Speaker #0Bonjour à tous, chers élèves et chers amis du site aufonddelaclasse.com. Dans cet épisode, nous allons vous présenter notre série de podcasts consacrée au roman de l'abbé Prévost, Manon Lescaut. Manon Lescaut, c'est un roman qui est écrit par l'abbé Prévost au XVIIIe siècle, dans la première partie du XVIIIe siècle, et même si c'est un roman qui est assez court, surtout pour les standards de l'époque, eh bien c'est un roman qui est assez difficile à résumer tant il contient de péripéties, de retournements de situations et d'épisodes. Il est précédé d'un avis de l'auteur sur lequel on reviendra et composé de deux livres, le livre premier et le livre second. Alors, au tout début de l'histoire, le chevalier des Grieux, qui est le narrateur principal et le personnage principal de l'histoire, rencontre Manon à Amiens, un peu par hasard, comme si c'était à la sortie de l'autobus en quelque sorte, même si évidemment ce n'était pas un autobus, mais plutôt un coche, comme on dirait à l'époque. Alors c'est un coup de foudre immédiatement pour les deux, et ils s'enfuient très vite à Saint-Denis, puis à Paris. Et alors très vite ils s'installent tous les deux dans le bonheur à Paris dans un appartement mais cette stabilité dans le bonheur est assez rapidement rompue puisque l'un des voisins de Manon et des Grieux qui s'appelle monsieur de B qui a remarqué la beauté de Manon essaye d'empêcher leur amour en avertissant le père de des Grieux qui ramène son fils chez lui plusieurs mois passent et un ami, on pourrait même dire le meilleur ami de Des Grieux l'incite à reprendre ses études de théologie et à rentrer dans le droit chemin. Donc Dégrieux passe un certain temps dans la religion, à Saint-Sulpice en particulier, mais Manon le retrouve. Le retrouve, ce qui provoque de nouveau une péripétie, puisque Dégrieux quitte Tiberge et les autres prêtres du séminaire, et ils s'installent de nouveau ensemble dans une maison à Chaillot, un peu à l'extérieur de Paris. À cette occasion, il rencontre, encore une fois un peu par hasard, le frère, en tout cas un des frères de Manon, qu'on appelle dans le livre l'Esco, et tout un tas de péripéties arrivent à ce moment-là, leur maison brûle, il manque d'argent, et l'Esco, qui est un personnage un peu haut en couleur, une espèce de bandit, de voyou, eh bien, introduit des grilleux dans une maison de jeu, où il essaye de s'enrichir en jouant. et en organisant un véritable système de tricherie pour pouvoir gagner au jeu d'argent de manière à peu près systématique, poussée ainsi donc par ce personnage sur lequel on reviendra, qui est le frère de Manon qui s'appelle Lescaut. Ce qui fait que Dégriéron avec sa vie d'avant et avec son père et avec son ami Tiberge qui représente un petit peu le droit chemin comme je le disais avant, mais de nouvelles péripéties vont troubler ce nouveau bonheur retrouvé puisque les domestiques de Dégriéron et de Manon volent toutes leurs économies. Autre problème, Manon entre en relation avec un nouveau personnage, monsieur de GM, avec des initiales encore une fois un peu mystérieuses, et ça se termine mal, sans entrer dans tous les détails, les deux personnages, et des grilleux, et Manon, sont envoyés en prison. Alors, d'abord, des grilleux s'évadent avec l'aide de l'ESCO, et puis ensuite, tous les deux, avec l'aide d'un troisième homme, monsieur de T, qui reviendra ensuite au début du deuxième livre. vont faire évader Manon. Très rapidement après, l'esco, dans une histoire complètement hasardeuse encore une fois, est tuée dans la rue et les deux amants s'en vont, fuient dans leur maison de Chaillot. Et c'est avec cette situation-là que se termine le premier livre. La première partie du livre second est marquée par ce personnage de monsieur de GM et par son fils, que Manon essaye de duper en essayant par un stratagème de lui voler son argent. Mais finalement ça ne fonctionne pas, le père revient dans le jeu et arrive à faire enfermer les deux au châtelet. Donc c'est à ce moment là que le père de Desgrieux, qui avait disparu depuis le début du premier livre, revient. pour aller voir son fils et pour essayer de trouver un arrangement avec ce monsieur de GM, arrangement qu'il obtient mais au prix de la fuite de Manon vers l'Amérique, puisqu'elle est obligée de quitter le territoire à cette occasion-là. Et Desgrieux, lui, ne réussit pas à faire changer d'avis son père qui ne veut absolument plus entendre parler de Manon pour son fils. Et Desgrieux, lui, ne se résout pas puisqu'il suit. Manon dans le convoi qui va l'envoyer jusqu'en Amérique et puis va finalement retrouver Manon en Amérique. Tiberge à ce moment-là une nouvelle fois essaye d'aider son ami notamment en lui prêtant de l'argent mais finalement ça n'a pas d'incidence sur ce qui arrive et l'histoire reprend en Amérique à la Nouvelle Orléans c'est-à-dire en Amérique française à cette époque-là. Et c'est donc au gouverneur français de la Nouvelle Orléans que les deux personnages de Manon et de Dégrieux Demande un mariage. Et ce mariage est refusé parce que le gouverneur a un neveu et ce neveu aime Manon. Il y a donc un duel entre Desgrieux et le neveu à la suite duquel les deux amants fuient, ne pouvant plus rester dans la ville de la Nouvelle-Orléans, dans le désert, dans les grands espaces de la Louisiane. Manon, à ce moment-là, meurt dans les bras de Desgrieux à l'occasion d'une scène évidemment pathétique, et quelques temps après, Tiberge, l'ami, le grand ami de Desgrieux, arrive à la Nouvelle-Orléans et ramène son ami Desgrieux en France. Et c'est à ce moment-là qu'on retrouve le narrateur du tout début, puisque Desgrieux rencontre l'homme de qualité Renoncourt à Calais. Et c'est ainsi que se termine l'histoire de Manon Lescaut. Et alors maintenant qu'on a évoqué en quelques mots l'histoire de Manon Lescaut et fait cette espèce de résumé, il faut parler du parcours du programme, c'est-à-dire Personnages en marge et Plaisir du romanesque. Alors ces deux éléments-là, Personnages en marge et Plaisir du romanesque, invitent les candidats, les candidates du bac à s'interroger sur les personnages évidemment et leur lien avec la norme et d'un autre côté de prendre le côté du lecteur de roman. et du plaisir qu'il prend à lire ce livre, et évidemment des plaisirs au pluriel, c'est-à-dire des sources différentes de ce que peut apporter ce roman-là aux lecteurs et aux lectrices de cette époque comme d'aujourd'hui. L'expression personnage en marge évidemment invite à s'interroger sur la marginalité de certains personnages par opposition à d'autres. Il est évident par exemple que le frère de Manon, Lescaut, qui est un personnage qui incarne le vice, le péché, les mauvais comportements, s'oppose de manière évidente à Tiberge, par exemple, l'ami séminariste de Dégrieux, et s'oppose aussi au père de Dégrieux qui représente aussi une forme de bienveillance. et aussi de grand respect des normes de la société, pas seulement des normes religieuses, mais des normes sociales d'une manière générale. Et on peut considérer à ce titre-là que des grilleux et Manon sont un petit peu au centre de tout ça, avec une particularité peut-être pour chacun des deux, Manon étant plus porté au péché que des grilleux, mais des grilleux se lancent aussi à bien des occasions dans des comportements qui peuvent être tout à fait discutables. Et donc il va falloir s'interroger dans cette étude... qui va nous préparer à aborder des sujets de dissertation sur ce roman, à la notion de marginalité envisagée pour chacun de ces personnages, avec évidemment l'idée d'un système entre tous ces personnages qu'il convient donc de comparer les uns avec les autres et sur qui il faut à chaque fois s'interroger pour définir les éléments de cette marginalité. Et puis, il faudra aussi montrer que le romanesque, on va en parler dans un instant, naît de l'opposition. entre la marginalité de ces personnages et la norme sociale que représentent d'autres, et la norme sociale tout court, puisqu'il y a toujours une limite à dépasser, une limite à ne pas dépasser, et cette limite, c'est une marge morale, et c'est l'idée de la possible transgression de la norme, avec à l'esprit l'idée que cette norme, elle peut être quelque chose de tout à fait... artificielle, c'est seulement ce que dit la société, ou bien c'est ce que le lecteur envisage pour lui-même. Et donc, on pourrait... envisager cette œuvre comme une manière de réflexion philosophique, d'invitation pour le lecteur à s'interroger sur ce qui est seulement ce que la société demande de faire et sur ce que chaque individu, le lecteur, la lectrice en particulier, envisage lui-même ou elle-même comme étant la vérité, l'éthique, la bonne morale, les bons comportements. Et puis, si on prend de manière un petit peu plus frontale l'aspect du romanesque, c'est-à-dire l'idée dans la deuxième partie de l'intitulé de ce parcours, qui est plaisir au pluriel du romanesque, qu'il faut parler du lecteur, de la lectrice de ce roman. Romanesque, l'adjectif est intéressant, parce que ça veut dire tout simplement ce qui appartient au genre du roman. Un livre romanesque, après tout, on peut le prendre seulement comme ça. Mais romanesque, ça veut dire aussi... que c'est quelque chose qui utilise les recettes du roman, c'est-à-dire qui fait appel à l'imagination, aux rêves, aux sentiments. On peut avoir envie d'une vie romanesque. Romanesque est ce qui est digne de figurer dans un roman, parce que ça a un caractère pittoresque, parce que c'est singulier, parce que ce n'est pas banal, parce que ça excite l'imagination, que c'est captivant, que c'est original, que c'est un peu... extraordinaire, que ça évoque le genre du roman justement, pour ses aventures extraordinaires, ses surprises, ses péripéties nombreuses, ses retournements de situations, ses rebondissements, tout ce qui est imprévu, et tout ce qui peut aussi être en lien avec une destinée un peu exceptionnelle, un peu incroyable, complètement différente du commun. Au cours de cette étude, on va donc s'interroger sur le fait que le romanesque peut provenir des personnages, de leur marginalité, de leur destinée particulière. On va pouvoir considérer que le romanesque des personnages eux-mêmes s'ajoute aussi au romanesque de leurs aventures, c'est-à-dire de la capacité de l'auteur à construire un récit, à monter un scénario et à surprendre le lecteur, la lectrice, pour lui donner du plaisir, un plaisir particulier qui vient des péripéties, des surprises, des retournements de situation. Parce que bien sûr, il y a le goût du lecteur. pour des personnages originaux, pour des personnages qui sont marginalisés. Il y a aussi le plaisir qu'on peut avoir à détester des personnages qui peuvent être attachants, mais qui peuvent être au contraire repoussants, insupportables, très agaçants, bien sûr. Et puis il y a tout ce plaisir qui vient de ce qui est extraordinaire, c'est-à-dire de ce qui est complètement imprévu, incroyable et qui peut paraître complètement invraisemblable, en particulier dans l'enchaînement des situations. qu'on trouve dans Manon Lescaut. Et puis bien sûr, il y a le plaisir du pathos, on peut dire le plaisir du pathétique, le plaisir de pleurer, d'être triste, de s'identifier avec des personnages dont la destinée, à certains moments en tout cas, est extrêmement tendue et très difficile, et en particulier pour Desgrieux, ou dans certaines situations pour Manon, vivent des moments qui sont psychologiquement, on va le dire comme ça, très compliqués. Et puis, bien sûr, il va falloir s'interroger dans ce livre, notamment à partir de l'avis de l'auteur qui est au tout début de ce livre, sur la place de la morale. Parce que dans ce roman, évidemment, il y a un certain nombre de transgressions à la loi morale, à l'éthique de la société de l'époque, ou à l'éthique du lecteur ou de la lectrice qu'on peut être encore aujourd'hui. Et on peut s'interroger sur... la visée ou sur l'effet tout simplement de ce livre. Dans la mesure où ce livre a un effet un petit peu ambigu. Puisqu'il présente la marginalité et les comportements un peu déviants de ces personnages comme quelque chose de mauvais, et en même temps cherche évidemment à nous donner du plaisir à les entendre raconter toutes ces histoires. Il y a évidemment quelque chose de contradictoire et d'ambigu et qui est finalement à la base très probablement du succès de ce livre Manon Lescaut. C'est un livre qui se présente en disant Attention, vous allez trouver un contenu sulfureux, des personnages qui agissent mal, c'est très mauvais, c'est très mal, attention à ce qu'on va trouver là-dedans. Et qui, avec le même argument, cherche à attirer les lecteurs, les lectrices, qui ont envie de lire quelque chose qui est un peu sulfureux, un peu mauvais, un peu mal. sur le plan moral, parce que tout simplement, ça donne un peu de frisson, un peu d'originalité, et la marginalité à ce titre-là a évidemment quelque chose d'extrêmement intéressant. Voilà en tout cas ce que je souhaitais partager avec vous pour cette courte présentation du roman Manon Lescaut et du parcours au programme. Vous pouvez retrouver un certain nombre de choses sur le site www.aufonddelaclasse.com. Je vous dis merci beaucoup de m'avoir écouté, et à très bientôt ! Ciao ciao !