Speaker #0Bonjour à tous, c'est Madame Tout-le-Monde qui parle. Bienvenue dans cet épisode 8. Je m'appelle Gwanaëlle, Gwenn pour les intimes, et je suis Madame Tout-le-Monde qui parle de tout et du monde. On se retrouve ce dimanche pour un sujet de société très en vogue et en plein dans l'actualité. Aujourd'hui, Parlons bien, buvons peu, faisons le Dry January. Commençons par le commencement. Le Dry January, ou en français le janvier sec, c'est un défi qui, comme son nom l'indique, se passe en janvier. Mais alors, que signifie le défi Dry ? Eh bien, c'est tout simple. Ce défi est né au Royaume-Uni en 2013. Il consiste à faire la chose suivante, ne pas boire une seule goutte d'alcool du 1er au 31 janvier inclus. L'objectif n'étant pas d'arrêter complètement sa consommation d'alcool, mais de faire le point et de voir les changements que ça procure sur son corps et dans sa vie en général. Comme il existe un mois sans tabac, après tout, pourquoi pas faire un mois sans alcool, n'est-ce pas ? Il existe un site, dryjanuary.fr, où l'on peut s'inscrire pour participer au janvier sec. Il y a des indications sur les bienfaits d'un tel défi. mais surtout, est mise en avant l'idée que nous ne sommes pas seuls à faire ça. Car oui, le Dry January, ayant ses racines au Royaume-Uni, s'est diffusé à l'international et donc en France. Déjà, ça peut être rassurant pour se lancer dans un tel challenge pendant un mois de savoir que des milliers, voire des millions de gens y participent. En France, par exemple, en 2024, c'est près de 4,5 millions de gens qui l'ont fait. C'est tout de suite plus motivant. Et puis, comme je l'ai dit précédemment, mais aussi, comme le répète, les associations et les organismes qui soutiennent ce défi, le Dry January veut pousser les gens à se pencher sur leur consommation générale. Recommencer à boire de l'alcool au 1er février n'est pas en soi un drame. Ce qui compte, c'est d'avoir pris du recul et peut-être de moins boire. Et oui, si ce défi existe et que des organismes de santé en parlent, dès qu'il doit bien y avoir de vrais bienfaits. En voici quelques-uns. Une meilleure peau, une meilleure qualité de sommeil. Moins de stress, il est même possible de perdre du poids et on serait même mieux concentré. Que du bonheur de ne plus boire finalement. Mais plus sérieusement, arrêter sa consommation d'alcool pendant un mois est très bénéfique. Déjà, économiquement. Acheter une bonne bouteille de vin, ça coûte encore plus à cause de l'inflation. Donc, pour se ressaisir des dépenses faites au mois de décembre, à cause de Noël, quoi de mieux que de ne plus acheter d'alcool durant le mois qui suit. Les petites économies. En plus, le coût social annuel de l'alcool est de 188 milliards d'euros. Du point de vue de la santé, en effet, réduire drastiquement sa consommation d'alcool ne peut qu'avoir des répercussions positives. Déjà, l'alcool est responsable de la mort de près de 49 000 personnes en France. La population ne cesse d'augmenter, mais si on peut éviter la mort de certains, car oui, L'alcool est aussi la deuxième cause de mort évitable, je dis bien évitable, après le tabac, d'après Santé publique France. Donc oui, d'un point de vue factuel, faire le dry january, même pour l'anecdote, c'est déjà bénéfique. Et puis, vous pourrez avoir la fierté de dire que vous avez tenu au moins une résolution pour l'année. Bien parce que c'est un défi et qu'on attend un certain résultat, des théories toutes moins convaincantes les unes que les autres alimentent l'efficacité recherchée du Dry January. Par exemple, le cliché le plus fréquent qui ressort après un tel arrêt de la consommation d'alcool est que la reprise à partir du 1er février est plus forte. C'est faux ! D'après plusieurs études citées dans un article du Monde, dont une britannique, une hollandaise et une autre française, pour la période du Post-Dry January, plus de la moitié des personnes interrogées affirment moins boire, mais par-dessus tout, elles affirment moins vouloir. boire. Donc c'est la preuve que c'est une réussite pour une fois qu'être à sec fait du bien et en plus on renfloue notre porte-monnaie. Et oui, les études britanniques et hollandaises expliquent que pour la plupart les gens boivent moins que ce soit en fréquence ou en quantité. L'étude française ajoute qu'en France 62% des français disent moins boire dans les trois mois qui suivent le défi et 58% dans les neuf mois. Globalement on boit moins après un mois sans alcool. Ce qui en soit suit une certaine logique. Si on part du principe qu'il faut environ 30 jours pour avoir une habitude, et que dans le mois de janvier, il y a 31 jours, se priver d'alcool durant ce mois contribue clairement à changer les habitudes. Aussi, Bien parce que la France est un pays consommateur, mais encore plus producteur d'alcool, un défi comme le Dry January semble de prime abord insurmontable. Certaines croyances ressortent toujours pour se convaincre que boire, initialement, ce n'est pas très grave pour la santé. Que si on boit modérément, alors tout ira bien, on ne risque aucun cancer ou que sais-je. Et bien évidemment, qui atteste ces croyances ? Les producteurs viticoles ! Je précise, je ne remets pas en cause leur travail. et la qualité de leurs produits, surtout que la France possède une très grande variété de vins d'appellation d'origine protégée, AOP, connus à travers le monde. Néanmoins, ça n'en fait pas pour autant des produits moins à risque. A première vue, le Dry January semble passer comme une trend, diront certains, faite que pour les jeunes. En vérité, il faut se pencher sur la consommation d'alcool en France pour comprendre à quel point ce défi est populaire et important et qu'il fonctionne chez les jeunes adultes. Ce type de défi est souvent relayé par des jeunes adultes ou par une tranche d'âge comprise dans la trentaine. Ce qui est paradoxal, c'est que ce ne sont pas les jeunes les consommateurs d'alcool les plus excessifs. Eh oui, ce sont les plus de 45 ans qui boivent le plus fréquemment et en plus grande quantité, surtout les plus de 65 ans. Et il y a une raison principale à cela, la manière de consommer. Les jeunes sont plus enclins à pratiquer l'API. l'alcoolisation ponctuelle importante, plus communément appelée la cuite, ou en anglais le binge drinking. Il s'agit généralement, comme un bon nombre d'entre vous le savent, d'ingérer une quantité d'alcool supérieure à 5 unités, c'est-à-dire plus de 5 verres de 25 cl de bière, ou plus de 5 shots de tequila, sachant qu'une unité contient 10 g d'alcool. Cette pratique n'égale pas le fait de boire un peu d'alcool tous les jours. Les plus de 45 ans adoptent souvent un mode de vie, où ils boivent plus d'un verre de vin par jour, soit plus de 7 verres dans la semaine, en plus des apéritifs et des digestifs. Donc oui, le problème d'une consommation excessive chez les jeunes adultes est déplorable, mais il n'est pas pire que celui chez les plus vieux. Et puis, si les jeunes consomment de cette manière, c'est aussi par souci financier. Tout le monde n'a pas un whisky de qualité qui traîne dans un placard ou un grand cru qui prend la poussière dans la cave. Ça revient tout de suite moins cher d'acheter un pack de bière pour la soirée entre copains du vendredi soir. Enfin, si je vous parle du Dry January, c'est certes parce qu'on est au mois de janvier et que ça n'aurait aucun sens que je vous en parle au mois d'août, quoique je pourrais faire de la sensibilisation sur l'augmentation générale de la consommation en été, mais je m'égare. Si je traite ce sujet, c'est justement pour parler sensibilisation. Mon but n'est pas de vous sensibiliser à ce défi, nous sommes en plein mois de janvier, vous avez clairement raté le coche, on en reparle l'année prochaine. En revanche, je voulais faire un parallèle avec un mois similaire à celui-ci, le mois sans tabac, qui a lieu au mois de novembre. Eh bien, contrairement à ce qu'on pourrait croire, autant le mois sans tabac est profondément soutenu par l'État, autant le mois sans alcool, l'État est à sec niveau motivation. Vous l'avez bien compris, ce défi et toute la sensibilisation autour de lui ne sont pas relayés à ce niveau. Pour cause, les lobbies viticoles font pression. car un arrêt complet de la consommation d'alcool engendrerait des pertes économiques inimaginables. En face, les organismes de lutte contre le cancer, contre l'addiction à l'alcool, s'insurgent d'une telle prise de position. Même si au lancement de ce défi en France, l'État devait soutenir le projet, son retrait peut quand même sembler un peu déroutant. Sans trop m'avancer, j'ai une petite théorie. Si jusqu'à aujourd'hui, il y a toujours la campagne pour le mois sans tabac, Et que même en augmentant le prix des paquets de cigarettes, une campagne pour réduire sa consommation d'alcool suivie d'une augmentation des prix ne dissuaderait peut-être pas grand monde d'arrêter, n'est-ce pas ? C'était tout pour cet épisode. Merci de m'avoir écouté jusque-là. On se retrouve dimanche prochain à 20h pour parler de ce qui entoure Madame Tout-le-Monde. N'hésitez pas à partager ce podcast avec vos amis, vos proches et avec... tout ce qui pourrait l'apprécier. Retrouvez-moi sur Instagram à madame tout le monde qui parle pour ne rien manquer des nouveautés. A bientôt le monde !