Speaker #0Bonjour à tous, c'est Madame Tout-le-Monde qui parle. Bienvenue dans cet épisode 2. Je m'appelle Gwenaëlle, Gwenn pour les intimes, et je suis Madame Tout-le-Monde qui parle de tout et du monde. On se retrouve ce dimanche pour discuter à la voix d'actualités et de faits de société, la cause agricole dans l'esprit des jeunes. Ça peut paraître... Un peu vague, dit comme ça, mais mon objectif dans cet épisode est de relire une actualité brûlante à la société. En quelques mots, la cause agricole, ou l'agriculture plus généralement, ne devrait pas, à mon avis, n'être qu'une affaire entre guillemets de vieux. Les jeunes, et moi la première, nous sommes conscients que cette cause est grave, en théorie, mais en pratique, on ne la soutient pas vraiment, alors qu'elle est fondamentale dans un pays comme la France. Avant de rentrer dans le vif du sujet, je précise à toutes fins utiles qu'au-delà de fournir des faits et des informations, je donne parfois mon avis et qu'il est totalement possible que vous ne soyez pas d'accord avec moi. Sinon, laissez-moi d'abord vous donner la raison pour laquelle j'ai choisi de parler de la cause agricole chez les jeunes. En quelques mots, lundi je me suis penchée sur l'actualité du traité de libre-échange avec les pays du Mercosur et j'ai pu voir que les mobilisations des agriculteurs français avaient repris dans toute la France. Certains médias mettent des photos de ces mobilisations et l'une d'elles m'a inter... car on ne voyait que des personnes cinquantenaires en colère dans leur tracteur. Je me suis dit que ça pouvait être important de parler de la cause agricole au cœur de l'actualité et des débats, en la reliant à l'expérience que j'en ai, mon rapport et mon implication pour cette cause. Comme je l'ai dit précédemment, parler d'agriculture ce dimanche, c'est parler d'actualité. C'est là que mon rôle de journaliste intervient. Depuis déjà plusieurs semaines, les agriculteurs en France se rebellent à propos du traité de libre-échange avec les pays du Mercosur. Mercosur, qui est l'abréviation de Mercado Común del Sur. en espagnol, si si claro que si, a lo español, c'est une alliance économique regroupant plusieurs pays d'Amérique du Sud. Ce traité est rejeté par les agriculteurs français pour plusieurs raisons, comme le fait que si la France importe de plus en plus de produits venant de ces pays, à un prix plus bas que les produits dits du terroir, c'est la faillite, ou encore, pour des normes sanitaires, de nombreux éleveurs se révoltent car les normes sanitaires pour la viande bovine par exemple, sont totalement différentes de celles européennes, ce qui peut entraîner l'importation de maladies ou que sais-je en Europe. Une petite lueur d'espoir pour la France et ses agriculteurs a fait surface quand, mercredi 27 novembre, l'Assemblée nationale a rejeté majoritairement l'accord. Bien évidemment, les différents bords politiques n'ont pas les mêmes raisons de s'y opposer. En parallèle, à la Commission européenne, la Pologne s'est aussi ralliée à la France dans ce combat. Pour un pays comme la France, il n'y a rien de vraiment étonnant dans la défense des agriculteurs. L'objectif maintenant est de convaincre le reste de la population de l'UE. Pour continuer de parler des mobilisations, j'ai un peu analysé le profil des agriculteurs, de ceux qui descendent dans les rues manifester. Eh bien, là aussi ! j'ai pu voir un grand écart avec de jeunes générations. Dans les mobilisations pour la cause agricole, pour le rejet de l'accord avec le maire Cossure, ce sont la plupart du temps des agriculteurs eux-mêmes qui ont manifesté. Ce sont ces hommes et ces femmes de plus de 50 ans qui sont descendus dans les rues. Et les jeunes, ils sont assez sous-représentés. Pourtant, ils sont au courant que des manifestations ont lieu, car la jeunesse actuelle s'est manifestée. Et je trouve qu'il y a un déséquilibre dans l'implication pour une cause comme celle-ci, qui pourrait clairement être vitale comme d'autres. Par exemple, en 2022-2023, pour la réforme des retraites, énormément de jeunes se sont mobilisés. Je me souviens, durant cette année, j'étais en Cagnes, en deuxième année de prépa, et j'avais remarqué que de nombreux élèves avaient manifesté. L'un d'eux avait même fabriqué une guillotine, peut-être en lien avec le thème de l'ENS en histoire cette année-là, les luttes populaires. Et si je pousse un peu plus loin l'analyse, en vérité, notre génération descend dans les rues, que ce soit pour défendre la cause environnementale ou féministe, sans encore faire de comparaison avec mai 68. Mais pour l'agriculture, c'est un peu moins ancré dans les esprits. En un certain sens, je comprends qu'en tant que jeune adulte, on se sente plus concerné par une réforme de retraite par le droit des femmes plutôt que par l'agriculture. Mais si on se penche vraiment sur la question, la cause agricole est indirectement liée à ses consommateurs, autrement dit, non. Très honnêtement, ce n'est pas si étonnant de voir que les jeunes se sentent moins concernés par la cause agricole en général. Si je me base sur les chiffres que donne la Chambre d'agriculture France, 43% des chefs d'exploitation agricoles ont plus de 55 ans. Selon Agresse, la statistique, l'évaluation et la prospective du ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, d'après un recensement en 2020, les exploitants ont en moyenne 51 ans et la part de ceux qui ont plus de 60 ans ne cesse d'augmenter, même si en parallèle, celle de ceux de moins de 40 ans est autour de 20%. C'est donc assez facile de comprendre que cette cause semble de prime abord être éloignée des préoccupations des jeunes adultes. Pour aller plus loin, le secteur agricole ou secteur primaire est de moins en moins attrayant pour les jeunes générations qui se tournent davantage vers le secteur tertiaire des services. En France, il y a une diminution globale des agriculteurs car il manque de repreneurs. Le détournement des jeunes de cette cause représente en vérité un enjeu majeur pour la puissance agricole qu'est la France. Actuellement, notre pays est la première puissance agricole en Europe et la cinquième mondiale, ce qui est franchement notable. Le problème étant que la taille des exploitations s'agrandit sans cesse, alors que le nombre d'exploitants et d'exploitations baisse. Et par-dessus tout, à l'échelle mondiale, la France certes exporte ses produits, mais elle en importe de plus en plus. Le renouvellement des générations est un enjeu très important pour ce secteur en difficulté. Pour trois agriculteurs qui partent à la retraite, on compte un jeune qui s'installe. Les jeunes se détachent de cette cause et de son activité. A m'écouter parler, on dirait que j'accable les jeunes et ma génération, mais j'ai fait mes petites recherches et je me suis basée sur mon rapport à l'agriculture et bien évidemment qu'on est sensibilisés. Déjà, grâce à l'actualité, on sait ce qui se passe dans les débats, si on se penche sincèrement sur le sujet, on en comprend tous les enjeux et toutes les problématiques. La seule limite à ça, je dirais que c'est qu'il faut faire l'effort de s'y intéresser. Etant en école de journalisme, je dois m'intéresser à l'ensemble de l'actualité, sport, politique, international, etc. Mais je conçois que tout le monde ne le fasse pas. et qu'un jeune adulte puisse choisir les news qu'il a envie d'écouter ou de lire. Aussi, j'aimerais établir un étroit parallèle entre une certaine sensibilisation de cette cause et le milieu scolaire. Personnellement, j'ai dû m'intéresser à l'agriculture, car en Cagnes, le thème de géographie en tronc commun était l'agriculture et les changements globaux. Je ne vais pas vous refaire le tableau de ce thème, loin de là, mais simplement, il arrive que le domaine éducatif cherche à faire découvrir certains secteurs et leurs enjeux par le biais de thèmes ou de grandes réflexions. D'autant plus que pour ce thème, il s'agissait de parler d'agriculture dans le monde, donc pas seulement en France. Le parallèle intéressant, c'est que dans l'expression changements globaux il y a la cause environnementale. L'un des arguments pour sensibiliser les jeunes à la cause agricole est celui de l'écologie. On sait actuellement que l'environnement inquiète beaucoup plus, et c'est normal, mais il ne faut pas oublier que l'agriculture est responsable à 20% des émissions de gaz à effet de serre. Donc s'occuper de l'agriculture, c'est déjà servir l'environnement. Et pour ça, je trouve que les jeunes sont mieux impliqués. Par exemple, du point de vue de la théorie, on cherche des solutions pour une nouvelle révolution agricole, plus raisonnée, voire biologique, qui remplacerait l'agriculture intensive. Les jeunes réfléchissent aux solutions durables puisqu'ils ne reprennent une exploitation. Mais pas de panique, il y a quand même des gens de moins de 50 ans qui sont agriculteurs en France. Le syndicat des jeunes agriculteurs est le seul syndicat agricole dédié à la cause des jeunes, et comme je l'ai dit précédemment, il recense qu'un cinquième des agriculteurs ont moins de 40 ans. En vérité, mon constat n'est pas péjoratif. ou mélioratif, je ne cherche pas à critiquer ma génération pour préférer s'intéresser à l'environnement plutôt que aux agriculteurs, je vois simplement qu'on pourrait lier les deux, que l'une ne va finalement pas sans l'autre. Et puis moi la première, je ne compte pas m'orienter vers ce domaine professionnel, alors qui suis-je pour parler ? Je remarque juste qu'il y a un écart entre la théorie et la pratique. Les jeunes ont pour certains beaucoup d'ambition quant à la cause écologique, ça pourrait être intéressant de se pencher sur une cause vitale, se nourrir. Car il faut reconnaître que que l'on critique aussi des agriculteurs pour leur manque de modernité lorsqu'il faut changer les pratiques agricoles, mais si ce sont les jeunes qui ont repensé l'agriculture, il pourrait être de ceux qui l'appliquent directement. En réalité, on sait tous qu'un pays comme la France ne peut pas négliger son agriculture. Mais en même temps, il est difficile de trouver un équilibre entre penser à une révolution agricole grâce aux jeunes et les convaincre d'être des repreneurs. C'était tout pour cet épisode, merci de m'avoir écouté jusque là. Je m'excuse pour la voix que j'ai, étant donné que je suis malade et que je parle du nez. On se retrouve dimanche prochain à 19h pour parler de ce qui entoure Madame Tout-le-Monde. N'hésitez pas à partager ce podcast avec vos amis, vos proches et avec tous ceux qui pourraient l'apprécier. A bientôt le monde !