- Speaker #0
Ici Ligne des désirs, je suis Romane et avec ce podcast, je souhaite faire entendre les voix de celles qui ont préféré écouter leurs désirs plutôt que des normes fixées par d'autres. Celles qui ont remplacé les parce que c'est comme ça et Il le faut, pardez, et moi, de quoi ai-je réellement envie ? Emprunter ces lignes de désir, c'est souvent avancer dans l'obscurité, sans repère clair. Et ce podcast se veut être une lanterne dans cette obscurité, éclairant ces chemins de traverse, ces lignes de désir qui défilent énormes. J'éclaire les lignes de désir tout en ayant conscience qu'il ne suffit pas de les éclairer, mais également de les défricher pour les rendre agréables et sûres à emprunter par tous. Juste aussi. je pense qu'il est important de préciser que l'existence de ce balado est située. Je suis une femme cisgenre, blanche, valide, jeune, éduquée. Cet épisode a été pensé, monté et diffusé depuis ce point de vue, mon point de vue. Également, de par mon positionnement, j'ai des biais. Il se peut que je fasse des erreurs et que sans le vouloir, je reproduise certains systèmes d'oppression. Si c'est le cas, je vous invite vivement à m'en faire part, afin que je puisse corriger mes erreurs et faire en sorte qu'elles ne se reproduisent pas. Mes privilèges m'offrent l'accès à une tribune, tribune que je souhaite offrir le plus possible à celles qui n'en ont pas ou peu. L'invité d'aujourd'hui est Aline Laurent Maillard. J'ai découvert le travail d'Aline en dévorant, post-romantique, comment moins de romance pourrait sauver l'amour et la société. Son dernier livre parut début 2024 aux éditions J.C. Lattès. Elle y questionne la naissance du mythe de l'amour romantique, l'injonction à être en couple amoureux, et propose d'autres façons de s'épanouir. J'ai refermé ce livre, attrapé mon téléphone et contacté Aline pour lui dire que je devais absolument la rencontrer. Quelques messages plus tard, me voilà chez elle. Sauf qu'au moment de mon arrivée, Aline venait tout juste de se planter une écharpe dans le pied. Du coup, nous avons enregistré cet épisode avec elle, pieds dans une bassine, et c'est pourquoi vous risquez d'entendre quelques poc-pocs tout au long de la conversation. Ce sont les bruits de ces tentatives de sauvetage podologique en direct. Bonne écoute ! Bonjour Aline !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Est-ce que pour commencer, tu pourrais te présenter de la manière dont tu le souhaites, s'il te plaît ?
- Speaker #1
La première question est déjà compliquée ! Je m'appelle Aline Leroy-Meyer, je suis journaliste et autrice de podcasts et de livres. Et je m'identifie comme étant non-binaire, asexuelle, aromantique. et parent d'un enfant de bientôt 3 ans.
- Speaker #0
Ok, merci. Donc, tu t'identifies comme asexuelle, aromantique. Est-ce que dans un premier temps, tu pourrais définir ces deux termes, s'il te plaît ?
- Speaker #1
Oui. Asexuelle, c'est le fait de ressentir peu ou pas d'attraction sexuelle. Et aromantique, c'est le fait de ressentir peu ou pas d'attraction romantique.
- Speaker #0
Du coup, j'ai découvert ton travail d'abord sur ton compte Instagram, puis via tes podcasts aussi. Et via ton dernier ouvrage, paru début 2024, aux éditions J.C.Lattès, qui s'appelle Poste Romantique. En introduction de Poste Romantique, tu écris Et puis j'ai compris que j'étais asexuelle et aromantique, c'est-à-dire que je ne ressens ni l'attraction sexuelle ni l'attraction romantique, et mon sentiment d'échec et ma honte se sont enfin envolés. Donc j'aimerais qu'on revienne sur, avant que tu comprennes que tu es asexuelle et aromantique, quel était ton rapport à l'amour et à la sexualité ?
- Speaker #1
Je dirais que pour moi, je voyais l'amour romantique et la sexualité comme étant des choses évidentes et normales, des vérites de passage en fait. Je voyais bien que tant qu'on n'avait pas couché avec quelqu'un, tant qu'on n'avait pas été amoureuse, la société nous considérait comme des enfants en fait. Je veux dire, ce n'est pas une impression, c'était littéralement ce que les gens tout autour me disaient, c'est ce que la culture me disait avec des films. Moi, je suis génération American Pie, donc c'était vraiment très, très, très dit de façon très évidente. Et c'était en même temps quelque chose où j'étais persuadée. Pour l'amour romantique, je me disais que ça m'arriverait, qu'il n'y avait pas de raison, que j'aurais probablement une histoire romantique particulièrement incroyable et passionnelle, hyper rare, pour compenser pour juste le manque. complet d'attirance romantique que je ressentais. Pour le sexe, je crois que je ne me disais pas grand-chose. Je me disais juste qu'il faudrait y passer. Je pense que vraiment dans mon cerveau, il y avait ces mots qui en disent beaucoup, surtout maintenant qu'on est un peu post-metoo et qu'on a des discussions sur le consentement. Il y a des mots où on se dit Ah ouais, on disait ça à l'époque mais moi je me disais Je vais arriver à accoucher, je vais arriver à tomber amoureuse. C'était vraiment dans cette façon-là, dans cette façon de penser que j'étais, en mode, il faut y arriver, je vais y passer.
- Speaker #0
Comme un rite de passage, une obligation.
- Speaker #1
Complètement. Et d'ailleurs, ça, je l'aborde beaucoup dans mon livre post-romantique et aussi beaucoup dans mon podcast Free From Desire qui parle de ma découverte de la sexualité et de la place du cul, en fait, dans notre société. et de cette injonction qu'on a à avoir des rapports sexuels. Et dans mon livre post-romantique, j'aborde le fait qu'avant, le passage à l'âge adulte reposait sur plein de choses. Culturellement, il y avait depuis toujours, il y a eu des récits initiatiques, des choses dont on te balançait dans la forêt, il fallait que tu te sortes de la forêt indemne, ou avant c'était, je ne sais pas, la communion, ou ce genre de choses. Et en fait, maintenant, les premières fois, elles ont changé. Et toutes les premières fois, quand on y pense, quand on dit c'était quoi ta première fois ? forcément, on parle de sexe. Ou alors, ça va être tes premières fois. Et en fait, elles vont toutes tourner autour du sexe. Et on a cette idée un peu que les âges dépendent de ce qu'on va faire sexuellement et romantiquement. Donc, ça va être le passage à l'adulte. On dit devenir femme. Moi, j'avais regardé pour Free From Disair tous les messages que j'avais envoyés à mes amis depuis le collège. Et j'avais réellement écrit ça dans mes emails. Ça y est, je suis devenue femme, si tu vois ce que je veux dire. Alors que j'en étais pas du tout convaincue, mais c'était tellement une expression qui était utilisée. Donc, il y a cette idée, voilà, première fois sexuelle. c'est devenir une femme, ou alors parfois c'est genre les premières règles, mais au final ça revient un peu à la même idée. Et puis après, on devient une vingtenaire quand on est dans une relation longue et sérieuse, puis une trentenaire quand on emménage et qu'on a des enfants. Donc il y a vraiment cette idée de chemin tout tracé qui est toujours connectée à cette idée sexuelle et romantique.
- Speaker #0
Et à quel moment tu as compris, à quel moment tu t'es approprié ces mots, tu t'es identifié comme asexuel et aromantique ? Est-ce que ça s'est passé en même temps pour les deux ?
- Speaker #1
Pas du tout ! Non ? et c'est très très long ah ouais ça c'est quelque chose dont je parle beaucoup dans Free From Desire j'ai découvert le terme asexuel par hasard sur internet je pense je crois que j'avais 23 ans quelque chose comme ça c'est un peu flou dans ma tête ce qui d'ailleurs est assez intéressant en fait que ce truc qui a changé ma vie soit aussi flou dans ma tête parce que ce que j'explique aussi c'est qu'il y a une sorte de déni qui s'est passé où à la fois je suis allée regarder sur internet et tout d'un coup tout s'est connecté dans ma tête de me dire ah non mais en fait je suis pas bi et bisexuelle, en fait, c'est juste... Je suis au-dessus de tout ça. Donc, c'est pas que je suis attirée de même façon par les hommes et par les femmes. C'est juste que je suis attirée, je suis non-attirée de la même façon. Et donc, il y a eu plein de trucs où je me suis dit, genre, waouh, je suis pas seule. Et ça a été un soulagement de dingue. C'est pas, genre... C'est possible, en fait, juste... En fait, j'expérimente quelque chose. Avant, c'était plutôt, genre, un échec de ne pas réussir à ressentir pareil que les autres, un manque. Et tout d'un coup, en fait, c'était juste... une absence un peu active, c'était quelque chose qui existait, qui avait un nom, on est passé de la non-existence à l'existence. Et en même temps, dans ma tête à l'époque, ne pas avoir de rapport sexuel, ne pas avoir d'attirance sexuelle, c'était ne pas avoir de rapport sexuel, c'était du coup ne pas être en couple, parce que dans ma tête, vraiment j'étais là genre, qui voudrait de moi si je ne l'ai pas ? Et ne pas être en couple, c'était une finée, ne pas être heureuse, ne pas avoir d'enfant, et finir vieille avec un chat, qui pour moi qui n'aime pas les chats en plus, c'était vraiment tragique. La vieille avec le chat, c'était vraiment pas un truc qui me faisait équiper. Et donc, il y a eu une partie de refoulement, vraiment. Et il s'est passé... Après, ça a été un chemin long pendant plusieurs années où je me forçais à être en couple pour... Quand j'ai découvert la sexualité, je m'étais déjà forcée à avoir des rapports sexuels. Là, c'était plutôt genre, je me forçais à être en couple en espérant que ça se déclenche et tout ça. Et point, attirance romantique, attirance sexuelle, c'est quelque chose qui va se réveiller. Et puis, en fait, au fur et à mesure...
- Speaker #0
Tu te rappelles avec cette idée que tu allais trouver la bonne personne ?
- Speaker #1
Ouais, voilà. J'étais juste difficile. Et d'ailleurs, c'est assez intéressant, parce qu'à l'époque, je dis ça parce que je suis méga vieille, j'ai 37 ans, mais je pense que les choses ont quand même un petit peu changé. Même si je pense que ces conversations, on les trouve toujours chez de nombreux jeunes, je me rappelle que les gens me disaient t'es trop exigeante Et en fait, moi, ça me semble... Et je ne comprenais pas à l'époque. Et en fait, je comprends encore moins maintenant. Si je ne voulais pas me mettre avec quelqu'un pour qui je ne suis pas à fond. C'est vraiment cette idée de setter, dans le terme anglais, d'accepter un truc qui n'est pas ouf, mais qui va. Et du coup, j'étais encore dans cette perspective, de me dire, non, mais tu vas trouver le truc, c'est juste que t'es difficile. Et puis en fait, au fur et à mesure, déjà d'un, il s'est passé deux choses. Déjà d'un, je suis sortie avec des personnes qui étaient vraiment super, des personnes queer, et c'était vraiment des super belles relations. Et je commençais à me dire, mais si ça ne fonctionne pas avec elle, genre, avec qui ça va fonctionner en fait ? Et d'autre part, j'ai fini par vraiment être active dans la communauté queer. Parce qu'au début, ça faisait quand même longtemps que je savais que j'étais... À l'époque, je ne pense pas qu'on disait queer encore, on disait LGBT. Je pense que j'ai compris vraiment quand j'avais 20 ans, c'était une évidence. Mais même quand j'étais ado, je disais, ouais, si j'étais un mec, je serais un mec gay. Parce que je ne savais pas que les lesbiennes existaient ou qu'il y avait autre chose qui existait. Mais je n'avais jamais vraiment fait partie de la communauté à la fois, parce que je venais d'un milieu bourgeois et que ce n'était pas du tout dans les... Enfin, juste dans mon lycée, tous les gens qui sont queer maintenant... Ça s'est passé après. Je suis là, statistiquement, j'en connais deux, je ne sais pas où étaient les autres gens. C'était complètement invisible. Et puis aussi, parce qu'il n'y avait pas ce pool, cette nécessité d'aller vraiment vers la communauté LGBTQ+, puisque je ne cherchais pas à être en couple et je n'avais pas d'attirance sexuelle. Donc j'ai déjà essayé quand j'étais 20-21 ans, d'aller dans des bars lesbiens. Et déjà, je n'étais pas prête pour ce niveau de dykeness et de merveilleuse à être. version du genre et puis surtout en fait il n'y avait pas ce truc qui attire les autres et qui se disent ouais mais en fait si je veux avoir ce dont j'ai envie il faut que je fasse partie de cette communauté et moi en fait je ne l'avais pas donc j'ai mis un peu de temps et le moment du coup la vingtaine la deuxième moitié de la vingtaine ça a vraiment été le moment où j'étais genre je suis rentrée dans la communauté j'ai été en couple j'ai rencontré plein plein de meufs essentiellement sur les réseaux j'ai fait partie d'assos et là en fait tout d'un coup j'ai réalisé qu'il y avait tellement d'autres façons de vivre sa vie Et c'est là que j'ai écouté la petite voix qui était en moi depuis que j'étais gamine et qui savait très bien. En fait, j'ai tellement d'anecdotes de juste moi qui savais, enfant, ado, que j'aurais un enfant seul et que je serais célibataire. En fait, ça a toujours été un truc que je me disais. Et même au moment où je me forçais le plus à être en couple en pensant qu'il fallait que ça soit... qu'il fallait que je fasse ça. Même à cette époque, déjà, je disais, franchement, si j'ai pas un enfant à 30 ans, vous me dites et je fais un bébé toute seule. Donc même au moment où j'essayais le plus de performer la normativité, il y avait toujours cette petite voix qui était là quand même de genre, tu vas pas attendre. Enfin, c'est ridicule. Mais c'est ce que je dis aussi dans mon podcast. Moi, quand j'étais ado, je me faisais des scénarios avant de me coucher, où j'imaginais comment je pourrais avoir un enfant là maintenant, en sachant qu'évidemment, je voulais pas un enfant à 17 ans que je garderais dans ma chambre. ma chambre d'enfant chez mes parents. Mais je me demandais quand même, est-ce que c'était possible ? En fait, je pense qu'il y avait une partie de moi qui essayait de trouver concrètement comment je pourrais avoir un enfant seul, comme pour me rassurer que c'était possible. Mais je faisais des trucs, les histoires dans ma tête étaient toutes pourries, quoi. Mais je me disais, voilà, peut-être que je pourrais être pote avec quelqu'un qui va mourir et qui va me laisser son enfant, ou je pourrais baiser avec quelqu'un et genre, accident de capote, ou je pourrais adopter un bébé en allant en voyage en Afrique. Enfin, c'était juste les trucs les plus problématiques du monde. Je vous rappelle que c'était genre, il y a longtemps. c'était à une époque problématique mais c'était hyper intéressant en fait à quel point je crois qu'il n'y a aucun moment de ma vie où je me suis dit que je ne pouvais pas avoir un bébé tout seul un enfant, je ne pourrais pas être parent et même j'imaginais aussi être en communauté partager des enfants avec plein de gens même tous ces trucs là qui étaient très très loin de mon monde bourgeois en fait je pense que mon envie d'avoir un enfant seul était tellement, enfin seul, en tout cas hors du couple parce que j'aime pas non plus cette expression mais hors du couple était tellement forte qu'en fait je savais pas comment mais je savais que ça le ferait quoi et j'imaginais des trucs un peu j'adorais tous les films des années 70 et des hippies et tout et donc je regardais et j'étais genre tout a l'air possible on va trouver.
- Speaker #0
Et du coup aujourd'hui tu es parent célibataire d'un enfant comment tu as fait ? Parce que du coup tu t'étais imaginé tout un tas de scénarios mais vraiment comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
Ouais en fait je suis un peu déçue par moi-même parce que je trouve que j'ai un peu pris le truc le plus conventionnel mais c'est pas faute d'avoir essayé d'autres trucs... Ma préférence, c'était l'adoption. Mais ce n'est pas un schéma qui est intéressant en France, juste parce qu'il n'y a pas beaucoup d'enfants adoptables et que je préfère laisser ma place à des gens pour qui c'est la seule option, soit pour des questions de biologie, soit pour des questions de valeur. J'ai une amie qui habite en Afrique du Sud et elle, là, elle est en train d'adopter. Et là, vraiment, c'est génial de pouvoir adopter là-bas parce qu'il y a tellement d'enfants qui ont besoin d'être adoptés. Mais en France, ce n'est pas du tout... pas du tout la même situation. Et après, du coup, ce qui m'intéressait, c'était la coparentalité ou le don de sperme, soit par un proche, soit par une banque de sperme. Et en fait, j'ai plus ou moins essayé tout. J'avais vraiment pas de préférence parce qu'il y avait des avantages et des accompagnements à tout. J'ai tenté la coparentalité avec un ami d'ami qui, finalement, au bout de... qui avait lui-même été élevé en coparentalité et qui, finalement, au bout de quelques cycles, en fait, s'est rendu compte que... Ce n'était pas le bon moment pour lui. Et du coup, on a arrêté là. J'avais demandé aussi à un ami de me faire un don de sperme. Mais en fait, il n'était pas en France. Enfin, il n'est pas français, il n'était pas en France. Mais à la limite, avant, il était en Europe, en Union européenne. Mais là, il n'était même plus en Union européenne. Donc, c'était juste... Trop galère. Trop galère, c'était le Covid en plus, c'était nimp. Et du coup, et c'est pas non plus à n'importe quelle personne qu'on va proposer de la coparentalité ou du don de sperme. J'avais pas vraiment d'autres amis à qui je me voyais le faire ou que je sentais chaud à ce moment-là.
- Speaker #0
Et un site de coparentalité ?
- Speaker #1
Ça, c'était hors de question. Ok,
- Speaker #0
pourquoi ?
- Speaker #1
C'était hors de question. Déjà d'un mois, j'avais passé dix ans à continuer des sites de dating alors que j'avais pas envie de dater. Et du coup, j'avais pas du tout envie de me remettre dans ce mood. Et je pense que c'est aussi pour ça que je dis que j'ai fait un truc très conventionnel, je pense. C'est que j'étais très égoïste et très individualiste sur le coup. C'est-à-dire que pendant des années, je pense à partir de ma trentaine, à partir de mes trente ans, je me disais parfois pendant mes Grasse Maths, genre, est-ce que là, t'es prête à sacrifier tes Grasse Maths ? Non ? Ok, c'est pas pour tout de suite. Et vraiment, je pense que tous les six mois, je devais me faire un petit truc comme ça. Et le moment où je me suis dit, ouais, t'es prête, j'étais là genre, ok, maintenant, on n'attend plus. On se lance. Et donc du coup, faire de la coparentalité, j'avais pas envie d'attendre. Parce que je sentais que j'étais prête maintenant. Et une fois que j'avais décidé, je suis très... Une fois que je décide d'un truc, il faut que je me lance. Et donc du coup, je n'avais pas du tout envie d'attendre. J'étais très impatiente. Et puis aussi, chaque année compte pour que ça se passe bien. Et voilà. Donc du coup, je n'avais pas envie d'attendre. Je n'avais pas envie à la fois d'attendre et de faire tout le travail émotionnel, de rencontrer des gens. Et je trouvais que c'était trop. C'était vraiment trop pour moi. Je n'avais pas envie de me lancer avec des gens que je ne connaissais pas. Après, il y a des gens qui le font et qui prennent le temps sur la longueur. Même, je connais plein de personnes qui l'ont fait et pour qui ça se passe très bien. Mais moi, je n'avais pas envie de faire ça, en fait. Je n'avais pas envie de faire ce travail. Et voilà. Et donc, du coup, je pense que peut-être qu'aujourd'hui, peut-être que les choses seraient différentes. Peut-être que j'aurais des potes qui seraient plus intéressés pour faire de la coparentalité ou du don, une sorte de mi-chemin entre le don et la coparentalité avec, je ne sais pas, un cinquième de pas. un septième de parent ou un truc comme ça. Mais c'est vrai qu'à l'époque, autour de moi, il n'y avait pas d'enfant. Je pense que, notamment chez mes potes queers qui n'avaient pas envie d'enfant naturellement, il n'y avait pas cette connaissance de ce que ça pouvait être qu'un enfant élevé de façon queer. Je pense que, par exemple, une des personnes qui est la plus proche de mon enfant, c'est mon ami David. Salut David ! Et qui est un homme gay qui, depuis la naissance de Jo, s'identifie comme queer et d'ailleurs qui a connu un grand cheminement perso. Et qui, en fait, est devenu, après coup, le parrain de Jo, mon enfant, parce que David adore faire partie de sa vie. Mais avant la naissance, c'était juste les enfants. Première fois que David a vu Jo, c'était genre, je fais quoi de cette chose ? Et je pense que, du coup, ça a beaucoup changé. Je pense peut-être que son approche ne serait pas pareille. Je lui avais demandé, genre, tout ça t'intéresserait, d'élever un enfant, d'être coparent, t'as de la thune, moi j'ai du temps, viens. Et à l'époque, non. Et je ne sais pas, il faudrait que je lui en parle, mais... Je me dis que peut-être qu'aujourd'hui, sa réaction sera différente. Et puis même moi, je pense aussi que d'avoir fait notamment post-romantique, d'être plus impliquée dans des milieux queer, notamment parce que je fais plein d'activités avec mon enfant, avec des assos de parents LGBT et tout ça. Et puis d'avoir fait post-romantique, dans lequel j'ai interviewé beaucoup de gens sur comment faire famille, comment vivre en dehors du couple. J'ai découvert plein d'autres façons de faire la coparentalité qui étaient très, très loin du 50-50. Et je pense aussi que moi, je ne proposerais pas la même chose à des potes maintenant. Donc voilà, peut-être que ça serait différent aujourd'hui, peut-être que mes potes seraient plus là, genre ouais c'est cool en fait les gamins, peut-être que moi je proposerais pas les mêmes trucs, en tout cas à l'époque, il y avait qu'un seul pote avec qui je me voyais faire le don de sperme, il était pas dispo, et j'avais pas envie d'attendre plus longtemps après l'échec du projet coparentalité, et donc du coup je me suis dit, voilà je vais commander du sperme sur internet, ça va arriver, je suis un médecin en France, et on va faire le petit... petit truc illégalement et j'aurai mon enfant sans attendre.
- Speaker #0
Et c'est ce qui s'est passé ?
- Speaker #1
Oui, alors le sans-attendre, c'était un peu s'avancer quand même. En plus, j'ai eu ce qu'on appelle une fausse couche, donc un arrêt involontaire de grossesse. En tout, ça m'a pris un an entre la coparentalité, les tests, les inséminations qui ont fonctionné et qui n'ont pas fonctionné, tout ça. Mais voilà, pendant le coup... J'étais là genre mon dieu mais ça prend beaucoup trop de temps Et après quand j'étais au 8ème mois j'étais là genre Je ne suis pas du tout prête
- Speaker #0
Et à ce moment là tu disais que c'était bon pour les grassmats Que t'étais prête à Sacrifier tes grassmats
- Speaker #1
Bah oui la décision a été prise T'es pas revenue sur ça tu t'es pas dit Oula non en fait pas du tout Déjà je n'arrive plus à faire de grassmats Le truc est réglé mais c'est vrai que Là étant arrivée au bout des 3 ans de mon enfant Je commence vraiment à comprendre les gens qui disent regretter avoir un enfant. Non pas que moi je regrette avoir un enfant, pas du tout, mais c'est chaud patate quoi. Et c'est vrai qu'on a beau le lire sur internet, en fait il y a une fête... Enfin moi j'ai trouvé que les premières années c'était super facile. Enfin, on se comprend, c'était un enfant en bas âge, je l'ai élevé seule, mais tout était nouveau, tout changeait tout le temps. J'avais plein de gens autour de moi qui étaient super présents parce que c'était un nourrisson et ça arrive tellement rarement et tout ça. Et puis après, il y a une sorte de fatigue qui s'installe et qui est genre là. Ah ouais, donc c'est pour toujours, en fait, le fait d'être crevé tout le week-end et de se faire taper et de se faire mordre. D'accord, ok, ok, d'accord. là le truc de la nouveauté ça y est c'est parti donc je sais pas pourquoi je disais ça, peut-être juste pour le goût de se plaindre ça vous dit bien aussi je sais pas pourquoi je disais ça parce que je pense que c'est hyper important et ça René Grosard l'avait très bien fait aussi dans son livre Choisir d'être mère c'est important de bien répéter que c'est pas facile et je pense qu'il faut vraiment être sûr du truc et pas suivre pas le faire parce que c'est ce que les autres font, parce que c'est la norme, et peut-être pas se dire, je me lance dans la parentalité solo, si on n'est pas prête, si on n'est pas bien entouré, et peut-être s'orienter plus vers quelque chose, peut-être de plus long, de coparentalité, d'un autre mécanisme, peut-être déménager pour être plus proche de sa famille. Enfin, je pense qu'il faut vraiment prendre en considération le fait que ça va être compliqué, et ça va être fatigant avec le temps, et qu'il y a des moments qui vont vraiment être difficiles. Puis on ne sait pas quel enfant on va choper non plus. Il y a des enfants qui sont super faciles et qui, tout d'un coup, entre deux et trois ans, ont décidé d'être super relous et pas de faire de cesse. Et des enfants qui vont juste requérir aussi beaucoup d'attention. Et je pense que c'est aussi quelque chose à considérer.
- Speaker #0
Tu dis dans un post-romantique qu'avant de comprendre ton asexualité et ton aromantisme, tu as ressenti un sentiment d'échec et de honte. Comment tu fais pour protéger ton enfant des sentiments d'échec et de honte que toi, tu as ressentis ?
- Speaker #1
C'est marrant, c'est pas quelque chose auquel je pense que Jo puisse avoir honte des choix que moi j'ai fait de faire famille.
- Speaker #0
Mais de ses choix à lui, à ton enfant, pour que ton enfant soit libre d'être qui il est, d'aimer qui il veut, d'être libérée de cette contrainte de la sexualité et de l'hétérosexualité.
- Speaker #1
Très clairement, c'est quelque chose qui est hyper important pour moi parce qu'en plus je suis non-binaire. donc il y a vraiment ce truc de réfléchir à la place du sexe au modèle familial qu'on veut au genre et c'est marrant que tu dises libérer de cette injonction parce que genre littéralement chaque fois que je fais un projet je me mets libérée dedans et il y a pas longtemps quelqu'un m'a dit arrête on comprend que tu veux te libérer mais genre arrête et en fait c'est quelque chose aussi dont je parle beaucoup, j'ai fait un autre podcast qui s'appelle Bienvenue bébé et dans lequel j'explique que j'ai essayé d'éduquer mon enfant de ne pas pas genrer mon enfant à la naissance. Alors, je dis bien essayer, parce qu'en France, il y a plein de gens qui le font aux Etats-Unis, parce que la langue et la culture du pays, et parfois l'administratif du pays le permet. En France, c'est impossible. Mais j'essaye de genrer le moins possible mon enfant, en utilisant, déjà en appelant mon enfant, en lui donnant un prénom qui est non genré, en l'habillant, en lui proposant tous les vêtements possibles et imaginables. en ayant vraiment une approche où je dégenre énormément mon langage. Je ne vais jamais genrer un enfant, jamais genrer un adulte. Je vais dire la personne, l'enfant, plein de petites choses comme ça, déjà pour enlever la pression du genre. Parce que ça, ça a été prouvé scientifiquement. Plus on attire le regard de l'enfant vers le genre, plus l'enfant va se dire que c'est important et va y mettre tout un tas de logique. Et moi, je voulais vraiment retirer ça et apprendre un peu aussi aux boomers autour, dans sa vie, que je ne voulais pas qu'on tombe dans des schémas de... Ah bah c'est une fille, elle va faire tomber tous les garçons. Ah bah c'est un garçon, tu vas voir les filles, tu les détestes maintenant, mais après tu vas leur courir derrière. Donc je voulais vraiment éviter le plus possible ça, parce que finalement, tout ça c'est hyper connecté. Et puis de lui parler en fait constamment. Déjà, je participe à plein d'activités de parents LGBT, je disais, c'est à la fois pour moi et pour mon enfant, parce que moi ça me fait du bien, parce que quand même le monde de la parentalité, c'est beaucoup plus cis-hétéro que le monde dans lequel j'étais avant, dans lequel je ne peux plus. je suis parent solo, donc sortir le soir, c'est pas évident Et d'autre part, pour lui montrer plein de modèles de famille, et je fais toujours attention, dès que je vois des familles qui sont un petit peu différentes, à le souligner, mais parfois, par exemple, ça peut juste être... Par exemple, les grands-parents de mon enfant, en ce moment, me disent j'ai deux papys Je fais genre non, t'as un papy, il est décédé Et on essaye de comprendre. En fait, je pense que c'est parce qu'on a dit qu'un autre enfant avait deux papys. Et du coup, Jo essaye de faire la même chose. Et donc, du coup, à la place, je fais genre, tu vois, tel enfant a deux mamies et quatre papys. C'est beaucoup, hein ? Et de lui montrer à chaque fois qu'il y a plein de modèles, même si, tu vois, là, en question, c'était des enfants de parents hétéros, mais il y avait un grand-père qui était gay. Et du coup, je me disais, de toute façon, ils sont divorcés, il y a des recompositions. Et de toujours bien mettre en avant le fait qu'il y a plein de modèles de famille. Et dans les bouquins... Ça, j'en parle beaucoup dans Bienvenue bébé, et c'est pas que des trucs, c'est pas moi qui ai un cerveau magique et qui a trop de bonnes idées, c'est plein de choses que j'ai chopées de tous les côtés. Mais par exemple, je vais changer des personnages, même si des personnages qui ont l'air évidemment hommes, je vais dire que c'est une sœur, ou je vais dire peut-être que c'est un couple de lesbiennes, ou alors je vais inventer des relations aussi, parce que moi je suis très proche de ma sœur et de mes amis, et donc du coup aussi c'est des personnes qui jouent un grand rôle, et pour moi ça fait partie du modèle familial. Et donc du coup je vais dire, tu crois vraiment que c'est deux parents ? Et c'est peut-être... C'est peut-être une maman ou un parent non binaire et sa sœur. Ah oui, peut-être, peut-être. Et donc, toujours essayer de soit créer des nouvelles histoires, soit essayer de questionner son regard à chaque fois. Et l'avenir dira si ça fonctionne. Mais je pense que c'est important de laisser aux enfants, de les laisser voir la réalité. Et je pense que ça fonctionne bien parce que pour l'instant, mon enfant ne dit pas de trucs trop clichés. Et mon enfant, parfois, ne dit pas. Et ça, c'est une personne non-binaire ? Non, c'est juste une femme qui habite dans la rue et qui, du coup, ressemble un peu à un homme parce qu'elle n'a pas l'accès à tout le privilège. Bref, je suis en train de me perdre, mais voilà. Elle ne peut pas prendre soin d'elle comme d'autres femmes. Et du coup, je trouve ça juste super cool, en fait, que mon enfant ait déjà tous ces concepts qui sont... Enfin, moi, en tout cas, ma non-binarité, elle est énormément liée au fait d'être asexuelle et au fait d'être aromantique. Et c'est le cas, en fait, dans les communautés asexuelles et aromantiques et ou aromantiques. Le trio asexuel à romantique non-binaire, il est hyper fréquent et ça fait vraiment... Il n'y a pas trop d'études qui ont été faites dessus, donc on ne sait pas exactement, mais on peut faire des hypothèses que ce soit une fois que tu ouvres une porte et que tu te débarrasses d'un tabou, en fait, tu vois tous les autres tabous et tu es là genre ouais en fait...
- Speaker #0
Quand tu commences à questionner...
- Speaker #1
Ouais, c'est ça. Tu questionnes tout. Tu questionnes tout. C'est peut-être aussi le fait que souvent les personnes qui sont asexuelles à romantique non-binaire sont neuroatypiques. Et donc, du coup, en fait, c'est juste une capacité à accepter un peu les injonctions et les normes. Et du coup, d'être dans une sorte de neutre, une sorte de neutre qui ferait qu'on n'arrive pas à jouer la performance que plein de gens jouent habituellement sur ça. Et voilà, il y a plein d'autres hypothèses, mais tout ça, c'est quand même hyper connecté. D'ailleurs... Moi j'ai commencé mon chemin, puisque tu me demandais si ça a été asexuel. Puis le moment où j'ai accepté que j'étais asexuelle et que j'ai commencé à en parler en ligne, j'avais hyper peur du coup de me dire mais ça y est, là tu peux faire un… C'était le moment où j'ai commencé à me sentir à l'aise avec le fait d'être célibataire, parce que je me suis dit c'est bon, au pire, plus personne ne veut sortir avec toi, mais ça sera pas grave. Et en fait, une fois que j'ai commencé à me sentir bien asexuelle, j'ai arrêté de me dire il faut que je plaise aux hommes, aux femmes, aux personnes non-binaires. Et donc du coup, j'ai juste encore plus arrêté de genre… jouer la féminité ou jouer la féminité queer et tout ça. Et donc là, au fur et à mesure, j'ai compris que j'étais non-binaire, j'ai accepté que j'étais non-binaire. Et puis c'est après, une fois que tout ça, c'était bien confortable, que j'ai entendu un exemple d'une personne qui était aromantique. J'ai entendu des gens dire Jo March, elle est aromantique Et tout d'un coup, j'étais là genre Ah, mais en fait, je suis conne depuis le début. En fait, je suis aromantique et je suis prête dans des communautés asexuelles aromantiques. Et en fait, je n'avais pas fait le lien avec moi. Et en fait, je suis aromantique. Et ça a été du jour au lendemain,
- Speaker #0
j'étais là genre Je suis aromantique C'est le personnage de Jo March qui t'a fait... Ouais. T'en rends compte ?
- Speaker #1
Ouais, exactement, je t'ai réjouie. Bah ouais, en fait. Ouais. Ouais.
- Speaker #0
Est-ce que tu t'es déjà demandé ce que ça aurait pu changer pour toi dans ta construction si dès le plus jeune âge, on t'avait dit, on t'avait montré qu'il y a une infinité de modèles existent, que tu peux avoir une vie formidable sans jamais être en couple, sans jamais avoir de rapport sexuel,
- Speaker #1
que t'as la possibilité d'être qui tu veux ? Bah, honnêtement, c'est pas trop le genre de truc qui m'attire le et si, et si, et si En fait, mon cerveau n'est même pas capable d'imaginer, parce que pour moi, c'est tellement loin. Je pourrais être complètement différente et je ne serais probablement pas là. Et peut-être que je ne serais pas journaliste et peut-être que je ne serais pas militante si ma vie avait roulé tranquille depuis que j'étais ado. Parce que bien évidemment, j'ai listé toutes mes particularités de genre sexuel et romantique, donc j'étais harcelée scolairement. Et donc en fait tout ça c'est hyper connecté. Qui j'aurais été si j'avais pas été... si j'avais pas été harcelée scolairement, si je m'étais pas forcée, si j'avais pas... Enfin, je sais même pas, en fait c'est juste tellement un mind blown, une explosion dans le cerveau, je suis incapable de savoir.
- Speaker #0
qui j'aurais été. Mais en tout cas, ce que je sais, c'est que maintenant, tout ce que je fais depuis bientôt une dizaine d'années, c'est dans l'idée que ce soit utile à la fois pour les personnes qui ont plus de 25 ans, et franchement, ça l'est, parce que je reçois des messages de gens vraiment de tous les âges, genre 80 ans et tout. J'ai plusieurs personnes qui m'ont dit que j'avais mon bouquin post-romantique qui traînait, et ma grand-mère octogénaire ou non-agénaire l'a pris, alors qu'elle ne le lit jamais, et elle a voulu le lire. Donc je suis là, genre écoute, j'avais vraiment peur. Écrit pour des grands-mères, mais c'est des arrière-grands-mères, là, d'ailleurs. D'ailleurs, je déteste dire ça. Je dis jamais ça avec Jo, parce que quand tu vois une vieille personne et que tu dis que c'est une grand-mère, ça veut dire que nécessairement toutes les femmes ont été des mères. Bon, là, dans le cas, c'était des grands-mères, mais à chaque fois, je dis genre une personne âgée. Donc, c'est vraiment génial de voir ça. J'ai même des personnes qui m'ont dit j'ai divorcé parce que, grâce à vous, j'ai compris la sexualité. J'étais là genre génial ! Libération ! Mais aussi pour les jeunes, et ça c'est pour le coup, c'est pas du tout... Moi je pense que j'ai plus d'effets sur les plus de 25 ans à 95 ans apparemment. Mais chez les jeunes, il y a énormément... Les choses ont énormément changé, il y a plein de jeunes. D'ailleurs j'ai plein de personnes qui m'écrivent en me disant Ma fille m'a dit qu'elle était asexuelle, du coup j'ai écouté le podcast pour comprendre. D'autres qui me disent Moi c'est ma... cousine de 15 ans qui m'a parlé de ton podcast ou de ton travail parce que... Je crois de 12 ans même, parce qu'elle se considère asexuelle et... C'est absolument incroyable. Moi, à chaque fois que je pense à ces ados, je suis tellement émue. Je me dis genre, ça va être quoi vos vies ? Vous commencez votre exploration tellement tôt. Et j'ai des personnes super jeunes qui viennent me parler de PMA, de parentalité solo, de coparentalité, qui ont genre 18 ans et qui sont juste en train de dire... Je veux juste savoir, en fait, quelles sont mes possibilités pour dans 10, 15 ans. Enfin, juste... Pour avoir le choix. Pour avoir le choix, mais en fait, oui, la connaissance, c'est vraiment du pouvoir et de savoir, en fait, que t'es pas obligé, ce que tu peux faire, en fait, de ta vingtaine, parce que t'es pas là en train de te dire, il faut nécessairement que je me trouve quelqu'un pour avoir un enfant. Déjà, ça, c'est super important de pas se forcer, de savoir, en fait, jeune, enfin, tôt qu'on n'a pas besoin de se forcer. Et puis, aussi, parce qu'il y a des personnes qui... n'ont pas du tout la même vision que moi j'ai eue il y a du coup 4-5 ans de c'est maintenant, il faut y aller et qui vont plutôt se dire en fait, j'ai envie de prévoir Et ça, j'ai eu plein de personnes qui m'en ont parlé, notamment que j'ai interviewée pour Post-Romantique, mais aussi après, qui me disaient en fait, nous, on se prépare psychologiquement Il y a un exemple que j'aime beaucoup, alors là, ce n'est pas du tout récent, c'est le plus grand militant asexuel, parce que c'est vraiment lui qui a popularisé le terme et qui a soudé, en fait, qui a créé la communauté, enfin, je veux dire. c'est un effort, c'est une communauté, c'est un effort collaboratif mais ça a été lui qui a fait l'effort initial et qui a donné le plus, il s'appelle donc David Jay, que j'ai eu la chance on l'entend dans Free From Desire et je l'ai interviewé aussi pour Post Romantic et lui en fait, contrairement à moi il a compris très très tôt qu'il était asexuel il s'est dit genre, moi je suis asexuel enfin il y a des homosexuels, il y a des hétérosexuels moi je dois être asexuel, quand internet a commencé du coup il a tapé asexuel sur internet quand Google est arrivé.
- Speaker #1
Il a tapé le mot
- Speaker #0
et il y a plein d'autres personnes qui l'ont tapé et ils ont trouvé un article sur des animaux asexués en fait et en fait cet article de truc où la personne se comparait à un animal alors le terme scientifique m'échappe là mais voilà qui est asexué et en dessous en fait il y avait plein de personnes asexuelles qui ont commencé à commenter et donc à partir de ces commentaires de cette partie de commentaire d'un article les gens ont créé une communauté c'est génial mais genre en mode les petits groupes à OL du départ où ils s'appelaient et tout ça ils passaient des heures au téléphone à débattre de qu'est-ce qu'elle doit être notre communauté qu'est-ce qui s'est passé comparer les expériences regarder ce qui s'était passé dans les communautés du passé en fait en se disant aussi bah tout ce qui est gatekeeping qui est genre bah non en fait on va décider qui a le droit d'être qui est un bon gay qui est une bonne lesbienne et donc ils ont vachement étudié tout ça pour que ça soit un endroit qui soit ouvert fluide qui puisse grandir enfin bref donc j'adore David Jay il est génial et et lui en fait donc il a compris il a toujours su en fait qu'il était asexuel et romantique et lui il s'est dit bah en fait je veux grande famille donc très très au courant de ce que c'est d'avoir un enfant et donc il s'est dit je veux pas avoir un enfant seul puis en plus c'est une personne qui n'a pas d'utérus et du coup il s'est dit bah je vais faire de la coparentalité et dès le début de sa vingtaine en fait il en a parlé à tous ses potes pas en mode je veux être ton copain mais juste moi mon projet c'est de faire de la coparentalité avec ses potes avec des potes et du coup à un moment il y a un couple 6 hétéros, sans problème de fertilité, qui n'avaient besoin du coup de personne. Et quand ils ont eu envie d'enfance, ils ont juste dit... Tu te rappelles que David, il voulait... Ouais, ouais, invitons David. Et du coup, il fait partie. Maintenant, ils élèvent les enfants. Ils élèvent leurs enfants à trois. Ils ont acheté une maison ensemble. Oui, ils habitent ensemble. Enfin, c'est juste... Ça, c'est encore un autre degré, mais il y a eu toute la discussion de... Est-ce que tu veux être là à part égale ? À part... Enfin, juste en partiel. Ouais, on vit à côté, on vit pas à côté, puis finalement, ils ont décidé de vivre ensemble. Et voilà, en tout cas, lui, il a vraiment mis les choses en place dès le début. C'est ça qui a permis au truc d'être si naturel, et aux personnes, du coup, qui n'avaient jamais eu besoin, en fait, de s'interroger sur comment faire famille. Et en fait, il a mis la graine dans tellement de cerveaux différents. Et du coup, après, quand le temps était là, contrairement à moi, c'était plus genre, ah non, je suis pressée. Oui, enfin, oui, ils étaient pressés, d'accord, mais... Ça a pu se faire vite parce que tout était déjà en place, en fait.
- Speaker #1
Les graines avaient déjà germé dans les cerveaux.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
En introduction de Postes Romantiques, tu écris J'ai compris que pour aimer et être aimée, j'allais devoir sortir des sentiers battus, organiser ma vie amicale et familiale différemment. Alors, quel chemin as-tu emprunté pour être aimée et aimée ?
- Speaker #0
Quand c'est écrit comme ça, ça donne un peu l'impression que j'ai fait un effort très radical du jour au lendemain. En fait, c'est plutôt quelque chose de doux. Et enfin... je ne sais pas si c'est doux, mais progressif en fait, et pas forcément aussi bien réfléchi que ça. Oui, il y avait ça, mais ce n'était pas forcément un masterplan avec différentes étapes. Année 1, tu fais ça. Année 2, tu fais ça. Mais c'est vrai que j'ai compris en fait à un moment que... La vie que j'avais avec mes potes, moi j'ai fait une école de commerce avant de trouver mon chemin, donc j'avais une vie qui était très, je disais tout à l'heure, bourgeoise. Et en fait, j'avais plein de potes, soit de famille, soit de mes études, et qui avaient des vies qui ne me correspondaient pas du tout. Et donc c'est vrai qu'il y a eu ce moment, je me suis dit, tu vas t'investir dans des assos, à la fois par militantisme et aussi pour te rapprocher de gens qui sont plus comme toi, potentiellement de faire des amis. Alors étrangement, ce n'est pas en faisant du militantisme queer que tu vas te faire un peu de... que j'ai fait des potes proches, même si je me suis fait des bonnes copines, on n'a qu'à dire. Mais en faisant d'autres types de militantisme, j'ai rencontré une pote. Et puis, un peu, c'était aussi l'idée de se dire... Parce qu'en plus, j'ai beaucoup vécu à l'étranger. Je pense que c'était aussi pour fuir un peu le modèle, le petit carcan. Et en fait, quand on habite à l'étranger ou quand on vit à l'étranger, les choses se font... En plus, moi, j'étais dans des endroits, dans des pays de culture où les choses se font très rapidement. Enfin, très rapidement, t'es invité, les gens te filent la clé de chez eux. Je te connais depuis deux jours, va chez moi, il n'y a pas de problème. Et du coup, je me suis dit que j'avais vraiment envie d'amener cette vibe aussi. Et donc, pendant quelques temps, effectivement, et je le fais toujours d'ailleurs, quand je rencontre quelqu'un qui me plaît, je suis là, allez viens, on devient potes. Et donc, par exemple, une de mes très très bonnes amies, on s'était rencontré dans une asso, je crois qu'on avait fait un voyage pour un projet, pour cette asso, et en retour, j'étais là, genre elle est super cool, on va rester potes, et on s'était dit, toutes les deux qu'on commençait à faire du surf et qu'on avait envie de surfer plus, elle m'a dit, écoute, moi je... Je me casse, on part un an en Asie avec mon mec, on a plaqué nos boulots. Je dis, rejoins-nous. Et du coup, je la connaissais à peine, je les ai rejoints à Bali, on a surfé. C'était il y a très très longtemps, donc ça sonne un petit peu... Mais voilà, et du coup, je les ai rejoints. Et puis, il y avait une autre personne que je venais de rencontrer, plus ou moins par le boulot, et qui m'a aussi dit, je veux commencer à surfer. Je lui ai dit, viens, je pars. rencontrer une pote que je connais à peine et du coup on s'est trouvés à surfer tous ensemble et il y en a une qui est devenue du coup la marraine de mon enfant et bon depuis on s'est amicalement séparés ou plutôt je me suis fait plaquer amicalement, c'est plus exact et l'autre avec qui je parle une fois par jour et avec qui on a du coup vraiment une vie de parenté, enfin nos enfants ont le même âge, on a fait et même si elle est en couple hétéro, elle a une vision si elle n'est pas... Elle n'a pas été levée par des parents français et du coup, elle a une vision aussi de la famille qui est complètement différente, qui est beaucoup plus ouverte. Il y a toujours des gens chez elle. Quand je faisais des travaux chez moi, je suis allée dormir chez elle. On s'entraide, on se voit avec les enfants, sans enfants. Donc, c'est un peu en ça que je veux dire. Il a fallu repenser en fait le schéma familial parce que je ne dis pas que mes amis plus traditionnels ne m'aimaient pas, mais ne m'aimaient pas de la façon dont moi, j'avais besoin d'être aimée, c'est-à-dire avec plus de projets. J'avais ce besoin aussi de pouvoir voir à quoi allait ressembler ma vie dans le futur, avec qui j'allais partir en vacances, avec qui allait être présent dans la vie de mon enfant. Et du coup, j'avais besoin d'encontrer des gens qui avaient plus une vision queer et non conventionnelle de la vie. Donc, j'ai un peu forcé les... Quand je rencontrais des gens, j'ai un peu forcé les rencontres en allant des soirées seules, pas pour me trouver quelqu'un avec qui sortir ou baiser, mais juste quelqu'un avec qui devenir pote. Et j'ai un peu forcé, j'ai un peu harcélé. Et j'en parle beaucoup dans le poste romantique aussi. C'est hyper difficile, en fait. La société nous a tellement isolés que... On a l'impression de gêner les gens constamment quand on leur propose des choses. Et en même temps, on court de tous les côtés parce que la société nous demande beaucoup trop. Et donc, c'est vrai que souvent, parfois, les gens disent non, je ne suis pas dispo. Mais c'est vraiment, je ne suis pas dispo, en fait. Et je cite plusieurs épisodes, notamment de podcasts et de gens qui ont réfléchi sur comment faire des amis. Et juste, il faut mettre son orgueil de côté. Et voilà, j'ai essayé de mettre mon orgueil un peu de côté pour forcer un peu des amitiés. Et après, voilà. Mais ça, c'est un travail. continue parce que parce que aussi je pense qu'il faut commencer à voir parce que plus on s'investit dans les amitiés et plus en fait les amitiés peuvent réagir un peu comme des relations de couple dans le sens où si on s'investit dedans et ben on va plus on s'investit dedans puis il ya de chance qu'en fait on se rende compte que qui ça soit pas un bon match et si on s'investit pas beaucoup en fait on se rend compte que c'est pas un bon match sur certains points mais c'est pas grave parce qu'on se voit une fois par trimestre et donc voilà j'ai parlé de ma de ma rupture amicale. Et donc, c'est quelque chose qui est tout le temps constamment à réinventer. Et donc là, par exemple, je veux dire, il y a de telles personnes, on s'est bu avec nos enfants et ça a l'air cool. Et on est dans la même dynamique, on est parents en solo ou parents séparés et ça va être cool. Et de réinvestir constamment en fait ça. Et en fait, plus on rencontre de gens qui sont comme ça, plus elles nous font rencontrer d'autres personnes. Et je pense que c'est ça aussi le point fort. Et oui, l'autre truc aussi pour moi d'aimer et être aimée, c'était... d'assumer complètement le fait que ma meilleure amie, c'est ma sœur. Et je pense qu'il y avait un côté... Pour elle aussi, si cet héros est plus conventionnel, il y avait un truc un peu de genre, c'est quoi cette grande sœur qui me lâche pas ? Et pour moi, il y avait aussi un truc, bah non, en fait, pour être cool, il faut avoir des meilleures amies, il faut avoir des amitiés fortes. Je parle un peu comme une gamine, parce que c'est vraiment un peu le truc qu'on nous a mis dans la tête, et les Sex and the City et tout ça. Et en fait, tu vois pratiquement jamais des séries où c'est genre... un frère ou une sœur ou deux adelfes qui sont méga proches et leur vie tourne autour, c'est méga rare en fait et c'est pas du tout valorisé. Donc aussi de me dire en fait ok, accepte le fait que ta sœur c'est soit ta personne pour reprendre les termes de Grey's Anatomy. Et donc on a cherché pendant pas mal de temps à acheter une maison ensemble pour la diviser en deux pour pouvoir vivre ensemble. Et bon finalement on l'a pas fait parce que j'en parle beaucoup d'immobilier dans Post Romantic. Je pense que c'est quelque chose dont on a vraiment besoin de parler en tant que société. Si on veut permettre la vie hors vie. Tout est fait pour le couple. Ouais, exactement. Mais même là, j'ai deux cousins qui gagnent hyper bien leur vie. Un de ces cousins, c'est des mecs blancs, musclés, avec un grand sourire, mais intelligents, charmeurs, qui ont des super fiches de paix. Et en fait, ils galèrent parce qu'ils veulent être en coloc ensemble. Et ils affrontent en location exactement tout ce qu'on a affronté aussi en achat avec ma sœur. Des gens qui, en fait, prennent des coupes qui ont un moins bon profil qu'eux. En mode, ben non, en fait, ils vont se casser, ça doit être temporaire, ou plein d'idées reçues comme ça.
- Speaker #1
C'est plus stable.
- Speaker #0
Ouais, exactement. Ça va durer. Alors qu'en fait, eux partent, enfin juste, je sais pas, on a un truc, dans notre famille, apparemment, les frères et sœurs, parfois, sont méga proches. Et eux partent en vacances ensemble. Enfin, genre, tous leurs potes, c'est des potes en commun, en fait. Ils sont tout le temps fourrés ensemble. Donc, il y a ce truc un peu paradoxal de nous faire croire que ces relations-là, elles sont moins importantes, elles seraient plus enfantines, elles seraient plus gamines. Elles vont... pas tenir. Je pense aussi pas mal à toutes les histoires de fratries, d'adèles-flories qui se bichirent au moment des héritages. Moi, mon père est décédé, je peux vous dire qu'il n'y a pas de problème avec l'héritage. Avec ma soeur, ça se passe bien. Mais en fait, je trouve ça juste complètement dingue. C'est la personne que tu connais le plus longtemps. C'est la personne qu'a priori, tu connaîtras le plus longtemps. Et bien sûr que parfois, tu t'engueules, mais il n'y a pas de raison de s'engueuler. Enfin, il y a moins de raison de s'engueuler entre deux adèles que de s'engueuler entre entre... entre un couple, le taux de divorce comparé au taux de fin de... Je comprends pas le délire. C'est encore plus fort que tes amitiés dans le sens où, en plus, tu connais... Ça dépend, bien sûr, de comment t'es élevée, etc. Mais t'as des parents dysfonctionnels, ça peut t'avoir rapproché. T'as des parents fonctionnels, ça peut te permettre d'avoir une relation saine. Tu te connais, en fait, toute ton enfance et tu te connais par cœur. Bon, après, c'est comme tout, quoi. Il y a eu un moment où avec ma sœur, c'est un peu clashé parce qu'on avait évolué, grandi et on se retrouvait plus. On a dû réinventer un peu, retrouver notre équilibre. Et maintenant, c'est bon, l'équilibre, on l'a retrouvé. Et jusqu'à la prochaine crise, quoi. Mais bon, c'est la vie, en fait. Les relations, c'est fait plus. Je veux dire, il n'y a que si on n'investit pas ses relations que les relations, elles glissent pas.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, quel est ton rapport à la sexualité ?
- Speaker #0
À la sexualité en général ou à ma sexualité ?
- Speaker #1
Mais les deux, tiens. Si tu te sens OK de répondre.
- Speaker #0
Ouais, bien sûr. La sexualité en règle générale, je trouve qu'il se passe des choses hyper intéressantes parce que tout ce dont on parle un peu dans les communautés asexuelles commence à être enfin écouté. Et moi, ça fait quelques temps que je travaille sur ces sujets et en fait, jusqu'à présent, chaque année, il y avait une étude sur les Français ne baissent plus, attention, les jeunes ne font pas assez l'amour. En fait, avoir des rapports sexuels, c'est pas faire l'amour. Et en fait, l'amour, c'est pas que l'amour romantique. Donc genre... Puis ça veut dire quoi ? pas assez par rapport à quoi ah ouais toutes les problématiques et là elle a rentré en janvier je crois un truc comme ça en début d'année. Une étude est sortie, qui a fait la une de l'EB, et c'était hyper intéressant, parce que même s'il y avait parfois encore un peu des trucs comme ça, ça dépendait beaucoup des médias, mais il y a eu, j'ai eu l'impression que pour la première fois, il y a eu un autre discours qui a été entendu, et notamment moi j'ai fait le tour des plateaux, et c'était du coup super cool, et j'étais généralement pas la seule à représenter la nouvelle voie un peu, à dire mais en fait c'est pas nécessairement un problème. Je veux dire, ça peut vouloir dire aussi que juste les jeunes sont déprimés, parce que leur vie, est hyper anxiogène, la vie est anxiogène, parce que les jeunes ont moins de thunes, parce qu'ils ont moins leur appart, parce qu'ils sont plus fatigués, parce qu'ils n'ont pas d'intimité. Ça peut être plein de choses négatives, mais ça peut aussi juste être que les jeunes ne se forcent plus. Et donc ça, c'est hyper cool de voir que ce message commence à être écouté. Et donc, en règle générale, je suis très excitée. Alors, attends, j'ai dit ça la dernière fois, quand des mecs sont venus réparer mon volet, ils m'ont fait Oh, la madame est excitée ! Et je suis là Waouh ! Super ! Super ! Je suis très enthousiaste, plus plus. Mais tu as le droit de le dire, moi je ne te dirai rien. Je me demande si ce n'est pas un ambitisme de dire Je suis très excitée Oui. Je n'arrive pas à trouver vraiment un terme qui a le remplacer, mais peut-être qu'on a juste oublié le bon terme. Je suis très enthousiaste et j'ai très hâte de voir comment la sexualité va évoluer. Je pense que ça va faire tellement de bien. Et aussi, moi, en tant que parent, je travaille beaucoup sur ce que je suis vraiment convaincue, que si on veut faire en sorte que notre société soit plus raciste et sexiste, plutôt que de déconstruire et de reconstruire, il faut juste construire correctement. Je travaille vraiment beaucoup sur comment élever les enfants. Et je pense aussi que toute cette génération de parents, de personnel de la petite enfance, de l'enfance, de l'adolescence, tous ces gens-là, en fait, qui ont cette vision que le sexe n'est pas quelque chose d'obligatoire, que ça doit avant tout être un moment joyeux, que la zone grise, ça n'existe pas. En fait, dans une zone grise, t'as pas de consentement. Ça, j'en parle beaucoup dans mon podcast aussi, à travers mon expérience et la théorie. Et ça me donne vachement d'espoir d'avoir tous ces parents qui ne vont pas du tout tenir les mêmes rues. propos, mais même tous les enfants, dans les parents, en tout cas moi et les parents que je fréquente, au-delà des milieux militants, cette question du consentement, elle est omniprésente. Je ne connais pas un seul parent qui ne dise pas à ses enfants, Ah ben t'es pas obligé de faire un bisou à mamie, tu peux juste lui envoyer un bisou avec la main. Et en fait, c'est vraiment une discussion, le consentement, qui est énorme, et qui du coup, c'est pas juste protéger les enfants des violences sexuelles dont sont malheureusement trop victimes les enfants. Mais plus largement, en fait, ça va leur permettre aussi de se respecter et de savoir ce dont les enfants ont envie. Et donc ça, je trouve ça absolument génial et plein d'espoir. Et j'ai hâte de voir ce qui va se passer si les choses politiquement ne dégénèrent pas.
- Speaker #1
Et dans le rapport à ta sexualité ?
- Speaker #0
À ma sexualité ? Je trouve que c'est important d'en parler parce que souvent, les gens pensent un peu que genre je vis mon asexualité. dans le kiff le plus absolu et que tout va bien, ou mon aromanticité. Je dis aromanticité plutôt qu'aromantisme. J'ai changé de vocabulaire depuis que j'ai sorti mon livre parce que j'ai lu ça sur Internet et maintenant, je ne me rappelle plus qui l'avait écrit. Mais en fait, déjà, ça évite la confusion avec le mouvement romantique et le romantisme aussi. Au-delà du mouvement littéraire, juste le romantisme de genre acheter des fleurs rouge et tout ça. Et d'autre part, parce que ça crée un meilleur parallèle avec la sexualité, l'homosexualité, etc. Donc ça permet de mieux recadrer sur ce que c'est exactement et de mieux comprendre ce que c'est, je trouve. Donc voilà, avant de mentir, c'était... J'en parle partout parce que j'essaye de faire... Ben oui,
- Speaker #1
il faut.
- Speaker #0
C'est hyper intéressant. Alors que je n'ai pas créé, mais j'essaye de le populariser. C'est ça, de le diffuser. C'est ça. Les gens, du coup, ont souvent l'impression que tout est... c'est pas une question d'assumer que ça me fait, ça m'apporte de la joie d'être asexuelle et romantique et genre oui bien sûr ça m'apporte vachement de joie, je trouve que c'est une vraie libération mais c'est aussi parfois un peu de la une frustration quand même, il y a toujours une partie de moi qui est là je suis très heureuse de ne pas être en couple ça a vraiment l'air méga galère et je suis aussi ravie de ne pas ressentir des grandes émotions qui sont souvent romantiques mais qui pourraient être aussi amicales les montagnes russes émotionnelles c'est pas du tout mon truc donc je suis ravie de tout ça Et en même temps, parfois, quand je regarde des films ou des séries et qu'il y a des trucs un peu sexy qui se passent, je suis là genre, j'aimerais tellement ressentir un truc. Je vois qu'il y a un petit truc qui se crée en moi. Je suis là genre, j'aimerais que ça soit plus fort pour pouvoir kiffer le truc. Et en fait... Et en fait, non, quoi. Et c'est vrai que parfois, je suis un peu genre... J'aimerais bien. Mais je me dis aussi que, bon, là, pour l'instant, j'ai un enfant et tout, donc c'est aussi un autre délire. Mais parfois, quand même, quand j'étais plus jeune, genre je suis vieille, mais quand j'avais pas d'enfant, que j'allais faire plus souvent des rencontres et tout, ça m'arrivait d'avoir des relations qui étaient peut-être sexuelles, mais qui auraient pu ne pas être sexuelles. ont d'ailleurs été entre le sexuel et juste le charmel, entre guillemets. Et je me dis, quand mon enfant sera plus grand, j'ai trop envie de reprendre ces trucs, de rencontrer quelqu'un et de se faire un week-end d'oli. Sauf que maintenant, je suis genre 10 000 fois plus à l'aise avec mon asexualité. Enfin, je vois pas comment je pourrais être plus à l'aise avec. Je pourrais dire clairement les trucs. Mais d'ailleurs, j'avais déjà commencé à le faire progressivement, de dire, moi, je veux pas de trucs sexuels. Pour moi, sexuel, c'est que leur similité vous les dépêle, c'est genre avoir des rapports sexuels, avoir pénétration et tout. Donc... Je ne veux pas de rapports sexuels, je veux juste que ce soit dans cette intimité des corps et de ce truc hyper excitant des débuts de relation où tu vas tout d'un coup te raconter toute ta vie et tu ne vas pas te lâcher pendant 48 heures. Et j'aimerais bien ça, le revivre plus tard, mais de façon amicale, avec option corps nu ou pas. Et ça, c'est le genre de truc que j'aimerais bien faire plus tard quand j'aurai plus le temps et que je n'aurai pas mon enfant constamment avec moi. En fait, c'est ça aussi, avoir un enfant. tu perds toute cette spontanéité que tu ne peux plus l'avoir. Je ne vais pas dire... Alors, le week-end où mon enfant va être gardé par ma mère, ce sera ce week-end-là où je vais rencontrer quelqu'un par hasard à expirer. Il y aura le match, ce qui arrive une fois tous les quatre ans, mais ça arrive pile ce week-end-là.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. C'est que tu as une fenêtre de tir de 48 heures.
- Speaker #0
C'est ça, exactement.
- Speaker #1
Pour qu'on soit là.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
J'aime beaucoup les lunettes avec lesquelles tu regardes le film Barbie. Tu en parles dans ton essai et tu as aussi été interrogée par la radio MOUF sur le sujet. Est-ce que tu pourrais nous partager ta vision du film Barmy ? Oui,
- Speaker #0
effectivement. Dans mon livre, je disais que j'ai un peu grandi la génération Bridgette avec les célibataires. Bridgette et Sex and the City, où les célibataires, c'était ok, voire cool d'être célibataire, mais d'être une célibataire qui cherche quand même des relations. qui est quand même très centrée sur le couple et qui, à la fin, de toute façon, va finir en couple. Et Barbie, je trouve que là, on est dans une génération Barbie, parce que Barbie, c'est un autre délire entièrement. Barbie, elle est célibataire. Au début, elle n'est pas célibataire, mais en fait, elle ne sait même pas pourquoi elle était avec Ken. Elle était juste avec Ken parce qu'on lui avait dit qu'elle était avec Ken. En fait, elle n'a jamais été attirée par Ken. Bien sûr, elle n'a pas d'attirance sexuelle pour Ken, puisque le sexe n'existe pas dans Barbie. Elle, ce qui l'intéresse, c'est juste de s'épanouir, de vivre sa vie, d'explorer qui elle est, ses potes. Je t'imagine que si elle avait une sœur, elle serait probablement super pote avec sa sœur. Et du coup, vraiment, Barbie, on peut la lire comme étant asexuelle et aromantique, mais très clairement, il n'y a pas d'attirance sexuelle et d'attirance romantique. pour elle, c'est pas quelque chose qu'elle a envie d'explorer dans le futur, et ou tout du moins, même si elle l'est pas en fait, c'est juste quelqu'un que ça n'intéresse pas. Et moi j'ai trouvé ça assez dingue déjà du coup le modèle qu'elle donne parce qu'on l'a pas mal documenté à l'époque, il y a plein de personnes qui ont dit, on a dit, le film a été critiqué dans les milieux féministes comme étant pas assez féministe, il n'empêche que ça a été une super porte d'entrée et qu'il y a plein de personnes qui connaissaient rien aux milieux féministes et qui ont dit, ah ouais non mais en fait j'ai plus envie d'être en couple avec mon mec. Donc il y a eu une vague de séparation et de rupture suite au film Barbie, de meuf qui écrivait réellement sur Internet, genre de kiffer avec mes meilleurs potes. Donc déjà, ça c'est incroyable. Et c'est un vrai modèle, et c'est un modèle en plus qui va durer longtemps, parce que le film a eu tellement de succès. Après, moi ce que j'ai trouvé intéressant, c'est que personne ne l'ait abordé comme ça. Il y a eu un nombre de trucs qui ont été écrits, dits, filmés sur Barbie de malade. On a beaucoup parlé de est-ce que c'est féministe, est-ce que c'est pas féministe ? plein de trucs comme ça. Et en fait, on n'a juste pas parlé du fait qu'elle n'a pas envie d'être en couple. Et je pense que c'est hyper intéressant, parce que d'un, c'est ce que les gens ont ressenti, surtout les spectatrices, ont ressenti en voyant le film. Mais en fait, on est sur du inconscient. Genre, les meufs avaient bien compris qu'elles avaient envie d'être célibataires, peut-être pas éternellement, mais en tout cas pour un petit moment. Mais en fait, on a tellement du mal à penser en dehors du couple, que les médias ne se sont même pas dit Ah ouais, c'est la première fois Ah ouais, ça c'est... Il n'y a pas du tout vu un film sur le célibat. Non, mais d'ailleurs, si tu regardes les films, déjà il y a très peu de films avec des femmes qui fonctionnent, avec des femmes dans le premier rôle. Et j'ai fait la liste de tous les best-sellers, enfin tous les best-sellers, tous les blockbusters, les films qui ont le plus fait d'entrée et tout ça. Et en fait, le plus gros c'est Barbie. Donc c'est genre vraiment, vraiment, vraiment, vraiment, vraiment, vraiment une célibataire qui n'a pas besoin de mec. Le deuxième c'est Frozen. c'est l'ARNNH2 pour être plus exact donc c'est quand même un personnage qui est complètement pas intéressé par les mecs. Alors on a dit Elsa est lesbienne, excusez-moi, mais il n'y a aucune preuve qu'Elsa est lesbienne. Elle pourrait très bien être asexuelle, romantique, enfin juste...
- Speaker #1
C'est que pas intéressée par les mecs, directement ça veut dire lesbienne.
- Speaker #0
Ouais, et ce qui est genre, moi je suis, je milite pour que les lesbiennes aient plus de visibilité et les bisexuelles aussi, et que on redonne leur lesbianité et leur bisexualité à des personnes, notamment des figures historiques qui l'ont été. Mais en fait, dans plein de cas, et j'en parle aussi dans mon livre, notamment à... Rosa Bonheur, la peintre, en fait, tout le monde dit que c'est une lesbienne, mais en fait, on n'a aucune preuve qu'elle soit lesbienne. Elle a vécu avec deux femmes dans sa vie. Mais genre, les asexuels aussi, enfin moi je connais plein d'asexuels qui vivent, qui ont acheté des appartes avec, j'en parle un peu, c'est romantique, qui ont acheté des appartes ensemble, enfin t'as même pas besoin d'être asexuel pour vouloir vivre avec ta meilleure amie, en fait, ça n'a juste pas de rapport. Tout ce qu'on sait, c'est qu'elle aimait pas les mecs. Elle l'a écrit, ça s'est écrit. Voilà. Elle l'a dit, c'est écrit. C'est hyper important de redonner de la visibilité aux lesbiennes et aux bisexuelles, mais pour autant, il faut aussi voir quand juste la personne n'a pas d'intérêt et pas leur inventer, encore une fois, revoir tout avec le prisme romantique et leur redonner des attractions romantiques, des intérêts romantiques qu'elles n'ont pas. Et du coup, j'ai trouvé ça intéressant, effectivement, que Barbie ne soit pas du tout abordée comme ça, alors que je pense que c'est quand même pour ça que le film, notamment. réussi. C'est son message, je veux dire, il est super bien réalisé et tout, et c'est une bebon ce film, je l'adore. Mais au final, ce qui a fait plus parler, c'est son message. Et voilà, je crois que le message il est là, en vrai, il y a plein de gens qui ont envie d'être célibataires, et peut-être je sens que c'est la fin du podcast, alors je vais juste rajouter quelque chose, c'est quand on voit aussi les études qui sont faites sur combien de personnes sont asexuelles, les chiffres ne font que augmenter. C'est-à-dire qu'en fait, au départ, même si t'écrivais, aux gens asexuels ou aromantiques, aromantiques c'est encore plus tabou, donc on est encore loin de la situation qu'on a aujourd'hui avec la sexualité, mais sur la sexualité, si tu donnes juste la définition, le fait de ressentir peu ou pas d'attractions sexuelles, déjà les gens ne vont pas forcément comprendre, vont peut-être mélanger avec le fait d'avoir de la libido ou pas, de se masturber ou pas, d'avoir des rapports sexuels ou pas, donc déjà les gens, si tu ne leur donnes pas plus de contexte, ils ne vont pas nécessairement comprendre ce que tu veux dire. Donc ils vont peut-être répondre à côté. Et puis en fait, une fois que t'as compris ce que c'est, ça te permet de te re-réfléchir. Et peut-être qu'instantanément t'aurais dit non, et puis en fait avec le temps t'es là genre... Moi j'ai plein de gens autour de moi, mais vraiment depuis que j'ai dit que j'étais asexuelle, le nombre de personnes dans mon entourage qui ont réalisé qu'elles étaient asexuelles, ou qu'elles étaient sur le spectre de la sexualité, c'était... Je savais qu'il y avait des potes qui me disaient Non, moi je me vois pas vraiment... Ouais, je suis en couple hétéro, mais je me vois pas vraiment comme ayant une orientation sexuelle, ou des personnes qui disaient c'est le même truc Je me suis jamais trop sentie à l'aise avec le fait d'être Oh, mais en fait, tout le monde est là. En fait, je crois que je me considère comme non-binaire maintenant, je me considère comme asexuelle. Et en fait, ces histoires-là, elles prennent du temps. Et en fait, on voit que d'avoir des modèles, d'avoir le concept qui est clairement expliqué. Alors là, on ne l'a pas expliqué, mais dans plein d'autres épisodes, je crois que tu l'as fait, je ne sais pas, écoutez, mais je pense que c'est bien fait. Eh bien, ça permet aux gens de penser différemment et de se repenser et de relire les choses différemment. Par exemple, moi, sur la romanticité, au début, je m'étais dit Mais je ne peux pas être aromantique parce que j'ai eu un crush. Quand j'étais en troisième, 30 ans quand même, se dire ça, c'est genre vraiment, tu cherches, tu cherches, tu cherches des justifications pour ne pas être romantique. Et en fait, après, j'ai réalisé que ce n'était pas une attraction romantique du tout. C'est juste, j'étais socialisée, enfin, j'étais vue comme étant une fille, je me voyais comme étant une fille à l'époque, c'était un garçon. Et j'étais attirée par cette personne. Et du coup, je me suis dit, et puis j'avais envie en fait d'être amoureuse parce que genre tout le monde était amoureuse autour de moi.
- Speaker #1
Donc forcément, c'est un crash.
- Speaker #0
Ouais, voilà. Et en fait, après coup, le jour où j'ai fait du remarche, j'ai fait, mais est-ce que t'as vraiment été... attiré romantiquement avant ? Et j'étais genre, bah non, en fait, j'avais juste envie d'être son pote. Et ça a vraiment été le moment de révélation et j'en parle aussi beaucoup dans Post-Romantique, la façon dont on nous a... pas appris à différencier nos différents types d'attractions. Et donc, on met tout un petit peu dans le même truc, et donc on ne sait pas trop. Et plus on aura ces discussions sur les différents types d'attractions, et plus les gens vont commencer à repenser différemment leurs attractions. Et du coup, vraiment, je pense que je suis curieuse de voir où ça va s'arrêter. Mais on va avoir énormément de personnes sur le spectre de la sexualité et énormément de personnes qui se revendiquent à romantique sur le spectre de la romanticité, je pense, dans les années à venir. Ça va être passionnant.
- Speaker #1
On va se quitter là-dessus.
- Speaker #0
Merci Aline. Je t'en prie.
- Speaker #1
Cet épisode touche à sa fin. Je vous remercie infiniment pour votre écoute. Le chemin de la relation romantique convient à certaines et certains, pas à d'autres. Peu importe le chemin emprunté, une vie épanouie, heureuse et pleine est possible. Si vous avez aimé cet épisode, n'hésitez pas à laisser une petite note sur Deezer, Spotify, Apple Podcasts ou n'importe où ailleurs. Vous pouvez me suivre sur Instagram à Ligne de Désir. Je vous souhaite une très belle journée, très belle soirée, peu importe l'heure à laquelle vous écoutez cet épisode. Et à dans 15 jours pour une nouvelle Lime de Désir.
- Speaker #2
Ciao !