- Speaker #0
J'apprĂ©cie beaucoup ta notion d'interprĂšte, puisque je ne dis pas qu'ils parlent deux langues totalement diffĂ©rentes. En tout cas, comme on a pu dĂ©crire qu'il y a des schĂ©mas qui sont distincts, l'intĂ©rĂȘt, c'est effectivement d'apporter cette valeur ajoutĂ©e pour expliquer Ă chacun des intervenants quelles sont les attentes de l'autre, afin de leur permettre de mieux se rapprocher, d'Ă©viter des divergences inutiles, puisque mĂȘme quand on a des approches distinctes, on doit pouvoir trouver un terrain d'entente.
- Speaker #1
Bienvenue Ă On the Legal Side, le podcast qui dĂ©crypte les enjeux juridiques des entreprises. Je m'appelle Louis Rond, je suis avocat associĂ© chez Auguste Blus. C'est ici, au cĆur du cabinet, que je tends le micro aux experts qui nous composent pour avoir leur regard sur les problĂ©matiques dĂ©terminantes pour les organisations et les dirigeants qui nous accompagnent au quotidien. Bonne Ă©coute ! L'industrie et le savoir-faire valent mieux que des biens acquis. C'est le chat beautĂ©. sous la plume de Charles Perrault, qui Ă sa maniĂšre oppose travail et capital, deux siĂšcles avant un autre penseur politique. RapportĂ© au milieu plus feutrĂ© et moins polĂ©mique des fusions acquisitions, cette opposition entre les groupes industriels et les fonds d'investissement Ă©tait si radicale. Ces demandes nourrissent-ils des intĂ©rĂȘts si divergents qu'ils ne peuvent pas cohabiter efficacement dans des opĂ©rations de fusion acquisitions ? parce que mon invitĂ© a une opinion tranchĂ©e et intĂ©ressante sur ces questions que j'ai choisi de l'accueillir Ă mon micro. Mon associĂ©, Ătienne MatĂ©, compte prĂšs de 20 annĂ©es de pratiques en matiĂšre de droits des sociĂ©tĂ©s, de M&A, d'opĂ©rations de private equity, de pactes d'actionnaires. Quand il n'est pas avocat, Ătienne se passionne pour la montagne, sous toutes ses formes et en toutes ses ondes, se plaĂźt-il Ă souligner. Mais Ătienne est aussi mordu d'architecture. Un beau programme pour un spĂ©cialiste des opĂ©rations complexes. en fusion acquisition. Bonjour Etienne.
- Speaker #0
Bonjour Philippe.
- Speaker #1
Etienne, essayons, si tu en es d'accord, dans un premier temps, de balayer assez rapidement les diffĂ©rences majeures, saillantes, qui existent entre les fonds d'investissement, le private equity, et les groupes industriels. Ce qui les diffĂ©rencie, par exemple, c'est leur maniĂšre d'investir. Ils ne suivent pas le mĂȘme modĂšle d'investissement, chacun de leur cĂŽtĂ©.
- Speaker #0
Tout Ă fait. En fait, les fonds d'investissement privilĂ©gient gĂ©nĂ©ralement des investissements dans des entreprises avec un potentiel de croissance qui peut ĂȘtre assez significatif. oĂč ils peuvent notamment apporter les amĂ©liorations opĂ©rationnelles, qu'elles soient financiĂšres ou stratĂ©giques, pour accroĂźtre la valeur et rĂ©aliser des rendements idĂ©alement plutĂŽt Ă©levĂ©s Ă moyen ou long terme. En revanche, les groupes industriels, eux, sont en gĂ©nĂ©ral plus axĂ©s sur un dĂ©veloppement de croissance organique, sur leurs propres activitĂ©s. Ils ont leurs propres expĂ©riences, ils ont leurs expertises et ils mettent leur focus lĂ -dessus.
- Speaker #1
La durée de détention des investissements, pour chacun d'entre eux, c'est aussi un point de différenciation.
- Speaker #0
C'est une diffĂ©renciation qui est assez majeure parce que de maniĂšre rĂ©glementaire, les fonds d'investissement ont une durĂ©e qui est de 7-8 ans pour lever les fonds, rĂ©aliser un investissement et sortir. LĂ oĂč les groupes industriels n'ont pas de contraintes de notre durĂ©e, donc peuvent avoir soit des opportunitĂ©s pour des durĂ©es plus courtes, soit en gĂ©nĂ©ral plutĂŽt des investissements beaucoup plus longs. Mais en tout cas, le fait de ne pas avoir de contraintes leur donne beaucoup de libertĂ©.
- Speaker #1
La stratégie de sortie, troisiÚme élément par exemple, ce sera aussi un élément de différenciation entre ces deux acteurs ?
- Speaker #0
Effectivement, ça reprend un petit peu le point suivant. Un fonds d'investissement qui a une contrainte de durĂ©e a une stratĂ©gie de sortie qu'il doit organiser dĂšs le dĂ©part puisqu'il a sa contrainte de temps. LĂ oĂč l'investisseur industriel a la stratĂ©gie qu'il a envie de mettre en Ćuvre, prendra le temps qu'il faut. Ăa ira parfois plus vite, ce sera parfois plus long, il peut changer au milieu. En tout cas, c'est vraiment une diffĂ©rence.
- Speaker #1
Et puis, dernier point, la gestion financiÚre de son investissement par chacun des deux acteurs. Là aussi, on a des attitudes différentes.
- Speaker #0
C'est assez intĂ©ressant comme point, puisque, comme tu l'indiques, il y a une vraie diffĂ©rence lĂ oĂč les fonds d'investissement sont structurĂ©s comme leur nom l'indique pour investir. Ils pilotent leurs investissements avec un objectif de rentabilitĂ© et avec un objectif de sortie. Entre guillemets, ils ne sont pas philanthropes. De la mĂȘme maniĂšre, les industriels ne sont pas plus philanthropes non plus, mais en gĂ©nĂ©ral...... une dĂ©marche qui est fondĂ©e sur leurs actifs, sur leur expĂ©rience, sur leur savoir-faire, sur leur entreprise, et donc vont surtout chercher Ă construire autour de ce qu'ils ont dĂ©jĂ pour le faire Ă©voluer, pour l'adapter. Donc c'est une diffĂ©rence qui leur permettra, on va peut-ĂȘtre en parler, de se retrouver dans diffĂ©rents moments.
- Speaker #1
Donc des diffĂ©rences plutĂŽt intrinsĂšques au dĂ©part, et puis si tu regardes les choses, si nous regardons les choses de maniĂšre plus juridique... Dans la maniĂšre dont ces deux mondes vont envisager une opĂ©ration de fusion-acquisition, lĂ aussi, il y a des particularitĂ©s juridiques saillantes qu'on peut relever. Et c'est par exemple le cas de la structure mĂȘme de la transaction de M&A et de fusion-acquisition.
- Speaker #0
Effectivement, si j'essaie de rĂ©sumer les choses, un fonds d'investissement va acheter une sociĂ©tĂ©, ce qui consiste en fait Ă en changer l'actionnariat. Mais en dehors de l'actionnariat, tout peut continuer de maniĂšre cohĂ©rente par rapport Ă ce qui prĂ©existait. LĂ oĂč en gĂ©nĂ©ral un groupe industriel, quand il va faire une acquisition, c'est plutĂŽt avec une stratĂ©gie souvent de synergie, d'intĂ©gration, ce qui peut amener Ă des Ă©volutions, en gĂ©nĂ©ral positives et pour l'acquĂ©reur et pour la sociĂ©tĂ© cible, mais c'est une vraie diffĂ©rence entre les deux.
- Speaker #1
Alors, il y a un autre point qu'on avait évoqué ensemble, c'est le due diligence, le fameux audit qu'on opÚre en amont, que quasiment tout le monde connaßt dans ces milieux-là . Là aussi, il y a des points de vigilance, une approche un peu différente, si j'ai bien compris.
- Speaker #0
Effectivement, il y a, je pense, plusieurs aspects qui sont diffĂ©rents, mais pour les rĂ©sumer, il y a un aspect d'objectif d'investissement de la part d'un fonds d'investissement qui sera probablement beaucoup plus concentrĂ©, peut-ĂȘtre sur des aspects financiers, des aspects de gestion des risques. qui ne maĂźtrisent pas toujours pour autant puisqu'ils sont parfois moins experts du secteur d'activitĂ©. Et en mĂȘme temps, d'autres aspects qui seront moins approfondis puisqu'il y a un maintien de l'entreprise cible telle qu'elle existe. Alors qu'un groupe industriel va souvent privilĂ©gier des due diligence plus techniques avec un besoin de vĂ©rifier avec leur expĂ©rience et leur expertise la rĂ©alitĂ© du savoir-faire de la cible, la soliditĂ© de son expĂ©rience. et surtout la capacitĂ© Ă mettre en Ćuvre des synergies qui peuvent ĂȘtre parfois excessivement techniques et trĂšs pointues, et demander une vraie expertise. Donc c'est assez intĂ©ressant de voir comment chaque acteur va concentrer ses due diligence en fonction de ses objectifs.
- Speaker #1
En effet, on l'a compris, pas nĂ©cessairement la mĂȘme approche et pas le mĂȘme degrĂ© d'exigence nĂ©cessairement au mĂȘme endroit. Le cadre rĂ©glementaire aussi. Un cadre rĂ©glementaire peut aussi crĂ©er un point de diffĂ©renciation et une source de contraintes.
- Speaker #0
C'est effectivement le cas puisqu'on peut avoir des configurations diffĂ©rentes. Quand un fonds d'investissement intervient sur une acquisition, ce n'est pas toujours la mĂȘme situation rĂ©glementaire qu'un industriel. L'industriel peut parfois dĂ©jĂ avoir toute la connaissance rĂ©glementaire liĂ©e Ă la cible, peut parfois avoir toutes les autorisations d'exploitation qui sont requises pour mener l'activitĂ© de la cible et intĂ©grer ça dans son groupe. En revanche, un fonds d'investissement peut se retrouver Ă avoir... de nombreux investissements qui sont gĂ©rĂ©s par leurs fonds, et donc parfois des tailles plus importantes que certains industriels, et gĂ©nĂ©rer d'autres niveaux de problĂ©matiques en termes de concurrence et de concentration. Donc ce sont toujours des aspects qu'on doit regarder, mais avec des nuances en fonction de l'intervenant pour lequel on travaille.
- Speaker #1
Donc ça fait encore un autre point de vigilance pour l'avocat que tu es dans ces situations-là . La rédaction de la documentation aussi est un point de vigilance. particulier auquel tu vas accorder une attention spécifique.
- Speaker #0
Effectivement, en fonction de la structure d'investissement, un industriel va en gĂ©nĂ©ral rĂ©aliser une acquisition avec une prĂ©occupation assez importante en termes de gestion des risques, d'intĂ©gration avec une garantie d'actifs et de passifs qui peut ĂȘtre assez dĂ©veloppĂ©e, assez pointue, assez rigoureuse, assez exigeante pour un expert du domaine. En revanche, on va se retrouver pour les fonds d'investissement Avec une documentation assez technique, mais plus classique, mais toute une structuration en termes de financement qui va gĂ©nĂ©rer un niveau de complexitĂ© dans la documentation d'acquisition qu'il faut prendre en compte parce qu'il y a des sĂ»retĂ©s Ă mettre en place, des flux Ă organiser, toute une intĂ©gration dans la structure financiĂšre. Donc, deux aspects diffĂ©rents, pas toujours opposĂ©s, mais qui montrent un petit peu les spĂ©cificitĂ©s de chaque intervenant.
- Speaker #1
Et alors, dernier point liminaire. Les questions de gouvernance, Ă©videmment, lĂ aussi, chacun n'a pas les mĂȘmes objectifs, les mĂȘmes exigences, chaque fois qu'il regarde ces questions de management de sa fenĂȘtre respective, si je puis dire.
- Speaker #0
On a effectivement des aspects de gestion de risque, oĂč un industriel va ĂȘtre prĂ©occupĂ© par l'intĂ©gration de la cible, va appliquer la gouvernance prĂ©existante de son groupe, avec en gĂ©nĂ©ral un actionnariat. plutĂŽt contrĂŽlĂ©s par le groupe industriel. Donc finalement, ça va ĂȘtre plutĂŽt de dupliquer la gouvernance existante, lĂ oĂč les fonds d'investissement interviennent sur une structure qui a vocation Ă subsister telle qu'elle, mais pour ĂȘtre dynamique et dynamisĂ©e, il y a Ă la fois une gouvernance qui doit venir du fonds d'investissement pour vĂ©rifier que tout se passe correctement par rapport Ă ce qui Ă©tait prĂ©vu. que l'activitĂ© se dĂ©veloppe conformĂ©ment notamment au plan financier pour pouvoir s'assurer qu'il n'y ait pas de difficultĂ©s pour le remboursement de la dette. Et enfin, incentivĂ© le management. On en reparlera parce que c'est un point qui est tout Ă fait dĂ©terminant et absolument passionnant dans ces opĂ©rations, parce que c'est quand mĂȘme toujours ce management qui sera Ă la tĂȘte de l'entreprise et qui saura la transformer avec le soutien des investisseurs.
- Speaker #1
Je m'appelle Philippe Durand, je suis l'avocat associĂ© chez Auguste de Bousy. J'accueille aujourd'hui mon associĂ© Ătienne MatĂ© et nous parlons du rĂŽle de l'avocat de M&A dans des transactions mettant en scĂšne groupes industriels et fonds d'investissement. Donc on a posĂ© grĂące Ă toi un constat global sur les approches diffĂ©rentes de chacun des acteurs, sur les contraintes respectives auxquelles ils sont soumis. Et je crois pouvoir dire Ătienne que tu dĂ©fends l'idĂ©e que l'avocat de M&A que tu es peut se faire l'interprĂšte. de leurs positions respectives pour leur permettre d'Ćuvrer ensemble dans une opĂ©ration de fusion-acquisition. Alors, quand prĂ©cisĂ©ment ces deux acteurs, groupe industriel, fonds de private equity, peuvent-ils, selon toi, se rencontrer ? Je sais, par exemple, que les groupes industriels peuvent ĂȘtre une source, enfin, constituer des solutions d'investissement pour les fonds, justement.
- Speaker #0
Alors, absolument, j'apprĂ©cie beaucoup ta notion d'interprĂšte, puisque je ne dis pas qu'ils parlent deux langues totalement diffĂ©rentes. En tout cas... comme on a pu dĂ©crire qu'il y a des schĂ©mas qui sont distincts, l'intĂ©rĂȘt, c'est effectivement d'apporter cette valeur ajoutĂ©e pour expliquer Ă chacun des intervenants quelles sont les attentes de l'autre, afin de leur permettre de mieux se rapprocher, d'Ă©viter des divergences inutiles, puisque mĂȘme quand on a des approches distinctes, on doit pouvoir trouver un terrain d'entente. Et ce terrain d'entente, on va le chercher dans plusieurs hypothĂšses. Et la premiĂšre, c'est effectivement l'idĂ©e selon laquelle les fonds d'investissement peuvent permettre Ă des groupes industriels de faire des opĂ©rations et notamment soit de vendre des branches d'activitĂ© sur lesquelles ils n'arrivent pas vraiment Ă trouver les bons moyens de dĂ©veloppement. Donc c'est une sorte de ressource. Alors ça se fait en gĂ©nĂ©ral dans des opĂ©rations qu'on appelle des carve-out, oĂč un groupe industriel va par exemple vouloir se dĂ©velopper plutĂŽt sur un segment novateur, avec un segment traditionnel qu'ils n'arrivent pas Ă transformer, et trouver un fonds d'investissement. qui pourra prendre ça en main.
- Speaker #1
L'idĂ©e du CarbHard, c'est justement l'idĂ©e de dĂ©tacher une activitĂ©, de la mettre de cĂŽtĂ© pour la cĂ©der. Mais les groupes industriels, c'est une autre hypothĂšse, oĂč les deux mondes peuvent se rencontrer, Etienne. Les groupes industriels peuvent aussi ĂȘtre des voies de sortie ou des solutions de liquiditĂ© pour les investisseurs, n'est-ce pas ?
- Speaker #0
Alors, c'est effectivement l'autre aspect dans lequel on les croit souvent. Ă partir du moment oĂč un fonds d'investissement aura pu se concentrer sur une cible, peut-ĂȘtre avec plus d'agilitĂ©, peut-ĂȘtre dans le concept small is beautiful pour concentrer tout son savoir-faire avec un management plus incentivĂ©, avec des relations contractuelles bien gĂ©rĂ©es, le fonds d'investissement aura pu valoriser cette cible. Et Ă ce moment-lĂ , cette cible va redevenir un objectif pour un groupe industriel. Et le groupe industriel, peut-ĂȘtre pas celui qui l'a vendu, mais un autre, un concurrent, un acteur Ă©tranger. va se dire que ça va ĂȘtre un excellent relais de croissance avec un actionnariat industriel qui pourra mieux valoriser des synergies parce que le fonds d'investissement sera un petit peu arrivĂ© peut-ĂȘtre au bout de l'exercice. C'est aussi un moyen de renforcer les capacitĂ©s de managerial en reprenant le management de cette structure qui aura Ă©tĂ© particuliĂšrement dynamique pour la valoriser, pour gĂ©rer des transitions gĂ©nĂ©rationnelles, pour avoir un management plus impliquĂ©, ce qui sera peut-ĂȘtre aussi un autre thĂšme de difficultĂ©. Donc, c'est une autre dĂ©marche. Mais c'est vraiment un moment oĂč il y a une complĂ©mentaritĂ© entre les deux types d'acteurs.
- Speaker #1
Il y a quand mĂȘme une situation, lĂ tu as dĂ©crit une situation assez, je vais dire idyllique, c'est un peu exagĂ©rĂ©, mais oĂč on arrive vraiment Ă faire un pont entre les deux acteurs. Mais il y a aussi des situations oĂč les deux acteurs, fonds industriels, enfin groupes industriels et fonds d'investissement peuvent se retrouver en compĂ©tition. Et lĂ , quelle va ĂȘtre ta rĂ©action ? Comment vas-tu rĂ©agir ? Quel vont ĂȘtre tes points de vigilance dans cette hypothĂšse-lĂ ?
- Speaker #0
Dans les deux hypothĂšses prĂ©cĂ©dentes que tu as dĂ©crites, on a... une valeur ajoutĂ©e Ă apporter au client, puisqu'il faut aider les deux Ă trouver un point d'entente pour aider un fonds d'investissement Ă reprendre une branche en industriel ou pour accompagner un industriel dans la reprise d'une structure dĂ©tenue par un fonds d'investissement. Quand effectivement on a sur le marchĂ© une cible qui Ă la fois correspond en termes de rentabilitĂ©, de management et de structure Ă un objectif idĂ©al pour un fonds d'investissement, on peut avoir en parallĂšle un autre investisseur qui se dit mais c'est aussi cette branche dont j'ai besoin, c'est cette Ă©quipe de management qui pourrait apporter des synergies avec ce que j'ai et on a les deux acteurs qui se retrouvent en compĂ©tition. Donc on a les deux modĂšles qui se retrouvent en compĂ©tition. Alors il y a plein de nuances qu'on arrive Ă traiter, mais c'est assez intĂ©ressant de voir ce qui va faire la diffĂ©rence. Donc lĂ , il faut aider chacun Ă travailler ses points forts. Aider l'industriel Ă travailler sur les synergies, aider le fonds d'investissement Ă travailler plutĂŽt sur son modĂšle financier de rentabilitĂ© et de capacitĂ© Ă offrir un prix intĂ©ressant. Il y a toujours un impact assez fondamental sur le management. LĂ oĂč l'acteur industriel pourra apporter une sorte de renforcement du management avec toutes les Ă©quipes qu'il dĂ©tient dĂ©jĂ et avec toute son expĂ©rience, pour le coup, le fonds d'investissement offrira une certaine indĂ©pendance au management qui lui permettra peut-ĂȘtre de dĂ©velopper sa stratĂ©gie avec plus d'Ă©nergie. Une fois de plus, je ne dis pas qu'il y a une solution qui est meilleure que l'autre, mais c'est assez intĂ©ressant dans ces matchs-lĂ de voir un petit peu comment chacun des acteurs va dĂ©velopper ça. Et... On a certainement, je pense, un point sur lequel il faut toujours beaucoup travailler, c'est que quand il y a une acquisition qui est dirigĂ©e par un fonds d'investissement, il y a mĂ©caniquement un incentive, un intĂ©ressement du management. LĂ oĂč l'acteur industriel va, en gĂ©nĂ©ral, intĂ©grer la structure avec son actionnariat existant et ne pas toujours offrir un actionnariat au management, ce qui peut faire une diffĂ©rence pour la cible, oĂč le management de la cible pourrait, Ă un moment, prĂ©fĂ©rer peut-ĂȘtre un... faire une opĂ©ration avec un fonds d'investissement plutĂŽt qu'avec une Ă©quipe d'industriels. D'oĂč l'intĂ©rĂȘt de trouver des solutions un petit peu innovantes, avec un petit peu de curiositĂ©, et savoir un petit peu s'adapter et aider un acteur industriel Ă trouver les meilleures solutions pour ĂȘtre compĂ©titif et incentiver le management.
- Speaker #1
Donc on peut en effet trouver des points de rencontre, mĂȘme dans cette situation de compĂ©tition que nous Ă©voquions. Et tiens, en quelques mots, que se passe-t-il de spĂ©cifique dans la situation oĂč l'actionnaire est industriel ? Qu'est-ce qui va ĂȘtre saillant dans cette hypothĂšse-lĂ ?
- Speaker #0
Ce qu'on a pu constater dans les nombreuses expĂ©riences qu'on a acquises finalement dans ces deux domaines et puis dans les rencontres, dans ces opĂ©rations oĂč on a des rencontres entre les investisseurs industriels et les investisseurs plus financiers, c'est une capacitĂ© Ă bien gĂ©rer notamment des relations contractuelles, rĂ©siduelles qui peuvent exister entre le groupe industriel cĂ©dant, notamment dans le cadre d'un Carvao dont on parlait tout Ă l'heure. avec l'investisseur financier, puisque l'objectif consiste Ă accompagner le fonds d'investissement dans sa capacitĂ© Ă bien gĂ©rer la phase de transition. Puisque dans une opĂ©ration de carve-out, l'investisseur financier devra reprendre la cible et lui permettre de continuer Ă travailler de maniĂšre indĂ©pendante et autonome. Et pourtant, elle va quand mĂȘme avoir besoin de garder au moins pendant une phase transitoire des relations avec le groupe industriel vendeur. que ce soit des aspects techniques, que ce soit des expertises spĂ©cifiques ou que ce soit un niveau administratif, financier, commercial. Donc, on organise ce qu'on appelle des accords transitoires, des Transitional Services Agreement. Et donc, lĂ , ça nĂ©cessite une vraie capacitĂ© de maĂźtrise des relations contractuelles, une vraie capacitĂ© Ă comprendre les aspects juridiques de l'activitĂ© de la cible. Et on a effectivement pu montrer que lĂ , on est au-delĂ du pur transactionnel. On est vraiment... dans la capacitĂ© Ă accompagner un client qui soit investisseur financier ou groupe industriel, mais ce n'est pas uniquement des opĂ©rations transactionnelles.
- Speaker #1
C'est une forme de cohabitation, si je peux me permettre ce clin d'Ćil, c'est une maniĂšre de gĂ©rer la cohabitation. Merci beaucoup, Ătienne, d'ĂȘtre venu partager avec nous ton expĂ©rience, tes conseils dans des opĂ©rations de fusion-acquisition oĂč industriels et fonds de private equity doivent cohabiter. Et oĂč un expert en la matiĂšre peut faciliter le dialogue, concilier les approches et, par sa pratique, apporter de la valeur ajoutĂ©e aux fonds d'investissement et aux industriels dans leurs interactions respectives. Finalement, dans son opposition entre industrie et capital, Charles Perrault n'Ă©tait peut-ĂȘtre pas un spĂ©cialiste des M&A. Vous venez d'Ă©couter On the Legal Side, un podcast signĂ© Auguste Debussy. Un grand merci pour votre Ă©coute. Pour ĂȘtre notifiĂ© des prochains Ă©pisodes, n'hĂ©sitez pas Ă vous abonner depuis votre plateforme prĂ©fĂ©rĂ©e. Pour dĂ©couvrir le cabinet, ses Ă©quipes et ses actualitĂ©s, rendez-vous sur le site www.auguste-6.com ou dans la description de cette Ă©pisode. Cette sĂ©rie audio a Ă©tĂ© conçue, Ă©crite et rĂ©alisĂ©e en collaboration avec Apartheid Studio et Le Sang de l'An. A bientĂŽt.