- Speaker #0
Eh bien, salut à tous et à toutes, bienvenue pour ce numéro 2 du podcast Parle-moi de toi, avec aujourd'hui la co-créatrice et aussi ma compagne Vénusia. Bonjour Vénusia.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux, s'il te plaît, te présenter ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Alors tout d'abord, ça fait un petit peu bizarre d'être à cette place, il faut le savoir. Donc moi, c'est Vénusia. j'ai 39 ans, je suis en couple avec Laurent ici présent, on a créé ensemble le podcast Parle-moi de toi, et aujourd'hui je viens vous parler de ma particularité.
- Speaker #0
Très bien, et est-ce que tu peux nous expliquer ce qu'est ta particularité ? Est-ce que tu peux nous dire quelle est ta particularité ? Oui,
- Speaker #1
tout à fait, bon je rigole, mais c'est pas drôle. Je souffre d'une maladie psychique, la bipolarité.
- Speaker #0
Très bien. Et du coup, est-ce que tu peux nous expliquer ce qu'est la bipolarité ?
- Speaker #1
Alors la bipolarité, c'est une maladie psychique qui alterne ce qu'on appelle des up and down, donc des périodes très hautes avec beaucoup d'excitation et de nervosité, et des périodes très basses où par contre là, il y a beaucoup de dépression et de mal-être. Je le synthétise un petit peu parce que, voilà, avec mes mots à moi. Je ne suis pas médecin. Très bien,
- Speaker #0
t'es bon.
- Speaker #1
Et c'est une maladie qui est invalidante. Donc on peut être déclaré handicapé.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Parce que c'est vraiment une maladie psychique invalidante.
- Speaker #0
D'accord. Et tu as diagnostiqué ça quand et surtout comment ?
- Speaker #1
Alors moi, je fais partie de ces personnes qui ont été diagnostiquées tardivement. Parce que dans la bipolarité, il y a des... Il y a des strates, c'est-à-dire que je fais partie, entre guillemets, des bipolaires modérés. Donc je n'ai été diagnostiquée qu'il y a un an seulement. D'accord.
- Speaker #0
Et tu parles de, je te coupe, tu parles de tuer bipolaire modéré, c'est-à-dire qu'il y a quoi ? Il y a trois strates différentes ? Faible, modéré, ultra ?
- Speaker #1
Non, alors il y en a deux différents. Moi, je le précise. Parce que justement, mon diagnostic, alors mon diagnostic officiel est arrivé il y a un an. Moi, personnellement, je m'étais moi-même auto-diagnostiquée il y a huit ans, deux ans. Mais je ne suis pas allée en parler à un médecin.
- Speaker #0
D'accord. Pourquoi ?
- Speaker #1
Franchement, je ne sais pas. Avec le recul, je ne sais pas pourquoi. Je pense sincèrement que je me suis dit... Ils vont me prendre pour une folle.
- Speaker #0
Ah, la peur du jugement.
- Speaker #1
C'est assez drôle. Non, enfin, ils ne vont pas me croire, on ne va pas me croire, il va falloir que j'explique en fait pourquoi moi je pense l'être. Ils vont me dire mais non, vous êtes peut-être juste dépressif chronique parce que j'avais déjà vécu quand même deux périodes en fait de dépression où j'avais été sous médicaments. Donc ça, je savais que c'était acté, que j'avais quelque chose, il y avait un souci avec ça. Mais le reste, les périodes de manie, c'est vrai que chez moi, elles vont être peut-être un peu plus douces.
- Speaker #0
Oui, alors ça justement, on va en parler après, les symptômes.
- Speaker #1
Et c'est peut-être pour ça que je suis passée au travers des gouttes, mais il faut savoir aussi que de ce que j'ai lu en France, il y a encore un retard de diagnostic de 8 à 10 ans. Et moi, j'ai beaucoup déménagé.
- Speaker #0
Et c'est en France aussi ? Tu sais si c'est un autre pays plus rapide ou c'est vraiment la France qui est lente ?
- Speaker #1
C'est une très bonne question. En France, c'est sûr. Maintenant, le reste du monde, je ne sais pas.
- Speaker #0
Ok. Et tu as l'impression maintenant avec le recul que c'était là depuis très longtemps ou pas ?
- Speaker #1
Oui, parce que j'ai fait une petite rétrospective et c'est au moins là sûr depuis mes 20 ans.
- Speaker #0
Ah oui. Et est-ce qu'on peut dire aujourd'hui ? L'âge réel que tu as, parce que tu fais 25 ans en réalité. Bien sûr,
- Speaker #1
non j'ai 39 ans.
- Speaker #0
Voilà, 39 ans.
- Speaker #1
Avant 20 ans honnêtement je ne peux pas dire et je ne sais pas, je me souviens très bien de mon adolescence, mais je ne me souviens pas si c'est quelque chose qui était déjà là. Je n'ai pas la sensation,
- Speaker #0
je peux me tromper.
- Speaker #1
Mais en tout cas, à partir de l'âge de 20 ans, c'est là où vraiment j'ai eu les signes de dépression, de mal-être, où j'avais des périodes justement de... De haut et bas sans pouvoir vraiment l'expliquer.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Je me souviens d'une amie qui m'a dit Mais t'as souvent des périodes de haut et de bas et quand tu pars en bas, je fais tout pour te retenir mais je n'y arrive pas.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Tu vois déjà, on avait parlé un petit peu de ça, mais on ne savait pas en fait, quand tu ne connais pas. Et moi évidemment, je ne suis pas allée en parler.
- Speaker #0
Mais c'est parfait, parce que tu as fait toi-même une transition. J'allais te demander quels étaient les premiers signes et les symptômes. A savoir que si j'ai bien compris, il y a quand même certains symptômes qui sont propres à la bipolarité, et d'autres qui sont propres à la personne, c'est ça ? Ou tous ont les mêmes symptômes en tant que bipolaire ? Alors,
- Speaker #1
je pense qu'on a tous un noyau commun, tu vois, c'est vraiment ces périodes de haut, de bas, après en fonction des degrés, tu peux avoir plus de périodes de bas, si j'ai bien compris. Et pour les autres, en fait, c'est une alternance. Ça peut être aussi des crises mixtes. Tu peux en même temps être dans une période basse, c'est-à-dire dépression, et alterner avec la manie, ce qu'on appelle les crises de manie.
- Speaker #0
D'accord. Et du coup, est-ce que tu peux décortiquer une crise de manie ? Parce que c'est ce que tu fais, toi.
- Speaker #1
Oui, oui. C'est ce qu'on fait tous, à un certain degré. Du coup, je... Je... Je pense, mais la crise de manie, c'est un état d'agitation, d'excitation intense. Il n'y a pas de... Tu te sens extrêmement fort, tu es productif.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
D'accord, à l'excès. Ça peut provoquer de la tension, une vraie tension. Nerveuse, moi c'est le cas chez moi, c'est quelque chose...
- Speaker #0
Je confirme.
- Speaker #1
Parce qu'on se sent surpuissant. On a envie de tout faire, de tout contrôler. On va à droite, à gauche. Malheureusement, je suis certain, ça peut aussi se caractériser par un excès de tout. L'excès d'alcool, l'excès de drogue. Ah oui, clairement. Oui, il y a beaucoup de problèmes d'addiction chez les polaires.
- Speaker #0
D'accord. Il y a beaucoup de problèmes d'addiction. Ok. Ah effectivement, d'accord Et toi, à part moi comme addiction Est-ce que tu as des addictions réelles Ou est-ce que tu as eu des addictions auxquelles tu as dû t'échapper Ou est-ce que le fait que tu sois modéré Tu es moins touchée par ça
- Speaker #1
Alors j'ai pas eu J'ai eu la chance, c'est que j'ai pas d'addiction Maintenant J'ai eu des envies Extrêmement intenses C'est-à-dire qu'en crise de manie J'ai envie de boire
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
c'est vrai.
- Speaker #0
Oui, après, pour être avec toi, t'as pas envie de boire à l'excès.
- Speaker #1
Non, j'ai pas envie de boire à l'excès. Non, non, après, attention, j'ai aussi 39 ans. Je suis plus dans la même période qu'il y a 10-15 ans en arrière. Oui,
- Speaker #0
tu es maman. Voilà. On boit tous les deux pas d'alcool de base, donc... Voilà,
- Speaker #1
c'est ça. C'était un petit peu différent avant que j'aie ma fille, parce que je sortais beaucoup, je faisais la fête, voilà. Donc, je suis pas tombée dans l'addiction.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Mais par contre, oui, l'envie... D'aller plus loin encore, elle est là.
- Speaker #0
Ok. Et dans ta vie quotidienne, comment les troubles affectent ta vie, ton travail, tes relations personnelles, ton bien-être ? Comment c'est vécu tout ça ?
- Speaker #1
Je pense qu'il y a deux phases de ma vie. Là aujourd'hui, ça fait quand même plus de huit ans que je suis dans le même travail, que ça se passe bien, même si j'ai des périodes un petit peu très compliquées, forcément. Mais avant, je n'étais pas stable, je déménageais beaucoup. Je me lassais très vite des choses et je ne me voyais pas. J'étais un petit peu plus, forcément, je n'avais pas le même âge. J'étais un petit peu plus fougueuse aussi. Et je n'avais pas fait le travail sur moi que je fais aujourd'hui. Parce qu'un jour, j'ai eu ma fille à 11 ans. Et est arrivée une période de dépression. Alors juste avant, je ne le savais pas à l'époque, mais j'étais en pleine crise de manie. Je me suis dit, ce n'est quand même pas normal aujourd'hui. Je suis bien, je suis heureuse, j'ai ma fille.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Que j'ai encore des périodes vraiment de dépression intense et quelque chose qui te tombe dessus. Et tu ne sais pas pourquoi, tu ne sais pas l'expliquer.
- Speaker #0
D'accord, oui.
- Speaker #1
Donc à partir de ce moment-là, c'est là que j'ai regardé un petit peu, j'ai cherché sur internet les symptômes que j'avais, je suis tombée sur les troubles bipolaires et je me suis dit, ben ok.
- Speaker #0
Ouais, ça fait une évidence quoi.
- Speaker #1
C'était une évidence, je me suis dit c'est ça.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Je ne suis pas allée en parler. Donc allez en parler si ça vous arrive. Oui. Parce que je me suis dit, comme toujours, on ne va pas me croire, je vais être... J'ai toujours eu la sensation, en allant chez les médecins, que je n'étais pas assez pour qu'on me prenne au sérieux.
- Speaker #0
Je comprends.
- Speaker #1
Que ce soit dans mes périodes de dépression ou des périodes de ma vie où j'ai eu des douleurs physiques intenses et en fait il n'y avait rien derrière. Ah ouais ? Ouais, ouais, c'est vraiment... C'est-à-dire ? Moi, mon corps me parle. D'accord.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
C'est-à-dire que c'est comme ça d'ailleurs que j'ai découvert, que j'ai été diagnostiquée il y a un an. Ouais. C'est qu'après un énième pépin physique qui passait pas, je me suis dit je vais aller voir un psy. Ouais. Un psychiatre. D'accord. Il y a quelque chose qui... Ce problème-là ne veut pas partir. Ce n'est pas normal parce que j'ai tout fait, j'ai fait tous les examens possibles, je suis passée par tous les services à l'hôpital possible et inimaginable. Donc là aujourd'hui, c'est que forcément, il doit y avoir quelque chose qui vient de moi.
- Speaker #0
D'accord,
- Speaker #1
je comprends. Et ce n'était pas la première fois que ça m'est arrivé. Ces dix dernières années, ça m'est dû m'arriver deux ou trois fois de finir aux urgences neurologiques.
- Speaker #0
Ah oui, carrément. Et on ne te trouvait rien ? Non,
- Speaker #1
on ne me trouvait rien.
- Speaker #0
Ah oui, donc vraiment...
- Speaker #1
On ne me trouvait rien. Et c'est vrai qu'on a expliqué ça avec mon psychiatre par le fait que quand je sors de crise de manie, mon corps décompense.
- Speaker #0
Ok, il décompense, il lâche tout.
- Speaker #1
Même si je n'avais pas conscience d'en avoir, elles sont là et en fait, il lâche tout.
- Speaker #0
Ok, je comprends ce que tu veux dire. Je vois très bien.
- Speaker #1
Et du coup, forcément, j'avais déjà entamé un gros travail sur moi après cette découverte-là il y a 8 ans. Et puis ça a fini par passer, je me suis dit, bon, non, en fait, finalement, je suis juste un petit peu... Je suis une dépressive chronique.
- Speaker #0
Est-ce que ce n'est pas un peu un trait propre au bipolaire de dire non, non, tout va bien ?
- Speaker #1
D'être dans le déni ? Oui, oui,
- Speaker #0
oui. Oui, j'ai remarqué ça.
- Speaker #1
Oui, mais surtout quand tu es en crise de... Demani, tu ne te rends pas compte. Je n'ai pas hâte à te réaliser que c'était trop...
- Speaker #0
Ouais, donc c'est très compliqué si tu n'as pas quelqu'un qui t'entoure correctement ou qui le voit. Moi, je vis avec toi depuis maintenant bientôt un an et demi.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et là, maintenant, on va l'expliquer après dans un traitement. Mais avant le traitement, c'était quand même plutôt facile pour moi de voir quand tu arrivais à une méga crise.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Mais il est vrai que maintenant, c'est plus compliqué de savoir quand est-ce que tu es où, quand est-ce que tu n'y es pas. Parfois, en plus, c'est très, très craché. très cachée, très feutrée et pourtant on t'en fait une en fait c'est quand même très complexe parce que toi tu vois rien c'est terrifiant en fait, parce que toi tu t'aperçois pas on a une petite intervention de Maya comme d'habitude le but du jeu est d'essayer d'emmerder le plus possible pendant un podcast On n'a pas encore eu le droit à la litière, ça ne va pas tarder, actuellement on marche même sur l'ordinateur. C'est vraiment, je suis chez moi, cassez-vous. D'accord, donc c'est quand même très très intéressant. Mais du coup, j'ai une question qui est très pertinente. Si j'ai bien compris, il y a des saisons où c'est plus compliqué que d'autres. Si j'ai bien compris, vous avez des périodes où... Non.
- Speaker #1
Oui, il y a des périodes qui sont beaucoup plus difficiles. C'est vraiment les changements de saison et particulièrement l'automne et le printemps. C'est vraiment une période très complexe. Je pense que l'automne, c'est la plus difficile parce qu'on sort de l'été. Et le changement sur l'automne est vraiment...
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Difficile à appréhender. Et c'est quelque chose de très caractéristique de cette maladie, c'est que le changement, ça peut être vraiment très compliqué. De manière assez générale. C'est drôle parce que moi, j'ai beaucoup déménagé, j'ai aimé beaucoup bouger. Oui, parce que, tu le sais, moi, je n'aime pas les surprises. Je ne peux pas appréhender.
- Speaker #0
Je confirme. On est à la troisième surprise qu'elle fracasse, les gars. C'est un enfer.
- Speaker #1
Alors après, je les devine, si j'y peux rien.
- Speaker #0
Non, tu les devines, tu pousses, tu mets des coups de pression pour savoir. Elle vous dit, non mais moi, j'aime pas les surprises, ça m'angoisse, ça me stresse. Qu'est-ce que tu fais ? Tu finis par le dire, parce que t'as un doute. Tu te dis, est-ce que j'ai bien fait de...
- Speaker #1
Ouais, c'est ce besoin un peu de contrôler, qui fait que...
- Speaker #0
Un peu ?
- Speaker #1
Un peu, oui, un peu.
- Speaker #0
La caméra est témoin.
- Speaker #1
Ah, du coup, on est dans la scène de ménage.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Non, non, mais ce besoin de... de contrôle et de pouvoir surtout appréhender ce qui va se passer.
- Speaker #0
Non mais je comprends, parce qu'on a un couple d'amis, ou du coup pareil, la compagne bipolaire aussi, et c'est vrai que je vois aussi ce côté très contrôlant, et à différence aussi extrêmement doux, vous êtes aussi très très douces toutes les deux. Mais c'est vrai que quand vous êtes en haut, ou pas très loin d'être en haut, c'est chasse ! Oui Steph ! Il faut que ça soit bien fait, de ta façon, très vite. Par exemple, je peux le dire au stream, au podcast, tu as un petit toc de rapidité qui est... Ça, ça veut dire, bouge-toi ! Sinon, tu vas prendre peu.
- Speaker #1
Alors après, est-ce que c'est vraiment caractéristique de notre maladie ? Je ne sais pas. Je crois que c'est ça qui est un petit peu difficile, c'est de savoir faire la part des choses entre qui on est nous et les symptômes de la maladie. Tu vois, parce que parfois la frontière elle est quand même assez mince.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Voilà. Je pense que même sans ça, je ne serais pas d'une nature ultra douce et calme. Si,
- Speaker #0
tu sais l'être quand même.
- Speaker #1
Alors je sais l'être, mais c'est pas ma nature profonde.
- Speaker #0
Oui, de base, je suis d'accord. Ok, est-ce que tu as des habitudes qui t'ont aidé à maintenir ton équilibre mental ou un traitement qui t'aide à gérer cette maladie ?
- Speaker #1
Alors un traitement, il y en a effectivement. Moi j'en prends un, j'ai fait le choix d'en prendre un. Enfin j'ai fait le choix. Non, j'ai d'abord fait le choix de ne pas en prendre un. Et j'ai fini par changer d'avis parce que je suis passée par une grosse crise en début d'année. Et je me suis dit non, en fait je veux voir. Ce que ça fait de... comment dire... d'être tout instable.
- Speaker #0
Ok, de ne pas avoir de haut ni de bas.
- Speaker #1
Ouais, c'est ça. Je me suis dit que ça va forcément moins me fatiguer. Parce qu'en fait, c'est très fatigant d'alterner haut et bas. Alors, attention, on n'alterne pas des crises comme ça en 5 minutes dans la même journée. Non. C'est pas ça.
- Speaker #0
Oui, non, ça je t'ai jamais vu faire ça.
- Speaker #1
Oui, non, non. Et puis il y a des moments où on est bien aussi. Oui,
- Speaker #0
il y a des moments où vous êtes super bien. Équilibré. Il faut le préciser, avant qu'elle ait le traitement, elle ne faisait pas des crises tous les 70 jours. Ça pouvait être deux mois sans rien.
- Speaker #1
Moi je vais rester quand même... prudente parce que on est quand même les bipolaires fin on est quand même extrêmement touché par les addictions oui il ya un taux de suicide qui est 20 fois plus élevé que chez la wii ouais que la moyenne ok général donc Voilà, tout ça, c'est apprendre quand même avec des bassettes. C'est apprendre avec des bassettes, oui. C'est très, très difficile. La durée, ça dépend, effectivement, comme tu dis, depuis qu'on se connaît, il y a eu... Peut-être, tu l'as ressenti comme une semaine. Moi, je pense que ça a duré bien plus longtemps. Je repense au décembre de l'année dernière.
- Speaker #0
Ah oui. Oui ! Alors... Mais par contre, tu vois, c'est intéressant, parce qu'il y a une question qui vient de... arrivée, qui est passée dans nos petites fiches. Du coup, c'est intéressant parce qu'il y a une question qui me vient tout à coup. Comment tu redescends d'une crise de manie ? Comment tu fais pour te calmer et te stabiliser ou du coup, aller dans le down ?
- Speaker #1
En fait, tu ne fais pas, ça arrive. Ça arrive. Moi, comme je te disais, j'ai eu beaucoup de problèmes physiques. Et en fait, aujourd'hui, je sais que, par exemple, le... j'avais tendance à faire de grosses chutes de tension tu vois de passer de douze et quelques à neuf d'un coup et bien en fait c'était souvent après des crises de manie ah oui quand je me revois faire je me dis oui en fait j'étais pas du tout J'étais pas du tout normale à ce moment-là, mais moi je m'en rendais pas compte. Pour moi, c'était même les meilleurs moments de ma vie. Et pour avoir été sur des forums et en avoir discuté avec d'autres, je vois que je suis pas la seule. C'est-à-dire que pour certains, les crises de manie, c'est les meilleurs moments de leur vie. Parce que là, vraiment, tu te sens... Je ne sais pas. Tu es dans une forme olympique. Tu peux tout faire. Tu as l'impression d'être surpuissant.
- Speaker #0
Oui, je confirme. Je peux même donner un petit exemple à ça. C'est qu'on est en famille, par exemple, en train de faire le ménage d'oranger. carrément nous prend les trucs des mains et je le fais à l'emplace super vite, tu rebalances le truc, tu transferts autre chose. C'est impressionnant. Oui,
- Speaker #1
c'est pas un super pouvoir, mais on aime en tout cas ces moments-là, parce que c'est là où... où on se sent vraiment à contrario.
- Speaker #0
Parce que tu me dis maintenant que ça te manque. Tu ne les as pas. Et ça, c'est un manque. Et je comprends très bien ce qu'elle dit.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Je comprends ce que tu veux dire. Ce manque-là, je comprends exactement de quoi tu parles.
- Speaker #1
Du coup, moi, je ne sais pas comment je redescends. Mais je finis par redescendre.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Parce que justement, je pense que c'est parce que je tire trop fort. Et c'est pour ça que mon corps lâche. C'est parce qu'en fait, je divise tellement, tellement fort et à fond qu'à un moment donné, mon corps ne peut pas suivre ce rythme-là. Il me dit stop. Et comme moi, je ne veux pas entendre le stop, c'est lui qui va le mettre.
- Speaker #0
D'accord. Et du coup, après, tu passes forcément en down.
- Speaker #1
Oui. Je ne sais pas si c'est automatique.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Sur des petites crises, pas forcément, mais sur les grosses, grosses crises, oui.
- Speaker #0
Ok. Et du coup, avec ce traitement, comment ça se passe ? C'est différent d'avant. Moi, je peux le confirmer. Je te pose la question pour que les gens comprennent, mais moi, je peux confirmer qu'il y a une différence qui est quand même assez importante. Je vois bien que tu continues quand même à en faire, mais elles sont quand même... moins intensive.
- Speaker #1
Oui. Alors, encore une fois, moi j'ai fait ce choix-là. Chacun...
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Voilà. à son propre livre arbitre. Je sais que certains n'ont pas été très contents en plus des traitements qu'ils ont essayés. Oui,
- Speaker #0
de toute façon, nous, on ne prend rien du tout.
- Speaker #1
On ne convient pas à tout le monde,
- Speaker #0
il n'y a pas de soucis.
- Speaker #1
Moi, le premier, je l'ai changé, donc là, je suis sur le deuxième. Et vraiment, je ne voulais pas le prendre.
- Speaker #0
Oui, je sais.
- Speaker #1
Je ne voulais pas le prendre et je suis très contente de le prendre, parce que ça va mieux. Ça fait que quelques mois, donc je pense qu'il faudra que je vois aussi vraiment au fil du temps. Oui, de toute façon,
- Speaker #0
il n'y a que toi qui peux savoir si tu as envie ou si tu ne peux pas arrêter.
- Speaker #1
Sur la longue durée. Sur la courte durée, c'est super intéressant parce que je me sens plus apaisée. Oui. Ça, c'est clair et net. Oui. Maintenant, oui, c'est un petit peu dur. Parce que c'est un peu comme si on nous enlevait quelque chose. Moi, j'ai la sensation qu'on m'a un peu enlevé un petit truc.
- Speaker #0
Je comprends ce que tu veux dire. Tu vois ? Oui, non, je comprends.
- Speaker #1
C'est parce qu'il n'y a plus les crises de manie. Et souvent, je me dis, mais quand c'est que ça va arriver ? Quand c'est que l'hyperforme va arriver ? Que la surexcitation va débarquer ? Je comprends. C'est troublant. De ne plus l'avoir.
- Speaker #0
C'est vrai que maintenant que tu le prends là depuis un petit moment quand même, je suis un peu plus habitué. Mais c'est vrai que même moi au début, quand on faisait un truc un peu où on aurait pu prendre un tir avant, parfois mérité, parfois pas. C'est vrai qu'au tout début, j'étais là, je regardais et je me disais Eh bien, qu'est-ce que tu fous ? T'es où ? Il n'y avait pas grand monde. Mais...
- Speaker #1
Oui, parce que j'étais dans la nervosité.
- Speaker #0
Voilà, il y avait une grosse nervosité. Après... D'un point de vue extérieur, c'est vrai qu'on voit quand même un changement. En tout cas, surtout, on continue à répéter, chacun réagit différemment. Certains n'y réagissent pas du tout, d'autres à l'excès. C'est vrai que moi, je te trouve quand même plus calme. Tu as toujours ton caractère comme tu es toi, mais tu as moins ces moments où j'avais l'impression que tu étais en perdition complète, que j'avais du mal à te faire revenir. Ça y est, moins. Après... Ça n'efface pas. Tu es bipolaire, c'est là, on le voit, c'est... voilà. Ça ne veut pas dire que... parce que c'est important de le répéter aux gens. C'est pas la peste bubonique, les gars, quoi. Je... t'étais... il faut quand même le préciser, t'es une femme extraordinaire, tu ne me l'aurais pas dit, je ne l'aurais jamais su. J'aurais eu un doute, mais maintenant, c'est tellement difficile de diagnostiquer, je n'aurais jamais pu dire que c'est le cas. Je veux dire, beaucoup de gens, à qui tu as expliqué que tu l'étais, étaient quand même choqués.
- Speaker #1
Choqués, mais après coup, tout le monde s'est dit Ah oui, d'accord, donc ceci explique cela.
- Speaker #0
Oui, oui. Mais je pense que déjà, il y en a beaucoup plus. en France et dans le monde que ce que l'on pense, je pense que beaucoup de gens autour de nous le sont. Mais ouais, non, c'est... Puis il y a plusieurs traitements différents, certains qui ont été testés, qui marchaient moins bien que d'autres. Nous, on connaît des gens qui l'ont pris et puis qui après ont arrêté et qui arrivent à gérer sans. Voilà, c'est pas un podcast pour prôner la médicamentation, pas du tout, c'est... comme il l'est l'intitulé d'ailleurs c'est parle-moi de toi je fais ce petit disclaimer parce que je sais déjà comment fonctionnent les réseaux j'ai l'habitude donc je sais qu'il y a toujours des gens qui ont la haine et qui ont peur des choses qui ne connaissent pas donc c'est important d'expliquer qu'on fait ce podcast parle-moi de toi pour que tu expliques un peu ton vécu, que des gens qui sont dans la même situation ou qui connaissent des gens dans la même situation puissent un peu mieux comprendre les choses. Après, on n'est ni doctorant, on est juste des personnes qui faisons un podcast avec des vécus. Mais non, c'est super intéressant parce que toi, tu as deux visions. Tu as la vision avec et sans traitement et tu peux déjà faire un retour pour toi, en tout cas, savoir un peu comment tu as vécu ça. Donc c'est quand même plutôt cool. Et aujourd'hui du coup, avec ces quelques mois de traitement, qu'est-ce que toi tu en retiens aujourd'hui ? Est-ce que tu te dis, est-ce que peut-être je vais continuer, est-ce que peut-être j'arrêterai ? Est-ce que tu as une forme de dépendance à ça ou pas, ou pas du tout ?
- Speaker #1
Non, franchement je ne me sens pas du tout dépendante à mon traitement, mais vraiment pas. Je vais le continuer, mais en tout cas dans mon esprit, j'ai quand même besoin de me dire que je me laisse la liberté. de l'arrêter si vraiment à un moment donné ça me convenait plus ou si j'avais la sensation de ne plus être moi oui tout sont libres de faire ce que tu as envie je veux dire c'est pas mais aujourd'hui franchement tout se passe bien donc ça a quand même bien stabilisé les choses je suis contente donc je vois pas pourquoi non je vois pourquoi je l'arrêterai mais j'avoue on a quand même encore des moments où même si la manie est pas aussi haute qu'avant ouais où je suis là Non, non, stop. Plus de médicaments, je veux retrouver... Je comprends.
- Speaker #0
Ok, et est-ce que tu as des habitudes qui peuvent t'aider, en dehors de cette médicamentation, à gérer ces crises de manie, ces crises de dépression ? Est-ce que tu as quelque chose qui t'aide à ça ?
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Alors, c'est bête, mais c'est d'avoir un rythme. assez régulière, notamment en terme de sommeil. C'est-à-dire que dès que je manque trop de sommeil, ça va pas. Je le sais, je le sens. Je confirme. Ouais, ouais. Et vraiment, c'est extrêmement intense. C'est comme une agression, quoi. Voilà, donc je dois faire attention à mon sommeil, marcher aussi, faire une petite activité, mais douce. Ça m'aide à réguler les crises, en tout cas beaucoup l'état dépressif.
- Speaker #0
D'accord, ok. Et est-ce que tu fais éventuellement aussi de la méditation ?
- Speaker #1
J'en ai eu beaucoup fait, j'en fais un peu moins en ce moment, j'avoue.
- Speaker #0
Oui, on a un peu été enchargé aussi.
- Speaker #1
Mais c'est vrai que la méditation, petite activité physique, de bien dormir... Oui, forcément, tout le reste. Bien manger, tout ça. Pas trop boire d'alcool. Là, mais c'est une réalité. Dès que je bois, et dès que je bois beaucoup, un peu, je le sens derrière. Je sens tout de suite que ça pique.
- Speaker #0
Après, tu es très euphorique quand tu as bu.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Très rigolote.
- Speaker #1
Oui, mais ça, c'est quand je bois un peu. Oui. Mais si je passe tout le week-end à boire, en fait, derrière, je sais que je vais arrêter.
- Speaker #0
Tu n'as jamais fait, je ne t'ai jamais vu faire ça.
- Speaker #1
Oui, alors avec toi, peut-être, du coup. Ok,
- Speaker #0
on va passer à la confession. C'est pas ça que je voulais dire. Alors, bienvenue dans Confessions intimes. Alors, parle-nous de toi.
- Speaker #1
Non, mais c'est quelque chose que j'ai remarqué à l'époque où je buvais. c'est que dès que je passais tout un week-end à sortir, à faire la fête et à boire beaucoup d'alcool, derrière, j'avais des descentes impressionnantes. Parce que l'alcool, justement, me fait monter en euphorie. Beaucoup, beaucoup. Et alors là, j'adore forcément ça. Du coup, ça m'a rappelé même une petite crise de manie. Et dès qu'elle s'arrête, boum, c'est la redescente. Et là, c'est une catastrophe.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Ça encore une fois c'est propre à moi.
- Speaker #0
Oui c'est propre à toi.
- Speaker #1
Non je vais le dire parce que tout à l'heure je disais que j'étais bipolaire modéré, alors c'est juste qu'en fait j'ai des crises de manie qui sont moins intenses que chez... que chez d'autres en fait.
- Speaker #0
Oui, on le comprend. En fait, on le comprend, on peut en parler. Comme on disait tout à l'heure, on connaît quelqu'un qui, a priori, est quand même sur la version hard, et qui, quand elle est en crise, va sur des trucs où c'est des grandes prises de drogue dures, etc. C'est quand même beaucoup plus compliqué. Toi, tu dis modéré parce que tu n'es pas à cette phase-là.
- Speaker #1
Oui, je dis modéré parce que... Parce que du coup, j'ai été diagnostiquée comme ça. Et que surtout, j'arrive à ne pas monter si haut et à me restreindre. Parce que l'envie, elle a été là. Elle a été là des dizaines de fois. plus que ça même l'envie d'aller plus loin encore d'être dans l'extrême vraiment je l'ai ressenti donc je les comprends en fait c'est juste que j'avais un petit truc qui me retenait je dis pas que je suis pas un peu allée mais je suis toujours revenue en arrière voilà après parce que j'ai aussi j'ai la chance d'avoir une famille aimante, solide, d'être bien entourée ça aide aussi ça et t'as pas envie de faire du mal aux autres non c'est sûr mais il faut le dire parfois on est un peu égoïste aussi donc on y va
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
C'est pas volontaire.
- Speaker #0
Non mais je comprends ce que tu veux dire. Et est-ce que toi tu trouves que la bipolarité est stigmatisée ? Est-ce que tu as l'impression qu'il y a des malentendus dessus ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Il y a des grandes questions à ça les amis.
- Speaker #1
Il y en a. Il y en a clairement. Déjà une chose c'est que la bipolarité c'est un peu comme les sujets de dyslexie, de HPI.
- Speaker #0
Oui. Tu vois. Non mais...
- Speaker #1
Aujourd'hui, c'est des choses dont on parle. Oui. Et du coup, on en parle tellement qu'on est face à des gens qui vont dire Ah oui, mais c'est bon, maintenant tout le monde est ci, tout le monde est là. On diagnostique trop vite la bipolarité. Enfin voilà, moi j'ai entendu la part d'un médecin me dire Oui, alors à mon goût, on diagnostique la bipolarité beaucoup trop vite aujourd'hui. Oui,
- Speaker #0
un petit peu toujours très redondant, c'est la réalité.
- Speaker #1
Alors en fait, c'est redondant. Les gens se disent, j'ai l'impression qu'ils se disent Bah ça y est, c'est les nouveaux sujets à la mode, donc tout le monde est HPI. tout le monde est bipolaire, mais non en fait c'est juste que c'est des sujets en fait dont on parlait pas avant qui étaient cachés, qui étaient secrets et aujourd'hui en fait qui sont au grand jour tout le monde se dit ah ben ça y est maintenant c'est à la mode ces tendances, alors non je vous le dis tout de suite être bipolaire c'est pas être à la mode et être dans la tendance d'accord c'est pas ça en fait.
- Speaker #0
HP non plus c'est pas tendance donc c'est difficile.
- Speaker #1
Donc c'est pas pareil on m'a dit oui vous êtes bipolaire vite fait, non pas vite fait vraiment du coup Parce que c'est quand même un spécialiste, du coup, qui m'a diagnostiqué. Il y a aussi le fait que les gens ne connaissent pas la maladie. Donc, on m'a sorti. Ah, mais pourtant, tu ne changes pas d'humeur, là, en cinq minutes. Alors non, ça, c'est Jean qui rit, Jean qui pleure.
- Speaker #0
Ça s'appelle lunatique.
- Speaker #1
Voilà, ça, c'est lunatique. Donc, il y a une malconnaissance. Et d'un autre côté, il y a un petit peu ce truc-là des médecins. Aujourd'hui, ça y est, tout le monde est ci, tout le monde est ça. C'est pas ce que... C'est super bien qu'aujourd'hui on en parle, qu'on reste pas tous cachés dans notre coin, qu'on dise les choses, la bipolarité c'est une maladie, en fait je suis malade, et non c'est pas juste pour être à la mode et tendance, vraiment. Moi ça me choque que des médecins puissent dire ça aujourd'hui, parce que comme je viens de te le dire, on est encore sur des retards de diagnostic entre 8 et 10 ans. Donc ça veut dire que malgré tout... mais il ya encore quelque chose derrière qui coince et qu'est ce qui coince en fait c'est qu'ils estiment que oui mais non vous êtes juste un peu comme si vous êtes juste un peu dépressive c'est juste un peu voilà c'est un peu votre caractère non en fait derrière en fait c'est de ce sens et ce que tu dis là c'est le reflet de de
- Speaker #0
la société sur cette maladie là c'est que tu vas avoir une embrouillée que tu auras de son péché ce stupé polaire ils savent même pas ce qu'il est ou pas juste tu t'es embrouillé avec t peut-être lunatique Et on va direct stigmatiser en vrai. Il est bipolaire. Mais en fait, la réalité, c'est que les gens ne savent pas ce que c'est bipolaire. Oui, oui, tout à fait. Moi, je l'ai découvert avec toi. Là, les gens vont le découvrir aujourd'hui grâce à ce podcast, un petit peu. Mais c'est vrai qu'il y a une immense stigmatisation. C'est comme le fait que... Tu vas me confirmer que vous n'êtes pas des sorcières complètement folles.
- Speaker #1
Je ne sais pas. Déjà,
- Speaker #0
on est tous fous, un petit peu, à sa manière. On est tous le fou de quelqu'un d'autre. Mais oui, c'est vrai qu'en tout cas... Mon avis perso, c'est que c'est quand même très stigmatisé. Je trouve ça un petit peu honteux même, d'ailleurs.
- Speaker #1
Oui, c'est honteux, oui, mais à moins ça en fait parler. C'est qu'on en parle, un peu comme tout le reste, comme tous ces sujets il y a 20-30 ans dont on ne parlait pas, où c'était vraiment fermé. Aujourd'hui, on en parle, les voix s'élèvent, on dit les choses. C'est vrai. Donc oui, effectivement, il y a encore de la stigmatisation. Il y a une... Mauvaise connaissance aussi de la maladie, des choses par rapport aux gens.
- Speaker #0
Oui, oui, oui. Puis on est dans une société où il y a plus de tolérance maintenant aussi sur certaines choses. C'est vrai qu'on a une génération qui est quand même, notre génération en tout cas. qui est quand même plus ouverte, plus tolérante, qui essaye de comprendre les choses aujourd'hui. Pas comme les générations d'avant qui sont quand même très fermées. C'est vrai que oui, on a cette Ausha, en tout cas dans cette génération, et c'est justement pour ça qu'on en parle. Certes, c'est stigmatisé, mais ça finira par le temps avancer mieux, et ça aidera surtout, je pense, beaucoup de personnes.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai. C'est juste que parfois, c'est un peu décevant. D'être face au corps médical et d'entendre des choses comme ça. Venant des autres, c'est bon. Ok, ils ne sont pas médecins, ils ne connaissent pas, ils ne savent pas. Menant du corps médical, c'est un peu compliqué. Mais franchement, moi personnellement en tout cas, je ne réponds pas. Ça ne m'intéresse pas. Je ne discute pas. Ça ne m'intéresse pas. D'accord. Vous voyez, ça fait partie des choses à...
- Speaker #0
Voilà, non mais en fait, je te comprends, parce que c'est... En fait, je comprends ce que tu dis là, parce que je l'ai longtemps vécu, on en a parlé dans le premier podcast, avec la dyslexie et les HPI, et c'est aussi peut-être pour ça que je suis très révolté contre ce corps médical qui est vieillissant et qui est le spectre littéral de notre société aujourd'hui, qui est, voilà, vieillissante.
- Speaker #1
Après, ils ne sont pas tous comme ça.
- Speaker #0
Non, ils ne sont pas tous comme ça. Il y en a aujourd'hui qui ont... Certains ont encore un âge certain et ils sont très, très documentés. Ils sont à la page beaucoup plus que même certains jeunes. Mais c'est vrai qu'on a quand même une majorité aujourd'hui qui, voilà, qui... Malheureusement aussi, par les faits, va très vite. Elle dit, bon, voilà, t'as des petits troubles, allez, prends un Daffalgan et puis ça ira mieux.
- Speaker #1
Non, mais c'est pas grave. Non c'est pas grave Ils ne se rendent pas compte Parce que quand ils disent ça à moi C'est un peu comme si tu discréditais ma maladie Ou un peu que tu l'avais analysée Même si ce n'est pas pour moi personnellement Mais quand tu entends ça Tu te dis mais en fait ils disent ça à quelqu'un Qui a été diagnostiqué par un spécialiste Là je suis face à des gens qui ne sont pas spécialistes À ce moment là Pourquoi ? En fait, je ne discute même pas, ça ne m'intéresse pas.
- Speaker #0
C'est exactement comme si tu étais un dépressif qui vit un moment très difficile. Ça va, tu es bien, ça va aller mieux.
- Speaker #1
Oui, il faut faire attention aux mots. Vraiment, c'est très important.
- Speaker #0
Je pense que les gens ont du mal à réaliser que les mots peuvent être beaucoup plus forts que beaucoup d'écrits.
- Speaker #1
Oui, parce que moi, en dépression, j'ai un médecin qui m'a dit, je vous donne ça, vous prenez pendant 4 mois, ça ira mieux. Mais ça va aller, ne vous inquiétez pas, vous êtes toute belle, toute jeune.
- Speaker #0
Oui, toute belle, toute jeune.
- Speaker #1
Oui, c'était il y a un moment.
- Speaker #0
Ça n'a pas changé.
- Speaker #1
Mais tu te dis, mais c'est quoi le rapport ?
- Speaker #0
Non, mais oui, je comprends.
- Speaker #1
Il est là,
- Speaker #0
il est venu. Non, mais je comprends, j'ai déjà entendu cette phrase. On ne m'a pas dit, tu es toute belle, tu es toute jeune. Mais voilà. Ok, et du coup, c'est parfait, tu me fais une transition parfaite. Est-ce que tu as eu des moments dans ta vie, des moments qui ont été inspirants, grâce ou peut-être à quoi ? cause de ta maladie ?
- Speaker #1
Ah, c'est une bonne question.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Des moments de réussite ? Oui. Ouais, ouais, ouais.
- Speaker #0
Et au moins, une fierté que tu as.
- Speaker #1
Oui, bah, en fait, c'est très simple. Vraiment, je crois que le moment où je suis le plus fière...
- Speaker #0
Moi, j'essaie déjà ce que tu vas dire.
- Speaker #1
Non, mais c'est d'avoir travaillé sur moi, après être devenue maman. parce que vraiment ça a été un gros choc un gros choc psychique pour moi quand elle a deux ans et que j'ai un gros problème physique on sait pas d'où ça vient et oui je comprends et là je me dis non c'est hors de question là maintenant il y a ma fille je ne peux pas laisser la dépression gagner j'avais déjà vécu à deux reprises J'ai dit je ne peux pas me laisser aller, il faut que je trouve une solution. Et c'est là où je me suis documentée, alors oui je ne suis pas allée plus loin, mais j'ai essayé de mettre plein de choses en place pour que ça aille mieux. D'accord. C'est aussi ça qui m'a fait tenir je pense ces dernières années, c'est d'avoir mis des choses en place, moi, toute seule, pour que ça aille mieux.
- Speaker #0
D'accord. Et justement, tu as parlé de ta fille. Alors déjà, la question, c'est est-ce qu'elle est au courant que tu es bipolaire ? Oui,
- Speaker #1
elle est au courant.
- Speaker #0
Et comment elle vit ça ?
- Speaker #1
Alors, ça ne fait pas longtemps qu'elle est au courant. Elle le vit plutôt bien parce que c'est un enfant et que ça s'adapte… Oui. Un enfant, ça s'adapte à tout, en fait. Oui,
- Speaker #0
puis…
- Speaker #1
Ça n'a pas été… Elle a eu peur sur le moment, voilà. Mais à partir du moment où elle a su que ce n'était pas grave… Oui. Et que j'allais être là encore longtemps.
- Speaker #0
il n'y a plus de soucis en fait oui puis on peut le dire on a une enfant moi c'est ma belle-fille mais c'est toute ma vie mais qui est quand même on a une chance extraordinaire d'avoir une enfant qui est très ouverte qui essaye de comprendre les choses qui est très calme très
- Speaker #1
aimante donc c'est vrai qu'elle l'a accueillie plutôt bien et puis en fait on en rigole c'est une petite blague des fois quand je pète un peu les plombs ou qu'il se passe quelque chose de... Aurélie, elle dirait qu'elle était bipolaire. Oui, oui,
- Speaker #0
oui. Ça, c'est... C'est très intéressant. Merci en tout cas.
- Speaker #1
C'est un plaisir.
- Speaker #0
Est-ce que tu aurais un conseil à donner à d'autres personnes qui soient bipolaires ou non ?
- Speaker #1
Oui, je pense que le conseil que je pourrais donner, c'est de parler. Voilà. Et de pas avoir peur de parler. Moi, je sais que je me suis dit, je suis pas légitime, en fait. Si je vais voir quelqu'un, voilà, comme je suis pas dans l'extrême, voilà, forcément. Puis c'est quelque chose que j'ai souvent ressenti chez les médecins, ce truc de pas être légitime. Je sais pas pourquoi, voilà, c'est comme ça. Mais non, vraiment, oser parler, et pas seulement, en fait, aux médecins, parce que là, on parle des médecins, mais c'est vrai que... Moi, ma maman, quand elle l'a appris, elle m'a demandé pourquoi il y a 8 ans, quand je me suis moi-même autodiagnostiquée, je ne lui en ai pas parlé.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et je n'ai pas la réponse. C'est... Je ne sais pas.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Encore peut-être ce truc de se dire je ne suis pas légitime il y a quelque chose qui... Ou alors on ne va pas me croire, ça va m'énerver enfin... Puis je vais me débrouiller toute seule, voilà. Donc vraiment, parlez, n'hésitez pas à en parler. Aujourd'hui, en plus, on le sait, si vous ne pouvez pas en parler à votre entourage, il y a des forums pour en parler. Oui, bien sûr. Il y a des structures aussi qui accueillent maintenant. Donc vraiment, il y a quand même de belles choses qui sont faites aujourd'hui. Oui,
- Speaker #0
puis vous pouvez aller voir un psychiatre ou même un psychologue.
- Speaker #1
C'est l'idée parce que c'est quand même... Eux, du coup, les spécialistes,
- Speaker #0
ça aide énormément. Puis même en dehors pour l'entourage, si vous voyez après ce podcast, si vous reconnaissez des symptômes de quelqu'un de votre famille, c'est éventuellement d'aller lui parler, de lui montrer le podcast et de lui faire écouter. et de lui dire écoute j'aimerais bien discuter avec toi est-ce que peut-être tu as besoin d'aide est-ce que tu veux en parler à moi ou à quelqu'un d'autre c'est discuter oui discuter en parler et c'est vrai que ce que tu viens de dire c'est super intéressant parce que si
- Speaker #1
tu as un doute sur quelqu'un de ton entourage il faut aller lui parler, de savoir les choses en tout cas moi de le savoir aujourd'hui d'être diagnostiqué ça aide quand même sacrément bien le chemin derrière oui c'est pareil
- Speaker #0
Pareil pour moi, quand au premier podcast, on a parlé.
- Speaker #1
Oui, forcément.
- Speaker #0
Ça change la vision des choses et je pense que ça soulage les gens. Je pense que ça fait aussi peur d'en parler. Et peut-être que vous avez quelqu'un autour de votre famille qui n'ose pas en parler, qui vit très mal tout ça. Et s'il faut à tout moment, le fait de voir qu'il y a un intéressement à tout ça, peut-être qu'il va arriver à parler, à se dire bon, là, je peux y aller
- Speaker #1
Oui, parce que quand on est dans un vrai mal-être, c'est quand même très compliqué. Et en plus, un mal-être... qu'on n'arrive pas à expliquer. C'est ça. C'est vraiment quand on tombe dans le down complet, c'est très dur de dire pourquoi. Alors des fois, il y a des facteurs à côté, qui font que, mais on le sait, dans la bipolarité, tu n'as pas besoin d'avoir de facteurs. Tu tombes direct.
- Speaker #0
Tu prends ton temps,
- Speaker #1
tu lisses. Donc vraiment, moi, c'est le conseil que je pourrais donner, c'est de... De sortir de sa coquille et d'aller parler et en discuter.
- Speaker #0
D'accord. Ok. Merci pour les conseils. Avec plaisir. Merci beaucoup. On arrive à la fin de ce podcast. Et vous le savez, à la fin du podcast, il y a toujours la petite question gênante. Donc la question gênante, on le rappelle, c'est soit tu réponds à une question gênante, c'est toi qui vas choisir, soit tu réponds à une question gênante, soit tu donnes une anecdote. Toi tu préfères quoi ? La question gênante ou une anecdote ?
- Speaker #1
Moi je préfère la question gênante.
- Speaker #0
Je vais pouvoir te piéger. Ok. C'est parfait. Est-ce que tu as une anecdote gênante en lien avec la bipolarité à nous raconter ?
- Speaker #1
Alors, est-ce que j'ai une anecdote gênante en lien avec la bipolarité ? Je ne sais pas si c'est vraiment en lien avec la bipolarité.
- Speaker #0
Vas-y, dis, les gens jugeront.
- Speaker #1
Non mais c'est... En fait... Ah oui, du coup, là, j'étais ado, donc... Mais j'étais déjà... J'avais déjà un caractère assez...
- Speaker #0
Cascouille ?
- Speaker #1
Non, costaud. Costaud. C'est un caractère. Et surtout, j'étais très... J'étais têtu et bon, bref, voilà. Et un soir, je suis censée dormir chez mon copain.
- Speaker #0
Et en fait,
- Speaker #1
16 ans, 17 ans,
- Speaker #0
je crois. Très bien.
- Speaker #1
16 ou 17 ans. Et je suis censée dormir chez lui. Et je ne sais plus pourquoi je pars. Sincèrement, je ne sais pas pourquoi je pars. Je ne sais pas si c'est lui qui m'a dit de partir ou c'est moi qui m'a dit de partir.
- Speaker #0
Ah ouais,
- Speaker #1
je ne sais pas. Je ne sais pas. Mais il était tard dans la nuit.
- Speaker #0
C'est-à-dire ?
- Speaker #1
Oh minuit, je sais pas, minuit 10h du matin, quelque chose comme ça.
- Speaker #0
Ok ! Ok d'accord, donc il te met dehors ou tu t'en vas ?
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et je vais finir par dormir dehors. Parce que je veux pas contacter un membre de ma famille qui pourrait venir me chercher.
- Speaker #0
C'est marrant, je te reconnais bien là.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Je pense même que c'est toi qui est parti.
- Speaker #1
Ouais, je sais pas, je sais pas. Et du coup... Du coup, il me restait qu'un message à envoyer. Je l'ai envoyé à un pote, en fait, et qu'il pouvait pas m'héberger. Donc, j'avais plus rien après.
- Speaker #0
Donc, tu as préféré envoyer un texto à un ami en ne sachant pas sûr et certain qu'il vienne te chercher au lieu de ta famille pour laquelle tu es sûr qu'ils auraient fini par venir te chercher. Parce que tu ne laisses pas un ado dehors en pleine nuit, surtout une fille. Dans le monde, même à notre adolescence, c'était déjà...
- Speaker #1
Oui, après, j'étais pas complètement dehors-dehors, c'était dans un petit truc protégé. C'est-à-dire ? J'ai attendu 6h du matin pour partir.
- Speaker #0
Vas-y, rentre dedans, là. C'était où ?
- Speaker #1
Je crois que c'était une petite cahute qu'il y avait sur un terrain.
- Speaker #0
Un terrain de ? Footer. Oh putain. Et nous avons une fille. J'ai très très peur pour l'avenir. J'ai très très peur.
- Speaker #1
On va couper. On va couper parce que je ne veux pas qu'elle entende ça un jour. Donc on va choisir une autre anecdote.
- Speaker #0
Pour de vrai ? Ouais.
- Speaker #1
Bon bref, du coup je ne sais pas si c'est vraiment... Non mais je ne pense pas que ce soit en lien avec ma maladie. Ah ouais ? Ouais, mais j'avais déjà un caractère... Je ne sais pas. Costaud quoi.
- Speaker #0
Ok, bon. Bel échappatoire, bravo. On valide. Vous le savez, de toute façon, vous avez le droit de vous échapper. Donc bravo, bel échappatoire.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Bien, écoute, je crois qu'on arrive à la fin de ce deuxième podcast. j'espère ça s'est bien passé pour toi c'est super j'espère ça s'est bien passé pour tout le monde j'espère ça vous a plu comme vous expliquer dans le il y en a beaucoup qui vont arriver il y en a qui sont en cours de tournage actuellement donc va sortir qu'elle a pris assez vite à la chaîne nous on est très content en tout cas de créer ce podcast on espère que ça vous parle à certains on espère que ça vous plaît si c'est le cas vous le savez n'hésitez surtout pas à liker à mettre en commentaire à partager aussi n'oublie pas qu'on est aussi sur youtube pour ceux qui le voient en vidéo ceux qui l'écoutent actuellement vous pouvez aussi aller le voir On est normalement, je l'espère, sur toutes les plateformes. Et puis, on vous dit donc à la prochaine pour un nouveau podcast qui sera avec une créatrice de bijoux et de bracelets. Voilà, un pierre précieuse. Et puis nous, je crois qu'il ne reste qu'à vous dire à bientôt.
- Speaker #1
À très bientôt. Merci.
- Speaker #0
Ciao.