undefined cover
undefined cover
3. Philippe Eullafroy: état des lieux de l'entraînement cognitif en football cover
3. Philippe Eullafroy: état des lieux de l'entraînement cognitif en football cover
NEUROCOGNIFOOT

3. Philippe Eullafroy: état des lieux de l'entraînement cognitif en football

3. Philippe Eullafroy: état des lieux de l'entraînement cognitif en football

56min |16/01/2025
Play
undefined cover
undefined cover
3. Philippe Eullafroy: état des lieux de l'entraînement cognitif en football cover
3. Philippe Eullafroy: état des lieux de l'entraînement cognitif en football cover
NEUROCOGNIFOOT

3. Philippe Eullafroy: état des lieux de l'entraînement cognitif en football

3. Philippe Eullafroy: état des lieux de l'entraînement cognitif en football

56min |16/01/2025
Play

Description

⚽Dans cette première interview, j'ai l'immense plaisir d'accueillir Philippe Eullafroy, une figure incontournable du soccer et de la formation. Ancien directeur de l'Académie du CF Montréal, Philippe est aujourd'hui responsable technique de l'AS Dakar Sacré Coeur au Sénégal, club partenaire de l'Olympique Lyonnais.


Au programme de cet épisode:

1️⃣Son parcours inspirant de l'Europe à l'Afrique en passant par le Canada et les Etats-Unis

2️⃣Un état des lieux de l'entraînement cognitif en football

3️⃣Sa philosophie pour former des joueurs plus intelligents


🎧Bonne écoute

Greg


✨Rejoins moi sur mes réseaux sociaux:

Instagram: https://www.instagram.com/neurocognifoot/

Facebook: https://www.facebook.com/people/Neurocognifoot/61550524644230/

Linkedin: https://www.linkedin.com/in/greg-debs-4601119/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Neurocognifoot, le podcast où Neurosciences et Football se rencontrent pour booster l'intelligence de jeu. Je suis Greg, spécialiste en entraînement perceptivo-cognitif et fondateur de Neurocognifoot. Si tu es à la recherche de conseils pour former des joueurs capables de mieux lire le jeu, d'anticiper et de prendre de meilleures décisions, alors tu es au bon moment de l'être. Dans ce podcast, seul ou avec mes invités, je te partage des concepts simples des outils concrets et des témoignages inspirés. Alors tiens-toi prêt et c'est parti pour l'épisode du jour. Hello à tous, bienvenue dans l'épisode 3 du podcast Neuroconifoot. Mon invité du jour s'appelle Philippe Lafroy, ancien directeur de l'Académie du CF Montréal. Il est aujourd'hui responsable technique du Dakar Sacré-Cœur au Sénégal. Allez, c'est parti ! Salut Philippe ! C'est vraiment un immense plaisir pour moi de t'accueillir dans ce podcast. On s'était rencontré, je crois, en 2007 à Montréal, lorsque je travaillais pour la Coupe du Monde U20 de la FIFA. Et si ma mémoire est bonne, tu étais à l'époque coach de l'équipe universitaire de Montréal.

  • Speaker #1

    Oui Greg, ta mémoire est bonne, mais j'étais entraîneur de l'équipe universitaire de McGill, l'une des universités anglophones de Montréal. Et oui, on s'était rencontrés à cette époque-là. Ça date maintenant de presque 20 ans.

  • Speaker #0

    Alors, pour commencer cette interview, Philippe, est-ce que tu pourrais présenter ton parcours de tes débuts en tant qu'éducateur jusqu'à ton poste actuel à Dakar ?

  • Speaker #1

    Alors, mon parcours, il est peut-être un peu particulier, pas vraiment conventionnel. En fait, j'ai été formé en tant que joueur de foot à Troyes. Alors, à l'époque, ça ne s'appelait pas l'ESTAC, mais il y avait un centre de formation. Donc, j'ai été formé là-bas. J'ai fait la grande majorité de ma carrière à l'ESTAC. Et puis, tout en continuant un petit peu mes études, parce que j'ai une famille qui ne voulait pas que je me consacre à 100% qu'au foot. Donc, on m'a toujours... obligé entre guillemets à continuer ou à garder une connexion avec les études donc ce qui fait que je continuais en parallèle très très lentement mais je gardais une connexion avec les études et puis après ma carrière ça m'a permis de de reprendre mes études où je les avais laissé c'est à dire quand même pas un très haut niveau et puis terminé par un doctorat Donc, je suis docteur en toxicologie. Et pourquoi je parle de ça ? C'est qu'à la fin de mon doctorat, j'ai fait de la recherche et j'ai commencé à passer mes diplômes d'entraîneur. Et la première expérience d'entraîneur que j'ai eue, c'est en tant que préparateur physique, parce que c'était... la partie de l'entraînement qui se rapprochait le plus de la science. Donc, c'était pour moi une évidence que si je voulais, ce qui m'attirait dans le métier, au départ, je ne vais pas dire d'éducateur, mais d'entraîneur, c'était le côté prépa physique avec toute la science qui était derrière ça. Et puis, au fur et à mesure que j'ai passé les diplômes et mes expériences, donc mes premières expériences de coach, ça a été à l'ESTAC, ça a été... Ça a été à l'Université du Québec à Montréal, ça a été au Stade de Reims. Et au fur et à mesure, j'ai passé les autres diplômes et je suis passé de préparateur physique à entraîneur. Et mes diverses expériences m'ont ramené en Amérique du Nord, où là, j'ai coaché au niveau universitaire. Comme vous le savez, en Amérique du Nord, le réseau universitaire est quelque chose de... de très très importants, beaucoup plus développés que ce qu'on peut connaître en France.

  • Speaker #0

    Justement, est-ce que tu pourrais te développer, expliquer un peu à nos auditeurs ce que c'est le soccer, puisqu'on appelle ça le soccer en Amérique du Nord, mais ce que c'est réellement le soccer universitaire ? Parce que je crois que c'est quelque chose qui est particulier, rien que de par les infrastructures.

  • Speaker #1

    Alors, c'est une côté culturel, et on va dire historique du sport en Amérique du Nord. Il faut savoir que les structures de formation en Amérique du Nord... n'existe quasiment pas, pas comme on le connaît par exemple en France ou en Europe concernant le foot ou d'autres sports. En Amérique du Nord, en fait, la formation se fait, ou les centres de formation, les académies, en fait, ce sont les universités. Et les sports majeurs, il y a cinq sports majeurs en Amérique du Nord, mais avant d'arriver au cinquième sport majeur, qui est le soccer ou le foot européen, les... quatre autres sports majeurs qui sont le football américain, le basketball, le baseball et le hockey. En fait, ce ne sont pas des clubs, ce sont des équipes et ils n'ont aucune structure de formation. Et toute la formation se fait au niveau universitaire. Donc, débouchant, bien sûr, pour ces joueurs universitaires à une carrière professionnelle dans ces quatre sports majeurs. Donc, en fait, les universités qui ont d'énormes moyens, Parce que contrairement à la France, les universités sont payantes. Donc ce n'est pas financié par l'État ou très peu. Et en fait, les universités, chaque étudiant est un client et pour attirer le client, l'image est importante et le sport fait partie de cette image. Donc en fait, les universités ont investi énormément d'argent sur le développement des joueurs, mais également des infrastructures. Donc comme tu le disais, Greg... tu vas faire du sport dans ces sports majeurs-là et tu es dans des conditions que, même à l'heure actuelle, certains sportifs professionnels dans les clubs professionnels n'ont pas en termes d'installation, de suivi, de staff, de terrain, de tout ce que tu veux. Donc, c'est assez phénoménal. Et on arrive, bien sûr, à des sports, à des équipes dans des universités où il y a 15 000, 20 000 spectateurs dans des stades qui font 20, 30, 40, 50. 80 000 places, avec des staffs hyper abondants, avec de l'expertise, etc. Donc ça, culturellement, historiquement, ça a une place énorme dans le sport de haut niveau, les universités. Donc je vous encourage à ceux qui veulent aller en Amérique du Nord, d'aller voir des matchs universitaires, de visiter les installations. On ne peut pas s'imaginer qu'au niveau université, on puisse avoir des installations comme ça. Et le cinquième sport majeur qui est arrivé un petit peu plus tard, qui est le soccer, le football européen, s'est appuyé sur cette même filière de formation au départ. Ce qui fait que le réseau universitaire, la compétition universitaire, c'est quelque chose de très, très, très important, qui n'a absolument rien à voir avec le réseau universitaire européen. Parce qu'il y a les pros, et juste en dessous, Il y a l'université. Donc, si tu as joué ou tu as été joueur universitaire, c'est ce qu'il y a de plus haut niveau, juste en dessous le réseau professionnel. Et donc, être joueur universitaire, être coach universitaire, c'est très, très, très, très valorisant et c'est synonyme de très, très haut niveau, sachant que le niveau d'excellence, la coach au-dessus, ça reste le réseau pro. En France, par exemple, ce n'est pas du tout ça. Mais pour revenir au foot, le foot ou le soccer, le soccer a pris petit à petit une direction qui ressemble plus à celle de l'Europe parce que la compétition du soccer est internationale, mondiale. Les équipes, les clubs ont commencé à mettre en place leur système de formation. et donc des joueurs qui maintenant vont vers une carrière professionnelle, essentiellement en passant par les centres de formation, les académies comme on les entend en Europe. Mais ça reste un réseau super important pour les autres sports, pour le soccer aussi, mais un degré moindre parce que c'est moins une passerelle vers une carrière professionnelle, même si elle reste là, mais elle est de moindre importance par rapport aux autres sports.

  • Speaker #0

    Et le club de Montréal, le club professionnel, s'est un peu éloigné visiblement de ce modèle puisqu'il a après construit sa propre académie que tu as d'ailleurs dirigée ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc, comme les autres clubs pros en MLS, si on prend ce réseau-là en particulier, en fait, dès 2000, enfin dès, si on peut dire, en 2007, la MLS a obligé les clubs à mettre en place un système de formation pour ne plus être dépendants. du système universitaire qui a ses qualités mais aussi ses défauts, qui est en fait une saison qui est relativement courte, et puis des coachs universitaires qui sont comme des coachs professionnels. qui se doivent de gagner, qui développent un peu sous la pression du résultat. Ce n'est pas forcément super intéressant pour des joueurs qui restent jeunes. L'MLS a forcé, a obligé les clubs à mettre en place des structures de formation à partir de 2016. C'est-à-dire que c'est un système de formation qui a moins de 20 ans. Il a fallu que ces clubs-là créent. leur académie, et c'est ce que j'ai eu la chance de faire à Montréal, puisque j'ai démarré l'académie là-bas en 2010, et la créer à partir de rien, c'est-à-dire que quand je dis rien, rien, il n'y a pas de terrain, il n'y a pas de joueur, il n'y a pas de coach, il n'y a pas de projet de jeu, il n'y a pas de philosophie, il n'y a pas de méthodologie, il n'y a absolument rien, et il faut créer ça d'une page blanche, dans un environnement qui à la base n'est pas prêt à ça. dans l'environnement du soccer, qui n'était pas prêt à l'époque à voir débarquer un club professionnel qui veut développer lui-même ses joueurs. Alors, c'est se battre un petit peu contre les a priori, c'est défricher, c'est être pionnier, donc c'est passionnant, c'est aussi un peu difficile. Mais voilà, ça fait un bon lien avec la suite de mon parcours. qui fait qu'à un moment donné, j'avais cette double filière professionnelle qui était recherche scientifique et entraîneur de foot. Et à un moment donné, j'ai basculé à 100% vers entraîneur de foot en continuant à me former. Et je continue encore à l'heure actuelle à me former. Et puis, en passant la majeure partie de ma carrière en Amérique du Nord, que ce soit à Montréal. à San Francisco et maintenant en Afrique au Sénégal. Donc avec différents rôles qui vont d'éducateur, préparateur physique, éducateur de jeunes, assistant avec les pros, entraîneur d'équipe préserve. Donc j'ai pratiquement fait tous les rôles techniques qu'il peut y avoir au sein d'un club professionnel. Et en ce moment, je suis à ma... Deuxième année à Dakar sur un gros club sénégalais qui a le double projet de faire bien au niveau pro en Ligue 1 sénégalaise, mais également de développer des joueurs pour pouvoir les vendre en Europe et essentiellement dans le Big Five pour la majeure partie d'entre eux.

  • Speaker #0

    Super, alors on reviendra sur cette expérience actuelle à Dakar un tout petit peu plus tard dans l'interview. Mais pour moi, c'est aussi un plaisir de t'avoir dans ce podcast parce que tu es intervenu dans le documentaire d'Arte à la recherche du sportif parfait. Et j'en parlais dans mon tout premier épisode. C'est réellement ce documentaire qui a créé un déclic en moi et qui m'a donné envie de me former en entraînement cognitif. Et je vais te citer parce que j'ai repris le documentaire hier. Dans ce documentaire, tu disais « La préparation mentale sera plus que mentale, le mental cognitif, à savoir la prise d'infos, l'intelligence de jeu, et là, il y a une marge de progression qui est exceptionnelle. C'était intéressant parce que ce documentaire date de 2016. Alors, je ne sais pas si c'est parce qu'on est peut-être un peu en retard en France, mais je trouve que ta citation de l'époque est toujours d'actualité et que les choses n'ont pas tant avancé que ça. J'ai personnellement l'impression qu'on est toujours au balbutiement de la compréhension du cerveau. et que l'entraînement cognitif n'est pas encore démocratisé, surtout au niveau amateur. Alors, quel est ton avis sur ce sujet ?

  • Speaker #1

    Alors, tu vois, tu me rappelles un documentaire, 2016, je ne me souvenais plus de la date, donc on est 9 ans, on va dire presque 10 ans plus tard, et je suis fier de ma citation, parce que je me rends compte qu'on est en plein dedans, et qu'en fait... Si on remet dans le contexte du foot, et après je vais revenir au sens premier de ta question, c'est que dans le contexte du foot, pour moi, il y a eu différentes étapes, comme dans beaucoup de sports, dans beaucoup de domaines. Il y a eu une étape dans les années 60-70, il y a eu une petite révolution tactique avec beaucoup de... Beaucoup de coachs de renommée, hongrois, italiens, argentins, qui ont amené un peu de variété au niveau tactique. Il y a eu ensuite une révolution physique, de la préparation physique. Fin des années 90, où on sortait véritablement des préceptes de la préparation physique des pays de l'Est, et on sortait un petit peu de la préparation de l'athlète pour des Jeux Olympiques. Et puis, on est revenu à une deuxième phase de révolution tactique dans les années 2010, avec l'apparition ou l'influence de penseurs, techniciens, tacticiens, comme Guardiola, Mourinho, Juan Maguillo. des Arigosaki, etc., qui m'ont ramené un deuxième souffle dans l'évolution tactique. Et puis, pour moi, il y a une dizaine d'années, a commencé l'émergence de ce que j'appelle, ce que j'ai appelé à l'époque la révolution cognitive, et qui est encore à ses balbutiements. Et comme tu le disais, Greg, je pensais que ça irait beaucoup plus vite, mais ça peut s'expliquer. On va revenir à ta question. C'est que pour moi, la grosse évolution dans le développement de l'entraîneur et du joueur, c'est vraiment cette révolution au niveau cognitif. Ce qui m'amène à souvent dire aux entraîneurs ou aux dirigeants qu'en fait, on ne développe pas des joueurs, on développe des cerveaux et qu'on a tendance à oublier ça. Et c'est assez particulier parce que... OK, il y a eu le culte de l'athlète, c'est-à-dire cours, réfléchis pas. Et moi, je suis d'une génération où j'ai été formé, où en gros, mes entraîneurs, c'était fais ce que je te dis et puis pose pas de questions. Donc, tu fais ou tu dégages. Et maintenant, on demande à l'athlète de réfléchir plus. et d'être inconsciemment compétent. C'est une expression que j'adore et qui va sans doute revenir assez souvent dans notre discussion. C'est comment devenir inconsciemment compétent. Ce qui est assez incroyable, et pourquoi ça n'a pas trop démarré, cette révolution cognitive, c'est qu'en fait, on aborde une partie du développement du joueur qui n'est pas... très peu, voire jamais abordé dans la formation des entraîneurs. C'est-à-dire dans le contenu de formation des entraîneurs, on est encore sur quelque chose de très classique, c'est la technique, la tactique, le mental qui est quand même apparu, qui amène quand même une perspective différente du pur physique, technique, tactique. Mais à aucun moment on aborde le côté cognitif et quand on aborde le côté cognitif, On aborde le côté fonctionnement du cerveau, les neurosciences, la neurobiologie. Alors, on ne demande pas à un entraîneur d'être neurochirurgien, mais pour moi, c'est aberrant à l'heure actuelle d'avoir des entraîneurs qui doivent développer des cerveaux, mais qui n'ont aucune idée de comment fonctionne le cerveau. Alors, c'est vrai qu'on rentre dans une partie plus scientifique, comme l'est la préparation physique, mais le fait qu'on ait... Quand on est rentré sur la révolution de la prépa physique, c'était très scientifique, on a donné cette partie de développement du joueur à des spécialistes qui sont des préparateurs physiques. Et en gros, le coach s'est dédouané en disant « Moi, je n'y connais pas grand-chose, donc je vais engager un spécialiste là-dedans qui est le préparateur physique. Il fait ses choses et puis je lui fais confiance et puis on va développer le côté physique du joueur grâce à ce spécialiste-là. » À l'heure actuelle, Il n'y a pas de spécialiste de la préparation ou du développement cognitif du joueur. Donc, ça retombe sur le coach, l'entraîneur, qui lui, généralement, n'a pas les connaissances ou les compétences pour développer cognitivement le joueur. Donc, il y a une sorte de timidité par rapport à ça. On ne se focalise pas encore assez sur le développement cognitif du joueur parce que ça nécessite des connaissances qu'à l'heure actuelle. La majeure partie des coachs n'ont pas. Alors, dû à leur formation, dû à leur curiosité peut-être, et ça fait que ça n'avance pas beaucoup et que ça progresse. Mais tu vois, Arte, le développement de l'athlète parfait, dix ans plus tard, si on ramène au foot, il n'y a pas eu de grosses avancées. Et c'est plutôt des avancées individuelles, c'est-à-dire des coachs personnellement ou des clubs, des académies qui ont décidé de prendre cette voie-là. Mais ça reste des initiatives individuelles ou très localisées et pas à grande échelle. Et c'est pour ça qu'à l'heure actuelle, ça progresse très lentement.

  • Speaker #0

    Alors toi, tu as l'avantage d'avoir travaillé sur différents continents. Et prenons peut-être d'abord le cas du Canada, qui est souvent cité en référence comme capitale, notamment Montréal, comme capitale des neurosciences. Où est-ce qu'on en est actuellement au Canada en termes d'entraînement cognitif dans le soccer ?

  • Speaker #1

    Il n'est pas au cœur, il n'est pas très avancé. Quand tu citais l'Amérique du Nord, l'Amérique du Nord a été très en avance, et je pense que le reste, même si ailleurs dans le monde, ça commence à rattraper ce retard, c'est que l'aspect mental… L'aspect mental, qui est différent de l'aspect cognitif, mais l'aspect mental a été très présent dans les sports individuels en Amérique du Nord depuis très longtemps, ce qui n'était pas forcément le cas en France, par exemple, ou en Europe. Donc l'Europe a rattrapé, on va dire, son retard peut-être là-dessus. Mais si on reste au côté prépa mental, qui encore une fois, mais c'est juste pour donner l'exemple, Moi, quand j'ai démarré l'académie à Montréal, l'un des premiers coachs que j'ai recruté, c'est un préparateur mental. Donc, dès les premiers moments de l'existence de l'académie, à l'époque, ça s'appelait l'Impact de Montréal, maintenant, c'est le CVE Montréal, on avait un préparateur mental à temps plein dans la structure dès les premiers moments. Là, c'était 2010, on est en 2025. Quinze ans plus tard, il y a très peu de structures dans la formation, dans les académies, même dans les équipes professionnelles en France qui ont des préparateurs mentaux à temps plein. Ça reste rare. Donc en fait, on généralement sous-traite cette partie mentale à des spécialistes, des experts de l'extérieur. Quand il y a un problème, il y a un joueur qui a besoin d'être accompagné de manière plus spécifique sur cet aspect-là. Et moi, j'ai rencontré il n'y a pas si longtemps un Français qui est spécialiste de la prépa mentale et qui gagne sa vie et bien sa vie. Et il est appelé dans des clubs en Espagne, en Allemagne, en France, quand il y a une problématique avec un joueur. Et il vient pendant deux, trois semaines à s'entretenir, essayer de résoudre cette problématique mentale du joueur. Donc, on voit que ce n'est pas encore quelque chose de... d'acquis, on va dire, dans un staff à l'heure actuelle, en France ou en Europe, on a rarement, dans le staff technique, on a rarement un préparateur mental. Donc, 15 ans, 20 ans plus tard, même ce spécialiste-là, cet expert-là, il n'est pas intégré complètement dans les staffs des clips professionnels ou d'académie. Et l'aspect cognitif, encore moins. C'est-à-dire que le côté mental dans l'Amérique du Nord, où cet aspect mental a été fortement développé, mais quand on arrive dans le côté cognitif, ça n'a pas beaucoup bougé. Et en fait, parce que le préparateur mental est un entraîneur, mais généralement pas un entraîneur qui passe beaucoup de temps sur le terrain. Il est dans l'observation, il est dans l'accompagnement, mais ce n'est pas lui qui fait les séances sur le terrain. qui crée les séances sur le terrain. Or, le développement cognitif du joueur, là, c'est l'entraîneur de terrain qui doit le mettre en place. Et on revient à ce qu'on disait il y a cinq minutes, c'est que cet entraîneur de terrain, généralement, il est très peu formé au développement cognitif du joueur. Et au Canada ou en Amérique du Nord, je pense que là-dessus, on n'est pas plus en avance qu'en France ou en Europe, et pas plus en avance. au Sénégal non plus. Et ce qui pose un petit frein par rapport à ça, c'est qu'en Amérique du Nord, on a le culte de l'athlète. Au Sénégal, on a le culte de l'athlète. C'est-à-dire qu'on a du mal encore à se distancer du côté purement athlétique du joueur. Et on a encore beaucoup trop dans le foot, on a encore beaucoup trop d'approches. qui disent on va développer l'athlète et ensuite on va développer le joueur, en oubliant que c'est à l'inverse qu'il faut faire, il faut développer le joueur, et en développant le joueur, on va développer l'aspect athlétique du joueur. Mais c'est d'abord développer un joueur, et développer un joueur, c'est développer aussi son cerveau. Parce que là, je vais caricaturer, puis il y a des gens qui ne vont peut-être pas m'aimer là, mais un athlète, le développement cognitif d'un sprinter du 100 mètres, il est évidemment beaucoup moins compliqué que de développer l'aspect cognitif d'un joueur d'un sport collectif. Et on a du mal encore, beaucoup de structures ont encore du mal à se détacher du côté purement athlétique du sport et pour aller vers un développement cognitif du joueur. Et en fait, le développement athlétique devient une conséquence. On prend toujours cet exemple de Usain Bolt, qui était, je ne vais pas dire l'athlète ultime, mais dans son domaine, qui était quand même, je pense que c'est une légende, et ça restera une légende encore pendant très très longtemps. qui était l'homme le plus rapide du monde et qui avait une passion pour le foot. Et après sa carrière, il a essayé de faire une carrière de joueur de soccer professionnel et ça n'a pas marché. Et pourtant, au niveau athlétique, il ne pouvait pas trouver un joueur qui allait plus vite que lui. Mais il lui manquait quelque chose et ce qui lui manquait, c'était cet aspect cognitif du joueur de foot que lui n'avait pas, et ça se comprend. Mais ce qui... Je pense que cet exemple superbe montre que dans le foot, le côté athlétique n'est pas d'ordre hiérarchique le plus élevé quand on développe un joueur. Et puis bien sûr, derrière, en parallèle ou en même temps, on pourrait mettre le développement des qualités humaines qui reste la base du développement humain et du développement du joueur. Donc on voit qu'on a encore beaucoup de chemin à faire pour intégrer pleinement. le développement cognitif et lui donner toute l'importance qu'il doit avoir en

  • Speaker #0

    2025. Je te rejoins dans ce que tu dis dans mes recherches. Je n'ai pas trouvé de spécialistes en entraînement cognitif qui sont intégrés dans des staffs de clubs professionnels. Une seule exception, Michel Rabasca, que tu connais peut-être, qui est le directeur de la performance cognitive au LA Galaxy.

  • Speaker #1

    Tu vois, il y a des… Il y a des spécialités comme ça qui se créent, on va dire, des nouveaux postes, comme il y a de plus en plus de staff qui intègre un staff qui est spécialiste de développement individuel du joueur. Alors, les titres peuvent changer, mais ça reste que pour moi, le développement cognitif d'un joueur, la majeure partie du travail se fait sur le terrain à l'entraînement et pas… En dehors du terrain, il peut y avoir des compléments. On peut passer, là, on rejoint un petit peu de la prépa mentale, de l'analyse vidéo, par exemple, de l'auto-évaluation, l'aspect même, quelque part, un peu statistique, traitement de données. Mais la majeure partie du travail se fait sur le terrain, tous les jours, au cognitif du joueur.

  • Speaker #0

    On va poursuivre, donc, dans ce podcast, le sujet et surtout l'intelligence de jeu. Est-ce que tu pourrais, toi, nous partager ta vision sur l'importance de l'intelligence de jeu dans le foot actuel ?

  • Speaker #1

    L'importance, pour moi, c'est le plus important. C'est le plus important pour le foot de haut niveau à l'heure actuelle. On se rend compte, les statistiques, les indices de performance montrent que le foot actuellement, comparé à il y a 10, 15 ou 20 ans, c'est un sport où il faut aller de plus en plus vite, parce qu'on a de moins en moins d'espace, parce que comme on a moins d'espace, on a moins de temps, parce que les joueurs vont plus vite, sont plus forts, parce qu'on a moins de temps pour trouver une solution et pour l'exécuter. Donc en fait, ce qui va permettre à un joueur d'être performant dans le foot actuel, qui exécute vite, et donc avant ça, pour pouvoir bien l'exécuter et trouver une bonne solution à un problème, il faut... Il faut prendre l'information, il faut bien la traiter, il faut prendre une bonne décision, il faut bien exécuter cette décision-là. Et ça, c'est du cognitif à la base, à 100%. Et en fait, cette perception, ce traitement de données, l'aspect cognitif de l'action d'un joueur de foot, c'est ce qui va déclencher tout le reste. C'est de la plus haute importance à l'heure actuelle d'avoir des joueurs qui cognitivement sont capables de faire ça au plus haut niveau, avec ces contraintes d'espace et de temps. dans un environnement qui reste très compliqué, qui est le foot avec 10 partenaires, avec 11...

  • Speaker #0

    11 adversaires, plus tout l'environnement externe, comme l'arbitre, le public, etc., qui vont compliquer également la tâche. Donc c'est super, super important, et pour moi c'est la base d'un joueur de très haut niveau, c'est quelqu'un qui cognitivement est également très développé.

  • Speaker #1

    Je sais que l'entraînement cognitif, c'est un sujet qui te passionne. Je t'avais consulté d'ailleurs il y a quelques années pour des conseils en termes de formation. Qu'est-ce que toi, personnellement, tu mets en place pour améliorer l'intelligence de jeu de tes jeunes joueurs ?

  • Speaker #0

    La réponse n'est pas facile et peut paraître un petit peu complexe, parce que ce n'est pas simplement un élément que tu vas mettre en place qui va faciliter ça. C'est énormément de... de composantes méthodologiques, pédagogiques, dans le contenu de l'entraînement, dans l'interaction avec les joueurs, qui va faciliter le développement cognitif du joueur. Et l'une des premières choses, à mon avis, un des prémices les plus importants, et moi j'y fais attention dans les structures dans lesquelles je travaille, c'est-à-dire de s'assurer que les entraîneurs, les éducateurs, ont un minimum de connaissances sur le fonctionnement du cerveau, sur la manière dont un joueur à qui est acquiert des compétences leur expliquer c'est quoi une compétence leur expliquer comment on ancre une compétence et et ça c'est déjà la base pour pouvoir mettre un contenu d'entraînement qui va permettre ce développement là et comment on va optimiser les relations les interactions entre l'entraîneur et le joueur pour aider le joueur à se développer sur le plan cognitif donc Ça part déjà par ces connaissances-là. Ensuite, c'est une fois que tu as ces connaissances-là, et comme on le disait au départ, c'est développer un cerveau. Comment on va réussir à rendre un joueur inconsciemment compétent ? Je reviens à ce que je disais sur ce chercheur, professeur à la Sorbonne, qui est un sociologue du sport, qui s'appelle… Pierre Parlebas qui lui expliquait que dans le passé, on considérait une personne intelligente, la personne qui s'exprimait bien, et que si une personne ne s'exprimait pas bien, c'est qu'elle était un abruti. Et la difficulté au foot, c'est que 98% de la communication d'un joueur de foot, elle est non-verbale. Donc comment juger ? de l'intelligence d'un joueur, de la qualité cognitive d'un joueur, sachant que ce joueur-là s'exprime de manière non-verbale. Et en fait, ce qu'il faut créer, c'est des joueurs qui deviennent inconsciemment compétents, parce que quand on fait les choses de manière inconsciente, on les fait beaucoup plus vite. Et là, on rentre, je m'égare un petit peu du terrain en tant que tel, Greg, mais... Mais je pense que c'est indispensable pour bien comprendre ce qu'on doit mettre en place sur le terrain. Moi, je vous renvoie à ce qui était au départ théorisé par Kahneman sur le système 1, système 2, qui a été repris par Houdet, qui lui amène un système 3 dans l'affaire. Donc système 1 qui est l'automatisation de l'aspect cognitif du cerveau. Le système 2. qui est sur le côté réfléchi, conscient du fonctionnement du cerveau, et le système 3 qui est la capacité d'inhibition du système 1 ou du système 2. Et en fait, quand on comprend comment fonctionnent ces trois systèmes-là, on est capable ensuite de comprendre ce qu'on met en place sur le terrain, comment ça va aider à développer le système 1, le système 2 et le système 3, sachant que le système le plus... Le plus intéressant pour le joueur de foot, c'est le système 1, parce que c'est ce qui permet au cerveau ou à l'homme ou au joueur de prendre des décisions de manière inconsciente et donc le plus rapidement possible. Dans un monde du foot, il faut prendre ses décisions de manière très rapide. Il faut garder en tête que 95% des actions d'un joueur se font de manière inconsciente. Et on veut que ces décisions que le joueur prend de manière inconsciente, on veut que ces décisions soient les plus rapides possibles. plus pertinentes possibles et les meilleures possibles. Et pour ça, il faut mettre un joueur dans des conditions, dans des situations de match, dans un contexte de match, dans un contexte de foot en permanence ou le plus souvent possible. Et donc, le développement cognitif du joueur va démarrer à mettre le joueur dans des conditions qui ressemblent à du foot. Alors, ça paraît basique, ce que je dis, mais un entraîneur, quand il... sort de sa séance ou quand il crée une séance, il doit déjà se poser la question est-ce que ça ressemble à du foot ou pas ? Et on peut se rendre compte que quelquefois ou souvent, on met en place des choses à l'entraînement qui n'ont rien à voir avec le foot. Et en fait, il faut se rendre compte que chaque chose que le joueur fait à l'entraînement, ça participe au développement cognitif de ce joueur-là. Et donc déjà... Mettre en place des choses à l'entraînement qui sont dans un contexte foot. Ensuite, c'est prendre en compte le fait qu'il faut complexifier de manière progressive ce qu'on met en place sur le terrain pour ne pas surcharger la mémoire du travail du joueur qui est la mémoire la plus importante ou l'aspect le plus important dans le fonctionnement du cerveau et dans l'exécution, la prise de décision et l'exécution de cette décision-là. C'est à partir de la mémoire de travail, donc comment développer cette mémoire de travail ou comment optimiser le fonctionnement de cette mémoire de travail-là.

  • Speaker #1

    Pour simplement éclairer nos auditeurs, la mémoire de travail, c'est une mémoire à court terme qui va permettre de stocker un certain nombre d'informations que le joueur va remanipuler dans les 2 à 3 minutes. Donc typiquement, c'est photographier la position des joueurs, des adversaires et du ballon. Voilà, juste pour préciser un peu ce qu'est le... la mémoire de travail parce qu'elle n'a pas encore été abordée dans ce podcast. Je vais en faire un épisode dédié parce que je pense que c'est une compétence qui est essentielle pour développer l'intelligence de jeu du joueur.

  • Speaker #0

    À 100%, Greg, et tu le sais, cette mémoire de travail a ses limites. Elle peut être... Si on n'y fait pas attention, elle peut être surchargée. Et malheureusement, on va dire le cerveau, quand la mémoire de travail est surchargée, plutôt que de garder un cerveau actif, en fait, on désactive le cerveau. C'est-à-dire que le joueur n'aura plus la capacité de prendre l'information, de traiter cette information et d'exécuter de manière optimale. Donc, en fait, il faut véritablement chercher à comment je peux me servir du mieux possible. de cette mémoire de travail. Il y a plein de pédagogies, plein de choses différentes qu'on peut mettre en place pour optimiser son fonctionnement. Une des manières d'optimiser le fonctionnement de la mémoire de travail et d'ancrer certaines compétences ou habiletés dans la mémoire à long terme, c'est à l'entraînement de répéter des situations sans les répéter. Ça paraît une expression un peu bizarre. Mais en fait, c'est comment faire apprendre aux joueurs à prendre la bonne information. On parle souvent de scan au foot, on parle souvent de prise d'information. Mais il faut savoir quand le joueur doit prendre l'information, qu'est-ce qu'il doit regarder. Par exemple, je vais prendre un exemple qu'on avait vu à une époque, quand on démarrait sur... Sur les connaissances, on va dire sur la prise d'informations du joueur, on avait souvent le joueur qui recevait un ballon et sur le temps de passe, on mettait un entraîneur derrière le joueur. Le joueur devait tourner la tête à droite et à gauche dans son dos et regarder l'entraîneur adjoint ou le partenaire. Il mettait des doigts avec une main, un, deux, trois, quatre ou cinq doigts et le joueur devait dire. Au moment où ils recevaient la passe, de dire il y a un doigt de lever, deux doigts de lever, trois doigts de lever. Et en fait, quand on sait maintenant ce que regarde un joueur sur le temps de passe, il ne regarde pas le bras et les mains d'un joueur. Il ne regarde pas s'il y a un ou deux ou trois doigts qui sont levés. Il regarde d'autres choses, notamment le positionnement du corps du partenaire. Il regarde la couleur du maillot. Et en fait, il est très centré sur le torse du partenaire ou de l'adversaire. Donc en fait, on entraînait les joueurs en disant, on va leur apprendre à prendre l'info. Mais on leur demandait de regarder un endroit où le joueur ne regarde jamais un match. Donc on lui demandait de regarder des informations et de traiter cette information-là qui n'avait rien à voir au contexte de foot. Donc c'est juste un exemple qui montre que pour développer le côté cognitif du joueur, il faut développer sa capacité à prendre l'information, quel type d'information il doit prendre, et ensuite traiter cette information-là pour prendre une décision. Et il faut savoir qu'au niveau cognitif, il se crée des... des connexions entre les neurones. Et ces connexions neuronales, elles sont facilitées, plus fluides, elles sont plus fortes si on met le joueur dans les mêmes situations le plus souvent possible. Mais comme au foot, on sait qu'une situation n'est jamais exactement la même. On revient à cette expression qui est de répéter sans répéter, c'est-à-dire répéter des situations, mais en changeant certains paramètres de cette situation-là. pour faciliter la reconnaissance de cette situation par le joueur et qu'à un moment donné, cette reconnaissance de situation se fasse de manière inconsciente et que ça permette au joueur de prendre la bonne décision ou ensuite d'exécuter par rapport à cette problématique, cette situation. Donc c'est ça qu'il faut mettre en place à l'entraînement au quotidien sur toute la durée. de l'entraînement. Donc, ce n'est pas simplement 10 minutes sur une heure et demie, mais c'est une heure et demie sur une heure et demie. Et alors, ça paraît un petit peu complexe éventuellement ce que je dis, mais au bout d'un moment, pour l'entraîneur, ça devient aussi quelque chose d'inconscient. Et tout ça, il maîtrise ces paramètres-là et le contenu des entraînements deviennent plus faciles à mettre en place. Mais c'est ça qu'on doit mettre en place en permanence à l'entraînement pour développer le côté cognitif du joueur. Et on va mettre également une des composantes importantes, c'est la composante d'incertitude qu'on doit mettre en permanence à l'entraînement et dans les exercices, parce que ce côté incertitude va développer une composante essentielle du développement cognitif du joueur, qui est la capacité d'inhibition, qui va permettre aux joueurs quelquefois de... Il avait vu quelque chose, il a pris une décision par rapport à une situation donnée, mais au moment d'exécuter, cette situation a changé et il doit changer, il doit inhiber cette exécution-là pour trouver une autre solution. Et on sait qu'au foot, les situations changent en permanence. Et dans l'intelligence de jeu, c'est souvent une compétence qu'on oublie, cette capacité d'inhibition, cette capacité à inhiber que le joueur doit avoir. pour devenir cognitivement développé et avoir un aspect cognitif de très haut niveau dans le foot moderne. Donc voilà, ça paraît peut-être un petit peu flou et complexe, mais déjà si un entraîneur peut simplement mettre en place des contraintes, des exercices qui sont toujours contextualisés dans un contexte de foot, avec la répétition de situations, mais... qui ne soient jamais exactement les mêmes. Et en prenant, en faisant attention à complexifier de manière progressive pour ne pas surcharger la mémoire de travail dont tu parlais, Greg, déjà, si on met ça en place au quotidien, on a de très bonnes chances de développer des joueurs cognitivement costauds.

  • Speaker #1

    Alors, je te rejoins complètement dans ce que tu dis, répéter sans répéter. D'ailleurs, je suis personnellement très influencé par l'école allemande. Donc des personnes comme Horst Lutz, des personnes aussi comme Wolfgang Schellorn et l'apprentissage différentiel. Et c'est exactement ce que décrit Wolfgang Schellorn. C'est répéter, mais en ajoutant systématiquement des variations. Il appelle cela des perturbations stochastiques, justement pour permettre aux joueurs d'être plus flexibles et de mieux gérer les incertitudes qui sont propres au football.

  • Speaker #0

    Exact.

  • Speaker #1

    Ensuite, un autre point sur lequel je te rejoins, c'est les points que tu as abordés. C'est ce qu'on appelle les fonctions exécutives. Et les neuropsychologues nous apprennent aujourd'hui que le standard, le gold standard de l'intelligence, et là, ce n'est pas uniquement le cas en football, mais ça concerne aussi le monde scolaire, que ce n'est plus le QI, donc ce n'est plus l'intelligence comme on la connaissait il y a X nombre d'années. Mais aujourd'hui, ce sont les fonctions exécutives qui sont logées dans le cortex préfrontal. Donc, on parle ici de l'inhibition cognitive, de la flexibilité cognitive. la mémoire de travail, de l'attention. Ce sont toutes ces fonctions-là qui font l'intelligence. Et je pense personnellement que c'est ce qui doit être travaillé dans des séances pour améliorer l'intelligence de jeu du joueur.

  • Speaker #0

    À 100% ! Et ensuite, tu fais très bien de dire qu'on parle d'un cerveau d'athlète, mais c'est le même fonctionnement dans le cerveau de n'importe quel être humain. Donc, ce qu'on remet dans le contexte de foot peut être mis dans le contexte de l'entreprise ou d'autres sports, ou dans le contexte scolaire, universitaire, etc. Nous, notre contexte, quand on parle, c'est le contexte du sport et le contexte du foot en particulier. Mais c'est exactement ça, de cette manière qu'il faut aborder à l'heure actuelle le développement de sportifs de haut niveau. Ces aspects-là de fonction exécutive, d'inhibition, de mémoire de travail, c'est des paramètres qu'il faut prendre en compte à l'heure actuelle. Et dans la formation des entraîneurs... en 2025, qui a encore très peu de fédérations, qui, dans leur contenu de formation, dans leur diplôme, aborde ces aspects cognitifs et quels sont les outils qu'on peut mettre en place pour développer le côté cognitif du joueur.

  • Speaker #1

    Alors, chers auditeurs, j'espère qu'on ne vous a pas perdus aujourd'hui parce que nos échanges sont peut-être un tout petit peu techniques, mais je pense qu'il est important pour vous que vous puissiez vous familiariser avec ces termes. On verra dans des prochains épisodes comment entraîner à la fois la mémoire de travail, l'inhibition, la flexibilité, parce qu'il y a une manière concrète pour entraîner tout ça. Mais je pense qu'il était vraiment intéressant d'aborder ces termes avec Philippe, que vous puissiez vous familiariser. Ce sont des choses qu'on abordera un tout petit peu plus tard. Dernière question, Philippe, que je souhaitais te poser. J'observe aujourd'hui que beaucoup d'éducateurs utilisent l'entraînement cognitif. mais de manière intégrée. J'appelle ça l'entraînement cognitif intégré. Or, personnellement, moi, j'utilise beaucoup l'entraînement décontextualisé avec des objets tout à fait nouveaux pour le sportif, parce que mon objectif, une fois de plus, c'est de créer des joueurs adaptables, donc d'utiliser différents types de balles, différents types d'objets, différentes surfaces de jeu, de jouer parfois pieds nus, donc finalement de réaliser des... tâches motrices qui n'ont absolument rien à voir avec le football parce que je pars toujours sur le principe, l'objectif numéro un de l'entraînement neurocognitif doit être de développer la placée cérébrale du joueur et non pas d'améliorer une habileté motrice. Quel est toi personnellement ton avis sur ce sujet entraînement intégré versus entraînement décontextualisé ?

  • Speaker #0

    Moi j'ai un avis d'entraîneur de foot et Moi, je distingue deux parties. Tu as le côté, tu l'as dit, neuromoteur, qui est quelque chose de, je ne vais pas dire qui est différent, qui est bien sûr très lié au côté neurosciences et cognitifs, mais le côté neuromoteur, c'est la fin. C'est l'exécution, c'est la fin de l'action cognitive d'un joueur, c'est le côté neuromoteur. Et là, effectivement, utiliser différentes surfaces de pied, différents types de balles. Moi, je fais ça assez régulièrement, entraîner les joueurs avec des balles de tennis, des ballons de baudruche, des ballons de rugby à l'entraînement pour développer ce côté neuromoteur, flexibilité, adaptabilité. Mais ça reste que c'est la partie exécution de l'action d'un joueur de foot. Et l'action d'un joueur de foot, à la base, démarre par une prise d'information et encore une fois, traitement de l'information et une prise de décision. Donc, pour moi, le contexte reste super important. Et aussi, dépendamment du stade de développement du joueur, c'est-à-dire que le côté neuromoteur va... avoir énormément d'importance bien sûr au jeune âge, quand on est sur la découverte de son corps et puis sur l'acquisition d'habilités motrices. Mais quand on arrive sur des joueurs élites, pour moi, on perd du temps si on décontextualise trop souvent. Et pour moi, quand on a une heure et demie d'entraînement, une heure et demie sur le terrain, on doit rester contextualisé parce qu'on n'a pas de temps à perdre. Et là, je parle de joueurs qui arrivent à 17, 18 ans et qui sont professionnels. Ça ne veut pas dire que tu ne vas pas décontextualiser de temps en temps, mais ça doit rester un pourcentage relativement faible du temps de travail. Donc, ça rejoint également certains outils, plateformes. qui se disent développer l'aspect cognitif dans des choses complètement décontextualisées. Et moi, je crois beaucoup au contexte. De la même manière, sur le développement physique des joueurs, il faut toujours contextualiser, remettre dans le contexte du foot, qui n'est pas le même contexte qu'un joueur de curling ou de volleyball. Donc, pour moi, le contexte reste très, très important. Et je distingue ce côté cognitif et début d'une action d'un joueur de foot à la fin de l'action qui rejoint le côté neuromoteur, comme tu le décrivais Greg, avec par exemple l'utilisation de différentes surfaces ou différents ballons.

  • Speaker #1

    Parfait. Est-ce que tu pourrais, pour terminer cette interview, nous parler un peu de ton expérience actuelle à Dakar ? Un club qui d'ailleurs est en partenariat avec l'Olympique Lyonnais.

  • Speaker #0

    Oui, exact. Partenaire de l'Olympique Lyonnais depuis presque dix ans maintenant. En fait, c'est une expérience extraordinaire avec une mission particulière. C'est un club professionnel, un des trois plus gros clubs du Sénégal, qui a une double mission de... D'être en Ligue 1, de faire bonne figure en Ligue 1, d'avoir l'obligation de bien jouer au foot. Parce que l'objectif parallèle à celui de faire bonne figure en Ligue 1 sénégalaise et de bien jouer au foot, c'est de vendre des joueurs. Ce qui fait qu'on a une équipe très jeune. Cette année, on a une équipe qui a moins de 20 ans de moyenne d'âge. Avec des jeunes joueurs qui... à qui on offre une belle exposition auprès de recruteurs et de clubs étrangers qui puissent faire carrière en Europe. Donc la particularité, c'est de bien jouer au foot, développer les entraîneurs, parce que c'est une grande partie de mon travail également de développer les entraîneurs là-bas, développer les joueurs, et en fait d'accepter de jamais avoir sur le terrain notre meilleure équipe, parce qu'on a des joueurs qui sont en permanence en essai en Europe. qui sont généralement des très bons joueurs. Donc, on n'a jamais la meilleure équipe sur le terrain. On a aussi des joueurs qui signent en Europe et qu'on arrête de faire jouer pour ne pas risquer la blessure. Et donc, c'est jongler avec ces différents paramètres-là pour bien jouer au foot, se maintenir, être dans les... Bon, en ce moment, on est quatrième du championnat. Et en acceptant de jamais être avec sa meilleure équipe. sur le terrain. Donc c'est un peu le défi, mais ça reste du foot dans un environnement qui est identité africaine, sénégalaise, qui me change de tout ce que j'ai pu connaître avant, mais avec une référence qui reste universelle et commune, qui est le foot. Et c'est ce qui rend ce côté passionnant du sport, ce côté universel du sport qu'on retrouve au Sénégal avec toute la richesse que peut... m'amener cet environnement africain et sénégalais en particulier. Donc ça se passe bien, chez les jeunes, on a eu beaucoup de succès la saison dernière. On a réussi à valoriser de manière très forte l'effectif des équipes de jeunes et de l'équipe pro. Ça se passe super bien, c'est passionnant. Et voilà, j'encourage tout le monde encore une fois de... de multiplier les expériences dans des contextes différents parce que c'est ça aussi qui fait progresser l'être humain et l'entraîneur en particulier.

  • Speaker #1

    Parfait. Comment peuvent faire nos auditeurs pour te suivre dans tes aventures ?

  • Speaker #0

    J'ai un compte X dans Twitter qui est Philippe Lafroix. Donc, j'ai… Le compte est à mon nom. Ça peut être ça, ça peut être les différents podcasts comme le tien, Greg. J'en fais un autre demain au Canada. Les choses comme ça. Je vous encourage à aller voir mon compte Twitter et puis me suivre sur mes aventures africaines ou générales. mes aventures d'entraîneur et d'éducateur en général.

  • Speaker #1

    On peut te suivre également sur les réseaux sociaux du club. Il me semble que c'est AS Dakar Sacré-Cœur.

  • Speaker #0

    exactement parfait

  • Speaker #1

    Philippe on arrive à la fin de cette interview donc merci encore d'avoir accepté cette invitation c'est vraiment un honneur pour moi de t'accueillir comme premier comme premier expert interviewé je te souhaite vraiment tout de bon dans tes aventures africaines et

  • Speaker #0

    je te dis à très bientôt à très bientôt Greg et merci pour l'invitation toujours passionnant de discuter comme ça.

  • Speaker #1

    Merci Philippe, bye.

  • Speaker #0

    Bye.

  • Speaker #1

    Et voilà, c'est déjà la fin de cet épisode. J'espère qu'il t'a donné des idées et des pistes à explorer avec tes joueurs. Si tu as trouvé ça intéressant, voilà comment tu peux m'aider à faire grandir ce podcast. Abonne-toi dès maintenant pour être sûr de ne rien rater. Chaque épisode, c'est une nouvelle occasion d'apprendre et de progresser. Partage cet épisode avec d'autres entraîneurs passionnés. Ça pourrait vraiment les inspirer et les aider à progresser à nos côtés. Laisse-moi une note ou un avis sur ta plateforme d'écoute. Ça prend une minute et ça m'aidera énormément à toucher d'autres éducateurs comme toi. Merci d'avoir pris le temps d'écouter NeuroGoonFood. On se retrouve très vite pour le prochain épisode.

Description

⚽Dans cette première interview, j'ai l'immense plaisir d'accueillir Philippe Eullafroy, une figure incontournable du soccer et de la formation. Ancien directeur de l'Académie du CF Montréal, Philippe est aujourd'hui responsable technique de l'AS Dakar Sacré Coeur au Sénégal, club partenaire de l'Olympique Lyonnais.


Au programme de cet épisode:

1️⃣Son parcours inspirant de l'Europe à l'Afrique en passant par le Canada et les Etats-Unis

2️⃣Un état des lieux de l'entraînement cognitif en football

3️⃣Sa philosophie pour former des joueurs plus intelligents


🎧Bonne écoute

Greg


✨Rejoins moi sur mes réseaux sociaux:

Instagram: https://www.instagram.com/neurocognifoot/

Facebook: https://www.facebook.com/people/Neurocognifoot/61550524644230/

Linkedin: https://www.linkedin.com/in/greg-debs-4601119/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Neurocognifoot, le podcast où Neurosciences et Football se rencontrent pour booster l'intelligence de jeu. Je suis Greg, spécialiste en entraînement perceptivo-cognitif et fondateur de Neurocognifoot. Si tu es à la recherche de conseils pour former des joueurs capables de mieux lire le jeu, d'anticiper et de prendre de meilleures décisions, alors tu es au bon moment de l'être. Dans ce podcast, seul ou avec mes invités, je te partage des concepts simples des outils concrets et des témoignages inspirés. Alors tiens-toi prêt et c'est parti pour l'épisode du jour. Hello à tous, bienvenue dans l'épisode 3 du podcast Neuroconifoot. Mon invité du jour s'appelle Philippe Lafroy, ancien directeur de l'Académie du CF Montréal. Il est aujourd'hui responsable technique du Dakar Sacré-Cœur au Sénégal. Allez, c'est parti ! Salut Philippe ! C'est vraiment un immense plaisir pour moi de t'accueillir dans ce podcast. On s'était rencontré, je crois, en 2007 à Montréal, lorsque je travaillais pour la Coupe du Monde U20 de la FIFA. Et si ma mémoire est bonne, tu étais à l'époque coach de l'équipe universitaire de Montréal.

  • Speaker #1

    Oui Greg, ta mémoire est bonne, mais j'étais entraîneur de l'équipe universitaire de McGill, l'une des universités anglophones de Montréal. Et oui, on s'était rencontrés à cette époque-là. Ça date maintenant de presque 20 ans.

  • Speaker #0

    Alors, pour commencer cette interview, Philippe, est-ce que tu pourrais présenter ton parcours de tes débuts en tant qu'éducateur jusqu'à ton poste actuel à Dakar ?

  • Speaker #1

    Alors, mon parcours, il est peut-être un peu particulier, pas vraiment conventionnel. En fait, j'ai été formé en tant que joueur de foot à Troyes. Alors, à l'époque, ça ne s'appelait pas l'ESTAC, mais il y avait un centre de formation. Donc, j'ai été formé là-bas. J'ai fait la grande majorité de ma carrière à l'ESTAC. Et puis, tout en continuant un petit peu mes études, parce que j'ai une famille qui ne voulait pas que je me consacre à 100% qu'au foot. Donc, on m'a toujours... obligé entre guillemets à continuer ou à garder une connexion avec les études donc ce qui fait que je continuais en parallèle très très lentement mais je gardais une connexion avec les études et puis après ma carrière ça m'a permis de de reprendre mes études où je les avais laissé c'est à dire quand même pas un très haut niveau et puis terminé par un doctorat Donc, je suis docteur en toxicologie. Et pourquoi je parle de ça ? C'est qu'à la fin de mon doctorat, j'ai fait de la recherche et j'ai commencé à passer mes diplômes d'entraîneur. Et la première expérience d'entraîneur que j'ai eue, c'est en tant que préparateur physique, parce que c'était... la partie de l'entraînement qui se rapprochait le plus de la science. Donc, c'était pour moi une évidence que si je voulais, ce qui m'attirait dans le métier, au départ, je ne vais pas dire d'éducateur, mais d'entraîneur, c'était le côté prépa physique avec toute la science qui était derrière ça. Et puis, au fur et à mesure que j'ai passé les diplômes et mes expériences, donc mes premières expériences de coach, ça a été à l'ESTAC, ça a été... Ça a été à l'Université du Québec à Montréal, ça a été au Stade de Reims. Et au fur et à mesure, j'ai passé les autres diplômes et je suis passé de préparateur physique à entraîneur. Et mes diverses expériences m'ont ramené en Amérique du Nord, où là, j'ai coaché au niveau universitaire. Comme vous le savez, en Amérique du Nord, le réseau universitaire est quelque chose de... de très très importants, beaucoup plus développés que ce qu'on peut connaître en France.

  • Speaker #0

    Justement, est-ce que tu pourrais te développer, expliquer un peu à nos auditeurs ce que c'est le soccer, puisqu'on appelle ça le soccer en Amérique du Nord, mais ce que c'est réellement le soccer universitaire ? Parce que je crois que c'est quelque chose qui est particulier, rien que de par les infrastructures.

  • Speaker #1

    Alors, c'est une côté culturel, et on va dire historique du sport en Amérique du Nord. Il faut savoir que les structures de formation en Amérique du Nord... n'existe quasiment pas, pas comme on le connaît par exemple en France ou en Europe concernant le foot ou d'autres sports. En Amérique du Nord, en fait, la formation se fait, ou les centres de formation, les académies, en fait, ce sont les universités. Et les sports majeurs, il y a cinq sports majeurs en Amérique du Nord, mais avant d'arriver au cinquième sport majeur, qui est le soccer ou le foot européen, les... quatre autres sports majeurs qui sont le football américain, le basketball, le baseball et le hockey. En fait, ce ne sont pas des clubs, ce sont des équipes et ils n'ont aucune structure de formation. Et toute la formation se fait au niveau universitaire. Donc, débouchant, bien sûr, pour ces joueurs universitaires à une carrière professionnelle dans ces quatre sports majeurs. Donc, en fait, les universités qui ont d'énormes moyens, Parce que contrairement à la France, les universités sont payantes. Donc ce n'est pas financié par l'État ou très peu. Et en fait, les universités, chaque étudiant est un client et pour attirer le client, l'image est importante et le sport fait partie de cette image. Donc en fait, les universités ont investi énormément d'argent sur le développement des joueurs, mais également des infrastructures. Donc comme tu le disais, Greg... tu vas faire du sport dans ces sports majeurs-là et tu es dans des conditions que, même à l'heure actuelle, certains sportifs professionnels dans les clubs professionnels n'ont pas en termes d'installation, de suivi, de staff, de terrain, de tout ce que tu veux. Donc, c'est assez phénoménal. Et on arrive, bien sûr, à des sports, à des équipes dans des universités où il y a 15 000, 20 000 spectateurs dans des stades qui font 20, 30, 40, 50. 80 000 places, avec des staffs hyper abondants, avec de l'expertise, etc. Donc ça, culturellement, historiquement, ça a une place énorme dans le sport de haut niveau, les universités. Donc je vous encourage à ceux qui veulent aller en Amérique du Nord, d'aller voir des matchs universitaires, de visiter les installations. On ne peut pas s'imaginer qu'au niveau université, on puisse avoir des installations comme ça. Et le cinquième sport majeur qui est arrivé un petit peu plus tard, qui est le soccer, le football européen, s'est appuyé sur cette même filière de formation au départ. Ce qui fait que le réseau universitaire, la compétition universitaire, c'est quelque chose de très, très, très important, qui n'a absolument rien à voir avec le réseau universitaire européen. Parce qu'il y a les pros, et juste en dessous, Il y a l'université. Donc, si tu as joué ou tu as été joueur universitaire, c'est ce qu'il y a de plus haut niveau, juste en dessous le réseau professionnel. Et donc, être joueur universitaire, être coach universitaire, c'est très, très, très, très valorisant et c'est synonyme de très, très haut niveau, sachant que le niveau d'excellence, la coach au-dessus, ça reste le réseau pro. En France, par exemple, ce n'est pas du tout ça. Mais pour revenir au foot, le foot ou le soccer, le soccer a pris petit à petit une direction qui ressemble plus à celle de l'Europe parce que la compétition du soccer est internationale, mondiale. Les équipes, les clubs ont commencé à mettre en place leur système de formation. et donc des joueurs qui maintenant vont vers une carrière professionnelle, essentiellement en passant par les centres de formation, les académies comme on les entend en Europe. Mais ça reste un réseau super important pour les autres sports, pour le soccer aussi, mais un degré moindre parce que c'est moins une passerelle vers une carrière professionnelle, même si elle reste là, mais elle est de moindre importance par rapport aux autres sports.

  • Speaker #0

    Et le club de Montréal, le club professionnel, s'est un peu éloigné visiblement de ce modèle puisqu'il a après construit sa propre académie que tu as d'ailleurs dirigée ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc, comme les autres clubs pros en MLS, si on prend ce réseau-là en particulier, en fait, dès 2000, enfin dès, si on peut dire, en 2007, la MLS a obligé les clubs à mettre en place un système de formation pour ne plus être dépendants. du système universitaire qui a ses qualités mais aussi ses défauts, qui est en fait une saison qui est relativement courte, et puis des coachs universitaires qui sont comme des coachs professionnels. qui se doivent de gagner, qui développent un peu sous la pression du résultat. Ce n'est pas forcément super intéressant pour des joueurs qui restent jeunes. L'MLS a forcé, a obligé les clubs à mettre en place des structures de formation à partir de 2016. C'est-à-dire que c'est un système de formation qui a moins de 20 ans. Il a fallu que ces clubs-là créent. leur académie, et c'est ce que j'ai eu la chance de faire à Montréal, puisque j'ai démarré l'académie là-bas en 2010, et la créer à partir de rien, c'est-à-dire que quand je dis rien, rien, il n'y a pas de terrain, il n'y a pas de joueur, il n'y a pas de coach, il n'y a pas de projet de jeu, il n'y a pas de philosophie, il n'y a pas de méthodologie, il n'y a absolument rien, et il faut créer ça d'une page blanche, dans un environnement qui à la base n'est pas prêt à ça. dans l'environnement du soccer, qui n'était pas prêt à l'époque à voir débarquer un club professionnel qui veut développer lui-même ses joueurs. Alors, c'est se battre un petit peu contre les a priori, c'est défricher, c'est être pionnier, donc c'est passionnant, c'est aussi un peu difficile. Mais voilà, ça fait un bon lien avec la suite de mon parcours. qui fait qu'à un moment donné, j'avais cette double filière professionnelle qui était recherche scientifique et entraîneur de foot. Et à un moment donné, j'ai basculé à 100% vers entraîneur de foot en continuant à me former. Et je continue encore à l'heure actuelle à me former. Et puis, en passant la majeure partie de ma carrière en Amérique du Nord, que ce soit à Montréal. à San Francisco et maintenant en Afrique au Sénégal. Donc avec différents rôles qui vont d'éducateur, préparateur physique, éducateur de jeunes, assistant avec les pros, entraîneur d'équipe préserve. Donc j'ai pratiquement fait tous les rôles techniques qu'il peut y avoir au sein d'un club professionnel. Et en ce moment, je suis à ma... Deuxième année à Dakar sur un gros club sénégalais qui a le double projet de faire bien au niveau pro en Ligue 1 sénégalaise, mais également de développer des joueurs pour pouvoir les vendre en Europe et essentiellement dans le Big Five pour la majeure partie d'entre eux.

  • Speaker #0

    Super, alors on reviendra sur cette expérience actuelle à Dakar un tout petit peu plus tard dans l'interview. Mais pour moi, c'est aussi un plaisir de t'avoir dans ce podcast parce que tu es intervenu dans le documentaire d'Arte à la recherche du sportif parfait. Et j'en parlais dans mon tout premier épisode. C'est réellement ce documentaire qui a créé un déclic en moi et qui m'a donné envie de me former en entraînement cognitif. Et je vais te citer parce que j'ai repris le documentaire hier. Dans ce documentaire, tu disais « La préparation mentale sera plus que mentale, le mental cognitif, à savoir la prise d'infos, l'intelligence de jeu, et là, il y a une marge de progression qui est exceptionnelle. C'était intéressant parce que ce documentaire date de 2016. Alors, je ne sais pas si c'est parce qu'on est peut-être un peu en retard en France, mais je trouve que ta citation de l'époque est toujours d'actualité et que les choses n'ont pas tant avancé que ça. J'ai personnellement l'impression qu'on est toujours au balbutiement de la compréhension du cerveau. et que l'entraînement cognitif n'est pas encore démocratisé, surtout au niveau amateur. Alors, quel est ton avis sur ce sujet ?

  • Speaker #1

    Alors, tu vois, tu me rappelles un documentaire, 2016, je ne me souvenais plus de la date, donc on est 9 ans, on va dire presque 10 ans plus tard, et je suis fier de ma citation, parce que je me rends compte qu'on est en plein dedans, et qu'en fait... Si on remet dans le contexte du foot, et après je vais revenir au sens premier de ta question, c'est que dans le contexte du foot, pour moi, il y a eu différentes étapes, comme dans beaucoup de sports, dans beaucoup de domaines. Il y a eu une étape dans les années 60-70, il y a eu une petite révolution tactique avec beaucoup de... Beaucoup de coachs de renommée, hongrois, italiens, argentins, qui ont amené un peu de variété au niveau tactique. Il y a eu ensuite une révolution physique, de la préparation physique. Fin des années 90, où on sortait véritablement des préceptes de la préparation physique des pays de l'Est, et on sortait un petit peu de la préparation de l'athlète pour des Jeux Olympiques. Et puis, on est revenu à une deuxième phase de révolution tactique dans les années 2010, avec l'apparition ou l'influence de penseurs, techniciens, tacticiens, comme Guardiola, Mourinho, Juan Maguillo. des Arigosaki, etc., qui m'ont ramené un deuxième souffle dans l'évolution tactique. Et puis, pour moi, il y a une dizaine d'années, a commencé l'émergence de ce que j'appelle, ce que j'ai appelé à l'époque la révolution cognitive, et qui est encore à ses balbutiements. Et comme tu le disais, Greg, je pensais que ça irait beaucoup plus vite, mais ça peut s'expliquer. On va revenir à ta question. C'est que pour moi, la grosse évolution dans le développement de l'entraîneur et du joueur, c'est vraiment cette révolution au niveau cognitif. Ce qui m'amène à souvent dire aux entraîneurs ou aux dirigeants qu'en fait, on ne développe pas des joueurs, on développe des cerveaux et qu'on a tendance à oublier ça. Et c'est assez particulier parce que... OK, il y a eu le culte de l'athlète, c'est-à-dire cours, réfléchis pas. Et moi, je suis d'une génération où j'ai été formé, où en gros, mes entraîneurs, c'était fais ce que je te dis et puis pose pas de questions. Donc, tu fais ou tu dégages. Et maintenant, on demande à l'athlète de réfléchir plus. et d'être inconsciemment compétent. C'est une expression que j'adore et qui va sans doute revenir assez souvent dans notre discussion. C'est comment devenir inconsciemment compétent. Ce qui est assez incroyable, et pourquoi ça n'a pas trop démarré, cette révolution cognitive, c'est qu'en fait, on aborde une partie du développement du joueur qui n'est pas... très peu, voire jamais abordé dans la formation des entraîneurs. C'est-à-dire dans le contenu de formation des entraîneurs, on est encore sur quelque chose de très classique, c'est la technique, la tactique, le mental qui est quand même apparu, qui amène quand même une perspective différente du pur physique, technique, tactique. Mais à aucun moment on aborde le côté cognitif et quand on aborde le côté cognitif, On aborde le côté fonctionnement du cerveau, les neurosciences, la neurobiologie. Alors, on ne demande pas à un entraîneur d'être neurochirurgien, mais pour moi, c'est aberrant à l'heure actuelle d'avoir des entraîneurs qui doivent développer des cerveaux, mais qui n'ont aucune idée de comment fonctionne le cerveau. Alors, c'est vrai qu'on rentre dans une partie plus scientifique, comme l'est la préparation physique, mais le fait qu'on ait... Quand on est rentré sur la révolution de la prépa physique, c'était très scientifique, on a donné cette partie de développement du joueur à des spécialistes qui sont des préparateurs physiques. Et en gros, le coach s'est dédouané en disant « Moi, je n'y connais pas grand-chose, donc je vais engager un spécialiste là-dedans qui est le préparateur physique. Il fait ses choses et puis je lui fais confiance et puis on va développer le côté physique du joueur grâce à ce spécialiste-là. » À l'heure actuelle, Il n'y a pas de spécialiste de la préparation ou du développement cognitif du joueur. Donc, ça retombe sur le coach, l'entraîneur, qui lui, généralement, n'a pas les connaissances ou les compétences pour développer cognitivement le joueur. Donc, il y a une sorte de timidité par rapport à ça. On ne se focalise pas encore assez sur le développement cognitif du joueur parce que ça nécessite des connaissances qu'à l'heure actuelle. La majeure partie des coachs n'ont pas. Alors, dû à leur formation, dû à leur curiosité peut-être, et ça fait que ça n'avance pas beaucoup et que ça progresse. Mais tu vois, Arte, le développement de l'athlète parfait, dix ans plus tard, si on ramène au foot, il n'y a pas eu de grosses avancées. Et c'est plutôt des avancées individuelles, c'est-à-dire des coachs personnellement ou des clubs, des académies qui ont décidé de prendre cette voie-là. Mais ça reste des initiatives individuelles ou très localisées et pas à grande échelle. Et c'est pour ça qu'à l'heure actuelle, ça progresse très lentement.

  • Speaker #0

    Alors toi, tu as l'avantage d'avoir travaillé sur différents continents. Et prenons peut-être d'abord le cas du Canada, qui est souvent cité en référence comme capitale, notamment Montréal, comme capitale des neurosciences. Où est-ce qu'on en est actuellement au Canada en termes d'entraînement cognitif dans le soccer ?

  • Speaker #1

    Il n'est pas au cœur, il n'est pas très avancé. Quand tu citais l'Amérique du Nord, l'Amérique du Nord a été très en avance, et je pense que le reste, même si ailleurs dans le monde, ça commence à rattraper ce retard, c'est que l'aspect mental… L'aspect mental, qui est différent de l'aspect cognitif, mais l'aspect mental a été très présent dans les sports individuels en Amérique du Nord depuis très longtemps, ce qui n'était pas forcément le cas en France, par exemple, ou en Europe. Donc l'Europe a rattrapé, on va dire, son retard peut-être là-dessus. Mais si on reste au côté prépa mental, qui encore une fois, mais c'est juste pour donner l'exemple, Moi, quand j'ai démarré l'académie à Montréal, l'un des premiers coachs que j'ai recruté, c'est un préparateur mental. Donc, dès les premiers moments de l'existence de l'académie, à l'époque, ça s'appelait l'Impact de Montréal, maintenant, c'est le CVE Montréal, on avait un préparateur mental à temps plein dans la structure dès les premiers moments. Là, c'était 2010, on est en 2025. Quinze ans plus tard, il y a très peu de structures dans la formation, dans les académies, même dans les équipes professionnelles en France qui ont des préparateurs mentaux à temps plein. Ça reste rare. Donc en fait, on généralement sous-traite cette partie mentale à des spécialistes, des experts de l'extérieur. Quand il y a un problème, il y a un joueur qui a besoin d'être accompagné de manière plus spécifique sur cet aspect-là. Et moi, j'ai rencontré il n'y a pas si longtemps un Français qui est spécialiste de la prépa mentale et qui gagne sa vie et bien sa vie. Et il est appelé dans des clubs en Espagne, en Allemagne, en France, quand il y a une problématique avec un joueur. Et il vient pendant deux, trois semaines à s'entretenir, essayer de résoudre cette problématique mentale du joueur. Donc, on voit que ce n'est pas encore quelque chose de... d'acquis, on va dire, dans un staff à l'heure actuelle, en France ou en Europe, on a rarement, dans le staff technique, on a rarement un préparateur mental. Donc, 15 ans, 20 ans plus tard, même ce spécialiste-là, cet expert-là, il n'est pas intégré complètement dans les staffs des clips professionnels ou d'académie. Et l'aspect cognitif, encore moins. C'est-à-dire que le côté mental dans l'Amérique du Nord, où cet aspect mental a été fortement développé, mais quand on arrive dans le côté cognitif, ça n'a pas beaucoup bougé. Et en fait, parce que le préparateur mental est un entraîneur, mais généralement pas un entraîneur qui passe beaucoup de temps sur le terrain. Il est dans l'observation, il est dans l'accompagnement, mais ce n'est pas lui qui fait les séances sur le terrain. qui crée les séances sur le terrain. Or, le développement cognitif du joueur, là, c'est l'entraîneur de terrain qui doit le mettre en place. Et on revient à ce qu'on disait il y a cinq minutes, c'est que cet entraîneur de terrain, généralement, il est très peu formé au développement cognitif du joueur. Et au Canada ou en Amérique du Nord, je pense que là-dessus, on n'est pas plus en avance qu'en France ou en Europe, et pas plus en avance. au Sénégal non plus. Et ce qui pose un petit frein par rapport à ça, c'est qu'en Amérique du Nord, on a le culte de l'athlète. Au Sénégal, on a le culte de l'athlète. C'est-à-dire qu'on a du mal encore à se distancer du côté purement athlétique du joueur. Et on a encore beaucoup trop dans le foot, on a encore beaucoup trop d'approches. qui disent on va développer l'athlète et ensuite on va développer le joueur, en oubliant que c'est à l'inverse qu'il faut faire, il faut développer le joueur, et en développant le joueur, on va développer l'aspect athlétique du joueur. Mais c'est d'abord développer un joueur, et développer un joueur, c'est développer aussi son cerveau. Parce que là, je vais caricaturer, puis il y a des gens qui ne vont peut-être pas m'aimer là, mais un athlète, le développement cognitif d'un sprinter du 100 mètres, il est évidemment beaucoup moins compliqué que de développer l'aspect cognitif d'un joueur d'un sport collectif. Et on a du mal encore, beaucoup de structures ont encore du mal à se détacher du côté purement athlétique du sport et pour aller vers un développement cognitif du joueur. Et en fait, le développement athlétique devient une conséquence. On prend toujours cet exemple de Usain Bolt, qui était, je ne vais pas dire l'athlète ultime, mais dans son domaine, qui était quand même, je pense que c'est une légende, et ça restera une légende encore pendant très très longtemps. qui était l'homme le plus rapide du monde et qui avait une passion pour le foot. Et après sa carrière, il a essayé de faire une carrière de joueur de soccer professionnel et ça n'a pas marché. Et pourtant, au niveau athlétique, il ne pouvait pas trouver un joueur qui allait plus vite que lui. Mais il lui manquait quelque chose et ce qui lui manquait, c'était cet aspect cognitif du joueur de foot que lui n'avait pas, et ça se comprend. Mais ce qui... Je pense que cet exemple superbe montre que dans le foot, le côté athlétique n'est pas d'ordre hiérarchique le plus élevé quand on développe un joueur. Et puis bien sûr, derrière, en parallèle ou en même temps, on pourrait mettre le développement des qualités humaines qui reste la base du développement humain et du développement du joueur. Donc on voit qu'on a encore beaucoup de chemin à faire pour intégrer pleinement. le développement cognitif et lui donner toute l'importance qu'il doit avoir en

  • Speaker #0

    2025. Je te rejoins dans ce que tu dis dans mes recherches. Je n'ai pas trouvé de spécialistes en entraînement cognitif qui sont intégrés dans des staffs de clubs professionnels. Une seule exception, Michel Rabasca, que tu connais peut-être, qui est le directeur de la performance cognitive au LA Galaxy.

  • Speaker #1

    Tu vois, il y a des… Il y a des spécialités comme ça qui se créent, on va dire, des nouveaux postes, comme il y a de plus en plus de staff qui intègre un staff qui est spécialiste de développement individuel du joueur. Alors, les titres peuvent changer, mais ça reste que pour moi, le développement cognitif d'un joueur, la majeure partie du travail se fait sur le terrain à l'entraînement et pas… En dehors du terrain, il peut y avoir des compléments. On peut passer, là, on rejoint un petit peu de la prépa mentale, de l'analyse vidéo, par exemple, de l'auto-évaluation, l'aspect même, quelque part, un peu statistique, traitement de données. Mais la majeure partie du travail se fait sur le terrain, tous les jours, au cognitif du joueur.

  • Speaker #0

    On va poursuivre, donc, dans ce podcast, le sujet et surtout l'intelligence de jeu. Est-ce que tu pourrais, toi, nous partager ta vision sur l'importance de l'intelligence de jeu dans le foot actuel ?

  • Speaker #1

    L'importance, pour moi, c'est le plus important. C'est le plus important pour le foot de haut niveau à l'heure actuelle. On se rend compte, les statistiques, les indices de performance montrent que le foot actuellement, comparé à il y a 10, 15 ou 20 ans, c'est un sport où il faut aller de plus en plus vite, parce qu'on a de moins en moins d'espace, parce que comme on a moins d'espace, on a moins de temps, parce que les joueurs vont plus vite, sont plus forts, parce qu'on a moins de temps pour trouver une solution et pour l'exécuter. Donc en fait, ce qui va permettre à un joueur d'être performant dans le foot actuel, qui exécute vite, et donc avant ça, pour pouvoir bien l'exécuter et trouver une bonne solution à un problème, il faut... Il faut prendre l'information, il faut bien la traiter, il faut prendre une bonne décision, il faut bien exécuter cette décision-là. Et ça, c'est du cognitif à la base, à 100%. Et en fait, cette perception, ce traitement de données, l'aspect cognitif de l'action d'un joueur de foot, c'est ce qui va déclencher tout le reste. C'est de la plus haute importance à l'heure actuelle d'avoir des joueurs qui cognitivement sont capables de faire ça au plus haut niveau, avec ces contraintes d'espace et de temps. dans un environnement qui reste très compliqué, qui est le foot avec 10 partenaires, avec 11...

  • Speaker #0

    11 adversaires, plus tout l'environnement externe, comme l'arbitre, le public, etc., qui vont compliquer également la tâche. Donc c'est super, super important, et pour moi c'est la base d'un joueur de très haut niveau, c'est quelqu'un qui cognitivement est également très développé.

  • Speaker #1

    Je sais que l'entraînement cognitif, c'est un sujet qui te passionne. Je t'avais consulté d'ailleurs il y a quelques années pour des conseils en termes de formation. Qu'est-ce que toi, personnellement, tu mets en place pour améliorer l'intelligence de jeu de tes jeunes joueurs ?

  • Speaker #0

    La réponse n'est pas facile et peut paraître un petit peu complexe, parce que ce n'est pas simplement un élément que tu vas mettre en place qui va faciliter ça. C'est énormément de... de composantes méthodologiques, pédagogiques, dans le contenu de l'entraînement, dans l'interaction avec les joueurs, qui va faciliter le développement cognitif du joueur. Et l'une des premières choses, à mon avis, un des prémices les plus importants, et moi j'y fais attention dans les structures dans lesquelles je travaille, c'est-à-dire de s'assurer que les entraîneurs, les éducateurs, ont un minimum de connaissances sur le fonctionnement du cerveau, sur la manière dont un joueur à qui est acquiert des compétences leur expliquer c'est quoi une compétence leur expliquer comment on ancre une compétence et et ça c'est déjà la base pour pouvoir mettre un contenu d'entraînement qui va permettre ce développement là et comment on va optimiser les relations les interactions entre l'entraîneur et le joueur pour aider le joueur à se développer sur le plan cognitif donc Ça part déjà par ces connaissances-là. Ensuite, c'est une fois que tu as ces connaissances-là, et comme on le disait au départ, c'est développer un cerveau. Comment on va réussir à rendre un joueur inconsciemment compétent ? Je reviens à ce que je disais sur ce chercheur, professeur à la Sorbonne, qui est un sociologue du sport, qui s'appelle… Pierre Parlebas qui lui expliquait que dans le passé, on considérait une personne intelligente, la personne qui s'exprimait bien, et que si une personne ne s'exprimait pas bien, c'est qu'elle était un abruti. Et la difficulté au foot, c'est que 98% de la communication d'un joueur de foot, elle est non-verbale. Donc comment juger ? de l'intelligence d'un joueur, de la qualité cognitive d'un joueur, sachant que ce joueur-là s'exprime de manière non-verbale. Et en fait, ce qu'il faut créer, c'est des joueurs qui deviennent inconsciemment compétents, parce que quand on fait les choses de manière inconsciente, on les fait beaucoup plus vite. Et là, on rentre, je m'égare un petit peu du terrain en tant que tel, Greg, mais... Mais je pense que c'est indispensable pour bien comprendre ce qu'on doit mettre en place sur le terrain. Moi, je vous renvoie à ce qui était au départ théorisé par Kahneman sur le système 1, système 2, qui a été repris par Houdet, qui lui amène un système 3 dans l'affaire. Donc système 1 qui est l'automatisation de l'aspect cognitif du cerveau. Le système 2. qui est sur le côté réfléchi, conscient du fonctionnement du cerveau, et le système 3 qui est la capacité d'inhibition du système 1 ou du système 2. Et en fait, quand on comprend comment fonctionnent ces trois systèmes-là, on est capable ensuite de comprendre ce qu'on met en place sur le terrain, comment ça va aider à développer le système 1, le système 2 et le système 3, sachant que le système le plus... Le plus intéressant pour le joueur de foot, c'est le système 1, parce que c'est ce qui permet au cerveau ou à l'homme ou au joueur de prendre des décisions de manière inconsciente et donc le plus rapidement possible. Dans un monde du foot, il faut prendre ses décisions de manière très rapide. Il faut garder en tête que 95% des actions d'un joueur se font de manière inconsciente. Et on veut que ces décisions que le joueur prend de manière inconsciente, on veut que ces décisions soient les plus rapides possibles. plus pertinentes possibles et les meilleures possibles. Et pour ça, il faut mettre un joueur dans des conditions, dans des situations de match, dans un contexte de match, dans un contexte de foot en permanence ou le plus souvent possible. Et donc, le développement cognitif du joueur va démarrer à mettre le joueur dans des conditions qui ressemblent à du foot. Alors, ça paraît basique, ce que je dis, mais un entraîneur, quand il... sort de sa séance ou quand il crée une séance, il doit déjà se poser la question est-ce que ça ressemble à du foot ou pas ? Et on peut se rendre compte que quelquefois ou souvent, on met en place des choses à l'entraînement qui n'ont rien à voir avec le foot. Et en fait, il faut se rendre compte que chaque chose que le joueur fait à l'entraînement, ça participe au développement cognitif de ce joueur-là. Et donc déjà... Mettre en place des choses à l'entraînement qui sont dans un contexte foot. Ensuite, c'est prendre en compte le fait qu'il faut complexifier de manière progressive ce qu'on met en place sur le terrain pour ne pas surcharger la mémoire du travail du joueur qui est la mémoire la plus importante ou l'aspect le plus important dans le fonctionnement du cerveau et dans l'exécution, la prise de décision et l'exécution de cette décision-là. C'est à partir de la mémoire de travail, donc comment développer cette mémoire de travail ou comment optimiser le fonctionnement de cette mémoire de travail-là.

  • Speaker #1

    Pour simplement éclairer nos auditeurs, la mémoire de travail, c'est une mémoire à court terme qui va permettre de stocker un certain nombre d'informations que le joueur va remanipuler dans les 2 à 3 minutes. Donc typiquement, c'est photographier la position des joueurs, des adversaires et du ballon. Voilà, juste pour préciser un peu ce qu'est le... la mémoire de travail parce qu'elle n'a pas encore été abordée dans ce podcast. Je vais en faire un épisode dédié parce que je pense que c'est une compétence qui est essentielle pour développer l'intelligence de jeu du joueur.

  • Speaker #0

    À 100%, Greg, et tu le sais, cette mémoire de travail a ses limites. Elle peut être... Si on n'y fait pas attention, elle peut être surchargée. Et malheureusement, on va dire le cerveau, quand la mémoire de travail est surchargée, plutôt que de garder un cerveau actif, en fait, on désactive le cerveau. C'est-à-dire que le joueur n'aura plus la capacité de prendre l'information, de traiter cette information et d'exécuter de manière optimale. Donc, en fait, il faut véritablement chercher à comment je peux me servir du mieux possible. de cette mémoire de travail. Il y a plein de pédagogies, plein de choses différentes qu'on peut mettre en place pour optimiser son fonctionnement. Une des manières d'optimiser le fonctionnement de la mémoire de travail et d'ancrer certaines compétences ou habiletés dans la mémoire à long terme, c'est à l'entraînement de répéter des situations sans les répéter. Ça paraît une expression un peu bizarre. Mais en fait, c'est comment faire apprendre aux joueurs à prendre la bonne information. On parle souvent de scan au foot, on parle souvent de prise d'information. Mais il faut savoir quand le joueur doit prendre l'information, qu'est-ce qu'il doit regarder. Par exemple, je vais prendre un exemple qu'on avait vu à une époque, quand on démarrait sur... Sur les connaissances, on va dire sur la prise d'informations du joueur, on avait souvent le joueur qui recevait un ballon et sur le temps de passe, on mettait un entraîneur derrière le joueur. Le joueur devait tourner la tête à droite et à gauche dans son dos et regarder l'entraîneur adjoint ou le partenaire. Il mettait des doigts avec une main, un, deux, trois, quatre ou cinq doigts et le joueur devait dire. Au moment où ils recevaient la passe, de dire il y a un doigt de lever, deux doigts de lever, trois doigts de lever. Et en fait, quand on sait maintenant ce que regarde un joueur sur le temps de passe, il ne regarde pas le bras et les mains d'un joueur. Il ne regarde pas s'il y a un ou deux ou trois doigts qui sont levés. Il regarde d'autres choses, notamment le positionnement du corps du partenaire. Il regarde la couleur du maillot. Et en fait, il est très centré sur le torse du partenaire ou de l'adversaire. Donc en fait, on entraînait les joueurs en disant, on va leur apprendre à prendre l'info. Mais on leur demandait de regarder un endroit où le joueur ne regarde jamais un match. Donc on lui demandait de regarder des informations et de traiter cette information-là qui n'avait rien à voir au contexte de foot. Donc c'est juste un exemple qui montre que pour développer le côté cognitif du joueur, il faut développer sa capacité à prendre l'information, quel type d'information il doit prendre, et ensuite traiter cette information-là pour prendre une décision. Et il faut savoir qu'au niveau cognitif, il se crée des... des connexions entre les neurones. Et ces connexions neuronales, elles sont facilitées, plus fluides, elles sont plus fortes si on met le joueur dans les mêmes situations le plus souvent possible. Mais comme au foot, on sait qu'une situation n'est jamais exactement la même. On revient à cette expression qui est de répéter sans répéter, c'est-à-dire répéter des situations, mais en changeant certains paramètres de cette situation-là. pour faciliter la reconnaissance de cette situation par le joueur et qu'à un moment donné, cette reconnaissance de situation se fasse de manière inconsciente et que ça permette au joueur de prendre la bonne décision ou ensuite d'exécuter par rapport à cette problématique, cette situation. Donc c'est ça qu'il faut mettre en place à l'entraînement au quotidien sur toute la durée. de l'entraînement. Donc, ce n'est pas simplement 10 minutes sur une heure et demie, mais c'est une heure et demie sur une heure et demie. Et alors, ça paraît un petit peu complexe éventuellement ce que je dis, mais au bout d'un moment, pour l'entraîneur, ça devient aussi quelque chose d'inconscient. Et tout ça, il maîtrise ces paramètres-là et le contenu des entraînements deviennent plus faciles à mettre en place. Mais c'est ça qu'on doit mettre en place en permanence à l'entraînement pour développer le côté cognitif du joueur. Et on va mettre également une des composantes importantes, c'est la composante d'incertitude qu'on doit mettre en permanence à l'entraînement et dans les exercices, parce que ce côté incertitude va développer une composante essentielle du développement cognitif du joueur, qui est la capacité d'inhibition, qui va permettre aux joueurs quelquefois de... Il avait vu quelque chose, il a pris une décision par rapport à une situation donnée, mais au moment d'exécuter, cette situation a changé et il doit changer, il doit inhiber cette exécution-là pour trouver une autre solution. Et on sait qu'au foot, les situations changent en permanence. Et dans l'intelligence de jeu, c'est souvent une compétence qu'on oublie, cette capacité d'inhibition, cette capacité à inhiber que le joueur doit avoir. pour devenir cognitivement développé et avoir un aspect cognitif de très haut niveau dans le foot moderne. Donc voilà, ça paraît peut-être un petit peu flou et complexe, mais déjà si un entraîneur peut simplement mettre en place des contraintes, des exercices qui sont toujours contextualisés dans un contexte de foot, avec la répétition de situations, mais... qui ne soient jamais exactement les mêmes. Et en prenant, en faisant attention à complexifier de manière progressive pour ne pas surcharger la mémoire de travail dont tu parlais, Greg, déjà, si on met ça en place au quotidien, on a de très bonnes chances de développer des joueurs cognitivement costauds.

  • Speaker #1

    Alors, je te rejoins complètement dans ce que tu dis, répéter sans répéter. D'ailleurs, je suis personnellement très influencé par l'école allemande. Donc des personnes comme Horst Lutz, des personnes aussi comme Wolfgang Schellorn et l'apprentissage différentiel. Et c'est exactement ce que décrit Wolfgang Schellorn. C'est répéter, mais en ajoutant systématiquement des variations. Il appelle cela des perturbations stochastiques, justement pour permettre aux joueurs d'être plus flexibles et de mieux gérer les incertitudes qui sont propres au football.

  • Speaker #0

    Exact.

  • Speaker #1

    Ensuite, un autre point sur lequel je te rejoins, c'est les points que tu as abordés. C'est ce qu'on appelle les fonctions exécutives. Et les neuropsychologues nous apprennent aujourd'hui que le standard, le gold standard de l'intelligence, et là, ce n'est pas uniquement le cas en football, mais ça concerne aussi le monde scolaire, que ce n'est plus le QI, donc ce n'est plus l'intelligence comme on la connaissait il y a X nombre d'années. Mais aujourd'hui, ce sont les fonctions exécutives qui sont logées dans le cortex préfrontal. Donc, on parle ici de l'inhibition cognitive, de la flexibilité cognitive. la mémoire de travail, de l'attention. Ce sont toutes ces fonctions-là qui font l'intelligence. Et je pense personnellement que c'est ce qui doit être travaillé dans des séances pour améliorer l'intelligence de jeu du joueur.

  • Speaker #0

    À 100% ! Et ensuite, tu fais très bien de dire qu'on parle d'un cerveau d'athlète, mais c'est le même fonctionnement dans le cerveau de n'importe quel être humain. Donc, ce qu'on remet dans le contexte de foot peut être mis dans le contexte de l'entreprise ou d'autres sports, ou dans le contexte scolaire, universitaire, etc. Nous, notre contexte, quand on parle, c'est le contexte du sport et le contexte du foot en particulier. Mais c'est exactement ça, de cette manière qu'il faut aborder à l'heure actuelle le développement de sportifs de haut niveau. Ces aspects-là de fonction exécutive, d'inhibition, de mémoire de travail, c'est des paramètres qu'il faut prendre en compte à l'heure actuelle. Et dans la formation des entraîneurs... en 2025, qui a encore très peu de fédérations, qui, dans leur contenu de formation, dans leur diplôme, aborde ces aspects cognitifs et quels sont les outils qu'on peut mettre en place pour développer le côté cognitif du joueur.

  • Speaker #1

    Alors, chers auditeurs, j'espère qu'on ne vous a pas perdus aujourd'hui parce que nos échanges sont peut-être un tout petit peu techniques, mais je pense qu'il est important pour vous que vous puissiez vous familiariser avec ces termes. On verra dans des prochains épisodes comment entraîner à la fois la mémoire de travail, l'inhibition, la flexibilité, parce qu'il y a une manière concrète pour entraîner tout ça. Mais je pense qu'il était vraiment intéressant d'aborder ces termes avec Philippe, que vous puissiez vous familiariser. Ce sont des choses qu'on abordera un tout petit peu plus tard. Dernière question, Philippe, que je souhaitais te poser. J'observe aujourd'hui que beaucoup d'éducateurs utilisent l'entraînement cognitif. mais de manière intégrée. J'appelle ça l'entraînement cognitif intégré. Or, personnellement, moi, j'utilise beaucoup l'entraînement décontextualisé avec des objets tout à fait nouveaux pour le sportif, parce que mon objectif, une fois de plus, c'est de créer des joueurs adaptables, donc d'utiliser différents types de balles, différents types d'objets, différentes surfaces de jeu, de jouer parfois pieds nus, donc finalement de réaliser des... tâches motrices qui n'ont absolument rien à voir avec le football parce que je pars toujours sur le principe, l'objectif numéro un de l'entraînement neurocognitif doit être de développer la placée cérébrale du joueur et non pas d'améliorer une habileté motrice. Quel est toi personnellement ton avis sur ce sujet entraînement intégré versus entraînement décontextualisé ?

  • Speaker #0

    Moi j'ai un avis d'entraîneur de foot et Moi, je distingue deux parties. Tu as le côté, tu l'as dit, neuromoteur, qui est quelque chose de, je ne vais pas dire qui est différent, qui est bien sûr très lié au côté neurosciences et cognitifs, mais le côté neuromoteur, c'est la fin. C'est l'exécution, c'est la fin de l'action cognitive d'un joueur, c'est le côté neuromoteur. Et là, effectivement, utiliser différentes surfaces de pied, différents types de balles. Moi, je fais ça assez régulièrement, entraîner les joueurs avec des balles de tennis, des ballons de baudruche, des ballons de rugby à l'entraînement pour développer ce côté neuromoteur, flexibilité, adaptabilité. Mais ça reste que c'est la partie exécution de l'action d'un joueur de foot. Et l'action d'un joueur de foot, à la base, démarre par une prise d'information et encore une fois, traitement de l'information et une prise de décision. Donc, pour moi, le contexte reste super important. Et aussi, dépendamment du stade de développement du joueur, c'est-à-dire que le côté neuromoteur va... avoir énormément d'importance bien sûr au jeune âge, quand on est sur la découverte de son corps et puis sur l'acquisition d'habilités motrices. Mais quand on arrive sur des joueurs élites, pour moi, on perd du temps si on décontextualise trop souvent. Et pour moi, quand on a une heure et demie d'entraînement, une heure et demie sur le terrain, on doit rester contextualisé parce qu'on n'a pas de temps à perdre. Et là, je parle de joueurs qui arrivent à 17, 18 ans et qui sont professionnels. Ça ne veut pas dire que tu ne vas pas décontextualiser de temps en temps, mais ça doit rester un pourcentage relativement faible du temps de travail. Donc, ça rejoint également certains outils, plateformes. qui se disent développer l'aspect cognitif dans des choses complètement décontextualisées. Et moi, je crois beaucoup au contexte. De la même manière, sur le développement physique des joueurs, il faut toujours contextualiser, remettre dans le contexte du foot, qui n'est pas le même contexte qu'un joueur de curling ou de volleyball. Donc, pour moi, le contexte reste très, très important. Et je distingue ce côté cognitif et début d'une action d'un joueur de foot à la fin de l'action qui rejoint le côté neuromoteur, comme tu le décrivais Greg, avec par exemple l'utilisation de différentes surfaces ou différents ballons.

  • Speaker #1

    Parfait. Est-ce que tu pourrais, pour terminer cette interview, nous parler un peu de ton expérience actuelle à Dakar ? Un club qui d'ailleurs est en partenariat avec l'Olympique Lyonnais.

  • Speaker #0

    Oui, exact. Partenaire de l'Olympique Lyonnais depuis presque dix ans maintenant. En fait, c'est une expérience extraordinaire avec une mission particulière. C'est un club professionnel, un des trois plus gros clubs du Sénégal, qui a une double mission de... D'être en Ligue 1, de faire bonne figure en Ligue 1, d'avoir l'obligation de bien jouer au foot. Parce que l'objectif parallèle à celui de faire bonne figure en Ligue 1 sénégalaise et de bien jouer au foot, c'est de vendre des joueurs. Ce qui fait qu'on a une équipe très jeune. Cette année, on a une équipe qui a moins de 20 ans de moyenne d'âge. Avec des jeunes joueurs qui... à qui on offre une belle exposition auprès de recruteurs et de clubs étrangers qui puissent faire carrière en Europe. Donc la particularité, c'est de bien jouer au foot, développer les entraîneurs, parce que c'est une grande partie de mon travail également de développer les entraîneurs là-bas, développer les joueurs, et en fait d'accepter de jamais avoir sur le terrain notre meilleure équipe, parce qu'on a des joueurs qui sont en permanence en essai en Europe. qui sont généralement des très bons joueurs. Donc, on n'a jamais la meilleure équipe sur le terrain. On a aussi des joueurs qui signent en Europe et qu'on arrête de faire jouer pour ne pas risquer la blessure. Et donc, c'est jongler avec ces différents paramètres-là pour bien jouer au foot, se maintenir, être dans les... Bon, en ce moment, on est quatrième du championnat. Et en acceptant de jamais être avec sa meilleure équipe. sur le terrain. Donc c'est un peu le défi, mais ça reste du foot dans un environnement qui est identité africaine, sénégalaise, qui me change de tout ce que j'ai pu connaître avant, mais avec une référence qui reste universelle et commune, qui est le foot. Et c'est ce qui rend ce côté passionnant du sport, ce côté universel du sport qu'on retrouve au Sénégal avec toute la richesse que peut... m'amener cet environnement africain et sénégalais en particulier. Donc ça se passe bien, chez les jeunes, on a eu beaucoup de succès la saison dernière. On a réussi à valoriser de manière très forte l'effectif des équipes de jeunes et de l'équipe pro. Ça se passe super bien, c'est passionnant. Et voilà, j'encourage tout le monde encore une fois de... de multiplier les expériences dans des contextes différents parce que c'est ça aussi qui fait progresser l'être humain et l'entraîneur en particulier.

  • Speaker #1

    Parfait. Comment peuvent faire nos auditeurs pour te suivre dans tes aventures ?

  • Speaker #0

    J'ai un compte X dans Twitter qui est Philippe Lafroix. Donc, j'ai… Le compte est à mon nom. Ça peut être ça, ça peut être les différents podcasts comme le tien, Greg. J'en fais un autre demain au Canada. Les choses comme ça. Je vous encourage à aller voir mon compte Twitter et puis me suivre sur mes aventures africaines ou générales. mes aventures d'entraîneur et d'éducateur en général.

  • Speaker #1

    On peut te suivre également sur les réseaux sociaux du club. Il me semble que c'est AS Dakar Sacré-Cœur.

  • Speaker #0

    exactement parfait

  • Speaker #1

    Philippe on arrive à la fin de cette interview donc merci encore d'avoir accepté cette invitation c'est vraiment un honneur pour moi de t'accueillir comme premier comme premier expert interviewé je te souhaite vraiment tout de bon dans tes aventures africaines et

  • Speaker #0

    je te dis à très bientôt à très bientôt Greg et merci pour l'invitation toujours passionnant de discuter comme ça.

  • Speaker #1

    Merci Philippe, bye.

  • Speaker #0

    Bye.

  • Speaker #1

    Et voilà, c'est déjà la fin de cet épisode. J'espère qu'il t'a donné des idées et des pistes à explorer avec tes joueurs. Si tu as trouvé ça intéressant, voilà comment tu peux m'aider à faire grandir ce podcast. Abonne-toi dès maintenant pour être sûr de ne rien rater. Chaque épisode, c'est une nouvelle occasion d'apprendre et de progresser. Partage cet épisode avec d'autres entraîneurs passionnés. Ça pourrait vraiment les inspirer et les aider à progresser à nos côtés. Laisse-moi une note ou un avis sur ta plateforme d'écoute. Ça prend une minute et ça m'aidera énormément à toucher d'autres éducateurs comme toi. Merci d'avoir pris le temps d'écouter NeuroGoonFood. On se retrouve très vite pour le prochain épisode.

Share

Embed

You may also like

Description

⚽Dans cette première interview, j'ai l'immense plaisir d'accueillir Philippe Eullafroy, une figure incontournable du soccer et de la formation. Ancien directeur de l'Académie du CF Montréal, Philippe est aujourd'hui responsable technique de l'AS Dakar Sacré Coeur au Sénégal, club partenaire de l'Olympique Lyonnais.


Au programme de cet épisode:

1️⃣Son parcours inspirant de l'Europe à l'Afrique en passant par le Canada et les Etats-Unis

2️⃣Un état des lieux de l'entraînement cognitif en football

3️⃣Sa philosophie pour former des joueurs plus intelligents


🎧Bonne écoute

Greg


✨Rejoins moi sur mes réseaux sociaux:

Instagram: https://www.instagram.com/neurocognifoot/

Facebook: https://www.facebook.com/people/Neurocognifoot/61550524644230/

Linkedin: https://www.linkedin.com/in/greg-debs-4601119/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Neurocognifoot, le podcast où Neurosciences et Football se rencontrent pour booster l'intelligence de jeu. Je suis Greg, spécialiste en entraînement perceptivo-cognitif et fondateur de Neurocognifoot. Si tu es à la recherche de conseils pour former des joueurs capables de mieux lire le jeu, d'anticiper et de prendre de meilleures décisions, alors tu es au bon moment de l'être. Dans ce podcast, seul ou avec mes invités, je te partage des concepts simples des outils concrets et des témoignages inspirés. Alors tiens-toi prêt et c'est parti pour l'épisode du jour. Hello à tous, bienvenue dans l'épisode 3 du podcast Neuroconifoot. Mon invité du jour s'appelle Philippe Lafroy, ancien directeur de l'Académie du CF Montréal. Il est aujourd'hui responsable technique du Dakar Sacré-Cœur au Sénégal. Allez, c'est parti ! Salut Philippe ! C'est vraiment un immense plaisir pour moi de t'accueillir dans ce podcast. On s'était rencontré, je crois, en 2007 à Montréal, lorsque je travaillais pour la Coupe du Monde U20 de la FIFA. Et si ma mémoire est bonne, tu étais à l'époque coach de l'équipe universitaire de Montréal.

  • Speaker #1

    Oui Greg, ta mémoire est bonne, mais j'étais entraîneur de l'équipe universitaire de McGill, l'une des universités anglophones de Montréal. Et oui, on s'était rencontrés à cette époque-là. Ça date maintenant de presque 20 ans.

  • Speaker #0

    Alors, pour commencer cette interview, Philippe, est-ce que tu pourrais présenter ton parcours de tes débuts en tant qu'éducateur jusqu'à ton poste actuel à Dakar ?

  • Speaker #1

    Alors, mon parcours, il est peut-être un peu particulier, pas vraiment conventionnel. En fait, j'ai été formé en tant que joueur de foot à Troyes. Alors, à l'époque, ça ne s'appelait pas l'ESTAC, mais il y avait un centre de formation. Donc, j'ai été formé là-bas. J'ai fait la grande majorité de ma carrière à l'ESTAC. Et puis, tout en continuant un petit peu mes études, parce que j'ai une famille qui ne voulait pas que je me consacre à 100% qu'au foot. Donc, on m'a toujours... obligé entre guillemets à continuer ou à garder une connexion avec les études donc ce qui fait que je continuais en parallèle très très lentement mais je gardais une connexion avec les études et puis après ma carrière ça m'a permis de de reprendre mes études où je les avais laissé c'est à dire quand même pas un très haut niveau et puis terminé par un doctorat Donc, je suis docteur en toxicologie. Et pourquoi je parle de ça ? C'est qu'à la fin de mon doctorat, j'ai fait de la recherche et j'ai commencé à passer mes diplômes d'entraîneur. Et la première expérience d'entraîneur que j'ai eue, c'est en tant que préparateur physique, parce que c'était... la partie de l'entraînement qui se rapprochait le plus de la science. Donc, c'était pour moi une évidence que si je voulais, ce qui m'attirait dans le métier, au départ, je ne vais pas dire d'éducateur, mais d'entraîneur, c'était le côté prépa physique avec toute la science qui était derrière ça. Et puis, au fur et à mesure que j'ai passé les diplômes et mes expériences, donc mes premières expériences de coach, ça a été à l'ESTAC, ça a été... Ça a été à l'Université du Québec à Montréal, ça a été au Stade de Reims. Et au fur et à mesure, j'ai passé les autres diplômes et je suis passé de préparateur physique à entraîneur. Et mes diverses expériences m'ont ramené en Amérique du Nord, où là, j'ai coaché au niveau universitaire. Comme vous le savez, en Amérique du Nord, le réseau universitaire est quelque chose de... de très très importants, beaucoup plus développés que ce qu'on peut connaître en France.

  • Speaker #0

    Justement, est-ce que tu pourrais te développer, expliquer un peu à nos auditeurs ce que c'est le soccer, puisqu'on appelle ça le soccer en Amérique du Nord, mais ce que c'est réellement le soccer universitaire ? Parce que je crois que c'est quelque chose qui est particulier, rien que de par les infrastructures.

  • Speaker #1

    Alors, c'est une côté culturel, et on va dire historique du sport en Amérique du Nord. Il faut savoir que les structures de formation en Amérique du Nord... n'existe quasiment pas, pas comme on le connaît par exemple en France ou en Europe concernant le foot ou d'autres sports. En Amérique du Nord, en fait, la formation se fait, ou les centres de formation, les académies, en fait, ce sont les universités. Et les sports majeurs, il y a cinq sports majeurs en Amérique du Nord, mais avant d'arriver au cinquième sport majeur, qui est le soccer ou le foot européen, les... quatre autres sports majeurs qui sont le football américain, le basketball, le baseball et le hockey. En fait, ce ne sont pas des clubs, ce sont des équipes et ils n'ont aucune structure de formation. Et toute la formation se fait au niveau universitaire. Donc, débouchant, bien sûr, pour ces joueurs universitaires à une carrière professionnelle dans ces quatre sports majeurs. Donc, en fait, les universités qui ont d'énormes moyens, Parce que contrairement à la France, les universités sont payantes. Donc ce n'est pas financié par l'État ou très peu. Et en fait, les universités, chaque étudiant est un client et pour attirer le client, l'image est importante et le sport fait partie de cette image. Donc en fait, les universités ont investi énormément d'argent sur le développement des joueurs, mais également des infrastructures. Donc comme tu le disais, Greg... tu vas faire du sport dans ces sports majeurs-là et tu es dans des conditions que, même à l'heure actuelle, certains sportifs professionnels dans les clubs professionnels n'ont pas en termes d'installation, de suivi, de staff, de terrain, de tout ce que tu veux. Donc, c'est assez phénoménal. Et on arrive, bien sûr, à des sports, à des équipes dans des universités où il y a 15 000, 20 000 spectateurs dans des stades qui font 20, 30, 40, 50. 80 000 places, avec des staffs hyper abondants, avec de l'expertise, etc. Donc ça, culturellement, historiquement, ça a une place énorme dans le sport de haut niveau, les universités. Donc je vous encourage à ceux qui veulent aller en Amérique du Nord, d'aller voir des matchs universitaires, de visiter les installations. On ne peut pas s'imaginer qu'au niveau université, on puisse avoir des installations comme ça. Et le cinquième sport majeur qui est arrivé un petit peu plus tard, qui est le soccer, le football européen, s'est appuyé sur cette même filière de formation au départ. Ce qui fait que le réseau universitaire, la compétition universitaire, c'est quelque chose de très, très, très important, qui n'a absolument rien à voir avec le réseau universitaire européen. Parce qu'il y a les pros, et juste en dessous, Il y a l'université. Donc, si tu as joué ou tu as été joueur universitaire, c'est ce qu'il y a de plus haut niveau, juste en dessous le réseau professionnel. Et donc, être joueur universitaire, être coach universitaire, c'est très, très, très, très valorisant et c'est synonyme de très, très haut niveau, sachant que le niveau d'excellence, la coach au-dessus, ça reste le réseau pro. En France, par exemple, ce n'est pas du tout ça. Mais pour revenir au foot, le foot ou le soccer, le soccer a pris petit à petit une direction qui ressemble plus à celle de l'Europe parce que la compétition du soccer est internationale, mondiale. Les équipes, les clubs ont commencé à mettre en place leur système de formation. et donc des joueurs qui maintenant vont vers une carrière professionnelle, essentiellement en passant par les centres de formation, les académies comme on les entend en Europe. Mais ça reste un réseau super important pour les autres sports, pour le soccer aussi, mais un degré moindre parce que c'est moins une passerelle vers une carrière professionnelle, même si elle reste là, mais elle est de moindre importance par rapport aux autres sports.

  • Speaker #0

    Et le club de Montréal, le club professionnel, s'est un peu éloigné visiblement de ce modèle puisqu'il a après construit sa propre académie que tu as d'ailleurs dirigée ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc, comme les autres clubs pros en MLS, si on prend ce réseau-là en particulier, en fait, dès 2000, enfin dès, si on peut dire, en 2007, la MLS a obligé les clubs à mettre en place un système de formation pour ne plus être dépendants. du système universitaire qui a ses qualités mais aussi ses défauts, qui est en fait une saison qui est relativement courte, et puis des coachs universitaires qui sont comme des coachs professionnels. qui se doivent de gagner, qui développent un peu sous la pression du résultat. Ce n'est pas forcément super intéressant pour des joueurs qui restent jeunes. L'MLS a forcé, a obligé les clubs à mettre en place des structures de formation à partir de 2016. C'est-à-dire que c'est un système de formation qui a moins de 20 ans. Il a fallu que ces clubs-là créent. leur académie, et c'est ce que j'ai eu la chance de faire à Montréal, puisque j'ai démarré l'académie là-bas en 2010, et la créer à partir de rien, c'est-à-dire que quand je dis rien, rien, il n'y a pas de terrain, il n'y a pas de joueur, il n'y a pas de coach, il n'y a pas de projet de jeu, il n'y a pas de philosophie, il n'y a pas de méthodologie, il n'y a absolument rien, et il faut créer ça d'une page blanche, dans un environnement qui à la base n'est pas prêt à ça. dans l'environnement du soccer, qui n'était pas prêt à l'époque à voir débarquer un club professionnel qui veut développer lui-même ses joueurs. Alors, c'est se battre un petit peu contre les a priori, c'est défricher, c'est être pionnier, donc c'est passionnant, c'est aussi un peu difficile. Mais voilà, ça fait un bon lien avec la suite de mon parcours. qui fait qu'à un moment donné, j'avais cette double filière professionnelle qui était recherche scientifique et entraîneur de foot. Et à un moment donné, j'ai basculé à 100% vers entraîneur de foot en continuant à me former. Et je continue encore à l'heure actuelle à me former. Et puis, en passant la majeure partie de ma carrière en Amérique du Nord, que ce soit à Montréal. à San Francisco et maintenant en Afrique au Sénégal. Donc avec différents rôles qui vont d'éducateur, préparateur physique, éducateur de jeunes, assistant avec les pros, entraîneur d'équipe préserve. Donc j'ai pratiquement fait tous les rôles techniques qu'il peut y avoir au sein d'un club professionnel. Et en ce moment, je suis à ma... Deuxième année à Dakar sur un gros club sénégalais qui a le double projet de faire bien au niveau pro en Ligue 1 sénégalaise, mais également de développer des joueurs pour pouvoir les vendre en Europe et essentiellement dans le Big Five pour la majeure partie d'entre eux.

  • Speaker #0

    Super, alors on reviendra sur cette expérience actuelle à Dakar un tout petit peu plus tard dans l'interview. Mais pour moi, c'est aussi un plaisir de t'avoir dans ce podcast parce que tu es intervenu dans le documentaire d'Arte à la recherche du sportif parfait. Et j'en parlais dans mon tout premier épisode. C'est réellement ce documentaire qui a créé un déclic en moi et qui m'a donné envie de me former en entraînement cognitif. Et je vais te citer parce que j'ai repris le documentaire hier. Dans ce documentaire, tu disais « La préparation mentale sera plus que mentale, le mental cognitif, à savoir la prise d'infos, l'intelligence de jeu, et là, il y a une marge de progression qui est exceptionnelle. C'était intéressant parce que ce documentaire date de 2016. Alors, je ne sais pas si c'est parce qu'on est peut-être un peu en retard en France, mais je trouve que ta citation de l'époque est toujours d'actualité et que les choses n'ont pas tant avancé que ça. J'ai personnellement l'impression qu'on est toujours au balbutiement de la compréhension du cerveau. et que l'entraînement cognitif n'est pas encore démocratisé, surtout au niveau amateur. Alors, quel est ton avis sur ce sujet ?

  • Speaker #1

    Alors, tu vois, tu me rappelles un documentaire, 2016, je ne me souvenais plus de la date, donc on est 9 ans, on va dire presque 10 ans plus tard, et je suis fier de ma citation, parce que je me rends compte qu'on est en plein dedans, et qu'en fait... Si on remet dans le contexte du foot, et après je vais revenir au sens premier de ta question, c'est que dans le contexte du foot, pour moi, il y a eu différentes étapes, comme dans beaucoup de sports, dans beaucoup de domaines. Il y a eu une étape dans les années 60-70, il y a eu une petite révolution tactique avec beaucoup de... Beaucoup de coachs de renommée, hongrois, italiens, argentins, qui ont amené un peu de variété au niveau tactique. Il y a eu ensuite une révolution physique, de la préparation physique. Fin des années 90, où on sortait véritablement des préceptes de la préparation physique des pays de l'Est, et on sortait un petit peu de la préparation de l'athlète pour des Jeux Olympiques. Et puis, on est revenu à une deuxième phase de révolution tactique dans les années 2010, avec l'apparition ou l'influence de penseurs, techniciens, tacticiens, comme Guardiola, Mourinho, Juan Maguillo. des Arigosaki, etc., qui m'ont ramené un deuxième souffle dans l'évolution tactique. Et puis, pour moi, il y a une dizaine d'années, a commencé l'émergence de ce que j'appelle, ce que j'ai appelé à l'époque la révolution cognitive, et qui est encore à ses balbutiements. Et comme tu le disais, Greg, je pensais que ça irait beaucoup plus vite, mais ça peut s'expliquer. On va revenir à ta question. C'est que pour moi, la grosse évolution dans le développement de l'entraîneur et du joueur, c'est vraiment cette révolution au niveau cognitif. Ce qui m'amène à souvent dire aux entraîneurs ou aux dirigeants qu'en fait, on ne développe pas des joueurs, on développe des cerveaux et qu'on a tendance à oublier ça. Et c'est assez particulier parce que... OK, il y a eu le culte de l'athlète, c'est-à-dire cours, réfléchis pas. Et moi, je suis d'une génération où j'ai été formé, où en gros, mes entraîneurs, c'était fais ce que je te dis et puis pose pas de questions. Donc, tu fais ou tu dégages. Et maintenant, on demande à l'athlète de réfléchir plus. et d'être inconsciemment compétent. C'est une expression que j'adore et qui va sans doute revenir assez souvent dans notre discussion. C'est comment devenir inconsciemment compétent. Ce qui est assez incroyable, et pourquoi ça n'a pas trop démarré, cette révolution cognitive, c'est qu'en fait, on aborde une partie du développement du joueur qui n'est pas... très peu, voire jamais abordé dans la formation des entraîneurs. C'est-à-dire dans le contenu de formation des entraîneurs, on est encore sur quelque chose de très classique, c'est la technique, la tactique, le mental qui est quand même apparu, qui amène quand même une perspective différente du pur physique, technique, tactique. Mais à aucun moment on aborde le côté cognitif et quand on aborde le côté cognitif, On aborde le côté fonctionnement du cerveau, les neurosciences, la neurobiologie. Alors, on ne demande pas à un entraîneur d'être neurochirurgien, mais pour moi, c'est aberrant à l'heure actuelle d'avoir des entraîneurs qui doivent développer des cerveaux, mais qui n'ont aucune idée de comment fonctionne le cerveau. Alors, c'est vrai qu'on rentre dans une partie plus scientifique, comme l'est la préparation physique, mais le fait qu'on ait... Quand on est rentré sur la révolution de la prépa physique, c'était très scientifique, on a donné cette partie de développement du joueur à des spécialistes qui sont des préparateurs physiques. Et en gros, le coach s'est dédouané en disant « Moi, je n'y connais pas grand-chose, donc je vais engager un spécialiste là-dedans qui est le préparateur physique. Il fait ses choses et puis je lui fais confiance et puis on va développer le côté physique du joueur grâce à ce spécialiste-là. » À l'heure actuelle, Il n'y a pas de spécialiste de la préparation ou du développement cognitif du joueur. Donc, ça retombe sur le coach, l'entraîneur, qui lui, généralement, n'a pas les connaissances ou les compétences pour développer cognitivement le joueur. Donc, il y a une sorte de timidité par rapport à ça. On ne se focalise pas encore assez sur le développement cognitif du joueur parce que ça nécessite des connaissances qu'à l'heure actuelle. La majeure partie des coachs n'ont pas. Alors, dû à leur formation, dû à leur curiosité peut-être, et ça fait que ça n'avance pas beaucoup et que ça progresse. Mais tu vois, Arte, le développement de l'athlète parfait, dix ans plus tard, si on ramène au foot, il n'y a pas eu de grosses avancées. Et c'est plutôt des avancées individuelles, c'est-à-dire des coachs personnellement ou des clubs, des académies qui ont décidé de prendre cette voie-là. Mais ça reste des initiatives individuelles ou très localisées et pas à grande échelle. Et c'est pour ça qu'à l'heure actuelle, ça progresse très lentement.

  • Speaker #0

    Alors toi, tu as l'avantage d'avoir travaillé sur différents continents. Et prenons peut-être d'abord le cas du Canada, qui est souvent cité en référence comme capitale, notamment Montréal, comme capitale des neurosciences. Où est-ce qu'on en est actuellement au Canada en termes d'entraînement cognitif dans le soccer ?

  • Speaker #1

    Il n'est pas au cœur, il n'est pas très avancé. Quand tu citais l'Amérique du Nord, l'Amérique du Nord a été très en avance, et je pense que le reste, même si ailleurs dans le monde, ça commence à rattraper ce retard, c'est que l'aspect mental… L'aspect mental, qui est différent de l'aspect cognitif, mais l'aspect mental a été très présent dans les sports individuels en Amérique du Nord depuis très longtemps, ce qui n'était pas forcément le cas en France, par exemple, ou en Europe. Donc l'Europe a rattrapé, on va dire, son retard peut-être là-dessus. Mais si on reste au côté prépa mental, qui encore une fois, mais c'est juste pour donner l'exemple, Moi, quand j'ai démarré l'académie à Montréal, l'un des premiers coachs que j'ai recruté, c'est un préparateur mental. Donc, dès les premiers moments de l'existence de l'académie, à l'époque, ça s'appelait l'Impact de Montréal, maintenant, c'est le CVE Montréal, on avait un préparateur mental à temps plein dans la structure dès les premiers moments. Là, c'était 2010, on est en 2025. Quinze ans plus tard, il y a très peu de structures dans la formation, dans les académies, même dans les équipes professionnelles en France qui ont des préparateurs mentaux à temps plein. Ça reste rare. Donc en fait, on généralement sous-traite cette partie mentale à des spécialistes, des experts de l'extérieur. Quand il y a un problème, il y a un joueur qui a besoin d'être accompagné de manière plus spécifique sur cet aspect-là. Et moi, j'ai rencontré il n'y a pas si longtemps un Français qui est spécialiste de la prépa mentale et qui gagne sa vie et bien sa vie. Et il est appelé dans des clubs en Espagne, en Allemagne, en France, quand il y a une problématique avec un joueur. Et il vient pendant deux, trois semaines à s'entretenir, essayer de résoudre cette problématique mentale du joueur. Donc, on voit que ce n'est pas encore quelque chose de... d'acquis, on va dire, dans un staff à l'heure actuelle, en France ou en Europe, on a rarement, dans le staff technique, on a rarement un préparateur mental. Donc, 15 ans, 20 ans plus tard, même ce spécialiste-là, cet expert-là, il n'est pas intégré complètement dans les staffs des clips professionnels ou d'académie. Et l'aspect cognitif, encore moins. C'est-à-dire que le côté mental dans l'Amérique du Nord, où cet aspect mental a été fortement développé, mais quand on arrive dans le côté cognitif, ça n'a pas beaucoup bougé. Et en fait, parce que le préparateur mental est un entraîneur, mais généralement pas un entraîneur qui passe beaucoup de temps sur le terrain. Il est dans l'observation, il est dans l'accompagnement, mais ce n'est pas lui qui fait les séances sur le terrain. qui crée les séances sur le terrain. Or, le développement cognitif du joueur, là, c'est l'entraîneur de terrain qui doit le mettre en place. Et on revient à ce qu'on disait il y a cinq minutes, c'est que cet entraîneur de terrain, généralement, il est très peu formé au développement cognitif du joueur. Et au Canada ou en Amérique du Nord, je pense que là-dessus, on n'est pas plus en avance qu'en France ou en Europe, et pas plus en avance. au Sénégal non plus. Et ce qui pose un petit frein par rapport à ça, c'est qu'en Amérique du Nord, on a le culte de l'athlète. Au Sénégal, on a le culte de l'athlète. C'est-à-dire qu'on a du mal encore à se distancer du côté purement athlétique du joueur. Et on a encore beaucoup trop dans le foot, on a encore beaucoup trop d'approches. qui disent on va développer l'athlète et ensuite on va développer le joueur, en oubliant que c'est à l'inverse qu'il faut faire, il faut développer le joueur, et en développant le joueur, on va développer l'aspect athlétique du joueur. Mais c'est d'abord développer un joueur, et développer un joueur, c'est développer aussi son cerveau. Parce que là, je vais caricaturer, puis il y a des gens qui ne vont peut-être pas m'aimer là, mais un athlète, le développement cognitif d'un sprinter du 100 mètres, il est évidemment beaucoup moins compliqué que de développer l'aspect cognitif d'un joueur d'un sport collectif. Et on a du mal encore, beaucoup de structures ont encore du mal à se détacher du côté purement athlétique du sport et pour aller vers un développement cognitif du joueur. Et en fait, le développement athlétique devient une conséquence. On prend toujours cet exemple de Usain Bolt, qui était, je ne vais pas dire l'athlète ultime, mais dans son domaine, qui était quand même, je pense que c'est une légende, et ça restera une légende encore pendant très très longtemps. qui était l'homme le plus rapide du monde et qui avait une passion pour le foot. Et après sa carrière, il a essayé de faire une carrière de joueur de soccer professionnel et ça n'a pas marché. Et pourtant, au niveau athlétique, il ne pouvait pas trouver un joueur qui allait plus vite que lui. Mais il lui manquait quelque chose et ce qui lui manquait, c'était cet aspect cognitif du joueur de foot que lui n'avait pas, et ça se comprend. Mais ce qui... Je pense que cet exemple superbe montre que dans le foot, le côté athlétique n'est pas d'ordre hiérarchique le plus élevé quand on développe un joueur. Et puis bien sûr, derrière, en parallèle ou en même temps, on pourrait mettre le développement des qualités humaines qui reste la base du développement humain et du développement du joueur. Donc on voit qu'on a encore beaucoup de chemin à faire pour intégrer pleinement. le développement cognitif et lui donner toute l'importance qu'il doit avoir en

  • Speaker #0

    2025. Je te rejoins dans ce que tu dis dans mes recherches. Je n'ai pas trouvé de spécialistes en entraînement cognitif qui sont intégrés dans des staffs de clubs professionnels. Une seule exception, Michel Rabasca, que tu connais peut-être, qui est le directeur de la performance cognitive au LA Galaxy.

  • Speaker #1

    Tu vois, il y a des… Il y a des spécialités comme ça qui se créent, on va dire, des nouveaux postes, comme il y a de plus en plus de staff qui intègre un staff qui est spécialiste de développement individuel du joueur. Alors, les titres peuvent changer, mais ça reste que pour moi, le développement cognitif d'un joueur, la majeure partie du travail se fait sur le terrain à l'entraînement et pas… En dehors du terrain, il peut y avoir des compléments. On peut passer, là, on rejoint un petit peu de la prépa mentale, de l'analyse vidéo, par exemple, de l'auto-évaluation, l'aspect même, quelque part, un peu statistique, traitement de données. Mais la majeure partie du travail se fait sur le terrain, tous les jours, au cognitif du joueur.

  • Speaker #0

    On va poursuivre, donc, dans ce podcast, le sujet et surtout l'intelligence de jeu. Est-ce que tu pourrais, toi, nous partager ta vision sur l'importance de l'intelligence de jeu dans le foot actuel ?

  • Speaker #1

    L'importance, pour moi, c'est le plus important. C'est le plus important pour le foot de haut niveau à l'heure actuelle. On se rend compte, les statistiques, les indices de performance montrent que le foot actuellement, comparé à il y a 10, 15 ou 20 ans, c'est un sport où il faut aller de plus en plus vite, parce qu'on a de moins en moins d'espace, parce que comme on a moins d'espace, on a moins de temps, parce que les joueurs vont plus vite, sont plus forts, parce qu'on a moins de temps pour trouver une solution et pour l'exécuter. Donc en fait, ce qui va permettre à un joueur d'être performant dans le foot actuel, qui exécute vite, et donc avant ça, pour pouvoir bien l'exécuter et trouver une bonne solution à un problème, il faut... Il faut prendre l'information, il faut bien la traiter, il faut prendre une bonne décision, il faut bien exécuter cette décision-là. Et ça, c'est du cognitif à la base, à 100%. Et en fait, cette perception, ce traitement de données, l'aspect cognitif de l'action d'un joueur de foot, c'est ce qui va déclencher tout le reste. C'est de la plus haute importance à l'heure actuelle d'avoir des joueurs qui cognitivement sont capables de faire ça au plus haut niveau, avec ces contraintes d'espace et de temps. dans un environnement qui reste très compliqué, qui est le foot avec 10 partenaires, avec 11...

  • Speaker #0

    11 adversaires, plus tout l'environnement externe, comme l'arbitre, le public, etc., qui vont compliquer également la tâche. Donc c'est super, super important, et pour moi c'est la base d'un joueur de très haut niveau, c'est quelqu'un qui cognitivement est également très développé.

  • Speaker #1

    Je sais que l'entraînement cognitif, c'est un sujet qui te passionne. Je t'avais consulté d'ailleurs il y a quelques années pour des conseils en termes de formation. Qu'est-ce que toi, personnellement, tu mets en place pour améliorer l'intelligence de jeu de tes jeunes joueurs ?

  • Speaker #0

    La réponse n'est pas facile et peut paraître un petit peu complexe, parce que ce n'est pas simplement un élément que tu vas mettre en place qui va faciliter ça. C'est énormément de... de composantes méthodologiques, pédagogiques, dans le contenu de l'entraînement, dans l'interaction avec les joueurs, qui va faciliter le développement cognitif du joueur. Et l'une des premières choses, à mon avis, un des prémices les plus importants, et moi j'y fais attention dans les structures dans lesquelles je travaille, c'est-à-dire de s'assurer que les entraîneurs, les éducateurs, ont un minimum de connaissances sur le fonctionnement du cerveau, sur la manière dont un joueur à qui est acquiert des compétences leur expliquer c'est quoi une compétence leur expliquer comment on ancre une compétence et et ça c'est déjà la base pour pouvoir mettre un contenu d'entraînement qui va permettre ce développement là et comment on va optimiser les relations les interactions entre l'entraîneur et le joueur pour aider le joueur à se développer sur le plan cognitif donc Ça part déjà par ces connaissances-là. Ensuite, c'est une fois que tu as ces connaissances-là, et comme on le disait au départ, c'est développer un cerveau. Comment on va réussir à rendre un joueur inconsciemment compétent ? Je reviens à ce que je disais sur ce chercheur, professeur à la Sorbonne, qui est un sociologue du sport, qui s'appelle… Pierre Parlebas qui lui expliquait que dans le passé, on considérait une personne intelligente, la personne qui s'exprimait bien, et que si une personne ne s'exprimait pas bien, c'est qu'elle était un abruti. Et la difficulté au foot, c'est que 98% de la communication d'un joueur de foot, elle est non-verbale. Donc comment juger ? de l'intelligence d'un joueur, de la qualité cognitive d'un joueur, sachant que ce joueur-là s'exprime de manière non-verbale. Et en fait, ce qu'il faut créer, c'est des joueurs qui deviennent inconsciemment compétents, parce que quand on fait les choses de manière inconsciente, on les fait beaucoup plus vite. Et là, on rentre, je m'égare un petit peu du terrain en tant que tel, Greg, mais... Mais je pense que c'est indispensable pour bien comprendre ce qu'on doit mettre en place sur le terrain. Moi, je vous renvoie à ce qui était au départ théorisé par Kahneman sur le système 1, système 2, qui a été repris par Houdet, qui lui amène un système 3 dans l'affaire. Donc système 1 qui est l'automatisation de l'aspect cognitif du cerveau. Le système 2. qui est sur le côté réfléchi, conscient du fonctionnement du cerveau, et le système 3 qui est la capacité d'inhibition du système 1 ou du système 2. Et en fait, quand on comprend comment fonctionnent ces trois systèmes-là, on est capable ensuite de comprendre ce qu'on met en place sur le terrain, comment ça va aider à développer le système 1, le système 2 et le système 3, sachant que le système le plus... Le plus intéressant pour le joueur de foot, c'est le système 1, parce que c'est ce qui permet au cerveau ou à l'homme ou au joueur de prendre des décisions de manière inconsciente et donc le plus rapidement possible. Dans un monde du foot, il faut prendre ses décisions de manière très rapide. Il faut garder en tête que 95% des actions d'un joueur se font de manière inconsciente. Et on veut que ces décisions que le joueur prend de manière inconsciente, on veut que ces décisions soient les plus rapides possibles. plus pertinentes possibles et les meilleures possibles. Et pour ça, il faut mettre un joueur dans des conditions, dans des situations de match, dans un contexte de match, dans un contexte de foot en permanence ou le plus souvent possible. Et donc, le développement cognitif du joueur va démarrer à mettre le joueur dans des conditions qui ressemblent à du foot. Alors, ça paraît basique, ce que je dis, mais un entraîneur, quand il... sort de sa séance ou quand il crée une séance, il doit déjà se poser la question est-ce que ça ressemble à du foot ou pas ? Et on peut se rendre compte que quelquefois ou souvent, on met en place des choses à l'entraînement qui n'ont rien à voir avec le foot. Et en fait, il faut se rendre compte que chaque chose que le joueur fait à l'entraînement, ça participe au développement cognitif de ce joueur-là. Et donc déjà... Mettre en place des choses à l'entraînement qui sont dans un contexte foot. Ensuite, c'est prendre en compte le fait qu'il faut complexifier de manière progressive ce qu'on met en place sur le terrain pour ne pas surcharger la mémoire du travail du joueur qui est la mémoire la plus importante ou l'aspect le plus important dans le fonctionnement du cerveau et dans l'exécution, la prise de décision et l'exécution de cette décision-là. C'est à partir de la mémoire de travail, donc comment développer cette mémoire de travail ou comment optimiser le fonctionnement de cette mémoire de travail-là.

  • Speaker #1

    Pour simplement éclairer nos auditeurs, la mémoire de travail, c'est une mémoire à court terme qui va permettre de stocker un certain nombre d'informations que le joueur va remanipuler dans les 2 à 3 minutes. Donc typiquement, c'est photographier la position des joueurs, des adversaires et du ballon. Voilà, juste pour préciser un peu ce qu'est le... la mémoire de travail parce qu'elle n'a pas encore été abordée dans ce podcast. Je vais en faire un épisode dédié parce que je pense que c'est une compétence qui est essentielle pour développer l'intelligence de jeu du joueur.

  • Speaker #0

    À 100%, Greg, et tu le sais, cette mémoire de travail a ses limites. Elle peut être... Si on n'y fait pas attention, elle peut être surchargée. Et malheureusement, on va dire le cerveau, quand la mémoire de travail est surchargée, plutôt que de garder un cerveau actif, en fait, on désactive le cerveau. C'est-à-dire que le joueur n'aura plus la capacité de prendre l'information, de traiter cette information et d'exécuter de manière optimale. Donc, en fait, il faut véritablement chercher à comment je peux me servir du mieux possible. de cette mémoire de travail. Il y a plein de pédagogies, plein de choses différentes qu'on peut mettre en place pour optimiser son fonctionnement. Une des manières d'optimiser le fonctionnement de la mémoire de travail et d'ancrer certaines compétences ou habiletés dans la mémoire à long terme, c'est à l'entraînement de répéter des situations sans les répéter. Ça paraît une expression un peu bizarre. Mais en fait, c'est comment faire apprendre aux joueurs à prendre la bonne information. On parle souvent de scan au foot, on parle souvent de prise d'information. Mais il faut savoir quand le joueur doit prendre l'information, qu'est-ce qu'il doit regarder. Par exemple, je vais prendre un exemple qu'on avait vu à une époque, quand on démarrait sur... Sur les connaissances, on va dire sur la prise d'informations du joueur, on avait souvent le joueur qui recevait un ballon et sur le temps de passe, on mettait un entraîneur derrière le joueur. Le joueur devait tourner la tête à droite et à gauche dans son dos et regarder l'entraîneur adjoint ou le partenaire. Il mettait des doigts avec une main, un, deux, trois, quatre ou cinq doigts et le joueur devait dire. Au moment où ils recevaient la passe, de dire il y a un doigt de lever, deux doigts de lever, trois doigts de lever. Et en fait, quand on sait maintenant ce que regarde un joueur sur le temps de passe, il ne regarde pas le bras et les mains d'un joueur. Il ne regarde pas s'il y a un ou deux ou trois doigts qui sont levés. Il regarde d'autres choses, notamment le positionnement du corps du partenaire. Il regarde la couleur du maillot. Et en fait, il est très centré sur le torse du partenaire ou de l'adversaire. Donc en fait, on entraînait les joueurs en disant, on va leur apprendre à prendre l'info. Mais on leur demandait de regarder un endroit où le joueur ne regarde jamais un match. Donc on lui demandait de regarder des informations et de traiter cette information-là qui n'avait rien à voir au contexte de foot. Donc c'est juste un exemple qui montre que pour développer le côté cognitif du joueur, il faut développer sa capacité à prendre l'information, quel type d'information il doit prendre, et ensuite traiter cette information-là pour prendre une décision. Et il faut savoir qu'au niveau cognitif, il se crée des... des connexions entre les neurones. Et ces connexions neuronales, elles sont facilitées, plus fluides, elles sont plus fortes si on met le joueur dans les mêmes situations le plus souvent possible. Mais comme au foot, on sait qu'une situation n'est jamais exactement la même. On revient à cette expression qui est de répéter sans répéter, c'est-à-dire répéter des situations, mais en changeant certains paramètres de cette situation-là. pour faciliter la reconnaissance de cette situation par le joueur et qu'à un moment donné, cette reconnaissance de situation se fasse de manière inconsciente et que ça permette au joueur de prendre la bonne décision ou ensuite d'exécuter par rapport à cette problématique, cette situation. Donc c'est ça qu'il faut mettre en place à l'entraînement au quotidien sur toute la durée. de l'entraînement. Donc, ce n'est pas simplement 10 minutes sur une heure et demie, mais c'est une heure et demie sur une heure et demie. Et alors, ça paraît un petit peu complexe éventuellement ce que je dis, mais au bout d'un moment, pour l'entraîneur, ça devient aussi quelque chose d'inconscient. Et tout ça, il maîtrise ces paramètres-là et le contenu des entraînements deviennent plus faciles à mettre en place. Mais c'est ça qu'on doit mettre en place en permanence à l'entraînement pour développer le côté cognitif du joueur. Et on va mettre également une des composantes importantes, c'est la composante d'incertitude qu'on doit mettre en permanence à l'entraînement et dans les exercices, parce que ce côté incertitude va développer une composante essentielle du développement cognitif du joueur, qui est la capacité d'inhibition, qui va permettre aux joueurs quelquefois de... Il avait vu quelque chose, il a pris une décision par rapport à une situation donnée, mais au moment d'exécuter, cette situation a changé et il doit changer, il doit inhiber cette exécution-là pour trouver une autre solution. Et on sait qu'au foot, les situations changent en permanence. Et dans l'intelligence de jeu, c'est souvent une compétence qu'on oublie, cette capacité d'inhibition, cette capacité à inhiber que le joueur doit avoir. pour devenir cognitivement développé et avoir un aspect cognitif de très haut niveau dans le foot moderne. Donc voilà, ça paraît peut-être un petit peu flou et complexe, mais déjà si un entraîneur peut simplement mettre en place des contraintes, des exercices qui sont toujours contextualisés dans un contexte de foot, avec la répétition de situations, mais... qui ne soient jamais exactement les mêmes. Et en prenant, en faisant attention à complexifier de manière progressive pour ne pas surcharger la mémoire de travail dont tu parlais, Greg, déjà, si on met ça en place au quotidien, on a de très bonnes chances de développer des joueurs cognitivement costauds.

  • Speaker #1

    Alors, je te rejoins complètement dans ce que tu dis, répéter sans répéter. D'ailleurs, je suis personnellement très influencé par l'école allemande. Donc des personnes comme Horst Lutz, des personnes aussi comme Wolfgang Schellorn et l'apprentissage différentiel. Et c'est exactement ce que décrit Wolfgang Schellorn. C'est répéter, mais en ajoutant systématiquement des variations. Il appelle cela des perturbations stochastiques, justement pour permettre aux joueurs d'être plus flexibles et de mieux gérer les incertitudes qui sont propres au football.

  • Speaker #0

    Exact.

  • Speaker #1

    Ensuite, un autre point sur lequel je te rejoins, c'est les points que tu as abordés. C'est ce qu'on appelle les fonctions exécutives. Et les neuropsychologues nous apprennent aujourd'hui que le standard, le gold standard de l'intelligence, et là, ce n'est pas uniquement le cas en football, mais ça concerne aussi le monde scolaire, que ce n'est plus le QI, donc ce n'est plus l'intelligence comme on la connaissait il y a X nombre d'années. Mais aujourd'hui, ce sont les fonctions exécutives qui sont logées dans le cortex préfrontal. Donc, on parle ici de l'inhibition cognitive, de la flexibilité cognitive. la mémoire de travail, de l'attention. Ce sont toutes ces fonctions-là qui font l'intelligence. Et je pense personnellement que c'est ce qui doit être travaillé dans des séances pour améliorer l'intelligence de jeu du joueur.

  • Speaker #0

    À 100% ! Et ensuite, tu fais très bien de dire qu'on parle d'un cerveau d'athlète, mais c'est le même fonctionnement dans le cerveau de n'importe quel être humain. Donc, ce qu'on remet dans le contexte de foot peut être mis dans le contexte de l'entreprise ou d'autres sports, ou dans le contexte scolaire, universitaire, etc. Nous, notre contexte, quand on parle, c'est le contexte du sport et le contexte du foot en particulier. Mais c'est exactement ça, de cette manière qu'il faut aborder à l'heure actuelle le développement de sportifs de haut niveau. Ces aspects-là de fonction exécutive, d'inhibition, de mémoire de travail, c'est des paramètres qu'il faut prendre en compte à l'heure actuelle. Et dans la formation des entraîneurs... en 2025, qui a encore très peu de fédérations, qui, dans leur contenu de formation, dans leur diplôme, aborde ces aspects cognitifs et quels sont les outils qu'on peut mettre en place pour développer le côté cognitif du joueur.

  • Speaker #1

    Alors, chers auditeurs, j'espère qu'on ne vous a pas perdus aujourd'hui parce que nos échanges sont peut-être un tout petit peu techniques, mais je pense qu'il est important pour vous que vous puissiez vous familiariser avec ces termes. On verra dans des prochains épisodes comment entraîner à la fois la mémoire de travail, l'inhibition, la flexibilité, parce qu'il y a une manière concrète pour entraîner tout ça. Mais je pense qu'il était vraiment intéressant d'aborder ces termes avec Philippe, que vous puissiez vous familiariser. Ce sont des choses qu'on abordera un tout petit peu plus tard. Dernière question, Philippe, que je souhaitais te poser. J'observe aujourd'hui que beaucoup d'éducateurs utilisent l'entraînement cognitif. mais de manière intégrée. J'appelle ça l'entraînement cognitif intégré. Or, personnellement, moi, j'utilise beaucoup l'entraînement décontextualisé avec des objets tout à fait nouveaux pour le sportif, parce que mon objectif, une fois de plus, c'est de créer des joueurs adaptables, donc d'utiliser différents types de balles, différents types d'objets, différentes surfaces de jeu, de jouer parfois pieds nus, donc finalement de réaliser des... tâches motrices qui n'ont absolument rien à voir avec le football parce que je pars toujours sur le principe, l'objectif numéro un de l'entraînement neurocognitif doit être de développer la placée cérébrale du joueur et non pas d'améliorer une habileté motrice. Quel est toi personnellement ton avis sur ce sujet entraînement intégré versus entraînement décontextualisé ?

  • Speaker #0

    Moi j'ai un avis d'entraîneur de foot et Moi, je distingue deux parties. Tu as le côté, tu l'as dit, neuromoteur, qui est quelque chose de, je ne vais pas dire qui est différent, qui est bien sûr très lié au côté neurosciences et cognitifs, mais le côté neuromoteur, c'est la fin. C'est l'exécution, c'est la fin de l'action cognitive d'un joueur, c'est le côté neuromoteur. Et là, effectivement, utiliser différentes surfaces de pied, différents types de balles. Moi, je fais ça assez régulièrement, entraîner les joueurs avec des balles de tennis, des ballons de baudruche, des ballons de rugby à l'entraînement pour développer ce côté neuromoteur, flexibilité, adaptabilité. Mais ça reste que c'est la partie exécution de l'action d'un joueur de foot. Et l'action d'un joueur de foot, à la base, démarre par une prise d'information et encore une fois, traitement de l'information et une prise de décision. Donc, pour moi, le contexte reste super important. Et aussi, dépendamment du stade de développement du joueur, c'est-à-dire que le côté neuromoteur va... avoir énormément d'importance bien sûr au jeune âge, quand on est sur la découverte de son corps et puis sur l'acquisition d'habilités motrices. Mais quand on arrive sur des joueurs élites, pour moi, on perd du temps si on décontextualise trop souvent. Et pour moi, quand on a une heure et demie d'entraînement, une heure et demie sur le terrain, on doit rester contextualisé parce qu'on n'a pas de temps à perdre. Et là, je parle de joueurs qui arrivent à 17, 18 ans et qui sont professionnels. Ça ne veut pas dire que tu ne vas pas décontextualiser de temps en temps, mais ça doit rester un pourcentage relativement faible du temps de travail. Donc, ça rejoint également certains outils, plateformes. qui se disent développer l'aspect cognitif dans des choses complètement décontextualisées. Et moi, je crois beaucoup au contexte. De la même manière, sur le développement physique des joueurs, il faut toujours contextualiser, remettre dans le contexte du foot, qui n'est pas le même contexte qu'un joueur de curling ou de volleyball. Donc, pour moi, le contexte reste très, très important. Et je distingue ce côté cognitif et début d'une action d'un joueur de foot à la fin de l'action qui rejoint le côté neuromoteur, comme tu le décrivais Greg, avec par exemple l'utilisation de différentes surfaces ou différents ballons.

  • Speaker #1

    Parfait. Est-ce que tu pourrais, pour terminer cette interview, nous parler un peu de ton expérience actuelle à Dakar ? Un club qui d'ailleurs est en partenariat avec l'Olympique Lyonnais.

  • Speaker #0

    Oui, exact. Partenaire de l'Olympique Lyonnais depuis presque dix ans maintenant. En fait, c'est une expérience extraordinaire avec une mission particulière. C'est un club professionnel, un des trois plus gros clubs du Sénégal, qui a une double mission de... D'être en Ligue 1, de faire bonne figure en Ligue 1, d'avoir l'obligation de bien jouer au foot. Parce que l'objectif parallèle à celui de faire bonne figure en Ligue 1 sénégalaise et de bien jouer au foot, c'est de vendre des joueurs. Ce qui fait qu'on a une équipe très jeune. Cette année, on a une équipe qui a moins de 20 ans de moyenne d'âge. Avec des jeunes joueurs qui... à qui on offre une belle exposition auprès de recruteurs et de clubs étrangers qui puissent faire carrière en Europe. Donc la particularité, c'est de bien jouer au foot, développer les entraîneurs, parce que c'est une grande partie de mon travail également de développer les entraîneurs là-bas, développer les joueurs, et en fait d'accepter de jamais avoir sur le terrain notre meilleure équipe, parce qu'on a des joueurs qui sont en permanence en essai en Europe. qui sont généralement des très bons joueurs. Donc, on n'a jamais la meilleure équipe sur le terrain. On a aussi des joueurs qui signent en Europe et qu'on arrête de faire jouer pour ne pas risquer la blessure. Et donc, c'est jongler avec ces différents paramètres-là pour bien jouer au foot, se maintenir, être dans les... Bon, en ce moment, on est quatrième du championnat. Et en acceptant de jamais être avec sa meilleure équipe. sur le terrain. Donc c'est un peu le défi, mais ça reste du foot dans un environnement qui est identité africaine, sénégalaise, qui me change de tout ce que j'ai pu connaître avant, mais avec une référence qui reste universelle et commune, qui est le foot. Et c'est ce qui rend ce côté passionnant du sport, ce côté universel du sport qu'on retrouve au Sénégal avec toute la richesse que peut... m'amener cet environnement africain et sénégalais en particulier. Donc ça se passe bien, chez les jeunes, on a eu beaucoup de succès la saison dernière. On a réussi à valoriser de manière très forte l'effectif des équipes de jeunes et de l'équipe pro. Ça se passe super bien, c'est passionnant. Et voilà, j'encourage tout le monde encore une fois de... de multiplier les expériences dans des contextes différents parce que c'est ça aussi qui fait progresser l'être humain et l'entraîneur en particulier.

  • Speaker #1

    Parfait. Comment peuvent faire nos auditeurs pour te suivre dans tes aventures ?

  • Speaker #0

    J'ai un compte X dans Twitter qui est Philippe Lafroix. Donc, j'ai… Le compte est à mon nom. Ça peut être ça, ça peut être les différents podcasts comme le tien, Greg. J'en fais un autre demain au Canada. Les choses comme ça. Je vous encourage à aller voir mon compte Twitter et puis me suivre sur mes aventures africaines ou générales. mes aventures d'entraîneur et d'éducateur en général.

  • Speaker #1

    On peut te suivre également sur les réseaux sociaux du club. Il me semble que c'est AS Dakar Sacré-Cœur.

  • Speaker #0

    exactement parfait

  • Speaker #1

    Philippe on arrive à la fin de cette interview donc merci encore d'avoir accepté cette invitation c'est vraiment un honneur pour moi de t'accueillir comme premier comme premier expert interviewé je te souhaite vraiment tout de bon dans tes aventures africaines et

  • Speaker #0

    je te dis à très bientôt à très bientôt Greg et merci pour l'invitation toujours passionnant de discuter comme ça.

  • Speaker #1

    Merci Philippe, bye.

  • Speaker #0

    Bye.

  • Speaker #1

    Et voilà, c'est déjà la fin de cet épisode. J'espère qu'il t'a donné des idées et des pistes à explorer avec tes joueurs. Si tu as trouvé ça intéressant, voilà comment tu peux m'aider à faire grandir ce podcast. Abonne-toi dès maintenant pour être sûr de ne rien rater. Chaque épisode, c'est une nouvelle occasion d'apprendre et de progresser. Partage cet épisode avec d'autres entraîneurs passionnés. Ça pourrait vraiment les inspirer et les aider à progresser à nos côtés. Laisse-moi une note ou un avis sur ta plateforme d'écoute. Ça prend une minute et ça m'aidera énormément à toucher d'autres éducateurs comme toi. Merci d'avoir pris le temps d'écouter NeuroGoonFood. On se retrouve très vite pour le prochain épisode.

Description

⚽Dans cette première interview, j'ai l'immense plaisir d'accueillir Philippe Eullafroy, une figure incontournable du soccer et de la formation. Ancien directeur de l'Académie du CF Montréal, Philippe est aujourd'hui responsable technique de l'AS Dakar Sacré Coeur au Sénégal, club partenaire de l'Olympique Lyonnais.


Au programme de cet épisode:

1️⃣Son parcours inspirant de l'Europe à l'Afrique en passant par le Canada et les Etats-Unis

2️⃣Un état des lieux de l'entraînement cognitif en football

3️⃣Sa philosophie pour former des joueurs plus intelligents


🎧Bonne écoute

Greg


✨Rejoins moi sur mes réseaux sociaux:

Instagram: https://www.instagram.com/neurocognifoot/

Facebook: https://www.facebook.com/people/Neurocognifoot/61550524644230/

Linkedin: https://www.linkedin.com/in/greg-debs-4601119/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Neurocognifoot, le podcast où Neurosciences et Football se rencontrent pour booster l'intelligence de jeu. Je suis Greg, spécialiste en entraînement perceptivo-cognitif et fondateur de Neurocognifoot. Si tu es à la recherche de conseils pour former des joueurs capables de mieux lire le jeu, d'anticiper et de prendre de meilleures décisions, alors tu es au bon moment de l'être. Dans ce podcast, seul ou avec mes invités, je te partage des concepts simples des outils concrets et des témoignages inspirés. Alors tiens-toi prêt et c'est parti pour l'épisode du jour. Hello à tous, bienvenue dans l'épisode 3 du podcast Neuroconifoot. Mon invité du jour s'appelle Philippe Lafroy, ancien directeur de l'Académie du CF Montréal. Il est aujourd'hui responsable technique du Dakar Sacré-Cœur au Sénégal. Allez, c'est parti ! Salut Philippe ! C'est vraiment un immense plaisir pour moi de t'accueillir dans ce podcast. On s'était rencontré, je crois, en 2007 à Montréal, lorsque je travaillais pour la Coupe du Monde U20 de la FIFA. Et si ma mémoire est bonne, tu étais à l'époque coach de l'équipe universitaire de Montréal.

  • Speaker #1

    Oui Greg, ta mémoire est bonne, mais j'étais entraîneur de l'équipe universitaire de McGill, l'une des universités anglophones de Montréal. Et oui, on s'était rencontrés à cette époque-là. Ça date maintenant de presque 20 ans.

  • Speaker #0

    Alors, pour commencer cette interview, Philippe, est-ce que tu pourrais présenter ton parcours de tes débuts en tant qu'éducateur jusqu'à ton poste actuel à Dakar ?

  • Speaker #1

    Alors, mon parcours, il est peut-être un peu particulier, pas vraiment conventionnel. En fait, j'ai été formé en tant que joueur de foot à Troyes. Alors, à l'époque, ça ne s'appelait pas l'ESTAC, mais il y avait un centre de formation. Donc, j'ai été formé là-bas. J'ai fait la grande majorité de ma carrière à l'ESTAC. Et puis, tout en continuant un petit peu mes études, parce que j'ai une famille qui ne voulait pas que je me consacre à 100% qu'au foot. Donc, on m'a toujours... obligé entre guillemets à continuer ou à garder une connexion avec les études donc ce qui fait que je continuais en parallèle très très lentement mais je gardais une connexion avec les études et puis après ma carrière ça m'a permis de de reprendre mes études où je les avais laissé c'est à dire quand même pas un très haut niveau et puis terminé par un doctorat Donc, je suis docteur en toxicologie. Et pourquoi je parle de ça ? C'est qu'à la fin de mon doctorat, j'ai fait de la recherche et j'ai commencé à passer mes diplômes d'entraîneur. Et la première expérience d'entraîneur que j'ai eue, c'est en tant que préparateur physique, parce que c'était... la partie de l'entraînement qui se rapprochait le plus de la science. Donc, c'était pour moi une évidence que si je voulais, ce qui m'attirait dans le métier, au départ, je ne vais pas dire d'éducateur, mais d'entraîneur, c'était le côté prépa physique avec toute la science qui était derrière ça. Et puis, au fur et à mesure que j'ai passé les diplômes et mes expériences, donc mes premières expériences de coach, ça a été à l'ESTAC, ça a été... Ça a été à l'Université du Québec à Montréal, ça a été au Stade de Reims. Et au fur et à mesure, j'ai passé les autres diplômes et je suis passé de préparateur physique à entraîneur. Et mes diverses expériences m'ont ramené en Amérique du Nord, où là, j'ai coaché au niveau universitaire. Comme vous le savez, en Amérique du Nord, le réseau universitaire est quelque chose de... de très très importants, beaucoup plus développés que ce qu'on peut connaître en France.

  • Speaker #0

    Justement, est-ce que tu pourrais te développer, expliquer un peu à nos auditeurs ce que c'est le soccer, puisqu'on appelle ça le soccer en Amérique du Nord, mais ce que c'est réellement le soccer universitaire ? Parce que je crois que c'est quelque chose qui est particulier, rien que de par les infrastructures.

  • Speaker #1

    Alors, c'est une côté culturel, et on va dire historique du sport en Amérique du Nord. Il faut savoir que les structures de formation en Amérique du Nord... n'existe quasiment pas, pas comme on le connaît par exemple en France ou en Europe concernant le foot ou d'autres sports. En Amérique du Nord, en fait, la formation se fait, ou les centres de formation, les académies, en fait, ce sont les universités. Et les sports majeurs, il y a cinq sports majeurs en Amérique du Nord, mais avant d'arriver au cinquième sport majeur, qui est le soccer ou le foot européen, les... quatre autres sports majeurs qui sont le football américain, le basketball, le baseball et le hockey. En fait, ce ne sont pas des clubs, ce sont des équipes et ils n'ont aucune structure de formation. Et toute la formation se fait au niveau universitaire. Donc, débouchant, bien sûr, pour ces joueurs universitaires à une carrière professionnelle dans ces quatre sports majeurs. Donc, en fait, les universités qui ont d'énormes moyens, Parce que contrairement à la France, les universités sont payantes. Donc ce n'est pas financié par l'État ou très peu. Et en fait, les universités, chaque étudiant est un client et pour attirer le client, l'image est importante et le sport fait partie de cette image. Donc en fait, les universités ont investi énormément d'argent sur le développement des joueurs, mais également des infrastructures. Donc comme tu le disais, Greg... tu vas faire du sport dans ces sports majeurs-là et tu es dans des conditions que, même à l'heure actuelle, certains sportifs professionnels dans les clubs professionnels n'ont pas en termes d'installation, de suivi, de staff, de terrain, de tout ce que tu veux. Donc, c'est assez phénoménal. Et on arrive, bien sûr, à des sports, à des équipes dans des universités où il y a 15 000, 20 000 spectateurs dans des stades qui font 20, 30, 40, 50. 80 000 places, avec des staffs hyper abondants, avec de l'expertise, etc. Donc ça, culturellement, historiquement, ça a une place énorme dans le sport de haut niveau, les universités. Donc je vous encourage à ceux qui veulent aller en Amérique du Nord, d'aller voir des matchs universitaires, de visiter les installations. On ne peut pas s'imaginer qu'au niveau université, on puisse avoir des installations comme ça. Et le cinquième sport majeur qui est arrivé un petit peu plus tard, qui est le soccer, le football européen, s'est appuyé sur cette même filière de formation au départ. Ce qui fait que le réseau universitaire, la compétition universitaire, c'est quelque chose de très, très, très important, qui n'a absolument rien à voir avec le réseau universitaire européen. Parce qu'il y a les pros, et juste en dessous, Il y a l'université. Donc, si tu as joué ou tu as été joueur universitaire, c'est ce qu'il y a de plus haut niveau, juste en dessous le réseau professionnel. Et donc, être joueur universitaire, être coach universitaire, c'est très, très, très, très valorisant et c'est synonyme de très, très haut niveau, sachant que le niveau d'excellence, la coach au-dessus, ça reste le réseau pro. En France, par exemple, ce n'est pas du tout ça. Mais pour revenir au foot, le foot ou le soccer, le soccer a pris petit à petit une direction qui ressemble plus à celle de l'Europe parce que la compétition du soccer est internationale, mondiale. Les équipes, les clubs ont commencé à mettre en place leur système de formation. et donc des joueurs qui maintenant vont vers une carrière professionnelle, essentiellement en passant par les centres de formation, les académies comme on les entend en Europe. Mais ça reste un réseau super important pour les autres sports, pour le soccer aussi, mais un degré moindre parce que c'est moins une passerelle vers une carrière professionnelle, même si elle reste là, mais elle est de moindre importance par rapport aux autres sports.

  • Speaker #0

    Et le club de Montréal, le club professionnel, s'est un peu éloigné visiblement de ce modèle puisqu'il a après construit sa propre académie que tu as d'ailleurs dirigée ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc, comme les autres clubs pros en MLS, si on prend ce réseau-là en particulier, en fait, dès 2000, enfin dès, si on peut dire, en 2007, la MLS a obligé les clubs à mettre en place un système de formation pour ne plus être dépendants. du système universitaire qui a ses qualités mais aussi ses défauts, qui est en fait une saison qui est relativement courte, et puis des coachs universitaires qui sont comme des coachs professionnels. qui se doivent de gagner, qui développent un peu sous la pression du résultat. Ce n'est pas forcément super intéressant pour des joueurs qui restent jeunes. L'MLS a forcé, a obligé les clubs à mettre en place des structures de formation à partir de 2016. C'est-à-dire que c'est un système de formation qui a moins de 20 ans. Il a fallu que ces clubs-là créent. leur académie, et c'est ce que j'ai eu la chance de faire à Montréal, puisque j'ai démarré l'académie là-bas en 2010, et la créer à partir de rien, c'est-à-dire que quand je dis rien, rien, il n'y a pas de terrain, il n'y a pas de joueur, il n'y a pas de coach, il n'y a pas de projet de jeu, il n'y a pas de philosophie, il n'y a pas de méthodologie, il n'y a absolument rien, et il faut créer ça d'une page blanche, dans un environnement qui à la base n'est pas prêt à ça. dans l'environnement du soccer, qui n'était pas prêt à l'époque à voir débarquer un club professionnel qui veut développer lui-même ses joueurs. Alors, c'est se battre un petit peu contre les a priori, c'est défricher, c'est être pionnier, donc c'est passionnant, c'est aussi un peu difficile. Mais voilà, ça fait un bon lien avec la suite de mon parcours. qui fait qu'à un moment donné, j'avais cette double filière professionnelle qui était recherche scientifique et entraîneur de foot. Et à un moment donné, j'ai basculé à 100% vers entraîneur de foot en continuant à me former. Et je continue encore à l'heure actuelle à me former. Et puis, en passant la majeure partie de ma carrière en Amérique du Nord, que ce soit à Montréal. à San Francisco et maintenant en Afrique au Sénégal. Donc avec différents rôles qui vont d'éducateur, préparateur physique, éducateur de jeunes, assistant avec les pros, entraîneur d'équipe préserve. Donc j'ai pratiquement fait tous les rôles techniques qu'il peut y avoir au sein d'un club professionnel. Et en ce moment, je suis à ma... Deuxième année à Dakar sur un gros club sénégalais qui a le double projet de faire bien au niveau pro en Ligue 1 sénégalaise, mais également de développer des joueurs pour pouvoir les vendre en Europe et essentiellement dans le Big Five pour la majeure partie d'entre eux.

  • Speaker #0

    Super, alors on reviendra sur cette expérience actuelle à Dakar un tout petit peu plus tard dans l'interview. Mais pour moi, c'est aussi un plaisir de t'avoir dans ce podcast parce que tu es intervenu dans le documentaire d'Arte à la recherche du sportif parfait. Et j'en parlais dans mon tout premier épisode. C'est réellement ce documentaire qui a créé un déclic en moi et qui m'a donné envie de me former en entraînement cognitif. Et je vais te citer parce que j'ai repris le documentaire hier. Dans ce documentaire, tu disais « La préparation mentale sera plus que mentale, le mental cognitif, à savoir la prise d'infos, l'intelligence de jeu, et là, il y a une marge de progression qui est exceptionnelle. C'était intéressant parce que ce documentaire date de 2016. Alors, je ne sais pas si c'est parce qu'on est peut-être un peu en retard en France, mais je trouve que ta citation de l'époque est toujours d'actualité et que les choses n'ont pas tant avancé que ça. J'ai personnellement l'impression qu'on est toujours au balbutiement de la compréhension du cerveau. et que l'entraînement cognitif n'est pas encore démocratisé, surtout au niveau amateur. Alors, quel est ton avis sur ce sujet ?

  • Speaker #1

    Alors, tu vois, tu me rappelles un documentaire, 2016, je ne me souvenais plus de la date, donc on est 9 ans, on va dire presque 10 ans plus tard, et je suis fier de ma citation, parce que je me rends compte qu'on est en plein dedans, et qu'en fait... Si on remet dans le contexte du foot, et après je vais revenir au sens premier de ta question, c'est que dans le contexte du foot, pour moi, il y a eu différentes étapes, comme dans beaucoup de sports, dans beaucoup de domaines. Il y a eu une étape dans les années 60-70, il y a eu une petite révolution tactique avec beaucoup de... Beaucoup de coachs de renommée, hongrois, italiens, argentins, qui ont amené un peu de variété au niveau tactique. Il y a eu ensuite une révolution physique, de la préparation physique. Fin des années 90, où on sortait véritablement des préceptes de la préparation physique des pays de l'Est, et on sortait un petit peu de la préparation de l'athlète pour des Jeux Olympiques. Et puis, on est revenu à une deuxième phase de révolution tactique dans les années 2010, avec l'apparition ou l'influence de penseurs, techniciens, tacticiens, comme Guardiola, Mourinho, Juan Maguillo. des Arigosaki, etc., qui m'ont ramené un deuxième souffle dans l'évolution tactique. Et puis, pour moi, il y a une dizaine d'années, a commencé l'émergence de ce que j'appelle, ce que j'ai appelé à l'époque la révolution cognitive, et qui est encore à ses balbutiements. Et comme tu le disais, Greg, je pensais que ça irait beaucoup plus vite, mais ça peut s'expliquer. On va revenir à ta question. C'est que pour moi, la grosse évolution dans le développement de l'entraîneur et du joueur, c'est vraiment cette révolution au niveau cognitif. Ce qui m'amène à souvent dire aux entraîneurs ou aux dirigeants qu'en fait, on ne développe pas des joueurs, on développe des cerveaux et qu'on a tendance à oublier ça. Et c'est assez particulier parce que... OK, il y a eu le culte de l'athlète, c'est-à-dire cours, réfléchis pas. Et moi, je suis d'une génération où j'ai été formé, où en gros, mes entraîneurs, c'était fais ce que je te dis et puis pose pas de questions. Donc, tu fais ou tu dégages. Et maintenant, on demande à l'athlète de réfléchir plus. et d'être inconsciemment compétent. C'est une expression que j'adore et qui va sans doute revenir assez souvent dans notre discussion. C'est comment devenir inconsciemment compétent. Ce qui est assez incroyable, et pourquoi ça n'a pas trop démarré, cette révolution cognitive, c'est qu'en fait, on aborde une partie du développement du joueur qui n'est pas... très peu, voire jamais abordé dans la formation des entraîneurs. C'est-à-dire dans le contenu de formation des entraîneurs, on est encore sur quelque chose de très classique, c'est la technique, la tactique, le mental qui est quand même apparu, qui amène quand même une perspective différente du pur physique, technique, tactique. Mais à aucun moment on aborde le côté cognitif et quand on aborde le côté cognitif, On aborde le côté fonctionnement du cerveau, les neurosciences, la neurobiologie. Alors, on ne demande pas à un entraîneur d'être neurochirurgien, mais pour moi, c'est aberrant à l'heure actuelle d'avoir des entraîneurs qui doivent développer des cerveaux, mais qui n'ont aucune idée de comment fonctionne le cerveau. Alors, c'est vrai qu'on rentre dans une partie plus scientifique, comme l'est la préparation physique, mais le fait qu'on ait... Quand on est rentré sur la révolution de la prépa physique, c'était très scientifique, on a donné cette partie de développement du joueur à des spécialistes qui sont des préparateurs physiques. Et en gros, le coach s'est dédouané en disant « Moi, je n'y connais pas grand-chose, donc je vais engager un spécialiste là-dedans qui est le préparateur physique. Il fait ses choses et puis je lui fais confiance et puis on va développer le côté physique du joueur grâce à ce spécialiste-là. » À l'heure actuelle, Il n'y a pas de spécialiste de la préparation ou du développement cognitif du joueur. Donc, ça retombe sur le coach, l'entraîneur, qui lui, généralement, n'a pas les connaissances ou les compétences pour développer cognitivement le joueur. Donc, il y a une sorte de timidité par rapport à ça. On ne se focalise pas encore assez sur le développement cognitif du joueur parce que ça nécessite des connaissances qu'à l'heure actuelle. La majeure partie des coachs n'ont pas. Alors, dû à leur formation, dû à leur curiosité peut-être, et ça fait que ça n'avance pas beaucoup et que ça progresse. Mais tu vois, Arte, le développement de l'athlète parfait, dix ans plus tard, si on ramène au foot, il n'y a pas eu de grosses avancées. Et c'est plutôt des avancées individuelles, c'est-à-dire des coachs personnellement ou des clubs, des académies qui ont décidé de prendre cette voie-là. Mais ça reste des initiatives individuelles ou très localisées et pas à grande échelle. Et c'est pour ça qu'à l'heure actuelle, ça progresse très lentement.

  • Speaker #0

    Alors toi, tu as l'avantage d'avoir travaillé sur différents continents. Et prenons peut-être d'abord le cas du Canada, qui est souvent cité en référence comme capitale, notamment Montréal, comme capitale des neurosciences. Où est-ce qu'on en est actuellement au Canada en termes d'entraînement cognitif dans le soccer ?

  • Speaker #1

    Il n'est pas au cœur, il n'est pas très avancé. Quand tu citais l'Amérique du Nord, l'Amérique du Nord a été très en avance, et je pense que le reste, même si ailleurs dans le monde, ça commence à rattraper ce retard, c'est que l'aspect mental… L'aspect mental, qui est différent de l'aspect cognitif, mais l'aspect mental a été très présent dans les sports individuels en Amérique du Nord depuis très longtemps, ce qui n'était pas forcément le cas en France, par exemple, ou en Europe. Donc l'Europe a rattrapé, on va dire, son retard peut-être là-dessus. Mais si on reste au côté prépa mental, qui encore une fois, mais c'est juste pour donner l'exemple, Moi, quand j'ai démarré l'académie à Montréal, l'un des premiers coachs que j'ai recruté, c'est un préparateur mental. Donc, dès les premiers moments de l'existence de l'académie, à l'époque, ça s'appelait l'Impact de Montréal, maintenant, c'est le CVE Montréal, on avait un préparateur mental à temps plein dans la structure dès les premiers moments. Là, c'était 2010, on est en 2025. Quinze ans plus tard, il y a très peu de structures dans la formation, dans les académies, même dans les équipes professionnelles en France qui ont des préparateurs mentaux à temps plein. Ça reste rare. Donc en fait, on généralement sous-traite cette partie mentale à des spécialistes, des experts de l'extérieur. Quand il y a un problème, il y a un joueur qui a besoin d'être accompagné de manière plus spécifique sur cet aspect-là. Et moi, j'ai rencontré il n'y a pas si longtemps un Français qui est spécialiste de la prépa mentale et qui gagne sa vie et bien sa vie. Et il est appelé dans des clubs en Espagne, en Allemagne, en France, quand il y a une problématique avec un joueur. Et il vient pendant deux, trois semaines à s'entretenir, essayer de résoudre cette problématique mentale du joueur. Donc, on voit que ce n'est pas encore quelque chose de... d'acquis, on va dire, dans un staff à l'heure actuelle, en France ou en Europe, on a rarement, dans le staff technique, on a rarement un préparateur mental. Donc, 15 ans, 20 ans plus tard, même ce spécialiste-là, cet expert-là, il n'est pas intégré complètement dans les staffs des clips professionnels ou d'académie. Et l'aspect cognitif, encore moins. C'est-à-dire que le côté mental dans l'Amérique du Nord, où cet aspect mental a été fortement développé, mais quand on arrive dans le côté cognitif, ça n'a pas beaucoup bougé. Et en fait, parce que le préparateur mental est un entraîneur, mais généralement pas un entraîneur qui passe beaucoup de temps sur le terrain. Il est dans l'observation, il est dans l'accompagnement, mais ce n'est pas lui qui fait les séances sur le terrain. qui crée les séances sur le terrain. Or, le développement cognitif du joueur, là, c'est l'entraîneur de terrain qui doit le mettre en place. Et on revient à ce qu'on disait il y a cinq minutes, c'est que cet entraîneur de terrain, généralement, il est très peu formé au développement cognitif du joueur. Et au Canada ou en Amérique du Nord, je pense que là-dessus, on n'est pas plus en avance qu'en France ou en Europe, et pas plus en avance. au Sénégal non plus. Et ce qui pose un petit frein par rapport à ça, c'est qu'en Amérique du Nord, on a le culte de l'athlète. Au Sénégal, on a le culte de l'athlète. C'est-à-dire qu'on a du mal encore à se distancer du côté purement athlétique du joueur. Et on a encore beaucoup trop dans le foot, on a encore beaucoup trop d'approches. qui disent on va développer l'athlète et ensuite on va développer le joueur, en oubliant que c'est à l'inverse qu'il faut faire, il faut développer le joueur, et en développant le joueur, on va développer l'aspect athlétique du joueur. Mais c'est d'abord développer un joueur, et développer un joueur, c'est développer aussi son cerveau. Parce que là, je vais caricaturer, puis il y a des gens qui ne vont peut-être pas m'aimer là, mais un athlète, le développement cognitif d'un sprinter du 100 mètres, il est évidemment beaucoup moins compliqué que de développer l'aspect cognitif d'un joueur d'un sport collectif. Et on a du mal encore, beaucoup de structures ont encore du mal à se détacher du côté purement athlétique du sport et pour aller vers un développement cognitif du joueur. Et en fait, le développement athlétique devient une conséquence. On prend toujours cet exemple de Usain Bolt, qui était, je ne vais pas dire l'athlète ultime, mais dans son domaine, qui était quand même, je pense que c'est une légende, et ça restera une légende encore pendant très très longtemps. qui était l'homme le plus rapide du monde et qui avait une passion pour le foot. Et après sa carrière, il a essayé de faire une carrière de joueur de soccer professionnel et ça n'a pas marché. Et pourtant, au niveau athlétique, il ne pouvait pas trouver un joueur qui allait plus vite que lui. Mais il lui manquait quelque chose et ce qui lui manquait, c'était cet aspect cognitif du joueur de foot que lui n'avait pas, et ça se comprend. Mais ce qui... Je pense que cet exemple superbe montre que dans le foot, le côté athlétique n'est pas d'ordre hiérarchique le plus élevé quand on développe un joueur. Et puis bien sûr, derrière, en parallèle ou en même temps, on pourrait mettre le développement des qualités humaines qui reste la base du développement humain et du développement du joueur. Donc on voit qu'on a encore beaucoup de chemin à faire pour intégrer pleinement. le développement cognitif et lui donner toute l'importance qu'il doit avoir en

  • Speaker #0

    2025. Je te rejoins dans ce que tu dis dans mes recherches. Je n'ai pas trouvé de spécialistes en entraînement cognitif qui sont intégrés dans des staffs de clubs professionnels. Une seule exception, Michel Rabasca, que tu connais peut-être, qui est le directeur de la performance cognitive au LA Galaxy.

  • Speaker #1

    Tu vois, il y a des… Il y a des spécialités comme ça qui se créent, on va dire, des nouveaux postes, comme il y a de plus en plus de staff qui intègre un staff qui est spécialiste de développement individuel du joueur. Alors, les titres peuvent changer, mais ça reste que pour moi, le développement cognitif d'un joueur, la majeure partie du travail se fait sur le terrain à l'entraînement et pas… En dehors du terrain, il peut y avoir des compléments. On peut passer, là, on rejoint un petit peu de la prépa mentale, de l'analyse vidéo, par exemple, de l'auto-évaluation, l'aspect même, quelque part, un peu statistique, traitement de données. Mais la majeure partie du travail se fait sur le terrain, tous les jours, au cognitif du joueur.

  • Speaker #0

    On va poursuivre, donc, dans ce podcast, le sujet et surtout l'intelligence de jeu. Est-ce que tu pourrais, toi, nous partager ta vision sur l'importance de l'intelligence de jeu dans le foot actuel ?

  • Speaker #1

    L'importance, pour moi, c'est le plus important. C'est le plus important pour le foot de haut niveau à l'heure actuelle. On se rend compte, les statistiques, les indices de performance montrent que le foot actuellement, comparé à il y a 10, 15 ou 20 ans, c'est un sport où il faut aller de plus en plus vite, parce qu'on a de moins en moins d'espace, parce que comme on a moins d'espace, on a moins de temps, parce que les joueurs vont plus vite, sont plus forts, parce qu'on a moins de temps pour trouver une solution et pour l'exécuter. Donc en fait, ce qui va permettre à un joueur d'être performant dans le foot actuel, qui exécute vite, et donc avant ça, pour pouvoir bien l'exécuter et trouver une bonne solution à un problème, il faut... Il faut prendre l'information, il faut bien la traiter, il faut prendre une bonne décision, il faut bien exécuter cette décision-là. Et ça, c'est du cognitif à la base, à 100%. Et en fait, cette perception, ce traitement de données, l'aspect cognitif de l'action d'un joueur de foot, c'est ce qui va déclencher tout le reste. C'est de la plus haute importance à l'heure actuelle d'avoir des joueurs qui cognitivement sont capables de faire ça au plus haut niveau, avec ces contraintes d'espace et de temps. dans un environnement qui reste très compliqué, qui est le foot avec 10 partenaires, avec 11...

  • Speaker #0

    11 adversaires, plus tout l'environnement externe, comme l'arbitre, le public, etc., qui vont compliquer également la tâche. Donc c'est super, super important, et pour moi c'est la base d'un joueur de très haut niveau, c'est quelqu'un qui cognitivement est également très développé.

  • Speaker #1

    Je sais que l'entraînement cognitif, c'est un sujet qui te passionne. Je t'avais consulté d'ailleurs il y a quelques années pour des conseils en termes de formation. Qu'est-ce que toi, personnellement, tu mets en place pour améliorer l'intelligence de jeu de tes jeunes joueurs ?

  • Speaker #0

    La réponse n'est pas facile et peut paraître un petit peu complexe, parce que ce n'est pas simplement un élément que tu vas mettre en place qui va faciliter ça. C'est énormément de... de composantes méthodologiques, pédagogiques, dans le contenu de l'entraînement, dans l'interaction avec les joueurs, qui va faciliter le développement cognitif du joueur. Et l'une des premières choses, à mon avis, un des prémices les plus importants, et moi j'y fais attention dans les structures dans lesquelles je travaille, c'est-à-dire de s'assurer que les entraîneurs, les éducateurs, ont un minimum de connaissances sur le fonctionnement du cerveau, sur la manière dont un joueur à qui est acquiert des compétences leur expliquer c'est quoi une compétence leur expliquer comment on ancre une compétence et et ça c'est déjà la base pour pouvoir mettre un contenu d'entraînement qui va permettre ce développement là et comment on va optimiser les relations les interactions entre l'entraîneur et le joueur pour aider le joueur à se développer sur le plan cognitif donc Ça part déjà par ces connaissances-là. Ensuite, c'est une fois que tu as ces connaissances-là, et comme on le disait au départ, c'est développer un cerveau. Comment on va réussir à rendre un joueur inconsciemment compétent ? Je reviens à ce que je disais sur ce chercheur, professeur à la Sorbonne, qui est un sociologue du sport, qui s'appelle… Pierre Parlebas qui lui expliquait que dans le passé, on considérait une personne intelligente, la personne qui s'exprimait bien, et que si une personne ne s'exprimait pas bien, c'est qu'elle était un abruti. Et la difficulté au foot, c'est que 98% de la communication d'un joueur de foot, elle est non-verbale. Donc comment juger ? de l'intelligence d'un joueur, de la qualité cognitive d'un joueur, sachant que ce joueur-là s'exprime de manière non-verbale. Et en fait, ce qu'il faut créer, c'est des joueurs qui deviennent inconsciemment compétents, parce que quand on fait les choses de manière inconsciente, on les fait beaucoup plus vite. Et là, on rentre, je m'égare un petit peu du terrain en tant que tel, Greg, mais... Mais je pense que c'est indispensable pour bien comprendre ce qu'on doit mettre en place sur le terrain. Moi, je vous renvoie à ce qui était au départ théorisé par Kahneman sur le système 1, système 2, qui a été repris par Houdet, qui lui amène un système 3 dans l'affaire. Donc système 1 qui est l'automatisation de l'aspect cognitif du cerveau. Le système 2. qui est sur le côté réfléchi, conscient du fonctionnement du cerveau, et le système 3 qui est la capacité d'inhibition du système 1 ou du système 2. Et en fait, quand on comprend comment fonctionnent ces trois systèmes-là, on est capable ensuite de comprendre ce qu'on met en place sur le terrain, comment ça va aider à développer le système 1, le système 2 et le système 3, sachant que le système le plus... Le plus intéressant pour le joueur de foot, c'est le système 1, parce que c'est ce qui permet au cerveau ou à l'homme ou au joueur de prendre des décisions de manière inconsciente et donc le plus rapidement possible. Dans un monde du foot, il faut prendre ses décisions de manière très rapide. Il faut garder en tête que 95% des actions d'un joueur se font de manière inconsciente. Et on veut que ces décisions que le joueur prend de manière inconsciente, on veut que ces décisions soient les plus rapides possibles. plus pertinentes possibles et les meilleures possibles. Et pour ça, il faut mettre un joueur dans des conditions, dans des situations de match, dans un contexte de match, dans un contexte de foot en permanence ou le plus souvent possible. Et donc, le développement cognitif du joueur va démarrer à mettre le joueur dans des conditions qui ressemblent à du foot. Alors, ça paraît basique, ce que je dis, mais un entraîneur, quand il... sort de sa séance ou quand il crée une séance, il doit déjà se poser la question est-ce que ça ressemble à du foot ou pas ? Et on peut se rendre compte que quelquefois ou souvent, on met en place des choses à l'entraînement qui n'ont rien à voir avec le foot. Et en fait, il faut se rendre compte que chaque chose que le joueur fait à l'entraînement, ça participe au développement cognitif de ce joueur-là. Et donc déjà... Mettre en place des choses à l'entraînement qui sont dans un contexte foot. Ensuite, c'est prendre en compte le fait qu'il faut complexifier de manière progressive ce qu'on met en place sur le terrain pour ne pas surcharger la mémoire du travail du joueur qui est la mémoire la plus importante ou l'aspect le plus important dans le fonctionnement du cerveau et dans l'exécution, la prise de décision et l'exécution de cette décision-là. C'est à partir de la mémoire de travail, donc comment développer cette mémoire de travail ou comment optimiser le fonctionnement de cette mémoire de travail-là.

  • Speaker #1

    Pour simplement éclairer nos auditeurs, la mémoire de travail, c'est une mémoire à court terme qui va permettre de stocker un certain nombre d'informations que le joueur va remanipuler dans les 2 à 3 minutes. Donc typiquement, c'est photographier la position des joueurs, des adversaires et du ballon. Voilà, juste pour préciser un peu ce qu'est le... la mémoire de travail parce qu'elle n'a pas encore été abordée dans ce podcast. Je vais en faire un épisode dédié parce que je pense que c'est une compétence qui est essentielle pour développer l'intelligence de jeu du joueur.

  • Speaker #0

    À 100%, Greg, et tu le sais, cette mémoire de travail a ses limites. Elle peut être... Si on n'y fait pas attention, elle peut être surchargée. Et malheureusement, on va dire le cerveau, quand la mémoire de travail est surchargée, plutôt que de garder un cerveau actif, en fait, on désactive le cerveau. C'est-à-dire que le joueur n'aura plus la capacité de prendre l'information, de traiter cette information et d'exécuter de manière optimale. Donc, en fait, il faut véritablement chercher à comment je peux me servir du mieux possible. de cette mémoire de travail. Il y a plein de pédagogies, plein de choses différentes qu'on peut mettre en place pour optimiser son fonctionnement. Une des manières d'optimiser le fonctionnement de la mémoire de travail et d'ancrer certaines compétences ou habiletés dans la mémoire à long terme, c'est à l'entraînement de répéter des situations sans les répéter. Ça paraît une expression un peu bizarre. Mais en fait, c'est comment faire apprendre aux joueurs à prendre la bonne information. On parle souvent de scan au foot, on parle souvent de prise d'information. Mais il faut savoir quand le joueur doit prendre l'information, qu'est-ce qu'il doit regarder. Par exemple, je vais prendre un exemple qu'on avait vu à une époque, quand on démarrait sur... Sur les connaissances, on va dire sur la prise d'informations du joueur, on avait souvent le joueur qui recevait un ballon et sur le temps de passe, on mettait un entraîneur derrière le joueur. Le joueur devait tourner la tête à droite et à gauche dans son dos et regarder l'entraîneur adjoint ou le partenaire. Il mettait des doigts avec une main, un, deux, trois, quatre ou cinq doigts et le joueur devait dire. Au moment où ils recevaient la passe, de dire il y a un doigt de lever, deux doigts de lever, trois doigts de lever. Et en fait, quand on sait maintenant ce que regarde un joueur sur le temps de passe, il ne regarde pas le bras et les mains d'un joueur. Il ne regarde pas s'il y a un ou deux ou trois doigts qui sont levés. Il regarde d'autres choses, notamment le positionnement du corps du partenaire. Il regarde la couleur du maillot. Et en fait, il est très centré sur le torse du partenaire ou de l'adversaire. Donc en fait, on entraînait les joueurs en disant, on va leur apprendre à prendre l'info. Mais on leur demandait de regarder un endroit où le joueur ne regarde jamais un match. Donc on lui demandait de regarder des informations et de traiter cette information-là qui n'avait rien à voir au contexte de foot. Donc c'est juste un exemple qui montre que pour développer le côté cognitif du joueur, il faut développer sa capacité à prendre l'information, quel type d'information il doit prendre, et ensuite traiter cette information-là pour prendre une décision. Et il faut savoir qu'au niveau cognitif, il se crée des... des connexions entre les neurones. Et ces connexions neuronales, elles sont facilitées, plus fluides, elles sont plus fortes si on met le joueur dans les mêmes situations le plus souvent possible. Mais comme au foot, on sait qu'une situation n'est jamais exactement la même. On revient à cette expression qui est de répéter sans répéter, c'est-à-dire répéter des situations, mais en changeant certains paramètres de cette situation-là. pour faciliter la reconnaissance de cette situation par le joueur et qu'à un moment donné, cette reconnaissance de situation se fasse de manière inconsciente et que ça permette au joueur de prendre la bonne décision ou ensuite d'exécuter par rapport à cette problématique, cette situation. Donc c'est ça qu'il faut mettre en place à l'entraînement au quotidien sur toute la durée. de l'entraînement. Donc, ce n'est pas simplement 10 minutes sur une heure et demie, mais c'est une heure et demie sur une heure et demie. Et alors, ça paraît un petit peu complexe éventuellement ce que je dis, mais au bout d'un moment, pour l'entraîneur, ça devient aussi quelque chose d'inconscient. Et tout ça, il maîtrise ces paramètres-là et le contenu des entraînements deviennent plus faciles à mettre en place. Mais c'est ça qu'on doit mettre en place en permanence à l'entraînement pour développer le côté cognitif du joueur. Et on va mettre également une des composantes importantes, c'est la composante d'incertitude qu'on doit mettre en permanence à l'entraînement et dans les exercices, parce que ce côté incertitude va développer une composante essentielle du développement cognitif du joueur, qui est la capacité d'inhibition, qui va permettre aux joueurs quelquefois de... Il avait vu quelque chose, il a pris une décision par rapport à une situation donnée, mais au moment d'exécuter, cette situation a changé et il doit changer, il doit inhiber cette exécution-là pour trouver une autre solution. Et on sait qu'au foot, les situations changent en permanence. Et dans l'intelligence de jeu, c'est souvent une compétence qu'on oublie, cette capacité d'inhibition, cette capacité à inhiber que le joueur doit avoir. pour devenir cognitivement développé et avoir un aspect cognitif de très haut niveau dans le foot moderne. Donc voilà, ça paraît peut-être un petit peu flou et complexe, mais déjà si un entraîneur peut simplement mettre en place des contraintes, des exercices qui sont toujours contextualisés dans un contexte de foot, avec la répétition de situations, mais... qui ne soient jamais exactement les mêmes. Et en prenant, en faisant attention à complexifier de manière progressive pour ne pas surcharger la mémoire de travail dont tu parlais, Greg, déjà, si on met ça en place au quotidien, on a de très bonnes chances de développer des joueurs cognitivement costauds.

  • Speaker #1

    Alors, je te rejoins complètement dans ce que tu dis, répéter sans répéter. D'ailleurs, je suis personnellement très influencé par l'école allemande. Donc des personnes comme Horst Lutz, des personnes aussi comme Wolfgang Schellorn et l'apprentissage différentiel. Et c'est exactement ce que décrit Wolfgang Schellorn. C'est répéter, mais en ajoutant systématiquement des variations. Il appelle cela des perturbations stochastiques, justement pour permettre aux joueurs d'être plus flexibles et de mieux gérer les incertitudes qui sont propres au football.

  • Speaker #0

    Exact.

  • Speaker #1

    Ensuite, un autre point sur lequel je te rejoins, c'est les points que tu as abordés. C'est ce qu'on appelle les fonctions exécutives. Et les neuropsychologues nous apprennent aujourd'hui que le standard, le gold standard de l'intelligence, et là, ce n'est pas uniquement le cas en football, mais ça concerne aussi le monde scolaire, que ce n'est plus le QI, donc ce n'est plus l'intelligence comme on la connaissait il y a X nombre d'années. Mais aujourd'hui, ce sont les fonctions exécutives qui sont logées dans le cortex préfrontal. Donc, on parle ici de l'inhibition cognitive, de la flexibilité cognitive. la mémoire de travail, de l'attention. Ce sont toutes ces fonctions-là qui font l'intelligence. Et je pense personnellement que c'est ce qui doit être travaillé dans des séances pour améliorer l'intelligence de jeu du joueur.

  • Speaker #0

    À 100% ! Et ensuite, tu fais très bien de dire qu'on parle d'un cerveau d'athlète, mais c'est le même fonctionnement dans le cerveau de n'importe quel être humain. Donc, ce qu'on remet dans le contexte de foot peut être mis dans le contexte de l'entreprise ou d'autres sports, ou dans le contexte scolaire, universitaire, etc. Nous, notre contexte, quand on parle, c'est le contexte du sport et le contexte du foot en particulier. Mais c'est exactement ça, de cette manière qu'il faut aborder à l'heure actuelle le développement de sportifs de haut niveau. Ces aspects-là de fonction exécutive, d'inhibition, de mémoire de travail, c'est des paramètres qu'il faut prendre en compte à l'heure actuelle. Et dans la formation des entraîneurs... en 2025, qui a encore très peu de fédérations, qui, dans leur contenu de formation, dans leur diplôme, aborde ces aspects cognitifs et quels sont les outils qu'on peut mettre en place pour développer le côté cognitif du joueur.

  • Speaker #1

    Alors, chers auditeurs, j'espère qu'on ne vous a pas perdus aujourd'hui parce que nos échanges sont peut-être un tout petit peu techniques, mais je pense qu'il est important pour vous que vous puissiez vous familiariser avec ces termes. On verra dans des prochains épisodes comment entraîner à la fois la mémoire de travail, l'inhibition, la flexibilité, parce qu'il y a une manière concrète pour entraîner tout ça. Mais je pense qu'il était vraiment intéressant d'aborder ces termes avec Philippe, que vous puissiez vous familiariser. Ce sont des choses qu'on abordera un tout petit peu plus tard. Dernière question, Philippe, que je souhaitais te poser. J'observe aujourd'hui que beaucoup d'éducateurs utilisent l'entraînement cognitif. mais de manière intégrée. J'appelle ça l'entraînement cognitif intégré. Or, personnellement, moi, j'utilise beaucoup l'entraînement décontextualisé avec des objets tout à fait nouveaux pour le sportif, parce que mon objectif, une fois de plus, c'est de créer des joueurs adaptables, donc d'utiliser différents types de balles, différents types d'objets, différentes surfaces de jeu, de jouer parfois pieds nus, donc finalement de réaliser des... tâches motrices qui n'ont absolument rien à voir avec le football parce que je pars toujours sur le principe, l'objectif numéro un de l'entraînement neurocognitif doit être de développer la placée cérébrale du joueur et non pas d'améliorer une habileté motrice. Quel est toi personnellement ton avis sur ce sujet entraînement intégré versus entraînement décontextualisé ?

  • Speaker #0

    Moi j'ai un avis d'entraîneur de foot et Moi, je distingue deux parties. Tu as le côté, tu l'as dit, neuromoteur, qui est quelque chose de, je ne vais pas dire qui est différent, qui est bien sûr très lié au côté neurosciences et cognitifs, mais le côté neuromoteur, c'est la fin. C'est l'exécution, c'est la fin de l'action cognitive d'un joueur, c'est le côté neuromoteur. Et là, effectivement, utiliser différentes surfaces de pied, différents types de balles. Moi, je fais ça assez régulièrement, entraîner les joueurs avec des balles de tennis, des ballons de baudruche, des ballons de rugby à l'entraînement pour développer ce côté neuromoteur, flexibilité, adaptabilité. Mais ça reste que c'est la partie exécution de l'action d'un joueur de foot. Et l'action d'un joueur de foot, à la base, démarre par une prise d'information et encore une fois, traitement de l'information et une prise de décision. Donc, pour moi, le contexte reste super important. Et aussi, dépendamment du stade de développement du joueur, c'est-à-dire que le côté neuromoteur va... avoir énormément d'importance bien sûr au jeune âge, quand on est sur la découverte de son corps et puis sur l'acquisition d'habilités motrices. Mais quand on arrive sur des joueurs élites, pour moi, on perd du temps si on décontextualise trop souvent. Et pour moi, quand on a une heure et demie d'entraînement, une heure et demie sur le terrain, on doit rester contextualisé parce qu'on n'a pas de temps à perdre. Et là, je parle de joueurs qui arrivent à 17, 18 ans et qui sont professionnels. Ça ne veut pas dire que tu ne vas pas décontextualiser de temps en temps, mais ça doit rester un pourcentage relativement faible du temps de travail. Donc, ça rejoint également certains outils, plateformes. qui se disent développer l'aspect cognitif dans des choses complètement décontextualisées. Et moi, je crois beaucoup au contexte. De la même manière, sur le développement physique des joueurs, il faut toujours contextualiser, remettre dans le contexte du foot, qui n'est pas le même contexte qu'un joueur de curling ou de volleyball. Donc, pour moi, le contexte reste très, très important. Et je distingue ce côté cognitif et début d'une action d'un joueur de foot à la fin de l'action qui rejoint le côté neuromoteur, comme tu le décrivais Greg, avec par exemple l'utilisation de différentes surfaces ou différents ballons.

  • Speaker #1

    Parfait. Est-ce que tu pourrais, pour terminer cette interview, nous parler un peu de ton expérience actuelle à Dakar ? Un club qui d'ailleurs est en partenariat avec l'Olympique Lyonnais.

  • Speaker #0

    Oui, exact. Partenaire de l'Olympique Lyonnais depuis presque dix ans maintenant. En fait, c'est une expérience extraordinaire avec une mission particulière. C'est un club professionnel, un des trois plus gros clubs du Sénégal, qui a une double mission de... D'être en Ligue 1, de faire bonne figure en Ligue 1, d'avoir l'obligation de bien jouer au foot. Parce que l'objectif parallèle à celui de faire bonne figure en Ligue 1 sénégalaise et de bien jouer au foot, c'est de vendre des joueurs. Ce qui fait qu'on a une équipe très jeune. Cette année, on a une équipe qui a moins de 20 ans de moyenne d'âge. Avec des jeunes joueurs qui... à qui on offre une belle exposition auprès de recruteurs et de clubs étrangers qui puissent faire carrière en Europe. Donc la particularité, c'est de bien jouer au foot, développer les entraîneurs, parce que c'est une grande partie de mon travail également de développer les entraîneurs là-bas, développer les joueurs, et en fait d'accepter de jamais avoir sur le terrain notre meilleure équipe, parce qu'on a des joueurs qui sont en permanence en essai en Europe. qui sont généralement des très bons joueurs. Donc, on n'a jamais la meilleure équipe sur le terrain. On a aussi des joueurs qui signent en Europe et qu'on arrête de faire jouer pour ne pas risquer la blessure. Et donc, c'est jongler avec ces différents paramètres-là pour bien jouer au foot, se maintenir, être dans les... Bon, en ce moment, on est quatrième du championnat. Et en acceptant de jamais être avec sa meilleure équipe. sur le terrain. Donc c'est un peu le défi, mais ça reste du foot dans un environnement qui est identité africaine, sénégalaise, qui me change de tout ce que j'ai pu connaître avant, mais avec une référence qui reste universelle et commune, qui est le foot. Et c'est ce qui rend ce côté passionnant du sport, ce côté universel du sport qu'on retrouve au Sénégal avec toute la richesse que peut... m'amener cet environnement africain et sénégalais en particulier. Donc ça se passe bien, chez les jeunes, on a eu beaucoup de succès la saison dernière. On a réussi à valoriser de manière très forte l'effectif des équipes de jeunes et de l'équipe pro. Ça se passe super bien, c'est passionnant. Et voilà, j'encourage tout le monde encore une fois de... de multiplier les expériences dans des contextes différents parce que c'est ça aussi qui fait progresser l'être humain et l'entraîneur en particulier.

  • Speaker #1

    Parfait. Comment peuvent faire nos auditeurs pour te suivre dans tes aventures ?

  • Speaker #0

    J'ai un compte X dans Twitter qui est Philippe Lafroix. Donc, j'ai… Le compte est à mon nom. Ça peut être ça, ça peut être les différents podcasts comme le tien, Greg. J'en fais un autre demain au Canada. Les choses comme ça. Je vous encourage à aller voir mon compte Twitter et puis me suivre sur mes aventures africaines ou générales. mes aventures d'entraîneur et d'éducateur en général.

  • Speaker #1

    On peut te suivre également sur les réseaux sociaux du club. Il me semble que c'est AS Dakar Sacré-Cœur.

  • Speaker #0

    exactement parfait

  • Speaker #1

    Philippe on arrive à la fin de cette interview donc merci encore d'avoir accepté cette invitation c'est vraiment un honneur pour moi de t'accueillir comme premier comme premier expert interviewé je te souhaite vraiment tout de bon dans tes aventures africaines et

  • Speaker #0

    je te dis à très bientôt à très bientôt Greg et merci pour l'invitation toujours passionnant de discuter comme ça.

  • Speaker #1

    Merci Philippe, bye.

  • Speaker #0

    Bye.

  • Speaker #1

    Et voilà, c'est déjà la fin de cet épisode. J'espère qu'il t'a donné des idées et des pistes à explorer avec tes joueurs. Si tu as trouvé ça intéressant, voilà comment tu peux m'aider à faire grandir ce podcast. Abonne-toi dès maintenant pour être sûr de ne rien rater. Chaque épisode, c'est une nouvelle occasion d'apprendre et de progresser. Partage cet épisode avec d'autres entraîneurs passionnés. Ça pourrait vraiment les inspirer et les aider à progresser à nos côtés. Laisse-moi une note ou un avis sur ta plateforme d'écoute. Ça prend une minute et ça m'aidera énormément à toucher d'autres éducateurs comme toi. Merci d'avoir pris le temps d'écouter NeuroGoonFood. On se retrouve très vite pour le prochain épisode.

Share

Embed

You may also like