- Speaker #0
Bonjour à tous, c'est Laetitia et bienvenue sur le podcast Paroles de dirigeants. Mes années d'entrepreneuriat m'ont convaincue que les meilleurs conseils viennent de ceux qui ont réussi à atteindre des objectifs ambitieux. Et c'est pourquoi mon but est de donner la parole à des dirigeants inspirés et inspirants qui aujourd'hui nous font part de leur vision et expérience de la gestion d'entreprise. Dans ce nouvel épisode, nous allons échanger avec Pierre-Etienne Bidon, CEO de Moca.care. Entrepreneur depuis fin 2019, Pierre-Étienne co-dirige une entreprise pionnière dans son approche préventive de la santé mentale en milieu professionnel. Passionné d'entrepreneuriat et de sport, il a su allier sa vision très positive de la santé mentale avec ce qu'il anime profondément, à savoir l'adrénaline et l'atteinte d'objectifs ambitieux. Durant ce podcast, Pierre-Étienne nous partage ses inspirations, nous éclaire sur la performance d'entreprise et l'optimisation du temps. Et oui, car même quand on est dirigeant… il est possible d'aller gestion d'entreprise en croissance, parentalité et temps pour soi.
- Speaker #1
Parole de dirigeant est présentée par Laetitia Robert, cofondatrice de Fox Group.
- Speaker #0
Bonjour Pierre-Etienne.
- Speaker #1
Salut Laetitia.
- Speaker #0
Comment ça va ?
- Speaker #1
Très bien, et toi ?
- Speaker #0
Ça va super bien, je suis très contente de te rencontrer, puisque pour le coup, on se rencontre aujourd'hui dans le cadre de ce podcast, mais ma foi, on a eu le temps d'échanger avant et c'est vraiment très très appréciable. Voilà.
- Speaker #1
Merci pour ton invitation.
- Speaker #0
Alors. Premièrement, tu vas me présenter ton entreprise en trois mots.
- Speaker #1
Écoute, on a créé MocaCare avec Guillaume en décembre 2019, donc quelques mois avant le Covid, avec une volonté très forte qui était, en termes de mission, de créer des organisations à la fois sereines et performantes. En fait, on était confrontés à des directions RH qui nous remontaient tous des problématiques autour du stress, autour du burn-out. Et en fait, l'ensemble des solutions qu'il y avait à disposition à l'époque étaient... très curative et très peu préventive. Et nous, notre ambition était vraiment de créer quelque chose qui soit le plus préventif possible sur les sujets de santé mentale des collaborateurs. Donc aujourd'hui, en fait, Ausha, c'est un produit à la fois digital et humain, qui permet d'abord il y a une application à chaque collaborateur de prendre soin de son mental au quotidien, qui permet ensuite, il y a une application qui s'intègre dans Teams et dans Slack, qui s'appelle Félix, de se former en 4 minutes par semaine sur des sujets en lien avec la santé mentale. Et qui permet enfin, via un troisième produit, à destination des organisations RH et des directions RH, de comprendre, c'est un dashboard en fait, et de comprendre toutes les thématiques de risque dans l'entreprise. Deuxièmement, d'avoir des mesures de prévention qui leur sont recommandées. Et troisièmement, de pouvoir benchmarker par rapport à des entreprises similaires leurs indicateurs de bien-être. Et autour de ça, on a aussi tout un accompagnement sous forme de conseils, qui peut être à la fois des audits RPS, qui peut être... des mises en place de plans de prévention ou encore de la gestion de crise. J'ai un collaborateur qui est décédé sur site. Comment je peux accompagner au mieux l'équipe ?
- Speaker #0
D'accord. Et tous ces produits-là, toute cette prestation-là, existaient dès le début de Ausha ?
- Speaker #1
Alors non, tout en doute. On a quand même travaillé en 4 ans et demi. Et donc, on a effectivement développé beaucoup de choses. Au tout début, Ausha, c'était uniquement une application qui permettait de bénéficier de programmes personnalisés. Donc, le premier produit que j'ai décrit tout à l'heure. à la fois basé sur des contenus et sur des sessions individuelles avec des psychologues et des coachs.
- Speaker #0
D'accord, ok. Et première question, pourquoi Ausha ?
- Speaker #1
Écoute, on voulait que ce soit aussi simple d'aller voir un psy que de prendre un café. Et en fait, un Ausha, je ne sais pas si tu vois à quoi ça ressemble, ce n'est pas un expresso que tu prends serré entre deux réunions, c'est un café autour duquel tu as plaisir à discuter. Ça ressemble un peu à un cappuccino, tu sais, tu as un peu de mousse au-dessus, parfois un peu de... un peu de poudre de chocolat. Et en fait, c'est un café qui est à la fois généreux et à la fois autour duquel tu prends plaisir à discuter. Donc, c'est ça qu'on voulait créer. Et le point care, je ne vais pas te raconter d'histoire. Au début, on voulait déposer moca.com. En fait, c'était déjà pris. Et donc, on ne voulait pas acheter de nom de domaine. Je ne sais plus combien ça valait, mais ça valait une fortune. Et donc, on a dû... Tu vois, c'est un principe qui est assez connu en théorie économique, c'est l'innovation sous contrainte. Là, on a été bloqué, donc on a réfléchi. Et on a été un des premiers à déposer ce point care. Depuis, il y a pas mal d'entreprises qui se sont appelées point care. comme nous on l'a fait.
- Speaker #0
Ok, très très bien. C'est vrai que c'est assez... C'est pas tous les jours, alors je réfléchis comme ça, mais c'est vrai que les points qu'il y a, il n'y en a pas tous les jours, je trouve, quand même. Donc finalement, vous avez été un peu précurseur. Exactement. Sur ce point. D'accord. Et d'où ça t'est venu, cet intérêt pour la santé mentale ? Avec des biomes aussi, évidemment.
- Speaker #1
Ouais, écoute, c'est venu de plusieurs aspects. Le premier, c'est un sujet qui m'a toujours concerné parce qu'en fait, j'ai eu un père qui était atteint d'une maladie mentale qui s'appelle la dépression bipolaire quand j'étais enfant. Et donc, tu vois, on en parlait beaucoup à la maison et je me souviens, c'est assez cocasse maintenant parce que... A l'époque, je détestais aller voir un psy, c'était quelque chose qui était assez épidermique. Je me souviens qu'on m'avait un peu forcé au regard du contexte familial, qui pouvait être parfois assez compliqué. Le deuxième aspect de ma vie qui a fait que j'ai souhaité créer cette entreprise, c'est le fait que pour moi, j'avais une vision, peut-être de peur cet aspect personnel, mais très très positif du sujet de la santé mentale. Notamment, je faisais beaucoup de sport, et pour moi, dans le cadre du sport, des exercices tels que la visualisation, la méditation, la cohérence cardiaque. étaient des outils que j'utilisais beaucoup dans ma pratique sportive et qui m'apportaient énormément. Et la troisième raison, avec Guillaume, on a travaillé dans des entreprises qui ont toujours été très centrées sur la performance, ce qu'on adore, on aime beaucoup quand ça va très très loin et très profond en termes de performance. Et pourtant, on voyait quelque chose d'assez antinomique entre le fait de prendre soin de son mental et le fait d'attendre une performance. Et c'est pour ça qu'on a souhaité créer Ausha, pour ressembler ces deux notions de sérénité et de performance.
- Speaker #0
Et t'attendais-tu à un succès aussi rapide après ton lancement ?
- Speaker #1
écoute c'est toujours une question qui est compliqué oui aujourd'hui d'un point de vue c'est une magnifique réussie parce que on a tu vois maintenant quatre ans et demi après la création de Ausha on a un peu plus de 320 clients dans 17 pays des super noms l'oréal engie doctolib enfin des entreprises assez fantastique qui ont des politiques très très très détaillé en fait sur les sujets de santé mentale et qui considère vraiment que ça a un impact sur sur leur P&L en fait, sur le résultat de l'entreprise in fine, donc il y en a de plus en plus et après moi sur le sujet de la réussite j'ai une définition assez simple qui est toujours quasiment à la même depuis que j'ai commencé à travailler c'est être content d'aller bosser le matin et être content de rentrer chez toi le soir et les deux aspects sont très importants dans ma vision de la réussite et tu vois ce type de logique il a été repris par pas mal de gens dans un autre domaine par Aurel San qui dit, je ne suis plus une phrase du style Ce qui compte, c'est pas l'arrivée, c'est la quête, ou une phrase comme ça. Et ça définit énormément ma vision de la réussite. Donc de cet aspect-là, oui, en fait, c'était une réussite dès le premier jour, parce que cette soif d'exploration, elle a été là dès le début, elle est toujours là aujourd'hui.
- Speaker #0
OK, c'est super. Très bien, Oresan, très belle référence. Je valide. OK. Et comment tu fais pour... Tu vois... prendre une vision, tu vois là en l'occurrence, un sujet qui est finalement de l'ordre de la famille, et d'en créer une entreprise qui fleurit en fait, qui continue à grandir après ces, je ne sais pas, quatre ans et demi, cinq ans d'entrepreneuriat. Qu'est-ce que ça, comment tu fais ?
- Speaker #1
Écoute, la question elle est vaste et on pourra en parler pendant des heures, mais si j'essaye de faire court, déjà la... La première chose, c'est tous les matins, dès que je me lève, dès que j'arrive au boulot, je me pose vraiment la question de, est-ce que ce qu'on est en train de développer a une vraie valeur pour nos clients ? Et ça, c'est super important, d'autant plus, nous, on est dans un contexte où on est une entreprise B2B2C, c'est-à-dire que nos clients sont les directions RH et les directions générales. La majorité de nos utilisateurs, aujourd'hui, on en a un peu plus de 250 000 utilisateurs chaque mois, c'est des collaborateurs d'entreprises. et pourtant c'est pas eux qui payent directement donc comment tous les matins quand on se lève on se pose la question qui est est-ce que j'apporte vraiment une valeur à l'entreprise et cette valeur tu vois il faut pas qu'il y ait de bullshit derrière en fait c'est aujourd'hui dans une économie capitaliste la manière de mesurer cette valeur ça reste avant tout la valeur économique que tu vas créer dans un PNL par exemple nous sur nos sujets c'est effectivement dans quelle mesure on arrive à réduire l'absentéisme aux côtés des entreprises avec lesquelles on travaille ? Dans quelle mesure on arrive à augmenter l'engagement des collaborateurs dans les entreprises dans lesquelles on travaille ? Et dans quelle mesure on arrive à avoir un impact peut-être sur le turnover ? Tu vois, il y a plus d'un burn-out sur deux dans lesquels les personnes ne reviennent jamais dans l'entreprise. Comment on fait pour améliorer cette stat ? Donc ça, c'est la première question qu'on se pose tous les matins. Et la deuxième qui est clé, je pense, c'est vraiment le sujet de l'impact aussi extra-financier que tu vas générer. Parce que, tu vois, même d'un point de vue purement performance d'entreprise, aujourd'hui, les critères extra-financiers sont beaucoup plus regardés. Mais aussi, c'est ce qui fait que tu as une équipe, entre guillemets, qui se lève chaque matin. Et même moi, le premier, tu vois, j'ai jamais eu d'objectif de se dire on va faire 10 millions d'euros de revenus en 4 ans. J'ai beaucoup plus un objectif qui est de me dire, ce qui me rend fier, c'est qu'on accompagne 250 000 personnes chaque mois.
- Speaker #0
C'est vraiment super. Mais... C'est vrai que lorsque l'on gère une entreprise, il y a des jours qui ne sont pas toujours faciles. J'imagine qu'il y a quand même des matins qui sont un peu plus difficiles. Toi, en tant que CEO de cette boîte, tu arrives justement à garder l'engagement de tes équipes.
- Speaker #1
Je me suis vraiment posé cette question parce que c'est une question qui est très stratégique. Je pense que c'est la question la plus stratégique d'une boîte. C'est comment tu recrutes la meilleure équipe et comment tu la maintiens engagée dans le temps. Pour moi, ça repose sur plusieurs piliers. Le premier pilier, c'est la quête, le rêve. Quand tu as une vision extrêmement forte et ambitieuse sur un sujet, tu vas attirer des gens qui partagent ce rêve, qui partagent cette quête. Et tu vois pourquoi moi j'ai créé Ausha ? Parce qu'avant Ausha, le sujet de la santé mentale était un sujet qui était très tabou, dont on parlait assez peu, que ce soit en société ou pire encore en entreprise. Et une de mes fiertés aujourd'hui, c'est juste de regarder derrière et de me dire, ça, ça a changé. C'est un sujet qui est beaucoup moins tabou aujourd'hui. Donc le premier pilier de l'engagement pour moi, c'est la quête que tu vas proposer à une équipe. Tu vois, toutes les grandes réussites au fur et à mesure du temps, c'était à chaque fois ça. C'était, est-ce qu'on va réussir à voler ? Est-ce qu'on va réussir à traverser l'Atlantique ? Tu vois, des quêtes qui sont massivées. Donc pour moi, c'est le premier pilier de l'engagement. Le deuxième pilier de l'engagement que nous, on travaille beaucoup chez Ausha, et c'est lié à ta question aussi sur il y a des matins où ce n'est pas facile de se lever, c'est la transparence. C'est en fait être très clair avec tes équipes. Nous, on partage énormément de données avec les équipes. Tout le monde connaît. C'est quoi notre... Combien on a d'argent sur le compte ? Combien on a de clients ? C'est quoi le chiffre d'affaires de Ausha ? C'est quoi l'équation économique au global de Ausha ? Tout le monde connaît tous les chiffres. Et en fait, cette confiance, cette transparence, elle te permet, un, d'être très clair avec les équipes sur ce qui va bien et ce qui va moins bien. Et elle te permet d'avoir une confiance qui est assez aveugle des équipes parce que tu sais qu'ils ont toutes les informations et ils le savent. Donc ça, c'est le deuxième pilier. Le troisième pilier auquel je crois énormément, c'est le pilier managérial. Il y a une phrase qu'on dit très souvent, c'est « tu rejoins une entreprise et tu la quittes à cause de ton management » . Ou alors tu y restes, à l'inverse, à cause de ton management. Donc vraiment, ce pilier, comment tu travailles, le fait d'avoir un management qui est inspirant, qui te développe, etc. Et après, le dernier pilier sur lequel nous, on travaille beaucoup sur l'engagement, c'est la reconnaissance. C'est en fait de se dire comment tu es capable de demander énormément des équipes. Parce qu'à partir du moment où tu as une vision qui est très ambitieuse, nécessairement, le chemin ne va pas être toujours facile. Et pour aller très loin, ce niveau de rigueur, il est énorme chez nous. Et donc, ce sur quoi on travaille beaucoup, c'est la reconnaissance. À la fois la reconnaissance de la réussite. Mais aussi la reconnaissance de ce que tu peux avoir raté. Et donc, le droit à l'erreur, à tout ça. Chez nous, c'est un peu sur ces quatre piliers que s'en basait l'engagement.
- Speaker #0
D'accord. Et est-ce que toutes ces questions-là et tous ces piliers dont tu parles, ce sont des choses que tu as acquises à travers tes expériences professionnelles passées ? Ou est-ce que tu t'es formée au management, au leadership ou à quelque chose sur lequel tu as pu te rattacher, justement ?
- Speaker #1
C'est un peu tout, tu vois, c'est à la fois ce que j'ai pu voir dans mes expériences professionnelles passées, c'est à la fois effectivement se faire accompagner, que ce soit par des psychologues et des coachs. Moi, je vois une psychologue extrêmement régulièrement qui m'aide aussi à prendre du recul, à la fois sur du pro et sur du perso. Et la dernière chose, je suis convaincu qu'un bon entrepreneur, la principale compétence qu'il doit avoir, c'est d'être très, très à l'aise avec le doute. Et tu vois, moi, je déteste les certitudes et très souvent les gens qui ont des certitudes. Tu t'aperçois que les limites arrivent très fréquemment. Et donc, tu vois, quand tu es très à l'aise avec le doute, ça te force à te questionner. Quand tu te questionnes, tu arrives à des systèmes comme ça qui sont peut-être imparfaits. Tu vois, ça se trouve, il y a un autre entrepreneur qui va te dire, moi, l'engagement, c'est X, Y et Z. Et ça se trouve, il aura raison aussi parce que c'est un sujet sur lequel il n'y a pas de vérité. C'est ça. Donc voilà, entre guillemets, la valeur du doute, elle est très forte chez moi.
- Speaker #0
OK. Et du coup, est-ce que tu as douté lorsque tu t'es lancé dans l'entrepreneuriat ?
- Speaker #1
Oui, tous les jours. Et moi, je trouve que le doute, c'est très, très sain. Parce que si jamais tu n'as pas de doute, prenons des technologies assez massives. On parle beaucoup de l'IA aujourd'hui, mais à chaque rupture technologique dans l'histoire, les gens qui n'avaient pas de doute, ils ne se sont pas adaptés. Il y a plein d'exemples dans la théorie économique sur les entreprises qui ont disparu ou semi-disparues, les BlackBerry, les Kodak, toutes ces entreprises-là. En fait, si tu n'as pas de doute, ça veut dire que tu ne vas pas t'adapter parce que tu penses que tu as raison quoi qu'il arrive. Et donc, non, moi, j'ai une vision très, très saine du doute, en fait. Et ça fait presque partie de ma routine d'entrepreneur.
- Speaker #0
D'accord. OK. Et ça, c'est quelque chose que tes équipes savent, que tu peux être amené à douter ?
- Speaker #1
Tu vois, c'est là où la puissance de la transparence est assez forte parce que, bien sûr, je ne partage pas à l'équipe tous mes doutes de façon proactive. Par contre, s'il y a quelqu'un qui me pose une question en me disant « tu penses quoi de ça ? » et que la vraie réponse c'est « je ne sais pas » , je dis « je ne sais pas en fait » . Et je vais y réfléchir, tu vois. Et bien sûr, je ne me suis pas posé toutes les questions, mais voilà.
- Speaker #0
D'accord, ok. Et te lancer, c'était un projet de longue date ? Tu savais que tu allais te lancer un jour, que tu allais créer ta boîte ? pas du tout.
- Speaker #1
Ouais, j'ai jamais une attractivité ultra forte pour l'entrepreneuriat parce que c'est quelque chose qui, pour moi, a plein de dimensions. Un, quelque chose qui est très lié à ma personnalité, c'est l'exploration. C'est en fait de se dire est-ce que tu peux aller dans des univers que personne ne connaît ou à des endroits que personne ne connaît. C'est toujours quelque chose qui m'a beaucoup drivé. Derrière, il y a quelque chose aussi dans le fait de créer une entreprise qui me nourrit énormément, c'est l'adrénaline qui va avec. Tu vois, créer une boîte, c'est vraiment quelque chose qui est assimilable à des montagnes russes, en fait. Tu vois, à des moments où tu as des énormes succès, entre guillemets, et des moments où tu as des gros échecs, ou des gros doutes, ou des grosses phases d'incertitude qui peuvent être assez difficiles à vivre. Et cette adrénaline, moi, elle me nourrit énormément. Et peut-être que le troisième point, c'est vraiment de se dire... Moi, il y avait vraiment une question autour de... Comment, quand je regarde en arrière, j'ai l'impression d'avoir fait évoluer la société dans un sens qui me semble être bon. Et donc ça, c'est vraiment lié à un système de valeur. Mais néanmoins, j'aurais pu le faire en entreprise, c'est tout à fait possible. Mais j'ai beaucoup plus de marge de manœuvre à le faire en entreprenant que dans une entreprise déjà existante.
- Speaker #0
Oui, c'est évident. Et du coup, ça n'a pas été une surprise pour tes proches que tu créais ta boîte, finalement ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Très clair. Et si tu dois nous parler de ton plus gros échec ou l'un de tes plus gros échecs, ce serait lequel ?
- Speaker #1
C'est lié à ce que je disais tout à l'heure, je pense que des échecs, j'en ai eu beaucoup. Parce qu'à partir du moment où tu vas chercher quelque chose de très ambitieux, ça veut dire que peu de gens l'ont fait avant toi. Et si peu de gens l'ont fait avant toi, ça veut dire que peu de gens savent a priori comment le faire et donc que tu vas le planter plein de fois. Notamment, un des gros échecs qu'on a eu, je pense, c'est qu'on ne s'avait pas recruté au début de Ausha. Tu vois, en 2022, on a rompu 34% des périodes d'essai à notre initiative. Et donc c'était quelque chose d'assez violent et pour moi c'était un échec parce que c'était, entre guillemets, on avait complètement notre responsabilité là-dedans. Notre processus de recrutement n'était pas suffisamment structuré pour recruter les bonnes personnes pour Ausha à ce moment-là de l'entreprise. Ça, c'était un assez gros échec, je pense, qu'on a eu et sur lequel on a énormément travaillé depuis. Pour maintenant avoir un processus de recrutement qui est béton, très structuré, très exigeant aussi. Et du coup, dans lequel on a beaucoup moins de rupture de période d'essai à l'initiative d'un employeur.
- Speaker #0
Et pour travailler sur toutes ces questions-là, c'est Guillaume et toi qui l'avez fait ou vous avez quelqu'un en interne qui vous a aidé ou en externe d'ailleurs ? Je ne sais pas comment vous avez fait.
- Speaker #1
Non, on a une personne qui s'occupe avec brio des RH. Par contre, on est très impliqué. Moi, j'adore les ressources humaines et pour moi, c'est le principal sujet d'une entreprise. Comment tu recrutes les bonnes personnes ? Comment tu les développes ? Comment tu les retiens dans le temps ? comment tu les engages. À la limite, si tu devais avoir qu'une problématique en tant que CEO à te poser, ce serait celle-ci.
- Speaker #0
D'accord. Et on est d'accord, tu n'as pas de parcours RH ?
- Speaker #1
Non, pas du tout.
- Speaker #0
Et ça t'a sensibilisé ? Ça fait longtemps que tu es sensible à ça ? Ou c'est vraiment en flan ta voix que tu as eu ce petit lien avec les RH ?
- Speaker #1
Je pense que c'est à la fois aussi avouer tes limites, recruter les bonnes personnes sur le sujet. Tu vois, très très tôt, on a recruté un RH. D'accord. on avait je sais plus quand la personne qui gère chez nous est arrivée c'était il y a quasiment 3 ans et demi je pense qu'on avait je sais pas on devait être une quinzaine max ce qui est très tôt pour la majorité des entreprises de recruter un RH c'est souvent perçu comme une dépense futile en fait par beaucoup d'entrepreneurs là où pour moi c'était enfin encore une fois le plus ton ambition va être élevée le plus il faut que tu t'assures que les gens qui construisent cette ambition avec toi soient épanouie au quotidien en fait, parce que c'est ça qui va faire qu'ils seront performants derrière. Donc non, on l'a fait très tôt. Et on s'est beaucoup entouré aussi parce que, comme tu le dis, on avait assez peu d'expérience sur le sujet à l'époque.
- Speaker #0
Bah oui, oui oui, c'est ça. C'est super en tout cas d'avoir déjà cette notion-là, de voir que c'est important d'avoir le RH alors qu'on n'a pas passé la barre des 20, des 30, des 40. On les connaît tous les paliers où ça devient plus que nécessaire d'avoir un RH, mais de l'avoir anticipé, c'est effectivement peu de gens qui le font. Et je trouve que c'est très, très judicieux, mais en même temps, j'ai un avis assez RH. Je ne pourrais jamais dire le contraire. Et sinon, en tant que CEO depuis 2019, comment arrives-tu à gérer ton temps sans avoir la tête sous l'eau ? Avec une entreprise qui grandit ?
- Speaker #1
C'est marrant parce que, tu sais, cette question, on me la pose régulièrement. Et très souvent, on utilise le terme « sous l'eau » . Et en fait, pour moi, tu vois, rien que la manière dont on pose la question... elle montre que c'est une difficulté assez majeure pour beaucoup de gens. Là où, en fait, moi, j'ai raisonné le problème ou le sujet, en fait, à l'inverse. Et je pense que dur comme fer que chaque personne est maître de son temps. Et tu vois, les gens, après la médiocrité, ce qui me génère le plus de frustration et d'énervement, c'est les gens qui me disent « j'ai pas le temps » . En fait, je pense que c'est important de dire « j'ai pas pris le temps » . Et c'est quelque chose qui est OK, en fait. t'as pas pris le temps parce que tu penses que c'est pas important donc moi soit je vais te dire si c'est important parce que et tu vas changer de posture soit effectivement t'as raison c'est pas important donc moi les trois choses qui m'aident au quotidien le premier c'est d'avoir une routine avec une discipline assez énorme presque monastique tu vois pour faire des parallèles je me lève tous les jours à la même heure je me couche quasiment tous les jours à la même heure mes emplois du temps toutes les semaines ils sont identiques Et en fait, ça, ça me permet... J'envisage ma vie de façon très transverse, c'est-à-dire, il n'y a pas... Par exemple, une notion que beaucoup de personnes utilisent, qui moi, j'ai beaucoup de mal avec, c'est la notion d'équilibre pro-perso. En fait, moi, je n'ai pas un pro et un perso, j'ai juste une vie dans laquelle il y a, bien sûr, Ausha, mais il y a aussi ma famille, il y a mes amis, et il y a le sport. C'est mes quatre piliers, en fait. Et ces quatre piliers sont tout aussi importants pour moi en tant que personne. Et donc, je ne vais pas dire équilibre pro-perso, non, c'est beaucoup plus une notion d'harmonie entre ces quatre piliers qui est importante. Donc, un, c'est la routine, en fait. C'est comment tu minimises le plus possible le nombre de décisions qui me semblent futiles. Tu vois, c'est assez connu, mais il y a beaucoup d'entrepreneurs qui s'habillent tous les jours de la même manière. Moi, tu vois, c'est quelque chose qui m'aide aussi beaucoup parce que je m'en fous un peu de comment je m'habille. Et donc, ouais, je m'habille tous les jours avec la majorité du temps, avec un jean, un t-shirt, toujours pareil. Pareil, le fait d'avoir un emploi du temps qui est toutes les semaines la même chose, ça me permet de prendre beaucoup de décisions dans la journée sur des choses très importantes. Ça, c'est le premier pilier. Le deuxième pilier, c'est tout ce qui est attrait, c'est lié à la routine, mais au fait de dire non. Aujourd'hui, tu vois, le premier truc sur lequel tu peux dire non, il y a un objet qui prend entre 3 et 4 heures de vie de chaque Français et de chaque personne dans le monde, c'est les téléphones. Tu vois, là, au moment où on enregistre, j'ai pas mon téléphone, il est en haut, et en fait, je vis, par exemple, le téléphone, et particulièrement les réseaux sociaux, pour moi, ça ne reste qu'un outil. Et c'est quelque chose qui est au service de ces quatre premiers piliers. Donc, mon téléphone, je l'utilise vraiment comme un outil, et pas comme une fuite, ou pas comme un truc qui va tuer mon temps. Pareil, j'ai aucun réseau social, j'ai pas Instagram, j'ai pas TikTok, et je veux pas faire le gourou américain, tu vois, de basse échelle, et c'est très bien les réseaux sociaux, et je suis pas contre, enfin... chacun l'utilise comme il veut, mais en tout cas, pour revenir à mon point de base, c'est un choix de comment tu vas allouer ton temps. Et moi, j'ai décidé que cet aspect-là qui prenait entre les réseaux sociaux, qui prenne entre deux et trois heures de temps de vie chaque jour à chaque personne en France et à l'étranger, était un temps sur lequel moi, je préférais allouer à d'autres endroits. Et le troisième point, c'est marrant parce qu'on en parlait avant de débuter l'enregistrement, qui m'a énormément aidé, c'est le fait d'avoir des enfants. Je ne me suis pas présenté comme ça, mais j'ai aussi trois enfants qui m'apportent énormément de bonheur. Et du jour au lendemain, en fait, je te rassure, je ne suis pas en train de faire une politique nataliste pour la France, mais du jour au lendemain, à partir du moment où j'ai eu des enfants, ça te permet de prendre du recul énorme sur les vraies problématiques, les vrais sujets. Et tu vois, ça pouvait m'arriver avant de rentrer à la maison et d'avoir le cerveau qui continue à mouliner et de me dire « attends, ça c'est super problématique, c'est super important » . Et là, en fait, du jour au lendemain, quand t'as ta fille ou ton fils et que tu reviens et qu'il court dans tes bras et qu'il fait « Papa ! » comme ça, ben en fait, tu prends conscience que le truc que tu cherches à craquer au boulot... ça reste juste un jeu ou un plaisir, en fait, beaucoup plus qu'un truc qui doit atteindre ta vie. Et donc, voilà, le troisième truc qui me permet, pour répondre à ta question, de garder la tête hors de l'eau, c'est le fait d'avoir des enfants, bizarrement.
- Speaker #0
Oui, beaucoup diraient que c'est l'inverse. D'ailleurs, je crois, j'ai des enfants, je suis sous l'eau, je n'y arrive plus, etc. Mais ça fait plaisir d'avoir enfin un feedback très, très sympa sur le fait qu'effectivement, quand on a des enfants, on peut couper du boulot. Je ne suis pas toujours très bonne à cet exercice, j'avouerais. Mais c'est bien de savoir en tout cas que toi, tu y arrives et je prendrai exemple. Je ferai des efforts. Ben écoute, moi, je pense qu'on a fait un très, très bon tour. Donc toi, dans la structure du podcast, j'aime bien mettre la minute. La minute, c'est une partie sur laquelle j'innove complètement dans les questions. Et voilà, pour aller un petit peu plus loin que tout ce qu'on s'est dit sur l'échange. Si t'es prêt, on peut démarrer ?
- Speaker #1
Let's go !
- Speaker #0
Alors, que dirais-tu à ceux qui pensent que créer une entreprise avec un ami est une erreur ?
- Speaker #1
Je leur dirais qu'ils se trompent complètement parce que, Guillaume, on est amis de très longue date. Ça fait quasiment 15 ans qu'on se connaît. On a fait même un choix business qui est d'être co-CEO. Pas le cadre de la minute, mais on pourrait y revenir si tu le souhaites, sur le pourquoi on a fait ce choix-là. Et en fait, c'est très puissant parce que la principale cause d'échec... des startups et des entreprises en début de vie, c'est des problèmes d'association. Et le fait de créer une entreprise avec un ami, tu as une force énorme sur un set de valeurs communes qui fait que tu sais exactement pourquoi tu crées cette entreprise et donc derrière, tu n'auras pas de coups fourrés. Tu vois, moi, j'ai une confiance aveugle en Guillaume et ça, ça nous donne une solidité énorme derrière pour créer Ausha.
- Speaker #0
Oui, c'est beau.
- Speaker #1
En plus du fait, là, je parle très business, mais... En plus du fait, vu que c'est un pote, tu as beaucoup de plaisir à partager. Tu vois, tous les mois, on se fait un déjeuner à deux, on parle d'autre chose que du boulot et vraiment de qu'est-ce qui nous donne de l'énergie, etc. Et c'est à chaque fois un moment de plaisir parce que c'est un pote, en fait.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Et je pense qu'il y a aussi beaucoup de gens qui ne savent pas faire cette distinction-là. C'est-à-dire qu'il y a des personnes qui s'entendent particulièrement bien, mais qui ne peuvent pas travailler ensemble, qui sont peut-être trop proches. En tout cas, pas suffisamment complémentaire aussi pour que ça fonctionne, parce que je pense qu'il y a quand même cette notion de complémentarité qui marche lorsqu'on gère une entreprise. Si on pense tout le temps à la même chose, ou si on n'a pas suffisamment de ressources à aller chercher à l'extérieur, finalement, on peut faire des erreurs tout simplement parce qu'on n'est pas challengé ou qu'on ne se challenge pas soi-même. Donc, je pense que quand même, avec Guillaume, tu dois avoir cette complémentarité-là, j'imagine.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Alors, pour préciser ma réponse, du coup, parce que tu poses la question, le fait d'être amis ne suffit pas à créer une entreprise. Effectivement, la notion de complémentarité, elle est extrêmement importante. Et tu vois, Guillaume et moi, on est complémentaires sur plein d'aspects. La deuxième chose qui est très importante, c'est pas parce que t'es ami que tu dois pas être capable de te dire les choses, parfois de façon très franche et très crue, même parfois, tu vois. Nous, on a un rituel avec Guillaume qu'on appelle la purge, où en fait, justement, Tous les mois, on se voit et on se dit très clairement, voilà sur le mois dernier, ce que tu as fait qui m'a apporté de l'énergie, voilà ce que tu as fait qui m'en a enlevé. Et donc, tu vois, cette capacité, comme dans un couple, en fait, cette capacité à ne pas avoir de non-dit, elle n'est pas du tout contradictoire, en fait, d'être ami. Tu n'es pas là pour faire plaisir à l'autre, en fait. Tu es là pour créer une entreprise qui sert ta vision et qui sert ton niveau d'ambition. Et donc, il faut vraiment que ça reste avant tout une logique de... de rigueur, même dans le couple d'associés. Oui,
- Speaker #0
ok, très très bien. J'ai changé avec beaucoup de DG, donc que ce soit de petites boîtes ou de très grandes entreprises. Et j'ai déjà entendu, je dirais, à quelques reprises, tu vois, presque entre 5 et 10 fois, assez récemment, je parle vraiment sur, disons depuis le mois de septembre, donc le ratio est quand même assez intéressant, que, alors ce qu'il me dit, c'est que quand... On est DG, il faut savoir être seul. Qu'est-ce que t'en penses ?
- Speaker #1
Écoute, c'est une très bonne question. En tout cas, c'est super intéressant. Moi, la manière dont je l'interprète, c'est être seul, ça a une vertu énorme qui est la vertu du silence. Et le fait d'être seul te permet aussi de raisonner de façon, ou en tout cas de réfléchir de façon très libre et non influencée. Moi je m'aide beaucoup aussi par de la musique là dedans je travaille beaucoup en musique et notamment seul en musique et en fait ça ça me ça m'aide énormément parce que tu emmènes dans ton esprit dans des endroits sur lequel quand tu es beaucoup tu as plus de mal à l'emmener donc ça c'est le premier point
- Speaker #0
La deuxième manière d'interpréter cette phrase, qui est peut-être plutôt une manière négative, qui est de dire la solitude du dirigeant. Ça, c'est quelque chose qui est très vrai aussi. C'est marrant parce qu'au déjeuner, je disais à une personne de l'équipe, c'est marrant parce qu'en fait, depuis que je suis chef d'entreprise, j'ai quasi plus de potes au sein de la boîte. Parce que tu es effectivement CEO de l'entreprise, et donc pour tes collaborateurs, Bien sûr, il y a plein de collaborateurs qui sont là depuis le départ et donc qui, je pense, ont une confiance tellement forte en nous, en Guillaume et moi, qui sont capables de tout dire. Mais ça reste moins des potes comme tu peux avoir avec les salariés. Donc effectivement, tu as une solitude de cet aspect-là. Et le dernier aspect de la solitude, c'est encore une fois, ton objectif premier reste d'aller jusqu'au bout de ta vision. Et donc parfois, ça nécessite de prendre des décisions très difficiles. Par exemple, des séparations avec des personnes avec qui humainement, tu t'entends bien, mais qui ne sont pas au bon niveau de performance. Tu vois, beaucoup de dirigeants et de dirigeantes ont du mal à faire ça parce que c'est vrai qu'humainement, ce n'est pas facile de dire à quelqu'un, écoute, c'est fini et on s'arrête là. Ouais, voilà, j'ai l'interprétation comme ça.
- Speaker #1
Rien à voir, mais j'étais assez intéressée par savoir si tu arrivais à t'appliquer les mesures que vous mettez en place chez Ausha.
- Speaker #0
Ça serait problématique si je te répondais non à cette question. Ah,
- Speaker #1
ça aurait pu !
- Speaker #0
Alors non, franchement, je conseille des trucs aux gens, mais je fais rien derrière. Non, je rigole en fait. Je crois énormément dans la valeur de l'exemplarité, et notamment dans le fait de faire ce que tu dis. Je crois aussi dans le fait que je déteste les choses qui sont trop normées, ou trop « y'a qu'à faut qu'on, il faut faire comme ça » . Tu sais, un peu, désolé, c'est un peu du jugement ce que je voulais dire, mais tu vois, développement personnel de bas étage. adopter la recette miracle pour aller bien tous les jours, etc. Tout ça, ça me soumet un peu. Là où en fait, je crois beaucoup dans c'est quoi le prochain petit pas que tu peux faire pour justement t'appliquer quelque chose que tu conseilles en externe. Et donc, c'est pour ça que je parlais de routine tout à l'heure. Je la remets assez régulièrement en cause, tu vois, en fonction d'une naissance qui vient ou d'une nouvelle étape d'entreprise où bien sûr, c'est amené à évoluer. Mais néanmoins, cette routine, elle m'aide énormément. justement dans le fait, créer une entreprise c'est un marathon c'est pas pour un an il faut que tu aies le même niveau d'énergie 4 ans, 10 ans, 30 ans après le début de ta première étincelle donc pour moi, bien sûr que je m'applique les piliers en tout cas dans ce qu'on recommande qui me parle à moi c'est vraiment chouette,
- Speaker #1
je t'avouerais que lorsque tu m'as dit que tu étais un grand sportif je me suis dit mais comment il arrive à caser ça parce que Il y a tellement de gens qui ne sont pas si hauts, qui ont du mal à se dégager 3-4 heures par semaine pour aller à la salle de sport ou pour faire du vélo d'appartement, que je me suis dit, à quel moment tu arrives à continuer ta passion ? Un truc qui te sort de Ausha, alors après il y a la famille, etc. Mais ça, j'avais déjà compris que c'était balisé. Mais le sport, c'est plus qu'un hobby pour toi. Je me suis demandé... Comment t'arrives à gérer ? Mais si je comprends bien, c'est inclus dans ton plan unique.
- Speaker #0
Ouais, exactement. Je fais du sport tous les mardis midi, tous les jeudis midi, tous les mardis soirs, tous les mercredis soirs et une fois le week-end. Ah ouais,
- Speaker #1
c'est pas mal.
- Speaker #0
C'est toujours entre cinq et six sessions par semaine. Et je le vois comme un... En fait, c'est vraiment un pilier de mon énergie. Tu vois, je pense que les gens que tu décris, qui effectivement peut-être représentent une majorité, peut-être... qui gagnerait à réfléchir plus en termes de productivité et peut-être moins en termes de temps passé à un endroit où à faire une chose. Et moi, je sais que cette session du mardi midi ou du jeudi midi, par exemple, elle m'aide à avoir des journées de travail extrêmement productives, extrêmement concentrées. Et c'est pareil pour les sessions de sport le soir, etc. C'est un de mes piliers qui me permet d'avoir du focus, de l'attention. Et donc... On parle beaucoup des développeurs informatiques là-dessus. Tu as un développeur qui peut te craquer un sujet en trois lignes de code, là où un autre va mettre dix jours à craquer la même problématique. Et ça revient aussi à ce qu'on disait au début, qui est, je pense que les gens qui disent « j'ai pas le temps » , c'est une erreur. Ils ne prennent pas le temps. Ils ne prennent pas le temps de se dire « attends, est-ce que j'ai envie d'allouer mon temps à tel ou tel endroit ? »
- Speaker #1
Oui, je comprends. Écoute, pour terminer, je dirais juste que le burn-out, si je dois revenir un petit peu à ce qui concerne la santé mentale, j'ai l'impression quand même que c'est un sujet qui reste assez tabou et je voulais avoir ton avis là-dessus. Comment tu vois l'avenir sur cette notion de burn-out particulièrement ?
- Speaker #0
Écoute, l'avenir, je le vois quand même de façon globalement positive. Ça avance dans la bonne direction sous plein d'aspects. Le premier, c'est qu'on comprend déjà beaucoup mieux les signaux précurseurs et les signaux faibles qui peuvent conduire à un burn-out. Tu vois, toute l'identification des signaux physiques, les mots de dos, les mots de ventre, aussi l'identification auprès des managers qu'on accompagne, par exemple, de se dire, tiens, je suis confronté à un profil qui est... qui va être plus râleur ou plus revendicatif qu'à l'habitude. Tu vois, il y a une typologie des facteurs précurseurs de burn-out qui permettent aux gens d'être de plus en plus sensibilisés. Et donc, c'est pas il a fait un burn-out ou il est faible. C'est en fait, en tant que manager, je deviens de plus en plus capable d'identifier ça. Même si on a encore beaucoup de chemin à faire, parce que peu de managers sont encore très formés là-dessus. Et tu vois, on a quand même plus de 70% des managers qui sont prêts à quitter leur job parce que... il y a trop de problématiques émotionnelles qui sont gérées. Ça, c'est quand même une stat qui est assez, pour moi, qui m'a un peu retourné la tête en me disant comment on peut mieux accompagner encore les managers à identifier tous ces signaux faibles et à bien les gérer. Après, là où tu as raison, c'est que les entreprises parfois ont du mal à faire la frontière entre est-ce que c'est un effet de mode un peu, ok, il est en burnout, ou est-ce que c'est une vraie maladie. Aujourd'hui, c'est pas encore reconnu comme maladie professionnelle. officiellement. Le terme qui est usité, c'est le terme d'anxiété réactionnelle. C'est le terme le plus proche. Et tu vois, c'est marrant parce que par rapport aux maladies physiques, professionnelles, la maladie d'anxiété réactionnelle ne revêt pas de codification spécifique par la sécurité sociale. Tu vois, quand tu as une maladie professionnelle liée à, je sais pas moi, tu t'es cassé quelque chose, en fait, il va y avoir tout un tas de critères qui vont dire est-ce que tu arrives à bouger le... le bras ou la jambe en question à plus de X degrés, oui, non, tu coches des cases. Sur le sujet indirectement du burn-out, mais donc de l'anxiété réactionnelle, c'est à la libre appréciation d'un comité médical qui est consulté de psychiatres et qui fait que c'est assez aléatoire. Donc globalement, ça va dans la même direction parce qu'on a une meilleure connaissance du sujet, parce qu'on prévient encore mieux, mais il y a énormément de chemin encore à faire.
- Speaker #1
Eh bien, ça laisse présager d'un bel avenir pour Ausha. Merci beaucoup Pierre-Etienne.
- Speaker #0
Avec plaisir Laetitia.
- Speaker #1
À bientôt j'espère. À bientôt. Merci d'avoir écouté ce podcast. Si Parole de dirigeant vous a plu, n'hésitez pas à en parler autour de vous et nous suivre sur toutes les plateformes. Et oui, Parole de dirigeant est disponible absolument partout. À très bientôt.