- Speaker #0
Parole de chercheuse. Parole de chercheur. Ça ne produit pas, évidemment, les substances qui vont être consommées. Mais l'idée, au-delà de cette consommation, c'est évidemment d'entamer un dialogue avec les usagers, de créer du lien avec un public qui est précarisé, un public qui est difficile à atteindre. On a dû attendre 2022 pour voir l'ouverture d'une salle de consommation à Bruxelles, capitale de l'Europe, avec quelques entreprises juridiques. Bonjour à toutes et tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Parole de chercheur, parole de chercheuse, le podcast de Lucie Louvain Saint-Louis Bruxelles qui met les mains dans la recherche. Je suis Simon Desplancs et aujourd'hui pour parler des salles de consommation à moindre risque dans un contexte de crise du crack à Bruxelles, j'ai le plaisir de recevoir Christine Guillain, professeure ordinaire à Lucie Louvain Saint-Louis Bruxelles, spécialiste de droit pénal et des questions liées aux drogues. Christine, bonjour.
- Speaker #1
Bonjour Simon.
- Speaker #0
Alors, on voit que c'est un sujet éminemment d'actualité et je pense que ce qui est intéressant ici c'est vraiment de remettre les choses en contexte et... Et pour remettre les choses en contexte, je pense que d'abord, un effort de définition s'impose. Donc d'abord et avant tout, Christine, c'est quoi le crack ?
- Speaker #1
Alors le crack, c'est un dérivé de la cocaïne qui se présente sous forme de petits cristaux et qui est obtenu en chauffant la cocaïne, d'où le terme crack, parce que quand on chauffe la cocaïne, ça émet un craquement sonore et on dilue la cocaïne avec de l'eau et on y ajoute certains produits. destiné à augmenter le volume. Le plus souvent, c'est mélangé avec du bicarbonate de soude et parfois malheureusement avec de l'ammoniaque. Cette transformation chimique va rendre la cocaïne fumable et va lui donner cet aspect de petits cristaux, de petits cailloux blancs ou jaunâtres. Le crack peut être sniffé comme la cocaïne, donc aspiré, mais il peut être aussi injecté, inhalé. Le plus souvent, il est fumé. à l'aide d'une pipe en crack, et c'est parce qu'il est fumé qu'il atteint plus rapidement le cerveau. Alors c'est aussi parce qu'il est mélangé, et donc il est moins pur que la cocaïne de base, que le crack est vendu moins cher, ce qui explique son succès dans des quartiers pauvres défavorisés. C'est un psychostimulant très très actif, donc il y a un effet énergisant, un effet euphorisant très très puissant, donc on a tous les sens en éveil. Ce qui est important pour un public qui vit essentiellement dans la rue et qui est constamment sur ses gardes, il y a une montée en puissance très très rapide, mais il y a une descente tout aussi rapide. Donc les effets sont très très courts, durent entre 5 à 10 minutes, ce qui induit une décompensation et qui appelle des prises de plus en plus régulières, qui amènent un usage compulsif et qui entraînent donc chez des usagers qui sont déjà fragilisés. Un état d'épuisement physique et psychique, les gens ne donnent plus, ne mangent plus. Ce qui est peut-être important à souligner, c'est qu'il y a une démocratisation, une banalisation de l'usage du crack. Les acteurs de terrain parlent d'ubérisation du marché du crack, du marché des drogues en général. Tout est disponible partout et tout le temps. Et on voit comment le marché des drogues est très réactif. qui s'adapte à un public précaire, le crack se vend en petite quantité, entre 0,2 et 0,3 grammes, pour un usage unique qui va se répéter plusieurs fois au cours de la journée, puisque les effets ne durent pas très long.
- Speaker #0
Petite précision peut-être, tu parles donc de public défavorisé qui consomme, c'est quoi le prix d'une dose de crack justement ?
- Speaker #1
Alors le prix est presque similaire à la cocaïne, alors je ne suis pas une spécialiste, les prix... bougent très très vite, mais on parle entre 40 et 50 euros pour un gramme de crack. Donc c'est des prix qui sont similaires à la cocaïne, mais surtout on le vend en petite quantité. Alors que la cocaïne en général se vend par un gramme, le crack va se vendre par très petite quantité et donc forcément va se vendre moins cher.
- Speaker #0
Et donc justement, tu parlais des quartiers défavorisés, du type du public qui consomme le crack. Ça nous amène plus largement à une question qui a fait énormément débat ces derniers temps, c'est comment expliquer le momentum médiatique qu'il y a eu autour de la consommation du crack à Bruxelles, les épisodes de violence qu'on a connus. Est-ce que c'est juste une montée en puissance d'un sentiment d'insécurité, ici le mot important est sentiment, puisque la différence entre l'insécurité réelle et l'insécurité ressentie, ou est-ce qu'il y a plus qu'un sentiment couplé à une montée en puissance, enfin en tout cas une attention accrue des médias ?
- Speaker #1
Oui, alors tu as raison de souligner, on connaît actuellement une crise du krach, même si le problème n'est pas neuf. Les associations de terrain ont déjà atterri l'attention des autorités sur la problématique il y a près de dix ans, à Bruxelles comme ailleurs. Mais problème qu'il faut replacer dans un contexte plus large, c'est celui de l'évolution du marché de la drogue, plutôt du marché des drogues, qui est en plein... en pleine évolution et auxquelles sont confrontées toutes les grandes villes européennes et notamment un marché de la cocaïne en plein essor. Il y a une circulation sur le territoire européen qui s'est amplifiée et plus particulièrement en Belgique depuis les années 2000. Et cette situation est liée à l'expansion de la production mondiale de cocaïne. Alors on a des chiffres disponibles. notamment de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, mais aussi de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, qui est en fait un organe du Conseil de l'Europe qui est basé à Lisbonne. Et donc, selon l'Office des Nations Unies, la quantité de cocaïne produite dans le monde a doublé en l'espace de quelques années, donc entre 2014 et 2020, pour atteindre un pic de 1 982 tonnes en 2020, donc deux fois plus qu'à la fin des années 90. Et du côté de l'Observatoire européen, on a des chiffres non seulement concernant le volume des saisies de cocaïne, mais aussi sur l'analyse des eaux usagées. Donc ça, c'est intéressant. Alors au niveau des saisies, la Belgique en fait se situe en haut du podium, donc sur les 27 pays du Conseil de l'Europe, puisque entre 2016 et 2020, on a une moyenne de 52 tonnes de cocaïne saisie annuellement. La Belgique est en haut du podium, la France par exemple, pour vous donner un ordre de grandeur, arrive en quatrième position avec 14 tonnes. La différence est énorme. Et en 2022, il y a plus de 100 tonnes qui ont été saisies au port d'Anvers. Donc c'est une voie d'entrée royale pour toutes les drogues, mais spécialement pour la cocaïne. Tout en sachant, et ça c'est important, que les saisies ne représentent qu'une infime partie évidemment de la drogue qui circule. En général, on parle plus ou moins de 10%. Merci. Alors ce qui est intéressant aussi, c'est l'analyse des eaux usées, des eaux usagées. C'est aussi des données pour 2022. Et là, de nouveau, la Belgique est en haut du podium, dans le top 20 en termes de consommation, avec Anvers qui arrive comme première ville et puis Bruxelles qui arrive très, très vite en quatrième position. Donc voilà, on a des données importantes concernant le problème de la circulation, et spécialement de la circulation de la cocaïne. Et comme je vous l'ai expliqué, le crack est un dérivé. important de la cocaïne.
- Speaker #0
Oui, alors peut-être une petite question un peu naïve, mais Anvers, c'est certes un port extrêmement important en Europe occidentale, mais il n'est pas le seul, il y a le port de Rotterdam, qui est en fait l'un des premiers ports mondiaux. Pourquoi est-ce qu'on n'observe pas des chiffres ou une tendance similaire aux Pays-Bas ?
- Speaker #1
Alors, il y a des chiffres, là je vous parle des chiffres pour la Belgique, mais évidemment, Rotterdam arrive aussi assez vite dans le top 20 des villes européennes où il y a le plus de... de saisie qui sont opérées, mais c'est un port dont l'entrée est beaucoup plus étroite. Le port d'Anvers est immense, il y a plusieurs voies d'entrée, et donc ce n'est pas possible non plus de mettre des postes de contrôle partout, parce que c'est évidemment les commerçants qui s'en plaignent en disant que ça freine la circulation, ça ralentit le trafic, tandis qu'à Rotterdam, il n'y a qu'une voie d'entrée. Et donc les contrôles sont plus faciles à opérer. Et donc il y a beaucoup plus de... de trafic dans le port d'Anvers qu'ailleurs.
- Speaker #0
Oui, alors peut-être une petite dernière précision par rapport au contexte plus général. Tu parlais donc de l'augmentation de la consommation de cocaïne. En fait, on assiste aussi au niveau du marché des drogues en général à un changement des modes de consommation, notamment aux Etats-Unis. On a davantage d'opioïdes qui tendent à remplacer la cocaïne. Donc cette cocaïne qui est en plus produite en plus grand volume est exportée ailleurs dans le monde. C'est une réorientation aussi des flux qui explique que l'Europe devient désormais un marché beaucoup plus important pour la cocaïne que ça ne pouvait être le cas il y a 20 ou... 30 ans. Mais donc, avant de poursuivre la réflexion, comment est-ce que tu en es venue à t'intéresser à ces questions à titre personnel ?
- Speaker #1
Alors, je me suis intéressée à la question il y a déjà fort longtemps, parce que j'ai effectué un séjour Erasmus à Amsterdam, c'était en 1993, comme quoi le temps passe vite, et j'avais envie de m'aventurer sur d'autres terrains que celui du droit, et donc... Dans le cadre de ce séjour Erasmus, j'ai pu prendre des cours d'opération et j'ai pris des cours de criminologie. Et un des professeurs de criminologie menait une recherche sur le tourisme de la drogue. Et il cherchait des étudiants, c'est une pratique assez courante dans les universités hollandaises d'associer les étudiants à des recherches.
- Speaker #0
Un mode d'enseignement, recherche plus anglo-saxonne.
- Speaker #1
Exactement, et il cherchait des étudiants francophones pour faire passer des entretiens. à des touristes belges et français pour essayer de mieux cerner les habitudes de consommation des touristes belges et français. Je me suis fait vite s'opérer avec mon petit accent francophone. Et donc, voilà, c'est comme ça que j'ai commencé la recherche et c'est comme ça que j'ai commencé à m'intéresser à la question des drogues, qui ne m'a plus vraiment quittée par la suite. J'ai écrit mon premier article, je me souviens, dans le journal du droit des jeunes, en 1994. Et puis voilà, j'ai consacré ma thèse de doctorat en 2009, où j'ai étudié tous les facteurs de criminalisation qui ont amené à la criminalisation des drogues. Le chemin inverse en étudiant les résistances à la décriminalisation et ça reste évidemment, j'ai d'autres thématiques de recherche, mais ça reste un fil conducteur. J'ai encore publié un ouvrage assez récemment, en 2023, un ouvrage juridique que j'ai écrit, que j'ai plutôt finalisé lors d'un séjour de recherche à Lisbonne auprès de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies qui est actuellement dirigé par un Belge.
- Speaker #0
Ce qui est intéressant dans ton parcours, c'est qu'on voit qu'ici, il y a quelque part la soupe primordiale qui permet d'expliquer la recherche pour laquelle on t'interroge ici, à savoir les salles de consommation à moindre risque, parce qu'il y a évidemment tout un volet juridique sur lequel on va revenir. Mais au-delà de ça, il y a un côté très criminologie, très sociologie, quelque part, du droit pénal, où on réfléchit à comment est-ce qu'on en vient à criminaliser certaines pratiques. Et plus spécifiquement, ici, la recherche que tu as menée. a fait l'objet d'un dispositif de recherche financé notamment par Belspo. Est-ce que tu peux expliquer un petit peu les tenants et les aboutissants de cette recherche ?
- Speaker #1
Alors, effectivement, on a entamé une recherche interuniversitaire sur la coordination de Pablo Niquez, qui était un professeur à l'UCLouvain. C'est une recherche interdisciplinaire, comme tu le soulignes, qui mélange plusieurs disciplines, le droit, la criminologie, la psychologie. Et interuniversitaire, puisqu'elle est menée sous l'égide de l'UCLU-Voim, en partenariat avec l'Université de Ghent, l'Université de Liège, mais également avec l'INSERM en France, qui est un établissement public à caractère scientifique. Recherche, tu l'as souligné, financée par le BESPO pour une durée de trois ans, qui a débuté fin 2023. Donc on n'a pas mené cette recherche, on est en train de la mener. et qui se terminera en 2026. Et donc l'idée est d'évaluer les deux salles de consommation à moindre risque qui existent actuellement en Belgique. D'une part, SAFTI à Liège. Alors SAFTI en wallon, ça veut dire protège-toi. Et puis qui existe depuis 2018. Et GATE à Bruxelles qui a ouvert ses portes en 2022. Il y a une troisième salle de consommation qui va vraisemblablement ouvrir en 2026 dans le quartier Nord, plutôt près de Ribocourt à Bruxelles. Et il y a le projet aussi d'ouvrir une salle de consommation mobile, sous forme d'un bus à Charleroi. Alors là, recherche, en fait, le projet part du constat qu'il n'y a pas encore d'évaluation de ces salles en Belgique. Donc de mener une réflexion interdisciplinaire sur leur utilité en termes de santé publique, de sécurité publique, d'évaluer leur rapport coût-bénéfice, et de faire des recherches sur ce qui est en fait de voir comment ces salles sont contrôlées, quel est le suivi qui est assuré, de tenter de mesurer leur incidence sur le parcours des usagers, notamment en termes de trajectoire de soins, est-ce qu'il y a des changements dans les comportements à risque, de mener des entretiens, donc tout ça via des entretiens, que ce soit des entretiens individuels ou des entretiens en groupe, sur des cohortes d'usagers de drogue. d'analyser des données, de mesurer aussi la réception de ces salles de consommation auprès du voisinage, qu'on appelle l'acceptabilité sociale des salles de consommation.
- Speaker #0
On voit ici tout l'intérêt du regard sociologique.
- Speaker #1
Tout à fait, et évidemment l'impact de ces salles de consommation sur la tranquillité publique. Alors à Saint-Louis, on n'est plus particulièrement en charge du module, il y a différents work packages comme on les appelle. du module légal, donc d'analyser le cadre réglementaire au plan international, européen, fédéral, régional, communal, mais aussi par exemple les protocoles d'accord. Il y a un protocole d'accord qui a été signé concernant l'ouverture de la salle de consommation à Bruxelles, avec le secteur associatif, avec la ville de Bruxelles, avec le CPAS de Bruxelles, avec l'ASBL Bravo, avec les zones de police. Et également de voir un petit peu quels sont les différents outils juridiques à disposition des personnes qui travaillent dans ces salles de consommation, puisque ça pose évidemment plusieurs problèmes. Et l'idée au final est également de comparer la situation belge avec d'autres dispositifs à l'étranger pour s'inspirer des bonnes pratiques qui existent à l'étranger.
- Speaker #0
Alors on va y revenir tout de suite, notamment sur les blocages juridiques qu'on étudie plus spécifiquement ici sur le site de Saint-Louis. Mais très concrètement, pour qu'on visualise un petit peu de quoi on parle concrètement, c'est quoi ? une salle de shoot ou une salle de consommation à moindre risque. En quoi ça consiste ?
- Speaker #1
Je n'aime pas le terme salle de shoot. Et par ailleurs, ce n'est pas qu'un endroit où on utilise des seringues pour consommer de la drogue, on va y arriver. Mais les salles de consommation à moindre risque, c'est quoi ? Ce sont des structures qui offrent aux usagers de drogue un espace où ils peuvent consommer en toute sécurité dans un environnement stérile. et sous la supervision d'un personnel qualifié. L'idée, c'est évidemment d'abord un objectif de santé publique, c'est d'accueillir les usagers de drogues qu'ils consomment soit par injection, donc ça c'est plutôt l'héroïne, soit par inhalation, donc là c'est la cocaïne ou le crack, dans un espace sécurisé où on va leur offrir du matériel stérile et la possibilité de consommer sur place les substances qu'ils se sont... procurer au préalable. Donc ça c'est important de préciser. Les salles ne prodiguent pas évidemment les substances qui vont être consommées. Mais l'idée au-delà de cette consommation, c'est évidemment d'entamer un dialogue avec les âgés, de créer du lien avec un public qui est précarisé, un public qui est difficile à atteindre, de prodiguer des conseils, de mettre les âgés en contact avec des professionnels de la santé, de les rediriger vers des... des structures de soins qui sont plus adaptées, d'autres structures sanitaires ou sociales, et au final de favoriser leur insertion, leur réinsertion sociale. Donc ça c'est d'abord un objectif de santé publique, et tout ça sous un regard bienveillant, sans jugement moral, sans discours stigmatisant. Ça c'est vraiment très important à préciser, c'est qu'on part du constat. que la consommation de drogue fait partie du paysage urbain, de notre réalité sociale, de la réalité sociale de nos villes, et qu'elle n'est pas prête à disparaître. Et que plutôt que de nier cette réalité, on va la prendre en charge, on va l'encadrer, et pas uniquement via la voie repressive. Donc un objectif de santé publique, ce qu'on appelle la réduction des risques sanitaires, à savoir qu'on va tenter de réduire les méfaits qui sont liés à la consommation de drogue, tant pour les individus que pour la société. Réduction des risques sanitaires, notamment le risque de transmission de maladies induites par certains modes de consommation. On sait qu'il existe un risque accru auprès des usagers de drogue, de transmission de maladies infectieuses, que ce soit le VIH, mais aussi l'hépatite C. Donc voilà, d'autant que c'est un public, je vous l'ai dit, qui vit dans des conditions notamment d'hygiène assez précaires. Et donc, au final, aussi de réduire les risques de morbidité et de mortalité. Mais l'autre objectif, pourtant à souligner, c'est de réduire les risques sécuritaires cette fois-ci. À savoir ce qu'on appelle un peu les nuisances publiques qui sont liées à l'usage de drogue. Je vous l'ai dit, c'est un public qui vit dans la rue. Il y a des scènes ouvertes de consommation dans l'espace public, dans les stations de métro. Et donc l'idée, c'est tenter de réduire l'usage de drogue dans des lieux publics, de diminuer la présence de seringues, d'aiguilles usagées ou d'autres matériels de consommation, ou alors d'éviter certains problèmes, donc des problèmes de conflits entre usagers, entre usagers et dealers, entre usagers et policiers ou habitants du quartier.
- Speaker #0
Donc, on le voit, les objectifs sont multiples et répondent quelque part aux attentes qui sont implicitement formulées dès lors que... Le sujet fait les devants de l'actualité, notamment du point de vue sécuritaire. Mais ce qui est surprenant, c'est que, et tu en as touché un mot, c'est que ces salles existent ailleurs en Europe, notamment chez tous nos voisins. Mais en Belgique, elles font l'objet de blocages, notamment sur le plan juridique. Est-ce que tu peux expliquer où est le problème ? Et éventuellement, comment est-ce qu'on arrive à le contourner, voire à dépasser ces blocages ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Alors, ces salles de consommation existent depuis... Plus de 30 ans, voire même 40 ans, la première salle de consommation, si mes souvenirs sont bons, a vu le jour en 1986 en Suisse, à Berne. Mais on a dû attendre 2022. Alors d'abord 2018 à Liège, mais Liège a une situation un petit peu spécifique. Mais on a dû attendre 2022 pour voir... L'ouverture d'une salle de consommation à Bruxelles, capitale de l'Europe, avec quelques entourloupes juridiques. Alors, les résistances, les blocages, ils sont classiques, ils sont connus, crainte évidemment de l'augmentation de la consommation autour de la salle de consommation, crainte de l'augmentation des nuisances aussi autour de la salle de consommation. Mais le blocage essentiel jusqu'à présent était d'ordre juridique. A savoir que le cadre légal n'était pas favorable à l'implantation des salles de consommation, de sorte que leur existence était conditionnée à un accord de non-poursuite avec les parquets compétents. Le problème, elle, suive. La loi sur les drogues, qui est donc une loi fédérale qui date de 1921, contient une disposition qui est interdite, qui incrimine, qui sanctionne ce qu'on appelle la facilitation de l'usage de drogues à autrui par la mise à disposition d'un local ou par la mise à disposition de matériel. Et donc c'est une disposition très très ancienne dans la loi sur les drogues puisqu'elle a été introduite en 1921. Et à cette époque, le législateur belge a littéralement copié le législateur français, parce que la Belgique était un petit peu en mal d'inspiration, et France qui avait adopté une loi répressive en matière de drogue en 1914. Il faut savoir qu'à cette époque, c'est la naissance de premières lois répressives un peu partout en Europe, parce que ça fait suite à l'adoption d'une convention internationale, c'est la Convention internationale de l'opium de 1900. Et donc le législateur français avait adopté deux dispositifs visant à lutter contre les fumeries d'opium. D'une part, il incriminait l'usage en groupe, l'usage en société. Pourquoi ? Parce qu'évidemment, au sein de ces fumeries d'opium, les personnes consommaient en groupe. Donc là, c'était une disposition qui visait plutôt à poursuivre les usagers d'opium. Et d'autre part, avait adopté cette fameuse disposition de... de facilitation à autrui de l'usage d'opium par la mise à disposition d'un local. Donc là, c'est une disposition qui s'adressait plutôt aux tenanciers des fumeries d'opium qui étaient poursuivis via cette disposition. On n'avait pas de fumerie d'opium sur le territoire belge, mais le législateur belge a copié le législateur français avec une disposition qui existe toujours. qui est plutôt appliqué à l'égard de tenanciers d'établissements qui laissent un trafic se dérouler dans l'arrière-salle d'un café. Alors, cette disposition a été agitée, a été mobilisée en quelque sorte pour s'opposer à la mise en place de salles de consommation de manière artificielle. Pourquoi il y a un principe ? essentielle en droit pénal, c'est que pour qu'une infraction soit établie, il faut prouver l'existence de ce qu'on appelle un élément moral, à savoir un élément intentionnel, on parle parfois d'éléments fautifs. Pour vous donner un exemple, par exemple le meurtre, pour que quelqu'un soit condamné pour un meurtre, il faut prouver l'intention de tuer, l'intention de donner la mort. Si vous assénez des coups à quelqu'un mais vous n'avez pas l'intention de tuer la personne, mais que néanmoins la personne ne décède de ses coups et blessures, vous n'allez pas être condamné pour meurtre, mais pour coups et blessures volontaires, et entraîner la mort sans intention de la donner. Ici, c'est la même chose avec la mise en place de ces consommations. Elles ne poursuivent pas comme objectif de faciliter l'usage de drogue. Il ne s'agit pas de faire la promotion des drogues. Mais de partir, comme je l'ai dit, du constat que cette consommation existe, de ne pas nier cette réalité, de l'encadrer afin de diminuer les risques sanitaires et sécuritaires qui sont associés. Et donc, c'est un peu la même logique qui a présidé, par exemple, à la mise en place des programmes d'échange de seringues. Ça aussi, forcément, les gens ne commencent pas à consommer parce qu'on leur donne des seringues propres et stériles, mais c'est parce qu'ils consomment. dans des conditions d'hygiène catastrophiques, on leur fournit du matériel stérile qu'on leur permet de consommer ailleurs qu'en France. Alors, heureusement depuis, mais donc ça, ça s'est passé après l'obtention de la recherche, les lignes ont bougé. Et la loi de 1921, la loi sur les drogues, a été modifiée en 2023 pour, en fait, exempter, prévoir, en fait, une exemption légale. à l'encontre des personnes qui travaillent dans ces salles de consommation, en disant qu'ils ne seront pas poursuivis pour avoir, soit disant, facilité à autrui l'usage de drogue, à condition évidemment de respecter certains dispositifs. À savoir, il faut évidemment que ces salles de consommation soient, c'est les termes de la loi, poursuivent un but de prophylaxie contre les maladies contagieuses. je dis les lois, ou plus généralement de réduction des risques sanitaires ou sécuritaires liés à cet usage. Alors, il faut savoir que les acteurs de terrain n'ont évidemment pas attendu la modification législative. En fait, depuis 2015, ils ont commencé à distribuer du matériel de réduction des risques, notamment lié à la consommation du crack. Et ils ont pu en fait constater que... La distribution de ce matériel augmentait chaque année. spécialement depuis la crise du Covid et surtout au niveau des pipas crack. Et d'ailleurs, depuis l'ouverture de la salle à Bruxelles, ce sont essentiellement des consommateurs de crack qui fréquentent la salle de consommation. Ces usagers représentent actuellement la majorité. Et alors, de leur côté, les autorités bruxelloises n'ont plus attendu le feu vert fédéral. Et donc, pour débloquer la situation, en fait, elles ont joué sur leurs compétences. communautaire en matière de santé pour adopter une ordonnance en juillet 2021 pour permettre l'ouverture de la salle à Bruxelles en disant, voilà, les salles de consommation, comme je vous l'ai dit, l'objectif c'est d'abord de réduire les risques sanitaires et donc relève d'abord des compétences en matière de santé. Et suite à ça, il y a eu un protocole d'accord qui a été signé entre les différents partenaires.
- Speaker #0
On voit bien que la lasagne institutionnelle belge parfois permet ce genre de petites pirouettes plus facilement.
- Speaker #1
Ça fait des blocages, mais aussi des pirouettes. Il faut être inventif.
- Speaker #0
Et ce qui est intéressant ici, dans l'exposé que tu viens de nous faire, c'est qu'en fait, on voit bien que derrière les blocages juridiques, il y avait en réalité surtout une question de cadrage. Et on revient notamment à la vision de ce qu'est une drogue. Parce qu'une question qu'on peut se poser instinctivement, c'est cette loi de février 2021 qui empêche la mise à disposition de substances jugées comme des drogues. Ça ne concerne pas les barres, alors que l'alcool est quand même une substance psychotrope. On peut considérer tout à fait que l'alcool est une drogue, l'alcool est une drogue au sens médical, mais elle ne tombe pas sous le coup de cette loi, ce qui est intéressant aussi, qui dit quelque chose de la façon dont on perçoit à la fois la substance, mais aussi le public qui la consomme. Ce qui m'amène à terminer quelque part le tour d'horizon en te posant la question du public qui fréquente d'une part ces salles, mais aussi et surtout des nuisances que l'on prête à ce public d'ordinaire et qui peuvent expliquer les réticences à la mise en place d'une telle salle. Que nous enseignent en fait les expériences de nos voisins et les expériences plus généralement au niveau européen, voire ailleurs, sur les craintes que l'on peut avoir par rapport à ces salles et dans quelle mesure elles sont fondées ou non ?
- Speaker #1
Alors d'abord par rapport au public, on sait que c'est un public précarisé, c'est un public désaffilié, qui souvent n'est pas en ordre avec la mutuelle, qui est souvent victime de stigmatisation. de préjudice, de discrimination, de violence, ce qui renforce aussi leur consommation et tous les risques qui y sont liés. C'est beaucoup de problèmes de santé mentale, beaucoup de personnes migrantes sans domicile fixe. Et les salles de consommation, en tout cas la salle de consommation Guetta à Bruxelles, accueillent aussi un public qui voit un peu les portes se fermer ailleurs. Parce qu'on manque de lits dans les hôpitaux psychiatriques. C'est difficile de trouver des hôpitaux psychiatriques qui acceptent encore des usagers qui sont en demande de sevrage. On manque de places dans les centres d'accueil, dans les centres d'hébergement. Alors par rapport à l'évaluation, comme je vous l'ai dit, ces salles de consommation existent depuis plus de 30 ans, près de 40 ans. Donc évidemment... on a un recul par rapport à la mise en place de ces salles. Il y en a plus ou moins 80 dans 9 pays européens. Et les nombreuses études scientifiques qui sont tenues non seulement en Europe, mais aussi en Amérique du Nord, montrent des effets positifs auprès des usagers de drogue et auprès de la population en général. On ne va peut-être pas faire le tour de tous les effets, mais d'abord on se rend compte que l'accès à ces salles permet d'améliorer la santé de ces personnes, donc en termes de réduction significative des accidents par overdose, de baisse des infections au VIH et au virus de l'hépatite C, des complications cutanées aussi qui sont dues aux injections, diminution de passage aux urgences, ce qui permet évidemment de réduire les coûts médicaux, c'est un aspect important. Alors on se rend compte qu'il n'y a pas d'augmentation du nombre d'usagers de drogue et qu'on maintient du taux de rechute des anciens usagers. C'est un point d'entrée évidemment vers les services de soins et d'autres services sociaux pour les usagers. Donc je vous le dis, c'est bénéfique en termes de réinsertion. Donc c'est un moyen efficace d'entrer et de rester en contact. Avec des populations, comme je vous l'ai dit, extrêmement marginalisées et de leur donner accès à des soins et à des traitements médicamenteux. Il faut savoir que c'est difficile de rentrer, notamment par rapport aux consommateurs de crack. puisque c'est un public qui jusqu'ici est fort invisibilisé, il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas, comme pour l'héroïne, de traitement, il y a un traitement à base de méthadone, il n'y a pas de traitement maintenant contre l'usage du crack, donc forcément on n'a pas spécialement accès à ce type de public. Alors on se rend compte que le nombre de sereins et de matériels de consommation aussi abandonnés dans l'espace public tend à diminuer, par exemple l'évaluation de la salle de consommation à Paris a mis en évidence la division par trois. du nombre de seringues abandonnées dans l'espace public depuis l'ouverture de la salle en 2016, l'absence d'augmentation de la criminalité associée à l'usage de drogue, la réduction des nuisances publiques, et un rapport coût-efficacité plutôt positif, à tout le moins acceptable pour la société. C'est clair que ça coûte cher, mais voilà, un rapport coût-bénéfice est plutôt favorable. Maintenant, évidemment, tout n'est pas rose. La question du voisinage immédiat des salles de consommation est vraiment une question importante. Il y a tout un travail d'information, de sensibilisation qui a été effectué avant l'ouverture de la salle de consommation en Bruxelles et encore pendant. Il faut savoir que l'accord dont je vous ai parlé, l'agrément qui met en place la salle de consommation en Bruxelles, prévoit l'organisation d'organiser tous les six mois des réunions avec les riverains qui sont avertis par un courrier boîte aux lettres. Il y a 4000 courriers qui sont déposés dans les boîtes aux lettres. Le périmètre défini autour de la salle de consommation en Bruxelles est relativement large. Alors je disais tout n'est pas rose, ce n'est pas une baguette magique la salle de consommation. Il y a des plaintes évidemment de riverains qui ont été répertoriées dans les rues autour de la salle de consommation. Non, il y a des problèmes d'eau. de bagarre, de propreté, de délinquance, sans qu'il soit toujours possible non plus de distinguer entre ce qui ressort de la salle de consommation ou du quartier. Il faut savoir que les salles de consommation sont implantées près des gares. Guit est près de la gare du Midi, la salle de consommation à Paris est près de la gare du Nord, et on sait que ça draine quand même un certain type de population, que ce sont les quartiers qui sont... Déjà défavorisé, qui concentre un certain nombre de problèmes d'insécurité. Il suffit de rappeler, comme tu l'as fait, Simon, tous les problèmes qu'on a connus autour de l'été 2023. Avec la guerre du midi, qui a fait un peu les gros titres des journaux belges, mais aussi à l'étranger, où on a été jusqu'à comparer Bruxelles à Caracas. Voilà, mais des effets... positif et vraiment je voudrais saluer le travail qui est effectué par ces personnes au sein de la salle de consommation. Les consommateurs ne peuvent pas consommer sur la voie publique ils sont invités à consommer dans la salle ou alors s'ils viennent juste chercher du matériel stérile à consommer chez eux. Il y a vraiment des réunions avec les riverains mais aussi avec les agents de sécurité. Vraiment un travail remarquable. des personnes qui travaillent au sein de cette salle de consommation, qui sont vraiment extrêmement attentives, tout se passe bien, ils sont dans l'œil du cyclone, au sein de la salle, mais également autour de la salle, ils travaillent avec un public extrêmement difficile, dans un contexte sociopolitique qui n'est pas toujours favorable non plus.
- Speaker #0
Et à cet égard, ça m'amène à te poser une question plus réflexive, un peu plus méta. Est-ce que tu espères que la recherche que vous êtes en train de mener actuellement pourrait amener à... Ça révoluait les choses favorablement. On voit que la loi de 1921 a déjà été changée avant le lancement de la recherche. Mais est-ce que tu penses qu'ici, concrètement, il y aura encore moyen de pousser les choses un cran plus loin ?
- Speaker #1
Je pense que ces recherches sont importantes parce qu'il faut évaluer ces salles de consommation afin de garantir leur réussite et leur durabilité. Ce type de recherche augmente la connaissance sur... sur les salles de consommation, mais sur la problématique de la drogue en général. C'est une question qui est complexe, c'est une question qui est clivante. Et par ailleurs, il faut aussi préciser que ces salles de consommation, c'est uniquement un aspect de la politique des réductions de risque. Il y a évidemment beaucoup de choses à côté. Ce qui est important également, c'est que la recherche va permettre d'avoir des données sur le profil des usagers et notamment des usagers de... de krach. Je vous l'ai dit, c'est un public fort invisibilisé jusqu'ici et plus difficile à fidéliser. Ce qui est important aussi, c'est d'avoir davantage de connaissances et de créer des synergies aussi qui vont se renforcer mutuellement et qui vont... avoir un impact, on l'espère, positif sur la problématique des drogues, multiplier les connaissances, identifier des lacunes à combler autour de la réduction des risques. C'est une priorité de l'Union européenne depuis un certain nombre d'années, depuis le début des années 2000, d'outiller les villes, d'outiller les autorités publiques. pour pérenniser les salles de consommation et en ouvrir d'autres. Il faut savoir qu'il n'y a aucune salle de consommation en Flandre pour le moment. De partager, de disséminer les résultats. Peut-être espérer, en termes d'espoir, c'est espérer d'avoir un cadre légal autour des salles de consommation. Comme tu l'as souligné, il y a eu une modification récente de... de la loi sur les drogues, mais on n'a pas un cadre légal, on n'a pas un cadre général autour des salles de consommation, afin d'aussi garantir aux personnes qui y travaillent, les travailleurs sociaux, les infirmiers, l'exercice de leur profession en toute sécurité. Peut-être aussi faire en sorte que, en multipliant les salles de consommation, on puisse avoir des salles de consommation qui sont davantage liées à certaines contraintes des usagers. Donc il faut savoir que la salle de consommation à Bruxelles n'ouvre qu'en journée de 10 à 17 heures et uniquement la semaine. Donc elle n'est pas ouverte la nuit, elle n'est pas ouverte le week-end par rapport à un public qui vit aussi beaucoup la nuit. Donc des salles de consommation qui soient davantage adaptées au parcours, au style de vie des usagers. Je vous l'ai dit, qu'il y ait un public en rupture, peu qualifié, victime de traumatismes et d'échecs à répétition. Ou alors des salles de consommation qui sont davantage adaptées aux femmes. On se rend compte que la majorité des consommateurs aguerres, ce sont des hommes. Est-ce que les femmes viennent moins parce qu'elles consomment moins ? Ou bien parce qu'en fait, c'est des espaces qui sont essentiellement occupés par des hommes ? On peut prévoir aussi, c'est le cas par exemple en Espagne, où il y a beaucoup plus de salles de consommation, on peut prévoir des salles de consommation, des ouvertures, par exemple à des personnes qui sont accompagnées de leur animal de compagnie. Donc voilà, c'est toutes des petites choses comme ça qu'on peut tenter d'améliorer. Et peut-être de manière encore plus générale, c'est la nécessité, ce que soulignent beaucoup les acteurs de terrain, c'est donc développer un tout. les programmes de réduction des risques, donc pas uniquement les salles de consommation, de développer ce qu'on appelle une offre à bas seuil, à savoir une offre qui ne soit pas basée sur le résultat ni sur la performance. Et alors peut-être que j'aimerais bien terminer par la nécessité de changer peut-être de paradigme. Pour moi, il est vraiment urgent et indispensable de remettre la question de la politique des drogues. sur la table, tenter de sortir d'une logique uniquement répressive et dont on sait que les conséquences économiques, sociales et sanitaires sont contre-productives pour la société et pour les usagers. Ils profitent essentiellement aux trafiquants parce qu'il n'y a aucune régulation, notamment sur les prix et sur la qualité des produits.
- Speaker #0
Je propose que nous nous retrouvions fin 2026. pour faire le point un petit peu sur cette recherche et voir dans quelle mesure toi et tes collègues, vous êtes parvenus à transformer l'essai éventuellement. Merci beaucoup Christine Guillaume.
- Speaker #1
Merci Simon.
- Speaker #0
Quant à nous, chers auditeurs, chers auditrices, nous nous trouvons donc très prochainement pour un nouvel épisode de Parole de chercheur, Parole de chercheuse. Dans l'intervalle, n'hésitez pas à vous abonner sur le compte Ocha ou Spotify du podcast. Au revoir. Les salles ne prodiguent pas évidemment les substances qui vont être consommées. Mais l'idée au-delà de cette consommation, c'est évidemment d'entamer un dialogue avec les usagers, de créer du lien avec un public qui est précarisé, un public qui est difficile à atteindre. On a dû attendre 2022 pour voir l'ouverture d'une salle de consommation à Bruxelles, capitale de l'Europe, avec quelques entourlupes juridiques.