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MOOVIZZ L'INSTANT CINÉMA

La Vistavision expliquée par Patrick Servel de Moovizz

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08min |22/02/2025
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MOOVIZZ L'INSTANT CINÉMA

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Description

Alors que sort le film The Brutalist, on reparle de la VistaVision.

Mais qu'est ce exactement ?


Patrick Servel vous explique tout...(enfin presque)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Alors Patrick, tu tenais à nous parler de quelque chose qui s'appelle la VistaVision, parce que je l'avais évoqué, parce que c'est un procédé cinématographique qui est utilisé dans The Brutalist, dont on parle dans le dernier Moovizz. Et là, tu as tilte, tu as dit, je sais tout sur la VistaVision, je vais expliquer aux auditeurs. Oui, tu l'as dit, il s'agit bien d'une technique particulière de tournage de films. Alors, il faut revenir dans les années 50, 1950, où la télé rentre dans beaucoup de foyers américains et va s'en suivre. une baisse de fréquentation dans les salles de cinéma, où depuis l'invention par Edison et les Frères Lumière, le cinéma propose de filmer dans un seul format dit académique, avec un ratio de 1,33. 1,33, ça signifie que le film est 1,33 fois plus large que haut. C'est une sorte de carré. C'est ce format qui est repris d'ailleurs dans la télé et qui va perdurer jusqu'à la fin du XXe siècle. Il faudra attendre. l'arrivée de la haute définition et des écrans plats pour que ça s'élargisse et on parlera du 16-9ème. Alors, quels moyens ils ont pu trouver pour arrêter ce flux et faire revenir les spectateurs dans les salles ? C'est d'être novateur, c'est de proposer quelque chose qu'il ne retrouvera justement pas devant sa télé. Alors, sans parler d'un véritable relief, parce que ça existait aussi le relief, on va parler, c'est utilisé par les publicités, de relief psychologique. Et on va mettre le spectateur au... cœur du film. Et la solution que l'on trouve, c'est deux choses. Introduction du son multicanal, le son vient d'un petit peu partout dans la salle, et surtout élargissement de l'écran qui, dans certains cas d'ailleurs, sera incurvé. Et c'est le 37 ans 52 que les spectateurs du Broadway Theater de New York vont découvrir le cinérama. Alors le cinérama, c'est trois projecteurs 35 mm qui projettent simultanément trois images côte à côte. Alors, beaucoup de documentaires, quelques fictions, donc le très connu ... En tout cas, le plus connu de cela, c'est la conquête de l'Ouest. C'est un procédé très lourd qui nécessite des investissements énormes pour les exploitants. Beaucoup de personnel. Sachez que pour chaque séance, il faut monopoliser six opérateurs par cinéma. Donc, forcément, c'est limité aux grandes villes. D'abord, des USA, quelques grandes villes françaises. Il y a eu Paris, l'Empire, l'Empire Cinérama, l'Empire où on voyait les émissions du dimanche après-midi. C'était... Un empire cinérama. On a eu le Gaumont Palace qui arrivait avec un écran qui faisait presque 40 mètres de base. Imaginez, c'était énorme. Et il y avait aussi une version russe qu'on appelait le Kinopanorama. Marseille, Lyon, eux aussi, ont eu leur cinérama. Mais c'est rapidement tombé en désuétude. Et il existe encore. Il y a des salles, il y en a par exemple à Londres, qui font des festivals cinérama. Il y a aussi Los Angeles qui fait ça. Et notons que Napoléon... à Belgaunce avec son Napoléon, avait déjà été précurseur dans les années 20, 27, 28, avec sa Polyvision.

  • Hervé Bry

    Mais pour l'instant, on n'est pas dans la VistaVision.

  • Speaker #1

    Non, on n'est toujours pas dans la VistaVision. Je suis obligé d'expliquer un petit peu. Le contexte. Un an après le cinérama, les studios américains vont vite s'emparer de cette nouvelle mode de l'écran large et ils vont chercher de nouvelles techniques. Et ils vont aller chercher des travaux qui avaient été faits par un Français, le professeur Henri Chrétien. et son objectif qu'il appelait l'hypergonar, donc c'est une sorte d'anamorphose, et c'est la Fox, la 20th Century Fox, qui va sortir un nouveau procédé sur 35 mm, et ce sera le cinémascope. Alors pour faire simple, le cinémascope, c'est un objectif qu'on utilise pour filmer, qui va comprimer l'image, et dans les salles de cinéma, à la projection, on a un objectif qui fait l'inverse, qui décomprime, qui va faire qu'on va pouvoir élargir. Et ainsi... Du ratio de 1,33², on va passer à un ratio de 2,55. Donc 2,55, ça veut bien dire que l'écran est 2,55 fois plus large que haut. Et en même temps, on y ajoute aussi un son multicanal, 4 sources de son dans l'écran. Le premier film, c'est un truc biblique, c'est La Tunique. Alors, il y a d'autres studios qui se disent, oui, moi, je n'ai pas envie d'utiliser ce même procédé, parce que d'ailleurs, le 20th Century Fox a bien sûr, à ce moment-là, déposé des brevets. Et donc, c'est Paramount qui va utiliser et qui va sortir. Alors, on arrive enfin à la VistaVision. On est 27 avril 54 sur un écran, là aussi, d'une trentaine de mètres de base. Dans la mythique salle du Radio City Hall est présenté Noël Blanc avec la nouvelle invention, la Vista Vision. Alors qu'est-ce que c'est que cette Vista Vision ? Jusqu'à présent, le film 35 mm est impressionné 24 fois par seconde sur des images qui sont inscrites sur le film. 4 perforations avec un déroulement vertical. Le film va du haut vers le bas. Et là, l'idée, ça va être non plus de défiler verticalement, mais de passer horizontalement. Et de 4 perforations, on passe à 8. Donc l'intérêt saute tout de suite aux yeux. Plus de contraintes de largeur. On filme comme on prend des photos dans son 24-36 argentique. On multiplie quasiment par 2 la surface. Donc forcément, on va obtenir une... bien meilleure définition. Alors, le ratio de la VistaVision, je dirais qu'il est moins large, je mets des guillemets à large que le Cinémascope, puisque lui, c'est un ratio de 1,85. Mais vraiment, c'est au niveau de la qualité de l'image, c'est vraiment la VistaVision, c'est là qu'elle donne tout son intérêt. Il y en a un qui a beaucoup aimé tourner en VistaVision, c'est Hitchcock. Hitchcock, il a tourné La mort aux trousses. La main au collet, l'homme qui en savait trop, qui a tué Harry, ont été tournés à grand vision, en vista vision. Et un film aussi de ces époques, le grand spectacle par excellence, Lady Commandement. Lady Commandement a été tournée en vista vision. Alors, outre une définition excellente, on avait aussi un son multicanal. Alors là, je ne vais pas rentrer dans les détails, le son s'appelait le Perspecta. C'était assez sioux comme système. Il y avait une sorte de codage déjà avant le Dolby. où on envoyait le son sur telle ou telle enceinte. Bon, bien sûr, les salles ne pouvaient pas d'un seul coup s'équiper de projecteurs à un déroulement, passer d'un déroulement vertical à un déroulement horizontal. Donc les films VistaVision étaient ensuite tirés sur pellicule 35, qu'on dit flat, flat ça veut dire sans anamorphose, à la différence du scope. Et si on veut retrouver cette qualité originelle de la VistaVision, il faut... avoir des copies 70 mm où là, vraiment, on prend le négatif, le ratio, vraiment la taille de l'image telle qu'elle est, et on la met sur du 70 mm. Par exemple, un film dont je n'ai pas parlé, La mort aux trousses et surtout Vertigo, a été rediffusé en 70 mm. On a utilisé aussi le 70 mm. Avant qu'on ait tous les effets numériques qui pouvaient exister, on l'a utilisé par exemple dans Star Wars. Pour faire beaucoup d'effets spéciaux, on utilisait ce système.

  • Hervé Bry

    C'est plus utilisé, sauf comme ça ?

  • Speaker #1

    On passe vraiment des années 50 où ça a été utilisé une cinquantaine de fois. On a eu 76 pour des effets particuliers de... par exemple de Star Wars. Et puis on a Nagisa Ausha, par exemple, qui lui a tourné l'Empire des Sens, l'Empire de la Passion, en VistaVision. Pourquoi ? On n'en sait rien. Et là, donc, je ne fais pas le calcul, mais quasiment 50 ans après, on a The Brutalist qui a été tourné en VistaVision. Bon, en France, toutes les salles se font en numérique. Si on veut avoir la chance d'avoir des tirages 70 mm, il faut aller soit traverser la... La Manche, ou aller en Allemagne pour arriver à le voir en 70 mm, et bien évidemment dans les salles américaines. Voilà ce que je pouvais dire sur la Vista Vision.

  • Hervé Bry

    Voilà, c'était la leçon de M. Patrick Cyclopède, qui a vécu bien sûr toutes les époques du cinéma qu'il a cité.

Description

Alors que sort le film The Brutalist, on reparle de la VistaVision.

Mais qu'est ce exactement ?


Patrick Servel vous explique tout...(enfin presque)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Alors Patrick, tu tenais à nous parler de quelque chose qui s'appelle la VistaVision, parce que je l'avais évoqué, parce que c'est un procédé cinématographique qui est utilisé dans The Brutalist, dont on parle dans le dernier Moovizz. Et là, tu as tilte, tu as dit, je sais tout sur la VistaVision, je vais expliquer aux auditeurs. Oui, tu l'as dit, il s'agit bien d'une technique particulière de tournage de films. Alors, il faut revenir dans les années 50, 1950, où la télé rentre dans beaucoup de foyers américains et va s'en suivre. une baisse de fréquentation dans les salles de cinéma, où depuis l'invention par Edison et les Frères Lumière, le cinéma propose de filmer dans un seul format dit académique, avec un ratio de 1,33. 1,33, ça signifie que le film est 1,33 fois plus large que haut. C'est une sorte de carré. C'est ce format qui est repris d'ailleurs dans la télé et qui va perdurer jusqu'à la fin du XXe siècle. Il faudra attendre. l'arrivée de la haute définition et des écrans plats pour que ça s'élargisse et on parlera du 16-9ème. Alors, quels moyens ils ont pu trouver pour arrêter ce flux et faire revenir les spectateurs dans les salles ? C'est d'être novateur, c'est de proposer quelque chose qu'il ne retrouvera justement pas devant sa télé. Alors, sans parler d'un véritable relief, parce que ça existait aussi le relief, on va parler, c'est utilisé par les publicités, de relief psychologique. Et on va mettre le spectateur au... cœur du film. Et la solution que l'on trouve, c'est deux choses. Introduction du son multicanal, le son vient d'un petit peu partout dans la salle, et surtout élargissement de l'écran qui, dans certains cas d'ailleurs, sera incurvé. Et c'est le 37 ans 52 que les spectateurs du Broadway Theater de New York vont découvrir le cinérama. Alors le cinérama, c'est trois projecteurs 35 mm qui projettent simultanément trois images côte à côte. Alors, beaucoup de documentaires, quelques fictions, donc le très connu ... En tout cas, le plus connu de cela, c'est la conquête de l'Ouest. C'est un procédé très lourd qui nécessite des investissements énormes pour les exploitants. Beaucoup de personnel. Sachez que pour chaque séance, il faut monopoliser six opérateurs par cinéma. Donc, forcément, c'est limité aux grandes villes. D'abord, des USA, quelques grandes villes françaises. Il y a eu Paris, l'Empire, l'Empire Cinérama, l'Empire où on voyait les émissions du dimanche après-midi. C'était... Un empire cinérama. On a eu le Gaumont Palace qui arrivait avec un écran qui faisait presque 40 mètres de base. Imaginez, c'était énorme. Et il y avait aussi une version russe qu'on appelait le Kinopanorama. Marseille, Lyon, eux aussi, ont eu leur cinérama. Mais c'est rapidement tombé en désuétude. Et il existe encore. Il y a des salles, il y en a par exemple à Londres, qui font des festivals cinérama. Il y a aussi Los Angeles qui fait ça. Et notons que Napoléon... à Belgaunce avec son Napoléon, avait déjà été précurseur dans les années 20, 27, 28, avec sa Polyvision.

  • Hervé Bry

    Mais pour l'instant, on n'est pas dans la VistaVision.

  • Speaker #1

    Non, on n'est toujours pas dans la VistaVision. Je suis obligé d'expliquer un petit peu. Le contexte. Un an après le cinérama, les studios américains vont vite s'emparer de cette nouvelle mode de l'écran large et ils vont chercher de nouvelles techniques. Et ils vont aller chercher des travaux qui avaient été faits par un Français, le professeur Henri Chrétien. et son objectif qu'il appelait l'hypergonar, donc c'est une sorte d'anamorphose, et c'est la Fox, la 20th Century Fox, qui va sortir un nouveau procédé sur 35 mm, et ce sera le cinémascope. Alors pour faire simple, le cinémascope, c'est un objectif qu'on utilise pour filmer, qui va comprimer l'image, et dans les salles de cinéma, à la projection, on a un objectif qui fait l'inverse, qui décomprime, qui va faire qu'on va pouvoir élargir. Et ainsi... Du ratio de 1,33², on va passer à un ratio de 2,55. Donc 2,55, ça veut bien dire que l'écran est 2,55 fois plus large que haut. Et en même temps, on y ajoute aussi un son multicanal, 4 sources de son dans l'écran. Le premier film, c'est un truc biblique, c'est La Tunique. Alors, il y a d'autres studios qui se disent, oui, moi, je n'ai pas envie d'utiliser ce même procédé, parce que d'ailleurs, le 20th Century Fox a bien sûr, à ce moment-là, déposé des brevets. Et donc, c'est Paramount qui va utiliser et qui va sortir. Alors, on arrive enfin à la VistaVision. On est 27 avril 54 sur un écran, là aussi, d'une trentaine de mètres de base. Dans la mythique salle du Radio City Hall est présenté Noël Blanc avec la nouvelle invention, la Vista Vision. Alors qu'est-ce que c'est que cette Vista Vision ? Jusqu'à présent, le film 35 mm est impressionné 24 fois par seconde sur des images qui sont inscrites sur le film. 4 perforations avec un déroulement vertical. Le film va du haut vers le bas. Et là, l'idée, ça va être non plus de défiler verticalement, mais de passer horizontalement. Et de 4 perforations, on passe à 8. Donc l'intérêt saute tout de suite aux yeux. Plus de contraintes de largeur. On filme comme on prend des photos dans son 24-36 argentique. On multiplie quasiment par 2 la surface. Donc forcément, on va obtenir une... bien meilleure définition. Alors, le ratio de la VistaVision, je dirais qu'il est moins large, je mets des guillemets à large que le Cinémascope, puisque lui, c'est un ratio de 1,85. Mais vraiment, c'est au niveau de la qualité de l'image, c'est vraiment la VistaVision, c'est là qu'elle donne tout son intérêt. Il y en a un qui a beaucoup aimé tourner en VistaVision, c'est Hitchcock. Hitchcock, il a tourné La mort aux trousses. La main au collet, l'homme qui en savait trop, qui a tué Harry, ont été tournés à grand vision, en vista vision. Et un film aussi de ces époques, le grand spectacle par excellence, Lady Commandement. Lady Commandement a été tournée en vista vision. Alors, outre une définition excellente, on avait aussi un son multicanal. Alors là, je ne vais pas rentrer dans les détails, le son s'appelait le Perspecta. C'était assez sioux comme système. Il y avait une sorte de codage déjà avant le Dolby. où on envoyait le son sur telle ou telle enceinte. Bon, bien sûr, les salles ne pouvaient pas d'un seul coup s'équiper de projecteurs à un déroulement, passer d'un déroulement vertical à un déroulement horizontal. Donc les films VistaVision étaient ensuite tirés sur pellicule 35, qu'on dit flat, flat ça veut dire sans anamorphose, à la différence du scope. Et si on veut retrouver cette qualité originelle de la VistaVision, il faut... avoir des copies 70 mm où là, vraiment, on prend le négatif, le ratio, vraiment la taille de l'image telle qu'elle est, et on la met sur du 70 mm. Par exemple, un film dont je n'ai pas parlé, La mort aux trousses et surtout Vertigo, a été rediffusé en 70 mm. On a utilisé aussi le 70 mm. Avant qu'on ait tous les effets numériques qui pouvaient exister, on l'a utilisé par exemple dans Star Wars. Pour faire beaucoup d'effets spéciaux, on utilisait ce système.

  • Hervé Bry

    C'est plus utilisé, sauf comme ça ?

  • Speaker #1

    On passe vraiment des années 50 où ça a été utilisé une cinquantaine de fois. On a eu 76 pour des effets particuliers de... par exemple de Star Wars. Et puis on a Nagisa Ausha, par exemple, qui lui a tourné l'Empire des Sens, l'Empire de la Passion, en VistaVision. Pourquoi ? On n'en sait rien. Et là, donc, je ne fais pas le calcul, mais quasiment 50 ans après, on a The Brutalist qui a été tourné en VistaVision. Bon, en France, toutes les salles se font en numérique. Si on veut avoir la chance d'avoir des tirages 70 mm, il faut aller soit traverser la... La Manche, ou aller en Allemagne pour arriver à le voir en 70 mm, et bien évidemment dans les salles américaines. Voilà ce que je pouvais dire sur la Vista Vision.

  • Hervé Bry

    Voilà, c'était la leçon de M. Patrick Cyclopède, qui a vécu bien sûr toutes les époques du cinéma qu'il a cité.

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Alors que sort le film The Brutalist, on reparle de la VistaVision.

Mais qu'est ce exactement ?


Patrick Servel vous explique tout...(enfin presque)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Alors Patrick, tu tenais à nous parler de quelque chose qui s'appelle la VistaVision, parce que je l'avais évoqué, parce que c'est un procédé cinématographique qui est utilisé dans The Brutalist, dont on parle dans le dernier Moovizz. Et là, tu as tilte, tu as dit, je sais tout sur la VistaVision, je vais expliquer aux auditeurs. Oui, tu l'as dit, il s'agit bien d'une technique particulière de tournage de films. Alors, il faut revenir dans les années 50, 1950, où la télé rentre dans beaucoup de foyers américains et va s'en suivre. une baisse de fréquentation dans les salles de cinéma, où depuis l'invention par Edison et les Frères Lumière, le cinéma propose de filmer dans un seul format dit académique, avec un ratio de 1,33. 1,33, ça signifie que le film est 1,33 fois plus large que haut. C'est une sorte de carré. C'est ce format qui est repris d'ailleurs dans la télé et qui va perdurer jusqu'à la fin du XXe siècle. Il faudra attendre. l'arrivée de la haute définition et des écrans plats pour que ça s'élargisse et on parlera du 16-9ème. Alors, quels moyens ils ont pu trouver pour arrêter ce flux et faire revenir les spectateurs dans les salles ? C'est d'être novateur, c'est de proposer quelque chose qu'il ne retrouvera justement pas devant sa télé. Alors, sans parler d'un véritable relief, parce que ça existait aussi le relief, on va parler, c'est utilisé par les publicités, de relief psychologique. Et on va mettre le spectateur au... cœur du film. Et la solution que l'on trouve, c'est deux choses. Introduction du son multicanal, le son vient d'un petit peu partout dans la salle, et surtout élargissement de l'écran qui, dans certains cas d'ailleurs, sera incurvé. Et c'est le 37 ans 52 que les spectateurs du Broadway Theater de New York vont découvrir le cinérama. Alors le cinérama, c'est trois projecteurs 35 mm qui projettent simultanément trois images côte à côte. Alors, beaucoup de documentaires, quelques fictions, donc le très connu ... En tout cas, le plus connu de cela, c'est la conquête de l'Ouest. C'est un procédé très lourd qui nécessite des investissements énormes pour les exploitants. Beaucoup de personnel. Sachez que pour chaque séance, il faut monopoliser six opérateurs par cinéma. Donc, forcément, c'est limité aux grandes villes. D'abord, des USA, quelques grandes villes françaises. Il y a eu Paris, l'Empire, l'Empire Cinérama, l'Empire où on voyait les émissions du dimanche après-midi. C'était... Un empire cinérama. On a eu le Gaumont Palace qui arrivait avec un écran qui faisait presque 40 mètres de base. Imaginez, c'était énorme. Et il y avait aussi une version russe qu'on appelait le Kinopanorama. Marseille, Lyon, eux aussi, ont eu leur cinérama. Mais c'est rapidement tombé en désuétude. Et il existe encore. Il y a des salles, il y en a par exemple à Londres, qui font des festivals cinérama. Il y a aussi Los Angeles qui fait ça. Et notons que Napoléon... à Belgaunce avec son Napoléon, avait déjà été précurseur dans les années 20, 27, 28, avec sa Polyvision.

  • Hervé Bry

    Mais pour l'instant, on n'est pas dans la VistaVision.

  • Speaker #1

    Non, on n'est toujours pas dans la VistaVision. Je suis obligé d'expliquer un petit peu. Le contexte. Un an après le cinérama, les studios américains vont vite s'emparer de cette nouvelle mode de l'écran large et ils vont chercher de nouvelles techniques. Et ils vont aller chercher des travaux qui avaient été faits par un Français, le professeur Henri Chrétien. et son objectif qu'il appelait l'hypergonar, donc c'est une sorte d'anamorphose, et c'est la Fox, la 20th Century Fox, qui va sortir un nouveau procédé sur 35 mm, et ce sera le cinémascope. Alors pour faire simple, le cinémascope, c'est un objectif qu'on utilise pour filmer, qui va comprimer l'image, et dans les salles de cinéma, à la projection, on a un objectif qui fait l'inverse, qui décomprime, qui va faire qu'on va pouvoir élargir. Et ainsi... Du ratio de 1,33², on va passer à un ratio de 2,55. Donc 2,55, ça veut bien dire que l'écran est 2,55 fois plus large que haut. Et en même temps, on y ajoute aussi un son multicanal, 4 sources de son dans l'écran. Le premier film, c'est un truc biblique, c'est La Tunique. Alors, il y a d'autres studios qui se disent, oui, moi, je n'ai pas envie d'utiliser ce même procédé, parce que d'ailleurs, le 20th Century Fox a bien sûr, à ce moment-là, déposé des brevets. Et donc, c'est Paramount qui va utiliser et qui va sortir. Alors, on arrive enfin à la VistaVision. On est 27 avril 54 sur un écran, là aussi, d'une trentaine de mètres de base. Dans la mythique salle du Radio City Hall est présenté Noël Blanc avec la nouvelle invention, la Vista Vision. Alors qu'est-ce que c'est que cette Vista Vision ? Jusqu'à présent, le film 35 mm est impressionné 24 fois par seconde sur des images qui sont inscrites sur le film. 4 perforations avec un déroulement vertical. Le film va du haut vers le bas. Et là, l'idée, ça va être non plus de défiler verticalement, mais de passer horizontalement. Et de 4 perforations, on passe à 8. Donc l'intérêt saute tout de suite aux yeux. Plus de contraintes de largeur. On filme comme on prend des photos dans son 24-36 argentique. On multiplie quasiment par 2 la surface. Donc forcément, on va obtenir une... bien meilleure définition. Alors, le ratio de la VistaVision, je dirais qu'il est moins large, je mets des guillemets à large que le Cinémascope, puisque lui, c'est un ratio de 1,85. Mais vraiment, c'est au niveau de la qualité de l'image, c'est vraiment la VistaVision, c'est là qu'elle donne tout son intérêt. Il y en a un qui a beaucoup aimé tourner en VistaVision, c'est Hitchcock. Hitchcock, il a tourné La mort aux trousses. La main au collet, l'homme qui en savait trop, qui a tué Harry, ont été tournés à grand vision, en vista vision. Et un film aussi de ces époques, le grand spectacle par excellence, Lady Commandement. Lady Commandement a été tournée en vista vision. Alors, outre une définition excellente, on avait aussi un son multicanal. Alors là, je ne vais pas rentrer dans les détails, le son s'appelait le Perspecta. C'était assez sioux comme système. Il y avait une sorte de codage déjà avant le Dolby. où on envoyait le son sur telle ou telle enceinte. Bon, bien sûr, les salles ne pouvaient pas d'un seul coup s'équiper de projecteurs à un déroulement, passer d'un déroulement vertical à un déroulement horizontal. Donc les films VistaVision étaient ensuite tirés sur pellicule 35, qu'on dit flat, flat ça veut dire sans anamorphose, à la différence du scope. Et si on veut retrouver cette qualité originelle de la VistaVision, il faut... avoir des copies 70 mm où là, vraiment, on prend le négatif, le ratio, vraiment la taille de l'image telle qu'elle est, et on la met sur du 70 mm. Par exemple, un film dont je n'ai pas parlé, La mort aux trousses et surtout Vertigo, a été rediffusé en 70 mm. On a utilisé aussi le 70 mm. Avant qu'on ait tous les effets numériques qui pouvaient exister, on l'a utilisé par exemple dans Star Wars. Pour faire beaucoup d'effets spéciaux, on utilisait ce système.

  • Hervé Bry

    C'est plus utilisé, sauf comme ça ?

  • Speaker #1

    On passe vraiment des années 50 où ça a été utilisé une cinquantaine de fois. On a eu 76 pour des effets particuliers de... par exemple de Star Wars. Et puis on a Nagisa Ausha, par exemple, qui lui a tourné l'Empire des Sens, l'Empire de la Passion, en VistaVision. Pourquoi ? On n'en sait rien. Et là, donc, je ne fais pas le calcul, mais quasiment 50 ans après, on a The Brutalist qui a été tourné en VistaVision. Bon, en France, toutes les salles se font en numérique. Si on veut avoir la chance d'avoir des tirages 70 mm, il faut aller soit traverser la... La Manche, ou aller en Allemagne pour arriver à le voir en 70 mm, et bien évidemment dans les salles américaines. Voilà ce que je pouvais dire sur la Vista Vision.

  • Hervé Bry

    Voilà, c'était la leçon de M. Patrick Cyclopède, qui a vécu bien sûr toutes les époques du cinéma qu'il a cité.

Description

Alors que sort le film The Brutalist, on reparle de la VistaVision.

Mais qu'est ce exactement ?


Patrick Servel vous explique tout...(enfin presque)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Alors Patrick, tu tenais à nous parler de quelque chose qui s'appelle la VistaVision, parce que je l'avais évoqué, parce que c'est un procédé cinématographique qui est utilisé dans The Brutalist, dont on parle dans le dernier Moovizz. Et là, tu as tilte, tu as dit, je sais tout sur la VistaVision, je vais expliquer aux auditeurs. Oui, tu l'as dit, il s'agit bien d'une technique particulière de tournage de films. Alors, il faut revenir dans les années 50, 1950, où la télé rentre dans beaucoup de foyers américains et va s'en suivre. une baisse de fréquentation dans les salles de cinéma, où depuis l'invention par Edison et les Frères Lumière, le cinéma propose de filmer dans un seul format dit académique, avec un ratio de 1,33. 1,33, ça signifie que le film est 1,33 fois plus large que haut. C'est une sorte de carré. C'est ce format qui est repris d'ailleurs dans la télé et qui va perdurer jusqu'à la fin du XXe siècle. Il faudra attendre. l'arrivée de la haute définition et des écrans plats pour que ça s'élargisse et on parlera du 16-9ème. Alors, quels moyens ils ont pu trouver pour arrêter ce flux et faire revenir les spectateurs dans les salles ? C'est d'être novateur, c'est de proposer quelque chose qu'il ne retrouvera justement pas devant sa télé. Alors, sans parler d'un véritable relief, parce que ça existait aussi le relief, on va parler, c'est utilisé par les publicités, de relief psychologique. Et on va mettre le spectateur au... cœur du film. Et la solution que l'on trouve, c'est deux choses. Introduction du son multicanal, le son vient d'un petit peu partout dans la salle, et surtout élargissement de l'écran qui, dans certains cas d'ailleurs, sera incurvé. Et c'est le 37 ans 52 que les spectateurs du Broadway Theater de New York vont découvrir le cinérama. Alors le cinérama, c'est trois projecteurs 35 mm qui projettent simultanément trois images côte à côte. Alors, beaucoup de documentaires, quelques fictions, donc le très connu ... En tout cas, le plus connu de cela, c'est la conquête de l'Ouest. C'est un procédé très lourd qui nécessite des investissements énormes pour les exploitants. Beaucoup de personnel. Sachez que pour chaque séance, il faut monopoliser six opérateurs par cinéma. Donc, forcément, c'est limité aux grandes villes. D'abord, des USA, quelques grandes villes françaises. Il y a eu Paris, l'Empire, l'Empire Cinérama, l'Empire où on voyait les émissions du dimanche après-midi. C'était... Un empire cinérama. On a eu le Gaumont Palace qui arrivait avec un écran qui faisait presque 40 mètres de base. Imaginez, c'était énorme. Et il y avait aussi une version russe qu'on appelait le Kinopanorama. Marseille, Lyon, eux aussi, ont eu leur cinérama. Mais c'est rapidement tombé en désuétude. Et il existe encore. Il y a des salles, il y en a par exemple à Londres, qui font des festivals cinérama. Il y a aussi Los Angeles qui fait ça. Et notons que Napoléon... à Belgaunce avec son Napoléon, avait déjà été précurseur dans les années 20, 27, 28, avec sa Polyvision.

  • Hervé Bry

    Mais pour l'instant, on n'est pas dans la VistaVision.

  • Speaker #1

    Non, on n'est toujours pas dans la VistaVision. Je suis obligé d'expliquer un petit peu. Le contexte. Un an après le cinérama, les studios américains vont vite s'emparer de cette nouvelle mode de l'écran large et ils vont chercher de nouvelles techniques. Et ils vont aller chercher des travaux qui avaient été faits par un Français, le professeur Henri Chrétien. et son objectif qu'il appelait l'hypergonar, donc c'est une sorte d'anamorphose, et c'est la Fox, la 20th Century Fox, qui va sortir un nouveau procédé sur 35 mm, et ce sera le cinémascope. Alors pour faire simple, le cinémascope, c'est un objectif qu'on utilise pour filmer, qui va comprimer l'image, et dans les salles de cinéma, à la projection, on a un objectif qui fait l'inverse, qui décomprime, qui va faire qu'on va pouvoir élargir. Et ainsi... Du ratio de 1,33², on va passer à un ratio de 2,55. Donc 2,55, ça veut bien dire que l'écran est 2,55 fois plus large que haut. Et en même temps, on y ajoute aussi un son multicanal, 4 sources de son dans l'écran. Le premier film, c'est un truc biblique, c'est La Tunique. Alors, il y a d'autres studios qui se disent, oui, moi, je n'ai pas envie d'utiliser ce même procédé, parce que d'ailleurs, le 20th Century Fox a bien sûr, à ce moment-là, déposé des brevets. Et donc, c'est Paramount qui va utiliser et qui va sortir. Alors, on arrive enfin à la VistaVision. On est 27 avril 54 sur un écran, là aussi, d'une trentaine de mètres de base. Dans la mythique salle du Radio City Hall est présenté Noël Blanc avec la nouvelle invention, la Vista Vision. Alors qu'est-ce que c'est que cette Vista Vision ? Jusqu'à présent, le film 35 mm est impressionné 24 fois par seconde sur des images qui sont inscrites sur le film. 4 perforations avec un déroulement vertical. Le film va du haut vers le bas. Et là, l'idée, ça va être non plus de défiler verticalement, mais de passer horizontalement. Et de 4 perforations, on passe à 8. Donc l'intérêt saute tout de suite aux yeux. Plus de contraintes de largeur. On filme comme on prend des photos dans son 24-36 argentique. On multiplie quasiment par 2 la surface. Donc forcément, on va obtenir une... bien meilleure définition. Alors, le ratio de la VistaVision, je dirais qu'il est moins large, je mets des guillemets à large que le Cinémascope, puisque lui, c'est un ratio de 1,85. Mais vraiment, c'est au niveau de la qualité de l'image, c'est vraiment la VistaVision, c'est là qu'elle donne tout son intérêt. Il y en a un qui a beaucoup aimé tourner en VistaVision, c'est Hitchcock. Hitchcock, il a tourné La mort aux trousses. La main au collet, l'homme qui en savait trop, qui a tué Harry, ont été tournés à grand vision, en vista vision. Et un film aussi de ces époques, le grand spectacle par excellence, Lady Commandement. Lady Commandement a été tournée en vista vision. Alors, outre une définition excellente, on avait aussi un son multicanal. Alors là, je ne vais pas rentrer dans les détails, le son s'appelait le Perspecta. C'était assez sioux comme système. Il y avait une sorte de codage déjà avant le Dolby. où on envoyait le son sur telle ou telle enceinte. Bon, bien sûr, les salles ne pouvaient pas d'un seul coup s'équiper de projecteurs à un déroulement, passer d'un déroulement vertical à un déroulement horizontal. Donc les films VistaVision étaient ensuite tirés sur pellicule 35, qu'on dit flat, flat ça veut dire sans anamorphose, à la différence du scope. Et si on veut retrouver cette qualité originelle de la VistaVision, il faut... avoir des copies 70 mm où là, vraiment, on prend le négatif, le ratio, vraiment la taille de l'image telle qu'elle est, et on la met sur du 70 mm. Par exemple, un film dont je n'ai pas parlé, La mort aux trousses et surtout Vertigo, a été rediffusé en 70 mm. On a utilisé aussi le 70 mm. Avant qu'on ait tous les effets numériques qui pouvaient exister, on l'a utilisé par exemple dans Star Wars. Pour faire beaucoup d'effets spéciaux, on utilisait ce système.

  • Hervé Bry

    C'est plus utilisé, sauf comme ça ?

  • Speaker #1

    On passe vraiment des années 50 où ça a été utilisé une cinquantaine de fois. On a eu 76 pour des effets particuliers de... par exemple de Star Wars. Et puis on a Nagisa Ausha, par exemple, qui lui a tourné l'Empire des Sens, l'Empire de la Passion, en VistaVision. Pourquoi ? On n'en sait rien. Et là, donc, je ne fais pas le calcul, mais quasiment 50 ans après, on a The Brutalist qui a été tourné en VistaVision. Bon, en France, toutes les salles se font en numérique. Si on veut avoir la chance d'avoir des tirages 70 mm, il faut aller soit traverser la... La Manche, ou aller en Allemagne pour arriver à le voir en 70 mm, et bien évidemment dans les salles américaines. Voilà ce que je pouvais dire sur la Vista Vision.

  • Hervé Bry

    Voilà, c'était la leçon de M. Patrick Cyclopède, qui a vécu bien sûr toutes les époques du cinéma qu'il a cité.

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