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Ondes diplomatiques

Jérôme Bonnafont, 4 ans à Genève

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20min |17/03/2025
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Description

🎙 Ondes diplomatiques – Jérôme Bonnafont, 4 ans à Genève

Après près de quatre ans à la tête de la Mission permanente de la France auprès des Nations unies à Genève, l'Ambassadeur Jérôme Bonnafont quitte Genève pour devenir Représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York.

Dans cet épisode, il revient sur les moments marquants de son mandat à Genève, entre crises et défis du multilatéralisme. Quel regard porte-t-il sur la Genève internationale ? Comment cette expérience influencera-t-elle son action au Conseil de sécurité ?

Un entretien exclusif pour comprendre les enjeux de la diplomatie multilatérale dans un monde en pleine mutation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez On Diplomatique, le podcast de France ONU Genève. Après presque 4 ans à la tête de la mission permanente de la France auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, l'ambassadeur Jérôme Bonafon s'apprête à prendre ses nouvelles fonctions à New York, en tant que représentant permanent de la France auprès des Nations Unies. Son mandat à Genève s'est déroulé dans un contexte international marqué par des crises majeures. La pandémie de Covid-19, la guerre d'agression russe contre l'Ukraine, les attentats du 7 octobre et l'escalade de violence au Proche-Orient et la crise humanitaire sans précédent à Gaza qui s'en sont suivies. Dans un multilatéralisme en crise, entre tensions géopolitiques croissantes et défis structurels, comment la France s'est positionnée au sein de la Genève internationale ? Avant de tourner cette page, l'heure est au bilan. Quels ont été les moments forts de ce mandat ? Mais aussi comment cette expérience genevoise va-t-elle influencer son approche dans son nouveau rôle à New York ? Pour répondre à ces questions, qui d'autre que Jérôme Bonafon pour nous répondre ? Jérôme Bonafon, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Pendant ces quatre années, vous avez quand même suivi de près les grands dossiers genevois, donc l'humanitaire, la santé, les droits de l'homme. En quoi cette expérience influencera-t-elle votre approche en tant que représentant permanent à New York ?

  • Speaker #1

    Je crois que ce que ça apporte, c'est l'expérience d'un multilatéralisme très tourné vers les populations, très tourné vers l'égalité des femmes et des hommes, très tourné vers la protection des vulnérables, et une diplomatie multilatérale qui, pour nous Français, est très inspirée par un certain nombre d'initiatives qu'a prises le président de la République pour mettre plus de cohérence. dans le système international. Je vous en citerai une, c'est ce qu'on appelle les 4 P, le pacte de Paris pour les peuples et la planète, qui est fondé sur l'idée selon laquelle il ne doit pas y avoir de contradictions ou d'empêchements mutuels entre la lutte contre le changement climatique et le développement économique. Et tout le travail qui est fait dans cette initiative 4 P, qui rassemble maintenant une soixantaine de grands pays à travers le monde, Tout le travail a été décliné et est en train d'être décliné à Genève, et l'expérience acquise à Genève me sera certainement très utile à New York pour continuer cette déclinaison-là. D'autre part, on voit bien à Genève que le résultat des conflits armés, ce sont des crises humanitaires terribles. Et l'expérience de ces crises sera certainement utile aux représentants permanents que je serai à New York, lorsqu'il s'agira, au Conseil de sécurité, d'étudier... les cas pays qui sont sur la table du Conseil, et de pouvoir savoir, se souvenir, connaître de première main, si j'ose dire, la réalité humaine derrière ces conflits, qui ne sont pas simplement des abstractions géopolitiques, mais qui sont des réalités dans lesquelles la vie des gens est en cause.

  • Speaker #0

    Vous avez travaillé presque quatre ans ici, à Genève, et votre expérience a été marquée par la pandémie de Covid-19, la guerre d'agression russe en Ukraine, les attentats du 7 octobre, la crise humanitaire à Gaza, nous en parlions en introduction. Une remise en cause aussi du système multilatéral par un certain nombre de pays. Et depuis quelques semaines, ce même système multilatéral connaît un véritable choc. Alors d'une part, quel a été le moment le plus marquant de vos années en tant que représentant permanent à Genève ? Et d'autre part, comment est-ce que vous voyez le rôle de la Genève internationale à l'aube des récents événements de cette tentative de remettre en cause le système ?

  • Speaker #1

    Je crois que vous les avez cités. Les deux moments importants, les deux moments marquants, ça a été d'abord le 24 février. 2022, quand on a appris l'invasion de l'Ukraine par la Russie et qu'a commencé cette guerre d'un autre âge, par laquelle un pays en envahissait un autre et prétendait mettre cet autre pays sous sa coupe. Pourquoi est-ce le moment marquant ? Parce que c'est en contradiction totale avec le principe même de la Charte des Nations Unies, avec ce qui fonde la création du multilatéralisme onusien, c'est-à-dire les guerres d'agression. ne doivent plus avoir droit de citer dans la société internationale. Le second moment marquant, ça a été le 7 octobre 2023, quand des terroristes du Hamas et d'autres groupes du djihad islamiste ont attaqué des Israéliens de façon absolument sauvage et ont perpétré des attentats d'une violence extrême. Et il s'en est suivi, vous le disiez, des opérations militaires qui ont dévasté Gaza. et qui ont plongé les Palestiniens de Gaza dans une souffrance immense. Et là aussi, on est en contradiction avec tout ce que les conventions de Genève, qui sont le fondement du droit international humanitaire, disent, c'est-à-dire la protection des civils. c'est-à-dire le respect des installations civiles pendant les conflits armés. Et naturellement, avoir ces deux atteintes majeures, quasiment à ce qui fait l'essence même du multilatéralisme, c'était extrêmement marquant pour nous à Genève, mais aussi pour les collègues à New York ou les collègues dans d'autres instances multilatérales. Parce que qu'est-ce que c'est le cœur de la construction multilatérale ? C'est l'idée que la force... est empéré par le droit. L'usage de la force est régulé par le droit. Oui, il y a un droit de légitime défense lorsque vous êtes attaqué. Mais ce droit ne vous donne pas le droit d'agresser les autres, d'une part, et d'autre part, il doit s'exercer dans le respect de ce qu'on appelle les lois de la guerre. Et bien entendu, il en découle toute une série de conséquences. Si on veut que cette... société internationale se fonde sur le droit, il faut aussi qu'elle soit fondée sur un certain nombre d'autres principes qui en découlent. Un principe de coopération, un principe de solidarité, un principe de dialogue, un principe de recherche du compromis. Et toute la construction de Genevoise, avec ses agences spécialisées sur la santé, sur les droits de l'homme, sur le travail, sur le commerce, c'est la construction d'un état de droit international par lequel les rapports entre les grandes nations, entre les États, grands ou petits, sont fondés sur un principe d'égalité entre tous, une sorte de démocratie multilatérale, et de travail sur la base de la recherche du compromis. Et bien entendu, face aux deux tragédies dont je vous parlais ici, notre devoir était, pour nous, représentations permanentes de la France, d'appliquer cette réaction de notre président de la République, de nos ministres, de notre gouvernement, qui était... de dénoncer l'invasion de l'Ukraine par la Russie, de dénoncer les attaques terroristes, mais aussi de dire, lorsque le droit international humanitaire était violé par les troupes israéliennes à Gaza, et de construire dans le cadre institutionnel genevois des réponses appropriées pour apporter une assistance aux victimes et que le système se mobilise au service des efforts qui pouvaient être faits vers la paix.

  • Speaker #0

    On dit souvent que Genève est la cuisine des Nations Unies et New York le restaurant. Vous qui y avez œuvré, que pensez-vous de cette image ? Quel est votre sentiment sur le travail du multilatéralisme opérationnel qui se fait ici à Genève ?

  • Speaker #1

    L'image m'a toujours laissé profondément perplexe, parce que je n'ai jamais compris ce que c'était que cette cuisine et je n'ai jamais compris ce qu'est ce restaurant. Il me semble qu'il y a deux lieux, et d'ailleurs il y en a d'autres, parce qu'il y a Rome, il y a Nairobi, il y a Londres, il y a Paris, il y a d'autres lieux du multilatéralisme. En fait, cette Genève internationale, elle a quatre piliers. Elle a un premier pilier qui est un pilier politique. C'est là où l'on parle de droit de l'homme et où l'on parle de droit international humanitaire. C'est là qu'avec le Conseil des droits de l'homme, avec le Haut commissariat aux droits de l'homme, avec le CICR, on essaye d'imposer dans la société internationale l'idée que le respect de chaque individu doit être le principe de toute politique. Et l'idée que les États sont souverains, bien entendu, les nations choisissent leur mode de développement, choisissent leur modèle politique, mais dans le respect d'un certain nombre de fondamentaux par lesquels chacun, femmes et hommes, dans la diversité des croyances, des opinions, des origines, etc., a les mêmes droits fondamentaux. Deuxième pilier, c'est le pilier économique et environnemental. Là, on a l'OMC, on a la CNUSED, on a l'ensemble des organes de traités environnementaux, on a l'Organisation météorologique mondiale. Là, il s'agit de réguler ces grands phénomènes économiques ou écologiques par lesquels les échanges s'imposent entre les nations. Ensuite, on a un pilier social qui est extrêmement important. Vous vous souvenez qu'en 1919, quand on a créé la Société des Nations, Après la Première Guerre mondiale, on a créé en même temps à l'initiative d'Albert Thomas, un Français, l'Organisation internationale du travail, avec l'idée qu'il ne saurait y avoir de paix durable sans justice sociale. Et à côté de l'OIT, il y a maintenant l'Organisation mondiale de la santé et tout le dispositif de santé mondial que l'on a redécouvert au moment de la pandémie du Covid, dont vous disiez un mot tout à l'heure. Et puis, il y a également le pilier migration avec l'Organisation internationale des migrations. Piliers social de la Genève internationale. Qu'est-ce qu'on y fait ? On y fait des normes. des standards, comme on dit, des règles, et puis on y fait des actions de solidarité, vaccination, accès aux médicaments à moindre coût pour les plus vulnérables, etc. Et dernier pilier, c'est le pilier scientifique et technologique, qui est très important. Ici à Genève, il y a le CERN. Le CERN, c'est le lieu d'excellence mondiale en recherche de la physique des particules, c'est-à-dire les secrets de la matière. Mais on a aussi... Une organisation comme l'OMPI, l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, qui elle, est chargée de breveter les innovations et donc d'encourager et de protéger ceux qui innovent dans le monde commercial, dans le monde économique, pour que cette protection incite à l'innovation dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord. Et puis il y a d'autres choses qui sont faites ici, sur l'intelligence artificielle par exemple. Vous avez toute une série d'organisations internationales qui s'occupent de cela. Et donc vous voyez, cette Genève internationale, elle est à la fois très politique et très opérationnelle, avec un mélange d'organisations normatives et d'organisations au plus proche du terrain, comme par exemple le Haut-Commissariat aux réfugiés, dans les camps où il apporte l'aide et la protection aux réfugiés. Et ce mélange-là donne à la Genève internationale un caractère très concret et en même temps de principe.

  • Speaker #0

    Alors le multilatéralisme est aujourd'hui confronté à une crise profonde entre polarisation croissante, on peut le voir notamment dans le vote des résolutions dans certaines organisations, des difficultés financières et une remise en cause de l'universalité des institutions. Comment est-ce que vous analysez ces tendances ?

  • Speaker #1

    Vous savez, la France, quand elle parle du multilatéralisme, quand le président de la République évoque le multilatéralisme, il a toujours à l'idée qu'il faut que ce soit des choses qui apportent aux plus vulnérables. qui apporte aux États, et donc des choses très concrètes. Bien entendu, nous sommes très attachés au principe, et nous pensons que l'universalité est le fondement même de la démarche multilatérale et de la démarche onusienne. Mais s'arrêter au principe seul, si cela ne vous conduit pas à agir, c'est un peu court. Et donc pour la France, le multilatéralisme, je ne vois, doit être un multilatéralisme qui va déboucher sur des programmes d'action. Et bien entendu, on a à Genève, et vous parliez des polarisations à juste raison, on a à Genève des gens qui sont plus attachés au principe de souveraineté, d'autres qui sont plus attachés au principe de respect des lois générales. On a des gens qui estiment que le Nord en a trop et que le Sud n'en a pas assez. On a des gens qui estiment que le Nord bloque un certain nombre d'institutions politiques et devrait les ouvrir. et d'autres qui considèrent que certains pays du Sud devraient aller davantage vers le multilatéralisme et le partage. Ces débats-là sont extrêmement importants. La France y participe avec les principes dont je vous parlais. Mais cet arbre, qui est important encore une fois, ne doit pas faire cacher la forêt des buts opérationnels précis que la Genève internationale doit poursuivre. de la protection aux réfugiés. Apporter la vaccination aux plus reculés des villages qui en ont besoin. Apporter des traitements contre la tuberculose, le paludisme, le sida à des populations vulnérables qui n'auraient pas les moyens de se les offrir sans l'aide internationale. Apporter l'égalité dans le traitement commercial de façon... à ce que les pays moins solides économiquement ne risquent pas de se voir dans une situation de faiblesse par rapport aux pays ou aux entreprises plus riches, etc. Et ce qui m'a toujours donné espoir et ce qui m'a toujours convaincu que la chose valait la peine d'être jouée, c'est que pendant ces années genevoises, j'ai pu constater que les progrès étaient possibles. Un certain nombre de conventions ont été adoptées dans le domaine de la propriété intellectuelle pour protéger des communautés vulnérables, tout en permettant à la propriété intellectuelle de se déployer comme elle le doit. Un traité sur les pandémies est en cours de négociation, c'est encore incertain, mais l'année dernière on a pu adopter une amélioration très significative. de ce qu'on appelle le règlement sanitaire international, qui est une façon de coopérer pour mieux être protégé face aux pandémies. Donc oui, il y a polarisation, mais en même temps... Il y a ce qui est très important pour nous, c'est-à-dire le maintien de la capacité du système à donner de la protection aux plus vulnérables. Alors, il y a eu un choc supplémentaire qui s'est produit le 21 janvier, ce sont les annonces américaines. Elles ont trois dimensions telles qu'elles se présentent actuellement. Elles ont une dimension de rejet d'un certain nombre de règles et de principes. par exemple en imposant des tarifs unilatéraux au détriment des règles de l'OMC. Elles ont une deuxième dimension, qui est une dimension idéologique, par exemple en disant que toute politique fondée sur la notion de respect des genres ou de protection des populations vulnérables doit être bannie. Et puis elle a un aspect financier, avec le gel. La réévaluation et probablement l'annulation d'une grande partie des financements que les États-Unis apportaient au système multilatéral par leur contribution au Haut Commissariat aux Réfugiés, à l'Organisation mondiale de la santé, à l'Organisation mondiale des migrations, etc. Et il est extrêmement important de se rendre compte que cet ensemble de décisions ébranle ce qui fait l'essence du système, c'est-à-dire... La règle de droit, c'est-à-dire l'universalité des grandes valeurs, c'est-à-dire le principe de solidarité. Donc oui, le système multilatéral actuellement est secoué par ce qui s'est passé, qui aggrave les polarisations préexistantes.

  • Speaker #0

    Pour remondir là-dessus, justement, dans votre livre « Diplomates, pour quoi faire ? » , vous concluez avec cette formule immuable et changeante de diplomatie. Face à ces tensions, aux défis auxquels nous nous fassons aujourd'hui, est-ce qu'il ne faudrait pas rentrer dans une phase changeante ? Du système onusien.

  • Speaker #1

    Alors d'abord, il faut rendre à César ce qui est à César. Cette formule, elle appartient à Raymond Aron, et il l'avait utilisée pour décrire le mélange de continuité et de changement dans le passage de la IVe à la Vème République. Je le précise parce qu'effectivement, il faut toujours garder à l'esprit ce qui doit rester au cœur de Ausha, et ce qui doit évoluer parce que le monde change. Ce qui doit rester, c'est les très grands principes. Ce que je vous disais, universalité, solidarité, monde fondé sur les règles. Après, oui, bien entendu, les organisations doivent se transformer, les organisations doivent évoluer avec leur temps. L'arrivée de l'intelligence artificielle, le changement climatique, les financements qui viennent ou qui ne viennent pas, l'évolution des pays dans la hiérarchie économique mondiale. Tout ceci doit évoluer, tout ceci doit changer. Et nous devons, collectivement, les États avec les agences, les agences entre elles, avoir des agendas de transformation qui permettent de s'ajuster aux réalités telles qu'elles évoluent. Mais là, il faut bien distinguer deux choses. Il faut distinguer entre des coupes budgétaires qu'impose le fait qu'il y a moins d'argent et la nécessité d'une réforme pour mieux travailler ensemble, pour... aller au plus près des populations qui en ont besoin pour éliminer les dépenses inutiles. Et l'un ne va pas sans l'autre malheureusement en ce moment, mais il ne faut pas que la nécessité malheureuse de donner moins à ceux qui en ont le plus besoin aboutisse à une fragilisation irrémédiable d'un certain nombre d'éléments du système. Et c'est pourquoi la France, le président de la République l'a dit à plusieurs reprises, Le ministre s'est exprimé là-dessus. La France sera aux côtés des organisations internationales pour une réforme raisonnée et pour que le système qui doit être réformé le soit dans le respect de ses principes essentiels.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait vous souhaiter pour votre poste à New York ?

  • Speaker #1

    Écoutez, que la paix progresse tout simplement. Tout simplement parce qu'encore une fois, cet idéal des Nations unies, il a été réalisé. après les deux guerres mondiales. Et il a été porté par les Européens et les Américains, mais aussi les autres pays fondateurs, après une expérience absolument tragique de dévastation de continents entiers par la guerre. Et cette expérience du caractère fondamentalement destructeur de toute guerre est une expérience que nous aimerions épargner au monde de demain, aux générations futures. Et donc ce qu'il faut souhaiter, c'est qu'effectivement, nous puissions aller vers des choses plus raisonnables, des choses plus inspirées par l'idée de progrès humain qu'inspirées par l'idée de puissance.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, merci pour cet échange très intéressant, très riche, mais surtout très pointu sur la Genève internationale. presque plus globalement le multilatéralisme aujourd'hui. Je vous souhaite que la paix progresse, évidemment, mais surtout bonne chance pour votre prise de fonction à New York, qui va commencer très vite avec la présidence française du Conseil de sécurité en avril. Et là, je parle à nos auditeurs, mais pour suivre l'actualité de Jérôme Bonafont et de la mission française auprès des Nations Unies à New York, vous pouvez suivre leurs réseaux sociaux at FranceONU. En attendant notre prochain épisode le mois prochain, retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et les principales plateformes pour écouter ou réécouter les épisodes non diplomatiques. Le podcast de la Mission de la France à l'ONU Genève.

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🎙 Ondes diplomatiques – Jérôme Bonnafont, 4 ans à Genève

Après près de quatre ans à la tête de la Mission permanente de la France auprès des Nations unies à Genève, l'Ambassadeur Jérôme Bonnafont quitte Genève pour devenir Représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York.

Dans cet épisode, il revient sur les moments marquants de son mandat à Genève, entre crises et défis du multilatéralisme. Quel regard porte-t-il sur la Genève internationale ? Comment cette expérience influencera-t-elle son action au Conseil de sécurité ?

Un entretien exclusif pour comprendre les enjeux de la diplomatie multilatérale dans un monde en pleine mutation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez On Diplomatique, le podcast de France ONU Genève. Après presque 4 ans à la tête de la mission permanente de la France auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, l'ambassadeur Jérôme Bonafon s'apprête à prendre ses nouvelles fonctions à New York, en tant que représentant permanent de la France auprès des Nations Unies. Son mandat à Genève s'est déroulé dans un contexte international marqué par des crises majeures. La pandémie de Covid-19, la guerre d'agression russe contre l'Ukraine, les attentats du 7 octobre et l'escalade de violence au Proche-Orient et la crise humanitaire sans précédent à Gaza qui s'en sont suivies. Dans un multilatéralisme en crise, entre tensions géopolitiques croissantes et défis structurels, comment la France s'est positionnée au sein de la Genève internationale ? Avant de tourner cette page, l'heure est au bilan. Quels ont été les moments forts de ce mandat ? Mais aussi comment cette expérience genevoise va-t-elle influencer son approche dans son nouveau rôle à New York ? Pour répondre à ces questions, qui d'autre que Jérôme Bonafon pour nous répondre ? Jérôme Bonafon, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Pendant ces quatre années, vous avez quand même suivi de près les grands dossiers genevois, donc l'humanitaire, la santé, les droits de l'homme. En quoi cette expérience influencera-t-elle votre approche en tant que représentant permanent à New York ?

  • Speaker #1

    Je crois que ce que ça apporte, c'est l'expérience d'un multilatéralisme très tourné vers les populations, très tourné vers l'égalité des femmes et des hommes, très tourné vers la protection des vulnérables, et une diplomatie multilatérale qui, pour nous Français, est très inspirée par un certain nombre d'initiatives qu'a prises le président de la République pour mettre plus de cohérence. dans le système international. Je vous en citerai une, c'est ce qu'on appelle les 4 P, le pacte de Paris pour les peuples et la planète, qui est fondé sur l'idée selon laquelle il ne doit pas y avoir de contradictions ou d'empêchements mutuels entre la lutte contre le changement climatique et le développement économique. Et tout le travail qui est fait dans cette initiative 4 P, qui rassemble maintenant une soixantaine de grands pays à travers le monde, Tout le travail a été décliné et est en train d'être décliné à Genève, et l'expérience acquise à Genève me sera certainement très utile à New York pour continuer cette déclinaison-là. D'autre part, on voit bien à Genève que le résultat des conflits armés, ce sont des crises humanitaires terribles. Et l'expérience de ces crises sera certainement utile aux représentants permanents que je serai à New York, lorsqu'il s'agira, au Conseil de sécurité, d'étudier... les cas pays qui sont sur la table du Conseil, et de pouvoir savoir, se souvenir, connaître de première main, si j'ose dire, la réalité humaine derrière ces conflits, qui ne sont pas simplement des abstractions géopolitiques, mais qui sont des réalités dans lesquelles la vie des gens est en cause.

  • Speaker #0

    Vous avez travaillé presque quatre ans ici, à Genève, et votre expérience a été marquée par la pandémie de Covid-19, la guerre d'agression russe en Ukraine, les attentats du 7 octobre, la crise humanitaire à Gaza, nous en parlions en introduction. Une remise en cause aussi du système multilatéral par un certain nombre de pays. Et depuis quelques semaines, ce même système multilatéral connaît un véritable choc. Alors d'une part, quel a été le moment le plus marquant de vos années en tant que représentant permanent à Genève ? Et d'autre part, comment est-ce que vous voyez le rôle de la Genève internationale à l'aube des récents événements de cette tentative de remettre en cause le système ?

  • Speaker #1

    Je crois que vous les avez cités. Les deux moments importants, les deux moments marquants, ça a été d'abord le 24 février. 2022, quand on a appris l'invasion de l'Ukraine par la Russie et qu'a commencé cette guerre d'un autre âge, par laquelle un pays en envahissait un autre et prétendait mettre cet autre pays sous sa coupe. Pourquoi est-ce le moment marquant ? Parce que c'est en contradiction totale avec le principe même de la Charte des Nations Unies, avec ce qui fonde la création du multilatéralisme onusien, c'est-à-dire les guerres d'agression. ne doivent plus avoir droit de citer dans la société internationale. Le second moment marquant, ça a été le 7 octobre 2023, quand des terroristes du Hamas et d'autres groupes du djihad islamiste ont attaqué des Israéliens de façon absolument sauvage et ont perpétré des attentats d'une violence extrême. Et il s'en est suivi, vous le disiez, des opérations militaires qui ont dévasté Gaza. et qui ont plongé les Palestiniens de Gaza dans une souffrance immense. Et là aussi, on est en contradiction avec tout ce que les conventions de Genève, qui sont le fondement du droit international humanitaire, disent, c'est-à-dire la protection des civils. c'est-à-dire le respect des installations civiles pendant les conflits armés. Et naturellement, avoir ces deux atteintes majeures, quasiment à ce qui fait l'essence même du multilatéralisme, c'était extrêmement marquant pour nous à Genève, mais aussi pour les collègues à New York ou les collègues dans d'autres instances multilatérales. Parce que qu'est-ce que c'est le cœur de la construction multilatérale ? C'est l'idée que la force... est empéré par le droit. L'usage de la force est régulé par le droit. Oui, il y a un droit de légitime défense lorsque vous êtes attaqué. Mais ce droit ne vous donne pas le droit d'agresser les autres, d'une part, et d'autre part, il doit s'exercer dans le respect de ce qu'on appelle les lois de la guerre. Et bien entendu, il en découle toute une série de conséquences. Si on veut que cette... société internationale se fonde sur le droit, il faut aussi qu'elle soit fondée sur un certain nombre d'autres principes qui en découlent. Un principe de coopération, un principe de solidarité, un principe de dialogue, un principe de recherche du compromis. Et toute la construction de Genevoise, avec ses agences spécialisées sur la santé, sur les droits de l'homme, sur le travail, sur le commerce, c'est la construction d'un état de droit international par lequel les rapports entre les grandes nations, entre les États, grands ou petits, sont fondés sur un principe d'égalité entre tous, une sorte de démocratie multilatérale, et de travail sur la base de la recherche du compromis. Et bien entendu, face aux deux tragédies dont je vous parlais ici, notre devoir était, pour nous, représentations permanentes de la France, d'appliquer cette réaction de notre président de la République, de nos ministres, de notre gouvernement, qui était... de dénoncer l'invasion de l'Ukraine par la Russie, de dénoncer les attaques terroristes, mais aussi de dire, lorsque le droit international humanitaire était violé par les troupes israéliennes à Gaza, et de construire dans le cadre institutionnel genevois des réponses appropriées pour apporter une assistance aux victimes et que le système se mobilise au service des efforts qui pouvaient être faits vers la paix.

  • Speaker #0

    On dit souvent que Genève est la cuisine des Nations Unies et New York le restaurant. Vous qui y avez œuvré, que pensez-vous de cette image ? Quel est votre sentiment sur le travail du multilatéralisme opérationnel qui se fait ici à Genève ?

  • Speaker #1

    L'image m'a toujours laissé profondément perplexe, parce que je n'ai jamais compris ce que c'était que cette cuisine et je n'ai jamais compris ce qu'est ce restaurant. Il me semble qu'il y a deux lieux, et d'ailleurs il y en a d'autres, parce qu'il y a Rome, il y a Nairobi, il y a Londres, il y a Paris, il y a d'autres lieux du multilatéralisme. En fait, cette Genève internationale, elle a quatre piliers. Elle a un premier pilier qui est un pilier politique. C'est là où l'on parle de droit de l'homme et où l'on parle de droit international humanitaire. C'est là qu'avec le Conseil des droits de l'homme, avec le Haut commissariat aux droits de l'homme, avec le CICR, on essaye d'imposer dans la société internationale l'idée que le respect de chaque individu doit être le principe de toute politique. Et l'idée que les États sont souverains, bien entendu, les nations choisissent leur mode de développement, choisissent leur modèle politique, mais dans le respect d'un certain nombre de fondamentaux par lesquels chacun, femmes et hommes, dans la diversité des croyances, des opinions, des origines, etc., a les mêmes droits fondamentaux. Deuxième pilier, c'est le pilier économique et environnemental. Là, on a l'OMC, on a la CNUSED, on a l'ensemble des organes de traités environnementaux, on a l'Organisation météorologique mondiale. Là, il s'agit de réguler ces grands phénomènes économiques ou écologiques par lesquels les échanges s'imposent entre les nations. Ensuite, on a un pilier social qui est extrêmement important. Vous vous souvenez qu'en 1919, quand on a créé la Société des Nations, Après la Première Guerre mondiale, on a créé en même temps à l'initiative d'Albert Thomas, un Français, l'Organisation internationale du travail, avec l'idée qu'il ne saurait y avoir de paix durable sans justice sociale. Et à côté de l'OIT, il y a maintenant l'Organisation mondiale de la santé et tout le dispositif de santé mondial que l'on a redécouvert au moment de la pandémie du Covid, dont vous disiez un mot tout à l'heure. Et puis, il y a également le pilier migration avec l'Organisation internationale des migrations. Piliers social de la Genève internationale. Qu'est-ce qu'on y fait ? On y fait des normes. des standards, comme on dit, des règles, et puis on y fait des actions de solidarité, vaccination, accès aux médicaments à moindre coût pour les plus vulnérables, etc. Et dernier pilier, c'est le pilier scientifique et technologique, qui est très important. Ici à Genève, il y a le CERN. Le CERN, c'est le lieu d'excellence mondiale en recherche de la physique des particules, c'est-à-dire les secrets de la matière. Mais on a aussi... Une organisation comme l'OMPI, l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, qui elle, est chargée de breveter les innovations et donc d'encourager et de protéger ceux qui innovent dans le monde commercial, dans le monde économique, pour que cette protection incite à l'innovation dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord. Et puis il y a d'autres choses qui sont faites ici, sur l'intelligence artificielle par exemple. Vous avez toute une série d'organisations internationales qui s'occupent de cela. Et donc vous voyez, cette Genève internationale, elle est à la fois très politique et très opérationnelle, avec un mélange d'organisations normatives et d'organisations au plus proche du terrain, comme par exemple le Haut-Commissariat aux réfugiés, dans les camps où il apporte l'aide et la protection aux réfugiés. Et ce mélange-là donne à la Genève internationale un caractère très concret et en même temps de principe.

  • Speaker #0

    Alors le multilatéralisme est aujourd'hui confronté à une crise profonde entre polarisation croissante, on peut le voir notamment dans le vote des résolutions dans certaines organisations, des difficultés financières et une remise en cause de l'universalité des institutions. Comment est-ce que vous analysez ces tendances ?

  • Speaker #1

    Vous savez, la France, quand elle parle du multilatéralisme, quand le président de la République évoque le multilatéralisme, il a toujours à l'idée qu'il faut que ce soit des choses qui apportent aux plus vulnérables. qui apporte aux États, et donc des choses très concrètes. Bien entendu, nous sommes très attachés au principe, et nous pensons que l'universalité est le fondement même de la démarche multilatérale et de la démarche onusienne. Mais s'arrêter au principe seul, si cela ne vous conduit pas à agir, c'est un peu court. Et donc pour la France, le multilatéralisme, je ne vois, doit être un multilatéralisme qui va déboucher sur des programmes d'action. Et bien entendu, on a à Genève, et vous parliez des polarisations à juste raison, on a à Genève des gens qui sont plus attachés au principe de souveraineté, d'autres qui sont plus attachés au principe de respect des lois générales. On a des gens qui estiment que le Nord en a trop et que le Sud n'en a pas assez. On a des gens qui estiment que le Nord bloque un certain nombre d'institutions politiques et devrait les ouvrir. et d'autres qui considèrent que certains pays du Sud devraient aller davantage vers le multilatéralisme et le partage. Ces débats-là sont extrêmement importants. La France y participe avec les principes dont je vous parlais. Mais cet arbre, qui est important encore une fois, ne doit pas faire cacher la forêt des buts opérationnels précis que la Genève internationale doit poursuivre. de la protection aux réfugiés. Apporter la vaccination aux plus reculés des villages qui en ont besoin. Apporter des traitements contre la tuberculose, le paludisme, le sida à des populations vulnérables qui n'auraient pas les moyens de se les offrir sans l'aide internationale. Apporter l'égalité dans le traitement commercial de façon... à ce que les pays moins solides économiquement ne risquent pas de se voir dans une situation de faiblesse par rapport aux pays ou aux entreprises plus riches, etc. Et ce qui m'a toujours donné espoir et ce qui m'a toujours convaincu que la chose valait la peine d'être jouée, c'est que pendant ces années genevoises, j'ai pu constater que les progrès étaient possibles. Un certain nombre de conventions ont été adoptées dans le domaine de la propriété intellectuelle pour protéger des communautés vulnérables, tout en permettant à la propriété intellectuelle de se déployer comme elle le doit. Un traité sur les pandémies est en cours de négociation, c'est encore incertain, mais l'année dernière on a pu adopter une amélioration très significative. de ce qu'on appelle le règlement sanitaire international, qui est une façon de coopérer pour mieux être protégé face aux pandémies. Donc oui, il y a polarisation, mais en même temps... Il y a ce qui est très important pour nous, c'est-à-dire le maintien de la capacité du système à donner de la protection aux plus vulnérables. Alors, il y a eu un choc supplémentaire qui s'est produit le 21 janvier, ce sont les annonces américaines. Elles ont trois dimensions telles qu'elles se présentent actuellement. Elles ont une dimension de rejet d'un certain nombre de règles et de principes. par exemple en imposant des tarifs unilatéraux au détriment des règles de l'OMC. Elles ont une deuxième dimension, qui est une dimension idéologique, par exemple en disant que toute politique fondée sur la notion de respect des genres ou de protection des populations vulnérables doit être bannie. Et puis elle a un aspect financier, avec le gel. La réévaluation et probablement l'annulation d'une grande partie des financements que les États-Unis apportaient au système multilatéral par leur contribution au Haut Commissariat aux Réfugiés, à l'Organisation mondiale de la santé, à l'Organisation mondiale des migrations, etc. Et il est extrêmement important de se rendre compte que cet ensemble de décisions ébranle ce qui fait l'essence du système, c'est-à-dire... La règle de droit, c'est-à-dire l'universalité des grandes valeurs, c'est-à-dire le principe de solidarité. Donc oui, le système multilatéral actuellement est secoué par ce qui s'est passé, qui aggrave les polarisations préexistantes.

  • Speaker #0

    Pour remondir là-dessus, justement, dans votre livre « Diplomates, pour quoi faire ? » , vous concluez avec cette formule immuable et changeante de diplomatie. Face à ces tensions, aux défis auxquels nous nous fassons aujourd'hui, est-ce qu'il ne faudrait pas rentrer dans une phase changeante ? Du système onusien.

  • Speaker #1

    Alors d'abord, il faut rendre à César ce qui est à César. Cette formule, elle appartient à Raymond Aron, et il l'avait utilisée pour décrire le mélange de continuité et de changement dans le passage de la IVe à la Vème République. Je le précise parce qu'effectivement, il faut toujours garder à l'esprit ce qui doit rester au cœur de Ausha, et ce qui doit évoluer parce que le monde change. Ce qui doit rester, c'est les très grands principes. Ce que je vous disais, universalité, solidarité, monde fondé sur les règles. Après, oui, bien entendu, les organisations doivent se transformer, les organisations doivent évoluer avec leur temps. L'arrivée de l'intelligence artificielle, le changement climatique, les financements qui viennent ou qui ne viennent pas, l'évolution des pays dans la hiérarchie économique mondiale. Tout ceci doit évoluer, tout ceci doit changer. Et nous devons, collectivement, les États avec les agences, les agences entre elles, avoir des agendas de transformation qui permettent de s'ajuster aux réalités telles qu'elles évoluent. Mais là, il faut bien distinguer deux choses. Il faut distinguer entre des coupes budgétaires qu'impose le fait qu'il y a moins d'argent et la nécessité d'une réforme pour mieux travailler ensemble, pour... aller au plus près des populations qui en ont besoin pour éliminer les dépenses inutiles. Et l'un ne va pas sans l'autre malheureusement en ce moment, mais il ne faut pas que la nécessité malheureuse de donner moins à ceux qui en ont le plus besoin aboutisse à une fragilisation irrémédiable d'un certain nombre d'éléments du système. Et c'est pourquoi la France, le président de la République l'a dit à plusieurs reprises, Le ministre s'est exprimé là-dessus. La France sera aux côtés des organisations internationales pour une réforme raisonnée et pour que le système qui doit être réformé le soit dans le respect de ses principes essentiels.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait vous souhaiter pour votre poste à New York ?

  • Speaker #1

    Écoutez, que la paix progresse tout simplement. Tout simplement parce qu'encore une fois, cet idéal des Nations unies, il a été réalisé. après les deux guerres mondiales. Et il a été porté par les Européens et les Américains, mais aussi les autres pays fondateurs, après une expérience absolument tragique de dévastation de continents entiers par la guerre. Et cette expérience du caractère fondamentalement destructeur de toute guerre est une expérience que nous aimerions épargner au monde de demain, aux générations futures. Et donc ce qu'il faut souhaiter, c'est qu'effectivement, nous puissions aller vers des choses plus raisonnables, des choses plus inspirées par l'idée de progrès humain qu'inspirées par l'idée de puissance.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, merci pour cet échange très intéressant, très riche, mais surtout très pointu sur la Genève internationale. presque plus globalement le multilatéralisme aujourd'hui. Je vous souhaite que la paix progresse, évidemment, mais surtout bonne chance pour votre prise de fonction à New York, qui va commencer très vite avec la présidence française du Conseil de sécurité en avril. Et là, je parle à nos auditeurs, mais pour suivre l'actualité de Jérôme Bonafont et de la mission française auprès des Nations Unies à New York, vous pouvez suivre leurs réseaux sociaux at FranceONU. En attendant notre prochain épisode le mois prochain, retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et les principales plateformes pour écouter ou réécouter les épisodes non diplomatiques. Le podcast de la Mission de la France à l'ONU Genève.

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Description

🎙 Ondes diplomatiques – Jérôme Bonnafont, 4 ans à Genève

Après près de quatre ans à la tête de la Mission permanente de la France auprès des Nations unies à Genève, l'Ambassadeur Jérôme Bonnafont quitte Genève pour devenir Représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York.

Dans cet épisode, il revient sur les moments marquants de son mandat à Genève, entre crises et défis du multilatéralisme. Quel regard porte-t-il sur la Genève internationale ? Comment cette expérience influencera-t-elle son action au Conseil de sécurité ?

Un entretien exclusif pour comprendre les enjeux de la diplomatie multilatérale dans un monde en pleine mutation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez On Diplomatique, le podcast de France ONU Genève. Après presque 4 ans à la tête de la mission permanente de la France auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, l'ambassadeur Jérôme Bonafon s'apprête à prendre ses nouvelles fonctions à New York, en tant que représentant permanent de la France auprès des Nations Unies. Son mandat à Genève s'est déroulé dans un contexte international marqué par des crises majeures. La pandémie de Covid-19, la guerre d'agression russe contre l'Ukraine, les attentats du 7 octobre et l'escalade de violence au Proche-Orient et la crise humanitaire sans précédent à Gaza qui s'en sont suivies. Dans un multilatéralisme en crise, entre tensions géopolitiques croissantes et défis structurels, comment la France s'est positionnée au sein de la Genève internationale ? Avant de tourner cette page, l'heure est au bilan. Quels ont été les moments forts de ce mandat ? Mais aussi comment cette expérience genevoise va-t-elle influencer son approche dans son nouveau rôle à New York ? Pour répondre à ces questions, qui d'autre que Jérôme Bonafon pour nous répondre ? Jérôme Bonafon, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Pendant ces quatre années, vous avez quand même suivi de près les grands dossiers genevois, donc l'humanitaire, la santé, les droits de l'homme. En quoi cette expérience influencera-t-elle votre approche en tant que représentant permanent à New York ?

  • Speaker #1

    Je crois que ce que ça apporte, c'est l'expérience d'un multilatéralisme très tourné vers les populations, très tourné vers l'égalité des femmes et des hommes, très tourné vers la protection des vulnérables, et une diplomatie multilatérale qui, pour nous Français, est très inspirée par un certain nombre d'initiatives qu'a prises le président de la République pour mettre plus de cohérence. dans le système international. Je vous en citerai une, c'est ce qu'on appelle les 4 P, le pacte de Paris pour les peuples et la planète, qui est fondé sur l'idée selon laquelle il ne doit pas y avoir de contradictions ou d'empêchements mutuels entre la lutte contre le changement climatique et le développement économique. Et tout le travail qui est fait dans cette initiative 4 P, qui rassemble maintenant une soixantaine de grands pays à travers le monde, Tout le travail a été décliné et est en train d'être décliné à Genève, et l'expérience acquise à Genève me sera certainement très utile à New York pour continuer cette déclinaison-là. D'autre part, on voit bien à Genève que le résultat des conflits armés, ce sont des crises humanitaires terribles. Et l'expérience de ces crises sera certainement utile aux représentants permanents que je serai à New York, lorsqu'il s'agira, au Conseil de sécurité, d'étudier... les cas pays qui sont sur la table du Conseil, et de pouvoir savoir, se souvenir, connaître de première main, si j'ose dire, la réalité humaine derrière ces conflits, qui ne sont pas simplement des abstractions géopolitiques, mais qui sont des réalités dans lesquelles la vie des gens est en cause.

  • Speaker #0

    Vous avez travaillé presque quatre ans ici, à Genève, et votre expérience a été marquée par la pandémie de Covid-19, la guerre d'agression russe en Ukraine, les attentats du 7 octobre, la crise humanitaire à Gaza, nous en parlions en introduction. Une remise en cause aussi du système multilatéral par un certain nombre de pays. Et depuis quelques semaines, ce même système multilatéral connaît un véritable choc. Alors d'une part, quel a été le moment le plus marquant de vos années en tant que représentant permanent à Genève ? Et d'autre part, comment est-ce que vous voyez le rôle de la Genève internationale à l'aube des récents événements de cette tentative de remettre en cause le système ?

  • Speaker #1

    Je crois que vous les avez cités. Les deux moments importants, les deux moments marquants, ça a été d'abord le 24 février. 2022, quand on a appris l'invasion de l'Ukraine par la Russie et qu'a commencé cette guerre d'un autre âge, par laquelle un pays en envahissait un autre et prétendait mettre cet autre pays sous sa coupe. Pourquoi est-ce le moment marquant ? Parce que c'est en contradiction totale avec le principe même de la Charte des Nations Unies, avec ce qui fonde la création du multilatéralisme onusien, c'est-à-dire les guerres d'agression. ne doivent plus avoir droit de citer dans la société internationale. Le second moment marquant, ça a été le 7 octobre 2023, quand des terroristes du Hamas et d'autres groupes du djihad islamiste ont attaqué des Israéliens de façon absolument sauvage et ont perpétré des attentats d'une violence extrême. Et il s'en est suivi, vous le disiez, des opérations militaires qui ont dévasté Gaza. et qui ont plongé les Palestiniens de Gaza dans une souffrance immense. Et là aussi, on est en contradiction avec tout ce que les conventions de Genève, qui sont le fondement du droit international humanitaire, disent, c'est-à-dire la protection des civils. c'est-à-dire le respect des installations civiles pendant les conflits armés. Et naturellement, avoir ces deux atteintes majeures, quasiment à ce qui fait l'essence même du multilatéralisme, c'était extrêmement marquant pour nous à Genève, mais aussi pour les collègues à New York ou les collègues dans d'autres instances multilatérales. Parce que qu'est-ce que c'est le cœur de la construction multilatérale ? C'est l'idée que la force... est empéré par le droit. L'usage de la force est régulé par le droit. Oui, il y a un droit de légitime défense lorsque vous êtes attaqué. Mais ce droit ne vous donne pas le droit d'agresser les autres, d'une part, et d'autre part, il doit s'exercer dans le respect de ce qu'on appelle les lois de la guerre. Et bien entendu, il en découle toute une série de conséquences. Si on veut que cette... société internationale se fonde sur le droit, il faut aussi qu'elle soit fondée sur un certain nombre d'autres principes qui en découlent. Un principe de coopération, un principe de solidarité, un principe de dialogue, un principe de recherche du compromis. Et toute la construction de Genevoise, avec ses agences spécialisées sur la santé, sur les droits de l'homme, sur le travail, sur le commerce, c'est la construction d'un état de droit international par lequel les rapports entre les grandes nations, entre les États, grands ou petits, sont fondés sur un principe d'égalité entre tous, une sorte de démocratie multilatérale, et de travail sur la base de la recherche du compromis. Et bien entendu, face aux deux tragédies dont je vous parlais ici, notre devoir était, pour nous, représentations permanentes de la France, d'appliquer cette réaction de notre président de la République, de nos ministres, de notre gouvernement, qui était... de dénoncer l'invasion de l'Ukraine par la Russie, de dénoncer les attaques terroristes, mais aussi de dire, lorsque le droit international humanitaire était violé par les troupes israéliennes à Gaza, et de construire dans le cadre institutionnel genevois des réponses appropriées pour apporter une assistance aux victimes et que le système se mobilise au service des efforts qui pouvaient être faits vers la paix.

  • Speaker #0

    On dit souvent que Genève est la cuisine des Nations Unies et New York le restaurant. Vous qui y avez œuvré, que pensez-vous de cette image ? Quel est votre sentiment sur le travail du multilatéralisme opérationnel qui se fait ici à Genève ?

  • Speaker #1

    L'image m'a toujours laissé profondément perplexe, parce que je n'ai jamais compris ce que c'était que cette cuisine et je n'ai jamais compris ce qu'est ce restaurant. Il me semble qu'il y a deux lieux, et d'ailleurs il y en a d'autres, parce qu'il y a Rome, il y a Nairobi, il y a Londres, il y a Paris, il y a d'autres lieux du multilatéralisme. En fait, cette Genève internationale, elle a quatre piliers. Elle a un premier pilier qui est un pilier politique. C'est là où l'on parle de droit de l'homme et où l'on parle de droit international humanitaire. C'est là qu'avec le Conseil des droits de l'homme, avec le Haut commissariat aux droits de l'homme, avec le CICR, on essaye d'imposer dans la société internationale l'idée que le respect de chaque individu doit être le principe de toute politique. Et l'idée que les États sont souverains, bien entendu, les nations choisissent leur mode de développement, choisissent leur modèle politique, mais dans le respect d'un certain nombre de fondamentaux par lesquels chacun, femmes et hommes, dans la diversité des croyances, des opinions, des origines, etc., a les mêmes droits fondamentaux. Deuxième pilier, c'est le pilier économique et environnemental. Là, on a l'OMC, on a la CNUSED, on a l'ensemble des organes de traités environnementaux, on a l'Organisation météorologique mondiale. Là, il s'agit de réguler ces grands phénomènes économiques ou écologiques par lesquels les échanges s'imposent entre les nations. Ensuite, on a un pilier social qui est extrêmement important. Vous vous souvenez qu'en 1919, quand on a créé la Société des Nations, Après la Première Guerre mondiale, on a créé en même temps à l'initiative d'Albert Thomas, un Français, l'Organisation internationale du travail, avec l'idée qu'il ne saurait y avoir de paix durable sans justice sociale. Et à côté de l'OIT, il y a maintenant l'Organisation mondiale de la santé et tout le dispositif de santé mondial que l'on a redécouvert au moment de la pandémie du Covid, dont vous disiez un mot tout à l'heure. Et puis, il y a également le pilier migration avec l'Organisation internationale des migrations. Piliers social de la Genève internationale. Qu'est-ce qu'on y fait ? On y fait des normes. des standards, comme on dit, des règles, et puis on y fait des actions de solidarité, vaccination, accès aux médicaments à moindre coût pour les plus vulnérables, etc. Et dernier pilier, c'est le pilier scientifique et technologique, qui est très important. Ici à Genève, il y a le CERN. Le CERN, c'est le lieu d'excellence mondiale en recherche de la physique des particules, c'est-à-dire les secrets de la matière. Mais on a aussi... Une organisation comme l'OMPI, l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, qui elle, est chargée de breveter les innovations et donc d'encourager et de protéger ceux qui innovent dans le monde commercial, dans le monde économique, pour que cette protection incite à l'innovation dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord. Et puis il y a d'autres choses qui sont faites ici, sur l'intelligence artificielle par exemple. Vous avez toute une série d'organisations internationales qui s'occupent de cela. Et donc vous voyez, cette Genève internationale, elle est à la fois très politique et très opérationnelle, avec un mélange d'organisations normatives et d'organisations au plus proche du terrain, comme par exemple le Haut-Commissariat aux réfugiés, dans les camps où il apporte l'aide et la protection aux réfugiés. Et ce mélange-là donne à la Genève internationale un caractère très concret et en même temps de principe.

  • Speaker #0

    Alors le multilatéralisme est aujourd'hui confronté à une crise profonde entre polarisation croissante, on peut le voir notamment dans le vote des résolutions dans certaines organisations, des difficultés financières et une remise en cause de l'universalité des institutions. Comment est-ce que vous analysez ces tendances ?

  • Speaker #1

    Vous savez, la France, quand elle parle du multilatéralisme, quand le président de la République évoque le multilatéralisme, il a toujours à l'idée qu'il faut que ce soit des choses qui apportent aux plus vulnérables. qui apporte aux États, et donc des choses très concrètes. Bien entendu, nous sommes très attachés au principe, et nous pensons que l'universalité est le fondement même de la démarche multilatérale et de la démarche onusienne. Mais s'arrêter au principe seul, si cela ne vous conduit pas à agir, c'est un peu court. Et donc pour la France, le multilatéralisme, je ne vois, doit être un multilatéralisme qui va déboucher sur des programmes d'action. Et bien entendu, on a à Genève, et vous parliez des polarisations à juste raison, on a à Genève des gens qui sont plus attachés au principe de souveraineté, d'autres qui sont plus attachés au principe de respect des lois générales. On a des gens qui estiment que le Nord en a trop et que le Sud n'en a pas assez. On a des gens qui estiment que le Nord bloque un certain nombre d'institutions politiques et devrait les ouvrir. et d'autres qui considèrent que certains pays du Sud devraient aller davantage vers le multilatéralisme et le partage. Ces débats-là sont extrêmement importants. La France y participe avec les principes dont je vous parlais. Mais cet arbre, qui est important encore une fois, ne doit pas faire cacher la forêt des buts opérationnels précis que la Genève internationale doit poursuivre. de la protection aux réfugiés. Apporter la vaccination aux plus reculés des villages qui en ont besoin. Apporter des traitements contre la tuberculose, le paludisme, le sida à des populations vulnérables qui n'auraient pas les moyens de se les offrir sans l'aide internationale. Apporter l'égalité dans le traitement commercial de façon... à ce que les pays moins solides économiquement ne risquent pas de se voir dans une situation de faiblesse par rapport aux pays ou aux entreprises plus riches, etc. Et ce qui m'a toujours donné espoir et ce qui m'a toujours convaincu que la chose valait la peine d'être jouée, c'est que pendant ces années genevoises, j'ai pu constater que les progrès étaient possibles. Un certain nombre de conventions ont été adoptées dans le domaine de la propriété intellectuelle pour protéger des communautés vulnérables, tout en permettant à la propriété intellectuelle de se déployer comme elle le doit. Un traité sur les pandémies est en cours de négociation, c'est encore incertain, mais l'année dernière on a pu adopter une amélioration très significative. de ce qu'on appelle le règlement sanitaire international, qui est une façon de coopérer pour mieux être protégé face aux pandémies. Donc oui, il y a polarisation, mais en même temps... Il y a ce qui est très important pour nous, c'est-à-dire le maintien de la capacité du système à donner de la protection aux plus vulnérables. Alors, il y a eu un choc supplémentaire qui s'est produit le 21 janvier, ce sont les annonces américaines. Elles ont trois dimensions telles qu'elles se présentent actuellement. Elles ont une dimension de rejet d'un certain nombre de règles et de principes. par exemple en imposant des tarifs unilatéraux au détriment des règles de l'OMC. Elles ont une deuxième dimension, qui est une dimension idéologique, par exemple en disant que toute politique fondée sur la notion de respect des genres ou de protection des populations vulnérables doit être bannie. Et puis elle a un aspect financier, avec le gel. La réévaluation et probablement l'annulation d'une grande partie des financements que les États-Unis apportaient au système multilatéral par leur contribution au Haut Commissariat aux Réfugiés, à l'Organisation mondiale de la santé, à l'Organisation mondiale des migrations, etc. Et il est extrêmement important de se rendre compte que cet ensemble de décisions ébranle ce qui fait l'essence du système, c'est-à-dire... La règle de droit, c'est-à-dire l'universalité des grandes valeurs, c'est-à-dire le principe de solidarité. Donc oui, le système multilatéral actuellement est secoué par ce qui s'est passé, qui aggrave les polarisations préexistantes.

  • Speaker #0

    Pour remondir là-dessus, justement, dans votre livre « Diplomates, pour quoi faire ? » , vous concluez avec cette formule immuable et changeante de diplomatie. Face à ces tensions, aux défis auxquels nous nous fassons aujourd'hui, est-ce qu'il ne faudrait pas rentrer dans une phase changeante ? Du système onusien.

  • Speaker #1

    Alors d'abord, il faut rendre à César ce qui est à César. Cette formule, elle appartient à Raymond Aron, et il l'avait utilisée pour décrire le mélange de continuité et de changement dans le passage de la IVe à la Vème République. Je le précise parce qu'effectivement, il faut toujours garder à l'esprit ce qui doit rester au cœur de Ausha, et ce qui doit évoluer parce que le monde change. Ce qui doit rester, c'est les très grands principes. Ce que je vous disais, universalité, solidarité, monde fondé sur les règles. Après, oui, bien entendu, les organisations doivent se transformer, les organisations doivent évoluer avec leur temps. L'arrivée de l'intelligence artificielle, le changement climatique, les financements qui viennent ou qui ne viennent pas, l'évolution des pays dans la hiérarchie économique mondiale. Tout ceci doit évoluer, tout ceci doit changer. Et nous devons, collectivement, les États avec les agences, les agences entre elles, avoir des agendas de transformation qui permettent de s'ajuster aux réalités telles qu'elles évoluent. Mais là, il faut bien distinguer deux choses. Il faut distinguer entre des coupes budgétaires qu'impose le fait qu'il y a moins d'argent et la nécessité d'une réforme pour mieux travailler ensemble, pour... aller au plus près des populations qui en ont besoin pour éliminer les dépenses inutiles. Et l'un ne va pas sans l'autre malheureusement en ce moment, mais il ne faut pas que la nécessité malheureuse de donner moins à ceux qui en ont le plus besoin aboutisse à une fragilisation irrémédiable d'un certain nombre d'éléments du système. Et c'est pourquoi la France, le président de la République l'a dit à plusieurs reprises, Le ministre s'est exprimé là-dessus. La France sera aux côtés des organisations internationales pour une réforme raisonnée et pour que le système qui doit être réformé le soit dans le respect de ses principes essentiels.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait vous souhaiter pour votre poste à New York ?

  • Speaker #1

    Écoutez, que la paix progresse tout simplement. Tout simplement parce qu'encore une fois, cet idéal des Nations unies, il a été réalisé. après les deux guerres mondiales. Et il a été porté par les Européens et les Américains, mais aussi les autres pays fondateurs, après une expérience absolument tragique de dévastation de continents entiers par la guerre. Et cette expérience du caractère fondamentalement destructeur de toute guerre est une expérience que nous aimerions épargner au monde de demain, aux générations futures. Et donc ce qu'il faut souhaiter, c'est qu'effectivement, nous puissions aller vers des choses plus raisonnables, des choses plus inspirées par l'idée de progrès humain qu'inspirées par l'idée de puissance.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, merci pour cet échange très intéressant, très riche, mais surtout très pointu sur la Genève internationale. presque plus globalement le multilatéralisme aujourd'hui. Je vous souhaite que la paix progresse, évidemment, mais surtout bonne chance pour votre prise de fonction à New York, qui va commencer très vite avec la présidence française du Conseil de sécurité en avril. Et là, je parle à nos auditeurs, mais pour suivre l'actualité de Jérôme Bonafont et de la mission française auprès des Nations Unies à New York, vous pouvez suivre leurs réseaux sociaux at FranceONU. En attendant notre prochain épisode le mois prochain, retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et les principales plateformes pour écouter ou réécouter les épisodes non diplomatiques. Le podcast de la Mission de la France à l'ONU Genève.

Description

🎙 Ondes diplomatiques – Jérôme Bonnafont, 4 ans à Genève

Après près de quatre ans à la tête de la Mission permanente de la France auprès des Nations unies à Genève, l'Ambassadeur Jérôme Bonnafont quitte Genève pour devenir Représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York.

Dans cet épisode, il revient sur les moments marquants de son mandat à Genève, entre crises et défis du multilatéralisme. Quel regard porte-t-il sur la Genève internationale ? Comment cette expérience influencera-t-elle son action au Conseil de sécurité ?

Un entretien exclusif pour comprendre les enjeux de la diplomatie multilatérale dans un monde en pleine mutation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Vous écoutez On Diplomatique, le podcast de France ONU Genève. Après presque 4 ans à la tête de la mission permanente de la France auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, l'ambassadeur Jérôme Bonafon s'apprête à prendre ses nouvelles fonctions à New York, en tant que représentant permanent de la France auprès des Nations Unies. Son mandat à Genève s'est déroulé dans un contexte international marqué par des crises majeures. La pandémie de Covid-19, la guerre d'agression russe contre l'Ukraine, les attentats du 7 octobre et l'escalade de violence au Proche-Orient et la crise humanitaire sans précédent à Gaza qui s'en sont suivies. Dans un multilatéralisme en crise, entre tensions géopolitiques croissantes et défis structurels, comment la France s'est positionnée au sein de la Genève internationale ? Avant de tourner cette page, l'heure est au bilan. Quels ont été les moments forts de ce mandat ? Mais aussi comment cette expérience genevoise va-t-elle influencer son approche dans son nouveau rôle à New York ? Pour répondre à ces questions, qui d'autre que Jérôme Bonafon pour nous répondre ? Jérôme Bonafon, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Pendant ces quatre années, vous avez quand même suivi de près les grands dossiers genevois, donc l'humanitaire, la santé, les droits de l'homme. En quoi cette expérience influencera-t-elle votre approche en tant que représentant permanent à New York ?

  • Speaker #1

    Je crois que ce que ça apporte, c'est l'expérience d'un multilatéralisme très tourné vers les populations, très tourné vers l'égalité des femmes et des hommes, très tourné vers la protection des vulnérables, et une diplomatie multilatérale qui, pour nous Français, est très inspirée par un certain nombre d'initiatives qu'a prises le président de la République pour mettre plus de cohérence. dans le système international. Je vous en citerai une, c'est ce qu'on appelle les 4 P, le pacte de Paris pour les peuples et la planète, qui est fondé sur l'idée selon laquelle il ne doit pas y avoir de contradictions ou d'empêchements mutuels entre la lutte contre le changement climatique et le développement économique. Et tout le travail qui est fait dans cette initiative 4 P, qui rassemble maintenant une soixantaine de grands pays à travers le monde, Tout le travail a été décliné et est en train d'être décliné à Genève, et l'expérience acquise à Genève me sera certainement très utile à New York pour continuer cette déclinaison-là. D'autre part, on voit bien à Genève que le résultat des conflits armés, ce sont des crises humanitaires terribles. Et l'expérience de ces crises sera certainement utile aux représentants permanents que je serai à New York, lorsqu'il s'agira, au Conseil de sécurité, d'étudier... les cas pays qui sont sur la table du Conseil, et de pouvoir savoir, se souvenir, connaître de première main, si j'ose dire, la réalité humaine derrière ces conflits, qui ne sont pas simplement des abstractions géopolitiques, mais qui sont des réalités dans lesquelles la vie des gens est en cause.

  • Speaker #0

    Vous avez travaillé presque quatre ans ici, à Genève, et votre expérience a été marquée par la pandémie de Covid-19, la guerre d'agression russe en Ukraine, les attentats du 7 octobre, la crise humanitaire à Gaza, nous en parlions en introduction. Une remise en cause aussi du système multilatéral par un certain nombre de pays. Et depuis quelques semaines, ce même système multilatéral connaît un véritable choc. Alors d'une part, quel a été le moment le plus marquant de vos années en tant que représentant permanent à Genève ? Et d'autre part, comment est-ce que vous voyez le rôle de la Genève internationale à l'aube des récents événements de cette tentative de remettre en cause le système ?

  • Speaker #1

    Je crois que vous les avez cités. Les deux moments importants, les deux moments marquants, ça a été d'abord le 24 février. 2022, quand on a appris l'invasion de l'Ukraine par la Russie et qu'a commencé cette guerre d'un autre âge, par laquelle un pays en envahissait un autre et prétendait mettre cet autre pays sous sa coupe. Pourquoi est-ce le moment marquant ? Parce que c'est en contradiction totale avec le principe même de la Charte des Nations Unies, avec ce qui fonde la création du multilatéralisme onusien, c'est-à-dire les guerres d'agression. ne doivent plus avoir droit de citer dans la société internationale. Le second moment marquant, ça a été le 7 octobre 2023, quand des terroristes du Hamas et d'autres groupes du djihad islamiste ont attaqué des Israéliens de façon absolument sauvage et ont perpétré des attentats d'une violence extrême. Et il s'en est suivi, vous le disiez, des opérations militaires qui ont dévasté Gaza. et qui ont plongé les Palestiniens de Gaza dans une souffrance immense. Et là aussi, on est en contradiction avec tout ce que les conventions de Genève, qui sont le fondement du droit international humanitaire, disent, c'est-à-dire la protection des civils. c'est-à-dire le respect des installations civiles pendant les conflits armés. Et naturellement, avoir ces deux atteintes majeures, quasiment à ce qui fait l'essence même du multilatéralisme, c'était extrêmement marquant pour nous à Genève, mais aussi pour les collègues à New York ou les collègues dans d'autres instances multilatérales. Parce que qu'est-ce que c'est le cœur de la construction multilatérale ? C'est l'idée que la force... est empéré par le droit. L'usage de la force est régulé par le droit. Oui, il y a un droit de légitime défense lorsque vous êtes attaqué. Mais ce droit ne vous donne pas le droit d'agresser les autres, d'une part, et d'autre part, il doit s'exercer dans le respect de ce qu'on appelle les lois de la guerre. Et bien entendu, il en découle toute une série de conséquences. Si on veut que cette... société internationale se fonde sur le droit, il faut aussi qu'elle soit fondée sur un certain nombre d'autres principes qui en découlent. Un principe de coopération, un principe de solidarité, un principe de dialogue, un principe de recherche du compromis. Et toute la construction de Genevoise, avec ses agences spécialisées sur la santé, sur les droits de l'homme, sur le travail, sur le commerce, c'est la construction d'un état de droit international par lequel les rapports entre les grandes nations, entre les États, grands ou petits, sont fondés sur un principe d'égalité entre tous, une sorte de démocratie multilatérale, et de travail sur la base de la recherche du compromis. Et bien entendu, face aux deux tragédies dont je vous parlais ici, notre devoir était, pour nous, représentations permanentes de la France, d'appliquer cette réaction de notre président de la République, de nos ministres, de notre gouvernement, qui était... de dénoncer l'invasion de l'Ukraine par la Russie, de dénoncer les attaques terroristes, mais aussi de dire, lorsque le droit international humanitaire était violé par les troupes israéliennes à Gaza, et de construire dans le cadre institutionnel genevois des réponses appropriées pour apporter une assistance aux victimes et que le système se mobilise au service des efforts qui pouvaient être faits vers la paix.

  • Speaker #0

    On dit souvent que Genève est la cuisine des Nations Unies et New York le restaurant. Vous qui y avez œuvré, que pensez-vous de cette image ? Quel est votre sentiment sur le travail du multilatéralisme opérationnel qui se fait ici à Genève ?

  • Speaker #1

    L'image m'a toujours laissé profondément perplexe, parce que je n'ai jamais compris ce que c'était que cette cuisine et je n'ai jamais compris ce qu'est ce restaurant. Il me semble qu'il y a deux lieux, et d'ailleurs il y en a d'autres, parce qu'il y a Rome, il y a Nairobi, il y a Londres, il y a Paris, il y a d'autres lieux du multilatéralisme. En fait, cette Genève internationale, elle a quatre piliers. Elle a un premier pilier qui est un pilier politique. C'est là où l'on parle de droit de l'homme et où l'on parle de droit international humanitaire. C'est là qu'avec le Conseil des droits de l'homme, avec le Haut commissariat aux droits de l'homme, avec le CICR, on essaye d'imposer dans la société internationale l'idée que le respect de chaque individu doit être le principe de toute politique. Et l'idée que les États sont souverains, bien entendu, les nations choisissent leur mode de développement, choisissent leur modèle politique, mais dans le respect d'un certain nombre de fondamentaux par lesquels chacun, femmes et hommes, dans la diversité des croyances, des opinions, des origines, etc., a les mêmes droits fondamentaux. Deuxième pilier, c'est le pilier économique et environnemental. Là, on a l'OMC, on a la CNUSED, on a l'ensemble des organes de traités environnementaux, on a l'Organisation météorologique mondiale. Là, il s'agit de réguler ces grands phénomènes économiques ou écologiques par lesquels les échanges s'imposent entre les nations. Ensuite, on a un pilier social qui est extrêmement important. Vous vous souvenez qu'en 1919, quand on a créé la Société des Nations, Après la Première Guerre mondiale, on a créé en même temps à l'initiative d'Albert Thomas, un Français, l'Organisation internationale du travail, avec l'idée qu'il ne saurait y avoir de paix durable sans justice sociale. Et à côté de l'OIT, il y a maintenant l'Organisation mondiale de la santé et tout le dispositif de santé mondial que l'on a redécouvert au moment de la pandémie du Covid, dont vous disiez un mot tout à l'heure. Et puis, il y a également le pilier migration avec l'Organisation internationale des migrations. Piliers social de la Genève internationale. Qu'est-ce qu'on y fait ? On y fait des normes. des standards, comme on dit, des règles, et puis on y fait des actions de solidarité, vaccination, accès aux médicaments à moindre coût pour les plus vulnérables, etc. Et dernier pilier, c'est le pilier scientifique et technologique, qui est très important. Ici à Genève, il y a le CERN. Le CERN, c'est le lieu d'excellence mondiale en recherche de la physique des particules, c'est-à-dire les secrets de la matière. Mais on a aussi... Une organisation comme l'OMPI, l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, qui elle, est chargée de breveter les innovations et donc d'encourager et de protéger ceux qui innovent dans le monde commercial, dans le monde économique, pour que cette protection incite à l'innovation dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord. Et puis il y a d'autres choses qui sont faites ici, sur l'intelligence artificielle par exemple. Vous avez toute une série d'organisations internationales qui s'occupent de cela. Et donc vous voyez, cette Genève internationale, elle est à la fois très politique et très opérationnelle, avec un mélange d'organisations normatives et d'organisations au plus proche du terrain, comme par exemple le Haut-Commissariat aux réfugiés, dans les camps où il apporte l'aide et la protection aux réfugiés. Et ce mélange-là donne à la Genève internationale un caractère très concret et en même temps de principe.

  • Speaker #0

    Alors le multilatéralisme est aujourd'hui confronté à une crise profonde entre polarisation croissante, on peut le voir notamment dans le vote des résolutions dans certaines organisations, des difficultés financières et une remise en cause de l'universalité des institutions. Comment est-ce que vous analysez ces tendances ?

  • Speaker #1

    Vous savez, la France, quand elle parle du multilatéralisme, quand le président de la République évoque le multilatéralisme, il a toujours à l'idée qu'il faut que ce soit des choses qui apportent aux plus vulnérables. qui apporte aux États, et donc des choses très concrètes. Bien entendu, nous sommes très attachés au principe, et nous pensons que l'universalité est le fondement même de la démarche multilatérale et de la démarche onusienne. Mais s'arrêter au principe seul, si cela ne vous conduit pas à agir, c'est un peu court. Et donc pour la France, le multilatéralisme, je ne vois, doit être un multilatéralisme qui va déboucher sur des programmes d'action. Et bien entendu, on a à Genève, et vous parliez des polarisations à juste raison, on a à Genève des gens qui sont plus attachés au principe de souveraineté, d'autres qui sont plus attachés au principe de respect des lois générales. On a des gens qui estiment que le Nord en a trop et que le Sud n'en a pas assez. On a des gens qui estiment que le Nord bloque un certain nombre d'institutions politiques et devrait les ouvrir. et d'autres qui considèrent que certains pays du Sud devraient aller davantage vers le multilatéralisme et le partage. Ces débats-là sont extrêmement importants. La France y participe avec les principes dont je vous parlais. Mais cet arbre, qui est important encore une fois, ne doit pas faire cacher la forêt des buts opérationnels précis que la Genève internationale doit poursuivre. de la protection aux réfugiés. Apporter la vaccination aux plus reculés des villages qui en ont besoin. Apporter des traitements contre la tuberculose, le paludisme, le sida à des populations vulnérables qui n'auraient pas les moyens de se les offrir sans l'aide internationale. Apporter l'égalité dans le traitement commercial de façon... à ce que les pays moins solides économiquement ne risquent pas de se voir dans une situation de faiblesse par rapport aux pays ou aux entreprises plus riches, etc. Et ce qui m'a toujours donné espoir et ce qui m'a toujours convaincu que la chose valait la peine d'être jouée, c'est que pendant ces années genevoises, j'ai pu constater que les progrès étaient possibles. Un certain nombre de conventions ont été adoptées dans le domaine de la propriété intellectuelle pour protéger des communautés vulnérables, tout en permettant à la propriété intellectuelle de se déployer comme elle le doit. Un traité sur les pandémies est en cours de négociation, c'est encore incertain, mais l'année dernière on a pu adopter une amélioration très significative. de ce qu'on appelle le règlement sanitaire international, qui est une façon de coopérer pour mieux être protégé face aux pandémies. Donc oui, il y a polarisation, mais en même temps... Il y a ce qui est très important pour nous, c'est-à-dire le maintien de la capacité du système à donner de la protection aux plus vulnérables. Alors, il y a eu un choc supplémentaire qui s'est produit le 21 janvier, ce sont les annonces américaines. Elles ont trois dimensions telles qu'elles se présentent actuellement. Elles ont une dimension de rejet d'un certain nombre de règles et de principes. par exemple en imposant des tarifs unilatéraux au détriment des règles de l'OMC. Elles ont une deuxième dimension, qui est une dimension idéologique, par exemple en disant que toute politique fondée sur la notion de respect des genres ou de protection des populations vulnérables doit être bannie. Et puis elle a un aspect financier, avec le gel. La réévaluation et probablement l'annulation d'une grande partie des financements que les États-Unis apportaient au système multilatéral par leur contribution au Haut Commissariat aux Réfugiés, à l'Organisation mondiale de la santé, à l'Organisation mondiale des migrations, etc. Et il est extrêmement important de se rendre compte que cet ensemble de décisions ébranle ce qui fait l'essence du système, c'est-à-dire... La règle de droit, c'est-à-dire l'universalité des grandes valeurs, c'est-à-dire le principe de solidarité. Donc oui, le système multilatéral actuellement est secoué par ce qui s'est passé, qui aggrave les polarisations préexistantes.

  • Speaker #0

    Pour remondir là-dessus, justement, dans votre livre « Diplomates, pour quoi faire ? » , vous concluez avec cette formule immuable et changeante de diplomatie. Face à ces tensions, aux défis auxquels nous nous fassons aujourd'hui, est-ce qu'il ne faudrait pas rentrer dans une phase changeante ? Du système onusien.

  • Speaker #1

    Alors d'abord, il faut rendre à César ce qui est à César. Cette formule, elle appartient à Raymond Aron, et il l'avait utilisée pour décrire le mélange de continuité et de changement dans le passage de la IVe à la Vème République. Je le précise parce qu'effectivement, il faut toujours garder à l'esprit ce qui doit rester au cœur de Ausha, et ce qui doit évoluer parce que le monde change. Ce qui doit rester, c'est les très grands principes. Ce que je vous disais, universalité, solidarité, monde fondé sur les règles. Après, oui, bien entendu, les organisations doivent se transformer, les organisations doivent évoluer avec leur temps. L'arrivée de l'intelligence artificielle, le changement climatique, les financements qui viennent ou qui ne viennent pas, l'évolution des pays dans la hiérarchie économique mondiale. Tout ceci doit évoluer, tout ceci doit changer. Et nous devons, collectivement, les États avec les agences, les agences entre elles, avoir des agendas de transformation qui permettent de s'ajuster aux réalités telles qu'elles évoluent. Mais là, il faut bien distinguer deux choses. Il faut distinguer entre des coupes budgétaires qu'impose le fait qu'il y a moins d'argent et la nécessité d'une réforme pour mieux travailler ensemble, pour... aller au plus près des populations qui en ont besoin pour éliminer les dépenses inutiles. Et l'un ne va pas sans l'autre malheureusement en ce moment, mais il ne faut pas que la nécessité malheureuse de donner moins à ceux qui en ont le plus besoin aboutisse à une fragilisation irrémédiable d'un certain nombre d'éléments du système. Et c'est pourquoi la France, le président de la République l'a dit à plusieurs reprises, Le ministre s'est exprimé là-dessus. La France sera aux côtés des organisations internationales pour une réforme raisonnée et pour que le système qui doit être réformé le soit dans le respect de ses principes essentiels.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait vous souhaiter pour votre poste à New York ?

  • Speaker #1

    Écoutez, que la paix progresse tout simplement. Tout simplement parce qu'encore une fois, cet idéal des Nations unies, il a été réalisé. après les deux guerres mondiales. Et il a été porté par les Européens et les Américains, mais aussi les autres pays fondateurs, après une expérience absolument tragique de dévastation de continents entiers par la guerre. Et cette expérience du caractère fondamentalement destructeur de toute guerre est une expérience que nous aimerions épargner au monde de demain, aux générations futures. Et donc ce qu'il faut souhaiter, c'est qu'effectivement, nous puissions aller vers des choses plus raisonnables, des choses plus inspirées par l'idée de progrès humain qu'inspirées par l'idée de puissance.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, merci pour cet échange très intéressant, très riche, mais surtout très pointu sur la Genève internationale. presque plus globalement le multilatéralisme aujourd'hui. Je vous souhaite que la paix progresse, évidemment, mais surtout bonne chance pour votre prise de fonction à New York, qui va commencer très vite avec la présidence française du Conseil de sécurité en avril. Et là, je parle à nos auditeurs, mais pour suivre l'actualité de Jérôme Bonafont et de la mission française auprès des Nations Unies à New York, vous pouvez suivre leurs réseaux sociaux at FranceONU. En attendant notre prochain épisode le mois prochain, retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et les principales plateformes pour écouter ou réécouter les épisodes non diplomatiques. Le podcast de la Mission de la France à l'ONU Genève.

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