Speaker #1Bienvenue dans Ligne de code, un podcast court, jamais plus de 5 minutes, pour remonter le fil d'un moment tech. Nous sommes en 1999, l'Amérique vibre au son de Baby One More Time de Britney Spears. Matrix révolutionne le cinéma et la peur du bug de l'an 2000 hante les esprits. Le monde se tient à la croisée de deux millénaires à l'aube du nouvel ère. Dans les bureaux du siège de Nike, à Beaverton, Oregon, une réunion cruciale vient de commencer. Autour d'une table en chaîne massive, des cadres en costume s'agitent nerveusement devant des graphiques et des projections financières. Au bout de la table, un homme de 61 ans, cheveux grisonnants et regards perçants, écoute attentivement son nom. Phil Knight. Pour comprendre l'importance de ce moment, revenons quelques décennies en arrière. En 1964, un jeune diplômé passionné d'athlétisme et son coach fonde Blue Ribbon Sport avec seulement 1200 dollars en poche. Ancien coureur de l'université d'Oregon, il vend des chaussures japonaises depuis le coffre de sa Primus Valiant verte lors des compétitions d'athlétisme. L'inspiration lui est venue d'un voyage autour du monde qu'il a fait très jeune et qu'il raconte notamment dans son autobiographie. dont le titre est « L'art de la victoire » . De ses humbles débuts va naître Nike, nommé d'après la déesse grecque de la victoire. Une entreprise bâtie sur la sueur, l'innovation et une obsession pour la performance sportive qu'il a héritée de son entraîneur. Et si vous lisez le livre, vous comprendrez pourquoi. En 1999, Nike est déjà un empire mondial. Ses chaussures foulent les pistes d'athlétisme, les cours de tennis et des terrains de basket. Le swoosh est devenu l'un des logos les plus reconnaissables de la planète. Il représente une virgule stylisée qui symbolise le mouvement, la vitesse et la dynamique. Mais revenons à cette réunion. Le fondateur s'apprête à prendre une décision qui pourrait remettre en question tout le modèle commercial qui a fait son succès. Un cadre prend la parole. Phil, les données sont claires. Investir autant dans une plateforme web risque de cannibaliser nos ventes en magasin. Nos partenaires... Des taillants sont déjà nerveux, ils ne vont pas le supporter, c'est trop tôt, trop risqué. Philip Knight, d'une voix calme et déterminée, « Internet n'est pas une mode passagère, c'est l'avenir du commerce de détails. » Un silence pesant envahit la salle. Cette simple phrase prononcée avec la conviction tranquille qui caractérise le fondateur marque un tournant dans l'histoire de Nike. À une époque où moins de 5% des Américains ont déjà effectué un achat en ligne, où les connexions Internet se font encore au-delà de la ligne. Au son strident des modems 56K, Knight voit plus loin que la plupart de ses contemporains. Il faut se replacer dans le contexte. En 1999, Amazon ne vend encore que des livres et des CD. Google vient à peine de sortir de son garage. Facebook, Twitter, YouTube n'existent pas. Les smartphones sont un concept de science-fiction. Et pourtant, Knight, né en 1938, Ayant grandi sans ordinateur ni télévision, perçois que la révolution digitale va transformer radicalement notre façon d'acheter. Contre l'avis de nombreux experts, Knight donne son feu vert. Nike.com devient une priorité stratégique. Mais ce n'est pas tout, il pousse également pour une innovation encore plus audacieuse, Nike ID. Imaginez en 99 permettre aux consommateurs de personnaliser leurs propres chaussures en ligne, de choisir couleur, matériaux et même d'ajouter leur nom. C'est un concept révolutionnaire qui défie la logique de production de masse de l'époque. Un témoin de ces réunions raconte que lorsqu'un directeur financier a soulevé les coûts prohibitifs et la complexité logistique d'un tel système, le fondateur de Nike aurait simplement répondu « Si nous ne le faisons pas, quelqu'un d'autre le fera » . Aujourd'hui, plus de 20 ans après cette décision cruciale, la vision de Knight s'est pleinement réalisée. Ce qui était autrefois considéré comme un pari risqué est devenu le cœur de la stratégie Consumer Direct. accélération de Nike. En 2024, les ventes directes aux consommateurs représentaient plus de 40% du chiffre total de Nike, avec une croissance fulgurante du digital. L'une de leurs applications a transformé la façon dont les sneakerheads du monde entier chassent les éditions limitées. Les expériences en réalité augmentée permettent d'essayer virtuellement des chaussures. Nike Training Club offre des séances d'entraînement personnalisées à des millions d'utilisateurs. Et tout cela sur son smartphone. Dans un monde où les géants du retail traditionnel ont disparu les uns après les autres, incapables de s'adapter à la révolution digitale, Nike a non seulement survécu mais prospéré. Cette réussite trouve ses racines dans cette réunion de 99 quand un entrepreneur s'exagénère à suivre au-delà des conventions de son époque. Les lignes de code bougent et avec elles, les lignes de pouvoir.