Rédigé par Salma Labtar le Vendredi 11 Juillet 2025
Une récente étude de la Haute Commission au Plan (HCP), réalisée en partenariat avec ONU Femmes et financée par l’Union européenne, met en lumière une réalité inquiétante : plus de 70 % des adolescentes marocaines âgées de 15 à 19 ans ont été victimes d’au moins une forme de violence. Le cercle familial et l’environnement proche sont identifiés comme les principaux lieux où ces violences se produisent, révèle une revue de presse du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.
Plus de 70 % des adolescentes marocaines victimes de violences, selon une étude alarmante
Selon cette enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes, 71 % des jeunes filles entre 15 et 19 ans ont subi une forme de violence, un taux nettement supérieur à celui des femmes adultes (55,8 % chez les 20-74 ans). La violence dite « intime » — physique, psychologique ou sexuelle — concerne près de 59 % des adolescentes, contre 43,6 % chez les femmes majeures.
Le phénomène est particulièrement accentué en milieu urbain, où 75,1 % des adolescentes déclarent avoir été exposées à la violence, contre 64,3 % en milieu rural.
La famille apparaît comme le principal foyer de ces violences, 59,4 % des adolescentes rapportant avoir été victimes au sein du cercle familial. Dans près de la moitié des cas (49,3 %), les agresseurs sont des membres de la famille élargie, avec une prédominance des pères et frères.
Les établissements scolaires et de formation ne sont pas non plus des zones sûres : 25,3 % des lycéennes et étudiantes ont subi des violences dans ce cadre, un chiffre plus élevé en milieu rural (34,9 %) qu’en milieu urbain (22,8 %).
Près de 68 % des adolescentes estiment que la violence contre les femmes s’est intensifiée ces dernières années, sentiment plus marqué en zone urbaine (70,4 %) que rurale (63,4 %).
Parmi les types de violences, la violence psychologique arrive en tête avec 61,1 % des victimes, suivie par la violence numérique (29,4 %), sexuelle (23,3 %), physique (17,1 %) et économique (9,1 %).
Même les relations amoureuses ne sont pas épargnées, puisque 60,3 % des adolescentes déclarent avoir subi des violences dans ce cadre au cours de la dernière année.
Au-delà des impacts humains, cette situation a aussi des répercussions économiques importantes. L’exclusion et la violence subies par les femmes rurales contribuent à une perte estimée à 25,3 milliards de dirhams, soit 2,2 % du PIB national. Ces pertes sont liées notamment au travail non rémunéré, à l’accès limité à la propriété, au financement, aux soins et à l’éducation.
Ces chiffres soulignent les défis majeurs que doit relever le Maroc pour assurer la protection de ses adolescentes et promouvoir une égalité effective entre les sexes. Malgré un arsenal législatif renforcé ces dernières années, les violences et inégalités restent profondément ancrées dans la société.
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