'imaginaire. Et les rapports humains sont vraiment... disons, comment dire, totalement dénudés de tous les mauvais clichés que chacun peut avoir à n'importe quel moment de l'histoire. Donc c'est ça aussi qui est intéressant.
Nous, à la corporation Bendix, pensons que cela arrivera, et avant que trop de demain ne passe. Déjà, nos astronautes tournent dans l'espace à près de 200 milles de hauteur. La prochaine chose que vous savez, un véhicule inhumain va rouvrir la surface de la Terre. Ensuite, un véhicule humain va l'explorer en détail. Après cela, vous serez là, si vous voulez. Les gens de Tomorrow à Bendix aident à faire ces choses possibles. Et plus dans les domaines de la défense nationale, l'aviation, l'espace, l'océanique. Automotive and manufacturing. To search, to discover, to develop. To broaden man's knowledge of the world he lives in and the universe around him. To make reality of imagination. This is Bendix, the Tomorrow People.
Est-ce que tu peux décrire ces deux personnages principaux ? Tu les as déjà évoqués rapidement, mais leur personnalité, peut-être aussi leur identité visuelle, à quoi ils ressemblent, et comment fonctionne leur duo ?
Valérian et Laureline sont deux agents spatio-temporels qui résident principalement à Galax City, une université du futur. En gros, au tout début, Quand la série commence, c'est effectivement des vrais agents spatio-temporels qui sont obligés de se déplacer le long du fil du temps, de la flèche du temps, pour aller réparer des erreurs qui seraient commises par différents... enfin surtout un méchant qui occupe en fait les trois... les deux premiers petits épisodes et l'épisode principal du début, qui a un nom, je suis dehors, genre Zorglub, comme... je sais plus comment il s'appelle, mais... Bon, on verra ça, peut-être plus tard. Enfin, voilà. Au début, c'est vraiment des aventures où les deux personnages voyagent dans le temps. Alors, très important, le premier épisode, il retourne en 1986 et il parle d'un incident nucléaire. Alors qu'effectivement, c'est ce qui va nous arriver avec Tchernobyl. Donc, en gros...
Alors qu'on est plus de 15 ans avant.
Ah ben oui, là, c'est 70. Donc, c'est... Ils sont, oui, 15 ans, voilà, exactement avant. Mais c'est sûr que c'est tout à leur honneur, mais comme dit Christin, c'est le but aussi un petit peu de la science-fiction, de tellement essayer de prévoir de choses que forcément à un moment tu tombes un peu juste. C'est malheureusement pour ça qu'il ne faut pas prendre la science-fiction comme une espèce de délire ou de choses pas réelles. Non, c'est justement ça. C'est des gens qui essayent au contraire de coller à toute forme de réalité mais pas celle que l'on vit tous les jours celle qui pourrait arriver donc c'est en ce sens là que moi je pense qu'il faut prendre la science fiction au sérieux même avec quand même légèreté humour et plein de choses mais que c'est un domaine qu'il ne faut surtout pas abandonner pour absolument non seulement nourrir notre imaginaire mais en fait être totalement conscient de ce qui pourrait nous arriver c'est ça qui est important donc au début surtout des aventures spatio-temporelles, j'ai envie de dire. Mais là où ça devient intéressant, c'est à partir de l'épisode de l'Empire des Mille Planètes, où là, il y a toute une cosmogonie qui se met en place, et où là, Valérian et Laureline agissent beaucoup plus comme des espèces d'ambassadeurs et de défenseurs des multiples races extraterrestres qui peuplent maintenant visiblement l'univers. Et donc... Après la ville de Galaxie City au début, il y a après une espèce de lieu interlope où tous les gens se rencontrent qui s'appelle Point Central et qui est une espèce de gigantesque ambassade dans l'espace où tous les peuples du cosmos sont réunis. A partir de là, les aventures de Valérian et l'Aureline pressent plus un aspect de découverte de mondes différents. peuplades différentes et de races extraterrestres différentes, qui en fait une espèce de catalogue merveilleux où alors là, il y a plein de thématiques qui sont abordées, il y a la lutte des classes dans les oiseaux du maître, ou même dans le pays sans étoiles, l'ambassadeur des ombres, alors là, c'est vraiment un... disons du Shakespeare dans l'espace avec un jeu diplomatique de lutte de pouvoir sur de grandes négociations cosmiques. Pour moi, c'est l'une des plus grandes séries qui, de toute façon, va même influencer, je le dis nettement, tout Star Wars et dans Valérian. Et on le sait, tous les gens qui ont travaillé sur Star Wars avaient des reproductions des planches de Valérian et aussi de Moebius et de Drouillet. Mais au niveau de Star Wars, que ce soit au niveau du look, vous prenez le look du Faucon Millenium de Yann Solo et le Vesto de Valérian et Laureline. C'est quasiment le même. Sans parler de plein de cases, la princesse Leia en bikini sur Jabba le Hutt, le bikini, c'est... Je ne sais plus quelle monture. C'est l'oreline, elle a le même. Et c'est là encore 5, 6 ans, 7 ans avant.
Mais où est-ce que je suis ?
Au palais de Jabba.
Qui êtes-vous ?
Quelqu'un qui vous aime.
Leïa.
Je vais vous sortir de là.
Qu'est-ce que c'est ? Je connais bien,
sire.
Jabba, écoutez Jabba. J'étais justement venu pour vous rembourser. J'ai eu un petit contre-temps. C'est pas ma faute.
Mais c'est vrai que même déjà, avant d'attaquer après, ce qui pour moi fait le sel aussi de la série, qui est surtout effectivement cette relation Valérian-Laureline, Et on n'est pas dupes, on voit très bien qu'effectivement, ils ont un peu écorné le côté héros masculin sur de lui, qui va tout le temps gagner. Et ils vont effectivement le remplacer par autre chose, et ils vont faire de l'Aureline, véritablement, presque la force motrice des histoires. Alors que ce qu'il y a de touchant chez Valérian, c'est que c'est presque un gaffeur. C'est presque, effectivement, il a tous les attraits du héros mâle. qui va tout réussir et tout, alors que non seulement il ne réussit pas tout, mais c'est en ratant des trucs qu'effectivement il va plus ou moins s'en sortir, et c'est tout cette espèce de... On peut dire qu'ils sont amoureux l'un de l'autre, mais ça, après, on ne s'apesantit pas là-dessus, outre mesure, mais il y a cette espèce de petit... Il se chipote en permanence là-dessus, parce qu'effectivement, Valérian sent bien qu'il est un peu... poussé de son piédestal, mais par une Laureline qui ne le fait même pas exprès, et qui est parfois plus brillante que lui, et qui a des meilleures idées au bon moment, et puis qui elle les réussit, alors que ce qu'il y a de touchant chez Valérian, c'est justement ses échecs. Et c'est notamment dans cet épisode-là que je trouve que c'est poussé à son extrême, que c'est vraiment le plus intéressant sur l'éther truqué, ce qui est vraiment un album préféré. Et juste avant d'aborder ça, c'est que quand même, même eux, dans tout leur côté classique de la science-fiction, ils ont vraiment ce côté, ils ont abandonné aussi très vite, ce qui était un petit peu au début, avec là, le méchant, j'ai oublié le nom, un côté gros méchant. C'est au bout déjà du deuxième album de l'Empire des Mille Planètes, il n'y a vraiment plus du tout de notion de mal, de bien, fortement identifié avec ça, c'est le mal à détruire et tout. C'est toujours très très très très subtil, même quand il y a ça dans certains albums comme Le Pays sans Étoiles, où au début, où les oiseaux du maître, où il y a une forme même d'oppression, des formes de dictature dans certains mondes qui sont visités. On découvre toujours au final qu'effectivement il y a une raison à ça et que les choses sont plus complexes et beaucoup plus subtiles. Ce qu'il y a de vraiment bien dans cette série, c'est qu'elle a un côté en fait très humaniste, mais alors polyhumaniste, polymorphe.
Et pas binaire.
Voilà, il n'y a pas effectivement d'empire du mal, de choses comme ça. Il y a un moment sur une planète, il y a effectivement peut-être quelqu'un qui ne fait pas de bonnes choses. Mais justement, rien ne se résout ni par des combats, ni par une guerre, ni par ce genre de choses. C'est vraiment, et là encore, comme de toute façon, ils sont censés être soit à la base des agents spatio-temporels qui sont censés laisser la flèche du temps en bon ordre, c'est-à-dire... agir le moins possible sans faire de dégâts même si on verra que dans le futur après ça sera pas aussi simple que ça même après quand ils ont ce côté ambassadeur là encore ils sont toujours très prudents et d'ailleurs souvent les problèmes naissent par de par des petites choses par des petits détails qui subitement enclenche des événements et des épreuves ou des visions des soucis des problèmes qu'il va falloir qu'il résolve mais qui sont de nature toujours disons voilà qui sont anti anti climax anti anti action pure et dure il ya un album qui par contre presque prend le contrepoint de tout ça mais qui pour moi est justement la démonstration brillante et alors là qui est juste comme il le disait c'était juste avant la guerre des étoiles ou même pendant c'est les héros de l'équinoxe un superbe album ou Quatre champions partout dans l'univers sont sélectionnés pour faire partie d'une grande épreuve, je ne sais plus la finalité, mais une espèce de rencontre cosmique finale avec un être suprême qui doit enfanter. la nouvelle semence de l'univers et tout, enfin bon si ça se fait pas bien, tout va capoter. Alors évidemment, il y a quatre mondes qui envoient chacun un champion. Nous évidemment c'est Valerian, il va être une véritable catastrophe. Mais c'est à hurler de rire tellement c'est très très bon, parce que les autres sont des espèces de caricatures, soit du gros guerrier musclé, soit du hippie qui poste d'une, machin, vraiment c'est... C'est vraiment très très excellent.
Il y a aussi une dimension parodique du coup, le récit de la fiction.
Voilà, c'est-à-dire qu'ils arrivent vraiment à tout mélanger, à tous les niveaux, et là c'est vraiment un pur album d'action, puisqu'évidemment ils vont avoir plein d'épreuves chacun, donc on est vraiment dans le cinéma presque hollywoodien à outrance, et je crois que c'est Mézières qui disait, je ne sais plus si c'était juste... Ils avaient été voir, je crois qu'ils ont été voir Star Wars, ils se sont dit, ah ouais bon... nous ont bien piqué des trucs. Et en même temps, il venait genre, je pense, à peine de commencer à travailler cet album. Et il a dit, bon, là, de toute façon, il va falloir mettre le paquet, parce qu'avec de tels films maintenant au cinéma, on ne va plus pouvoir suivre. Donc, il y avait encore de la marge, parce que... Je pense que, quand même... Mais ils avaient senti le truc, ils avaient bien compris. Bon, c'était un peu... Ils avaient compris que le cinéma hollywoodien, c'était bien inspiré aussi de tout ce que l'Europe avait produit à ce niveau-là, au niveau scientifique, avec les gens comme Drouillet, Moebius et eux. Et c'est là où ils vont développer des histoires sur plusieurs albums, qui vont amener la série vraiment vers un autre univers. Alors qu'effectivement, toute cette première série, c'est à chaque fois des albums qu'on peut presque lire indépendamment les uns des autres, il n'y a vraiment pas de soucis, même si effectivement, dans l'évolution du trait de Mézières ou l'évolution des personnages, c'est vrai que c'est peut-être un peu mieux de le lire un peu dans l'ordre, puisque à force, le palamceste des choses que vivent Valérian et Laureline, finit par, en soi, en tant que lecteur, on leur crée une relation très spécifique.
C'est quelque chose qui est latent, qui est là tout le temps, mais de laquelle on peut projeter, fantasmer, etc.
Exactement. Mais en même temps, on le sent bien, parce qu'effectivement, au début, ça a à voir avec le trait. Au début, quand Mézières dessine, il a encore, comme il disait, des vieux tics un peu de dessin communique. Comme il dit, je suis encore un peu trop gros nez. Et petit à petit, il va vers une forme de trait semi-réaliste, quand même. Voilà, on n'est pas vraiment dans le réalisme. Après, ça se discute, mais lui, il appelle plutôt ça du style semi-réaliste. Mais qui fait que moi, je trouve qu'il a une patte unique. Alors, beaucoup de noir, parce que moi, je trouve que l'ancrage, c'est l'une des choses, même si on peut faire d'albums sans ancrage. Là, c'est vrai que pour moi, on est dans la quintessence de la production BD française. C'est-à-dire, il y a des crayonnés, il y a de l'ancrage. Après, les couleurs sont faites sur des calques. Et tout ça aussi est une production.
Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Disons, je crois que c'était sa sœur qui a refait toutes les couleurs des albums.
Tu veux dire qu'il y a un travail collaboratif et un peu... Et puis, en technique,
il y a toute une industrie derrière. Il faut bien comprendre ça, que même si la bande dessinée reste quand même un domaine merveilleux, il y a... assez proche entre guillemets dans les outils, enfin la simplicité des outils de la littérature, on n'a pas besoin de grand chose. Voilà. Cet épisode commence d'une manière très bizarre pour une série de science-fiction, c'est que les premières planches en plus ont l'air de décrire des choses très historiques. On voit l'armée anglaise à l'époque de la conquête, enfin voilà, toutes les choses autour de l'Inde, la compagnie des Indes, etc. Donc on a plutôt l'impression de tomber dans une bande dessinée historique.
Historique et d'aventure, plus que dans la science-fiction.
Exactement. Dis donc rapidement, c'est vrai qu'au début on est assez surpris, on a l'impression d'être dans une aventure historique. Alors moi la première fois que je dis ça, peut-être que je ne comprends pas encore ce que c'est que Valérian, donc je me laisse bercer, il y a très peu de dialogue, il n'y a que des images, c'est un assaut... d'une citadelle indienne par les troupes anglaises de l'époque. C'est vraiment du dessin, j'ai envie de dire, un petit peu classique, mais avec la touche de mésière sur laquelle peut-être je reviendrai plus tard. Des très belles couleurs, mais tout est très classique. On se croirait vraiment dans une ambiance même de film hollywoodien. Au bout de la troisième planche, on découvre dans les troupes anglaises, on comprend bien que c'est le personnage qu'on voit en couverture, mais qui était certainement aussi, ça je m'en souviens, en médaillon, en haut du début de la série, quand on feuilletait une revue, il devait y avoir soit un résumé, soit la présentation du nouvel épisode, et on voit que l'un des soldats anglais a la tête de Valérian. Et donc ils sont en train d'envahir cette citadelle, ça se bat un petit peu partout. À la planche 4, c'est là où les choses commencent à être bizarres, ça commence un petit peu à parler. Et pour faire vite, tout en bas de la planche 4, le fameux Valérian sort carrément un pistolet laser. Et là on se dit, effectivement, les choses n'ont pas l'air d'être ce qu'elles sont.
Oui, sur la dernière case de la page de gauche en bas, on voit... Clairement, une arme laser, une arme du futur. Voilà. Et un impact aussi avec un halo de lumière un peu étrange, coloré de rose.
Et là, à partir de là, on passe à la planche 5. Et là, on voit l'un des personnages qui est censé être un Indien accroupi au sol, en train de faire une espèce de prière et qui dit un truc un peu bizarre. Le programme non respecté. Donc on comprend qu'il y a vraiment quelque chose de bizarre qui se passe. On passe, il y a un tigre qui essaye de bouffer Valérian, pareil, il ressort son pistolet laser et il s'en débarrasse. Là, on se dit que vraiment, on est en train d'être témoin de quelque chose de très très très particulier.
Ce qu'il y a d'assez classique aussi, c'est l'utilisation des onomatopées peut-être. Oui, on a des onomatopées. En gros caractère, tu vois, c'est un peu imposant dans les cases. C'est là qu'on apprend que les pistolets de laser font chlof. comme là.
Et on en est maintenant, je crois, à la planche 6. Et là, effectivement, on voit que même les gens qui habitent ce temple, cette citadelle indienne, ont l'air de communiquer avec des terminaux futuristes. Donc là, on se dit que vraiment, il y a quelque chose qui...
n'est absolument plus du tout historique là dedans mais qu'on a l'air d'être vraiment dans de la science fiction j'essaie de résumer un peu vieux oui on va pas faire tout voilà de l'album filier ce qui est intéressant je trouve que c'est que c'est progressif effectivement dans les premières planches aucun indice de ça puis à cette arme qui apparaît et puis là dans une page sur laquelle tu es on voit dissimulé dans un élément de décor qui fait de son époque effectivement ce terminal dont tu parles.
Voilà, et on voit que les personnages tiennent des discours qui sont là aussi totalement futuristes, modifications, programmes urgentes, je répète, modifications urgentes, causes, menaces extérieures. Voilà, on voit Valérian qui progresse un peu vers quelque chose qu'il a l'air de chercher et qui finalement trouve, c'est ce fameux terminal. Lui-même, le Valérian, qui était depuis le début déguisé comme un soldat de l'armée britannique, sort une espèce de... de disons d'outils futuristes aussi et là il appelle Laureline et il a l'air de vouloir récupérer des coordonnées précises on sent qu'il y a un dialogue qui s'instaure, enfin tout ça pour amener à la dernière case de la planche 7 où Valérian visiblement a réussi sa mission, il doit maintenant s'échapper et là quand il ressort on a l'impression que tous les autres personnages restants qui sont dehors dans la citadelle mais à la fois même les soldats anglais et quelques indiens, tout le monde le met en joue, et là, horreur, tout le monde lui tire dessus, et on voit le personnage principal de la série se prendre 18 impacts de balles, on voit du sang, et donc, ben voilà, c'est fini, quoi.
On voit effectivement du sang qui gicle, ce qui va encore dans l'hypothèse qu'on disait tout à l'heure, que Pilote, c'est quand même un journal qui s'adresse plutôt à un public plus averti. À l'époque, dans les publications pour la jeunesse, On ne voit pas de sang.
Non, mais là, on le voit bien. En tout cas, moi, je me souviens déjà que là, pour moi, c'était comme une espèce de révélation parce que vu qu'à côté, j'étais dans Pif Gadget, même s'il y a eu aussi des choses un petit peu plus modernes, c'est vrai subitement d'être pris par cette histoire, de voir que déjà, il y a deux climats différents, quelque chose de très historique qui commence à devenir de la science-fiction et un personnage auquel on commence à s'attacher puisque c'est avec lui qu'on va au cœur de l'action et voir qu'à la planche 7, visiblement il ne va pas s'en sortir, ça a un côté aussi là encore qui était totalement surprenant, et moi j'étais là, j'étais en plein délire intellectuel. Mais voilà, c'est vrai qu'en plus la beauté de la chose c'est que la planche suivante, on voit donc le personnage de Valérian qui tombe de la muraille de la citadelle, il tombe à la renverse, Il tombe dans cette espèce de bassin qui entoure la citadelle, la tête en sang, enfin il y a du sang qui sort de son corps de partout. Et en fait dans une même case, toute en longueur, qui prend toute la longueur de la planche, on voit trois représentations de Valérien qui passent du milieu aquatique et historique, j'ai envie de dire, de la citadelle indienne. à son corps qui flotte dans un entre-deux et qui finit en fait par flotter carrément dans l'espace. Alors déjà visuellement c'est juste superbe, bon là il faudra quand même revenir sur le trait de Mézières parce que je pense que ça n'est pas étranger au fait que j'ai aussi été après, disons sensibilisé, comme j'aimais beaucoup dessiner, c'est quand même des choses qui m'ont énormément marqué. Mais donc là, il y a pour moi une espèce de synthèse totale du talent et du scénariste et du dessinateur, et qui nous donne une case qui est l'amorce d'une nouvelle planche, mais qui est la fin aussi d'une séquence, et qui laisse énormément de questions, qui est la mort du personnage visiblement principal de la série, et en même temps une espèce de voyage de son corps dans plein de lieux différents. Et là... à ce stade-là, on n'arrive pas encore à mettre les choses en relation, et on n'arrive pas à comprendre, et c'est ça qui est extraordinaire, et qui est bien, c'est d'être perturbé, de ne pas comprendre, et de sentir que tout le reste de l'histoire, tout le reste de l'album, va nous amener, disons, plein de réponses, mais en tout cas plein de choses, plein d'émotions. on a effectivement comme tu disais différents climats on voit très bien qu'on passe d'un climat qui au début nous apparaît comme quasi historique un climat et cauchemardesque et de science fiction puisqu'on a vu et puis très vite il ya un vaisseau qui apparaît sur fond de l'espace, donc là on a bien compris qu'on était vraiment dans de la science-fiction, mais en plus là on n'a pas eu le temps de détailler mais au niveau des dialogues,
il y a aussi des interventions un peu humoristiques donc c'est vrai que subitement ça c'est une donnée qu'on n'avait pas évoquée encore en plus de ces plusieurs registres de narration et tout ça il y a un ton humoristique aussi qui arrive.
Exactement, il y a un humour, alors là qui n'est que amené par le personnage de Valérian... qui a une espèce, disons, de désinvolture. On a bien compris maintenant que ça y est, il est en train d'effectuer une mission et que, effectivement, tout a l'air factice autour de lui. Mais il a quelques réparties qui font qu'on a aussi une espèce d'humour très léger. Ce n'est vraiment pas des gros gags. C'était un petit peu plus prononcé dans les premiers numéros. Mais qui fait que ça aussi, c'est quand même... Un élément important de la série, c'est qu'elle arrive à ménager plusieurs niveaux d'expression. Il y a un côté imaginaire merveilleux, un côté science-fictionnesque qui va aborder des thèmes très sérieux, mais en même temps, il y a de l'humour. mais vraiment un bon humour, notamment entre Valérian et Loraline, qui sont un peu des adeptes de s'envoyer un peu des vannes... De joutes verbales. De joutes verbales, exactement, qui sont assez humoristiques. Alors là, ça va être remplacé par d'autres joutes verbales, mais là aussi, c'est encore un élément qui est très important dans cette série, c'est qu'elle a quand même un fond d'humour qui fait que... Il y a une espèce de distance qui, je trouve, est très juste, qui aide le spectateur, le lecteur, vraiment à se mettre au bon niveau par rapport à ça.
Je suis moins calé que toi, mais il me semble, quand on connaît un petit peu le travail que fait le scénariste à côté, que ce n'est pas son registre le plus connu. L'humour, ce n'est pas sa spécialité. Enfin, celui qui a travaillé avec Bilal, ou les BD qu'il a fait avec Bilal, les albums qu'il a fait avec Bilal, ne sont pas forcément molles.
Tout à fait. Par contre, c'est un élément qu'il avait effectivement avec Mézières, qui est le dessinateur avec qui il travaille, et qui est vraiment l'un des premiers avec qui il a travaillé. Ils ont tous les deux été, je ne sais pas ce qu'explique leur humour, mais ils se sont connus aussi, ils ont tous les deux été aux États-Unis. au moment où encore ce pays fascinait encore beaucoup d'européens ils ont pas mal travaillé là-bas avant de revenir en france et de vraiment s'installer dans le milieu de la BD mais au début ils ont commencé par par des histoires comiques
Juste une petite question rapide, toi quand tu le découvres la première fois dans Pilot, tu oublies toute l'aventure ? Sur le recueil, il y a toute l'aventure ?
Oui, je crois bien parce que, enfin c'est maintenant le souvenir que j'en ai. Ce qui fait que, bon, sous mon nom, on peut aussi se servir de l'histoire pour essayer d'aborder un petit peu le style. Et donc, on comprend qu'en fait, effectivement, le Valérian qui est mort n'est pas le vrai Valérian. On va très vite comprendre que, en fait, les missions vont se multiplier. Après, les Indes coloniales, il va carrément dans le Londres, alors d'une autre époque. Bon, ça reste encore lié à l'Angleterre.
C'est-à-dire victorien,
haut de forme. Chapeau haute forme qui est comme sur la couverture. Et là encore une espèce de Valérian débarque et essaye de choper, là encore on retrouve le dispositif électronique futuriste alors qu'il a l'air de rentrer dans une espèce de club londonien à la Phileas Fogg ou un peu comme ça. Et encore une fois il doit choper des coordonnées et au moment où il chope les coordonnées tout a l'air de déraper et encore une fois tout le monde veut le tuer et encore une fois, boum, en fin de planche. Un deuxième Valérien meurt et à chaque fois pendant ce temps il y a effectivement le vaisseau de Valérien et d'Aureline qu'on a reconnu qui a l'air de flotter quelque part en orbite. Et on voit l'Aureline qui crie à chaque fois et on va très vite comprendre après le troisième épisode que donc à chaque fois ce n'est pas le vrai Valérien qui meurt. Elle évidemment, l'Aureline voyant ça à chaque fois a quand même la sensation que c'est l'homme qu'elle aime quand même un petit peu qui lui passe. Elle est assistée cette fois par quelqu'un qu'on n'a jamais vu par ailleurs, une autre femme, qui a l'air beaucoup plus froide et qui a l'air un peu d'être la chef de cette mission.
Qui ressemble un petit peu, alors pas dans sa tenue vestimentaire, mais dans sa coiffure et tout ça, à des espèces de pin-up, je trouve un petit peu... l'infirmière ou la... tu vois, qui est un peu stylisée.
Elle a un petit côté comme ça avec ses cheveux.
Ses grandes lunettes.
Et alors surtout ses grandes lunettes, voilà, donc elle fait à la fois très sérieuse, alors que le Rollin, bon, a un côté... comment dire... qui ne va pas du tout avec son caractère, mais au niveau graphisme, c'est vrai qu'elle a une taille de guêpe, elle fait un petit peu presque midi nette comme ça, elle a les cheveux rouges. Bon là on ne le voit pas trop parce qu'à chaque fois elle est dans les vaisseaux, alors il y a des espèces d'éclairages un peu surréalistes qui font qu'on n'est pas du tout dans une lumière naturelle. Mais là effectivement on comprend très vite que l'autre c'est la chef de la mission, l'Aureline est à ses ordres, et visiblement tout le monde a l'air de se servir de Valérian pour essayer de remplir cette mission qui a l'air à chaque fois très périlleuse. Le troisième monde visité étant carrément le Far West cette fois. Alors là où c'est drôle, c'est qu'évidemment, en plein milieu du Far West, subitement, au détour d'une case, on a une grosse moto qui arrive, et là, le personnage, le troisième Valérian qu'on voit de l'histoire, dit mais j'ai l'impression que, oui, ça se détraque, gros anachronisme ce machin à mon avis
Oui, il y a une espèce de harlet qui débarque le Far West. Voilà,
et là on sent qu'effectivement, on avait compris que déjà, on était dans quelque chose de factif à un certain niveau, mais que ça a l'air de s'amplifier. Alors bon, pour faire rapide... là aussi au bout de la troisième aventure, on voit qu'en fait, chaque fois qu'un monde est exploré, il s'agit juste en fait d'une espèce de toute petite île qui flotte dans l'espace, où semble être reconstruite à chaque fois une période de la planète Terre, une période de l'histoire de la planète Terre, mais reproduite sur une très petite surface. Et donc effectivement, toute la mission semble... oblige donc tout l'équipage, les deux femmes et puis ce Valérian qui a l'air de se reproduire à l'infini, d'aller visiter ces différents petits îlots artificiels pour aller récupérer des coordonnées qui semblent les rapprocher de plus en plus d'une espèce d'entité ou de personnage qu'on n'a pas encore complètement identifié. après la voilà ce qui est génial dans cet album c'est que on a compris que on a des bouts de la france du début du 20e siècle l'inde l'époque victorienne le cosmos Le trait de Mézières s'éclate complètement dans toutes ces ambiances. Et puis au fur et à mesure, et là on va arrêter de divulgacher, mais on arrive à des espèces de planches complètement dingues. Des grandes planches même qui sont une case géante.
Oui, il y a une planche avec une case qui occupe toute la planche. Voilà, il y a des découpages assez variés quand même.
Oui, c'est vraiment là aussi...... la bande dessinée française montre que même au niveau des cadres, des cases, de la composition des planches, tout devient possible.
Moi ce qui me frappe le plus quand tu feuillettes les pages comme ça, c'est le travail sur les lumières, sur les éclairages, il y a vraiment des atmosphères différentes selon les lieux où on se trouve, il y a un gros boulot de ce côté-là, il y a les couleurs mais il y a vraiment un principe d'éclairage qui est assez fort. Alors...
De toute façon, c'est vraiment les deux, parce que sur une case comme ça, où on est à l'intérieur du vaisseau, c'est-à-dire qu'effectivement, il y a à la fois des éclairages qui sont toujours très marqués, parce qu'effectivement, ça dramatise la situation, alors qu'il se passe peu de choses dans cette case. On voit les deux personnages de femmes qui sont en train de regarder quelque chose à l'extérieur dans l'espace et qui a l'air de vraiment les impressionner. Mais ce qu'il y a de génial, voilà, c'est que sur une case toute simple, où on fait deux visages de femmes avec quelques boutons derrière, une espèce de dispositif électronique, il arrive. à créer de la tension, il arrive à créer presque, pas du mouvement, parce que là il n'y a pas de mouvement, mais effectivement, par l'éclairage latéral qui fait qu'il y a des ombres très marquées, et par les couleurs qui ne sont absolument pas traitées d'un mode réaliste, toutes les peaux des femmes sont quasiment marron, alors qu'entre guillemets ce sont des femmes blanches, leurs cheveux sont violets, voilà. Il y a vraiment, tout est mis en place, et dans le texte de l'une des bulles, on a vraiment des grosses lettres qui ont même été coloriées en rouge. Donc voilà, voilà une case toute simple, toute bête, où a priori il se passe pas grand chose, et je pense que même si on la sort, on est tout de suite happé par ça. On se dit mais qu'est-ce qu'elles sont en train de regarder ? Et y'a même pas besoin qu'elles décrivent trop, elles disent deux, trois choses, et c'est juste qu'elles ont l'air impressionnées, et y'en a une qui continue à être un peu vilaine avec Laureline, et à lui dire avancez jeune fille, avancez, c'est un ordre. mais tout de suite, on est capté. Et effectivement, derrière, ça défile.
Cette case que tu décris, qui est totalement panoramique, puisque la page est découpée en cinq cases panoramiques, c'est-à-dire qui courent de gauche à droite, cette case-là, on pourrait très bien, alors qu'il y a juste deux femmes qui ont l'air inquiètes et une qui donne un ordre à l'autre, elle pourrait très bien servir de teaser. C'est-à-dire qu'on pourrait la sortir et dire, voilà, le prochain album des aventures de Palérian.
C'est exactement ça. Alors qu'en plus, en soi, dedans, dans la case, il se passe pas grand chose. Pas grand chose. Mais voilà, là on progresse encore dans l'album. Ça va encore plus loin dans le délire graphique, l'apothéose étant... Enfin, la chef de la mission qui n'était pas très gentille rencontre la personne qu'ils étaient... Enfin, la personne... Je vous en dis pas plus.
Ne spoilons pas,
totalement. La personne qu'ils étaient censés rencontrer, elle finit par le rencontrer. On comprend plein de choses. Mais l'apothéose étant... que le vaisseau de Valérian et Laureline, j'essaie de les mettre ensemble, c'est un épisode de la Première Guerre mondiale. Et là, il y a des images silencieuses sur quasiment un charmier de la Première Guerre mondiale, qui en fait l'une des scènes les plus émouvantes que je connaisse. Rien que le réveil de Laureline dans le vaisseau abandonné, là, graphiquement, c'est le top.
Un jour, vous verrez l'océan autour de vous dans un incroyable aquacopter. Et la voiture familiale est en train de faire de grandes changements aussi. Imaginez juste taper le bord de la plage pour stopper et aller. Ou le conduire avec le bouton de pression électronique. Les gens de Bendix de demain sont en train de faire ces choses possible. Et plus dans les zones de défense nationale, l'aviation, l'espace, l'océanique, l'automotive et la fabrication. Pour chercher, pour découvrir, pour développer. Pour éliminer toutes les frontières de l'espace et de la pensée.
C'est Bendix,
les gens du demain.
Si la série est aussi populaire aujourd'hui auprès des jeunes, je veux dire. Les nostalgiques se rachètent les albums, c'est un phénomène assez connu. Mais tu sais si... Parce que tu en as discuté avec des gens jeunes ou parce que tu en as entendu parler ?
Je ne sais pas si j'ai réellement la réponse à ça. Je pense qu'il ne faut quand même pas se leurrer. Les jeunes aujourd'hui le connaissent moins. Par contre, il y a une anecdote très touchante de Christin. Il s'en était rendu compte lui, c'était au milieu des années 2000, où il était invité à une séance dédicace dans une espèce de salon, et il y avait un jeune dessinateur à côté, et présentation faite, machin, il dit mais Valérian, c'est quoi ? Voilà, et là il a dit j'ai eu un petit passe-mort que ça
Alors, autrement, est-ce que tu penses que c'est daté ? Est-ce que tu penses, toi, que ça pourrait parler, ou que c'est une science-fiction qui a été un peu rattrapée ? On t'a un peu répondu à cette question tout à l'heure, mais...
Moi, non, je pense que oui, je pense que c'est toujours d'actualité. C'est effectivement, comme tu disais, rattrapé, parce que c'est dans le sens où l'écume a été récupérée par notamment les studios hollywoodiens et l'équipe à Georges Lucas, et qu'effectivement, ce sont des choses qui, après, sont principalement passées par le cinéma, et donc ont touché énormément de gens. et effectivement certainement aussi même au milieu des japonais, des animés et tout, même si eux ils ont leur propre source et leur propre histoire et tout ça. Mais je pense que, moi c'est ça que j'aimerais, c'est effectivement, j'aimerais que les jeunes puissent lire Valérian, parce que je suis sûr qu'ils trouveraient ça génial, parce que je trouve que, comme on disait au début, que ce soit par la manière d'aborder la science-fiction, que ce soit par la manière d'aborder les personnages, et notamment ce... couple masculin-féminin et toutes les inventions qu'il y a dedans, pour moi, ça fait quelque chose qui est encore toujours moderne. Je pense que l'enjeu principal, c'est que quand nous, c'était un peu notre génération, enfin tous ceux qui sont nés en années 60, 70 ou encore 80, on commence à brasser beaucoup de monde, mais je pense qu'on avait encore un imaginaire qui était très fortement orienté vers l'année 2000. On avait tous, quelque part, tout le monde avait une espèce de définition de l'année 2000. C'était une espèce de tampon, là, qu'on savait qu'on allait, qu'on fonçait vers là.
C'était l'horizon de la science-fiction.
Voilà, de la science-fiction, et puis même, quelque part, un peu de notre quotidien. Enfin, tout le temps, il n'y a pas longtemps, j'entendais, de toute façon, c'était quelqu'un qui le disait mieux que moi, mais... Oui, c'était Étienne Klein, le physicien, le vulgarisateur. Il disait même, c'était documenté. L'année 2000 était documentée. On nous disait comment on allait voler dans les voitures volantes, comment on allait manger, comment on allait... Il y avait un imaginaire créé pour ça. Et même si on savait qu'on allait dépasser l'an 2000. Même si plus on s'est rapprochés, on s'est inventé un bug de l'an 2000 qui n'est jamais arrivé. Et effectivement, aujourd'hui, peut-être ce qui manque, c'est qu'on se rend compte que s'il y a un truc devant, par contre, c'est catastrophique. Ou il n'y a rien. Et c'est pour ça que je trouve que cette série est toujours d'actualité, et que j'aimerais que les jeunes la lisent, c'est que je trouve qu'elle donne à chacun matière à rêver, mais même pour un futur qu'on n'atteindra peut-être jamais, mais qu'on peut en nourrir notre présent. Parce que là-dedans, les termes de sexualité, de politique, d'être esclave ou pas esclave, de se libérer, qu'est-ce qui est faux, qu'est-ce qui est vrai ? Enfin, tout est déjà traité là-dedans et traité d'une telle manière que ça n'est pas encore épuisé par la réalité. C'est ça qui est génial. J'admire le travail qu'ils ont fait. Moi, cet album, il est clair que j'ai lu plein, plein, plein d'albums de bande dessinée. Vraiment, j'ai lu de tous les genres et tout. Mais celui-là, il est évident qu'il a une saveur particulière. Même 40 ans après, je peux le relire. Là, je commençais presque à le relire.
C'était la question que j'allais te poser. Est-ce que ce sont des albums, et celui-là en particulier, que tu relis ?
Oui, oui. Après, maintenant, je ne le relis pas tous les ans. Et cet album-là, j'ai dû le lire au moins 7 fois, 10 fois.
Est-ce que tu le relis par nostalgie ou est-ce que tu le relis parce que tu y trouves des choses à chaque fois ? Est-ce que tu as un regard différent aujourd'hui dessus ?
Par rapport à la bande dessinée, je dirais que... Il y a un peu tout ça, mais comme je dessine aussi à côté, c'est vrai que des fois, je ne relis pas certains albums. Justement, je savoure juste l'aspect graphique. Je prends tout ça, quoi. Je prends tout ça et ça va me nourrir après pour mon travail. Donc, que ce soit en lisant à la fois l'histoire et en savourant les dessins. Parce que c'est ça, c'est que quand tu... Je pense que quand tu dessines en plus après, même inconsciemment, tu regardes comment le dessinateur fait. Mais pas forcément, même si on connaît les trucs et les techniques, mais vraiment de voir... En fait, dessiner, c'est trouver des solutions graphiques. C'est pour ça que tout le monde peut dessiner, parce qu'en fait, il ne faut pas s'apesantir tellement au début sur le trait en lui-même. Ça, il faut travailler, il faut s'entraîner, il faut faire plein de choses. Mais c'est déjà qu'est-ce que tu veux dessiner, et donc comment tu vas le dessiner. Il faut que tu trouves une solution à ça. Voilà,
c'est tout. Réalisé par Yann Jouvert. La musique du générique est signée Off Avec des intermèdes musicaux de Raymond Scott, un extrait du film Le retour du Jedi de Richard Martin, des ambiances sonores extraites des œuvres de Hank Biddings,
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