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PANORAMA

L'ère du disco

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58min |05/05/2025
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PANORAMA

L'ère du disco

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Description

Ce genre musical unique et étonnamment brillant a illuminé les pistes de danse dans les années 70 et a conquis une grande partie du globe. Aujourd'hui, l’héritage du disco est immense, aussi bien musicalement que culturellement et socialement. On le réduit souvent à ses paillettes et ses boules à facettes, mais derrière sont ambiance incontestablement festive, le disco porte les grandes luttes sociales de la fin des années 60 et des années 70. C’était une musique de fête, oui, mais une fête qui avait du sens. Danser, à cette époque, c’était aussi résister. Les clubs disco, c’était là où les femmes, les minorités, les personnes homosexuelles pouvaient enfin souffler un peu, danser, être elles-mêmes – à l’abri, au moins pour un temps, des discriminations du quotidien.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Panorama, une émission présentée par William Guillem et Lucie Guéron.

  • Speaker #1

    Chaque mois, on vous raconte une histoire de musique et aujourd'hui, on s'attaque à un genre musical que vous connaissez forcément, le disco. Ce genre musical unique et étonnamment brillant a illuminé les pistes de danse dans les années 70 et a conquis une grande partie du globe. Parce qu'en réalité, c'est plus qu'une boule à facettes et une piste de danse. Vous allez le comprendre, la musique disco, c'était en quelque sorte résister à l'ordre établi, aux normes rigides et à une société qui laissait peu de place à la différence.

  • Speaker #0

    Alors comment a-t-il été créé ? Quelle est son origine ? Et quel est son héritage ? Nous allons tout vous raconter. Enfiler un pantalon pas de def, une chemise pailletée, et faites la tournée cette boule à facettes.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans l'air du discours.

  • Speaker #2

    C'est... C'est... C'est...

  • Speaker #1

    Aux Etats-Unis, dans les années 70, les clubs de danse s'essoufflent. A cette époque, ce sont majoritairement les blancs hétérosexuels, le plus souvent en couple, qui dansent dans les nightclubs. Contrairement à ce qu'on connaît aujourd'hui, les musiques étaient directement jouées par des musiciens, venus les interpréter... en live.

  • Speaker #0

    Mais de l'autre côté de l'Atlantique, en France, un tout nouveau concept apparaît, la discothèque. Un club, une piste de danse, un bar et surtout un disque jockey, DJ, dans une cabine qui enchaîne les musiques les unes derrière les autres. On danse du début à la fin de la soirée. Et ce nouveau mode de consommation arrive jusqu'aux oreilles d'un jeune New Yorkais, David Mancuso. Lui,

  • Speaker #1

    il déteste les nightclubs mais il adore faire la fête, alors il décide d'organiser des soirées dans son propre appartement pour financer son loyer. C'est comme ça que naît le loft. David s'inspire des discothèques françaises en faisant appel à des DJ. Il utilise un matériel sonore de grande qualité et crée surtout un lieu ouvert à tous, sans distinction entre les hommes et les femmes, les noirs et les blancs, et les hétéros et les homosexuels.

  • Speaker #0

    Et c'est un succès. Le loft devient très vite un lieu réputé. On y écoute du funk, un peu de soul, de la musique de tout horizon. David Mancuso ne fait pas de différence. Il prône la mixité sociale dans une ville alors parcourue. parcouru par de fortes tensions raciales. Et c'est en dénichant deux nouveaux titres chez un disquaire qu'il tombe sur une pépite, la toute première musique du disco, Sol Macosa, un morceau camerounais de Manu Dibango.

  • Speaker #1

    Mais alors comment est-ce que ce disque est arrivé jusqu'aux mains de David Mancusto à New York aux Etats-Unis ?

  • Speaker #0

    Direction le Cameroun en 1972, où la 8e Coupe d'Afrique des Nations de football va bientôt avoir lieu. Manu Dibongo, lui, est chanteur et saxophoniste depuis quelques années.

  • Speaker #1

    Et quel rapport avec le football ?

  • Speaker #0

    Eh bien la demande du ministère des Sports camerounais, c'est Manu Dibongo qui écrit l'hymne de la compétition. Seulement, il manque un morceau pour compléter la phase B de son 45 tours. Il compose donc Sol Macossa, un titre inspiré du style Macossa, une musique typique du Cameroun. Pendant la Coupe d'Afrique, les vinyles sont distribués gratuitement aux supporters. Mais le Cameroun est battu en demi-finale et le disque sert de défouloir aux plus énervés qui n'hésitent pas à les casser. Manu Dibango ne reste pas sur cet échec et part s'enfermer en studio à Paris pour composer un album. Il y ajoute le fameux Sol Macosa et c'est plutôt un succès avec 50 000 ventes. Plus tard, des Afro-Américains de passage en France tomberont sur le morceau et le ramèneront en quelques exemplaires aux Etats-Unis.

  • Speaker #1

    A New York donc, David Mancuso transmet ce morceau à ses DJs et tous les samedis soirs au loft, quand la chanson passe, c'est l'euphorie. De bouche à oreille, les DJs new-yorkais s'arrachent le peu de vinyles rapportés d'Europe et commencent à les diffuser dans les célèbres nightclubs de la ville. Et vous vous souvenez quand je vous ai dit que les nightclubs new-yorkais étaient un peu has-been, un peu en perte de vitesse ? Eh bien, le loft de David change la donne. Les clubs ont changé leur fusil d'épaule, ils s'inspirent tous de la recette européenne et recrutent des DJs. La plupart sont des blancs italo-américains. Les clubs ne se contentent plus de faire jouer des musiciens en direct. Désormais, les DJ se chargent de diffuser les musiques et même de les enchaîner les unes à la suite des autres. Ils créent ce qu'on appelle aujourd'hui le mix.

  • Speaker #0

    La danse devient le cœur de la musique. Les remixes permettent aux danseurs de pratiquer leur art plus facilement grâce à des breaks. Un break, c'est en quelque sorte une boucle, un solo d'instruments, un pont où la voix s'efface pour laisser place à la rythmique. Et cela dure plusieurs minutes. Ça rajoute du dynamisme, une valeur à la musique et pour le DJ, un enchaînement plus fluide, moins brut avec le morceau suivant.

  • Speaker #1

    Pour réaliser ces manips en direct, les DJ achètent des platines vinyles et des tables de mixage. Ils vont pitcher des morceaux, donc les accélérer ou les ralentir, synchroniser les tempos entre deux titres pour un meilleur enchaînement. Ils vont devenir les maîtres de la musique et les chefs d'orchestre des nightclubs.

  • Speaker #0

    Avec ce changement de recette, les discothèques changent aussi de public. Désormais, ce sont des lieux ouverts à tous. les minorités gays Noirs et latinos s'emparent des lieux pour y prospérer l'amour et la liberté. Le disco met aussi à l'honneur les drag queens qui sont présentes dans pratiquement toutes les soirées disco de New York. Les personnes transgenres sont les bienvenues pour faire la fête.

  • Speaker #1

    Et pour danser dans ces lieux devenus un véritable havre de paix et de plaisir, il faut des musiques dites dansantes, exactement comme le sol macosa de D-Bango. En 1973, le disco va réellement trouver son rythme avec un batteur américain, Earl Young. Lui aussi est considéré comme l'un des pionniers du style. Plusieurs des morceaux dans lesquels il va jouer vont devenir simplement légendaires, comme le fameux The Love I Lost de Harold and the Blue Nuts. Le disco a enfin sa couleur.

  • Speaker #0

    Cette même année, un autre titre marque la naissance du disco. Ce sera d'ailleurs le dernier à être diffusé au loft, avant que David Mancuso ne se fasse expulser de son appartement. Il fait clairement entrer l'univers du disco dans une autre dimension. C'est Law of the Land, du groupe The Temptation. On pose enfin un nom sur ce type de morceau, le disco beats.

  • Speaker #1

    Je vous résume, le disco musicalement c'est un mélange de soul, de funk et de pop. C'est un rythme assez rapide, entre 100 et 130 battements par minute et souvent en deux temps. Pour les instruments, on retrouve généralement une guitare rythmique, des basses, des percussions et un clavier. Vous l'avez compris, c'est une musique créée pour danser, en discothèque particulièrement. Pas besoin de préciser que son nom est directement tiré de ce lieu de fête d'ailleurs. Le style privilégie donc le rythme aux paroles qui viennent seulement habiller un morceau déjà ultra dansant.

  • Speaker #0

    Maintenant qu'un nom est posé et que le disco commence à devenir à la mode, des chanteurs et des chanteuses vont venir s'imposer dans ce nouveau style de musique. Derrière eux, il y a des maisons de disques prêtes à investir en masse sur de nouveaux talents.

  • Speaker #1

    Et c'est le cas pour Carl Douglas, un artiste jamaïcain vivant en Angleterre. Aux Etats-Unis, les films de Kung Fu sont en vogue, Bruce Lee est l'acteur du moment. Et un jour, Carl Douglas chante l'air d'une de ses chansons à son producteur Bidou, Kung Fu Fighting. Ce dernier trouve la musique... amusante et ils décident ensemble de l'enregistrer pour la placer sur une phase B d'un autre projet. Vous l'aurez remarqué, la phase B d'un vinyle c'était souvent aussi une phase expérimentale. Et en seulement 10 minutes, l'affaire est pliée, le projet est envoyé à la maison de disques Pai Records qui adore ce nouveau morceau. A sa sortie, il rencontre quelques difficultés avant de s'envoler à la première place des classements musicaux grâce à sa large diffusion dans les boîtes de nuit du monde entier. C'est le 26ème single le plus vendu de tous les temps et je vous propose qu'on l'écoute tout de suite sur Radio Couleur. Oh

  • Speaker #2

    Oh et pas de grosses lignes, c'est vrai. Mais, mais je ne veux pas être expert, je suis bien en train de faire des ouvrages et de faire des exercices. T'as une expérience pas spéciale, mais on peut le faire. Et on a l'opportunité de faire des exercices. Donc, il faut bien faire des exercices pour être en bonne santé.

  • Speaker #0

    Vous écoutez Panorama sur Radio Couleur. A l'instant, c'était Karl Douglas. avec Kung Fu Fighting. Et c'est ce morceau qui va permettre une démocratisation du disco,

  • Speaker #1

    Lucie. Oui, William, tous les artistes vont s'y mettre. Les Jackson 5, Barry White, Gloria Gaynor, Abba, les Village People. En France, ce sera Claude François, Sheila et tant d'autres. On y reviendra.

  • Speaker #0

    On reste aux Etats-Unis, dans le quartier de Manhattan, à New York. Une discothèque ouvre ses portes en 1977, le Studio 54. Créé par Steve Rebell et Jan Schrager, le Studio 54 doit son nom à son ancienne vie. un studio télévisé disait que les deux entrepreneurs ont transformé en boîte de nuit. La fièvre du samedi soir devient une fièvre quotidienne. La piste de danse est ouverte 7 jours sur 7. Et devinez ce qu'on y écoute ? Du disco, bien évidemment ! On l'a dit tout à l'heure, les discothèques à New York sont devenues des lieux ouverts à tous et surtout prisés par les minorités. Mais le Studio 54, c'est carrément un cran au-dessus. C'est le lieu tendance où tout le monde doit être. Alors pour réguler ça, les propriétaires vont imposer des règles d'entrée plus strictes que dans les autres établissements de la nuit. Pour la première fois, il y a un agent de sécurité qui décide qui rentre au sein du club. C'est la création du métier de videur. Pour autant, chacun est encore le bienvenu. Le Studio 54 est un lieu où tout le monde est mélangé et ça fait sa marque de fabrique.

  • Speaker #1

    Pour se démarquer, Steve Rubble et Jan Schrager vont inviter des célébrités. Hommes d'affaires, mannequins, couturiers, chanteurs, artistes, en tout genre. Pour le soir d'ouverture, ce ne sont pas moins de 5000 cartons d'invitations qui sont distribués à toutes ces stars. Très vite, le lieu devient une institution. Michael Jackson, Elton John, Mick Jagger, Diana Ross et plein d'autres grands noms viennent chaque semaine passer des soirées inoubliables au rythme du disco.

  • Speaker #0

    Le Studio 54 est un lieu d'excès, de liberté mais aussi de drogue qui fait partie du décor. Des ballons de cocaïne tombent du ciel, il y a aussi des salles VIP pour des rencontres sexuelles. Un scandale met en lumière toutes les problématiques du club. Hamilton Jordan, le chef de cabinet du président Jimmy Carter, a été vu en train de prendre de la cocaïne. Le scandale fait énormément parler. La Maison-Blanche lance même une enqu

  • Speaker #1

    Le club est un lieu très fermé, peu de photographes sont autorisés à y accéder. Il est donc difficile de prouver ce qui se passe entre ces murs. Si vous voulez vous faire une petite idée de l'ambiance à l'intérieur, il vous suffit de regarder le film Saturday Night Fever. Les clients de l'époque s'inspiraient de ce film et s'amusaient à reproduire les scènes de danse de John Travolta.

  • Speaker #2

    C'est pas une chose à faire, c'est pas comme on le fait, c'est un mec.

  • Speaker #1

    Et d'autres scandales vont faire parler du studio 54.

  • Speaker #0

    Oui Lucie, comme celui d'un homme retrouvé mort dans les conduits d'aération du club.

  • Speaker #1

    Et comment il s'est retrouvé là ?

  • Speaker #0

    En fait, absolument tout le monde voulait rentrer dans la discothèque. C'était le lieu branché. Mais les places étaient limitées. Comme souvent dans ce genre de cas, un marché noir s'est alors développé en vendant des cartes pour accéder à des entrées secrètes. Sauf qu'un jour, un homme est tombé sans le savoir sur une arnaque et s'est lancé dans un des conduits d'aération. Il est mort étouffé.

  • Speaker #1

    Les propriétaires Steve et Yann, eux, sont un peu démunis face au succès du club. Ils préfèrent se concentrer sur les chiffres parce que ça tourne très bien. Si bien que Steve dit dans une interview que les seules personnes à faire autant d'argent qu'eux, ce sont les membres de la mafia.

  • Speaker #0

    Aïe aïe aïe aïe, la phrase qu'il ne fallait surtout pas dire.

  • Speaker #1

    Ni une ni deux, le fisc américain débarque en décembre 1978 pour une perquisition. Et c'est le jackpot, près de 4 millions de dollars non déclarés sont trouvés, ainsi que de la cocaïne cachée dans les murs.

  • Speaker #0

    C'est le début de la fin pour la discothèque la plus cotée de New York. Les propriétaires sont poursuivis en justif pour de multiples chefs d'accusation et sont contraints de fermer, puis vendre le club pour 5 millions de dollars lors de leur incarcération. C'est la fin du Studio 54.

  • Speaker #1

    Si on vous parle de cette discothèque plutôt qu'une autre, c'est pour son rôle majeur au sein du disco. Ce dernier a été dicté par le Studio 54. Toutes les autres boîtes de nuit du monde entier se sont inspirées de ce lieu. Le tapis rouge, le cordon de sécurité, tout vient du Studio 54 de Manhattan.

  • Speaker #0

    Et cette discothèque a ramené avec elle quelque chose d'autre dont on ne vous a pas encore parlé, l'extravagance. Quand tu allais au Studio 54 ou dans un autre club, il fallait être vu. Et comment être vu ? Avec des costumes à paillettes et des pièces de toutes les couleurs, avec des motifs tous plus excentriques les uns que les autres.

  • Speaker #1

    Le disco, c'est donc aussi un style vestimentaire. Le pantalon pâte d'éléphant devient même une signature. Des couleurs comme le rose fuchsia, le violet, le bleu royal dominent les pistes de danse. illuminée par les paillettes des costumes brillants reflétant la fameuse boule à facettes, symbole de l'époque disco. Pour les femmes, c'est aussi le pouvoir de s'habiller sexy sans être jugée. Elles portent des pantalons moulants, des tenues légères, audacieuses. Les combinaisons sont à la mode, tout comme les talons hauts, très appréciés.

  • Speaker #0

    Si ce style vous semble un peu ridicule aujourd'hui, dans les années 70, c'était déjà un peu le cas. Beaucoup se moquaient du look disco.

  • Speaker #1

    Mais du coup, pourquoi adopter ce style si ce n'était pas seulement pour attirer l'attention ?

  • Speaker #0

    Le disco est le symbole de la liberté et de la fête. Pouvoir être extravagant, c'est être différent et libre. Finalement, c'est la célébration de la diversité. Les coiffures se transforment durant cette époque, les femmes noires ne se lissent plus les cheveux et mettent à la mode la coupe afro, symbole, là aussi, de liberté. Les femmes blanches n'hésitent plus à se couper les cheveux. Pour les hommes, c'est la coupe mulée qui devient populaire. Avec le temps, elle est remplacée par un dégradé à blanc sur les côtés, tout en laissant long dessus. Il y a aussi le bronzage. Les fabricants de cosmétiques font fureur. La poudre bronzante et l'autombrosant cartonnent. Et un autre moyen de bronzer sans voyager attire énormément de monde, la création des salons UV. Malheureusement, ce n'est que bien plus tard que l'on découvre les effets néfastes de cette pratique sur la peau.

  • Speaker #1

    Vous connaissez maintenant la recette parfaite d'une soirée disco. Ne vous reste plus que la musique et c'est tout de suite avec le fric du groupe Chic.

  • Speaker #2

    Oh, je suis là, je suis là. C'est un truc, et vous deux, vous êtes

  • Speaker #0

    Le disco n'est pas seulement vecteur de bonne humeur musicale, il est aussi à l'origine d'une libération sexuelle inédite.

  • Speaker #1

    Plus tôt dans l'émission, on vous a parlé des pièces secrètes dédiées aux relations intimes au Studio 54. Ces espaces ne resteront pas secrets très longtemps. Les autres clubs vont également ouvrir des pièces similaires dans leurs boîtes de nuit. Dans certains lieux huppés, il est même normal d'avoir des relations sexuelles en public.

  • Speaker #0

    Cette liberté contrastée en réalité avec une société plus sombre.

  • Speaker #1

    Dans la vie quotidienne, les homosexuels n'étaient toujours pas acceptés. Le racisme était omniprésent et les Etats-Unis étaient plongés dans une crise financière. Mais voilà, le disco c'est avant tout l'amour à 120 battements par minute. Mélangez la danse, la liberté, une lumière tamisée et un peu beaucoup de drogue, vous aurez un cocktail explosif où les corps s'abandonnent.

  • Speaker #0

    La libération homosexuelle marque aussi un tournant dans l'histoire et renforce encore plus le lien entre le mouvement disco et la cause LGBT. En 1978, les Village People sortent... YMCA, un tube disco qui devient rapidement un hymne gay. Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce que ça voulait dire YMCA ?

  • Speaker #1

    C'est en fait l'acronyme de Young Men Christian Association, un mouvement mondial de jeunesse et d'engagement communautaire à but non lucratif. Il a été créé pour répondre aux besoins des jeunes hommes qui se sont déplacés vers les villes pendant la révolution industrielle. Les Young Men Christian Association étaient aussi connus pour être des lieux de rencontre de la communauté gay, entraînant à l'époque des scandales. et Et donc, cette chanson serait le moyen de faire le lien entre la cause LGBT et l'association, les Village People étant déjà connues pour leur homosexualité revendiquée.

  • Speaker #0

    Les femmes aussi vont jouer un rôle capital dans le succès du mouvement du disco, Lucie.

  • Speaker #1

    Non seulement elles vont dominer les charts grâce à leur voix surpuissante, mais elles vont aussi influencer des artistes du monde entier. Surnommées les divas du disco, ces femmes nous offrent de véritables classiques du genre, comme Hot Stuff de Donna Summer.

  • Speaker #0

    Dans les années 70, plusieurs manifestations sont organisées pour revendiquer la liberté sexuelle des femmes, la contraception libre et gratuite et le droit à l'avortement. Des combats qui résonnent avec l'esprit du disco. Alors même si les paroles des chansons disco interprétées par des femmes n'ont pas toujours une portée militante assumée, elles sont faites pour que tout le monde, et surtout les femmes, puissent se libérer en discothèque.

  • Speaker #1

    Revenons-en à notre reine du disco, Donna Summer. qui revendique à merveille cette liberté avec son morceau Love to Love You Baby.

  • Speaker #0

    Petite histoire. Avec le producteur Giorgio Moroder, un Italio allemand qui enchaîne les succès en Allemagne, ils ont l'idée de créer un son sexy, inspiré du duo Jane Berking-Serge Gainsbourg. Les paroles sont improvisées en studio par Donna Sommer elle-même, sur le thème du plaisir féminin. A la base, Donna est une chanteuse de soul. Enregistrer une chanson dans un autre registre est un véritable défi pour elle. Mais une autre femme l'inspire profondément, Marilyn Monroe.

  • Speaker #1

    Alors elle s'imagine Marilyn chanter Love to love you baby et l'interprète avec la même douceur qu'aurait pu avoir Monroe à sa place.

  • Speaker #0

    Les femmes se libèrent avec la musique, la politique, mais aussi on l'a évoqué tout à l'heure avec la mode et les coiffures. Et oui, il devient normal de voir des femmes aux cheveux courts. Mais les femmes auraient-elles perdu leur flamme ? C'est la question que se pose Patrick Juvet avec son morceau « Où sont les femmes ? »

  • Speaker #2

    Chut ! Chut

  • Speaker #0

    Bien que ce titre soit un succès en France, les paroles sont sexistes et anti-féministes. Elles posent la question de l'évolution des femmes, mais dénoncent aussi la disparition des codes de la femme dite idéale. « Il faut rendre à César ce qui appartient à César » , les paroles sont écrites par Jean-Michel Jarre.

  • Speaker #1

    Ce morceau suscite un vif intérêt pour le mouvement de libération des femmes, qui ne tarde pas à faire entendre son désaccord. Patrick Juvert reçoit plusieurs lettres d'insultes et de menaces. Pourtant, cette chanson devient le premier tube disco français.

  • Speaker #0

    Elle est pourtant créée dans l'ambiance du mouvement, bien qu'elle aille à l'encontre de son message principal. En 1977, les deux hommes sont à Los Angeles pour enregistrer des morceaux. D'un côté, Patrick Juvé passe ses nuits en discothèque entre alcool et drogue, pendant que son acolyte Jean-Michel Jarre passe ses journées en studio à chercher de nouvelles compositions. Mais Patrick subira ses excès et n'arrive pas à chanter, à tel point que Jean-Michel Jarre modifiera sa voix sur les titres « Où sont les femmes ? » pour masquer la fatigue du chanteur.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a... presque pas parlé de nos icônes françaises. C'est donc Patrick Juvet qui ouvre la voie du disco pour les autres, notamment pour un artiste qui déchaîne les foules, Claude François. Avec pour objectif de renouveler son répertoire et de s'adapter à la nouvelle mode musicale, Claude François s'impose sur la scène du disco avec Alexandrie Alexandra.

  • Speaker #2

    Je suis dans ta vie. Je suis dans tes bras. Ensemble, tu as l'exemple. C'est un ému, pour toi, ça ne fait que la nuit. J'ai plus d'aspects d'une seule vie. Qu'est-ce que tu as ? C'est un ému.

  • Speaker #1

    C'est évidemment un succès et ce qui contribue à la réussite de son changement de style, c'est aussi l'interprétation scénique. Costume brillant, Claudette en tenue pailletée, chorégraphie millimétrée, Claude François fait le show comme un américain à chaque apparition à la télévision. Un autre tube va complètement cartonner, c'est Magnolia Forever.

  • Speaker #2

    Vous y convient gritter ce désespoir Si que lui commence à être Dans un grand champ de magnolia Et que toutes ses fleurs sont belles Et que ses cheveux brillent souvent les doigts De ces magnolias La chanteuse des magnolias C'est pas possible !

  • Speaker #0

    Le disco français va régulièrement dépasser ses frontières avec, par exemple, Sheila et son morceau Spacer. Le tube est une réussite à l'international. Composé et écrit par les deux fondateurs du groupe Chic, le disco connaît une expansion mondiale. Et une autre femme va s'en accaparer pour marquer son époque, Dalida. La chanteuse s'essaye plusieurs fois au groove si entraînant, mais sans grand succès majeur, jusqu'au jour où le public italien découvre le morceau « Laissez-moi danser » .

  • Speaker #1

    Si l'arrivée du disco en France était un peu à contre-courant de son esprit de base, Dalida remet les points sur les « i » avec ce morceau qui exclame la liberté de la femme. Et puis à l'image de Claude François, ses apparitions télé sont bien pensées, avec des costumes colorés et des chorégraphies parfaitement exécutées. Et je vous propose qu'on écoute Laissez-moi danser et on se retrouve après pour la suite de Panorama.

  • Speaker #2

    J'ai vu la monnaie de pire chère vie, comme si de vaines et de pires chères noires,

  • Speaker #1

    Vous êtes bien sur Radio Couleur, c'était Dalida, laissez-moi danser.

  • Speaker #0

    et puis il y a Marc Ceron. Il a une histoire un peu particulière. Son style décalé ne plaît pas forcément aux maisons de disques. Il a notamment réalisé un titre avec des éléments sonores d'un film pornographique américain. Sur la pochette du morceau, on le voit assis aux côtés d'une femme nue. Autant vous dire qu'au début des années 70, ça ne passe pas du tout auprès des distributeurs français de vinyles. Il décide donc de fabriquer lui-même ses disques en Angleterre. Ce morceau, Love in C Minor, est donc préparé à l'envoi dans des cartons avec pour destination la France. Sauf que le distributeur anglais se trompe de carton, et au lieu d'envoyer des exemplaires d'un certain Barry White aux Etats-Unis, ce sont les exemplaires de Love in C Minor qui sont envoyés aux distributeurs américains. En ouvrant les colis, les américains trouvent la pochette intrigante et distribuent le projet de Ceron à des radios et des DJs. Et c'est un buzz incroyable. Dès qu'il apprend la nouvelle, il part direction New York et devient l'un des plus grands producteurs européens aux Etats-Unis. Il enchaîne les succès, s'éronne à ce petit truc que les Américains n'ont pas, cette touche d'électro. Il invente l'électro-disco et fende les prémices de la French Touch. Et si l'histoire de ce style musical vous intéresse, on vous invite à écouter l'épisode de Panorama qui lui est consacré. Rendez-vous sur les sites internet de couleur ou sur toutes les plateformes de podcast.

  • Speaker #1

    Un autre français va avoir le vent en poupe dans le monde, c'est Patrick Hernandez. Tout commence en 73, quand Patrick écrit, compose et interprète le morceau Born to be Alive. en studio. Le single est à la base un titre acoustique folk, mais Patrick Hernandez était persuadé du potentiel de sa création sans vraiment savoir comment l'exploiter. Cinq ans plus tard, il retravaille en studio Born to be Alive. Il y ajoute des riffs rock, mais ça ne sonne toujours pas comme un succès commercial. Il fait la rencontre du producteur Jean Valloux, qui lui souffle l'idée de partir sur des sonorités disco. Une idée abominable pour Hernandez, qui est fan de pop et de rock anglais. Le disco, c'est non. Mais Jean Valloux a plus d'un tour dans son sac pour le convaincre et dépose sur la table l'exemple de Night Fever. Le musicien se laisse aller et finit par enregistrer une version disco. Il comprendra qu'il tient un hit en écoutant sa maquette.

  • Speaker #2

    Bon, dis-donc, c'est

  • Speaker #0

    Bien que l'idée ait conquis Patrick et Jean, les maisons de disques en France ne sont pas convaincues. Alors ils se tournent du côté de l'Italie et bingo, le morceau va exploser les compteurs. Il débarque en France en 1979 et confirme son potentiel très rapidement en se classant numéro 1 des chartes. Le titre s'exporte dans le monde entier, même aux Etats-Unis, où il décroche un disque d'or. Aujourd'hui, le titre est devenu un standard du disco. Il tourne encore dans des pubs, des films et des clubs dans différents pays du monde. selon Patrick Hernandez. Ce morceau lui rapporte encore entre 800 et 1500 euros par jour.

  • Speaker #1

    Mais moi William, je suis un peu frustrée parce que l'émission touche presque à sa fin et il y a des énormes succès discos qu'on n'a pas encore abordés.

  • Speaker #0

    Effectivement, le disco c'est énormément de succès populaires et commerciaux.

  • Speaker #1

    A travers le globe, entre les années 70 et 80, plusieurs artistes et groupes de musique s'imposent dans le genre. C'est devenu un style international. Par exemple, en Suède, un petit groupe de musique tire son épingle du jeu, ABBA. La planète découvre ces quatre suédois à l'Eurovision en 1974 qu'ils remportent avec leur morceau Waterloo. Ah bah, 4 lettres qui déchaînent les foules chaque soir aux 4 coins du monde. Ils capitalisent sur ce succès et sur cette exposition mondiale pour enchaîner les tubes. Mamma Mia, Dancing Queen, Gimme Gimme Gimme, que Madonna s'en pleura pour créer le légendaire Hung Up. Et d'ailleurs, allez, on se fait plaisir, on écoute tout de suite

  • Speaker #2

    C'est une expérience.

  • Speaker #0

    D'autres groupes émergent, c'est le cas de Bonnie M.

  • Speaker #1

    Alors oui, Bonnie M, c'est un groupe. On a tendance à surtout se souvenir du chanteur Bobby Farrell. C'est lui qui enflamme la scène pendant leurs représentations. Il est accompagné de Liz Mitchell, Marcia Barrett et Maisie Williams. Mais en coulisses, ils ont tous un petit secret. En réalité, ce n'est pas Bobby Farrell qui chante, mais Frank Farian, le producteur et compositeur du groupe. C'est lui qui prêtait sa propre voix pour les parties masculines sur Quasiment. tous les morceaux, y compris la voix grave qu'on entend sur Daddy Cool ou Rasputin. Sur scène, en concert ou à la télé, Bobby Farrell se contentait de faire du playback. Le succès n'en reste pas moins immédiat. Chorégraphie énergique, look exubérant, refrain qui reste dans la tête, Booney M devient un phénomène mondial. Et tout comme Abba, le groupe enchaîne les pépites disco, notamment avec Rasputin.

  • Speaker #0

    Peu à peu, le disco va s'éteindre. Petit à petit, les pantalons pâtes d'éléphant et les vestes pailletées laissent leur place à des vêtements moins extravagants. La musique réalise une transition en douceur, avec le funk qui revient sur le devant de la scène en gardant le rythme dansant du disco.

  • Speaker #1

    Mais pourquoi une fin aussi prématurée pour un style si rassembleur et novateur ?

  • Speaker #0

    D'abord, la saturation du public. Tous les artistes se sont essayés au disco, même certains rockers. Et forcément, quand quelque chose cartonne, il y a toujours des personnes à contre-courant. Le disco ne va pas y échapper. Des communautés anti-disco vont émerger et gagner en popularité, ce qui précipitera encore un peu plus la chute des paillettes en discothèque. Il faut aussi ajouter l'investissement des maisons de disques, qui sentent le vent tourner et réduisent les budgets pour de nouvelles créations. Les radios diffusent de moins en moins de discos.

  • Speaker #1

    Mais surtout, le monde est en train de changer. Le disco, c'était l'amour, la liberté sexuelle, un univers sur un petit nuage pendant une dizaine d'années, mais qui se heurtent en plein vol à l'apparition du sida. La maladie pousse les fêtards à changer leurs habitudes, par conséquent, le disco n'est plus approprié à la fête. Pour autant, les fans nostalgiques lancent le slogan « Disco never dies » , le disco ne meurt jamais. Et ils n'ont pas tort.

  • Speaker #0

    Grâce à son histoire et ses sonorités, le disco refait surface à la fin des années 80, avec l'apparition des remixes. Un second souffle, mais sans les artifices de la première heure, la house music débarque et s'impose comme le style des années 90.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, le disco garde une place importante dans la musique contemporaine. Le genre est toujours joué dans les lieux de fête, les artistes s'en inspirent encore. Bruno Mars, les Daft Punk ou Jamiroquai intègrent des éléments disco dans leurs compositions. Le disco pur et dur comme on l'a connu dans les années 70 et 80 n'est plus très courant, mais on observe que certains artistes sont adeptes des genres voisins comme le disco punk ou le funk moderne.

  • Speaker #0

    En France, c'est le cas de Julien Granel avec son style pop ultra coloré, très influencé par les années 80 et le funk disco. et de Clara Luciani aussi qui incarne une vraie vibe disco chic à la française, avec production élégante et refrain dansant.

  • Speaker #1

    L'héritage du disco est immense, aussi bien musicalement que culturellement et socialement. On le réduit souvent à ses paillettes et ses boules à facettes, mais c'était bien plus que ça. Derrière l'ambiance festive, le disco porte, vous l'aurez compris, les grandes luttes sociales de la fin des années 60 et des années 70. Les droits civiques, les droits des personnes LGBTQ+, le féminisme. C'était une musique de fête, oui, mais une fête qui avait du sens. Danser à cette époque, c'était aussi résister. Les clubs discos, c'était là où les femmes, les minorités, les personnes homosexuelles pouvaient enfin souffler un peu, danser, être elles-mêmes à l'abri, au moins pour un temps, des discriminations du quotidien. C'est un véritable phénomène qui va plus loin que la musique et c'est ce qu'on a essayé de vous expliquer aujourd'hui dans ce panorama spécial disco.

  • Speaker #0

    Et c'est comme ça que se termine cet épisode. On espère qu'il vous a plu. Vous pouvez toujours retrouver cette émission en podcast sur www.coolerfm.fr Merci. Vous retrouverez sur la page de Panorama, comme d'habitude, notre rubrique Jukebox, avec la liste des morceaux diffusés pendant cette émission. On remercie Laurent Forcheron à la technique, et on vous dit à bientôt pour une nouvelle histoire de musique.

  • Speaker #1

    On se quitte sur un autre morceau de la bande originale de Saturday Night Fever, Staying Alive, et c'est signé Les Bee Gees. A bientôt sur Radio Couleur.

  • Speaker #2

    Je suis bon. et que les gens peuvent être amoureux. C'est une belle idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. Et c'est une bonne idée. C'est une bonne idée. Et c'est une bonne idée. C'est une bonne idée.

Description

Ce genre musical unique et étonnamment brillant a illuminé les pistes de danse dans les années 70 et a conquis une grande partie du globe. Aujourd'hui, l’héritage du disco est immense, aussi bien musicalement que culturellement et socialement. On le réduit souvent à ses paillettes et ses boules à facettes, mais derrière sont ambiance incontestablement festive, le disco porte les grandes luttes sociales de la fin des années 60 et des années 70. C’était une musique de fête, oui, mais une fête qui avait du sens. Danser, à cette époque, c’était aussi résister. Les clubs disco, c’était là où les femmes, les minorités, les personnes homosexuelles pouvaient enfin souffler un peu, danser, être elles-mêmes – à l’abri, au moins pour un temps, des discriminations du quotidien.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Panorama, une émission présentée par William Guillem et Lucie Guéron.

  • Speaker #1

    Chaque mois, on vous raconte une histoire de musique et aujourd'hui, on s'attaque à un genre musical que vous connaissez forcément, le disco. Ce genre musical unique et étonnamment brillant a illuminé les pistes de danse dans les années 70 et a conquis une grande partie du globe. Parce qu'en réalité, c'est plus qu'une boule à facettes et une piste de danse. Vous allez le comprendre, la musique disco, c'était en quelque sorte résister à l'ordre établi, aux normes rigides et à une société qui laissait peu de place à la différence.

  • Speaker #0

    Alors comment a-t-il été créé ? Quelle est son origine ? Et quel est son héritage ? Nous allons tout vous raconter. Enfiler un pantalon pas de def, une chemise pailletée, et faites la tournée cette boule à facettes.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans l'air du discours.

  • Speaker #2

    C'est... C'est... C'est...

  • Speaker #1

    Aux Etats-Unis, dans les années 70, les clubs de danse s'essoufflent. A cette époque, ce sont majoritairement les blancs hétérosexuels, le plus souvent en couple, qui dansent dans les nightclubs. Contrairement à ce qu'on connaît aujourd'hui, les musiques étaient directement jouées par des musiciens, venus les interpréter... en live.

  • Speaker #0

    Mais de l'autre côté de l'Atlantique, en France, un tout nouveau concept apparaît, la discothèque. Un club, une piste de danse, un bar et surtout un disque jockey, DJ, dans une cabine qui enchaîne les musiques les unes derrière les autres. On danse du début à la fin de la soirée. Et ce nouveau mode de consommation arrive jusqu'aux oreilles d'un jeune New Yorkais, David Mancuso. Lui,

  • Speaker #1

    il déteste les nightclubs mais il adore faire la fête, alors il décide d'organiser des soirées dans son propre appartement pour financer son loyer. C'est comme ça que naît le loft. David s'inspire des discothèques françaises en faisant appel à des DJ. Il utilise un matériel sonore de grande qualité et crée surtout un lieu ouvert à tous, sans distinction entre les hommes et les femmes, les noirs et les blancs, et les hétéros et les homosexuels.

  • Speaker #0

    Et c'est un succès. Le loft devient très vite un lieu réputé. On y écoute du funk, un peu de soul, de la musique de tout horizon. David Mancuso ne fait pas de différence. Il prône la mixité sociale dans une ville alors parcourue. parcouru par de fortes tensions raciales. Et c'est en dénichant deux nouveaux titres chez un disquaire qu'il tombe sur une pépite, la toute première musique du disco, Sol Macosa, un morceau camerounais de Manu Dibango.

  • Speaker #1

    Mais alors comment est-ce que ce disque est arrivé jusqu'aux mains de David Mancusto à New York aux Etats-Unis ?

  • Speaker #0

    Direction le Cameroun en 1972, où la 8e Coupe d'Afrique des Nations de football va bientôt avoir lieu. Manu Dibongo, lui, est chanteur et saxophoniste depuis quelques années.

  • Speaker #1

    Et quel rapport avec le football ?

  • Speaker #0

    Eh bien la demande du ministère des Sports camerounais, c'est Manu Dibongo qui écrit l'hymne de la compétition. Seulement, il manque un morceau pour compléter la phase B de son 45 tours. Il compose donc Sol Macossa, un titre inspiré du style Macossa, une musique typique du Cameroun. Pendant la Coupe d'Afrique, les vinyles sont distribués gratuitement aux supporters. Mais le Cameroun est battu en demi-finale et le disque sert de défouloir aux plus énervés qui n'hésitent pas à les casser. Manu Dibango ne reste pas sur cet échec et part s'enfermer en studio à Paris pour composer un album. Il y ajoute le fameux Sol Macosa et c'est plutôt un succès avec 50 000 ventes. Plus tard, des Afro-Américains de passage en France tomberont sur le morceau et le ramèneront en quelques exemplaires aux Etats-Unis.

  • Speaker #1

    A New York donc, David Mancuso transmet ce morceau à ses DJs et tous les samedis soirs au loft, quand la chanson passe, c'est l'euphorie. De bouche à oreille, les DJs new-yorkais s'arrachent le peu de vinyles rapportés d'Europe et commencent à les diffuser dans les célèbres nightclubs de la ville. Et vous vous souvenez quand je vous ai dit que les nightclubs new-yorkais étaient un peu has-been, un peu en perte de vitesse ? Eh bien, le loft de David change la donne. Les clubs ont changé leur fusil d'épaule, ils s'inspirent tous de la recette européenne et recrutent des DJs. La plupart sont des blancs italo-américains. Les clubs ne se contentent plus de faire jouer des musiciens en direct. Désormais, les DJ se chargent de diffuser les musiques et même de les enchaîner les unes à la suite des autres. Ils créent ce qu'on appelle aujourd'hui le mix.

  • Speaker #0

    La danse devient le cœur de la musique. Les remixes permettent aux danseurs de pratiquer leur art plus facilement grâce à des breaks. Un break, c'est en quelque sorte une boucle, un solo d'instruments, un pont où la voix s'efface pour laisser place à la rythmique. Et cela dure plusieurs minutes. Ça rajoute du dynamisme, une valeur à la musique et pour le DJ, un enchaînement plus fluide, moins brut avec le morceau suivant.

  • Speaker #1

    Pour réaliser ces manips en direct, les DJ achètent des platines vinyles et des tables de mixage. Ils vont pitcher des morceaux, donc les accélérer ou les ralentir, synchroniser les tempos entre deux titres pour un meilleur enchaînement. Ils vont devenir les maîtres de la musique et les chefs d'orchestre des nightclubs.

  • Speaker #0

    Avec ce changement de recette, les discothèques changent aussi de public. Désormais, ce sont des lieux ouverts à tous. les minorités gays Noirs et latinos s'emparent des lieux pour y prospérer l'amour et la liberté. Le disco met aussi à l'honneur les drag queens qui sont présentes dans pratiquement toutes les soirées disco de New York. Les personnes transgenres sont les bienvenues pour faire la fête.

  • Speaker #1

    Et pour danser dans ces lieux devenus un véritable havre de paix et de plaisir, il faut des musiques dites dansantes, exactement comme le sol macosa de D-Bango. En 1973, le disco va réellement trouver son rythme avec un batteur américain, Earl Young. Lui aussi est considéré comme l'un des pionniers du style. Plusieurs des morceaux dans lesquels il va jouer vont devenir simplement légendaires, comme le fameux The Love I Lost de Harold and the Blue Nuts. Le disco a enfin sa couleur.

  • Speaker #0

    Cette même année, un autre titre marque la naissance du disco. Ce sera d'ailleurs le dernier à être diffusé au loft, avant que David Mancuso ne se fasse expulser de son appartement. Il fait clairement entrer l'univers du disco dans une autre dimension. C'est Law of the Land, du groupe The Temptation. On pose enfin un nom sur ce type de morceau, le disco beats.

  • Speaker #1

    Je vous résume, le disco musicalement c'est un mélange de soul, de funk et de pop. C'est un rythme assez rapide, entre 100 et 130 battements par minute et souvent en deux temps. Pour les instruments, on retrouve généralement une guitare rythmique, des basses, des percussions et un clavier. Vous l'avez compris, c'est une musique créée pour danser, en discothèque particulièrement. Pas besoin de préciser que son nom est directement tiré de ce lieu de fête d'ailleurs. Le style privilégie donc le rythme aux paroles qui viennent seulement habiller un morceau déjà ultra dansant.

  • Speaker #0

    Maintenant qu'un nom est posé et que le disco commence à devenir à la mode, des chanteurs et des chanteuses vont venir s'imposer dans ce nouveau style de musique. Derrière eux, il y a des maisons de disques prêtes à investir en masse sur de nouveaux talents.

  • Speaker #1

    Et c'est le cas pour Carl Douglas, un artiste jamaïcain vivant en Angleterre. Aux Etats-Unis, les films de Kung Fu sont en vogue, Bruce Lee est l'acteur du moment. Et un jour, Carl Douglas chante l'air d'une de ses chansons à son producteur Bidou, Kung Fu Fighting. Ce dernier trouve la musique... amusante et ils décident ensemble de l'enregistrer pour la placer sur une phase B d'un autre projet. Vous l'aurez remarqué, la phase B d'un vinyle c'était souvent aussi une phase expérimentale. Et en seulement 10 minutes, l'affaire est pliée, le projet est envoyé à la maison de disques Pai Records qui adore ce nouveau morceau. A sa sortie, il rencontre quelques difficultés avant de s'envoler à la première place des classements musicaux grâce à sa large diffusion dans les boîtes de nuit du monde entier. C'est le 26ème single le plus vendu de tous les temps et je vous propose qu'on l'écoute tout de suite sur Radio Couleur. Oh

  • Speaker #2

    Oh et pas de grosses lignes, c'est vrai. Mais, mais je ne veux pas être expert, je suis bien en train de faire des ouvrages et de faire des exercices. T'as une expérience pas spéciale, mais on peut le faire. Et on a l'opportunité de faire des exercices. Donc, il faut bien faire des exercices pour être en bonne santé.

  • Speaker #0

    Vous écoutez Panorama sur Radio Couleur. A l'instant, c'était Karl Douglas. avec Kung Fu Fighting. Et c'est ce morceau qui va permettre une démocratisation du disco,

  • Speaker #1

    Lucie. Oui, William, tous les artistes vont s'y mettre. Les Jackson 5, Barry White, Gloria Gaynor, Abba, les Village People. En France, ce sera Claude François, Sheila et tant d'autres. On y reviendra.

  • Speaker #0

    On reste aux Etats-Unis, dans le quartier de Manhattan, à New York. Une discothèque ouvre ses portes en 1977, le Studio 54. Créé par Steve Rebell et Jan Schrager, le Studio 54 doit son nom à son ancienne vie. un studio télévisé disait que les deux entrepreneurs ont transformé en boîte de nuit. La fièvre du samedi soir devient une fièvre quotidienne. La piste de danse est ouverte 7 jours sur 7. Et devinez ce qu'on y écoute ? Du disco, bien évidemment ! On l'a dit tout à l'heure, les discothèques à New York sont devenues des lieux ouverts à tous et surtout prisés par les minorités. Mais le Studio 54, c'est carrément un cran au-dessus. C'est le lieu tendance où tout le monde doit être. Alors pour réguler ça, les propriétaires vont imposer des règles d'entrée plus strictes que dans les autres établissements de la nuit. Pour la première fois, il y a un agent de sécurité qui décide qui rentre au sein du club. C'est la création du métier de videur. Pour autant, chacun est encore le bienvenu. Le Studio 54 est un lieu où tout le monde est mélangé et ça fait sa marque de fabrique.

  • Speaker #1

    Pour se démarquer, Steve Rubble et Jan Schrager vont inviter des célébrités. Hommes d'affaires, mannequins, couturiers, chanteurs, artistes, en tout genre. Pour le soir d'ouverture, ce ne sont pas moins de 5000 cartons d'invitations qui sont distribués à toutes ces stars. Très vite, le lieu devient une institution. Michael Jackson, Elton John, Mick Jagger, Diana Ross et plein d'autres grands noms viennent chaque semaine passer des soirées inoubliables au rythme du disco.

  • Speaker #0

    Le Studio 54 est un lieu d'excès, de liberté mais aussi de drogue qui fait partie du décor. Des ballons de cocaïne tombent du ciel, il y a aussi des salles VIP pour des rencontres sexuelles. Un scandale met en lumière toutes les problématiques du club. Hamilton Jordan, le chef de cabinet du président Jimmy Carter, a été vu en train de prendre de la cocaïne. Le scandale fait énormément parler. La Maison-Blanche lance même une enqu

  • Speaker #1

    Le club est un lieu très fermé, peu de photographes sont autorisés à y accéder. Il est donc difficile de prouver ce qui se passe entre ces murs. Si vous voulez vous faire une petite idée de l'ambiance à l'intérieur, il vous suffit de regarder le film Saturday Night Fever. Les clients de l'époque s'inspiraient de ce film et s'amusaient à reproduire les scènes de danse de John Travolta.

  • Speaker #2

    C'est pas une chose à faire, c'est pas comme on le fait, c'est un mec.

  • Speaker #1

    Et d'autres scandales vont faire parler du studio 54.

  • Speaker #0

    Oui Lucie, comme celui d'un homme retrouvé mort dans les conduits d'aération du club.

  • Speaker #1

    Et comment il s'est retrouvé là ?

  • Speaker #0

    En fait, absolument tout le monde voulait rentrer dans la discothèque. C'était le lieu branché. Mais les places étaient limitées. Comme souvent dans ce genre de cas, un marché noir s'est alors développé en vendant des cartes pour accéder à des entrées secrètes. Sauf qu'un jour, un homme est tombé sans le savoir sur une arnaque et s'est lancé dans un des conduits d'aération. Il est mort étouffé.

  • Speaker #1

    Les propriétaires Steve et Yann, eux, sont un peu démunis face au succès du club. Ils préfèrent se concentrer sur les chiffres parce que ça tourne très bien. Si bien que Steve dit dans une interview que les seules personnes à faire autant d'argent qu'eux, ce sont les membres de la mafia.

  • Speaker #0

    Aïe aïe aïe aïe, la phrase qu'il ne fallait surtout pas dire.

  • Speaker #1

    Ni une ni deux, le fisc américain débarque en décembre 1978 pour une perquisition. Et c'est le jackpot, près de 4 millions de dollars non déclarés sont trouvés, ainsi que de la cocaïne cachée dans les murs.

  • Speaker #0

    C'est le début de la fin pour la discothèque la plus cotée de New York. Les propriétaires sont poursuivis en justif pour de multiples chefs d'accusation et sont contraints de fermer, puis vendre le club pour 5 millions de dollars lors de leur incarcération. C'est la fin du Studio 54.

  • Speaker #1

    Si on vous parle de cette discothèque plutôt qu'une autre, c'est pour son rôle majeur au sein du disco. Ce dernier a été dicté par le Studio 54. Toutes les autres boîtes de nuit du monde entier se sont inspirées de ce lieu. Le tapis rouge, le cordon de sécurité, tout vient du Studio 54 de Manhattan.

  • Speaker #0

    Et cette discothèque a ramené avec elle quelque chose d'autre dont on ne vous a pas encore parlé, l'extravagance. Quand tu allais au Studio 54 ou dans un autre club, il fallait être vu. Et comment être vu ? Avec des costumes à paillettes et des pièces de toutes les couleurs, avec des motifs tous plus excentriques les uns que les autres.

  • Speaker #1

    Le disco, c'est donc aussi un style vestimentaire. Le pantalon pâte d'éléphant devient même une signature. Des couleurs comme le rose fuchsia, le violet, le bleu royal dominent les pistes de danse. illuminée par les paillettes des costumes brillants reflétant la fameuse boule à facettes, symbole de l'époque disco. Pour les femmes, c'est aussi le pouvoir de s'habiller sexy sans être jugée. Elles portent des pantalons moulants, des tenues légères, audacieuses. Les combinaisons sont à la mode, tout comme les talons hauts, très appréciés.

  • Speaker #0

    Si ce style vous semble un peu ridicule aujourd'hui, dans les années 70, c'était déjà un peu le cas. Beaucoup se moquaient du look disco.

  • Speaker #1

    Mais du coup, pourquoi adopter ce style si ce n'était pas seulement pour attirer l'attention ?

  • Speaker #0

    Le disco est le symbole de la liberté et de la fête. Pouvoir être extravagant, c'est être différent et libre. Finalement, c'est la célébration de la diversité. Les coiffures se transforment durant cette époque, les femmes noires ne se lissent plus les cheveux et mettent à la mode la coupe afro, symbole, là aussi, de liberté. Les femmes blanches n'hésitent plus à se couper les cheveux. Pour les hommes, c'est la coupe mulée qui devient populaire. Avec le temps, elle est remplacée par un dégradé à blanc sur les côtés, tout en laissant long dessus. Il y a aussi le bronzage. Les fabricants de cosmétiques font fureur. La poudre bronzante et l'autombrosant cartonnent. Et un autre moyen de bronzer sans voyager attire énormément de monde, la création des salons UV. Malheureusement, ce n'est que bien plus tard que l'on découvre les effets néfastes de cette pratique sur la peau.

  • Speaker #1

    Vous connaissez maintenant la recette parfaite d'une soirée disco. Ne vous reste plus que la musique et c'est tout de suite avec le fric du groupe Chic.

  • Speaker #2

    Oh, je suis là, je suis là. C'est un truc, et vous deux, vous êtes

  • Speaker #0

    Le disco n'est pas seulement vecteur de bonne humeur musicale, il est aussi à l'origine d'une libération sexuelle inédite.

  • Speaker #1

    Plus tôt dans l'émission, on vous a parlé des pièces secrètes dédiées aux relations intimes au Studio 54. Ces espaces ne resteront pas secrets très longtemps. Les autres clubs vont également ouvrir des pièces similaires dans leurs boîtes de nuit. Dans certains lieux huppés, il est même normal d'avoir des relations sexuelles en public.

  • Speaker #0

    Cette liberté contrastée en réalité avec une société plus sombre.

  • Speaker #1

    Dans la vie quotidienne, les homosexuels n'étaient toujours pas acceptés. Le racisme était omniprésent et les Etats-Unis étaient plongés dans une crise financière. Mais voilà, le disco c'est avant tout l'amour à 120 battements par minute. Mélangez la danse, la liberté, une lumière tamisée et un peu beaucoup de drogue, vous aurez un cocktail explosif où les corps s'abandonnent.

  • Speaker #0

    La libération homosexuelle marque aussi un tournant dans l'histoire et renforce encore plus le lien entre le mouvement disco et la cause LGBT. En 1978, les Village People sortent... YMCA, un tube disco qui devient rapidement un hymne gay. Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce que ça voulait dire YMCA ?

  • Speaker #1

    C'est en fait l'acronyme de Young Men Christian Association, un mouvement mondial de jeunesse et d'engagement communautaire à but non lucratif. Il a été créé pour répondre aux besoins des jeunes hommes qui se sont déplacés vers les villes pendant la révolution industrielle. Les Young Men Christian Association étaient aussi connus pour être des lieux de rencontre de la communauté gay, entraînant à l'époque des scandales. et Et donc, cette chanson serait le moyen de faire le lien entre la cause LGBT et l'association, les Village People étant déjà connues pour leur homosexualité revendiquée.

  • Speaker #0

    Les femmes aussi vont jouer un rôle capital dans le succès du mouvement du disco, Lucie.

  • Speaker #1

    Non seulement elles vont dominer les charts grâce à leur voix surpuissante, mais elles vont aussi influencer des artistes du monde entier. Surnommées les divas du disco, ces femmes nous offrent de véritables classiques du genre, comme Hot Stuff de Donna Summer.

  • Speaker #0

    Dans les années 70, plusieurs manifestations sont organisées pour revendiquer la liberté sexuelle des femmes, la contraception libre et gratuite et le droit à l'avortement. Des combats qui résonnent avec l'esprit du disco. Alors même si les paroles des chansons disco interprétées par des femmes n'ont pas toujours une portée militante assumée, elles sont faites pour que tout le monde, et surtout les femmes, puissent se libérer en discothèque.

  • Speaker #1

    Revenons-en à notre reine du disco, Donna Summer. qui revendique à merveille cette liberté avec son morceau Love to Love You Baby.

  • Speaker #0

    Petite histoire. Avec le producteur Giorgio Moroder, un Italio allemand qui enchaîne les succès en Allemagne, ils ont l'idée de créer un son sexy, inspiré du duo Jane Berking-Serge Gainsbourg. Les paroles sont improvisées en studio par Donna Sommer elle-même, sur le thème du plaisir féminin. A la base, Donna est une chanteuse de soul. Enregistrer une chanson dans un autre registre est un véritable défi pour elle. Mais une autre femme l'inspire profondément, Marilyn Monroe.

  • Speaker #1

    Alors elle s'imagine Marilyn chanter Love to love you baby et l'interprète avec la même douceur qu'aurait pu avoir Monroe à sa place.

  • Speaker #0

    Les femmes se libèrent avec la musique, la politique, mais aussi on l'a évoqué tout à l'heure avec la mode et les coiffures. Et oui, il devient normal de voir des femmes aux cheveux courts. Mais les femmes auraient-elles perdu leur flamme ? C'est la question que se pose Patrick Juvet avec son morceau « Où sont les femmes ? »

  • Speaker #2

    Chut ! Chut

  • Speaker #0

    Bien que ce titre soit un succès en France, les paroles sont sexistes et anti-féministes. Elles posent la question de l'évolution des femmes, mais dénoncent aussi la disparition des codes de la femme dite idéale. « Il faut rendre à César ce qui appartient à César » , les paroles sont écrites par Jean-Michel Jarre.

  • Speaker #1

    Ce morceau suscite un vif intérêt pour le mouvement de libération des femmes, qui ne tarde pas à faire entendre son désaccord. Patrick Juvert reçoit plusieurs lettres d'insultes et de menaces. Pourtant, cette chanson devient le premier tube disco français.

  • Speaker #0

    Elle est pourtant créée dans l'ambiance du mouvement, bien qu'elle aille à l'encontre de son message principal. En 1977, les deux hommes sont à Los Angeles pour enregistrer des morceaux. D'un côté, Patrick Juvé passe ses nuits en discothèque entre alcool et drogue, pendant que son acolyte Jean-Michel Jarre passe ses journées en studio à chercher de nouvelles compositions. Mais Patrick subira ses excès et n'arrive pas à chanter, à tel point que Jean-Michel Jarre modifiera sa voix sur les titres « Où sont les femmes ? » pour masquer la fatigue du chanteur.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a... presque pas parlé de nos icônes françaises. C'est donc Patrick Juvet qui ouvre la voie du disco pour les autres, notamment pour un artiste qui déchaîne les foules, Claude François. Avec pour objectif de renouveler son répertoire et de s'adapter à la nouvelle mode musicale, Claude François s'impose sur la scène du disco avec Alexandrie Alexandra.

  • Speaker #2

    Je suis dans ta vie. Je suis dans tes bras. Ensemble, tu as l'exemple. C'est un ému, pour toi, ça ne fait que la nuit. J'ai plus d'aspects d'une seule vie. Qu'est-ce que tu as ? C'est un ému.

  • Speaker #1

    C'est évidemment un succès et ce qui contribue à la réussite de son changement de style, c'est aussi l'interprétation scénique. Costume brillant, Claudette en tenue pailletée, chorégraphie millimétrée, Claude François fait le show comme un américain à chaque apparition à la télévision. Un autre tube va complètement cartonner, c'est Magnolia Forever.

  • Speaker #2

    Vous y convient gritter ce désespoir Si que lui commence à être Dans un grand champ de magnolia Et que toutes ses fleurs sont belles Et que ses cheveux brillent souvent les doigts De ces magnolias La chanteuse des magnolias C'est pas possible !

  • Speaker #0

    Le disco français va régulièrement dépasser ses frontières avec, par exemple, Sheila et son morceau Spacer. Le tube est une réussite à l'international. Composé et écrit par les deux fondateurs du groupe Chic, le disco connaît une expansion mondiale. Et une autre femme va s'en accaparer pour marquer son époque, Dalida. La chanteuse s'essaye plusieurs fois au groove si entraînant, mais sans grand succès majeur, jusqu'au jour où le public italien découvre le morceau « Laissez-moi danser » .

  • Speaker #1

    Si l'arrivée du disco en France était un peu à contre-courant de son esprit de base, Dalida remet les points sur les « i » avec ce morceau qui exclame la liberté de la femme. Et puis à l'image de Claude François, ses apparitions télé sont bien pensées, avec des costumes colorés et des chorégraphies parfaitement exécutées. Et je vous propose qu'on écoute Laissez-moi danser et on se retrouve après pour la suite de Panorama.

  • Speaker #2

    J'ai vu la monnaie de pire chère vie, comme si de vaines et de pires chères noires,

  • Speaker #1

    Vous êtes bien sur Radio Couleur, c'était Dalida, laissez-moi danser.

  • Speaker #0

    et puis il y a Marc Ceron. Il a une histoire un peu particulière. Son style décalé ne plaît pas forcément aux maisons de disques. Il a notamment réalisé un titre avec des éléments sonores d'un film pornographique américain. Sur la pochette du morceau, on le voit assis aux côtés d'une femme nue. Autant vous dire qu'au début des années 70, ça ne passe pas du tout auprès des distributeurs français de vinyles. Il décide donc de fabriquer lui-même ses disques en Angleterre. Ce morceau, Love in C Minor, est donc préparé à l'envoi dans des cartons avec pour destination la France. Sauf que le distributeur anglais se trompe de carton, et au lieu d'envoyer des exemplaires d'un certain Barry White aux Etats-Unis, ce sont les exemplaires de Love in C Minor qui sont envoyés aux distributeurs américains. En ouvrant les colis, les américains trouvent la pochette intrigante et distribuent le projet de Ceron à des radios et des DJs. Et c'est un buzz incroyable. Dès qu'il apprend la nouvelle, il part direction New York et devient l'un des plus grands producteurs européens aux Etats-Unis. Il enchaîne les succès, s'éronne à ce petit truc que les Américains n'ont pas, cette touche d'électro. Il invente l'électro-disco et fende les prémices de la French Touch. Et si l'histoire de ce style musical vous intéresse, on vous invite à écouter l'épisode de Panorama qui lui est consacré. Rendez-vous sur les sites internet de couleur ou sur toutes les plateformes de podcast.

  • Speaker #1

    Un autre français va avoir le vent en poupe dans le monde, c'est Patrick Hernandez. Tout commence en 73, quand Patrick écrit, compose et interprète le morceau Born to be Alive. en studio. Le single est à la base un titre acoustique folk, mais Patrick Hernandez était persuadé du potentiel de sa création sans vraiment savoir comment l'exploiter. Cinq ans plus tard, il retravaille en studio Born to be Alive. Il y ajoute des riffs rock, mais ça ne sonne toujours pas comme un succès commercial. Il fait la rencontre du producteur Jean Valloux, qui lui souffle l'idée de partir sur des sonorités disco. Une idée abominable pour Hernandez, qui est fan de pop et de rock anglais. Le disco, c'est non. Mais Jean Valloux a plus d'un tour dans son sac pour le convaincre et dépose sur la table l'exemple de Night Fever. Le musicien se laisse aller et finit par enregistrer une version disco. Il comprendra qu'il tient un hit en écoutant sa maquette.

  • Speaker #2

    Bon, dis-donc, c'est

  • Speaker #0

    Bien que l'idée ait conquis Patrick et Jean, les maisons de disques en France ne sont pas convaincues. Alors ils se tournent du côté de l'Italie et bingo, le morceau va exploser les compteurs. Il débarque en France en 1979 et confirme son potentiel très rapidement en se classant numéro 1 des chartes. Le titre s'exporte dans le monde entier, même aux Etats-Unis, où il décroche un disque d'or. Aujourd'hui, le titre est devenu un standard du disco. Il tourne encore dans des pubs, des films et des clubs dans différents pays du monde. selon Patrick Hernandez. Ce morceau lui rapporte encore entre 800 et 1500 euros par jour.

  • Speaker #1

    Mais moi William, je suis un peu frustrée parce que l'émission touche presque à sa fin et il y a des énormes succès discos qu'on n'a pas encore abordés.

  • Speaker #0

    Effectivement, le disco c'est énormément de succès populaires et commerciaux.

  • Speaker #1

    A travers le globe, entre les années 70 et 80, plusieurs artistes et groupes de musique s'imposent dans le genre. C'est devenu un style international. Par exemple, en Suède, un petit groupe de musique tire son épingle du jeu, ABBA. La planète découvre ces quatre suédois à l'Eurovision en 1974 qu'ils remportent avec leur morceau Waterloo. Ah bah, 4 lettres qui déchaînent les foules chaque soir aux 4 coins du monde. Ils capitalisent sur ce succès et sur cette exposition mondiale pour enchaîner les tubes. Mamma Mia, Dancing Queen, Gimme Gimme Gimme, que Madonna s'en pleura pour créer le légendaire Hung Up. Et d'ailleurs, allez, on se fait plaisir, on écoute tout de suite

  • Speaker #2

    C'est une expérience.

  • Speaker #0

    D'autres groupes émergent, c'est le cas de Bonnie M.

  • Speaker #1

    Alors oui, Bonnie M, c'est un groupe. On a tendance à surtout se souvenir du chanteur Bobby Farrell. C'est lui qui enflamme la scène pendant leurs représentations. Il est accompagné de Liz Mitchell, Marcia Barrett et Maisie Williams. Mais en coulisses, ils ont tous un petit secret. En réalité, ce n'est pas Bobby Farrell qui chante, mais Frank Farian, le producteur et compositeur du groupe. C'est lui qui prêtait sa propre voix pour les parties masculines sur Quasiment. tous les morceaux, y compris la voix grave qu'on entend sur Daddy Cool ou Rasputin. Sur scène, en concert ou à la télé, Bobby Farrell se contentait de faire du playback. Le succès n'en reste pas moins immédiat. Chorégraphie énergique, look exubérant, refrain qui reste dans la tête, Booney M devient un phénomène mondial. Et tout comme Abba, le groupe enchaîne les pépites disco, notamment avec Rasputin.

  • Speaker #0

    Peu à peu, le disco va s'éteindre. Petit à petit, les pantalons pâtes d'éléphant et les vestes pailletées laissent leur place à des vêtements moins extravagants. La musique réalise une transition en douceur, avec le funk qui revient sur le devant de la scène en gardant le rythme dansant du disco.

  • Speaker #1

    Mais pourquoi une fin aussi prématurée pour un style si rassembleur et novateur ?

  • Speaker #0

    D'abord, la saturation du public. Tous les artistes se sont essayés au disco, même certains rockers. Et forcément, quand quelque chose cartonne, il y a toujours des personnes à contre-courant. Le disco ne va pas y échapper. Des communautés anti-disco vont émerger et gagner en popularité, ce qui précipitera encore un peu plus la chute des paillettes en discothèque. Il faut aussi ajouter l'investissement des maisons de disques, qui sentent le vent tourner et réduisent les budgets pour de nouvelles créations. Les radios diffusent de moins en moins de discos.

  • Speaker #1

    Mais surtout, le monde est en train de changer. Le disco, c'était l'amour, la liberté sexuelle, un univers sur un petit nuage pendant une dizaine d'années, mais qui se heurtent en plein vol à l'apparition du sida. La maladie pousse les fêtards à changer leurs habitudes, par conséquent, le disco n'est plus approprié à la fête. Pour autant, les fans nostalgiques lancent le slogan « Disco never dies » , le disco ne meurt jamais. Et ils n'ont pas tort.

  • Speaker #0

    Grâce à son histoire et ses sonorités, le disco refait surface à la fin des années 80, avec l'apparition des remixes. Un second souffle, mais sans les artifices de la première heure, la house music débarque et s'impose comme le style des années 90.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, le disco garde une place importante dans la musique contemporaine. Le genre est toujours joué dans les lieux de fête, les artistes s'en inspirent encore. Bruno Mars, les Daft Punk ou Jamiroquai intègrent des éléments disco dans leurs compositions. Le disco pur et dur comme on l'a connu dans les années 70 et 80 n'est plus très courant, mais on observe que certains artistes sont adeptes des genres voisins comme le disco punk ou le funk moderne.

  • Speaker #0

    En France, c'est le cas de Julien Granel avec son style pop ultra coloré, très influencé par les années 80 et le funk disco. et de Clara Luciani aussi qui incarne une vraie vibe disco chic à la française, avec production élégante et refrain dansant.

  • Speaker #1

    L'héritage du disco est immense, aussi bien musicalement que culturellement et socialement. On le réduit souvent à ses paillettes et ses boules à facettes, mais c'était bien plus que ça. Derrière l'ambiance festive, le disco porte, vous l'aurez compris, les grandes luttes sociales de la fin des années 60 et des années 70. Les droits civiques, les droits des personnes LGBTQ+, le féminisme. C'était une musique de fête, oui, mais une fête qui avait du sens. Danser à cette époque, c'était aussi résister. Les clubs discos, c'était là où les femmes, les minorités, les personnes homosexuelles pouvaient enfin souffler un peu, danser, être elles-mêmes à l'abri, au moins pour un temps, des discriminations du quotidien. C'est un véritable phénomène qui va plus loin que la musique et c'est ce qu'on a essayé de vous expliquer aujourd'hui dans ce panorama spécial disco.

  • Speaker #0

    Et c'est comme ça que se termine cet épisode. On espère qu'il vous a plu. Vous pouvez toujours retrouver cette émission en podcast sur www.coolerfm.fr Merci. Vous retrouverez sur la page de Panorama, comme d'habitude, notre rubrique Jukebox, avec la liste des morceaux diffusés pendant cette émission. On remercie Laurent Forcheron à la technique, et on vous dit à bientôt pour une nouvelle histoire de musique.

  • Speaker #1

    On se quitte sur un autre morceau de la bande originale de Saturday Night Fever, Staying Alive, et c'est signé Les Bee Gees. A bientôt sur Radio Couleur.

  • Speaker #2

    Je suis bon. et que les gens peuvent être amoureux. C'est une belle idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. Et c'est une bonne idée. C'est une bonne idée. Et c'est une bonne idée. C'est une bonne idée.

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Description

Ce genre musical unique et étonnamment brillant a illuminé les pistes de danse dans les années 70 et a conquis une grande partie du globe. Aujourd'hui, l’héritage du disco est immense, aussi bien musicalement que culturellement et socialement. On le réduit souvent à ses paillettes et ses boules à facettes, mais derrière sont ambiance incontestablement festive, le disco porte les grandes luttes sociales de la fin des années 60 et des années 70. C’était une musique de fête, oui, mais une fête qui avait du sens. Danser, à cette époque, c’était aussi résister. Les clubs disco, c’était là où les femmes, les minorités, les personnes homosexuelles pouvaient enfin souffler un peu, danser, être elles-mêmes – à l’abri, au moins pour un temps, des discriminations du quotidien.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Panorama, une émission présentée par William Guillem et Lucie Guéron.

  • Speaker #1

    Chaque mois, on vous raconte une histoire de musique et aujourd'hui, on s'attaque à un genre musical que vous connaissez forcément, le disco. Ce genre musical unique et étonnamment brillant a illuminé les pistes de danse dans les années 70 et a conquis une grande partie du globe. Parce qu'en réalité, c'est plus qu'une boule à facettes et une piste de danse. Vous allez le comprendre, la musique disco, c'était en quelque sorte résister à l'ordre établi, aux normes rigides et à une société qui laissait peu de place à la différence.

  • Speaker #0

    Alors comment a-t-il été créé ? Quelle est son origine ? Et quel est son héritage ? Nous allons tout vous raconter. Enfiler un pantalon pas de def, une chemise pailletée, et faites la tournée cette boule à facettes.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans l'air du discours.

  • Speaker #2

    C'est... C'est... C'est...

  • Speaker #1

    Aux Etats-Unis, dans les années 70, les clubs de danse s'essoufflent. A cette époque, ce sont majoritairement les blancs hétérosexuels, le plus souvent en couple, qui dansent dans les nightclubs. Contrairement à ce qu'on connaît aujourd'hui, les musiques étaient directement jouées par des musiciens, venus les interpréter... en live.

  • Speaker #0

    Mais de l'autre côté de l'Atlantique, en France, un tout nouveau concept apparaît, la discothèque. Un club, une piste de danse, un bar et surtout un disque jockey, DJ, dans une cabine qui enchaîne les musiques les unes derrière les autres. On danse du début à la fin de la soirée. Et ce nouveau mode de consommation arrive jusqu'aux oreilles d'un jeune New Yorkais, David Mancuso. Lui,

  • Speaker #1

    il déteste les nightclubs mais il adore faire la fête, alors il décide d'organiser des soirées dans son propre appartement pour financer son loyer. C'est comme ça que naît le loft. David s'inspire des discothèques françaises en faisant appel à des DJ. Il utilise un matériel sonore de grande qualité et crée surtout un lieu ouvert à tous, sans distinction entre les hommes et les femmes, les noirs et les blancs, et les hétéros et les homosexuels.

  • Speaker #0

    Et c'est un succès. Le loft devient très vite un lieu réputé. On y écoute du funk, un peu de soul, de la musique de tout horizon. David Mancuso ne fait pas de différence. Il prône la mixité sociale dans une ville alors parcourue. parcouru par de fortes tensions raciales. Et c'est en dénichant deux nouveaux titres chez un disquaire qu'il tombe sur une pépite, la toute première musique du disco, Sol Macosa, un morceau camerounais de Manu Dibango.

  • Speaker #1

    Mais alors comment est-ce que ce disque est arrivé jusqu'aux mains de David Mancusto à New York aux Etats-Unis ?

  • Speaker #0

    Direction le Cameroun en 1972, où la 8e Coupe d'Afrique des Nations de football va bientôt avoir lieu. Manu Dibongo, lui, est chanteur et saxophoniste depuis quelques années.

  • Speaker #1

    Et quel rapport avec le football ?

  • Speaker #0

    Eh bien la demande du ministère des Sports camerounais, c'est Manu Dibongo qui écrit l'hymne de la compétition. Seulement, il manque un morceau pour compléter la phase B de son 45 tours. Il compose donc Sol Macossa, un titre inspiré du style Macossa, une musique typique du Cameroun. Pendant la Coupe d'Afrique, les vinyles sont distribués gratuitement aux supporters. Mais le Cameroun est battu en demi-finale et le disque sert de défouloir aux plus énervés qui n'hésitent pas à les casser. Manu Dibango ne reste pas sur cet échec et part s'enfermer en studio à Paris pour composer un album. Il y ajoute le fameux Sol Macosa et c'est plutôt un succès avec 50 000 ventes. Plus tard, des Afro-Américains de passage en France tomberont sur le morceau et le ramèneront en quelques exemplaires aux Etats-Unis.

  • Speaker #1

    A New York donc, David Mancuso transmet ce morceau à ses DJs et tous les samedis soirs au loft, quand la chanson passe, c'est l'euphorie. De bouche à oreille, les DJs new-yorkais s'arrachent le peu de vinyles rapportés d'Europe et commencent à les diffuser dans les célèbres nightclubs de la ville. Et vous vous souvenez quand je vous ai dit que les nightclubs new-yorkais étaient un peu has-been, un peu en perte de vitesse ? Eh bien, le loft de David change la donne. Les clubs ont changé leur fusil d'épaule, ils s'inspirent tous de la recette européenne et recrutent des DJs. La plupart sont des blancs italo-américains. Les clubs ne se contentent plus de faire jouer des musiciens en direct. Désormais, les DJ se chargent de diffuser les musiques et même de les enchaîner les unes à la suite des autres. Ils créent ce qu'on appelle aujourd'hui le mix.

  • Speaker #0

    La danse devient le cœur de la musique. Les remixes permettent aux danseurs de pratiquer leur art plus facilement grâce à des breaks. Un break, c'est en quelque sorte une boucle, un solo d'instruments, un pont où la voix s'efface pour laisser place à la rythmique. Et cela dure plusieurs minutes. Ça rajoute du dynamisme, une valeur à la musique et pour le DJ, un enchaînement plus fluide, moins brut avec le morceau suivant.

  • Speaker #1

    Pour réaliser ces manips en direct, les DJ achètent des platines vinyles et des tables de mixage. Ils vont pitcher des morceaux, donc les accélérer ou les ralentir, synchroniser les tempos entre deux titres pour un meilleur enchaînement. Ils vont devenir les maîtres de la musique et les chefs d'orchestre des nightclubs.

  • Speaker #0

    Avec ce changement de recette, les discothèques changent aussi de public. Désormais, ce sont des lieux ouverts à tous. les minorités gays Noirs et latinos s'emparent des lieux pour y prospérer l'amour et la liberté. Le disco met aussi à l'honneur les drag queens qui sont présentes dans pratiquement toutes les soirées disco de New York. Les personnes transgenres sont les bienvenues pour faire la fête.

  • Speaker #1

    Et pour danser dans ces lieux devenus un véritable havre de paix et de plaisir, il faut des musiques dites dansantes, exactement comme le sol macosa de D-Bango. En 1973, le disco va réellement trouver son rythme avec un batteur américain, Earl Young. Lui aussi est considéré comme l'un des pionniers du style. Plusieurs des morceaux dans lesquels il va jouer vont devenir simplement légendaires, comme le fameux The Love I Lost de Harold and the Blue Nuts. Le disco a enfin sa couleur.

  • Speaker #0

    Cette même année, un autre titre marque la naissance du disco. Ce sera d'ailleurs le dernier à être diffusé au loft, avant que David Mancuso ne se fasse expulser de son appartement. Il fait clairement entrer l'univers du disco dans une autre dimension. C'est Law of the Land, du groupe The Temptation. On pose enfin un nom sur ce type de morceau, le disco beats.

  • Speaker #1

    Je vous résume, le disco musicalement c'est un mélange de soul, de funk et de pop. C'est un rythme assez rapide, entre 100 et 130 battements par minute et souvent en deux temps. Pour les instruments, on retrouve généralement une guitare rythmique, des basses, des percussions et un clavier. Vous l'avez compris, c'est une musique créée pour danser, en discothèque particulièrement. Pas besoin de préciser que son nom est directement tiré de ce lieu de fête d'ailleurs. Le style privilégie donc le rythme aux paroles qui viennent seulement habiller un morceau déjà ultra dansant.

  • Speaker #0

    Maintenant qu'un nom est posé et que le disco commence à devenir à la mode, des chanteurs et des chanteuses vont venir s'imposer dans ce nouveau style de musique. Derrière eux, il y a des maisons de disques prêtes à investir en masse sur de nouveaux talents.

  • Speaker #1

    Et c'est le cas pour Carl Douglas, un artiste jamaïcain vivant en Angleterre. Aux Etats-Unis, les films de Kung Fu sont en vogue, Bruce Lee est l'acteur du moment. Et un jour, Carl Douglas chante l'air d'une de ses chansons à son producteur Bidou, Kung Fu Fighting. Ce dernier trouve la musique... amusante et ils décident ensemble de l'enregistrer pour la placer sur une phase B d'un autre projet. Vous l'aurez remarqué, la phase B d'un vinyle c'était souvent aussi une phase expérimentale. Et en seulement 10 minutes, l'affaire est pliée, le projet est envoyé à la maison de disques Pai Records qui adore ce nouveau morceau. A sa sortie, il rencontre quelques difficultés avant de s'envoler à la première place des classements musicaux grâce à sa large diffusion dans les boîtes de nuit du monde entier. C'est le 26ème single le plus vendu de tous les temps et je vous propose qu'on l'écoute tout de suite sur Radio Couleur. Oh

  • Speaker #2

    Oh et pas de grosses lignes, c'est vrai. Mais, mais je ne veux pas être expert, je suis bien en train de faire des ouvrages et de faire des exercices. T'as une expérience pas spéciale, mais on peut le faire. Et on a l'opportunité de faire des exercices. Donc, il faut bien faire des exercices pour être en bonne santé.

  • Speaker #0

    Vous écoutez Panorama sur Radio Couleur. A l'instant, c'était Karl Douglas. avec Kung Fu Fighting. Et c'est ce morceau qui va permettre une démocratisation du disco,

  • Speaker #1

    Lucie. Oui, William, tous les artistes vont s'y mettre. Les Jackson 5, Barry White, Gloria Gaynor, Abba, les Village People. En France, ce sera Claude François, Sheila et tant d'autres. On y reviendra.

  • Speaker #0

    On reste aux Etats-Unis, dans le quartier de Manhattan, à New York. Une discothèque ouvre ses portes en 1977, le Studio 54. Créé par Steve Rebell et Jan Schrager, le Studio 54 doit son nom à son ancienne vie. un studio télévisé disait que les deux entrepreneurs ont transformé en boîte de nuit. La fièvre du samedi soir devient une fièvre quotidienne. La piste de danse est ouverte 7 jours sur 7. Et devinez ce qu'on y écoute ? Du disco, bien évidemment ! On l'a dit tout à l'heure, les discothèques à New York sont devenues des lieux ouverts à tous et surtout prisés par les minorités. Mais le Studio 54, c'est carrément un cran au-dessus. C'est le lieu tendance où tout le monde doit être. Alors pour réguler ça, les propriétaires vont imposer des règles d'entrée plus strictes que dans les autres établissements de la nuit. Pour la première fois, il y a un agent de sécurité qui décide qui rentre au sein du club. C'est la création du métier de videur. Pour autant, chacun est encore le bienvenu. Le Studio 54 est un lieu où tout le monde est mélangé et ça fait sa marque de fabrique.

  • Speaker #1

    Pour se démarquer, Steve Rubble et Jan Schrager vont inviter des célébrités. Hommes d'affaires, mannequins, couturiers, chanteurs, artistes, en tout genre. Pour le soir d'ouverture, ce ne sont pas moins de 5000 cartons d'invitations qui sont distribués à toutes ces stars. Très vite, le lieu devient une institution. Michael Jackson, Elton John, Mick Jagger, Diana Ross et plein d'autres grands noms viennent chaque semaine passer des soirées inoubliables au rythme du disco.

  • Speaker #0

    Le Studio 54 est un lieu d'excès, de liberté mais aussi de drogue qui fait partie du décor. Des ballons de cocaïne tombent du ciel, il y a aussi des salles VIP pour des rencontres sexuelles. Un scandale met en lumière toutes les problématiques du club. Hamilton Jordan, le chef de cabinet du président Jimmy Carter, a été vu en train de prendre de la cocaïne. Le scandale fait énormément parler. La Maison-Blanche lance même une enqu

  • Speaker #1

    Le club est un lieu très fermé, peu de photographes sont autorisés à y accéder. Il est donc difficile de prouver ce qui se passe entre ces murs. Si vous voulez vous faire une petite idée de l'ambiance à l'intérieur, il vous suffit de regarder le film Saturday Night Fever. Les clients de l'époque s'inspiraient de ce film et s'amusaient à reproduire les scènes de danse de John Travolta.

  • Speaker #2

    C'est pas une chose à faire, c'est pas comme on le fait, c'est un mec.

  • Speaker #1

    Et d'autres scandales vont faire parler du studio 54.

  • Speaker #0

    Oui Lucie, comme celui d'un homme retrouvé mort dans les conduits d'aération du club.

  • Speaker #1

    Et comment il s'est retrouvé là ?

  • Speaker #0

    En fait, absolument tout le monde voulait rentrer dans la discothèque. C'était le lieu branché. Mais les places étaient limitées. Comme souvent dans ce genre de cas, un marché noir s'est alors développé en vendant des cartes pour accéder à des entrées secrètes. Sauf qu'un jour, un homme est tombé sans le savoir sur une arnaque et s'est lancé dans un des conduits d'aération. Il est mort étouffé.

  • Speaker #1

    Les propriétaires Steve et Yann, eux, sont un peu démunis face au succès du club. Ils préfèrent se concentrer sur les chiffres parce que ça tourne très bien. Si bien que Steve dit dans une interview que les seules personnes à faire autant d'argent qu'eux, ce sont les membres de la mafia.

  • Speaker #0

    Aïe aïe aïe aïe, la phrase qu'il ne fallait surtout pas dire.

  • Speaker #1

    Ni une ni deux, le fisc américain débarque en décembre 1978 pour une perquisition. Et c'est le jackpot, près de 4 millions de dollars non déclarés sont trouvés, ainsi que de la cocaïne cachée dans les murs.

  • Speaker #0

    C'est le début de la fin pour la discothèque la plus cotée de New York. Les propriétaires sont poursuivis en justif pour de multiples chefs d'accusation et sont contraints de fermer, puis vendre le club pour 5 millions de dollars lors de leur incarcération. C'est la fin du Studio 54.

  • Speaker #1

    Si on vous parle de cette discothèque plutôt qu'une autre, c'est pour son rôle majeur au sein du disco. Ce dernier a été dicté par le Studio 54. Toutes les autres boîtes de nuit du monde entier se sont inspirées de ce lieu. Le tapis rouge, le cordon de sécurité, tout vient du Studio 54 de Manhattan.

  • Speaker #0

    Et cette discothèque a ramené avec elle quelque chose d'autre dont on ne vous a pas encore parlé, l'extravagance. Quand tu allais au Studio 54 ou dans un autre club, il fallait être vu. Et comment être vu ? Avec des costumes à paillettes et des pièces de toutes les couleurs, avec des motifs tous plus excentriques les uns que les autres.

  • Speaker #1

    Le disco, c'est donc aussi un style vestimentaire. Le pantalon pâte d'éléphant devient même une signature. Des couleurs comme le rose fuchsia, le violet, le bleu royal dominent les pistes de danse. illuminée par les paillettes des costumes brillants reflétant la fameuse boule à facettes, symbole de l'époque disco. Pour les femmes, c'est aussi le pouvoir de s'habiller sexy sans être jugée. Elles portent des pantalons moulants, des tenues légères, audacieuses. Les combinaisons sont à la mode, tout comme les talons hauts, très appréciés.

  • Speaker #0

    Si ce style vous semble un peu ridicule aujourd'hui, dans les années 70, c'était déjà un peu le cas. Beaucoup se moquaient du look disco.

  • Speaker #1

    Mais du coup, pourquoi adopter ce style si ce n'était pas seulement pour attirer l'attention ?

  • Speaker #0

    Le disco est le symbole de la liberté et de la fête. Pouvoir être extravagant, c'est être différent et libre. Finalement, c'est la célébration de la diversité. Les coiffures se transforment durant cette époque, les femmes noires ne se lissent plus les cheveux et mettent à la mode la coupe afro, symbole, là aussi, de liberté. Les femmes blanches n'hésitent plus à se couper les cheveux. Pour les hommes, c'est la coupe mulée qui devient populaire. Avec le temps, elle est remplacée par un dégradé à blanc sur les côtés, tout en laissant long dessus. Il y a aussi le bronzage. Les fabricants de cosmétiques font fureur. La poudre bronzante et l'autombrosant cartonnent. Et un autre moyen de bronzer sans voyager attire énormément de monde, la création des salons UV. Malheureusement, ce n'est que bien plus tard que l'on découvre les effets néfastes de cette pratique sur la peau.

  • Speaker #1

    Vous connaissez maintenant la recette parfaite d'une soirée disco. Ne vous reste plus que la musique et c'est tout de suite avec le fric du groupe Chic.

  • Speaker #2

    Oh, je suis là, je suis là. C'est un truc, et vous deux, vous êtes

  • Speaker #0

    Le disco n'est pas seulement vecteur de bonne humeur musicale, il est aussi à l'origine d'une libération sexuelle inédite.

  • Speaker #1

    Plus tôt dans l'émission, on vous a parlé des pièces secrètes dédiées aux relations intimes au Studio 54. Ces espaces ne resteront pas secrets très longtemps. Les autres clubs vont également ouvrir des pièces similaires dans leurs boîtes de nuit. Dans certains lieux huppés, il est même normal d'avoir des relations sexuelles en public.

  • Speaker #0

    Cette liberté contrastée en réalité avec une société plus sombre.

  • Speaker #1

    Dans la vie quotidienne, les homosexuels n'étaient toujours pas acceptés. Le racisme était omniprésent et les Etats-Unis étaient plongés dans une crise financière. Mais voilà, le disco c'est avant tout l'amour à 120 battements par minute. Mélangez la danse, la liberté, une lumière tamisée et un peu beaucoup de drogue, vous aurez un cocktail explosif où les corps s'abandonnent.

  • Speaker #0

    La libération homosexuelle marque aussi un tournant dans l'histoire et renforce encore plus le lien entre le mouvement disco et la cause LGBT. En 1978, les Village People sortent... YMCA, un tube disco qui devient rapidement un hymne gay. Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce que ça voulait dire YMCA ?

  • Speaker #1

    C'est en fait l'acronyme de Young Men Christian Association, un mouvement mondial de jeunesse et d'engagement communautaire à but non lucratif. Il a été créé pour répondre aux besoins des jeunes hommes qui se sont déplacés vers les villes pendant la révolution industrielle. Les Young Men Christian Association étaient aussi connus pour être des lieux de rencontre de la communauté gay, entraînant à l'époque des scandales. et Et donc, cette chanson serait le moyen de faire le lien entre la cause LGBT et l'association, les Village People étant déjà connues pour leur homosexualité revendiquée.

  • Speaker #0

    Les femmes aussi vont jouer un rôle capital dans le succès du mouvement du disco, Lucie.

  • Speaker #1

    Non seulement elles vont dominer les charts grâce à leur voix surpuissante, mais elles vont aussi influencer des artistes du monde entier. Surnommées les divas du disco, ces femmes nous offrent de véritables classiques du genre, comme Hot Stuff de Donna Summer.

  • Speaker #0

    Dans les années 70, plusieurs manifestations sont organisées pour revendiquer la liberté sexuelle des femmes, la contraception libre et gratuite et le droit à l'avortement. Des combats qui résonnent avec l'esprit du disco. Alors même si les paroles des chansons disco interprétées par des femmes n'ont pas toujours une portée militante assumée, elles sont faites pour que tout le monde, et surtout les femmes, puissent se libérer en discothèque.

  • Speaker #1

    Revenons-en à notre reine du disco, Donna Summer. qui revendique à merveille cette liberté avec son morceau Love to Love You Baby.

  • Speaker #0

    Petite histoire. Avec le producteur Giorgio Moroder, un Italio allemand qui enchaîne les succès en Allemagne, ils ont l'idée de créer un son sexy, inspiré du duo Jane Berking-Serge Gainsbourg. Les paroles sont improvisées en studio par Donna Sommer elle-même, sur le thème du plaisir féminin. A la base, Donna est une chanteuse de soul. Enregistrer une chanson dans un autre registre est un véritable défi pour elle. Mais une autre femme l'inspire profondément, Marilyn Monroe.

  • Speaker #1

    Alors elle s'imagine Marilyn chanter Love to love you baby et l'interprète avec la même douceur qu'aurait pu avoir Monroe à sa place.

  • Speaker #0

    Les femmes se libèrent avec la musique, la politique, mais aussi on l'a évoqué tout à l'heure avec la mode et les coiffures. Et oui, il devient normal de voir des femmes aux cheveux courts. Mais les femmes auraient-elles perdu leur flamme ? C'est la question que se pose Patrick Juvet avec son morceau « Où sont les femmes ? »

  • Speaker #2

    Chut ! Chut

  • Speaker #0

    Bien que ce titre soit un succès en France, les paroles sont sexistes et anti-féministes. Elles posent la question de l'évolution des femmes, mais dénoncent aussi la disparition des codes de la femme dite idéale. « Il faut rendre à César ce qui appartient à César » , les paroles sont écrites par Jean-Michel Jarre.

  • Speaker #1

    Ce morceau suscite un vif intérêt pour le mouvement de libération des femmes, qui ne tarde pas à faire entendre son désaccord. Patrick Juvert reçoit plusieurs lettres d'insultes et de menaces. Pourtant, cette chanson devient le premier tube disco français.

  • Speaker #0

    Elle est pourtant créée dans l'ambiance du mouvement, bien qu'elle aille à l'encontre de son message principal. En 1977, les deux hommes sont à Los Angeles pour enregistrer des morceaux. D'un côté, Patrick Juvé passe ses nuits en discothèque entre alcool et drogue, pendant que son acolyte Jean-Michel Jarre passe ses journées en studio à chercher de nouvelles compositions. Mais Patrick subira ses excès et n'arrive pas à chanter, à tel point que Jean-Michel Jarre modifiera sa voix sur les titres « Où sont les femmes ? » pour masquer la fatigue du chanteur.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a... presque pas parlé de nos icônes françaises. C'est donc Patrick Juvet qui ouvre la voie du disco pour les autres, notamment pour un artiste qui déchaîne les foules, Claude François. Avec pour objectif de renouveler son répertoire et de s'adapter à la nouvelle mode musicale, Claude François s'impose sur la scène du disco avec Alexandrie Alexandra.

  • Speaker #2

    Je suis dans ta vie. Je suis dans tes bras. Ensemble, tu as l'exemple. C'est un ému, pour toi, ça ne fait que la nuit. J'ai plus d'aspects d'une seule vie. Qu'est-ce que tu as ? C'est un ému.

  • Speaker #1

    C'est évidemment un succès et ce qui contribue à la réussite de son changement de style, c'est aussi l'interprétation scénique. Costume brillant, Claudette en tenue pailletée, chorégraphie millimétrée, Claude François fait le show comme un américain à chaque apparition à la télévision. Un autre tube va complètement cartonner, c'est Magnolia Forever.

  • Speaker #2

    Vous y convient gritter ce désespoir Si que lui commence à être Dans un grand champ de magnolia Et que toutes ses fleurs sont belles Et que ses cheveux brillent souvent les doigts De ces magnolias La chanteuse des magnolias C'est pas possible !

  • Speaker #0

    Le disco français va régulièrement dépasser ses frontières avec, par exemple, Sheila et son morceau Spacer. Le tube est une réussite à l'international. Composé et écrit par les deux fondateurs du groupe Chic, le disco connaît une expansion mondiale. Et une autre femme va s'en accaparer pour marquer son époque, Dalida. La chanteuse s'essaye plusieurs fois au groove si entraînant, mais sans grand succès majeur, jusqu'au jour où le public italien découvre le morceau « Laissez-moi danser » .

  • Speaker #1

    Si l'arrivée du disco en France était un peu à contre-courant de son esprit de base, Dalida remet les points sur les « i » avec ce morceau qui exclame la liberté de la femme. Et puis à l'image de Claude François, ses apparitions télé sont bien pensées, avec des costumes colorés et des chorégraphies parfaitement exécutées. Et je vous propose qu'on écoute Laissez-moi danser et on se retrouve après pour la suite de Panorama.

  • Speaker #2

    J'ai vu la monnaie de pire chère vie, comme si de vaines et de pires chères noires,

  • Speaker #1

    Vous êtes bien sur Radio Couleur, c'était Dalida, laissez-moi danser.

  • Speaker #0

    et puis il y a Marc Ceron. Il a une histoire un peu particulière. Son style décalé ne plaît pas forcément aux maisons de disques. Il a notamment réalisé un titre avec des éléments sonores d'un film pornographique américain. Sur la pochette du morceau, on le voit assis aux côtés d'une femme nue. Autant vous dire qu'au début des années 70, ça ne passe pas du tout auprès des distributeurs français de vinyles. Il décide donc de fabriquer lui-même ses disques en Angleterre. Ce morceau, Love in C Minor, est donc préparé à l'envoi dans des cartons avec pour destination la France. Sauf que le distributeur anglais se trompe de carton, et au lieu d'envoyer des exemplaires d'un certain Barry White aux Etats-Unis, ce sont les exemplaires de Love in C Minor qui sont envoyés aux distributeurs américains. En ouvrant les colis, les américains trouvent la pochette intrigante et distribuent le projet de Ceron à des radios et des DJs. Et c'est un buzz incroyable. Dès qu'il apprend la nouvelle, il part direction New York et devient l'un des plus grands producteurs européens aux Etats-Unis. Il enchaîne les succès, s'éronne à ce petit truc que les Américains n'ont pas, cette touche d'électro. Il invente l'électro-disco et fende les prémices de la French Touch. Et si l'histoire de ce style musical vous intéresse, on vous invite à écouter l'épisode de Panorama qui lui est consacré. Rendez-vous sur les sites internet de couleur ou sur toutes les plateformes de podcast.

  • Speaker #1

    Un autre français va avoir le vent en poupe dans le monde, c'est Patrick Hernandez. Tout commence en 73, quand Patrick écrit, compose et interprète le morceau Born to be Alive. en studio. Le single est à la base un titre acoustique folk, mais Patrick Hernandez était persuadé du potentiel de sa création sans vraiment savoir comment l'exploiter. Cinq ans plus tard, il retravaille en studio Born to be Alive. Il y ajoute des riffs rock, mais ça ne sonne toujours pas comme un succès commercial. Il fait la rencontre du producteur Jean Valloux, qui lui souffle l'idée de partir sur des sonorités disco. Une idée abominable pour Hernandez, qui est fan de pop et de rock anglais. Le disco, c'est non. Mais Jean Valloux a plus d'un tour dans son sac pour le convaincre et dépose sur la table l'exemple de Night Fever. Le musicien se laisse aller et finit par enregistrer une version disco. Il comprendra qu'il tient un hit en écoutant sa maquette.

  • Speaker #2

    Bon, dis-donc, c'est

  • Speaker #0

    Bien que l'idée ait conquis Patrick et Jean, les maisons de disques en France ne sont pas convaincues. Alors ils se tournent du côté de l'Italie et bingo, le morceau va exploser les compteurs. Il débarque en France en 1979 et confirme son potentiel très rapidement en se classant numéro 1 des chartes. Le titre s'exporte dans le monde entier, même aux Etats-Unis, où il décroche un disque d'or. Aujourd'hui, le titre est devenu un standard du disco. Il tourne encore dans des pubs, des films et des clubs dans différents pays du monde. selon Patrick Hernandez. Ce morceau lui rapporte encore entre 800 et 1500 euros par jour.

  • Speaker #1

    Mais moi William, je suis un peu frustrée parce que l'émission touche presque à sa fin et il y a des énormes succès discos qu'on n'a pas encore abordés.

  • Speaker #0

    Effectivement, le disco c'est énormément de succès populaires et commerciaux.

  • Speaker #1

    A travers le globe, entre les années 70 et 80, plusieurs artistes et groupes de musique s'imposent dans le genre. C'est devenu un style international. Par exemple, en Suède, un petit groupe de musique tire son épingle du jeu, ABBA. La planète découvre ces quatre suédois à l'Eurovision en 1974 qu'ils remportent avec leur morceau Waterloo. Ah bah, 4 lettres qui déchaînent les foules chaque soir aux 4 coins du monde. Ils capitalisent sur ce succès et sur cette exposition mondiale pour enchaîner les tubes. Mamma Mia, Dancing Queen, Gimme Gimme Gimme, que Madonna s'en pleura pour créer le légendaire Hung Up. Et d'ailleurs, allez, on se fait plaisir, on écoute tout de suite

  • Speaker #2

    C'est une expérience.

  • Speaker #0

    D'autres groupes émergent, c'est le cas de Bonnie M.

  • Speaker #1

    Alors oui, Bonnie M, c'est un groupe. On a tendance à surtout se souvenir du chanteur Bobby Farrell. C'est lui qui enflamme la scène pendant leurs représentations. Il est accompagné de Liz Mitchell, Marcia Barrett et Maisie Williams. Mais en coulisses, ils ont tous un petit secret. En réalité, ce n'est pas Bobby Farrell qui chante, mais Frank Farian, le producteur et compositeur du groupe. C'est lui qui prêtait sa propre voix pour les parties masculines sur Quasiment. tous les morceaux, y compris la voix grave qu'on entend sur Daddy Cool ou Rasputin. Sur scène, en concert ou à la télé, Bobby Farrell se contentait de faire du playback. Le succès n'en reste pas moins immédiat. Chorégraphie énergique, look exubérant, refrain qui reste dans la tête, Booney M devient un phénomène mondial. Et tout comme Abba, le groupe enchaîne les pépites disco, notamment avec Rasputin.

  • Speaker #0

    Peu à peu, le disco va s'éteindre. Petit à petit, les pantalons pâtes d'éléphant et les vestes pailletées laissent leur place à des vêtements moins extravagants. La musique réalise une transition en douceur, avec le funk qui revient sur le devant de la scène en gardant le rythme dansant du disco.

  • Speaker #1

    Mais pourquoi une fin aussi prématurée pour un style si rassembleur et novateur ?

  • Speaker #0

    D'abord, la saturation du public. Tous les artistes se sont essayés au disco, même certains rockers. Et forcément, quand quelque chose cartonne, il y a toujours des personnes à contre-courant. Le disco ne va pas y échapper. Des communautés anti-disco vont émerger et gagner en popularité, ce qui précipitera encore un peu plus la chute des paillettes en discothèque. Il faut aussi ajouter l'investissement des maisons de disques, qui sentent le vent tourner et réduisent les budgets pour de nouvelles créations. Les radios diffusent de moins en moins de discos.

  • Speaker #1

    Mais surtout, le monde est en train de changer. Le disco, c'était l'amour, la liberté sexuelle, un univers sur un petit nuage pendant une dizaine d'années, mais qui se heurtent en plein vol à l'apparition du sida. La maladie pousse les fêtards à changer leurs habitudes, par conséquent, le disco n'est plus approprié à la fête. Pour autant, les fans nostalgiques lancent le slogan « Disco never dies » , le disco ne meurt jamais. Et ils n'ont pas tort.

  • Speaker #0

    Grâce à son histoire et ses sonorités, le disco refait surface à la fin des années 80, avec l'apparition des remixes. Un second souffle, mais sans les artifices de la première heure, la house music débarque et s'impose comme le style des années 90.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, le disco garde une place importante dans la musique contemporaine. Le genre est toujours joué dans les lieux de fête, les artistes s'en inspirent encore. Bruno Mars, les Daft Punk ou Jamiroquai intègrent des éléments disco dans leurs compositions. Le disco pur et dur comme on l'a connu dans les années 70 et 80 n'est plus très courant, mais on observe que certains artistes sont adeptes des genres voisins comme le disco punk ou le funk moderne.

  • Speaker #0

    En France, c'est le cas de Julien Granel avec son style pop ultra coloré, très influencé par les années 80 et le funk disco. et de Clara Luciani aussi qui incarne une vraie vibe disco chic à la française, avec production élégante et refrain dansant.

  • Speaker #1

    L'héritage du disco est immense, aussi bien musicalement que culturellement et socialement. On le réduit souvent à ses paillettes et ses boules à facettes, mais c'était bien plus que ça. Derrière l'ambiance festive, le disco porte, vous l'aurez compris, les grandes luttes sociales de la fin des années 60 et des années 70. Les droits civiques, les droits des personnes LGBTQ+, le féminisme. C'était une musique de fête, oui, mais une fête qui avait du sens. Danser à cette époque, c'était aussi résister. Les clubs discos, c'était là où les femmes, les minorités, les personnes homosexuelles pouvaient enfin souffler un peu, danser, être elles-mêmes à l'abri, au moins pour un temps, des discriminations du quotidien. C'est un véritable phénomène qui va plus loin que la musique et c'est ce qu'on a essayé de vous expliquer aujourd'hui dans ce panorama spécial disco.

  • Speaker #0

    Et c'est comme ça que se termine cet épisode. On espère qu'il vous a plu. Vous pouvez toujours retrouver cette émission en podcast sur www.coolerfm.fr Merci. Vous retrouverez sur la page de Panorama, comme d'habitude, notre rubrique Jukebox, avec la liste des morceaux diffusés pendant cette émission. On remercie Laurent Forcheron à la technique, et on vous dit à bientôt pour une nouvelle histoire de musique.

  • Speaker #1

    On se quitte sur un autre morceau de la bande originale de Saturday Night Fever, Staying Alive, et c'est signé Les Bee Gees. A bientôt sur Radio Couleur.

  • Speaker #2

    Je suis bon. et que les gens peuvent être amoureux. C'est une belle idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. Et c'est une bonne idée. C'est une bonne idée. Et c'est une bonne idée. C'est une bonne idée.

Description

Ce genre musical unique et étonnamment brillant a illuminé les pistes de danse dans les années 70 et a conquis une grande partie du globe. Aujourd'hui, l’héritage du disco est immense, aussi bien musicalement que culturellement et socialement. On le réduit souvent à ses paillettes et ses boules à facettes, mais derrière sont ambiance incontestablement festive, le disco porte les grandes luttes sociales de la fin des années 60 et des années 70. C’était une musique de fête, oui, mais une fête qui avait du sens. Danser, à cette époque, c’était aussi résister. Les clubs disco, c’était là où les femmes, les minorités, les personnes homosexuelles pouvaient enfin souffler un peu, danser, être elles-mêmes – à l’abri, au moins pour un temps, des discriminations du quotidien.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Panorama, une émission présentée par William Guillem et Lucie Guéron.

  • Speaker #1

    Chaque mois, on vous raconte une histoire de musique et aujourd'hui, on s'attaque à un genre musical que vous connaissez forcément, le disco. Ce genre musical unique et étonnamment brillant a illuminé les pistes de danse dans les années 70 et a conquis une grande partie du globe. Parce qu'en réalité, c'est plus qu'une boule à facettes et une piste de danse. Vous allez le comprendre, la musique disco, c'était en quelque sorte résister à l'ordre établi, aux normes rigides et à une société qui laissait peu de place à la différence.

  • Speaker #0

    Alors comment a-t-il été créé ? Quelle est son origine ? Et quel est son héritage ? Nous allons tout vous raconter. Enfiler un pantalon pas de def, une chemise pailletée, et faites la tournée cette boule à facettes.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans l'air du discours.

  • Speaker #2

    C'est... C'est... C'est...

  • Speaker #1

    Aux Etats-Unis, dans les années 70, les clubs de danse s'essoufflent. A cette époque, ce sont majoritairement les blancs hétérosexuels, le plus souvent en couple, qui dansent dans les nightclubs. Contrairement à ce qu'on connaît aujourd'hui, les musiques étaient directement jouées par des musiciens, venus les interpréter... en live.

  • Speaker #0

    Mais de l'autre côté de l'Atlantique, en France, un tout nouveau concept apparaît, la discothèque. Un club, une piste de danse, un bar et surtout un disque jockey, DJ, dans une cabine qui enchaîne les musiques les unes derrière les autres. On danse du début à la fin de la soirée. Et ce nouveau mode de consommation arrive jusqu'aux oreilles d'un jeune New Yorkais, David Mancuso. Lui,

  • Speaker #1

    il déteste les nightclubs mais il adore faire la fête, alors il décide d'organiser des soirées dans son propre appartement pour financer son loyer. C'est comme ça que naît le loft. David s'inspire des discothèques françaises en faisant appel à des DJ. Il utilise un matériel sonore de grande qualité et crée surtout un lieu ouvert à tous, sans distinction entre les hommes et les femmes, les noirs et les blancs, et les hétéros et les homosexuels.

  • Speaker #0

    Et c'est un succès. Le loft devient très vite un lieu réputé. On y écoute du funk, un peu de soul, de la musique de tout horizon. David Mancuso ne fait pas de différence. Il prône la mixité sociale dans une ville alors parcourue. parcouru par de fortes tensions raciales. Et c'est en dénichant deux nouveaux titres chez un disquaire qu'il tombe sur une pépite, la toute première musique du disco, Sol Macosa, un morceau camerounais de Manu Dibango.

  • Speaker #1

    Mais alors comment est-ce que ce disque est arrivé jusqu'aux mains de David Mancusto à New York aux Etats-Unis ?

  • Speaker #0

    Direction le Cameroun en 1972, où la 8e Coupe d'Afrique des Nations de football va bientôt avoir lieu. Manu Dibongo, lui, est chanteur et saxophoniste depuis quelques années.

  • Speaker #1

    Et quel rapport avec le football ?

  • Speaker #0

    Eh bien la demande du ministère des Sports camerounais, c'est Manu Dibongo qui écrit l'hymne de la compétition. Seulement, il manque un morceau pour compléter la phase B de son 45 tours. Il compose donc Sol Macossa, un titre inspiré du style Macossa, une musique typique du Cameroun. Pendant la Coupe d'Afrique, les vinyles sont distribués gratuitement aux supporters. Mais le Cameroun est battu en demi-finale et le disque sert de défouloir aux plus énervés qui n'hésitent pas à les casser. Manu Dibango ne reste pas sur cet échec et part s'enfermer en studio à Paris pour composer un album. Il y ajoute le fameux Sol Macosa et c'est plutôt un succès avec 50 000 ventes. Plus tard, des Afro-Américains de passage en France tomberont sur le morceau et le ramèneront en quelques exemplaires aux Etats-Unis.

  • Speaker #1

    A New York donc, David Mancuso transmet ce morceau à ses DJs et tous les samedis soirs au loft, quand la chanson passe, c'est l'euphorie. De bouche à oreille, les DJs new-yorkais s'arrachent le peu de vinyles rapportés d'Europe et commencent à les diffuser dans les célèbres nightclubs de la ville. Et vous vous souvenez quand je vous ai dit que les nightclubs new-yorkais étaient un peu has-been, un peu en perte de vitesse ? Eh bien, le loft de David change la donne. Les clubs ont changé leur fusil d'épaule, ils s'inspirent tous de la recette européenne et recrutent des DJs. La plupart sont des blancs italo-américains. Les clubs ne se contentent plus de faire jouer des musiciens en direct. Désormais, les DJ se chargent de diffuser les musiques et même de les enchaîner les unes à la suite des autres. Ils créent ce qu'on appelle aujourd'hui le mix.

  • Speaker #0

    La danse devient le cœur de la musique. Les remixes permettent aux danseurs de pratiquer leur art plus facilement grâce à des breaks. Un break, c'est en quelque sorte une boucle, un solo d'instruments, un pont où la voix s'efface pour laisser place à la rythmique. Et cela dure plusieurs minutes. Ça rajoute du dynamisme, une valeur à la musique et pour le DJ, un enchaînement plus fluide, moins brut avec le morceau suivant.

  • Speaker #1

    Pour réaliser ces manips en direct, les DJ achètent des platines vinyles et des tables de mixage. Ils vont pitcher des morceaux, donc les accélérer ou les ralentir, synchroniser les tempos entre deux titres pour un meilleur enchaînement. Ils vont devenir les maîtres de la musique et les chefs d'orchestre des nightclubs.

  • Speaker #0

    Avec ce changement de recette, les discothèques changent aussi de public. Désormais, ce sont des lieux ouverts à tous. les minorités gays Noirs et latinos s'emparent des lieux pour y prospérer l'amour et la liberté. Le disco met aussi à l'honneur les drag queens qui sont présentes dans pratiquement toutes les soirées disco de New York. Les personnes transgenres sont les bienvenues pour faire la fête.

  • Speaker #1

    Et pour danser dans ces lieux devenus un véritable havre de paix et de plaisir, il faut des musiques dites dansantes, exactement comme le sol macosa de D-Bango. En 1973, le disco va réellement trouver son rythme avec un batteur américain, Earl Young. Lui aussi est considéré comme l'un des pionniers du style. Plusieurs des morceaux dans lesquels il va jouer vont devenir simplement légendaires, comme le fameux The Love I Lost de Harold and the Blue Nuts. Le disco a enfin sa couleur.

  • Speaker #0

    Cette même année, un autre titre marque la naissance du disco. Ce sera d'ailleurs le dernier à être diffusé au loft, avant que David Mancuso ne se fasse expulser de son appartement. Il fait clairement entrer l'univers du disco dans une autre dimension. C'est Law of the Land, du groupe The Temptation. On pose enfin un nom sur ce type de morceau, le disco beats.

  • Speaker #1

    Je vous résume, le disco musicalement c'est un mélange de soul, de funk et de pop. C'est un rythme assez rapide, entre 100 et 130 battements par minute et souvent en deux temps. Pour les instruments, on retrouve généralement une guitare rythmique, des basses, des percussions et un clavier. Vous l'avez compris, c'est une musique créée pour danser, en discothèque particulièrement. Pas besoin de préciser que son nom est directement tiré de ce lieu de fête d'ailleurs. Le style privilégie donc le rythme aux paroles qui viennent seulement habiller un morceau déjà ultra dansant.

  • Speaker #0

    Maintenant qu'un nom est posé et que le disco commence à devenir à la mode, des chanteurs et des chanteuses vont venir s'imposer dans ce nouveau style de musique. Derrière eux, il y a des maisons de disques prêtes à investir en masse sur de nouveaux talents.

  • Speaker #1

    Et c'est le cas pour Carl Douglas, un artiste jamaïcain vivant en Angleterre. Aux Etats-Unis, les films de Kung Fu sont en vogue, Bruce Lee est l'acteur du moment. Et un jour, Carl Douglas chante l'air d'une de ses chansons à son producteur Bidou, Kung Fu Fighting. Ce dernier trouve la musique... amusante et ils décident ensemble de l'enregistrer pour la placer sur une phase B d'un autre projet. Vous l'aurez remarqué, la phase B d'un vinyle c'était souvent aussi une phase expérimentale. Et en seulement 10 minutes, l'affaire est pliée, le projet est envoyé à la maison de disques Pai Records qui adore ce nouveau morceau. A sa sortie, il rencontre quelques difficultés avant de s'envoler à la première place des classements musicaux grâce à sa large diffusion dans les boîtes de nuit du monde entier. C'est le 26ème single le plus vendu de tous les temps et je vous propose qu'on l'écoute tout de suite sur Radio Couleur. Oh

  • Speaker #2

    Oh et pas de grosses lignes, c'est vrai. Mais, mais je ne veux pas être expert, je suis bien en train de faire des ouvrages et de faire des exercices. T'as une expérience pas spéciale, mais on peut le faire. Et on a l'opportunité de faire des exercices. Donc, il faut bien faire des exercices pour être en bonne santé.

  • Speaker #0

    Vous écoutez Panorama sur Radio Couleur. A l'instant, c'était Karl Douglas. avec Kung Fu Fighting. Et c'est ce morceau qui va permettre une démocratisation du disco,

  • Speaker #1

    Lucie. Oui, William, tous les artistes vont s'y mettre. Les Jackson 5, Barry White, Gloria Gaynor, Abba, les Village People. En France, ce sera Claude François, Sheila et tant d'autres. On y reviendra.

  • Speaker #0

    On reste aux Etats-Unis, dans le quartier de Manhattan, à New York. Une discothèque ouvre ses portes en 1977, le Studio 54. Créé par Steve Rebell et Jan Schrager, le Studio 54 doit son nom à son ancienne vie. un studio télévisé disait que les deux entrepreneurs ont transformé en boîte de nuit. La fièvre du samedi soir devient une fièvre quotidienne. La piste de danse est ouverte 7 jours sur 7. Et devinez ce qu'on y écoute ? Du disco, bien évidemment ! On l'a dit tout à l'heure, les discothèques à New York sont devenues des lieux ouverts à tous et surtout prisés par les minorités. Mais le Studio 54, c'est carrément un cran au-dessus. C'est le lieu tendance où tout le monde doit être. Alors pour réguler ça, les propriétaires vont imposer des règles d'entrée plus strictes que dans les autres établissements de la nuit. Pour la première fois, il y a un agent de sécurité qui décide qui rentre au sein du club. C'est la création du métier de videur. Pour autant, chacun est encore le bienvenu. Le Studio 54 est un lieu où tout le monde est mélangé et ça fait sa marque de fabrique.

  • Speaker #1

    Pour se démarquer, Steve Rubble et Jan Schrager vont inviter des célébrités. Hommes d'affaires, mannequins, couturiers, chanteurs, artistes, en tout genre. Pour le soir d'ouverture, ce ne sont pas moins de 5000 cartons d'invitations qui sont distribués à toutes ces stars. Très vite, le lieu devient une institution. Michael Jackson, Elton John, Mick Jagger, Diana Ross et plein d'autres grands noms viennent chaque semaine passer des soirées inoubliables au rythme du disco.

  • Speaker #0

    Le Studio 54 est un lieu d'excès, de liberté mais aussi de drogue qui fait partie du décor. Des ballons de cocaïne tombent du ciel, il y a aussi des salles VIP pour des rencontres sexuelles. Un scandale met en lumière toutes les problématiques du club. Hamilton Jordan, le chef de cabinet du président Jimmy Carter, a été vu en train de prendre de la cocaïne. Le scandale fait énormément parler. La Maison-Blanche lance même une enqu

  • Speaker #1

    Le club est un lieu très fermé, peu de photographes sont autorisés à y accéder. Il est donc difficile de prouver ce qui se passe entre ces murs. Si vous voulez vous faire une petite idée de l'ambiance à l'intérieur, il vous suffit de regarder le film Saturday Night Fever. Les clients de l'époque s'inspiraient de ce film et s'amusaient à reproduire les scènes de danse de John Travolta.

  • Speaker #2

    C'est pas une chose à faire, c'est pas comme on le fait, c'est un mec.

  • Speaker #1

    Et d'autres scandales vont faire parler du studio 54.

  • Speaker #0

    Oui Lucie, comme celui d'un homme retrouvé mort dans les conduits d'aération du club.

  • Speaker #1

    Et comment il s'est retrouvé là ?

  • Speaker #0

    En fait, absolument tout le monde voulait rentrer dans la discothèque. C'était le lieu branché. Mais les places étaient limitées. Comme souvent dans ce genre de cas, un marché noir s'est alors développé en vendant des cartes pour accéder à des entrées secrètes. Sauf qu'un jour, un homme est tombé sans le savoir sur une arnaque et s'est lancé dans un des conduits d'aération. Il est mort étouffé.

  • Speaker #1

    Les propriétaires Steve et Yann, eux, sont un peu démunis face au succès du club. Ils préfèrent se concentrer sur les chiffres parce que ça tourne très bien. Si bien que Steve dit dans une interview que les seules personnes à faire autant d'argent qu'eux, ce sont les membres de la mafia.

  • Speaker #0

    Aïe aïe aïe aïe, la phrase qu'il ne fallait surtout pas dire.

  • Speaker #1

    Ni une ni deux, le fisc américain débarque en décembre 1978 pour une perquisition. Et c'est le jackpot, près de 4 millions de dollars non déclarés sont trouvés, ainsi que de la cocaïne cachée dans les murs.

  • Speaker #0

    C'est le début de la fin pour la discothèque la plus cotée de New York. Les propriétaires sont poursuivis en justif pour de multiples chefs d'accusation et sont contraints de fermer, puis vendre le club pour 5 millions de dollars lors de leur incarcération. C'est la fin du Studio 54.

  • Speaker #1

    Si on vous parle de cette discothèque plutôt qu'une autre, c'est pour son rôle majeur au sein du disco. Ce dernier a été dicté par le Studio 54. Toutes les autres boîtes de nuit du monde entier se sont inspirées de ce lieu. Le tapis rouge, le cordon de sécurité, tout vient du Studio 54 de Manhattan.

  • Speaker #0

    Et cette discothèque a ramené avec elle quelque chose d'autre dont on ne vous a pas encore parlé, l'extravagance. Quand tu allais au Studio 54 ou dans un autre club, il fallait être vu. Et comment être vu ? Avec des costumes à paillettes et des pièces de toutes les couleurs, avec des motifs tous plus excentriques les uns que les autres.

  • Speaker #1

    Le disco, c'est donc aussi un style vestimentaire. Le pantalon pâte d'éléphant devient même une signature. Des couleurs comme le rose fuchsia, le violet, le bleu royal dominent les pistes de danse. illuminée par les paillettes des costumes brillants reflétant la fameuse boule à facettes, symbole de l'époque disco. Pour les femmes, c'est aussi le pouvoir de s'habiller sexy sans être jugée. Elles portent des pantalons moulants, des tenues légères, audacieuses. Les combinaisons sont à la mode, tout comme les talons hauts, très appréciés.

  • Speaker #0

    Si ce style vous semble un peu ridicule aujourd'hui, dans les années 70, c'était déjà un peu le cas. Beaucoup se moquaient du look disco.

  • Speaker #1

    Mais du coup, pourquoi adopter ce style si ce n'était pas seulement pour attirer l'attention ?

  • Speaker #0

    Le disco est le symbole de la liberté et de la fête. Pouvoir être extravagant, c'est être différent et libre. Finalement, c'est la célébration de la diversité. Les coiffures se transforment durant cette époque, les femmes noires ne se lissent plus les cheveux et mettent à la mode la coupe afro, symbole, là aussi, de liberté. Les femmes blanches n'hésitent plus à se couper les cheveux. Pour les hommes, c'est la coupe mulée qui devient populaire. Avec le temps, elle est remplacée par un dégradé à blanc sur les côtés, tout en laissant long dessus. Il y a aussi le bronzage. Les fabricants de cosmétiques font fureur. La poudre bronzante et l'autombrosant cartonnent. Et un autre moyen de bronzer sans voyager attire énormément de monde, la création des salons UV. Malheureusement, ce n'est que bien plus tard que l'on découvre les effets néfastes de cette pratique sur la peau.

  • Speaker #1

    Vous connaissez maintenant la recette parfaite d'une soirée disco. Ne vous reste plus que la musique et c'est tout de suite avec le fric du groupe Chic.

  • Speaker #2

    Oh, je suis là, je suis là. C'est un truc, et vous deux, vous êtes

  • Speaker #0

    Le disco n'est pas seulement vecteur de bonne humeur musicale, il est aussi à l'origine d'une libération sexuelle inédite.

  • Speaker #1

    Plus tôt dans l'émission, on vous a parlé des pièces secrètes dédiées aux relations intimes au Studio 54. Ces espaces ne resteront pas secrets très longtemps. Les autres clubs vont également ouvrir des pièces similaires dans leurs boîtes de nuit. Dans certains lieux huppés, il est même normal d'avoir des relations sexuelles en public.

  • Speaker #0

    Cette liberté contrastée en réalité avec une société plus sombre.

  • Speaker #1

    Dans la vie quotidienne, les homosexuels n'étaient toujours pas acceptés. Le racisme était omniprésent et les Etats-Unis étaient plongés dans une crise financière. Mais voilà, le disco c'est avant tout l'amour à 120 battements par minute. Mélangez la danse, la liberté, une lumière tamisée et un peu beaucoup de drogue, vous aurez un cocktail explosif où les corps s'abandonnent.

  • Speaker #0

    La libération homosexuelle marque aussi un tournant dans l'histoire et renforce encore plus le lien entre le mouvement disco et la cause LGBT. En 1978, les Village People sortent... YMCA, un tube disco qui devient rapidement un hymne gay. Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce que ça voulait dire YMCA ?

  • Speaker #1

    C'est en fait l'acronyme de Young Men Christian Association, un mouvement mondial de jeunesse et d'engagement communautaire à but non lucratif. Il a été créé pour répondre aux besoins des jeunes hommes qui se sont déplacés vers les villes pendant la révolution industrielle. Les Young Men Christian Association étaient aussi connus pour être des lieux de rencontre de la communauté gay, entraînant à l'époque des scandales. et Et donc, cette chanson serait le moyen de faire le lien entre la cause LGBT et l'association, les Village People étant déjà connues pour leur homosexualité revendiquée.

  • Speaker #0

    Les femmes aussi vont jouer un rôle capital dans le succès du mouvement du disco, Lucie.

  • Speaker #1

    Non seulement elles vont dominer les charts grâce à leur voix surpuissante, mais elles vont aussi influencer des artistes du monde entier. Surnommées les divas du disco, ces femmes nous offrent de véritables classiques du genre, comme Hot Stuff de Donna Summer.

  • Speaker #0

    Dans les années 70, plusieurs manifestations sont organisées pour revendiquer la liberté sexuelle des femmes, la contraception libre et gratuite et le droit à l'avortement. Des combats qui résonnent avec l'esprit du disco. Alors même si les paroles des chansons disco interprétées par des femmes n'ont pas toujours une portée militante assumée, elles sont faites pour que tout le monde, et surtout les femmes, puissent se libérer en discothèque.

  • Speaker #1

    Revenons-en à notre reine du disco, Donna Summer. qui revendique à merveille cette liberté avec son morceau Love to Love You Baby.

  • Speaker #0

    Petite histoire. Avec le producteur Giorgio Moroder, un Italio allemand qui enchaîne les succès en Allemagne, ils ont l'idée de créer un son sexy, inspiré du duo Jane Berking-Serge Gainsbourg. Les paroles sont improvisées en studio par Donna Sommer elle-même, sur le thème du plaisir féminin. A la base, Donna est une chanteuse de soul. Enregistrer une chanson dans un autre registre est un véritable défi pour elle. Mais une autre femme l'inspire profondément, Marilyn Monroe.

  • Speaker #1

    Alors elle s'imagine Marilyn chanter Love to love you baby et l'interprète avec la même douceur qu'aurait pu avoir Monroe à sa place.

  • Speaker #0

    Les femmes se libèrent avec la musique, la politique, mais aussi on l'a évoqué tout à l'heure avec la mode et les coiffures. Et oui, il devient normal de voir des femmes aux cheveux courts. Mais les femmes auraient-elles perdu leur flamme ? C'est la question que se pose Patrick Juvet avec son morceau « Où sont les femmes ? »

  • Speaker #2

    Chut ! Chut

  • Speaker #0

    Bien que ce titre soit un succès en France, les paroles sont sexistes et anti-féministes. Elles posent la question de l'évolution des femmes, mais dénoncent aussi la disparition des codes de la femme dite idéale. « Il faut rendre à César ce qui appartient à César » , les paroles sont écrites par Jean-Michel Jarre.

  • Speaker #1

    Ce morceau suscite un vif intérêt pour le mouvement de libération des femmes, qui ne tarde pas à faire entendre son désaccord. Patrick Juvert reçoit plusieurs lettres d'insultes et de menaces. Pourtant, cette chanson devient le premier tube disco français.

  • Speaker #0

    Elle est pourtant créée dans l'ambiance du mouvement, bien qu'elle aille à l'encontre de son message principal. En 1977, les deux hommes sont à Los Angeles pour enregistrer des morceaux. D'un côté, Patrick Juvé passe ses nuits en discothèque entre alcool et drogue, pendant que son acolyte Jean-Michel Jarre passe ses journées en studio à chercher de nouvelles compositions. Mais Patrick subira ses excès et n'arrive pas à chanter, à tel point que Jean-Michel Jarre modifiera sa voix sur les titres « Où sont les femmes ? » pour masquer la fatigue du chanteur.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a... presque pas parlé de nos icônes françaises. C'est donc Patrick Juvet qui ouvre la voie du disco pour les autres, notamment pour un artiste qui déchaîne les foules, Claude François. Avec pour objectif de renouveler son répertoire et de s'adapter à la nouvelle mode musicale, Claude François s'impose sur la scène du disco avec Alexandrie Alexandra.

  • Speaker #2

    Je suis dans ta vie. Je suis dans tes bras. Ensemble, tu as l'exemple. C'est un ému, pour toi, ça ne fait que la nuit. J'ai plus d'aspects d'une seule vie. Qu'est-ce que tu as ? C'est un ému.

  • Speaker #1

    C'est évidemment un succès et ce qui contribue à la réussite de son changement de style, c'est aussi l'interprétation scénique. Costume brillant, Claudette en tenue pailletée, chorégraphie millimétrée, Claude François fait le show comme un américain à chaque apparition à la télévision. Un autre tube va complètement cartonner, c'est Magnolia Forever.

  • Speaker #2

    Vous y convient gritter ce désespoir Si que lui commence à être Dans un grand champ de magnolia Et que toutes ses fleurs sont belles Et que ses cheveux brillent souvent les doigts De ces magnolias La chanteuse des magnolias C'est pas possible !

  • Speaker #0

    Le disco français va régulièrement dépasser ses frontières avec, par exemple, Sheila et son morceau Spacer. Le tube est une réussite à l'international. Composé et écrit par les deux fondateurs du groupe Chic, le disco connaît une expansion mondiale. Et une autre femme va s'en accaparer pour marquer son époque, Dalida. La chanteuse s'essaye plusieurs fois au groove si entraînant, mais sans grand succès majeur, jusqu'au jour où le public italien découvre le morceau « Laissez-moi danser » .

  • Speaker #1

    Si l'arrivée du disco en France était un peu à contre-courant de son esprit de base, Dalida remet les points sur les « i » avec ce morceau qui exclame la liberté de la femme. Et puis à l'image de Claude François, ses apparitions télé sont bien pensées, avec des costumes colorés et des chorégraphies parfaitement exécutées. Et je vous propose qu'on écoute Laissez-moi danser et on se retrouve après pour la suite de Panorama.

  • Speaker #2

    J'ai vu la monnaie de pire chère vie, comme si de vaines et de pires chères noires,

  • Speaker #1

    Vous êtes bien sur Radio Couleur, c'était Dalida, laissez-moi danser.

  • Speaker #0

    et puis il y a Marc Ceron. Il a une histoire un peu particulière. Son style décalé ne plaît pas forcément aux maisons de disques. Il a notamment réalisé un titre avec des éléments sonores d'un film pornographique américain. Sur la pochette du morceau, on le voit assis aux côtés d'une femme nue. Autant vous dire qu'au début des années 70, ça ne passe pas du tout auprès des distributeurs français de vinyles. Il décide donc de fabriquer lui-même ses disques en Angleterre. Ce morceau, Love in C Minor, est donc préparé à l'envoi dans des cartons avec pour destination la France. Sauf que le distributeur anglais se trompe de carton, et au lieu d'envoyer des exemplaires d'un certain Barry White aux Etats-Unis, ce sont les exemplaires de Love in C Minor qui sont envoyés aux distributeurs américains. En ouvrant les colis, les américains trouvent la pochette intrigante et distribuent le projet de Ceron à des radios et des DJs. Et c'est un buzz incroyable. Dès qu'il apprend la nouvelle, il part direction New York et devient l'un des plus grands producteurs européens aux Etats-Unis. Il enchaîne les succès, s'éronne à ce petit truc que les Américains n'ont pas, cette touche d'électro. Il invente l'électro-disco et fende les prémices de la French Touch. Et si l'histoire de ce style musical vous intéresse, on vous invite à écouter l'épisode de Panorama qui lui est consacré. Rendez-vous sur les sites internet de couleur ou sur toutes les plateformes de podcast.

  • Speaker #1

    Un autre français va avoir le vent en poupe dans le monde, c'est Patrick Hernandez. Tout commence en 73, quand Patrick écrit, compose et interprète le morceau Born to be Alive. en studio. Le single est à la base un titre acoustique folk, mais Patrick Hernandez était persuadé du potentiel de sa création sans vraiment savoir comment l'exploiter. Cinq ans plus tard, il retravaille en studio Born to be Alive. Il y ajoute des riffs rock, mais ça ne sonne toujours pas comme un succès commercial. Il fait la rencontre du producteur Jean Valloux, qui lui souffle l'idée de partir sur des sonorités disco. Une idée abominable pour Hernandez, qui est fan de pop et de rock anglais. Le disco, c'est non. Mais Jean Valloux a plus d'un tour dans son sac pour le convaincre et dépose sur la table l'exemple de Night Fever. Le musicien se laisse aller et finit par enregistrer une version disco. Il comprendra qu'il tient un hit en écoutant sa maquette.

  • Speaker #2

    Bon, dis-donc, c'est

  • Speaker #0

    Bien que l'idée ait conquis Patrick et Jean, les maisons de disques en France ne sont pas convaincues. Alors ils se tournent du côté de l'Italie et bingo, le morceau va exploser les compteurs. Il débarque en France en 1979 et confirme son potentiel très rapidement en se classant numéro 1 des chartes. Le titre s'exporte dans le monde entier, même aux Etats-Unis, où il décroche un disque d'or. Aujourd'hui, le titre est devenu un standard du disco. Il tourne encore dans des pubs, des films et des clubs dans différents pays du monde. selon Patrick Hernandez. Ce morceau lui rapporte encore entre 800 et 1500 euros par jour.

  • Speaker #1

    Mais moi William, je suis un peu frustrée parce que l'émission touche presque à sa fin et il y a des énormes succès discos qu'on n'a pas encore abordés.

  • Speaker #0

    Effectivement, le disco c'est énormément de succès populaires et commerciaux.

  • Speaker #1

    A travers le globe, entre les années 70 et 80, plusieurs artistes et groupes de musique s'imposent dans le genre. C'est devenu un style international. Par exemple, en Suède, un petit groupe de musique tire son épingle du jeu, ABBA. La planète découvre ces quatre suédois à l'Eurovision en 1974 qu'ils remportent avec leur morceau Waterloo. Ah bah, 4 lettres qui déchaînent les foules chaque soir aux 4 coins du monde. Ils capitalisent sur ce succès et sur cette exposition mondiale pour enchaîner les tubes. Mamma Mia, Dancing Queen, Gimme Gimme Gimme, que Madonna s'en pleura pour créer le légendaire Hung Up. Et d'ailleurs, allez, on se fait plaisir, on écoute tout de suite

  • Speaker #2

    C'est une expérience.

  • Speaker #0

    D'autres groupes émergent, c'est le cas de Bonnie M.

  • Speaker #1

    Alors oui, Bonnie M, c'est un groupe. On a tendance à surtout se souvenir du chanteur Bobby Farrell. C'est lui qui enflamme la scène pendant leurs représentations. Il est accompagné de Liz Mitchell, Marcia Barrett et Maisie Williams. Mais en coulisses, ils ont tous un petit secret. En réalité, ce n'est pas Bobby Farrell qui chante, mais Frank Farian, le producteur et compositeur du groupe. C'est lui qui prêtait sa propre voix pour les parties masculines sur Quasiment. tous les morceaux, y compris la voix grave qu'on entend sur Daddy Cool ou Rasputin. Sur scène, en concert ou à la télé, Bobby Farrell se contentait de faire du playback. Le succès n'en reste pas moins immédiat. Chorégraphie énergique, look exubérant, refrain qui reste dans la tête, Booney M devient un phénomène mondial. Et tout comme Abba, le groupe enchaîne les pépites disco, notamment avec Rasputin.

  • Speaker #0

    Peu à peu, le disco va s'éteindre. Petit à petit, les pantalons pâtes d'éléphant et les vestes pailletées laissent leur place à des vêtements moins extravagants. La musique réalise une transition en douceur, avec le funk qui revient sur le devant de la scène en gardant le rythme dansant du disco.

  • Speaker #1

    Mais pourquoi une fin aussi prématurée pour un style si rassembleur et novateur ?

  • Speaker #0

    D'abord, la saturation du public. Tous les artistes se sont essayés au disco, même certains rockers. Et forcément, quand quelque chose cartonne, il y a toujours des personnes à contre-courant. Le disco ne va pas y échapper. Des communautés anti-disco vont émerger et gagner en popularité, ce qui précipitera encore un peu plus la chute des paillettes en discothèque. Il faut aussi ajouter l'investissement des maisons de disques, qui sentent le vent tourner et réduisent les budgets pour de nouvelles créations. Les radios diffusent de moins en moins de discos.

  • Speaker #1

    Mais surtout, le monde est en train de changer. Le disco, c'était l'amour, la liberté sexuelle, un univers sur un petit nuage pendant une dizaine d'années, mais qui se heurtent en plein vol à l'apparition du sida. La maladie pousse les fêtards à changer leurs habitudes, par conséquent, le disco n'est plus approprié à la fête. Pour autant, les fans nostalgiques lancent le slogan « Disco never dies » , le disco ne meurt jamais. Et ils n'ont pas tort.

  • Speaker #0

    Grâce à son histoire et ses sonorités, le disco refait surface à la fin des années 80, avec l'apparition des remixes. Un second souffle, mais sans les artifices de la première heure, la house music débarque et s'impose comme le style des années 90.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, le disco garde une place importante dans la musique contemporaine. Le genre est toujours joué dans les lieux de fête, les artistes s'en inspirent encore. Bruno Mars, les Daft Punk ou Jamiroquai intègrent des éléments disco dans leurs compositions. Le disco pur et dur comme on l'a connu dans les années 70 et 80 n'est plus très courant, mais on observe que certains artistes sont adeptes des genres voisins comme le disco punk ou le funk moderne.

  • Speaker #0

    En France, c'est le cas de Julien Granel avec son style pop ultra coloré, très influencé par les années 80 et le funk disco. et de Clara Luciani aussi qui incarne une vraie vibe disco chic à la française, avec production élégante et refrain dansant.

  • Speaker #1

    L'héritage du disco est immense, aussi bien musicalement que culturellement et socialement. On le réduit souvent à ses paillettes et ses boules à facettes, mais c'était bien plus que ça. Derrière l'ambiance festive, le disco porte, vous l'aurez compris, les grandes luttes sociales de la fin des années 60 et des années 70. Les droits civiques, les droits des personnes LGBTQ+, le féminisme. C'était une musique de fête, oui, mais une fête qui avait du sens. Danser à cette époque, c'était aussi résister. Les clubs discos, c'était là où les femmes, les minorités, les personnes homosexuelles pouvaient enfin souffler un peu, danser, être elles-mêmes à l'abri, au moins pour un temps, des discriminations du quotidien. C'est un véritable phénomène qui va plus loin que la musique et c'est ce qu'on a essayé de vous expliquer aujourd'hui dans ce panorama spécial disco.

  • Speaker #0

    Et c'est comme ça que se termine cet épisode. On espère qu'il vous a plu. Vous pouvez toujours retrouver cette émission en podcast sur www.coolerfm.fr Merci. Vous retrouverez sur la page de Panorama, comme d'habitude, notre rubrique Jukebox, avec la liste des morceaux diffusés pendant cette émission. On remercie Laurent Forcheron à la technique, et on vous dit à bientôt pour une nouvelle histoire de musique.

  • Speaker #1

    On se quitte sur un autre morceau de la bande originale de Saturday Night Fever, Staying Alive, et c'est signé Les Bee Gees. A bientôt sur Radio Couleur.

  • Speaker #2

    Je suis bon. et que les gens peuvent être amoureux. C'est une belle idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. C'est une bonne idée. Et c'est une bonne idée. C'est une bonne idée. Et c'est une bonne idée. C'est une bonne idée.

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