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Parlement Ultramarin

Episode 8 : Couvre-feu đŸȘ– en Guadeloupe, les particularitĂ©s du maintien de l'ordre dans les Outre-mer

Episode 8 : Couvre-feu đŸȘ– en Guadeloupe, les particularitĂ©s du maintien de l'ordre dans les Outre-mer

16min |10/05/2024
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16min |10/05/2024
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Description

Aujourd’hui on part en Guadeloupe


Pourquoi la Guadeloupe?


Parce qu’un couvre-feu a Ă©tĂ© instaurĂ© Ă  Pointe Ă  Pitre le 22 avril pour les jeunes de moins de 18 ans,


De façon générale les outre-mers ont un rapport particulier avec les forces de l'ordre aux vues de plusieurs affaires dans le passé.

On vous détaille tout cela dans cet épisode.

Qu’ils soient sĂ©nateurs, sĂ©natrices, dĂ©putĂ©s, dĂ©putĂ©es, ils et elles font tous parti du Parlement Ultramarin. Mais qu’est-ce qu’ils y font ? Comment ces politiques influe sur les territoires ultramarins ? 


Les députés ultramarins, les sénateurs ultramarins, les députées ultramarines et sénatrices ultramarines sont les voix de nos territoires. 


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https://liberapay.com/tannaudio


Député.e.s outremer ou député.e.s ultramarin, le sujet sera la politique ultramarine !


Député outremer ou député ultramarin, le sujet sera la politique ultramarine !


Jade TOUSSAY nous livre une analyse de la situation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello tout le monde, bienvenue dans le podcast Parlement ultramarin qui analyse l'activitĂ© de nos Ă©lus. On a votĂ© pour eux, ils sont lĂ  grĂące Ă  nous, mais que font-ils pour nous ? La sĂ©ance est ouverte. Bonjour Ă  tous, la sĂ©ance est ouverte. Bonjour Ă  tous et bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode de Parlement Ultramarin. Aujourd'hui, on part en Guadeloupe. Pourquoi la Guadeloupe ? Parce qu'un couvre-feu a Ă©tĂ© instaurĂ© Ă  Pointe-Ă -Pitre Ă  partir du 22 avril pour les jeunes de moins de 18 ans, les mineurs donc. Et j'ai vu pas mal de choses tourner autour de ce sujet, notamment un poste qui parlait de loi martiale. C'est faux, hein ? Le concept de loi martiale, et encore je mets des guillemets parce qu'en vrai dans la lĂ©gislation française, il n'y a pas de loi martiale. Mais bref, le concept est rĂ©gi par un article de la Constitution. L'article 16, si vous voulez aller vĂ©rifier, mais comme je sais que vous n'allez pas vĂ©rifier, je vais vous dire les grosses lignes. L'article 16 est dĂ©clenchĂ© uniquement, je cite, L'indĂ©pendance de la nation, l'intĂ©gritĂ© du territoire ou l'exĂ©cution des engagements internationaux de la France. ou encore l'interruption du fonctionnement rĂ©gulier des pouvoirs publics constitutionnels. Vous avez vu, c'est fort quand mĂȘme. Donc mĂȘme s'il se passe des violences type vol, braquage, homicide, tout ça en ce moment, et je ne les minimise pas, mais on n'est pas Ă  ce niveau Ă©voquĂ© dans l'article 16. Ensuite, ce n'est pas quelque chose qui se dĂ©crĂšte Ă  la lĂ©gĂšre avec le prĂ©sident de la RĂ©publique, solo dans son bureau, qui se dit tiens, je m'ennuie aujourd'hui, si je dĂ©crĂ©tais la loi martiale Pas du tout. Le prĂ©sident de la RĂ©publique doit consulter le Premier ministre, les prĂ©sidents des assemblĂ©es, le Conseil constitutionnel et informer la nation par message. Donc, ce n'est pas GĂ©rald Darmanin que vous auriez entendu Ă  la tĂ©lĂ©, c'est Emmanuel Macron. Bref, tout ça pour vous dire, ou vous re-re-redire, je ne sais pas combien de fois j'ai dĂ©jĂ  dit, mais bref, faites attention Ă  ce que vous partagez sur vos rĂ©seaux et aux fake news. La bonne nouvelle, c'est que ça me donne un prĂ©texte pour faire un petit point avec vous sur la gestion du maintien de l'ordre dans les Outre-mer. Allez, on revient Ă  la Guadeloupe. Le couvre-feu a Ă©tĂ© donc instaurĂ© le 22 avril pour une pĂ©riode de deux mois. On Ă©coute GĂ©rald Darmanin en Guadeloupe au moment de l'annonce.

  • Speaker #1

    J'ai demandé, suite à la discussion avec le monsieur le maire et avec la ministre des Outre-mer, à monsieur le préfet, de prendre un couvre-feu pour les mineurs qui va s'appliquer à partir du début de semaine prochaine, pendant les deux prochains mois, pour que tous les mineurs de moins de 18 ans ne pourront pas circuler. dans les rues de Pointe-à-Pitre aprÚs 20h. Et la police nationale appliquera à la lettre évidemment ces demandes.

  • Speaker #0

    Donc, le couvre-feu ne concerne que Pointe-Ă -Pitre et il a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© dans le cadre d'une opĂ©ration plus large, l'opĂ©ration Place Net, qui vise Ă  lutter contre les trafics de stupĂ©fiants et tout ce qui tourne autour, Ă  savoir trafic d'armes et dĂ©linquances. Il y a eu les mĂȘmes opĂ©rations dans l'Hexagone, mais c'est vrai qu'il n'y a pas eu de couvre-feu. Vous allez me dire alors pourquoi un couvre-feu en Guadeloupe ? Pour deux raisons. La premiĂšre est locale. Le couvre-feu rĂ©pond Ă  une demande des Ă©lus guadeloupĂ©ens, aussi bien locaux que nationaux. On Ă©coute ici le sĂ©nateur Dominique ThĂ©ophile, dĂ©but avril.

  • Speaker #2

    Madame la ministre, le dimanche 28 janvier, Ă  la suite d'une course poursuite contre son agresseur, un automobiliste et sa compagne ont reçu plusieurs coups de feu. L'auteur des faits, alors Ă  peine ĂągĂ© de 18 ans, est actuellement en dĂ©tention provisoire. Le vendredi 15 mars, c'est un autre jeune de 19 ans qui est placĂ© sous dĂ©tention pour vol avec violence. Enfin, le 3 avril, ce sont quatre jeunes, tous ĂągĂ©s de moins de 25 ans, qui sont mis en examen pour le vol et le meurtre d'un homme en mars dernier. Et lĂ , ce n'est qu'un Ă©chantillon. Sur l'annĂ©e 2023, c'est plus d'un vol avec arme Ă  feu par jour commis par et sur des individus de plus en plus jeunes. Ça, je parle de ce qui se passe actuellement en Guadeloupe.

  • Speaker #0

    Fin mars, le maire de Pointe-Ă -Pitre, Harry Durimel, a mĂȘme mis sa dĂ©mission dans la balance si des moyens supplĂ©mentaires n'Ă©taient pas accordĂ©s pour rĂ©pondre Ă  la flambĂ©e de violence. Selon les chiffres des autoritĂ©s, prĂšs de 40% des faits dĂ©lictueux et criminels sont commis par des jeunes, c'est-Ă -dire Ă  peu prĂšs 4 faits sur 10. L'instauration du couvre-feu pour les mineurs rĂ©pond donc Ă  cette demande locale. Mais il faut dire qu'elle tombe bien. Et c'est la deuxiĂšme raison du couvre-feu, elle est nationale cette fois. Le gouvernement a dĂ©cidĂ© de lutter contre la dĂ©linquance des mineurs et le Premier ministre Gabriel Attal a fait une sĂ©rie de propositions qui sont Ă©tudiĂ©es en ce moment mĂȘme. Ça va du placement en internat. passant l'accord des parents, je vous rassure, Ă  des mesures juridiques comme l'attĂ©nuation de l'excuse de minoritĂ©. Ah, on va faire une minute droit. L'excuse de minoritĂ©, c'est un principe dans la loi qui dit qu'un mineur ne peut pas ĂȘtre jugĂ© comme un majeur et encourir les mĂȘmes peines. Par exemple, on ne peut pas, sauf exception rarissime, condamner un mineur Ă  plus de 20 ans de prison. C'est donc la deuxiĂšme raison, une rĂ©flexion plus large pour commencer Ă  lutter contre la dĂ©linquance des plus jeunes. Bon. C'est pas le sujet du podcast tout Ă  fait, mais si on parle maintien de l'ordre, forcĂ©ment, on va parler violence. Je vous arrĂȘte tout de suite ici. On ne va pas faire une thĂšse de sociologie, ok ? Je ne vais pas vous expliquer pourquoi les jeunes, ou les moins jeunes d'ailleurs, sont violents, pourquoi il y a du trafic d'armes, tout ça. Ça, c'est de la sociologie, c'est un mĂ©tier passionnant, mais c'est clairement pas le mien. Par contre, moi je peux vous donner des chiffres. Ça va nous aider Ă  comparer avec l'Hexagone et ensuite, on pourra discuter de la gestion du maintien de l'ordre. D'abord, une question. Est-ce qu'il y a plus de violence dans les Outre-mer que dans l'Hexagone ? Ce qui viendrait justifier des mesures exceptionnelles. On va prendre par exemple le teudomicide. Il est Ă  7,5 pour 100 000 habitants en Guadeloupe contre une moyenne nationale Ă  1,3. Pour les vols avec armes, on est Ă  1,2% en Guadeloupe contre une moyenne nationale Ă  0,1. Tout ça, ce sont les chiffres du service statistique de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, je ne les sors pas de mon chapeau. Et Ă©videmment, il y a plusieurs types de violences, donc plusieurs classements, et parfois, les chiffres de la France hexagonale sont plus Ă©levĂ©s que ceux de la Guadeloupe, ou alors le constat est similaire, rapportĂ© au nombre d'habitants. Bref, tout ça pour vous dire que l'idĂ©e n'est pas de dresser un tableau tout noir en vous disant Oh mon Dieu, n'allez pas en Guadeloupe, c'est hyper dangereux ! Pas du tout. Si je vous donne des chiffres, c'est juste pour que ça nous emmĂšne ensuite sur le terrain du maintien de l'ordre, avec... Une question. Quelle rĂ©ponse l'État et nos Ă©lus apportent Ă  cette violence ? Alors, spoiler, on va surtout parler ici de la rĂ©ponse de l'État. Pourquoi ? Parce que la sĂ©curitĂ© est une compĂ©tence rĂ©galienne, c'est-Ă -dire que c'est l'État, oĂč en l'occurrence dans nos territoires sont reprĂ©sentants sur place, donc le prĂ©fet, qui est en charge et pas la collectivitĂ© ou la rĂ©gion. Ensuite, il faut aussi savoir que globalement dans les Outre-mer, le maintien de l'ordre est assurĂ© quasi exclusivement par la gendarmerie. Les gendarmes donc, qui sont un corps militaire, contrairement aux policiers qui ont un statut de fonctionnaire. Fin, autre particularitĂ© de chez nous, il n'y a pas de CRS, les compagnies rĂ©publicaines de sĂ©curitĂ©, alors que dans l'Hexagone, elles sont aussi chargĂ©es en partie du maintien de l'ordre. Vous allez me demander pourquoi il n'y a pas de CRS ? Officiellement, elles ont Ă©tĂ© dissoutes dans les Outre-mer en 1993, principalement pour des raisons Ă©conomiques. AprĂšs, il faut aussi dire que quand il y en avait, ça se passait trĂšs trĂšs mal. Je vais prendre deux exemples. Premier exemple, on est en Martinique le 20 dĂ©cembre 1959. La scĂšne se passe pas loin de la savane, Ă  Fort-de-France, et l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur est banal. C'est un accident de la route entre un docker martiniquais et une personne venue de l'Hexagone. Le ton monte, mais finalement, les protagonistes se rĂ©concilient et vont boire un coup. VoilĂ . Mais entre-temps, il y a eu un petit rassemblement et les CRS sont appelĂ©s sur place. C'est lĂ  que ça dĂ©gĂ©nĂšre. Tous les tĂ©moignages de l'Ă©poque concordent pour dire que c'est la prĂ©sence des CRS qui a envenimĂ© la situation. Pendant trois jours, les tensions persistent et des affrontements ont lieu entre la population et les CRS. Bilan, trois morts et des dizaines de blessĂ©s. Dans la foulĂ©e, le dĂ©tachement de CRS de la Martinique, qui Ă©tait dĂ©jĂ  mis en cause dans d'autres affaires, est officiellement dissous. VoilĂ  pour le premier exemple. Maintenant, pour le deuxiĂšme, on va retourner en Guadeloupe. Cette fois, on est en mai 1967 et une grĂšve est en cours dans le secteur du bĂątiment. Les CRS sont appelĂ©s sur place et ouvrent le feu. Un syndicaliste est tuĂ© et c'est le dĂ©but de trois jours d'Ă©meute. Il y a eu au moins huit personnes tuĂ©es. Et je dis au moins car le bilan est largement sous-estimĂ© et il n'a jamais Ă©tĂ© rĂ©actualisĂ©. On parle aujourd'hui de massacre de mai 1967 et des commĂ©morations sont organisĂ©es chaque annĂ©e. Si je vous parle de cette histoire, c'est parce qu'elle est... assez rĂ©vĂ©latrice de la relation qu'on a dans les territoires d'outre-mer avec les forces de l'ordre. Je vais vous citer Benjamin Stora, un historien, Ă  qui Emmanuel Macron avait demandĂ© un rapport sur la mĂ©moire de la colonisation et dans lequel il Ă©voque mai 67 et dĂ©cembre 59. Je le lis. Les Ă©vĂ©nements de mai 1967 occupent une place particuliĂšre dans le passĂ© guadeloupĂ©en. La violence de la rĂ©pression et des suites judiciaires, l'incertitude maintenue sur le nombre de victimes, Les raisons d'un tel massacre qui semble appartenir Ă  une pĂ©riode coloniale que l'on croyait alors rĂ©volue contribuent Ă  en faire un Ă©vĂ©nement focal d'une histoire du temps prĂ©sent. J'ai dit plus haut qu'il n'y avait plus de CRS dans les Outre-mer, ce n'est plus tout Ă  fait vrai. Il n'y en a pas eu pendant longtemps, pendant 30 ans mĂȘme, mais ils sont revenus Ă  Mayotte dans le cadre de l'opĂ©ration Wambushu en 2023. VoilĂ , revenons Ă  notre maintien de l'ordre aux Antilles. En Guadeloupe donc, pour assurer la sĂ©curitĂ©, on trouve des policiers municipaux, des gendarmes, environ 700, des rĂ©servistes, mais aussi des membres du GIGN, le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale. Parce que oui, il y a une antenne du GIGN en Guadeloupe, pas que d'ailleurs, il y en a mĂȘme une en Martinique et dans d'autres territoires, et Ă  l'Ă©chelle des Outre-mer en tout, il y en a environ 300. Petit rappel, juste au cas oĂč, de ce que sont le RAID et le GIGN, ce sont des forces d'Ă©lite qui interviennent normalement dans des actions contre le terrorisme ou la grande criminalitĂ©. Dans les Outre-mer, leurs missions ne sont pas exactement celles-lĂ , elles sont forcĂ©ment plus adaptĂ©es aux problĂ©matiques locales. Mais en gĂ©nĂ©ral, quand vous entendez la phrase Envoie des troupes du GIGN ou du RED depuis Paris vers les Antilles c'est que ça ne va pas du tout. Vous voyez assez bien Ă  quoi je fais rĂ©fĂ©rence. Bah oui, Ă  la crise sanitaire et aux Ă©meutes contre l'obligation vaccinale de novembre 2021. À l'Ă©poque, GĂ©rald Darmanin avait envoyĂ© une cinquantaine de membres du RED et du GIGN. Pour la petite histoire, c'est aussi Ă  ce moment-lĂ  que SĂ©bastien Lecornu, qui Ă©tait ministre des Outre-mer, avait Ă©voquĂ© l'autonomie. Je vous renvoie Ă  l'Ă©pisode prĂ©cĂ©dent. Donc. MĂȘme si le GIGN a une antenne permanente sur place, ça n'empĂȘche pas l'envoi de renforts selon les besoins de la situation. En gĂ©nĂ©ral, ces renforts sont reçus de façon mitigĂ©e. Si je devais caricaturer, je dirais qu'il y a plusieurs sons de cloche. Bien sĂ»r, il y a la question de la sĂ©curitĂ© de tous. Personne n'est content de retrouver sa voiture brĂ»lĂ©e ou son commerce pillĂ© le matin en se rĂ©veillant, et donc l'envoi de troupes supplĂ©mentaires est censĂ© rĂ©pondre Ă  cette demande. Ensuite, il y a ceux qui demandent une rĂ©ponse autre que sĂ©curitaire. On Ă©coute Max Mathiazin, dĂ©putĂ© de la Guadeloupe en novembre 2021. A l'Ă©poque, il siĂ©geait avec le MoDem, donc dans la majoritĂ© prĂ©sidentielle, mais depuis les derniĂšres lĂ©gislatives, il siĂšge avec le groupe Lyot, qui est donc un groupe d'opposition. On l'Ă©coute en novembre 2021, sur la premiĂšre, quand il rĂ©agissait Ă  l'envoi du GIGN pendant la crise sanitaire.

  • Speaker #3

    Cette rĂ©ponse est une d'abord une rĂ©ponse sĂ©curitaire. Il faut protĂ©ger, je le comprends, les biens, les personnes, leur intĂ©gritĂ© physique. dans leur travail, dans leurs investissements, parce qu'en Guadeloupe, aujourd'hui, les gens sont inquiets de ne pas pouvoir aussi se mouvoir, se dĂ©placer. Donc la libertĂ©, les libertĂ©s sont menacĂ©es. Mais la rĂ©ponse ministĂ©rielle ne peut pas ĂȘtre uniquement une rĂ©ponse sĂ©curitaire. Il faut une rĂ©ponse qui tienne compte d'une part des revendications qui sont posĂ©es, mais d'autre part de la situation Ă©conomique,

  • Speaker #1

    sociale,

  • Speaker #3

    je dirais mĂȘme sociĂ©tale de notre pays, qui fait que beaucoup de jeunes ne trouvent pas de travail, beaucoup de jeunes sont en dĂ©shĂ©rence, bien qu'il y en ait beaucoup qui partent, il faut absolument, non seulement, et je l'ai dĂ©jĂ  dit, un projet Ă©conomique. mais Ă©galement rĂ©flĂ©chir Ă  un frais pour notre jeunesse.

  • Speaker #0

    Enfin, il y a aussi la question du rapport qu'entretiennent les populations locales avec la police, et en particulier avec les policiers qui ne sont pas originaires des territoires. Et c'est lĂ  qu'on rejoint Benjamin Stora, qui parlait de rĂ©miniscence du sentiment du passĂ© colonial avec une gestion brutale du maintien de l'ordre. Ces derniĂšres annĂ©es, il y a eu plusieurs affaires oĂč la doctrine du maintien de l'ordre aux Antilles a Ă©tĂ© remise en question. parfois s'y ajoutent des accusations de racisme des forces de l'ordre envers la population. Je ne vais prendre qu'un seul exemple, mais je pense qu'il est parlant. L'affaire Kezia, en Martinique, oĂč l'avocate a portĂ© plainte pour tentative de meurtre, acte de torture et de barbarie, et insulte public Ă  caractĂšre raciste. Au-delĂ  de ce seul cas, j'entends trĂšs souvent dire que si ça se passe aussi mal avec les forces de l'ordre, c'est parce qu'ils n'ont pas, je cite, la mĂȘme culture ou qu'ils ne sont pas de chez nous. Tout ça avec des guillemets. C'est aussi le sentiment que vous avez ? sachez que vous n'ĂȘtes pas les seuls.

  • Speaker #4

    Pour l'argent dans les Outre-mer, la problématique qui n'est pas un problÚme, mais la problématique des originaires pour moi est essentielle. Je le vois réguliÚrement. Et elle est essentielle à plusieurs titres. A la fois sur le plan quantitatif et sur plan qualitatif.

  • Speaker #0

    Lui, c'est le gĂ©nĂ©ral Lionel Lavergne, commandant des gendarmeries d'outre-mer. Il Ă©tait auditionnĂ© au SĂ©nat le 25 janvier. Et il a donnĂ© quelques chiffres. Tout statut de gendarme confondu, il n'y a que 26% qui soit originaire des territoires ultramarins oĂč il travaille. Et c'est trĂšs, trĂšs disparĂątre. Dans le Pacifique ou dans l'ocĂ©an Indien, il estime que le taux de gendarmes en exercice originaire des territoires n'est pas mauvais, mĂȘme si on peut mieux faire. En revanche, dans les Antilles, et notamment en Martinique, Guadeloupe, Guyane, c'est la cata. En Martinique et en Guadeloupe, il n'y a que 8% de sous-officiers qui soient originaires des dĂ©partements. En Guyane, il dit qu'il n'y en a que 7. C'est une situation qu'il regrette. Il confirme qu'avoir des forces de l'ordre originaires des territoires est particuliĂšrement efficace pour mener Ă  bien les missions et dĂ©samorcer les tensions avec la population quand il y en a. On l'Ă©coute.

  • Speaker #4

    Pour la petite histoire, je fais en sorte d'avoir, je parle de l'ocĂ©an Indien lĂ , depuis en 2024, je vais faire en sorte de mettre des Mahorais Ă  La RĂ©union. Parce qu'on a une problĂ©matique Ă  La RĂ©union, c'est la problĂ©matique des quartiers historiques de Mahorais. On en a en zone de gendarmerie, on en a Ă  Saint-BenoĂźt, on en a Ă  La Possession, on en a Ă  Saint-Louis, et c'est des vrais quartiers. Pour preuve, on va crĂ©er une brigade mobile, un peu comme Sandy Grounds, une brigade mobile dans le quartier Mahorais qui compte plusieurs milliers de personnes, qui s'appelle le quartier de Brafusie Ă  Saint-BenoĂźt. Mais Ă  Brafusie, j'ai besoin de Mahorais. Ça ne peut pas ĂȘtre des hexagonaux qui viennent.

  • Speaker #0

    Ce monsieur m'a fait une transition parfaite pour enchaßner sur la thématique du retour au pays. Non, je rigole, c'est un sujet beaucoup trop vaste et beaucoup trop compliqué pour l'aborder maintenant. Mais ne soyez pas déçus, je me le note pour la saison 2. Aussi, je vous laisse pour ce mois-ci. On se revoit le mois prochain pour le dernier épisode de la saison. Salut ! La séance est suspendue. N'hésitez pas à nous faire des retours sur les réseaux, à nous mettre 5 étoiles et à partager autour de vous pour faire entendre les voix ultramarines.

  • Speaker #4

    Au paquetant !

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Aujourd’hui on part en Guadeloupe


Pourquoi la Guadeloupe?


Parce qu’un couvre-feu a Ă©tĂ© instaurĂ© Ă  Pointe Ă  Pitre le 22 avril pour les jeunes de moins de 18 ans,


De façon générale les outre-mers ont un rapport particulier avec les forces de l'ordre aux vues de plusieurs affaires dans le passé.

On vous détaille tout cela dans cet épisode.

Qu’ils soient sĂ©nateurs, sĂ©natrices, dĂ©putĂ©s, dĂ©putĂ©es, ils et elles font tous parti du Parlement Ultramarin. Mais qu’est-ce qu’ils y font ? Comment ces politiques influe sur les territoires ultramarins ? 


Les députés ultramarins, les sénateurs ultramarins, les députées ultramarines et sénatrices ultramarines sont les voix de nos territoires. 


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Député.e.s outremer ou député.e.s ultramarin, le sujet sera la politique ultramarine !


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Jade TOUSSAY nous livre une analyse de la situation.


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  • Speaker #0

    Hello tout le monde, bienvenue dans le podcast Parlement ultramarin qui analyse l'activitĂ© de nos Ă©lus. On a votĂ© pour eux, ils sont lĂ  grĂące Ă  nous, mais que font-ils pour nous ? La sĂ©ance est ouverte. Bonjour Ă  tous, la sĂ©ance est ouverte. Bonjour Ă  tous et bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode de Parlement Ultramarin. Aujourd'hui, on part en Guadeloupe. Pourquoi la Guadeloupe ? Parce qu'un couvre-feu a Ă©tĂ© instaurĂ© Ă  Pointe-Ă -Pitre Ă  partir du 22 avril pour les jeunes de moins de 18 ans, les mineurs donc. Et j'ai vu pas mal de choses tourner autour de ce sujet, notamment un poste qui parlait de loi martiale. C'est faux, hein ? Le concept de loi martiale, et encore je mets des guillemets parce qu'en vrai dans la lĂ©gislation française, il n'y a pas de loi martiale. Mais bref, le concept est rĂ©gi par un article de la Constitution. L'article 16, si vous voulez aller vĂ©rifier, mais comme je sais que vous n'allez pas vĂ©rifier, je vais vous dire les grosses lignes. L'article 16 est dĂ©clenchĂ© uniquement, je cite, L'indĂ©pendance de la nation, l'intĂ©gritĂ© du territoire ou l'exĂ©cution des engagements internationaux de la France. ou encore l'interruption du fonctionnement rĂ©gulier des pouvoirs publics constitutionnels. Vous avez vu, c'est fort quand mĂȘme. Donc mĂȘme s'il se passe des violences type vol, braquage, homicide, tout ça en ce moment, et je ne les minimise pas, mais on n'est pas Ă  ce niveau Ă©voquĂ© dans l'article 16. Ensuite, ce n'est pas quelque chose qui se dĂ©crĂšte Ă  la lĂ©gĂšre avec le prĂ©sident de la RĂ©publique, solo dans son bureau, qui se dit tiens, je m'ennuie aujourd'hui, si je dĂ©crĂ©tais la loi martiale Pas du tout. Le prĂ©sident de la RĂ©publique doit consulter le Premier ministre, les prĂ©sidents des assemblĂ©es, le Conseil constitutionnel et informer la nation par message. Donc, ce n'est pas GĂ©rald Darmanin que vous auriez entendu Ă  la tĂ©lĂ©, c'est Emmanuel Macron. Bref, tout ça pour vous dire, ou vous re-re-redire, je ne sais pas combien de fois j'ai dĂ©jĂ  dit, mais bref, faites attention Ă  ce que vous partagez sur vos rĂ©seaux et aux fake news. La bonne nouvelle, c'est que ça me donne un prĂ©texte pour faire un petit point avec vous sur la gestion du maintien de l'ordre dans les Outre-mer. Allez, on revient Ă  la Guadeloupe. Le couvre-feu a Ă©tĂ© donc instaurĂ© le 22 avril pour une pĂ©riode de deux mois. On Ă©coute GĂ©rald Darmanin en Guadeloupe au moment de l'annonce.

  • Speaker #1

    J'ai demandé, suite à la discussion avec le monsieur le maire et avec la ministre des Outre-mer, à monsieur le préfet, de prendre un couvre-feu pour les mineurs qui va s'appliquer à partir du début de semaine prochaine, pendant les deux prochains mois, pour que tous les mineurs de moins de 18 ans ne pourront pas circuler. dans les rues de Pointe-à-Pitre aprÚs 20h. Et la police nationale appliquera à la lettre évidemment ces demandes.

  • Speaker #0

    Donc, le couvre-feu ne concerne que Pointe-Ă -Pitre et il a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© dans le cadre d'une opĂ©ration plus large, l'opĂ©ration Place Net, qui vise Ă  lutter contre les trafics de stupĂ©fiants et tout ce qui tourne autour, Ă  savoir trafic d'armes et dĂ©linquances. Il y a eu les mĂȘmes opĂ©rations dans l'Hexagone, mais c'est vrai qu'il n'y a pas eu de couvre-feu. Vous allez me dire alors pourquoi un couvre-feu en Guadeloupe ? Pour deux raisons. La premiĂšre est locale. Le couvre-feu rĂ©pond Ă  une demande des Ă©lus guadeloupĂ©ens, aussi bien locaux que nationaux. On Ă©coute ici le sĂ©nateur Dominique ThĂ©ophile, dĂ©but avril.

  • Speaker #2

    Madame la ministre, le dimanche 28 janvier, Ă  la suite d'une course poursuite contre son agresseur, un automobiliste et sa compagne ont reçu plusieurs coups de feu. L'auteur des faits, alors Ă  peine ĂągĂ© de 18 ans, est actuellement en dĂ©tention provisoire. Le vendredi 15 mars, c'est un autre jeune de 19 ans qui est placĂ© sous dĂ©tention pour vol avec violence. Enfin, le 3 avril, ce sont quatre jeunes, tous ĂągĂ©s de moins de 25 ans, qui sont mis en examen pour le vol et le meurtre d'un homme en mars dernier. Et lĂ , ce n'est qu'un Ă©chantillon. Sur l'annĂ©e 2023, c'est plus d'un vol avec arme Ă  feu par jour commis par et sur des individus de plus en plus jeunes. Ça, je parle de ce qui se passe actuellement en Guadeloupe.

  • Speaker #0

    Fin mars, le maire de Pointe-Ă -Pitre, Harry Durimel, a mĂȘme mis sa dĂ©mission dans la balance si des moyens supplĂ©mentaires n'Ă©taient pas accordĂ©s pour rĂ©pondre Ă  la flambĂ©e de violence. Selon les chiffres des autoritĂ©s, prĂšs de 40% des faits dĂ©lictueux et criminels sont commis par des jeunes, c'est-Ă -dire Ă  peu prĂšs 4 faits sur 10. L'instauration du couvre-feu pour les mineurs rĂ©pond donc Ă  cette demande locale. Mais il faut dire qu'elle tombe bien. Et c'est la deuxiĂšme raison du couvre-feu, elle est nationale cette fois. Le gouvernement a dĂ©cidĂ© de lutter contre la dĂ©linquance des mineurs et le Premier ministre Gabriel Attal a fait une sĂ©rie de propositions qui sont Ă©tudiĂ©es en ce moment mĂȘme. Ça va du placement en internat. passant l'accord des parents, je vous rassure, Ă  des mesures juridiques comme l'attĂ©nuation de l'excuse de minoritĂ©. Ah, on va faire une minute droit. L'excuse de minoritĂ©, c'est un principe dans la loi qui dit qu'un mineur ne peut pas ĂȘtre jugĂ© comme un majeur et encourir les mĂȘmes peines. Par exemple, on ne peut pas, sauf exception rarissime, condamner un mineur Ă  plus de 20 ans de prison. C'est donc la deuxiĂšme raison, une rĂ©flexion plus large pour commencer Ă  lutter contre la dĂ©linquance des plus jeunes. Bon. C'est pas le sujet du podcast tout Ă  fait, mais si on parle maintien de l'ordre, forcĂ©ment, on va parler violence. Je vous arrĂȘte tout de suite ici. On ne va pas faire une thĂšse de sociologie, ok ? Je ne vais pas vous expliquer pourquoi les jeunes, ou les moins jeunes d'ailleurs, sont violents, pourquoi il y a du trafic d'armes, tout ça. Ça, c'est de la sociologie, c'est un mĂ©tier passionnant, mais c'est clairement pas le mien. Par contre, moi je peux vous donner des chiffres. Ça va nous aider Ă  comparer avec l'Hexagone et ensuite, on pourra discuter de la gestion du maintien de l'ordre. D'abord, une question. Est-ce qu'il y a plus de violence dans les Outre-mer que dans l'Hexagone ? Ce qui viendrait justifier des mesures exceptionnelles. On va prendre par exemple le teudomicide. Il est Ă  7,5 pour 100 000 habitants en Guadeloupe contre une moyenne nationale Ă  1,3. Pour les vols avec armes, on est Ă  1,2% en Guadeloupe contre une moyenne nationale Ă  0,1. Tout ça, ce sont les chiffres du service statistique de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, je ne les sors pas de mon chapeau. Et Ă©videmment, il y a plusieurs types de violences, donc plusieurs classements, et parfois, les chiffres de la France hexagonale sont plus Ă©levĂ©s que ceux de la Guadeloupe, ou alors le constat est similaire, rapportĂ© au nombre d'habitants. Bref, tout ça pour vous dire que l'idĂ©e n'est pas de dresser un tableau tout noir en vous disant Oh mon Dieu, n'allez pas en Guadeloupe, c'est hyper dangereux ! Pas du tout. Si je vous donne des chiffres, c'est juste pour que ça nous emmĂšne ensuite sur le terrain du maintien de l'ordre, avec... Une question. Quelle rĂ©ponse l'État et nos Ă©lus apportent Ă  cette violence ? Alors, spoiler, on va surtout parler ici de la rĂ©ponse de l'État. Pourquoi ? Parce que la sĂ©curitĂ© est une compĂ©tence rĂ©galienne, c'est-Ă -dire que c'est l'État, oĂč en l'occurrence dans nos territoires sont reprĂ©sentants sur place, donc le prĂ©fet, qui est en charge et pas la collectivitĂ© ou la rĂ©gion. Ensuite, il faut aussi savoir que globalement dans les Outre-mer, le maintien de l'ordre est assurĂ© quasi exclusivement par la gendarmerie. Les gendarmes donc, qui sont un corps militaire, contrairement aux policiers qui ont un statut de fonctionnaire. Fin, autre particularitĂ© de chez nous, il n'y a pas de CRS, les compagnies rĂ©publicaines de sĂ©curitĂ©, alors que dans l'Hexagone, elles sont aussi chargĂ©es en partie du maintien de l'ordre. Vous allez me demander pourquoi il n'y a pas de CRS ? Officiellement, elles ont Ă©tĂ© dissoutes dans les Outre-mer en 1993, principalement pour des raisons Ă©conomiques. AprĂšs, il faut aussi dire que quand il y en avait, ça se passait trĂšs trĂšs mal. Je vais prendre deux exemples. Premier exemple, on est en Martinique le 20 dĂ©cembre 1959. La scĂšne se passe pas loin de la savane, Ă  Fort-de-France, et l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur est banal. C'est un accident de la route entre un docker martiniquais et une personne venue de l'Hexagone. Le ton monte, mais finalement, les protagonistes se rĂ©concilient et vont boire un coup. VoilĂ . Mais entre-temps, il y a eu un petit rassemblement et les CRS sont appelĂ©s sur place. C'est lĂ  que ça dĂ©gĂ©nĂšre. Tous les tĂ©moignages de l'Ă©poque concordent pour dire que c'est la prĂ©sence des CRS qui a envenimĂ© la situation. Pendant trois jours, les tensions persistent et des affrontements ont lieu entre la population et les CRS. Bilan, trois morts et des dizaines de blessĂ©s. Dans la foulĂ©e, le dĂ©tachement de CRS de la Martinique, qui Ă©tait dĂ©jĂ  mis en cause dans d'autres affaires, est officiellement dissous. VoilĂ  pour le premier exemple. Maintenant, pour le deuxiĂšme, on va retourner en Guadeloupe. Cette fois, on est en mai 1967 et une grĂšve est en cours dans le secteur du bĂątiment. Les CRS sont appelĂ©s sur place et ouvrent le feu. Un syndicaliste est tuĂ© et c'est le dĂ©but de trois jours d'Ă©meute. Il y a eu au moins huit personnes tuĂ©es. Et je dis au moins car le bilan est largement sous-estimĂ© et il n'a jamais Ă©tĂ© rĂ©actualisĂ©. On parle aujourd'hui de massacre de mai 1967 et des commĂ©morations sont organisĂ©es chaque annĂ©e. Si je vous parle de cette histoire, c'est parce qu'elle est... assez rĂ©vĂ©latrice de la relation qu'on a dans les territoires d'outre-mer avec les forces de l'ordre. Je vais vous citer Benjamin Stora, un historien, Ă  qui Emmanuel Macron avait demandĂ© un rapport sur la mĂ©moire de la colonisation et dans lequel il Ă©voque mai 67 et dĂ©cembre 59. Je le lis. Les Ă©vĂ©nements de mai 1967 occupent une place particuliĂšre dans le passĂ© guadeloupĂ©en. La violence de la rĂ©pression et des suites judiciaires, l'incertitude maintenue sur le nombre de victimes, Les raisons d'un tel massacre qui semble appartenir Ă  une pĂ©riode coloniale que l'on croyait alors rĂ©volue contribuent Ă  en faire un Ă©vĂ©nement focal d'une histoire du temps prĂ©sent. J'ai dit plus haut qu'il n'y avait plus de CRS dans les Outre-mer, ce n'est plus tout Ă  fait vrai. Il n'y en a pas eu pendant longtemps, pendant 30 ans mĂȘme, mais ils sont revenus Ă  Mayotte dans le cadre de l'opĂ©ration Wambushu en 2023. VoilĂ , revenons Ă  notre maintien de l'ordre aux Antilles. En Guadeloupe donc, pour assurer la sĂ©curitĂ©, on trouve des policiers municipaux, des gendarmes, environ 700, des rĂ©servistes, mais aussi des membres du GIGN, le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale. Parce que oui, il y a une antenne du GIGN en Guadeloupe, pas que d'ailleurs, il y en a mĂȘme une en Martinique et dans d'autres territoires, et Ă  l'Ă©chelle des Outre-mer en tout, il y en a environ 300. Petit rappel, juste au cas oĂč, de ce que sont le RAID et le GIGN, ce sont des forces d'Ă©lite qui interviennent normalement dans des actions contre le terrorisme ou la grande criminalitĂ©. Dans les Outre-mer, leurs missions ne sont pas exactement celles-lĂ , elles sont forcĂ©ment plus adaptĂ©es aux problĂ©matiques locales. Mais en gĂ©nĂ©ral, quand vous entendez la phrase Envoie des troupes du GIGN ou du RED depuis Paris vers les Antilles c'est que ça ne va pas du tout. Vous voyez assez bien Ă  quoi je fais rĂ©fĂ©rence. Bah oui, Ă  la crise sanitaire et aux Ă©meutes contre l'obligation vaccinale de novembre 2021. À l'Ă©poque, GĂ©rald Darmanin avait envoyĂ© une cinquantaine de membres du RED et du GIGN. Pour la petite histoire, c'est aussi Ă  ce moment-lĂ  que SĂ©bastien Lecornu, qui Ă©tait ministre des Outre-mer, avait Ă©voquĂ© l'autonomie. Je vous renvoie Ă  l'Ă©pisode prĂ©cĂ©dent. Donc. MĂȘme si le GIGN a une antenne permanente sur place, ça n'empĂȘche pas l'envoi de renforts selon les besoins de la situation. En gĂ©nĂ©ral, ces renforts sont reçus de façon mitigĂ©e. Si je devais caricaturer, je dirais qu'il y a plusieurs sons de cloche. Bien sĂ»r, il y a la question de la sĂ©curitĂ© de tous. Personne n'est content de retrouver sa voiture brĂ»lĂ©e ou son commerce pillĂ© le matin en se rĂ©veillant, et donc l'envoi de troupes supplĂ©mentaires est censĂ© rĂ©pondre Ă  cette demande. Ensuite, il y a ceux qui demandent une rĂ©ponse autre que sĂ©curitaire. On Ă©coute Max Mathiazin, dĂ©putĂ© de la Guadeloupe en novembre 2021. A l'Ă©poque, il siĂ©geait avec le MoDem, donc dans la majoritĂ© prĂ©sidentielle, mais depuis les derniĂšres lĂ©gislatives, il siĂšge avec le groupe Lyot, qui est donc un groupe d'opposition. On l'Ă©coute en novembre 2021, sur la premiĂšre, quand il rĂ©agissait Ă  l'envoi du GIGN pendant la crise sanitaire.

  • Speaker #3

    Cette rĂ©ponse est une d'abord une rĂ©ponse sĂ©curitaire. Il faut protĂ©ger, je le comprends, les biens, les personnes, leur intĂ©gritĂ© physique. dans leur travail, dans leurs investissements, parce qu'en Guadeloupe, aujourd'hui, les gens sont inquiets de ne pas pouvoir aussi se mouvoir, se dĂ©placer. Donc la libertĂ©, les libertĂ©s sont menacĂ©es. Mais la rĂ©ponse ministĂ©rielle ne peut pas ĂȘtre uniquement une rĂ©ponse sĂ©curitaire. Il faut une rĂ©ponse qui tienne compte d'une part des revendications qui sont posĂ©es, mais d'autre part de la situation Ă©conomique,

  • Speaker #1

    sociale,

  • Speaker #3

    je dirais mĂȘme sociĂ©tale de notre pays, qui fait que beaucoup de jeunes ne trouvent pas de travail, beaucoup de jeunes sont en dĂ©shĂ©rence, bien qu'il y en ait beaucoup qui partent, il faut absolument, non seulement, et je l'ai dĂ©jĂ  dit, un projet Ă©conomique. mais Ă©galement rĂ©flĂ©chir Ă  un frais pour notre jeunesse.

  • Speaker #0

    Enfin, il y a aussi la question du rapport qu'entretiennent les populations locales avec la police, et en particulier avec les policiers qui ne sont pas originaires des territoires. Et c'est lĂ  qu'on rejoint Benjamin Stora, qui parlait de rĂ©miniscence du sentiment du passĂ© colonial avec une gestion brutale du maintien de l'ordre. Ces derniĂšres annĂ©es, il y a eu plusieurs affaires oĂč la doctrine du maintien de l'ordre aux Antilles a Ă©tĂ© remise en question. parfois s'y ajoutent des accusations de racisme des forces de l'ordre envers la population. Je ne vais prendre qu'un seul exemple, mais je pense qu'il est parlant. L'affaire Kezia, en Martinique, oĂč l'avocate a portĂ© plainte pour tentative de meurtre, acte de torture et de barbarie, et insulte public Ă  caractĂšre raciste. Au-delĂ  de ce seul cas, j'entends trĂšs souvent dire que si ça se passe aussi mal avec les forces de l'ordre, c'est parce qu'ils n'ont pas, je cite, la mĂȘme culture ou qu'ils ne sont pas de chez nous. Tout ça avec des guillemets. C'est aussi le sentiment que vous avez ? sachez que vous n'ĂȘtes pas les seuls.

  • Speaker #4

    Pour l'argent dans les Outre-mer, la problématique qui n'est pas un problÚme, mais la problématique des originaires pour moi est essentielle. Je le vois réguliÚrement. Et elle est essentielle à plusieurs titres. A la fois sur le plan quantitatif et sur plan qualitatif.

  • Speaker #0

    Lui, c'est le gĂ©nĂ©ral Lionel Lavergne, commandant des gendarmeries d'outre-mer. Il Ă©tait auditionnĂ© au SĂ©nat le 25 janvier. Et il a donnĂ© quelques chiffres. Tout statut de gendarme confondu, il n'y a que 26% qui soit originaire des territoires ultramarins oĂč il travaille. Et c'est trĂšs, trĂšs disparĂątre. Dans le Pacifique ou dans l'ocĂ©an Indien, il estime que le taux de gendarmes en exercice originaire des territoires n'est pas mauvais, mĂȘme si on peut mieux faire. En revanche, dans les Antilles, et notamment en Martinique, Guadeloupe, Guyane, c'est la cata. En Martinique et en Guadeloupe, il n'y a que 8% de sous-officiers qui soient originaires des dĂ©partements. En Guyane, il dit qu'il n'y en a que 7. C'est une situation qu'il regrette. Il confirme qu'avoir des forces de l'ordre originaires des territoires est particuliĂšrement efficace pour mener Ă  bien les missions et dĂ©samorcer les tensions avec la population quand il y en a. On l'Ă©coute.

  • Speaker #4

    Pour la petite histoire, je fais en sorte d'avoir, je parle de l'ocĂ©an Indien lĂ , depuis en 2024, je vais faire en sorte de mettre des Mahorais Ă  La RĂ©union. Parce qu'on a une problĂ©matique Ă  La RĂ©union, c'est la problĂ©matique des quartiers historiques de Mahorais. On en a en zone de gendarmerie, on en a Ă  Saint-BenoĂźt, on en a Ă  La Possession, on en a Ă  Saint-Louis, et c'est des vrais quartiers. Pour preuve, on va crĂ©er une brigade mobile, un peu comme Sandy Grounds, une brigade mobile dans le quartier Mahorais qui compte plusieurs milliers de personnes, qui s'appelle le quartier de Brafusie Ă  Saint-BenoĂźt. Mais Ă  Brafusie, j'ai besoin de Mahorais. Ça ne peut pas ĂȘtre des hexagonaux qui viennent.

  • Speaker #0

    Ce monsieur m'a fait une transition parfaite pour enchaßner sur la thématique du retour au pays. Non, je rigole, c'est un sujet beaucoup trop vaste et beaucoup trop compliqué pour l'aborder maintenant. Mais ne soyez pas déçus, je me le note pour la saison 2. Aussi, je vous laisse pour ce mois-ci. On se revoit le mois prochain pour le dernier épisode de la saison. Salut ! La séance est suspendue. N'hésitez pas à nous faire des retours sur les réseaux, à nous mettre 5 étoiles et à partager autour de vous pour faire entendre les voix ultramarines.

  • Speaker #4

    Au paquetant !

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Aujourd’hui on part en Guadeloupe


Pourquoi la Guadeloupe?


Parce qu’un couvre-feu a Ă©tĂ© instaurĂ© Ă  Pointe Ă  Pitre le 22 avril pour les jeunes de moins de 18 ans,


De façon générale les outre-mers ont un rapport particulier avec les forces de l'ordre aux vues de plusieurs affaires dans le passé.

On vous détaille tout cela dans cet épisode.

Qu’ils soient sĂ©nateurs, sĂ©natrices, dĂ©putĂ©s, dĂ©putĂ©es, ils et elles font tous parti du Parlement Ultramarin. Mais qu’est-ce qu’ils y font ? Comment ces politiques influe sur les territoires ultramarins ? 


Les députés ultramarins, les sénateurs ultramarins, les députées ultramarines et sénatrices ultramarines sont les voix de nos territoires. 


Abonnez-vous pour soutenir la production de Tann ! C'est un montant libre !

https://liberapay.com/tannaudio


Député.e.s outremer ou député.e.s ultramarin, le sujet sera la politique ultramarine !


Député outremer ou député ultramarin, le sujet sera la politique ultramarine !


Jade TOUSSAY nous livre une analyse de la situation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello tout le monde, bienvenue dans le podcast Parlement ultramarin qui analyse l'activitĂ© de nos Ă©lus. On a votĂ© pour eux, ils sont lĂ  grĂące Ă  nous, mais que font-ils pour nous ? La sĂ©ance est ouverte. Bonjour Ă  tous, la sĂ©ance est ouverte. Bonjour Ă  tous et bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode de Parlement Ultramarin. Aujourd'hui, on part en Guadeloupe. Pourquoi la Guadeloupe ? Parce qu'un couvre-feu a Ă©tĂ© instaurĂ© Ă  Pointe-Ă -Pitre Ă  partir du 22 avril pour les jeunes de moins de 18 ans, les mineurs donc. Et j'ai vu pas mal de choses tourner autour de ce sujet, notamment un poste qui parlait de loi martiale. C'est faux, hein ? Le concept de loi martiale, et encore je mets des guillemets parce qu'en vrai dans la lĂ©gislation française, il n'y a pas de loi martiale. Mais bref, le concept est rĂ©gi par un article de la Constitution. L'article 16, si vous voulez aller vĂ©rifier, mais comme je sais que vous n'allez pas vĂ©rifier, je vais vous dire les grosses lignes. L'article 16 est dĂ©clenchĂ© uniquement, je cite, L'indĂ©pendance de la nation, l'intĂ©gritĂ© du territoire ou l'exĂ©cution des engagements internationaux de la France. ou encore l'interruption du fonctionnement rĂ©gulier des pouvoirs publics constitutionnels. Vous avez vu, c'est fort quand mĂȘme. Donc mĂȘme s'il se passe des violences type vol, braquage, homicide, tout ça en ce moment, et je ne les minimise pas, mais on n'est pas Ă  ce niveau Ă©voquĂ© dans l'article 16. Ensuite, ce n'est pas quelque chose qui se dĂ©crĂšte Ă  la lĂ©gĂšre avec le prĂ©sident de la RĂ©publique, solo dans son bureau, qui se dit tiens, je m'ennuie aujourd'hui, si je dĂ©crĂ©tais la loi martiale Pas du tout. Le prĂ©sident de la RĂ©publique doit consulter le Premier ministre, les prĂ©sidents des assemblĂ©es, le Conseil constitutionnel et informer la nation par message. Donc, ce n'est pas GĂ©rald Darmanin que vous auriez entendu Ă  la tĂ©lĂ©, c'est Emmanuel Macron. Bref, tout ça pour vous dire, ou vous re-re-redire, je ne sais pas combien de fois j'ai dĂ©jĂ  dit, mais bref, faites attention Ă  ce que vous partagez sur vos rĂ©seaux et aux fake news. La bonne nouvelle, c'est que ça me donne un prĂ©texte pour faire un petit point avec vous sur la gestion du maintien de l'ordre dans les Outre-mer. Allez, on revient Ă  la Guadeloupe. Le couvre-feu a Ă©tĂ© donc instaurĂ© le 22 avril pour une pĂ©riode de deux mois. On Ă©coute GĂ©rald Darmanin en Guadeloupe au moment de l'annonce.

  • Speaker #1

    J'ai demandé, suite à la discussion avec le monsieur le maire et avec la ministre des Outre-mer, à monsieur le préfet, de prendre un couvre-feu pour les mineurs qui va s'appliquer à partir du début de semaine prochaine, pendant les deux prochains mois, pour que tous les mineurs de moins de 18 ans ne pourront pas circuler. dans les rues de Pointe-à-Pitre aprÚs 20h. Et la police nationale appliquera à la lettre évidemment ces demandes.

  • Speaker #0

    Donc, le couvre-feu ne concerne que Pointe-Ă -Pitre et il a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© dans le cadre d'une opĂ©ration plus large, l'opĂ©ration Place Net, qui vise Ă  lutter contre les trafics de stupĂ©fiants et tout ce qui tourne autour, Ă  savoir trafic d'armes et dĂ©linquances. Il y a eu les mĂȘmes opĂ©rations dans l'Hexagone, mais c'est vrai qu'il n'y a pas eu de couvre-feu. Vous allez me dire alors pourquoi un couvre-feu en Guadeloupe ? Pour deux raisons. La premiĂšre est locale. Le couvre-feu rĂ©pond Ă  une demande des Ă©lus guadeloupĂ©ens, aussi bien locaux que nationaux. On Ă©coute ici le sĂ©nateur Dominique ThĂ©ophile, dĂ©but avril.

  • Speaker #2

    Madame la ministre, le dimanche 28 janvier, Ă  la suite d'une course poursuite contre son agresseur, un automobiliste et sa compagne ont reçu plusieurs coups de feu. L'auteur des faits, alors Ă  peine ĂągĂ© de 18 ans, est actuellement en dĂ©tention provisoire. Le vendredi 15 mars, c'est un autre jeune de 19 ans qui est placĂ© sous dĂ©tention pour vol avec violence. Enfin, le 3 avril, ce sont quatre jeunes, tous ĂągĂ©s de moins de 25 ans, qui sont mis en examen pour le vol et le meurtre d'un homme en mars dernier. Et lĂ , ce n'est qu'un Ă©chantillon. Sur l'annĂ©e 2023, c'est plus d'un vol avec arme Ă  feu par jour commis par et sur des individus de plus en plus jeunes. Ça, je parle de ce qui se passe actuellement en Guadeloupe.

  • Speaker #0

    Fin mars, le maire de Pointe-Ă -Pitre, Harry Durimel, a mĂȘme mis sa dĂ©mission dans la balance si des moyens supplĂ©mentaires n'Ă©taient pas accordĂ©s pour rĂ©pondre Ă  la flambĂ©e de violence. Selon les chiffres des autoritĂ©s, prĂšs de 40% des faits dĂ©lictueux et criminels sont commis par des jeunes, c'est-Ă -dire Ă  peu prĂšs 4 faits sur 10. L'instauration du couvre-feu pour les mineurs rĂ©pond donc Ă  cette demande locale. Mais il faut dire qu'elle tombe bien. Et c'est la deuxiĂšme raison du couvre-feu, elle est nationale cette fois. Le gouvernement a dĂ©cidĂ© de lutter contre la dĂ©linquance des mineurs et le Premier ministre Gabriel Attal a fait une sĂ©rie de propositions qui sont Ă©tudiĂ©es en ce moment mĂȘme. Ça va du placement en internat. passant l'accord des parents, je vous rassure, Ă  des mesures juridiques comme l'attĂ©nuation de l'excuse de minoritĂ©. Ah, on va faire une minute droit. L'excuse de minoritĂ©, c'est un principe dans la loi qui dit qu'un mineur ne peut pas ĂȘtre jugĂ© comme un majeur et encourir les mĂȘmes peines. Par exemple, on ne peut pas, sauf exception rarissime, condamner un mineur Ă  plus de 20 ans de prison. C'est donc la deuxiĂšme raison, une rĂ©flexion plus large pour commencer Ă  lutter contre la dĂ©linquance des plus jeunes. Bon. C'est pas le sujet du podcast tout Ă  fait, mais si on parle maintien de l'ordre, forcĂ©ment, on va parler violence. Je vous arrĂȘte tout de suite ici. On ne va pas faire une thĂšse de sociologie, ok ? Je ne vais pas vous expliquer pourquoi les jeunes, ou les moins jeunes d'ailleurs, sont violents, pourquoi il y a du trafic d'armes, tout ça. Ça, c'est de la sociologie, c'est un mĂ©tier passionnant, mais c'est clairement pas le mien. Par contre, moi je peux vous donner des chiffres. Ça va nous aider Ă  comparer avec l'Hexagone et ensuite, on pourra discuter de la gestion du maintien de l'ordre. D'abord, une question. Est-ce qu'il y a plus de violence dans les Outre-mer que dans l'Hexagone ? Ce qui viendrait justifier des mesures exceptionnelles. On va prendre par exemple le teudomicide. Il est Ă  7,5 pour 100 000 habitants en Guadeloupe contre une moyenne nationale Ă  1,3. Pour les vols avec armes, on est Ă  1,2% en Guadeloupe contre une moyenne nationale Ă  0,1. Tout ça, ce sont les chiffres du service statistique de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, je ne les sors pas de mon chapeau. Et Ă©videmment, il y a plusieurs types de violences, donc plusieurs classements, et parfois, les chiffres de la France hexagonale sont plus Ă©levĂ©s que ceux de la Guadeloupe, ou alors le constat est similaire, rapportĂ© au nombre d'habitants. Bref, tout ça pour vous dire que l'idĂ©e n'est pas de dresser un tableau tout noir en vous disant Oh mon Dieu, n'allez pas en Guadeloupe, c'est hyper dangereux ! Pas du tout. Si je vous donne des chiffres, c'est juste pour que ça nous emmĂšne ensuite sur le terrain du maintien de l'ordre, avec... Une question. Quelle rĂ©ponse l'État et nos Ă©lus apportent Ă  cette violence ? Alors, spoiler, on va surtout parler ici de la rĂ©ponse de l'État. Pourquoi ? Parce que la sĂ©curitĂ© est une compĂ©tence rĂ©galienne, c'est-Ă -dire que c'est l'État, oĂč en l'occurrence dans nos territoires sont reprĂ©sentants sur place, donc le prĂ©fet, qui est en charge et pas la collectivitĂ© ou la rĂ©gion. Ensuite, il faut aussi savoir que globalement dans les Outre-mer, le maintien de l'ordre est assurĂ© quasi exclusivement par la gendarmerie. Les gendarmes donc, qui sont un corps militaire, contrairement aux policiers qui ont un statut de fonctionnaire. Fin, autre particularitĂ© de chez nous, il n'y a pas de CRS, les compagnies rĂ©publicaines de sĂ©curitĂ©, alors que dans l'Hexagone, elles sont aussi chargĂ©es en partie du maintien de l'ordre. Vous allez me demander pourquoi il n'y a pas de CRS ? Officiellement, elles ont Ă©tĂ© dissoutes dans les Outre-mer en 1993, principalement pour des raisons Ă©conomiques. AprĂšs, il faut aussi dire que quand il y en avait, ça se passait trĂšs trĂšs mal. Je vais prendre deux exemples. Premier exemple, on est en Martinique le 20 dĂ©cembre 1959. La scĂšne se passe pas loin de la savane, Ă  Fort-de-France, et l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur est banal. C'est un accident de la route entre un docker martiniquais et une personne venue de l'Hexagone. Le ton monte, mais finalement, les protagonistes se rĂ©concilient et vont boire un coup. VoilĂ . Mais entre-temps, il y a eu un petit rassemblement et les CRS sont appelĂ©s sur place. C'est lĂ  que ça dĂ©gĂ©nĂšre. Tous les tĂ©moignages de l'Ă©poque concordent pour dire que c'est la prĂ©sence des CRS qui a envenimĂ© la situation. Pendant trois jours, les tensions persistent et des affrontements ont lieu entre la population et les CRS. Bilan, trois morts et des dizaines de blessĂ©s. Dans la foulĂ©e, le dĂ©tachement de CRS de la Martinique, qui Ă©tait dĂ©jĂ  mis en cause dans d'autres affaires, est officiellement dissous. VoilĂ  pour le premier exemple. Maintenant, pour le deuxiĂšme, on va retourner en Guadeloupe. Cette fois, on est en mai 1967 et une grĂšve est en cours dans le secteur du bĂątiment. Les CRS sont appelĂ©s sur place et ouvrent le feu. Un syndicaliste est tuĂ© et c'est le dĂ©but de trois jours d'Ă©meute. Il y a eu au moins huit personnes tuĂ©es. Et je dis au moins car le bilan est largement sous-estimĂ© et il n'a jamais Ă©tĂ© rĂ©actualisĂ©. On parle aujourd'hui de massacre de mai 1967 et des commĂ©morations sont organisĂ©es chaque annĂ©e. Si je vous parle de cette histoire, c'est parce qu'elle est... assez rĂ©vĂ©latrice de la relation qu'on a dans les territoires d'outre-mer avec les forces de l'ordre. Je vais vous citer Benjamin Stora, un historien, Ă  qui Emmanuel Macron avait demandĂ© un rapport sur la mĂ©moire de la colonisation et dans lequel il Ă©voque mai 67 et dĂ©cembre 59. Je le lis. Les Ă©vĂ©nements de mai 1967 occupent une place particuliĂšre dans le passĂ© guadeloupĂ©en. La violence de la rĂ©pression et des suites judiciaires, l'incertitude maintenue sur le nombre de victimes, Les raisons d'un tel massacre qui semble appartenir Ă  une pĂ©riode coloniale que l'on croyait alors rĂ©volue contribuent Ă  en faire un Ă©vĂ©nement focal d'une histoire du temps prĂ©sent. J'ai dit plus haut qu'il n'y avait plus de CRS dans les Outre-mer, ce n'est plus tout Ă  fait vrai. Il n'y en a pas eu pendant longtemps, pendant 30 ans mĂȘme, mais ils sont revenus Ă  Mayotte dans le cadre de l'opĂ©ration Wambushu en 2023. VoilĂ , revenons Ă  notre maintien de l'ordre aux Antilles. En Guadeloupe donc, pour assurer la sĂ©curitĂ©, on trouve des policiers municipaux, des gendarmes, environ 700, des rĂ©servistes, mais aussi des membres du GIGN, le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale. Parce que oui, il y a une antenne du GIGN en Guadeloupe, pas que d'ailleurs, il y en a mĂȘme une en Martinique et dans d'autres territoires, et Ă  l'Ă©chelle des Outre-mer en tout, il y en a environ 300. Petit rappel, juste au cas oĂč, de ce que sont le RAID et le GIGN, ce sont des forces d'Ă©lite qui interviennent normalement dans des actions contre le terrorisme ou la grande criminalitĂ©. Dans les Outre-mer, leurs missions ne sont pas exactement celles-lĂ , elles sont forcĂ©ment plus adaptĂ©es aux problĂ©matiques locales. Mais en gĂ©nĂ©ral, quand vous entendez la phrase Envoie des troupes du GIGN ou du RED depuis Paris vers les Antilles c'est que ça ne va pas du tout. Vous voyez assez bien Ă  quoi je fais rĂ©fĂ©rence. Bah oui, Ă  la crise sanitaire et aux Ă©meutes contre l'obligation vaccinale de novembre 2021. À l'Ă©poque, GĂ©rald Darmanin avait envoyĂ© une cinquantaine de membres du RED et du GIGN. Pour la petite histoire, c'est aussi Ă  ce moment-lĂ  que SĂ©bastien Lecornu, qui Ă©tait ministre des Outre-mer, avait Ă©voquĂ© l'autonomie. Je vous renvoie Ă  l'Ă©pisode prĂ©cĂ©dent. Donc. MĂȘme si le GIGN a une antenne permanente sur place, ça n'empĂȘche pas l'envoi de renforts selon les besoins de la situation. En gĂ©nĂ©ral, ces renforts sont reçus de façon mitigĂ©e. Si je devais caricaturer, je dirais qu'il y a plusieurs sons de cloche. Bien sĂ»r, il y a la question de la sĂ©curitĂ© de tous. Personne n'est content de retrouver sa voiture brĂ»lĂ©e ou son commerce pillĂ© le matin en se rĂ©veillant, et donc l'envoi de troupes supplĂ©mentaires est censĂ© rĂ©pondre Ă  cette demande. Ensuite, il y a ceux qui demandent une rĂ©ponse autre que sĂ©curitaire. On Ă©coute Max Mathiazin, dĂ©putĂ© de la Guadeloupe en novembre 2021. A l'Ă©poque, il siĂ©geait avec le MoDem, donc dans la majoritĂ© prĂ©sidentielle, mais depuis les derniĂšres lĂ©gislatives, il siĂšge avec le groupe Lyot, qui est donc un groupe d'opposition. On l'Ă©coute en novembre 2021, sur la premiĂšre, quand il rĂ©agissait Ă  l'envoi du GIGN pendant la crise sanitaire.

  • Speaker #3

    Cette rĂ©ponse est une d'abord une rĂ©ponse sĂ©curitaire. Il faut protĂ©ger, je le comprends, les biens, les personnes, leur intĂ©gritĂ© physique. dans leur travail, dans leurs investissements, parce qu'en Guadeloupe, aujourd'hui, les gens sont inquiets de ne pas pouvoir aussi se mouvoir, se dĂ©placer. Donc la libertĂ©, les libertĂ©s sont menacĂ©es. Mais la rĂ©ponse ministĂ©rielle ne peut pas ĂȘtre uniquement une rĂ©ponse sĂ©curitaire. Il faut une rĂ©ponse qui tienne compte d'une part des revendications qui sont posĂ©es, mais d'autre part de la situation Ă©conomique,

  • Speaker #1

    sociale,

  • Speaker #3

    je dirais mĂȘme sociĂ©tale de notre pays, qui fait que beaucoup de jeunes ne trouvent pas de travail, beaucoup de jeunes sont en dĂ©shĂ©rence, bien qu'il y en ait beaucoup qui partent, il faut absolument, non seulement, et je l'ai dĂ©jĂ  dit, un projet Ă©conomique. mais Ă©galement rĂ©flĂ©chir Ă  un frais pour notre jeunesse.

  • Speaker #0

    Enfin, il y a aussi la question du rapport qu'entretiennent les populations locales avec la police, et en particulier avec les policiers qui ne sont pas originaires des territoires. Et c'est lĂ  qu'on rejoint Benjamin Stora, qui parlait de rĂ©miniscence du sentiment du passĂ© colonial avec une gestion brutale du maintien de l'ordre. Ces derniĂšres annĂ©es, il y a eu plusieurs affaires oĂč la doctrine du maintien de l'ordre aux Antilles a Ă©tĂ© remise en question. parfois s'y ajoutent des accusations de racisme des forces de l'ordre envers la population. Je ne vais prendre qu'un seul exemple, mais je pense qu'il est parlant. L'affaire Kezia, en Martinique, oĂč l'avocate a portĂ© plainte pour tentative de meurtre, acte de torture et de barbarie, et insulte public Ă  caractĂšre raciste. Au-delĂ  de ce seul cas, j'entends trĂšs souvent dire que si ça se passe aussi mal avec les forces de l'ordre, c'est parce qu'ils n'ont pas, je cite, la mĂȘme culture ou qu'ils ne sont pas de chez nous. Tout ça avec des guillemets. C'est aussi le sentiment que vous avez ? sachez que vous n'ĂȘtes pas les seuls.

  • Speaker #4

    Pour l'argent dans les Outre-mer, la problématique qui n'est pas un problÚme, mais la problématique des originaires pour moi est essentielle. Je le vois réguliÚrement. Et elle est essentielle à plusieurs titres. A la fois sur le plan quantitatif et sur plan qualitatif.

  • Speaker #0

    Lui, c'est le gĂ©nĂ©ral Lionel Lavergne, commandant des gendarmeries d'outre-mer. Il Ă©tait auditionnĂ© au SĂ©nat le 25 janvier. Et il a donnĂ© quelques chiffres. Tout statut de gendarme confondu, il n'y a que 26% qui soit originaire des territoires ultramarins oĂč il travaille. Et c'est trĂšs, trĂšs disparĂątre. Dans le Pacifique ou dans l'ocĂ©an Indien, il estime que le taux de gendarmes en exercice originaire des territoires n'est pas mauvais, mĂȘme si on peut mieux faire. En revanche, dans les Antilles, et notamment en Martinique, Guadeloupe, Guyane, c'est la cata. En Martinique et en Guadeloupe, il n'y a que 8% de sous-officiers qui soient originaires des dĂ©partements. En Guyane, il dit qu'il n'y en a que 7. C'est une situation qu'il regrette. Il confirme qu'avoir des forces de l'ordre originaires des territoires est particuliĂšrement efficace pour mener Ă  bien les missions et dĂ©samorcer les tensions avec la population quand il y en a. On l'Ă©coute.

  • Speaker #4

    Pour la petite histoire, je fais en sorte d'avoir, je parle de l'ocĂ©an Indien lĂ , depuis en 2024, je vais faire en sorte de mettre des Mahorais Ă  La RĂ©union. Parce qu'on a une problĂ©matique Ă  La RĂ©union, c'est la problĂ©matique des quartiers historiques de Mahorais. On en a en zone de gendarmerie, on en a Ă  Saint-BenoĂźt, on en a Ă  La Possession, on en a Ă  Saint-Louis, et c'est des vrais quartiers. Pour preuve, on va crĂ©er une brigade mobile, un peu comme Sandy Grounds, une brigade mobile dans le quartier Mahorais qui compte plusieurs milliers de personnes, qui s'appelle le quartier de Brafusie Ă  Saint-BenoĂźt. Mais Ă  Brafusie, j'ai besoin de Mahorais. Ça ne peut pas ĂȘtre des hexagonaux qui viennent.

  • Speaker #0

    Ce monsieur m'a fait une transition parfaite pour enchaßner sur la thématique du retour au pays. Non, je rigole, c'est un sujet beaucoup trop vaste et beaucoup trop compliqué pour l'aborder maintenant. Mais ne soyez pas déçus, je me le note pour la saison 2. Aussi, je vous laisse pour ce mois-ci. On se revoit le mois prochain pour le dernier épisode de la saison. Salut ! La séance est suspendue. N'hésitez pas à nous faire des retours sur les réseaux, à nous mettre 5 étoiles et à partager autour de vous pour faire entendre les voix ultramarines.

  • Speaker #4

    Au paquetant !

Description

Aujourd’hui on part en Guadeloupe


Pourquoi la Guadeloupe?


Parce qu’un couvre-feu a Ă©tĂ© instaurĂ© Ă  Pointe Ă  Pitre le 22 avril pour les jeunes de moins de 18 ans,


De façon générale les outre-mers ont un rapport particulier avec les forces de l'ordre aux vues de plusieurs affaires dans le passé.

On vous détaille tout cela dans cet épisode.

Qu’ils soient sĂ©nateurs, sĂ©natrices, dĂ©putĂ©s, dĂ©putĂ©es, ils et elles font tous parti du Parlement Ultramarin. Mais qu’est-ce qu’ils y font ? Comment ces politiques influe sur les territoires ultramarins ? 


Les députés ultramarins, les sénateurs ultramarins, les députées ultramarines et sénatrices ultramarines sont les voix de nos territoires. 


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Député.e.s outremer ou député.e.s ultramarin, le sujet sera la politique ultramarine !


Député outremer ou député ultramarin, le sujet sera la politique ultramarine !


Jade TOUSSAY nous livre une analyse de la situation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello tout le monde, bienvenue dans le podcast Parlement ultramarin qui analyse l'activitĂ© de nos Ă©lus. On a votĂ© pour eux, ils sont lĂ  grĂące Ă  nous, mais que font-ils pour nous ? La sĂ©ance est ouverte. Bonjour Ă  tous, la sĂ©ance est ouverte. Bonjour Ă  tous et bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode de Parlement Ultramarin. Aujourd'hui, on part en Guadeloupe. Pourquoi la Guadeloupe ? Parce qu'un couvre-feu a Ă©tĂ© instaurĂ© Ă  Pointe-Ă -Pitre Ă  partir du 22 avril pour les jeunes de moins de 18 ans, les mineurs donc. Et j'ai vu pas mal de choses tourner autour de ce sujet, notamment un poste qui parlait de loi martiale. C'est faux, hein ? Le concept de loi martiale, et encore je mets des guillemets parce qu'en vrai dans la lĂ©gislation française, il n'y a pas de loi martiale. Mais bref, le concept est rĂ©gi par un article de la Constitution. L'article 16, si vous voulez aller vĂ©rifier, mais comme je sais que vous n'allez pas vĂ©rifier, je vais vous dire les grosses lignes. L'article 16 est dĂ©clenchĂ© uniquement, je cite, L'indĂ©pendance de la nation, l'intĂ©gritĂ© du territoire ou l'exĂ©cution des engagements internationaux de la France. ou encore l'interruption du fonctionnement rĂ©gulier des pouvoirs publics constitutionnels. Vous avez vu, c'est fort quand mĂȘme. Donc mĂȘme s'il se passe des violences type vol, braquage, homicide, tout ça en ce moment, et je ne les minimise pas, mais on n'est pas Ă  ce niveau Ă©voquĂ© dans l'article 16. Ensuite, ce n'est pas quelque chose qui se dĂ©crĂšte Ă  la lĂ©gĂšre avec le prĂ©sident de la RĂ©publique, solo dans son bureau, qui se dit tiens, je m'ennuie aujourd'hui, si je dĂ©crĂ©tais la loi martiale Pas du tout. Le prĂ©sident de la RĂ©publique doit consulter le Premier ministre, les prĂ©sidents des assemblĂ©es, le Conseil constitutionnel et informer la nation par message. Donc, ce n'est pas GĂ©rald Darmanin que vous auriez entendu Ă  la tĂ©lĂ©, c'est Emmanuel Macron. Bref, tout ça pour vous dire, ou vous re-re-redire, je ne sais pas combien de fois j'ai dĂ©jĂ  dit, mais bref, faites attention Ă  ce que vous partagez sur vos rĂ©seaux et aux fake news. La bonne nouvelle, c'est que ça me donne un prĂ©texte pour faire un petit point avec vous sur la gestion du maintien de l'ordre dans les Outre-mer. Allez, on revient Ă  la Guadeloupe. Le couvre-feu a Ă©tĂ© donc instaurĂ© le 22 avril pour une pĂ©riode de deux mois. On Ă©coute GĂ©rald Darmanin en Guadeloupe au moment de l'annonce.

  • Speaker #1

    J'ai demandé, suite à la discussion avec le monsieur le maire et avec la ministre des Outre-mer, à monsieur le préfet, de prendre un couvre-feu pour les mineurs qui va s'appliquer à partir du début de semaine prochaine, pendant les deux prochains mois, pour que tous les mineurs de moins de 18 ans ne pourront pas circuler. dans les rues de Pointe-à-Pitre aprÚs 20h. Et la police nationale appliquera à la lettre évidemment ces demandes.

  • Speaker #0

    Donc, le couvre-feu ne concerne que Pointe-Ă -Pitre et il a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© dans le cadre d'une opĂ©ration plus large, l'opĂ©ration Place Net, qui vise Ă  lutter contre les trafics de stupĂ©fiants et tout ce qui tourne autour, Ă  savoir trafic d'armes et dĂ©linquances. Il y a eu les mĂȘmes opĂ©rations dans l'Hexagone, mais c'est vrai qu'il n'y a pas eu de couvre-feu. Vous allez me dire alors pourquoi un couvre-feu en Guadeloupe ? Pour deux raisons. La premiĂšre est locale. Le couvre-feu rĂ©pond Ă  une demande des Ă©lus guadeloupĂ©ens, aussi bien locaux que nationaux. On Ă©coute ici le sĂ©nateur Dominique ThĂ©ophile, dĂ©but avril.

  • Speaker #2

    Madame la ministre, le dimanche 28 janvier, Ă  la suite d'une course poursuite contre son agresseur, un automobiliste et sa compagne ont reçu plusieurs coups de feu. L'auteur des faits, alors Ă  peine ĂągĂ© de 18 ans, est actuellement en dĂ©tention provisoire. Le vendredi 15 mars, c'est un autre jeune de 19 ans qui est placĂ© sous dĂ©tention pour vol avec violence. Enfin, le 3 avril, ce sont quatre jeunes, tous ĂągĂ©s de moins de 25 ans, qui sont mis en examen pour le vol et le meurtre d'un homme en mars dernier. Et lĂ , ce n'est qu'un Ă©chantillon. Sur l'annĂ©e 2023, c'est plus d'un vol avec arme Ă  feu par jour commis par et sur des individus de plus en plus jeunes. Ça, je parle de ce qui se passe actuellement en Guadeloupe.

  • Speaker #0

    Fin mars, le maire de Pointe-Ă -Pitre, Harry Durimel, a mĂȘme mis sa dĂ©mission dans la balance si des moyens supplĂ©mentaires n'Ă©taient pas accordĂ©s pour rĂ©pondre Ă  la flambĂ©e de violence. Selon les chiffres des autoritĂ©s, prĂšs de 40% des faits dĂ©lictueux et criminels sont commis par des jeunes, c'est-Ă -dire Ă  peu prĂšs 4 faits sur 10. L'instauration du couvre-feu pour les mineurs rĂ©pond donc Ă  cette demande locale. Mais il faut dire qu'elle tombe bien. Et c'est la deuxiĂšme raison du couvre-feu, elle est nationale cette fois. Le gouvernement a dĂ©cidĂ© de lutter contre la dĂ©linquance des mineurs et le Premier ministre Gabriel Attal a fait une sĂ©rie de propositions qui sont Ă©tudiĂ©es en ce moment mĂȘme. Ça va du placement en internat. passant l'accord des parents, je vous rassure, Ă  des mesures juridiques comme l'attĂ©nuation de l'excuse de minoritĂ©. Ah, on va faire une minute droit. L'excuse de minoritĂ©, c'est un principe dans la loi qui dit qu'un mineur ne peut pas ĂȘtre jugĂ© comme un majeur et encourir les mĂȘmes peines. Par exemple, on ne peut pas, sauf exception rarissime, condamner un mineur Ă  plus de 20 ans de prison. C'est donc la deuxiĂšme raison, une rĂ©flexion plus large pour commencer Ă  lutter contre la dĂ©linquance des plus jeunes. Bon. C'est pas le sujet du podcast tout Ă  fait, mais si on parle maintien de l'ordre, forcĂ©ment, on va parler violence. Je vous arrĂȘte tout de suite ici. On ne va pas faire une thĂšse de sociologie, ok ? Je ne vais pas vous expliquer pourquoi les jeunes, ou les moins jeunes d'ailleurs, sont violents, pourquoi il y a du trafic d'armes, tout ça. Ça, c'est de la sociologie, c'est un mĂ©tier passionnant, mais c'est clairement pas le mien. Par contre, moi je peux vous donner des chiffres. Ça va nous aider Ă  comparer avec l'Hexagone et ensuite, on pourra discuter de la gestion du maintien de l'ordre. D'abord, une question. Est-ce qu'il y a plus de violence dans les Outre-mer que dans l'Hexagone ? Ce qui viendrait justifier des mesures exceptionnelles. On va prendre par exemple le teudomicide. Il est Ă  7,5 pour 100 000 habitants en Guadeloupe contre une moyenne nationale Ă  1,3. Pour les vols avec armes, on est Ă  1,2% en Guadeloupe contre une moyenne nationale Ă  0,1. Tout ça, ce sont les chiffres du service statistique de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, je ne les sors pas de mon chapeau. Et Ă©videmment, il y a plusieurs types de violences, donc plusieurs classements, et parfois, les chiffres de la France hexagonale sont plus Ă©levĂ©s que ceux de la Guadeloupe, ou alors le constat est similaire, rapportĂ© au nombre d'habitants. Bref, tout ça pour vous dire que l'idĂ©e n'est pas de dresser un tableau tout noir en vous disant Oh mon Dieu, n'allez pas en Guadeloupe, c'est hyper dangereux ! Pas du tout. Si je vous donne des chiffres, c'est juste pour que ça nous emmĂšne ensuite sur le terrain du maintien de l'ordre, avec... Une question. Quelle rĂ©ponse l'État et nos Ă©lus apportent Ă  cette violence ? Alors, spoiler, on va surtout parler ici de la rĂ©ponse de l'État. Pourquoi ? Parce que la sĂ©curitĂ© est une compĂ©tence rĂ©galienne, c'est-Ă -dire que c'est l'État, oĂč en l'occurrence dans nos territoires sont reprĂ©sentants sur place, donc le prĂ©fet, qui est en charge et pas la collectivitĂ© ou la rĂ©gion. Ensuite, il faut aussi savoir que globalement dans les Outre-mer, le maintien de l'ordre est assurĂ© quasi exclusivement par la gendarmerie. Les gendarmes donc, qui sont un corps militaire, contrairement aux policiers qui ont un statut de fonctionnaire. Fin, autre particularitĂ© de chez nous, il n'y a pas de CRS, les compagnies rĂ©publicaines de sĂ©curitĂ©, alors que dans l'Hexagone, elles sont aussi chargĂ©es en partie du maintien de l'ordre. Vous allez me demander pourquoi il n'y a pas de CRS ? Officiellement, elles ont Ă©tĂ© dissoutes dans les Outre-mer en 1993, principalement pour des raisons Ă©conomiques. AprĂšs, il faut aussi dire que quand il y en avait, ça se passait trĂšs trĂšs mal. Je vais prendre deux exemples. Premier exemple, on est en Martinique le 20 dĂ©cembre 1959. La scĂšne se passe pas loin de la savane, Ă  Fort-de-France, et l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur est banal. C'est un accident de la route entre un docker martiniquais et une personne venue de l'Hexagone. Le ton monte, mais finalement, les protagonistes se rĂ©concilient et vont boire un coup. VoilĂ . Mais entre-temps, il y a eu un petit rassemblement et les CRS sont appelĂ©s sur place. C'est lĂ  que ça dĂ©gĂ©nĂšre. Tous les tĂ©moignages de l'Ă©poque concordent pour dire que c'est la prĂ©sence des CRS qui a envenimĂ© la situation. Pendant trois jours, les tensions persistent et des affrontements ont lieu entre la population et les CRS. Bilan, trois morts et des dizaines de blessĂ©s. Dans la foulĂ©e, le dĂ©tachement de CRS de la Martinique, qui Ă©tait dĂ©jĂ  mis en cause dans d'autres affaires, est officiellement dissous. VoilĂ  pour le premier exemple. Maintenant, pour le deuxiĂšme, on va retourner en Guadeloupe. Cette fois, on est en mai 1967 et une grĂšve est en cours dans le secteur du bĂątiment. Les CRS sont appelĂ©s sur place et ouvrent le feu. Un syndicaliste est tuĂ© et c'est le dĂ©but de trois jours d'Ă©meute. Il y a eu au moins huit personnes tuĂ©es. Et je dis au moins car le bilan est largement sous-estimĂ© et il n'a jamais Ă©tĂ© rĂ©actualisĂ©. On parle aujourd'hui de massacre de mai 1967 et des commĂ©morations sont organisĂ©es chaque annĂ©e. Si je vous parle de cette histoire, c'est parce qu'elle est... assez rĂ©vĂ©latrice de la relation qu'on a dans les territoires d'outre-mer avec les forces de l'ordre. Je vais vous citer Benjamin Stora, un historien, Ă  qui Emmanuel Macron avait demandĂ© un rapport sur la mĂ©moire de la colonisation et dans lequel il Ă©voque mai 67 et dĂ©cembre 59. Je le lis. Les Ă©vĂ©nements de mai 1967 occupent une place particuliĂšre dans le passĂ© guadeloupĂ©en. La violence de la rĂ©pression et des suites judiciaires, l'incertitude maintenue sur le nombre de victimes, Les raisons d'un tel massacre qui semble appartenir Ă  une pĂ©riode coloniale que l'on croyait alors rĂ©volue contribuent Ă  en faire un Ă©vĂ©nement focal d'une histoire du temps prĂ©sent. J'ai dit plus haut qu'il n'y avait plus de CRS dans les Outre-mer, ce n'est plus tout Ă  fait vrai. Il n'y en a pas eu pendant longtemps, pendant 30 ans mĂȘme, mais ils sont revenus Ă  Mayotte dans le cadre de l'opĂ©ration Wambushu en 2023. VoilĂ , revenons Ă  notre maintien de l'ordre aux Antilles. En Guadeloupe donc, pour assurer la sĂ©curitĂ©, on trouve des policiers municipaux, des gendarmes, environ 700, des rĂ©servistes, mais aussi des membres du GIGN, le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale. Parce que oui, il y a une antenne du GIGN en Guadeloupe, pas que d'ailleurs, il y en a mĂȘme une en Martinique et dans d'autres territoires, et Ă  l'Ă©chelle des Outre-mer en tout, il y en a environ 300. Petit rappel, juste au cas oĂč, de ce que sont le RAID et le GIGN, ce sont des forces d'Ă©lite qui interviennent normalement dans des actions contre le terrorisme ou la grande criminalitĂ©. Dans les Outre-mer, leurs missions ne sont pas exactement celles-lĂ , elles sont forcĂ©ment plus adaptĂ©es aux problĂ©matiques locales. Mais en gĂ©nĂ©ral, quand vous entendez la phrase Envoie des troupes du GIGN ou du RED depuis Paris vers les Antilles c'est que ça ne va pas du tout. Vous voyez assez bien Ă  quoi je fais rĂ©fĂ©rence. Bah oui, Ă  la crise sanitaire et aux Ă©meutes contre l'obligation vaccinale de novembre 2021. À l'Ă©poque, GĂ©rald Darmanin avait envoyĂ© une cinquantaine de membres du RED et du GIGN. Pour la petite histoire, c'est aussi Ă  ce moment-lĂ  que SĂ©bastien Lecornu, qui Ă©tait ministre des Outre-mer, avait Ă©voquĂ© l'autonomie. Je vous renvoie Ă  l'Ă©pisode prĂ©cĂ©dent. Donc. MĂȘme si le GIGN a une antenne permanente sur place, ça n'empĂȘche pas l'envoi de renforts selon les besoins de la situation. En gĂ©nĂ©ral, ces renforts sont reçus de façon mitigĂ©e. Si je devais caricaturer, je dirais qu'il y a plusieurs sons de cloche. Bien sĂ»r, il y a la question de la sĂ©curitĂ© de tous. Personne n'est content de retrouver sa voiture brĂ»lĂ©e ou son commerce pillĂ© le matin en se rĂ©veillant, et donc l'envoi de troupes supplĂ©mentaires est censĂ© rĂ©pondre Ă  cette demande. Ensuite, il y a ceux qui demandent une rĂ©ponse autre que sĂ©curitaire. On Ă©coute Max Mathiazin, dĂ©putĂ© de la Guadeloupe en novembre 2021. A l'Ă©poque, il siĂ©geait avec le MoDem, donc dans la majoritĂ© prĂ©sidentielle, mais depuis les derniĂšres lĂ©gislatives, il siĂšge avec le groupe Lyot, qui est donc un groupe d'opposition. On l'Ă©coute en novembre 2021, sur la premiĂšre, quand il rĂ©agissait Ă  l'envoi du GIGN pendant la crise sanitaire.

  • Speaker #3

    Cette rĂ©ponse est une d'abord une rĂ©ponse sĂ©curitaire. Il faut protĂ©ger, je le comprends, les biens, les personnes, leur intĂ©gritĂ© physique. dans leur travail, dans leurs investissements, parce qu'en Guadeloupe, aujourd'hui, les gens sont inquiets de ne pas pouvoir aussi se mouvoir, se dĂ©placer. Donc la libertĂ©, les libertĂ©s sont menacĂ©es. Mais la rĂ©ponse ministĂ©rielle ne peut pas ĂȘtre uniquement une rĂ©ponse sĂ©curitaire. Il faut une rĂ©ponse qui tienne compte d'une part des revendications qui sont posĂ©es, mais d'autre part de la situation Ă©conomique,

  • Speaker #1

    sociale,

  • Speaker #3

    je dirais mĂȘme sociĂ©tale de notre pays, qui fait que beaucoup de jeunes ne trouvent pas de travail, beaucoup de jeunes sont en dĂ©shĂ©rence, bien qu'il y en ait beaucoup qui partent, il faut absolument, non seulement, et je l'ai dĂ©jĂ  dit, un projet Ă©conomique. mais Ă©galement rĂ©flĂ©chir Ă  un frais pour notre jeunesse.

  • Speaker #0

    Enfin, il y a aussi la question du rapport qu'entretiennent les populations locales avec la police, et en particulier avec les policiers qui ne sont pas originaires des territoires. Et c'est lĂ  qu'on rejoint Benjamin Stora, qui parlait de rĂ©miniscence du sentiment du passĂ© colonial avec une gestion brutale du maintien de l'ordre. Ces derniĂšres annĂ©es, il y a eu plusieurs affaires oĂč la doctrine du maintien de l'ordre aux Antilles a Ă©tĂ© remise en question. parfois s'y ajoutent des accusations de racisme des forces de l'ordre envers la population. Je ne vais prendre qu'un seul exemple, mais je pense qu'il est parlant. L'affaire Kezia, en Martinique, oĂč l'avocate a portĂ© plainte pour tentative de meurtre, acte de torture et de barbarie, et insulte public Ă  caractĂšre raciste. Au-delĂ  de ce seul cas, j'entends trĂšs souvent dire que si ça se passe aussi mal avec les forces de l'ordre, c'est parce qu'ils n'ont pas, je cite, la mĂȘme culture ou qu'ils ne sont pas de chez nous. Tout ça avec des guillemets. C'est aussi le sentiment que vous avez ? sachez que vous n'ĂȘtes pas les seuls.

  • Speaker #4

    Pour l'argent dans les Outre-mer, la problématique qui n'est pas un problÚme, mais la problématique des originaires pour moi est essentielle. Je le vois réguliÚrement. Et elle est essentielle à plusieurs titres. A la fois sur le plan quantitatif et sur plan qualitatif.

  • Speaker #0

    Lui, c'est le gĂ©nĂ©ral Lionel Lavergne, commandant des gendarmeries d'outre-mer. Il Ă©tait auditionnĂ© au SĂ©nat le 25 janvier. Et il a donnĂ© quelques chiffres. Tout statut de gendarme confondu, il n'y a que 26% qui soit originaire des territoires ultramarins oĂč il travaille. Et c'est trĂšs, trĂšs disparĂątre. Dans le Pacifique ou dans l'ocĂ©an Indien, il estime que le taux de gendarmes en exercice originaire des territoires n'est pas mauvais, mĂȘme si on peut mieux faire. En revanche, dans les Antilles, et notamment en Martinique, Guadeloupe, Guyane, c'est la cata. En Martinique et en Guadeloupe, il n'y a que 8% de sous-officiers qui soient originaires des dĂ©partements. En Guyane, il dit qu'il n'y en a que 7. C'est une situation qu'il regrette. Il confirme qu'avoir des forces de l'ordre originaires des territoires est particuliĂšrement efficace pour mener Ă  bien les missions et dĂ©samorcer les tensions avec la population quand il y en a. On l'Ă©coute.

  • Speaker #4

    Pour la petite histoire, je fais en sorte d'avoir, je parle de l'ocĂ©an Indien lĂ , depuis en 2024, je vais faire en sorte de mettre des Mahorais Ă  La RĂ©union. Parce qu'on a une problĂ©matique Ă  La RĂ©union, c'est la problĂ©matique des quartiers historiques de Mahorais. On en a en zone de gendarmerie, on en a Ă  Saint-BenoĂźt, on en a Ă  La Possession, on en a Ă  Saint-Louis, et c'est des vrais quartiers. Pour preuve, on va crĂ©er une brigade mobile, un peu comme Sandy Grounds, une brigade mobile dans le quartier Mahorais qui compte plusieurs milliers de personnes, qui s'appelle le quartier de Brafusie Ă  Saint-BenoĂźt. Mais Ă  Brafusie, j'ai besoin de Mahorais. Ça ne peut pas ĂȘtre des hexagonaux qui viennent.

  • Speaker #0

    Ce monsieur m'a fait une transition parfaite pour enchaßner sur la thématique du retour au pays. Non, je rigole, c'est un sujet beaucoup trop vaste et beaucoup trop compliqué pour l'aborder maintenant. Mais ne soyez pas déçus, je me le note pour la saison 2. Aussi, je vous laisse pour ce mois-ci. On se revoit le mois prochain pour le dernier épisode de la saison. Salut ! La séance est suspendue. N'hésitez pas à nous faire des retours sur les réseaux, à nous mettre 5 étoiles et à partager autour de vous pour faire entendre les voix ultramarines.

  • Speaker #4

    Au paquetant !

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