- Speaker #0
Bonjour,
- Speaker #1
c'est Léa et Azélie, les deux voix de l'épisode. A l'occasion de l'anniversaire des 400 ans de Blaise Pascal, survenu en 2023, nous avons réalisé deux épisodes dédiés à cette figure incontournable de la région clermontoise, en collaboration avec la ville de Clermont-Ferrand. Durant presque une heure, nous vous emmenons découvrir l'histoire de cet homme de génie, aussi bien mathématicien que philosophe ou encore visionnaire. Dans ce premier épisode, nous vous partagerons le portrait de ce personnage atypique de son époque, avant d'aborder son caractère visionnaire et ses réalisations. Nous parlerons de l'une de ses inventions la plus connue, la Pascaline, l'ancêtre de nos calculatrices actuelles. Pour cela, nous partirons rencontrer Nathalie Vidal, responsable du département d'histoire des sciences techniques au musée Lecoq de Clermont-Ferrand, ainsi que Cédric Villani, mathématicien de renom, médaille Fields en 2010, ancien député et figure 1. emblématique de l'année Blaise Pascal. Pour profiter d'une écoute optimale, l'épisode se compose en deux parties, une partie informative et une partie interview. Chaque élément de la vie de Pascal fait l'objet d'un chapitre d'écoute où vous pouvez retrouver les détails dans le descriptif de l'épisode afin de vous rendre directement sur les parties qui vous intéressent. Bonne écoute !
- Speaker #0
Mais qui était Blaise Pascal ? Blaise Pascal est né le 19 juin 1623 à Clermont-Ferrand et il grandit jusqu'à l'installation de sa famille à Paris en 1631. Mais avant de creuser la vie de Pascal, il nous faut revenir sur une personne incontournable de sa vie, son père, Étienne Pascal. Second président à la cour des aides de Montferrand, alors séparé de Clermont-Ferrand, Étienne Pascal appartient au monde des magistrats, des gens de finance qui tiennent les études en haute estime, notamment via le grec, le latin, la philosophie... L'histoire, le droit, la théologie et les mathématiques. La fratrie de Pascal est composée de deux sœurs, l'une plus jeune et l'autre de trois ans son aîné, Gilbert et Jacqueline. Leur mère, Antoinette, meurt prématurément en 1626, laissant seule leur père en charge de leur éducation. De santé fragile, Blaise Pascal n'ira pas à l'université, ni au collège, et son éducation sera faite par son père, qu'il admire, et par les personnes de son entourage. mais qu'en est-il du rapport de blaise pascal aux mathématiques depuis l'enfance blaise ne cesse d'étonner son père il veut saisir les causes et les mécanismes du vent de la neige de la pluie de la poudre à canon des sons tout est matière à penser pour blaise et lorsqu'il découvre la géométrie il supplie à son père de lui enseigner ce moyen de faire des figures justes et trouver la véritable proportion qu'elles ont entre elles son père ne fut pas favorable à lui enseigner mais pascal en juin trouva tout seul la 32e proposition d'Euclide, à savoir que la somme des angles intérieurs d'un triangle est égale à deux angles droits. Euclide sera d'ailleurs sa lecture de récréation, originale pour son âge. Vous l'aurez compris, l'enfant Blaise a dû gêner. Son papa, Étienne, l'emmena alors dans les cercles savants, et c'est là qu'à 16 ans, Blaise Pascal présenta son traité des coniques. Étienne, dont Richelieu connaît la réputation de magistrat intègre, est ensuite nommé en Normandie. par sa majesté, pour le prélèvement de l'impôt de subsistance des troupes. Voyant son père s'épuiser la nuit dans de longs et fastidieux calculs, Blaise Pascal va faire en sorte de le tirer d'embarras. Après des mois de travail, en 1642, Blaise Pascal présente à son père une machine arithmétique qui accomplit tous les calculs sans peine. Il a 19 ans et Blaise Pascal vient de faire l'invention de la calculatrice, que l'on appelle alors la Pascaline. On le connaît aussi pour sa fameuse expérience au Puy-de-Dôme en septembre 1647. Le mois de septembre touche à sa fin et Blaise Pascal travaille sur la conception du vide, dont il souhaite démontrer l'existence. La physique de l'époque, en effet, soutenait que la nature a horreur du vide et que celui-ci ne pouvait donc pas exister. Il demande à son beau-frère, Florin Perrier, de réaliser deux mesures à deux altitudes différentes, une sur la place de Jaude et l'autre au sommet du Puy-de-Dôme, afin de prouver la notion de pression atmosphérique. Il s'agissait de mettre en évidence non seulement l'existence du vide, mais aussi l'idée d'une pesanteur de l'air. La hauteur de la colonne de mercure dans les tubes n'était en effet pas la même au bas et au sommet du puits. En complétant ainsi des expériences que Torricelli avait entamées avant lui, Pascal a non seulement découvert le principe du baromètre, mais il a surtout renversé toute la physique ancienne, dont la prétendue horreur du vide était l'un des fondements. L'unité de mesure de pression dans le système international est d'ailleurs le pascal, en référence à cette découverte majeure. Autre grand sujet de la vie de Pascal, la religion. L'éducation de Blaise Pascal se fait dans la foi, d'une part par l'influence de son père, mais aussi de sa gouvernante. Jacqueline, sa sœur, entrera quant à elle à l'abbaye de Port-Royal-des-Champs après la mort de son père pour consacrer sa vie à Dieu. Pascal, de son côté, fera sa première conversion religieuse en 1646. La conversion religieuse, très fréquente au XVIIe siècle, ne s'entendait pas au même sens qu'aujourd'hui. D'une part, il ne s'agissait pas d'un passage de l'athéisme. à la fois, mais d'un christianisme tiède à un christianisme plus fervent. Et d'autre part, Pascal n'a pas connu une, mais plusieurs conversions, avec une gradation donc de son engagement pour son créateur. Par ailleurs, heurté par le comportement de certaines des relations de son père qui se ventrent d'être des libertins, Blaise Pascal cherche à réfuter leurs propos, et rêve de devenir un jour non seulement un mathématicien de renom, mais un défenseur de la religion. Il souhaite faire connaître et aimer la religion chrétienne en convertissant ceux qui y sont hostiles ou indifférents, juifs, athées ou ceux qu'il nomme mauvais chrétiens. C'est de ce souhait que découle l'écriture de l'Apologie de la religion chrétienne, mais aussi des pensées, au travers desquelles Pascal conteste le libertin et cherche à le convertir. Le 24 septembre 1651, Étienne Pascal vient de mourir. Les mots de Blaise Pascal écrits à sa sœur Gilbert sont un cri vers le ciel et attestent une fois de plus de l'importance de la religion dans sa vie. Je cite « Nous devons chercher la consolation dans nos mots, non pas dans nous-mêmes, non pas dans les hommes, non pas dans tout ce qui est créé, mais dans Dieu. » Sa foi prend une place centrale avec une quête perpétuelle de la grâce de Dieu. Enfin, le 23 novembre 1654, Blaise Pascal vit la « nuit de feu » . Personne ne sait vraiment ce qu'il s'est passé. Mais Pascal vécut une seconde conversion, une nuit de fulgurance qui vient confirmer la foi en Pascal, l'amour brûlant pour son créateur.
- Speaker #1
En parlant des pensées, maintenant nous allons voir le rapport de Blaise Pascal à la philosophie. Non, non, ne partez pas, vous allez voir, c'est très simple. Blaise Pascal est aussi un philosophe. Il est au programme de Terminal en philosophie. Vous en avez peut-être déjà même entendu parler. Vous avez peut-être même décortiqué le texte à votre bac de philo. Pourtant, on pourrait se demander si Pascal est un vrai philosophe. Oula, calmez-vous communauté philosophique, nous faisons partie de votre team. On considère Pascal comme un vrai philosophe, mais la question se doit d'être soulevée. On vous explique. Dans cette partie, nous n'allons pas revenir sur la rédaction et la bibliographie de Pascal, mais bien sur le contenu de sa philosophie pour essayer... de vous en apprendre plus sur sa manière révolutionnaire de penser la philo au XVIIe siècle. Blaise Pascal fait parler. Comme dans toutes les autres disciplines, il bouge les codes, remet en question les certitudes, fait en sorte que l'on se pose des questions. Il a lui-même critiqué la philosophie à plusieurs reprises et multiplié les sarcasmes contre la plupart des philosophes et notamment Descartes. Dans les pensées, Pascal écrit, je cite, Descartes, inutile et incertain. Ou encore, Nous n'estimons pas que toute la philosophie vaille une heure de peine. Ces punchlines auraient d'ailleurs pu se retrouver sur Twitter si Pascal était de notre temps. Revenons donc à notre question. Pascal, un philosophe ? La réponse se situe dans la question « Qu'est-ce que philosopher ? » Et non, on ne s'égare pas. Blaise Pascal a posé cette question dans le fragment 513. Je cite « Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher. » Et par se moquer, Pascal cherche à déterminer par-delà toutes les philosophies dont il hérite s'il existe bel et bien un philosophé qui lui appartiendrait et être philosophe ce n'est pas seulement accueillir l'héritage des grandes figures philosophiques mais bien être capable d'avoir les yeux grands ouverts sur le monde et c'est ici que nous pouvons répondre à la question pascal un philosophe oui mais pas tout le temps et nous allons y revenir l'image que propose blesse pascal de l'homme est une image très moderne presque visionnaire. Dans tous les cas, c'est une image contemporaine et très éloignée de la philosophie classique qu'il y avait à son époque. Cette vision défendue par Descartes était le fait que l'homme était un animal doué de raison. Pascal ne défend en aucun cas cette théorie. Dans sa philosophie, on peut entrevoir une part d'existentialisme qui sera expliquée trois siècles plus tard par Sartre. Attendez, je vous explique. L'existentialisme est le fait que l'homme n'a pas de nature, n'a pas d'être prédéfini, n'a pas d'essence, il peut toujours changer et évoluer. Le voleur peut ne pas être voleur toute sa vie. C'est ce qu'avait pressenti Blaise Pascal. En effet, il parle de l'homme comme une chimère. Dans le fragment 131, Pascal écrit, je cite, « Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! » Mais Pascal ne pense pas pour autant l'homme comme un génie. Dans le fragment 821, il écrit, je cite, « Nous sommes automates autant qu'esprits. Automates car nous sommes remplis d'habitudes et de coutumes qui nous habitent. » Pascal décrit alors le mal-être humain dans son fragment 47, je cite, Merci. nous ne nous tenons jamais au temps présent nous rappelons le passé anticipons l'avenir nous errons dans les temps qui ne sont point nôtres et nous ne pensons point au seul sujet qui nous appartient ainsi nous ne vivons jamais mais nous espérons vivre mais l'anthropologie de pascal ne s'en tient pas à une description de la misère de l'homme la philosophie de pascal ne s'abandonne pas aux passions tristes qui nuiraient à sa réflexion blesse pascal philosophe sur l'homme certes mais aussi sur les mathématiques Il se heurte alors à son cœur. Dans le fragment 10, il écrit, je cite, « Le cœur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace et que les nombres sont infinis. » En effet, comment pouvons-nous démontrer ces deux postulats ? Même la géométrie, la science la plus parfaite qui devrait tout définir, tout démontrer, se heurte à l'impossibilité même de définir tous les concepts qu'elle utilise et démontrer tous ses énoncés. Elle doit poser des notions non définies, des principes non démontrés par la raison, mais pourtant bien évident pour le cœur. Ce qui est évident pour le cœur, Pascal va l'appeler l'esprit de finesse, ce qui s'oppose à l'esprit de géométrie, la raison. Si on devait résumer, votre esprit de finesse, c'est votre intuition, c'est celui qui est requis en société, pour agir dans nos vies sociales, mais c'est aussi cet esprit qui nous fait ressentir l'existence, sans pour autant pouvoir la démontrer. Cette façon de penser, l'esprit humain, est neuf. Pascal décrit la condition humaine dans sa complexité énigmatique. Son fragment 678 en témoigne, je cite Pourtant, blesse Pascal parler de l'homme comme prodige. Comment pouvons-nous expliquer le fait que Pascal décrit à la fois l'homme comme un être de grandeur, mais à la fois aussi comme rongé par ses misères ? Nous pourrions penser à une première explication qui consiste à replacer au centre de la question le fait que les pensées ont été inachevées à cause de la maladie qui emporta prématurément Blaise Pascal. Une deuxième explication porte sur le fait que Blaise Pascal a un vrai goût pour la polémique et adore la persuasion. Il a une vraie envie d'exploiter les ressources de l'art de convaincre, comme on essaye de convaincre ou de secouer une assemblée. On peut tout à fait penser à une dualité des Pascales ou à une pluralité de Pascales. Il est à la fois l'humaniste, l'homme honnête, le savant, le Pascal mondain. Mais l'œuvre de Pascal ne se limite pas à cette réflexion philosophique, lucide, sur la condition humaine que nous avons juste effleurée avec ce très bref descriptif. Pascal va tendre vers un pôle dominant, celui de la foi. Le jour de sa conversion, la nuit du 23 novembre 1654, la nuit de feu, lui fait vivre l'agonie du Christ en croix, où se mêlent à la fois pleurs de joie, culpabilité et béatitude. Cette foi nouvelle va imprégner alors une grande partie des pensées. Blaise Pascal différencie le Dieu des philosophes et le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Pourquoi vous parlez de cette différence ? Parce que le tournant s'opère ici, entre le Pascal croyant, à différencier du Pascal philosophe, décrit jusqu'à maintenant. Le Dieu des philosophes pour Pascal n'est qu'une... idole que l'on cherche, où on essaye de démontrer son existence. Mais le véritable Dieu pour Pascal est celui qui ne se voit qu'avec le cœur. Ce Dieu descend vers l'homme qui le cherche et l'appelle. Alors, pour Pascal, la philosophie est un chemin vers la religion. La foi est le véritable point haut, le sommet culminant, permettant de comprendre et de résoudre l'énigmatique complexité de l'être humain. et oui la philosophie est bien un effort pour s'élever et rejoindre la lumière comme platon nous demande de sortir de la caverne mais pascal considère la vraie sagesse comme un don de dieu selon son fragment vii la vraie sagesse n'est pas une oeuvre humaine elle est comme la foi alors si la sagesse est un don à quoi sert encore de philosopher si dieu ne se sent qu'avec le coeur à quoi cela sert de raisonner de penser pour finir notre réflexion sur la place de la philosophie et pascal Il faut distinguer deux réponses, comme Paul Ricoeur l'explique, la réponse aux questions qui dépendent du savant et du philosophe, et la réponse à un appel que l'on reçoit de Dieu, un appel qui dépend du croyant. Pascal lui a fait de la philosophie un chemin de croix vers le Christ. Blaise Pascal apporte donc une pensée chrétienne, une conception de la vie et de l'être humain qui a une cohérence, mais une cohérence basée sur sa foi chrétienne.
- Speaker #0
Mais Pascal est aussi un entrepreneur, et pas n'importe lequel, un entrepreneur visionnaire. Après la mort de son père, il se réfugie chez sa sœur à Clermont-Ferrand. Quelques mois plus tard, il est de retour à Paris. Il renoue alors avec le duc de Rouennais. Un grand féru de mathématiques qu'il avait connu dans son enfance. Ils deviennent amis et associés et s'investissent dans une entreprise d'assèchement des marais du Poitou, à laquelle Pascal apporte ses compétences rares en hydraulique. Pour le contexte, dans la région des marais Poitvin, plusieurs sociétés voient le jour pour développer des opérations de dessèchement. Chaque société participe au frais et reçoit à la fin des travaux une partie des terres en contrepartie. C'est en 1642 que François Brisson Sénéchal de Fontenay-le-Comte crée la première société pour dessécher une large zone située le long de la rive nord de la Sèvres, soutenue par le duc de Rouennais, futur gouverneur du Poitou. Ce dernier, en grand ami de Pascal, sait que les travaux de celui-ci pourraient être utiles à cette entreprise et fait donc appel à lui. Blaise Pascal rejoint la société en mars 1654, une occasion pour lui de développer ses finances personnelles, mais aussi et surtout d'expérimenter ses recherches sur l'hydraulique. Publié en 1663 après sa mort, le Traité de l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l'air raconte les concepts de pompe et siphon qui ont été indispensables au dessèchement de ces terrains inondés. La zone choisie par Brisson présente une très faible pente. Pascal a pu tester sa presse hydraulique qui permettait de monter l'eau et de la canaliser à un endroit donné. Plusieurs années plus tard, en 1660, Blaise Pascal lance avec le duc de Rouennais, une fois de plus, Le marquis de Crénan et Arnaud de Pomponne, le futur ministre de Louis XIV, un projet inédit en France, le premier réseau de transport public. Il s'agit de l'entreprise des carrosses à cinq sols, avec quatre lignes de carrosses qui sillonnent Paris à prix bas. Pour donner un petit peu plus de contexte sur l'époque, la plupart des citadins sont à pied. Seules quelques riches personnes peuvent se permettre d'emprunter un carrosse. Car posséder un carrosse signifie l'avoir acheté, l'entretenir, le remiser, et posséder quatre carrosses. à 6 chevaux, tout cela dans une grande ville où l'espace est cher. Aussi, dès le début du XVIIe siècle, les fiacres font leur apparition. Des carrosses en location, louables à la demi-journée, à la journée, ou même, après contrat notarié, pour un certain nombre de jours par an. L'idée des carrosses à 5 sols est en revanche entièrement nouvelle et révolutionne les transports urbains. Il s'agit de tracer des routes que suivront régulièrement des carrosses publiques. N'importe qui peut les emprunter pour effectuer une partie du parcours en s'acquittant de la somme de 5 sols. Pascal s'est chargé du tracé des itinéraires. Il a choisi les voitures tirées par 4 chevaux ainsi que leurs laquais et leurs cochers. Pour l'anecdote, ces derniers ne sont jamais les mêmes d'un jour sur l'autre pour éviter toute création de liens d'amitié et ainsi s'assurer de la fiabilité du système sans tentative de vol des contributions des passagers. Il a pensé la publicité, l'organisation de la société, les contrats et songe à des réseaux en province et à l'étranger. La société est partagée en six parts et Pascal y investit presque toute sa fortune. Avant la mise en service des carrosses, le projet doit être validé par la mairie de Paris et c'est chose faite quelques mois plus tard sous l'impulsion du marquis de Sourges. La première route mène de la rue Saint-Antoine au Luxembourg en desservant le Châtelet, l'île de la cité et la foire Saint-Germain. On s'adresse là à... clairement aux bourgeois. L'itinéraire passe aussi par la maison de Pascal, l'hôtel de Rouennais et l'hôtel Arnaud. Pas bête quand même. Une deuxième puis une troisième route sont bientôt ouvertes. On doit même changer de priorité après que le roi a demandé s'il aurait lui aussi sa route, en passant par le Louvre. Enfin, afin de relier entre elles les routes et de permettre des liaisons avec l'ensemble de la ville, la quatrième route, ouverte le 24 juin 1662, est, elle, circulaire. Le projet est un succès. et les parisiens à court pour prendre le carrosse. Le succès est tel qu'il faut parfois laisser passer plusieurs carrosses avant de pouvoir y monter. De nouvelles lignes ouvrent pour pallier ce problème, mais au contraire, l'influence tente à diminuer, mettant en danger la rentabilité de l'entreprise et pour cause diverses plaintes, trop d'affluence et une mixité sociale complexe. A cette déception s'en ajoute une autre, contre l'avis du roi, qui avait encouragé que les carrosses soient accessibles à tous, un arrêté du parlement interdit aux gens du bas peuple. soldats, laquais, pages et autres gens de livrets d'y entrer, et je cite pour la plus grande commodité et liberté des gens de mérite. Nous pouvons nous interroger sur ce qu'étaient les personnes de mérite, quels étaient leurs mérites. Pascal aurait lui aussi sûrement posé la question. On renonce donc à ouvrir de nouvelles lignes, pourtant prévues durant l'été 1662, et Blaise Pascal, malade, vit ses derniers mois et se retire à Clermont-Ferrand. Il donne par testament aux hôpitaux généraux de Paris et de Clermont-Ferrand la moitié de sa part aux pauvres. En 1691, toutes les parts des carrosses à cinq sols sont rachetées par les propriétaires des carrosses à l'heure, qui les suppriment définitivement. Il en reste que son idée est brillante, transporter un maximum de gens et reverser les fonds aux gens qui en ont besoin. C'est un petit peu une entreprise engagée, responsabilité sociétale des entreprises, l'ancêtre de notre RSE d'aujourd'hui. Il faudra attendre 1828 pour voir réapparaître les transports en commun à Paris. Le 19 août 1662, Blaise Pascal livre son dernier combat contre la maladie. Épuisé par des mois de souffrance, il remet son âme à Dieu.
- Speaker #1
Vaste sujet qu'est la vie de Pascal. Nous espérons que ce bref résumé de sa vie vous permettra d'y voir plus clair, et pourquoi pas, au rapide. piqué votre curiosité pour en découvrir plus sur certains sujets de sa vie. Et cela tombe bien, car nous allons de ce pas rencontrer Nathalie Vidal pour en apprendre plus sur la fameuse Pascaline et sur l'influence de cette création dans l'histoire des machines à calculer jusqu'à nos ordinateurs d'aujourd'hui.
- Speaker #2
Bonjour, je me présente, je suis Nathalie Vidal et je m'occupe du département Histoire des Sciences et Techniques au Muséum Henri Lecoq. J'ai la chance de m'occuper des Pascalines et d'essayer de constituer une collection de références dans le domaine des machines à calculer mécaniques en lien avec la Pascaline. C'est une des premières parties. Je m'occupe aussi d'une mission nationale de sauvegarde du patrimoine scientifique et technique contemporain. qui nous permet aujourd'hui de constituer aussi des fonds de scientifiques locaux. Donc ça c'est intéressant parce qu'on a des personnages très forts en domaine de la recherche autrefois, mais aujourd'hui aussi, qui ont tendance peut-être à être moins connus. Donc l'idée c'est de faire des fonds de scientifiques locaux. Donc aujourd'hui je vais vous parler en effet plus particulièrement de la Pascaline, de cet objet emblématique fabriqué par Blaise Pascal. Alors il faut savoir que Pascal en fait fait cette machine pour aider son père, qui est collecteur d'impôts. faire court et donc en fait il se rend compte que son père fait des erreurs de calcul et en fait son père redouble d'assiduité pour refaire ses calculs parce qu'elle s'inquiète d'ailleurs il va écrire à sa petite soeur jacqueline notre père se fatigue à la tâche donc ça ça l'inquiète donc pour c'est pour ça qu'en fait il va chercher une solution pour aider et soulager son père est en fait il se rend compte que son père fait des erreurs en oubliant notamment la fameuse retenue donc il va inventer la première machine à calculer mécanique avec report automatique de la retenue Alors Pascal fait, lorsqu'il se lance dans la fabrication de sa machine, Pascal fait 50 prototypes et il va faire 20 exemplaires au final. Alors pourquoi il n'en fait pas plus ? Alors déjà pour deux raisons, la première c'est que sa machine ne se vend pas. Il aurait voulu que ce soit un succès commercial, mais ça ne se vend pas. Elle est quand même très chère pour l'époque, elle est en laiton, elle est en ébène, donc c'est quand même un objet très riche, très fort. Et puis surtout il est copié, il est copié avec les personnes avec qui il a travaillé. Pourquoi ? Parce que quand Pascal commence à réfléchir à sa machine, il a une idée qui lui vient en regardant l'horloge de la cathédrale de Rouen. Parce qu'il faut situer, Pascal est à Rouen, il n'est pas à Clermont. Alors je ne vais pas le dire trop fort, mais la machine de Pascal, elle a été créée à Rouen, pas à Clermont. Et donc en fait, en regardant cette horloge, il se dit, mais il y a déjà une corporation qui maîtrise la retenue, et c'est la retenue du temps. En effet, au bout de 60 secondes, on incrémente d'une minute, au bout de 60 minutes, on incrémente d'une heure. Donc il va s'adresser aux horlogers, il va leur commander des pièces, mais c'est lui qui montra ses machines. Malheureusement, les horlogers vont le copier, en toute légalité, puisque le brevet n'existe pas. Et donc Pascal va se protéger en demandant un privilège royal. Il va l'obtenir grâce au chancelier Séguier, à qui il va notamment adresser un exemplaire de sa machine. Et à ce moment, on aurait pu penser qu'il allait refaire d'autres machines. Donc lui, ce qu'il veut, c'est absolument... vérifier que les machines qui passent entre ses mains, c'est bien lui qui les a faites, et il veut écarter les copies. Alors Pascal a écrit un avis nécessaire à celui qui voudra utiliser ma machine, qui est une sorte de notice d'utilisation, qui est assez drôle d'ailleurs, parce qu'en fait, il dit, toi qui veux utiliser ma machine, tu verras, elle est simple. Puis finalement, on reste un peu sur notre faim, parce qu'il n'explique pas vraiment comment on utilise cette machine. En revanche, il règle ses comptes. Il règle ses comptes avec les copistes qu'il traite. d'avortons. Il va très très fort dans son langage et donc en effet il va vraiment avoir cette idée d'écarter les machines. Il y en a une notamment qui est très très importante dans l'histoire de Pascal, c'est celle qu'il va adresser à la reine Christine de Suède. Il va bien sûr lui faire un courrier en lui disant je vous adresse cette machine parce que comme il peut pas la vendre, en fait il va la promouvoir dans toute l'Europe et il va l'envoyer aux grands de ce monde et notamment à la reine Christine de Suède, passionnée notamment de science. Et sur tout Tout dessous, il va poser un autographe en mettant En latin, cette machine a été vérifiée par Blaise Pascal, inventeur Auvergnat. Voilà, donc il a quand même, il monte son affection locale à l'Auvergne, donc ça c'est très fort. On a la chance d'avoir ces fameuses reproductions qui permettent d'expliquer le fonctionnement de la machine. Donc en effet, on est sur les bases 10, donc là je vais remettre à zéro. Et donc en effet, si je fais tourner mes cylindres, je vais faire tourner mes cylindres, je vais vous expliquer un petit peu plus en détail. Donc je rappelle, on a l'inscripteur qui est l'équivalent de la... de notre clavier de calculatrice et on a ce fameux totalisateur qui lui est composé de cylindres. Donc sur ces cylindres, on a deux numérotations, ici en mode croissant pour les additions et en mode décroissant pour la soustraction. En fait, le principe, c'est qu'on va toujours faire tourner nos roues dans le même sens. Là, je ne peux pas aller dans l'autre sens, c'est complètement calé. Et par exemple, si je veux inscrire 34, je vais chercher ici le 4 et je vais chercher le 3. Une fois que j'ai inscrit 34, par exemple, si je veux rajouter 2, je vais chercher le 2 ici. Et en effet, 34 plus 2, ça fait 36. Et si je vais chercher le 5, qu'est-ce qui se passe ? On a report automatique de la retenue. C'est-à-dire que j'ai fait faire un tour complet de ma roue ici. J'ai le sautoir qui est en position haute, qui est tombé et qui est venu pousser cette roue ici. Donc la pièce principale, la pièce importante de la Pascaline, ce qu'on appelle le sautoir en turquoise, mais aussi cette pièce-là. qui est importante, le cliquet, qui cale en fait la machine, parce que la machine, elle ne va que dans un sens. Et là, ce qui est intéressant, on va le refaire juste, retourner une fois. Donc en effet, on a bien ce système d'axe décentré qui soulève le sautoir. Et quand on va arriver à 9, ce sautoir est libéré, et il vient tomber pour pouvoir décaler la roue suivante. Et là, ce qui est important, c'est qu'en fait, c'est la gravité. Donc s'il n'y avait pas de gravité, la machine de Pascal ne fonctionnerait pas. Moi je suis une fan de Thomas Pesquet. Donc j'aurais bien confié la machine, mais dans l'espace, il n'en aurait pas fait grand-chose. Donc ça c'est important aussi au niveau de l'histoire des machines. C'est qu'à un moment donné, on va bien sûr faire en sorte que la gravité n'intervienne plus, parce que ça entraîne quand même, ici la machine, il faut qu'elle reste à l'horizontale. On ne peut pas la soulever, on ne peut pas la retourner, c'est assez contraignant. Pascal se rend compte que sa machine n'est pas si simple que ça à utiliser, notamment pour la remise à zéro. Et donc ici, j'ai deux petites branches qui sont notées, ici deux petites pointes. Donc je vais placer mon stylet dans les deux branches. Je vais ramener jusqu'à la butée. Et je ne peux pas aller plus loin. Donc je fais ça pour toutes les roues. Ça, c'est le principe de Pascal. C'est-à-dire qu'on remet tout à neuf. C'est-à-dire que tous nos sautoirs sont en position haute. Et quand on va rajouter un, eh bien en fait, tous les tambours se remettent à zéro. Et par ce principe-là, Pascal veut démontrer que sa machine fonctionne. Donc ça, c'est génial. Pour la soustraction, je vais baisser la baguette, parce qu'en effet, on a ce système qui est très astucieux. En mode addition, je monte la baguette. En mode soustraction, je descends la baguette. Donc j'occulte vraiment la partie des chiffres qui ne m'intéressent pas. Alors ce qui est important, c'est que quand on inscrit, par exemple les unités, les dizaines, tout à l'heure j'ai inscrit 34, j'ai commencé par les unités et après j'ai mis les dizaines. On peut faire l'inverse, on peut d'abord commencer par les dizaines et après les unités, parce qu'en fait nos sautoirs sont indépendants. En revanche, pour la remise à zéro, il faut vraiment partir des unités et remonter, parce que là, il faut vraiment désamorcer tous les sautoirs. Et là, c'est pareil. Pascal, en fait, se rend compte que la soustraction, ce n'est pas quelque chose de simple. Donc, en fait, il va faire un système très astucieux. Et vous voyez ici, au milieu, on a une petite rondelle. Sur la rondelle extérieure, qu'on appelle le limbe, on a une numérotation qui va de 0 à 9. A l'intérieur, il met une rondelle où il va noter les inscriptions à l'envers. C'est-à-dire que je vais partir de 0 à 9, ce qui fait qu'en face du 9, j'ai le 0, en face du 8, j'ai le 1, en face du 2, j'ai le 7. C'est-à-dire qu'en fait, il note les compléments à 9. J'ai oublié de préciser, le complément à 9, c'est très simple, c'est qu'il faut toujours que la somme fasse 9. Donc le complément à 9 de 1, c'est 8, 8 plus 1, 9. Le complément A9 de 2, ça va être 7, etc. Ce qui fait que là en fait je me mets directement en mode soustraction, je vais chercher le 4 ici.
- Speaker #0
je vais chercher le 3 ici et je vais l'inscrire directement. Et ce qui est étonnant, c'est que certaines machines ont ces perfectionnements et d'autres ne l'ont pas. Et le dernier en date, c'est cette petite rondelle ici. Et comme je vous disais tout à l'heure, pareil, il faut remettre à zéro. C'est pour ça que la remise à zéro de Pascal, elle est quand même bien pratique, parce qu'elle permet d'accélérer un petit peu. Voilà, exactement, tout à fait. Donc là, ici, on a des petites rondelles qu'on va faire tourner. Et avec mon collègue Dominique Vogt, puisqu'on avait travaillé ensemble sur la machine, au départ, parce qu'en fait on n'a que l'autre machine là-bas qui vient là, il n'y a pas de numérotation dessus. Et on nous avait dit, mais c'est des rondelles de mémorisation. Alors on s'était dit, ah oui, c'est pour mémoriser, je fais une addition, je mémorise, je fais le complément à 9, je passe en soustraction, enfin bref, assez galère. Et puis un jour, on a eu l'occasion de voir les autres machines, notamment celle de Paris. Or, il y a une numérotation sur ces rondelles, et cette numérotation, elle va de 1 à 10. Or, ça, ce n'est pas possible pour nous, pour mémoriser un résultat, parce qu'il nous manque le zéro. Donc, ça ne sert pas à mémoriser un résultat. En revanche, ça sert bien quand même à mémoriser. C'est-à-dire que là, vous avez la petite rondelle. Donc, je vais pouvoir la faire tourner ici avec la petite pointe. Et lui,
- Speaker #1
il avait un petit stylet.
- Speaker #0
Oui, il explique qu'il a fait des stylets dans différentes matières. Il nous dit en os, en ivoire. Malheureusement, on n'a aucun stylet d'origine qui est arrivé jusqu'à nous. Et donc, en fait, je vais positionner ma petite pointe ici sur le 1. Je vais aller chercher 5. Je vais tourner, je vais positionner sur le 2, je vais chercher 5 de nouveau. Je fais tourner encore sur le 3, je rajoute 5. Et à votre avis, qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai fait une multiplication, c'est-à-dire que j'ai fait 5 fois 3 est égal à 15. Voilà. Donc c'est aussi les débuts de la mécanisation de la machine à calculer. C'est ça vraiment le but de Pascal, il a mécanisé le calcul. Oui, déjà. Apprendre à s'en servir. On est d'accord. Non, là, c'est inné quelque part. Mais là, en effet, il faut faire les calculs. Oui, oui, tout à fait.
- Speaker #1
Comment ça se passe, les brevets à l'époque ? Pourquoi il n'a pas pu la commercialiser ? C'était parce qu'elle n'était pas bootée officiellement ? Si,
- Speaker #0
si. Alors ça, en revanche, il peut la commercialiser. Il n'y a pas de problème. Sauf que personne ne l'achète. En fait, c'est un fiasco commercial. C'est un flop. Et c'est un flop, voilà, tout à fait. Alors pourquoi ? Alors ça se comprend tout à fait, justement quand on est dans l'histoire des sciences et techniques, c'est un flop parce qu'à l'époque, il n'a pas trouvé son public, il n'a pas trouvé les gens qui avaient besoin de cette machine. C'est devenu plus un objet de curiosité qu'un objet utile. On ne sait pas aujourd'hui si le père de Pascal a utilisé sa machine pour l'aider dans ses comptes. En revanche, on ne sait que 200 ans plus tard, puisqu'entre la première machine qu'on aurait voulu être commerciale Et la première qui aura un véritable succès commercial, qui est l'arithmomètre de Thomas de Colmar, il faut savoir que Thomas de Colmar, au départ, c'est pareil. C'est un flop. L'arithmomètre ne trouve pas... Écoute, sauf qu'on est en 1850, et à 1850, on commence à avoir le boom, notamment du train, du commerce. Et là, on a besoin de faire beaucoup de calculs. Donc là, la machine, l'arithmomètre de Thomas de Colmar, va trouver sa place. Ce qui n'est pas le cas de la machine de Pascal.
- Speaker #2
Vous avez dit que c'est une machine à calculer. Comment elle s'inscrit dans son temps et comment on la différencie ? On est d'accord que la Pascaline n'est pas l'ancêtre de l'ordinateur ?
- Speaker #0
Tout à fait d'accord. En effet, pendant longtemps, on a dit que c'est l'ancêtre de l'ordinateur. Non, la Pascaline, c'est l'ancêtre des calculateurs, c'est l'ancêtre de nos calculatrices. Alors nous, on la positionne comme étant la première machine à calculer mécanique avec report automatique de la retenue physique. Je dis bien physique, puisqu'en fait, il y aurait peut-être eu une machine avant celle de Pascal, inventée par Schickard, un Allemand, qui était plus une horloge mathématique, dont on a eu connaissance que dans les années 1950, tout simplement parce que Schickard travaillait avec Kepler, et il avait écrit des courriers à Kepler où il lui parle de sa machine. Kepler, à l'époque, en effet, avait besoin de calculs pour l'astronomie, et malheureusement, il écrit dans ses courriers que sa machine certainement fonctionne, mais... Elle a brûlé. Et on a juste deux petits schémas qui sont revenus jusqu'à nous. Alors nos collègues allemands ont refait la machine avec des technologies modernes et considèrent qu'elle fonctionne. Donc nos collègues allemands considèrent plus que c'est Chikar qui a été le premier à faire la première machine à calculer, on va dire. La chance que nous on a par rapport à la machine de Pascal, c'est qu'on a quand même huit originaux qui sont arrivés jusqu'à nous. Et qu'on a pu analyser cette machine qui reste quand même extrêmement complète. et extrêmement sophistiquée et surtout qui fonctionne.
- Speaker #1
Du coup Pascal ne se sert pas des résultats de l'autre invention pour créer la sienne.
- Speaker #0
Quand on voit les deux inventions, elles sont vraiment très différentes. Chicar l'aurait inventé en 1623, l'année de naissance de Pascal. Est-ce que Pascal a eu connaissance de ses travaux ? On ne sait pas du tout. Vu que la machine a brûlé, qu'il a écrit deux lettres à Kepler, est-ce qu'il y a eu une transmission ? Ça reste un mystère. Pascal,
- Speaker #1
c'est en quelle année ?
- Speaker #0
1642. Il avait 19 ans quand il a commencé à concevoir sa machine. Il va mettre 3 ans à la mettre au point, mais il commence quand même à la concevoir à l'âge de 19 ans.
- Speaker #1
Si on revient à l'arithmomètre, le lien entre la Pascaline et l'arithmomètre, et comme l'a dit Azélie juste avant, par rapport à cette évolution des machines à calculer, comment ça se passe ?
- Speaker #0
Alors en effet, on peut quand même dire que le point d'orgue de départ, c'est la Pascaline. Et après la Pascaline, on a plusieurs scientifiques, on a notamment Leibniz qui va réfléchir à rendre plus facile l'utilisation de la machine. Notamment cette histoire qu'en effet, sur la Pascaline, on peut faire addition ou soustraction. On ne peut pas faire les deux. Aujourd'hui, on arrive à faire addition et soustraction, ce qui est quand même plus pratique. Et notamment, Leibniz va transformer la pièce maîtresse de la Pascaline, qui est ce fameux sautoir, qui est un objet un petit peu en 2D, il va en faire un cylindre. Et ce cylindre, en effet, va permettre d'aller dans plusieurs directions et ce tout va aussi permettre de faire les multiplications et les divisions. C'est comme ça que la rythmomètre de Thomas de Colmar, qui s'inspire de cette technologie, permet à la fois de faire addition et soustraction, multiplication et division. Et donc, en effet, on est en 1850, donc pratiquement 200 ans après la Pascaline. Entre-temps, il y a d'autres machines qui vont apparaître, mais c'est surtout des machines souvent très isolées. On n'a pas de commercialisation derrière ces machines.
- Speaker #1
Et là, du coup, sur place, on voit qu'il y a d'autres machines. Comment ça se passe ?
- Speaker #0
En fait, il y a une évolution sur ces machines-là. Par exemple, sur celle de Pascal, on va tourner des roues au niveau de l'inscripteur. Pour l'arithmomètre, ce sont des petites crémaillères. On va tourner une petite manivelle. Et puis, on va voir une évolution notamment sur le clavier, qui va devenir ce qu'on appelle un clavier complet avec le fameux comptomètre, où l'on va appuyer directement sur des touches. Donc, ça va hyper vite. Et aujourd'hui, en fait, on a ce qu'on appelle des claviers réduits. Parce qu'en effet, vous n'avez pas tout tapé sur toutes les touches, mais vous avez ce petit clavier réduit qui va se retrouver sur nos calculatrices. Et en effet, l'évolution ultime, comme on dit, c'est qu'aujourd'hui, dans nos calculatrices, on n'a plus du tout de mécanisme. On a des microprocesseurs.
- Speaker #2
On voit sur toute l'évolution, puisque là, vous venez de nous parler du microprocesseur, qui est l'aboutissement de tout ça, on voit une dame, la seule parmi tout ce beau... Bel arbre généalogique, qu'on pourrait dire du microprocesseur. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu plus en détail de Ada Lovelace ?
- Speaker #0
Avec plaisir, parce qu'en effet c'est la seule qu'on a réussi à mettre dans notre schéma. Donc en effet, comme vous l'avez dit tout à l'heure, la Pascaline n'est pas l'ancêtre de l'ordinateur. Donc ce qu'on a voulu faire, c'est d'ailleurs un collègue, Serge Roubet, qui était passionné d'informatique, qui a fait sa carrière aux Etats-Unis dans la Silicon Valley. et qui s'était mis un point d'honneur à vouloir faire cet arbre généalogique pour expliquer l'évolution des calculateurs, des ordinateurs et des tabulateurs qui en effet finissent dans le monde du microprocesseur avec l'histoire des technologies, où par exemple le microprocesseur va prendre sous son essor avec la conquête spatiale. Donc il y a des points très très forts. Et en effet, c'est Charles Babbage qui va inventer l'ordinateur et qui va s'inspirer de deux technologies françaises. Le fameux sautoir de Blaise Pascal pour le report de la retenue. Et puis ce qui manque à la Pascaline, en effet, pour être un ordinateur, c'est la mémoire, qu'il va prendre chez Jacquard, avec ses fameuses machines, les métiers à tisser Jacquard, ces fameux cartons perforés, qui sont en effet des mémoires virtuelles.
- Speaker #1
Des choses qui n'ont rien à voir en soi avec la partie scientifique, on est dans le savoir-faire, l'artisanat.
- Speaker #0
Oui, tout à fait, c'est dans la partie technique, en effet, on est vraiment sur la partie technique. Et en effet, Charles Babbage va faire plusieurs machines, ce qu'on appelle la fameuse machine analytique de Babbage, dont il reste quelques morceaux, notamment à Oxford, au Muséum de sciences et techniques d'Oxford. Et puis un jour, en effet, Babbage connaît Ada Lovelace et il lui demande de traduire un article dont il a eu connaissance, mais l'article est en français, lui ne maîtrise pas le français. Et donc Ada Lovelace, lorsqu'elle va traduire cet article, elle va comprendre le potentiel... de la machine de Babbage et en effet elle va écrire un programme informatique. Ce ne sont pas les programmes informatiques qu'on connaît aujourd'hui, mais elle va en fait, quelque part, créer un langage informatique à partir de la machine de Babbage. Il faut savoir qu'Adèle Hoveles était comtesse de son état et qu'elle avait été bien entourée puisque sa mère elle-même était passionnée de mathématiques et c'était une très bonne mathématicienne.
- Speaker #1
L'homologue de Pascal Plusieurs années plus tard forcément, mais en féminin.
- Speaker #0
Alors oui et non, Pascal baigne dans un milieu familial très favorable, puisque en effet son père est passionné de mathématiques. Alors il faut savoir que dans l'histoire de la famille Pascal, Étienne Pascal n'envoie pas ses enfants à l'école, il est contre l'éducation. Et comme Pascal perd sa mère très jeune, il a trois ans, donc sa maman décède, il est très jeune, c'est son père qui va s'occuper de son éducation, mais aussi de celle de ses filles. Ça c'est formidable, puisqu'à l'époque en général... Les femmes étaient éduquées pour être des bonnes épouses, alors que là elles baignent aussi, elles vont apprendre le latin, le grec, tout est prétexte dans la vie familiale des Pascales. On dit qu'à un moment donné, il y a un plat qui est choqué par un couvert, et ce son va donner l'idée à Pascal de travailler sur un traité des sons. Il n'y a qu'une seule chose que son père ne veut pas enseigner à son fils, ce sont les mathématiques. Pas qu'il ne veut pas, mais il considère qu'il faut une certaine maturité, sauf que que fait Pascal ? Il fait des mathématiques en secret, et c'est là que... Le père de Pascal, au lieu de lui dire non, tu arrêtes et tu continues, il ne va pas contraindre, au contraire, il va favoriser. Et c'est pour ça d'ailleurs qu'il déménage à Paris pour que son fils puisse aller dans des clubs scientifiques, je vais dire, de l'époque, notamment celui du père Merson, et c'est comme ça qu'en fait il va côtoyer aussi des grands scientifiques. Et en effet, l'environnement est très favorable.
- Speaker #1
Pourquoi on retrouve la Pascaline aujourd'hui au musée Lecoq ?
- Speaker #0
Pourquoi on a des machines au musée Lecoq ? Alors ça a commencé par un exemplaire en particulier, celle de Marguerite Perrier, qui est présentée dans la partie technique de Blaise Pascal. En fait, Marguerite Perrier était la nièce et filleule de Blaise Pascal. Et donc, à ce titre-là, comme Pascal ne vend pas sa machine, il va la diffuser. Forcément, il en a donné dans... à ses proches. Et donc en fait, Marguerite Perrier, elle était mère supérieure de l'oratoire de Clermont-Ferrand, et à sa mort, par testament, testament qu'on connaît, elle va léguer deux machines. Elle dit qu'elle lègue deux machines, dont une petite qu'il faut garder, puisque c'est celle que Pascal a faite de ses mains. Et donc à la Révolution française, les biens de l'oratoire sont confisqués, et en fait, ils rentrent directement en collection de la ville de Clermont-Ferrand. Malheureusement, la petite machine disparaît. Mais celle de Marguerite Perrier nous arrive. C'est d'ailleurs l'autre nom de cette machine. On parle de la machine de Marguerite Perrier. On dit aussi la machine de Clermont-Ferrand. Et donc, depuis la Révolution, cette machine est dans les collections de la ville de Clermont-Ferrand. Et elle nous vient en ligne directe. C'est pour ça que, pour nous, il n'y a pas de doute. C'est à 100% un original, puisqu'on a, j'allais dire, la filiation de cette machine. Et donc, pour terminer sur les Pascalines, voici le deuxième exemplaire. Donc c'est ce qu'on appelle la machine du chevalier durant Pascal. Alors on pense que c'est celle que Marguerite Perrier parle dans son testament. Elle dit j'ai deux petites machines, j'ai deux machines, dont la petite qu'il faudrait garder vers soi parce que c'est celle que Pascal a eue toute sa vie. Alors cette machine, elle a été retrouvée par le conservateur de l'époque, Gérard Tisserand, et elle a été achetée par la ville de Clermont-Ferrand avec l'aide de l'État. C'est des sommes assez importantes. Et cette machine, elle est vraiment très particulière parce qu'on est à peu près sûr aujourd'hui. que c'est la première que Pascal a mis au point, et que c'est la dernière qu'il a eue entre ses mains, et surtout qu'il l'a gardée toute sa vie. Ce qui est un témoignage très fort, puisque très longtemps, on a considéré que Pascal ne faisait plus de sciences après sa nuit mystique. Non, en fait, il a continué à faire des sciences toute sa vie, peut-être en parallèle, mais c'est sûr qu'il a conservé ces deux casquettes. Et alors, il y a plusieurs points qui nous permettent de le dire. Déjà, c'est un petit exemplaire, cinq roues. C'est un exemplaire en compte monétaire. Tout à l'heure, je vous ai parlé de la base 10, mais à l'époque, Pascal fait cette machine pour aider son père dans les comptes monétaires. On est en livres, en sols et en deniers. Une livre vaut 20 sols et un sol vaut 12 deniers. Pour Pascal, ce n'est pas un problème parce qu'en fait, il adapte ses roues. Tout à l'heure, en fait, sur la Marguerite Perrier, vous n'avez que des roues en base 10. Là, vous avez la première en base 12, la deuxième en base 20 et après, on passe en base 10. Donc en fait, il a adapté en fonction des unités. C'est ça qui est très original. Notamment celle qui est dans une collection privée, elle servait pour l'arpentage, puisqu'à l'époque on était en toises, pieds, pouces. Donc en effet Pascal va faire une adaptation fort intéressante. Cette machine présente tous les perfectionnements que je vais vous représenter avec la reproduction, la remise à zéro rapide, les rondelles de soustraction, et puis ces petites rondelles ici qui en fait servaient à faire des multiplications et des divisions. Ce qui est remarquable dans la machine de Pascal c'est qu'il fait addition ou soustraction, mais il conçoit le... la capacité mathématique de sa machine, il va déjà plus loin pour faire toutes les opérations. Les cylindres ici sont écrits à la main, et en fait on sait aujourd'hui que c'était, ça c'est l'écriture du père de Pascal, parce qu'il a un lui très particulier avec la tête plate, et notamment notre spécialiste Dominique Descote l'a identifié comme étant l'écriture du père de Pascal. Et la dernière petite chose, c'est que c'est la seule à avoir un coffret de transport, et à l'époque les détracteurs de Pascal vont dire, mais elle fera 2 mètres et elle sera déréglée. Pascal, piqué au vif. fait un coffret de transport et un voyage entre Rouen et Paris. Et en arrivant à Paris, la machine fonctionne très bien. Donc c'est pour ça que vraiment aujourd'hui on se dit que c'est vraiment cet exemplaire-là que Pascal a gardé toute sa vie.
- Speaker #2
Pour finir un peu cette belle présentation de la Pascaline, et on vous en remercie, comment on fait si jamais elle est cassée ? Comment on fait pour la restaurer ?
- Speaker #0
Bon déjà, on essaie de ne pas la casser. Alors, il faut savoir qu'avant d'être présentée au musée Lecoq, elles ont été restaurées, et elles ont fait un petit tour au C2RMF, au centre de restauration du musée du Louvre. Alors c'est un endroit fantastique, et donc en fait... Le Louvre, vous savez, c'est un bâtiment en U et au milieu vous avez la pyramide. Et bien sous une des ailes, il y a un laboratoire de recherche et d'analyse. Il faut savoir que c'est un laboratoire qui a même un accélérateur de particules dont son petit nom est Aglaé. Donc ces machines ont fait un petit stage là-bas parce qu'elles étaient un petit peu... Elles n'avaient pas eu de restauration et notamment, si je prends l'exemple de la machine de Marguerite Perrier, il y avait un souci sur la platine. Donc la platine, en fait, vous avez trois... vous avez, pardon, quatre... Petite goupille ici. Ce sont des petits écrous qui permettent de fixer la platine au caisson. Et en fait, il n'en restait qu'une. Et donc, la platine était en train de se soulever. Donc là, l'intégrité de l'objet est en danger. Il faut savoir qu'en France, la restauration, on essaie de la faire la moins invasive possible. On la fait réversible et on la fait identifiable. Donc là, en effet, l'objet est en danger. Donc, il a été décidé de faire une copie de la goupille d'origine. Et donc, il y a trois copies. de la goupille qui fixe la machine. Identifiable, en fait, le but du jeu, comme je dis aux visiteurs, c'est de trouver la vraie goupille. Sachant que les trois autres, en fait, ont une inscription 2003, qui est l'année de la restauration.
- Speaker #1
Du coup, après, il y a une sorte d'archive de toutes ces restaurations.
- Speaker #0
Nous, on fait ce qu'on appelle des dossiers d'œuvre. Et donc, dans les dossiers d'œuvre, on a toutes les informations. Donc moi, je n'étais pas là quand la restauration a été faite. Elle a été faite en 2003. Et on a les dossiers de restauration. Donc là, on a toutes les informations. On sait que la machine a été complètement nettoyée. Elle a même été démontée, remontée. Elle a été recouverte d'une cire micro-crystalline, ce qui permet que l'oxydation n'ait plus d'effet sur cette machine. Et on sait aussi qu'elle a été passée à la radiographie et qu'elle a été analysée par l'accélérateur Aglaé. Donc cette année, on a réussi à récupérer ces données. Ça a été un petit peu compliqué, mais on a réussi à récupérer ces données. On en a profité pour faire une petite présentation lors d'un colloque sur les machines à calculer avec nos collègues de Paris et le restaurateur Olivier Morel. On se rend compte à l'intérieur qu'il y a des informations très intéressantes à analyser. On est encore dans la partie analyse. Nos collègues, par exemple, ont un musée très important qui s'appelle l'Arithmeum Abonne, qui est le musée par excellence de la machine à calculer mécanique. Ils sont très intéressés par ces radiographies parce qu'en effet ça permet d'aller voir un petit peu à l'intérieur comment ça se passe. Et notamment d'aller voir dans les tambours. Parce qu'on peut démonter la machine, c'est intéressant, mais dans les tambours, qu'est-ce qui se passe ? Et en fait, il faut savoir que quand la machine fonctionne, donc je vous ai dit tout à l'heure, il y a un système important, c'est la force et la gravité, mais il faut des contrepoids. Et jusqu'à présent, les contrepoids ont été mis à l'extérieur des cylindres. Sauf que la radiographie a montré que ces contrepoids sont dans les tambours. Et alors là, le restaurateur nous dit que c'est bluffant, parce que lui les a restaurés, il a dit que les tambours étaient cédés. Ça veut dire qu'avant de monter sa machine, Pascal avait tout calibré. Toutes les machines de Pascal, c'est dû sur mesure.
- Speaker #1
C'est hallucinant tout ce travail justement pour l'époque en plus. Tout à l'heure, on a dit qu'il en avait construit peu, vu que du coup c'était un flop commercial. Aujourd'hui, on en a deux ici au musée Lecoq. Les autres, où sont-elles ?
- Speaker #0
Alors il y en a trois au Musée des Arts et Métiers à Paris. Donc il y a celle du chancelier Séguier, celle de la reine Christine de Suède, et une qui appartenait à Louis Perrier, qui était pareil, neveu de Blaise Pascal. Il y en a une à Dresde, au Muséum des mathématiques de Dresde. Alors ça c'est pareil, c'est certainement un envoi de Pascal au roi de Pologne. Donc là, il y a à ce niveau-là. Et il y en a une au siège social d'IBM à New York. Et pour la petite histoire, il faut savoir qu'en fait au départ IBM avait acquis celle du chancelier Séguier et l'État a trouvé dommage que cette machine très forte historiquement, puisque c'est celle qui a permis notamment d'obtenir le privilège royal, et certainement la deuxième que Pascal a fait, parte du territoire français. Donc il y a eu un échange, sachant que celle-ci est aujourd'hui présentée en Allemagne. Et donc il y en a une dans une collection privée, celle qui servait à l'arpentage et qui a été achetée dans les années 50 comme boîte à musique cassée chez un brocanteur.
- Speaker #1
Il faut qu'on fasse attention sur les brocantes.
- Speaker #0
Exactement. Si vous trouvez des machines qui ressemblent à des boîtes à musique cassées... Soit vous l'achetez, soit vous nous appelez. Alors, il faut savoir quand même qu'à l'époque, la machine avait été achetée 500 francs, ce qui est énorme, ce qui était très cher. Et on s'était toujours posé la question pourquoi la personne l'avait achetée. Donc, avec mon collègue Dominique, on a réussi à voir cette machine chez les actuels propriétaires. Et on leur a posé la question. Et en fait, ils nous ont dit, mais notre aïeul était polytechnicien et passionné de l'espace. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
C'était un plaisir.
- Speaker #1
Un dernier mot, venez au Musée Lecoq. Voilà. Pour aller un peu plus loin sur l'influence des machines de Pascal sur les technologies d'aujourd'hui, nous avons posé la question à Sénang Villani.
- Speaker #3
Blaise Pascal, c'est un des pères fondateurs de l'informatique, sans aucun doute. Et en vrai, quand on regarde aujourd'hui les références institutionnelles en France à Blaise Pascal, c'est certainement sur l'informatique qu'on en trouve le plus. Par exemple... L'un des grands prix de la géométrie, ça s'appelle le grand prix de l'Est Pascal, et il est attribué chaque année à une personne ou une équipe qui a réalisé les plus grands progrès en calcul scientifique. Un autre exemple, le langage de programmation dans lequel j'ai été initié à programmer, comme la plupart des gens dans ma génération, s'appelait Pascal. Le nom du langage, c'était Pascal. Ou un autre exemple, une entreprise de calcul quantique, d'informatique quantique, qui fait beaucoup parler d'elle sur le plateau de Saclay, ça s'appelle Pascal. avec un Q comme quantique. Elle vient de lever une centaine de millions de dollars pour son développement et ainsi de suite. Et encore un autre exemple sous forme d'une anecdote, il y a quelque temps, quand l'un des plus grands chercheurs de Google, le professeur Astanford, est venu en France à l'occasion de la présentation d'un logiciel d'intelligence artificielle de Google, dans le dîner qui précédait la conférence de presse. d'Iné dont je faisais partie avec quelques autres personnes de la sphère scientifique et technologique, les premières phrases de ce grand conte de la Silicon Valley pour parler d'ici, ça a été que je suis heureux d'être ici à Paris, la ville de Blaise Pascal, sans que personne ne l'ait auparavant contacté, sans même qu'il sache, sans même qu'il ait réalisé que ce soit le 400e anniversaire, etc. Donc ça c'est pour vous dire que Pascal, il est reconnu comme une figure précurseur par rapport à ça parce que la pascaline c'était le premier projet de calculateur automatique commercial mais aussi un précurseur de tout l'entrepreneuriat tech et quand vous lisez pour moi d'autant quand j'ai relu blaise pascal de tout ce qui m'a le plus marqué de tout c'est un texte assez court qui est une sorte de mode d'emploi de sa de sa pascaline, mais qui n'est même pas un vrai mode d'emploi, parce qu'il dit, en gros, c'est tellement simple qu'il n'y a même pas besoin de décrire ce que c'est, il suffira un exposé oral pour comprendre, qui est un truc publicitaire, mais dans lequel on trouve, dans cette présentation de sa calculatrice, adressée directement au lecteur, à mes lecteurs, un croisement improbable. Croisement entre, d'une part, des thèmes philosophiques, pascaliens, habituels, classiques, Thèmes de paradoxes, des thèmes des différents ordres du monde, la critique des demi-habiles, le thème de la machine et de l'esprit, et les thèmes typiques des entrepreneurs de la tech du XXe siècle, les Bill Gates ou Steve Jobs, des thèmes qui sont l'obsession de la propriété intellectuelle, l'obsession du design et de la complexité des circuits pour la facilité ergonomique. La lutte contre la concurrence, la lutte acharnée contre la concurrence et la recherche du monopole. Un thème qui est le discours séducteur envers le potentiel acheteur. Le changement des pratiques, le thème de la technologie qui est un prolongement de l'humain et qui change la vie.
- Speaker #1
Donc on avait vraiment déjà cet esprit-là au temps de Pascal. Pascal était déjà dans cet esprit. Aujourd'hui, il pourrait rencontrer Steve Jobs.
- Speaker #3
Il se retrouverait très bien là-dedans. Baratineur. paranoïaque, il parle des abortons qui sont les machines produites par la concurrence, qui veulent sa perte, et visionnaire. Il a vraiment tout ça dans son discours. Et donc dans sa vision de la technologie au service de l'humain, il a aussi cette vision que la machine remplace. certaines de nos facultés, même nous évite d'avoir à penser, en gros, te fatigue pas, te casse pas la tête, c'est trop compliqué les additions, c'est de l'énergie, c'est de la mémoire, tu fais des fautes, la machine fera ça bien mieux que toi, elle te laissera te reposer et sous-entendu, même si tu es même si tu es bête, tu seras aussi fort avec ma machine que les plus intelligents. Et tout le débat sur les facultés humaines qui sont une prise en charge par la machine, il est là. Alors, en vrai, sa machine, elle ne faisait que des additions. Mais c'est quand même important. C'est important. Et la façon dont il s'est vraiment issu, sans éo, pour gérer mécaniquement le problème majeur des additions, qui s'appelle les retenues. C'est bien quand on est gamin, les retenues, ça, qui vous emploie tout ça. Et les retenues telles que ça se fait, ça, c'est emblématique. De sorte que... Si simple soit le problème mathématique résolu, c'était un pas conceptuel majeur. Ça reste une référence pour tout le domaine de l'automatique, un cheval entre l'informatique et la mathématique. Et les accents qu'il trouve dans son discours, donc des accents humains dans sa façon d'aborder le problème économique, philosophique, social, sont parfaitement en phase avec... ce qu'on retrouve aujourd'hui, les grands accents, les grands thèmes des géants du numérique.
- Speaker #1
Merci à toutes et tous pour votre écoute, nous espérons que cet épisode vous aura plu. L'aventure avec Pascal ne s'arrête pas là, retrouvez l'épisode 2 de cette série pour découvrir une autre facette de sa vie, son rapport au jeu et au divertissement, l'invention des probabilités, le fameux pari de Pascal, et bien sûr, une interview exclusive avec Cédric Villani cette fois-ci. pour plonger en profondeur dans l'histoire des mathématiques de Pascal à aujourd'hui. A très bientôt !