Speaker #0Bonjour à tous, chers élèves et chers amis du site aufonddelaclasse.com. Dans cet épisode, nous allons voir que Manon Lescaut de l'abbé Prévost offre au lecteur une intrigue pleine de péripéties. Si le roman de Manon Lescaut donne du plaisir au lecteur et un plaisir de nature romanesque, eh bien c'est peut-être d'abord parce qu'il contient une intrigue pleine de péripéties, une intrigue pleine de rebondissements, d'événements, d'épisodes qui sont de nature à donner un grand plaisir au lecteur qui est toujours surpris, toujours étonné de ce qui va se passer. Alors c'est un peu paradoxal parce que le récit de Manon Lescaut est assez simple en apparence puisqu'il se présente Comme la succession chronologique d'épisodes, toujours racontée par le héros lui-même en dehors de quelques exceptions, c'est-à-dire les interventions de l'homme de qualité Renoncourt. Le récit est assez simple parce que c'est toujours la même voix qui nous le raconte aussi. On peut même dire que le passage de la première à la deuxième partie ne crée pas vraiment de rupture, ne crée pas de pause particulière et l'histoire reprend sans s'arrêter de manière extrêmement marquée. Alors l'action avance en alternant des aventures. et des moments de calme. Les aventures, elles sont marquées par des coups de théâtre, par des interventions des personnages secondaires en particulier. Et après un moment de stabilité, l'action reprend systématiquement avec un nouvel élément à résoudre. Un fait extérieur comme le vol des affaires, de l'argent de Manon et de Desgrieux à Chaillot, ou encore l'incendie de leur maison. ou par des actions des personnages secondaires, donc des tentatives de séduction de Manon, par exemple, Monsieur de Baie ou le vieux GM, ou l'intervention d'un personnage comme Lescaut, le frère de Manon. On peut dire que la progression va vers de plus en plus de gravité jusqu'à la déportation de Manon en Amérique. Et ce roman très court, en comparaison des romans de l'époque et des autres romans de l'auteur, l'abbé Prévost d'ailleurs, ressemble un peu à une tragédie classique, avec son unité d'action et sa grande simplicité, puisqu'en effet tout tourne autour de l'amour de Dégrieux et de Manon, qui est le sujet unique. et les péripéties sont toutes destinées à illustrer cet amour, à le développer. Et le moteur de l'action, c'est une forme de destin, de fortune, un peu comme dans une tragédie qui a déclenché d'abord la rencontre à Amiens au tout début du livre et qui se poursuit ensuite par toutes les actions de la suite du roman. Donc la progression, toujours centrée autour de cet amour entre les deux personnages principaux, est marquée par... Une grande diversité d'épisodes. Et c'est ça qui est intéressant et c'est ça qui fournit ce plaisir de la surprise, ce plaisir de la péripétie qui est toujours dans cette cohérence de l'amour. Alors, les événements les plus importants peut-être, ce sont quatre menaces. Les quatre menaces successives sur l'amour de Desgrieux. Alors, les quatre menaces, ce sont les quatre tentatives de séduction de Manon. D'abord par M. Debaix, au tout début de leur installation à Paris. puis ensuite par le vieux monsieur de GM, puis par son fils, le jeune monsieur de GM, et puis ensuite, à la fin du livre, par celui qui s'appelle Sinley, c'est-à-dire le neveu du gouverneur de la Nouvelle Orléans. Et en même temps, Manon, au fur et à mesure de toutes ces péripéties, comprend de mieux en mieux la qualité, la profondeur de l'amour de Desgrieux, mais elle ne le montre finalement qu'au moment de l'illumination finale, c'est-à-dire de sa mort. dans les grands espaces de la Louisiane à la toute fin du roman. Alors, si on veut s'arrêter et construire un paragraphe, construire une sous-partie, voire une partie entière, eh bien, évidemment, il faut citer un certain nombre de ces péripéties de manière précise, pour bien montrer que le plaisir du romanesque, ici, il prend cette forme du scénario, cette forme particulière qui ne dépend pas seulement et même pas du tout, peut-être, de la qualité des personnages, de leur personnalité, de leur caractère, mais bien de l'intrigue et de l'art de l'abbé Prévost, du romancier, de nouer cette intrigue, on pourrait dire un art de scénariste. Et on peut citer les péripéties que j'ai citées avant, c'est-à-dire l'incendie de la maison, le vol des domestiques, l'arrivée du jeune GM à Chaillot, où à chaque fois... La fortune, le destin, remet en question de manière perpétuelle l'équilibre et oriente l'action de manière toujours plus rapide vers la fatalité tragique, c'est-à-dire le dénouement du roman, la mort de Manon, la solitude et l'échec de Dégrieux après sa mort et son retour en Europe, en France, puisqu'à la fin, il ne pourra finalement que choisir le retour à la religion, c'est-à-dire le choix de son ami Tiberge, le choix qui est incarné. partie berge pendant tout le roman. Alors bien sûr, il faut l'évoquer, il y a un problème qui a déjà été évoqué à l'époque de l'apparition du roman, de vraisemblance, parce qu'on peut douter du fait que toutes ces actions, toutes ces péripéties soient tout à fait plausibles dans la réalité. Mais ce n'est pas vraiment un problème finalement, puisqu'il est bien ici question d'une fiction, et ici il y a un choix. de multiplier les péripéties, et ce choix sans aucun doute produit un effet certain, c'est celui du plaisir du lecteur, un lecteur qui n'est jamais ennuyé, un lecteur qui est toujours surpris par ce qui va se passer, et les périodes de calme finalement sont toujours assez brèves. Les périodes de bonheur du couple à Paris, où on a l'impression que les choses entrent dans une certaine stabilité, ne durent pas longtemps. Pour prendre un exemple d'une période de calme, d'une période de sérénité qui est ensuite troublée par un élément perturbateur, eh bien, on peut penser à la période qui suit l'épisode de Saint-Sulpice. À Saint-Sulpice, Manon vient chercher des grilleux et tous les deux finissent par s'installer près de Paris, à Chaillot. D'abord, ils passent une nuit dans une auberge et puis ils trouvent un appartement. Et on lit cette phrase à ce moment-là dans le roman, donc dans la bouche de des grilleux qui raconte son histoire. Mon bonheur me parut alors établi d'une manière inébranlable. C'est donc là une période de bonheur. Ils ont de l'argent. L'argent, Manon et Desgrieux le gèrent. C'est l'argent que Manon a récupéré de M. Debaix dans l'épisode précédent. Et à ce moment-là, Manon veut aller à Paris. Mais à Paris, c'est un peu plus cher. Alors Desgrieux accepte de louer un meublé. Et c'est là qu'on va rencontrer le frère de Manon, Lescaut, qui habite la même rue. et qui s'incrustent un petit peu chez eux avec des amis, empruntent de l'argent. Ils apprennent à ce moment-là, depuis Paris, que la maison de Chaillot a brûlé. Et ils se rendent compte que la caisse qui contenait l'argent a disparu quand on secourait la maison. Et donc, patatras, tout tombe par terre, et cette période inébranlable, disait Desgrieux, de bonheur, eh bien, est terminée. Et tout cela d'une manière extrêmement brutale, évidemment. Et juste après, on a encore la même alternance, puisque Dégrieux va trouver une solution. Cette solution, elle vient essentiellement de l'esco qui lui apprend à jouer, qui lui apprend à tricher au jeu, plus exactement. Et les finances de Dégrieux reprennent de la santé. Et il reprend aussi espoir et s'ouvre une nouvelle époque de bonheur. Une époque de bonheur qui va encore être arrêtée par un événement. inattendu. Puisqu'un soir, de retour de dîner, d'un dîner chez Lescaut, le frère de Manon, eh bien, le couple trouve leur maison pillée de leur argent et de leurs vêtements par les deux domestiques qui y habitaient. Évidemment, tout de suite, malheur, désespoir, et le narrateur des Grieux nous dit il ne nous restait pas une chemise. Et donc on passe de l'argent, de la perspective même de beaucoup d'argent, avec ce système de l'hôtel de Transylvanie où on peut jouer et gagner beaucoup d'argent, à plus rien du tout. Il ne nous restait pas une chemise après le vol de tous leurs biens par leur domestique. Et enfin, on peut prendre un dernier exemple de moment de bonheur, de moment de stabilité qui est troublé. C'est la fin du livre 1, le début du livre 2. C'est-à-dire, après les deux évasions de prison, celle de Desgrieux puis celle de Manon, on a au début du deuxième livre un moment d'euphorie, un moment de grand bonheur à Chaillot, qui est marqué par un dîner très tranquille, très heureux, avec M. Dete qui est présent ici, puis marqué par l'épisode du Prince italien, où Manon trompe un courtisan en l'invitant à la maison, mais sans lui dire que Desgrieux y est. Et les deux rient, les deux s'aiment, Manon et Desgrieux sont absolument heureux. Mais à ce moment-là, quelques éléments commencent à être un peu obscurs et vont faire replonger l'action dans quelque chose de tendu, de négatif et d'inquiétant surtout pour le narrateur Desgrieux. Puisque Desgrieux recommence à jouer, commence à songer à l'héritage de son père, à des questions d'argent donc, et... C'est surtout que le fils de monsieur de GM arrive dans l'histoire, c'est un ami de monsieur T et il se joint à la table à Chaillot. Il dit qu'il a honte pour son père, c'est-à-dire l'histoire de la fin du premier livre, mais Desgrieux voit très bien qu'il est attiré par Manon et il reste une partie de la nuit, il s'incruste un peu, il reste à dîner, s'invite pour une autre fois. et Desgrieux apprend par M. Dete que M. GM, fils donc, veut proposer de l'argent à Manon contre son amour et on replonge donc après cette période d'euphorie du début du deuxième livre vers quelque chose de beaucoup plus tendu et de beaucoup plus inquiétant On pourrait prendre encore d'autres exemples, mais vous voyez bien, et c'est ce qui est intéressant ici, que le plaisir du romanesque, ici c'est le plaisir de l'intrigue, d'une intrigue qui, même si elle est centrée autour d'une action, comme l'unité d'action des tragédies classiques, tout tourne autour d'une seule histoire, celle de l'amour de Dégrieux et de Manon, eh bien on a une suite ininterrompue de péripéties, c'est-à-dire de retournements de situations, une alternance entre des périodes calmes, des périodes de bonheur, de prospérité, des périodes qui sont positives et sereines pour le couple, et en particulier pour des grieux, avec des périodes de troubles, des périodes d'inquiétude, des périodes de très grandes tensions, qui sont toujours marquées par un élément perturbateur, qui va venir perturber brusquement la sérénité des amants, et celle de des grieux en particulier. puisque c'est le centre de l'action en tant que narrateur de toute l'histoire. Voilà donc ce que je souhaitais partager avec vous sur un des aspects du romanesque pour le lecteur de Manon Lescaut de l'abbé Prévost. Ce roman propose une intrigue à la fois extrêmement unifiée et pleine de péripéties et de retournements de situation. Vous pouvez retrouver un certain nombre de choses sur le site internet aufonddelaclasse.com Je vous dis merci beaucoup de m'avoir écouté et à très bientôt ! Ciao ciao !