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Épisode 111 - Indiana Jones et la Machine d'Anticythère cover
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MUMONS

Épisode 111 - Indiana Jones et la Machine d'Anticythère

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1h11 |12/03/2025
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Description

🎬 Indiana Jones, un cadran mystérieux… et une machine antique bien réelle ! 🏺🕰️

Les films d’Indiana Jones nous plongent dans des quêtes archéologiques trépidantes, mais que se passe-t-il quand la fiction rejoint la réalité ? Dans Le Cadran de la Destinée, Indy traque un artefact capable de manipuler le temps. Derrière cette invention hollywoodienne se cache une machine bien plus fascinante… et bien réelle : la machine d’Anticythère.

Découverte en 1901 dans une épave au large de la Grèce, cette mystérieuse boîte de bronze, datant d’environ 200 av. J.-C., intrigue les scientifiques depuis plus d’un siècle. Son mécanisme d’une sophistication inégalée a défié toutes nos connaissances sur la technologie antique. Certains la qualifient même de premier ordinateur mécanique !

🔍 Mais qu’était réellement cette machine ?
Était-elle un calculateur astronomique ? Un instrument de navigation ? Une horloge céleste ? Comment un tel chef-d'œuvre d’ingénierie a-t-il pu exister 1 600 ans avant les premières horloges européennes sophistiquées ?

Dans cet épisode, Francesco Lo Bue, physicien et directeur du MUMONS, nous embarque dans une enquête palpitante où se mêlent science, archéologie et… un soupçon de conspiration !

📖 Au programme :
⚙️ Un mécanisme d’une précision inouïe : 30 engrenages connus, et probablement plus du double à l’origine !
🌙 Un calculateur céleste avancé : capable de prédire les éclipses, suivre les cycles lunaires et solaires, et même afficher le calendrier des jeux panhelléniques.
⚔️ Une technologie oubliée pendant des siècles : comment a-t-on pu perdre un tel savoir-faire ?
🌊 Une découverte sous-marine improbable : l’histoire rocambolesque des plongeurs d’éponges qui ont remonté cet objet hors du temps.
🎬 Indiana Jones et la réalité : que reste-t-il de vrai dans le Cadran de la Destinée ?

🕵️‍♂️ Un mystère digne des plus grandes aventures archéologiques !
🔎 Plonge dans cette énigme scientifique et découvre l’histoire fascinante de la machine d’Anticythère.

🎧 Disponible dès maintenant sur toutes les plateformes d’écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Lorsque ce petit bolide atteindra 48 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose d'idéal.

  • Speaker #1

    Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.

  • Speaker #0

    Rien de tout ça derrière.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que le réel ?

  • Speaker #0

    La seule variable constante est l'inattendu.

  • Speaker #1

    On ne peut pas la contrôler.

  • Speaker #0

    Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures. Elles, elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros de tout. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet de décollage.

  • Speaker #1

    Et 3, 2, 1...

  • Speaker #0

    Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans ce nouvel épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Aujourd'hui, je suis au Van der Waal de Mons. Sur la table, il y a une bière et un soft. Et je te laisse déterminer qui boit quoi. Et j'accueille un habitué du podcast. Salut Francesco.

  • Speaker #1

    Salut Max.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Et toi ?

  • Speaker #0

    Très très bien, très content de parler avec toi de ce sujet qui te tient à cœur. Mais avant ça, j'aimerais rapidement que tu prennes quelques minutes pour te présenter. Dis-moi, qui est Francesco Lobué ?

  • Speaker #1

    Alors, qui je suis ? En fait, je suis le directeur du MUMONS, je suis physicien de formation et je suis un grand passionné d'astronomie et de physique et aussi de l'histoire de l'astronomie et de la physique. À l'époque où je faisais ma thèse avec les copains, on a commencé à lancer un club d'astro. On a commencé à faire de la vulgarisation et de fil en aiguille, on a commencé à organiser des conférences, à écrire des revues, à organiser des événements et puis on s'est dit tiens, ce qui marche bien avec l'astro, on pourrait l'élargir à la physique, et puis à la bio, et puis à la chimie, et tout ça peu à peu, sur près de 20 à 30 ans, ça a donné naissance au MUMONS.

  • Speaker #0

    Et le sujet dont on va parler aujourd'hui, c'est un sujet dont tu t'intéresses depuis plusieurs années. J'ai eu la chance de voir un peu l'évolution de la connaissance qui s'est construite autour de ce sujet. On va parler de la machine denticitaire et on va la connecter... très très légèrement, je te l'accorde parce que ils en ont fait un peu n'importe quoi dans le film mais c'est rien, on va quand même en parler on va la connecter en fait au dernier Indiana Jones, donc celui qui parle de ce fameux cadran de la destinée qu'ils appellent Antiquitera dans le film, et avant d'aller plus loin, est-ce que tu peux nous expliquer non pas dans le film, parce que comme je l'ai dit ils en ont fait un peu n'importe quoi, mais bien dans la réalité qu'est-ce que c'est la machine denticitaire ?

  • Speaker #1

    Alors là évidemment il y a une enquête de 120 ans derrière, mais en résumé ... C'est une machine qui a la taille d'une boîte à chaussures. Tout ça ce sont des spéculations parce qu'évidemment elle n'est plus intacte, on n'en a que des morceaux. Sur laquelle, sur la face avant, il y avait un espèce de grand cadran circulaire avec probablement un système qui permettait de montrer la position du Soleil, de la Lune, très probablement des cinq planètes visibles à l'œil nu, tout au long du ciel, la partie du ciel qu'on appelle le Zodiac. Et donc il y avait une manivelle sur le côté, on faisait tourner cette manivelle. Et on voyait au cours du temps les astres qui se déplaçaient tout au long de leur constellation avec leurs propres mouvements, mouvements qui font des fois des marches arrière, etc. Il y avait toute une partie calendrier aussi sur ce cadran, puis toute une série de textes autour du cadran. Et puis de l'autre côté, partie arrière de la boîte à chaussures, il y a cinq cadrans, dont deux principaux, qui ont la forme de spirales. Et ces cadrans sont très sophistiqués, il leur faut beaucoup de temps pour les comprendre. Et le cadran du haut... Il fait appel à ce qu'on appelle le cycle métonique, ça fait un peu peur, moi je ne connaissais pas non plus avant. Et c'est un cycle très sophistiqué, un cycle céleste qui a été découvert par les Babyloniens et qui fait le lien entre, on va dire, les mouvements de la lune et du soleil et le lien entre les calendriers solaires et les calendriers lunaires. Parce qu'évidemment, chaque peuple avait son propre calendrier et il fallait absolument que les calendriers puissent continuer à coller les uns aux autres, qu'un calendrier lunaire puisse continuer à coller avec ce qui se passe réellement au niveau des saisons, etc. Donc c'est un cadre qui est lié à ça. Et puis en bas, il y a un autre cadran en spirale qui est extraordinaire lui, et qui lui suit un cycle de 18 ans et qui prédit les éclipses. Plus plein de petits cadrans supplémentaires, notamment un qui vous donne tous les Jeux Olympiques, les Jeux Panhelleniques, etc. Et cette boîte à chaussures, elle a une petite porte à l'avant, une petite porte derrière, et sur laquelle, sur une des portes, on a le mode d'emploi de la magie.

  • Speaker #0

    Alors, moi quand tu me racontes tout ça, ça me fait un peu penser à une horloge astronomique assez complexe. Tu nous dis qu'il y a 120 ans d'enquête derrière pour comprendre cette machine, mais tu nous as pas encore dit de a priori de quand date cette machine, de quand on la redécouvre, et de toute l'histoire de sa découverte et de tout ce qu'il y a autour au final. Parce que dans le film Indiana Jones, on voit que pendant le régime nazi, il trouve un morceau du cadran qui a une espèce de chasse au trésor pour aller chercher la deuxième partie, et attention, spoil, a priori c'est une machine à voyager dans le temps.

  • Speaker #1

    Alors, la machine... On pense qu'elle est datée de moins 200 à moins 100. Les dernières études penchent plutôt vers moins 205, pour être précis. Et c'est une machine qui est invraisemblable parce qu'elle est d'une sophistication inimaginable. Dedans, il y a un nombre d'engrenages, de systèmes extrêmement raffinés. Et en fait, la seule machine qui est plus sophistiquée que celle-là, il faut attendre 16 siècles avant de l'avoir arrivée. On est à la fin du 14e siècle. C'est une machine qu'on appelle l'Astrarium, qui a été construite en Italie, dont on a retrouvé les plans, etc. Et donc, on ne comprend pas ce qui s'est passé entre, en gros... Cette période de l'Antiquité où on a une machine incroyable qu'on ne pensait pas être possible, et puis pratiquement rien, et puis on retrouve une machine comme ça plus tard dans l'histoire.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, au moment de sa découverte, et au moment où les archéologues, les chercheurs commencent à travailler sur cette machine denticitaire, il y a toute une polémique pour savoir de quand elle date. Parce que cette machine apparaît tellement complexe par rapport à ce qu'on connaît à l'époque. que les gens disent oui mais non c'est un faux qu'on est venu placer dans cette épave. Donc est-ce que tu peux déjà aussi nous raconter un petit peu l'histoire de la découverte ? Comment on découvre un jour cette machine ?

  • Speaker #1

    Je vais le faire, mais les gens qui ont travaillé sur la machine racontent que, pour que vous vous rendiez compte du choc psychologique qu'a eu cette machine sur les gens, c'est comme si, imaginez la première fois qu'on rentre à l'intérieur de la chambre du pharaon dans une pyramide, bon, on s'attend à trouver des choses de l'Egypte antique, et puis on tombe sur une bombe atomique à l'intérieur. Et on se dit comment c'est possible qu'une bombe atomique soit là-dedans ? Découvrir la machine anticitaire là où on l'a découvert, ça a le même impact. Il y a un objet qui a 16 siècles d'avance sur tout ce qui va autour. A un tel point qu'il y a des lolos qui ont imaginé que, en fait, c'était un morceau d'un vaisseau spatial qui servait à naviguer dans l'espace intersidéral et qui s'est retrouvé là, dans la mer. On a eu tout et n'importe quoi. Alors, l'histoire de la découverte, elle est vraiment belle. On est en 1900, il y a un équipage de pêcheurs d'éponge. C'est un équipage grec. Donc eux, en fait, à la base, ils vivent sur l'île de Simi. C'est une petite île qui est vraiment très réputée pour la qualité de ses plongeurs. Et c'est le début, en fait, des scaphandres. Alors l'équipage en question a un scaphandre et il part tout l'été plonger du côté de la Libye, de la Tunisie. Et il plonge à grande profondeur pour trouver des éponges naturelles. Et une fois que la cale est remplie, il quitte la Libye, la Tunisie. Ils traversent la mer Régé, etc. Et ils retournent sur l'île de Simi. Et puis, on est à l'automne 1900. L'équipe retourne chez elle. Et au moment où le navire traverse le détroit qui est entre le Péloponnèse et la Crète, ils sont pris dans une tempête terrible. C'est comme dans les films. Et là, ils sont absolument dans l'obligation de trouver un port pour protéger le bateau. Il se fait qu'ils ne sont pas loin de l'île d'Anticitaire. Donc, en fait, on a le Péloponnèse. Il y a l'île de Citer qui est connue. Et puis il y a Anticiter qui veut dire en face de Citer. Et donc, ils mouillent l'encre à Anticiter. Trois jours après, la tempête se calme. Et là, il y a un des jeunes plongeurs qui dit, tant qu'on est ici, on va plonger pour voir s'il y a aussi des éponges. Et donc, ils vont commencer à déplacer le navire le long des côtes d'Anticiter. Et à un moment donné, le jeune... Tout son nom,

  • Speaker #0

    machine d'Anticiter.

  • Speaker #1

    Au départ, le terme machine d'Anticiter ou mécanisme d'Anticiter... ne viendra que bien plus tard, dans les années septembre, on va l'appeler comme ça. Et donc le jeune plongeur, il est sous l'eau, et puis subitement, cinq minutes après, il déploie le signal d'alerte, qui est de tirer sur le cordon d'alimentation en air, on le remonte rapidos, et là, quand il enlève son casque, il est dans un état de panique absolument épouvantable, et il dit, j'ai vu des morts, des cadavres, il y a des hommes, des femmes, des chevaux. Alors le capitaine est convaincu qu'en fait il est attaqué par le mal des profondeurs. C'est une époque où il y a beaucoup d'accidents avec les scaphandres, il y a des paralysies, il y a des morts. On ne maîtrise pas bien les paliers de décompression, etc. Et donc le capitaine dit je vais plonger moi. Et en fait ce qu'il comprend c'est que par 40 mètres de fond environ, il y a effectivement un amoncellement de choses. Mais ce ne sont pas des corps, ce sont des statues. Et donc il voit un amoncellement de statues en bronze, de statues en marbre. Et en fait c'est l'épave... d'un bateau antique, mais probablement avec la cargaison la plus riche qu'on ait jamais tout découvert. Et en fait, que fait le capitaine ? Il ramasse un morceau d'un bras de statue en bronze, il les ramène et ils se disent « bon, qu'est-ce qu'on fait ? Soit on essaie de rapatrier nous ce qu'on a trouvé au fond en levant au marché noir, ou alors on essaie de convaincre le gouvernement grec de financer la fouille en espérant qu'il nous finance nous en tant que plongeurs. » De fil en aiguille, ils connaissent des gens qui connaissent des gens. Ils arrivent à Athènes et ils ont un rendez-vous avec le ministre de la Culture et de l'Éducation, Spyridon Stahis. Et ils disent voilà, donc il prend le bras, il met sur la table, il dit voilà, on a trouvé une éparve incroyable. Si vous nous financez, on vous dit où c'est. En fait, ils n'ont pas voulu dire où c'était. Et c'est une période où la Grèce est en guerre avec la Turquie, il y a des tensions, et le fait de tout ce qui peut faire rehausser le prestige grec est important. La culture grecque. Et donc, on va financer une expédition qui est la première expédition de fouilles sous-marines scientifiques. On n'avait jamais fait ça avant. Donc au départ, ils vont aller avec des grands bateaux, mais ce n'était pas adapté, etc. Ils vont trouver un modus operandi et ils vont fouiller pendant pratiquement dix mois. Et tout ce qui est en fait découvert à Anticythère est tout de suite ramené au musée archéologique d'Athènes. Et au début, les gens se concentrent sur quoi ? Sur tout ce qui est spectaculaire. Donc c'est les statues. Le but, c'était de reconstituer ces statues. Ici, aujourd'hui, vous allez au musée archéologique d'Athènes. Je pense qu'il y a plusieurs salles qui sont liées à l'épave d'Anticythère. Et il y a notamment une statue magnifique qu'on appelle l'Ephèbe, un jeune homme avec un regard très perçant comme ça. Donc voilà. Et puis, en novembre 1901 environ, Il n'y a plus grand-chose à prendre, on décide d'arrêter. Il y a quand même eu un mort, des paralysés, ça n'a pas été sans dégâts. Et on arrête les fouilles. Et puis au mois de mai 1902, le fameux ministre qui avait financé les fouilles, il n'est plus ministre. Il se promène au musée d'Athènes en tant que touriste avec sa famille. Et il demande aux gens du musée s'ils peuvent accéder aux réserves pour voir ce qu'on a à ramener dans les citaires. Finalement, on lui devait bien ça. Alors il rentre dans la réserve, il voit toutes les statues, etc. Et puis, son regard est attiré par un petit objet qui a probablement, je dirais, on va dire comme une grosse orange, bourré de concrétion, avec des reflets métalliques qui traînent sur une étagère. Ils se rapprochent et ils se rendent compte que l'objet s'est cassé en deux. En fait, sous l'effet de l'oxygène, il y a des réactions chimiques qui se mettent en route. Et donc, la protection dont bénéficiaient les objets sur la mer n'est plus là. Et donc, l'objet, manifestement, s'est cassé en deux. Et à sa grande stupéfaction... il se rend compte qu'il y a des engrenages dedans. Mais c'est complètement anachronique. A l'époque, on ne sait pas de quand est daté le bateau, mais les engrenages à l'époque grec ou romaine, ça ne colle pas avec ce que le sens commun peut imaginer. Mais il n'en voit pas un ou deux, il en voit beaucoup. Et puis, il voit qu'il y a des inscriptions en grec ancien. Évidemment, on est à Athènes, donc ce n'est pas difficile de trouver des experts. Comme l'objet a été trouvé dans un bateau, on se dit qu'il faut faire venir les experts de l'histoire de la marine. qui débarquent, des archéologues, des spécialistes de grec ancien. Et là, c'est la folie. Ça commence à flûter dans la presse. Et la presse locale s'en donne un corps de joie. J'ai une immense découverte au Musée archéologique d'Athènes. Et donc, on a comme ça la trace de toutes les publications au jour le jour. Et donc, on peut parler vraiment de l'avancement des découvertes presque à la minute. Et là, il y a des tensions qui commencent à apparaître. Parce que certains disent, oui mais non, ce bateau, ça doit être un bateau romain du IVe siècle après Jésus-Christ. Et s'il était aussi riche, c'est parce qu'à cette époque-là, Byzance était en train de se développer, Constantinople. Et donc, c'est un bateau qui amenait plein de richesses à Byzance, parce que la nouvelle capitale de l'Empire, etc. D'autres disent non, non, non, c'est pas ça, c'est pas du tout ça. C'est pas le IVe siècle après Jésus-Christ, c'est le IIe siècle avant Jésus-Christ. Et c'est un bateau romain qui a été pillé. Il faisait certainement partie d'une flotte qui a été pillée, les grandes colonies d'Asie mineure. Et là, il ramenait le butin à Rome. Et donc, six siècles de différence. Au niveau de la datation, je passe des détails. La datation aujourd'hui, elle a été réglée comment ? Parce que bien plus tard, dans les années 70, 1970, le fameux commandant Cousteau, dont certains se souviennent encore, il a plongé en Tessitère à deux reprises et là, on a trouvé des pièces de monnaie. Les pièces de monnaie, ça permet de dater exactement. Donc, on sait que l'épave, elle date entre moins 60 à moins 70. Donc, on a une erreur de 10 ans, on va dire, au total.

  • Speaker #0

    C'est négligeable.

  • Speaker #1

    C'est négligeable. Et évidemment, ça ne veut rien dire sur la datation de l'objet.

  • Speaker #0

    Oui, mais elle ne peut pas dater d'après.

  • Speaker #1

    Alors, depuis 120 ans, les papiers scientifiques ne sont pas arrêtés d'être publiés. Et il y a trois articles de recherche qui sont contrôlés sur des axes complètement différents. Ça semble complètement loufoque, mais les trois papiers donnent la même date. Environ moins de 205. Et cette date de moins de 205, elle a aussi son importance. On va essayer de comprendre après qui l'a construite, où on l'a construite.

  • Speaker #0

    Ok, alors avant justement de s'intéresser à qui l'a construite, à quoi elle servait, comment elle se retrouve sur ce bateau aussi peut-être, puisque le bateau, il daterait plutôt de 60-70 et qu'elle a plus de 100 ans au moment où elle est sur le bateau a priori. Comment toi, Francesco, tu retrouves la trace de cette machine et comment tu te dis à un moment, en fait, il faut faire un truc sur cette machine ? Francesco ? Quand même, pour que l'auditeur et l'auditrice en soient conscients, où on en est pour l'instant, nous, sur le projet Anticitaire, c'est que tu as acheté des plans 3D sur Internet, je ne sais pas où, et on va essayer de la reproduire en 3D.

  • Speaker #1

    Au minimum, on s'en aime bien les grains de folie. Et donc, en fait, dans le chanel, quand on démarre avec un truc comme ça qui nous passionne, qui nous obsède, on est dans l'obsession, on ne sait même plus la folie. En général, on tire sur la ficelle et puis on y dérange une autre. Et ça va permettre de faire des choses super pour le public qui viendra écouter tout ça. Comment je m'intéresse à l'astronomie ? J'avais déjà entendu vaguement parler de ce mécanisme, mais sans plus. Et puis, c'était avant le confinement, ça devait être en 2016 à mon avis, quelque chose comme ça. Je décidais qu'on consacrerait bien une conférence à ça. Et donc, il y a un gars qui faisait de la vulgarisation en France. C'était un matheux en fait. Et j'invite le gars, et le gars vient nous parler de la machine. Alors je connaissais les grandes lignes, mais ce que le gars nous a raconté m'a vraiment stupéfait. Il a commencé à expliquer quelques éléments de l'historique, de comment on a compris, mais il s'est concentré vraiment sur ce que la machine montrait. Et moi qui pensais bien connaître l'astronomie, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de cycles astronomiques naturels que je ne connaissais pas. Et plus on avance, plus on est vraiment bouche bée, pour ne pas dire qu'on reste sur le cul, quand on voit ce que cette machine faisait, et la technologie qui est employée dedans. Donc voilà, on est fasciné par ça. Et donc la conférence est toujours sur notre chaîne YouTube. Et puis l'année qui suit, on invite un autre conférencier qui faisait de l'azététique. Alors l'azététique, c'est une espèce de méthode, si tu veux, pour se dire, OK, on me raconte ça depuis toujours, mais est-ce que je suis sûr que c'est vrai ? Et donc le gars est venu, il s'appelle Frédéric Duquesne, il avait fait toute une série de bouquins, et il vient traiter de trois sujets qui ont un lien avec l'astronomie. Est-ce que les pyramides de Khéops ont un lien avec Orion ? Parce que tout le monde raconte ça, dans les alignements, dans les machins. Est-ce que les fraises qu'il y a sur Lascaux, c'est un planétariog ? Il y a même eu un reportage sur Arte là-dessus. Et puis il dit, écoute de la machine anticitaire. Je trouve ça intéressant parce qu'on en avait parlé juste avant. Et en fait, ce gars, ce conférencier nous dit, on m'a demandé de faire un petit bouquin sur Anticiter. J'ai commencé à creuser. Et comme tout le monde, il tombe sous le charme, il est complètement séduit. Et comme il fait de l'acététique, il se dit, ouais, mais est-ce que je suis sûr que tout ce qu'on me raconte est vrai ? On dit que la machine, elle est, on va dire, du deuxième siècle avant Jésus-Christ. Mais est-ce qu'on en est sûr ? Est-ce qu'il n'y aurait pas eu une erreur de casting ?

  • Speaker #0

    Parfois, on a pensé que c'était quelqu'un qui était venu déposer cette machine.

  • Speaker #1

    Alors lui, ce n'est pas ce qu'il disait. Lui, il dit, moi, je ne demande pas mieux que cette machine, elle date du deuxième siècle avant Jésus-Christ, parce que c'est extraordinaire. Mais objectivement, je peux me poser la question de savoir, est-ce que par hasard, et sans qu'il y ait forcément une volonté de malversation, est-ce que par hasard, les gens qui gèrent la réserve du musée d'Athènes, ne se serait pas trompé que cet objet venait d'ailleurs et qu'il s'est retrouvé sur l'étagère où il y avait les éléments denticitaires, soit fait par hasard. Ou bien, est-ce qu'on a retrouvé cet objet dans l'épave denticitaire réellement, mais qui viendrait d'une autre épave bien plus récente ? On a le droit de se poser la question. Alors, il va lui raconter qu'il lui dit qu'il suffirait d'analyser le métal, et il va lui dire qu'on ne veut pas répondre. Donc, il se dit quand même, peut-être qu'on n'a pas envie de savoir. Et puis, il dit, je cherche sur Internet, voir s'il n'y a pas des constructions analogues, en fait. Et il se rend compte qu'à la Renaissance, il y avait des horloges astronomiques d'une sophistication tout à fait équivalente. Et il se rend compte qu'à quelques rues de chez lui, parce qu'il habite à Paris, il y a un des musées qui a une de ces horloges. Il va y voir, il dit, mais finalement, c'est tout à fait équivalent à Anticythère. Donc, il dit, peut-être qu'Anticythère, ce n'est pas de l'Antiquité, mais c'est de la Renaissance, en fait. Mais aujourd'hui, tout ça a été balayé vraiment parce que les études sont devenues tellement pointues sur le sujet qu'il n'y a plus absolument aucun doute. Le mécanisme anticitaire, il date vraiment de l'Antiquité. Alors, est-ce qu'il date de moins 100, de moins 150, de moins 205 ? Peu importe, mais c'est vraiment de l'Antiquité.

  • Speaker #0

    Il y a plein de questions qui me viennent comme ça. D'abord, comment on explique, selon toi, que cette machine date de moins 200 et qu'après, il faut attendre la fin du XIVe siècle pour avoir une machine aussi complexe ? Est-ce qu'il y a des hypothèses ? Est-ce qu'il y a des certitudes ? Comment ça se fait que j'ai l'impression que la technologie de l'engrenage, en quelque sorte, disparaît en fait et réémerge ensuite ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, quand on lit un peu ce qui existe sur le sujet, on se rend compte qu'on a deux engrenages vraiment basiques.

  • Speaker #0

    Elles comporteront combien d'engrenages à la machine ?

  • Speaker #1

    Actuellement, à l'intérieur, il en reste un peu moins de 30 et on pense qu'elle devait en avoir probablement 60 à 70.

  • Speaker #0

    C'est énorme, avec une précision assez...

  • Speaker #1

    Une précision, donc chaque dent, les dents sont environ 1 mm, 1,5 mm de longueur. Il y a quand même des roues qui ont 223 dents, je ne sais pas si tu imagines.

  • Speaker #0

    Surtout qu'il faut diviser un cercle en 223 parties, plus ou moins égales. En plus,

  • Speaker #1

    il y a plein de questions. Il y a un département aujourd'hui à l'Université de Londres. qui ne fait que travailler sur la machine, c'est pour dire à quel point c'est démentiel. Et puis bon, je spoil un peu, mais on va découvrir qu'à l'intérieur de la machine, en fait, il y avait encore le mode d'emploi et on est en train de le déchiffrer. Donc on a aussi des milliers de caractères grecs gravés sur du bronze. Et là aussi, on est à 1,5 mm, 2 mm pour chaque caractère. On ne connaît aucune surface aujourd'hui, de cette époque-là, en bronze qui a autant de caractères. Donc toutes ces questions de technologie se posent. Alors donc, on sait qu'on a... deux engrenages qui ont une forme d'anneau un peu grossier qui remontent à la Chine du 4e siècle avant Jésus-Christ. On sait qu'il y a un gars, on va dire qu'il y a une petite dynastie à Alexandrie, 1er siècle environ, 2e siècle, un gars comme Héron d'Alexandrie qui construisait des automates, donc des trucs un peu basiques, mais quand même. Donc des machines où il y a un petit oiseau qui est piloté par des engrenages qui sont même pilotés par l'arrivée d'eau. Le petit oiseau tourne et il émet des sons qui... qui voulait représenter le champ des oiseaux. Donc on sait qu'il y a des automates très simples qui étaient faits. Donc quelques engrenages, mais rien à voir au niveau complexitaire et quanticitaire. On a un cadran solaire calendrier de l'an 500 environ à Byzance.

  • Speaker #0

    Mais déjà 700 ans plus tard.

  • Speaker #1

    Avec quelques engrenages, pas beaucoup. Et puis il y a un astrolabe de 1221.

  • Speaker #0

    L'astrolabe t'aime bien aussi. On a déjà fait un podcast dessus.

  • Speaker #1

    Et puis lui vient de disparaître en Iran. Où là il y a quelques engrenages qui montrent la phase de la Lune. Et puis, il faut attendre le XIVe siècle pour avoir la machine aussi sophistiquée. Donc, la question, c'est qu'est-ce qui s'est passé entre tout ça ? Est-ce qu'il y a eu une filiation et qu'en réalité, la science des engrenages n'a jamais été oubliée ? C'est juste que les artefacts ont disparu, parce que comme ils sont faits en métal, le métal, c'est précieux. Et qu'à un moment donné, quand on n'a plus l'utilité d'un objet en métal, on le fond. Ou bien, est-ce que réellement, les Grecs n'ont pas compris la pertinence de ce qu'ils avaient inventé et que la transition ne s'est pas faite ? Il y a Arthur C. Clarke, le fameux auteur de Domina l'université de l'espace, il dit que si les Grecs avaient perçu la puissance qu'ils venaient d'inventer là, probablement que la révolution industrielle serait arrivée mille ans plus tôt. Je ne sais pas si ça aurait été une bonne chose pour l'environnement, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Ce sera le sujet d'un autre podcast si tu veux.

  • Speaker #1

    Il disait aussi, il écrit ça en 1975, donc on est juste après l'émission Apollo. Il dit que si on avait continué dans la lignée d'Antizitaire, aujourd'hui l'humanité ne tournerait pas autour de la Lune. elle tournerait autour des autres étoiles.

  • Speaker #0

    Pour te dire le changement de paradigme que ça pouvait opérer.

  • Speaker #1

    Et puis il n'y a pas une question qui se pose, c'est pourquoi on n'en a qu'une de machine ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'une machine comme ça, tu pourrais te dire que ça a été, je caricature, mais fabriquée en série, ou qu'au moins dans toutes les grandes villes, il y en avait une.

  • Speaker #1

    Ce qui est certain, c'est qu'il est rigoureusement impossible, mais vraiment impossible, que quelqu'un puisse imaginer du premier coup une machine qui a tel niveau de raffinement. Ce n'est pas possible. Donc il a dû y avoir des prototypes avant. Certainement que... Plusieurs personnes ont dû bosser sur la machine. Est-ce qu'il y avait une école ? Est-ce qu'il y avait une tradition ? C'est qui s'en qui se pose ?

  • Speaker #0

    Justement, tu parles d'école, tu parles de transition. Est-ce qu'on n'en sait plus sur qui aurait construit cette machine ? En sachant, je me rattache toujours un peu au film d'Indiana Jones, eux, ils postulent que c'est Archimède, qu'ils l'auraient imaginé et qu'ils l'auraient construite. Est-ce qu'on n'en sait plus sur la provenance du bateau ? Qu'est-ce qu'on sait de l'histoire de cette machine ? Et que nous disent les textes qu'on a déjà décryptés au final ?

  • Speaker #1

    Alors ce qui est très intéressant, c'est qu'en fait les fouilles en anti-sitter continue toujours. Donc chaque année, durant l'été, il y a un mois de fouilles qui est organisé par des universités parmi les plus préciseuses. Donc on continue à chercher. Alors pas forcément... Alors évidemment le rêve serait de trouver le morceau qui manque, un peu comme dans le film. Alors tout le monde s'est un peu excité en 2017, parce qu'en 2017 on a découvert un disque de bronze avec un dessin d'un taureau je pense dedans. Alors la version officielle, c'est qu'elle n'a rien à voir avec anti-sitter. Il y en a l'un ou l'autre qui continuent à fabuler, mais voilà. Et donc, en fait, on fouille aussi pour comprendre les techniques de construction du bateau lui-même. Donc, il y a d'autres questions que la machine qui se posent. En résumé, les scientifiques ont exploré différentes pistes pour comprendre d'où venait la machine, d'où venait le bateau. Et aucune des pistes ne donne... des réponses compatibles entre elles. Je vais en citer l'une ou l'autre. Sur la machine, on a différents calendriers. Il faut savoir que dans la Grèce antique, ce n'est pas comme aujourd'hui. Aujourd'hui, on a un calendrier qui est commun pratiquement à la Terre entière. A l'époque, ce n'est pas comme ça. Chaque cité grecque a son propre calendrier. Ce qui n'est pas simple. Certains se basent sur la Lune, d'autres sur le Soleil, d'autres se basent sur la troisième année du règne du roi, machin. D'autres, c'est à la Xème Olympiade. Et donc la machine a aussi un rôle de pouvoir synchroniser tous ces calendriers, on suppose. Mais sur le fameux cadran métonique, selon un peu savant, de 19 ans, il y a un calendrier qui est repris là-dessus. Parce qu'il y a plein de calendriers, mais là il y en a un. Et donc il y a 12 mois qui sont repris. Et quand on regarde le nom des 12 mois... On se rend compte qu'il y en a 7 sur les 12 qui correspondent exactement au calendrier qu'on a découvert à Tormine en Sicile, qui est une colonie de Syracuse. Syracuse est elle-même une colonie de Corinthe, et donc ce calendrier qu'on a à Tormine est probablement un calendrier d'application à Syracuse, probablement d'application aussi à Corinthe. Donc du coup ça, ça va dans le sens de dire, Syracuse ça colle, évidemment.

  • Speaker #0

    Ça colle avec Archimède alors, parce qu'Archimède se trouve à Syracuse. lorsque Syracuse est assiégé aussi. Alors,

  • Speaker #1

    ce qui se passe, c'est que Archimède, c'est l'un des plus grands savants de tous les temps, en tout cas de l'Antiquité. Lui, il est là à l'époque grecque de la Sicile. Et puis, Syracuse est assiégé par les Romains en moins 212. C'est-à-dire, quand je parlais 205, moins 212. Et la légende et l'histoire racontent qu'Archimède a développé des machines invraisemblables qui ont permis, en fait, de ralentir la prise de Syracuse. Des machines capables de soulever les bâtiments. Cateau romain dans le port.

  • Speaker #0

    La théorie des miroirs.

  • Speaker #1

    Là, c'est plus des connards, mais ça a alimenté la science pour longtemps.

  • Speaker #0

    Je parle de la théorie des miroirs parce qu'on le voit dans Indiana Jones. Au tout début du film, il explique, justement, il pose la question. Oui, mais est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est faux ? Et il parle un peu de cette archéologie qu'il essaie de reconstituer pour voir si c'est possible.

  • Speaker #1

    Et donc, Archimède, on sait qu'il a fabriqué. Il y a des textes qui racontent qu'Archimède a construit une machine qui s'appelle la sphère. Alors la sphère, il ne faut pas imaginer une boule, mais c'est la sphère au sens du ciel. Pourquoi ? Parce que Cicéron, de mémoire je pense qu'il a vécu, je pense à l'époque de l'épave, on va vérifier les dates, Cicéron raconte deux choses incroyables. Il dit, le petit-fils du général Marcellus, qui est le général qui a fait le siège de Syracuse, dispose d'une machine que son grand-père Marcellus a ramenée de Syracuse, qui était la machine d'Archimède. Et que cette machine, en fait, montrait tous les mouvements du ciel, les planètes, etc. Donc, on ne sait pas si cette partie-là est une affabulation ou si elle est réelle. Et que donc, on peut imaginer que même si la machine, elle est postérieure à la mort d'Archimède, on se dit que la machine est tellement sophistiquée, on peut imaginer que c'est Archimède qui l'a inventée.

  • Speaker #0

    Qui aurait fait les plans, par exemple.

  • Speaker #1

    Qui aurait fait les plans, ou qui l'aurait reconstruite, et que ses élèves ont continué. Parce que Syracuse était au top de sa splendeur à cette époque-là, et elle a continué à rayonner pendant un certain temps.

  • Speaker #0

    Il faut savoir qu'Archimède meurt dans mes souvenirs au siège de Syracuse.

  • Speaker #1

    Alors Archimède c'est ça, les Romains évidemment ont intérêt à ce qu'Archimède soit capturé vivant, et donc Marcellus dit à ses ouailles « Capturez Archimède vivant » . Et la légende raconte que le soldat romain n'a pas reconnu Archimède qui, dit-on, était complètement perdu dans ses calculs. Bon là il y a vraiment un peu de…

  • Speaker #0

    Une légende urbaine on va dire.

  • Speaker #1

    Et donc on l'a tué de dos et on a fait une grosse connerie. Et donc, on peut imaginer que c'est Archimède qui a construit les premières machines comme ça, qu'il avait une école avec des disciples, et que donc, ce n'est pas étonnant que la tradition de construction de telles machines ait continué un peu plus tard. Et que du coup, Anticitaire est une des machines liées à l'école d'Archimède. Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'Archimède a écrit un bouquin où il explique comment il faisait. Ce bouquin, on ne l'a pas.

  • Speaker #0

    On ne l'a plus. Et comment on sait qu'il a écrit un bouquin ?

  • Speaker #1

    Parce que dans l'Antiquité, en fait, on n'a pas... On a des textes qui sont vraiment des copies de l'Antiquité, des copies de manuscrits de l'Antiquité. Et puis il y a des bouquins qui racontent qu'un tel a fait ceci, un tel a fait cela. Donc on sait que le livre La Sphère existe.

  • Speaker #0

    Et on ne l'a pas encore trouvé.

  • Speaker #1

    Il a existé. Donc un des espoirs des chercheurs, en fait il y a deux espoirs pour en savoir plus. Le premier espoir c'est qu'un jour on découvre une deuxième machine dans une épave qui dort à grande profondeur dans la Méditerranée. Parce que si on y réfléchit, paradoxalement, ce qui a sauvé la machine antisitaire, c'est le naufrage. Probablement que s'il n'y avait pas eu le navire qui a coulé, la machine aurait été refondue avec d'autres et qui est le destin probablement des autres machines du même genre s'il les ait bien existées. Peut-être qu'un jour on en découvrira une.

  • Speaker #0

    Et pourquoi spécifiquement sur cette épave en profondeur ?

  • Speaker #1

    Là je pense que c'est un coup de bol d'être tombé là-dessus.

  • Speaker #0

    Non, quand tu dis qu'il y a l'espoir de trouver une deuxième machine... Dans une épave qui gît plus en profondeur. Il n'y a pas une épave bien ciblée. On espère qu'un jour, il y aurait une autre épave et on trouve un...

  • Speaker #1

    C'est ça. Et en gros, le calme des abysses et protéger ces machines de la folie des hommes. En gros, c'est ça. L'autre espoir, c'est qu'au Moyen-Âge arabe, les Arabes ont fait un... On a consacré une expo là-dessus il y a une quinzaine d'années. Les Arabes ont fait un travail démentiel. Ils ont été envoyés en mission pour le calife Al-Mamoun. On est de mémoire... 9e, 8e siècle, comme ça. Et à un moment donné, ils ont eu comme mission de récolter tous les livres de science et de philosophie écrits dans l'Antiquité.

  • Speaker #0

    dans toutes les langues de l'Antiquité, donc ça pouvait être le latin, le grec, le copte, tout ce qu'on veut. Et les savants arabes ont traduit ces ouvrages dans la langue qu'on appelle vernaculaire de l'époque. Aujourd'hui, la langue vernaculaire, c'est la langue qui permet aux gens de discuter entre eux en science et en anglais. Et à l'époque, c'était l'arabe. Et donc, il y a des centaines de milliers, certains parlent de millions de livres qui ont été comme ça traduits. Mais il faut se rendre compte qu'aujourd'hui, l'œuvre de traduction, on est nulle part en fait. Moi, mon ami Ossam El-Kadem, dont j'ai beaucoup parlé, me disait qu'il y avait au moins un million de livres qui restent encore à traduire. C'est probablement exagéré, mais même si on a des milliers, là-dedans, il y a une mine d'or, par exemple. Ici, à Lille, il y a un service de recherche qui travaille sur les mathématiques arabes. Et il y a des trucs incroyables qu'ils ont découvert dans les dernières années. Et donc, rien ne nous le dit que dans ce gigantesque ensemble de livres scientifiques arabes, il n'y a pas une copie de la sphère d'Archimède. Ça, ce serait trop cool. Voilà.

  • Speaker #1

    On ne voit plus Francesco pendant deux mois.

  • Speaker #0

    Et donc, en gros, il y a une hypothèse, c'est Archimède. Et c'est l'hypothèse qui a été considérée comme la plus vraisemblable dans le film Indiana Jones. Et puis, il y en a une autre qui est intéressante aussi. C'est Cicéron qui, dans un de ses textes, « Je suis allé voir mon ami Posidonius à Rhodes. » Et Posidonius a construit une machine qui montre, qui raconte, je pense qu'il va même jusqu'à dire qu'il explique qu'il fait un mouvement. uniforme, avec une manivelle en gros, et que la machine montre tous les mouvements du ciel, planètes, étoiles, etc. Et il raconte même que si, en gros, les barbares qui vivent en Écosse, aux confins de l'Empire romain, découvraient une machine comme ça, est-ce qu'ils se rendraient compte que dedans, il y a vraiment des mécanismes ? Et ça, c'est intéressant, parce que, en posidonus, il est connu par différentes allusions, il connaît beaucoup de connaissances en astronomie, mais Rode a une tradition en astronomie. Parce que quelques siècles avant, il y a eu Hipparche. Hipparche, c'est un des plus grands astronomes de l'Antiquité, qui a fait un fameux catalogue qu'on a redécouvert en partie il y a deux ans. On a eu une conférence là-dessus l'année passée. À Rhodes, il y a eu le premier vulgarisateur de l'astronomie. Moi, je ne connaissais pas avant, il s'appelle Géminos. Et Géminos publiait un bouquin. à l'époque de l'épave anticitaire, c'est ahurissant. Il explique, non pas aux scientifiques, il explique en gros à ceux qui savent lire, tout ce qu'on sait de l'astronomie à l'époque. Donc ce n'est pas un ouvrage de recherche, c'est un ouvrage de vulgarisation. Et quand on prend le sommaire de tout ce dont parle Géminos, tout se trouve dans la machine. Même les techniques de conversion d'un tel calendrier en tel autre, les corrections qu'on amène, on ajoute un mois à tel moment, c'est les techniques de Géminos. C'est impressionnant. Donc, il y a ce lien avec Rhodes qui est là. Et puis, il y a une tradition de maîtrise du métal, parce que tout le côté est technologique. Et on sait qu'à Rhodes, il y avait des ateliers, etc. Donc, Rhodes est un des... Un des candidats potentiels. Et puis, il y a la troisième hypothèse. C'est qu'en fait, c'est ni Archimède, ni Posidonius. C'est un mec qui n'a pas laissé sa trace dans l'histoire. Et finalement, quand on se dit, tiens, le calendrier, c'est le calendrier d'une colonie corinthienne, c'est Aromine, Syracuse ou quoi. Oui. Peut-être qu'il a été fait ailleurs en Grèce et que c'était une commande et que le gars a mis le calendrier de la région où habite le gars qui a fait la commande. On peut tout imaginer et toutes les pistes, en fait, pour l'instant, se cassent les dents parce qu'il n'y a pas assez d'éléments pour trancher.

  • Speaker #1

    Alors, on a parlé de la machine, mais est-ce que le bateau peut donner des pistes sur tout ça ? Est-ce qu'on a des informations sur la route qu'a suivi le bateau, sur le journal de bord peut-être du bateau s'il y en avait un ? Qu'est-ce qu'on a comme informations sur le bateau ?

  • Speaker #0

    Alors ça, ce n'est pas clair. Écoute. Ce qui est certain, c'est qu'on a découvert la cargaison. J'ai encore creusé le sujet, mais il n'y a que depuis pas longtemps qu'on a retrouvé vraiment les éléments de bois, de l'épave. On a vu comment les éléments étaient fixés entre eux, donc c'était une trés particulière. Donc, il n'y a pas très longtemps qu'on étudie l'épave elle-même. Donc, un journal de bord, ce n'est pas possible, ça aurait été le rêve. Et à un moment donné, les gens ont dit que c'était un bateau romain qui allait, comme je disais, soit de Rome vers Constantinople ou l'inverse. Et puis, il y en a qui disent non, c'est probablement même un bateau grec. qu'elle est peut-être d'une région au style de la Crète à ailleurs dans les pires ou que sais-je. Non,

  • Speaker #1

    ce n'est pas un élément déterminant. Plusieurs fois dans l'épisode, tu as parlé de ce que montrait la machine, mais sans vraiment le formaliser. Donc j'aimerais ici que tu nous expliques réellement en tout cas ce que la face avant montre, qu'est-ce qu'on peut s'attendre à voir sur cette face avant. Tu as parlé de calendrier sur la face arrière. Est-ce que tu peux essayer de nous permettre de visualiser cette machine ? Est-ce qu'au final, ça ressemble un petit peu au système solaire mécanique qu'on peut acheter dans le commerce ? actuellement ou c'est complètement autre chose ? Comment on peut se représenter cette boîte à chaussures au-delà d'une boîte en bois complètement fermée ?

  • Speaker #0

    Alors, il faut bien se rendre compte que ce qu'on a trouvé aujourd'hui, qu'est-ce qu'on a comme pièce ? Comme je l'ai dit, quand le fameux ancien ministre découvre dans les réserves l'objet, il n'était qu'à 102. Mais on est là, on était en 1902. Aujourd'hui, on est en 2025. Alors, assez rapidement, il y a un chimiste du musée d'Athènes qui s'est dit qu'il faut qu'on protège l'objet. Donc, il a essayé d'enlever des couches de concrétion. D'ailleurs, en passant, en enlevant les couches de concrétion, il a découvert que des textes s'étaient gravés à l'intérieur de la concrétion et que ça s'était gravé à l'envers. Et donc, en enlevant la concrétion, on a découvert... C'est comme si on a d'autres fréquements de la machine. En gros, il y avait du métal qui a disparu, mais qui a laissé la trace sur l'air. Puis il y a eu la guerre, les chefs fascistes italiens ont envahi Athènes, les pièces les plus importantes on les a planquées à la Banque Nationale, et puis il y a plein de choses qu'on a enterrées dans le jardin du musée pratiquement. Et puis tout ça qu'on a exhumé, il y a des choses qui sont cassées. Aujourd'hui, la machine, elle est en 72 morceaux.

  • Speaker #1

    Il y a plus de morceaux que d'engrenages, excuse-moi ! Oui,

  • Speaker #0

    alors il y a trois morceaux principaux. Les morceaux principaux, ils portent des lettres, ABC, ils sont exposés au musée archéologique, et puis le reste...

  • Speaker #1

    Et tu as des copies chez toi ? Alors...

  • Speaker #0

    Oui, parce que dans notre folie, on s'est dit que ce serait bien que les gens se rendent compte. En fait, on a trouvé un artisan en Turquie qui faisait des moulages. Il y a des cinglés. Il y a un gars, il est complètement à la masse, il fait des moulages de tablettes mésopotamiennes et il faisait des moulages des restes denticitaires. Donc, je l'ai ici.

  • Speaker #1

    La vraie question que je me pose, c'est comment il a eu le moulage de base ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas combien il a fait. Parce que le mécanisme est probablement, je pèse mes mots, c'est probablement l'objet le plus précis de tout le musée d'Athènes. Je ne sais pas si les gens se rendent compte. Le gars,

  • Speaker #1

    il a un moulage dont il fait des copies.

  • Speaker #0

    Un moulage, ou alors il s'est basé sur les photos, je ne sais pas comment il a fait. Et donc, il y a 72 morceaux. Et donc, tout ce que je vais raconter ici, c'est le fruit d'une enquête scientifique. Donc, il n'y a pas un dessin, on ne le voit pas comme ça à l'œil. Les études récentes, ce qui est certain à 100%.

  • Speaker #1

    On a utilisé aussi des technologies vraiment de pointe pour aller voir les différentes couches dans la machine, etc. C'est un peu fou.

  • Speaker #0

    Je t'explique si tu veux. Oui,

  • Speaker #1

    plus vite.

  • Speaker #0

    Mais donc, aujourd'hui, on doit imaginer que, sur la face avant, il y a... Deux cercles concentriques. Sur le cercle extérieur, en gros, c'est le calendrier égyptien. Quand tu dis le calendrier,

  • Speaker #1

    c'est un cercle divisé en différentes parties et des mois dessus.

  • Speaker #0

    Il est très subtil, le calendrier égyptien, parce qu'il est divisé en 365 éléments. Alors, comment ça marche ? Il faut que je me concentre. Il y a 12 mois de 30 jours. Et si tu fais 12 fois 30 ? Ça fait combien ?

  • Speaker #1

    360.

  • Speaker #0

    Il te manque 5 jours et un quart. On va dire qu'il manque 5 jours. Les Égyptiens, ils savaient qu'il manquait 5 jours. Et donc, cet anneau au calendrier, en fait, il était démontable et il pouvait tourner avec des plots pour qu'on puisse le régler et pour que les 5 jours qui manquaient... Donc, en gros. Après, on a un autre anneau qui est l'anneau du Zodiac. Vous allez dire, Francesco, il commence à péter un câble, il fait de l'astrologie. Non, en fait, le Zodiac, c'est un truc qui a une existence tout à fait physique dans le ciel.

  • Speaker #1

    C'est une zone du ciel, en fait.

  • Speaker #0

    C'est une zone du ciel. En fait, l'idée, c'est que si vous observez la Lune, le Soleil, Venus, Jupiter, c'est les astres du système solaire. On ne les voit pas n'importe où dans le ciel. Ces astres se promènent dans une bande du ciel très particulière qu'on appelle le Zodiac. Alors Zodiac, ça veut dire le cercle des animaux, parce que dans Zodiac, il y a le mot zoo, comme genre d'azoologique. Donc Zodiac, cercle des animaux, parce que là-dedans, on a le bélier, les poissons. Donc c'est beaucoup de constellations qui ont un lien avec les animaux. Ariane magique, c'est lié au fait que les planètes sont dans un même plan, c'est ce qu'on voit quand on est sur Terre, peu importe. Et donc, quand on suit le ciel avec un peu d'observation attentive, on se rend compte que la Lune, le soleil de la planète, se déplace le long du Zodiac. Par exemple, Ténécan, Thomas.

  • Speaker #1

    Le 4 décembre 1987.

  • Speaker #0

    Et ton signe, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Théoriquement, Sagittaire, mais je sais ce que tu vas me dire.

  • Speaker #0

    Quand on dit du signe du Sagittaire, c'est parce qu'au mois de décembre, à l'époque de Babylone, le Soleil, évidemment, il est dans le ciel. Et si je pouvais éteindre la lumière, si je pouvais diminuer sa luminosité, je verrais qu'il est devant la constellation du Sagittaire. Et donc, on voit ce Soleil qui se promène le long des constellations du Zodiac.

  • Speaker #1

    Attends, attends, attends, parce que le Soleil, il bouge dans le ciel. Donc, il ne peut pas être toujours dans la constellation du Sagittaire au mois de décembre. Tu comprends ce que je veux dire ? Le Soleil va d'est en ouest, la constellation va aussi d'est en ouest ?

  • Speaker #0

    Oui. Donc en fait, ce qui se passe, c'est ça qui est compliqué à s'imaginer. Pour faciliter, on se place au moment d'une éclipse du Soleil. La Lune est venue éteindre le Soleil, mais évidemment, elle est là. Imaginons que l'éclipse dure toute la journée. Qu'est-ce qu'on verrait ? On verrait le Soleil, autour de lui, on verrait les étoiles. Et on verrait qu'en décembre, autour de lui, il y a la constellation du Sagittaire.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est intéressant, les étoiles et le soleil ont le même mouvement parce que c'est dû à la rotation de la Terre.

  • Speaker #0

    Au cours de la journée, évidemment le soleil va d'est en ouest, les étoiles aussi, fatalement, parce qu'à notre échelle, les étoiles ne bougent pas, le soleil sur une journée, on a l'impression qu'il ne bouge pas, et donc en fait c'est nous qui sommes sur un balcon qui est en train de tourner dans l'autre sens. Vous êtes en bagnole, vous allez vers l'avant, vous savez que c'est vous qui vous déplacez, mais vous avez l'impression que le paysage file vers l'arrière. Nous le paysage c'est quoi ? C'est les constellations et le soleil. Évidemment, le Soleil a un mouvement un peu particulier parce que, au cours de l'année, nous, avec notre petit balcon, on tourne autour du Soleil. Comme on tourne autour du Soleil, notre perspective change. Le paysage qu'on voit depuis la Terre change. Et donc, si en décembre, je vois le Soleil devant le Sagittaire, il est évident que six mois après, moi, je suis avec la Terre à un autre endroit dans l'espace. Et quand je regarde le Soleil, le Soleil, je le vois se projeter devant une autre constellation. Ça veut dire que quand je me mets dans ma vision à moi, de petit terrien qui sort de sa maison et qui regarde ce qui se passe, au cours des jours, je me rends compte qu'en fait le soleil, il change tout doucement de place devant les constellations du Zodiac. Et moi quand je suis né en novembre, en théorie il était dans le scorpion, toi il était dans le sagittaire, mais sur une journée on ne voit pas la différence, mais sur quelques jours on voit que ça change, ce qui fait qu'on a les signes du Zodiac. Et donc en réalité, nous depuis la Terre, on voit le Soleil qui change de place dans le Zodiac, mais en fait, ce n'est pas lui qui change de place, c'est nous qui tournons en vrai autour de lui. Et donc la machine, elle décrit l'univers dans la vision qu'on avait des anciens, une vision qui est géocentrique avec la Terre au centre, mais qui en fait est la vision qu'on a nous quand on va dehors observer le ciel.

  • Speaker #1

    C'est la vision de l'observateur.

  • Speaker #0

    C'est la vision de l'observateur, donc c'est extraordinaire en fait. Ce n'est pas qu'on dit, mais c'est un modèle qui ne peut pas le m'en dépasser. C'est un machin des anciens, ils étaient cons, ils étaient à côté de la plaque. Nous, on est brillant, on a un moeus qui va dans l'espace et on a le modèle héliocentrique. Absolument pas ça. Quand moi je vais dehors, ce que je vois, c'est du géocentrisme. Et donc, cette machine te décrit l'univers. D'ailleurs, dans les textes qu'on a découvert dedans, on te raconte que devant, il y avait Cosmos. Donc, le cadran central à l'avant s'appelle Cosmos. C'est pas rien. C'est l'univers qui reproduit. où tu as la Terre au centre.

  • Speaker #1

    Tu as des petites boules ?

  • Speaker #0

    On ne sait pas. On n'a pas les détails exacts. Ce qui est sûr à 1000%, c'est, parce que là c'est mis dans les textes, il y avait une sphère qui représentait le Soleil et qui faisait le tour du Zodiac. En combien de temps ? Le Soleil a besoin d'un an pour faire le tour du Zodiac. Et donc on voit le Soleil qui fait le tour du Zodiac. C'est l'année. Quand il revient au même endroit, il n'a plus qu'une année. Il y avait une deuxième boule, et ça c'est extraordinaire. On savait qu'il y avait une boule qui représentait la Lune, et qui tourne à sa propre vitesse. Parce qu'évidemment, si vous observez la Lune aujourd'hui, vous allez voir la Lune qui est dans une direction. Demain, à la même heure où la Lune est vraiment décalée vers la gauche, et la Lune fait le tour de la Terre. Alors là c'est un peu subtil, on va dire qu'on a un peu moins d'un mois, pour rentrer dans les détails. Et donc il faut que le rapport de temps... Donc le soleil fait un tour du calendrier de la machine antécitaire, la lune doit faire le bon nombre de tours. Et il y a un rapport exactement entre les deux, et c'est ce fameux cycle de méthons, c'est que les babyloniens s'étaient rendus compte... que quand le soleil fait 19 tours, donc en 19 ans, la Lune fait 254 tours. Et donc la machine...

  • Speaker #1

    Il faut être un peu barche pour, pendant 19 ans, regarder exactement la position de la Lune et se dire, ah ok, putain, là, elle est exactement où elle était il y a 19 ans, et elle a fait 254 tours.

  • Speaker #0

    Non, mais toi qui aimes bien le traitement des données, la technologie, c'est ahurissant. Parce qu'aujourd'hui, si moi... Ah, moi... Si n'importe quel astronome ou scientifique lance un projet de recherche, il accumule les données, il dit, ben voilà, observons le ciel. Qu'est-ce qu'il va faire ? Il va avoir un système qui va repérer les positions. Déjà, on a presque tout automatisé. Il va alimenter une base de données. Le truc va fonctionner pendant des années. Et puis, il va dire, voilà, je vais demander un graphique qui montre l'évolution de la position de la Lune par rapport aux odia, gna gna. Il fait la gravitude, le machin position en fonction du temps. Et il voit qu'il y a un machin périodique, il a la période et c'est fini. Donc, tu accumules les données. Tu traites les données et tu en déduis une loi ou un cycle. Moi, ce que je ne comprends pas, les Babyloniens, ce qu'ils avaient de plus par rapport à nous, c'était un bon ciel. Nous, en Belgique, on a un ciel de merde, on ne voit rien. Eux, ils avaient un ciel dégagé tout le temps, je suppose, ou presque. Mais alors, on peut imaginer avec quoi ils faisaient leurs mesures. Je ne sais pas, admettons. On peut imaginer des grands instruments qui permettent de positionner finement les choses. Ça, ils devaient avoir. Mais les données, tu les mets dans quoi ? Tu les écris sur des tablettes d'argile. Donc, si tu veux voir apparaître ce cycle de 19 ans, tu dois au moins prendre des données sur au moins 19 ans. Mais idéalement...

  • Speaker #1

    Sur deux ou trois cycles, oui.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, en fait, la machine, elle va plus loin parce qu'il y a le cycle de 19 ans, mais qui ne tombe pas juste. C'est 19 ans et un quart. Et donc, la machine, elle est plus précise et il y a un cadran supplémentaire qui donne le cycle de calyphe. Calyphe, c'est quatre fois le cycle de méthode parce que le 19 et un quart, si tu fais fois quatre, ça tombe juste. Ça tombe sur 76 ans, si je ne dis pas de bêtises. Juste comme ça. Et donc les babyloniens connaissaient ça. Donc la question que je me pose c'est comment tu fais ? pour extraire des cycles, probablement de milliers de tablettes en argile, stockées dans une bibliothèque d'un palais royal quelque part, comment tu fais pour avoir les données ? Je ne comprends pas.

  • Speaker #1

    Mais garder l'historique en fait.

  • Speaker #0

    Comment tu gardes l'historique et comment tu analyses ? Tu ne vas pas dire analyse les données, donne-moi le graphique, comment tu fais ?

  • Speaker #1

    C'était leur version à eux du projet Apollo.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Et donc cette machine, elle reproduit... le rapport de déplacement de vitesse et de déplacement apparent du Soleil et de la Lune. Et donc il faut que les engrenages qu'il y a dedans te reproduisent tout ça. Mais ce qu'on a découvert, en fait, il n'y a pas très longtemps, c'est que la boule qui représentait la Lune, elle était peinte à moitié en noir, à moitié en brillant, et elle tournait sur elle-même, on est sûr, parce qu'on a trouvé l'emplacement où elle était encastrée, ça on le voit, et en même temps le texte qu'on a découvert dedans explique ça. Et quand la Lune tourne, fait ses 254 tours pendant que le Soleil en fait 19, elle tourne sur elle-même à la bonne vitesse et elle te donne les phases de la Lune.

  • Speaker #1

    Donc ça veut dire aussi que tu as des engrenages qui doivent bouger en plus dans ce système. Ils ne sont pas tous fixes a priori. Ah,

  • Speaker #0

    voilà. En fait, tu as mis le doigt sur tout ça. Alors, après, se pose la question, mais assez tôt, les gens se sont dit, OK, on a le Soleil, on a la Lune, on a la Lune avec les phases. Est-ce qu'ils n'auraient pas mis les planètes quand même dedans ? Il y en a qui ont dit on n'en sait rien, etc. Et puis, certains ont dit, imaginons à quoi aurait dû ressembler la machine si, connaissant la technologie qu'il y a dedans, connaissant les subtilités qu'ils ont mis dedans...

  • Speaker #1

    Si on avait voulu représenter les planètes. Voilà.

  • Speaker #0

    Et donc, certains ont commencé à faire ça. Il y a le fameux Michael Wright, on peut en parler si tu as envie, qui a fait un modèle fonctionnel, c'est hypothétique, mais c'est faisable avec la technologie de l'époque. Et puis, il y a eu des modèles plus récents qui ont été publiés dans la revue Nature, où là, on a tout ça. Mais ce qui est dingue, c'est que... N'oublie pas, c'est un modèle géocentrique, donc ça correspond à ce que tu vois. Alors, le Soleil, c'est facile. Il se déplace tous les jours un petit peu dans le Zodiac, et après un an, il fait le tour des constellations. La Lune, on le voit à l'œil nu, la Lune d'un jour à l'autre, elle se déplace de façon énorme, parce qu'elle doit faire le tour du ciel en environ un peu moins d'un mois. Les planètes, ça c'est la merde. Si tu prends une planète comme Mars, pour l'instant on voit bien Mars dans le ciel. Mars a un point orangé, qui est tantôt bien visi, tantôt un peu moins. Si tu observes Mars par rapport aux étoiles, qu'est-ce que tu vois ? Pour l'instant, ça marche bien au moment où on enregistre le podcast.

  • Speaker #1

    Donc on enregistre ici au mois de février, à tout début février. Voilà,

  • Speaker #0

    on est dans une période un peu privilégiée. Et il y a quelques semaines, en fait, on voyait Mars qui était à gauche, deux étoiles très brillantes qu'on appelle Castor et Pollux. Et en fait, depuis quelques semaines, on se rend compte que Mars se déplace par rapport à ces étoiles-là. Le mot planète, ça veut dire astre vagabond, en fait, dans le ciel, en grec. Astre vagabond, pourquoi ? Parce que les planètes... n'ont pas les mêmes mouvements que les étoiles. Sur une nuit, ça se comprend de la même façon. On va d'est en ouest, à cause de la rotation de la Terre. Mais de la même manière que le Soleil se déplace le long du Zodiac, les planètes se déplacent aussi le long du Zodiac, chacune à leur propre vitesse. Mars, par exemple, fait le tour du Zodiac en deux ans. Saturne en 29 ans. Et donc, Mars, en général, si tu prends un repère dans le ciel, tu vois que chaque jour, il se déplace un petit peu vers la gauche. Mais là, depuis deux semaines, Mars, il va vers la droite. Ça va durer encore un petit peu. Et puis il va inverser son mouvement, il va repartir vers la gauche pendant deux ans. Donc on dit que Mars dessine des boucles de rétrogradation. Eh bien la machine, a priori, reproduit toutes ces boucles de rétrogradation pour chaque planète à sa propre vitesse. C'est invraisemblable. Mais la partie du mécanisme là, là on l'a perdu. Il y a quelques éléments, mais on a perdu, on a perdu.

  • Speaker #1

    Donc ça c'est vraiment une hypothèse, ou sur base de ce qu'on voit dans la machine, et de ce qu'on lit dans les textes, a priori elle pouvait le montrer.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Alors, justement, et on va terminer là-dessus, je te propose, parce qu'il y a encore plein de choses à raconter. Et tu vas proposer une conférence, a priori, sur le sujet. Oui,

  • Speaker #0

    un peu plus qu'une conférence, on va carrément faire une nuit.

  • Speaker #1

    Voilà, une nuit sur Anticitaire. Est-ce que la recherche moderne, justement, elle converge dans un seul sens, dans une seule direction ? Ou est-ce que, justement, il y a peut-être des clans autour de cette machine d'Anticitaire qui ont des hypothèses différentes, qui s'affrontent ? Est-ce que la recherche autour de cette machine est complètement lisse ? Ou est-ce que, comme on l'a souvent vu dans... dans la recherche et dans parfois les découvertes technologiques, il y a des luttes de clans.

  • Speaker #0

    Alors, comme tout, il y a de la recherche scientifique, mais il y a des personnes, il y a des égaux derrière. Et les enjeux sur Anticitaire sont tellement énormes qu'évidemment, celui qui va percer le mystère de la machine, il rentre dans la légende. Par exemple, toute personne qui parle de la machine Anticitaire, à un moment donné, va citer les quelques scientifiques qui ont bossé dessus. Il y a des noms qui reviennent tout le temps, qui sont rentrés dans la légende. Il y a... direct de Solar Price, il y a Michael Wright, il y a Tony Frith et de ces gens-là. Et donc, il y a eu une bataille d'égo, on va dire depuis la fin des années 90, parce que les gens voulaient vraiment percer la machine. Il y a une multitude de tours de cochons qui ont été faits, une espèce de concurrence entre équipes pas toujours très folichonne qui ont été là. Et en gros, on va dire qu'à l'époque récente, il y a eu deux mouvements majeurs. Il y a eu un gars qui, dans les années 80-90, a commencé à s'intéresser à la machine. A l'époque, personne ne s'intéressait vraiment à ça. Il y a eu quelques personnes avant. Le gars, c'est Michael Vreid, c'était un conservateur du British Museum. Et lui, c'était un physicien. qui a une bonne connaissance en astronomie, c'est un spécialiste d'horlogerie. Donc le gars, il avait tout ce qu'il fallait pour la machine. Mais lui, au musée, son rôle, c'est spécialiste des machines à vapeur de la révolution industrielle. Mais il découvre l'existence de la machine via une publication qui a été faite dans les années 70, qui s'appelle Gears from the Greeks, donc Engrenage depuis les Grecs, c'est l'ouvrage de référence. Lui, il a lu ça, et en fait, il se dit, je dois être con parce que la moitié du livre, je ne comprends rien. Après, il dirague le temps, c'est pas que je ne comprenais rien, c'est que tout ce qui était raconté là-dedans, à la moitié, ça n'avait pas de valeur, c'était de la merde, il y va gros. Et lui, en fait, dans les années 80-90, il prend contact avec le musée d'Athènes et il demande l'autorisation d'aller travailler sur les fragments. Il a l'autorisation, mais il y a un changement dans le management du musée, du British Museum, et en fait, les gens lui disent, écoute, ton boulot, c'est de bosser sur tes collections. Et tu ne perds pas ton temps à autre chose. Donc, le travail, il est ici. Tu as envie de travailler sur ce que tu veux, mais tu travailles après tes heures. Et donc, ce gars n'a aucun moyen. Il est tout seul. Il est convaincu qu'il a tout ce qu'il faut pour résoudre le mystère. La science, la technologie. Un gars qui travaille sur l'horlogerie, il n'y en a pas beaucoup.

  • Speaker #1

    Il aurait pu passer à côté d'une belle découverte.

  • Speaker #0

    Il aurait pu passer à côté d'une belle découverte. Et le gars commence à bosser là-dessus, mais il est un peu désemparé. Et donc, il ne travaille que sur les quelques photos qu'on lui a données. Et puis... Un jour débarque au British Museum un astrophysicien australien qui lui dit « Moi je m'intéresse à la machine de Babbage, c'est l'autre machine de légende du 19e, premier calculateur, etc. » Et donc ils vont travailler ensemble, et comme les archives de Babbage étaient au musée, ils se lient d'amitié, ils font connaissance, ils vont construire une réplique de la machine, et dans les discussions, Wright va parler de la machine à cet astrophysicien-là, dont le nom m'échappe pour l'instant. Et puis, l'Australien repart chez lui et il va commencer à essayer de faire des petites répliques.

  • Speaker #1

    Répliques de la machine ?

  • Speaker #0

    De la machine, avec ce qu'on savait. Donc, c'était tout à côté de la plaque. Et puis, le gars, en fait, il téléphone à Wright et il lui dit, voilà, j'ai demandé au musée d'avoir l'autorisation de travailler sur la machine. Donc, j'ai demandé, j'ai eu l'autorisation. Et donc, ça voulait dire, c'est moi qui vais pouvoir travailler sur la machine et toi, bye bye. Wright, qui est un type qui déteste les conflits. Il est complètement désemparé. Il dit, mais ce n'est pas possible. Moi, ça fait 10 ans que je travaille sur le sujet. Et maintenant, je suis complètement rejeté de ça. Et donc, il se dit, je ne fais qu'autre mauvaise fortune, bon cœur. Il contacte et lui dit, écoute, si tu veux, je peux être ton assistant. Et donc, pendant au moins 3 ans, toutes les vacances de Noël, toutes les vacances d'été, les deux se retrouvent à Athènes. Alors, l'Australien dans des hôtels de luxe, lui dans des trucs un peu miteux. Le gars n'avait jamais quitté Londres de sa vie. On peut l'imaginer comme le vieux rat de laboratoire. Et là, ils vont avoir la machine dans les mains. Mais la machine, elle est d'une fragilité démente, à un tel point qu'un jour, un des fragments que Vraille avait dans sa main se casse. Donc lui, il se déquéchit, il stresse, il est en panique. Il va voir le patron du musée, le patron le rassure et dit « Écoute, ça nous arrive à tous, ça m'arrive à moi, ça m'arrive à un tel. Rentre chez toi, bois un coup, repose-toi, tu reviens demain. » Et là, ils se rendent compte qu'en fait, si on veut aller plus loin, il faut reprendre des images au rayon X de l'intérieur. Mais on sait bien que les images de la radio, ce n'est pas suffisant. Ça avait été fait déjà par SolarPrize dans les années 70. Si tu prends une radio de la machine, qu'est-ce que tu as ? Tu as une superposition de toutes les couches d'engrenage. Donc, tu vois qu'il y en a plein, tu vois qu'il y en a pas loin.

  • Speaker #1

    Tu ne sais pas les séparer les unes des autres.

  • Speaker #0

    Tu ne sais pas qui est connecté à quoi, etc. Mais tu peux avancer parce que tu peux compter les nombres de dents de certaines roues. Si tu as le nombre de dents, tu peux supposer certaines choses par rapport à l'engrenage. Et donc, il faut inventer une technique pour faire de la tomographie. Donc, il faut lire couche par couche. Ils n'ont pas de moyens, en fait.

  • Speaker #1

    Petite parenthèse, je me permets. Cette technique, on va en parler deux fois dans la saison. On en parle ici et on en parle aussi dans un podcast qui va seulement sortir sur la légende du roi Arthur et sur la découverte d'un nouveau chevalier du mythe arthurien. Et en fait, on a redécouvert des écrits dans des manuscrits qui avaient brûlé. Mais en fait, quand le parchemin brûle, il se compacte. C'est tout écrasé et donc il faut aller à la tomographie pour voir couche par couche. Petite parenthèse fermée.

  • Speaker #0

    Et donc, eux, ils travaillent avec la low-tech, en quelque sorte. Je dis low tech parce qu'après va arriver l'équipe qui va travailler avec la high tech, donc c'est les deux mouvements principaux, et puis il y en a plein d'autres. Et en fait, ils apprennent que durant la seconde guerre mondiale... Les médecins utilisaient une technique de tomographie fabriquée avec les moyens du bord qui permettait de localiser dans le corps humain où était la balle qui avait impacté un soldat par exemple. C'est un système avec une source de rayons X qui survole le patient pendant que la plaque photo en dessous se déplace dans l'autre sens. Vraiment un truc super ingénieux. Et eux vont impliquer ça à la machine et puis il faut trouver le moyen de bien développer. Je ne vous passe les détails, il y a plein d'aventures. Le problème c'est que quand cette campagne de mesure va être finie, Bromley, le nom de mes revenus, Il dit à Wright, voilà, on a maintenant 250 clichés, je rentre chez moi, je me casse, va te faire voir. Je vais mettre un étudiant sur le coup, il va tout dépouiller, j'ai publié, salut, merci de ton aide. Je n'ai même pas su lui dire merci. Wright s'est retrouvé complètement effondré. Et puis pendant des années, plus aucune nouvelle des clichés de Moorbley. On ne sait pas ce qui s'est passé. Et Wright, il est tout seul, isolé. Et puis après, on apprend que Moorbley a un cancer en phase terminale, ultra violent. et Vraijde va aller le voir avant qu'il ne meure. Et avec sa femme, etc., ils vont négocier, et il va récupérer les photos, et il va travailler de chez lui, à l'ancienne. Il n'a même pas un logiciel de base pour modifier les contrastes, etc. Et c'est son fils qui fait une thèse en imagerie médicale, qui tout doucement va lui scanner les clichés. Pendant ce temps-là, l'autre équipe arrive. Et là, c'est la machine de guerre, le rouleau compresseur. C'est un mathématicien anglais qui a une boîte de production de documentaires. qui a découvert la machine en discutant avec un astrophysicien qui s'appelle Mike Edmunds, qui a aussi fait un tour de Ausha Vryde. Vryde, c'est vraiment le maudit de cette histoire.

  • Speaker #1

    Il y en a parfois dans l'histoire des sciences.

  • Speaker #0

    Donc là aussi, Edmunds cherche un sujet sympa pour son étudiant en didactique. Il apprend qu'il y a la machine. Il dit à le spécialiste, c'est Vryde, téléphone à Vryde. Vryde lui donne tout ce qu'il a compris. Et puis un mois après, l'églote publie un papier. On cite à peine le mot de Vryde. Et donc, Tony Frith. Il se dit, si je veux faire un documentaire sur la machine, si je veux avoir du fric pour le financer, j'ai besoin de nouvelles données. Évidemment, comme ils sont en froid avec Wright, ils ne sauront pas les données. Lui continue à travailler dans son coin. Et donc, ils vont mettre en place un groupe de fous avec toutes les stars de la science grecque. Les astrophysiciens, les archéologues, tous ceux qui sont super connus, tu vois, les Uber Eats locaux et tout ce que tu veux. Ils vont aller voir le musée d'Athènes pour avoir accès aux données. Athènes dit, mais moi, nous, on a une demande. au nom de Brumli et après de Wright. Et la philosophie du musée, c'est tant que les résultats de ceux qui bossent sur la machine n'ont pas été publiés, nous on ne donne pas que ça à quelqu'un d'autre. Il y a déjà eu pas mal d'études qui ont été faites, la machine est fragile, donc le musée ne veut pas. Que font les Friff et les autres ? C'est un groupe international. Eux, directement, ils vont voir le ministre. Ils disent, vous savez, la Grèce, elle rayonne par sa culture, par son architecture. Là, on a de quoi prouver que la Grèce pouvait aussi, qu'elle rayonnait de par sa technologie. Et donc au niveau images de marque de la Grèce antique, et donc fatalement, le ministère dit au musée, les amis, vous appliquez, vous donnez accès. Bright, il le sait ça. Et donc il sait qu'il est dans une course contre la montre. Lui, il a les 250 clichés en tomographie. Il a tout ce qu'il sait, tout son feeling, etc. Mais il sait que là, les gars, ils vont développer une machinerie de la mort Et il dit, résoudre le mystère identicitaire, c'est ce qui va donner naissance à mon existence. Et donc, qu'est-ce qui se passe ? Friff, il lit tout ce qui existe en termes de techniques d'imagerie. Et il découvre qu'il y a deux technologies qui ont été publiées dans Nature, etc. Dont il doit absolument avoir l'accès. Une, c'est, toi qui aimes bien le jeu vidéo, c'est un mec qui travaille pour HP. Qui voulait développer des algorithmes qui permettaient de facilement traiter... les reflets de la lumière sur les textures des personnages. Et donc, pour faire ça...

  • Speaker #1

    Ce qu'on appelle le RTX maintenant.

  • Speaker #0

    Pour faire ça, il voulait des mesures expérimentales. Comment réellement la matière se comporte quand je l'éclaire ? Et donc, il avait développé une technique où, en fait, il prend des photos d'un objet et puis, il a une espèce de cône, comme ça, comme une cloche, sur lequel il place 50 flashs où, quand il déclenche son appareil photo, les flashs se déclenchent les uns après les autres. Donc, il récolte en gros 50 photos avec des angles d'éclairage différents. Il développe un algorithme qui étudie tout ça. Et il peut reconstituer des choses incroyables au niveau de la surface. Mais à un tel point qu'il se rend compte qu'il peut lire l'illisible avec ça. Et donc, il fait un test. Il va avoir des archéologues, il va avoir un mal de chien à déchiffrer des tablettes mésopotamiennes. Et lui, quand il prend les photos et qu'il traite avec son logiciel, eh bien, la tablette prend l'aspect... Il faut imaginer une tablette qui deviendrait comme du mercure. Donc, ça a l'aspect du métal mercure. Alors... tout, il lève les yeux, c'est absolument ahurissant. Donc il dit, il faut qu'on éclaire les fragments de la machine, enfin, prendre les photos avec ça, du coup on verra les textes qui sont en surface. Et puis il dit, il faut aller voir à l'intérieur. Il faut une tomographie de haute qualité. Et là, il se rend compte qu'il y a une boîte en Angleterre qui a développé une technique qu'on appelle la tomographie computationnelle. Donc c'était en abrégé. Et alors le gars, il dit, oui, moi je suis prêt à travailler. Mais il y a un souci, c'est que comme la machine est en bronze, il faut un niveau de puissance des rayons X qui dépasse de très loin les machines qui existaient à l'époque là. Il faut vraiment entrer profondément dedans. Et le patron de la boîte se dit... Normalement, pour développer une machine pareille, il faut que je mette mes ingénieurs là-dessus deux ans, deux à trois ans. Je n'ai que six mois. Je fais un pari. Je ne vais plus répondre à aucun mail pendant six mois. Je ne vais plus répondre à aucun fournisseur, plus rien. Je mets tout le monde sur la nouvelle machine qui va permettre d'aller lire dans l'anticipaire. Si ça marche, alors là, ma boîte aura une réputation de niveau mondial et moi, je développe un business qui n'existe pas actuellement. Je pourrais utiliser la tomographie. pour inspecter les structures métalliques dans les ailes d'avion, pour voir s'il y a des défauts, des choses comme ça, parce qu'une machine pourrait le faire, il n'y a personne qui peut le faire. Si je me planche, je suis en faillite. Tant qu'ils bossent comme des damnés là-dessus, il faut de la haute tension, il faut tout ça. Ils ont une fenêtre de tir, la machine doit être à Athènes en octobre 2005. Ils ont un mois de mesure possible. Il y a un transporteur routier qui arrive là en Angleterre, la machine ne fonctionne toujours pas. Alors ils amènent à bouffer au chauffeur dans le camion. « Attends, demain, ça va être prêt. » Le gars, il va rester trois jours. Ils vont trouver la solution en dernière minute. Le camion embarque la machine. La machine, elle est dans le labo, toute expérimentale. Donc, il ne faut pas qu'elle se pète lors du déplacement. Elle va traverser toute l'Europe. Elle va arriver au port italien de Brindisi, prendre le bateau. Puis en Grèce, on remet sur le camion. Puis on change de camion parce que le camion de base est trop gros pour entrer dans les petites ruelles d'Athènes. Et tout ça arrive finalement. Et donc, en 2005, commence la phase de données. Donc, la surface avec les 50 flashs et l'intérieur avec la tomographie. Et là, les résultats dépassent tout ce qu'on attendait. Non seulement on arrive à reconstituer vraiment tout ce que tu vois quand tu rentres profondément, qu'est-ce qui est connecté à quoi, etc. Mais on découvre ce qu'on n'imaginait pas. On découvre que dedans, le bordel, il y avait un mode d'emploi. Difficile à lire parce que ton bazar, il fait couche par couche. Alors, je ne sais pas à quel niveau de précision, est-ce que c'est un dixième de millimètre de précision ? Mais ta machine s'est déformée au cours du temps. Donc le mode d'emploi, en tout cas le support dans lequel c'était écrit,

  • Speaker #1

    n'est pas sur la même couche.

  • Speaker #0

    Donc il n'est pas sur la même couche. Donc c'est vraiment compliqué. On découvre le mode d'emploi avec, je pense, de mémoire, 3000 caractères Y dont 2000 deviennent lisibles. Mais là, personne ne peut lire tout ça. Donc on fait appel à Alexander Jones, qui est le prof universitaire de New York, spécialiste de l'histoire de l'astronomie et des textes anciens. Donc là, il est en train de travailler toujours là-dessus. Si vous voulez, sur le web, il y a une revue qui s'appelle Al Majest, c'est 200 pages et qui reprend... tous les textes, donc c'est en accès public, tous les textes identicitaires, et puis parmi les découvertes invraisemblables, la confirmation de tout ce que Wright avait supposé, avec son intuition géniale, Wright avait raison sur plein de choses. Donc tout ça, on a la preuve, par exemple, la sphère lunaire qui montrait les phases, le fait qu'il y avait un mécanisme d'ingénie pure pour moduler la vitesse de la Lune qui fluctue au cours du temps. Tout ça, Wright l'avait senti, là on l'a vu, et puis on découvre même un pointeur. parce que ces cadrans dans la machine, déjà, c'est probablement les premières machines où tu as des cadrans. Nous, on est habitués à ce qu'on mette des données sur un cadran. Mais là, et donc si tu as un cadran, il te faut une aiguille pour lire le cadran. Mais si tu veux mettre un cadran avec des cycles de 19 ans, ou l'élément du cycle, c'est un mois, c'est une lunaison. Si dans ce cycle, tu as 254 lunaisons, ils te feront un cadran avec 254 cases et il y a un pointeur qui te montre les 254 cases. Tu ne sais pas le mettre sur une boîte à chaussures. Donc le génie de la machine, le génie qu'en fait la machine, c'est de se dire, on va faire un cadran qui n'est pas simplement un bout d'arc de cercle, on va faire un cadran spirale. Et donc les cadrans spiraux sont enroulés. Le mythonique a cinq tours sur lui-même, l'autre a quatre tours. Mais comment tu fais avec un pointeur pour lire des données qui sont sur une spirale ? Il faut que le pointeur puisse tourner et qu'il puisse changer en longueur. On a découvert un des pointeurs qui est encore dedans. Et le mode d'emploi explique comment ça marche. En fait, ça marche comme le lecteur des vieux tourne-disques, des vieux vinyles. Il y a un sillon. Donc, le pointeur, il suit la spirale. Et puis, le mode d'emploi dit, quand vous arrivez au bout, il faut le réarmer à la main et vous êtes reparti.

  • Speaker #1

    Complètement fou.

  • Speaker #0

    Et donc, tu as en gros les deux écoles-là, la low-tech de Wright, la high-tech du groupement international, avec plein de... Vraiment des courses. Quand l'un publie un truc à un colloque, les autres terminent leur donnée. Et puis aujourd'hui, il y a... plein de chercheurs qui travaillent sur le sujet, mais on sent qu'il y a des petites tensions. Terminé, voilà. Moi, je me suis rendu compte qu'il y avait des gars en Grèce. qui reproduisait des modèles pour les musées, mais avec un niveau de précision. Tu l'as à l'échelle 3, par exemple, en plexiglas, avec des LED dedans, c'est super beau. Et tu vois tous les engrenages qui tournent quand il fonctionne. Évidemment, c'est des coûts qu'un privé ne peut pas se payer. Ils ont même fait une bande dessinée, etc. Je contacte le gars en Grèce, je lui dis, tiens, la machine que vous faites, c'est génial. Est-ce que vous représentez aussi les planètes de vent, comme on voit dans le modèle de la collaboration internationale qui était mis dans la nature ? Et là, j'ai senti que j'ai mis le doigt où il ne fallait pas. Le gars, il se rédit et me dit, écoutez, nous, on travaille avec le professeur machin de Téliversité en Grèce. C'est un gars qui travaille sur la machine depuis 20 ans, 30 ans. Il est d'une intégrité extraordinaire. Et nous, nous n'avons mis dans notre modèle que ce dont on est sûr. Et si certains veulent affabuler sur tout ce que la machine pouvait faire, c'est leur responsabilité. Mais moi, je ne rentre pas là-dedans. Et après, j'ai échangé plusieurs fois avec lui. Et il m'a dit, n'oublie jamais que personne n'a la vérité. et qu'en fait, tout ce qu'on fait sont des modèles, et qu'il ne faut jamais prendre pour acquis un modèle et qu'on peut le remettre en question. Donc voilà. Et puis tu vois des papiers, par exemple, il y en a un qui est sorti il y a quelques mois, où c'est des gens qui travaillent sur les ondes de gravitation, et qui ont développé des techniques d'analyse statistiques ultra pointues, et ils ont impliqué ces techniques d'analyse aux images qu'on voit en rayon X de la machine, pour voir si vraiment c'est un calendrier de 360 jours ou 354, et donc ça n'arrête pas en fait.

  • Speaker #1

    Alors, ce que je propose, c'est à l'auditeur et à l'auditrice de te rejoindre à cette nuit de la machine denticitaire. Je ne sais pas quand elle aura lieu.

  • Speaker #0

    Alors, pour l'instant, moi, je suis en train de finaliser la conférence. Il commence à tourner en version pilote à Ausha droite. Et donc, l'idée, c'est que dans le courant de l'année 25-26, on va faire une nuit du mécanisme où là, on va prendre le temps d'expliquer ça avec des images, avec des anecdotes. Et alors, l'idée, c'est qu'on puisse s'amuser et que donc, rappeler comment fonctionnaient les engrenages, qu'on puisse bidouiller des montages nous-mêmes. On va essayer de montrer la machine qu'on va essayer de reconstruire. On va essayer de sortir tout ce qu'on a et aller plus loin dans les cycles que la machine montre. Parce que même moi, j'ai dû vraiment travailler beaucoup là-dessus. Mais c'est très amusant quand on rentre dedans. Je ne sais pas jusqu'où je vais aller, mais c'est de montrer à la fois la science qu'il y a dans l'astronomie, dans la machine, la technique qu'il y a dans la machine et l'histoire qu'il y a avec. Donc, je pense qu'on va vraiment s'éclater.

  • Speaker #1

    Et donc, le podcast, il peut être vu à la fois comme une preview de cette nuit et comme une synthèse pour ceux qui auront. assistés à la nuit. Et comme tu le sais, Francesco, parce que ce n'est pas ta première participation, et il n'y a pas pensé, c'est assez comique, on finit toujours les podcasts sur une citation. Ce que j'entends par citation, comme je le dis à chaque fois, ce n'est pas nécessairement les propos d'un grand homme, mais en tout cas une phrase qui synthétise un petit peu ou qui illustre pour toi cette quête de la machine denticitaire. Et tu peux réfléchir.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas si j'aurais dû anticiper et préparer ça. Ce qui me vient là à l'esprit, C'est une phrase de, je pense que c'est de Newton. Souvent, on considère qu'aujourd'hui, j'ai dit tout à l'heure, on est d'une intelligence ultra brillante et qu'on est capable d'envoyer des fusées vers Mars et faire tout ce qu'on veut et que dans l'Antiquité, les gens étaient complètement arriérés, naïfs. Ce que cette machine montre, c'est que le génie humain, il n'a pas évolué. Dans le sens qu'il y avait du génie humain à l'époque, il est toujours là. La citation, c'est celle de Newton qui dit « Si j'ai pu voir aussi loin, c'est parce que je me suis appuyé sur des épaules de géants. » Voilà. Et la question ici, c'est qu'en plus, on ne sait pas s'il y a eu des coupures entre ces géants et nous, mais ça montre vraiment le côté brillant de ces gens-là. Et je trouve que ça donne beaucoup de respect et ça donne un côté noble à l'humanité. Ce qui est malheureux, c'est que cette intelligence est utilisée des fois pour des choses un peu plus malfaisantes.

  • Speaker #1

    Alors moi aussi, je vais prendre une citation. Je vais m'en permettre parce que tout ce que tu as dit m'a évoqué. Tu as parlé d'Arthur C. Clarke. Il a une citation très intéressante qui dit que « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » Et la question que je me pose, c'est justement comment les contemporains de la machine denticitaire percevaient cette machine, vu que nous, quand on l'a découvert, on s'est dit, c'est un truc incroyable. Et donc, je me demande réellement comment...

  • Speaker #0

    Écoute-moi, on pensait terminer là, mais là, tu viens de mettre le doigt sur quelque chose et je ne peux pas ne pas t'en parler. Donc, on va faire un podcast un peu plus long, juste cinq minutes. Comme je te disais, Cicéron lui-même, il parle de ça. Il disait une machine, si on l'amenait aux confins de l'Empire, chez les Écossais. Et quand on leur montre, eux, qu'est-ce qu'ils voient ? Ils voient le ciel, les planètes qui bougent, etc. Mais est-ce qu'ils imaginent que dedans, il y a des mécanismes ? Est-ce que c'est de la magie ? En fait, la machine, elle te raconte autre chose au niveau philosophique. Elle te dit, mais quand nous, on voit le ciel, finalement, derrière, est-ce qu'il y a des mécanismes ? Peu importe le mécanisme, ce que c'est. Cette machine, ce qui est fantastique, c'est que, si tu veux, c'est le début de la science moderne. Aujourd'hui, tu discutes d'un cas physicien, il va te dire, tu travailles sur quoi ? Moi, je dis n'importe quoi, le mécanisme de désintégration du proton. Donc, dès qu'il y a un phénomène naturel, on dit, on va en étudier le mécanisme. Mais mécanisme, ça peut être en électromagnétisme, ça peut être en mécanique, ça peut être ce que tu veux. Avec la machine, qu'est-ce qu'on fait ? On met un mécanisme qui te reproduit un mouvement naturel. Ça veut dire que tu supposes que ce que tu vois, il y a une cause derrière, qu'on reproduit avec des engrenages, mais ça veut dire que ce que tu vois suit des mécanismes, suit des logiques, suit... Et de là, tu peux te poser la question, est-ce que finalement c'est de la magie ce qu'on voit ? Est-ce qu'il y a un concepteur derrière ? Donc on met vraiment le doigt sur... le début de la sonde moderne et le début de la causalité. Et ça, c'est fascinant, je trouve, avec cette machine-là.

  • Speaker #1

    Et je pense que c'est là-dessus qu'on va terminer. Francesco, merci beaucoup pour ce partage. Merci à toi. C'était vraiment super. Cher auditeur, cher auditrice, j'espère que cette machine denticitaire t'a intrigué, comme nous, elle nous a intrigués. Et de toute façon, tu l'auras compris, on va en reparler au mu-monstre de cette machine et on espère te retrouver dans les différentes soirées qu'on organisera autour de cette thématique. Francesco, merci.

  • Speaker #0

    Merci, Max.

  • Speaker #1

    A très très bientôt, chers auditeurs, chères auditrices. On se retrouve dans deux semaines pour le prochain épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du MUMONS. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du Mumons.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Francesco Lobué

    00:37

  • La machine d'Anticythère : histoire et découverte

    01:42

  • Fonctionnement de la machine d'Anticythère

    02:25

  • Complexité et sophistication de la machine

    04:50

  • Hypothèses sur l'origine de la machine

    05:58

  • Conclusion et réflexions finales sur la machine

    01:06:55

Description

🎬 Indiana Jones, un cadran mystérieux… et une machine antique bien réelle ! 🏺🕰️

Les films d’Indiana Jones nous plongent dans des quêtes archéologiques trépidantes, mais que se passe-t-il quand la fiction rejoint la réalité ? Dans Le Cadran de la Destinée, Indy traque un artefact capable de manipuler le temps. Derrière cette invention hollywoodienne se cache une machine bien plus fascinante… et bien réelle : la machine d’Anticythère.

Découverte en 1901 dans une épave au large de la Grèce, cette mystérieuse boîte de bronze, datant d’environ 200 av. J.-C., intrigue les scientifiques depuis plus d’un siècle. Son mécanisme d’une sophistication inégalée a défié toutes nos connaissances sur la technologie antique. Certains la qualifient même de premier ordinateur mécanique !

🔍 Mais qu’était réellement cette machine ?
Était-elle un calculateur astronomique ? Un instrument de navigation ? Une horloge céleste ? Comment un tel chef-d'œuvre d’ingénierie a-t-il pu exister 1 600 ans avant les premières horloges européennes sophistiquées ?

Dans cet épisode, Francesco Lo Bue, physicien et directeur du MUMONS, nous embarque dans une enquête palpitante où se mêlent science, archéologie et… un soupçon de conspiration !

📖 Au programme :
⚙️ Un mécanisme d’une précision inouïe : 30 engrenages connus, et probablement plus du double à l’origine !
🌙 Un calculateur céleste avancé : capable de prédire les éclipses, suivre les cycles lunaires et solaires, et même afficher le calendrier des jeux panhelléniques.
⚔️ Une technologie oubliée pendant des siècles : comment a-t-on pu perdre un tel savoir-faire ?
🌊 Une découverte sous-marine improbable : l’histoire rocambolesque des plongeurs d’éponges qui ont remonté cet objet hors du temps.
🎬 Indiana Jones et la réalité : que reste-t-il de vrai dans le Cadran de la Destinée ?

🕵️‍♂️ Un mystère digne des plus grandes aventures archéologiques !
🔎 Plonge dans cette énigme scientifique et découvre l’histoire fascinante de la machine d’Anticythère.

🎧 Disponible dès maintenant sur toutes les plateformes d’écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Lorsque ce petit bolide atteindra 48 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose d'idéal.

  • Speaker #1

    Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.

  • Speaker #0

    Rien de tout ça derrière.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que le réel ?

  • Speaker #0

    La seule variable constante est l'inattendu.

  • Speaker #1

    On ne peut pas la contrôler.

  • Speaker #0

    Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures. Elles, elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros de tout. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet de décollage.

  • Speaker #1

    Et 3, 2, 1...

  • Speaker #0

    Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans ce nouvel épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Aujourd'hui, je suis au Van der Waal de Mons. Sur la table, il y a une bière et un soft. Et je te laisse déterminer qui boit quoi. Et j'accueille un habitué du podcast. Salut Francesco.

  • Speaker #1

    Salut Max.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Et toi ?

  • Speaker #0

    Très très bien, très content de parler avec toi de ce sujet qui te tient à cœur. Mais avant ça, j'aimerais rapidement que tu prennes quelques minutes pour te présenter. Dis-moi, qui est Francesco Lobué ?

  • Speaker #1

    Alors, qui je suis ? En fait, je suis le directeur du MUMONS, je suis physicien de formation et je suis un grand passionné d'astronomie et de physique et aussi de l'histoire de l'astronomie et de la physique. À l'époque où je faisais ma thèse avec les copains, on a commencé à lancer un club d'astro. On a commencé à faire de la vulgarisation et de fil en aiguille, on a commencé à organiser des conférences, à écrire des revues, à organiser des événements et puis on s'est dit tiens, ce qui marche bien avec l'astro, on pourrait l'élargir à la physique, et puis à la bio, et puis à la chimie, et tout ça peu à peu, sur près de 20 à 30 ans, ça a donné naissance au MUMONS.

  • Speaker #0

    Et le sujet dont on va parler aujourd'hui, c'est un sujet dont tu t'intéresses depuis plusieurs années. J'ai eu la chance de voir un peu l'évolution de la connaissance qui s'est construite autour de ce sujet. On va parler de la machine denticitaire et on va la connecter... très très légèrement, je te l'accorde parce que ils en ont fait un peu n'importe quoi dans le film mais c'est rien, on va quand même en parler on va la connecter en fait au dernier Indiana Jones, donc celui qui parle de ce fameux cadran de la destinée qu'ils appellent Antiquitera dans le film, et avant d'aller plus loin, est-ce que tu peux nous expliquer non pas dans le film, parce que comme je l'ai dit ils en ont fait un peu n'importe quoi, mais bien dans la réalité qu'est-ce que c'est la machine denticitaire ?

  • Speaker #1

    Alors là évidemment il y a une enquête de 120 ans derrière, mais en résumé ... C'est une machine qui a la taille d'une boîte à chaussures. Tout ça ce sont des spéculations parce qu'évidemment elle n'est plus intacte, on n'en a que des morceaux. Sur laquelle, sur la face avant, il y avait un espèce de grand cadran circulaire avec probablement un système qui permettait de montrer la position du Soleil, de la Lune, très probablement des cinq planètes visibles à l'œil nu, tout au long du ciel, la partie du ciel qu'on appelle le Zodiac. Et donc il y avait une manivelle sur le côté, on faisait tourner cette manivelle. Et on voyait au cours du temps les astres qui se déplaçaient tout au long de leur constellation avec leurs propres mouvements, mouvements qui font des fois des marches arrière, etc. Il y avait toute une partie calendrier aussi sur ce cadran, puis toute une série de textes autour du cadran. Et puis de l'autre côté, partie arrière de la boîte à chaussures, il y a cinq cadrans, dont deux principaux, qui ont la forme de spirales. Et ces cadrans sont très sophistiqués, il leur faut beaucoup de temps pour les comprendre. Et le cadran du haut... Il fait appel à ce qu'on appelle le cycle métonique, ça fait un peu peur, moi je ne connaissais pas non plus avant. Et c'est un cycle très sophistiqué, un cycle céleste qui a été découvert par les Babyloniens et qui fait le lien entre, on va dire, les mouvements de la lune et du soleil et le lien entre les calendriers solaires et les calendriers lunaires. Parce qu'évidemment, chaque peuple avait son propre calendrier et il fallait absolument que les calendriers puissent continuer à coller les uns aux autres, qu'un calendrier lunaire puisse continuer à coller avec ce qui se passe réellement au niveau des saisons, etc. Donc c'est un cadre qui est lié à ça. Et puis en bas, il y a un autre cadran en spirale qui est extraordinaire lui, et qui lui suit un cycle de 18 ans et qui prédit les éclipses. Plus plein de petits cadrans supplémentaires, notamment un qui vous donne tous les Jeux Olympiques, les Jeux Panhelleniques, etc. Et cette boîte à chaussures, elle a une petite porte à l'avant, une petite porte derrière, et sur laquelle, sur une des portes, on a le mode d'emploi de la magie.

  • Speaker #0

    Alors, moi quand tu me racontes tout ça, ça me fait un peu penser à une horloge astronomique assez complexe. Tu nous dis qu'il y a 120 ans d'enquête derrière pour comprendre cette machine, mais tu nous as pas encore dit de a priori de quand date cette machine, de quand on la redécouvre, et de toute l'histoire de sa découverte et de tout ce qu'il y a autour au final. Parce que dans le film Indiana Jones, on voit que pendant le régime nazi, il trouve un morceau du cadran qui a une espèce de chasse au trésor pour aller chercher la deuxième partie, et attention, spoil, a priori c'est une machine à voyager dans le temps.

  • Speaker #1

    Alors, la machine... On pense qu'elle est datée de moins 200 à moins 100. Les dernières études penchent plutôt vers moins 205, pour être précis. Et c'est une machine qui est invraisemblable parce qu'elle est d'une sophistication inimaginable. Dedans, il y a un nombre d'engrenages, de systèmes extrêmement raffinés. Et en fait, la seule machine qui est plus sophistiquée que celle-là, il faut attendre 16 siècles avant de l'avoir arrivée. On est à la fin du 14e siècle. C'est une machine qu'on appelle l'Astrarium, qui a été construite en Italie, dont on a retrouvé les plans, etc. Et donc, on ne comprend pas ce qui s'est passé entre, en gros... Cette période de l'Antiquité où on a une machine incroyable qu'on ne pensait pas être possible, et puis pratiquement rien, et puis on retrouve une machine comme ça plus tard dans l'histoire.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, au moment de sa découverte, et au moment où les archéologues, les chercheurs commencent à travailler sur cette machine denticitaire, il y a toute une polémique pour savoir de quand elle date. Parce que cette machine apparaît tellement complexe par rapport à ce qu'on connaît à l'époque. que les gens disent oui mais non c'est un faux qu'on est venu placer dans cette épave. Donc est-ce que tu peux déjà aussi nous raconter un petit peu l'histoire de la découverte ? Comment on découvre un jour cette machine ?

  • Speaker #1

    Je vais le faire, mais les gens qui ont travaillé sur la machine racontent que, pour que vous vous rendiez compte du choc psychologique qu'a eu cette machine sur les gens, c'est comme si, imaginez la première fois qu'on rentre à l'intérieur de la chambre du pharaon dans une pyramide, bon, on s'attend à trouver des choses de l'Egypte antique, et puis on tombe sur une bombe atomique à l'intérieur. Et on se dit comment c'est possible qu'une bombe atomique soit là-dedans ? Découvrir la machine anticitaire là où on l'a découvert, ça a le même impact. Il y a un objet qui a 16 siècles d'avance sur tout ce qui va autour. A un tel point qu'il y a des lolos qui ont imaginé que, en fait, c'était un morceau d'un vaisseau spatial qui servait à naviguer dans l'espace intersidéral et qui s'est retrouvé là, dans la mer. On a eu tout et n'importe quoi. Alors, l'histoire de la découverte, elle est vraiment belle. On est en 1900, il y a un équipage de pêcheurs d'éponge. C'est un équipage grec. Donc eux, en fait, à la base, ils vivent sur l'île de Simi. C'est une petite île qui est vraiment très réputée pour la qualité de ses plongeurs. Et c'est le début, en fait, des scaphandres. Alors l'équipage en question a un scaphandre et il part tout l'été plonger du côté de la Libye, de la Tunisie. Et il plonge à grande profondeur pour trouver des éponges naturelles. Et une fois que la cale est remplie, il quitte la Libye, la Tunisie. Ils traversent la mer Régé, etc. Et ils retournent sur l'île de Simi. Et puis, on est à l'automne 1900. L'équipe retourne chez elle. Et au moment où le navire traverse le détroit qui est entre le Péloponnèse et la Crète, ils sont pris dans une tempête terrible. C'est comme dans les films. Et là, ils sont absolument dans l'obligation de trouver un port pour protéger le bateau. Il se fait qu'ils ne sont pas loin de l'île d'Anticitaire. Donc, en fait, on a le Péloponnèse. Il y a l'île de Citer qui est connue. Et puis il y a Anticiter qui veut dire en face de Citer. Et donc, ils mouillent l'encre à Anticiter. Trois jours après, la tempête se calme. Et là, il y a un des jeunes plongeurs qui dit, tant qu'on est ici, on va plonger pour voir s'il y a aussi des éponges. Et donc, ils vont commencer à déplacer le navire le long des côtes d'Anticiter. Et à un moment donné, le jeune... Tout son nom,

  • Speaker #0

    machine d'Anticiter.

  • Speaker #1

    Au départ, le terme machine d'Anticiter ou mécanisme d'Anticiter... ne viendra que bien plus tard, dans les années septembre, on va l'appeler comme ça. Et donc le jeune plongeur, il est sous l'eau, et puis subitement, cinq minutes après, il déploie le signal d'alerte, qui est de tirer sur le cordon d'alimentation en air, on le remonte rapidos, et là, quand il enlève son casque, il est dans un état de panique absolument épouvantable, et il dit, j'ai vu des morts, des cadavres, il y a des hommes, des femmes, des chevaux. Alors le capitaine est convaincu qu'en fait il est attaqué par le mal des profondeurs. C'est une époque où il y a beaucoup d'accidents avec les scaphandres, il y a des paralysies, il y a des morts. On ne maîtrise pas bien les paliers de décompression, etc. Et donc le capitaine dit je vais plonger moi. Et en fait ce qu'il comprend c'est que par 40 mètres de fond environ, il y a effectivement un amoncellement de choses. Mais ce ne sont pas des corps, ce sont des statues. Et donc il voit un amoncellement de statues en bronze, de statues en marbre. Et en fait c'est l'épave... d'un bateau antique, mais probablement avec la cargaison la plus riche qu'on ait jamais tout découvert. Et en fait, que fait le capitaine ? Il ramasse un morceau d'un bras de statue en bronze, il les ramène et ils se disent « bon, qu'est-ce qu'on fait ? Soit on essaie de rapatrier nous ce qu'on a trouvé au fond en levant au marché noir, ou alors on essaie de convaincre le gouvernement grec de financer la fouille en espérant qu'il nous finance nous en tant que plongeurs. » De fil en aiguille, ils connaissent des gens qui connaissent des gens. Ils arrivent à Athènes et ils ont un rendez-vous avec le ministre de la Culture et de l'Éducation, Spyridon Stahis. Et ils disent voilà, donc il prend le bras, il met sur la table, il dit voilà, on a trouvé une éparve incroyable. Si vous nous financez, on vous dit où c'est. En fait, ils n'ont pas voulu dire où c'était. Et c'est une période où la Grèce est en guerre avec la Turquie, il y a des tensions, et le fait de tout ce qui peut faire rehausser le prestige grec est important. La culture grecque. Et donc, on va financer une expédition qui est la première expédition de fouilles sous-marines scientifiques. On n'avait jamais fait ça avant. Donc au départ, ils vont aller avec des grands bateaux, mais ce n'était pas adapté, etc. Ils vont trouver un modus operandi et ils vont fouiller pendant pratiquement dix mois. Et tout ce qui est en fait découvert à Anticythère est tout de suite ramené au musée archéologique d'Athènes. Et au début, les gens se concentrent sur quoi ? Sur tout ce qui est spectaculaire. Donc c'est les statues. Le but, c'était de reconstituer ces statues. Ici, aujourd'hui, vous allez au musée archéologique d'Athènes. Je pense qu'il y a plusieurs salles qui sont liées à l'épave d'Anticythère. Et il y a notamment une statue magnifique qu'on appelle l'Ephèbe, un jeune homme avec un regard très perçant comme ça. Donc voilà. Et puis, en novembre 1901 environ, Il n'y a plus grand-chose à prendre, on décide d'arrêter. Il y a quand même eu un mort, des paralysés, ça n'a pas été sans dégâts. Et on arrête les fouilles. Et puis au mois de mai 1902, le fameux ministre qui avait financé les fouilles, il n'est plus ministre. Il se promène au musée d'Athènes en tant que touriste avec sa famille. Et il demande aux gens du musée s'ils peuvent accéder aux réserves pour voir ce qu'on a à ramener dans les citaires. Finalement, on lui devait bien ça. Alors il rentre dans la réserve, il voit toutes les statues, etc. Et puis, son regard est attiré par un petit objet qui a probablement, je dirais, on va dire comme une grosse orange, bourré de concrétion, avec des reflets métalliques qui traînent sur une étagère. Ils se rapprochent et ils se rendent compte que l'objet s'est cassé en deux. En fait, sous l'effet de l'oxygène, il y a des réactions chimiques qui se mettent en route. Et donc, la protection dont bénéficiaient les objets sur la mer n'est plus là. Et donc, l'objet, manifestement, s'est cassé en deux. Et à sa grande stupéfaction... il se rend compte qu'il y a des engrenages dedans. Mais c'est complètement anachronique. A l'époque, on ne sait pas de quand est daté le bateau, mais les engrenages à l'époque grec ou romaine, ça ne colle pas avec ce que le sens commun peut imaginer. Mais il n'en voit pas un ou deux, il en voit beaucoup. Et puis, il voit qu'il y a des inscriptions en grec ancien. Évidemment, on est à Athènes, donc ce n'est pas difficile de trouver des experts. Comme l'objet a été trouvé dans un bateau, on se dit qu'il faut faire venir les experts de l'histoire de la marine. qui débarquent, des archéologues, des spécialistes de grec ancien. Et là, c'est la folie. Ça commence à flûter dans la presse. Et la presse locale s'en donne un corps de joie. J'ai une immense découverte au Musée archéologique d'Athènes. Et donc, on a comme ça la trace de toutes les publications au jour le jour. Et donc, on peut parler vraiment de l'avancement des découvertes presque à la minute. Et là, il y a des tensions qui commencent à apparaître. Parce que certains disent, oui mais non, ce bateau, ça doit être un bateau romain du IVe siècle après Jésus-Christ. Et s'il était aussi riche, c'est parce qu'à cette époque-là, Byzance était en train de se développer, Constantinople. Et donc, c'est un bateau qui amenait plein de richesses à Byzance, parce que la nouvelle capitale de l'Empire, etc. D'autres disent non, non, non, c'est pas ça, c'est pas du tout ça. C'est pas le IVe siècle après Jésus-Christ, c'est le IIe siècle avant Jésus-Christ. Et c'est un bateau romain qui a été pillé. Il faisait certainement partie d'une flotte qui a été pillée, les grandes colonies d'Asie mineure. Et là, il ramenait le butin à Rome. Et donc, six siècles de différence. Au niveau de la datation, je passe des détails. La datation aujourd'hui, elle a été réglée comment ? Parce que bien plus tard, dans les années 70, 1970, le fameux commandant Cousteau, dont certains se souviennent encore, il a plongé en Tessitère à deux reprises et là, on a trouvé des pièces de monnaie. Les pièces de monnaie, ça permet de dater exactement. Donc, on sait que l'épave, elle date entre moins 60 à moins 70. Donc, on a une erreur de 10 ans, on va dire, au total.

  • Speaker #0

    C'est négligeable.

  • Speaker #1

    C'est négligeable. Et évidemment, ça ne veut rien dire sur la datation de l'objet.

  • Speaker #0

    Oui, mais elle ne peut pas dater d'après.

  • Speaker #1

    Alors, depuis 120 ans, les papiers scientifiques ne sont pas arrêtés d'être publiés. Et il y a trois articles de recherche qui sont contrôlés sur des axes complètement différents. Ça semble complètement loufoque, mais les trois papiers donnent la même date. Environ moins de 205. Et cette date de moins de 205, elle a aussi son importance. On va essayer de comprendre après qui l'a construite, où on l'a construite.

  • Speaker #0

    Ok, alors avant justement de s'intéresser à qui l'a construite, à quoi elle servait, comment elle se retrouve sur ce bateau aussi peut-être, puisque le bateau, il daterait plutôt de 60-70 et qu'elle a plus de 100 ans au moment où elle est sur le bateau a priori. Comment toi, Francesco, tu retrouves la trace de cette machine et comment tu te dis à un moment, en fait, il faut faire un truc sur cette machine ? Francesco ? Quand même, pour que l'auditeur et l'auditrice en soient conscients, où on en est pour l'instant, nous, sur le projet Anticitaire, c'est que tu as acheté des plans 3D sur Internet, je ne sais pas où, et on va essayer de la reproduire en 3D.

  • Speaker #1

    Au minimum, on s'en aime bien les grains de folie. Et donc, en fait, dans le chanel, quand on démarre avec un truc comme ça qui nous passionne, qui nous obsède, on est dans l'obsession, on ne sait même plus la folie. En général, on tire sur la ficelle et puis on y dérange une autre. Et ça va permettre de faire des choses super pour le public qui viendra écouter tout ça. Comment je m'intéresse à l'astronomie ? J'avais déjà entendu vaguement parler de ce mécanisme, mais sans plus. Et puis, c'était avant le confinement, ça devait être en 2016 à mon avis, quelque chose comme ça. Je décidais qu'on consacrerait bien une conférence à ça. Et donc, il y a un gars qui faisait de la vulgarisation en France. C'était un matheux en fait. Et j'invite le gars, et le gars vient nous parler de la machine. Alors je connaissais les grandes lignes, mais ce que le gars nous a raconté m'a vraiment stupéfait. Il a commencé à expliquer quelques éléments de l'historique, de comment on a compris, mais il s'est concentré vraiment sur ce que la machine montrait. Et moi qui pensais bien connaître l'astronomie, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de cycles astronomiques naturels que je ne connaissais pas. Et plus on avance, plus on est vraiment bouche bée, pour ne pas dire qu'on reste sur le cul, quand on voit ce que cette machine faisait, et la technologie qui est employée dedans. Donc voilà, on est fasciné par ça. Et donc la conférence est toujours sur notre chaîne YouTube. Et puis l'année qui suit, on invite un autre conférencier qui faisait de l'azététique. Alors l'azététique, c'est une espèce de méthode, si tu veux, pour se dire, OK, on me raconte ça depuis toujours, mais est-ce que je suis sûr que c'est vrai ? Et donc le gars est venu, il s'appelle Frédéric Duquesne, il avait fait toute une série de bouquins, et il vient traiter de trois sujets qui ont un lien avec l'astronomie. Est-ce que les pyramides de Khéops ont un lien avec Orion ? Parce que tout le monde raconte ça, dans les alignements, dans les machins. Est-ce que les fraises qu'il y a sur Lascaux, c'est un planétariog ? Il y a même eu un reportage sur Arte là-dessus. Et puis il dit, écoute de la machine anticitaire. Je trouve ça intéressant parce qu'on en avait parlé juste avant. Et en fait, ce gars, ce conférencier nous dit, on m'a demandé de faire un petit bouquin sur Anticiter. J'ai commencé à creuser. Et comme tout le monde, il tombe sous le charme, il est complètement séduit. Et comme il fait de l'acététique, il se dit, ouais, mais est-ce que je suis sûr que tout ce qu'on me raconte est vrai ? On dit que la machine, elle est, on va dire, du deuxième siècle avant Jésus-Christ. Mais est-ce qu'on en est sûr ? Est-ce qu'il n'y aurait pas eu une erreur de casting ?

  • Speaker #0

    Parfois, on a pensé que c'était quelqu'un qui était venu déposer cette machine.

  • Speaker #1

    Alors lui, ce n'est pas ce qu'il disait. Lui, il dit, moi, je ne demande pas mieux que cette machine, elle date du deuxième siècle avant Jésus-Christ, parce que c'est extraordinaire. Mais objectivement, je peux me poser la question de savoir, est-ce que par hasard, et sans qu'il y ait forcément une volonté de malversation, est-ce que par hasard, les gens qui gèrent la réserve du musée d'Athènes, ne se serait pas trompé que cet objet venait d'ailleurs et qu'il s'est retrouvé sur l'étagère où il y avait les éléments denticitaires, soit fait par hasard. Ou bien, est-ce qu'on a retrouvé cet objet dans l'épave denticitaire réellement, mais qui viendrait d'une autre épave bien plus récente ? On a le droit de se poser la question. Alors, il va lui raconter qu'il lui dit qu'il suffirait d'analyser le métal, et il va lui dire qu'on ne veut pas répondre. Donc, il se dit quand même, peut-être qu'on n'a pas envie de savoir. Et puis, il dit, je cherche sur Internet, voir s'il n'y a pas des constructions analogues, en fait. Et il se rend compte qu'à la Renaissance, il y avait des horloges astronomiques d'une sophistication tout à fait équivalente. Et il se rend compte qu'à quelques rues de chez lui, parce qu'il habite à Paris, il y a un des musées qui a une de ces horloges. Il va y voir, il dit, mais finalement, c'est tout à fait équivalent à Anticythère. Donc, il dit, peut-être qu'Anticythère, ce n'est pas de l'Antiquité, mais c'est de la Renaissance, en fait. Mais aujourd'hui, tout ça a été balayé vraiment parce que les études sont devenues tellement pointues sur le sujet qu'il n'y a plus absolument aucun doute. Le mécanisme anticitaire, il date vraiment de l'Antiquité. Alors, est-ce qu'il date de moins 100, de moins 150, de moins 205 ? Peu importe, mais c'est vraiment de l'Antiquité.

  • Speaker #0

    Il y a plein de questions qui me viennent comme ça. D'abord, comment on explique, selon toi, que cette machine date de moins 200 et qu'après, il faut attendre la fin du XIVe siècle pour avoir une machine aussi complexe ? Est-ce qu'il y a des hypothèses ? Est-ce qu'il y a des certitudes ? Comment ça se fait que j'ai l'impression que la technologie de l'engrenage, en quelque sorte, disparaît en fait et réémerge ensuite ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, quand on lit un peu ce qui existe sur le sujet, on se rend compte qu'on a deux engrenages vraiment basiques.

  • Speaker #0

    Elles comporteront combien d'engrenages à la machine ?

  • Speaker #1

    Actuellement, à l'intérieur, il en reste un peu moins de 30 et on pense qu'elle devait en avoir probablement 60 à 70.

  • Speaker #0

    C'est énorme, avec une précision assez...

  • Speaker #1

    Une précision, donc chaque dent, les dents sont environ 1 mm, 1,5 mm de longueur. Il y a quand même des roues qui ont 223 dents, je ne sais pas si tu imagines.

  • Speaker #0

    Surtout qu'il faut diviser un cercle en 223 parties, plus ou moins égales. En plus,

  • Speaker #1

    il y a plein de questions. Il y a un département aujourd'hui à l'Université de Londres. qui ne fait que travailler sur la machine, c'est pour dire à quel point c'est démentiel. Et puis bon, je spoil un peu, mais on va découvrir qu'à l'intérieur de la machine, en fait, il y avait encore le mode d'emploi et on est en train de le déchiffrer. Donc on a aussi des milliers de caractères grecs gravés sur du bronze. Et là aussi, on est à 1,5 mm, 2 mm pour chaque caractère. On ne connaît aucune surface aujourd'hui, de cette époque-là, en bronze qui a autant de caractères. Donc toutes ces questions de technologie se posent. Alors donc, on sait qu'on a... deux engrenages qui ont une forme d'anneau un peu grossier qui remontent à la Chine du 4e siècle avant Jésus-Christ. On sait qu'il y a un gars, on va dire qu'il y a une petite dynastie à Alexandrie, 1er siècle environ, 2e siècle, un gars comme Héron d'Alexandrie qui construisait des automates, donc des trucs un peu basiques, mais quand même. Donc des machines où il y a un petit oiseau qui est piloté par des engrenages qui sont même pilotés par l'arrivée d'eau. Le petit oiseau tourne et il émet des sons qui... qui voulait représenter le champ des oiseaux. Donc on sait qu'il y a des automates très simples qui étaient faits. Donc quelques engrenages, mais rien à voir au niveau complexitaire et quanticitaire. On a un cadran solaire calendrier de l'an 500 environ à Byzance.

  • Speaker #0

    Mais déjà 700 ans plus tard.

  • Speaker #1

    Avec quelques engrenages, pas beaucoup. Et puis il y a un astrolabe de 1221.

  • Speaker #0

    L'astrolabe t'aime bien aussi. On a déjà fait un podcast dessus.

  • Speaker #1

    Et puis lui vient de disparaître en Iran. Où là il y a quelques engrenages qui montrent la phase de la Lune. Et puis, il faut attendre le XIVe siècle pour avoir la machine aussi sophistiquée. Donc, la question, c'est qu'est-ce qui s'est passé entre tout ça ? Est-ce qu'il y a eu une filiation et qu'en réalité, la science des engrenages n'a jamais été oubliée ? C'est juste que les artefacts ont disparu, parce que comme ils sont faits en métal, le métal, c'est précieux. Et qu'à un moment donné, quand on n'a plus l'utilité d'un objet en métal, on le fond. Ou bien, est-ce que réellement, les Grecs n'ont pas compris la pertinence de ce qu'ils avaient inventé et que la transition ne s'est pas faite ? Il y a Arthur C. Clarke, le fameux auteur de Domina l'université de l'espace, il dit que si les Grecs avaient perçu la puissance qu'ils venaient d'inventer là, probablement que la révolution industrielle serait arrivée mille ans plus tôt. Je ne sais pas si ça aurait été une bonne chose pour l'environnement, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Ce sera le sujet d'un autre podcast si tu veux.

  • Speaker #1

    Il disait aussi, il écrit ça en 1975, donc on est juste après l'émission Apollo. Il dit que si on avait continué dans la lignée d'Antizitaire, aujourd'hui l'humanité ne tournerait pas autour de la Lune. elle tournerait autour des autres étoiles.

  • Speaker #0

    Pour te dire le changement de paradigme que ça pouvait opérer.

  • Speaker #1

    Et puis il n'y a pas une question qui se pose, c'est pourquoi on n'en a qu'une de machine ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'une machine comme ça, tu pourrais te dire que ça a été, je caricature, mais fabriquée en série, ou qu'au moins dans toutes les grandes villes, il y en avait une.

  • Speaker #1

    Ce qui est certain, c'est qu'il est rigoureusement impossible, mais vraiment impossible, que quelqu'un puisse imaginer du premier coup une machine qui a tel niveau de raffinement. Ce n'est pas possible. Donc il a dû y avoir des prototypes avant. Certainement que... Plusieurs personnes ont dû bosser sur la machine. Est-ce qu'il y avait une école ? Est-ce qu'il y avait une tradition ? C'est qui s'en qui se pose ?

  • Speaker #0

    Justement, tu parles d'école, tu parles de transition. Est-ce qu'on n'en sait plus sur qui aurait construit cette machine ? En sachant, je me rattache toujours un peu au film d'Indiana Jones, eux, ils postulent que c'est Archimède, qu'ils l'auraient imaginé et qu'ils l'auraient construite. Est-ce qu'on n'en sait plus sur la provenance du bateau ? Qu'est-ce qu'on sait de l'histoire de cette machine ? Et que nous disent les textes qu'on a déjà décryptés au final ?

  • Speaker #1

    Alors ce qui est très intéressant, c'est qu'en fait les fouilles en anti-sitter continue toujours. Donc chaque année, durant l'été, il y a un mois de fouilles qui est organisé par des universités parmi les plus préciseuses. Donc on continue à chercher. Alors pas forcément... Alors évidemment le rêve serait de trouver le morceau qui manque, un peu comme dans le film. Alors tout le monde s'est un peu excité en 2017, parce qu'en 2017 on a découvert un disque de bronze avec un dessin d'un taureau je pense dedans. Alors la version officielle, c'est qu'elle n'a rien à voir avec anti-sitter. Il y en a l'un ou l'autre qui continuent à fabuler, mais voilà. Et donc, en fait, on fouille aussi pour comprendre les techniques de construction du bateau lui-même. Donc, il y a d'autres questions que la machine qui se posent. En résumé, les scientifiques ont exploré différentes pistes pour comprendre d'où venait la machine, d'où venait le bateau. Et aucune des pistes ne donne... des réponses compatibles entre elles. Je vais en citer l'une ou l'autre. Sur la machine, on a différents calendriers. Il faut savoir que dans la Grèce antique, ce n'est pas comme aujourd'hui. Aujourd'hui, on a un calendrier qui est commun pratiquement à la Terre entière. A l'époque, ce n'est pas comme ça. Chaque cité grecque a son propre calendrier. Ce qui n'est pas simple. Certains se basent sur la Lune, d'autres sur le Soleil, d'autres se basent sur la troisième année du règne du roi, machin. D'autres, c'est à la Xème Olympiade. Et donc la machine a aussi un rôle de pouvoir synchroniser tous ces calendriers, on suppose. Mais sur le fameux cadran métonique, selon un peu savant, de 19 ans, il y a un calendrier qui est repris là-dessus. Parce qu'il y a plein de calendriers, mais là il y en a un. Et donc il y a 12 mois qui sont repris. Et quand on regarde le nom des 12 mois... On se rend compte qu'il y en a 7 sur les 12 qui correspondent exactement au calendrier qu'on a découvert à Tormine en Sicile, qui est une colonie de Syracuse. Syracuse est elle-même une colonie de Corinthe, et donc ce calendrier qu'on a à Tormine est probablement un calendrier d'application à Syracuse, probablement d'application aussi à Corinthe. Donc du coup ça, ça va dans le sens de dire, Syracuse ça colle, évidemment.

  • Speaker #0

    Ça colle avec Archimède alors, parce qu'Archimède se trouve à Syracuse. lorsque Syracuse est assiégé aussi. Alors,

  • Speaker #1

    ce qui se passe, c'est que Archimède, c'est l'un des plus grands savants de tous les temps, en tout cas de l'Antiquité. Lui, il est là à l'époque grecque de la Sicile. Et puis, Syracuse est assiégé par les Romains en moins 212. C'est-à-dire, quand je parlais 205, moins 212. Et la légende et l'histoire racontent qu'Archimède a développé des machines invraisemblables qui ont permis, en fait, de ralentir la prise de Syracuse. Des machines capables de soulever les bâtiments. Cateau romain dans le port.

  • Speaker #0

    La théorie des miroirs.

  • Speaker #1

    Là, c'est plus des connards, mais ça a alimenté la science pour longtemps.

  • Speaker #0

    Je parle de la théorie des miroirs parce qu'on le voit dans Indiana Jones. Au tout début du film, il explique, justement, il pose la question. Oui, mais est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est faux ? Et il parle un peu de cette archéologie qu'il essaie de reconstituer pour voir si c'est possible.

  • Speaker #1

    Et donc, Archimède, on sait qu'il a fabriqué. Il y a des textes qui racontent qu'Archimède a construit une machine qui s'appelle la sphère. Alors la sphère, il ne faut pas imaginer une boule, mais c'est la sphère au sens du ciel. Pourquoi ? Parce que Cicéron, de mémoire je pense qu'il a vécu, je pense à l'époque de l'épave, on va vérifier les dates, Cicéron raconte deux choses incroyables. Il dit, le petit-fils du général Marcellus, qui est le général qui a fait le siège de Syracuse, dispose d'une machine que son grand-père Marcellus a ramenée de Syracuse, qui était la machine d'Archimède. Et que cette machine, en fait, montrait tous les mouvements du ciel, les planètes, etc. Donc, on ne sait pas si cette partie-là est une affabulation ou si elle est réelle. Et que donc, on peut imaginer que même si la machine, elle est postérieure à la mort d'Archimède, on se dit que la machine est tellement sophistiquée, on peut imaginer que c'est Archimède qui l'a inventée.

  • Speaker #0

    Qui aurait fait les plans, par exemple.

  • Speaker #1

    Qui aurait fait les plans, ou qui l'aurait reconstruite, et que ses élèves ont continué. Parce que Syracuse était au top de sa splendeur à cette époque-là, et elle a continué à rayonner pendant un certain temps.

  • Speaker #0

    Il faut savoir qu'Archimède meurt dans mes souvenirs au siège de Syracuse.

  • Speaker #1

    Alors Archimède c'est ça, les Romains évidemment ont intérêt à ce qu'Archimède soit capturé vivant, et donc Marcellus dit à ses ouailles « Capturez Archimède vivant » . Et la légende raconte que le soldat romain n'a pas reconnu Archimède qui, dit-on, était complètement perdu dans ses calculs. Bon là il y a vraiment un peu de…

  • Speaker #0

    Une légende urbaine on va dire.

  • Speaker #1

    Et donc on l'a tué de dos et on a fait une grosse connerie. Et donc, on peut imaginer que c'est Archimède qui a construit les premières machines comme ça, qu'il avait une école avec des disciples, et que donc, ce n'est pas étonnant que la tradition de construction de telles machines ait continué un peu plus tard. Et que du coup, Anticitaire est une des machines liées à l'école d'Archimède. Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'Archimède a écrit un bouquin où il explique comment il faisait. Ce bouquin, on ne l'a pas.

  • Speaker #0

    On ne l'a plus. Et comment on sait qu'il a écrit un bouquin ?

  • Speaker #1

    Parce que dans l'Antiquité, en fait, on n'a pas... On a des textes qui sont vraiment des copies de l'Antiquité, des copies de manuscrits de l'Antiquité. Et puis il y a des bouquins qui racontent qu'un tel a fait ceci, un tel a fait cela. Donc on sait que le livre La Sphère existe.

  • Speaker #0

    Et on ne l'a pas encore trouvé.

  • Speaker #1

    Il a existé. Donc un des espoirs des chercheurs, en fait il y a deux espoirs pour en savoir plus. Le premier espoir c'est qu'un jour on découvre une deuxième machine dans une épave qui dort à grande profondeur dans la Méditerranée. Parce que si on y réfléchit, paradoxalement, ce qui a sauvé la machine antisitaire, c'est le naufrage. Probablement que s'il n'y avait pas eu le navire qui a coulé, la machine aurait été refondue avec d'autres et qui est le destin probablement des autres machines du même genre s'il les ait bien existées. Peut-être qu'un jour on en découvrira une.

  • Speaker #0

    Et pourquoi spécifiquement sur cette épave en profondeur ?

  • Speaker #1

    Là je pense que c'est un coup de bol d'être tombé là-dessus.

  • Speaker #0

    Non, quand tu dis qu'il y a l'espoir de trouver une deuxième machine... Dans une épave qui gît plus en profondeur. Il n'y a pas une épave bien ciblée. On espère qu'un jour, il y aurait une autre épave et on trouve un...

  • Speaker #1

    C'est ça. Et en gros, le calme des abysses et protéger ces machines de la folie des hommes. En gros, c'est ça. L'autre espoir, c'est qu'au Moyen-Âge arabe, les Arabes ont fait un... On a consacré une expo là-dessus il y a une quinzaine d'années. Les Arabes ont fait un travail démentiel. Ils ont été envoyés en mission pour le calife Al-Mamoun. On est de mémoire... 9e, 8e siècle, comme ça. Et à un moment donné, ils ont eu comme mission de récolter tous les livres de science et de philosophie écrits dans l'Antiquité.

  • Speaker #0

    dans toutes les langues de l'Antiquité, donc ça pouvait être le latin, le grec, le copte, tout ce qu'on veut. Et les savants arabes ont traduit ces ouvrages dans la langue qu'on appelle vernaculaire de l'époque. Aujourd'hui, la langue vernaculaire, c'est la langue qui permet aux gens de discuter entre eux en science et en anglais. Et à l'époque, c'était l'arabe. Et donc, il y a des centaines de milliers, certains parlent de millions de livres qui ont été comme ça traduits. Mais il faut se rendre compte qu'aujourd'hui, l'œuvre de traduction, on est nulle part en fait. Moi, mon ami Ossam El-Kadem, dont j'ai beaucoup parlé, me disait qu'il y avait au moins un million de livres qui restent encore à traduire. C'est probablement exagéré, mais même si on a des milliers, là-dedans, il y a une mine d'or, par exemple. Ici, à Lille, il y a un service de recherche qui travaille sur les mathématiques arabes. Et il y a des trucs incroyables qu'ils ont découvert dans les dernières années. Et donc, rien ne nous le dit que dans ce gigantesque ensemble de livres scientifiques arabes, il n'y a pas une copie de la sphère d'Archimède. Ça, ce serait trop cool. Voilà.

  • Speaker #1

    On ne voit plus Francesco pendant deux mois.

  • Speaker #0

    Et donc, en gros, il y a une hypothèse, c'est Archimède. Et c'est l'hypothèse qui a été considérée comme la plus vraisemblable dans le film Indiana Jones. Et puis, il y en a une autre qui est intéressante aussi. C'est Cicéron qui, dans un de ses textes, « Je suis allé voir mon ami Posidonius à Rhodes. » Et Posidonius a construit une machine qui montre, qui raconte, je pense qu'il va même jusqu'à dire qu'il explique qu'il fait un mouvement. uniforme, avec une manivelle en gros, et que la machine montre tous les mouvements du ciel, planètes, étoiles, etc. Et il raconte même que si, en gros, les barbares qui vivent en Écosse, aux confins de l'Empire romain, découvraient une machine comme ça, est-ce qu'ils se rendraient compte que dedans, il y a vraiment des mécanismes ? Et ça, c'est intéressant, parce que, en posidonus, il est connu par différentes allusions, il connaît beaucoup de connaissances en astronomie, mais Rode a une tradition en astronomie. Parce que quelques siècles avant, il y a eu Hipparche. Hipparche, c'est un des plus grands astronomes de l'Antiquité, qui a fait un fameux catalogue qu'on a redécouvert en partie il y a deux ans. On a eu une conférence là-dessus l'année passée. À Rhodes, il y a eu le premier vulgarisateur de l'astronomie. Moi, je ne connaissais pas avant, il s'appelle Géminos. Et Géminos publiait un bouquin. à l'époque de l'épave anticitaire, c'est ahurissant. Il explique, non pas aux scientifiques, il explique en gros à ceux qui savent lire, tout ce qu'on sait de l'astronomie à l'époque. Donc ce n'est pas un ouvrage de recherche, c'est un ouvrage de vulgarisation. Et quand on prend le sommaire de tout ce dont parle Géminos, tout se trouve dans la machine. Même les techniques de conversion d'un tel calendrier en tel autre, les corrections qu'on amène, on ajoute un mois à tel moment, c'est les techniques de Géminos. C'est impressionnant. Donc, il y a ce lien avec Rhodes qui est là. Et puis, il y a une tradition de maîtrise du métal, parce que tout le côté est technologique. Et on sait qu'à Rhodes, il y avait des ateliers, etc. Donc, Rhodes est un des... Un des candidats potentiels. Et puis, il y a la troisième hypothèse. C'est qu'en fait, c'est ni Archimède, ni Posidonius. C'est un mec qui n'a pas laissé sa trace dans l'histoire. Et finalement, quand on se dit, tiens, le calendrier, c'est le calendrier d'une colonie corinthienne, c'est Aromine, Syracuse ou quoi. Oui. Peut-être qu'il a été fait ailleurs en Grèce et que c'était une commande et que le gars a mis le calendrier de la région où habite le gars qui a fait la commande. On peut tout imaginer et toutes les pistes, en fait, pour l'instant, se cassent les dents parce qu'il n'y a pas assez d'éléments pour trancher.

  • Speaker #1

    Alors, on a parlé de la machine, mais est-ce que le bateau peut donner des pistes sur tout ça ? Est-ce qu'on a des informations sur la route qu'a suivi le bateau, sur le journal de bord peut-être du bateau s'il y en avait un ? Qu'est-ce qu'on a comme informations sur le bateau ?

  • Speaker #0

    Alors ça, ce n'est pas clair. Écoute. Ce qui est certain, c'est qu'on a découvert la cargaison. J'ai encore creusé le sujet, mais il n'y a que depuis pas longtemps qu'on a retrouvé vraiment les éléments de bois, de l'épave. On a vu comment les éléments étaient fixés entre eux, donc c'était une trés particulière. Donc, il n'y a pas très longtemps qu'on étudie l'épave elle-même. Donc, un journal de bord, ce n'est pas possible, ça aurait été le rêve. Et à un moment donné, les gens ont dit que c'était un bateau romain qui allait, comme je disais, soit de Rome vers Constantinople ou l'inverse. Et puis, il y en a qui disent non, c'est probablement même un bateau grec. qu'elle est peut-être d'une région au style de la Crète à ailleurs dans les pires ou que sais-je. Non,

  • Speaker #1

    ce n'est pas un élément déterminant. Plusieurs fois dans l'épisode, tu as parlé de ce que montrait la machine, mais sans vraiment le formaliser. Donc j'aimerais ici que tu nous expliques réellement en tout cas ce que la face avant montre, qu'est-ce qu'on peut s'attendre à voir sur cette face avant. Tu as parlé de calendrier sur la face arrière. Est-ce que tu peux essayer de nous permettre de visualiser cette machine ? Est-ce qu'au final, ça ressemble un petit peu au système solaire mécanique qu'on peut acheter dans le commerce ? actuellement ou c'est complètement autre chose ? Comment on peut se représenter cette boîte à chaussures au-delà d'une boîte en bois complètement fermée ?

  • Speaker #0

    Alors, il faut bien se rendre compte que ce qu'on a trouvé aujourd'hui, qu'est-ce qu'on a comme pièce ? Comme je l'ai dit, quand le fameux ancien ministre découvre dans les réserves l'objet, il n'était qu'à 102. Mais on est là, on était en 1902. Aujourd'hui, on est en 2025. Alors, assez rapidement, il y a un chimiste du musée d'Athènes qui s'est dit qu'il faut qu'on protège l'objet. Donc, il a essayé d'enlever des couches de concrétion. D'ailleurs, en passant, en enlevant les couches de concrétion, il a découvert que des textes s'étaient gravés à l'intérieur de la concrétion et que ça s'était gravé à l'envers. Et donc, en enlevant la concrétion, on a découvert... C'est comme si on a d'autres fréquements de la machine. En gros, il y avait du métal qui a disparu, mais qui a laissé la trace sur l'air. Puis il y a eu la guerre, les chefs fascistes italiens ont envahi Athènes, les pièces les plus importantes on les a planquées à la Banque Nationale, et puis il y a plein de choses qu'on a enterrées dans le jardin du musée pratiquement. Et puis tout ça qu'on a exhumé, il y a des choses qui sont cassées. Aujourd'hui, la machine, elle est en 72 morceaux.

  • Speaker #1

    Il y a plus de morceaux que d'engrenages, excuse-moi ! Oui,

  • Speaker #0

    alors il y a trois morceaux principaux. Les morceaux principaux, ils portent des lettres, ABC, ils sont exposés au musée archéologique, et puis le reste...

  • Speaker #1

    Et tu as des copies chez toi ? Alors...

  • Speaker #0

    Oui, parce que dans notre folie, on s'est dit que ce serait bien que les gens se rendent compte. En fait, on a trouvé un artisan en Turquie qui faisait des moulages. Il y a des cinglés. Il y a un gars, il est complètement à la masse, il fait des moulages de tablettes mésopotamiennes et il faisait des moulages des restes denticitaires. Donc, je l'ai ici.

  • Speaker #1

    La vraie question que je me pose, c'est comment il a eu le moulage de base ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas combien il a fait. Parce que le mécanisme est probablement, je pèse mes mots, c'est probablement l'objet le plus précis de tout le musée d'Athènes. Je ne sais pas si les gens se rendent compte. Le gars,

  • Speaker #1

    il a un moulage dont il fait des copies.

  • Speaker #0

    Un moulage, ou alors il s'est basé sur les photos, je ne sais pas comment il a fait. Et donc, il y a 72 morceaux. Et donc, tout ce que je vais raconter ici, c'est le fruit d'une enquête scientifique. Donc, il n'y a pas un dessin, on ne le voit pas comme ça à l'œil. Les études récentes, ce qui est certain à 100%.

  • Speaker #1

    On a utilisé aussi des technologies vraiment de pointe pour aller voir les différentes couches dans la machine, etc. C'est un peu fou.

  • Speaker #0

    Je t'explique si tu veux. Oui,

  • Speaker #1

    plus vite.

  • Speaker #0

    Mais donc, aujourd'hui, on doit imaginer que, sur la face avant, il y a... Deux cercles concentriques. Sur le cercle extérieur, en gros, c'est le calendrier égyptien. Quand tu dis le calendrier,

  • Speaker #1

    c'est un cercle divisé en différentes parties et des mois dessus.

  • Speaker #0

    Il est très subtil, le calendrier égyptien, parce qu'il est divisé en 365 éléments. Alors, comment ça marche ? Il faut que je me concentre. Il y a 12 mois de 30 jours. Et si tu fais 12 fois 30 ? Ça fait combien ?

  • Speaker #1

    360.

  • Speaker #0

    Il te manque 5 jours et un quart. On va dire qu'il manque 5 jours. Les Égyptiens, ils savaient qu'il manquait 5 jours. Et donc, cet anneau au calendrier, en fait, il était démontable et il pouvait tourner avec des plots pour qu'on puisse le régler et pour que les 5 jours qui manquaient... Donc, en gros. Après, on a un autre anneau qui est l'anneau du Zodiac. Vous allez dire, Francesco, il commence à péter un câble, il fait de l'astrologie. Non, en fait, le Zodiac, c'est un truc qui a une existence tout à fait physique dans le ciel.

  • Speaker #1

    C'est une zone du ciel, en fait.

  • Speaker #0

    C'est une zone du ciel. En fait, l'idée, c'est que si vous observez la Lune, le Soleil, Venus, Jupiter, c'est les astres du système solaire. On ne les voit pas n'importe où dans le ciel. Ces astres se promènent dans une bande du ciel très particulière qu'on appelle le Zodiac. Alors Zodiac, ça veut dire le cercle des animaux, parce que dans Zodiac, il y a le mot zoo, comme genre d'azoologique. Donc Zodiac, cercle des animaux, parce que là-dedans, on a le bélier, les poissons. Donc c'est beaucoup de constellations qui ont un lien avec les animaux. Ariane magique, c'est lié au fait que les planètes sont dans un même plan, c'est ce qu'on voit quand on est sur Terre, peu importe. Et donc, quand on suit le ciel avec un peu d'observation attentive, on se rend compte que la Lune, le soleil de la planète, se déplace le long du Zodiac. Par exemple, Ténécan, Thomas.

  • Speaker #1

    Le 4 décembre 1987.

  • Speaker #0

    Et ton signe, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Théoriquement, Sagittaire, mais je sais ce que tu vas me dire.

  • Speaker #0

    Quand on dit du signe du Sagittaire, c'est parce qu'au mois de décembre, à l'époque de Babylone, le Soleil, évidemment, il est dans le ciel. Et si je pouvais éteindre la lumière, si je pouvais diminuer sa luminosité, je verrais qu'il est devant la constellation du Sagittaire. Et donc, on voit ce Soleil qui se promène le long des constellations du Zodiac.

  • Speaker #1

    Attends, attends, attends, parce que le Soleil, il bouge dans le ciel. Donc, il ne peut pas être toujours dans la constellation du Sagittaire au mois de décembre. Tu comprends ce que je veux dire ? Le Soleil va d'est en ouest, la constellation va aussi d'est en ouest ?

  • Speaker #0

    Oui. Donc en fait, ce qui se passe, c'est ça qui est compliqué à s'imaginer. Pour faciliter, on se place au moment d'une éclipse du Soleil. La Lune est venue éteindre le Soleil, mais évidemment, elle est là. Imaginons que l'éclipse dure toute la journée. Qu'est-ce qu'on verrait ? On verrait le Soleil, autour de lui, on verrait les étoiles. Et on verrait qu'en décembre, autour de lui, il y a la constellation du Sagittaire.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est intéressant, les étoiles et le soleil ont le même mouvement parce que c'est dû à la rotation de la Terre.

  • Speaker #0

    Au cours de la journée, évidemment le soleil va d'est en ouest, les étoiles aussi, fatalement, parce qu'à notre échelle, les étoiles ne bougent pas, le soleil sur une journée, on a l'impression qu'il ne bouge pas, et donc en fait c'est nous qui sommes sur un balcon qui est en train de tourner dans l'autre sens. Vous êtes en bagnole, vous allez vers l'avant, vous savez que c'est vous qui vous déplacez, mais vous avez l'impression que le paysage file vers l'arrière. Nous le paysage c'est quoi ? C'est les constellations et le soleil. Évidemment, le Soleil a un mouvement un peu particulier parce que, au cours de l'année, nous, avec notre petit balcon, on tourne autour du Soleil. Comme on tourne autour du Soleil, notre perspective change. Le paysage qu'on voit depuis la Terre change. Et donc, si en décembre, je vois le Soleil devant le Sagittaire, il est évident que six mois après, moi, je suis avec la Terre à un autre endroit dans l'espace. Et quand je regarde le Soleil, le Soleil, je le vois se projeter devant une autre constellation. Ça veut dire que quand je me mets dans ma vision à moi, de petit terrien qui sort de sa maison et qui regarde ce qui se passe, au cours des jours, je me rends compte qu'en fait le soleil, il change tout doucement de place devant les constellations du Zodiac. Et moi quand je suis né en novembre, en théorie il était dans le scorpion, toi il était dans le sagittaire, mais sur une journée on ne voit pas la différence, mais sur quelques jours on voit que ça change, ce qui fait qu'on a les signes du Zodiac. Et donc en réalité, nous depuis la Terre, on voit le Soleil qui change de place dans le Zodiac, mais en fait, ce n'est pas lui qui change de place, c'est nous qui tournons en vrai autour de lui. Et donc la machine, elle décrit l'univers dans la vision qu'on avait des anciens, une vision qui est géocentrique avec la Terre au centre, mais qui en fait est la vision qu'on a nous quand on va dehors observer le ciel.

  • Speaker #1

    C'est la vision de l'observateur.

  • Speaker #0

    C'est la vision de l'observateur, donc c'est extraordinaire en fait. Ce n'est pas qu'on dit, mais c'est un modèle qui ne peut pas le m'en dépasser. C'est un machin des anciens, ils étaient cons, ils étaient à côté de la plaque. Nous, on est brillant, on a un moeus qui va dans l'espace et on a le modèle héliocentrique. Absolument pas ça. Quand moi je vais dehors, ce que je vois, c'est du géocentrisme. Et donc, cette machine te décrit l'univers. D'ailleurs, dans les textes qu'on a découvert dedans, on te raconte que devant, il y avait Cosmos. Donc, le cadran central à l'avant s'appelle Cosmos. C'est pas rien. C'est l'univers qui reproduit. où tu as la Terre au centre.

  • Speaker #1

    Tu as des petites boules ?

  • Speaker #0

    On ne sait pas. On n'a pas les détails exacts. Ce qui est sûr à 1000%, c'est, parce que là c'est mis dans les textes, il y avait une sphère qui représentait le Soleil et qui faisait le tour du Zodiac. En combien de temps ? Le Soleil a besoin d'un an pour faire le tour du Zodiac. Et donc on voit le Soleil qui fait le tour du Zodiac. C'est l'année. Quand il revient au même endroit, il n'a plus qu'une année. Il y avait une deuxième boule, et ça c'est extraordinaire. On savait qu'il y avait une boule qui représentait la Lune, et qui tourne à sa propre vitesse. Parce qu'évidemment, si vous observez la Lune aujourd'hui, vous allez voir la Lune qui est dans une direction. Demain, à la même heure où la Lune est vraiment décalée vers la gauche, et la Lune fait le tour de la Terre. Alors là c'est un peu subtil, on va dire qu'on a un peu moins d'un mois, pour rentrer dans les détails. Et donc il faut que le rapport de temps... Donc le soleil fait un tour du calendrier de la machine antécitaire, la lune doit faire le bon nombre de tours. Et il y a un rapport exactement entre les deux, et c'est ce fameux cycle de méthons, c'est que les babyloniens s'étaient rendus compte... que quand le soleil fait 19 tours, donc en 19 ans, la Lune fait 254 tours. Et donc la machine...

  • Speaker #1

    Il faut être un peu barche pour, pendant 19 ans, regarder exactement la position de la Lune et se dire, ah ok, putain, là, elle est exactement où elle était il y a 19 ans, et elle a fait 254 tours.

  • Speaker #0

    Non, mais toi qui aimes bien le traitement des données, la technologie, c'est ahurissant. Parce qu'aujourd'hui, si moi... Ah, moi... Si n'importe quel astronome ou scientifique lance un projet de recherche, il accumule les données, il dit, ben voilà, observons le ciel. Qu'est-ce qu'il va faire ? Il va avoir un système qui va repérer les positions. Déjà, on a presque tout automatisé. Il va alimenter une base de données. Le truc va fonctionner pendant des années. Et puis, il va dire, voilà, je vais demander un graphique qui montre l'évolution de la position de la Lune par rapport aux odia, gna gna. Il fait la gravitude, le machin position en fonction du temps. Et il voit qu'il y a un machin périodique, il a la période et c'est fini. Donc, tu accumules les données. Tu traites les données et tu en déduis une loi ou un cycle. Moi, ce que je ne comprends pas, les Babyloniens, ce qu'ils avaient de plus par rapport à nous, c'était un bon ciel. Nous, en Belgique, on a un ciel de merde, on ne voit rien. Eux, ils avaient un ciel dégagé tout le temps, je suppose, ou presque. Mais alors, on peut imaginer avec quoi ils faisaient leurs mesures. Je ne sais pas, admettons. On peut imaginer des grands instruments qui permettent de positionner finement les choses. Ça, ils devaient avoir. Mais les données, tu les mets dans quoi ? Tu les écris sur des tablettes d'argile. Donc, si tu veux voir apparaître ce cycle de 19 ans, tu dois au moins prendre des données sur au moins 19 ans. Mais idéalement...

  • Speaker #1

    Sur deux ou trois cycles, oui.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, en fait, la machine, elle va plus loin parce qu'il y a le cycle de 19 ans, mais qui ne tombe pas juste. C'est 19 ans et un quart. Et donc, la machine, elle est plus précise et il y a un cadran supplémentaire qui donne le cycle de calyphe. Calyphe, c'est quatre fois le cycle de méthode parce que le 19 et un quart, si tu fais fois quatre, ça tombe juste. Ça tombe sur 76 ans, si je ne dis pas de bêtises. Juste comme ça. Et donc les babyloniens connaissaient ça. Donc la question que je me pose c'est comment tu fais ? pour extraire des cycles, probablement de milliers de tablettes en argile, stockées dans une bibliothèque d'un palais royal quelque part, comment tu fais pour avoir les données ? Je ne comprends pas.

  • Speaker #1

    Mais garder l'historique en fait.

  • Speaker #0

    Comment tu gardes l'historique et comment tu analyses ? Tu ne vas pas dire analyse les données, donne-moi le graphique, comment tu fais ?

  • Speaker #1

    C'était leur version à eux du projet Apollo.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Et donc cette machine, elle reproduit... le rapport de déplacement de vitesse et de déplacement apparent du Soleil et de la Lune. Et donc il faut que les engrenages qu'il y a dedans te reproduisent tout ça. Mais ce qu'on a découvert, en fait, il n'y a pas très longtemps, c'est que la boule qui représentait la Lune, elle était peinte à moitié en noir, à moitié en brillant, et elle tournait sur elle-même, on est sûr, parce qu'on a trouvé l'emplacement où elle était encastrée, ça on le voit, et en même temps le texte qu'on a découvert dedans explique ça. Et quand la Lune tourne, fait ses 254 tours pendant que le Soleil en fait 19, elle tourne sur elle-même à la bonne vitesse et elle te donne les phases de la Lune.

  • Speaker #1

    Donc ça veut dire aussi que tu as des engrenages qui doivent bouger en plus dans ce système. Ils ne sont pas tous fixes a priori. Ah,

  • Speaker #0

    voilà. En fait, tu as mis le doigt sur tout ça. Alors, après, se pose la question, mais assez tôt, les gens se sont dit, OK, on a le Soleil, on a la Lune, on a la Lune avec les phases. Est-ce qu'ils n'auraient pas mis les planètes quand même dedans ? Il y en a qui ont dit on n'en sait rien, etc. Et puis, certains ont dit, imaginons à quoi aurait dû ressembler la machine si, connaissant la technologie qu'il y a dedans, connaissant les subtilités qu'ils ont mis dedans...

  • Speaker #1

    Si on avait voulu représenter les planètes. Voilà.

  • Speaker #0

    Et donc, certains ont commencé à faire ça. Il y a le fameux Michael Wright, on peut en parler si tu as envie, qui a fait un modèle fonctionnel, c'est hypothétique, mais c'est faisable avec la technologie de l'époque. Et puis, il y a eu des modèles plus récents qui ont été publiés dans la revue Nature, où là, on a tout ça. Mais ce qui est dingue, c'est que... N'oublie pas, c'est un modèle géocentrique, donc ça correspond à ce que tu vois. Alors, le Soleil, c'est facile. Il se déplace tous les jours un petit peu dans le Zodiac, et après un an, il fait le tour des constellations. La Lune, on le voit à l'œil nu, la Lune d'un jour à l'autre, elle se déplace de façon énorme, parce qu'elle doit faire le tour du ciel en environ un peu moins d'un mois. Les planètes, ça c'est la merde. Si tu prends une planète comme Mars, pour l'instant on voit bien Mars dans le ciel. Mars a un point orangé, qui est tantôt bien visi, tantôt un peu moins. Si tu observes Mars par rapport aux étoiles, qu'est-ce que tu vois ? Pour l'instant, ça marche bien au moment où on enregistre le podcast.

  • Speaker #1

    Donc on enregistre ici au mois de février, à tout début février. Voilà,

  • Speaker #0

    on est dans une période un peu privilégiée. Et il y a quelques semaines, en fait, on voyait Mars qui était à gauche, deux étoiles très brillantes qu'on appelle Castor et Pollux. Et en fait, depuis quelques semaines, on se rend compte que Mars se déplace par rapport à ces étoiles-là. Le mot planète, ça veut dire astre vagabond, en fait, dans le ciel, en grec. Astre vagabond, pourquoi ? Parce que les planètes... n'ont pas les mêmes mouvements que les étoiles. Sur une nuit, ça se comprend de la même façon. On va d'est en ouest, à cause de la rotation de la Terre. Mais de la même manière que le Soleil se déplace le long du Zodiac, les planètes se déplacent aussi le long du Zodiac, chacune à leur propre vitesse. Mars, par exemple, fait le tour du Zodiac en deux ans. Saturne en 29 ans. Et donc, Mars, en général, si tu prends un repère dans le ciel, tu vois que chaque jour, il se déplace un petit peu vers la gauche. Mais là, depuis deux semaines, Mars, il va vers la droite. Ça va durer encore un petit peu. Et puis il va inverser son mouvement, il va repartir vers la gauche pendant deux ans. Donc on dit que Mars dessine des boucles de rétrogradation. Eh bien la machine, a priori, reproduit toutes ces boucles de rétrogradation pour chaque planète à sa propre vitesse. C'est invraisemblable. Mais la partie du mécanisme là, là on l'a perdu. Il y a quelques éléments, mais on a perdu, on a perdu.

  • Speaker #1

    Donc ça c'est vraiment une hypothèse, ou sur base de ce qu'on voit dans la machine, et de ce qu'on lit dans les textes, a priori elle pouvait le montrer.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Alors, justement, et on va terminer là-dessus, je te propose, parce qu'il y a encore plein de choses à raconter. Et tu vas proposer une conférence, a priori, sur le sujet. Oui,

  • Speaker #0

    un peu plus qu'une conférence, on va carrément faire une nuit.

  • Speaker #1

    Voilà, une nuit sur Anticitaire. Est-ce que la recherche moderne, justement, elle converge dans un seul sens, dans une seule direction ? Ou est-ce que, justement, il y a peut-être des clans autour de cette machine d'Anticitaire qui ont des hypothèses différentes, qui s'affrontent ? Est-ce que la recherche autour de cette machine est complètement lisse ? Ou est-ce que, comme on l'a souvent vu dans... dans la recherche et dans parfois les découvertes technologiques, il y a des luttes de clans.

  • Speaker #0

    Alors, comme tout, il y a de la recherche scientifique, mais il y a des personnes, il y a des égaux derrière. Et les enjeux sur Anticitaire sont tellement énormes qu'évidemment, celui qui va percer le mystère de la machine, il rentre dans la légende. Par exemple, toute personne qui parle de la machine Anticitaire, à un moment donné, va citer les quelques scientifiques qui ont bossé dessus. Il y a des noms qui reviennent tout le temps, qui sont rentrés dans la légende. Il y a... direct de Solar Price, il y a Michael Wright, il y a Tony Frith et de ces gens-là. Et donc, il y a eu une bataille d'égo, on va dire depuis la fin des années 90, parce que les gens voulaient vraiment percer la machine. Il y a une multitude de tours de cochons qui ont été faits, une espèce de concurrence entre équipes pas toujours très folichonne qui ont été là. Et en gros, on va dire qu'à l'époque récente, il y a eu deux mouvements majeurs. Il y a eu un gars qui, dans les années 80-90, a commencé à s'intéresser à la machine. A l'époque, personne ne s'intéressait vraiment à ça. Il y a eu quelques personnes avant. Le gars, c'est Michael Vreid, c'était un conservateur du British Museum. Et lui, c'était un physicien. qui a une bonne connaissance en astronomie, c'est un spécialiste d'horlogerie. Donc le gars, il avait tout ce qu'il fallait pour la machine. Mais lui, au musée, son rôle, c'est spécialiste des machines à vapeur de la révolution industrielle. Mais il découvre l'existence de la machine via une publication qui a été faite dans les années 70, qui s'appelle Gears from the Greeks, donc Engrenage depuis les Grecs, c'est l'ouvrage de référence. Lui, il a lu ça, et en fait, il se dit, je dois être con parce que la moitié du livre, je ne comprends rien. Après, il dirague le temps, c'est pas que je ne comprenais rien, c'est que tout ce qui était raconté là-dedans, à la moitié, ça n'avait pas de valeur, c'était de la merde, il y va gros. Et lui, en fait, dans les années 80-90, il prend contact avec le musée d'Athènes et il demande l'autorisation d'aller travailler sur les fragments. Il a l'autorisation, mais il y a un changement dans le management du musée, du British Museum, et en fait, les gens lui disent, écoute, ton boulot, c'est de bosser sur tes collections. Et tu ne perds pas ton temps à autre chose. Donc, le travail, il est ici. Tu as envie de travailler sur ce que tu veux, mais tu travailles après tes heures. Et donc, ce gars n'a aucun moyen. Il est tout seul. Il est convaincu qu'il a tout ce qu'il faut pour résoudre le mystère. La science, la technologie. Un gars qui travaille sur l'horlogerie, il n'y en a pas beaucoup.

  • Speaker #1

    Il aurait pu passer à côté d'une belle découverte.

  • Speaker #0

    Il aurait pu passer à côté d'une belle découverte. Et le gars commence à bosser là-dessus, mais il est un peu désemparé. Et donc, il ne travaille que sur les quelques photos qu'on lui a données. Et puis... Un jour débarque au British Museum un astrophysicien australien qui lui dit « Moi je m'intéresse à la machine de Babbage, c'est l'autre machine de légende du 19e, premier calculateur, etc. » Et donc ils vont travailler ensemble, et comme les archives de Babbage étaient au musée, ils se lient d'amitié, ils font connaissance, ils vont construire une réplique de la machine, et dans les discussions, Wright va parler de la machine à cet astrophysicien-là, dont le nom m'échappe pour l'instant. Et puis, l'Australien repart chez lui et il va commencer à essayer de faire des petites répliques.

  • Speaker #1

    Répliques de la machine ?

  • Speaker #0

    De la machine, avec ce qu'on savait. Donc, c'était tout à côté de la plaque. Et puis, le gars, en fait, il téléphone à Wright et il lui dit, voilà, j'ai demandé au musée d'avoir l'autorisation de travailler sur la machine. Donc, j'ai demandé, j'ai eu l'autorisation. Et donc, ça voulait dire, c'est moi qui vais pouvoir travailler sur la machine et toi, bye bye. Wright, qui est un type qui déteste les conflits. Il est complètement désemparé. Il dit, mais ce n'est pas possible. Moi, ça fait 10 ans que je travaille sur le sujet. Et maintenant, je suis complètement rejeté de ça. Et donc, il se dit, je ne fais qu'autre mauvaise fortune, bon cœur. Il contacte et lui dit, écoute, si tu veux, je peux être ton assistant. Et donc, pendant au moins 3 ans, toutes les vacances de Noël, toutes les vacances d'été, les deux se retrouvent à Athènes. Alors, l'Australien dans des hôtels de luxe, lui dans des trucs un peu miteux. Le gars n'avait jamais quitté Londres de sa vie. On peut l'imaginer comme le vieux rat de laboratoire. Et là, ils vont avoir la machine dans les mains. Mais la machine, elle est d'une fragilité démente, à un tel point qu'un jour, un des fragments que Vraille avait dans sa main se casse. Donc lui, il se déquéchit, il stresse, il est en panique. Il va voir le patron du musée, le patron le rassure et dit « Écoute, ça nous arrive à tous, ça m'arrive à moi, ça m'arrive à un tel. Rentre chez toi, bois un coup, repose-toi, tu reviens demain. » Et là, ils se rendent compte qu'en fait, si on veut aller plus loin, il faut reprendre des images au rayon X de l'intérieur. Mais on sait bien que les images de la radio, ce n'est pas suffisant. Ça avait été fait déjà par SolarPrize dans les années 70. Si tu prends une radio de la machine, qu'est-ce que tu as ? Tu as une superposition de toutes les couches d'engrenage. Donc, tu vois qu'il y en a plein, tu vois qu'il y en a pas loin.

  • Speaker #1

    Tu ne sais pas les séparer les unes des autres.

  • Speaker #0

    Tu ne sais pas qui est connecté à quoi, etc. Mais tu peux avancer parce que tu peux compter les nombres de dents de certaines roues. Si tu as le nombre de dents, tu peux supposer certaines choses par rapport à l'engrenage. Et donc, il faut inventer une technique pour faire de la tomographie. Donc, il faut lire couche par couche. Ils n'ont pas de moyens, en fait.

  • Speaker #1

    Petite parenthèse, je me permets. Cette technique, on va en parler deux fois dans la saison. On en parle ici et on en parle aussi dans un podcast qui va seulement sortir sur la légende du roi Arthur et sur la découverte d'un nouveau chevalier du mythe arthurien. Et en fait, on a redécouvert des écrits dans des manuscrits qui avaient brûlé. Mais en fait, quand le parchemin brûle, il se compacte. C'est tout écrasé et donc il faut aller à la tomographie pour voir couche par couche. Petite parenthèse fermée.

  • Speaker #0

    Et donc, eux, ils travaillent avec la low-tech, en quelque sorte. Je dis low tech parce qu'après va arriver l'équipe qui va travailler avec la high tech, donc c'est les deux mouvements principaux, et puis il y en a plein d'autres. Et en fait, ils apprennent que durant la seconde guerre mondiale... Les médecins utilisaient une technique de tomographie fabriquée avec les moyens du bord qui permettait de localiser dans le corps humain où était la balle qui avait impacté un soldat par exemple. C'est un système avec une source de rayons X qui survole le patient pendant que la plaque photo en dessous se déplace dans l'autre sens. Vraiment un truc super ingénieux. Et eux vont impliquer ça à la machine et puis il faut trouver le moyen de bien développer. Je ne vous passe les détails, il y a plein d'aventures. Le problème c'est que quand cette campagne de mesure va être finie, Bromley, le nom de mes revenus, Il dit à Wright, voilà, on a maintenant 250 clichés, je rentre chez moi, je me casse, va te faire voir. Je vais mettre un étudiant sur le coup, il va tout dépouiller, j'ai publié, salut, merci de ton aide. Je n'ai même pas su lui dire merci. Wright s'est retrouvé complètement effondré. Et puis pendant des années, plus aucune nouvelle des clichés de Moorbley. On ne sait pas ce qui s'est passé. Et Wright, il est tout seul, isolé. Et puis après, on apprend que Moorbley a un cancer en phase terminale, ultra violent. et Vraijde va aller le voir avant qu'il ne meure. Et avec sa femme, etc., ils vont négocier, et il va récupérer les photos, et il va travailler de chez lui, à l'ancienne. Il n'a même pas un logiciel de base pour modifier les contrastes, etc. Et c'est son fils qui fait une thèse en imagerie médicale, qui tout doucement va lui scanner les clichés. Pendant ce temps-là, l'autre équipe arrive. Et là, c'est la machine de guerre, le rouleau compresseur. C'est un mathématicien anglais qui a une boîte de production de documentaires. qui a découvert la machine en discutant avec un astrophysicien qui s'appelle Mike Edmunds, qui a aussi fait un tour de Ausha Vryde. Vryde, c'est vraiment le maudit de cette histoire.

  • Speaker #1

    Il y en a parfois dans l'histoire des sciences.

  • Speaker #0

    Donc là aussi, Edmunds cherche un sujet sympa pour son étudiant en didactique. Il apprend qu'il y a la machine. Il dit à le spécialiste, c'est Vryde, téléphone à Vryde. Vryde lui donne tout ce qu'il a compris. Et puis un mois après, l'églote publie un papier. On cite à peine le mot de Vryde. Et donc, Tony Frith. Il se dit, si je veux faire un documentaire sur la machine, si je veux avoir du fric pour le financer, j'ai besoin de nouvelles données. Évidemment, comme ils sont en froid avec Wright, ils ne sauront pas les données. Lui continue à travailler dans son coin. Et donc, ils vont mettre en place un groupe de fous avec toutes les stars de la science grecque. Les astrophysiciens, les archéologues, tous ceux qui sont super connus, tu vois, les Uber Eats locaux et tout ce que tu veux. Ils vont aller voir le musée d'Athènes pour avoir accès aux données. Athènes dit, mais moi, nous, on a une demande. au nom de Brumli et après de Wright. Et la philosophie du musée, c'est tant que les résultats de ceux qui bossent sur la machine n'ont pas été publiés, nous on ne donne pas que ça à quelqu'un d'autre. Il y a déjà eu pas mal d'études qui ont été faites, la machine est fragile, donc le musée ne veut pas. Que font les Friff et les autres ? C'est un groupe international. Eux, directement, ils vont voir le ministre. Ils disent, vous savez, la Grèce, elle rayonne par sa culture, par son architecture. Là, on a de quoi prouver que la Grèce pouvait aussi, qu'elle rayonnait de par sa technologie. Et donc au niveau images de marque de la Grèce antique, et donc fatalement, le ministère dit au musée, les amis, vous appliquez, vous donnez accès. Bright, il le sait ça. Et donc il sait qu'il est dans une course contre la montre. Lui, il a les 250 clichés en tomographie. Il a tout ce qu'il sait, tout son feeling, etc. Mais il sait que là, les gars, ils vont développer une machinerie de la mort Et il dit, résoudre le mystère identicitaire, c'est ce qui va donner naissance à mon existence. Et donc, qu'est-ce qui se passe ? Friff, il lit tout ce qui existe en termes de techniques d'imagerie. Et il découvre qu'il y a deux technologies qui ont été publiées dans Nature, etc. Dont il doit absolument avoir l'accès. Une, c'est, toi qui aimes bien le jeu vidéo, c'est un mec qui travaille pour HP. Qui voulait développer des algorithmes qui permettaient de facilement traiter... les reflets de la lumière sur les textures des personnages. Et donc, pour faire ça...

  • Speaker #1

    Ce qu'on appelle le RTX maintenant.

  • Speaker #0

    Pour faire ça, il voulait des mesures expérimentales. Comment réellement la matière se comporte quand je l'éclaire ? Et donc, il avait développé une technique où, en fait, il prend des photos d'un objet et puis, il a une espèce de cône, comme ça, comme une cloche, sur lequel il place 50 flashs où, quand il déclenche son appareil photo, les flashs se déclenchent les uns après les autres. Donc, il récolte en gros 50 photos avec des angles d'éclairage différents. Il développe un algorithme qui étudie tout ça. Et il peut reconstituer des choses incroyables au niveau de la surface. Mais à un tel point qu'il se rend compte qu'il peut lire l'illisible avec ça. Et donc, il fait un test. Il va avoir des archéologues, il va avoir un mal de chien à déchiffrer des tablettes mésopotamiennes. Et lui, quand il prend les photos et qu'il traite avec son logiciel, eh bien, la tablette prend l'aspect... Il faut imaginer une tablette qui deviendrait comme du mercure. Donc, ça a l'aspect du métal mercure. Alors... tout, il lève les yeux, c'est absolument ahurissant. Donc il dit, il faut qu'on éclaire les fragments de la machine, enfin, prendre les photos avec ça, du coup on verra les textes qui sont en surface. Et puis il dit, il faut aller voir à l'intérieur. Il faut une tomographie de haute qualité. Et là, il se rend compte qu'il y a une boîte en Angleterre qui a développé une technique qu'on appelle la tomographie computationnelle. Donc c'était en abrégé. Et alors le gars, il dit, oui, moi je suis prêt à travailler. Mais il y a un souci, c'est que comme la machine est en bronze, il faut un niveau de puissance des rayons X qui dépasse de très loin les machines qui existaient à l'époque là. Il faut vraiment entrer profondément dedans. Et le patron de la boîte se dit... Normalement, pour développer une machine pareille, il faut que je mette mes ingénieurs là-dessus deux ans, deux à trois ans. Je n'ai que six mois. Je fais un pari. Je ne vais plus répondre à aucun mail pendant six mois. Je ne vais plus répondre à aucun fournisseur, plus rien. Je mets tout le monde sur la nouvelle machine qui va permettre d'aller lire dans l'anticipaire. Si ça marche, alors là, ma boîte aura une réputation de niveau mondial et moi, je développe un business qui n'existe pas actuellement. Je pourrais utiliser la tomographie. pour inspecter les structures métalliques dans les ailes d'avion, pour voir s'il y a des défauts, des choses comme ça, parce qu'une machine pourrait le faire, il n'y a personne qui peut le faire. Si je me planche, je suis en faillite. Tant qu'ils bossent comme des damnés là-dessus, il faut de la haute tension, il faut tout ça. Ils ont une fenêtre de tir, la machine doit être à Athènes en octobre 2005. Ils ont un mois de mesure possible. Il y a un transporteur routier qui arrive là en Angleterre, la machine ne fonctionne toujours pas. Alors ils amènent à bouffer au chauffeur dans le camion. « Attends, demain, ça va être prêt. » Le gars, il va rester trois jours. Ils vont trouver la solution en dernière minute. Le camion embarque la machine. La machine, elle est dans le labo, toute expérimentale. Donc, il ne faut pas qu'elle se pète lors du déplacement. Elle va traverser toute l'Europe. Elle va arriver au port italien de Brindisi, prendre le bateau. Puis en Grèce, on remet sur le camion. Puis on change de camion parce que le camion de base est trop gros pour entrer dans les petites ruelles d'Athènes. Et tout ça arrive finalement. Et donc, en 2005, commence la phase de données. Donc, la surface avec les 50 flashs et l'intérieur avec la tomographie. Et là, les résultats dépassent tout ce qu'on attendait. Non seulement on arrive à reconstituer vraiment tout ce que tu vois quand tu rentres profondément, qu'est-ce qui est connecté à quoi, etc. Mais on découvre ce qu'on n'imaginait pas. On découvre que dedans, le bordel, il y avait un mode d'emploi. Difficile à lire parce que ton bazar, il fait couche par couche. Alors, je ne sais pas à quel niveau de précision, est-ce que c'est un dixième de millimètre de précision ? Mais ta machine s'est déformée au cours du temps. Donc le mode d'emploi, en tout cas le support dans lequel c'était écrit,

  • Speaker #1

    n'est pas sur la même couche.

  • Speaker #0

    Donc il n'est pas sur la même couche. Donc c'est vraiment compliqué. On découvre le mode d'emploi avec, je pense, de mémoire, 3000 caractères Y dont 2000 deviennent lisibles. Mais là, personne ne peut lire tout ça. Donc on fait appel à Alexander Jones, qui est le prof universitaire de New York, spécialiste de l'histoire de l'astronomie et des textes anciens. Donc là, il est en train de travailler toujours là-dessus. Si vous voulez, sur le web, il y a une revue qui s'appelle Al Majest, c'est 200 pages et qui reprend... tous les textes, donc c'est en accès public, tous les textes identicitaires, et puis parmi les découvertes invraisemblables, la confirmation de tout ce que Wright avait supposé, avec son intuition géniale, Wright avait raison sur plein de choses. Donc tout ça, on a la preuve, par exemple, la sphère lunaire qui montrait les phases, le fait qu'il y avait un mécanisme d'ingénie pure pour moduler la vitesse de la Lune qui fluctue au cours du temps. Tout ça, Wright l'avait senti, là on l'a vu, et puis on découvre même un pointeur. parce que ces cadrans dans la machine, déjà, c'est probablement les premières machines où tu as des cadrans. Nous, on est habitués à ce qu'on mette des données sur un cadran. Mais là, et donc si tu as un cadran, il te faut une aiguille pour lire le cadran. Mais si tu veux mettre un cadran avec des cycles de 19 ans, ou l'élément du cycle, c'est un mois, c'est une lunaison. Si dans ce cycle, tu as 254 lunaisons, ils te feront un cadran avec 254 cases et il y a un pointeur qui te montre les 254 cases. Tu ne sais pas le mettre sur une boîte à chaussures. Donc le génie de la machine, le génie qu'en fait la machine, c'est de se dire, on va faire un cadran qui n'est pas simplement un bout d'arc de cercle, on va faire un cadran spirale. Et donc les cadrans spiraux sont enroulés. Le mythonique a cinq tours sur lui-même, l'autre a quatre tours. Mais comment tu fais avec un pointeur pour lire des données qui sont sur une spirale ? Il faut que le pointeur puisse tourner et qu'il puisse changer en longueur. On a découvert un des pointeurs qui est encore dedans. Et le mode d'emploi explique comment ça marche. En fait, ça marche comme le lecteur des vieux tourne-disques, des vieux vinyles. Il y a un sillon. Donc, le pointeur, il suit la spirale. Et puis, le mode d'emploi dit, quand vous arrivez au bout, il faut le réarmer à la main et vous êtes reparti.

  • Speaker #1

    Complètement fou.

  • Speaker #0

    Et donc, tu as en gros les deux écoles-là, la low-tech de Wright, la high-tech du groupement international, avec plein de... Vraiment des courses. Quand l'un publie un truc à un colloque, les autres terminent leur donnée. Et puis aujourd'hui, il y a... plein de chercheurs qui travaillent sur le sujet, mais on sent qu'il y a des petites tensions. Terminé, voilà. Moi, je me suis rendu compte qu'il y avait des gars en Grèce. qui reproduisait des modèles pour les musées, mais avec un niveau de précision. Tu l'as à l'échelle 3, par exemple, en plexiglas, avec des LED dedans, c'est super beau. Et tu vois tous les engrenages qui tournent quand il fonctionne. Évidemment, c'est des coûts qu'un privé ne peut pas se payer. Ils ont même fait une bande dessinée, etc. Je contacte le gars en Grèce, je lui dis, tiens, la machine que vous faites, c'est génial. Est-ce que vous représentez aussi les planètes de vent, comme on voit dans le modèle de la collaboration internationale qui était mis dans la nature ? Et là, j'ai senti que j'ai mis le doigt où il ne fallait pas. Le gars, il se rédit et me dit, écoutez, nous, on travaille avec le professeur machin de Téliversité en Grèce. C'est un gars qui travaille sur la machine depuis 20 ans, 30 ans. Il est d'une intégrité extraordinaire. Et nous, nous n'avons mis dans notre modèle que ce dont on est sûr. Et si certains veulent affabuler sur tout ce que la machine pouvait faire, c'est leur responsabilité. Mais moi, je ne rentre pas là-dedans. Et après, j'ai échangé plusieurs fois avec lui. Et il m'a dit, n'oublie jamais que personne n'a la vérité. et qu'en fait, tout ce qu'on fait sont des modèles, et qu'il ne faut jamais prendre pour acquis un modèle et qu'on peut le remettre en question. Donc voilà. Et puis tu vois des papiers, par exemple, il y en a un qui est sorti il y a quelques mois, où c'est des gens qui travaillent sur les ondes de gravitation, et qui ont développé des techniques d'analyse statistiques ultra pointues, et ils ont impliqué ces techniques d'analyse aux images qu'on voit en rayon X de la machine, pour voir si vraiment c'est un calendrier de 360 jours ou 354, et donc ça n'arrête pas en fait.

  • Speaker #1

    Alors, ce que je propose, c'est à l'auditeur et à l'auditrice de te rejoindre à cette nuit de la machine denticitaire. Je ne sais pas quand elle aura lieu.

  • Speaker #0

    Alors, pour l'instant, moi, je suis en train de finaliser la conférence. Il commence à tourner en version pilote à Ausha droite. Et donc, l'idée, c'est que dans le courant de l'année 25-26, on va faire une nuit du mécanisme où là, on va prendre le temps d'expliquer ça avec des images, avec des anecdotes. Et alors, l'idée, c'est qu'on puisse s'amuser et que donc, rappeler comment fonctionnaient les engrenages, qu'on puisse bidouiller des montages nous-mêmes. On va essayer de montrer la machine qu'on va essayer de reconstruire. On va essayer de sortir tout ce qu'on a et aller plus loin dans les cycles que la machine montre. Parce que même moi, j'ai dû vraiment travailler beaucoup là-dessus. Mais c'est très amusant quand on rentre dedans. Je ne sais pas jusqu'où je vais aller, mais c'est de montrer à la fois la science qu'il y a dans l'astronomie, dans la machine, la technique qu'il y a dans la machine et l'histoire qu'il y a avec. Donc, je pense qu'on va vraiment s'éclater.

  • Speaker #1

    Et donc, le podcast, il peut être vu à la fois comme une preview de cette nuit et comme une synthèse pour ceux qui auront. assistés à la nuit. Et comme tu le sais, Francesco, parce que ce n'est pas ta première participation, et il n'y a pas pensé, c'est assez comique, on finit toujours les podcasts sur une citation. Ce que j'entends par citation, comme je le dis à chaque fois, ce n'est pas nécessairement les propos d'un grand homme, mais en tout cas une phrase qui synthétise un petit peu ou qui illustre pour toi cette quête de la machine denticitaire. Et tu peux réfléchir.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas si j'aurais dû anticiper et préparer ça. Ce qui me vient là à l'esprit, C'est une phrase de, je pense que c'est de Newton. Souvent, on considère qu'aujourd'hui, j'ai dit tout à l'heure, on est d'une intelligence ultra brillante et qu'on est capable d'envoyer des fusées vers Mars et faire tout ce qu'on veut et que dans l'Antiquité, les gens étaient complètement arriérés, naïfs. Ce que cette machine montre, c'est que le génie humain, il n'a pas évolué. Dans le sens qu'il y avait du génie humain à l'époque, il est toujours là. La citation, c'est celle de Newton qui dit « Si j'ai pu voir aussi loin, c'est parce que je me suis appuyé sur des épaules de géants. » Voilà. Et la question ici, c'est qu'en plus, on ne sait pas s'il y a eu des coupures entre ces géants et nous, mais ça montre vraiment le côté brillant de ces gens-là. Et je trouve que ça donne beaucoup de respect et ça donne un côté noble à l'humanité. Ce qui est malheureux, c'est que cette intelligence est utilisée des fois pour des choses un peu plus malfaisantes.

  • Speaker #1

    Alors moi aussi, je vais prendre une citation. Je vais m'en permettre parce que tout ce que tu as dit m'a évoqué. Tu as parlé d'Arthur C. Clarke. Il a une citation très intéressante qui dit que « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » Et la question que je me pose, c'est justement comment les contemporains de la machine denticitaire percevaient cette machine, vu que nous, quand on l'a découvert, on s'est dit, c'est un truc incroyable. Et donc, je me demande réellement comment...

  • Speaker #0

    Écoute-moi, on pensait terminer là, mais là, tu viens de mettre le doigt sur quelque chose et je ne peux pas ne pas t'en parler. Donc, on va faire un podcast un peu plus long, juste cinq minutes. Comme je te disais, Cicéron lui-même, il parle de ça. Il disait une machine, si on l'amenait aux confins de l'Empire, chez les Écossais. Et quand on leur montre, eux, qu'est-ce qu'ils voient ? Ils voient le ciel, les planètes qui bougent, etc. Mais est-ce qu'ils imaginent que dedans, il y a des mécanismes ? Est-ce que c'est de la magie ? En fait, la machine, elle te raconte autre chose au niveau philosophique. Elle te dit, mais quand nous, on voit le ciel, finalement, derrière, est-ce qu'il y a des mécanismes ? Peu importe le mécanisme, ce que c'est. Cette machine, ce qui est fantastique, c'est que, si tu veux, c'est le début de la science moderne. Aujourd'hui, tu discutes d'un cas physicien, il va te dire, tu travailles sur quoi ? Moi, je dis n'importe quoi, le mécanisme de désintégration du proton. Donc, dès qu'il y a un phénomène naturel, on dit, on va en étudier le mécanisme. Mais mécanisme, ça peut être en électromagnétisme, ça peut être en mécanique, ça peut être ce que tu veux. Avec la machine, qu'est-ce qu'on fait ? On met un mécanisme qui te reproduit un mouvement naturel. Ça veut dire que tu supposes que ce que tu vois, il y a une cause derrière, qu'on reproduit avec des engrenages, mais ça veut dire que ce que tu vois suit des mécanismes, suit des logiques, suit... Et de là, tu peux te poser la question, est-ce que finalement c'est de la magie ce qu'on voit ? Est-ce qu'il y a un concepteur derrière ? Donc on met vraiment le doigt sur... le début de la sonde moderne et le début de la causalité. Et ça, c'est fascinant, je trouve, avec cette machine-là.

  • Speaker #1

    Et je pense que c'est là-dessus qu'on va terminer. Francesco, merci beaucoup pour ce partage. Merci à toi. C'était vraiment super. Cher auditeur, cher auditrice, j'espère que cette machine denticitaire t'a intrigué, comme nous, elle nous a intrigués. Et de toute façon, tu l'auras compris, on va en reparler au mu-monstre de cette machine et on espère te retrouver dans les différentes soirées qu'on organisera autour de cette thématique. Francesco, merci.

  • Speaker #0

    Merci, Max.

  • Speaker #1

    A très très bientôt, chers auditeurs, chères auditrices. On se retrouve dans deux semaines pour le prochain épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du MUMONS. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du Mumons.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Francesco Lobué

    00:37

  • La machine d'Anticythère : histoire et découverte

    01:42

  • Fonctionnement de la machine d'Anticythère

    02:25

  • Complexité et sophistication de la machine

    04:50

  • Hypothèses sur l'origine de la machine

    05:58

  • Conclusion et réflexions finales sur la machine

    01:06:55

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Description

🎬 Indiana Jones, un cadran mystérieux… et une machine antique bien réelle ! 🏺🕰️

Les films d’Indiana Jones nous plongent dans des quêtes archéologiques trépidantes, mais que se passe-t-il quand la fiction rejoint la réalité ? Dans Le Cadran de la Destinée, Indy traque un artefact capable de manipuler le temps. Derrière cette invention hollywoodienne se cache une machine bien plus fascinante… et bien réelle : la machine d’Anticythère.

Découverte en 1901 dans une épave au large de la Grèce, cette mystérieuse boîte de bronze, datant d’environ 200 av. J.-C., intrigue les scientifiques depuis plus d’un siècle. Son mécanisme d’une sophistication inégalée a défié toutes nos connaissances sur la technologie antique. Certains la qualifient même de premier ordinateur mécanique !

🔍 Mais qu’était réellement cette machine ?
Était-elle un calculateur astronomique ? Un instrument de navigation ? Une horloge céleste ? Comment un tel chef-d'œuvre d’ingénierie a-t-il pu exister 1 600 ans avant les premières horloges européennes sophistiquées ?

Dans cet épisode, Francesco Lo Bue, physicien et directeur du MUMONS, nous embarque dans une enquête palpitante où se mêlent science, archéologie et… un soupçon de conspiration !

📖 Au programme :
⚙️ Un mécanisme d’une précision inouïe : 30 engrenages connus, et probablement plus du double à l’origine !
🌙 Un calculateur céleste avancé : capable de prédire les éclipses, suivre les cycles lunaires et solaires, et même afficher le calendrier des jeux panhelléniques.
⚔️ Une technologie oubliée pendant des siècles : comment a-t-on pu perdre un tel savoir-faire ?
🌊 Une découverte sous-marine improbable : l’histoire rocambolesque des plongeurs d’éponges qui ont remonté cet objet hors du temps.
🎬 Indiana Jones et la réalité : que reste-t-il de vrai dans le Cadran de la Destinée ?

🕵️‍♂️ Un mystère digne des plus grandes aventures archéologiques !
🔎 Plonge dans cette énigme scientifique et découvre l’histoire fascinante de la machine d’Anticythère.

🎧 Disponible dès maintenant sur toutes les plateformes d’écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Lorsque ce petit bolide atteindra 48 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose d'idéal.

  • Speaker #1

    Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.

  • Speaker #0

    Rien de tout ça derrière.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que le réel ?

  • Speaker #0

    La seule variable constante est l'inattendu.

  • Speaker #1

    On ne peut pas la contrôler.

  • Speaker #0

    Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures. Elles, elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros de tout. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet de décollage.

  • Speaker #1

    Et 3, 2, 1...

  • Speaker #0

    Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans ce nouvel épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Aujourd'hui, je suis au Van der Waal de Mons. Sur la table, il y a une bière et un soft. Et je te laisse déterminer qui boit quoi. Et j'accueille un habitué du podcast. Salut Francesco.

  • Speaker #1

    Salut Max.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Et toi ?

  • Speaker #0

    Très très bien, très content de parler avec toi de ce sujet qui te tient à cœur. Mais avant ça, j'aimerais rapidement que tu prennes quelques minutes pour te présenter. Dis-moi, qui est Francesco Lobué ?

  • Speaker #1

    Alors, qui je suis ? En fait, je suis le directeur du MUMONS, je suis physicien de formation et je suis un grand passionné d'astronomie et de physique et aussi de l'histoire de l'astronomie et de la physique. À l'époque où je faisais ma thèse avec les copains, on a commencé à lancer un club d'astro. On a commencé à faire de la vulgarisation et de fil en aiguille, on a commencé à organiser des conférences, à écrire des revues, à organiser des événements et puis on s'est dit tiens, ce qui marche bien avec l'astro, on pourrait l'élargir à la physique, et puis à la bio, et puis à la chimie, et tout ça peu à peu, sur près de 20 à 30 ans, ça a donné naissance au MUMONS.

  • Speaker #0

    Et le sujet dont on va parler aujourd'hui, c'est un sujet dont tu t'intéresses depuis plusieurs années. J'ai eu la chance de voir un peu l'évolution de la connaissance qui s'est construite autour de ce sujet. On va parler de la machine denticitaire et on va la connecter... très très légèrement, je te l'accorde parce que ils en ont fait un peu n'importe quoi dans le film mais c'est rien, on va quand même en parler on va la connecter en fait au dernier Indiana Jones, donc celui qui parle de ce fameux cadran de la destinée qu'ils appellent Antiquitera dans le film, et avant d'aller plus loin, est-ce que tu peux nous expliquer non pas dans le film, parce que comme je l'ai dit ils en ont fait un peu n'importe quoi, mais bien dans la réalité qu'est-ce que c'est la machine denticitaire ?

  • Speaker #1

    Alors là évidemment il y a une enquête de 120 ans derrière, mais en résumé ... C'est une machine qui a la taille d'une boîte à chaussures. Tout ça ce sont des spéculations parce qu'évidemment elle n'est plus intacte, on n'en a que des morceaux. Sur laquelle, sur la face avant, il y avait un espèce de grand cadran circulaire avec probablement un système qui permettait de montrer la position du Soleil, de la Lune, très probablement des cinq planètes visibles à l'œil nu, tout au long du ciel, la partie du ciel qu'on appelle le Zodiac. Et donc il y avait une manivelle sur le côté, on faisait tourner cette manivelle. Et on voyait au cours du temps les astres qui se déplaçaient tout au long de leur constellation avec leurs propres mouvements, mouvements qui font des fois des marches arrière, etc. Il y avait toute une partie calendrier aussi sur ce cadran, puis toute une série de textes autour du cadran. Et puis de l'autre côté, partie arrière de la boîte à chaussures, il y a cinq cadrans, dont deux principaux, qui ont la forme de spirales. Et ces cadrans sont très sophistiqués, il leur faut beaucoup de temps pour les comprendre. Et le cadran du haut... Il fait appel à ce qu'on appelle le cycle métonique, ça fait un peu peur, moi je ne connaissais pas non plus avant. Et c'est un cycle très sophistiqué, un cycle céleste qui a été découvert par les Babyloniens et qui fait le lien entre, on va dire, les mouvements de la lune et du soleil et le lien entre les calendriers solaires et les calendriers lunaires. Parce qu'évidemment, chaque peuple avait son propre calendrier et il fallait absolument que les calendriers puissent continuer à coller les uns aux autres, qu'un calendrier lunaire puisse continuer à coller avec ce qui se passe réellement au niveau des saisons, etc. Donc c'est un cadre qui est lié à ça. Et puis en bas, il y a un autre cadran en spirale qui est extraordinaire lui, et qui lui suit un cycle de 18 ans et qui prédit les éclipses. Plus plein de petits cadrans supplémentaires, notamment un qui vous donne tous les Jeux Olympiques, les Jeux Panhelleniques, etc. Et cette boîte à chaussures, elle a une petite porte à l'avant, une petite porte derrière, et sur laquelle, sur une des portes, on a le mode d'emploi de la magie.

  • Speaker #0

    Alors, moi quand tu me racontes tout ça, ça me fait un peu penser à une horloge astronomique assez complexe. Tu nous dis qu'il y a 120 ans d'enquête derrière pour comprendre cette machine, mais tu nous as pas encore dit de a priori de quand date cette machine, de quand on la redécouvre, et de toute l'histoire de sa découverte et de tout ce qu'il y a autour au final. Parce que dans le film Indiana Jones, on voit que pendant le régime nazi, il trouve un morceau du cadran qui a une espèce de chasse au trésor pour aller chercher la deuxième partie, et attention, spoil, a priori c'est une machine à voyager dans le temps.

  • Speaker #1

    Alors, la machine... On pense qu'elle est datée de moins 200 à moins 100. Les dernières études penchent plutôt vers moins 205, pour être précis. Et c'est une machine qui est invraisemblable parce qu'elle est d'une sophistication inimaginable. Dedans, il y a un nombre d'engrenages, de systèmes extrêmement raffinés. Et en fait, la seule machine qui est plus sophistiquée que celle-là, il faut attendre 16 siècles avant de l'avoir arrivée. On est à la fin du 14e siècle. C'est une machine qu'on appelle l'Astrarium, qui a été construite en Italie, dont on a retrouvé les plans, etc. Et donc, on ne comprend pas ce qui s'est passé entre, en gros... Cette période de l'Antiquité où on a une machine incroyable qu'on ne pensait pas être possible, et puis pratiquement rien, et puis on retrouve une machine comme ça plus tard dans l'histoire.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, au moment de sa découverte, et au moment où les archéologues, les chercheurs commencent à travailler sur cette machine denticitaire, il y a toute une polémique pour savoir de quand elle date. Parce que cette machine apparaît tellement complexe par rapport à ce qu'on connaît à l'époque. que les gens disent oui mais non c'est un faux qu'on est venu placer dans cette épave. Donc est-ce que tu peux déjà aussi nous raconter un petit peu l'histoire de la découverte ? Comment on découvre un jour cette machine ?

  • Speaker #1

    Je vais le faire, mais les gens qui ont travaillé sur la machine racontent que, pour que vous vous rendiez compte du choc psychologique qu'a eu cette machine sur les gens, c'est comme si, imaginez la première fois qu'on rentre à l'intérieur de la chambre du pharaon dans une pyramide, bon, on s'attend à trouver des choses de l'Egypte antique, et puis on tombe sur une bombe atomique à l'intérieur. Et on se dit comment c'est possible qu'une bombe atomique soit là-dedans ? Découvrir la machine anticitaire là où on l'a découvert, ça a le même impact. Il y a un objet qui a 16 siècles d'avance sur tout ce qui va autour. A un tel point qu'il y a des lolos qui ont imaginé que, en fait, c'était un morceau d'un vaisseau spatial qui servait à naviguer dans l'espace intersidéral et qui s'est retrouvé là, dans la mer. On a eu tout et n'importe quoi. Alors, l'histoire de la découverte, elle est vraiment belle. On est en 1900, il y a un équipage de pêcheurs d'éponge. C'est un équipage grec. Donc eux, en fait, à la base, ils vivent sur l'île de Simi. C'est une petite île qui est vraiment très réputée pour la qualité de ses plongeurs. Et c'est le début, en fait, des scaphandres. Alors l'équipage en question a un scaphandre et il part tout l'été plonger du côté de la Libye, de la Tunisie. Et il plonge à grande profondeur pour trouver des éponges naturelles. Et une fois que la cale est remplie, il quitte la Libye, la Tunisie. Ils traversent la mer Régé, etc. Et ils retournent sur l'île de Simi. Et puis, on est à l'automne 1900. L'équipe retourne chez elle. Et au moment où le navire traverse le détroit qui est entre le Péloponnèse et la Crète, ils sont pris dans une tempête terrible. C'est comme dans les films. Et là, ils sont absolument dans l'obligation de trouver un port pour protéger le bateau. Il se fait qu'ils ne sont pas loin de l'île d'Anticitaire. Donc, en fait, on a le Péloponnèse. Il y a l'île de Citer qui est connue. Et puis il y a Anticiter qui veut dire en face de Citer. Et donc, ils mouillent l'encre à Anticiter. Trois jours après, la tempête se calme. Et là, il y a un des jeunes plongeurs qui dit, tant qu'on est ici, on va plonger pour voir s'il y a aussi des éponges. Et donc, ils vont commencer à déplacer le navire le long des côtes d'Anticiter. Et à un moment donné, le jeune... Tout son nom,

  • Speaker #0

    machine d'Anticiter.

  • Speaker #1

    Au départ, le terme machine d'Anticiter ou mécanisme d'Anticiter... ne viendra que bien plus tard, dans les années septembre, on va l'appeler comme ça. Et donc le jeune plongeur, il est sous l'eau, et puis subitement, cinq minutes après, il déploie le signal d'alerte, qui est de tirer sur le cordon d'alimentation en air, on le remonte rapidos, et là, quand il enlève son casque, il est dans un état de panique absolument épouvantable, et il dit, j'ai vu des morts, des cadavres, il y a des hommes, des femmes, des chevaux. Alors le capitaine est convaincu qu'en fait il est attaqué par le mal des profondeurs. C'est une époque où il y a beaucoup d'accidents avec les scaphandres, il y a des paralysies, il y a des morts. On ne maîtrise pas bien les paliers de décompression, etc. Et donc le capitaine dit je vais plonger moi. Et en fait ce qu'il comprend c'est que par 40 mètres de fond environ, il y a effectivement un amoncellement de choses. Mais ce ne sont pas des corps, ce sont des statues. Et donc il voit un amoncellement de statues en bronze, de statues en marbre. Et en fait c'est l'épave... d'un bateau antique, mais probablement avec la cargaison la plus riche qu'on ait jamais tout découvert. Et en fait, que fait le capitaine ? Il ramasse un morceau d'un bras de statue en bronze, il les ramène et ils se disent « bon, qu'est-ce qu'on fait ? Soit on essaie de rapatrier nous ce qu'on a trouvé au fond en levant au marché noir, ou alors on essaie de convaincre le gouvernement grec de financer la fouille en espérant qu'il nous finance nous en tant que plongeurs. » De fil en aiguille, ils connaissent des gens qui connaissent des gens. Ils arrivent à Athènes et ils ont un rendez-vous avec le ministre de la Culture et de l'Éducation, Spyridon Stahis. Et ils disent voilà, donc il prend le bras, il met sur la table, il dit voilà, on a trouvé une éparve incroyable. Si vous nous financez, on vous dit où c'est. En fait, ils n'ont pas voulu dire où c'était. Et c'est une période où la Grèce est en guerre avec la Turquie, il y a des tensions, et le fait de tout ce qui peut faire rehausser le prestige grec est important. La culture grecque. Et donc, on va financer une expédition qui est la première expédition de fouilles sous-marines scientifiques. On n'avait jamais fait ça avant. Donc au départ, ils vont aller avec des grands bateaux, mais ce n'était pas adapté, etc. Ils vont trouver un modus operandi et ils vont fouiller pendant pratiquement dix mois. Et tout ce qui est en fait découvert à Anticythère est tout de suite ramené au musée archéologique d'Athènes. Et au début, les gens se concentrent sur quoi ? Sur tout ce qui est spectaculaire. Donc c'est les statues. Le but, c'était de reconstituer ces statues. Ici, aujourd'hui, vous allez au musée archéologique d'Athènes. Je pense qu'il y a plusieurs salles qui sont liées à l'épave d'Anticythère. Et il y a notamment une statue magnifique qu'on appelle l'Ephèbe, un jeune homme avec un regard très perçant comme ça. Donc voilà. Et puis, en novembre 1901 environ, Il n'y a plus grand-chose à prendre, on décide d'arrêter. Il y a quand même eu un mort, des paralysés, ça n'a pas été sans dégâts. Et on arrête les fouilles. Et puis au mois de mai 1902, le fameux ministre qui avait financé les fouilles, il n'est plus ministre. Il se promène au musée d'Athènes en tant que touriste avec sa famille. Et il demande aux gens du musée s'ils peuvent accéder aux réserves pour voir ce qu'on a à ramener dans les citaires. Finalement, on lui devait bien ça. Alors il rentre dans la réserve, il voit toutes les statues, etc. Et puis, son regard est attiré par un petit objet qui a probablement, je dirais, on va dire comme une grosse orange, bourré de concrétion, avec des reflets métalliques qui traînent sur une étagère. Ils se rapprochent et ils se rendent compte que l'objet s'est cassé en deux. En fait, sous l'effet de l'oxygène, il y a des réactions chimiques qui se mettent en route. Et donc, la protection dont bénéficiaient les objets sur la mer n'est plus là. Et donc, l'objet, manifestement, s'est cassé en deux. Et à sa grande stupéfaction... il se rend compte qu'il y a des engrenages dedans. Mais c'est complètement anachronique. A l'époque, on ne sait pas de quand est daté le bateau, mais les engrenages à l'époque grec ou romaine, ça ne colle pas avec ce que le sens commun peut imaginer. Mais il n'en voit pas un ou deux, il en voit beaucoup. Et puis, il voit qu'il y a des inscriptions en grec ancien. Évidemment, on est à Athènes, donc ce n'est pas difficile de trouver des experts. Comme l'objet a été trouvé dans un bateau, on se dit qu'il faut faire venir les experts de l'histoire de la marine. qui débarquent, des archéologues, des spécialistes de grec ancien. Et là, c'est la folie. Ça commence à flûter dans la presse. Et la presse locale s'en donne un corps de joie. J'ai une immense découverte au Musée archéologique d'Athènes. Et donc, on a comme ça la trace de toutes les publications au jour le jour. Et donc, on peut parler vraiment de l'avancement des découvertes presque à la minute. Et là, il y a des tensions qui commencent à apparaître. Parce que certains disent, oui mais non, ce bateau, ça doit être un bateau romain du IVe siècle après Jésus-Christ. Et s'il était aussi riche, c'est parce qu'à cette époque-là, Byzance était en train de se développer, Constantinople. Et donc, c'est un bateau qui amenait plein de richesses à Byzance, parce que la nouvelle capitale de l'Empire, etc. D'autres disent non, non, non, c'est pas ça, c'est pas du tout ça. C'est pas le IVe siècle après Jésus-Christ, c'est le IIe siècle avant Jésus-Christ. Et c'est un bateau romain qui a été pillé. Il faisait certainement partie d'une flotte qui a été pillée, les grandes colonies d'Asie mineure. Et là, il ramenait le butin à Rome. Et donc, six siècles de différence. Au niveau de la datation, je passe des détails. La datation aujourd'hui, elle a été réglée comment ? Parce que bien plus tard, dans les années 70, 1970, le fameux commandant Cousteau, dont certains se souviennent encore, il a plongé en Tessitère à deux reprises et là, on a trouvé des pièces de monnaie. Les pièces de monnaie, ça permet de dater exactement. Donc, on sait que l'épave, elle date entre moins 60 à moins 70. Donc, on a une erreur de 10 ans, on va dire, au total.

  • Speaker #0

    C'est négligeable.

  • Speaker #1

    C'est négligeable. Et évidemment, ça ne veut rien dire sur la datation de l'objet.

  • Speaker #0

    Oui, mais elle ne peut pas dater d'après.

  • Speaker #1

    Alors, depuis 120 ans, les papiers scientifiques ne sont pas arrêtés d'être publiés. Et il y a trois articles de recherche qui sont contrôlés sur des axes complètement différents. Ça semble complètement loufoque, mais les trois papiers donnent la même date. Environ moins de 205. Et cette date de moins de 205, elle a aussi son importance. On va essayer de comprendre après qui l'a construite, où on l'a construite.

  • Speaker #0

    Ok, alors avant justement de s'intéresser à qui l'a construite, à quoi elle servait, comment elle se retrouve sur ce bateau aussi peut-être, puisque le bateau, il daterait plutôt de 60-70 et qu'elle a plus de 100 ans au moment où elle est sur le bateau a priori. Comment toi, Francesco, tu retrouves la trace de cette machine et comment tu te dis à un moment, en fait, il faut faire un truc sur cette machine ? Francesco ? Quand même, pour que l'auditeur et l'auditrice en soient conscients, où on en est pour l'instant, nous, sur le projet Anticitaire, c'est que tu as acheté des plans 3D sur Internet, je ne sais pas où, et on va essayer de la reproduire en 3D.

  • Speaker #1

    Au minimum, on s'en aime bien les grains de folie. Et donc, en fait, dans le chanel, quand on démarre avec un truc comme ça qui nous passionne, qui nous obsède, on est dans l'obsession, on ne sait même plus la folie. En général, on tire sur la ficelle et puis on y dérange une autre. Et ça va permettre de faire des choses super pour le public qui viendra écouter tout ça. Comment je m'intéresse à l'astronomie ? J'avais déjà entendu vaguement parler de ce mécanisme, mais sans plus. Et puis, c'était avant le confinement, ça devait être en 2016 à mon avis, quelque chose comme ça. Je décidais qu'on consacrerait bien une conférence à ça. Et donc, il y a un gars qui faisait de la vulgarisation en France. C'était un matheux en fait. Et j'invite le gars, et le gars vient nous parler de la machine. Alors je connaissais les grandes lignes, mais ce que le gars nous a raconté m'a vraiment stupéfait. Il a commencé à expliquer quelques éléments de l'historique, de comment on a compris, mais il s'est concentré vraiment sur ce que la machine montrait. Et moi qui pensais bien connaître l'astronomie, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de cycles astronomiques naturels que je ne connaissais pas. Et plus on avance, plus on est vraiment bouche bée, pour ne pas dire qu'on reste sur le cul, quand on voit ce que cette machine faisait, et la technologie qui est employée dedans. Donc voilà, on est fasciné par ça. Et donc la conférence est toujours sur notre chaîne YouTube. Et puis l'année qui suit, on invite un autre conférencier qui faisait de l'azététique. Alors l'azététique, c'est une espèce de méthode, si tu veux, pour se dire, OK, on me raconte ça depuis toujours, mais est-ce que je suis sûr que c'est vrai ? Et donc le gars est venu, il s'appelle Frédéric Duquesne, il avait fait toute une série de bouquins, et il vient traiter de trois sujets qui ont un lien avec l'astronomie. Est-ce que les pyramides de Khéops ont un lien avec Orion ? Parce que tout le monde raconte ça, dans les alignements, dans les machins. Est-ce que les fraises qu'il y a sur Lascaux, c'est un planétariog ? Il y a même eu un reportage sur Arte là-dessus. Et puis il dit, écoute de la machine anticitaire. Je trouve ça intéressant parce qu'on en avait parlé juste avant. Et en fait, ce gars, ce conférencier nous dit, on m'a demandé de faire un petit bouquin sur Anticiter. J'ai commencé à creuser. Et comme tout le monde, il tombe sous le charme, il est complètement séduit. Et comme il fait de l'acététique, il se dit, ouais, mais est-ce que je suis sûr que tout ce qu'on me raconte est vrai ? On dit que la machine, elle est, on va dire, du deuxième siècle avant Jésus-Christ. Mais est-ce qu'on en est sûr ? Est-ce qu'il n'y aurait pas eu une erreur de casting ?

  • Speaker #0

    Parfois, on a pensé que c'était quelqu'un qui était venu déposer cette machine.

  • Speaker #1

    Alors lui, ce n'est pas ce qu'il disait. Lui, il dit, moi, je ne demande pas mieux que cette machine, elle date du deuxième siècle avant Jésus-Christ, parce que c'est extraordinaire. Mais objectivement, je peux me poser la question de savoir, est-ce que par hasard, et sans qu'il y ait forcément une volonté de malversation, est-ce que par hasard, les gens qui gèrent la réserve du musée d'Athènes, ne se serait pas trompé que cet objet venait d'ailleurs et qu'il s'est retrouvé sur l'étagère où il y avait les éléments denticitaires, soit fait par hasard. Ou bien, est-ce qu'on a retrouvé cet objet dans l'épave denticitaire réellement, mais qui viendrait d'une autre épave bien plus récente ? On a le droit de se poser la question. Alors, il va lui raconter qu'il lui dit qu'il suffirait d'analyser le métal, et il va lui dire qu'on ne veut pas répondre. Donc, il se dit quand même, peut-être qu'on n'a pas envie de savoir. Et puis, il dit, je cherche sur Internet, voir s'il n'y a pas des constructions analogues, en fait. Et il se rend compte qu'à la Renaissance, il y avait des horloges astronomiques d'une sophistication tout à fait équivalente. Et il se rend compte qu'à quelques rues de chez lui, parce qu'il habite à Paris, il y a un des musées qui a une de ces horloges. Il va y voir, il dit, mais finalement, c'est tout à fait équivalent à Anticythère. Donc, il dit, peut-être qu'Anticythère, ce n'est pas de l'Antiquité, mais c'est de la Renaissance, en fait. Mais aujourd'hui, tout ça a été balayé vraiment parce que les études sont devenues tellement pointues sur le sujet qu'il n'y a plus absolument aucun doute. Le mécanisme anticitaire, il date vraiment de l'Antiquité. Alors, est-ce qu'il date de moins 100, de moins 150, de moins 205 ? Peu importe, mais c'est vraiment de l'Antiquité.

  • Speaker #0

    Il y a plein de questions qui me viennent comme ça. D'abord, comment on explique, selon toi, que cette machine date de moins 200 et qu'après, il faut attendre la fin du XIVe siècle pour avoir une machine aussi complexe ? Est-ce qu'il y a des hypothèses ? Est-ce qu'il y a des certitudes ? Comment ça se fait que j'ai l'impression que la technologie de l'engrenage, en quelque sorte, disparaît en fait et réémerge ensuite ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, quand on lit un peu ce qui existe sur le sujet, on se rend compte qu'on a deux engrenages vraiment basiques.

  • Speaker #0

    Elles comporteront combien d'engrenages à la machine ?

  • Speaker #1

    Actuellement, à l'intérieur, il en reste un peu moins de 30 et on pense qu'elle devait en avoir probablement 60 à 70.

  • Speaker #0

    C'est énorme, avec une précision assez...

  • Speaker #1

    Une précision, donc chaque dent, les dents sont environ 1 mm, 1,5 mm de longueur. Il y a quand même des roues qui ont 223 dents, je ne sais pas si tu imagines.

  • Speaker #0

    Surtout qu'il faut diviser un cercle en 223 parties, plus ou moins égales. En plus,

  • Speaker #1

    il y a plein de questions. Il y a un département aujourd'hui à l'Université de Londres. qui ne fait que travailler sur la machine, c'est pour dire à quel point c'est démentiel. Et puis bon, je spoil un peu, mais on va découvrir qu'à l'intérieur de la machine, en fait, il y avait encore le mode d'emploi et on est en train de le déchiffrer. Donc on a aussi des milliers de caractères grecs gravés sur du bronze. Et là aussi, on est à 1,5 mm, 2 mm pour chaque caractère. On ne connaît aucune surface aujourd'hui, de cette époque-là, en bronze qui a autant de caractères. Donc toutes ces questions de technologie se posent. Alors donc, on sait qu'on a... deux engrenages qui ont une forme d'anneau un peu grossier qui remontent à la Chine du 4e siècle avant Jésus-Christ. On sait qu'il y a un gars, on va dire qu'il y a une petite dynastie à Alexandrie, 1er siècle environ, 2e siècle, un gars comme Héron d'Alexandrie qui construisait des automates, donc des trucs un peu basiques, mais quand même. Donc des machines où il y a un petit oiseau qui est piloté par des engrenages qui sont même pilotés par l'arrivée d'eau. Le petit oiseau tourne et il émet des sons qui... qui voulait représenter le champ des oiseaux. Donc on sait qu'il y a des automates très simples qui étaient faits. Donc quelques engrenages, mais rien à voir au niveau complexitaire et quanticitaire. On a un cadran solaire calendrier de l'an 500 environ à Byzance.

  • Speaker #0

    Mais déjà 700 ans plus tard.

  • Speaker #1

    Avec quelques engrenages, pas beaucoup. Et puis il y a un astrolabe de 1221.

  • Speaker #0

    L'astrolabe t'aime bien aussi. On a déjà fait un podcast dessus.

  • Speaker #1

    Et puis lui vient de disparaître en Iran. Où là il y a quelques engrenages qui montrent la phase de la Lune. Et puis, il faut attendre le XIVe siècle pour avoir la machine aussi sophistiquée. Donc, la question, c'est qu'est-ce qui s'est passé entre tout ça ? Est-ce qu'il y a eu une filiation et qu'en réalité, la science des engrenages n'a jamais été oubliée ? C'est juste que les artefacts ont disparu, parce que comme ils sont faits en métal, le métal, c'est précieux. Et qu'à un moment donné, quand on n'a plus l'utilité d'un objet en métal, on le fond. Ou bien, est-ce que réellement, les Grecs n'ont pas compris la pertinence de ce qu'ils avaient inventé et que la transition ne s'est pas faite ? Il y a Arthur C. Clarke, le fameux auteur de Domina l'université de l'espace, il dit que si les Grecs avaient perçu la puissance qu'ils venaient d'inventer là, probablement que la révolution industrielle serait arrivée mille ans plus tôt. Je ne sais pas si ça aurait été une bonne chose pour l'environnement, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Ce sera le sujet d'un autre podcast si tu veux.

  • Speaker #1

    Il disait aussi, il écrit ça en 1975, donc on est juste après l'émission Apollo. Il dit que si on avait continué dans la lignée d'Antizitaire, aujourd'hui l'humanité ne tournerait pas autour de la Lune. elle tournerait autour des autres étoiles.

  • Speaker #0

    Pour te dire le changement de paradigme que ça pouvait opérer.

  • Speaker #1

    Et puis il n'y a pas une question qui se pose, c'est pourquoi on n'en a qu'une de machine ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'une machine comme ça, tu pourrais te dire que ça a été, je caricature, mais fabriquée en série, ou qu'au moins dans toutes les grandes villes, il y en avait une.

  • Speaker #1

    Ce qui est certain, c'est qu'il est rigoureusement impossible, mais vraiment impossible, que quelqu'un puisse imaginer du premier coup une machine qui a tel niveau de raffinement. Ce n'est pas possible. Donc il a dû y avoir des prototypes avant. Certainement que... Plusieurs personnes ont dû bosser sur la machine. Est-ce qu'il y avait une école ? Est-ce qu'il y avait une tradition ? C'est qui s'en qui se pose ?

  • Speaker #0

    Justement, tu parles d'école, tu parles de transition. Est-ce qu'on n'en sait plus sur qui aurait construit cette machine ? En sachant, je me rattache toujours un peu au film d'Indiana Jones, eux, ils postulent que c'est Archimède, qu'ils l'auraient imaginé et qu'ils l'auraient construite. Est-ce qu'on n'en sait plus sur la provenance du bateau ? Qu'est-ce qu'on sait de l'histoire de cette machine ? Et que nous disent les textes qu'on a déjà décryptés au final ?

  • Speaker #1

    Alors ce qui est très intéressant, c'est qu'en fait les fouilles en anti-sitter continue toujours. Donc chaque année, durant l'été, il y a un mois de fouilles qui est organisé par des universités parmi les plus préciseuses. Donc on continue à chercher. Alors pas forcément... Alors évidemment le rêve serait de trouver le morceau qui manque, un peu comme dans le film. Alors tout le monde s'est un peu excité en 2017, parce qu'en 2017 on a découvert un disque de bronze avec un dessin d'un taureau je pense dedans. Alors la version officielle, c'est qu'elle n'a rien à voir avec anti-sitter. Il y en a l'un ou l'autre qui continuent à fabuler, mais voilà. Et donc, en fait, on fouille aussi pour comprendre les techniques de construction du bateau lui-même. Donc, il y a d'autres questions que la machine qui se posent. En résumé, les scientifiques ont exploré différentes pistes pour comprendre d'où venait la machine, d'où venait le bateau. Et aucune des pistes ne donne... des réponses compatibles entre elles. Je vais en citer l'une ou l'autre. Sur la machine, on a différents calendriers. Il faut savoir que dans la Grèce antique, ce n'est pas comme aujourd'hui. Aujourd'hui, on a un calendrier qui est commun pratiquement à la Terre entière. A l'époque, ce n'est pas comme ça. Chaque cité grecque a son propre calendrier. Ce qui n'est pas simple. Certains se basent sur la Lune, d'autres sur le Soleil, d'autres se basent sur la troisième année du règne du roi, machin. D'autres, c'est à la Xème Olympiade. Et donc la machine a aussi un rôle de pouvoir synchroniser tous ces calendriers, on suppose. Mais sur le fameux cadran métonique, selon un peu savant, de 19 ans, il y a un calendrier qui est repris là-dessus. Parce qu'il y a plein de calendriers, mais là il y en a un. Et donc il y a 12 mois qui sont repris. Et quand on regarde le nom des 12 mois... On se rend compte qu'il y en a 7 sur les 12 qui correspondent exactement au calendrier qu'on a découvert à Tormine en Sicile, qui est une colonie de Syracuse. Syracuse est elle-même une colonie de Corinthe, et donc ce calendrier qu'on a à Tormine est probablement un calendrier d'application à Syracuse, probablement d'application aussi à Corinthe. Donc du coup ça, ça va dans le sens de dire, Syracuse ça colle, évidemment.

  • Speaker #0

    Ça colle avec Archimède alors, parce qu'Archimède se trouve à Syracuse. lorsque Syracuse est assiégé aussi. Alors,

  • Speaker #1

    ce qui se passe, c'est que Archimède, c'est l'un des plus grands savants de tous les temps, en tout cas de l'Antiquité. Lui, il est là à l'époque grecque de la Sicile. Et puis, Syracuse est assiégé par les Romains en moins 212. C'est-à-dire, quand je parlais 205, moins 212. Et la légende et l'histoire racontent qu'Archimède a développé des machines invraisemblables qui ont permis, en fait, de ralentir la prise de Syracuse. Des machines capables de soulever les bâtiments. Cateau romain dans le port.

  • Speaker #0

    La théorie des miroirs.

  • Speaker #1

    Là, c'est plus des connards, mais ça a alimenté la science pour longtemps.

  • Speaker #0

    Je parle de la théorie des miroirs parce qu'on le voit dans Indiana Jones. Au tout début du film, il explique, justement, il pose la question. Oui, mais est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est faux ? Et il parle un peu de cette archéologie qu'il essaie de reconstituer pour voir si c'est possible.

  • Speaker #1

    Et donc, Archimède, on sait qu'il a fabriqué. Il y a des textes qui racontent qu'Archimède a construit une machine qui s'appelle la sphère. Alors la sphère, il ne faut pas imaginer une boule, mais c'est la sphère au sens du ciel. Pourquoi ? Parce que Cicéron, de mémoire je pense qu'il a vécu, je pense à l'époque de l'épave, on va vérifier les dates, Cicéron raconte deux choses incroyables. Il dit, le petit-fils du général Marcellus, qui est le général qui a fait le siège de Syracuse, dispose d'une machine que son grand-père Marcellus a ramenée de Syracuse, qui était la machine d'Archimède. Et que cette machine, en fait, montrait tous les mouvements du ciel, les planètes, etc. Donc, on ne sait pas si cette partie-là est une affabulation ou si elle est réelle. Et que donc, on peut imaginer que même si la machine, elle est postérieure à la mort d'Archimède, on se dit que la machine est tellement sophistiquée, on peut imaginer que c'est Archimède qui l'a inventée.

  • Speaker #0

    Qui aurait fait les plans, par exemple.

  • Speaker #1

    Qui aurait fait les plans, ou qui l'aurait reconstruite, et que ses élèves ont continué. Parce que Syracuse était au top de sa splendeur à cette époque-là, et elle a continué à rayonner pendant un certain temps.

  • Speaker #0

    Il faut savoir qu'Archimède meurt dans mes souvenirs au siège de Syracuse.

  • Speaker #1

    Alors Archimède c'est ça, les Romains évidemment ont intérêt à ce qu'Archimède soit capturé vivant, et donc Marcellus dit à ses ouailles « Capturez Archimède vivant » . Et la légende raconte que le soldat romain n'a pas reconnu Archimède qui, dit-on, était complètement perdu dans ses calculs. Bon là il y a vraiment un peu de…

  • Speaker #0

    Une légende urbaine on va dire.

  • Speaker #1

    Et donc on l'a tué de dos et on a fait une grosse connerie. Et donc, on peut imaginer que c'est Archimède qui a construit les premières machines comme ça, qu'il avait une école avec des disciples, et que donc, ce n'est pas étonnant que la tradition de construction de telles machines ait continué un peu plus tard. Et que du coup, Anticitaire est une des machines liées à l'école d'Archimède. Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'Archimède a écrit un bouquin où il explique comment il faisait. Ce bouquin, on ne l'a pas.

  • Speaker #0

    On ne l'a plus. Et comment on sait qu'il a écrit un bouquin ?

  • Speaker #1

    Parce que dans l'Antiquité, en fait, on n'a pas... On a des textes qui sont vraiment des copies de l'Antiquité, des copies de manuscrits de l'Antiquité. Et puis il y a des bouquins qui racontent qu'un tel a fait ceci, un tel a fait cela. Donc on sait que le livre La Sphère existe.

  • Speaker #0

    Et on ne l'a pas encore trouvé.

  • Speaker #1

    Il a existé. Donc un des espoirs des chercheurs, en fait il y a deux espoirs pour en savoir plus. Le premier espoir c'est qu'un jour on découvre une deuxième machine dans une épave qui dort à grande profondeur dans la Méditerranée. Parce que si on y réfléchit, paradoxalement, ce qui a sauvé la machine antisitaire, c'est le naufrage. Probablement que s'il n'y avait pas eu le navire qui a coulé, la machine aurait été refondue avec d'autres et qui est le destin probablement des autres machines du même genre s'il les ait bien existées. Peut-être qu'un jour on en découvrira une.

  • Speaker #0

    Et pourquoi spécifiquement sur cette épave en profondeur ?

  • Speaker #1

    Là je pense que c'est un coup de bol d'être tombé là-dessus.

  • Speaker #0

    Non, quand tu dis qu'il y a l'espoir de trouver une deuxième machine... Dans une épave qui gît plus en profondeur. Il n'y a pas une épave bien ciblée. On espère qu'un jour, il y aurait une autre épave et on trouve un...

  • Speaker #1

    C'est ça. Et en gros, le calme des abysses et protéger ces machines de la folie des hommes. En gros, c'est ça. L'autre espoir, c'est qu'au Moyen-Âge arabe, les Arabes ont fait un... On a consacré une expo là-dessus il y a une quinzaine d'années. Les Arabes ont fait un travail démentiel. Ils ont été envoyés en mission pour le calife Al-Mamoun. On est de mémoire... 9e, 8e siècle, comme ça. Et à un moment donné, ils ont eu comme mission de récolter tous les livres de science et de philosophie écrits dans l'Antiquité.

  • Speaker #0

    dans toutes les langues de l'Antiquité, donc ça pouvait être le latin, le grec, le copte, tout ce qu'on veut. Et les savants arabes ont traduit ces ouvrages dans la langue qu'on appelle vernaculaire de l'époque. Aujourd'hui, la langue vernaculaire, c'est la langue qui permet aux gens de discuter entre eux en science et en anglais. Et à l'époque, c'était l'arabe. Et donc, il y a des centaines de milliers, certains parlent de millions de livres qui ont été comme ça traduits. Mais il faut se rendre compte qu'aujourd'hui, l'œuvre de traduction, on est nulle part en fait. Moi, mon ami Ossam El-Kadem, dont j'ai beaucoup parlé, me disait qu'il y avait au moins un million de livres qui restent encore à traduire. C'est probablement exagéré, mais même si on a des milliers, là-dedans, il y a une mine d'or, par exemple. Ici, à Lille, il y a un service de recherche qui travaille sur les mathématiques arabes. Et il y a des trucs incroyables qu'ils ont découvert dans les dernières années. Et donc, rien ne nous le dit que dans ce gigantesque ensemble de livres scientifiques arabes, il n'y a pas une copie de la sphère d'Archimède. Ça, ce serait trop cool. Voilà.

  • Speaker #1

    On ne voit plus Francesco pendant deux mois.

  • Speaker #0

    Et donc, en gros, il y a une hypothèse, c'est Archimède. Et c'est l'hypothèse qui a été considérée comme la plus vraisemblable dans le film Indiana Jones. Et puis, il y en a une autre qui est intéressante aussi. C'est Cicéron qui, dans un de ses textes, « Je suis allé voir mon ami Posidonius à Rhodes. » Et Posidonius a construit une machine qui montre, qui raconte, je pense qu'il va même jusqu'à dire qu'il explique qu'il fait un mouvement. uniforme, avec une manivelle en gros, et que la machine montre tous les mouvements du ciel, planètes, étoiles, etc. Et il raconte même que si, en gros, les barbares qui vivent en Écosse, aux confins de l'Empire romain, découvraient une machine comme ça, est-ce qu'ils se rendraient compte que dedans, il y a vraiment des mécanismes ? Et ça, c'est intéressant, parce que, en posidonus, il est connu par différentes allusions, il connaît beaucoup de connaissances en astronomie, mais Rode a une tradition en astronomie. Parce que quelques siècles avant, il y a eu Hipparche. Hipparche, c'est un des plus grands astronomes de l'Antiquité, qui a fait un fameux catalogue qu'on a redécouvert en partie il y a deux ans. On a eu une conférence là-dessus l'année passée. À Rhodes, il y a eu le premier vulgarisateur de l'astronomie. Moi, je ne connaissais pas avant, il s'appelle Géminos. Et Géminos publiait un bouquin. à l'époque de l'épave anticitaire, c'est ahurissant. Il explique, non pas aux scientifiques, il explique en gros à ceux qui savent lire, tout ce qu'on sait de l'astronomie à l'époque. Donc ce n'est pas un ouvrage de recherche, c'est un ouvrage de vulgarisation. Et quand on prend le sommaire de tout ce dont parle Géminos, tout se trouve dans la machine. Même les techniques de conversion d'un tel calendrier en tel autre, les corrections qu'on amène, on ajoute un mois à tel moment, c'est les techniques de Géminos. C'est impressionnant. Donc, il y a ce lien avec Rhodes qui est là. Et puis, il y a une tradition de maîtrise du métal, parce que tout le côté est technologique. Et on sait qu'à Rhodes, il y avait des ateliers, etc. Donc, Rhodes est un des... Un des candidats potentiels. Et puis, il y a la troisième hypothèse. C'est qu'en fait, c'est ni Archimède, ni Posidonius. C'est un mec qui n'a pas laissé sa trace dans l'histoire. Et finalement, quand on se dit, tiens, le calendrier, c'est le calendrier d'une colonie corinthienne, c'est Aromine, Syracuse ou quoi. Oui. Peut-être qu'il a été fait ailleurs en Grèce et que c'était une commande et que le gars a mis le calendrier de la région où habite le gars qui a fait la commande. On peut tout imaginer et toutes les pistes, en fait, pour l'instant, se cassent les dents parce qu'il n'y a pas assez d'éléments pour trancher.

  • Speaker #1

    Alors, on a parlé de la machine, mais est-ce que le bateau peut donner des pistes sur tout ça ? Est-ce qu'on a des informations sur la route qu'a suivi le bateau, sur le journal de bord peut-être du bateau s'il y en avait un ? Qu'est-ce qu'on a comme informations sur le bateau ?

  • Speaker #0

    Alors ça, ce n'est pas clair. Écoute. Ce qui est certain, c'est qu'on a découvert la cargaison. J'ai encore creusé le sujet, mais il n'y a que depuis pas longtemps qu'on a retrouvé vraiment les éléments de bois, de l'épave. On a vu comment les éléments étaient fixés entre eux, donc c'était une trés particulière. Donc, il n'y a pas très longtemps qu'on étudie l'épave elle-même. Donc, un journal de bord, ce n'est pas possible, ça aurait été le rêve. Et à un moment donné, les gens ont dit que c'était un bateau romain qui allait, comme je disais, soit de Rome vers Constantinople ou l'inverse. Et puis, il y en a qui disent non, c'est probablement même un bateau grec. qu'elle est peut-être d'une région au style de la Crète à ailleurs dans les pires ou que sais-je. Non,

  • Speaker #1

    ce n'est pas un élément déterminant. Plusieurs fois dans l'épisode, tu as parlé de ce que montrait la machine, mais sans vraiment le formaliser. Donc j'aimerais ici que tu nous expliques réellement en tout cas ce que la face avant montre, qu'est-ce qu'on peut s'attendre à voir sur cette face avant. Tu as parlé de calendrier sur la face arrière. Est-ce que tu peux essayer de nous permettre de visualiser cette machine ? Est-ce qu'au final, ça ressemble un petit peu au système solaire mécanique qu'on peut acheter dans le commerce ? actuellement ou c'est complètement autre chose ? Comment on peut se représenter cette boîte à chaussures au-delà d'une boîte en bois complètement fermée ?

  • Speaker #0

    Alors, il faut bien se rendre compte que ce qu'on a trouvé aujourd'hui, qu'est-ce qu'on a comme pièce ? Comme je l'ai dit, quand le fameux ancien ministre découvre dans les réserves l'objet, il n'était qu'à 102. Mais on est là, on était en 1902. Aujourd'hui, on est en 2025. Alors, assez rapidement, il y a un chimiste du musée d'Athènes qui s'est dit qu'il faut qu'on protège l'objet. Donc, il a essayé d'enlever des couches de concrétion. D'ailleurs, en passant, en enlevant les couches de concrétion, il a découvert que des textes s'étaient gravés à l'intérieur de la concrétion et que ça s'était gravé à l'envers. Et donc, en enlevant la concrétion, on a découvert... C'est comme si on a d'autres fréquements de la machine. En gros, il y avait du métal qui a disparu, mais qui a laissé la trace sur l'air. Puis il y a eu la guerre, les chefs fascistes italiens ont envahi Athènes, les pièces les plus importantes on les a planquées à la Banque Nationale, et puis il y a plein de choses qu'on a enterrées dans le jardin du musée pratiquement. Et puis tout ça qu'on a exhumé, il y a des choses qui sont cassées. Aujourd'hui, la machine, elle est en 72 morceaux.

  • Speaker #1

    Il y a plus de morceaux que d'engrenages, excuse-moi ! Oui,

  • Speaker #0

    alors il y a trois morceaux principaux. Les morceaux principaux, ils portent des lettres, ABC, ils sont exposés au musée archéologique, et puis le reste...

  • Speaker #1

    Et tu as des copies chez toi ? Alors...

  • Speaker #0

    Oui, parce que dans notre folie, on s'est dit que ce serait bien que les gens se rendent compte. En fait, on a trouvé un artisan en Turquie qui faisait des moulages. Il y a des cinglés. Il y a un gars, il est complètement à la masse, il fait des moulages de tablettes mésopotamiennes et il faisait des moulages des restes denticitaires. Donc, je l'ai ici.

  • Speaker #1

    La vraie question que je me pose, c'est comment il a eu le moulage de base ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas combien il a fait. Parce que le mécanisme est probablement, je pèse mes mots, c'est probablement l'objet le plus précis de tout le musée d'Athènes. Je ne sais pas si les gens se rendent compte. Le gars,

  • Speaker #1

    il a un moulage dont il fait des copies.

  • Speaker #0

    Un moulage, ou alors il s'est basé sur les photos, je ne sais pas comment il a fait. Et donc, il y a 72 morceaux. Et donc, tout ce que je vais raconter ici, c'est le fruit d'une enquête scientifique. Donc, il n'y a pas un dessin, on ne le voit pas comme ça à l'œil. Les études récentes, ce qui est certain à 100%.

  • Speaker #1

    On a utilisé aussi des technologies vraiment de pointe pour aller voir les différentes couches dans la machine, etc. C'est un peu fou.

  • Speaker #0

    Je t'explique si tu veux. Oui,

  • Speaker #1

    plus vite.

  • Speaker #0

    Mais donc, aujourd'hui, on doit imaginer que, sur la face avant, il y a... Deux cercles concentriques. Sur le cercle extérieur, en gros, c'est le calendrier égyptien. Quand tu dis le calendrier,

  • Speaker #1

    c'est un cercle divisé en différentes parties et des mois dessus.

  • Speaker #0

    Il est très subtil, le calendrier égyptien, parce qu'il est divisé en 365 éléments. Alors, comment ça marche ? Il faut que je me concentre. Il y a 12 mois de 30 jours. Et si tu fais 12 fois 30 ? Ça fait combien ?

  • Speaker #1

    360.

  • Speaker #0

    Il te manque 5 jours et un quart. On va dire qu'il manque 5 jours. Les Égyptiens, ils savaient qu'il manquait 5 jours. Et donc, cet anneau au calendrier, en fait, il était démontable et il pouvait tourner avec des plots pour qu'on puisse le régler et pour que les 5 jours qui manquaient... Donc, en gros. Après, on a un autre anneau qui est l'anneau du Zodiac. Vous allez dire, Francesco, il commence à péter un câble, il fait de l'astrologie. Non, en fait, le Zodiac, c'est un truc qui a une existence tout à fait physique dans le ciel.

  • Speaker #1

    C'est une zone du ciel, en fait.

  • Speaker #0

    C'est une zone du ciel. En fait, l'idée, c'est que si vous observez la Lune, le Soleil, Venus, Jupiter, c'est les astres du système solaire. On ne les voit pas n'importe où dans le ciel. Ces astres se promènent dans une bande du ciel très particulière qu'on appelle le Zodiac. Alors Zodiac, ça veut dire le cercle des animaux, parce que dans Zodiac, il y a le mot zoo, comme genre d'azoologique. Donc Zodiac, cercle des animaux, parce que là-dedans, on a le bélier, les poissons. Donc c'est beaucoup de constellations qui ont un lien avec les animaux. Ariane magique, c'est lié au fait que les planètes sont dans un même plan, c'est ce qu'on voit quand on est sur Terre, peu importe. Et donc, quand on suit le ciel avec un peu d'observation attentive, on se rend compte que la Lune, le soleil de la planète, se déplace le long du Zodiac. Par exemple, Ténécan, Thomas.

  • Speaker #1

    Le 4 décembre 1987.

  • Speaker #0

    Et ton signe, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Théoriquement, Sagittaire, mais je sais ce que tu vas me dire.

  • Speaker #0

    Quand on dit du signe du Sagittaire, c'est parce qu'au mois de décembre, à l'époque de Babylone, le Soleil, évidemment, il est dans le ciel. Et si je pouvais éteindre la lumière, si je pouvais diminuer sa luminosité, je verrais qu'il est devant la constellation du Sagittaire. Et donc, on voit ce Soleil qui se promène le long des constellations du Zodiac.

  • Speaker #1

    Attends, attends, attends, parce que le Soleil, il bouge dans le ciel. Donc, il ne peut pas être toujours dans la constellation du Sagittaire au mois de décembre. Tu comprends ce que je veux dire ? Le Soleil va d'est en ouest, la constellation va aussi d'est en ouest ?

  • Speaker #0

    Oui. Donc en fait, ce qui se passe, c'est ça qui est compliqué à s'imaginer. Pour faciliter, on se place au moment d'une éclipse du Soleil. La Lune est venue éteindre le Soleil, mais évidemment, elle est là. Imaginons que l'éclipse dure toute la journée. Qu'est-ce qu'on verrait ? On verrait le Soleil, autour de lui, on verrait les étoiles. Et on verrait qu'en décembre, autour de lui, il y a la constellation du Sagittaire.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est intéressant, les étoiles et le soleil ont le même mouvement parce que c'est dû à la rotation de la Terre.

  • Speaker #0

    Au cours de la journée, évidemment le soleil va d'est en ouest, les étoiles aussi, fatalement, parce qu'à notre échelle, les étoiles ne bougent pas, le soleil sur une journée, on a l'impression qu'il ne bouge pas, et donc en fait c'est nous qui sommes sur un balcon qui est en train de tourner dans l'autre sens. Vous êtes en bagnole, vous allez vers l'avant, vous savez que c'est vous qui vous déplacez, mais vous avez l'impression que le paysage file vers l'arrière. Nous le paysage c'est quoi ? C'est les constellations et le soleil. Évidemment, le Soleil a un mouvement un peu particulier parce que, au cours de l'année, nous, avec notre petit balcon, on tourne autour du Soleil. Comme on tourne autour du Soleil, notre perspective change. Le paysage qu'on voit depuis la Terre change. Et donc, si en décembre, je vois le Soleil devant le Sagittaire, il est évident que six mois après, moi, je suis avec la Terre à un autre endroit dans l'espace. Et quand je regarde le Soleil, le Soleil, je le vois se projeter devant une autre constellation. Ça veut dire que quand je me mets dans ma vision à moi, de petit terrien qui sort de sa maison et qui regarde ce qui se passe, au cours des jours, je me rends compte qu'en fait le soleil, il change tout doucement de place devant les constellations du Zodiac. Et moi quand je suis né en novembre, en théorie il était dans le scorpion, toi il était dans le sagittaire, mais sur une journée on ne voit pas la différence, mais sur quelques jours on voit que ça change, ce qui fait qu'on a les signes du Zodiac. Et donc en réalité, nous depuis la Terre, on voit le Soleil qui change de place dans le Zodiac, mais en fait, ce n'est pas lui qui change de place, c'est nous qui tournons en vrai autour de lui. Et donc la machine, elle décrit l'univers dans la vision qu'on avait des anciens, une vision qui est géocentrique avec la Terre au centre, mais qui en fait est la vision qu'on a nous quand on va dehors observer le ciel.

  • Speaker #1

    C'est la vision de l'observateur.

  • Speaker #0

    C'est la vision de l'observateur, donc c'est extraordinaire en fait. Ce n'est pas qu'on dit, mais c'est un modèle qui ne peut pas le m'en dépasser. C'est un machin des anciens, ils étaient cons, ils étaient à côté de la plaque. Nous, on est brillant, on a un moeus qui va dans l'espace et on a le modèle héliocentrique. Absolument pas ça. Quand moi je vais dehors, ce que je vois, c'est du géocentrisme. Et donc, cette machine te décrit l'univers. D'ailleurs, dans les textes qu'on a découvert dedans, on te raconte que devant, il y avait Cosmos. Donc, le cadran central à l'avant s'appelle Cosmos. C'est pas rien. C'est l'univers qui reproduit. où tu as la Terre au centre.

  • Speaker #1

    Tu as des petites boules ?

  • Speaker #0

    On ne sait pas. On n'a pas les détails exacts. Ce qui est sûr à 1000%, c'est, parce que là c'est mis dans les textes, il y avait une sphère qui représentait le Soleil et qui faisait le tour du Zodiac. En combien de temps ? Le Soleil a besoin d'un an pour faire le tour du Zodiac. Et donc on voit le Soleil qui fait le tour du Zodiac. C'est l'année. Quand il revient au même endroit, il n'a plus qu'une année. Il y avait une deuxième boule, et ça c'est extraordinaire. On savait qu'il y avait une boule qui représentait la Lune, et qui tourne à sa propre vitesse. Parce qu'évidemment, si vous observez la Lune aujourd'hui, vous allez voir la Lune qui est dans une direction. Demain, à la même heure où la Lune est vraiment décalée vers la gauche, et la Lune fait le tour de la Terre. Alors là c'est un peu subtil, on va dire qu'on a un peu moins d'un mois, pour rentrer dans les détails. Et donc il faut que le rapport de temps... Donc le soleil fait un tour du calendrier de la machine antécitaire, la lune doit faire le bon nombre de tours. Et il y a un rapport exactement entre les deux, et c'est ce fameux cycle de méthons, c'est que les babyloniens s'étaient rendus compte... que quand le soleil fait 19 tours, donc en 19 ans, la Lune fait 254 tours. Et donc la machine...

  • Speaker #1

    Il faut être un peu barche pour, pendant 19 ans, regarder exactement la position de la Lune et se dire, ah ok, putain, là, elle est exactement où elle était il y a 19 ans, et elle a fait 254 tours.

  • Speaker #0

    Non, mais toi qui aimes bien le traitement des données, la technologie, c'est ahurissant. Parce qu'aujourd'hui, si moi... Ah, moi... Si n'importe quel astronome ou scientifique lance un projet de recherche, il accumule les données, il dit, ben voilà, observons le ciel. Qu'est-ce qu'il va faire ? Il va avoir un système qui va repérer les positions. Déjà, on a presque tout automatisé. Il va alimenter une base de données. Le truc va fonctionner pendant des années. Et puis, il va dire, voilà, je vais demander un graphique qui montre l'évolution de la position de la Lune par rapport aux odia, gna gna. Il fait la gravitude, le machin position en fonction du temps. Et il voit qu'il y a un machin périodique, il a la période et c'est fini. Donc, tu accumules les données. Tu traites les données et tu en déduis une loi ou un cycle. Moi, ce que je ne comprends pas, les Babyloniens, ce qu'ils avaient de plus par rapport à nous, c'était un bon ciel. Nous, en Belgique, on a un ciel de merde, on ne voit rien. Eux, ils avaient un ciel dégagé tout le temps, je suppose, ou presque. Mais alors, on peut imaginer avec quoi ils faisaient leurs mesures. Je ne sais pas, admettons. On peut imaginer des grands instruments qui permettent de positionner finement les choses. Ça, ils devaient avoir. Mais les données, tu les mets dans quoi ? Tu les écris sur des tablettes d'argile. Donc, si tu veux voir apparaître ce cycle de 19 ans, tu dois au moins prendre des données sur au moins 19 ans. Mais idéalement...

  • Speaker #1

    Sur deux ou trois cycles, oui.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, en fait, la machine, elle va plus loin parce qu'il y a le cycle de 19 ans, mais qui ne tombe pas juste. C'est 19 ans et un quart. Et donc, la machine, elle est plus précise et il y a un cadran supplémentaire qui donne le cycle de calyphe. Calyphe, c'est quatre fois le cycle de méthode parce que le 19 et un quart, si tu fais fois quatre, ça tombe juste. Ça tombe sur 76 ans, si je ne dis pas de bêtises. Juste comme ça. Et donc les babyloniens connaissaient ça. Donc la question que je me pose c'est comment tu fais ? pour extraire des cycles, probablement de milliers de tablettes en argile, stockées dans une bibliothèque d'un palais royal quelque part, comment tu fais pour avoir les données ? Je ne comprends pas.

  • Speaker #1

    Mais garder l'historique en fait.

  • Speaker #0

    Comment tu gardes l'historique et comment tu analyses ? Tu ne vas pas dire analyse les données, donne-moi le graphique, comment tu fais ?

  • Speaker #1

    C'était leur version à eux du projet Apollo.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Et donc cette machine, elle reproduit... le rapport de déplacement de vitesse et de déplacement apparent du Soleil et de la Lune. Et donc il faut que les engrenages qu'il y a dedans te reproduisent tout ça. Mais ce qu'on a découvert, en fait, il n'y a pas très longtemps, c'est que la boule qui représentait la Lune, elle était peinte à moitié en noir, à moitié en brillant, et elle tournait sur elle-même, on est sûr, parce qu'on a trouvé l'emplacement où elle était encastrée, ça on le voit, et en même temps le texte qu'on a découvert dedans explique ça. Et quand la Lune tourne, fait ses 254 tours pendant que le Soleil en fait 19, elle tourne sur elle-même à la bonne vitesse et elle te donne les phases de la Lune.

  • Speaker #1

    Donc ça veut dire aussi que tu as des engrenages qui doivent bouger en plus dans ce système. Ils ne sont pas tous fixes a priori. Ah,

  • Speaker #0

    voilà. En fait, tu as mis le doigt sur tout ça. Alors, après, se pose la question, mais assez tôt, les gens se sont dit, OK, on a le Soleil, on a la Lune, on a la Lune avec les phases. Est-ce qu'ils n'auraient pas mis les planètes quand même dedans ? Il y en a qui ont dit on n'en sait rien, etc. Et puis, certains ont dit, imaginons à quoi aurait dû ressembler la machine si, connaissant la technologie qu'il y a dedans, connaissant les subtilités qu'ils ont mis dedans...

  • Speaker #1

    Si on avait voulu représenter les planètes. Voilà.

  • Speaker #0

    Et donc, certains ont commencé à faire ça. Il y a le fameux Michael Wright, on peut en parler si tu as envie, qui a fait un modèle fonctionnel, c'est hypothétique, mais c'est faisable avec la technologie de l'époque. Et puis, il y a eu des modèles plus récents qui ont été publiés dans la revue Nature, où là, on a tout ça. Mais ce qui est dingue, c'est que... N'oublie pas, c'est un modèle géocentrique, donc ça correspond à ce que tu vois. Alors, le Soleil, c'est facile. Il se déplace tous les jours un petit peu dans le Zodiac, et après un an, il fait le tour des constellations. La Lune, on le voit à l'œil nu, la Lune d'un jour à l'autre, elle se déplace de façon énorme, parce qu'elle doit faire le tour du ciel en environ un peu moins d'un mois. Les planètes, ça c'est la merde. Si tu prends une planète comme Mars, pour l'instant on voit bien Mars dans le ciel. Mars a un point orangé, qui est tantôt bien visi, tantôt un peu moins. Si tu observes Mars par rapport aux étoiles, qu'est-ce que tu vois ? Pour l'instant, ça marche bien au moment où on enregistre le podcast.

  • Speaker #1

    Donc on enregistre ici au mois de février, à tout début février. Voilà,

  • Speaker #0

    on est dans une période un peu privilégiée. Et il y a quelques semaines, en fait, on voyait Mars qui était à gauche, deux étoiles très brillantes qu'on appelle Castor et Pollux. Et en fait, depuis quelques semaines, on se rend compte que Mars se déplace par rapport à ces étoiles-là. Le mot planète, ça veut dire astre vagabond, en fait, dans le ciel, en grec. Astre vagabond, pourquoi ? Parce que les planètes... n'ont pas les mêmes mouvements que les étoiles. Sur une nuit, ça se comprend de la même façon. On va d'est en ouest, à cause de la rotation de la Terre. Mais de la même manière que le Soleil se déplace le long du Zodiac, les planètes se déplacent aussi le long du Zodiac, chacune à leur propre vitesse. Mars, par exemple, fait le tour du Zodiac en deux ans. Saturne en 29 ans. Et donc, Mars, en général, si tu prends un repère dans le ciel, tu vois que chaque jour, il se déplace un petit peu vers la gauche. Mais là, depuis deux semaines, Mars, il va vers la droite. Ça va durer encore un petit peu. Et puis il va inverser son mouvement, il va repartir vers la gauche pendant deux ans. Donc on dit que Mars dessine des boucles de rétrogradation. Eh bien la machine, a priori, reproduit toutes ces boucles de rétrogradation pour chaque planète à sa propre vitesse. C'est invraisemblable. Mais la partie du mécanisme là, là on l'a perdu. Il y a quelques éléments, mais on a perdu, on a perdu.

  • Speaker #1

    Donc ça c'est vraiment une hypothèse, ou sur base de ce qu'on voit dans la machine, et de ce qu'on lit dans les textes, a priori elle pouvait le montrer.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Alors, justement, et on va terminer là-dessus, je te propose, parce qu'il y a encore plein de choses à raconter. Et tu vas proposer une conférence, a priori, sur le sujet. Oui,

  • Speaker #0

    un peu plus qu'une conférence, on va carrément faire une nuit.

  • Speaker #1

    Voilà, une nuit sur Anticitaire. Est-ce que la recherche moderne, justement, elle converge dans un seul sens, dans une seule direction ? Ou est-ce que, justement, il y a peut-être des clans autour de cette machine d'Anticitaire qui ont des hypothèses différentes, qui s'affrontent ? Est-ce que la recherche autour de cette machine est complètement lisse ? Ou est-ce que, comme on l'a souvent vu dans... dans la recherche et dans parfois les découvertes technologiques, il y a des luttes de clans.

  • Speaker #0

    Alors, comme tout, il y a de la recherche scientifique, mais il y a des personnes, il y a des égaux derrière. Et les enjeux sur Anticitaire sont tellement énormes qu'évidemment, celui qui va percer le mystère de la machine, il rentre dans la légende. Par exemple, toute personne qui parle de la machine Anticitaire, à un moment donné, va citer les quelques scientifiques qui ont bossé dessus. Il y a des noms qui reviennent tout le temps, qui sont rentrés dans la légende. Il y a... direct de Solar Price, il y a Michael Wright, il y a Tony Frith et de ces gens-là. Et donc, il y a eu une bataille d'égo, on va dire depuis la fin des années 90, parce que les gens voulaient vraiment percer la machine. Il y a une multitude de tours de cochons qui ont été faits, une espèce de concurrence entre équipes pas toujours très folichonne qui ont été là. Et en gros, on va dire qu'à l'époque récente, il y a eu deux mouvements majeurs. Il y a eu un gars qui, dans les années 80-90, a commencé à s'intéresser à la machine. A l'époque, personne ne s'intéressait vraiment à ça. Il y a eu quelques personnes avant. Le gars, c'est Michael Vreid, c'était un conservateur du British Museum. Et lui, c'était un physicien. qui a une bonne connaissance en astronomie, c'est un spécialiste d'horlogerie. Donc le gars, il avait tout ce qu'il fallait pour la machine. Mais lui, au musée, son rôle, c'est spécialiste des machines à vapeur de la révolution industrielle. Mais il découvre l'existence de la machine via une publication qui a été faite dans les années 70, qui s'appelle Gears from the Greeks, donc Engrenage depuis les Grecs, c'est l'ouvrage de référence. Lui, il a lu ça, et en fait, il se dit, je dois être con parce que la moitié du livre, je ne comprends rien. Après, il dirague le temps, c'est pas que je ne comprenais rien, c'est que tout ce qui était raconté là-dedans, à la moitié, ça n'avait pas de valeur, c'était de la merde, il y va gros. Et lui, en fait, dans les années 80-90, il prend contact avec le musée d'Athènes et il demande l'autorisation d'aller travailler sur les fragments. Il a l'autorisation, mais il y a un changement dans le management du musée, du British Museum, et en fait, les gens lui disent, écoute, ton boulot, c'est de bosser sur tes collections. Et tu ne perds pas ton temps à autre chose. Donc, le travail, il est ici. Tu as envie de travailler sur ce que tu veux, mais tu travailles après tes heures. Et donc, ce gars n'a aucun moyen. Il est tout seul. Il est convaincu qu'il a tout ce qu'il faut pour résoudre le mystère. La science, la technologie. Un gars qui travaille sur l'horlogerie, il n'y en a pas beaucoup.

  • Speaker #1

    Il aurait pu passer à côté d'une belle découverte.

  • Speaker #0

    Il aurait pu passer à côté d'une belle découverte. Et le gars commence à bosser là-dessus, mais il est un peu désemparé. Et donc, il ne travaille que sur les quelques photos qu'on lui a données. Et puis... Un jour débarque au British Museum un astrophysicien australien qui lui dit « Moi je m'intéresse à la machine de Babbage, c'est l'autre machine de légende du 19e, premier calculateur, etc. » Et donc ils vont travailler ensemble, et comme les archives de Babbage étaient au musée, ils se lient d'amitié, ils font connaissance, ils vont construire une réplique de la machine, et dans les discussions, Wright va parler de la machine à cet astrophysicien-là, dont le nom m'échappe pour l'instant. Et puis, l'Australien repart chez lui et il va commencer à essayer de faire des petites répliques.

  • Speaker #1

    Répliques de la machine ?

  • Speaker #0

    De la machine, avec ce qu'on savait. Donc, c'était tout à côté de la plaque. Et puis, le gars, en fait, il téléphone à Wright et il lui dit, voilà, j'ai demandé au musée d'avoir l'autorisation de travailler sur la machine. Donc, j'ai demandé, j'ai eu l'autorisation. Et donc, ça voulait dire, c'est moi qui vais pouvoir travailler sur la machine et toi, bye bye. Wright, qui est un type qui déteste les conflits. Il est complètement désemparé. Il dit, mais ce n'est pas possible. Moi, ça fait 10 ans que je travaille sur le sujet. Et maintenant, je suis complètement rejeté de ça. Et donc, il se dit, je ne fais qu'autre mauvaise fortune, bon cœur. Il contacte et lui dit, écoute, si tu veux, je peux être ton assistant. Et donc, pendant au moins 3 ans, toutes les vacances de Noël, toutes les vacances d'été, les deux se retrouvent à Athènes. Alors, l'Australien dans des hôtels de luxe, lui dans des trucs un peu miteux. Le gars n'avait jamais quitté Londres de sa vie. On peut l'imaginer comme le vieux rat de laboratoire. Et là, ils vont avoir la machine dans les mains. Mais la machine, elle est d'une fragilité démente, à un tel point qu'un jour, un des fragments que Vraille avait dans sa main se casse. Donc lui, il se déquéchit, il stresse, il est en panique. Il va voir le patron du musée, le patron le rassure et dit « Écoute, ça nous arrive à tous, ça m'arrive à moi, ça m'arrive à un tel. Rentre chez toi, bois un coup, repose-toi, tu reviens demain. » Et là, ils se rendent compte qu'en fait, si on veut aller plus loin, il faut reprendre des images au rayon X de l'intérieur. Mais on sait bien que les images de la radio, ce n'est pas suffisant. Ça avait été fait déjà par SolarPrize dans les années 70. Si tu prends une radio de la machine, qu'est-ce que tu as ? Tu as une superposition de toutes les couches d'engrenage. Donc, tu vois qu'il y en a plein, tu vois qu'il y en a pas loin.

  • Speaker #1

    Tu ne sais pas les séparer les unes des autres.

  • Speaker #0

    Tu ne sais pas qui est connecté à quoi, etc. Mais tu peux avancer parce que tu peux compter les nombres de dents de certaines roues. Si tu as le nombre de dents, tu peux supposer certaines choses par rapport à l'engrenage. Et donc, il faut inventer une technique pour faire de la tomographie. Donc, il faut lire couche par couche. Ils n'ont pas de moyens, en fait.

  • Speaker #1

    Petite parenthèse, je me permets. Cette technique, on va en parler deux fois dans la saison. On en parle ici et on en parle aussi dans un podcast qui va seulement sortir sur la légende du roi Arthur et sur la découverte d'un nouveau chevalier du mythe arthurien. Et en fait, on a redécouvert des écrits dans des manuscrits qui avaient brûlé. Mais en fait, quand le parchemin brûle, il se compacte. C'est tout écrasé et donc il faut aller à la tomographie pour voir couche par couche. Petite parenthèse fermée.

  • Speaker #0

    Et donc, eux, ils travaillent avec la low-tech, en quelque sorte. Je dis low tech parce qu'après va arriver l'équipe qui va travailler avec la high tech, donc c'est les deux mouvements principaux, et puis il y en a plein d'autres. Et en fait, ils apprennent que durant la seconde guerre mondiale... Les médecins utilisaient une technique de tomographie fabriquée avec les moyens du bord qui permettait de localiser dans le corps humain où était la balle qui avait impacté un soldat par exemple. C'est un système avec une source de rayons X qui survole le patient pendant que la plaque photo en dessous se déplace dans l'autre sens. Vraiment un truc super ingénieux. Et eux vont impliquer ça à la machine et puis il faut trouver le moyen de bien développer. Je ne vous passe les détails, il y a plein d'aventures. Le problème c'est que quand cette campagne de mesure va être finie, Bromley, le nom de mes revenus, Il dit à Wright, voilà, on a maintenant 250 clichés, je rentre chez moi, je me casse, va te faire voir. Je vais mettre un étudiant sur le coup, il va tout dépouiller, j'ai publié, salut, merci de ton aide. Je n'ai même pas su lui dire merci. Wright s'est retrouvé complètement effondré. Et puis pendant des années, plus aucune nouvelle des clichés de Moorbley. On ne sait pas ce qui s'est passé. Et Wright, il est tout seul, isolé. Et puis après, on apprend que Moorbley a un cancer en phase terminale, ultra violent. et Vraijde va aller le voir avant qu'il ne meure. Et avec sa femme, etc., ils vont négocier, et il va récupérer les photos, et il va travailler de chez lui, à l'ancienne. Il n'a même pas un logiciel de base pour modifier les contrastes, etc. Et c'est son fils qui fait une thèse en imagerie médicale, qui tout doucement va lui scanner les clichés. Pendant ce temps-là, l'autre équipe arrive. Et là, c'est la machine de guerre, le rouleau compresseur. C'est un mathématicien anglais qui a une boîte de production de documentaires. qui a découvert la machine en discutant avec un astrophysicien qui s'appelle Mike Edmunds, qui a aussi fait un tour de Ausha Vryde. Vryde, c'est vraiment le maudit de cette histoire.

  • Speaker #1

    Il y en a parfois dans l'histoire des sciences.

  • Speaker #0

    Donc là aussi, Edmunds cherche un sujet sympa pour son étudiant en didactique. Il apprend qu'il y a la machine. Il dit à le spécialiste, c'est Vryde, téléphone à Vryde. Vryde lui donne tout ce qu'il a compris. Et puis un mois après, l'églote publie un papier. On cite à peine le mot de Vryde. Et donc, Tony Frith. Il se dit, si je veux faire un documentaire sur la machine, si je veux avoir du fric pour le financer, j'ai besoin de nouvelles données. Évidemment, comme ils sont en froid avec Wright, ils ne sauront pas les données. Lui continue à travailler dans son coin. Et donc, ils vont mettre en place un groupe de fous avec toutes les stars de la science grecque. Les astrophysiciens, les archéologues, tous ceux qui sont super connus, tu vois, les Uber Eats locaux et tout ce que tu veux. Ils vont aller voir le musée d'Athènes pour avoir accès aux données. Athènes dit, mais moi, nous, on a une demande. au nom de Brumli et après de Wright. Et la philosophie du musée, c'est tant que les résultats de ceux qui bossent sur la machine n'ont pas été publiés, nous on ne donne pas que ça à quelqu'un d'autre. Il y a déjà eu pas mal d'études qui ont été faites, la machine est fragile, donc le musée ne veut pas. Que font les Friff et les autres ? C'est un groupe international. Eux, directement, ils vont voir le ministre. Ils disent, vous savez, la Grèce, elle rayonne par sa culture, par son architecture. Là, on a de quoi prouver que la Grèce pouvait aussi, qu'elle rayonnait de par sa technologie. Et donc au niveau images de marque de la Grèce antique, et donc fatalement, le ministère dit au musée, les amis, vous appliquez, vous donnez accès. Bright, il le sait ça. Et donc il sait qu'il est dans une course contre la montre. Lui, il a les 250 clichés en tomographie. Il a tout ce qu'il sait, tout son feeling, etc. Mais il sait que là, les gars, ils vont développer une machinerie de la mort Et il dit, résoudre le mystère identicitaire, c'est ce qui va donner naissance à mon existence. Et donc, qu'est-ce qui se passe ? Friff, il lit tout ce qui existe en termes de techniques d'imagerie. Et il découvre qu'il y a deux technologies qui ont été publiées dans Nature, etc. Dont il doit absolument avoir l'accès. Une, c'est, toi qui aimes bien le jeu vidéo, c'est un mec qui travaille pour HP. Qui voulait développer des algorithmes qui permettaient de facilement traiter... les reflets de la lumière sur les textures des personnages. Et donc, pour faire ça...

  • Speaker #1

    Ce qu'on appelle le RTX maintenant.

  • Speaker #0

    Pour faire ça, il voulait des mesures expérimentales. Comment réellement la matière se comporte quand je l'éclaire ? Et donc, il avait développé une technique où, en fait, il prend des photos d'un objet et puis, il a une espèce de cône, comme ça, comme une cloche, sur lequel il place 50 flashs où, quand il déclenche son appareil photo, les flashs se déclenchent les uns après les autres. Donc, il récolte en gros 50 photos avec des angles d'éclairage différents. Il développe un algorithme qui étudie tout ça. Et il peut reconstituer des choses incroyables au niveau de la surface. Mais à un tel point qu'il se rend compte qu'il peut lire l'illisible avec ça. Et donc, il fait un test. Il va avoir des archéologues, il va avoir un mal de chien à déchiffrer des tablettes mésopotamiennes. Et lui, quand il prend les photos et qu'il traite avec son logiciel, eh bien, la tablette prend l'aspect... Il faut imaginer une tablette qui deviendrait comme du mercure. Donc, ça a l'aspect du métal mercure. Alors... tout, il lève les yeux, c'est absolument ahurissant. Donc il dit, il faut qu'on éclaire les fragments de la machine, enfin, prendre les photos avec ça, du coup on verra les textes qui sont en surface. Et puis il dit, il faut aller voir à l'intérieur. Il faut une tomographie de haute qualité. Et là, il se rend compte qu'il y a une boîte en Angleterre qui a développé une technique qu'on appelle la tomographie computationnelle. Donc c'était en abrégé. Et alors le gars, il dit, oui, moi je suis prêt à travailler. Mais il y a un souci, c'est que comme la machine est en bronze, il faut un niveau de puissance des rayons X qui dépasse de très loin les machines qui existaient à l'époque là. Il faut vraiment entrer profondément dedans. Et le patron de la boîte se dit... Normalement, pour développer une machine pareille, il faut que je mette mes ingénieurs là-dessus deux ans, deux à trois ans. Je n'ai que six mois. Je fais un pari. Je ne vais plus répondre à aucun mail pendant six mois. Je ne vais plus répondre à aucun fournisseur, plus rien. Je mets tout le monde sur la nouvelle machine qui va permettre d'aller lire dans l'anticipaire. Si ça marche, alors là, ma boîte aura une réputation de niveau mondial et moi, je développe un business qui n'existe pas actuellement. Je pourrais utiliser la tomographie. pour inspecter les structures métalliques dans les ailes d'avion, pour voir s'il y a des défauts, des choses comme ça, parce qu'une machine pourrait le faire, il n'y a personne qui peut le faire. Si je me planche, je suis en faillite. Tant qu'ils bossent comme des damnés là-dessus, il faut de la haute tension, il faut tout ça. Ils ont une fenêtre de tir, la machine doit être à Athènes en octobre 2005. Ils ont un mois de mesure possible. Il y a un transporteur routier qui arrive là en Angleterre, la machine ne fonctionne toujours pas. Alors ils amènent à bouffer au chauffeur dans le camion. « Attends, demain, ça va être prêt. » Le gars, il va rester trois jours. Ils vont trouver la solution en dernière minute. Le camion embarque la machine. La machine, elle est dans le labo, toute expérimentale. Donc, il ne faut pas qu'elle se pète lors du déplacement. Elle va traverser toute l'Europe. Elle va arriver au port italien de Brindisi, prendre le bateau. Puis en Grèce, on remet sur le camion. Puis on change de camion parce que le camion de base est trop gros pour entrer dans les petites ruelles d'Athènes. Et tout ça arrive finalement. Et donc, en 2005, commence la phase de données. Donc, la surface avec les 50 flashs et l'intérieur avec la tomographie. Et là, les résultats dépassent tout ce qu'on attendait. Non seulement on arrive à reconstituer vraiment tout ce que tu vois quand tu rentres profondément, qu'est-ce qui est connecté à quoi, etc. Mais on découvre ce qu'on n'imaginait pas. On découvre que dedans, le bordel, il y avait un mode d'emploi. Difficile à lire parce que ton bazar, il fait couche par couche. Alors, je ne sais pas à quel niveau de précision, est-ce que c'est un dixième de millimètre de précision ? Mais ta machine s'est déformée au cours du temps. Donc le mode d'emploi, en tout cas le support dans lequel c'était écrit,

  • Speaker #1

    n'est pas sur la même couche.

  • Speaker #0

    Donc il n'est pas sur la même couche. Donc c'est vraiment compliqué. On découvre le mode d'emploi avec, je pense, de mémoire, 3000 caractères Y dont 2000 deviennent lisibles. Mais là, personne ne peut lire tout ça. Donc on fait appel à Alexander Jones, qui est le prof universitaire de New York, spécialiste de l'histoire de l'astronomie et des textes anciens. Donc là, il est en train de travailler toujours là-dessus. Si vous voulez, sur le web, il y a une revue qui s'appelle Al Majest, c'est 200 pages et qui reprend... tous les textes, donc c'est en accès public, tous les textes identicitaires, et puis parmi les découvertes invraisemblables, la confirmation de tout ce que Wright avait supposé, avec son intuition géniale, Wright avait raison sur plein de choses. Donc tout ça, on a la preuve, par exemple, la sphère lunaire qui montrait les phases, le fait qu'il y avait un mécanisme d'ingénie pure pour moduler la vitesse de la Lune qui fluctue au cours du temps. Tout ça, Wright l'avait senti, là on l'a vu, et puis on découvre même un pointeur. parce que ces cadrans dans la machine, déjà, c'est probablement les premières machines où tu as des cadrans. Nous, on est habitués à ce qu'on mette des données sur un cadran. Mais là, et donc si tu as un cadran, il te faut une aiguille pour lire le cadran. Mais si tu veux mettre un cadran avec des cycles de 19 ans, ou l'élément du cycle, c'est un mois, c'est une lunaison. Si dans ce cycle, tu as 254 lunaisons, ils te feront un cadran avec 254 cases et il y a un pointeur qui te montre les 254 cases. Tu ne sais pas le mettre sur une boîte à chaussures. Donc le génie de la machine, le génie qu'en fait la machine, c'est de se dire, on va faire un cadran qui n'est pas simplement un bout d'arc de cercle, on va faire un cadran spirale. Et donc les cadrans spiraux sont enroulés. Le mythonique a cinq tours sur lui-même, l'autre a quatre tours. Mais comment tu fais avec un pointeur pour lire des données qui sont sur une spirale ? Il faut que le pointeur puisse tourner et qu'il puisse changer en longueur. On a découvert un des pointeurs qui est encore dedans. Et le mode d'emploi explique comment ça marche. En fait, ça marche comme le lecteur des vieux tourne-disques, des vieux vinyles. Il y a un sillon. Donc, le pointeur, il suit la spirale. Et puis, le mode d'emploi dit, quand vous arrivez au bout, il faut le réarmer à la main et vous êtes reparti.

  • Speaker #1

    Complètement fou.

  • Speaker #0

    Et donc, tu as en gros les deux écoles-là, la low-tech de Wright, la high-tech du groupement international, avec plein de... Vraiment des courses. Quand l'un publie un truc à un colloque, les autres terminent leur donnée. Et puis aujourd'hui, il y a... plein de chercheurs qui travaillent sur le sujet, mais on sent qu'il y a des petites tensions. Terminé, voilà. Moi, je me suis rendu compte qu'il y avait des gars en Grèce. qui reproduisait des modèles pour les musées, mais avec un niveau de précision. Tu l'as à l'échelle 3, par exemple, en plexiglas, avec des LED dedans, c'est super beau. Et tu vois tous les engrenages qui tournent quand il fonctionne. Évidemment, c'est des coûts qu'un privé ne peut pas se payer. Ils ont même fait une bande dessinée, etc. Je contacte le gars en Grèce, je lui dis, tiens, la machine que vous faites, c'est génial. Est-ce que vous représentez aussi les planètes de vent, comme on voit dans le modèle de la collaboration internationale qui était mis dans la nature ? Et là, j'ai senti que j'ai mis le doigt où il ne fallait pas. Le gars, il se rédit et me dit, écoutez, nous, on travaille avec le professeur machin de Téliversité en Grèce. C'est un gars qui travaille sur la machine depuis 20 ans, 30 ans. Il est d'une intégrité extraordinaire. Et nous, nous n'avons mis dans notre modèle que ce dont on est sûr. Et si certains veulent affabuler sur tout ce que la machine pouvait faire, c'est leur responsabilité. Mais moi, je ne rentre pas là-dedans. Et après, j'ai échangé plusieurs fois avec lui. Et il m'a dit, n'oublie jamais que personne n'a la vérité. et qu'en fait, tout ce qu'on fait sont des modèles, et qu'il ne faut jamais prendre pour acquis un modèle et qu'on peut le remettre en question. Donc voilà. Et puis tu vois des papiers, par exemple, il y en a un qui est sorti il y a quelques mois, où c'est des gens qui travaillent sur les ondes de gravitation, et qui ont développé des techniques d'analyse statistiques ultra pointues, et ils ont impliqué ces techniques d'analyse aux images qu'on voit en rayon X de la machine, pour voir si vraiment c'est un calendrier de 360 jours ou 354, et donc ça n'arrête pas en fait.

  • Speaker #1

    Alors, ce que je propose, c'est à l'auditeur et à l'auditrice de te rejoindre à cette nuit de la machine denticitaire. Je ne sais pas quand elle aura lieu.

  • Speaker #0

    Alors, pour l'instant, moi, je suis en train de finaliser la conférence. Il commence à tourner en version pilote à Ausha droite. Et donc, l'idée, c'est que dans le courant de l'année 25-26, on va faire une nuit du mécanisme où là, on va prendre le temps d'expliquer ça avec des images, avec des anecdotes. Et alors, l'idée, c'est qu'on puisse s'amuser et que donc, rappeler comment fonctionnaient les engrenages, qu'on puisse bidouiller des montages nous-mêmes. On va essayer de montrer la machine qu'on va essayer de reconstruire. On va essayer de sortir tout ce qu'on a et aller plus loin dans les cycles que la machine montre. Parce que même moi, j'ai dû vraiment travailler beaucoup là-dessus. Mais c'est très amusant quand on rentre dedans. Je ne sais pas jusqu'où je vais aller, mais c'est de montrer à la fois la science qu'il y a dans l'astronomie, dans la machine, la technique qu'il y a dans la machine et l'histoire qu'il y a avec. Donc, je pense qu'on va vraiment s'éclater.

  • Speaker #1

    Et donc, le podcast, il peut être vu à la fois comme une preview de cette nuit et comme une synthèse pour ceux qui auront. assistés à la nuit. Et comme tu le sais, Francesco, parce que ce n'est pas ta première participation, et il n'y a pas pensé, c'est assez comique, on finit toujours les podcasts sur une citation. Ce que j'entends par citation, comme je le dis à chaque fois, ce n'est pas nécessairement les propos d'un grand homme, mais en tout cas une phrase qui synthétise un petit peu ou qui illustre pour toi cette quête de la machine denticitaire. Et tu peux réfléchir.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas si j'aurais dû anticiper et préparer ça. Ce qui me vient là à l'esprit, C'est une phrase de, je pense que c'est de Newton. Souvent, on considère qu'aujourd'hui, j'ai dit tout à l'heure, on est d'une intelligence ultra brillante et qu'on est capable d'envoyer des fusées vers Mars et faire tout ce qu'on veut et que dans l'Antiquité, les gens étaient complètement arriérés, naïfs. Ce que cette machine montre, c'est que le génie humain, il n'a pas évolué. Dans le sens qu'il y avait du génie humain à l'époque, il est toujours là. La citation, c'est celle de Newton qui dit « Si j'ai pu voir aussi loin, c'est parce que je me suis appuyé sur des épaules de géants. » Voilà. Et la question ici, c'est qu'en plus, on ne sait pas s'il y a eu des coupures entre ces géants et nous, mais ça montre vraiment le côté brillant de ces gens-là. Et je trouve que ça donne beaucoup de respect et ça donne un côté noble à l'humanité. Ce qui est malheureux, c'est que cette intelligence est utilisée des fois pour des choses un peu plus malfaisantes.

  • Speaker #1

    Alors moi aussi, je vais prendre une citation. Je vais m'en permettre parce que tout ce que tu as dit m'a évoqué. Tu as parlé d'Arthur C. Clarke. Il a une citation très intéressante qui dit que « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » Et la question que je me pose, c'est justement comment les contemporains de la machine denticitaire percevaient cette machine, vu que nous, quand on l'a découvert, on s'est dit, c'est un truc incroyable. Et donc, je me demande réellement comment...

  • Speaker #0

    Écoute-moi, on pensait terminer là, mais là, tu viens de mettre le doigt sur quelque chose et je ne peux pas ne pas t'en parler. Donc, on va faire un podcast un peu plus long, juste cinq minutes. Comme je te disais, Cicéron lui-même, il parle de ça. Il disait une machine, si on l'amenait aux confins de l'Empire, chez les Écossais. Et quand on leur montre, eux, qu'est-ce qu'ils voient ? Ils voient le ciel, les planètes qui bougent, etc. Mais est-ce qu'ils imaginent que dedans, il y a des mécanismes ? Est-ce que c'est de la magie ? En fait, la machine, elle te raconte autre chose au niveau philosophique. Elle te dit, mais quand nous, on voit le ciel, finalement, derrière, est-ce qu'il y a des mécanismes ? Peu importe le mécanisme, ce que c'est. Cette machine, ce qui est fantastique, c'est que, si tu veux, c'est le début de la science moderne. Aujourd'hui, tu discutes d'un cas physicien, il va te dire, tu travailles sur quoi ? Moi, je dis n'importe quoi, le mécanisme de désintégration du proton. Donc, dès qu'il y a un phénomène naturel, on dit, on va en étudier le mécanisme. Mais mécanisme, ça peut être en électromagnétisme, ça peut être en mécanique, ça peut être ce que tu veux. Avec la machine, qu'est-ce qu'on fait ? On met un mécanisme qui te reproduit un mouvement naturel. Ça veut dire que tu supposes que ce que tu vois, il y a une cause derrière, qu'on reproduit avec des engrenages, mais ça veut dire que ce que tu vois suit des mécanismes, suit des logiques, suit... Et de là, tu peux te poser la question, est-ce que finalement c'est de la magie ce qu'on voit ? Est-ce qu'il y a un concepteur derrière ? Donc on met vraiment le doigt sur... le début de la sonde moderne et le début de la causalité. Et ça, c'est fascinant, je trouve, avec cette machine-là.

  • Speaker #1

    Et je pense que c'est là-dessus qu'on va terminer. Francesco, merci beaucoup pour ce partage. Merci à toi. C'était vraiment super. Cher auditeur, cher auditrice, j'espère que cette machine denticitaire t'a intrigué, comme nous, elle nous a intrigués. Et de toute façon, tu l'auras compris, on va en reparler au mu-monstre de cette machine et on espère te retrouver dans les différentes soirées qu'on organisera autour de cette thématique. Francesco, merci.

  • Speaker #0

    Merci, Max.

  • Speaker #1

    A très très bientôt, chers auditeurs, chères auditrices. On se retrouve dans deux semaines pour le prochain épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du MUMONS. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du Mumons.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Francesco Lobué

    00:37

  • La machine d'Anticythère : histoire et découverte

    01:42

  • Fonctionnement de la machine d'Anticythère

    02:25

  • Complexité et sophistication de la machine

    04:50

  • Hypothèses sur l'origine de la machine

    05:58

  • Conclusion et réflexions finales sur la machine

    01:06:55

Description

🎬 Indiana Jones, un cadran mystérieux… et une machine antique bien réelle ! 🏺🕰️

Les films d’Indiana Jones nous plongent dans des quêtes archéologiques trépidantes, mais que se passe-t-il quand la fiction rejoint la réalité ? Dans Le Cadran de la Destinée, Indy traque un artefact capable de manipuler le temps. Derrière cette invention hollywoodienne se cache une machine bien plus fascinante… et bien réelle : la machine d’Anticythère.

Découverte en 1901 dans une épave au large de la Grèce, cette mystérieuse boîte de bronze, datant d’environ 200 av. J.-C., intrigue les scientifiques depuis plus d’un siècle. Son mécanisme d’une sophistication inégalée a défié toutes nos connaissances sur la technologie antique. Certains la qualifient même de premier ordinateur mécanique !

🔍 Mais qu’était réellement cette machine ?
Était-elle un calculateur astronomique ? Un instrument de navigation ? Une horloge céleste ? Comment un tel chef-d'œuvre d’ingénierie a-t-il pu exister 1 600 ans avant les premières horloges européennes sophistiquées ?

Dans cet épisode, Francesco Lo Bue, physicien et directeur du MUMONS, nous embarque dans une enquête palpitante où se mêlent science, archéologie et… un soupçon de conspiration !

📖 Au programme :
⚙️ Un mécanisme d’une précision inouïe : 30 engrenages connus, et probablement plus du double à l’origine !
🌙 Un calculateur céleste avancé : capable de prédire les éclipses, suivre les cycles lunaires et solaires, et même afficher le calendrier des jeux panhelléniques.
⚔️ Une technologie oubliée pendant des siècles : comment a-t-on pu perdre un tel savoir-faire ?
🌊 Une découverte sous-marine improbable : l’histoire rocambolesque des plongeurs d’éponges qui ont remonté cet objet hors du temps.
🎬 Indiana Jones et la réalité : que reste-t-il de vrai dans le Cadran de la Destinée ?

🕵️‍♂️ Un mystère digne des plus grandes aventures archéologiques !
🔎 Plonge dans cette énigme scientifique et découvre l’histoire fascinante de la machine d’Anticythère.

🎧 Disponible dès maintenant sur toutes les plateformes d’écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Lorsque ce petit bolide atteindra 48 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose d'idéal.

  • Speaker #1

    Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.

  • Speaker #0

    Rien de tout ça derrière.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que le réel ?

  • Speaker #0

    La seule variable constante est l'inattendu.

  • Speaker #1

    On ne peut pas la contrôler.

  • Speaker #0

    Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures. Elles, elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros de tout. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet de décollage.

  • Speaker #1

    Et 3, 2, 1...

  • Speaker #0

    Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans ce nouvel épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Aujourd'hui, je suis au Van der Waal de Mons. Sur la table, il y a une bière et un soft. Et je te laisse déterminer qui boit quoi. Et j'accueille un habitué du podcast. Salut Francesco.

  • Speaker #1

    Salut Max.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Et toi ?

  • Speaker #0

    Très très bien, très content de parler avec toi de ce sujet qui te tient à cœur. Mais avant ça, j'aimerais rapidement que tu prennes quelques minutes pour te présenter. Dis-moi, qui est Francesco Lobué ?

  • Speaker #1

    Alors, qui je suis ? En fait, je suis le directeur du MUMONS, je suis physicien de formation et je suis un grand passionné d'astronomie et de physique et aussi de l'histoire de l'astronomie et de la physique. À l'époque où je faisais ma thèse avec les copains, on a commencé à lancer un club d'astro. On a commencé à faire de la vulgarisation et de fil en aiguille, on a commencé à organiser des conférences, à écrire des revues, à organiser des événements et puis on s'est dit tiens, ce qui marche bien avec l'astro, on pourrait l'élargir à la physique, et puis à la bio, et puis à la chimie, et tout ça peu à peu, sur près de 20 à 30 ans, ça a donné naissance au MUMONS.

  • Speaker #0

    Et le sujet dont on va parler aujourd'hui, c'est un sujet dont tu t'intéresses depuis plusieurs années. J'ai eu la chance de voir un peu l'évolution de la connaissance qui s'est construite autour de ce sujet. On va parler de la machine denticitaire et on va la connecter... très très légèrement, je te l'accorde parce que ils en ont fait un peu n'importe quoi dans le film mais c'est rien, on va quand même en parler on va la connecter en fait au dernier Indiana Jones, donc celui qui parle de ce fameux cadran de la destinée qu'ils appellent Antiquitera dans le film, et avant d'aller plus loin, est-ce que tu peux nous expliquer non pas dans le film, parce que comme je l'ai dit ils en ont fait un peu n'importe quoi, mais bien dans la réalité qu'est-ce que c'est la machine denticitaire ?

  • Speaker #1

    Alors là évidemment il y a une enquête de 120 ans derrière, mais en résumé ... C'est une machine qui a la taille d'une boîte à chaussures. Tout ça ce sont des spéculations parce qu'évidemment elle n'est plus intacte, on n'en a que des morceaux. Sur laquelle, sur la face avant, il y avait un espèce de grand cadran circulaire avec probablement un système qui permettait de montrer la position du Soleil, de la Lune, très probablement des cinq planètes visibles à l'œil nu, tout au long du ciel, la partie du ciel qu'on appelle le Zodiac. Et donc il y avait une manivelle sur le côté, on faisait tourner cette manivelle. Et on voyait au cours du temps les astres qui se déplaçaient tout au long de leur constellation avec leurs propres mouvements, mouvements qui font des fois des marches arrière, etc. Il y avait toute une partie calendrier aussi sur ce cadran, puis toute une série de textes autour du cadran. Et puis de l'autre côté, partie arrière de la boîte à chaussures, il y a cinq cadrans, dont deux principaux, qui ont la forme de spirales. Et ces cadrans sont très sophistiqués, il leur faut beaucoup de temps pour les comprendre. Et le cadran du haut... Il fait appel à ce qu'on appelle le cycle métonique, ça fait un peu peur, moi je ne connaissais pas non plus avant. Et c'est un cycle très sophistiqué, un cycle céleste qui a été découvert par les Babyloniens et qui fait le lien entre, on va dire, les mouvements de la lune et du soleil et le lien entre les calendriers solaires et les calendriers lunaires. Parce qu'évidemment, chaque peuple avait son propre calendrier et il fallait absolument que les calendriers puissent continuer à coller les uns aux autres, qu'un calendrier lunaire puisse continuer à coller avec ce qui se passe réellement au niveau des saisons, etc. Donc c'est un cadre qui est lié à ça. Et puis en bas, il y a un autre cadran en spirale qui est extraordinaire lui, et qui lui suit un cycle de 18 ans et qui prédit les éclipses. Plus plein de petits cadrans supplémentaires, notamment un qui vous donne tous les Jeux Olympiques, les Jeux Panhelleniques, etc. Et cette boîte à chaussures, elle a une petite porte à l'avant, une petite porte derrière, et sur laquelle, sur une des portes, on a le mode d'emploi de la magie.

  • Speaker #0

    Alors, moi quand tu me racontes tout ça, ça me fait un peu penser à une horloge astronomique assez complexe. Tu nous dis qu'il y a 120 ans d'enquête derrière pour comprendre cette machine, mais tu nous as pas encore dit de a priori de quand date cette machine, de quand on la redécouvre, et de toute l'histoire de sa découverte et de tout ce qu'il y a autour au final. Parce que dans le film Indiana Jones, on voit que pendant le régime nazi, il trouve un morceau du cadran qui a une espèce de chasse au trésor pour aller chercher la deuxième partie, et attention, spoil, a priori c'est une machine à voyager dans le temps.

  • Speaker #1

    Alors, la machine... On pense qu'elle est datée de moins 200 à moins 100. Les dernières études penchent plutôt vers moins 205, pour être précis. Et c'est une machine qui est invraisemblable parce qu'elle est d'une sophistication inimaginable. Dedans, il y a un nombre d'engrenages, de systèmes extrêmement raffinés. Et en fait, la seule machine qui est plus sophistiquée que celle-là, il faut attendre 16 siècles avant de l'avoir arrivée. On est à la fin du 14e siècle. C'est une machine qu'on appelle l'Astrarium, qui a été construite en Italie, dont on a retrouvé les plans, etc. Et donc, on ne comprend pas ce qui s'est passé entre, en gros... Cette période de l'Antiquité où on a une machine incroyable qu'on ne pensait pas être possible, et puis pratiquement rien, et puis on retrouve une machine comme ça plus tard dans l'histoire.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, au moment de sa découverte, et au moment où les archéologues, les chercheurs commencent à travailler sur cette machine denticitaire, il y a toute une polémique pour savoir de quand elle date. Parce que cette machine apparaît tellement complexe par rapport à ce qu'on connaît à l'époque. que les gens disent oui mais non c'est un faux qu'on est venu placer dans cette épave. Donc est-ce que tu peux déjà aussi nous raconter un petit peu l'histoire de la découverte ? Comment on découvre un jour cette machine ?

  • Speaker #1

    Je vais le faire, mais les gens qui ont travaillé sur la machine racontent que, pour que vous vous rendiez compte du choc psychologique qu'a eu cette machine sur les gens, c'est comme si, imaginez la première fois qu'on rentre à l'intérieur de la chambre du pharaon dans une pyramide, bon, on s'attend à trouver des choses de l'Egypte antique, et puis on tombe sur une bombe atomique à l'intérieur. Et on se dit comment c'est possible qu'une bombe atomique soit là-dedans ? Découvrir la machine anticitaire là où on l'a découvert, ça a le même impact. Il y a un objet qui a 16 siècles d'avance sur tout ce qui va autour. A un tel point qu'il y a des lolos qui ont imaginé que, en fait, c'était un morceau d'un vaisseau spatial qui servait à naviguer dans l'espace intersidéral et qui s'est retrouvé là, dans la mer. On a eu tout et n'importe quoi. Alors, l'histoire de la découverte, elle est vraiment belle. On est en 1900, il y a un équipage de pêcheurs d'éponge. C'est un équipage grec. Donc eux, en fait, à la base, ils vivent sur l'île de Simi. C'est une petite île qui est vraiment très réputée pour la qualité de ses plongeurs. Et c'est le début, en fait, des scaphandres. Alors l'équipage en question a un scaphandre et il part tout l'été plonger du côté de la Libye, de la Tunisie. Et il plonge à grande profondeur pour trouver des éponges naturelles. Et une fois que la cale est remplie, il quitte la Libye, la Tunisie. Ils traversent la mer Régé, etc. Et ils retournent sur l'île de Simi. Et puis, on est à l'automne 1900. L'équipe retourne chez elle. Et au moment où le navire traverse le détroit qui est entre le Péloponnèse et la Crète, ils sont pris dans une tempête terrible. C'est comme dans les films. Et là, ils sont absolument dans l'obligation de trouver un port pour protéger le bateau. Il se fait qu'ils ne sont pas loin de l'île d'Anticitaire. Donc, en fait, on a le Péloponnèse. Il y a l'île de Citer qui est connue. Et puis il y a Anticiter qui veut dire en face de Citer. Et donc, ils mouillent l'encre à Anticiter. Trois jours après, la tempête se calme. Et là, il y a un des jeunes plongeurs qui dit, tant qu'on est ici, on va plonger pour voir s'il y a aussi des éponges. Et donc, ils vont commencer à déplacer le navire le long des côtes d'Anticiter. Et à un moment donné, le jeune... Tout son nom,

  • Speaker #0

    machine d'Anticiter.

  • Speaker #1

    Au départ, le terme machine d'Anticiter ou mécanisme d'Anticiter... ne viendra que bien plus tard, dans les années septembre, on va l'appeler comme ça. Et donc le jeune plongeur, il est sous l'eau, et puis subitement, cinq minutes après, il déploie le signal d'alerte, qui est de tirer sur le cordon d'alimentation en air, on le remonte rapidos, et là, quand il enlève son casque, il est dans un état de panique absolument épouvantable, et il dit, j'ai vu des morts, des cadavres, il y a des hommes, des femmes, des chevaux. Alors le capitaine est convaincu qu'en fait il est attaqué par le mal des profondeurs. C'est une époque où il y a beaucoup d'accidents avec les scaphandres, il y a des paralysies, il y a des morts. On ne maîtrise pas bien les paliers de décompression, etc. Et donc le capitaine dit je vais plonger moi. Et en fait ce qu'il comprend c'est que par 40 mètres de fond environ, il y a effectivement un amoncellement de choses. Mais ce ne sont pas des corps, ce sont des statues. Et donc il voit un amoncellement de statues en bronze, de statues en marbre. Et en fait c'est l'épave... d'un bateau antique, mais probablement avec la cargaison la plus riche qu'on ait jamais tout découvert. Et en fait, que fait le capitaine ? Il ramasse un morceau d'un bras de statue en bronze, il les ramène et ils se disent « bon, qu'est-ce qu'on fait ? Soit on essaie de rapatrier nous ce qu'on a trouvé au fond en levant au marché noir, ou alors on essaie de convaincre le gouvernement grec de financer la fouille en espérant qu'il nous finance nous en tant que plongeurs. » De fil en aiguille, ils connaissent des gens qui connaissent des gens. Ils arrivent à Athènes et ils ont un rendez-vous avec le ministre de la Culture et de l'Éducation, Spyridon Stahis. Et ils disent voilà, donc il prend le bras, il met sur la table, il dit voilà, on a trouvé une éparve incroyable. Si vous nous financez, on vous dit où c'est. En fait, ils n'ont pas voulu dire où c'était. Et c'est une période où la Grèce est en guerre avec la Turquie, il y a des tensions, et le fait de tout ce qui peut faire rehausser le prestige grec est important. La culture grecque. Et donc, on va financer une expédition qui est la première expédition de fouilles sous-marines scientifiques. On n'avait jamais fait ça avant. Donc au départ, ils vont aller avec des grands bateaux, mais ce n'était pas adapté, etc. Ils vont trouver un modus operandi et ils vont fouiller pendant pratiquement dix mois. Et tout ce qui est en fait découvert à Anticythère est tout de suite ramené au musée archéologique d'Athènes. Et au début, les gens se concentrent sur quoi ? Sur tout ce qui est spectaculaire. Donc c'est les statues. Le but, c'était de reconstituer ces statues. Ici, aujourd'hui, vous allez au musée archéologique d'Athènes. Je pense qu'il y a plusieurs salles qui sont liées à l'épave d'Anticythère. Et il y a notamment une statue magnifique qu'on appelle l'Ephèbe, un jeune homme avec un regard très perçant comme ça. Donc voilà. Et puis, en novembre 1901 environ, Il n'y a plus grand-chose à prendre, on décide d'arrêter. Il y a quand même eu un mort, des paralysés, ça n'a pas été sans dégâts. Et on arrête les fouilles. Et puis au mois de mai 1902, le fameux ministre qui avait financé les fouilles, il n'est plus ministre. Il se promène au musée d'Athènes en tant que touriste avec sa famille. Et il demande aux gens du musée s'ils peuvent accéder aux réserves pour voir ce qu'on a à ramener dans les citaires. Finalement, on lui devait bien ça. Alors il rentre dans la réserve, il voit toutes les statues, etc. Et puis, son regard est attiré par un petit objet qui a probablement, je dirais, on va dire comme une grosse orange, bourré de concrétion, avec des reflets métalliques qui traînent sur une étagère. Ils se rapprochent et ils se rendent compte que l'objet s'est cassé en deux. En fait, sous l'effet de l'oxygène, il y a des réactions chimiques qui se mettent en route. Et donc, la protection dont bénéficiaient les objets sur la mer n'est plus là. Et donc, l'objet, manifestement, s'est cassé en deux. Et à sa grande stupéfaction... il se rend compte qu'il y a des engrenages dedans. Mais c'est complètement anachronique. A l'époque, on ne sait pas de quand est daté le bateau, mais les engrenages à l'époque grec ou romaine, ça ne colle pas avec ce que le sens commun peut imaginer. Mais il n'en voit pas un ou deux, il en voit beaucoup. Et puis, il voit qu'il y a des inscriptions en grec ancien. Évidemment, on est à Athènes, donc ce n'est pas difficile de trouver des experts. Comme l'objet a été trouvé dans un bateau, on se dit qu'il faut faire venir les experts de l'histoire de la marine. qui débarquent, des archéologues, des spécialistes de grec ancien. Et là, c'est la folie. Ça commence à flûter dans la presse. Et la presse locale s'en donne un corps de joie. J'ai une immense découverte au Musée archéologique d'Athènes. Et donc, on a comme ça la trace de toutes les publications au jour le jour. Et donc, on peut parler vraiment de l'avancement des découvertes presque à la minute. Et là, il y a des tensions qui commencent à apparaître. Parce que certains disent, oui mais non, ce bateau, ça doit être un bateau romain du IVe siècle après Jésus-Christ. Et s'il était aussi riche, c'est parce qu'à cette époque-là, Byzance était en train de se développer, Constantinople. Et donc, c'est un bateau qui amenait plein de richesses à Byzance, parce que la nouvelle capitale de l'Empire, etc. D'autres disent non, non, non, c'est pas ça, c'est pas du tout ça. C'est pas le IVe siècle après Jésus-Christ, c'est le IIe siècle avant Jésus-Christ. Et c'est un bateau romain qui a été pillé. Il faisait certainement partie d'une flotte qui a été pillée, les grandes colonies d'Asie mineure. Et là, il ramenait le butin à Rome. Et donc, six siècles de différence. Au niveau de la datation, je passe des détails. La datation aujourd'hui, elle a été réglée comment ? Parce que bien plus tard, dans les années 70, 1970, le fameux commandant Cousteau, dont certains se souviennent encore, il a plongé en Tessitère à deux reprises et là, on a trouvé des pièces de monnaie. Les pièces de monnaie, ça permet de dater exactement. Donc, on sait que l'épave, elle date entre moins 60 à moins 70. Donc, on a une erreur de 10 ans, on va dire, au total.

  • Speaker #0

    C'est négligeable.

  • Speaker #1

    C'est négligeable. Et évidemment, ça ne veut rien dire sur la datation de l'objet.

  • Speaker #0

    Oui, mais elle ne peut pas dater d'après.

  • Speaker #1

    Alors, depuis 120 ans, les papiers scientifiques ne sont pas arrêtés d'être publiés. Et il y a trois articles de recherche qui sont contrôlés sur des axes complètement différents. Ça semble complètement loufoque, mais les trois papiers donnent la même date. Environ moins de 205. Et cette date de moins de 205, elle a aussi son importance. On va essayer de comprendre après qui l'a construite, où on l'a construite.

  • Speaker #0

    Ok, alors avant justement de s'intéresser à qui l'a construite, à quoi elle servait, comment elle se retrouve sur ce bateau aussi peut-être, puisque le bateau, il daterait plutôt de 60-70 et qu'elle a plus de 100 ans au moment où elle est sur le bateau a priori. Comment toi, Francesco, tu retrouves la trace de cette machine et comment tu te dis à un moment, en fait, il faut faire un truc sur cette machine ? Francesco ? Quand même, pour que l'auditeur et l'auditrice en soient conscients, où on en est pour l'instant, nous, sur le projet Anticitaire, c'est que tu as acheté des plans 3D sur Internet, je ne sais pas où, et on va essayer de la reproduire en 3D.

  • Speaker #1

    Au minimum, on s'en aime bien les grains de folie. Et donc, en fait, dans le chanel, quand on démarre avec un truc comme ça qui nous passionne, qui nous obsède, on est dans l'obsession, on ne sait même plus la folie. En général, on tire sur la ficelle et puis on y dérange une autre. Et ça va permettre de faire des choses super pour le public qui viendra écouter tout ça. Comment je m'intéresse à l'astronomie ? J'avais déjà entendu vaguement parler de ce mécanisme, mais sans plus. Et puis, c'était avant le confinement, ça devait être en 2016 à mon avis, quelque chose comme ça. Je décidais qu'on consacrerait bien une conférence à ça. Et donc, il y a un gars qui faisait de la vulgarisation en France. C'était un matheux en fait. Et j'invite le gars, et le gars vient nous parler de la machine. Alors je connaissais les grandes lignes, mais ce que le gars nous a raconté m'a vraiment stupéfait. Il a commencé à expliquer quelques éléments de l'historique, de comment on a compris, mais il s'est concentré vraiment sur ce que la machine montrait. Et moi qui pensais bien connaître l'astronomie, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de cycles astronomiques naturels que je ne connaissais pas. Et plus on avance, plus on est vraiment bouche bée, pour ne pas dire qu'on reste sur le cul, quand on voit ce que cette machine faisait, et la technologie qui est employée dedans. Donc voilà, on est fasciné par ça. Et donc la conférence est toujours sur notre chaîne YouTube. Et puis l'année qui suit, on invite un autre conférencier qui faisait de l'azététique. Alors l'azététique, c'est une espèce de méthode, si tu veux, pour se dire, OK, on me raconte ça depuis toujours, mais est-ce que je suis sûr que c'est vrai ? Et donc le gars est venu, il s'appelle Frédéric Duquesne, il avait fait toute une série de bouquins, et il vient traiter de trois sujets qui ont un lien avec l'astronomie. Est-ce que les pyramides de Khéops ont un lien avec Orion ? Parce que tout le monde raconte ça, dans les alignements, dans les machins. Est-ce que les fraises qu'il y a sur Lascaux, c'est un planétariog ? Il y a même eu un reportage sur Arte là-dessus. Et puis il dit, écoute de la machine anticitaire. Je trouve ça intéressant parce qu'on en avait parlé juste avant. Et en fait, ce gars, ce conférencier nous dit, on m'a demandé de faire un petit bouquin sur Anticiter. J'ai commencé à creuser. Et comme tout le monde, il tombe sous le charme, il est complètement séduit. Et comme il fait de l'acététique, il se dit, ouais, mais est-ce que je suis sûr que tout ce qu'on me raconte est vrai ? On dit que la machine, elle est, on va dire, du deuxième siècle avant Jésus-Christ. Mais est-ce qu'on en est sûr ? Est-ce qu'il n'y aurait pas eu une erreur de casting ?

  • Speaker #0

    Parfois, on a pensé que c'était quelqu'un qui était venu déposer cette machine.

  • Speaker #1

    Alors lui, ce n'est pas ce qu'il disait. Lui, il dit, moi, je ne demande pas mieux que cette machine, elle date du deuxième siècle avant Jésus-Christ, parce que c'est extraordinaire. Mais objectivement, je peux me poser la question de savoir, est-ce que par hasard, et sans qu'il y ait forcément une volonté de malversation, est-ce que par hasard, les gens qui gèrent la réserve du musée d'Athènes, ne se serait pas trompé que cet objet venait d'ailleurs et qu'il s'est retrouvé sur l'étagère où il y avait les éléments denticitaires, soit fait par hasard. Ou bien, est-ce qu'on a retrouvé cet objet dans l'épave denticitaire réellement, mais qui viendrait d'une autre épave bien plus récente ? On a le droit de se poser la question. Alors, il va lui raconter qu'il lui dit qu'il suffirait d'analyser le métal, et il va lui dire qu'on ne veut pas répondre. Donc, il se dit quand même, peut-être qu'on n'a pas envie de savoir. Et puis, il dit, je cherche sur Internet, voir s'il n'y a pas des constructions analogues, en fait. Et il se rend compte qu'à la Renaissance, il y avait des horloges astronomiques d'une sophistication tout à fait équivalente. Et il se rend compte qu'à quelques rues de chez lui, parce qu'il habite à Paris, il y a un des musées qui a une de ces horloges. Il va y voir, il dit, mais finalement, c'est tout à fait équivalent à Anticythère. Donc, il dit, peut-être qu'Anticythère, ce n'est pas de l'Antiquité, mais c'est de la Renaissance, en fait. Mais aujourd'hui, tout ça a été balayé vraiment parce que les études sont devenues tellement pointues sur le sujet qu'il n'y a plus absolument aucun doute. Le mécanisme anticitaire, il date vraiment de l'Antiquité. Alors, est-ce qu'il date de moins 100, de moins 150, de moins 205 ? Peu importe, mais c'est vraiment de l'Antiquité.

  • Speaker #0

    Il y a plein de questions qui me viennent comme ça. D'abord, comment on explique, selon toi, que cette machine date de moins 200 et qu'après, il faut attendre la fin du XIVe siècle pour avoir une machine aussi complexe ? Est-ce qu'il y a des hypothèses ? Est-ce qu'il y a des certitudes ? Comment ça se fait que j'ai l'impression que la technologie de l'engrenage, en quelque sorte, disparaît en fait et réémerge ensuite ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, quand on lit un peu ce qui existe sur le sujet, on se rend compte qu'on a deux engrenages vraiment basiques.

  • Speaker #0

    Elles comporteront combien d'engrenages à la machine ?

  • Speaker #1

    Actuellement, à l'intérieur, il en reste un peu moins de 30 et on pense qu'elle devait en avoir probablement 60 à 70.

  • Speaker #0

    C'est énorme, avec une précision assez...

  • Speaker #1

    Une précision, donc chaque dent, les dents sont environ 1 mm, 1,5 mm de longueur. Il y a quand même des roues qui ont 223 dents, je ne sais pas si tu imagines.

  • Speaker #0

    Surtout qu'il faut diviser un cercle en 223 parties, plus ou moins égales. En plus,

  • Speaker #1

    il y a plein de questions. Il y a un département aujourd'hui à l'Université de Londres. qui ne fait que travailler sur la machine, c'est pour dire à quel point c'est démentiel. Et puis bon, je spoil un peu, mais on va découvrir qu'à l'intérieur de la machine, en fait, il y avait encore le mode d'emploi et on est en train de le déchiffrer. Donc on a aussi des milliers de caractères grecs gravés sur du bronze. Et là aussi, on est à 1,5 mm, 2 mm pour chaque caractère. On ne connaît aucune surface aujourd'hui, de cette époque-là, en bronze qui a autant de caractères. Donc toutes ces questions de technologie se posent. Alors donc, on sait qu'on a... deux engrenages qui ont une forme d'anneau un peu grossier qui remontent à la Chine du 4e siècle avant Jésus-Christ. On sait qu'il y a un gars, on va dire qu'il y a une petite dynastie à Alexandrie, 1er siècle environ, 2e siècle, un gars comme Héron d'Alexandrie qui construisait des automates, donc des trucs un peu basiques, mais quand même. Donc des machines où il y a un petit oiseau qui est piloté par des engrenages qui sont même pilotés par l'arrivée d'eau. Le petit oiseau tourne et il émet des sons qui... qui voulait représenter le champ des oiseaux. Donc on sait qu'il y a des automates très simples qui étaient faits. Donc quelques engrenages, mais rien à voir au niveau complexitaire et quanticitaire. On a un cadran solaire calendrier de l'an 500 environ à Byzance.

  • Speaker #0

    Mais déjà 700 ans plus tard.

  • Speaker #1

    Avec quelques engrenages, pas beaucoup. Et puis il y a un astrolabe de 1221.

  • Speaker #0

    L'astrolabe t'aime bien aussi. On a déjà fait un podcast dessus.

  • Speaker #1

    Et puis lui vient de disparaître en Iran. Où là il y a quelques engrenages qui montrent la phase de la Lune. Et puis, il faut attendre le XIVe siècle pour avoir la machine aussi sophistiquée. Donc, la question, c'est qu'est-ce qui s'est passé entre tout ça ? Est-ce qu'il y a eu une filiation et qu'en réalité, la science des engrenages n'a jamais été oubliée ? C'est juste que les artefacts ont disparu, parce que comme ils sont faits en métal, le métal, c'est précieux. Et qu'à un moment donné, quand on n'a plus l'utilité d'un objet en métal, on le fond. Ou bien, est-ce que réellement, les Grecs n'ont pas compris la pertinence de ce qu'ils avaient inventé et que la transition ne s'est pas faite ? Il y a Arthur C. Clarke, le fameux auteur de Domina l'université de l'espace, il dit que si les Grecs avaient perçu la puissance qu'ils venaient d'inventer là, probablement que la révolution industrielle serait arrivée mille ans plus tôt. Je ne sais pas si ça aurait été une bonne chose pour l'environnement, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Ce sera le sujet d'un autre podcast si tu veux.

  • Speaker #1

    Il disait aussi, il écrit ça en 1975, donc on est juste après l'émission Apollo. Il dit que si on avait continué dans la lignée d'Antizitaire, aujourd'hui l'humanité ne tournerait pas autour de la Lune. elle tournerait autour des autres étoiles.

  • Speaker #0

    Pour te dire le changement de paradigme que ça pouvait opérer.

  • Speaker #1

    Et puis il n'y a pas une question qui se pose, c'est pourquoi on n'en a qu'une de machine ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'une machine comme ça, tu pourrais te dire que ça a été, je caricature, mais fabriquée en série, ou qu'au moins dans toutes les grandes villes, il y en avait une.

  • Speaker #1

    Ce qui est certain, c'est qu'il est rigoureusement impossible, mais vraiment impossible, que quelqu'un puisse imaginer du premier coup une machine qui a tel niveau de raffinement. Ce n'est pas possible. Donc il a dû y avoir des prototypes avant. Certainement que... Plusieurs personnes ont dû bosser sur la machine. Est-ce qu'il y avait une école ? Est-ce qu'il y avait une tradition ? C'est qui s'en qui se pose ?

  • Speaker #0

    Justement, tu parles d'école, tu parles de transition. Est-ce qu'on n'en sait plus sur qui aurait construit cette machine ? En sachant, je me rattache toujours un peu au film d'Indiana Jones, eux, ils postulent que c'est Archimède, qu'ils l'auraient imaginé et qu'ils l'auraient construite. Est-ce qu'on n'en sait plus sur la provenance du bateau ? Qu'est-ce qu'on sait de l'histoire de cette machine ? Et que nous disent les textes qu'on a déjà décryptés au final ?

  • Speaker #1

    Alors ce qui est très intéressant, c'est qu'en fait les fouilles en anti-sitter continue toujours. Donc chaque année, durant l'été, il y a un mois de fouilles qui est organisé par des universités parmi les plus préciseuses. Donc on continue à chercher. Alors pas forcément... Alors évidemment le rêve serait de trouver le morceau qui manque, un peu comme dans le film. Alors tout le monde s'est un peu excité en 2017, parce qu'en 2017 on a découvert un disque de bronze avec un dessin d'un taureau je pense dedans. Alors la version officielle, c'est qu'elle n'a rien à voir avec anti-sitter. Il y en a l'un ou l'autre qui continuent à fabuler, mais voilà. Et donc, en fait, on fouille aussi pour comprendre les techniques de construction du bateau lui-même. Donc, il y a d'autres questions que la machine qui se posent. En résumé, les scientifiques ont exploré différentes pistes pour comprendre d'où venait la machine, d'où venait le bateau. Et aucune des pistes ne donne... des réponses compatibles entre elles. Je vais en citer l'une ou l'autre. Sur la machine, on a différents calendriers. Il faut savoir que dans la Grèce antique, ce n'est pas comme aujourd'hui. Aujourd'hui, on a un calendrier qui est commun pratiquement à la Terre entière. A l'époque, ce n'est pas comme ça. Chaque cité grecque a son propre calendrier. Ce qui n'est pas simple. Certains se basent sur la Lune, d'autres sur le Soleil, d'autres se basent sur la troisième année du règne du roi, machin. D'autres, c'est à la Xème Olympiade. Et donc la machine a aussi un rôle de pouvoir synchroniser tous ces calendriers, on suppose. Mais sur le fameux cadran métonique, selon un peu savant, de 19 ans, il y a un calendrier qui est repris là-dessus. Parce qu'il y a plein de calendriers, mais là il y en a un. Et donc il y a 12 mois qui sont repris. Et quand on regarde le nom des 12 mois... On se rend compte qu'il y en a 7 sur les 12 qui correspondent exactement au calendrier qu'on a découvert à Tormine en Sicile, qui est une colonie de Syracuse. Syracuse est elle-même une colonie de Corinthe, et donc ce calendrier qu'on a à Tormine est probablement un calendrier d'application à Syracuse, probablement d'application aussi à Corinthe. Donc du coup ça, ça va dans le sens de dire, Syracuse ça colle, évidemment.

  • Speaker #0

    Ça colle avec Archimède alors, parce qu'Archimède se trouve à Syracuse. lorsque Syracuse est assiégé aussi. Alors,

  • Speaker #1

    ce qui se passe, c'est que Archimède, c'est l'un des plus grands savants de tous les temps, en tout cas de l'Antiquité. Lui, il est là à l'époque grecque de la Sicile. Et puis, Syracuse est assiégé par les Romains en moins 212. C'est-à-dire, quand je parlais 205, moins 212. Et la légende et l'histoire racontent qu'Archimède a développé des machines invraisemblables qui ont permis, en fait, de ralentir la prise de Syracuse. Des machines capables de soulever les bâtiments. Cateau romain dans le port.

  • Speaker #0

    La théorie des miroirs.

  • Speaker #1

    Là, c'est plus des connards, mais ça a alimenté la science pour longtemps.

  • Speaker #0

    Je parle de la théorie des miroirs parce qu'on le voit dans Indiana Jones. Au tout début du film, il explique, justement, il pose la question. Oui, mais est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est faux ? Et il parle un peu de cette archéologie qu'il essaie de reconstituer pour voir si c'est possible.

  • Speaker #1

    Et donc, Archimède, on sait qu'il a fabriqué. Il y a des textes qui racontent qu'Archimède a construit une machine qui s'appelle la sphère. Alors la sphère, il ne faut pas imaginer une boule, mais c'est la sphère au sens du ciel. Pourquoi ? Parce que Cicéron, de mémoire je pense qu'il a vécu, je pense à l'époque de l'épave, on va vérifier les dates, Cicéron raconte deux choses incroyables. Il dit, le petit-fils du général Marcellus, qui est le général qui a fait le siège de Syracuse, dispose d'une machine que son grand-père Marcellus a ramenée de Syracuse, qui était la machine d'Archimède. Et que cette machine, en fait, montrait tous les mouvements du ciel, les planètes, etc. Donc, on ne sait pas si cette partie-là est une affabulation ou si elle est réelle. Et que donc, on peut imaginer que même si la machine, elle est postérieure à la mort d'Archimède, on se dit que la machine est tellement sophistiquée, on peut imaginer que c'est Archimède qui l'a inventée.

  • Speaker #0

    Qui aurait fait les plans, par exemple.

  • Speaker #1

    Qui aurait fait les plans, ou qui l'aurait reconstruite, et que ses élèves ont continué. Parce que Syracuse était au top de sa splendeur à cette époque-là, et elle a continué à rayonner pendant un certain temps.

  • Speaker #0

    Il faut savoir qu'Archimède meurt dans mes souvenirs au siège de Syracuse.

  • Speaker #1

    Alors Archimède c'est ça, les Romains évidemment ont intérêt à ce qu'Archimède soit capturé vivant, et donc Marcellus dit à ses ouailles « Capturez Archimède vivant » . Et la légende raconte que le soldat romain n'a pas reconnu Archimède qui, dit-on, était complètement perdu dans ses calculs. Bon là il y a vraiment un peu de…

  • Speaker #0

    Une légende urbaine on va dire.

  • Speaker #1

    Et donc on l'a tué de dos et on a fait une grosse connerie. Et donc, on peut imaginer que c'est Archimède qui a construit les premières machines comme ça, qu'il avait une école avec des disciples, et que donc, ce n'est pas étonnant que la tradition de construction de telles machines ait continué un peu plus tard. Et que du coup, Anticitaire est une des machines liées à l'école d'Archimède. Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'Archimède a écrit un bouquin où il explique comment il faisait. Ce bouquin, on ne l'a pas.

  • Speaker #0

    On ne l'a plus. Et comment on sait qu'il a écrit un bouquin ?

  • Speaker #1

    Parce que dans l'Antiquité, en fait, on n'a pas... On a des textes qui sont vraiment des copies de l'Antiquité, des copies de manuscrits de l'Antiquité. Et puis il y a des bouquins qui racontent qu'un tel a fait ceci, un tel a fait cela. Donc on sait que le livre La Sphère existe.

  • Speaker #0

    Et on ne l'a pas encore trouvé.

  • Speaker #1

    Il a existé. Donc un des espoirs des chercheurs, en fait il y a deux espoirs pour en savoir plus. Le premier espoir c'est qu'un jour on découvre une deuxième machine dans une épave qui dort à grande profondeur dans la Méditerranée. Parce que si on y réfléchit, paradoxalement, ce qui a sauvé la machine antisitaire, c'est le naufrage. Probablement que s'il n'y avait pas eu le navire qui a coulé, la machine aurait été refondue avec d'autres et qui est le destin probablement des autres machines du même genre s'il les ait bien existées. Peut-être qu'un jour on en découvrira une.

  • Speaker #0

    Et pourquoi spécifiquement sur cette épave en profondeur ?

  • Speaker #1

    Là je pense que c'est un coup de bol d'être tombé là-dessus.

  • Speaker #0

    Non, quand tu dis qu'il y a l'espoir de trouver une deuxième machine... Dans une épave qui gît plus en profondeur. Il n'y a pas une épave bien ciblée. On espère qu'un jour, il y aurait une autre épave et on trouve un...

  • Speaker #1

    C'est ça. Et en gros, le calme des abysses et protéger ces machines de la folie des hommes. En gros, c'est ça. L'autre espoir, c'est qu'au Moyen-Âge arabe, les Arabes ont fait un... On a consacré une expo là-dessus il y a une quinzaine d'années. Les Arabes ont fait un travail démentiel. Ils ont été envoyés en mission pour le calife Al-Mamoun. On est de mémoire... 9e, 8e siècle, comme ça. Et à un moment donné, ils ont eu comme mission de récolter tous les livres de science et de philosophie écrits dans l'Antiquité.

  • Speaker #0

    dans toutes les langues de l'Antiquité, donc ça pouvait être le latin, le grec, le copte, tout ce qu'on veut. Et les savants arabes ont traduit ces ouvrages dans la langue qu'on appelle vernaculaire de l'époque. Aujourd'hui, la langue vernaculaire, c'est la langue qui permet aux gens de discuter entre eux en science et en anglais. Et à l'époque, c'était l'arabe. Et donc, il y a des centaines de milliers, certains parlent de millions de livres qui ont été comme ça traduits. Mais il faut se rendre compte qu'aujourd'hui, l'œuvre de traduction, on est nulle part en fait. Moi, mon ami Ossam El-Kadem, dont j'ai beaucoup parlé, me disait qu'il y avait au moins un million de livres qui restent encore à traduire. C'est probablement exagéré, mais même si on a des milliers, là-dedans, il y a une mine d'or, par exemple. Ici, à Lille, il y a un service de recherche qui travaille sur les mathématiques arabes. Et il y a des trucs incroyables qu'ils ont découvert dans les dernières années. Et donc, rien ne nous le dit que dans ce gigantesque ensemble de livres scientifiques arabes, il n'y a pas une copie de la sphère d'Archimède. Ça, ce serait trop cool. Voilà.

  • Speaker #1

    On ne voit plus Francesco pendant deux mois.

  • Speaker #0

    Et donc, en gros, il y a une hypothèse, c'est Archimède. Et c'est l'hypothèse qui a été considérée comme la plus vraisemblable dans le film Indiana Jones. Et puis, il y en a une autre qui est intéressante aussi. C'est Cicéron qui, dans un de ses textes, « Je suis allé voir mon ami Posidonius à Rhodes. » Et Posidonius a construit une machine qui montre, qui raconte, je pense qu'il va même jusqu'à dire qu'il explique qu'il fait un mouvement. uniforme, avec une manivelle en gros, et que la machine montre tous les mouvements du ciel, planètes, étoiles, etc. Et il raconte même que si, en gros, les barbares qui vivent en Écosse, aux confins de l'Empire romain, découvraient une machine comme ça, est-ce qu'ils se rendraient compte que dedans, il y a vraiment des mécanismes ? Et ça, c'est intéressant, parce que, en posidonus, il est connu par différentes allusions, il connaît beaucoup de connaissances en astronomie, mais Rode a une tradition en astronomie. Parce que quelques siècles avant, il y a eu Hipparche. Hipparche, c'est un des plus grands astronomes de l'Antiquité, qui a fait un fameux catalogue qu'on a redécouvert en partie il y a deux ans. On a eu une conférence là-dessus l'année passée. À Rhodes, il y a eu le premier vulgarisateur de l'astronomie. Moi, je ne connaissais pas avant, il s'appelle Géminos. Et Géminos publiait un bouquin. à l'époque de l'épave anticitaire, c'est ahurissant. Il explique, non pas aux scientifiques, il explique en gros à ceux qui savent lire, tout ce qu'on sait de l'astronomie à l'époque. Donc ce n'est pas un ouvrage de recherche, c'est un ouvrage de vulgarisation. Et quand on prend le sommaire de tout ce dont parle Géminos, tout se trouve dans la machine. Même les techniques de conversion d'un tel calendrier en tel autre, les corrections qu'on amène, on ajoute un mois à tel moment, c'est les techniques de Géminos. C'est impressionnant. Donc, il y a ce lien avec Rhodes qui est là. Et puis, il y a une tradition de maîtrise du métal, parce que tout le côté est technologique. Et on sait qu'à Rhodes, il y avait des ateliers, etc. Donc, Rhodes est un des... Un des candidats potentiels. Et puis, il y a la troisième hypothèse. C'est qu'en fait, c'est ni Archimède, ni Posidonius. C'est un mec qui n'a pas laissé sa trace dans l'histoire. Et finalement, quand on se dit, tiens, le calendrier, c'est le calendrier d'une colonie corinthienne, c'est Aromine, Syracuse ou quoi. Oui. Peut-être qu'il a été fait ailleurs en Grèce et que c'était une commande et que le gars a mis le calendrier de la région où habite le gars qui a fait la commande. On peut tout imaginer et toutes les pistes, en fait, pour l'instant, se cassent les dents parce qu'il n'y a pas assez d'éléments pour trancher.

  • Speaker #1

    Alors, on a parlé de la machine, mais est-ce que le bateau peut donner des pistes sur tout ça ? Est-ce qu'on a des informations sur la route qu'a suivi le bateau, sur le journal de bord peut-être du bateau s'il y en avait un ? Qu'est-ce qu'on a comme informations sur le bateau ?

  • Speaker #0

    Alors ça, ce n'est pas clair. Écoute. Ce qui est certain, c'est qu'on a découvert la cargaison. J'ai encore creusé le sujet, mais il n'y a que depuis pas longtemps qu'on a retrouvé vraiment les éléments de bois, de l'épave. On a vu comment les éléments étaient fixés entre eux, donc c'était une trés particulière. Donc, il n'y a pas très longtemps qu'on étudie l'épave elle-même. Donc, un journal de bord, ce n'est pas possible, ça aurait été le rêve. Et à un moment donné, les gens ont dit que c'était un bateau romain qui allait, comme je disais, soit de Rome vers Constantinople ou l'inverse. Et puis, il y en a qui disent non, c'est probablement même un bateau grec. qu'elle est peut-être d'une région au style de la Crète à ailleurs dans les pires ou que sais-je. Non,

  • Speaker #1

    ce n'est pas un élément déterminant. Plusieurs fois dans l'épisode, tu as parlé de ce que montrait la machine, mais sans vraiment le formaliser. Donc j'aimerais ici que tu nous expliques réellement en tout cas ce que la face avant montre, qu'est-ce qu'on peut s'attendre à voir sur cette face avant. Tu as parlé de calendrier sur la face arrière. Est-ce que tu peux essayer de nous permettre de visualiser cette machine ? Est-ce qu'au final, ça ressemble un petit peu au système solaire mécanique qu'on peut acheter dans le commerce ? actuellement ou c'est complètement autre chose ? Comment on peut se représenter cette boîte à chaussures au-delà d'une boîte en bois complètement fermée ?

  • Speaker #0

    Alors, il faut bien se rendre compte que ce qu'on a trouvé aujourd'hui, qu'est-ce qu'on a comme pièce ? Comme je l'ai dit, quand le fameux ancien ministre découvre dans les réserves l'objet, il n'était qu'à 102. Mais on est là, on était en 1902. Aujourd'hui, on est en 2025. Alors, assez rapidement, il y a un chimiste du musée d'Athènes qui s'est dit qu'il faut qu'on protège l'objet. Donc, il a essayé d'enlever des couches de concrétion. D'ailleurs, en passant, en enlevant les couches de concrétion, il a découvert que des textes s'étaient gravés à l'intérieur de la concrétion et que ça s'était gravé à l'envers. Et donc, en enlevant la concrétion, on a découvert... C'est comme si on a d'autres fréquements de la machine. En gros, il y avait du métal qui a disparu, mais qui a laissé la trace sur l'air. Puis il y a eu la guerre, les chefs fascistes italiens ont envahi Athènes, les pièces les plus importantes on les a planquées à la Banque Nationale, et puis il y a plein de choses qu'on a enterrées dans le jardin du musée pratiquement. Et puis tout ça qu'on a exhumé, il y a des choses qui sont cassées. Aujourd'hui, la machine, elle est en 72 morceaux.

  • Speaker #1

    Il y a plus de morceaux que d'engrenages, excuse-moi ! Oui,

  • Speaker #0

    alors il y a trois morceaux principaux. Les morceaux principaux, ils portent des lettres, ABC, ils sont exposés au musée archéologique, et puis le reste...

  • Speaker #1

    Et tu as des copies chez toi ? Alors...

  • Speaker #0

    Oui, parce que dans notre folie, on s'est dit que ce serait bien que les gens se rendent compte. En fait, on a trouvé un artisan en Turquie qui faisait des moulages. Il y a des cinglés. Il y a un gars, il est complètement à la masse, il fait des moulages de tablettes mésopotamiennes et il faisait des moulages des restes denticitaires. Donc, je l'ai ici.

  • Speaker #1

    La vraie question que je me pose, c'est comment il a eu le moulage de base ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas combien il a fait. Parce que le mécanisme est probablement, je pèse mes mots, c'est probablement l'objet le plus précis de tout le musée d'Athènes. Je ne sais pas si les gens se rendent compte. Le gars,

  • Speaker #1

    il a un moulage dont il fait des copies.

  • Speaker #0

    Un moulage, ou alors il s'est basé sur les photos, je ne sais pas comment il a fait. Et donc, il y a 72 morceaux. Et donc, tout ce que je vais raconter ici, c'est le fruit d'une enquête scientifique. Donc, il n'y a pas un dessin, on ne le voit pas comme ça à l'œil. Les études récentes, ce qui est certain à 100%.

  • Speaker #1

    On a utilisé aussi des technologies vraiment de pointe pour aller voir les différentes couches dans la machine, etc. C'est un peu fou.

  • Speaker #0

    Je t'explique si tu veux. Oui,

  • Speaker #1

    plus vite.

  • Speaker #0

    Mais donc, aujourd'hui, on doit imaginer que, sur la face avant, il y a... Deux cercles concentriques. Sur le cercle extérieur, en gros, c'est le calendrier égyptien. Quand tu dis le calendrier,

  • Speaker #1

    c'est un cercle divisé en différentes parties et des mois dessus.

  • Speaker #0

    Il est très subtil, le calendrier égyptien, parce qu'il est divisé en 365 éléments. Alors, comment ça marche ? Il faut que je me concentre. Il y a 12 mois de 30 jours. Et si tu fais 12 fois 30 ? Ça fait combien ?

  • Speaker #1

    360.

  • Speaker #0

    Il te manque 5 jours et un quart. On va dire qu'il manque 5 jours. Les Égyptiens, ils savaient qu'il manquait 5 jours. Et donc, cet anneau au calendrier, en fait, il était démontable et il pouvait tourner avec des plots pour qu'on puisse le régler et pour que les 5 jours qui manquaient... Donc, en gros. Après, on a un autre anneau qui est l'anneau du Zodiac. Vous allez dire, Francesco, il commence à péter un câble, il fait de l'astrologie. Non, en fait, le Zodiac, c'est un truc qui a une existence tout à fait physique dans le ciel.

  • Speaker #1

    C'est une zone du ciel, en fait.

  • Speaker #0

    C'est une zone du ciel. En fait, l'idée, c'est que si vous observez la Lune, le Soleil, Venus, Jupiter, c'est les astres du système solaire. On ne les voit pas n'importe où dans le ciel. Ces astres se promènent dans une bande du ciel très particulière qu'on appelle le Zodiac. Alors Zodiac, ça veut dire le cercle des animaux, parce que dans Zodiac, il y a le mot zoo, comme genre d'azoologique. Donc Zodiac, cercle des animaux, parce que là-dedans, on a le bélier, les poissons. Donc c'est beaucoup de constellations qui ont un lien avec les animaux. Ariane magique, c'est lié au fait que les planètes sont dans un même plan, c'est ce qu'on voit quand on est sur Terre, peu importe. Et donc, quand on suit le ciel avec un peu d'observation attentive, on se rend compte que la Lune, le soleil de la planète, se déplace le long du Zodiac. Par exemple, Ténécan, Thomas.

  • Speaker #1

    Le 4 décembre 1987.

  • Speaker #0

    Et ton signe, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Théoriquement, Sagittaire, mais je sais ce que tu vas me dire.

  • Speaker #0

    Quand on dit du signe du Sagittaire, c'est parce qu'au mois de décembre, à l'époque de Babylone, le Soleil, évidemment, il est dans le ciel. Et si je pouvais éteindre la lumière, si je pouvais diminuer sa luminosité, je verrais qu'il est devant la constellation du Sagittaire. Et donc, on voit ce Soleil qui se promène le long des constellations du Zodiac.

  • Speaker #1

    Attends, attends, attends, parce que le Soleil, il bouge dans le ciel. Donc, il ne peut pas être toujours dans la constellation du Sagittaire au mois de décembre. Tu comprends ce que je veux dire ? Le Soleil va d'est en ouest, la constellation va aussi d'est en ouest ?

  • Speaker #0

    Oui. Donc en fait, ce qui se passe, c'est ça qui est compliqué à s'imaginer. Pour faciliter, on se place au moment d'une éclipse du Soleil. La Lune est venue éteindre le Soleil, mais évidemment, elle est là. Imaginons que l'éclipse dure toute la journée. Qu'est-ce qu'on verrait ? On verrait le Soleil, autour de lui, on verrait les étoiles. Et on verrait qu'en décembre, autour de lui, il y a la constellation du Sagittaire.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est intéressant, les étoiles et le soleil ont le même mouvement parce que c'est dû à la rotation de la Terre.

  • Speaker #0

    Au cours de la journée, évidemment le soleil va d'est en ouest, les étoiles aussi, fatalement, parce qu'à notre échelle, les étoiles ne bougent pas, le soleil sur une journée, on a l'impression qu'il ne bouge pas, et donc en fait c'est nous qui sommes sur un balcon qui est en train de tourner dans l'autre sens. Vous êtes en bagnole, vous allez vers l'avant, vous savez que c'est vous qui vous déplacez, mais vous avez l'impression que le paysage file vers l'arrière. Nous le paysage c'est quoi ? C'est les constellations et le soleil. Évidemment, le Soleil a un mouvement un peu particulier parce que, au cours de l'année, nous, avec notre petit balcon, on tourne autour du Soleil. Comme on tourne autour du Soleil, notre perspective change. Le paysage qu'on voit depuis la Terre change. Et donc, si en décembre, je vois le Soleil devant le Sagittaire, il est évident que six mois après, moi, je suis avec la Terre à un autre endroit dans l'espace. Et quand je regarde le Soleil, le Soleil, je le vois se projeter devant une autre constellation. Ça veut dire que quand je me mets dans ma vision à moi, de petit terrien qui sort de sa maison et qui regarde ce qui se passe, au cours des jours, je me rends compte qu'en fait le soleil, il change tout doucement de place devant les constellations du Zodiac. Et moi quand je suis né en novembre, en théorie il était dans le scorpion, toi il était dans le sagittaire, mais sur une journée on ne voit pas la différence, mais sur quelques jours on voit que ça change, ce qui fait qu'on a les signes du Zodiac. Et donc en réalité, nous depuis la Terre, on voit le Soleil qui change de place dans le Zodiac, mais en fait, ce n'est pas lui qui change de place, c'est nous qui tournons en vrai autour de lui. Et donc la machine, elle décrit l'univers dans la vision qu'on avait des anciens, une vision qui est géocentrique avec la Terre au centre, mais qui en fait est la vision qu'on a nous quand on va dehors observer le ciel.

  • Speaker #1

    C'est la vision de l'observateur.

  • Speaker #0

    C'est la vision de l'observateur, donc c'est extraordinaire en fait. Ce n'est pas qu'on dit, mais c'est un modèle qui ne peut pas le m'en dépasser. C'est un machin des anciens, ils étaient cons, ils étaient à côté de la plaque. Nous, on est brillant, on a un moeus qui va dans l'espace et on a le modèle héliocentrique. Absolument pas ça. Quand moi je vais dehors, ce que je vois, c'est du géocentrisme. Et donc, cette machine te décrit l'univers. D'ailleurs, dans les textes qu'on a découvert dedans, on te raconte que devant, il y avait Cosmos. Donc, le cadran central à l'avant s'appelle Cosmos. C'est pas rien. C'est l'univers qui reproduit. où tu as la Terre au centre.

  • Speaker #1

    Tu as des petites boules ?

  • Speaker #0

    On ne sait pas. On n'a pas les détails exacts. Ce qui est sûr à 1000%, c'est, parce que là c'est mis dans les textes, il y avait une sphère qui représentait le Soleil et qui faisait le tour du Zodiac. En combien de temps ? Le Soleil a besoin d'un an pour faire le tour du Zodiac. Et donc on voit le Soleil qui fait le tour du Zodiac. C'est l'année. Quand il revient au même endroit, il n'a plus qu'une année. Il y avait une deuxième boule, et ça c'est extraordinaire. On savait qu'il y avait une boule qui représentait la Lune, et qui tourne à sa propre vitesse. Parce qu'évidemment, si vous observez la Lune aujourd'hui, vous allez voir la Lune qui est dans une direction. Demain, à la même heure où la Lune est vraiment décalée vers la gauche, et la Lune fait le tour de la Terre. Alors là c'est un peu subtil, on va dire qu'on a un peu moins d'un mois, pour rentrer dans les détails. Et donc il faut que le rapport de temps... Donc le soleil fait un tour du calendrier de la machine antécitaire, la lune doit faire le bon nombre de tours. Et il y a un rapport exactement entre les deux, et c'est ce fameux cycle de méthons, c'est que les babyloniens s'étaient rendus compte... que quand le soleil fait 19 tours, donc en 19 ans, la Lune fait 254 tours. Et donc la machine...

  • Speaker #1

    Il faut être un peu barche pour, pendant 19 ans, regarder exactement la position de la Lune et se dire, ah ok, putain, là, elle est exactement où elle était il y a 19 ans, et elle a fait 254 tours.

  • Speaker #0

    Non, mais toi qui aimes bien le traitement des données, la technologie, c'est ahurissant. Parce qu'aujourd'hui, si moi... Ah, moi... Si n'importe quel astronome ou scientifique lance un projet de recherche, il accumule les données, il dit, ben voilà, observons le ciel. Qu'est-ce qu'il va faire ? Il va avoir un système qui va repérer les positions. Déjà, on a presque tout automatisé. Il va alimenter une base de données. Le truc va fonctionner pendant des années. Et puis, il va dire, voilà, je vais demander un graphique qui montre l'évolution de la position de la Lune par rapport aux odia, gna gna. Il fait la gravitude, le machin position en fonction du temps. Et il voit qu'il y a un machin périodique, il a la période et c'est fini. Donc, tu accumules les données. Tu traites les données et tu en déduis une loi ou un cycle. Moi, ce que je ne comprends pas, les Babyloniens, ce qu'ils avaient de plus par rapport à nous, c'était un bon ciel. Nous, en Belgique, on a un ciel de merde, on ne voit rien. Eux, ils avaient un ciel dégagé tout le temps, je suppose, ou presque. Mais alors, on peut imaginer avec quoi ils faisaient leurs mesures. Je ne sais pas, admettons. On peut imaginer des grands instruments qui permettent de positionner finement les choses. Ça, ils devaient avoir. Mais les données, tu les mets dans quoi ? Tu les écris sur des tablettes d'argile. Donc, si tu veux voir apparaître ce cycle de 19 ans, tu dois au moins prendre des données sur au moins 19 ans. Mais idéalement...

  • Speaker #1

    Sur deux ou trois cycles, oui.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, en fait, la machine, elle va plus loin parce qu'il y a le cycle de 19 ans, mais qui ne tombe pas juste. C'est 19 ans et un quart. Et donc, la machine, elle est plus précise et il y a un cadran supplémentaire qui donne le cycle de calyphe. Calyphe, c'est quatre fois le cycle de méthode parce que le 19 et un quart, si tu fais fois quatre, ça tombe juste. Ça tombe sur 76 ans, si je ne dis pas de bêtises. Juste comme ça. Et donc les babyloniens connaissaient ça. Donc la question que je me pose c'est comment tu fais ? pour extraire des cycles, probablement de milliers de tablettes en argile, stockées dans une bibliothèque d'un palais royal quelque part, comment tu fais pour avoir les données ? Je ne comprends pas.

  • Speaker #1

    Mais garder l'historique en fait.

  • Speaker #0

    Comment tu gardes l'historique et comment tu analyses ? Tu ne vas pas dire analyse les données, donne-moi le graphique, comment tu fais ?

  • Speaker #1

    C'était leur version à eux du projet Apollo.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Et donc cette machine, elle reproduit... le rapport de déplacement de vitesse et de déplacement apparent du Soleil et de la Lune. Et donc il faut que les engrenages qu'il y a dedans te reproduisent tout ça. Mais ce qu'on a découvert, en fait, il n'y a pas très longtemps, c'est que la boule qui représentait la Lune, elle était peinte à moitié en noir, à moitié en brillant, et elle tournait sur elle-même, on est sûr, parce qu'on a trouvé l'emplacement où elle était encastrée, ça on le voit, et en même temps le texte qu'on a découvert dedans explique ça. Et quand la Lune tourne, fait ses 254 tours pendant que le Soleil en fait 19, elle tourne sur elle-même à la bonne vitesse et elle te donne les phases de la Lune.

  • Speaker #1

    Donc ça veut dire aussi que tu as des engrenages qui doivent bouger en plus dans ce système. Ils ne sont pas tous fixes a priori. Ah,

  • Speaker #0

    voilà. En fait, tu as mis le doigt sur tout ça. Alors, après, se pose la question, mais assez tôt, les gens se sont dit, OK, on a le Soleil, on a la Lune, on a la Lune avec les phases. Est-ce qu'ils n'auraient pas mis les planètes quand même dedans ? Il y en a qui ont dit on n'en sait rien, etc. Et puis, certains ont dit, imaginons à quoi aurait dû ressembler la machine si, connaissant la technologie qu'il y a dedans, connaissant les subtilités qu'ils ont mis dedans...

  • Speaker #1

    Si on avait voulu représenter les planètes. Voilà.

  • Speaker #0

    Et donc, certains ont commencé à faire ça. Il y a le fameux Michael Wright, on peut en parler si tu as envie, qui a fait un modèle fonctionnel, c'est hypothétique, mais c'est faisable avec la technologie de l'époque. Et puis, il y a eu des modèles plus récents qui ont été publiés dans la revue Nature, où là, on a tout ça. Mais ce qui est dingue, c'est que... N'oublie pas, c'est un modèle géocentrique, donc ça correspond à ce que tu vois. Alors, le Soleil, c'est facile. Il se déplace tous les jours un petit peu dans le Zodiac, et après un an, il fait le tour des constellations. La Lune, on le voit à l'œil nu, la Lune d'un jour à l'autre, elle se déplace de façon énorme, parce qu'elle doit faire le tour du ciel en environ un peu moins d'un mois. Les planètes, ça c'est la merde. Si tu prends une planète comme Mars, pour l'instant on voit bien Mars dans le ciel. Mars a un point orangé, qui est tantôt bien visi, tantôt un peu moins. Si tu observes Mars par rapport aux étoiles, qu'est-ce que tu vois ? Pour l'instant, ça marche bien au moment où on enregistre le podcast.

  • Speaker #1

    Donc on enregistre ici au mois de février, à tout début février. Voilà,

  • Speaker #0

    on est dans une période un peu privilégiée. Et il y a quelques semaines, en fait, on voyait Mars qui était à gauche, deux étoiles très brillantes qu'on appelle Castor et Pollux. Et en fait, depuis quelques semaines, on se rend compte que Mars se déplace par rapport à ces étoiles-là. Le mot planète, ça veut dire astre vagabond, en fait, dans le ciel, en grec. Astre vagabond, pourquoi ? Parce que les planètes... n'ont pas les mêmes mouvements que les étoiles. Sur une nuit, ça se comprend de la même façon. On va d'est en ouest, à cause de la rotation de la Terre. Mais de la même manière que le Soleil se déplace le long du Zodiac, les planètes se déplacent aussi le long du Zodiac, chacune à leur propre vitesse. Mars, par exemple, fait le tour du Zodiac en deux ans. Saturne en 29 ans. Et donc, Mars, en général, si tu prends un repère dans le ciel, tu vois que chaque jour, il se déplace un petit peu vers la gauche. Mais là, depuis deux semaines, Mars, il va vers la droite. Ça va durer encore un petit peu. Et puis il va inverser son mouvement, il va repartir vers la gauche pendant deux ans. Donc on dit que Mars dessine des boucles de rétrogradation. Eh bien la machine, a priori, reproduit toutes ces boucles de rétrogradation pour chaque planète à sa propre vitesse. C'est invraisemblable. Mais la partie du mécanisme là, là on l'a perdu. Il y a quelques éléments, mais on a perdu, on a perdu.

  • Speaker #1

    Donc ça c'est vraiment une hypothèse, ou sur base de ce qu'on voit dans la machine, et de ce qu'on lit dans les textes, a priori elle pouvait le montrer.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Alors, justement, et on va terminer là-dessus, je te propose, parce qu'il y a encore plein de choses à raconter. Et tu vas proposer une conférence, a priori, sur le sujet. Oui,

  • Speaker #0

    un peu plus qu'une conférence, on va carrément faire une nuit.

  • Speaker #1

    Voilà, une nuit sur Anticitaire. Est-ce que la recherche moderne, justement, elle converge dans un seul sens, dans une seule direction ? Ou est-ce que, justement, il y a peut-être des clans autour de cette machine d'Anticitaire qui ont des hypothèses différentes, qui s'affrontent ? Est-ce que la recherche autour de cette machine est complètement lisse ? Ou est-ce que, comme on l'a souvent vu dans... dans la recherche et dans parfois les découvertes technologiques, il y a des luttes de clans.

  • Speaker #0

    Alors, comme tout, il y a de la recherche scientifique, mais il y a des personnes, il y a des égaux derrière. Et les enjeux sur Anticitaire sont tellement énormes qu'évidemment, celui qui va percer le mystère de la machine, il rentre dans la légende. Par exemple, toute personne qui parle de la machine Anticitaire, à un moment donné, va citer les quelques scientifiques qui ont bossé dessus. Il y a des noms qui reviennent tout le temps, qui sont rentrés dans la légende. Il y a... direct de Solar Price, il y a Michael Wright, il y a Tony Frith et de ces gens-là. Et donc, il y a eu une bataille d'égo, on va dire depuis la fin des années 90, parce que les gens voulaient vraiment percer la machine. Il y a une multitude de tours de cochons qui ont été faits, une espèce de concurrence entre équipes pas toujours très folichonne qui ont été là. Et en gros, on va dire qu'à l'époque récente, il y a eu deux mouvements majeurs. Il y a eu un gars qui, dans les années 80-90, a commencé à s'intéresser à la machine. A l'époque, personne ne s'intéressait vraiment à ça. Il y a eu quelques personnes avant. Le gars, c'est Michael Vreid, c'était un conservateur du British Museum. Et lui, c'était un physicien. qui a une bonne connaissance en astronomie, c'est un spécialiste d'horlogerie. Donc le gars, il avait tout ce qu'il fallait pour la machine. Mais lui, au musée, son rôle, c'est spécialiste des machines à vapeur de la révolution industrielle. Mais il découvre l'existence de la machine via une publication qui a été faite dans les années 70, qui s'appelle Gears from the Greeks, donc Engrenage depuis les Grecs, c'est l'ouvrage de référence. Lui, il a lu ça, et en fait, il se dit, je dois être con parce que la moitié du livre, je ne comprends rien. Après, il dirague le temps, c'est pas que je ne comprenais rien, c'est que tout ce qui était raconté là-dedans, à la moitié, ça n'avait pas de valeur, c'était de la merde, il y va gros. Et lui, en fait, dans les années 80-90, il prend contact avec le musée d'Athènes et il demande l'autorisation d'aller travailler sur les fragments. Il a l'autorisation, mais il y a un changement dans le management du musée, du British Museum, et en fait, les gens lui disent, écoute, ton boulot, c'est de bosser sur tes collections. Et tu ne perds pas ton temps à autre chose. Donc, le travail, il est ici. Tu as envie de travailler sur ce que tu veux, mais tu travailles après tes heures. Et donc, ce gars n'a aucun moyen. Il est tout seul. Il est convaincu qu'il a tout ce qu'il faut pour résoudre le mystère. La science, la technologie. Un gars qui travaille sur l'horlogerie, il n'y en a pas beaucoup.

  • Speaker #1

    Il aurait pu passer à côté d'une belle découverte.

  • Speaker #0

    Il aurait pu passer à côté d'une belle découverte. Et le gars commence à bosser là-dessus, mais il est un peu désemparé. Et donc, il ne travaille que sur les quelques photos qu'on lui a données. Et puis... Un jour débarque au British Museum un astrophysicien australien qui lui dit « Moi je m'intéresse à la machine de Babbage, c'est l'autre machine de légende du 19e, premier calculateur, etc. » Et donc ils vont travailler ensemble, et comme les archives de Babbage étaient au musée, ils se lient d'amitié, ils font connaissance, ils vont construire une réplique de la machine, et dans les discussions, Wright va parler de la machine à cet astrophysicien-là, dont le nom m'échappe pour l'instant. Et puis, l'Australien repart chez lui et il va commencer à essayer de faire des petites répliques.

  • Speaker #1

    Répliques de la machine ?

  • Speaker #0

    De la machine, avec ce qu'on savait. Donc, c'était tout à côté de la plaque. Et puis, le gars, en fait, il téléphone à Wright et il lui dit, voilà, j'ai demandé au musée d'avoir l'autorisation de travailler sur la machine. Donc, j'ai demandé, j'ai eu l'autorisation. Et donc, ça voulait dire, c'est moi qui vais pouvoir travailler sur la machine et toi, bye bye. Wright, qui est un type qui déteste les conflits. Il est complètement désemparé. Il dit, mais ce n'est pas possible. Moi, ça fait 10 ans que je travaille sur le sujet. Et maintenant, je suis complètement rejeté de ça. Et donc, il se dit, je ne fais qu'autre mauvaise fortune, bon cœur. Il contacte et lui dit, écoute, si tu veux, je peux être ton assistant. Et donc, pendant au moins 3 ans, toutes les vacances de Noël, toutes les vacances d'été, les deux se retrouvent à Athènes. Alors, l'Australien dans des hôtels de luxe, lui dans des trucs un peu miteux. Le gars n'avait jamais quitté Londres de sa vie. On peut l'imaginer comme le vieux rat de laboratoire. Et là, ils vont avoir la machine dans les mains. Mais la machine, elle est d'une fragilité démente, à un tel point qu'un jour, un des fragments que Vraille avait dans sa main se casse. Donc lui, il se déquéchit, il stresse, il est en panique. Il va voir le patron du musée, le patron le rassure et dit « Écoute, ça nous arrive à tous, ça m'arrive à moi, ça m'arrive à un tel. Rentre chez toi, bois un coup, repose-toi, tu reviens demain. » Et là, ils se rendent compte qu'en fait, si on veut aller plus loin, il faut reprendre des images au rayon X de l'intérieur. Mais on sait bien que les images de la radio, ce n'est pas suffisant. Ça avait été fait déjà par SolarPrize dans les années 70. Si tu prends une radio de la machine, qu'est-ce que tu as ? Tu as une superposition de toutes les couches d'engrenage. Donc, tu vois qu'il y en a plein, tu vois qu'il y en a pas loin.

  • Speaker #1

    Tu ne sais pas les séparer les unes des autres.

  • Speaker #0

    Tu ne sais pas qui est connecté à quoi, etc. Mais tu peux avancer parce que tu peux compter les nombres de dents de certaines roues. Si tu as le nombre de dents, tu peux supposer certaines choses par rapport à l'engrenage. Et donc, il faut inventer une technique pour faire de la tomographie. Donc, il faut lire couche par couche. Ils n'ont pas de moyens, en fait.

  • Speaker #1

    Petite parenthèse, je me permets. Cette technique, on va en parler deux fois dans la saison. On en parle ici et on en parle aussi dans un podcast qui va seulement sortir sur la légende du roi Arthur et sur la découverte d'un nouveau chevalier du mythe arthurien. Et en fait, on a redécouvert des écrits dans des manuscrits qui avaient brûlé. Mais en fait, quand le parchemin brûle, il se compacte. C'est tout écrasé et donc il faut aller à la tomographie pour voir couche par couche. Petite parenthèse fermée.

  • Speaker #0

    Et donc, eux, ils travaillent avec la low-tech, en quelque sorte. Je dis low tech parce qu'après va arriver l'équipe qui va travailler avec la high tech, donc c'est les deux mouvements principaux, et puis il y en a plein d'autres. Et en fait, ils apprennent que durant la seconde guerre mondiale... Les médecins utilisaient une technique de tomographie fabriquée avec les moyens du bord qui permettait de localiser dans le corps humain où était la balle qui avait impacté un soldat par exemple. C'est un système avec une source de rayons X qui survole le patient pendant que la plaque photo en dessous se déplace dans l'autre sens. Vraiment un truc super ingénieux. Et eux vont impliquer ça à la machine et puis il faut trouver le moyen de bien développer. Je ne vous passe les détails, il y a plein d'aventures. Le problème c'est que quand cette campagne de mesure va être finie, Bromley, le nom de mes revenus, Il dit à Wright, voilà, on a maintenant 250 clichés, je rentre chez moi, je me casse, va te faire voir. Je vais mettre un étudiant sur le coup, il va tout dépouiller, j'ai publié, salut, merci de ton aide. Je n'ai même pas su lui dire merci. Wright s'est retrouvé complètement effondré. Et puis pendant des années, plus aucune nouvelle des clichés de Moorbley. On ne sait pas ce qui s'est passé. Et Wright, il est tout seul, isolé. Et puis après, on apprend que Moorbley a un cancer en phase terminale, ultra violent. et Vraijde va aller le voir avant qu'il ne meure. Et avec sa femme, etc., ils vont négocier, et il va récupérer les photos, et il va travailler de chez lui, à l'ancienne. Il n'a même pas un logiciel de base pour modifier les contrastes, etc. Et c'est son fils qui fait une thèse en imagerie médicale, qui tout doucement va lui scanner les clichés. Pendant ce temps-là, l'autre équipe arrive. Et là, c'est la machine de guerre, le rouleau compresseur. C'est un mathématicien anglais qui a une boîte de production de documentaires. qui a découvert la machine en discutant avec un astrophysicien qui s'appelle Mike Edmunds, qui a aussi fait un tour de Ausha Vryde. Vryde, c'est vraiment le maudit de cette histoire.

  • Speaker #1

    Il y en a parfois dans l'histoire des sciences.

  • Speaker #0

    Donc là aussi, Edmunds cherche un sujet sympa pour son étudiant en didactique. Il apprend qu'il y a la machine. Il dit à le spécialiste, c'est Vryde, téléphone à Vryde. Vryde lui donne tout ce qu'il a compris. Et puis un mois après, l'églote publie un papier. On cite à peine le mot de Vryde. Et donc, Tony Frith. Il se dit, si je veux faire un documentaire sur la machine, si je veux avoir du fric pour le financer, j'ai besoin de nouvelles données. Évidemment, comme ils sont en froid avec Wright, ils ne sauront pas les données. Lui continue à travailler dans son coin. Et donc, ils vont mettre en place un groupe de fous avec toutes les stars de la science grecque. Les astrophysiciens, les archéologues, tous ceux qui sont super connus, tu vois, les Uber Eats locaux et tout ce que tu veux. Ils vont aller voir le musée d'Athènes pour avoir accès aux données. Athènes dit, mais moi, nous, on a une demande. au nom de Brumli et après de Wright. Et la philosophie du musée, c'est tant que les résultats de ceux qui bossent sur la machine n'ont pas été publiés, nous on ne donne pas que ça à quelqu'un d'autre. Il y a déjà eu pas mal d'études qui ont été faites, la machine est fragile, donc le musée ne veut pas. Que font les Friff et les autres ? C'est un groupe international. Eux, directement, ils vont voir le ministre. Ils disent, vous savez, la Grèce, elle rayonne par sa culture, par son architecture. Là, on a de quoi prouver que la Grèce pouvait aussi, qu'elle rayonnait de par sa technologie. Et donc au niveau images de marque de la Grèce antique, et donc fatalement, le ministère dit au musée, les amis, vous appliquez, vous donnez accès. Bright, il le sait ça. Et donc il sait qu'il est dans une course contre la montre. Lui, il a les 250 clichés en tomographie. Il a tout ce qu'il sait, tout son feeling, etc. Mais il sait que là, les gars, ils vont développer une machinerie de la mort Et il dit, résoudre le mystère identicitaire, c'est ce qui va donner naissance à mon existence. Et donc, qu'est-ce qui se passe ? Friff, il lit tout ce qui existe en termes de techniques d'imagerie. Et il découvre qu'il y a deux technologies qui ont été publiées dans Nature, etc. Dont il doit absolument avoir l'accès. Une, c'est, toi qui aimes bien le jeu vidéo, c'est un mec qui travaille pour HP. Qui voulait développer des algorithmes qui permettaient de facilement traiter... les reflets de la lumière sur les textures des personnages. Et donc, pour faire ça...

  • Speaker #1

    Ce qu'on appelle le RTX maintenant.

  • Speaker #0

    Pour faire ça, il voulait des mesures expérimentales. Comment réellement la matière se comporte quand je l'éclaire ? Et donc, il avait développé une technique où, en fait, il prend des photos d'un objet et puis, il a une espèce de cône, comme ça, comme une cloche, sur lequel il place 50 flashs où, quand il déclenche son appareil photo, les flashs se déclenchent les uns après les autres. Donc, il récolte en gros 50 photos avec des angles d'éclairage différents. Il développe un algorithme qui étudie tout ça. Et il peut reconstituer des choses incroyables au niveau de la surface. Mais à un tel point qu'il se rend compte qu'il peut lire l'illisible avec ça. Et donc, il fait un test. Il va avoir des archéologues, il va avoir un mal de chien à déchiffrer des tablettes mésopotamiennes. Et lui, quand il prend les photos et qu'il traite avec son logiciel, eh bien, la tablette prend l'aspect... Il faut imaginer une tablette qui deviendrait comme du mercure. Donc, ça a l'aspect du métal mercure. Alors... tout, il lève les yeux, c'est absolument ahurissant. Donc il dit, il faut qu'on éclaire les fragments de la machine, enfin, prendre les photos avec ça, du coup on verra les textes qui sont en surface. Et puis il dit, il faut aller voir à l'intérieur. Il faut une tomographie de haute qualité. Et là, il se rend compte qu'il y a une boîte en Angleterre qui a développé une technique qu'on appelle la tomographie computationnelle. Donc c'était en abrégé. Et alors le gars, il dit, oui, moi je suis prêt à travailler. Mais il y a un souci, c'est que comme la machine est en bronze, il faut un niveau de puissance des rayons X qui dépasse de très loin les machines qui existaient à l'époque là. Il faut vraiment entrer profondément dedans. Et le patron de la boîte se dit... Normalement, pour développer une machine pareille, il faut que je mette mes ingénieurs là-dessus deux ans, deux à trois ans. Je n'ai que six mois. Je fais un pari. Je ne vais plus répondre à aucun mail pendant six mois. Je ne vais plus répondre à aucun fournisseur, plus rien. Je mets tout le monde sur la nouvelle machine qui va permettre d'aller lire dans l'anticipaire. Si ça marche, alors là, ma boîte aura une réputation de niveau mondial et moi, je développe un business qui n'existe pas actuellement. Je pourrais utiliser la tomographie. pour inspecter les structures métalliques dans les ailes d'avion, pour voir s'il y a des défauts, des choses comme ça, parce qu'une machine pourrait le faire, il n'y a personne qui peut le faire. Si je me planche, je suis en faillite. Tant qu'ils bossent comme des damnés là-dessus, il faut de la haute tension, il faut tout ça. Ils ont une fenêtre de tir, la machine doit être à Athènes en octobre 2005. Ils ont un mois de mesure possible. Il y a un transporteur routier qui arrive là en Angleterre, la machine ne fonctionne toujours pas. Alors ils amènent à bouffer au chauffeur dans le camion. « Attends, demain, ça va être prêt. » Le gars, il va rester trois jours. Ils vont trouver la solution en dernière minute. Le camion embarque la machine. La machine, elle est dans le labo, toute expérimentale. Donc, il ne faut pas qu'elle se pète lors du déplacement. Elle va traverser toute l'Europe. Elle va arriver au port italien de Brindisi, prendre le bateau. Puis en Grèce, on remet sur le camion. Puis on change de camion parce que le camion de base est trop gros pour entrer dans les petites ruelles d'Athènes. Et tout ça arrive finalement. Et donc, en 2005, commence la phase de données. Donc, la surface avec les 50 flashs et l'intérieur avec la tomographie. Et là, les résultats dépassent tout ce qu'on attendait. Non seulement on arrive à reconstituer vraiment tout ce que tu vois quand tu rentres profondément, qu'est-ce qui est connecté à quoi, etc. Mais on découvre ce qu'on n'imaginait pas. On découvre que dedans, le bordel, il y avait un mode d'emploi. Difficile à lire parce que ton bazar, il fait couche par couche. Alors, je ne sais pas à quel niveau de précision, est-ce que c'est un dixième de millimètre de précision ? Mais ta machine s'est déformée au cours du temps. Donc le mode d'emploi, en tout cas le support dans lequel c'était écrit,

  • Speaker #1

    n'est pas sur la même couche.

  • Speaker #0

    Donc il n'est pas sur la même couche. Donc c'est vraiment compliqué. On découvre le mode d'emploi avec, je pense, de mémoire, 3000 caractères Y dont 2000 deviennent lisibles. Mais là, personne ne peut lire tout ça. Donc on fait appel à Alexander Jones, qui est le prof universitaire de New York, spécialiste de l'histoire de l'astronomie et des textes anciens. Donc là, il est en train de travailler toujours là-dessus. Si vous voulez, sur le web, il y a une revue qui s'appelle Al Majest, c'est 200 pages et qui reprend... tous les textes, donc c'est en accès public, tous les textes identicitaires, et puis parmi les découvertes invraisemblables, la confirmation de tout ce que Wright avait supposé, avec son intuition géniale, Wright avait raison sur plein de choses. Donc tout ça, on a la preuve, par exemple, la sphère lunaire qui montrait les phases, le fait qu'il y avait un mécanisme d'ingénie pure pour moduler la vitesse de la Lune qui fluctue au cours du temps. Tout ça, Wright l'avait senti, là on l'a vu, et puis on découvre même un pointeur. parce que ces cadrans dans la machine, déjà, c'est probablement les premières machines où tu as des cadrans. Nous, on est habitués à ce qu'on mette des données sur un cadran. Mais là, et donc si tu as un cadran, il te faut une aiguille pour lire le cadran. Mais si tu veux mettre un cadran avec des cycles de 19 ans, ou l'élément du cycle, c'est un mois, c'est une lunaison. Si dans ce cycle, tu as 254 lunaisons, ils te feront un cadran avec 254 cases et il y a un pointeur qui te montre les 254 cases. Tu ne sais pas le mettre sur une boîte à chaussures. Donc le génie de la machine, le génie qu'en fait la machine, c'est de se dire, on va faire un cadran qui n'est pas simplement un bout d'arc de cercle, on va faire un cadran spirale. Et donc les cadrans spiraux sont enroulés. Le mythonique a cinq tours sur lui-même, l'autre a quatre tours. Mais comment tu fais avec un pointeur pour lire des données qui sont sur une spirale ? Il faut que le pointeur puisse tourner et qu'il puisse changer en longueur. On a découvert un des pointeurs qui est encore dedans. Et le mode d'emploi explique comment ça marche. En fait, ça marche comme le lecteur des vieux tourne-disques, des vieux vinyles. Il y a un sillon. Donc, le pointeur, il suit la spirale. Et puis, le mode d'emploi dit, quand vous arrivez au bout, il faut le réarmer à la main et vous êtes reparti.

  • Speaker #1

    Complètement fou.

  • Speaker #0

    Et donc, tu as en gros les deux écoles-là, la low-tech de Wright, la high-tech du groupement international, avec plein de... Vraiment des courses. Quand l'un publie un truc à un colloque, les autres terminent leur donnée. Et puis aujourd'hui, il y a... plein de chercheurs qui travaillent sur le sujet, mais on sent qu'il y a des petites tensions. Terminé, voilà. Moi, je me suis rendu compte qu'il y avait des gars en Grèce. qui reproduisait des modèles pour les musées, mais avec un niveau de précision. Tu l'as à l'échelle 3, par exemple, en plexiglas, avec des LED dedans, c'est super beau. Et tu vois tous les engrenages qui tournent quand il fonctionne. Évidemment, c'est des coûts qu'un privé ne peut pas se payer. Ils ont même fait une bande dessinée, etc. Je contacte le gars en Grèce, je lui dis, tiens, la machine que vous faites, c'est génial. Est-ce que vous représentez aussi les planètes de vent, comme on voit dans le modèle de la collaboration internationale qui était mis dans la nature ? Et là, j'ai senti que j'ai mis le doigt où il ne fallait pas. Le gars, il se rédit et me dit, écoutez, nous, on travaille avec le professeur machin de Téliversité en Grèce. C'est un gars qui travaille sur la machine depuis 20 ans, 30 ans. Il est d'une intégrité extraordinaire. Et nous, nous n'avons mis dans notre modèle que ce dont on est sûr. Et si certains veulent affabuler sur tout ce que la machine pouvait faire, c'est leur responsabilité. Mais moi, je ne rentre pas là-dedans. Et après, j'ai échangé plusieurs fois avec lui. Et il m'a dit, n'oublie jamais que personne n'a la vérité. et qu'en fait, tout ce qu'on fait sont des modèles, et qu'il ne faut jamais prendre pour acquis un modèle et qu'on peut le remettre en question. Donc voilà. Et puis tu vois des papiers, par exemple, il y en a un qui est sorti il y a quelques mois, où c'est des gens qui travaillent sur les ondes de gravitation, et qui ont développé des techniques d'analyse statistiques ultra pointues, et ils ont impliqué ces techniques d'analyse aux images qu'on voit en rayon X de la machine, pour voir si vraiment c'est un calendrier de 360 jours ou 354, et donc ça n'arrête pas en fait.

  • Speaker #1

    Alors, ce que je propose, c'est à l'auditeur et à l'auditrice de te rejoindre à cette nuit de la machine denticitaire. Je ne sais pas quand elle aura lieu.

  • Speaker #0

    Alors, pour l'instant, moi, je suis en train de finaliser la conférence. Il commence à tourner en version pilote à Ausha droite. Et donc, l'idée, c'est que dans le courant de l'année 25-26, on va faire une nuit du mécanisme où là, on va prendre le temps d'expliquer ça avec des images, avec des anecdotes. Et alors, l'idée, c'est qu'on puisse s'amuser et que donc, rappeler comment fonctionnaient les engrenages, qu'on puisse bidouiller des montages nous-mêmes. On va essayer de montrer la machine qu'on va essayer de reconstruire. On va essayer de sortir tout ce qu'on a et aller plus loin dans les cycles que la machine montre. Parce que même moi, j'ai dû vraiment travailler beaucoup là-dessus. Mais c'est très amusant quand on rentre dedans. Je ne sais pas jusqu'où je vais aller, mais c'est de montrer à la fois la science qu'il y a dans l'astronomie, dans la machine, la technique qu'il y a dans la machine et l'histoire qu'il y a avec. Donc, je pense qu'on va vraiment s'éclater.

  • Speaker #1

    Et donc, le podcast, il peut être vu à la fois comme une preview de cette nuit et comme une synthèse pour ceux qui auront. assistés à la nuit. Et comme tu le sais, Francesco, parce que ce n'est pas ta première participation, et il n'y a pas pensé, c'est assez comique, on finit toujours les podcasts sur une citation. Ce que j'entends par citation, comme je le dis à chaque fois, ce n'est pas nécessairement les propos d'un grand homme, mais en tout cas une phrase qui synthétise un petit peu ou qui illustre pour toi cette quête de la machine denticitaire. Et tu peux réfléchir.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas si j'aurais dû anticiper et préparer ça. Ce qui me vient là à l'esprit, C'est une phrase de, je pense que c'est de Newton. Souvent, on considère qu'aujourd'hui, j'ai dit tout à l'heure, on est d'une intelligence ultra brillante et qu'on est capable d'envoyer des fusées vers Mars et faire tout ce qu'on veut et que dans l'Antiquité, les gens étaient complètement arriérés, naïfs. Ce que cette machine montre, c'est que le génie humain, il n'a pas évolué. Dans le sens qu'il y avait du génie humain à l'époque, il est toujours là. La citation, c'est celle de Newton qui dit « Si j'ai pu voir aussi loin, c'est parce que je me suis appuyé sur des épaules de géants. » Voilà. Et la question ici, c'est qu'en plus, on ne sait pas s'il y a eu des coupures entre ces géants et nous, mais ça montre vraiment le côté brillant de ces gens-là. Et je trouve que ça donne beaucoup de respect et ça donne un côté noble à l'humanité. Ce qui est malheureux, c'est que cette intelligence est utilisée des fois pour des choses un peu plus malfaisantes.

  • Speaker #1

    Alors moi aussi, je vais prendre une citation. Je vais m'en permettre parce que tout ce que tu as dit m'a évoqué. Tu as parlé d'Arthur C. Clarke. Il a une citation très intéressante qui dit que « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » Et la question que je me pose, c'est justement comment les contemporains de la machine denticitaire percevaient cette machine, vu que nous, quand on l'a découvert, on s'est dit, c'est un truc incroyable. Et donc, je me demande réellement comment...

  • Speaker #0

    Écoute-moi, on pensait terminer là, mais là, tu viens de mettre le doigt sur quelque chose et je ne peux pas ne pas t'en parler. Donc, on va faire un podcast un peu plus long, juste cinq minutes. Comme je te disais, Cicéron lui-même, il parle de ça. Il disait une machine, si on l'amenait aux confins de l'Empire, chez les Écossais. Et quand on leur montre, eux, qu'est-ce qu'ils voient ? Ils voient le ciel, les planètes qui bougent, etc. Mais est-ce qu'ils imaginent que dedans, il y a des mécanismes ? Est-ce que c'est de la magie ? En fait, la machine, elle te raconte autre chose au niveau philosophique. Elle te dit, mais quand nous, on voit le ciel, finalement, derrière, est-ce qu'il y a des mécanismes ? Peu importe le mécanisme, ce que c'est. Cette machine, ce qui est fantastique, c'est que, si tu veux, c'est le début de la science moderne. Aujourd'hui, tu discutes d'un cas physicien, il va te dire, tu travailles sur quoi ? Moi, je dis n'importe quoi, le mécanisme de désintégration du proton. Donc, dès qu'il y a un phénomène naturel, on dit, on va en étudier le mécanisme. Mais mécanisme, ça peut être en électromagnétisme, ça peut être en mécanique, ça peut être ce que tu veux. Avec la machine, qu'est-ce qu'on fait ? On met un mécanisme qui te reproduit un mouvement naturel. Ça veut dire que tu supposes que ce que tu vois, il y a une cause derrière, qu'on reproduit avec des engrenages, mais ça veut dire que ce que tu vois suit des mécanismes, suit des logiques, suit... Et de là, tu peux te poser la question, est-ce que finalement c'est de la magie ce qu'on voit ? Est-ce qu'il y a un concepteur derrière ? Donc on met vraiment le doigt sur... le début de la sonde moderne et le début de la causalité. Et ça, c'est fascinant, je trouve, avec cette machine-là.

  • Speaker #1

    Et je pense que c'est là-dessus qu'on va terminer. Francesco, merci beaucoup pour ce partage. Merci à toi. C'était vraiment super. Cher auditeur, cher auditrice, j'espère que cette machine denticitaire t'a intrigué, comme nous, elle nous a intrigués. Et de toute façon, tu l'auras compris, on va en reparler au mu-monstre de cette machine et on espère te retrouver dans les différentes soirées qu'on organisera autour de cette thématique. Francesco, merci.

  • Speaker #0

    Merci, Max.

  • Speaker #1

    A très très bientôt, chers auditeurs, chères auditrices. On se retrouve dans deux semaines pour le prochain épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du MUMONS. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du Mumons.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Francesco Lobué

    00:37

  • La machine d'Anticythère : histoire et découverte

    01:42

  • Fonctionnement de la machine d'Anticythère

    02:25

  • Complexité et sophistication de la machine

    04:50

  • Hypothèses sur l'origine de la machine

    05:58

  • Conclusion et réflexions finales sur la machine

    01:06:55

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