- Charlène
Bonjour Virginie, ça va ?
- Virginie
Ça va très bien, merci.
- Charlène
Avant de commencer, je voulais te remercier d'avoir accepté de participer à cette aventure.
- Virginie
Avec plaisir.
- Charlène
Et parce qu'en fait, je trouve qu'il faut du courage quand même pour en parler de cette maladie. Donc merci beaucoup.
- Virginie
Je t'en prie, je suis contente d'avoir l'occasion de témoigner.
- Charlène
Merci. Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
- Virginie
En quelques mots, alors j'ai 49 ans, j'ai deux enfants, je suis maman solo.
- Charlène
D'accord.
- Virginie
Je vis pas loin de la mer. Ce n'est pas forcément ma ville de naissance, mais je me suis expatriée quand j'ai rencontré mon compagnon. Je suis très heureuse de vivre dans un bel environnement et pas loin de l'océan. C'est un élément réconfortant. Et voilà.
- Charlène
D'accord. Je trouve aussi que c'est un élément réconfortant, la mer, l'océan et tout.
- Virginie
Voilà, ouais. En tout cas, c'est le mien. C'est mon élément.
- Charlène
Surtout pour se ressourcer. Moi, j'aime bien.
- Virginie
Exactement, ouais. Et puis quand on a une maladie, avoir un endroit de ressourcement, c'est important. Oui,
- Charlène
c'est sûr. Du coup, tes symptômes, ils sont apparus quand ?
- Virginie
Alors, j'ai eu mes règles à 11 ans.
- Charlène
D'accord.
- Virginie
À 11 ans, j'étais déjà très grande et donc c'est venu assez rapidement. Et je ne sais pas si on peut parler vraiment de symptômes à cette époque, mais en tout cas, j'avais des règles qui étaient très irrégulières et très abondantes et douloureuses. Donc, dès le début, ça n'avait pas très bien commencé, on va dire. C'est déjà pas drôle quand on est enfant et qu'on commence à avoir un corps de femme. Mais en plus, c'était vraiment compliqué à gérer pour moi au collège. Et puis après, j'ai eu la pilule à 16 ans pour faire taire mon corps. Et donc, pendant 16 ans de pilule, je n'ai plus entendu les douleurs et les saignements très abondants, etc. Et puis ensuite, vers 34 ans, quand j'ai voulu avoir un enfant avec mon compagnon, c'est là que Quand une fois la pilule arrêtée, tous les symptômes sont revenus. Puis je dirais peut-être même encore plus fort. Et la difficulté aussi d'avoir des enfants qui étaient là aussi. Mais finalement, mon endométriose, mon adénomyose, puisque moi c'est plutôt l'adénomyose, a été diagnostiquée quand j'avais 45 ans.
- Charlène
D'accord.
- Virginie
Donc entre 11 ans et 45 ans, il s'est passé quand même quelques années. Oui,
- Charlène
effectivement.
- Virginie
D'ignorance et de souffrance et d'isolement.
- Charlène
Oui, parce qu'on ne se rend pas compte que quand on prend la pilule... Moi, je sais que je prenais la pilule, mais j'avais toujours des règles irrégulières et des règles abondantes. Mais la pilule n'a jamais trop marché sur moi au niveau de mes règles. Ah oui. Hélas. Oui,
- Virginie
hélas, oui.
- Charlène
Mais après, quand on va avoir des enfants, on se rend compte qu'on a du mal. On se pose des questions, mais quand on en parle, par exemple aux professionnels, nous disent Oui, non, non, normalement, vous ne devriez pas avoir de problème.
- Virginie
Oui, c'est sûr que les professionnels, c'est abondant, vous avez mal. Je ne trouvais pas de réponse, en tout cas, à mes problèmes. Puis comme je voulais avoir un enfant, comme on voulait avoir un enfant, il était hors de question de reprendre la pilule, évidemment. Donc, je me suis retrouvée... à devoir juste supporter ma souffrance et mes règles ultra abondantes. Et c'est surtout que j'avais vraiment très mal. Et puis de façon, on dirait, complètement anarchique. Moi, je me suis rapidement détournée de la médecine puisque quand j'ai commencé à avoir des gynécologues pour voir où j'en étais de mes cycles, de ma capacité à devenir mère, parce que ça a pris deux ans et demi avant que je tombe enceinte. Et donc forcément, on trouvait le temps long. et c'était très... douloureux de me dire mais qu'est-ce qui va pas et c'est vrai qu'on remet rarement en question finalement le conjoint mais plus nous-mêmes et comme ça avait toujours été le bazar je me disais c'est de ma faute et de toute façon c'était mon corps qui fonctionnait pas forcément super bien mais quand j'ai commencé à aller en consultation et qu'on m'a dit il faut prendre la température tous les matins pour faire des courbes et voir le cycle et voir si il y a des ovulations je me suis rendu compte que ça me faisait surtout perdre confiance en moi Oui. parce qu'on me disait ah non mais là de toute façon sur trois mois il n'y a aucune ovulation donc là c'est sûr vous ne pouvez pas tomber enceinte comme ça là quand je suis ressortie en pleurant je me suis dit et bien c'est fini maintenant je vais me débrouiller toute seule mais je ne verrai plus de médecin c'est ça et je vais travailler à me faire confiance à faire confiance en mon corps et puis faire ce qu'il faut parce que je savais j'avais une intime conviction qui était extrêmement profonde, que je serais mère. Et donc, c'était pour moi plus important d'écouter ça que d'écouter la parole des médecins. Après, chacun son parcours. En tout cas, moi, c'est comme ça que je l'ai vécu et que je me suis orientée.
- Charlène
Oui, parce que je sais que moi, vu que la pilule, ça ne marchait pas, je me suis orientée dans les huiles essentielles pour avoir au moins des règles régulières. Et du coup, j'ai eu des règles régulières grâce aux huiles essentielles. C'était plus facile, du coup, après, quand on a voulu avoir un troisième enfant, on l'a eu plus rapidement que le deuxième, en fait. Nous, on a mis plus de trois ans et demi à avoir le deuxième. Et la troisième, on a mis à peu près six mois.
- Virginie
Écoute, oui, là, je ne sais pas, j'ai eu le premier deux ans et demi pour que je sois enceinte. Et puis, je suis tombée enceinte, finalement, quand j'ai lâché prise. Quand je me suis dit, je sais que je serai mère et il arrivera quand il arrivera. Et ce n'est pas grave. Et bien là, je suis tombée enceinte directement. Et la deuxième, il a suffi d'une fois. Puisqu'après, je ne voulais pas reprendre la pilule après ma première grossesse. Et du coup, on était préservatifs. Et puis, une fois, on m'a pas mis parce que j'ai dit, de toute façon, je ne suis pas du genre à tomber enceinte comme ça. Et puis, en plus, je sortais d'un mois de règles. Enfin, c'était n'importe quoi. Et puis, je suis tombée, voilà, cadeau de la vie.
- Charlène
C'est ça.
- Virginie
Je suis tombée enceinte. de la deuxième, alors qu'il aurait cru qu'en une fois, ça marcherait. Finalement, je me rends compte que c'est beaucoup en lâchant prise que ça a fonctionné. Mais sinon, comme toi, le fait de m'être détournée de la médecine, ce n'est pas pour ça que je ne me suis pas occupée de moi. C'est vrai que j'avais pu en tête, mais tu me parlais des huiles essentielles. Je suis très médecine naturelle. Après, c'est comme ça que je fonctionne déjà, vitefellement. Mais l'acupuncture m'a beaucoup aidée. Parce qu'avec l'acupuncture, pourtant, au départ, je n'étais pas hyper enjouée à l'idée qu'on plante des aiguilles partout. Ça fait pas mal, heureusement. Et l'acupuncture, ça a été miraculeux dans le sens où ça n'a pas arrêté mes douleurs ou les règles abondantes. Par contre, après, j'étais réglée comme du papier à la musique. Après ça, jusqu'à ce que je tombe enceinte, ça a vraiment bien fonctionné en quelques séances.
- Charlène
Du coup,
- Virginie
c'est cool. Oui, de savoir qu'il y a des méthodes naturelles quand même qui fonctionnent.
- Charlène
Oui, parce que c'est vrai que nous, pour le deuxième, mon compagnon, il montait son entreprise. Je suis tombée enceinte. Et la troisième, c'est moi qui montais mon entreprise. Donc, c'est vrai que le lâcher prise et penser à autre chose qu'avoir un enfant, c'est vrai que ça nous a permis aussi d'avoir les deux.
- Virginie
Oui, c'est vrai que quand on est complètement focalisé là-dessus, je crois que c'est un peu comme tout dans la vie. Je crois que c'est comme quand on se dit Merci. « Ah ben, je me sens seule et j'ai envie de rencontrer quelqu'un absolument. » Et je pense qu'à ça, je suis obsédée. Dès que je croise un homme, je me dis « Ah ben tiens, c'est peut-être le bon. » C'est un exemple comme un autre. Mais je pense que plus on y pense et plus on est complètement focalisé dessus, moins ça marche. Et là, c'est pareil. Je pense qu'il y a pas mal de domaines dans la vie, finalement, où de se faire confiance et puis en même temps d'avancer sur d'autres. de projet sans être complètement focalisé sur un objectif. Il y a un truc qui se passe, en fait, comme je suis intimement convaincue que le mental et le physique sont entièrement liés.
- Charlène
Bien sûr, moi je suis pareil.
- Virginie
Je pense que c'est une évidence. Oui, forcément, si on lâche le mental, après, le corps le vit différemment.
- Charlène
C'est sûr. Du coup, tu peux nous décrire les étapes de ton diagnostic ? Comment tu as réussi à avoir enfin la réponse que tu as de la dénomiosme ?
- Virginie
Alors, que je me remette les événements dans l'ordre. Mais au départ, moi je voyais, c'était toujours la même gynécologue qui faisait mon suivi. Alors après ma deuxième grossesse, on a essayé plusieurs traitements, souvent à base de pilules qui ne fonctionnaient pas. Et puis ensuite, puisqu'effectivement on a constaté mon adénomiose, mais il n'y a rien qui marchait. Et puis ensuite, elle m'a mis le stérilet Mirena, que j'ai gardé pendant environ neuf mois. D'accord. Et après, comme ça ne marchait pas, parce que je continuais quand même à avoir des saignements, des douleurs, finalement, les mêmes symptômes, elle me l'a enlevée. Et là, ça a été une catastrophe, parce que deux jours après, j'ai eu une hémorragie, mais folie. Et puis, j'ai atterri aux urgences. Ça a été le début de mes allers-retours aux urgences. D'accord. Donc ça a vraiment aggravé la maladie et après elle m'a orientée vers un spécialiste chirurgien qui venait juste d'arriver dans l'hôpital de ma ville. Et elle m'a dit, allez le voir, c'est un jeune chirurgien, il s'est vraiment spécialisé dans l'endométriose. Donc, ça serait bien que vous le voyez. Et donc, c'est lui après qui m'a confirmé et qui a commencé à me parler de cautériser l'utérus et de faire une hystérectomie.
- Charlène
D'accord.
- Virginie
L'hystérectomie, donc pour enlever l'utérus, j'étais... Au départ, je n'arrivais pas à me faire à l'idée parce que pour moi, c'était la première maison de mes enfants. Symboliquement, il y avait une dimension qui était quand même importante et à laquelle j'étais attachée. Mais bon, je continuais à faire des allers-retours aux urgences, toute seule à la maison avec mes deux enfants, qui avaient moins de 10 ans quand même, tous les deux, avec les pompiers qui venaient me chercher. Donc, ce n'était quand même pas très cool pour eux déjà. Je suis sortie de la question du diagnostic, je vais un petit peu plus loin. Mais voilà, en fait, moi, je suis allée jusqu'à... Du coup, j'ai fait l'hystérectomie parce qu'au bout d'un moment, il y a eu la cotérisation sur... mon dernier passage aux urgences, on me dit, bon, maintenant, on vous garde parce que là, ça saigne trop fort et il faut faire quelque chose. Donc, voilà, ils m'ont brûlé l'intérieur de l'utérus, enfin, l'endomètre, quoi, pour qu'il arrête de saigner. C'était une petite opération. Ça, c'était assez cool. Ça a été. Et donc, il m'a dit, par contre, on va. Ce n'est pas miraculeux, vu votre niveau d'anéomiause, mais on peut essayer ça. Et puis, ça a tenu un petit peu. Puis après, je me suis remise à saigner, à saigner de plus en plus. Et puis, un jour, aux urgences, j'ai demandé à l'infirmière, parce que je perdais, mais je ne pouvais pas sortir des toilettes. Je veux dire, ça coulait en continu dans ces cas-là, quand j'avais des crises comme ça, hémorragiques. J'ai posé la question à l'infirmière, j'ai dit est-ce qu'à un moment donné, le corps a un bouton stop pour dire là, je me mets en mode survie, parce que si je continue à perdre du sang, des litres de sang comme ça, ça ne va pas le faire. Et l'infirmière m'a répondu non, il n'y a pas de bouton stop. Donc là, j'ai eu une prise de conscience et j'avais rencontré quelqu'un aussi. Et mon compagnon m'a énormément accompagnée et ça, je trouve que c'est quand même une clé aussi, qu'on vit ça. Je pense qu'on en reparlera. donc j'ai réussi à faire mon deuil de mon utérus et puis je me suis fait opérer j'ai eu une hystérectomie avec des complications après mais du coup au bout d'un moment j'avais plus trop le choix parce que c'était une question de survie je me suis dit je vais mourir parce que les hémorragies arrivent de plus en plus souvent je me vide de mon sang et c'est juste pas possible et le témoignage aussi d'autres femmes m'a donné des contacts Merci. Mon compagnon m'a trouvé des contacts pour que je puisse contacter des femmes qui avaient vécu ça. Et ça m'a énormément aidée. C'est pour ça aussi qu'aujourd'hui, je parle parce que c'est comme un passage de relais aussi. Oui. En hommage à ces femmes qui m'ont témoigné et qui m'ont fait beaucoup avancer. Du coup,
- Charlène
c'est cool,
- Virginie
ça. Oui, la solidarité, c'est important quand on vit des choses comme ça.
- Charlène
Oui, souvent, on se sent un peu seule. C'est un peu compliqué par moments. Parce que bon, bah... Par exemple, j'ai du monde autour de moi, mais ils ne vivent pas à peu près ce que je vis. Par moments, j'ai envie de faire des choses, mais je ne peux pas. On se remet en question, souvent. Donc, c'est cool d'avoir des témoignages de gens qui ont les mêmes choses que nous et qui nous comprennent plus, parce que des fois, on n'est pas obligé de parler, je dirais. Ils comprennent.
- Virginie
Oui, tout de suite, on se comprend. Voilà, toi, tu as... Je ne sais pas aujourd'hui si... Tu en as toujours, toi, de l'endométriose ?
- Charlène
Oui, oui. Je dois aller en hôpital de jour, là, dans pas longtemps, pour tout faire, les IRM, pour voir jusqu'à où c'est atteint, parce que je vis H24 presque dans mon lit.
- Virginie
Ah ouais, je comprends tellement. Voilà, tu vois, comme tu dis, c'est des choses qu'on peut se dire entre nous parce qu'on comprend ce que c'est. C'est ça. Mais pour d'autres, c'est normal. Quand on ne vit pas des situations, des fois, c'est difficile de les comprendre. Entre femmes, on se comprend, mais avec des hommes ou des fois des collègues masculins. Moi, je vais dans une entreprise qui est dirigée par des hommes. On dit, non, je ne peux pas venir travailler. Mais pourquoi ? Parce que ? Parce que je me shoot aux anti-inflammatoires pour venir travailler. C'est ça. Et que là, je n'ai plus d'estomac, je n'ai plus de foie. Oui, oui. Il faut tenir quand même. On a l'impression que tant qu'on n'a pas un cancer, ça va. Il n'y a pas de justification.
- Charlène
C'est sûr, mais bon. Du coup, quels symptômes sont les plus difficiles à gérer pour toi ou sont encore les plus difficiles à gérer pour toi ?
- Virginie
Aujourd'hui, je n'ai plus du tout de symptômes, puisque pour moi, l'hystérectomie a été libératrice. Et je suis désolée pour mon chat qui miaule à côté de moi. Elle s'exprime. Elle demande de l'attention parce que c'est un chat.
- Charlène
Elle a des choses à dire.
- Virginie
Voilà, elle aussi, elle a des choses à dire. Elle l'a vécu aussi, ça, avec moi. Elle venait de blottir contre mon ventre pour me soulager. Quels ont été les symptômes les plus difficiles ? La douleur. La douleur, ça, ça a été des niveaux de douleur vraiment atroces. Et puis que seuls les anti-inflammatoires pouvaient calmer pendant quelques heures. Et puis la fatigue. Le fait d'être anémiée en permanence. J'ai frôlé la perfusion sanguine à un moment donné, parce que j'ai vraiment perdu trop de sang. Et la fatigue. quand t'as dû le vivre aussi, du coup, si tu me dis que t'es souvent allongée, quand on est jeune maman, avec un conjoint qui ne comprend pas, et qui se plaint, enfin moi il se plaignait tout le temps, t'es tout le temps fatiguée, t'as tout le temps mal, t'as tout le temps un truc, y'a toujours un truc qui va pas, etc. Et devoir quand même gérer le boulot à 100%, la maison, les enfants, le conjoint qui est du coup de mauvaise humeur. Et en même temps, avoir l'impression que le sol vacille en permanence et qu'on va s'écrouler.
- Charlène
On a peur pour nous. Moi, je vois des fois quand je ne vais vraiment pas bien. J'ai peur aussi pour mes enfants parce que ma dernière, elle va avoir un an, donc elle ne marche pas toute seule. Quand je la porte, des fois, je me dis, ça ne va pas. Je ne peux pas. Donc, c'est compliqué des fois.
- Virginie
Ah ouais, c'est super dur. Avec des tout petits en plus.
- Charlène
Ouais. Bon, après là, mon deuxième, ça va, il a trois ans, mais lui, il ne comprend pas, par exemple, les douleurs. Donc, il va me sauter dessus. Non, pas maintenant. Attends. Donc, bon, quand ils sont petits, c'est vrai que c'est compliqué. Quand on a mal, on est fatigué, on a moins de patience aussi. Hélas. Ouais. C'est... c'est ça le souci aussi parce que du coup vu qu'on a moins de patience des fois on les envoie un peu bouler mais eux ils comprennent pas parce qu'ils savent pas parce que c'est pas comme si ça se voyait cette maladie,
- Virginie
vu qu'elle est invisible c'est compliqué invisible et puis à la fois ils voyaient des fois quand j'avais quand les pompiers venaient et qu'il y avait beaucoup de sang, bon bah là ils voyaient mais ce qui est bizarre c'est que maintenant quand j'en parle à ma fille qui a 10 ans Elle n'a pas l'air d'avoir trop de souvenirs de ça. Parce qu'elle, maintenant, les cycles vont commencer. Elle a les symptômes. Et elle ne fait pas le lien. Mais après, tant mieux. Je n'ai pas tellement envie qu'elle fasse le lien avec ce que j'ai vécu et ce qu'elle a vu. Elle me repose plein de questions comme si elle partait de zéro, alors qu'elle ne part pas de zéro. Je ne sais pas toi, mais je vais expliquer aux enfants que je saignais fort, que c'était des problèmes problèmes à mon ventre, mais que après, tout dépend de l'âge aussi, que toutes les femmes perdaient du sang tous les mois, mais que moi, c'était anormal la façon dont ça se faisait. T'as des filles, toi ?
- Charlène
Oui, j'ai une grande de 12 ans, celui du milieu, donc un garçon, et la dernière, une petite fille.
- Virginie
D'accord.
- Charlène
Mais celle de 12 ans, j'ai un peu expliqué, parce que c'est bon, elle est réglée, donc expliquer, fais attention. si tu vois que tu saignes un peu trop dis-le moi tous les mois tu vas saigner mais faut pas trop saigner, si tu sens que t'es pas bien tu vas tomber dans les pommes dis-le vite je pense que c'est une crainte que j'ai parce que je l'ai vécu moi genre au collège ou au lycée à tomber dans les pommes et que de toute façon c'est que des règles mais si je tombe dans les pommes c'est qu'il y a un problème c'est que là ça va pas en fait mais parce que t'es une chochotte voilà, ah oui bah ... Ça y est, à peine, elle a ses règles, elle n'en peut plus. J'en peux plus, mais c'est peut-être parce qu'il se passe des choses dans mon corps qui n'est pas normal.
- Virginie
Quelle horreur.
- Charlène
Je suis tellement peur qu'elle vive ça, de l'incompréhension, que dès que je lui dis, tu me dis vite si ça ne va pas. Je panique un peu sans trop paniquer devant elle, mais bon.
- Virginie
C'est un truc qui me questionne pas mal, ça. C'est comment ne pas faire de projections négatives sur ma fille. C'est ça. Par rapport à... Elle, son propre corps. Apparemment, il y a une hérédité, mais j'essaie de me dire qu'elle prendra le bon côté de l'hérédité. Ma mère n'a pas eu de problème comme ça, donc peut-être que ça saute des générations, ça m'arrangerait. Et puis, je pense aussi qu'il n'y a pas que l'hérédité, il y a d'autres facteurs forcément. C'est ça. Mais le fait de préserver nos filles, ne pas faire de transfert sur elles, c'est compliqué, je te rejoins. Parce que forcément, je pense que ça nous met en hyper-vigilance. Comme tu dis, dis-moi si ça ne va pas, dis-moi s'il y a un souci, etc.
- Charlène
Parce qu'elles n'osent pas en parler. Moi, je sais que quand elle les a eues la première fois, pourtant, j'en avais déjà parlé parce que vu ce que j'ai. Mais quand elle les a eues, elle me dit, maman, je crois que j'ai un problème. Je dis, comment ça ? Ah oui. Elle me dit, écoute, je saigne. Je lui dis, bah oui. Tu sais, ça s'appelle des règles, c'est ce que je t'ai expliqué. Elle me dit, ah, mais c'est ça ? Bah oui,
- Virginie
c'est ça.
- Charlène
Bah oui, oui, c'est ça. Elle me dit, ah, d'accord. Mais du coup, je fais quoi ? Je lui dis, bah, bon, nous, on prend des culottes. Je lui dis, bah, faut prendre des culottes. Là, tu vas prendre une culotte menstruelle, machin. Je lui explique et tout. Ah ! Mais ça dure combien de temps ? Je lui dis, mais je t'ai déjà expliqué tout ça.
- Virginie
Mais ouais, bah voilà, c'est drôle.
- Charlène
Je pense que tant qu'elles ne le vivent pas... Elles ne s'arrivent pas à mettre le mot et ce que c'est exactement. C'est rigolo.
- Virginie
Oui, c'est ça. Après, je me dis que finalement, ce n'est pas illogique. Pour elles, c'était le monde des adultes. Elles n'étaient pas concernées. Et puis, une fois que ça leur arrive, il y a un autre effet. Il faut quand même faire tout l'apprentissage depuis le début. Même si on a vu maman qui vivait des trucs un peu bizarres. C'est ça. mais parle aussi avec ma fille et puis voilà, elle n'est pas encore... On a cru qu'elle avait du sang, mais en fait, non. Les pertes blanches, tout ça, les protections. Bon, il faut en parler aussi. Heureusement, je pense qu'à notre époque, c'est quand même vachement moins tabou qu'avant.
- Charlène
Non. En tout cas, moi, j'essaye de créer un lien avec ma fille sur ça où ce n'est pas tabou du tout. C'est comme si tu me dis que tu avais mal à la gorge. C'est pareil.
- Virginie
Oui, c'est ça. Ça fait partie de ton corps.
- Charlène
C'est ça. Donc, c'est vrai qu'après, je l'écoute plus parce qu'elle ne se plaint jamais. On a aussi un problème avec ça, c'est qu'elle ne sent pas la douleur. Donc, tu vois, il y a deux mois de ça, elle est tombée à l'école. Elle s'est cassée le poignet. Mais elle m'a dit non, non, non, je n'ai pas mal. Et quand j'ai appuyé un petit peu, elle me dit moi, j'ai un petit peu mal. Je lui dis mais tu as le bras violet. En fait, on va peut-être aller aux urgences. Elle me dit, tu sais, je suis tombée, je suis tombée. J'ai dit non, non, mais on va aux urgences. Ah bah oui, elle s'est cassée le poignet. Oui,
- Virginie
quand même. Ça se sent quand même en général.
- Charlène
Je ne sais pas. Elle est un peu comme moi. On a du mal. On en casse un peu trop la douleur, je dirais. Donc, c'est sûr que quand elle me dit ça ne va pas, bon, je l'écoute. Parce que...
- Virginie
Oui, du coup, oui.
- Charlène
Il y a un mois de ça, je l'ai récupérée au collège. À midi et demi, elle ne pouvait plus marcher à cause des règles. Elle n'arrivait plus à marcher et tout. Elle en pleurait là pour... Et je lui dis, mais pourquoi ils ne m'ont pas appelée ? Parce qu'ils m'ont dit que c'était des règles. Mais oui, mais...
- Virginie
On en a encore là.
- Charlène
Oui. Et qu'ils ont pas envie de me donner de médicaments. Je lui dis, oui, mais bon, tu vas à l'infirmerie, ils m'appellent, j'arrive. Oui, mais ils ont pas voulu.
- Virginie
Qu'est-ce que tu fais alors quand elle a des douleurs ?
- Charlène
Elle reste à la maison. Je suis obligée. Donc, dès qu'on sait qu'elle a ses règles, pendant deux, trois jours, elle reste à la maison parce que c'est les deux, trois jours où elle a vraiment mal. Au moins, elle a du Doliprane, du Spasfon, la Bouillotte.
- Virginie
Oui, Doliprane, de se passer en bouillotte.
- Charlène
Et repos. Il y a des moments où ça va, d'autres ça ne va pas du tout, elle est prête à tomber dans les pommes. Je me dis qu'au collège, je n'ai pas envie qu'elle subisse ça. Ça me fait un peu peur.
- Virginie
Et les huiles essentielles qui ont fonctionné sur toi, est-ce que ça ne marche pas sur elle ? Est-ce que vous allez essayer ?
- Charlène
Il faudrait que j'essaye.
- Virginie
Oui, ça pourrait être pas mal. Je me dis qu'on a une grosse longueur d'avance sur nos filles. Au moins, on a testé des choses, donc on sait ce qui fonctionne.
- Charlène
Après, l'année dernière, on pensait qu'elle allait les avoir, donc elle les a eues là-haut à courant août. C'est vrai que je lui mettais des huiles essentielles, des douleurs utérines. Et ça l'a soulagé énormément. C'est vrai que ça l'a soulagé énormément. Donc là, souvent, elle est avec la bouillotte. Elle me dit, je me sens mieux.
- Virginie
Alors, c'est quoi les huiles essentielles que tu utilises ?
- Charlène
Alors, pour les douleurs utérines, c'est des huiles essentielles d'estragon avec de l'huile végétale de bourrache.
- Virginie
D'accord.
- Charlène
Et ça marche extrêmement bien.
- Virginie
Que tu masses sur le ventre ou est-ce que c'est à ingérer ? Non, non.
- Charlène
que tu m'assures le ventre.
- Virginie
Super.