Speaker #0C'était un soir, dans un bar, ou peut-être était-ce un matin à la pâtisserie du coin. D'une simple lueur, je t'ai repéré, ou peut-être était-ce toi qui m'as vu en premier. Peut-être étaient-ce tes yeux, peut-être ton allure, ou le subtil parfum des signaux chimiques dégagés par tes phéromones, mais quelque chose, chez toi, a capturé mon attention. Une... petite étincelle et en quelques millisecondes seulement, mon cerveau te scanne déjà pour évaluer tes attraits physiques. Ta peau, tes cheveux ou la symétrie de ton visage, chaque micro-détail est instantanément analysé par mon cerveau pour savoir si tu es en suffisamment bonne santé génétique pour être un potentiel partenaire avec qui m'aventurer. Après tout, ces mécanismes qui sont installés depuis des millénaires sont ceux qui ont permis la survie et le développement de notre espèce et vu que nous sommes désormais 8 milliards sur Terre, c'est peut-être la bonne recette. Toi aussi, tu m'analyses. Ton cerveau cherche discrètement des indices de compatibilité potentielle pour savoir si je pourrais être une bonne génitrice porteuse d'une future génération en bonne santé. Évaluation expresse de mes caractéristiques faciales et calcul approximatif de mes mensurations, ton cortex orbitofrontal évalue mon attractivité et ma valeur sociale et te donne le feu vert pour initier la discussion. Une danse ou un verre au fer ? Et voilà le contact établi. La discussion naît et nos échanges stimulent progressivement mes réseaux neuronaux. Découvrir des histoires drôles, se laisser compter des récits sensationnels ou s'engager dans des débats passionnants, tu éveilles par tes mots mon imagination et mon cerveau aime vraiment ça. Ta voix, tes sourires et tes gestes mettent tous mes lobes cérébraux en action. Mon lobe temporal s'attarde sur le sens de tes mots, tandis que mon lobe occipital décrypte chaque expression de ton visage et qu'à chaque effleurement de ta main, mon lobe pariétal s'embrase. Et c'est tellement plaisant que mon système limbique se délecte de chaque instant et mon hippocampe mémorise déjà que cette interaction avec toi est source d'une intense excitation neuronale. Clic-clac, c'est dans la boîte, tu n'échapperas plus à mes pensées dans les prochains jours, c'est sûr. On dit souvent que l'amour est une question de cœur, mais cette obsession qui porte ton nom résonne bien dans ma tête. Oui, je crois que c'est ça. Mon cerveau a crochet sur toi. Bienvenue dans Neureka, le podcast qui fait vibrer vos neurones et éveille vos synapses. Je suis Dr Eka, neuropsychologue, et désormais votre dealer de dopamine prête à booster votre curiosité. Comme à chaque épisode, je vous emmène dans la magie de votre organe du savoir pour répondre aux interrogations que vous aviez ou pas, et vous faire penser. Eureka, ou plutôt Neureka. La rumeur dit que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, et c'est peut-être vrai. car depuis que nous échangeons régulièrement, mon cortex préfrontal est court-circuité et la rationalité semble maintenant me délaisser. Je n'y échappe pas, mon striatum ventral, fief du circuit de la récompense, s'active dès que ton nom s'affiche sur mon écran et s'associe à une forme de gratification en libérant cette molécule magique dont tout le monde parle, la dopamine. Toi, égal plaisir instantané, et ça, mon cerveau ne tarde pas à l'intégrer. Toute occasion est bonne pour relancer la conversation et recevoir de nouveau ces petits pics de dopamine qui me font du bien. Un mème sur internet, une chanson dans ma playlist, un article sur X ou une promo en magasin, un rien me fait penser à toi. C'est envoyé, je saisis toute opportunité de communiquer avec toi et j'attends avec impatience ta réponse pour satisfaire mon circuit de la récompense qui a désormais soif de toi. À mesure de nos communications, une forme de fascination s'installe à cause de cette petite baisse de sérotonine qui entraîne des pensées quasi... obsessives. Encore une ruse de mon cerveau pour s'assurer que toute mon attention sera portée sur toi et que je maintiendrai bien le contact avec toi pour le satisfaire. Et je crois que c'est pour ça que toi aussi tu cherches à me revoir. C'est toi. Proposante it. Dopamine en ébullition, sourire instantané. Après des jours à analyser chacun nos textos, cherchant le moindre indice pour savoir si cette alchimie est vraiment réciproque, nous voici enfin en tête à tête. Une rando panoramique ou un resto en bord de mer, c'est peut-être l'occasion pour toi de m'impressionner, car tu le sais, ce premier rendez-vous est clé pour marquer mon esprit et créer un biais d'ancrage à ton avantage qui influencera durablement la façon dont je te perçois. Après tant d'anticipation, nos systèmes nerveux sympathiques s'activent simultanément. Tes mains sont moites et je respire. Peut-être un peu plus vite. C'est l'adrénaline qui inonde nos corps en créant cette sensation de trac. Mais c'est tant mieux, car paradoxalement, chaque petit pic d'adrénaline intensifiant l'émotion de l'instant ne fait que renforcer notre attachement en manquant dans nos mémoires le souvenir de ce moment de plaisir. À chaque fois que tu me montres de la répartie ou que l'on rit ensemble, mon cerveau se sature de dopamine. L'adrénaline altérant ma perception du temps rend chaque instant plus intense et mon cortex préfrontal d'ordinaire. maître de ma rationalité, est désormais endormi sous l'effet de l'adrénaline, ce qui me permet de lâcher prise et céder au plaisir du moment. Chaque seconde me semble plus marquante, chaque regard devient plus profond, notre attraction physique n'est donc que plus forte. Nous voici au stade de l'infatuation où nous sommes devenus l'un pour l'autre un objet de désir. Depuis ce premier date, mon cerveau a mis en place un plan parfait. pour me rendre accro. Il me bombarde de dopamine et d'ocytocine, me donnant l'illusion que ce lien entre nous est vraiment spécial et unique, alors qu'en réalité, on ne se connaît pas encore si bien. Mais peu importe. Je, ou du moins mon cerveau, veux te revoir et revivre cette excitation neuronale si plaisante. Je vérifie constamment mon téléphone, je guette la moindre notification et mon esprit vagabonde régulièrement vers nos conversations passées. Et franchement, mon cerveau sait me manipuler à la perfection. Car... Plus j'y pense et plus je t'idéalise. Mon amygdale, centre de l'analyse des menaces et du danger, est mise en sourdine sous l'effet de l'ocytocine et tes défauts sont désormais gommés de mes souvenirs. C'est sûr, il ne m'est plus possible de faire une évaluation critique et raisonnable de la situation. Je commence à ne voir chez toi que ce qui me plaît. Ton sourire devient plus éclatant, tes petites manières plus attachantes. Tout me semble parfait. Et voilà, sans que je ne puisse vraiment comprendre pourquoi, mon cerveau m'encourage à revivre l'expérience d'être avec toi. C'est sûrement à cause de la vasopressine, cette petite hormone de l'attachement, qui induit en moi ce sentiment de sécurité et de bien-être, et qui fait mon cœur s'accélérer que je sois près de toi ou dans l'attente de tes nouvelles. C'est cela. Tu es en train de devenir une obsession douce et incontrôlable qui me colle au cerveau. Et c'est inévitable, je le sais, car nous sommes piégés dans ce croche. Tu vois, ce qui se passe entre nous, ce crush, ce béguin, cette symphonie d'émotions intenses mêlant excitation et parfois obsession, reste éphémère. Durant cette phase, tout est amplifié et nos cerveaux, en bons illusionnistes, nous font souvent confondre excitation et évidence, attirance et destinée. Et c'est fascinant de penser que nous, humains, sommes programmés pour vivre ces connexions spontanées, ces moments magiques qui nous font nous sentir si vivants. Mais la vérité, c'est que ce n'est qu'un tour de magie bien rodée. Un feu d'artifice chimique voué à s'éteindre. Peu à peu, mon cortex préfrontal reprendra le contrôle pour me ramener à la réalité et progressivement, mon amygdale, gardienne de mes peurs, recommencera à scruter tes défauts et traquer les red flags pour savoir si tu es en danger ou une belle promesse. Alors, saurons-nous déjouer ces mécanismes ? Sauras-tu souffler sur l'étincelle pour attiser la flamme ? Sauras-tu entretenir mon circuit de la récompense par l'excitation de la nouveauté ? Sauras-tu insuffler l'imprévu et stimuler mon esprit par des découvertes ? Sauras-tu enrichir ma mémoire par des moments émotionnellement marquants ? Sauras-tu faire grandir notre attachement en maintenant au plus haut mes niveaux d'ocytocine et de vasopressine par la constance, le respect et les petites attentions ? Sauras-tu transformer ce frisson de la découverte en une connexion solide et durable ? Bien sûr, tout cela ne dépend pas que de toi et moi aussi je devrais savoir entretenir cette alchimie. Éviter que l'habitude n'érode l'exaltation. et faire doucement battre ton cœur face à cet inconnu. Mais si l'équilibre est là, alors peut-être que ce croche deviendra amour et que cet emballement neurochimique deviendra stabilité. Parce qu'après tout, si mon cerveau adore se laisser envoûter, ce qu'il préfère encore plus, c'est découvrir qu'il ne s'était pas trompé. Alors, à nous décrire la suite de cette histoire amorcée au prochain épisode ? Voilà ! S'il a l'air de se déconnecter. Merci en chai d'avoir été des nôtres. Si vous avez aimé cet épisode, si cet épisode vous a autant intrigué que fasciné, exprimez-vous en commentaire. Offrez-nous 5 étoiles et partagez autour de vous. Et puis tant qu'à faire, pour ne plus rien rater de Ausha, suivez-nous sur les réseaux sociaux et ajoutez-nous en favori sur Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Podcast Addict et maintenant Angami pour ceux qui, comme moi, sont au Moyen-Orient. Ou Paka Tann