Speaker #0Bienvenue dans On est devenu les grands, le podcast de ceux qui sont trop jeunes pour être vieux et trop vieux pour être jeunes. Le podcast pour les enfants du club Dorothée devenu adulte multitâche. Et de ceux dont les parents disaient, tu comprendras quand tu seras grand. Ben voilà , on y est. On comprend pas tout, mais apparemment c'est comme ça qu'on devient adulte. On a vieilli, mais on n'est pas vieux. On a connu le monde d'avant, et c'est à nous de bricoler celui d'après. On est devenus les grands et maintenant, on en parle. Bon, aujourd'hui, on s'attaque à un vrai mystère générationnel. Que faisaient nos parents quand ils nous faisaient garder ? Et nous, qu'est-ce qu'on fait quand on n'a pas nos enfants ? Alors, petite parenthèse, si tu n'as pas d'enfant, tu as quand même le droit d'écouter. Parce que ce podcast, ce n'est pas forcément une réunion de parents d'élèves, c'est une réunion de gens... de notre génération. Donc, ne t'inquiète pas, tu peux rester. Tu as même probablement plus de recul que nous sur nos névroses. Alors, nos parents, pourquoi eux, quand ils nous faisaient garder, j'ai l'impression qu'ils en profitaient pour faire des trucs de grands, en fait. Genre, je ne sais pas, visiter une abbaye, réserver une chambre d'hôte avec des napperons brodés ou flâner dans un marché de producteurs en disant « Ah, ça, c'est du vrai reblochon ! » Enfin, ils faisaient des trucs respectifs. J'ai l'impression que dès qu'on a 48 heures sans nos enfants, on loue une baraque à 34, on sort une table de beer pong, on dort dans des lits superposés et on se réveille avec un mal de crâne le lendemain de soirée BDE. En fait, j'ai l'impression que dès qu'on a plus nos enfants, on redevient des enfants. Et pas juste, on se détend, non, on dégoupille. Comme si nos enfants, en partant, ils embarquaient avec eux notre costume d'adulte. Alors qu'à l'époque, nos parents, eux-mêmes sans nous, j'ai l'impression qu'ils restaient adultes. Ils faisaient des choses d'adultes, ils faisaient des dîners entre amis. Alors certes, ils rentraient tard et picolaient. Moi, je sais que mes parents, c'était quand même des bons vivants, des fêtards, mais on restait sur une fin de soirée d'adultes. Moi, quand je n'ai pas mes enfants, mes fins de soirée, elles peuvent s'arrêter quand le jour se lève, quand j'ai un pote torse nu qui a cassé une chaise. quand on a hurlé toutes les paroles de Goldman et qu'avant d'aller me coucher, il faut que je mange une cracotte jambon qui rit, debout dans la cuisine, la joue collée au frigo. J'ai l'impression qu'on est des parents, mais dès qu'on peut, c'est la récré. Et qu'on redevient débile. Débile, mais libre. Très, très libre. Peut-être trop. Ou alors, il y a encore l'autre type. C'est-à -dire qu'on n'a pas nos enfants et on ne fait rien, en fait. Il y a aussi ce délire-là . Moi, si je n'ai pas mes filles, par exemple, Donc, tout un week-end, ça peut être... peu m'arriver de binge-watcher une série pendant 6 heures, de me nourrir de Pringles au fromage et de Coca Zéro. J'ai aucun souvenir que mes parents, eux, me disaient un lundi matin « c'était bien chez mamie ? » Parce que nous, on n'a rien foutu, on est restés en pige tout le week-end et on a maté d'Eric en bouffant des cordons bleus. Jamais, ça n'existait pas en fait. Eux, s'ils avaient un week-end sans enfants, ils faisaient quelque chose. Ils faisaient une sortie, une visite, un resto, un marché. Un repas avec des gens qui s'appelaient Jean-Michel et Françoise. Ou alors, peut-être qu'eux aussi, en fait, ils ne faisaient rien. Mais s'ils le faisaient, ils s'en cachaient, j'ai l'impression. C'était discret, un peu honteux. Genre, on s'est reposé à demi-mot pendant qu'ils rinçaient la cafetière. Alors que nous, j'ai l'impression qu'on revendique notre flemme comme un étendard en mode, laisse papa et maman ne rien faire pendant 24 heures, sinon on fugue et on te laisse te débrouiller avec un bout de poulet et le air fryer. Et après, est-ce que c'est parce que la vie était plus dure, moins légère et qu'ils n'avaient pas vraiment le temps finalement de se poser ces questions-là , eux, alors que nous, on a l'occasion de se les poser ? Est-ce qu'ils étaient plus pudiques, plus discrets, plus dans le « on fait ce qu'on a à faire » et moins dans le « on fait ce qu'on ressent » ? Est-ce qu'eux, ils avaient moins besoin de souffler que nous, moins besoin de poser le cerveau ? Ou est-ce que pour eux, à partir du moment où ils avaient signé la charte de parents, c'était par tous les temps ? Ils n'ont pas grandi avec Instagram pour leur dire qu'il fallait prendre soin d'eux ou recharger leur énergie vitale. Du coup, le self-care, ce n'était pas un concept. C'était peut-être une douche chaude et basta. Là , ils étaient reposés. Ils soufflaient peut-être autant que nous, mais en silence ou plus discrètement, je ne sais pas. Ou alors, c'est moi qui me raconte des histoires pour me sentir bien dans mes contradictions, je ne sais pas. Et du coup, je romantise un peu leur rigueur pour mieux justifier mon bordel à moi. En vrai, peut-être qu'eux aussi, ils avaient besoin de tout envoyer bouler de temps en temps, mais qu'ils le faisaient juste sans le crier. sur tous les toits. En fait, on est devenus les grands, mais à notre sauce, j'ai l'impression. À nos âges, nos parents faisaient des trucs de grands et nous, on fait encore des trucs de jeunes. Mais c'est du kiff, c'est assumé, c'est notre manière à nous d'être adultes. Peut-être que grandir aujourd'hui, c'est juste oser faire ce qu'on a envie de faire, finalement, même si c'est rien, ou même si c'est n'importe quoi. Et peut-être que dans 20 ans, nos enfants, ils nous diront « Tu m'as quand même laissé trois jours chez Papi et Mamie pour aller te bourrer la gueule avec tes potes. Et peut-être qu'on leur répondra « Ouais, ouais, je sais, mais je t'ai menti aussi. Je t'ai dit qu'on allait aux 40 ans de tata et que c'était sans enfants. Et en fait, c'était juste pour faire n'importe quoi avec mes copains. Parce que poser mon cerveau le temps d'un week-end, ça me permettait de remettre mon costume de maman plus facilement à la fin du week-end. » Alors, on n'a peut-être pas les codes de nos parents, mais on a notre vérité, j'ai l'impression, nos envies, nos excès. On n'est pas des parents parfaits, mais moi, ça ne m'intéresse pas à la perfection. De toute façon, je veux que mes filles, elles voient que je suis vivante dans toute mon imperfection. Je préfère qu'elles me voient rater des trucs, rigoler, dire que j'en peux plus, plutôt que de croire qu'une maman, c'est quelqu'un qui gère tout, sans broncher. Moi, je veux qu'elles sachent qu'on peut être adulte sans s'effacer et qu'on peut être parent sans se perdre. Au fond, est-ce qu'on ne serait pas en train de gratter une des très nombreuses différentes entre notre génération et celle de nos parents ? clairement. A mon avis, il y aura... énormément de sujets à aborder dans cette thématique-là , mais bon, on ne va pas tout balancer d'un coup. On garde un peu de matière pour les prochains épisodes et on va continuer à chercher comment on grandit ensemble.