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Parole de Femmes, en Normandie

Les talks du Curiosity Club Caen - EPISODE #1 / Pauline Massart, Pionnière de L'habitat 100% autonome

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44min |29/01/2025
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44min |29/01/2025
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Description

Lors de ce premier talk, Pauline nous emmène à la découverte de sa maison 100% autonome, un projet inspirant qui repense notre rapport à l'habitat, à l'énergie et à la consommation. Avec passion et conviction, elle partage son parcours, les défis qu'elle a relevés avec son conjoint et ce qui l'a poussée à construire un lieu de vie en harmonie avec ses valeurs et avec l'environnement. Une rencontre passionnante qui donne envie d'agir pour un mode de vie plus durable et responsable.


Enregistrement et montage : Karine Tollemer

Crédit musique : Nostalgia de Johny Grimes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous annoncer une nouvelle collaboration pour le podcast Parole de Femme en Normandie. En partenariat avec le Curiosity Club de Caen, un réseau engagé pour l'égalité femmes-hommes, je vous propose une nouvelle rubrique dédiée au talk du Curiosity Club. Le Curiosity Club de Caen organise régulièrement des soirées inspirantes, mettant en lumière des femmes qui partagent leurs idées, leurs expériences et leurs passions à travers des talks captivants. À partir d'aujourd'hui, vous pourrez découvrir ou redécouvrir ces prises de parole puissantes directement sur le podcast. Des récits qui célèbrent le courage, la créativité et la singularité des femmes. à écouter et partager sans modération. Pour inaugurer cette nouvelle rubrique de Paroles de Femmes en Normandie, en partenariat avec le Curiosity Club de Caen, j'ai le plaisir de vous présenter Pauline Massard, une femme visionnaire et engagée. Lors de ce premier talk, Pauline nous emmène à la découverte de sa maison 100% autonome, un projet inspirant qui repense notre rapport à l'habitat, à l'énergie et à la consommation. Avec passion et conviction, elle partage son parcours, les défis qu'elle a relevés avec son conjoint et ce qui l'a poussé à construire un lieu de vie en harmonie avec ses valeurs et avec l'environnement. Une rencontre passionnante qui donne envie d'agir pour un mode de vie plus durable et responsable.

  • Speaker #1

    Bonsoir à toutes, merci beaucoup d'être là, ça me touche beaucoup de vous voir intéressée par le sujet et par mon parcours. Donc moi je viens aujourd'hui pour vous parler principalement de ma maison. C'est la maison magique comme l'appelle ma fille Noéa qui a 10 ans aujourd'hui. Et avant de rentrer un peu dans le vif du sujet, je voudrais revenir sur le moment clé qui a fait qu'on s'est lancé dans cette aventure. qui a eu lieu il y a dix ans maintenant. Donc c'était un soir de novembre, c'était aux Etats-Unis, parce qu'à ce moment-là on habitait là-bas avec mon compagnon et ma fille qui avaient quelques mois. Et en fait j'avais une amie qui travaillait pour Hershey Biotech. Et Hershey Biotech c'est à la fois une entreprise et une ONG. Je ne rentrerai peut-être pas dans le détail maintenant, mais on peut en parler plus tard. Et en fait, voilà, c'est des gens qui, un peu fous, un peu anarchiste, qui expérimentent et construisent plein de choses, avec plein de matières, mais toujours avec l'idée de répondre à la fois aux besoins des êtres humains, besoins primaires et même un petit peu secondaires, en regardant ce que fait la nature, et comment elle fonctionne, et en s'inspirant de ça pour pouvoir répondre à nos besoins. Ce qui devrait être la logique des choses, mais voilà. Notre monde n'évolue pas tout à fait dans ce sens-là. Mais à la base, on a tout ce qu'il faut dans la nature pour répondre à nos besoins. Et donc, on est au mois de novembre en 2014. Et on part à Taos, au Nouveau-Mexique. Alors, je ne sais pas si vous connaissez la série Breaking Bad. Ça parle à certaines. Donc, c'est pour vous remettre un peu le paysage désertique. On part là-bas. On est donc au mois de novembre. Il fait très froid. Il neige dehors et on passe une semaine à découvrir ces maisons. C'était un paysage un peu lunaire avec, là je peux vous montrer une photo, vous imaginez un peu une grande vallée entourée de montagnes avec un paysage un peu lunaire et toutes ces maisons de toutes les formes qui sont en totale autonomie. Et on se retrouve un soir, il fait moins 7 dehors, il neige, et on est en t-shirt à l'intérieur et on n'a pas froid et on nous dit il n'y a pas de chauffage. et on prend une douche et c'est de l'eau de pluie et voilà et on est relié à aucun réseau et on est dans le confort total voire même un peu au delà quoi et donc même si on me l'avait déjà expliqué et même si je le savais le fait de l'avoir vraiment ressenti dans le corps et d'être dans le dans dans dans tout notre tous nos sens étaient connectés en fait à cette information et de se dire en fait c'est vraiment possible de vivre en dehors de tous les réseaux et d'être en totale adéquation avec les ressources et la nature. Et vraiment, ce moment, il nous a marqués profondément, parce qu'à ce moment-là de notre vie, il n'y avait absolument rien qui nous destinait à... vivre dans une maison comme ça et encore moins de la construire. Parce que moi je viens d'un monde plutôt urbain, j'ai grandi, je suis née, j'ai grandi à Bruxelles en Belgique. Donc jusqu'à mes 18 ans je n'avais pas quitté la Belgique. Alors j'ai toujours eu des petites envies de voyages et d'aller voir un peu ailleurs. Donc mon rêve c'était d'aller vivre en Australie, de vivre près de l'océan, tout ça. Comme j'avais des parents, on va dire classe moyenne, socialement, ils étaient fonctionnaires, ils n'avaient pas spécialement les moyens de m'envoyer faire des études à l'étranger, mais j'ai réussi à trouver une solution à travers le Rotary pour faire un échange d'étudiants, et donc j'ai fait un an en Australie. Ensuite, je suis rentrée faire mes études, parce qu'il fallait quand même avoir un diplôme. Moi j'étais plutôt bonne en tout, mais excellente en rien, donc il n'y avait pas un métier ou une... des études qui m'intéressaient plus que d'autres. Donc j'ai fait des études de commerce internationales pour quand même avoir le côté langue et pouvoir voyager. C'était toujours ça qui m'animait à ce moment-là. Et une fois que j'avais fini, je suis repartie en Australie pendant un an parce que c'était vraiment un pays que j'aimais beaucoup. Et puis, au bout d'un an, c'est sympa de profiter, mais on a quand même envie de donner un peu plus de sens à son travail. Je me dis, allez, je vais rentrer, je vais reprendre un boulot un peu normal et je vais m'investir dans ma carrière. Je suis rentrée en Belgique, j'ai trouvé assez rapidement un travail dans le monde des montres, qui n'était pas un objet qui m'intéressait particulièrement, mais moi je m'intéresse à tout. Je me suis intéressée à ça, j'avais une super équipe, je voyageais, c'était sympa. Mais assez vite, il y avait la question du sens qui venait me titiller entre... On faisait des montres suisses, soi-disant, depuis une entreprise belge. Donc déjà, ça vous fait dire le non-alignement. Et donc, on faisait quand même fabriquer des montres chinoises, qu'on assemblait en Suisse pour pouvoir dire que c'était Suisse, et qu'on revendait dix fois le prix en France, en Belgique. Donc déjà ça, moi, ça me questionnait beaucoup, de me dire en fait, notre produit, on le vend 400 euros, alors qu'il vaut 20 euros à la production. Donc en fait on vend quoi ? Qu'est-ce qui vaut ce prix-là ? Et puis il y avait tout un... Déjà à ce moment-là, même si je n'étais pas très engagée en termes écologiques et tout ça, il y avait quand même des questionnements en termes de ressources, d'énergie et de sens. En fait, qu'est-ce qu'on met derrière cette valeur d'une montre de 400 euros qui en fait est fabriquée en Chine pour 20 euros ? En fait, on vend quoi ? Puis derrière, il faut une belle boîte, il faut ci, il faut ça, mais les gens ne font rien avec cette boîte. Donc en fait c'est... Tout ça, c'est du vent, quoi, pour moi. Et un jour, je me souviens d'une scène où, en fait, on avait commandé ces fameuses boîtes et on s'était trompé de logo. Et donc, on a reçu cinq palettes remplies de cartons, de boîtes, qu'on a littéralement jetées. Et je me souviens du malaise que ça a créé en moi et de me dire, mais c'est vraiment pas possible, déjà, de le faire pour une montre qu'on vend, je trouvais ça un peu limite, mais alors en plus, quand on le jette pour une petite erreur de logo... ça perdait vraiment tout son sens et voilà donc ces petites choses déjà m'a alerté un petit peu sur sur une forme de non sens mais voilà j'étais encore loin de m'engager dans un projet comme celui là et en même temps au moment où je prends ce poste en belgique je rencontre mon compagnon qui lui est un peu plus âgé que moi il est journaliste il fait un peu ce qu'il veut quand il veut et il est très libre dans ses horaires et tout ça et c'est vrai que cette liberté un peu titillée, je me suis dit en fait on peut peut-être encore continuer un petit moment à faire ce qu'on veut et à profiter de la vie et donc très vite on a eu un projet d'aller s'installer aux Etats-Unis qui était vraiment basé sur une envie personnelle de vivre près de l'océan et d'expérimenter un peu la vie aux Etats-Unis, la Californie en plus voilà. Donc on est parti s'installer là-bas. Moi j'ai repris un an d'études en développement durable là-bas parce que pour des raisons de visa il fallait que... je refasse des études donc je me suis dit tant qu'à faire autant faire un sujet qui m'intéresse aujourd'hui donc c'est vrai que c'était très particulier de traiter ce sujet là avec la vision américaine parce qu'on est quand même dans des modèles de société assez différents et donc ça m'a appris beaucoup de choses ça a confronté beaucoup de croyances voilà ça a questionné beaucoup de choses chez moi ça a été assez intéressant même si on passait quand même la plupart de nos temps à analyser des grosses boîtes plutôt que à remettre en cause le système Mais ça m'a quand même aidée, encore aujourd'hui avec le recul, je me dis que ça m'a apporté une ouverture d'esprit sur une certaine réalité des choses. Et après ça, j'ai travaillé pendant plusieurs années pour un réseau de blogueurs, dans tout ce qui était alimentation un peu alternative, comment se soigner à travers l'alimentation. Ça m'a amenée aussi sur le sujet du plastique, les sujets des polluants. Et en fait, moi c'est à travers ça que je me suis intéressée à ce qui m'anime aujourd'hui profondément, qui est, je sais que ce n'est pas un sujet très sexy, mais la problématique des déchets, que je trouve absolument passionnante. Parce qu'à travers cette problématique-là, pour moi, on couvre toutes les autres problématiques. Que ce soit justement l'alimentation, le côté social, le côté ressources, le côté énergie. Et ça en dit aussi long sur notre façon de ne pas assumer les conséquences de nos actes. Parce que souvent, les déchets, on les met quelque part, on ne s'en soucie plus. Et puis surtout, on ne se soucie pas de tout ce qu'il y a eu avant. Et c'est normal, parce que c'est intangible. je ne dis pas ça pour culpabiliser, je m'inclus là-dedans, c'est en fait quand on ne perçoit pas de façon tangible l'impact de nos actions, c'est très difficile de changer nos comportements. Et comme nous, on exploite des choses qui sont loin de nous, on ne se rend pas trop compte un peu des impacts de notre mode de vie. Même si on le sait, parce qu'on est informé, c'est assez. ça reste quelque chose d'assez intangible. Et pour moi, les déchets illustrent très fort cette problématique-là. Et donc, on avait déjà plus ou moins décidé que le temps aux États-Unis était fini pour nous, parce que déjà, on avait vécu notre expérience. Et puis surtout, je ne sais pas si vous savez comment ça fonctionne aux États-Unis, mais il y a une histoire de score de crédit. pour pouvoir faire partie du système. Donc en gros, si on veut pouvoir louer une maison, même avoir un abonnement téléphonique, il faut pouvoir montrer son score de crédit. Donc ça veut dire qu'il faut prouver qu'on rembourse bien ses crédits. Ce qui, moi, me semble complètement absurde, parce que ça ne veut pas dire que pour moi, je n'avais jamais eu de crédit de ma vie, et je n'en voulais pas avant d'avoir une maison. Et donc je me disais, c'est complètement absurde de devoir prouver qu'on peut rembourser des crédits si on ne peut pas en avoir du tout. Mais non, là-bas ça ne marche pas comme ça, c'est une société qui est basée sur le crédit, donc en fait il faut pouvoir montrer toujours qu'on est des bons payeurs. Et nous on a toujours dit jamais on rentrera là-dedans, donc il y a aussi des limites à vivre comme ça, c'est qu'à un moment c'est difficile de construire une maison, de s'installer si on ne peut pas avoir accès au crédit. Donc tout ça mis ensemble, et puis aussi le fait d'avoir un enfant, de vouloir se rapprocher de la famille, on avait décidé de se réinstaller en Europe, en France en l'occurrence. moi je n'y avais encore jamais habité et puis quelques mois avant on découvre ces maisons donc les Horsships et là gros chamboulement parce que nous on n'avait absolument jamais eu comme projet de vie d'être propriétaire et encore moins de construire une maison donc voilà mais avant de vous raconter la suite je voudrais vous présenter ce que c'est un Horsship pour que ce soit un peu plus clair pour vous donc il y a six grands principes qui définissent cette maison. Le premier, c'est qu'on va utiliser des matériaux recyclés. Comme vous voyez sur les photos, le matériau principal, c'est les pneus. Les pneus en soi n'ont pas d'intérêt, si ce n'est de pouvoir accueillir de la matière. Ça veut dire qu'on va terrasser le terrain, et avec la terre qu'on va enlever, on va remplir les pneus, on va les tasser au maximum. pour créer une masse thermique, parce que quand il n'y a plus d'air, ça crée une masse thermique. Et en fait, c'est ça qui va faire notre chauffage. Et donc, tout le mur de fond de la maison, c'est ce fameux mur de pneus, où derrière, on va avoir un isolant à peu près un mètre derrière, pour pouvoir garder cette chaleur à l'intérieur des pièces, pour en tout cas l'hiver. On va aussi utiliser des bouteilles pour fabriquer des briques, avec des culs de bouteille. Donc il y a un côté à la fois qui va laisser rentrer la lumière et qui va aussi... être esthétique et artistique. Et puis, on va utiliser des canettes pour monter des cloisons. Bon, ça, ça a un petit peu moins d'intérêt, mais il faut se dire que ça a été créé à une époque où le recyclage n'était pas encore mis en place comme aujourd'hui. Et donc, ces déchets-là étaient plutôt brûlés ou enfouis. Ce n'est plus trop le cas en France aujourd'hui, mais dans certains pays du monde où ils construisent ces maisons-là, c'est des déchets qu'on trouve encore dans la rue. Donc, l'idée, c'est de faire avec des déchets. Voilà. Donc, ça, c'est le premier principe. C'est... d'utiliser des matériaux recyclés dans la construction de la maison. Le deuxième, c'est donc... Oh, pardon, je suis allée dans le mauvais sens. Le deuxième, c'est donc qu'on a un système de chauffage et de rafraîchissement complètement naturel et sans aucune énergie externe. Donc à l'avant de la maison, il y a ce fameux mur de pneus à l'arrière et devant on a une serre. Et donc évidemment la serre elle est façade sud, elle va emmagasiner la chaleur et ce fameux mur de pneus va la conserver pendant toute l'année pour pouvoir nous redonner de la chaleur. Parce qu'il n'y a pas du soleil tous les jours, donc il faut bien que ça puisse avoir un petit peu d'inertie. Et évidemment en été c'est l'inverse, on a besoin de rafraîchir et de garder la maison frais. Donc on a un système de puits canadien. Donc il faut imaginer qu'il y a des tuyaux, qui sont à peu près 12 mètres de tuyaux, qui sont enterrés derrière la maison, sous la terre, et qui vont, en fait, vous voyez, il y a des petites trappes là au-dessus de la serre et au-dessus des pièces. Et donc en fait, il y a un système naturel qui fait que l'air chaud monte. Et donc, quand on ouvre les trappes, l'air chaud va s'évacuer et va appeler l'air de l'autre côté des tuyaux. Et l'air, même s'il est chaud, Donc même s'il fait 40 degrés dehors et qu'on est en pleine canicule, le fait de traverser ces tubes qui sont sous la terre, ça va refroidir l'air et l'air qui rentre va être à la température de la terre, c'est-à-dire 14 degrés. Et donc si on laisse des trappes ouvertes et des puits canadiens ouverts, on va avoir de l'air conditionné qui va rentrer 24 sur 24 dans la maison. Et donc ça nous permet toute l'année d'avoir des températures entre 18 et 22 degrés, sans devoir utiliser un autre système. Deuxième principe, le troisième c'est qu'on récolte l'eau de pluie. Donc on a un toit en bac à scier, en pente, et donc quand il pleut, ça récupère l'eau là-dedans, dans des grandes citernes qui sont enterrées derrière la maison. Et ensuite évidemment on va filtrer avec des filtres cette eau pour pouvoir la consommer dans toute la maison et même la boire. Donc on est aussi complètement autonome au niveau de l'eau. On a 19 mètres cubes de réserve, donc ça nous permet... Nous, ça fait 7 ans qu'on habite dans la maison, on a déjà eu 4 sécheresses, donc ça veut dire pas de pluie pendant à peu près 3 mois, et on arrive à peu près à la moitié de nos réserves à la fin de l'été. Donc voilà, on peut dire qu'on peut tenir 5-6 mois normalement sans problème. Donc c'est quand même assez large, en sachant que le quatrième principe, c'est qu'on traite nos eaux usées en interne. Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que quand on utilise... la douche, l'évier, la machine à laver, on a même un lave-vaisselle, donc le lave-vaisselle. Toutes ces Ausha qui sont un petit peu sales, mais qui n'ont pas nos déchets humains dedans, donc c'est juste les eaux grises, en fait elles vont aller dans la serre. Et dans la serre, on a des plantes, on a un système de ce qu'on appelle des cellules botaniques. Donc il faut imaginer que c'est comme des petites mares, où on va mettre des plantes dedans. Et donc nos eaux grises vont aller... de nouveau avec un système juste de pente, vont aller dans ces petites mares et les plantes, avec leurs racines, vont se nourrir des bactéries qu'il y a dans l'eau, vont nettoyer l'eau et en même temps vont pousser. Et nous, en fait, après, on va renvoyer cette Ausha dans les toilettes. Et donc, quand on tire la chasse, c'est de l'eau qui a déjà été utilisée. Donc, ça ne va pas aller prendre sur nos citernes. C'est ça qui nous permet aussi d'avoir... une réserve suffisante d'eau pour plusieurs mois. Le cinquième principe, c'est évidemment qu'on produit de l'électricité. Alors, nous, on est situé en Dordogne, donc on a quand même plutôt un bon ensoleillement. Si on était dans une région un peu moins insoliée, il faudrait peut-être imaginer une éolienne ou quelque chose d'autre, mais nous, avec les panneaux solaires, ça nous suffit. Donc on a évidemment des batteries aussi pour pouvoir conserver l'énergie pour le soir, la nuit et pour les journées sans soleil. Et on a le grand panneau qui est là au milieu, c'est un chauffe-eau solaire, qui va chauffer notre eau, et ça nous permet aussi d'être presque autonome en eau chaude. On a juste besoin d'un petit complément en gaz pour l'hiver parce que... Les journées sont moins longues et le soleil est moins puissant, donc c'est parfois un peu limite. De temps en temps, on a besoin de compléter avec du gaz. Et le dernier principe, c'est qu'on fait pousser de la nourriture dans la maison. Parce que comme on a ce système de traitement des eaux usées, sans même devoir arroser, on a des plantes qui poussent. Et comme on est sous serre, on peut faire pousser des plantes exotiques. On a eu des bananes. On a un deuxième régime qui est en train de pousser en ce moment. On peut avoir des fruits de la passion, on a même des tomates en hiver, des poivrons. Et voilà, ça nous permet, alors c'est pas avec ça qu'on va nourrir toute la famille, mais voilà, ça nous permet d'avoir des petites choses tous les jours. Voilà, et ça c'est quand même un énorme luxe. Voilà pour les six principes du Horseship et qui définissent ce type d'habitat. Et je n'avais pas précisé, mais Earthship en anglais, ça veut dire un vaisseau terrien, si on le traduit mot à mot, parce que ça la forme un petit peu d'un vaisseau. Et c'est vrai que dans le fonctionnement, on peut retrouver un petit peu les fonctionnements d'un bateau, par exemple. Mais c'est relié à la Terre. Je vous montre juste un petit schéma qui reprend un petit peu le fonctionnement. Comme ça, ça vous permet de visualiser un peu mieux. Donc elle est semi-enterrée, pour qu'on puisse justement garder la masse thermique qui est créée ici au niveau des pneus. On a donc les citernes qui sont à l'arrière. Quand il pleut, l'eau est récoltée et va dans les citernes. Quand on l'utilise dans la maison, après ça part dans les plantes, ça revient dans les toilettes. Et quand on tire la chasse, ça va dans une phytoépuration à l'extérieur de la maison. Donc on est aussi à un traitement des eaux noires dans le jardin. Et donc comme ça, après la matière est aussi réétendue sur notre terrain. Donc c'est aussi un moyen de rester autonome là-dessus. Donc on a les puits canadiens qui sont enterrés là sur 12 mètres à l'arrière de la maison. Donc quand on a besoin de fraîcheur, on ouvre les aérations, l'air chaumont, ça fait appel d'air, l'air vient se refroidir ici et garde la maison au frais. Et on a la serre pour amener de la chaleur en hiver. Et donc là on va fermer les aérations pour que la chaleur soit bien redonnée dans les pièces de vie. Et après, on a l'énergie solaire, les batteries et l'éolienne si jamais on a besoin de compléter. Voilà un résumé très rapide des fonctionnements de la maison. Et donc, elle nous permet d'être complètement autonome, donc on n'est pas relié à aucun réseau. Alors, la personne qui a inventé ce concept, c'est un architecte qui s'appelle Michael Reynolds. Donc, c'est un Américain. et il a commencé à expérimenter là-dessus dans les années 70. Donc il commence à y avoir un petit peu de recul là-dessus. Et il est vraiment parti de ce principe qu'il y avait énormément de choses qui étaient brûlées, enfouies, gaspillées, et qui pourraient servir dans la construction de nos maisons. Et en même temps, il s'est basé sur comment fonctionnait la nature pour répondre à nos besoins. Et tout ce que je viens de vous expliquer, c'est assez basique. Ce n'est pas complexe, ça ne demande aucune technologie. C'est vraiment du fonctionnement naturel, mais duquel on s'est complètement éloigné dans la façon dont on construit nos maisons aujourd'hui. Et lui, il a juste essayé de remettre tout ensemble et de se dire comment est-ce qu'on peut maximiser tout ça pour avoir le plus de confort possible avec un minimum d'impact. Donc voilà, et sans aller trop dans le détail, il a fait énormément pour faire bouger les lois. Parce que le problème c'est que les lois aujourd'hui, elles sont... pas faite pour ce type d'habitat donc il faut en tout cas moi c'est ma croyance c'est que pour que les choses bougent il faut d'abord montrer que ça marche donc s'il faut montrer que ça marche faut qu'on puisse le faire donc c'est pas toujours facile de le faire dans le cadre de la loi donc lui au début il expérimentait un peu de son côté et quand on a commencé à lui mettre des bâtons dans les roues il s'est dit bah en fait il n'y a pas le choix il va falloir que j'aille faire en sorte que la loi évolue pour qu'on ait le droit de continuer à faire ça et lui s'est surtout battu pourquoi On est le droit, qu'ils aient le droit d'expérimenter. Parce qu'en fait, pour pouvoir arriver à ce que les choses fonctionnent, il faut d'abord se tromper, il faut rater. Et donc, voilà, il s'est battu pendant plus de dix ans pour qu'on l'autorise à faire ça. Et une fois qu'ils ont eu des autorisations, ils ont eu le droit, sur toute cette vallée, sur la photo que je vous ai montrée au début, à pouvoir construire sans faire de demande de permis. Et donc, ça fait 50 ans qu'il y a des personnes du monde entier qui viennent à Taos ou Nouveau-Mexique pour apprendre et expérimenter encore et toujours des nouvelles techniques autour de ces principes-là. Et aujourd'hui, il existe même une académie pour pouvoir apprendre ces techniques-là à beaucoup de monde. Voilà. Donc revenons-en à notre histoire. Donc nous, on découvre tout ça en novembre 2014. On sort de là avec... En fait... On s'est dit, ok, nous on ne voulait pas être propriétaire, on ne voulait pas construire une maison, par contre, wow, vivre dans un hardship, là, ce n'est pas une maison, c'est un mode de vie, c'est vraiment la philosophie de vie qui nous a parlé, qui nous a donné envie de faire tout ça. Alors on savait qu'il y avait une maison qui existait en Normandie, une maison comme ça, je ne sais pas où exactement, mais voilà, on sait qu'elle n'est pas à vendre, donc on s'est dit, si on veut un hardship, il va falloir qu'on le construise nous-mêmes, sauf qu'on n'est absolument pas constructeur. Et quand je vous dis absolument pas, c'est qu'on n'avait jamais eu une perceuse dans les mains. Vraiment, on ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Et heureusement, parce que je pense que sinon on ne l'aurait pas fait. Mais voilà, on avait en tout cas l'envie de le faire. Et puis, il y a aussi le côté, quand on revient d'une expatriation, c'est bien d'avoir un projet. Parce que si on revient à sa vie d'avant, il y a un côté un peu difficile. C'est bien d'avoir quelque chose qui nous anime, que ce soit un nouveau projet professionnel ou personnel. Donc nous, on est arrivés avec ce rêve de se dire, OK, on va construire un ship. Bon, il faut trois choses. Il faut un terrain, il faut un permis, il faut l'argent. Et il faut attaquer tout en même temps. Parce que l'un ne va pas sans l'autre. Donc c'est vrai que la Dordogne semblait répondre un peu à nos attentes et semblait être une belle terre d'accueil pour ce type de projet. Donc on a commencé à chercher des terrains là-bas, on a trouvé assez rapidement. Ensuite on s'est dit que ça allait être le parcours du combattant pour avoir le permis, parce qu'on construit quand même avec des pneus, on n'est pas relié au réseau. Puis en plus, nous on revenait des Etats-Unis, tout le monde nous dit Ah ben non, en France, l'administration, vous n'y arriverez jamais Sauf que nous, on revient avec notre vision américaine, pas de problème, que des solutions, on va embarquer tout le monde avec notre projet. Donc voilà, on s'est dit en fait, il y a deux manières de voir les choses. Soit c'est vivons heureux, vivons cachés, on fait notre petit truc de notre côté sans trop le dire. Soit on fait tout l'inverse, on en parle et on essaye d'embarquer les gens et on essaye de leur faire dire c'est aussi votre projet. C'est pas juste notre maison en fait, c'est... Voilà, c'est engager un mouvement et c'est essayer de faire parler aussi du territoire. C'est avec cette posture qu'on a été voir tous les acteurs. On commence par aller voir le maire, parce que c'est la première personne qui doit donner la permission avant que le projet continue. Je crois qu'il n'a pas trop compris de quoi on lui parlait. Ce n'est pas grave, il voyait une famille qui s'installait dans le village, il était content. Nous, on lui dit Ah, vous nous signez une petite feuille qu'on peut rajouter dans le dossier ? Oui, avec plaisir ! Bref, ils nous suivaient, peut-être pas pour les bonnes raisons, mais ils nous suivaient. Ensuite, on va avoir l'urbanisme. Donc là, au début, le premier rendez-vous, c'était vraiment, c'est qui ces Américains qui vont nous dire comment construire des maisons ? Donc ils étaient assez froids, et ça ne marchera jamais à cause de la phytoépuration, à cause de ci, il faut être agréé. Donc là, ils nous sortent tous les problèmes. Donc nous, on prend les problèmes un par un, on dit, ok, on va trouver des solutions. Ok, problème numéro un, qu'est-ce qui peut poser problème ? Si, ça, ça. Et au fur et à mesure, dès le deuxième rendez-vous, ils ont complètement changé de posture et ils étaient du coup investis dans le projet. Et au final, ils ont été hyper soutenants et on a eu notre permis en 10 jours parce qu'ils nous avaient tellement entendu parler de nous et ils s'étaient tellement impliqués dans le projet qu'au final, ils le connaissaient déjà. Donc ils l'ont juste validé à la prochaine commission. Donc en fait, le permis, nous, on s'attendait à un véritable combat et au final... En fait, à force d'avoir embarqué tout le monde, ça a été, je ne vais pas dire facile, mais pas trop difficile quand même. Là où ça posait un peu plus de difficultés, c'était sur le prêt, parce que déjà on avait un très mauvais dossier, pas de CDI, on n'avait pas payé d'impôts en France depuis très longtemps, donc en gros on ne rentrait pas dans les cases. Et là pareil, nous on s'est dit oui, mais on va jouer sur l'humain, on va parler du projet, on va expliquer qu'en fait on va vivre différemment, donc peut-être qu'on ne gagne pas ce qu'il faut, mais on dépense moins. Donc en fait ça va marcher. Bon, on s'est pris pas mal de noms jusqu'au jour où on a rencontré une directrice de banque dans une banque classique. Voilà, nous on s'attendait à devoir aller dans une banque alternative et pas du tout, ils ne nous ont pas suivi. Compte dans une banque classique parce qu'elle était maître de ses décisions. Et en fait une fois qu'on a réussi à trouver la personne pour laquelle notre projet résonnait, en fait ça a débloqué les choses. Donc ça c'est... C'est une très belle leçon aussi de se dire que ça se joue souvent à l'humain et à la personne et qu'une fois qu'elle est sensible à quelque chose, elle va trouver des solutions. Elle va nous aider à trouver des solutions. Donc on a dû quand même ajuster, et là je vous fais les choses vraiment très en résumé, c'était quand même un peu plus complexe que ça, parce qu'il a fallu trouver des solutions, notamment au niveau de la garantie décennale, parce que comme on ne travaillait pas avec une entreprise française, on a dû porter nous-mêmes la responsabilité. Donc voilà, il y a quand même eu des risques à prendre. Mais nous, on était prêts à les prendre parce que c'était un peu le prix à payer pour faire avancer les choses. Donc une fois qu'on a eu ces trois éléments-là, on a pu lancer le fameux chantier. Et donc, on a quand même dû faire venir une équipe des États-Unis, ce qui n'est pas très durable pour construire une maison. Donc l'idée, c'était de se dire en fait...

  • Speaker #0

    Ce qu'on veut, c'est que tout ça, ça serve à plus que nous. Donc en fait, on aimerait que ce chantier puisse servir aussi de chantier école. Donc en fait, ce que vous faites aux États-Unis, où les gens du monde entier viennent chez vous pour apprendre ces techniques-là, le fait que vous veniez ici, ça va permettre à des gens de France et d'Europe de venir apprendre ces techniques-là là où ils sont. Et donc, on a eu à peu près 80 étudiants qui sont venus sur le chantier. Donc on était en 2018, mi-juillet, mi-août, ça a duré 24 jours, donc c'est extrêmement court. Et on a eu 20 personnes à peu près du staff d'Hors-Chip BiotechTour et 80 étudiants qui sont venus pendant 24 jours construire la maison. Donc autant vous dire que c'était complètement fou et très très intense. Donc nous pendant plusieurs mois on a dû rassembler tous les matériaux, donc tous les matériaux recyclés, donc 8000 bouteilles, 800 pneus. 3000 canettes, on en a fait des trajets dans les garages, dans les tournées des bars, des boîtes de nuit pour pouvoir récupérer ces matières-là. Et puis il y avait tout le reste des matériaux parce qu'il y a quand même d'autres choses qui sont nécessaires pour construire la maison. Et il fallait que tout ça soit là pour mi-juillet, le 18 juillet, pour le début du chantier parce qu'on a 100 personnes qui débarquent et il faut que ça déroule. Donc voilà, c'était complètement fou. Moi j'ai passé un mois horrible. C'était vraiment que du stress et gérer des problèmes. Et en plus, s'ajoutait à tout ça le timing de mi-juillet, mi-août en France. Bon ben, il y a quand même pas mal d'entreprises fermées. Face aux Américains qui eux ne comprennent pas parce qu'aux Etats-Unis le client est roi. Donc quand on veut acheter un truc, on l'a. Ben ça marche pas comme ça chez nous. En plus, moi je recevais des listes de matériaux en anglais avec des mesures américaines et je devais aller expliquer aux artisans français ce que je recherchais comme matériaux sans même comprendre à quoi ça servait. Donc voilà, ça a été vraiment du stress et énormément de tension parce qu'en fait, on ne peut pas y avoir de problème parce qu'ils sont là 24 jours. Donc si ça n'avance pas, la maison n'est pas terminée au bout des 24 jours. Donc voilà, moi ce n'était pas une très belle expérience, mais pour les gens qui étaient là, je pense que ça a été une expérience très riche. Malheureusement, on est passé un petit peu à côté de l'expérience humaine du chantier, parce qu'on était tellement pris par la logistique. Mais voilà, ça a été vraiment un village dans le village, et ça a été merveilleux de voir la force d'une fourmilière humaine. C'était vraiment ça. En plus, Hors-Chic-Biotech-Tour, ils sont... pas très organisé donc on comprend rien à ce qui se passe mais ça avance donc il n'y a jamais une réunion il n'y a jamais rien mais tout se monte et la maison elle avance donc c'était vraiment assez fou et beau de voir un tel projet prendre vie en plus pour nous quoi c'était vraiment très beau de voir tous ces gens mobilisés pour construire un habitat pour une famille Ensuite, vous voyez, c'est la fin de la première semaine, on avait déjà tout le mur de pneus, la structure de la serre. Après, on a installé les citernes, puis l'intérieur. Et un jour sur deux, ils allaient en classe pour apprendre la théorie. Donc il y avait vraiment cette transmission aussi, puisque l'idée c'est que toutes ces personnes-là, après, puissent aller développer leurs propres projets et faire grandir aussi ce mouvement. et au bout de 24 jours la maison était montée hors d'eau hors d'air avec les systèmes qui fonctionnent donc c'était absolument fou alors évidemment elle n'était pas tout à fait fini parce qu'il y avait quand même des petites finitions à faire il n'y a pas de salle de bain pas de cuisine donc il a quand même fallu après travailler pendant plusieurs mois donc mon compagnon benjamin il est reparti dans son travail d'avant parce qu'il n'est pas très manuel donc lui il s'est pas trop pris au jeu de tout ça. Moi par contre je n'avais pas d'expérience mais je suis assez manuelle et voilà donc j'ai continué à faire les finitions avec un ami artisan qui me disait quoi faire et moi je faisais la petite main et j'ai trouvé beaucoup de plaisir et puis c'est hyper satisfaisant aussi de construire sa maison. Donc on a eu à peu près six mois et après ça on va dire qu'on était bien installé dans la maison et assez confort. Voilà en grand résumé l'aventure de la construction. Donc ça fait à peu près maintenant 7 ans qu'on est dans cette maison. Et donc on vit en totale autonomie, qu'on ne paye pas de facture. Et on a quand même traversé deux grosses crises depuis 7 ans, la crise Covid et la crise de l'énergie. Et c'est vrai que nous, quand on a fait cette maison, on ne pensait pas si vite se dire qu'on allait, entre guillemets, avoir le résultat de notre investissement, si on veut parler un peu en ces termes-là. Mais si je veux parler de façon plus philosophique, quand on a voulu faire ce projet, l'idée c'était... Pour moi, c'était de dire, en fait, j'ai envie de vivre dans le même confort, normalement, mais sans trop faire de mal à la nature. Pour être un peu caricaturale, c'était quand même ce que je pensais. Et aujourd'hui, je ne pourrais plus du tout tenir ce discours-là, parce que pour moi, c'est vraiment vivre autrement. Il faut accepter, en fait, de changer ses habitudes. Il faut sortir de, nous les humains, on impose nos besoins, ou ce qu'on considère être nos besoins et nos envies. à la nature et on l'exploite pour pouvoir répondre à toujours plus, mais c'est de se dire comment, en me fixant des limites, je peux essayer d'y trouver un maximum de confort. Et pour ça, c'est à nous de nous adapter aux ressources, à nous de nous adapter à ce que la nature nous offre. Et en fait, on est complètement déconnectés de ça, et c'est normal. Depuis, voilà, on est déconnectés de nos actions, de nos impacts, d'où viennent les ressources, on le sait. mais on ne réalise pas les tuyaux qu'il y a pour faire amener l'énergie, les gâchis d'énergie qu'il y a partout. Et donc, pour pouvoir vivre dans le confort dans une maison comme ça, il faut s'adapter à ses comportements. Donc, ça veut dire qu'il faut prendre l'énergie quand elle est là. Quand il y a du soleil, on va faire des choses, on va faire tourner la vaisselle au moment où il y a du soleil. On ne va pas le faire la nuit. Quand il pleut, ça va remplir nos citernes. Et en fait, essayer de toujours trouver ce qu'il y a. positif dans ce qui nous est offert à ce moment là et d'ajuster nos besoins avec certains l'outil certains outils notamment le tec pour certaines choses d'avoir des alternatives pour que voilà quand par exemple il ya du soleil on va utiliser la boule à l'électrique quand il y en a pas on va avoir une alternative le tec et c'est de se dire en fait comment est ce que je peux m'adapter à ce qui m'est offert et pas l'inversé voilà et ça c'est Pour moi, c'est hyper gratifiant parce que c'est une forme de liberté. Déjà de ne plus payer de factures, de ne plus nourrir un système qui, moi, en tout cas, me mettait beaucoup dans la culpabilité. Je n'aimais pas ce sentiment-là. Aujourd'hui, je ne le ressens plus. C'est hyper apaisant. Et après, c'est de se dire, en fait, je me reconnecte à mon environnement. Je comprends mieux comment il fonctionne. Moi, aujourd'hui, je suis tellement en lien avec... les saisons la façon dont la nature fonctionne ne fût ce que le trajet du soleil moi je ne faisais pas attention avant aujourd'hui je peux dire à n'importe quel moment de l'année si vous montrez une photo de de la vue de ma maison je peux vous dire à quel moment de l'année on est à quelle heure rien qu'en fonction d'où se trouve le soleil parce que je suis obligé de l'observer je suis obligé de l'observer pour savoir où j'en suis moi dans l'énergie qui m'est donnée et donc en fait tout ça ça me reconnecte vraiment mon environnement et c'est voilà c'est quelque chose qui est hyper nourrissant et hyper apaisant comme mode de vie après moi j'ai j'ai été un peu trop loin parce que c'est devenu comme un jeu l'autonomie pour moi donc j'en suis arrivé à une forme limite d'obsession à me dire mais comment je peux faire encore plus de choses tout seul sans avoir besoin de personne et ça c'est un moment je me suis vraiment questionné je me suis dit ben en fait il faut Ok, je suis bien dans mon petit paradis, ma petite famille est protégée. La crise Covid, pour nous, c'est nous qui avons accueilli des gens confinés de la ville pour que ce soit plus agréable. La crise de l'énergie, on ne l'a pas trop sentie. Mais au final, je pense qu'on est tous au fait de l'épuisement des ressources et des crises qu'on va sans doute devoir affronter dans les années à venir. Nous, tout seuls, dans notre petit monde autonome, on ne va pas aller bien loin. Donc en fait, l'autonomie à l'échelle individuelle ou à l'échelle d'une famille, elle n'a pas de sens. Moi, si j'ai envie de vous partager tout ça aujourd'hui, c'est parce que j'aime bien le remettre à l'échelle de la société et de se dire en fait comment ensemble, on peut essayer de se fixer des limites, mais pas de le voir comme un poids, mais plutôt comme des nouvelles opportunités, de se dire en fait comment on peut vivre autrement et plus en lien avec notre environnement et plus dans le respect de nos... de ce qui nous est offert. Et donc, comment est-ce qu'on peut agrémenter tout ça et pas juste pomper ce dont on a besoin ? Voilà. Et tout ça, ça nous a fait vraiment créer une autre relation à l'habitat. Et d'ailleurs pour la petite anecdote, on avait dit on fait cette maison mais on n'y reste que cinq ans, après on la revend et on repart en voyage. Voilà ça fait sept ans, moi je me vois pas vivre ailleurs donc c'est sûr que ça a complètement changé la vision des choses. Notre fille elle a grandi dans cette maison donc pour elle ces comportements là ils sont presque innés parce qu'en fait nous c'est quand on va chez les autres qu'on lui dit de faire attention. On dit non non ici l'eau elle vient pas de la pluie, attention il faut que tu fasses super attention. Parce qu'elle a l'habitude de pouvoir se permettre de prendre des douches plus longues, de laisser couler l'eau, parce que l'eau pour nous c'est pas trop un problème. Et donc c'est vrai que ça a complètement transformé notre façon de vivre. Et nous quand on n'est pas à la maison, elle nous manque. On la considère souvent, on dit que c'est comme un membre de la famille, parce qu'on est tellement en lien avec son fonctionnement. Elle a aussi besoin de nous, parce qu'en fait si on n'est pas là... elle va pas être bien aérée, il commencera à y avoir de l'humidité. Si on n'est pas là, on ne prend pas de douche, il n'y a pas d'eau qui coule dans les plantes, les plantes vont mourir. Donc en fait, il y a une vraie relation entre l'habitat qui est quasi vivant et nous. Nous, on le considère comme vraiment, oui, il y a un lien d'échange entre la maison et nous. Et là, je vous montre quelques photos un peu de différents moments. On n'a pas souvent de la neige, mais c'est vrai que c'est assez spectaculaire quand on en a. Surtout quand on a du soleil le lendemain et donc pareil on a cette sensation où il fait très très froid dehors et nous on est en tee-shirt pieds nus à l'intérieur c'est assez magique. On montre encore des dernières photos. Et donc aujourd'hui c'est vrai que on a décidé de parler de plus en plus de cette maison, de ce mode de vie. Il y a à peu près une trentaine de maisons aujourd'hui comme ça qui existent en France donc ça s'est bien développé. Ça se fait aussi sans archi-biotech-ture, ce qui est super. Donc il n'y a pas besoin que ces gens-là viennent construire ces maisons. Maintenant, les techniques sont là, il y a des gens qui sont capables d'accompagner. Alors, il n'y a pas une entreprise qui peut construire la maison clé en main. Donc ça reste des gens qui sont OK de faire de l'autoconstruction et tout ça. Mais voilà, on se développe. Il y a de plus en plus d'architectes qui sont capables aujourd'hui de faire des plans de maisons bioclimatiques et qui intègrent en tout cas. Ces choses-là, qui comme je le dis, n'ont pas été réinventées, sont juste logiques et vont dans le bon sens des choses. Donc c'est super beau de voir ces choses-là évoluer, et de voir qu'il y en a de plus en plus, et que c'est accepté en termes légals, que c'est mis en avant dans les médias aujourd'hui. Nous aussi, il y a quelques années, c'était encore vu comme un projet un peu très alternatif, voire extrême, hippie. Et il y a deux ans, on est passé sur le 20h du JT de TF1, et le titre du reportage était La maison du futur Et ça, moi, ça m'a fait tellement plaisir de me dire Waouh, TF1, quand même ! On n'est pas sur un média alternatif, on est vraiment sur du grand public, et eux, maintenant, considèrent ça comme l'habitat du futur. Donc c'est que les choses bougent, c'est qu'on est vraiment conscients de ce qu'il faut, dans quel sens il faut que ça avance. Donc voilà. Nous, on est ravis de voir ces maisons se développer là, on est ravis d'en parler. On ouvre nos portes pour que les gens puissent expérimenter aussi ce mode de vie, parce que comme nous, on l'a vécu, c'est ça qui nous a donné envie d'y aller. C'était le ressenti de ce que c'est de vivre dans cette maison. Et donc aujourd'hui, il y a une part de mes activités qui sont liées au partage autour de tout ça. Et puis, je reste passionnée par la problématique des déchets, qui sont évidemment liées à tout ça aussi, parce qu'on parle de ressources. On parle d'énergie, on parle de faire avec la nature et pas contre. Et donc, voilà, j'ai encore une part de mes activités qui est liée à accompagner à la réduction des déchets. Et puis une autre pour essayer de faire parler de la maison et de ce mode de vie à un maximum de personnes. Et surtout à ceux qui n'en ont jamais entendu parler, j'espère comme vous, de pouvoir ouvrir à quelque chose de nouveau.

  • Speaker #1

    Si ce podcast vous a plu et que vous souhaitez en savoir plus, retrouvez le livre de Pauline Massard et de Benjamin Adler, La maison magique, Earthship, l'habitat autonome du Nouveau Monde, aux éditions Masso. Retrouvons-nous dès le jeudi 13 mars pour un nouvel événement proposé par le Curiosity Club. Pour en savoir plus, rendez-vous sur les pages Instagram du Curiosity Club ou de Paroles de Femmes en Normandie. A très bientôt pour un nouveau talk inspirant.

Description

Lors de ce premier talk, Pauline nous emmène à la découverte de sa maison 100% autonome, un projet inspirant qui repense notre rapport à l'habitat, à l'énergie et à la consommation. Avec passion et conviction, elle partage son parcours, les défis qu'elle a relevés avec son conjoint et ce qui l'a poussée à construire un lieu de vie en harmonie avec ses valeurs et avec l'environnement. Une rencontre passionnante qui donne envie d'agir pour un mode de vie plus durable et responsable.


Enregistrement et montage : Karine Tollemer

Crédit musique : Nostalgia de Johny Grimes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous annoncer une nouvelle collaboration pour le podcast Parole de Femme en Normandie. En partenariat avec le Curiosity Club de Caen, un réseau engagé pour l'égalité femmes-hommes, je vous propose une nouvelle rubrique dédiée au talk du Curiosity Club. Le Curiosity Club de Caen organise régulièrement des soirées inspirantes, mettant en lumière des femmes qui partagent leurs idées, leurs expériences et leurs passions à travers des talks captivants. À partir d'aujourd'hui, vous pourrez découvrir ou redécouvrir ces prises de parole puissantes directement sur le podcast. Des récits qui célèbrent le courage, la créativité et la singularité des femmes. à écouter et partager sans modération. Pour inaugurer cette nouvelle rubrique de Paroles de Femmes en Normandie, en partenariat avec le Curiosity Club de Caen, j'ai le plaisir de vous présenter Pauline Massard, une femme visionnaire et engagée. Lors de ce premier talk, Pauline nous emmène à la découverte de sa maison 100% autonome, un projet inspirant qui repense notre rapport à l'habitat, à l'énergie et à la consommation. Avec passion et conviction, elle partage son parcours, les défis qu'elle a relevés avec son conjoint et ce qui l'a poussé à construire un lieu de vie en harmonie avec ses valeurs et avec l'environnement. Une rencontre passionnante qui donne envie d'agir pour un mode de vie plus durable et responsable.

  • Speaker #1

    Bonsoir à toutes, merci beaucoup d'être là, ça me touche beaucoup de vous voir intéressée par le sujet et par mon parcours. Donc moi je viens aujourd'hui pour vous parler principalement de ma maison. C'est la maison magique comme l'appelle ma fille Noéa qui a 10 ans aujourd'hui. Et avant de rentrer un peu dans le vif du sujet, je voudrais revenir sur le moment clé qui a fait qu'on s'est lancé dans cette aventure. qui a eu lieu il y a dix ans maintenant. Donc c'était un soir de novembre, c'était aux Etats-Unis, parce qu'à ce moment-là on habitait là-bas avec mon compagnon et ma fille qui avaient quelques mois. Et en fait j'avais une amie qui travaillait pour Hershey Biotech. Et Hershey Biotech c'est à la fois une entreprise et une ONG. Je ne rentrerai peut-être pas dans le détail maintenant, mais on peut en parler plus tard. Et en fait, voilà, c'est des gens qui, un peu fous, un peu anarchiste, qui expérimentent et construisent plein de choses, avec plein de matières, mais toujours avec l'idée de répondre à la fois aux besoins des êtres humains, besoins primaires et même un petit peu secondaires, en regardant ce que fait la nature, et comment elle fonctionne, et en s'inspirant de ça pour pouvoir répondre à nos besoins. Ce qui devrait être la logique des choses, mais voilà. Notre monde n'évolue pas tout à fait dans ce sens-là. Mais à la base, on a tout ce qu'il faut dans la nature pour répondre à nos besoins. Et donc, on est au mois de novembre en 2014. Et on part à Taos, au Nouveau-Mexique. Alors, je ne sais pas si vous connaissez la série Breaking Bad. Ça parle à certaines. Donc, c'est pour vous remettre un peu le paysage désertique. On part là-bas. On est donc au mois de novembre. Il fait très froid. Il neige dehors et on passe une semaine à découvrir ces maisons. C'était un paysage un peu lunaire avec, là je peux vous montrer une photo, vous imaginez un peu une grande vallée entourée de montagnes avec un paysage un peu lunaire et toutes ces maisons de toutes les formes qui sont en totale autonomie. Et on se retrouve un soir, il fait moins 7 dehors, il neige, et on est en t-shirt à l'intérieur et on n'a pas froid et on nous dit il n'y a pas de chauffage. et on prend une douche et c'est de l'eau de pluie et voilà et on est relié à aucun réseau et on est dans le confort total voire même un peu au delà quoi et donc même si on me l'avait déjà expliqué et même si je le savais le fait de l'avoir vraiment ressenti dans le corps et d'être dans le dans dans dans tout notre tous nos sens étaient connectés en fait à cette information et de se dire en fait c'est vraiment possible de vivre en dehors de tous les réseaux et d'être en totale adéquation avec les ressources et la nature. Et vraiment, ce moment, il nous a marqués profondément, parce qu'à ce moment-là de notre vie, il n'y avait absolument rien qui nous destinait à... vivre dans une maison comme ça et encore moins de la construire. Parce que moi je viens d'un monde plutôt urbain, j'ai grandi, je suis née, j'ai grandi à Bruxelles en Belgique. Donc jusqu'à mes 18 ans je n'avais pas quitté la Belgique. Alors j'ai toujours eu des petites envies de voyages et d'aller voir un peu ailleurs. Donc mon rêve c'était d'aller vivre en Australie, de vivre près de l'océan, tout ça. Comme j'avais des parents, on va dire classe moyenne, socialement, ils étaient fonctionnaires, ils n'avaient pas spécialement les moyens de m'envoyer faire des études à l'étranger, mais j'ai réussi à trouver une solution à travers le Rotary pour faire un échange d'étudiants, et donc j'ai fait un an en Australie. Ensuite, je suis rentrée faire mes études, parce qu'il fallait quand même avoir un diplôme. Moi j'étais plutôt bonne en tout, mais excellente en rien, donc il n'y avait pas un métier ou une... des études qui m'intéressaient plus que d'autres. Donc j'ai fait des études de commerce internationales pour quand même avoir le côté langue et pouvoir voyager. C'était toujours ça qui m'animait à ce moment-là. Et une fois que j'avais fini, je suis repartie en Australie pendant un an parce que c'était vraiment un pays que j'aimais beaucoup. Et puis, au bout d'un an, c'est sympa de profiter, mais on a quand même envie de donner un peu plus de sens à son travail. Je me dis, allez, je vais rentrer, je vais reprendre un boulot un peu normal et je vais m'investir dans ma carrière. Je suis rentrée en Belgique, j'ai trouvé assez rapidement un travail dans le monde des montres, qui n'était pas un objet qui m'intéressait particulièrement, mais moi je m'intéresse à tout. Je me suis intéressée à ça, j'avais une super équipe, je voyageais, c'était sympa. Mais assez vite, il y avait la question du sens qui venait me titiller entre... On faisait des montres suisses, soi-disant, depuis une entreprise belge. Donc déjà, ça vous fait dire le non-alignement. Et donc, on faisait quand même fabriquer des montres chinoises, qu'on assemblait en Suisse pour pouvoir dire que c'était Suisse, et qu'on revendait dix fois le prix en France, en Belgique. Donc déjà ça, moi, ça me questionnait beaucoup, de me dire en fait, notre produit, on le vend 400 euros, alors qu'il vaut 20 euros à la production. Donc en fait on vend quoi ? Qu'est-ce qui vaut ce prix-là ? Et puis il y avait tout un... Déjà à ce moment-là, même si je n'étais pas très engagée en termes écologiques et tout ça, il y avait quand même des questionnements en termes de ressources, d'énergie et de sens. En fait, qu'est-ce qu'on met derrière cette valeur d'une montre de 400 euros qui en fait est fabriquée en Chine pour 20 euros ? En fait, on vend quoi ? Puis derrière, il faut une belle boîte, il faut ci, il faut ça, mais les gens ne font rien avec cette boîte. Donc en fait c'est... Tout ça, c'est du vent, quoi, pour moi. Et un jour, je me souviens d'une scène où, en fait, on avait commandé ces fameuses boîtes et on s'était trompé de logo. Et donc, on a reçu cinq palettes remplies de cartons, de boîtes, qu'on a littéralement jetées. Et je me souviens du malaise que ça a créé en moi et de me dire, mais c'est vraiment pas possible, déjà, de le faire pour une montre qu'on vend, je trouvais ça un peu limite, mais alors en plus, quand on le jette pour une petite erreur de logo... ça perdait vraiment tout son sens et voilà donc ces petites choses déjà m'a alerté un petit peu sur sur une forme de non sens mais voilà j'étais encore loin de m'engager dans un projet comme celui là et en même temps au moment où je prends ce poste en belgique je rencontre mon compagnon qui lui est un peu plus âgé que moi il est journaliste il fait un peu ce qu'il veut quand il veut et il est très libre dans ses horaires et tout ça et c'est vrai que cette liberté un peu titillée, je me suis dit en fait on peut peut-être encore continuer un petit moment à faire ce qu'on veut et à profiter de la vie et donc très vite on a eu un projet d'aller s'installer aux Etats-Unis qui était vraiment basé sur une envie personnelle de vivre près de l'océan et d'expérimenter un peu la vie aux Etats-Unis, la Californie en plus voilà. Donc on est parti s'installer là-bas. Moi j'ai repris un an d'études en développement durable là-bas parce que pour des raisons de visa il fallait que... je refasse des études donc je me suis dit tant qu'à faire autant faire un sujet qui m'intéresse aujourd'hui donc c'est vrai que c'était très particulier de traiter ce sujet là avec la vision américaine parce qu'on est quand même dans des modèles de société assez différents et donc ça m'a appris beaucoup de choses ça a confronté beaucoup de croyances voilà ça a questionné beaucoup de choses chez moi ça a été assez intéressant même si on passait quand même la plupart de nos temps à analyser des grosses boîtes plutôt que à remettre en cause le système Mais ça m'a quand même aidée, encore aujourd'hui avec le recul, je me dis que ça m'a apporté une ouverture d'esprit sur une certaine réalité des choses. Et après ça, j'ai travaillé pendant plusieurs années pour un réseau de blogueurs, dans tout ce qui était alimentation un peu alternative, comment se soigner à travers l'alimentation. Ça m'a amenée aussi sur le sujet du plastique, les sujets des polluants. Et en fait, moi c'est à travers ça que je me suis intéressée à ce qui m'anime aujourd'hui profondément, qui est, je sais que ce n'est pas un sujet très sexy, mais la problématique des déchets, que je trouve absolument passionnante. Parce qu'à travers cette problématique-là, pour moi, on couvre toutes les autres problématiques. Que ce soit justement l'alimentation, le côté social, le côté ressources, le côté énergie. Et ça en dit aussi long sur notre façon de ne pas assumer les conséquences de nos actes. Parce que souvent, les déchets, on les met quelque part, on ne s'en soucie plus. Et puis surtout, on ne se soucie pas de tout ce qu'il y a eu avant. Et c'est normal, parce que c'est intangible. je ne dis pas ça pour culpabiliser, je m'inclus là-dedans, c'est en fait quand on ne perçoit pas de façon tangible l'impact de nos actions, c'est très difficile de changer nos comportements. Et comme nous, on exploite des choses qui sont loin de nous, on ne se rend pas trop compte un peu des impacts de notre mode de vie. Même si on le sait, parce qu'on est informé, c'est assez. ça reste quelque chose d'assez intangible. Et pour moi, les déchets illustrent très fort cette problématique-là. Et donc, on avait déjà plus ou moins décidé que le temps aux États-Unis était fini pour nous, parce que déjà, on avait vécu notre expérience. Et puis surtout, je ne sais pas si vous savez comment ça fonctionne aux États-Unis, mais il y a une histoire de score de crédit. pour pouvoir faire partie du système. Donc en gros, si on veut pouvoir louer une maison, même avoir un abonnement téléphonique, il faut pouvoir montrer son score de crédit. Donc ça veut dire qu'il faut prouver qu'on rembourse bien ses crédits. Ce qui, moi, me semble complètement absurde, parce que ça ne veut pas dire que pour moi, je n'avais jamais eu de crédit de ma vie, et je n'en voulais pas avant d'avoir une maison. Et donc je me disais, c'est complètement absurde de devoir prouver qu'on peut rembourser des crédits si on ne peut pas en avoir du tout. Mais non, là-bas ça ne marche pas comme ça, c'est une société qui est basée sur le crédit, donc en fait il faut pouvoir montrer toujours qu'on est des bons payeurs. Et nous on a toujours dit jamais on rentrera là-dedans, donc il y a aussi des limites à vivre comme ça, c'est qu'à un moment c'est difficile de construire une maison, de s'installer si on ne peut pas avoir accès au crédit. Donc tout ça mis ensemble, et puis aussi le fait d'avoir un enfant, de vouloir se rapprocher de la famille, on avait décidé de se réinstaller en Europe, en France en l'occurrence. moi je n'y avais encore jamais habité et puis quelques mois avant on découvre ces maisons donc les Horsships et là gros chamboulement parce que nous on n'avait absolument jamais eu comme projet de vie d'être propriétaire et encore moins de construire une maison donc voilà mais avant de vous raconter la suite je voudrais vous présenter ce que c'est un Horsship pour que ce soit un peu plus clair pour vous donc il y a six grands principes qui définissent cette maison. Le premier, c'est qu'on va utiliser des matériaux recyclés. Comme vous voyez sur les photos, le matériau principal, c'est les pneus. Les pneus en soi n'ont pas d'intérêt, si ce n'est de pouvoir accueillir de la matière. Ça veut dire qu'on va terrasser le terrain, et avec la terre qu'on va enlever, on va remplir les pneus, on va les tasser au maximum. pour créer une masse thermique, parce que quand il n'y a plus d'air, ça crée une masse thermique. Et en fait, c'est ça qui va faire notre chauffage. Et donc, tout le mur de fond de la maison, c'est ce fameux mur de pneus, où derrière, on va avoir un isolant à peu près un mètre derrière, pour pouvoir garder cette chaleur à l'intérieur des pièces, pour en tout cas l'hiver. On va aussi utiliser des bouteilles pour fabriquer des briques, avec des culs de bouteille. Donc il y a un côté à la fois qui va laisser rentrer la lumière et qui va aussi... être esthétique et artistique. Et puis, on va utiliser des canettes pour monter des cloisons. Bon, ça, ça a un petit peu moins d'intérêt, mais il faut se dire que ça a été créé à une époque où le recyclage n'était pas encore mis en place comme aujourd'hui. Et donc, ces déchets-là étaient plutôt brûlés ou enfouis. Ce n'est plus trop le cas en France aujourd'hui, mais dans certains pays du monde où ils construisent ces maisons-là, c'est des déchets qu'on trouve encore dans la rue. Donc, l'idée, c'est de faire avec des déchets. Voilà. Donc, ça, c'est le premier principe. C'est... d'utiliser des matériaux recyclés dans la construction de la maison. Le deuxième, c'est donc... Oh, pardon, je suis allée dans le mauvais sens. Le deuxième, c'est donc qu'on a un système de chauffage et de rafraîchissement complètement naturel et sans aucune énergie externe. Donc à l'avant de la maison, il y a ce fameux mur de pneus à l'arrière et devant on a une serre. Et donc évidemment la serre elle est façade sud, elle va emmagasiner la chaleur et ce fameux mur de pneus va la conserver pendant toute l'année pour pouvoir nous redonner de la chaleur. Parce qu'il n'y a pas du soleil tous les jours, donc il faut bien que ça puisse avoir un petit peu d'inertie. Et évidemment en été c'est l'inverse, on a besoin de rafraîchir et de garder la maison frais. Donc on a un système de puits canadien. Donc il faut imaginer qu'il y a des tuyaux, qui sont à peu près 12 mètres de tuyaux, qui sont enterrés derrière la maison, sous la terre, et qui vont, en fait, vous voyez, il y a des petites trappes là au-dessus de la serre et au-dessus des pièces. Et donc en fait, il y a un système naturel qui fait que l'air chaud monte. Et donc, quand on ouvre les trappes, l'air chaud va s'évacuer et va appeler l'air de l'autre côté des tuyaux. Et l'air, même s'il est chaud, Donc même s'il fait 40 degrés dehors et qu'on est en pleine canicule, le fait de traverser ces tubes qui sont sous la terre, ça va refroidir l'air et l'air qui rentre va être à la température de la terre, c'est-à-dire 14 degrés. Et donc si on laisse des trappes ouvertes et des puits canadiens ouverts, on va avoir de l'air conditionné qui va rentrer 24 sur 24 dans la maison. Et donc ça nous permet toute l'année d'avoir des températures entre 18 et 22 degrés, sans devoir utiliser un autre système. Deuxième principe, le troisième c'est qu'on récolte l'eau de pluie. Donc on a un toit en bac à scier, en pente, et donc quand il pleut, ça récupère l'eau là-dedans, dans des grandes citernes qui sont enterrées derrière la maison. Et ensuite évidemment on va filtrer avec des filtres cette eau pour pouvoir la consommer dans toute la maison et même la boire. Donc on est aussi complètement autonome au niveau de l'eau. On a 19 mètres cubes de réserve, donc ça nous permet... Nous, ça fait 7 ans qu'on habite dans la maison, on a déjà eu 4 sécheresses, donc ça veut dire pas de pluie pendant à peu près 3 mois, et on arrive à peu près à la moitié de nos réserves à la fin de l'été. Donc voilà, on peut dire qu'on peut tenir 5-6 mois normalement sans problème. Donc c'est quand même assez large, en sachant que le quatrième principe, c'est qu'on traite nos eaux usées en interne. Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que quand on utilise... la douche, l'évier, la machine à laver, on a même un lave-vaisselle, donc le lave-vaisselle. Toutes ces Ausha qui sont un petit peu sales, mais qui n'ont pas nos déchets humains dedans, donc c'est juste les eaux grises, en fait elles vont aller dans la serre. Et dans la serre, on a des plantes, on a un système de ce qu'on appelle des cellules botaniques. Donc il faut imaginer que c'est comme des petites mares, où on va mettre des plantes dedans. Et donc nos eaux grises vont aller... de nouveau avec un système juste de pente, vont aller dans ces petites mares et les plantes, avec leurs racines, vont se nourrir des bactéries qu'il y a dans l'eau, vont nettoyer l'eau et en même temps vont pousser. Et nous, en fait, après, on va renvoyer cette Ausha dans les toilettes. Et donc, quand on tire la chasse, c'est de l'eau qui a déjà été utilisée. Donc, ça ne va pas aller prendre sur nos citernes. C'est ça qui nous permet aussi d'avoir... une réserve suffisante d'eau pour plusieurs mois. Le cinquième principe, c'est évidemment qu'on produit de l'électricité. Alors, nous, on est situé en Dordogne, donc on a quand même plutôt un bon ensoleillement. Si on était dans une région un peu moins insoliée, il faudrait peut-être imaginer une éolienne ou quelque chose d'autre, mais nous, avec les panneaux solaires, ça nous suffit. Donc on a évidemment des batteries aussi pour pouvoir conserver l'énergie pour le soir, la nuit et pour les journées sans soleil. Et on a le grand panneau qui est là au milieu, c'est un chauffe-eau solaire, qui va chauffer notre eau, et ça nous permet aussi d'être presque autonome en eau chaude. On a juste besoin d'un petit complément en gaz pour l'hiver parce que... Les journées sont moins longues et le soleil est moins puissant, donc c'est parfois un peu limite. De temps en temps, on a besoin de compléter avec du gaz. Et le dernier principe, c'est qu'on fait pousser de la nourriture dans la maison. Parce que comme on a ce système de traitement des eaux usées, sans même devoir arroser, on a des plantes qui poussent. Et comme on est sous serre, on peut faire pousser des plantes exotiques. On a eu des bananes. On a un deuxième régime qui est en train de pousser en ce moment. On peut avoir des fruits de la passion, on a même des tomates en hiver, des poivrons. Et voilà, ça nous permet, alors c'est pas avec ça qu'on va nourrir toute la famille, mais voilà, ça nous permet d'avoir des petites choses tous les jours. Voilà, et ça c'est quand même un énorme luxe. Voilà pour les six principes du Horseship et qui définissent ce type d'habitat. Et je n'avais pas précisé, mais Earthship en anglais, ça veut dire un vaisseau terrien, si on le traduit mot à mot, parce que ça la forme un petit peu d'un vaisseau. Et c'est vrai que dans le fonctionnement, on peut retrouver un petit peu les fonctionnements d'un bateau, par exemple. Mais c'est relié à la Terre. Je vous montre juste un petit schéma qui reprend un petit peu le fonctionnement. Comme ça, ça vous permet de visualiser un peu mieux. Donc elle est semi-enterrée, pour qu'on puisse justement garder la masse thermique qui est créée ici au niveau des pneus. On a donc les citernes qui sont à l'arrière. Quand il pleut, l'eau est récoltée et va dans les citernes. Quand on l'utilise dans la maison, après ça part dans les plantes, ça revient dans les toilettes. Et quand on tire la chasse, ça va dans une phytoépuration à l'extérieur de la maison. Donc on est aussi à un traitement des eaux noires dans le jardin. Et donc comme ça, après la matière est aussi réétendue sur notre terrain. Donc c'est aussi un moyen de rester autonome là-dessus. Donc on a les puits canadiens qui sont enterrés là sur 12 mètres à l'arrière de la maison. Donc quand on a besoin de fraîcheur, on ouvre les aérations, l'air chaumont, ça fait appel d'air, l'air vient se refroidir ici et garde la maison au frais. Et on a la serre pour amener de la chaleur en hiver. Et donc là on va fermer les aérations pour que la chaleur soit bien redonnée dans les pièces de vie. Et après, on a l'énergie solaire, les batteries et l'éolienne si jamais on a besoin de compléter. Voilà un résumé très rapide des fonctionnements de la maison. Et donc, elle nous permet d'être complètement autonome, donc on n'est pas relié à aucun réseau. Alors, la personne qui a inventé ce concept, c'est un architecte qui s'appelle Michael Reynolds. Donc, c'est un Américain. et il a commencé à expérimenter là-dessus dans les années 70. Donc il commence à y avoir un petit peu de recul là-dessus. Et il est vraiment parti de ce principe qu'il y avait énormément de choses qui étaient brûlées, enfouies, gaspillées, et qui pourraient servir dans la construction de nos maisons. Et en même temps, il s'est basé sur comment fonctionnait la nature pour répondre à nos besoins. Et tout ce que je viens de vous expliquer, c'est assez basique. Ce n'est pas complexe, ça ne demande aucune technologie. C'est vraiment du fonctionnement naturel, mais duquel on s'est complètement éloigné dans la façon dont on construit nos maisons aujourd'hui. Et lui, il a juste essayé de remettre tout ensemble et de se dire comment est-ce qu'on peut maximiser tout ça pour avoir le plus de confort possible avec un minimum d'impact. Donc voilà, et sans aller trop dans le détail, il a fait énormément pour faire bouger les lois. Parce que le problème c'est que les lois aujourd'hui, elles sont... pas faite pour ce type d'habitat donc il faut en tout cas moi c'est ma croyance c'est que pour que les choses bougent il faut d'abord montrer que ça marche donc s'il faut montrer que ça marche faut qu'on puisse le faire donc c'est pas toujours facile de le faire dans le cadre de la loi donc lui au début il expérimentait un peu de son côté et quand on a commencé à lui mettre des bâtons dans les roues il s'est dit bah en fait il n'y a pas le choix il va falloir que j'aille faire en sorte que la loi évolue pour qu'on ait le droit de continuer à faire ça et lui s'est surtout battu pourquoi On est le droit, qu'ils aient le droit d'expérimenter. Parce qu'en fait, pour pouvoir arriver à ce que les choses fonctionnent, il faut d'abord se tromper, il faut rater. Et donc, voilà, il s'est battu pendant plus de dix ans pour qu'on l'autorise à faire ça. Et une fois qu'ils ont eu des autorisations, ils ont eu le droit, sur toute cette vallée, sur la photo que je vous ai montrée au début, à pouvoir construire sans faire de demande de permis. Et donc, ça fait 50 ans qu'il y a des personnes du monde entier qui viennent à Taos ou Nouveau-Mexique pour apprendre et expérimenter encore et toujours des nouvelles techniques autour de ces principes-là. Et aujourd'hui, il existe même une académie pour pouvoir apprendre ces techniques-là à beaucoup de monde. Voilà. Donc revenons-en à notre histoire. Donc nous, on découvre tout ça en novembre 2014. On sort de là avec... En fait... On s'est dit, ok, nous on ne voulait pas être propriétaire, on ne voulait pas construire une maison, par contre, wow, vivre dans un hardship, là, ce n'est pas une maison, c'est un mode de vie, c'est vraiment la philosophie de vie qui nous a parlé, qui nous a donné envie de faire tout ça. Alors on savait qu'il y avait une maison qui existait en Normandie, une maison comme ça, je ne sais pas où exactement, mais voilà, on sait qu'elle n'est pas à vendre, donc on s'est dit, si on veut un hardship, il va falloir qu'on le construise nous-mêmes, sauf qu'on n'est absolument pas constructeur. Et quand je vous dis absolument pas, c'est qu'on n'avait jamais eu une perceuse dans les mains. Vraiment, on ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Et heureusement, parce que je pense que sinon on ne l'aurait pas fait. Mais voilà, on avait en tout cas l'envie de le faire. Et puis, il y a aussi le côté, quand on revient d'une expatriation, c'est bien d'avoir un projet. Parce que si on revient à sa vie d'avant, il y a un côté un peu difficile. C'est bien d'avoir quelque chose qui nous anime, que ce soit un nouveau projet professionnel ou personnel. Donc nous, on est arrivés avec ce rêve de se dire, OK, on va construire un ship. Bon, il faut trois choses. Il faut un terrain, il faut un permis, il faut l'argent. Et il faut attaquer tout en même temps. Parce que l'un ne va pas sans l'autre. Donc c'est vrai que la Dordogne semblait répondre un peu à nos attentes et semblait être une belle terre d'accueil pour ce type de projet. Donc on a commencé à chercher des terrains là-bas, on a trouvé assez rapidement. Ensuite on s'est dit que ça allait être le parcours du combattant pour avoir le permis, parce qu'on construit quand même avec des pneus, on n'est pas relié au réseau. Puis en plus, nous on revenait des Etats-Unis, tout le monde nous dit Ah ben non, en France, l'administration, vous n'y arriverez jamais Sauf que nous, on revient avec notre vision américaine, pas de problème, que des solutions, on va embarquer tout le monde avec notre projet. Donc voilà, on s'est dit en fait, il y a deux manières de voir les choses. Soit c'est vivons heureux, vivons cachés, on fait notre petit truc de notre côté sans trop le dire. Soit on fait tout l'inverse, on en parle et on essaye d'embarquer les gens et on essaye de leur faire dire c'est aussi votre projet. C'est pas juste notre maison en fait, c'est... Voilà, c'est engager un mouvement et c'est essayer de faire parler aussi du territoire. C'est avec cette posture qu'on a été voir tous les acteurs. On commence par aller voir le maire, parce que c'est la première personne qui doit donner la permission avant que le projet continue. Je crois qu'il n'a pas trop compris de quoi on lui parlait. Ce n'est pas grave, il voyait une famille qui s'installait dans le village, il était content. Nous, on lui dit Ah, vous nous signez une petite feuille qu'on peut rajouter dans le dossier ? Oui, avec plaisir ! Bref, ils nous suivaient, peut-être pas pour les bonnes raisons, mais ils nous suivaient. Ensuite, on va avoir l'urbanisme. Donc là, au début, le premier rendez-vous, c'était vraiment, c'est qui ces Américains qui vont nous dire comment construire des maisons ? Donc ils étaient assez froids, et ça ne marchera jamais à cause de la phytoépuration, à cause de ci, il faut être agréé. Donc là, ils nous sortent tous les problèmes. Donc nous, on prend les problèmes un par un, on dit, ok, on va trouver des solutions. Ok, problème numéro un, qu'est-ce qui peut poser problème ? Si, ça, ça. Et au fur et à mesure, dès le deuxième rendez-vous, ils ont complètement changé de posture et ils étaient du coup investis dans le projet. Et au final, ils ont été hyper soutenants et on a eu notre permis en 10 jours parce qu'ils nous avaient tellement entendu parler de nous et ils s'étaient tellement impliqués dans le projet qu'au final, ils le connaissaient déjà. Donc ils l'ont juste validé à la prochaine commission. Donc en fait, le permis, nous, on s'attendait à un véritable combat et au final... En fait, à force d'avoir embarqué tout le monde, ça a été, je ne vais pas dire facile, mais pas trop difficile quand même. Là où ça posait un peu plus de difficultés, c'était sur le prêt, parce que déjà on avait un très mauvais dossier, pas de CDI, on n'avait pas payé d'impôts en France depuis très longtemps, donc en gros on ne rentrait pas dans les cases. Et là pareil, nous on s'est dit oui, mais on va jouer sur l'humain, on va parler du projet, on va expliquer qu'en fait on va vivre différemment, donc peut-être qu'on ne gagne pas ce qu'il faut, mais on dépense moins. Donc en fait ça va marcher. Bon, on s'est pris pas mal de noms jusqu'au jour où on a rencontré une directrice de banque dans une banque classique. Voilà, nous on s'attendait à devoir aller dans une banque alternative et pas du tout, ils ne nous ont pas suivi. Compte dans une banque classique parce qu'elle était maître de ses décisions. Et en fait une fois qu'on a réussi à trouver la personne pour laquelle notre projet résonnait, en fait ça a débloqué les choses. Donc ça c'est... C'est une très belle leçon aussi de se dire que ça se joue souvent à l'humain et à la personne et qu'une fois qu'elle est sensible à quelque chose, elle va trouver des solutions. Elle va nous aider à trouver des solutions. Donc on a dû quand même ajuster, et là je vous fais les choses vraiment très en résumé, c'était quand même un peu plus complexe que ça, parce qu'il a fallu trouver des solutions, notamment au niveau de la garantie décennale, parce que comme on ne travaillait pas avec une entreprise française, on a dû porter nous-mêmes la responsabilité. Donc voilà, il y a quand même eu des risques à prendre. Mais nous, on était prêts à les prendre parce que c'était un peu le prix à payer pour faire avancer les choses. Donc une fois qu'on a eu ces trois éléments-là, on a pu lancer le fameux chantier. Et donc, on a quand même dû faire venir une équipe des États-Unis, ce qui n'est pas très durable pour construire une maison. Donc l'idée, c'était de se dire en fait...

  • Speaker #0

    Ce qu'on veut, c'est que tout ça, ça serve à plus que nous. Donc en fait, on aimerait que ce chantier puisse servir aussi de chantier école. Donc en fait, ce que vous faites aux États-Unis, où les gens du monde entier viennent chez vous pour apprendre ces techniques-là, le fait que vous veniez ici, ça va permettre à des gens de France et d'Europe de venir apprendre ces techniques-là là où ils sont. Et donc, on a eu à peu près 80 étudiants qui sont venus sur le chantier. Donc on était en 2018, mi-juillet, mi-août, ça a duré 24 jours, donc c'est extrêmement court. Et on a eu 20 personnes à peu près du staff d'Hors-Chip BiotechTour et 80 étudiants qui sont venus pendant 24 jours construire la maison. Donc autant vous dire que c'était complètement fou et très très intense. Donc nous pendant plusieurs mois on a dû rassembler tous les matériaux, donc tous les matériaux recyclés, donc 8000 bouteilles, 800 pneus. 3000 canettes, on en a fait des trajets dans les garages, dans les tournées des bars, des boîtes de nuit pour pouvoir récupérer ces matières-là. Et puis il y avait tout le reste des matériaux parce qu'il y a quand même d'autres choses qui sont nécessaires pour construire la maison. Et il fallait que tout ça soit là pour mi-juillet, le 18 juillet, pour le début du chantier parce qu'on a 100 personnes qui débarquent et il faut que ça déroule. Donc voilà, c'était complètement fou. Moi j'ai passé un mois horrible. C'était vraiment que du stress et gérer des problèmes. Et en plus, s'ajoutait à tout ça le timing de mi-juillet, mi-août en France. Bon ben, il y a quand même pas mal d'entreprises fermées. Face aux Américains qui eux ne comprennent pas parce qu'aux Etats-Unis le client est roi. Donc quand on veut acheter un truc, on l'a. Ben ça marche pas comme ça chez nous. En plus, moi je recevais des listes de matériaux en anglais avec des mesures américaines et je devais aller expliquer aux artisans français ce que je recherchais comme matériaux sans même comprendre à quoi ça servait. Donc voilà, ça a été vraiment du stress et énormément de tension parce qu'en fait, on ne peut pas y avoir de problème parce qu'ils sont là 24 jours. Donc si ça n'avance pas, la maison n'est pas terminée au bout des 24 jours. Donc voilà, moi ce n'était pas une très belle expérience, mais pour les gens qui étaient là, je pense que ça a été une expérience très riche. Malheureusement, on est passé un petit peu à côté de l'expérience humaine du chantier, parce qu'on était tellement pris par la logistique. Mais voilà, ça a été vraiment un village dans le village, et ça a été merveilleux de voir la force d'une fourmilière humaine. C'était vraiment ça. En plus, Hors-Chic-Biotech-Tour, ils sont... pas très organisé donc on comprend rien à ce qui se passe mais ça avance donc il n'y a jamais une réunion il n'y a jamais rien mais tout se monte et la maison elle avance donc c'était vraiment assez fou et beau de voir un tel projet prendre vie en plus pour nous quoi c'était vraiment très beau de voir tous ces gens mobilisés pour construire un habitat pour une famille Ensuite, vous voyez, c'est la fin de la première semaine, on avait déjà tout le mur de pneus, la structure de la serre. Après, on a installé les citernes, puis l'intérieur. Et un jour sur deux, ils allaient en classe pour apprendre la théorie. Donc il y avait vraiment cette transmission aussi, puisque l'idée c'est que toutes ces personnes-là, après, puissent aller développer leurs propres projets et faire grandir aussi ce mouvement. et au bout de 24 jours la maison était montée hors d'eau hors d'air avec les systèmes qui fonctionnent donc c'était absolument fou alors évidemment elle n'était pas tout à fait fini parce qu'il y avait quand même des petites finitions à faire il n'y a pas de salle de bain pas de cuisine donc il a quand même fallu après travailler pendant plusieurs mois donc mon compagnon benjamin il est reparti dans son travail d'avant parce qu'il n'est pas très manuel donc lui il s'est pas trop pris au jeu de tout ça. Moi par contre je n'avais pas d'expérience mais je suis assez manuelle et voilà donc j'ai continué à faire les finitions avec un ami artisan qui me disait quoi faire et moi je faisais la petite main et j'ai trouvé beaucoup de plaisir et puis c'est hyper satisfaisant aussi de construire sa maison. Donc on a eu à peu près six mois et après ça on va dire qu'on était bien installé dans la maison et assez confort. Voilà en grand résumé l'aventure de la construction. Donc ça fait à peu près maintenant 7 ans qu'on est dans cette maison. Et donc on vit en totale autonomie, qu'on ne paye pas de facture. Et on a quand même traversé deux grosses crises depuis 7 ans, la crise Covid et la crise de l'énergie. Et c'est vrai que nous, quand on a fait cette maison, on ne pensait pas si vite se dire qu'on allait, entre guillemets, avoir le résultat de notre investissement, si on veut parler un peu en ces termes-là. Mais si je veux parler de façon plus philosophique, quand on a voulu faire ce projet, l'idée c'était... Pour moi, c'était de dire, en fait, j'ai envie de vivre dans le même confort, normalement, mais sans trop faire de mal à la nature. Pour être un peu caricaturale, c'était quand même ce que je pensais. Et aujourd'hui, je ne pourrais plus du tout tenir ce discours-là, parce que pour moi, c'est vraiment vivre autrement. Il faut accepter, en fait, de changer ses habitudes. Il faut sortir de, nous les humains, on impose nos besoins, ou ce qu'on considère être nos besoins et nos envies. à la nature et on l'exploite pour pouvoir répondre à toujours plus, mais c'est de se dire comment, en me fixant des limites, je peux essayer d'y trouver un maximum de confort. Et pour ça, c'est à nous de nous adapter aux ressources, à nous de nous adapter à ce que la nature nous offre. Et en fait, on est complètement déconnectés de ça, et c'est normal. Depuis, voilà, on est déconnectés de nos actions, de nos impacts, d'où viennent les ressources, on le sait. mais on ne réalise pas les tuyaux qu'il y a pour faire amener l'énergie, les gâchis d'énergie qu'il y a partout. Et donc, pour pouvoir vivre dans le confort dans une maison comme ça, il faut s'adapter à ses comportements. Donc, ça veut dire qu'il faut prendre l'énergie quand elle est là. Quand il y a du soleil, on va faire des choses, on va faire tourner la vaisselle au moment où il y a du soleil. On ne va pas le faire la nuit. Quand il pleut, ça va remplir nos citernes. Et en fait, essayer de toujours trouver ce qu'il y a. positif dans ce qui nous est offert à ce moment là et d'ajuster nos besoins avec certains l'outil certains outils notamment le tec pour certaines choses d'avoir des alternatives pour que voilà quand par exemple il ya du soleil on va utiliser la boule à l'électrique quand il y en a pas on va avoir une alternative le tec et c'est de se dire en fait comment est ce que je peux m'adapter à ce qui m'est offert et pas l'inversé voilà et ça c'est Pour moi, c'est hyper gratifiant parce que c'est une forme de liberté. Déjà de ne plus payer de factures, de ne plus nourrir un système qui, moi, en tout cas, me mettait beaucoup dans la culpabilité. Je n'aimais pas ce sentiment-là. Aujourd'hui, je ne le ressens plus. C'est hyper apaisant. Et après, c'est de se dire, en fait, je me reconnecte à mon environnement. Je comprends mieux comment il fonctionne. Moi, aujourd'hui, je suis tellement en lien avec... les saisons la façon dont la nature fonctionne ne fût ce que le trajet du soleil moi je ne faisais pas attention avant aujourd'hui je peux dire à n'importe quel moment de l'année si vous montrez une photo de de la vue de ma maison je peux vous dire à quel moment de l'année on est à quelle heure rien qu'en fonction d'où se trouve le soleil parce que je suis obligé de l'observer je suis obligé de l'observer pour savoir où j'en suis moi dans l'énergie qui m'est donnée et donc en fait tout ça ça me reconnecte vraiment mon environnement et c'est voilà c'est quelque chose qui est hyper nourrissant et hyper apaisant comme mode de vie après moi j'ai j'ai été un peu trop loin parce que c'est devenu comme un jeu l'autonomie pour moi donc j'en suis arrivé à une forme limite d'obsession à me dire mais comment je peux faire encore plus de choses tout seul sans avoir besoin de personne et ça c'est un moment je me suis vraiment questionné je me suis dit ben en fait il faut Ok, je suis bien dans mon petit paradis, ma petite famille est protégée. La crise Covid, pour nous, c'est nous qui avons accueilli des gens confinés de la ville pour que ce soit plus agréable. La crise de l'énergie, on ne l'a pas trop sentie. Mais au final, je pense qu'on est tous au fait de l'épuisement des ressources et des crises qu'on va sans doute devoir affronter dans les années à venir. Nous, tout seuls, dans notre petit monde autonome, on ne va pas aller bien loin. Donc en fait, l'autonomie à l'échelle individuelle ou à l'échelle d'une famille, elle n'a pas de sens. Moi, si j'ai envie de vous partager tout ça aujourd'hui, c'est parce que j'aime bien le remettre à l'échelle de la société et de se dire en fait comment ensemble, on peut essayer de se fixer des limites, mais pas de le voir comme un poids, mais plutôt comme des nouvelles opportunités, de se dire en fait comment on peut vivre autrement et plus en lien avec notre environnement et plus dans le respect de nos... de ce qui nous est offert. Et donc, comment est-ce qu'on peut agrémenter tout ça et pas juste pomper ce dont on a besoin ? Voilà. Et tout ça, ça nous a fait vraiment créer une autre relation à l'habitat. Et d'ailleurs pour la petite anecdote, on avait dit on fait cette maison mais on n'y reste que cinq ans, après on la revend et on repart en voyage. Voilà ça fait sept ans, moi je me vois pas vivre ailleurs donc c'est sûr que ça a complètement changé la vision des choses. Notre fille elle a grandi dans cette maison donc pour elle ces comportements là ils sont presque innés parce qu'en fait nous c'est quand on va chez les autres qu'on lui dit de faire attention. On dit non non ici l'eau elle vient pas de la pluie, attention il faut que tu fasses super attention. Parce qu'elle a l'habitude de pouvoir se permettre de prendre des douches plus longues, de laisser couler l'eau, parce que l'eau pour nous c'est pas trop un problème. Et donc c'est vrai que ça a complètement transformé notre façon de vivre. Et nous quand on n'est pas à la maison, elle nous manque. On la considère souvent, on dit que c'est comme un membre de la famille, parce qu'on est tellement en lien avec son fonctionnement. Elle a aussi besoin de nous, parce qu'en fait si on n'est pas là... elle va pas être bien aérée, il commencera à y avoir de l'humidité. Si on n'est pas là, on ne prend pas de douche, il n'y a pas d'eau qui coule dans les plantes, les plantes vont mourir. Donc en fait, il y a une vraie relation entre l'habitat qui est quasi vivant et nous. Nous, on le considère comme vraiment, oui, il y a un lien d'échange entre la maison et nous. Et là, je vous montre quelques photos un peu de différents moments. On n'a pas souvent de la neige, mais c'est vrai que c'est assez spectaculaire quand on en a. Surtout quand on a du soleil le lendemain et donc pareil on a cette sensation où il fait très très froid dehors et nous on est en tee-shirt pieds nus à l'intérieur c'est assez magique. On montre encore des dernières photos. Et donc aujourd'hui c'est vrai que on a décidé de parler de plus en plus de cette maison, de ce mode de vie. Il y a à peu près une trentaine de maisons aujourd'hui comme ça qui existent en France donc ça s'est bien développé. Ça se fait aussi sans archi-biotech-ture, ce qui est super. Donc il n'y a pas besoin que ces gens-là viennent construire ces maisons. Maintenant, les techniques sont là, il y a des gens qui sont capables d'accompagner. Alors, il n'y a pas une entreprise qui peut construire la maison clé en main. Donc ça reste des gens qui sont OK de faire de l'autoconstruction et tout ça. Mais voilà, on se développe. Il y a de plus en plus d'architectes qui sont capables aujourd'hui de faire des plans de maisons bioclimatiques et qui intègrent en tout cas. Ces choses-là, qui comme je le dis, n'ont pas été réinventées, sont juste logiques et vont dans le bon sens des choses. Donc c'est super beau de voir ces choses-là évoluer, et de voir qu'il y en a de plus en plus, et que c'est accepté en termes légals, que c'est mis en avant dans les médias aujourd'hui. Nous aussi, il y a quelques années, c'était encore vu comme un projet un peu très alternatif, voire extrême, hippie. Et il y a deux ans, on est passé sur le 20h du JT de TF1, et le titre du reportage était La maison du futur Et ça, moi, ça m'a fait tellement plaisir de me dire Waouh, TF1, quand même ! On n'est pas sur un média alternatif, on est vraiment sur du grand public, et eux, maintenant, considèrent ça comme l'habitat du futur. Donc c'est que les choses bougent, c'est qu'on est vraiment conscients de ce qu'il faut, dans quel sens il faut que ça avance. Donc voilà. Nous, on est ravis de voir ces maisons se développer là, on est ravis d'en parler. On ouvre nos portes pour que les gens puissent expérimenter aussi ce mode de vie, parce que comme nous, on l'a vécu, c'est ça qui nous a donné envie d'y aller. C'était le ressenti de ce que c'est de vivre dans cette maison. Et donc aujourd'hui, il y a une part de mes activités qui sont liées au partage autour de tout ça. Et puis, je reste passionnée par la problématique des déchets, qui sont évidemment liées à tout ça aussi, parce qu'on parle de ressources. On parle d'énergie, on parle de faire avec la nature et pas contre. Et donc, voilà, j'ai encore une part de mes activités qui est liée à accompagner à la réduction des déchets. Et puis une autre pour essayer de faire parler de la maison et de ce mode de vie à un maximum de personnes. Et surtout à ceux qui n'en ont jamais entendu parler, j'espère comme vous, de pouvoir ouvrir à quelque chose de nouveau.

  • Speaker #1

    Si ce podcast vous a plu et que vous souhaitez en savoir plus, retrouvez le livre de Pauline Massard et de Benjamin Adler, La maison magique, Earthship, l'habitat autonome du Nouveau Monde, aux éditions Masso. Retrouvons-nous dès le jeudi 13 mars pour un nouvel événement proposé par le Curiosity Club. Pour en savoir plus, rendez-vous sur les pages Instagram du Curiosity Club ou de Paroles de Femmes en Normandie. A très bientôt pour un nouveau talk inspirant.

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Description

Lors de ce premier talk, Pauline nous emmène à la découverte de sa maison 100% autonome, un projet inspirant qui repense notre rapport à l'habitat, à l'énergie et à la consommation. Avec passion et conviction, elle partage son parcours, les défis qu'elle a relevés avec son conjoint et ce qui l'a poussée à construire un lieu de vie en harmonie avec ses valeurs et avec l'environnement. Une rencontre passionnante qui donne envie d'agir pour un mode de vie plus durable et responsable.


Enregistrement et montage : Karine Tollemer

Crédit musique : Nostalgia de Johny Grimes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous annoncer une nouvelle collaboration pour le podcast Parole de Femme en Normandie. En partenariat avec le Curiosity Club de Caen, un réseau engagé pour l'égalité femmes-hommes, je vous propose une nouvelle rubrique dédiée au talk du Curiosity Club. Le Curiosity Club de Caen organise régulièrement des soirées inspirantes, mettant en lumière des femmes qui partagent leurs idées, leurs expériences et leurs passions à travers des talks captivants. À partir d'aujourd'hui, vous pourrez découvrir ou redécouvrir ces prises de parole puissantes directement sur le podcast. Des récits qui célèbrent le courage, la créativité et la singularité des femmes. à écouter et partager sans modération. Pour inaugurer cette nouvelle rubrique de Paroles de Femmes en Normandie, en partenariat avec le Curiosity Club de Caen, j'ai le plaisir de vous présenter Pauline Massard, une femme visionnaire et engagée. Lors de ce premier talk, Pauline nous emmène à la découverte de sa maison 100% autonome, un projet inspirant qui repense notre rapport à l'habitat, à l'énergie et à la consommation. Avec passion et conviction, elle partage son parcours, les défis qu'elle a relevés avec son conjoint et ce qui l'a poussé à construire un lieu de vie en harmonie avec ses valeurs et avec l'environnement. Une rencontre passionnante qui donne envie d'agir pour un mode de vie plus durable et responsable.

  • Speaker #1

    Bonsoir à toutes, merci beaucoup d'être là, ça me touche beaucoup de vous voir intéressée par le sujet et par mon parcours. Donc moi je viens aujourd'hui pour vous parler principalement de ma maison. C'est la maison magique comme l'appelle ma fille Noéa qui a 10 ans aujourd'hui. Et avant de rentrer un peu dans le vif du sujet, je voudrais revenir sur le moment clé qui a fait qu'on s'est lancé dans cette aventure. qui a eu lieu il y a dix ans maintenant. Donc c'était un soir de novembre, c'était aux Etats-Unis, parce qu'à ce moment-là on habitait là-bas avec mon compagnon et ma fille qui avaient quelques mois. Et en fait j'avais une amie qui travaillait pour Hershey Biotech. Et Hershey Biotech c'est à la fois une entreprise et une ONG. Je ne rentrerai peut-être pas dans le détail maintenant, mais on peut en parler plus tard. Et en fait, voilà, c'est des gens qui, un peu fous, un peu anarchiste, qui expérimentent et construisent plein de choses, avec plein de matières, mais toujours avec l'idée de répondre à la fois aux besoins des êtres humains, besoins primaires et même un petit peu secondaires, en regardant ce que fait la nature, et comment elle fonctionne, et en s'inspirant de ça pour pouvoir répondre à nos besoins. Ce qui devrait être la logique des choses, mais voilà. Notre monde n'évolue pas tout à fait dans ce sens-là. Mais à la base, on a tout ce qu'il faut dans la nature pour répondre à nos besoins. Et donc, on est au mois de novembre en 2014. Et on part à Taos, au Nouveau-Mexique. Alors, je ne sais pas si vous connaissez la série Breaking Bad. Ça parle à certaines. Donc, c'est pour vous remettre un peu le paysage désertique. On part là-bas. On est donc au mois de novembre. Il fait très froid. Il neige dehors et on passe une semaine à découvrir ces maisons. C'était un paysage un peu lunaire avec, là je peux vous montrer une photo, vous imaginez un peu une grande vallée entourée de montagnes avec un paysage un peu lunaire et toutes ces maisons de toutes les formes qui sont en totale autonomie. Et on se retrouve un soir, il fait moins 7 dehors, il neige, et on est en t-shirt à l'intérieur et on n'a pas froid et on nous dit il n'y a pas de chauffage. et on prend une douche et c'est de l'eau de pluie et voilà et on est relié à aucun réseau et on est dans le confort total voire même un peu au delà quoi et donc même si on me l'avait déjà expliqué et même si je le savais le fait de l'avoir vraiment ressenti dans le corps et d'être dans le dans dans dans tout notre tous nos sens étaient connectés en fait à cette information et de se dire en fait c'est vraiment possible de vivre en dehors de tous les réseaux et d'être en totale adéquation avec les ressources et la nature. Et vraiment, ce moment, il nous a marqués profondément, parce qu'à ce moment-là de notre vie, il n'y avait absolument rien qui nous destinait à... vivre dans une maison comme ça et encore moins de la construire. Parce que moi je viens d'un monde plutôt urbain, j'ai grandi, je suis née, j'ai grandi à Bruxelles en Belgique. Donc jusqu'à mes 18 ans je n'avais pas quitté la Belgique. Alors j'ai toujours eu des petites envies de voyages et d'aller voir un peu ailleurs. Donc mon rêve c'était d'aller vivre en Australie, de vivre près de l'océan, tout ça. Comme j'avais des parents, on va dire classe moyenne, socialement, ils étaient fonctionnaires, ils n'avaient pas spécialement les moyens de m'envoyer faire des études à l'étranger, mais j'ai réussi à trouver une solution à travers le Rotary pour faire un échange d'étudiants, et donc j'ai fait un an en Australie. Ensuite, je suis rentrée faire mes études, parce qu'il fallait quand même avoir un diplôme. Moi j'étais plutôt bonne en tout, mais excellente en rien, donc il n'y avait pas un métier ou une... des études qui m'intéressaient plus que d'autres. Donc j'ai fait des études de commerce internationales pour quand même avoir le côté langue et pouvoir voyager. C'était toujours ça qui m'animait à ce moment-là. Et une fois que j'avais fini, je suis repartie en Australie pendant un an parce que c'était vraiment un pays que j'aimais beaucoup. Et puis, au bout d'un an, c'est sympa de profiter, mais on a quand même envie de donner un peu plus de sens à son travail. Je me dis, allez, je vais rentrer, je vais reprendre un boulot un peu normal et je vais m'investir dans ma carrière. Je suis rentrée en Belgique, j'ai trouvé assez rapidement un travail dans le monde des montres, qui n'était pas un objet qui m'intéressait particulièrement, mais moi je m'intéresse à tout. Je me suis intéressée à ça, j'avais une super équipe, je voyageais, c'était sympa. Mais assez vite, il y avait la question du sens qui venait me titiller entre... On faisait des montres suisses, soi-disant, depuis une entreprise belge. Donc déjà, ça vous fait dire le non-alignement. Et donc, on faisait quand même fabriquer des montres chinoises, qu'on assemblait en Suisse pour pouvoir dire que c'était Suisse, et qu'on revendait dix fois le prix en France, en Belgique. Donc déjà ça, moi, ça me questionnait beaucoup, de me dire en fait, notre produit, on le vend 400 euros, alors qu'il vaut 20 euros à la production. Donc en fait on vend quoi ? Qu'est-ce qui vaut ce prix-là ? Et puis il y avait tout un... Déjà à ce moment-là, même si je n'étais pas très engagée en termes écologiques et tout ça, il y avait quand même des questionnements en termes de ressources, d'énergie et de sens. En fait, qu'est-ce qu'on met derrière cette valeur d'une montre de 400 euros qui en fait est fabriquée en Chine pour 20 euros ? En fait, on vend quoi ? Puis derrière, il faut une belle boîte, il faut ci, il faut ça, mais les gens ne font rien avec cette boîte. Donc en fait c'est... Tout ça, c'est du vent, quoi, pour moi. Et un jour, je me souviens d'une scène où, en fait, on avait commandé ces fameuses boîtes et on s'était trompé de logo. Et donc, on a reçu cinq palettes remplies de cartons, de boîtes, qu'on a littéralement jetées. Et je me souviens du malaise que ça a créé en moi et de me dire, mais c'est vraiment pas possible, déjà, de le faire pour une montre qu'on vend, je trouvais ça un peu limite, mais alors en plus, quand on le jette pour une petite erreur de logo... ça perdait vraiment tout son sens et voilà donc ces petites choses déjà m'a alerté un petit peu sur sur une forme de non sens mais voilà j'étais encore loin de m'engager dans un projet comme celui là et en même temps au moment où je prends ce poste en belgique je rencontre mon compagnon qui lui est un peu plus âgé que moi il est journaliste il fait un peu ce qu'il veut quand il veut et il est très libre dans ses horaires et tout ça et c'est vrai que cette liberté un peu titillée, je me suis dit en fait on peut peut-être encore continuer un petit moment à faire ce qu'on veut et à profiter de la vie et donc très vite on a eu un projet d'aller s'installer aux Etats-Unis qui était vraiment basé sur une envie personnelle de vivre près de l'océan et d'expérimenter un peu la vie aux Etats-Unis, la Californie en plus voilà. Donc on est parti s'installer là-bas. Moi j'ai repris un an d'études en développement durable là-bas parce que pour des raisons de visa il fallait que... je refasse des études donc je me suis dit tant qu'à faire autant faire un sujet qui m'intéresse aujourd'hui donc c'est vrai que c'était très particulier de traiter ce sujet là avec la vision américaine parce qu'on est quand même dans des modèles de société assez différents et donc ça m'a appris beaucoup de choses ça a confronté beaucoup de croyances voilà ça a questionné beaucoup de choses chez moi ça a été assez intéressant même si on passait quand même la plupart de nos temps à analyser des grosses boîtes plutôt que à remettre en cause le système Mais ça m'a quand même aidée, encore aujourd'hui avec le recul, je me dis que ça m'a apporté une ouverture d'esprit sur une certaine réalité des choses. Et après ça, j'ai travaillé pendant plusieurs années pour un réseau de blogueurs, dans tout ce qui était alimentation un peu alternative, comment se soigner à travers l'alimentation. Ça m'a amenée aussi sur le sujet du plastique, les sujets des polluants. Et en fait, moi c'est à travers ça que je me suis intéressée à ce qui m'anime aujourd'hui profondément, qui est, je sais que ce n'est pas un sujet très sexy, mais la problématique des déchets, que je trouve absolument passionnante. Parce qu'à travers cette problématique-là, pour moi, on couvre toutes les autres problématiques. Que ce soit justement l'alimentation, le côté social, le côté ressources, le côté énergie. Et ça en dit aussi long sur notre façon de ne pas assumer les conséquences de nos actes. Parce que souvent, les déchets, on les met quelque part, on ne s'en soucie plus. Et puis surtout, on ne se soucie pas de tout ce qu'il y a eu avant. Et c'est normal, parce que c'est intangible. je ne dis pas ça pour culpabiliser, je m'inclus là-dedans, c'est en fait quand on ne perçoit pas de façon tangible l'impact de nos actions, c'est très difficile de changer nos comportements. Et comme nous, on exploite des choses qui sont loin de nous, on ne se rend pas trop compte un peu des impacts de notre mode de vie. Même si on le sait, parce qu'on est informé, c'est assez. ça reste quelque chose d'assez intangible. Et pour moi, les déchets illustrent très fort cette problématique-là. Et donc, on avait déjà plus ou moins décidé que le temps aux États-Unis était fini pour nous, parce que déjà, on avait vécu notre expérience. Et puis surtout, je ne sais pas si vous savez comment ça fonctionne aux États-Unis, mais il y a une histoire de score de crédit. pour pouvoir faire partie du système. Donc en gros, si on veut pouvoir louer une maison, même avoir un abonnement téléphonique, il faut pouvoir montrer son score de crédit. Donc ça veut dire qu'il faut prouver qu'on rembourse bien ses crédits. Ce qui, moi, me semble complètement absurde, parce que ça ne veut pas dire que pour moi, je n'avais jamais eu de crédit de ma vie, et je n'en voulais pas avant d'avoir une maison. Et donc je me disais, c'est complètement absurde de devoir prouver qu'on peut rembourser des crédits si on ne peut pas en avoir du tout. Mais non, là-bas ça ne marche pas comme ça, c'est une société qui est basée sur le crédit, donc en fait il faut pouvoir montrer toujours qu'on est des bons payeurs. Et nous on a toujours dit jamais on rentrera là-dedans, donc il y a aussi des limites à vivre comme ça, c'est qu'à un moment c'est difficile de construire une maison, de s'installer si on ne peut pas avoir accès au crédit. Donc tout ça mis ensemble, et puis aussi le fait d'avoir un enfant, de vouloir se rapprocher de la famille, on avait décidé de se réinstaller en Europe, en France en l'occurrence. moi je n'y avais encore jamais habité et puis quelques mois avant on découvre ces maisons donc les Horsships et là gros chamboulement parce que nous on n'avait absolument jamais eu comme projet de vie d'être propriétaire et encore moins de construire une maison donc voilà mais avant de vous raconter la suite je voudrais vous présenter ce que c'est un Horsship pour que ce soit un peu plus clair pour vous donc il y a six grands principes qui définissent cette maison. Le premier, c'est qu'on va utiliser des matériaux recyclés. Comme vous voyez sur les photos, le matériau principal, c'est les pneus. Les pneus en soi n'ont pas d'intérêt, si ce n'est de pouvoir accueillir de la matière. Ça veut dire qu'on va terrasser le terrain, et avec la terre qu'on va enlever, on va remplir les pneus, on va les tasser au maximum. pour créer une masse thermique, parce que quand il n'y a plus d'air, ça crée une masse thermique. Et en fait, c'est ça qui va faire notre chauffage. Et donc, tout le mur de fond de la maison, c'est ce fameux mur de pneus, où derrière, on va avoir un isolant à peu près un mètre derrière, pour pouvoir garder cette chaleur à l'intérieur des pièces, pour en tout cas l'hiver. On va aussi utiliser des bouteilles pour fabriquer des briques, avec des culs de bouteille. Donc il y a un côté à la fois qui va laisser rentrer la lumière et qui va aussi... être esthétique et artistique. Et puis, on va utiliser des canettes pour monter des cloisons. Bon, ça, ça a un petit peu moins d'intérêt, mais il faut se dire que ça a été créé à une époque où le recyclage n'était pas encore mis en place comme aujourd'hui. Et donc, ces déchets-là étaient plutôt brûlés ou enfouis. Ce n'est plus trop le cas en France aujourd'hui, mais dans certains pays du monde où ils construisent ces maisons-là, c'est des déchets qu'on trouve encore dans la rue. Donc, l'idée, c'est de faire avec des déchets. Voilà. Donc, ça, c'est le premier principe. C'est... d'utiliser des matériaux recyclés dans la construction de la maison. Le deuxième, c'est donc... Oh, pardon, je suis allée dans le mauvais sens. Le deuxième, c'est donc qu'on a un système de chauffage et de rafraîchissement complètement naturel et sans aucune énergie externe. Donc à l'avant de la maison, il y a ce fameux mur de pneus à l'arrière et devant on a une serre. Et donc évidemment la serre elle est façade sud, elle va emmagasiner la chaleur et ce fameux mur de pneus va la conserver pendant toute l'année pour pouvoir nous redonner de la chaleur. Parce qu'il n'y a pas du soleil tous les jours, donc il faut bien que ça puisse avoir un petit peu d'inertie. Et évidemment en été c'est l'inverse, on a besoin de rafraîchir et de garder la maison frais. Donc on a un système de puits canadien. Donc il faut imaginer qu'il y a des tuyaux, qui sont à peu près 12 mètres de tuyaux, qui sont enterrés derrière la maison, sous la terre, et qui vont, en fait, vous voyez, il y a des petites trappes là au-dessus de la serre et au-dessus des pièces. Et donc en fait, il y a un système naturel qui fait que l'air chaud monte. Et donc, quand on ouvre les trappes, l'air chaud va s'évacuer et va appeler l'air de l'autre côté des tuyaux. Et l'air, même s'il est chaud, Donc même s'il fait 40 degrés dehors et qu'on est en pleine canicule, le fait de traverser ces tubes qui sont sous la terre, ça va refroidir l'air et l'air qui rentre va être à la température de la terre, c'est-à-dire 14 degrés. Et donc si on laisse des trappes ouvertes et des puits canadiens ouverts, on va avoir de l'air conditionné qui va rentrer 24 sur 24 dans la maison. Et donc ça nous permet toute l'année d'avoir des températures entre 18 et 22 degrés, sans devoir utiliser un autre système. Deuxième principe, le troisième c'est qu'on récolte l'eau de pluie. Donc on a un toit en bac à scier, en pente, et donc quand il pleut, ça récupère l'eau là-dedans, dans des grandes citernes qui sont enterrées derrière la maison. Et ensuite évidemment on va filtrer avec des filtres cette eau pour pouvoir la consommer dans toute la maison et même la boire. Donc on est aussi complètement autonome au niveau de l'eau. On a 19 mètres cubes de réserve, donc ça nous permet... Nous, ça fait 7 ans qu'on habite dans la maison, on a déjà eu 4 sécheresses, donc ça veut dire pas de pluie pendant à peu près 3 mois, et on arrive à peu près à la moitié de nos réserves à la fin de l'été. Donc voilà, on peut dire qu'on peut tenir 5-6 mois normalement sans problème. Donc c'est quand même assez large, en sachant que le quatrième principe, c'est qu'on traite nos eaux usées en interne. Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que quand on utilise... la douche, l'évier, la machine à laver, on a même un lave-vaisselle, donc le lave-vaisselle. Toutes ces Ausha qui sont un petit peu sales, mais qui n'ont pas nos déchets humains dedans, donc c'est juste les eaux grises, en fait elles vont aller dans la serre. Et dans la serre, on a des plantes, on a un système de ce qu'on appelle des cellules botaniques. Donc il faut imaginer que c'est comme des petites mares, où on va mettre des plantes dedans. Et donc nos eaux grises vont aller... de nouveau avec un système juste de pente, vont aller dans ces petites mares et les plantes, avec leurs racines, vont se nourrir des bactéries qu'il y a dans l'eau, vont nettoyer l'eau et en même temps vont pousser. Et nous, en fait, après, on va renvoyer cette Ausha dans les toilettes. Et donc, quand on tire la chasse, c'est de l'eau qui a déjà été utilisée. Donc, ça ne va pas aller prendre sur nos citernes. C'est ça qui nous permet aussi d'avoir... une réserve suffisante d'eau pour plusieurs mois. Le cinquième principe, c'est évidemment qu'on produit de l'électricité. Alors, nous, on est situé en Dordogne, donc on a quand même plutôt un bon ensoleillement. Si on était dans une région un peu moins insoliée, il faudrait peut-être imaginer une éolienne ou quelque chose d'autre, mais nous, avec les panneaux solaires, ça nous suffit. Donc on a évidemment des batteries aussi pour pouvoir conserver l'énergie pour le soir, la nuit et pour les journées sans soleil. Et on a le grand panneau qui est là au milieu, c'est un chauffe-eau solaire, qui va chauffer notre eau, et ça nous permet aussi d'être presque autonome en eau chaude. On a juste besoin d'un petit complément en gaz pour l'hiver parce que... Les journées sont moins longues et le soleil est moins puissant, donc c'est parfois un peu limite. De temps en temps, on a besoin de compléter avec du gaz. Et le dernier principe, c'est qu'on fait pousser de la nourriture dans la maison. Parce que comme on a ce système de traitement des eaux usées, sans même devoir arroser, on a des plantes qui poussent. Et comme on est sous serre, on peut faire pousser des plantes exotiques. On a eu des bananes. On a un deuxième régime qui est en train de pousser en ce moment. On peut avoir des fruits de la passion, on a même des tomates en hiver, des poivrons. Et voilà, ça nous permet, alors c'est pas avec ça qu'on va nourrir toute la famille, mais voilà, ça nous permet d'avoir des petites choses tous les jours. Voilà, et ça c'est quand même un énorme luxe. Voilà pour les six principes du Horseship et qui définissent ce type d'habitat. Et je n'avais pas précisé, mais Earthship en anglais, ça veut dire un vaisseau terrien, si on le traduit mot à mot, parce que ça la forme un petit peu d'un vaisseau. Et c'est vrai que dans le fonctionnement, on peut retrouver un petit peu les fonctionnements d'un bateau, par exemple. Mais c'est relié à la Terre. Je vous montre juste un petit schéma qui reprend un petit peu le fonctionnement. Comme ça, ça vous permet de visualiser un peu mieux. Donc elle est semi-enterrée, pour qu'on puisse justement garder la masse thermique qui est créée ici au niveau des pneus. On a donc les citernes qui sont à l'arrière. Quand il pleut, l'eau est récoltée et va dans les citernes. Quand on l'utilise dans la maison, après ça part dans les plantes, ça revient dans les toilettes. Et quand on tire la chasse, ça va dans une phytoépuration à l'extérieur de la maison. Donc on est aussi à un traitement des eaux noires dans le jardin. Et donc comme ça, après la matière est aussi réétendue sur notre terrain. Donc c'est aussi un moyen de rester autonome là-dessus. Donc on a les puits canadiens qui sont enterrés là sur 12 mètres à l'arrière de la maison. Donc quand on a besoin de fraîcheur, on ouvre les aérations, l'air chaumont, ça fait appel d'air, l'air vient se refroidir ici et garde la maison au frais. Et on a la serre pour amener de la chaleur en hiver. Et donc là on va fermer les aérations pour que la chaleur soit bien redonnée dans les pièces de vie. Et après, on a l'énergie solaire, les batteries et l'éolienne si jamais on a besoin de compléter. Voilà un résumé très rapide des fonctionnements de la maison. Et donc, elle nous permet d'être complètement autonome, donc on n'est pas relié à aucun réseau. Alors, la personne qui a inventé ce concept, c'est un architecte qui s'appelle Michael Reynolds. Donc, c'est un Américain. et il a commencé à expérimenter là-dessus dans les années 70. Donc il commence à y avoir un petit peu de recul là-dessus. Et il est vraiment parti de ce principe qu'il y avait énormément de choses qui étaient brûlées, enfouies, gaspillées, et qui pourraient servir dans la construction de nos maisons. Et en même temps, il s'est basé sur comment fonctionnait la nature pour répondre à nos besoins. Et tout ce que je viens de vous expliquer, c'est assez basique. Ce n'est pas complexe, ça ne demande aucune technologie. C'est vraiment du fonctionnement naturel, mais duquel on s'est complètement éloigné dans la façon dont on construit nos maisons aujourd'hui. Et lui, il a juste essayé de remettre tout ensemble et de se dire comment est-ce qu'on peut maximiser tout ça pour avoir le plus de confort possible avec un minimum d'impact. Donc voilà, et sans aller trop dans le détail, il a fait énormément pour faire bouger les lois. Parce que le problème c'est que les lois aujourd'hui, elles sont... pas faite pour ce type d'habitat donc il faut en tout cas moi c'est ma croyance c'est que pour que les choses bougent il faut d'abord montrer que ça marche donc s'il faut montrer que ça marche faut qu'on puisse le faire donc c'est pas toujours facile de le faire dans le cadre de la loi donc lui au début il expérimentait un peu de son côté et quand on a commencé à lui mettre des bâtons dans les roues il s'est dit bah en fait il n'y a pas le choix il va falloir que j'aille faire en sorte que la loi évolue pour qu'on ait le droit de continuer à faire ça et lui s'est surtout battu pourquoi On est le droit, qu'ils aient le droit d'expérimenter. Parce qu'en fait, pour pouvoir arriver à ce que les choses fonctionnent, il faut d'abord se tromper, il faut rater. Et donc, voilà, il s'est battu pendant plus de dix ans pour qu'on l'autorise à faire ça. Et une fois qu'ils ont eu des autorisations, ils ont eu le droit, sur toute cette vallée, sur la photo que je vous ai montrée au début, à pouvoir construire sans faire de demande de permis. Et donc, ça fait 50 ans qu'il y a des personnes du monde entier qui viennent à Taos ou Nouveau-Mexique pour apprendre et expérimenter encore et toujours des nouvelles techniques autour de ces principes-là. Et aujourd'hui, il existe même une académie pour pouvoir apprendre ces techniques-là à beaucoup de monde. Voilà. Donc revenons-en à notre histoire. Donc nous, on découvre tout ça en novembre 2014. On sort de là avec... En fait... On s'est dit, ok, nous on ne voulait pas être propriétaire, on ne voulait pas construire une maison, par contre, wow, vivre dans un hardship, là, ce n'est pas une maison, c'est un mode de vie, c'est vraiment la philosophie de vie qui nous a parlé, qui nous a donné envie de faire tout ça. Alors on savait qu'il y avait une maison qui existait en Normandie, une maison comme ça, je ne sais pas où exactement, mais voilà, on sait qu'elle n'est pas à vendre, donc on s'est dit, si on veut un hardship, il va falloir qu'on le construise nous-mêmes, sauf qu'on n'est absolument pas constructeur. Et quand je vous dis absolument pas, c'est qu'on n'avait jamais eu une perceuse dans les mains. Vraiment, on ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Et heureusement, parce que je pense que sinon on ne l'aurait pas fait. Mais voilà, on avait en tout cas l'envie de le faire. Et puis, il y a aussi le côté, quand on revient d'une expatriation, c'est bien d'avoir un projet. Parce que si on revient à sa vie d'avant, il y a un côté un peu difficile. C'est bien d'avoir quelque chose qui nous anime, que ce soit un nouveau projet professionnel ou personnel. Donc nous, on est arrivés avec ce rêve de se dire, OK, on va construire un ship. Bon, il faut trois choses. Il faut un terrain, il faut un permis, il faut l'argent. Et il faut attaquer tout en même temps. Parce que l'un ne va pas sans l'autre. Donc c'est vrai que la Dordogne semblait répondre un peu à nos attentes et semblait être une belle terre d'accueil pour ce type de projet. Donc on a commencé à chercher des terrains là-bas, on a trouvé assez rapidement. Ensuite on s'est dit que ça allait être le parcours du combattant pour avoir le permis, parce qu'on construit quand même avec des pneus, on n'est pas relié au réseau. Puis en plus, nous on revenait des Etats-Unis, tout le monde nous dit Ah ben non, en France, l'administration, vous n'y arriverez jamais Sauf que nous, on revient avec notre vision américaine, pas de problème, que des solutions, on va embarquer tout le monde avec notre projet. Donc voilà, on s'est dit en fait, il y a deux manières de voir les choses. Soit c'est vivons heureux, vivons cachés, on fait notre petit truc de notre côté sans trop le dire. Soit on fait tout l'inverse, on en parle et on essaye d'embarquer les gens et on essaye de leur faire dire c'est aussi votre projet. C'est pas juste notre maison en fait, c'est... Voilà, c'est engager un mouvement et c'est essayer de faire parler aussi du territoire. C'est avec cette posture qu'on a été voir tous les acteurs. On commence par aller voir le maire, parce que c'est la première personne qui doit donner la permission avant que le projet continue. Je crois qu'il n'a pas trop compris de quoi on lui parlait. Ce n'est pas grave, il voyait une famille qui s'installait dans le village, il était content. Nous, on lui dit Ah, vous nous signez une petite feuille qu'on peut rajouter dans le dossier ? Oui, avec plaisir ! Bref, ils nous suivaient, peut-être pas pour les bonnes raisons, mais ils nous suivaient. Ensuite, on va avoir l'urbanisme. Donc là, au début, le premier rendez-vous, c'était vraiment, c'est qui ces Américains qui vont nous dire comment construire des maisons ? Donc ils étaient assez froids, et ça ne marchera jamais à cause de la phytoépuration, à cause de ci, il faut être agréé. Donc là, ils nous sortent tous les problèmes. Donc nous, on prend les problèmes un par un, on dit, ok, on va trouver des solutions. Ok, problème numéro un, qu'est-ce qui peut poser problème ? Si, ça, ça. Et au fur et à mesure, dès le deuxième rendez-vous, ils ont complètement changé de posture et ils étaient du coup investis dans le projet. Et au final, ils ont été hyper soutenants et on a eu notre permis en 10 jours parce qu'ils nous avaient tellement entendu parler de nous et ils s'étaient tellement impliqués dans le projet qu'au final, ils le connaissaient déjà. Donc ils l'ont juste validé à la prochaine commission. Donc en fait, le permis, nous, on s'attendait à un véritable combat et au final... En fait, à force d'avoir embarqué tout le monde, ça a été, je ne vais pas dire facile, mais pas trop difficile quand même. Là où ça posait un peu plus de difficultés, c'était sur le prêt, parce que déjà on avait un très mauvais dossier, pas de CDI, on n'avait pas payé d'impôts en France depuis très longtemps, donc en gros on ne rentrait pas dans les cases. Et là pareil, nous on s'est dit oui, mais on va jouer sur l'humain, on va parler du projet, on va expliquer qu'en fait on va vivre différemment, donc peut-être qu'on ne gagne pas ce qu'il faut, mais on dépense moins. Donc en fait ça va marcher. Bon, on s'est pris pas mal de noms jusqu'au jour où on a rencontré une directrice de banque dans une banque classique. Voilà, nous on s'attendait à devoir aller dans une banque alternative et pas du tout, ils ne nous ont pas suivi. Compte dans une banque classique parce qu'elle était maître de ses décisions. Et en fait une fois qu'on a réussi à trouver la personne pour laquelle notre projet résonnait, en fait ça a débloqué les choses. Donc ça c'est... C'est une très belle leçon aussi de se dire que ça se joue souvent à l'humain et à la personne et qu'une fois qu'elle est sensible à quelque chose, elle va trouver des solutions. Elle va nous aider à trouver des solutions. Donc on a dû quand même ajuster, et là je vous fais les choses vraiment très en résumé, c'était quand même un peu plus complexe que ça, parce qu'il a fallu trouver des solutions, notamment au niveau de la garantie décennale, parce que comme on ne travaillait pas avec une entreprise française, on a dû porter nous-mêmes la responsabilité. Donc voilà, il y a quand même eu des risques à prendre. Mais nous, on était prêts à les prendre parce que c'était un peu le prix à payer pour faire avancer les choses. Donc une fois qu'on a eu ces trois éléments-là, on a pu lancer le fameux chantier. Et donc, on a quand même dû faire venir une équipe des États-Unis, ce qui n'est pas très durable pour construire une maison. Donc l'idée, c'était de se dire en fait...

  • Speaker #0

    Ce qu'on veut, c'est que tout ça, ça serve à plus que nous. Donc en fait, on aimerait que ce chantier puisse servir aussi de chantier école. Donc en fait, ce que vous faites aux États-Unis, où les gens du monde entier viennent chez vous pour apprendre ces techniques-là, le fait que vous veniez ici, ça va permettre à des gens de France et d'Europe de venir apprendre ces techniques-là là où ils sont. Et donc, on a eu à peu près 80 étudiants qui sont venus sur le chantier. Donc on était en 2018, mi-juillet, mi-août, ça a duré 24 jours, donc c'est extrêmement court. Et on a eu 20 personnes à peu près du staff d'Hors-Chip BiotechTour et 80 étudiants qui sont venus pendant 24 jours construire la maison. Donc autant vous dire que c'était complètement fou et très très intense. Donc nous pendant plusieurs mois on a dû rassembler tous les matériaux, donc tous les matériaux recyclés, donc 8000 bouteilles, 800 pneus. 3000 canettes, on en a fait des trajets dans les garages, dans les tournées des bars, des boîtes de nuit pour pouvoir récupérer ces matières-là. Et puis il y avait tout le reste des matériaux parce qu'il y a quand même d'autres choses qui sont nécessaires pour construire la maison. Et il fallait que tout ça soit là pour mi-juillet, le 18 juillet, pour le début du chantier parce qu'on a 100 personnes qui débarquent et il faut que ça déroule. Donc voilà, c'était complètement fou. Moi j'ai passé un mois horrible. C'était vraiment que du stress et gérer des problèmes. Et en plus, s'ajoutait à tout ça le timing de mi-juillet, mi-août en France. Bon ben, il y a quand même pas mal d'entreprises fermées. Face aux Américains qui eux ne comprennent pas parce qu'aux Etats-Unis le client est roi. Donc quand on veut acheter un truc, on l'a. Ben ça marche pas comme ça chez nous. En plus, moi je recevais des listes de matériaux en anglais avec des mesures américaines et je devais aller expliquer aux artisans français ce que je recherchais comme matériaux sans même comprendre à quoi ça servait. Donc voilà, ça a été vraiment du stress et énormément de tension parce qu'en fait, on ne peut pas y avoir de problème parce qu'ils sont là 24 jours. Donc si ça n'avance pas, la maison n'est pas terminée au bout des 24 jours. Donc voilà, moi ce n'était pas une très belle expérience, mais pour les gens qui étaient là, je pense que ça a été une expérience très riche. Malheureusement, on est passé un petit peu à côté de l'expérience humaine du chantier, parce qu'on était tellement pris par la logistique. Mais voilà, ça a été vraiment un village dans le village, et ça a été merveilleux de voir la force d'une fourmilière humaine. C'était vraiment ça. En plus, Hors-Chic-Biotech-Tour, ils sont... pas très organisé donc on comprend rien à ce qui se passe mais ça avance donc il n'y a jamais une réunion il n'y a jamais rien mais tout se monte et la maison elle avance donc c'était vraiment assez fou et beau de voir un tel projet prendre vie en plus pour nous quoi c'était vraiment très beau de voir tous ces gens mobilisés pour construire un habitat pour une famille Ensuite, vous voyez, c'est la fin de la première semaine, on avait déjà tout le mur de pneus, la structure de la serre. Après, on a installé les citernes, puis l'intérieur. Et un jour sur deux, ils allaient en classe pour apprendre la théorie. Donc il y avait vraiment cette transmission aussi, puisque l'idée c'est que toutes ces personnes-là, après, puissent aller développer leurs propres projets et faire grandir aussi ce mouvement. et au bout de 24 jours la maison était montée hors d'eau hors d'air avec les systèmes qui fonctionnent donc c'était absolument fou alors évidemment elle n'était pas tout à fait fini parce qu'il y avait quand même des petites finitions à faire il n'y a pas de salle de bain pas de cuisine donc il a quand même fallu après travailler pendant plusieurs mois donc mon compagnon benjamin il est reparti dans son travail d'avant parce qu'il n'est pas très manuel donc lui il s'est pas trop pris au jeu de tout ça. Moi par contre je n'avais pas d'expérience mais je suis assez manuelle et voilà donc j'ai continué à faire les finitions avec un ami artisan qui me disait quoi faire et moi je faisais la petite main et j'ai trouvé beaucoup de plaisir et puis c'est hyper satisfaisant aussi de construire sa maison. Donc on a eu à peu près six mois et après ça on va dire qu'on était bien installé dans la maison et assez confort. Voilà en grand résumé l'aventure de la construction. Donc ça fait à peu près maintenant 7 ans qu'on est dans cette maison. Et donc on vit en totale autonomie, qu'on ne paye pas de facture. Et on a quand même traversé deux grosses crises depuis 7 ans, la crise Covid et la crise de l'énergie. Et c'est vrai que nous, quand on a fait cette maison, on ne pensait pas si vite se dire qu'on allait, entre guillemets, avoir le résultat de notre investissement, si on veut parler un peu en ces termes-là. Mais si je veux parler de façon plus philosophique, quand on a voulu faire ce projet, l'idée c'était... Pour moi, c'était de dire, en fait, j'ai envie de vivre dans le même confort, normalement, mais sans trop faire de mal à la nature. Pour être un peu caricaturale, c'était quand même ce que je pensais. Et aujourd'hui, je ne pourrais plus du tout tenir ce discours-là, parce que pour moi, c'est vraiment vivre autrement. Il faut accepter, en fait, de changer ses habitudes. Il faut sortir de, nous les humains, on impose nos besoins, ou ce qu'on considère être nos besoins et nos envies. à la nature et on l'exploite pour pouvoir répondre à toujours plus, mais c'est de se dire comment, en me fixant des limites, je peux essayer d'y trouver un maximum de confort. Et pour ça, c'est à nous de nous adapter aux ressources, à nous de nous adapter à ce que la nature nous offre. Et en fait, on est complètement déconnectés de ça, et c'est normal. Depuis, voilà, on est déconnectés de nos actions, de nos impacts, d'où viennent les ressources, on le sait. mais on ne réalise pas les tuyaux qu'il y a pour faire amener l'énergie, les gâchis d'énergie qu'il y a partout. Et donc, pour pouvoir vivre dans le confort dans une maison comme ça, il faut s'adapter à ses comportements. Donc, ça veut dire qu'il faut prendre l'énergie quand elle est là. Quand il y a du soleil, on va faire des choses, on va faire tourner la vaisselle au moment où il y a du soleil. On ne va pas le faire la nuit. Quand il pleut, ça va remplir nos citernes. Et en fait, essayer de toujours trouver ce qu'il y a. positif dans ce qui nous est offert à ce moment là et d'ajuster nos besoins avec certains l'outil certains outils notamment le tec pour certaines choses d'avoir des alternatives pour que voilà quand par exemple il ya du soleil on va utiliser la boule à l'électrique quand il y en a pas on va avoir une alternative le tec et c'est de se dire en fait comment est ce que je peux m'adapter à ce qui m'est offert et pas l'inversé voilà et ça c'est Pour moi, c'est hyper gratifiant parce que c'est une forme de liberté. Déjà de ne plus payer de factures, de ne plus nourrir un système qui, moi, en tout cas, me mettait beaucoup dans la culpabilité. Je n'aimais pas ce sentiment-là. Aujourd'hui, je ne le ressens plus. C'est hyper apaisant. Et après, c'est de se dire, en fait, je me reconnecte à mon environnement. Je comprends mieux comment il fonctionne. Moi, aujourd'hui, je suis tellement en lien avec... les saisons la façon dont la nature fonctionne ne fût ce que le trajet du soleil moi je ne faisais pas attention avant aujourd'hui je peux dire à n'importe quel moment de l'année si vous montrez une photo de de la vue de ma maison je peux vous dire à quel moment de l'année on est à quelle heure rien qu'en fonction d'où se trouve le soleil parce que je suis obligé de l'observer je suis obligé de l'observer pour savoir où j'en suis moi dans l'énergie qui m'est donnée et donc en fait tout ça ça me reconnecte vraiment mon environnement et c'est voilà c'est quelque chose qui est hyper nourrissant et hyper apaisant comme mode de vie après moi j'ai j'ai été un peu trop loin parce que c'est devenu comme un jeu l'autonomie pour moi donc j'en suis arrivé à une forme limite d'obsession à me dire mais comment je peux faire encore plus de choses tout seul sans avoir besoin de personne et ça c'est un moment je me suis vraiment questionné je me suis dit ben en fait il faut Ok, je suis bien dans mon petit paradis, ma petite famille est protégée. La crise Covid, pour nous, c'est nous qui avons accueilli des gens confinés de la ville pour que ce soit plus agréable. La crise de l'énergie, on ne l'a pas trop sentie. Mais au final, je pense qu'on est tous au fait de l'épuisement des ressources et des crises qu'on va sans doute devoir affronter dans les années à venir. Nous, tout seuls, dans notre petit monde autonome, on ne va pas aller bien loin. Donc en fait, l'autonomie à l'échelle individuelle ou à l'échelle d'une famille, elle n'a pas de sens. Moi, si j'ai envie de vous partager tout ça aujourd'hui, c'est parce que j'aime bien le remettre à l'échelle de la société et de se dire en fait comment ensemble, on peut essayer de se fixer des limites, mais pas de le voir comme un poids, mais plutôt comme des nouvelles opportunités, de se dire en fait comment on peut vivre autrement et plus en lien avec notre environnement et plus dans le respect de nos... de ce qui nous est offert. Et donc, comment est-ce qu'on peut agrémenter tout ça et pas juste pomper ce dont on a besoin ? Voilà. Et tout ça, ça nous a fait vraiment créer une autre relation à l'habitat. Et d'ailleurs pour la petite anecdote, on avait dit on fait cette maison mais on n'y reste que cinq ans, après on la revend et on repart en voyage. Voilà ça fait sept ans, moi je me vois pas vivre ailleurs donc c'est sûr que ça a complètement changé la vision des choses. Notre fille elle a grandi dans cette maison donc pour elle ces comportements là ils sont presque innés parce qu'en fait nous c'est quand on va chez les autres qu'on lui dit de faire attention. On dit non non ici l'eau elle vient pas de la pluie, attention il faut que tu fasses super attention. Parce qu'elle a l'habitude de pouvoir se permettre de prendre des douches plus longues, de laisser couler l'eau, parce que l'eau pour nous c'est pas trop un problème. Et donc c'est vrai que ça a complètement transformé notre façon de vivre. Et nous quand on n'est pas à la maison, elle nous manque. On la considère souvent, on dit que c'est comme un membre de la famille, parce qu'on est tellement en lien avec son fonctionnement. Elle a aussi besoin de nous, parce qu'en fait si on n'est pas là... elle va pas être bien aérée, il commencera à y avoir de l'humidité. Si on n'est pas là, on ne prend pas de douche, il n'y a pas d'eau qui coule dans les plantes, les plantes vont mourir. Donc en fait, il y a une vraie relation entre l'habitat qui est quasi vivant et nous. Nous, on le considère comme vraiment, oui, il y a un lien d'échange entre la maison et nous. Et là, je vous montre quelques photos un peu de différents moments. On n'a pas souvent de la neige, mais c'est vrai que c'est assez spectaculaire quand on en a. Surtout quand on a du soleil le lendemain et donc pareil on a cette sensation où il fait très très froid dehors et nous on est en tee-shirt pieds nus à l'intérieur c'est assez magique. On montre encore des dernières photos. Et donc aujourd'hui c'est vrai que on a décidé de parler de plus en plus de cette maison, de ce mode de vie. Il y a à peu près une trentaine de maisons aujourd'hui comme ça qui existent en France donc ça s'est bien développé. Ça se fait aussi sans archi-biotech-ture, ce qui est super. Donc il n'y a pas besoin que ces gens-là viennent construire ces maisons. Maintenant, les techniques sont là, il y a des gens qui sont capables d'accompagner. Alors, il n'y a pas une entreprise qui peut construire la maison clé en main. Donc ça reste des gens qui sont OK de faire de l'autoconstruction et tout ça. Mais voilà, on se développe. Il y a de plus en plus d'architectes qui sont capables aujourd'hui de faire des plans de maisons bioclimatiques et qui intègrent en tout cas. Ces choses-là, qui comme je le dis, n'ont pas été réinventées, sont juste logiques et vont dans le bon sens des choses. Donc c'est super beau de voir ces choses-là évoluer, et de voir qu'il y en a de plus en plus, et que c'est accepté en termes légals, que c'est mis en avant dans les médias aujourd'hui. Nous aussi, il y a quelques années, c'était encore vu comme un projet un peu très alternatif, voire extrême, hippie. Et il y a deux ans, on est passé sur le 20h du JT de TF1, et le titre du reportage était La maison du futur Et ça, moi, ça m'a fait tellement plaisir de me dire Waouh, TF1, quand même ! On n'est pas sur un média alternatif, on est vraiment sur du grand public, et eux, maintenant, considèrent ça comme l'habitat du futur. Donc c'est que les choses bougent, c'est qu'on est vraiment conscients de ce qu'il faut, dans quel sens il faut que ça avance. Donc voilà. Nous, on est ravis de voir ces maisons se développer là, on est ravis d'en parler. On ouvre nos portes pour que les gens puissent expérimenter aussi ce mode de vie, parce que comme nous, on l'a vécu, c'est ça qui nous a donné envie d'y aller. C'était le ressenti de ce que c'est de vivre dans cette maison. Et donc aujourd'hui, il y a une part de mes activités qui sont liées au partage autour de tout ça. Et puis, je reste passionnée par la problématique des déchets, qui sont évidemment liées à tout ça aussi, parce qu'on parle de ressources. On parle d'énergie, on parle de faire avec la nature et pas contre. Et donc, voilà, j'ai encore une part de mes activités qui est liée à accompagner à la réduction des déchets. Et puis une autre pour essayer de faire parler de la maison et de ce mode de vie à un maximum de personnes. Et surtout à ceux qui n'en ont jamais entendu parler, j'espère comme vous, de pouvoir ouvrir à quelque chose de nouveau.

  • Speaker #1

    Si ce podcast vous a plu et que vous souhaitez en savoir plus, retrouvez le livre de Pauline Massard et de Benjamin Adler, La maison magique, Earthship, l'habitat autonome du Nouveau Monde, aux éditions Masso. Retrouvons-nous dès le jeudi 13 mars pour un nouvel événement proposé par le Curiosity Club. Pour en savoir plus, rendez-vous sur les pages Instagram du Curiosity Club ou de Paroles de Femmes en Normandie. A très bientôt pour un nouveau talk inspirant.

Description

Lors de ce premier talk, Pauline nous emmène à la découverte de sa maison 100% autonome, un projet inspirant qui repense notre rapport à l'habitat, à l'énergie et à la consommation. Avec passion et conviction, elle partage son parcours, les défis qu'elle a relevés avec son conjoint et ce qui l'a poussée à construire un lieu de vie en harmonie avec ses valeurs et avec l'environnement. Une rencontre passionnante qui donne envie d'agir pour un mode de vie plus durable et responsable.


Enregistrement et montage : Karine Tollemer

Crédit musique : Nostalgia de Johny Grimes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous annoncer une nouvelle collaboration pour le podcast Parole de Femme en Normandie. En partenariat avec le Curiosity Club de Caen, un réseau engagé pour l'égalité femmes-hommes, je vous propose une nouvelle rubrique dédiée au talk du Curiosity Club. Le Curiosity Club de Caen organise régulièrement des soirées inspirantes, mettant en lumière des femmes qui partagent leurs idées, leurs expériences et leurs passions à travers des talks captivants. À partir d'aujourd'hui, vous pourrez découvrir ou redécouvrir ces prises de parole puissantes directement sur le podcast. Des récits qui célèbrent le courage, la créativité et la singularité des femmes. à écouter et partager sans modération. Pour inaugurer cette nouvelle rubrique de Paroles de Femmes en Normandie, en partenariat avec le Curiosity Club de Caen, j'ai le plaisir de vous présenter Pauline Massard, une femme visionnaire et engagée. Lors de ce premier talk, Pauline nous emmène à la découverte de sa maison 100% autonome, un projet inspirant qui repense notre rapport à l'habitat, à l'énergie et à la consommation. Avec passion et conviction, elle partage son parcours, les défis qu'elle a relevés avec son conjoint et ce qui l'a poussé à construire un lieu de vie en harmonie avec ses valeurs et avec l'environnement. Une rencontre passionnante qui donne envie d'agir pour un mode de vie plus durable et responsable.

  • Speaker #1

    Bonsoir à toutes, merci beaucoup d'être là, ça me touche beaucoup de vous voir intéressée par le sujet et par mon parcours. Donc moi je viens aujourd'hui pour vous parler principalement de ma maison. C'est la maison magique comme l'appelle ma fille Noéa qui a 10 ans aujourd'hui. Et avant de rentrer un peu dans le vif du sujet, je voudrais revenir sur le moment clé qui a fait qu'on s'est lancé dans cette aventure. qui a eu lieu il y a dix ans maintenant. Donc c'était un soir de novembre, c'était aux Etats-Unis, parce qu'à ce moment-là on habitait là-bas avec mon compagnon et ma fille qui avaient quelques mois. Et en fait j'avais une amie qui travaillait pour Hershey Biotech. Et Hershey Biotech c'est à la fois une entreprise et une ONG. Je ne rentrerai peut-être pas dans le détail maintenant, mais on peut en parler plus tard. Et en fait, voilà, c'est des gens qui, un peu fous, un peu anarchiste, qui expérimentent et construisent plein de choses, avec plein de matières, mais toujours avec l'idée de répondre à la fois aux besoins des êtres humains, besoins primaires et même un petit peu secondaires, en regardant ce que fait la nature, et comment elle fonctionne, et en s'inspirant de ça pour pouvoir répondre à nos besoins. Ce qui devrait être la logique des choses, mais voilà. Notre monde n'évolue pas tout à fait dans ce sens-là. Mais à la base, on a tout ce qu'il faut dans la nature pour répondre à nos besoins. Et donc, on est au mois de novembre en 2014. Et on part à Taos, au Nouveau-Mexique. Alors, je ne sais pas si vous connaissez la série Breaking Bad. Ça parle à certaines. Donc, c'est pour vous remettre un peu le paysage désertique. On part là-bas. On est donc au mois de novembre. Il fait très froid. Il neige dehors et on passe une semaine à découvrir ces maisons. C'était un paysage un peu lunaire avec, là je peux vous montrer une photo, vous imaginez un peu une grande vallée entourée de montagnes avec un paysage un peu lunaire et toutes ces maisons de toutes les formes qui sont en totale autonomie. Et on se retrouve un soir, il fait moins 7 dehors, il neige, et on est en t-shirt à l'intérieur et on n'a pas froid et on nous dit il n'y a pas de chauffage. et on prend une douche et c'est de l'eau de pluie et voilà et on est relié à aucun réseau et on est dans le confort total voire même un peu au delà quoi et donc même si on me l'avait déjà expliqué et même si je le savais le fait de l'avoir vraiment ressenti dans le corps et d'être dans le dans dans dans tout notre tous nos sens étaient connectés en fait à cette information et de se dire en fait c'est vraiment possible de vivre en dehors de tous les réseaux et d'être en totale adéquation avec les ressources et la nature. Et vraiment, ce moment, il nous a marqués profondément, parce qu'à ce moment-là de notre vie, il n'y avait absolument rien qui nous destinait à... vivre dans une maison comme ça et encore moins de la construire. Parce que moi je viens d'un monde plutôt urbain, j'ai grandi, je suis née, j'ai grandi à Bruxelles en Belgique. Donc jusqu'à mes 18 ans je n'avais pas quitté la Belgique. Alors j'ai toujours eu des petites envies de voyages et d'aller voir un peu ailleurs. Donc mon rêve c'était d'aller vivre en Australie, de vivre près de l'océan, tout ça. Comme j'avais des parents, on va dire classe moyenne, socialement, ils étaient fonctionnaires, ils n'avaient pas spécialement les moyens de m'envoyer faire des études à l'étranger, mais j'ai réussi à trouver une solution à travers le Rotary pour faire un échange d'étudiants, et donc j'ai fait un an en Australie. Ensuite, je suis rentrée faire mes études, parce qu'il fallait quand même avoir un diplôme. Moi j'étais plutôt bonne en tout, mais excellente en rien, donc il n'y avait pas un métier ou une... des études qui m'intéressaient plus que d'autres. Donc j'ai fait des études de commerce internationales pour quand même avoir le côté langue et pouvoir voyager. C'était toujours ça qui m'animait à ce moment-là. Et une fois que j'avais fini, je suis repartie en Australie pendant un an parce que c'était vraiment un pays que j'aimais beaucoup. Et puis, au bout d'un an, c'est sympa de profiter, mais on a quand même envie de donner un peu plus de sens à son travail. Je me dis, allez, je vais rentrer, je vais reprendre un boulot un peu normal et je vais m'investir dans ma carrière. Je suis rentrée en Belgique, j'ai trouvé assez rapidement un travail dans le monde des montres, qui n'était pas un objet qui m'intéressait particulièrement, mais moi je m'intéresse à tout. Je me suis intéressée à ça, j'avais une super équipe, je voyageais, c'était sympa. Mais assez vite, il y avait la question du sens qui venait me titiller entre... On faisait des montres suisses, soi-disant, depuis une entreprise belge. Donc déjà, ça vous fait dire le non-alignement. Et donc, on faisait quand même fabriquer des montres chinoises, qu'on assemblait en Suisse pour pouvoir dire que c'était Suisse, et qu'on revendait dix fois le prix en France, en Belgique. Donc déjà ça, moi, ça me questionnait beaucoup, de me dire en fait, notre produit, on le vend 400 euros, alors qu'il vaut 20 euros à la production. Donc en fait on vend quoi ? Qu'est-ce qui vaut ce prix-là ? Et puis il y avait tout un... Déjà à ce moment-là, même si je n'étais pas très engagée en termes écologiques et tout ça, il y avait quand même des questionnements en termes de ressources, d'énergie et de sens. En fait, qu'est-ce qu'on met derrière cette valeur d'une montre de 400 euros qui en fait est fabriquée en Chine pour 20 euros ? En fait, on vend quoi ? Puis derrière, il faut une belle boîte, il faut ci, il faut ça, mais les gens ne font rien avec cette boîte. Donc en fait c'est... Tout ça, c'est du vent, quoi, pour moi. Et un jour, je me souviens d'une scène où, en fait, on avait commandé ces fameuses boîtes et on s'était trompé de logo. Et donc, on a reçu cinq palettes remplies de cartons, de boîtes, qu'on a littéralement jetées. Et je me souviens du malaise que ça a créé en moi et de me dire, mais c'est vraiment pas possible, déjà, de le faire pour une montre qu'on vend, je trouvais ça un peu limite, mais alors en plus, quand on le jette pour une petite erreur de logo... ça perdait vraiment tout son sens et voilà donc ces petites choses déjà m'a alerté un petit peu sur sur une forme de non sens mais voilà j'étais encore loin de m'engager dans un projet comme celui là et en même temps au moment où je prends ce poste en belgique je rencontre mon compagnon qui lui est un peu plus âgé que moi il est journaliste il fait un peu ce qu'il veut quand il veut et il est très libre dans ses horaires et tout ça et c'est vrai que cette liberté un peu titillée, je me suis dit en fait on peut peut-être encore continuer un petit moment à faire ce qu'on veut et à profiter de la vie et donc très vite on a eu un projet d'aller s'installer aux Etats-Unis qui était vraiment basé sur une envie personnelle de vivre près de l'océan et d'expérimenter un peu la vie aux Etats-Unis, la Californie en plus voilà. Donc on est parti s'installer là-bas. Moi j'ai repris un an d'études en développement durable là-bas parce que pour des raisons de visa il fallait que... je refasse des études donc je me suis dit tant qu'à faire autant faire un sujet qui m'intéresse aujourd'hui donc c'est vrai que c'était très particulier de traiter ce sujet là avec la vision américaine parce qu'on est quand même dans des modèles de société assez différents et donc ça m'a appris beaucoup de choses ça a confronté beaucoup de croyances voilà ça a questionné beaucoup de choses chez moi ça a été assez intéressant même si on passait quand même la plupart de nos temps à analyser des grosses boîtes plutôt que à remettre en cause le système Mais ça m'a quand même aidée, encore aujourd'hui avec le recul, je me dis que ça m'a apporté une ouverture d'esprit sur une certaine réalité des choses. Et après ça, j'ai travaillé pendant plusieurs années pour un réseau de blogueurs, dans tout ce qui était alimentation un peu alternative, comment se soigner à travers l'alimentation. Ça m'a amenée aussi sur le sujet du plastique, les sujets des polluants. Et en fait, moi c'est à travers ça que je me suis intéressée à ce qui m'anime aujourd'hui profondément, qui est, je sais que ce n'est pas un sujet très sexy, mais la problématique des déchets, que je trouve absolument passionnante. Parce qu'à travers cette problématique-là, pour moi, on couvre toutes les autres problématiques. Que ce soit justement l'alimentation, le côté social, le côté ressources, le côté énergie. Et ça en dit aussi long sur notre façon de ne pas assumer les conséquences de nos actes. Parce que souvent, les déchets, on les met quelque part, on ne s'en soucie plus. Et puis surtout, on ne se soucie pas de tout ce qu'il y a eu avant. Et c'est normal, parce que c'est intangible. je ne dis pas ça pour culpabiliser, je m'inclus là-dedans, c'est en fait quand on ne perçoit pas de façon tangible l'impact de nos actions, c'est très difficile de changer nos comportements. Et comme nous, on exploite des choses qui sont loin de nous, on ne se rend pas trop compte un peu des impacts de notre mode de vie. Même si on le sait, parce qu'on est informé, c'est assez. ça reste quelque chose d'assez intangible. Et pour moi, les déchets illustrent très fort cette problématique-là. Et donc, on avait déjà plus ou moins décidé que le temps aux États-Unis était fini pour nous, parce que déjà, on avait vécu notre expérience. Et puis surtout, je ne sais pas si vous savez comment ça fonctionne aux États-Unis, mais il y a une histoire de score de crédit. pour pouvoir faire partie du système. Donc en gros, si on veut pouvoir louer une maison, même avoir un abonnement téléphonique, il faut pouvoir montrer son score de crédit. Donc ça veut dire qu'il faut prouver qu'on rembourse bien ses crédits. Ce qui, moi, me semble complètement absurde, parce que ça ne veut pas dire que pour moi, je n'avais jamais eu de crédit de ma vie, et je n'en voulais pas avant d'avoir une maison. Et donc je me disais, c'est complètement absurde de devoir prouver qu'on peut rembourser des crédits si on ne peut pas en avoir du tout. Mais non, là-bas ça ne marche pas comme ça, c'est une société qui est basée sur le crédit, donc en fait il faut pouvoir montrer toujours qu'on est des bons payeurs. Et nous on a toujours dit jamais on rentrera là-dedans, donc il y a aussi des limites à vivre comme ça, c'est qu'à un moment c'est difficile de construire une maison, de s'installer si on ne peut pas avoir accès au crédit. Donc tout ça mis ensemble, et puis aussi le fait d'avoir un enfant, de vouloir se rapprocher de la famille, on avait décidé de se réinstaller en Europe, en France en l'occurrence. moi je n'y avais encore jamais habité et puis quelques mois avant on découvre ces maisons donc les Horsships et là gros chamboulement parce que nous on n'avait absolument jamais eu comme projet de vie d'être propriétaire et encore moins de construire une maison donc voilà mais avant de vous raconter la suite je voudrais vous présenter ce que c'est un Horsship pour que ce soit un peu plus clair pour vous donc il y a six grands principes qui définissent cette maison. Le premier, c'est qu'on va utiliser des matériaux recyclés. Comme vous voyez sur les photos, le matériau principal, c'est les pneus. Les pneus en soi n'ont pas d'intérêt, si ce n'est de pouvoir accueillir de la matière. Ça veut dire qu'on va terrasser le terrain, et avec la terre qu'on va enlever, on va remplir les pneus, on va les tasser au maximum. pour créer une masse thermique, parce que quand il n'y a plus d'air, ça crée une masse thermique. Et en fait, c'est ça qui va faire notre chauffage. Et donc, tout le mur de fond de la maison, c'est ce fameux mur de pneus, où derrière, on va avoir un isolant à peu près un mètre derrière, pour pouvoir garder cette chaleur à l'intérieur des pièces, pour en tout cas l'hiver. On va aussi utiliser des bouteilles pour fabriquer des briques, avec des culs de bouteille. Donc il y a un côté à la fois qui va laisser rentrer la lumière et qui va aussi... être esthétique et artistique. Et puis, on va utiliser des canettes pour monter des cloisons. Bon, ça, ça a un petit peu moins d'intérêt, mais il faut se dire que ça a été créé à une époque où le recyclage n'était pas encore mis en place comme aujourd'hui. Et donc, ces déchets-là étaient plutôt brûlés ou enfouis. Ce n'est plus trop le cas en France aujourd'hui, mais dans certains pays du monde où ils construisent ces maisons-là, c'est des déchets qu'on trouve encore dans la rue. Donc, l'idée, c'est de faire avec des déchets. Voilà. Donc, ça, c'est le premier principe. C'est... d'utiliser des matériaux recyclés dans la construction de la maison. Le deuxième, c'est donc... Oh, pardon, je suis allée dans le mauvais sens. Le deuxième, c'est donc qu'on a un système de chauffage et de rafraîchissement complètement naturel et sans aucune énergie externe. Donc à l'avant de la maison, il y a ce fameux mur de pneus à l'arrière et devant on a une serre. Et donc évidemment la serre elle est façade sud, elle va emmagasiner la chaleur et ce fameux mur de pneus va la conserver pendant toute l'année pour pouvoir nous redonner de la chaleur. Parce qu'il n'y a pas du soleil tous les jours, donc il faut bien que ça puisse avoir un petit peu d'inertie. Et évidemment en été c'est l'inverse, on a besoin de rafraîchir et de garder la maison frais. Donc on a un système de puits canadien. Donc il faut imaginer qu'il y a des tuyaux, qui sont à peu près 12 mètres de tuyaux, qui sont enterrés derrière la maison, sous la terre, et qui vont, en fait, vous voyez, il y a des petites trappes là au-dessus de la serre et au-dessus des pièces. Et donc en fait, il y a un système naturel qui fait que l'air chaud monte. Et donc, quand on ouvre les trappes, l'air chaud va s'évacuer et va appeler l'air de l'autre côté des tuyaux. Et l'air, même s'il est chaud, Donc même s'il fait 40 degrés dehors et qu'on est en pleine canicule, le fait de traverser ces tubes qui sont sous la terre, ça va refroidir l'air et l'air qui rentre va être à la température de la terre, c'est-à-dire 14 degrés. Et donc si on laisse des trappes ouvertes et des puits canadiens ouverts, on va avoir de l'air conditionné qui va rentrer 24 sur 24 dans la maison. Et donc ça nous permet toute l'année d'avoir des températures entre 18 et 22 degrés, sans devoir utiliser un autre système. Deuxième principe, le troisième c'est qu'on récolte l'eau de pluie. Donc on a un toit en bac à scier, en pente, et donc quand il pleut, ça récupère l'eau là-dedans, dans des grandes citernes qui sont enterrées derrière la maison. Et ensuite évidemment on va filtrer avec des filtres cette eau pour pouvoir la consommer dans toute la maison et même la boire. Donc on est aussi complètement autonome au niveau de l'eau. On a 19 mètres cubes de réserve, donc ça nous permet... Nous, ça fait 7 ans qu'on habite dans la maison, on a déjà eu 4 sécheresses, donc ça veut dire pas de pluie pendant à peu près 3 mois, et on arrive à peu près à la moitié de nos réserves à la fin de l'été. Donc voilà, on peut dire qu'on peut tenir 5-6 mois normalement sans problème. Donc c'est quand même assez large, en sachant que le quatrième principe, c'est qu'on traite nos eaux usées en interne. Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que quand on utilise... la douche, l'évier, la machine à laver, on a même un lave-vaisselle, donc le lave-vaisselle. Toutes ces Ausha qui sont un petit peu sales, mais qui n'ont pas nos déchets humains dedans, donc c'est juste les eaux grises, en fait elles vont aller dans la serre. Et dans la serre, on a des plantes, on a un système de ce qu'on appelle des cellules botaniques. Donc il faut imaginer que c'est comme des petites mares, où on va mettre des plantes dedans. Et donc nos eaux grises vont aller... de nouveau avec un système juste de pente, vont aller dans ces petites mares et les plantes, avec leurs racines, vont se nourrir des bactéries qu'il y a dans l'eau, vont nettoyer l'eau et en même temps vont pousser. Et nous, en fait, après, on va renvoyer cette Ausha dans les toilettes. Et donc, quand on tire la chasse, c'est de l'eau qui a déjà été utilisée. Donc, ça ne va pas aller prendre sur nos citernes. C'est ça qui nous permet aussi d'avoir... une réserve suffisante d'eau pour plusieurs mois. Le cinquième principe, c'est évidemment qu'on produit de l'électricité. Alors, nous, on est situé en Dordogne, donc on a quand même plutôt un bon ensoleillement. Si on était dans une région un peu moins insoliée, il faudrait peut-être imaginer une éolienne ou quelque chose d'autre, mais nous, avec les panneaux solaires, ça nous suffit. Donc on a évidemment des batteries aussi pour pouvoir conserver l'énergie pour le soir, la nuit et pour les journées sans soleil. Et on a le grand panneau qui est là au milieu, c'est un chauffe-eau solaire, qui va chauffer notre eau, et ça nous permet aussi d'être presque autonome en eau chaude. On a juste besoin d'un petit complément en gaz pour l'hiver parce que... Les journées sont moins longues et le soleil est moins puissant, donc c'est parfois un peu limite. De temps en temps, on a besoin de compléter avec du gaz. Et le dernier principe, c'est qu'on fait pousser de la nourriture dans la maison. Parce que comme on a ce système de traitement des eaux usées, sans même devoir arroser, on a des plantes qui poussent. Et comme on est sous serre, on peut faire pousser des plantes exotiques. On a eu des bananes. On a un deuxième régime qui est en train de pousser en ce moment. On peut avoir des fruits de la passion, on a même des tomates en hiver, des poivrons. Et voilà, ça nous permet, alors c'est pas avec ça qu'on va nourrir toute la famille, mais voilà, ça nous permet d'avoir des petites choses tous les jours. Voilà, et ça c'est quand même un énorme luxe. Voilà pour les six principes du Horseship et qui définissent ce type d'habitat. Et je n'avais pas précisé, mais Earthship en anglais, ça veut dire un vaisseau terrien, si on le traduit mot à mot, parce que ça la forme un petit peu d'un vaisseau. Et c'est vrai que dans le fonctionnement, on peut retrouver un petit peu les fonctionnements d'un bateau, par exemple. Mais c'est relié à la Terre. Je vous montre juste un petit schéma qui reprend un petit peu le fonctionnement. Comme ça, ça vous permet de visualiser un peu mieux. Donc elle est semi-enterrée, pour qu'on puisse justement garder la masse thermique qui est créée ici au niveau des pneus. On a donc les citernes qui sont à l'arrière. Quand il pleut, l'eau est récoltée et va dans les citernes. Quand on l'utilise dans la maison, après ça part dans les plantes, ça revient dans les toilettes. Et quand on tire la chasse, ça va dans une phytoépuration à l'extérieur de la maison. Donc on est aussi à un traitement des eaux noires dans le jardin. Et donc comme ça, après la matière est aussi réétendue sur notre terrain. Donc c'est aussi un moyen de rester autonome là-dessus. Donc on a les puits canadiens qui sont enterrés là sur 12 mètres à l'arrière de la maison. Donc quand on a besoin de fraîcheur, on ouvre les aérations, l'air chaumont, ça fait appel d'air, l'air vient se refroidir ici et garde la maison au frais. Et on a la serre pour amener de la chaleur en hiver. Et donc là on va fermer les aérations pour que la chaleur soit bien redonnée dans les pièces de vie. Et après, on a l'énergie solaire, les batteries et l'éolienne si jamais on a besoin de compléter. Voilà un résumé très rapide des fonctionnements de la maison. Et donc, elle nous permet d'être complètement autonome, donc on n'est pas relié à aucun réseau. Alors, la personne qui a inventé ce concept, c'est un architecte qui s'appelle Michael Reynolds. Donc, c'est un Américain. et il a commencé à expérimenter là-dessus dans les années 70. Donc il commence à y avoir un petit peu de recul là-dessus. Et il est vraiment parti de ce principe qu'il y avait énormément de choses qui étaient brûlées, enfouies, gaspillées, et qui pourraient servir dans la construction de nos maisons. Et en même temps, il s'est basé sur comment fonctionnait la nature pour répondre à nos besoins. Et tout ce que je viens de vous expliquer, c'est assez basique. Ce n'est pas complexe, ça ne demande aucune technologie. C'est vraiment du fonctionnement naturel, mais duquel on s'est complètement éloigné dans la façon dont on construit nos maisons aujourd'hui. Et lui, il a juste essayé de remettre tout ensemble et de se dire comment est-ce qu'on peut maximiser tout ça pour avoir le plus de confort possible avec un minimum d'impact. Donc voilà, et sans aller trop dans le détail, il a fait énormément pour faire bouger les lois. Parce que le problème c'est que les lois aujourd'hui, elles sont... pas faite pour ce type d'habitat donc il faut en tout cas moi c'est ma croyance c'est que pour que les choses bougent il faut d'abord montrer que ça marche donc s'il faut montrer que ça marche faut qu'on puisse le faire donc c'est pas toujours facile de le faire dans le cadre de la loi donc lui au début il expérimentait un peu de son côté et quand on a commencé à lui mettre des bâtons dans les roues il s'est dit bah en fait il n'y a pas le choix il va falloir que j'aille faire en sorte que la loi évolue pour qu'on ait le droit de continuer à faire ça et lui s'est surtout battu pourquoi On est le droit, qu'ils aient le droit d'expérimenter. Parce qu'en fait, pour pouvoir arriver à ce que les choses fonctionnent, il faut d'abord se tromper, il faut rater. Et donc, voilà, il s'est battu pendant plus de dix ans pour qu'on l'autorise à faire ça. Et une fois qu'ils ont eu des autorisations, ils ont eu le droit, sur toute cette vallée, sur la photo que je vous ai montrée au début, à pouvoir construire sans faire de demande de permis. Et donc, ça fait 50 ans qu'il y a des personnes du monde entier qui viennent à Taos ou Nouveau-Mexique pour apprendre et expérimenter encore et toujours des nouvelles techniques autour de ces principes-là. Et aujourd'hui, il existe même une académie pour pouvoir apprendre ces techniques-là à beaucoup de monde. Voilà. Donc revenons-en à notre histoire. Donc nous, on découvre tout ça en novembre 2014. On sort de là avec... En fait... On s'est dit, ok, nous on ne voulait pas être propriétaire, on ne voulait pas construire une maison, par contre, wow, vivre dans un hardship, là, ce n'est pas une maison, c'est un mode de vie, c'est vraiment la philosophie de vie qui nous a parlé, qui nous a donné envie de faire tout ça. Alors on savait qu'il y avait une maison qui existait en Normandie, une maison comme ça, je ne sais pas où exactement, mais voilà, on sait qu'elle n'est pas à vendre, donc on s'est dit, si on veut un hardship, il va falloir qu'on le construise nous-mêmes, sauf qu'on n'est absolument pas constructeur. Et quand je vous dis absolument pas, c'est qu'on n'avait jamais eu une perceuse dans les mains. Vraiment, on ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Et heureusement, parce que je pense que sinon on ne l'aurait pas fait. Mais voilà, on avait en tout cas l'envie de le faire. Et puis, il y a aussi le côté, quand on revient d'une expatriation, c'est bien d'avoir un projet. Parce que si on revient à sa vie d'avant, il y a un côté un peu difficile. C'est bien d'avoir quelque chose qui nous anime, que ce soit un nouveau projet professionnel ou personnel. Donc nous, on est arrivés avec ce rêve de se dire, OK, on va construire un ship. Bon, il faut trois choses. Il faut un terrain, il faut un permis, il faut l'argent. Et il faut attaquer tout en même temps. Parce que l'un ne va pas sans l'autre. Donc c'est vrai que la Dordogne semblait répondre un peu à nos attentes et semblait être une belle terre d'accueil pour ce type de projet. Donc on a commencé à chercher des terrains là-bas, on a trouvé assez rapidement. Ensuite on s'est dit que ça allait être le parcours du combattant pour avoir le permis, parce qu'on construit quand même avec des pneus, on n'est pas relié au réseau. Puis en plus, nous on revenait des Etats-Unis, tout le monde nous dit Ah ben non, en France, l'administration, vous n'y arriverez jamais Sauf que nous, on revient avec notre vision américaine, pas de problème, que des solutions, on va embarquer tout le monde avec notre projet. Donc voilà, on s'est dit en fait, il y a deux manières de voir les choses. Soit c'est vivons heureux, vivons cachés, on fait notre petit truc de notre côté sans trop le dire. Soit on fait tout l'inverse, on en parle et on essaye d'embarquer les gens et on essaye de leur faire dire c'est aussi votre projet. C'est pas juste notre maison en fait, c'est... Voilà, c'est engager un mouvement et c'est essayer de faire parler aussi du territoire. C'est avec cette posture qu'on a été voir tous les acteurs. On commence par aller voir le maire, parce que c'est la première personne qui doit donner la permission avant que le projet continue. Je crois qu'il n'a pas trop compris de quoi on lui parlait. Ce n'est pas grave, il voyait une famille qui s'installait dans le village, il était content. Nous, on lui dit Ah, vous nous signez une petite feuille qu'on peut rajouter dans le dossier ? Oui, avec plaisir ! Bref, ils nous suivaient, peut-être pas pour les bonnes raisons, mais ils nous suivaient. Ensuite, on va avoir l'urbanisme. Donc là, au début, le premier rendez-vous, c'était vraiment, c'est qui ces Américains qui vont nous dire comment construire des maisons ? Donc ils étaient assez froids, et ça ne marchera jamais à cause de la phytoépuration, à cause de ci, il faut être agréé. Donc là, ils nous sortent tous les problèmes. Donc nous, on prend les problèmes un par un, on dit, ok, on va trouver des solutions. Ok, problème numéro un, qu'est-ce qui peut poser problème ? Si, ça, ça. Et au fur et à mesure, dès le deuxième rendez-vous, ils ont complètement changé de posture et ils étaient du coup investis dans le projet. Et au final, ils ont été hyper soutenants et on a eu notre permis en 10 jours parce qu'ils nous avaient tellement entendu parler de nous et ils s'étaient tellement impliqués dans le projet qu'au final, ils le connaissaient déjà. Donc ils l'ont juste validé à la prochaine commission. Donc en fait, le permis, nous, on s'attendait à un véritable combat et au final... En fait, à force d'avoir embarqué tout le monde, ça a été, je ne vais pas dire facile, mais pas trop difficile quand même. Là où ça posait un peu plus de difficultés, c'était sur le prêt, parce que déjà on avait un très mauvais dossier, pas de CDI, on n'avait pas payé d'impôts en France depuis très longtemps, donc en gros on ne rentrait pas dans les cases. Et là pareil, nous on s'est dit oui, mais on va jouer sur l'humain, on va parler du projet, on va expliquer qu'en fait on va vivre différemment, donc peut-être qu'on ne gagne pas ce qu'il faut, mais on dépense moins. Donc en fait ça va marcher. Bon, on s'est pris pas mal de noms jusqu'au jour où on a rencontré une directrice de banque dans une banque classique. Voilà, nous on s'attendait à devoir aller dans une banque alternative et pas du tout, ils ne nous ont pas suivi. Compte dans une banque classique parce qu'elle était maître de ses décisions. Et en fait une fois qu'on a réussi à trouver la personne pour laquelle notre projet résonnait, en fait ça a débloqué les choses. Donc ça c'est... C'est une très belle leçon aussi de se dire que ça se joue souvent à l'humain et à la personne et qu'une fois qu'elle est sensible à quelque chose, elle va trouver des solutions. Elle va nous aider à trouver des solutions. Donc on a dû quand même ajuster, et là je vous fais les choses vraiment très en résumé, c'était quand même un peu plus complexe que ça, parce qu'il a fallu trouver des solutions, notamment au niveau de la garantie décennale, parce que comme on ne travaillait pas avec une entreprise française, on a dû porter nous-mêmes la responsabilité. Donc voilà, il y a quand même eu des risques à prendre. Mais nous, on était prêts à les prendre parce que c'était un peu le prix à payer pour faire avancer les choses. Donc une fois qu'on a eu ces trois éléments-là, on a pu lancer le fameux chantier. Et donc, on a quand même dû faire venir une équipe des États-Unis, ce qui n'est pas très durable pour construire une maison. Donc l'idée, c'était de se dire en fait...

  • Speaker #0

    Ce qu'on veut, c'est que tout ça, ça serve à plus que nous. Donc en fait, on aimerait que ce chantier puisse servir aussi de chantier école. Donc en fait, ce que vous faites aux États-Unis, où les gens du monde entier viennent chez vous pour apprendre ces techniques-là, le fait que vous veniez ici, ça va permettre à des gens de France et d'Europe de venir apprendre ces techniques-là là où ils sont. Et donc, on a eu à peu près 80 étudiants qui sont venus sur le chantier. Donc on était en 2018, mi-juillet, mi-août, ça a duré 24 jours, donc c'est extrêmement court. Et on a eu 20 personnes à peu près du staff d'Hors-Chip BiotechTour et 80 étudiants qui sont venus pendant 24 jours construire la maison. Donc autant vous dire que c'était complètement fou et très très intense. Donc nous pendant plusieurs mois on a dû rassembler tous les matériaux, donc tous les matériaux recyclés, donc 8000 bouteilles, 800 pneus. 3000 canettes, on en a fait des trajets dans les garages, dans les tournées des bars, des boîtes de nuit pour pouvoir récupérer ces matières-là. Et puis il y avait tout le reste des matériaux parce qu'il y a quand même d'autres choses qui sont nécessaires pour construire la maison. Et il fallait que tout ça soit là pour mi-juillet, le 18 juillet, pour le début du chantier parce qu'on a 100 personnes qui débarquent et il faut que ça déroule. Donc voilà, c'était complètement fou. Moi j'ai passé un mois horrible. C'était vraiment que du stress et gérer des problèmes. Et en plus, s'ajoutait à tout ça le timing de mi-juillet, mi-août en France. Bon ben, il y a quand même pas mal d'entreprises fermées. Face aux Américains qui eux ne comprennent pas parce qu'aux Etats-Unis le client est roi. Donc quand on veut acheter un truc, on l'a. Ben ça marche pas comme ça chez nous. En plus, moi je recevais des listes de matériaux en anglais avec des mesures américaines et je devais aller expliquer aux artisans français ce que je recherchais comme matériaux sans même comprendre à quoi ça servait. Donc voilà, ça a été vraiment du stress et énormément de tension parce qu'en fait, on ne peut pas y avoir de problème parce qu'ils sont là 24 jours. Donc si ça n'avance pas, la maison n'est pas terminée au bout des 24 jours. Donc voilà, moi ce n'était pas une très belle expérience, mais pour les gens qui étaient là, je pense que ça a été une expérience très riche. Malheureusement, on est passé un petit peu à côté de l'expérience humaine du chantier, parce qu'on était tellement pris par la logistique. Mais voilà, ça a été vraiment un village dans le village, et ça a été merveilleux de voir la force d'une fourmilière humaine. C'était vraiment ça. En plus, Hors-Chic-Biotech-Tour, ils sont... pas très organisé donc on comprend rien à ce qui se passe mais ça avance donc il n'y a jamais une réunion il n'y a jamais rien mais tout se monte et la maison elle avance donc c'était vraiment assez fou et beau de voir un tel projet prendre vie en plus pour nous quoi c'était vraiment très beau de voir tous ces gens mobilisés pour construire un habitat pour une famille Ensuite, vous voyez, c'est la fin de la première semaine, on avait déjà tout le mur de pneus, la structure de la serre. Après, on a installé les citernes, puis l'intérieur. Et un jour sur deux, ils allaient en classe pour apprendre la théorie. Donc il y avait vraiment cette transmission aussi, puisque l'idée c'est que toutes ces personnes-là, après, puissent aller développer leurs propres projets et faire grandir aussi ce mouvement. et au bout de 24 jours la maison était montée hors d'eau hors d'air avec les systèmes qui fonctionnent donc c'était absolument fou alors évidemment elle n'était pas tout à fait fini parce qu'il y avait quand même des petites finitions à faire il n'y a pas de salle de bain pas de cuisine donc il a quand même fallu après travailler pendant plusieurs mois donc mon compagnon benjamin il est reparti dans son travail d'avant parce qu'il n'est pas très manuel donc lui il s'est pas trop pris au jeu de tout ça. Moi par contre je n'avais pas d'expérience mais je suis assez manuelle et voilà donc j'ai continué à faire les finitions avec un ami artisan qui me disait quoi faire et moi je faisais la petite main et j'ai trouvé beaucoup de plaisir et puis c'est hyper satisfaisant aussi de construire sa maison. Donc on a eu à peu près six mois et après ça on va dire qu'on était bien installé dans la maison et assez confort. Voilà en grand résumé l'aventure de la construction. Donc ça fait à peu près maintenant 7 ans qu'on est dans cette maison. Et donc on vit en totale autonomie, qu'on ne paye pas de facture. Et on a quand même traversé deux grosses crises depuis 7 ans, la crise Covid et la crise de l'énergie. Et c'est vrai que nous, quand on a fait cette maison, on ne pensait pas si vite se dire qu'on allait, entre guillemets, avoir le résultat de notre investissement, si on veut parler un peu en ces termes-là. Mais si je veux parler de façon plus philosophique, quand on a voulu faire ce projet, l'idée c'était... Pour moi, c'était de dire, en fait, j'ai envie de vivre dans le même confort, normalement, mais sans trop faire de mal à la nature. Pour être un peu caricaturale, c'était quand même ce que je pensais. Et aujourd'hui, je ne pourrais plus du tout tenir ce discours-là, parce que pour moi, c'est vraiment vivre autrement. Il faut accepter, en fait, de changer ses habitudes. Il faut sortir de, nous les humains, on impose nos besoins, ou ce qu'on considère être nos besoins et nos envies. à la nature et on l'exploite pour pouvoir répondre à toujours plus, mais c'est de se dire comment, en me fixant des limites, je peux essayer d'y trouver un maximum de confort. Et pour ça, c'est à nous de nous adapter aux ressources, à nous de nous adapter à ce que la nature nous offre. Et en fait, on est complètement déconnectés de ça, et c'est normal. Depuis, voilà, on est déconnectés de nos actions, de nos impacts, d'où viennent les ressources, on le sait. mais on ne réalise pas les tuyaux qu'il y a pour faire amener l'énergie, les gâchis d'énergie qu'il y a partout. Et donc, pour pouvoir vivre dans le confort dans une maison comme ça, il faut s'adapter à ses comportements. Donc, ça veut dire qu'il faut prendre l'énergie quand elle est là. Quand il y a du soleil, on va faire des choses, on va faire tourner la vaisselle au moment où il y a du soleil. On ne va pas le faire la nuit. Quand il pleut, ça va remplir nos citernes. Et en fait, essayer de toujours trouver ce qu'il y a. positif dans ce qui nous est offert à ce moment là et d'ajuster nos besoins avec certains l'outil certains outils notamment le tec pour certaines choses d'avoir des alternatives pour que voilà quand par exemple il ya du soleil on va utiliser la boule à l'électrique quand il y en a pas on va avoir une alternative le tec et c'est de se dire en fait comment est ce que je peux m'adapter à ce qui m'est offert et pas l'inversé voilà et ça c'est Pour moi, c'est hyper gratifiant parce que c'est une forme de liberté. Déjà de ne plus payer de factures, de ne plus nourrir un système qui, moi, en tout cas, me mettait beaucoup dans la culpabilité. Je n'aimais pas ce sentiment-là. Aujourd'hui, je ne le ressens plus. C'est hyper apaisant. Et après, c'est de se dire, en fait, je me reconnecte à mon environnement. Je comprends mieux comment il fonctionne. Moi, aujourd'hui, je suis tellement en lien avec... les saisons la façon dont la nature fonctionne ne fût ce que le trajet du soleil moi je ne faisais pas attention avant aujourd'hui je peux dire à n'importe quel moment de l'année si vous montrez une photo de de la vue de ma maison je peux vous dire à quel moment de l'année on est à quelle heure rien qu'en fonction d'où se trouve le soleil parce que je suis obligé de l'observer je suis obligé de l'observer pour savoir où j'en suis moi dans l'énergie qui m'est donnée et donc en fait tout ça ça me reconnecte vraiment mon environnement et c'est voilà c'est quelque chose qui est hyper nourrissant et hyper apaisant comme mode de vie après moi j'ai j'ai été un peu trop loin parce que c'est devenu comme un jeu l'autonomie pour moi donc j'en suis arrivé à une forme limite d'obsession à me dire mais comment je peux faire encore plus de choses tout seul sans avoir besoin de personne et ça c'est un moment je me suis vraiment questionné je me suis dit ben en fait il faut Ok, je suis bien dans mon petit paradis, ma petite famille est protégée. La crise Covid, pour nous, c'est nous qui avons accueilli des gens confinés de la ville pour que ce soit plus agréable. La crise de l'énergie, on ne l'a pas trop sentie. Mais au final, je pense qu'on est tous au fait de l'épuisement des ressources et des crises qu'on va sans doute devoir affronter dans les années à venir. Nous, tout seuls, dans notre petit monde autonome, on ne va pas aller bien loin. Donc en fait, l'autonomie à l'échelle individuelle ou à l'échelle d'une famille, elle n'a pas de sens. Moi, si j'ai envie de vous partager tout ça aujourd'hui, c'est parce que j'aime bien le remettre à l'échelle de la société et de se dire en fait comment ensemble, on peut essayer de se fixer des limites, mais pas de le voir comme un poids, mais plutôt comme des nouvelles opportunités, de se dire en fait comment on peut vivre autrement et plus en lien avec notre environnement et plus dans le respect de nos... de ce qui nous est offert. Et donc, comment est-ce qu'on peut agrémenter tout ça et pas juste pomper ce dont on a besoin ? Voilà. Et tout ça, ça nous a fait vraiment créer une autre relation à l'habitat. Et d'ailleurs pour la petite anecdote, on avait dit on fait cette maison mais on n'y reste que cinq ans, après on la revend et on repart en voyage. Voilà ça fait sept ans, moi je me vois pas vivre ailleurs donc c'est sûr que ça a complètement changé la vision des choses. Notre fille elle a grandi dans cette maison donc pour elle ces comportements là ils sont presque innés parce qu'en fait nous c'est quand on va chez les autres qu'on lui dit de faire attention. On dit non non ici l'eau elle vient pas de la pluie, attention il faut que tu fasses super attention. Parce qu'elle a l'habitude de pouvoir se permettre de prendre des douches plus longues, de laisser couler l'eau, parce que l'eau pour nous c'est pas trop un problème. Et donc c'est vrai que ça a complètement transformé notre façon de vivre. Et nous quand on n'est pas à la maison, elle nous manque. On la considère souvent, on dit que c'est comme un membre de la famille, parce qu'on est tellement en lien avec son fonctionnement. Elle a aussi besoin de nous, parce qu'en fait si on n'est pas là... elle va pas être bien aérée, il commencera à y avoir de l'humidité. Si on n'est pas là, on ne prend pas de douche, il n'y a pas d'eau qui coule dans les plantes, les plantes vont mourir. Donc en fait, il y a une vraie relation entre l'habitat qui est quasi vivant et nous. Nous, on le considère comme vraiment, oui, il y a un lien d'échange entre la maison et nous. Et là, je vous montre quelques photos un peu de différents moments. On n'a pas souvent de la neige, mais c'est vrai que c'est assez spectaculaire quand on en a. Surtout quand on a du soleil le lendemain et donc pareil on a cette sensation où il fait très très froid dehors et nous on est en tee-shirt pieds nus à l'intérieur c'est assez magique. On montre encore des dernières photos. Et donc aujourd'hui c'est vrai que on a décidé de parler de plus en plus de cette maison, de ce mode de vie. Il y a à peu près une trentaine de maisons aujourd'hui comme ça qui existent en France donc ça s'est bien développé. Ça se fait aussi sans archi-biotech-ture, ce qui est super. Donc il n'y a pas besoin que ces gens-là viennent construire ces maisons. Maintenant, les techniques sont là, il y a des gens qui sont capables d'accompagner. Alors, il n'y a pas une entreprise qui peut construire la maison clé en main. Donc ça reste des gens qui sont OK de faire de l'autoconstruction et tout ça. Mais voilà, on se développe. Il y a de plus en plus d'architectes qui sont capables aujourd'hui de faire des plans de maisons bioclimatiques et qui intègrent en tout cas. Ces choses-là, qui comme je le dis, n'ont pas été réinventées, sont juste logiques et vont dans le bon sens des choses. Donc c'est super beau de voir ces choses-là évoluer, et de voir qu'il y en a de plus en plus, et que c'est accepté en termes légals, que c'est mis en avant dans les médias aujourd'hui. Nous aussi, il y a quelques années, c'était encore vu comme un projet un peu très alternatif, voire extrême, hippie. Et il y a deux ans, on est passé sur le 20h du JT de TF1, et le titre du reportage était La maison du futur Et ça, moi, ça m'a fait tellement plaisir de me dire Waouh, TF1, quand même ! On n'est pas sur un média alternatif, on est vraiment sur du grand public, et eux, maintenant, considèrent ça comme l'habitat du futur. Donc c'est que les choses bougent, c'est qu'on est vraiment conscients de ce qu'il faut, dans quel sens il faut que ça avance. Donc voilà. Nous, on est ravis de voir ces maisons se développer là, on est ravis d'en parler. On ouvre nos portes pour que les gens puissent expérimenter aussi ce mode de vie, parce que comme nous, on l'a vécu, c'est ça qui nous a donné envie d'y aller. C'était le ressenti de ce que c'est de vivre dans cette maison. Et donc aujourd'hui, il y a une part de mes activités qui sont liées au partage autour de tout ça. Et puis, je reste passionnée par la problématique des déchets, qui sont évidemment liées à tout ça aussi, parce qu'on parle de ressources. On parle d'énergie, on parle de faire avec la nature et pas contre. Et donc, voilà, j'ai encore une part de mes activités qui est liée à accompagner à la réduction des déchets. Et puis une autre pour essayer de faire parler de la maison et de ce mode de vie à un maximum de personnes. Et surtout à ceux qui n'en ont jamais entendu parler, j'espère comme vous, de pouvoir ouvrir à quelque chose de nouveau.

  • Speaker #1

    Si ce podcast vous a plu et que vous souhaitez en savoir plus, retrouvez le livre de Pauline Massard et de Benjamin Adler, La maison magique, Earthship, l'habitat autonome du Nouveau Monde, aux éditions Masso. Retrouvons-nous dès le jeudi 13 mars pour un nouvel événement proposé par le Curiosity Club. Pour en savoir plus, rendez-vous sur les pages Instagram du Curiosity Club ou de Paroles de Femmes en Normandie. A très bientôt pour un nouveau talk inspirant.

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