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OUVERT AUX PUBLICS REÇOIT...

Vanessa Wagner, une pianiste libre

Vanessa Wagner, une pianiste libre

12min |28/04/2024
Play
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12min |28/04/2024
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Description

En résidence à la Scala Provence pour l'enregistrement de son nouvel opus Préludes, pièce écrite spécialement par Alex Nante, Vanessa Wagner répond à nos questions à quelques minutes de son entrée en scène. Interview.


C'est dans le hall de la Scala Provence que nous avons rencontré Vanessa Wagner, à quelques minutes de son entrée en scène.


Pour ce nouvel enregistrement sous le label Scala Provence, avec le soutien de la Sacem, l'une des plus grandes pianistes de notre temps nous fait découvrir le compositeur argentin Alex Nante.

C'est suite à une rencontre, où l'un et l'autre se confie sur leur admiration réciproque, qu'Alex Nante compose pour Vanessa. Dédicataire de Préludes, elle réalise son enregistrement aujourd'hui à Avignon.


Au service de la musique, la pianiste défriche les univers sonores sur lesquels elle s'aventure avec appétence. Cotoyant aussi bien les compositeurs classiques, que ceux de la musique contemporaine ou de l'éléctro, Vanessa Wagner sublime chacune des compositions jouées.


La sortie de résidence, propice à l'enregistrement en public de l'œuvre, a permis à l'auditoire de voir une œuvre se faire en direct. Ce moment singulier a permis de mettre en évidence toute la maîtrise et l'engagement de l'artiste face à Alex Nante, présent pour l'enregistrement. On imagine l'émotion du compositeur d'entendre sa propre composition s'enregistrer.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce soir, ouvert au public, est à la Scala Provence et face à nous se trouve l'une des plus grandes pianistes. De notre temps, c'est Vanessa Wagner et on est assez heureux de partager ce court moment parce que dans quelques petites minutes, Vanessa va regagner la salle et nous présenter sa sortie de résidence. Elle était à l'Ascala Provence pour l'enregistrement d'un nouvel opus qui était une monographie d'Alex Nantais. Bonjour Vanessa.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Donc, la première question, c'est, pouvez-vous nous présenter Alex Nantais, en fait, ce jeune compositeur argentin ?

  • Speaker #1

    Alors, effectivement, un compositeur que j'ai découvert il y a quelques années en écoutant sa musique pour orchestre. Je jouais beaucoup la musique de Harv Opart et je suis assez attirée par la musique très spirituelle, très émotionnelle. Et donc l'univers de Alex m'a tout de suite beaucoup plu. Et un jour, je savais qu'il passait à Paris, on s'est contactés et je lui ai dit Je suis très admirative de ta musique Et il m'a dit C'est fou parce que j'écoute énormément ton enregistrement, des études de Pascal Dussapin, etc. Donc on s'est rencontrés très simplement. Et il a eu envie d'écrire des pièces pour moi, des préludes, que j'ai créées il y a... pas tout à fait deux ans au Lille Piano Festival et ensuite j'en ai joué un à la Scala à Paris et la possibilité d'enregistrer sa musique a été prise, soutenue par un projet SACEM et donc voilà c'est comme ça qu'on en est arrivé à ce que je sois là aujourd'hui pour l'enregistrement de ces sept preludes qui me sont dédiées plus quatre petites pièces qui sont aussi... aussi en création qu'il a écrit très récemment, et puis deux cycles pour piano et chant.

  • Speaker #0

    Du coup, parce que j'ai pensé à tout votre travail, à toute votre discographie, et en fait, je me suis dit, Vanessa Wagner est vraiment une défricheuse. Vous défrichez, vous donnez à entendre les compositeurs, des nouveaux compositeurs, et vous avez aussi cette particularité, vous êtes aussi sur le label Infine. Et il y a aussi ce dialogue avec des compositeurs de musique électronique. Est-ce que le terme de défricheuse vous convient ? Ou est-ce que vous n'êtes pas trop à l'aise avec ça ?

  • Speaker #1

    Si, c'est un terme qui me convient, effectivement. En tout cas, je ne considère pas ma... La carrière telle que d'autres musiciens la pratiquent, c'est-à-dire jouer le grand répertoire et s'en tenir à quelques concertos. C'est évidemment un répertoire magnifique et je le joue moi aussi. Mais cette façon de faire son métier, un petit peu comme plein d'autres l'ont fait avant moi et plein d'autres le feront après et tous un peu pareil, moi je ne me retrouvais pas exactement, c'est vrai que j'ai toujours été très... curieuse de plein de musiques différentes depuis mon enfance, que je n'ai jamais caché mon appétence pour tout l'univers de la musique électronique. J'ai commencé à écouter de la musique contemporaine très tôt, à m'investir dans la création contemporaine. Je considère vraiment mon métier et la musique comme quelque chose de très ouvert et que l'idée de me spécialiser... J'ai des collègues qui ne jouent que les sonates de Beethoven. ou que de la musique romantique, de l'humus. Mais je ne suis pas du tout constituée comme ça. Et c'est vrai que depuis une dizaine d'années... le fait de prendre confiance, d'avoir une carrière qui marche bien, j'ai peut-être moins d'impératifs de prouver que si je fais ça, il se fait ça, et que j'ai plus de liberté intérieure pour avoir une carrière qui me ressemble tout simplement. Et je pense effectivement avoir, c'est important pour moi, de tenir ce rôle, oui, de faire découvrir des compositeurs ou des styles de musique qui ne sont pas forcément énormément joués en France. Il y a une dizaine d'années, j'ai commencé à jouer pas mal de musique minimaliste et aujourd'hui, j'en joue de plus en plus parce qu'on m'en demande beaucoup. Évidemment, Phineas Glass, John Adams, Meredith Monk, tous ces compositeurs qui étaient encore il y a quelques années très peu joués et presque pas inconnus du tout, mais connus d'une certaine catégorie de personnes, on va dire. Aujourd'hui, ça vient de plus en plus. Et oui, j'aime ça indéniablement. Donc oui, je défriche certains... Le milieu de la musique classique est assez... On le dit, oui, parfois un peu fermé, parfois un peu... Pour certaines catégories, pas rétrograde, mais enfin, des fois, on ne veut pas trop sortir de ce qu'on connaît déjà. D'ailleurs, ce n'est pas que le public de la musique classique, c'est malheureusement un travers qu'on... un peu tous et voilà moi j'ai trouvé vraiment mon équilibre et mon appétit quelque chose de magique et c'est vrai que côtoyer des compositeurs vivants c'est très émouvant pour un interprète d'être de créer une pièce, d'en être le dédicataire pas pour des questions d'ego mais parce que juste on a l'impression que le... Voilà, la musique se fait à ce moment-là, il y a quelque chose de... On avance sur un chemin qui n'a pas été emprunté déjà.

  • Speaker #0

    Et surtout... voir des œuvres d'auteurs contemporains créées pour soi, comment on reçoit justement ce cadeau ? En fait, c'est un véritable cadeau, du coup. Est-ce qu'on a peur de lire la musique ? Et on se dit, mon Dieu, mais est-ce qu'on se donne le droit peut-être de ne pas aimer non plus ? Comment on se situe ?

  • Speaker #1

    C'est un peu délicat. Ça ne m'est pas arrivé. Et c'est vrai que pour... Pour jouer de la musique, même si peut-être à la base, des fois, j'ai du mal avec l'apprentissage du neuf, je finis toujours par aimer les pièces que je joue. Toujours, toujours, toujours. Même si sur une vie de musicien, c'est ça aussi. Quand j'étais plus jeune, j'ai joué énormément la musique russe. Ensuite, j'ai eu toute une période où j'ai joué même sur piano forté, tous les Mozart et Eden Clementi. Je suis quelqu'un qui a besoin de... Je suis un vrai gémeau à 100 ans balance, donc imaginez, j'ai de multiples aspects dans ma personnalité et c'est vrai que la musique remplit beaucoup de ces aspects-là et on n'est pas la même à 50 ans, l'âge que j'ai aujourd'hui, qu'à 20 ans, on n'a pas les mêmes aspirations, même si je suis fondamentalement la même. Le langage musical remplit plein de cases, plein d'aspects. C'est ça qui est tellement magique avec la musique, c'est qu'à certains moments de sa vie, on a besoin de plutôt aller dans l'intériorité, après plutôt de la virtuosité. Et la musique est là pour remplir tous ces endroits-là, ce que je trouve quand même extrêmement beau. Et c'est sûr de se dire que sous prétexte que j'ai une formation de pianiste classique, je ne vais jouer que la musique écrite en telle et telle époque. Donc voilà, c'est... C'est vrai que j'ai toujours eu aussi peut-être un petit fond de militantisme en moi, d'avoir envie d'ouvrir des portes qui sont fermées. Et mes amis proches me disent que je suis une punk, mais il y a un petit peu de ça, il y a une envie de... de pousser, d'aller explorer. Donc quand vous parliez de mes collaborations avec la musique électronique, j'en fais aussi avec... Je travaille pas mal avec des danseurs, avec des comédiens pour des concerts lecture. Toute proposition qui soit artistiquement belle peut m'attirer.

  • Speaker #0

    Ça sera le mot de la fin. Un mot pour définir votre relation au piano. Quel serait-il ? Vous voyez, vous pouvez en avoir plusieurs, deux mots, si vous voulez.

  • Speaker #1

    Alors, je dirais passionnel et conflictuel. Voilà, et de plus en plus apaisée, parce que j'ai eu, en tout cas avec le métier, j'ai eu une relation parfois assez, oui, assez conflictuelle, je n'ai pas toujours aimé mon métier. Aujourd'hui, je pense avoir beaucoup plus de douceur par rapport, d'une part à moi-même, et par rapport au métier, au fait de monter sur scène. Et aujourd'hui, le piano est vraiment... un vecteur sans fin, sans limite d'un monde émotionnel que j'entretiens le plus possible. Et c'est vraiment un instrument extraordinaire parce qu'avec on peut chanter, on peut presque imiter la voix, l'aspect très liquide. Aujourd'hui je dirais que même si c'est évidemment une vie qui demande... Une sorte d'abnégation, de travail permanent, on n'a pas une vie qui ressemble aux autres, parce qu'on n'a pas beaucoup de moments où on peut se dire je coupe complètement, je suis en vacances, je suis tranquille. On a toujours en soi le devoir de travailler, de monter sur scène, une sorte d'exigence permanente, comme les sportifs ou les danseurs de haut niveau. mais je me suis quand même beaucoup réconciliée avec ça même si j'ai l'impression que ça m'a volé ma jeunesse la vie que j'ai aujourd'hui est tellement riche que voilà passionnelle,

  • Speaker #0

    conflictuelle je dirais ça va très bien merci beaucoup ouvert au public

  • Speaker #2

    ouvert au public ouvert au public ouvert au public ouvert au public ouvert au public ouvert au public ouvert au public

Description

En résidence à la Scala Provence pour l'enregistrement de son nouvel opus Préludes, pièce écrite spécialement par Alex Nante, Vanessa Wagner répond à nos questions à quelques minutes de son entrée en scène. Interview.


C'est dans le hall de la Scala Provence que nous avons rencontré Vanessa Wagner, à quelques minutes de son entrée en scène.


Pour ce nouvel enregistrement sous le label Scala Provence, avec le soutien de la Sacem, l'une des plus grandes pianistes de notre temps nous fait découvrir le compositeur argentin Alex Nante.

C'est suite à une rencontre, où l'un et l'autre se confie sur leur admiration réciproque, qu'Alex Nante compose pour Vanessa. Dédicataire de Préludes, elle réalise son enregistrement aujourd'hui à Avignon.


Au service de la musique, la pianiste défriche les univers sonores sur lesquels elle s'aventure avec appétence. Cotoyant aussi bien les compositeurs classiques, que ceux de la musique contemporaine ou de l'éléctro, Vanessa Wagner sublime chacune des compositions jouées.


La sortie de résidence, propice à l'enregistrement en public de l'œuvre, a permis à l'auditoire de voir une œuvre se faire en direct. Ce moment singulier a permis de mettre en évidence toute la maîtrise et l'engagement de l'artiste face à Alex Nante, présent pour l'enregistrement. On imagine l'émotion du compositeur d'entendre sa propre composition s'enregistrer.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce soir, ouvert au public, est à la Scala Provence et face à nous se trouve l'une des plus grandes pianistes. De notre temps, c'est Vanessa Wagner et on est assez heureux de partager ce court moment parce que dans quelques petites minutes, Vanessa va regagner la salle et nous présenter sa sortie de résidence. Elle était à l'Ascala Provence pour l'enregistrement d'un nouvel opus qui était une monographie d'Alex Nantais. Bonjour Vanessa.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Donc, la première question, c'est, pouvez-vous nous présenter Alex Nantais, en fait, ce jeune compositeur argentin ?

  • Speaker #1

    Alors, effectivement, un compositeur que j'ai découvert il y a quelques années en écoutant sa musique pour orchestre. Je jouais beaucoup la musique de Harv Opart et je suis assez attirée par la musique très spirituelle, très émotionnelle. Et donc l'univers de Alex m'a tout de suite beaucoup plu. Et un jour, je savais qu'il passait à Paris, on s'est contactés et je lui ai dit Je suis très admirative de ta musique Et il m'a dit C'est fou parce que j'écoute énormément ton enregistrement, des études de Pascal Dussapin, etc. Donc on s'est rencontrés très simplement. Et il a eu envie d'écrire des pièces pour moi, des préludes, que j'ai créées il y a... pas tout à fait deux ans au Lille Piano Festival et ensuite j'en ai joué un à la Scala à Paris et la possibilité d'enregistrer sa musique a été prise, soutenue par un projet SACEM et donc voilà c'est comme ça qu'on en est arrivé à ce que je sois là aujourd'hui pour l'enregistrement de ces sept preludes qui me sont dédiées plus quatre petites pièces qui sont aussi... aussi en création qu'il a écrit très récemment, et puis deux cycles pour piano et chant.

  • Speaker #0

    Du coup, parce que j'ai pensé à tout votre travail, à toute votre discographie, et en fait, je me suis dit, Vanessa Wagner est vraiment une défricheuse. Vous défrichez, vous donnez à entendre les compositeurs, des nouveaux compositeurs, et vous avez aussi cette particularité, vous êtes aussi sur le label Infine. Et il y a aussi ce dialogue avec des compositeurs de musique électronique. Est-ce que le terme de défricheuse vous convient ? Ou est-ce que vous n'êtes pas trop à l'aise avec ça ?

  • Speaker #1

    Si, c'est un terme qui me convient, effectivement. En tout cas, je ne considère pas ma... La carrière telle que d'autres musiciens la pratiquent, c'est-à-dire jouer le grand répertoire et s'en tenir à quelques concertos. C'est évidemment un répertoire magnifique et je le joue moi aussi. Mais cette façon de faire son métier, un petit peu comme plein d'autres l'ont fait avant moi et plein d'autres le feront après et tous un peu pareil, moi je ne me retrouvais pas exactement, c'est vrai que j'ai toujours été très... curieuse de plein de musiques différentes depuis mon enfance, que je n'ai jamais caché mon appétence pour tout l'univers de la musique électronique. J'ai commencé à écouter de la musique contemporaine très tôt, à m'investir dans la création contemporaine. Je considère vraiment mon métier et la musique comme quelque chose de très ouvert et que l'idée de me spécialiser... J'ai des collègues qui ne jouent que les sonates de Beethoven. ou que de la musique romantique, de l'humus. Mais je ne suis pas du tout constituée comme ça. Et c'est vrai que depuis une dizaine d'années... le fait de prendre confiance, d'avoir une carrière qui marche bien, j'ai peut-être moins d'impératifs de prouver que si je fais ça, il se fait ça, et que j'ai plus de liberté intérieure pour avoir une carrière qui me ressemble tout simplement. Et je pense effectivement avoir, c'est important pour moi, de tenir ce rôle, oui, de faire découvrir des compositeurs ou des styles de musique qui ne sont pas forcément énormément joués en France. Il y a une dizaine d'années, j'ai commencé à jouer pas mal de musique minimaliste et aujourd'hui, j'en joue de plus en plus parce qu'on m'en demande beaucoup. Évidemment, Phineas Glass, John Adams, Meredith Monk, tous ces compositeurs qui étaient encore il y a quelques années très peu joués et presque pas inconnus du tout, mais connus d'une certaine catégorie de personnes, on va dire. Aujourd'hui, ça vient de plus en plus. Et oui, j'aime ça indéniablement. Donc oui, je défriche certains... Le milieu de la musique classique est assez... On le dit, oui, parfois un peu fermé, parfois un peu... Pour certaines catégories, pas rétrograde, mais enfin, des fois, on ne veut pas trop sortir de ce qu'on connaît déjà. D'ailleurs, ce n'est pas que le public de la musique classique, c'est malheureusement un travers qu'on... un peu tous et voilà moi j'ai trouvé vraiment mon équilibre et mon appétit quelque chose de magique et c'est vrai que côtoyer des compositeurs vivants c'est très émouvant pour un interprète d'être de créer une pièce, d'en être le dédicataire pas pour des questions d'ego mais parce que juste on a l'impression que le... Voilà, la musique se fait à ce moment-là, il y a quelque chose de... On avance sur un chemin qui n'a pas été emprunté déjà.

  • Speaker #0

    Et surtout... voir des œuvres d'auteurs contemporains créées pour soi, comment on reçoit justement ce cadeau ? En fait, c'est un véritable cadeau, du coup. Est-ce qu'on a peur de lire la musique ? Et on se dit, mon Dieu, mais est-ce qu'on se donne le droit peut-être de ne pas aimer non plus ? Comment on se situe ?

  • Speaker #1

    C'est un peu délicat. Ça ne m'est pas arrivé. Et c'est vrai que pour... Pour jouer de la musique, même si peut-être à la base, des fois, j'ai du mal avec l'apprentissage du neuf, je finis toujours par aimer les pièces que je joue. Toujours, toujours, toujours. Même si sur une vie de musicien, c'est ça aussi. Quand j'étais plus jeune, j'ai joué énormément la musique russe. Ensuite, j'ai eu toute une période où j'ai joué même sur piano forté, tous les Mozart et Eden Clementi. Je suis quelqu'un qui a besoin de... Je suis un vrai gémeau à 100 ans balance, donc imaginez, j'ai de multiples aspects dans ma personnalité et c'est vrai que la musique remplit beaucoup de ces aspects-là et on n'est pas la même à 50 ans, l'âge que j'ai aujourd'hui, qu'à 20 ans, on n'a pas les mêmes aspirations, même si je suis fondamentalement la même. Le langage musical remplit plein de cases, plein d'aspects. C'est ça qui est tellement magique avec la musique, c'est qu'à certains moments de sa vie, on a besoin de plutôt aller dans l'intériorité, après plutôt de la virtuosité. Et la musique est là pour remplir tous ces endroits-là, ce que je trouve quand même extrêmement beau. Et c'est sûr de se dire que sous prétexte que j'ai une formation de pianiste classique, je ne vais jouer que la musique écrite en telle et telle époque. Donc voilà, c'est... C'est vrai que j'ai toujours eu aussi peut-être un petit fond de militantisme en moi, d'avoir envie d'ouvrir des portes qui sont fermées. Et mes amis proches me disent que je suis une punk, mais il y a un petit peu de ça, il y a une envie de... de pousser, d'aller explorer. Donc quand vous parliez de mes collaborations avec la musique électronique, j'en fais aussi avec... Je travaille pas mal avec des danseurs, avec des comédiens pour des concerts lecture. Toute proposition qui soit artistiquement belle peut m'attirer.

  • Speaker #0

    Ça sera le mot de la fin. Un mot pour définir votre relation au piano. Quel serait-il ? Vous voyez, vous pouvez en avoir plusieurs, deux mots, si vous voulez.

  • Speaker #1

    Alors, je dirais passionnel et conflictuel. Voilà, et de plus en plus apaisée, parce que j'ai eu, en tout cas avec le métier, j'ai eu une relation parfois assez, oui, assez conflictuelle, je n'ai pas toujours aimé mon métier. Aujourd'hui, je pense avoir beaucoup plus de douceur par rapport, d'une part à moi-même, et par rapport au métier, au fait de monter sur scène. Et aujourd'hui, le piano est vraiment... un vecteur sans fin, sans limite d'un monde émotionnel que j'entretiens le plus possible. Et c'est vraiment un instrument extraordinaire parce qu'avec on peut chanter, on peut presque imiter la voix, l'aspect très liquide. Aujourd'hui je dirais que même si c'est évidemment une vie qui demande... Une sorte d'abnégation, de travail permanent, on n'a pas une vie qui ressemble aux autres, parce qu'on n'a pas beaucoup de moments où on peut se dire je coupe complètement, je suis en vacances, je suis tranquille. On a toujours en soi le devoir de travailler, de monter sur scène, une sorte d'exigence permanente, comme les sportifs ou les danseurs de haut niveau. mais je me suis quand même beaucoup réconciliée avec ça même si j'ai l'impression que ça m'a volé ma jeunesse la vie que j'ai aujourd'hui est tellement riche que voilà passionnelle,

  • Speaker #0

    conflictuelle je dirais ça va très bien merci beaucoup ouvert au public

  • Speaker #2

    ouvert au public ouvert au public ouvert au public ouvert au public ouvert au public ouvert au public ouvert au public

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En résidence à la Scala Provence pour l'enregistrement de son nouvel opus Préludes, pièce écrite spécialement par Alex Nante, Vanessa Wagner répond à nos questions à quelques minutes de son entrée en scène. Interview.


C'est dans le hall de la Scala Provence que nous avons rencontré Vanessa Wagner, à quelques minutes de son entrée en scène.


Pour ce nouvel enregistrement sous le label Scala Provence, avec le soutien de la Sacem, l'une des plus grandes pianistes de notre temps nous fait découvrir le compositeur argentin Alex Nante.

C'est suite à une rencontre, où l'un et l'autre se confie sur leur admiration réciproque, qu'Alex Nante compose pour Vanessa. Dédicataire de Préludes, elle réalise son enregistrement aujourd'hui à Avignon.


Au service de la musique, la pianiste défriche les univers sonores sur lesquels elle s'aventure avec appétence. Cotoyant aussi bien les compositeurs classiques, que ceux de la musique contemporaine ou de l'éléctro, Vanessa Wagner sublime chacune des compositions jouées.


La sortie de résidence, propice à l'enregistrement en public de l'œuvre, a permis à l'auditoire de voir une œuvre se faire en direct. Ce moment singulier a permis de mettre en évidence toute la maîtrise et l'engagement de l'artiste face à Alex Nante, présent pour l'enregistrement. On imagine l'émotion du compositeur d'entendre sa propre composition s'enregistrer.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce soir, ouvert au public, est à la Scala Provence et face à nous se trouve l'une des plus grandes pianistes. De notre temps, c'est Vanessa Wagner et on est assez heureux de partager ce court moment parce que dans quelques petites minutes, Vanessa va regagner la salle et nous présenter sa sortie de résidence. Elle était à l'Ascala Provence pour l'enregistrement d'un nouvel opus qui était une monographie d'Alex Nantais. Bonjour Vanessa.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Donc, la première question, c'est, pouvez-vous nous présenter Alex Nantais, en fait, ce jeune compositeur argentin ?

  • Speaker #1

    Alors, effectivement, un compositeur que j'ai découvert il y a quelques années en écoutant sa musique pour orchestre. Je jouais beaucoup la musique de Harv Opart et je suis assez attirée par la musique très spirituelle, très émotionnelle. Et donc l'univers de Alex m'a tout de suite beaucoup plu. Et un jour, je savais qu'il passait à Paris, on s'est contactés et je lui ai dit Je suis très admirative de ta musique Et il m'a dit C'est fou parce que j'écoute énormément ton enregistrement, des études de Pascal Dussapin, etc. Donc on s'est rencontrés très simplement. Et il a eu envie d'écrire des pièces pour moi, des préludes, que j'ai créées il y a... pas tout à fait deux ans au Lille Piano Festival et ensuite j'en ai joué un à la Scala à Paris et la possibilité d'enregistrer sa musique a été prise, soutenue par un projet SACEM et donc voilà c'est comme ça qu'on en est arrivé à ce que je sois là aujourd'hui pour l'enregistrement de ces sept preludes qui me sont dédiées plus quatre petites pièces qui sont aussi... aussi en création qu'il a écrit très récemment, et puis deux cycles pour piano et chant.

  • Speaker #0

    Du coup, parce que j'ai pensé à tout votre travail, à toute votre discographie, et en fait, je me suis dit, Vanessa Wagner est vraiment une défricheuse. Vous défrichez, vous donnez à entendre les compositeurs, des nouveaux compositeurs, et vous avez aussi cette particularité, vous êtes aussi sur le label Infine. Et il y a aussi ce dialogue avec des compositeurs de musique électronique. Est-ce que le terme de défricheuse vous convient ? Ou est-ce que vous n'êtes pas trop à l'aise avec ça ?

  • Speaker #1

    Si, c'est un terme qui me convient, effectivement. En tout cas, je ne considère pas ma... La carrière telle que d'autres musiciens la pratiquent, c'est-à-dire jouer le grand répertoire et s'en tenir à quelques concertos. C'est évidemment un répertoire magnifique et je le joue moi aussi. Mais cette façon de faire son métier, un petit peu comme plein d'autres l'ont fait avant moi et plein d'autres le feront après et tous un peu pareil, moi je ne me retrouvais pas exactement, c'est vrai que j'ai toujours été très... curieuse de plein de musiques différentes depuis mon enfance, que je n'ai jamais caché mon appétence pour tout l'univers de la musique électronique. J'ai commencé à écouter de la musique contemporaine très tôt, à m'investir dans la création contemporaine. Je considère vraiment mon métier et la musique comme quelque chose de très ouvert et que l'idée de me spécialiser... J'ai des collègues qui ne jouent que les sonates de Beethoven. ou que de la musique romantique, de l'humus. Mais je ne suis pas du tout constituée comme ça. Et c'est vrai que depuis une dizaine d'années... le fait de prendre confiance, d'avoir une carrière qui marche bien, j'ai peut-être moins d'impératifs de prouver que si je fais ça, il se fait ça, et que j'ai plus de liberté intérieure pour avoir une carrière qui me ressemble tout simplement. Et je pense effectivement avoir, c'est important pour moi, de tenir ce rôle, oui, de faire découvrir des compositeurs ou des styles de musique qui ne sont pas forcément énormément joués en France. Il y a une dizaine d'années, j'ai commencé à jouer pas mal de musique minimaliste et aujourd'hui, j'en joue de plus en plus parce qu'on m'en demande beaucoup. Évidemment, Phineas Glass, John Adams, Meredith Monk, tous ces compositeurs qui étaient encore il y a quelques années très peu joués et presque pas inconnus du tout, mais connus d'une certaine catégorie de personnes, on va dire. Aujourd'hui, ça vient de plus en plus. Et oui, j'aime ça indéniablement. Donc oui, je défriche certains... Le milieu de la musique classique est assez... On le dit, oui, parfois un peu fermé, parfois un peu... Pour certaines catégories, pas rétrograde, mais enfin, des fois, on ne veut pas trop sortir de ce qu'on connaît déjà. D'ailleurs, ce n'est pas que le public de la musique classique, c'est malheureusement un travers qu'on... un peu tous et voilà moi j'ai trouvé vraiment mon équilibre et mon appétit quelque chose de magique et c'est vrai que côtoyer des compositeurs vivants c'est très émouvant pour un interprète d'être de créer une pièce, d'en être le dédicataire pas pour des questions d'ego mais parce que juste on a l'impression que le... Voilà, la musique se fait à ce moment-là, il y a quelque chose de... On avance sur un chemin qui n'a pas été emprunté déjà.

  • Speaker #0

    Et surtout... voir des œuvres d'auteurs contemporains créées pour soi, comment on reçoit justement ce cadeau ? En fait, c'est un véritable cadeau, du coup. Est-ce qu'on a peur de lire la musique ? Et on se dit, mon Dieu, mais est-ce qu'on se donne le droit peut-être de ne pas aimer non plus ? Comment on se situe ?

  • Speaker #1

    C'est un peu délicat. Ça ne m'est pas arrivé. Et c'est vrai que pour... Pour jouer de la musique, même si peut-être à la base, des fois, j'ai du mal avec l'apprentissage du neuf, je finis toujours par aimer les pièces que je joue. Toujours, toujours, toujours. Même si sur une vie de musicien, c'est ça aussi. Quand j'étais plus jeune, j'ai joué énormément la musique russe. Ensuite, j'ai eu toute une période où j'ai joué même sur piano forté, tous les Mozart et Eden Clementi. Je suis quelqu'un qui a besoin de... Je suis un vrai gémeau à 100 ans balance, donc imaginez, j'ai de multiples aspects dans ma personnalité et c'est vrai que la musique remplit beaucoup de ces aspects-là et on n'est pas la même à 50 ans, l'âge que j'ai aujourd'hui, qu'à 20 ans, on n'a pas les mêmes aspirations, même si je suis fondamentalement la même. Le langage musical remplit plein de cases, plein d'aspects. C'est ça qui est tellement magique avec la musique, c'est qu'à certains moments de sa vie, on a besoin de plutôt aller dans l'intériorité, après plutôt de la virtuosité. Et la musique est là pour remplir tous ces endroits-là, ce que je trouve quand même extrêmement beau. Et c'est sûr de se dire que sous prétexte que j'ai une formation de pianiste classique, je ne vais jouer que la musique écrite en telle et telle époque. Donc voilà, c'est... C'est vrai que j'ai toujours eu aussi peut-être un petit fond de militantisme en moi, d'avoir envie d'ouvrir des portes qui sont fermées. Et mes amis proches me disent que je suis une punk, mais il y a un petit peu de ça, il y a une envie de... de pousser, d'aller explorer. Donc quand vous parliez de mes collaborations avec la musique électronique, j'en fais aussi avec... Je travaille pas mal avec des danseurs, avec des comédiens pour des concerts lecture. Toute proposition qui soit artistiquement belle peut m'attirer.

  • Speaker #0

    Ça sera le mot de la fin. Un mot pour définir votre relation au piano. Quel serait-il ? Vous voyez, vous pouvez en avoir plusieurs, deux mots, si vous voulez.

  • Speaker #1

    Alors, je dirais passionnel et conflictuel. Voilà, et de plus en plus apaisée, parce que j'ai eu, en tout cas avec le métier, j'ai eu une relation parfois assez, oui, assez conflictuelle, je n'ai pas toujours aimé mon métier. Aujourd'hui, je pense avoir beaucoup plus de douceur par rapport, d'une part à moi-même, et par rapport au métier, au fait de monter sur scène. Et aujourd'hui, le piano est vraiment... un vecteur sans fin, sans limite d'un monde émotionnel que j'entretiens le plus possible. Et c'est vraiment un instrument extraordinaire parce qu'avec on peut chanter, on peut presque imiter la voix, l'aspect très liquide. Aujourd'hui je dirais que même si c'est évidemment une vie qui demande... Une sorte d'abnégation, de travail permanent, on n'a pas une vie qui ressemble aux autres, parce qu'on n'a pas beaucoup de moments où on peut se dire je coupe complètement, je suis en vacances, je suis tranquille. On a toujours en soi le devoir de travailler, de monter sur scène, une sorte d'exigence permanente, comme les sportifs ou les danseurs de haut niveau. mais je me suis quand même beaucoup réconciliée avec ça même si j'ai l'impression que ça m'a volé ma jeunesse la vie que j'ai aujourd'hui est tellement riche que voilà passionnelle,

  • Speaker #0

    conflictuelle je dirais ça va très bien merci beaucoup ouvert au public

  • Speaker #2

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Description

En résidence à la Scala Provence pour l'enregistrement de son nouvel opus Préludes, pièce écrite spécialement par Alex Nante, Vanessa Wagner répond à nos questions à quelques minutes de son entrée en scène. Interview.


C'est dans le hall de la Scala Provence que nous avons rencontré Vanessa Wagner, à quelques minutes de son entrée en scène.


Pour ce nouvel enregistrement sous le label Scala Provence, avec le soutien de la Sacem, l'une des plus grandes pianistes de notre temps nous fait découvrir le compositeur argentin Alex Nante.

C'est suite à une rencontre, où l'un et l'autre se confie sur leur admiration réciproque, qu'Alex Nante compose pour Vanessa. Dédicataire de Préludes, elle réalise son enregistrement aujourd'hui à Avignon.


Au service de la musique, la pianiste défriche les univers sonores sur lesquels elle s'aventure avec appétence. Cotoyant aussi bien les compositeurs classiques, que ceux de la musique contemporaine ou de l'éléctro, Vanessa Wagner sublime chacune des compositions jouées.


La sortie de résidence, propice à l'enregistrement en public de l'œuvre, a permis à l'auditoire de voir une œuvre se faire en direct. Ce moment singulier a permis de mettre en évidence toute la maîtrise et l'engagement de l'artiste face à Alex Nante, présent pour l'enregistrement. On imagine l'émotion du compositeur d'entendre sa propre composition s'enregistrer.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce soir, ouvert au public, est à la Scala Provence et face à nous se trouve l'une des plus grandes pianistes. De notre temps, c'est Vanessa Wagner et on est assez heureux de partager ce court moment parce que dans quelques petites minutes, Vanessa va regagner la salle et nous présenter sa sortie de résidence. Elle était à l'Ascala Provence pour l'enregistrement d'un nouvel opus qui était une monographie d'Alex Nantais. Bonjour Vanessa.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Donc, la première question, c'est, pouvez-vous nous présenter Alex Nantais, en fait, ce jeune compositeur argentin ?

  • Speaker #1

    Alors, effectivement, un compositeur que j'ai découvert il y a quelques années en écoutant sa musique pour orchestre. Je jouais beaucoup la musique de Harv Opart et je suis assez attirée par la musique très spirituelle, très émotionnelle. Et donc l'univers de Alex m'a tout de suite beaucoup plu. Et un jour, je savais qu'il passait à Paris, on s'est contactés et je lui ai dit Je suis très admirative de ta musique Et il m'a dit C'est fou parce que j'écoute énormément ton enregistrement, des études de Pascal Dussapin, etc. Donc on s'est rencontrés très simplement. Et il a eu envie d'écrire des pièces pour moi, des préludes, que j'ai créées il y a... pas tout à fait deux ans au Lille Piano Festival et ensuite j'en ai joué un à la Scala à Paris et la possibilité d'enregistrer sa musique a été prise, soutenue par un projet SACEM et donc voilà c'est comme ça qu'on en est arrivé à ce que je sois là aujourd'hui pour l'enregistrement de ces sept preludes qui me sont dédiées plus quatre petites pièces qui sont aussi... aussi en création qu'il a écrit très récemment, et puis deux cycles pour piano et chant.

  • Speaker #0

    Du coup, parce que j'ai pensé à tout votre travail, à toute votre discographie, et en fait, je me suis dit, Vanessa Wagner est vraiment une défricheuse. Vous défrichez, vous donnez à entendre les compositeurs, des nouveaux compositeurs, et vous avez aussi cette particularité, vous êtes aussi sur le label Infine. Et il y a aussi ce dialogue avec des compositeurs de musique électronique. Est-ce que le terme de défricheuse vous convient ? Ou est-ce que vous n'êtes pas trop à l'aise avec ça ?

  • Speaker #1

    Si, c'est un terme qui me convient, effectivement. En tout cas, je ne considère pas ma... La carrière telle que d'autres musiciens la pratiquent, c'est-à-dire jouer le grand répertoire et s'en tenir à quelques concertos. C'est évidemment un répertoire magnifique et je le joue moi aussi. Mais cette façon de faire son métier, un petit peu comme plein d'autres l'ont fait avant moi et plein d'autres le feront après et tous un peu pareil, moi je ne me retrouvais pas exactement, c'est vrai que j'ai toujours été très... curieuse de plein de musiques différentes depuis mon enfance, que je n'ai jamais caché mon appétence pour tout l'univers de la musique électronique. J'ai commencé à écouter de la musique contemporaine très tôt, à m'investir dans la création contemporaine. Je considère vraiment mon métier et la musique comme quelque chose de très ouvert et que l'idée de me spécialiser... J'ai des collègues qui ne jouent que les sonates de Beethoven. ou que de la musique romantique, de l'humus. Mais je ne suis pas du tout constituée comme ça. Et c'est vrai que depuis une dizaine d'années... le fait de prendre confiance, d'avoir une carrière qui marche bien, j'ai peut-être moins d'impératifs de prouver que si je fais ça, il se fait ça, et que j'ai plus de liberté intérieure pour avoir une carrière qui me ressemble tout simplement. Et je pense effectivement avoir, c'est important pour moi, de tenir ce rôle, oui, de faire découvrir des compositeurs ou des styles de musique qui ne sont pas forcément énormément joués en France. Il y a une dizaine d'années, j'ai commencé à jouer pas mal de musique minimaliste et aujourd'hui, j'en joue de plus en plus parce qu'on m'en demande beaucoup. Évidemment, Phineas Glass, John Adams, Meredith Monk, tous ces compositeurs qui étaient encore il y a quelques années très peu joués et presque pas inconnus du tout, mais connus d'une certaine catégorie de personnes, on va dire. Aujourd'hui, ça vient de plus en plus. Et oui, j'aime ça indéniablement. Donc oui, je défriche certains... Le milieu de la musique classique est assez... On le dit, oui, parfois un peu fermé, parfois un peu... Pour certaines catégories, pas rétrograde, mais enfin, des fois, on ne veut pas trop sortir de ce qu'on connaît déjà. D'ailleurs, ce n'est pas que le public de la musique classique, c'est malheureusement un travers qu'on... un peu tous et voilà moi j'ai trouvé vraiment mon équilibre et mon appétit quelque chose de magique et c'est vrai que côtoyer des compositeurs vivants c'est très émouvant pour un interprète d'être de créer une pièce, d'en être le dédicataire pas pour des questions d'ego mais parce que juste on a l'impression que le... Voilà, la musique se fait à ce moment-là, il y a quelque chose de... On avance sur un chemin qui n'a pas été emprunté déjà.

  • Speaker #0

    Et surtout... voir des œuvres d'auteurs contemporains créées pour soi, comment on reçoit justement ce cadeau ? En fait, c'est un véritable cadeau, du coup. Est-ce qu'on a peur de lire la musique ? Et on se dit, mon Dieu, mais est-ce qu'on se donne le droit peut-être de ne pas aimer non plus ? Comment on se situe ?

  • Speaker #1

    C'est un peu délicat. Ça ne m'est pas arrivé. Et c'est vrai que pour... Pour jouer de la musique, même si peut-être à la base, des fois, j'ai du mal avec l'apprentissage du neuf, je finis toujours par aimer les pièces que je joue. Toujours, toujours, toujours. Même si sur une vie de musicien, c'est ça aussi. Quand j'étais plus jeune, j'ai joué énormément la musique russe. Ensuite, j'ai eu toute une période où j'ai joué même sur piano forté, tous les Mozart et Eden Clementi. Je suis quelqu'un qui a besoin de... Je suis un vrai gémeau à 100 ans balance, donc imaginez, j'ai de multiples aspects dans ma personnalité et c'est vrai que la musique remplit beaucoup de ces aspects-là et on n'est pas la même à 50 ans, l'âge que j'ai aujourd'hui, qu'à 20 ans, on n'a pas les mêmes aspirations, même si je suis fondamentalement la même. Le langage musical remplit plein de cases, plein d'aspects. C'est ça qui est tellement magique avec la musique, c'est qu'à certains moments de sa vie, on a besoin de plutôt aller dans l'intériorité, après plutôt de la virtuosité. Et la musique est là pour remplir tous ces endroits-là, ce que je trouve quand même extrêmement beau. Et c'est sûr de se dire que sous prétexte que j'ai une formation de pianiste classique, je ne vais jouer que la musique écrite en telle et telle époque. Donc voilà, c'est... C'est vrai que j'ai toujours eu aussi peut-être un petit fond de militantisme en moi, d'avoir envie d'ouvrir des portes qui sont fermées. Et mes amis proches me disent que je suis une punk, mais il y a un petit peu de ça, il y a une envie de... de pousser, d'aller explorer. Donc quand vous parliez de mes collaborations avec la musique électronique, j'en fais aussi avec... Je travaille pas mal avec des danseurs, avec des comédiens pour des concerts lecture. Toute proposition qui soit artistiquement belle peut m'attirer.

  • Speaker #0

    Ça sera le mot de la fin. Un mot pour définir votre relation au piano. Quel serait-il ? Vous voyez, vous pouvez en avoir plusieurs, deux mots, si vous voulez.

  • Speaker #1

    Alors, je dirais passionnel et conflictuel. Voilà, et de plus en plus apaisée, parce que j'ai eu, en tout cas avec le métier, j'ai eu une relation parfois assez, oui, assez conflictuelle, je n'ai pas toujours aimé mon métier. Aujourd'hui, je pense avoir beaucoup plus de douceur par rapport, d'une part à moi-même, et par rapport au métier, au fait de monter sur scène. Et aujourd'hui, le piano est vraiment... un vecteur sans fin, sans limite d'un monde émotionnel que j'entretiens le plus possible. Et c'est vraiment un instrument extraordinaire parce qu'avec on peut chanter, on peut presque imiter la voix, l'aspect très liquide. Aujourd'hui je dirais que même si c'est évidemment une vie qui demande... Une sorte d'abnégation, de travail permanent, on n'a pas une vie qui ressemble aux autres, parce qu'on n'a pas beaucoup de moments où on peut se dire je coupe complètement, je suis en vacances, je suis tranquille. On a toujours en soi le devoir de travailler, de monter sur scène, une sorte d'exigence permanente, comme les sportifs ou les danseurs de haut niveau. mais je me suis quand même beaucoup réconciliée avec ça même si j'ai l'impression que ça m'a volé ma jeunesse la vie que j'ai aujourd'hui est tellement riche que voilà passionnelle,

  • Speaker #0

    conflictuelle je dirais ça va très bien merci beaucoup ouvert au public

  • Speaker #2

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