41. Sebastien Gonzalez : "Du bégaiement au concours d'éloquence il n'y a qu'un pas..." cover
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Pépin, change ton regard sur le handicap

41. Sebastien Gonzalez : "Du bégaiement au concours d'éloquence il n'y a qu'un pas..."

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1h08 |01/05/2025
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41. Sebastien Gonzalez : "Du bégaiement au concours d'éloquence il n'y a qu'un pas..." cover
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Pépin, change ton regard sur le handicap

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Description

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Je suis très heureuse de vous retrouver après plusieurs mois d’absence pour un nouvel épisode !

Et oui, c’est décidé en 2025, je fais moins mais mieux !

J’espère que vous serez aussi curieux que moi de découvrir le parcours de Sebastien, bègue depuis l’enfance, il n’arrivait pas à demander une baguette de pain dans une boulangerie à cause de son bégaiement et aujourd’hui il s’est prêté au jeu du podcast pour répondre à toutes mes questions ! Alors vous vous demandez peut être ce qui s’est passé entre temps et bien vous allez le découvrir dans cet épisode où nous avons discuté des causes du bégaiement, de son fonctionnement, des astuces pour essayer de compenser et de sa participation à un concours d’éloquence !

Mais je n’en dis pas plus, je vous laisse découvrir ma conversation avec Sebastien Gonzalez !


Les notes de l'épisode :


Pour suivre les informations sur les concours d'éloquence : https://eqdifference.org

Pour être bénévole au concours d'éloquence : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScLDcy7LP7AhU6ND4eYurlQU-Es54iOsoZea-1e1wCMui1yng/viewform



Si vous souhaitez donner votre avis, poser une question ou me suggérer un invité vous pouvez me contacter sur le compte Instagram pepinpodcast : https://www.instagram.com/pepinpodcast/ ou par mail à pepinpodcast@gmail.com


Musique originale composée par Not The King-Ice Tea : https://soundcloud.com/coreygagne




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue à tous, je suis ravie de vous accueillir sur ce podcast qui a pour mission de mettre en avant des héros ordinaires. Les personnes que vous allez entendre ont décidé de se battre chaque instant dans un quotidien bouleversé par une maladie, un accident, un handicap ou une épreuve qui a chamboulé leur vie. Je m'appelle Pauline, je suis sensible depuis toujours aux histoires et parcours de vie atypiques et j'ai décidé qu'il était temps de mettre à profit mon accent chantant pour faire ce que j'aime le plus au monde. partagez et échangez avec des personnes remarquables et inspirantes. J'espère que ces témoignages vous aideront à mieux vivre vos petits et grands pépins. Je suis très heureuse de vous retrouver après plusieurs mois d'absence pour un nouvel épisode. Et oui, c'est décidé, en 2025 je fais moins mais mieux. J'espère que vous serez aussi curieux que moi de découvrir le parcours de Sébastien. Bègue depuis l'enfance, il n'arrivait pas à demander une baguette de pain dans une boulangerie à cause de son bégaiement. Et aujourd'hui, il s'est prêté au jeu du podcast pour répondre à toutes mes questions. Alors vous vous demandez peut-être ce qui s'est passé entre-temps, et bien vous allez le découvrir dans cet épisode, où nous avons discuté des causes du bégaiement, de son fonctionnement, des astuces pour essayer de compenser, et de sa participation à un concours d'éloquence. Mais je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir ma conversation avec Sébastien Gonzalès. Bonjour Sébastien, merci d'avoir accepté mon invitation sur le podcast, et bienvenue ! Vous êtes ici pour témoigner de votre parcours. En effet, vous êtes un ancien bègue. Est-ce que c'est juste déjà le terme ancien ? Est-ce que l'on peut guérir totalement du bégayement ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, il y a ancien et le mot guérir qui me tiltent. Ancien, je le dis pour me rassurer, mais tout en sachant qu'on ne guérit pas entre guillemets du bégayement, mais on apprend à le gérer, à le maîtriser et à vivre avec. voire à l'accepter. Guérir, personnellement, je ne veux pas le considérer comme une maladie, mais comme un trait particulier de mon identité, parce qu'il est complètement intégré à ma personnalité. Donc si c'est une maladie, ça veut dire que je suis moi-même malade.

  • Speaker #0

    J'ai fait exprès d'employer ces deux mots, ancien et guérir, parce que justement, je me demandais si le bégaiement était considéré comme une maladie ou pas.

  • Speaker #1

    Oui, sinon c'est considéré comme un handicap.

  • Speaker #0

    D'accord, bon, avant de poursuivre, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Sébastien González, j'ai 52 ans. Je suis formateur au compagnon du devoir. Je m'occupe aussi d'études scolaires dans une école primaire. Je suis marié, j'ai une enfant de 15 ans.

  • Speaker #0

    Des passions ?

  • Speaker #1

    Des passions, alors des passions, la musique, l'écriture. la musique c'est en la composant sur ordinateur. L'écriture comme passion. Après, ça m'arrive d'avoir des passions qui sont temporaires, et puis changées aussi.

  • Speaker #0

    J'ai le même problème. Enfin, je ne sais pas si c'est un problème.

  • Speaker #1

    Donc en fait, je peux être passionné assez rapidement, comme par exemple je suis très intéressé par me questionner sur l'apprentissage et la formation en règle générale. C'est déjà bien. Oui, c'est déjà pas mal, oui. Mais parmi ceux qui me passionnent le plus, c'est quand même la composition musicale et l'écriture.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors afin d'encore mieux vous connaître, j'ai préparé quelques questions brise-glace. Est-ce que vous pouvez me donner un chiffre entre 1 et 5 ?

  • Speaker #1

    4.

  • Speaker #0

    4 ? Alors la question 4, c'est quel est l'endroit où vous vous sentez le mieux ?

  • Speaker #1

    Dans un environnement boisé, dans les bois comme les loups en fait. C'est vraiment très spécifique, avec pas mal de feuilles par terre et il y a une espèce d'ambiance sonore. Et voir s'il a plu un petit peu. C'est encore pas mal. C'est un endroit que... Ce type d'endroit, ça me repose beaucoup.

  • Speaker #0

    D'accord, merci. Alors, on va un petit peu, au cours de cette discussion, retracer votre parcours, notamment avec le bégaiement, mais pas que. Est-ce que déjà, vous connaissez... J'ai fait des petites recherches, donc, avant de préparer... Pour préparer cette conversation. Est-ce que vous connaissez l'étymologie du mot « bègue » ? C'est pas une question piège, hein ?

  • Speaker #1

    Non, mais par contre, par rapport aux autres langues, comme par exemple en occitan, on dit kekejairé ou kekejomen, ou d'autres mots similaires.

  • Speaker #0

    Et ça veut dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est bégayer ou bégayement. Et c'est une répétition keke. Donc il y a déjà une répétition. Bébé, bébègue, enfin bégayement, non. Je ne connais pas l'étymologie,

  • Speaker #0

    non. Vous pourrez vérifier mes sources, mais en tapant... Sur un moteur de recherche très connu, le mot « bègue » , ils disent que cela vient de l'ancien français « bégé » , qui vient lui-même du mot « bégaine » , que je dois très mal prononcer, qui est du néerlandais, et qui veut dire « bavarder » . Donc j'ai trouvé ça quand même assez intéressant. Et du coup, je vous propose qu'on bavarde ensemble. Est-ce que vous pouvez nous raconter dans quelles circonstances est apparu votre bégaiement ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais le raconter tel que moi, je l'ai réalisé. C'est-à-dire qu'il faut vraiment faire la différence entre moi et mon entourage. Donc moi, j'ai réalisé que je bégayais, je pense que c'est surtout à l'entrée en sixième, alors que j'ai commencé avant. Parce qu'à l'entrée en sixième, l'image que j'ai, c'est qu'avant la sixième, Je marchais souvent en me prenant les poteaux, c'est-à-dire que je marchais souvent en regardant par terre, j'étais dans mon monde. Et en sixième, je me suis réveillé, je me suis pris un peu toute la violence d'un grand collège et on me faisait remarquer que je bégayais, donc j'étais très mal en fait. Et c'est là que j'ai réalisé que le bégayement était un problème. Par contre, c'est vrai que le réaliser, c'était peut-être au CM1 ou au CM2, enfin c'était vers 9-10 ans, quand dans mon entourage, on me disait de réfléchir avant de parler, de me calmer, voilà.

  • Speaker #0

    Donc, il fait un primaire début collège ?

  • Speaker #1

    Vers 9-10 ans, 11 ans, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'on connaît le fonctionnement du bégaiement ?

  • Speaker #1

    Alors, on a fait beaucoup de progrès. Moi, je ne suis pas assez expert, mais j'aimerais bien le devenir. Et ça m'arrive de lire des articles scientifiques à ce propos. En tout cas, il y a eu beaucoup de progrès qui ont été faits. Alors, sur le fonctionnement, certainement, mais sur les causes, c'est un peu moins évident. Oui, mais maintenant, on est capable de distinguer plusieurs types de bégaiements. On parle aussi de bredouillement. Et on dit aussi que chacun a son bégaiement propre. Voilà, mais je ne suis pas assez expert pour ça, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a déjà des recherches qui ont été faites ?

  • Speaker #1

    Alors moi, les derniers éléments que j'avais lus, et c'est peut-être un éclairage. C'est qu'on a créé un outil, une sorte de casque, qui permet à la personne bègue de s'entendre parler avec un décalage très très fin. Et ça permettrait de réduire le bégayement et voir le corps s'y habituer et pourrait finir par se passer de... de la technique. Donc il y aurait déjà un lien entre le fait de s'écouter, je ne sais pas trop, mais enfin, non. Enfin, non, je ne sais pas dire, d'autant plus qu'il y a différents types de bégaiements et je ne suis vraiment pas assez expert pour ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous savez si c'est génétique ?

  • Speaker #1

    Alors... Et maintenant les orthophonistes qui sont spécialisés sur le bégaiement disent que c'est génétique. Alors il y a des bégaiements qui sont liés à des traumatismes, mais c'est une minorité. D'accord. C'est une minorité. Maintenant ça ne veut pas dire que... Et c'est là qu'il y a... Ça ne veut pas dire que... Donc en fait le bégaiement c'est... Un peu comme le génotype et le phénotype, c'est-à-dire qu'ils ont... On peut être bègue par transmission génétique sans le savoir, sans que ça se manifeste. Et puis, il peut y avoir des situations, des événements, dont des traumatismes, qui vont faire que ça va se manifester.

  • Speaker #0

    D'accord. Et je me posais la question, est-ce que le bégayement, c'est vraiment complètement aléatoire ou il y a des mots systématiquement compliqués à prononcer ou des situations qui le provoquent de façon pareille systématique ? Ou ça tombe un petit peu comme ça, au hasard ?

  • Speaker #1

    C'est difficile, je pense, de faire une généralité. C'est pour ça qu'on dit vraiment qu'il y a plusieurs bégaiements, que chacun a son propre bégaiement. En ce qui me concerne, le plus dur pour moi, c'était de se présenter, de dire son nom et son prénom. Et souvent, une interaction commence par ça. Donc ça commence mal. Le stress c'est un facteur aggravant, ça c'est sûr, c'est un cercle vicieux. La peur de bégayer, souvent ça engendre plus de risques de bégayer. Ça c'est un phénomène qui est propre à plein de choses, quand on craint quelque chose, on prend plus le risque de le provoquer en fait. Alors en ce qui me concerne, je sais que la fatigue pour moi c'est le plus gros facteur, lorsque je suis fatigué. J'ai beaucoup plus de difficultés. Et puis, surtout, le fait de refuser son bégayement et d'être trop exigeant envers soi-même en se disant, par exemple, je vais me lever, je ne vais pas bégayer de toute la journée. De se lancer des défis comme ça qui sont trop hauts, ça conduit à notre perte un peu.

  • Speaker #0

    Mais quand vous bégayez, vous vous en rendez compte systématiquement ?

  • Speaker #1

    Alors moi... Je m'entends bégayer quand d'autres ne se rendent pas compte. Surtout qu'on en parlera, mais que mon bégayement est devenu léger quand même. Mais bon, c'est très aléatoire. Mais en tout cas, il est devenu léger par rapport à ce que c'était quand j'étais plus jeune. Ou il n'y a pas si longtemps que ça encore, même si je ne suis pas tout jeune. Il y a eu une évolution. Je m'en rends compte quand même. Oui,

  • Speaker #0

    Parce que vous êtes à l'affût de un peu du bégaiement, quoi.

  • Speaker #1

    En fait, je me rends compte, sauf si je parle tout seul. Mais en règle générale, quand je parle tout seul, enfin, quoi que, ça, c'est compliqué. En fait, je me rends compte parce que si on part, on est dans des interactions sociales. Donc peut-être que je ne me rends pas compte quand je suis en famille, en petite famille. Mais quand je suis avec des étrangers, entre guillemets. ou à l'extérieur, il y a une forme de vigilance. Il y a une forme de préparation, parce qu'en fait, je dois maîtriser pas mal de facteurs. Et si je me relâche complètement, c'est comme conduire mon vélo sans main peut-être. C'est un peu plus risqué. Ah oui,

  • Speaker #0

    donc vous êtes tout le temps dans le contrôle.

  • Speaker #1

    Quelque part, plus ou moins, oui. alors c'est On peut dire contrôle ou aussi lâcher prise. C'est une forme de... Je dirais plus... Je suis dans des stratégies. Comme lâcher prise, essayer de parler plus doucement, faire un petit peu d'humour. C'est une lutte interne. Enfin, lutte, oui. Je me repositionne tout le temps. Mais c'est ce que tout le monde fait lorsqu'on est en...

  • Speaker #0

    En société, on fait un peu attention à ce qu'on dit, on réfléchit quand même beaucoup avant de parler.

  • Speaker #1

    Oui, ça on me l'a souvent dit, réfléchir avant de parler.

  • Speaker #0

    Oui, ça vous a un petit peu marqué, ça c'est la phrase.

  • Speaker #1

    C'était comme si j'étais un bête, en fait. Mais bon, ça c'est de la maladresse parce qu'à cette époque-là, on en connaissait beaucoup moins sur le bégaiement.

  • Speaker #0

    Et il y a des préjugés, j'imagine, sur le bégayement. Et là, j'en ai un qui me vient en tête. Est-ce que quand une personne est bègue, elle réfléchit plus doucement ?

  • Speaker #1

    Non, je ne pense pas. Moi, je réfléchis vite. Et non, non, non, ça n'a rien à voir. Rien. C'est pas un... A priori, c'est pas un problème neurologique. Donc, non, non. Moi, je n'ai rien à voir.

  • Speaker #0

    Est-ce que toutes les personnes bègues sont très sensibles ?

  • Speaker #1

    Alors... Moi je pense en tout cas que le bégaiement développe une sensibilité parce qu'on passe par des phases où notre moi est confronté à... au regard des autres. On est en... Là c'est vraiment une bataille entre ce que je suis et ce que je donne à apparaître. Et ça, c'est vraiment fort cette dimension-là. Du coup, ça voilà. Et puis on peut avoir des problèmes à se concentrer. Et là, c'est exactement ce qui se passe parce que j'ai déjà oublié votre question. et il n'est... Parce qu'en fait, quand on est focalisé sur ce qu'on dit, sur la forme, on peut se détacher du fond. Et ça m'arrive parfois, lorsque je lis devant d'autres personnes, je peux me rendre compte que je n'ai rien compris. Parce que j'étais concentré sur la forme. Pour bien lire, pour que ce soit fluide. Donc, je ne me souviens plus de votre question. D'accord,

  • Speaker #0

    mais pas de souci. Mais aussi, je les enchaîne, les questions. C'est mon rôle.

  • Speaker #1

    Mais je ne sais plus à quelles questions j'étais en train de répondre.

  • Speaker #0

    Et l'avantage d'un podcast, c'est qu'on peut faire des pauses à tout moment. Donc, s'il y a besoin de souffler, de reprendre ses esprits, on peut le faire.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est bien que ça se fasse d'une traite. Parce que pour comprendre le bégaiement, je trouve ça pas mal.

  • Speaker #0

    Ok. Bon, on continue du coup ? Oui. Alors la question suivante c'est justement vous parliez de l'image qu'on a de soi et l'image qu'on renvoie aux autres, qui est un petit peu une bataille, on aimerait peut-être, j'essaie de me mettre à la place de quelqu'un qui est bègue, mais on veut paraître sûr de soi, exprimer ses idées librement, et hop le bégayement vient nous mettre des bâtons dans les roues et on se sent du coup un peu plus vulnérable j'imagine, enfin je sais pas si c'est le terme.

  • Speaker #1

    On se sent un peu bafoué, on se sent un peu trahi par... C'est comme une trahison, on ne réussit pas à faire passer ce qu'on est.

  • Speaker #0

    Oui, franchement, je m'identifie, je me mets à la place de quand je parle en anglais. J'ai voyagé un petit peu, et il se trouve qu'avec ma langue maternelle, le français, j'aime bien faire de l'humour, je suis assez bavarde. Et en anglais... je suis pas bavarde, je suis pas drôle, je suis complètement inintéressante et je suis toujours un peu frustrée.

  • Speaker #1

    Voilà, et bien moi je trouve que ça c'est une très bonne remarque, parce que quelque part, bégayer c'est une autre langue. C'est comme si on parlait une autre langue. Et donc je pense qu'il y a des points communs. Et d'ailleurs, dans les pires moments, je voulais me couper la langue. pour être muet ou je pense que si je me suis intéressé à l'apprentissage d'autres langues, c'était aussi dans l'espoir de me donner une seconde chance. Et moi, oui, je pense qu'il y a vraiment une proximité et ça m'intéresserait de connaître le rapport des personnes qui bégaient. Je n'ai pas dit des bègues, mais des personnes qui bégaient avec l'apprentissage des langues, en fait.

  • Speaker #0

    Et dans votre cas ? qu'est-ce que ça donne en anglais ou dans une autre langue ?

  • Speaker #1

    Alors pour l'instant c'est que je parle anglais qu'avec Duolingo

  • Speaker #0

    Et ça se passe bien ?

  • Speaker #1

    Oui oui ou bien une fois par semaine avec le café pédagogique qui est organisé par l'université en distanciel non non, soit je donne des cours de français soit j'apprends l'anglais avec des étudiants d'autres pays donc il m'est arrivé de préciser que je bégayais pour être être plus tranquille, pour être plus détendu et qu'on ne regarde pas bizarrement. Mais ça se passe plutôt bien. Par contre, il y a d'autres langues qui sont plus dures. Moi, quand j'étais jeune, mon beau-père qui était marocain nous emmenait au Maroc. Donc, je suis allé environ quatre fois. Et on me demandait de dire certains mots. Je les connaissais, mais je les disais en bégayant. J'avais du mal à les sortir. Et donc, on devait se dire, mais il... pensé que je ne savais pas le dire en fait. Et ça, c'était vraiment frustrant.

  • Speaker #0

    Et en Occitan, qu'est-ce que ça donne ?

  • Speaker #1

    Alors l'Occitan, c'était un défi pour moi. Un gros, gros défi pour expliquer brièvement, c'est qu'en fait, en troisième, au moment de choisir son orientation, je voulais être interprète, traducteur pour voyager, pour découvrir le monde. Et ça s'est fait vraiment, j'y ai pensé moi-même, j'en ai parlé apparemment à aucun adulte. qui... Non. J'ai décidé moi-même de laisser tomber, parce que je me suis dit, si je mets 3 heures pour faire une traduction... Bon, c'est les fameuses... Ça fait penser aux blagues classiques lorsqu'on bégait, il y a quelqu'un qui traverse la rue, il y a une voiture qui arrive, on veut dire attention, attention, et c'est déjà trop tard. Bon, bref. Bon, mais voilà. Pour la traduction, c'était mal barré. Du coup, j'ai laissé tomber. Et puis, plus de dix ans plus tard, je me suis lancé le défi d'apprendre l'occitan. Mais en six mois, tous les jours, dans une formation spécifique où l'oral était super présent. Et j'y suis parvenu. C'était un défi et une revanche.

  • Speaker #0

    Mais le bégaiement est toujours présent ? Oui. Ok. Avec une autre langue. Oui. Et il y a des langues où c'est plus dur.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    D'accord. Pour résumer.

  • Speaker #1

    Ce qui me semble, moi, en marocain, ça me paraît plus dur. Je crois que c'est lié à la chanson, un peu, à l'approche d'audit.

  • Speaker #0

    À la sonorité des mots. Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, les phrases qu'on vous a dites. petit enfant réfléchit avant de parler j'aimerais savoir comment ça s'est passé le regard des autres à ce moment là donc l'enfance et peut-être le début de l'âge adulte et le rapport avec votre entourage oui alors

  • Speaker #1

    donc au sein de la famille entre frères et soeurs on n'était pas tendre mon frère il me disait alors il le il le disait comme ça t'étais télégraphe. Donc non seulement il disait télégraphe, mais en plus il le disait en bégayant. Mais j'ai compris qu'il le faisait, mais lui, il le faisait parce qu'il pensait qu'en banalisant et en plaisantant, ça me rendrait service. Ce qui n'est pas complètement bête. Ou alors parce qu'il était agacé pour moi, en fait. Ça lui faisait mal de voir son petit frère qui avait du mal comme ça. Mais bon, nous, vis-à-vis de lui, on n'était pas tendres. C'était tuer une aînée dans une poubelle avec ma sœur, serpent à lunettes parce qu'elle avait des problèmes aux yeux. Enfin, voilà. Et puis, les adultes, mais je n'avais pas précisé, c'était ma mère qui disait réfléchir avant de parler. Donc, moi, j'ai grandi avec ma mère et j'ai eu plusieurs beaux-pères qui étaient plutôt de passage. Donc, eux, ils ne disaient pas grand-chose. Mais concernant mon père, mes parents sont divorcés quand j'avais 5 ans. Ils ne connaissaient pas. mes problèmes vis-à-vis du bégaiement. Du coup, ça a créé une situation qui m'a vachement blessé. C'est-à-dire que je le voyais tous les week-ends ou tous les 15 jours. Et il y a un week-end où je ne pouvais pas venir. Donc, j'ai laissé un message sur le répondeur téléphonique. Il faut savoir que le téléphone, pour un bègue, c'est ce qu'il y a de pire. Donc, c'est ce qu'il y a de pire parce qu'on est désarmé. On n'a que la voix. Il n'y a plus... plus le reste est dans la communication, la métacommunication, les gestes et tout, c'est hyper important. Et donc j'ai laissé un message et il m'a rappelé, avec son air agacé et très très dur, « Mais qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne sais pas laisser un message sur Répondeur, tu ne sais pas parler. » Et ça m'a vachement blessé, et du coup j'ai fait comme mes frères et sœurs, j'étais le moindre. parce que moi je suis le plus petit, j'ai cessé de le voir en fait. J'ai tellement été blessé de un, que mon père ne sache pas, ne connaisse pas mes difficultés. De deux, qu'il le traite comme ça, non en fait, j'étais vraiment vexé en fait. Donc voilà, mais en même temps nos relations étaient des relations plutôt froides.

  • Speaker #0

    Et du coup je me demande à quel moment Votre béguement... Ah ben c'est juif !

  • Speaker #1

    On vous l'a pas dit !

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on... Non mais ça m'arrive, c'est vrai, régulièrement...

  • Speaker #1

    Alors c'est peut-être du bafouillement.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, mais bon. On va dédramatiser, on se reprend. Donc ma question c'était quand est-ce que... Est-ce qu'à un moment donné vous avez été pris en charge pour le béguement ? Est-ce que à l'école il y a un diagnostic ? Même si c'est pas une maladie qui a été posée ? Est-ce que vous... Vous avez pris des cours d'orthophonie ? Où est-ce qu'on vous a laissé vous débrouiller comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors, il faut savoir, là, on se situe dans les années 80.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Deuxième moitié des années 80 et voire 90. Donc, à cette époque-là, il faut savoir que celui qui bégue, qui bégait, c'est aussi celui qui se tait. Donc, pour beaucoup, j'étais un élève silencieux. ou quand je prenais la parole c'est que j'étais sûr de moi et c'était peut-être d'une manière Comme des flashs, comme en espagnol, pour donner quelques réponses flashs, sans trop prendre mon temps, sans m'étendre, du coup ils ne s'en rendaient pas compte. Donc il n'y a aucun adulte, même ma mère, mes frères et sœurs, qui m'avaient inscrit chez un orthophoniste. C'est de moi-même, et là je ne sais pas, c'est de moi-même, je suis allé voir un orthophoniste de moi-même au collège, mais... Je ne sais plus trop, mais il a bien fallu qu'à un moment donné, ma mère paie. Donc, elle l'a forcément su. Mais c'est moi qui ai fait la démarche. Eh oui, c'est moi qui ai fait la démarche parce que j'en souffrais trop. Alors, je ne l'ai peut-être pas vu longtemps, mais c'était ma première rencontre avec une orthophoniste. Et ça avait commencé comme ça. Sinon, à l'école, je réussissais quand même à être, je me souviens, en sixième, toujours dans les deux premiers en anglais. Ce qui est assez surprenant. Et j'ai revu mes bulletins, là. Et aucune mention... Enfin, on ne dit pas que j'étais quelqu'un de silencieux, rien. Mais ça ne se voit pas sur mes bulletins, en fait. Alors que moi, je l'ai vécu très mal, en fait. Mais sur mes bulletins, c'est invisible. Si on voulait savoir... En faisant une recherche historique à partir de ces documents-là, on ne verrait rien.

  • Speaker #0

    Mais pourtant, il y a des circonstances. Moi, je me souviens de l'angoisse pour réciter les poésies, l'angoisse pour chanter en musique. Il y avait aussi des exercices à l'oral en anglais, en espagnol. Il y a quand même des lieux où on n'a pas le choix.

  • Speaker #1

    Oui, alors... En anglais, c'était un vrai plaisir pour moi. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que la prof, elle me plaisait bien. Elle était sympathique. Il y avait une bonne ambiance. J'étais toujours en concurrence avec un autre camarade. C'était lui le premier ou bien moi. Et à cette époque-là, l'apprentissage des langues était encore beaucoup axé sur l'écrit. Et ça, ça a beaucoup changé quand même. Donc, c'est peut-être pour ça que je m'en sentais pas mal. Ensuite, les situations. Tout ce qui est chant, ça ne pose pas de problème pour un bague. Parce que le bague ne baguait pas en chantant. Ça fait partie des stratégies. Parce que si, par exemple, j'ai des blocages, je peux faire un petit peu comme ça. Ça peut faire bizarre, mais bon, ça aide. Du coup, et puis oui, les situations. Alors, les rentrées des classes. horrible, l'enfer. Je pense que j'ai été traumatisé. Parce qu'il faut se présenter. À chaque cours, il fallait se présenter. Et souvent, on croyait que je m'appelais Bastien. Alors que c'est Sébastien. Mais c'est Bastien. On pensait, c'est plus loin Bastien. Non, c'est Sébastien.

  • Speaker #0

    Ah oui, parce que le prénom ne va pas aider.

  • Speaker #1

    Mais c'était surtout sur mon nom de famille, sur Gonzalès. Et j'ai longtemps cru que, oui, il y a des consonnes en début de mot. qui, pour moi, étaient compliquées. Or, il n'y a pas que ça. Il y a parfois même des voyelles. Enfin, je ne vais pas m'éparpiller. Donc, il y a des situations qui sont difficiles, oui. Et d'ailleurs, je me souviens au collège, en cours de français, j'avais osé, parce qu'il faut quand même dire, quand je regarde cet enfant que j'étais, il était quand même courageux, parce qu'il osait quand même prendre la parole. J'avais osé prendre la parole en français. et un camarade s'était moqué de moi devant tout le monde. J'étais très, très, très vexé. J'ai préparé une gomme dans ma main et à la sortie, j'ai failli le frapper, on nous a séparés. Parce que j'étais vraiment... Je trouvais ça injuste, je trouvais ça horrible.

  • Speaker #0

    Mais à quoi allait servir la gomme ?

  • Speaker #1

    Eh bien, pour...

  • Speaker #0

    L'enfer dessus ? Non,

  • Speaker #1

    la gomme que vous serrez dans le... points, je ne sais pas où vous avez eu ça, mais c'était pour repenser deux points.

  • Speaker #0

    Je ne connaissais pas ce Ausha.

  • Speaker #1

    Donc voilà, je ne sais pas d'où j'ai sorti ça, mais bon, voilà. Il y a des situations qui sont difficiles. La lecture en classe, en effet, c'est compliqué. Moi, je me souviens que j'avais des suées, des mamouettes et tout, et j'attendais mon tour comme si j'allais passer...

  • Speaker #0

    comme si j'allais être pendu. C'était vraiment horrible, avec le cœur qui palpitait. C'était dur.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, vous avez dit que quand on chante, on peut arrêter d'avoir des blocages. Je me demandais les accents. Si là, par exemple, vous imitez l'accent belge ou l'accent québécois...

  • Speaker #0

    Si j'imite l'accent belge une fois ?

  • Speaker #1

    Est-ce que ça aide ou pas ?

  • Speaker #0

    En fait, quand je parlais de la prosodie, tout à l'heure, c'est un petit peu ça. Peut-être qu'un accent un peu plus chantant, ça peut peut-être aider, oui. Mais quelque part...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas naturel.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est-à-dire, c'est comme si quelqu'un... C'est comme si moi qui suis né dans le Nord, je ne vais pas le faire parce que je pense que je suis nul, mais si j'essayais de prendre l'accent marseillais... et que j'en faisais trop, il y a un côté faux en fait. Non, c'est pas top.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des moments, enfin oui forcément, mais est-ce qu'il y a des moments privilégiés où le bégaiement vous laisse tranquille à coup sûr ?

  • Speaker #0

    En chantant, en rappant, parce que j'ai fait du rap jeune, au début du rap en France, donc voilà. Le théâtre, c'est particulier parce que répétition... J'ai vécu, donc j'étais à Roubaix, c'était à M, c'est une ville qui est à côté de Roubaix. J'ai fait du théâtre et vraiment, il y a des profs qui sont super parce qu'il m'a permis, je ne sais pas si je pourrais le faire, parce que je bégayais énormément. On a fait beaucoup de répétitions et ils ont été super patients. Ils m'ont donné beaucoup de textes en plus. Moi, je trouve ça dingue en fait. Et quand j'ai joué deux fois, je pense, j'avais beaucoup de texte et je n'ai pas bégayé une seule fois. C'est-à-dire qu'en me mettant dans un autre rôle, dans un autre personnage, j'avais la possibilité, en jouant un personnage, j'avais la possibilité de ne pas bégayer. Et ce n'est pas parce que je connaissais le texte, parce que pour moi, ce n'est pas le fait de connaître le texte, c'est parce que là, ça rapproche du fait de... savoir ce que l'on va dire ça aide à ne pas bégayer non non parce que même non même J'ai des situations de lecture où je bégayais beaucoup donc non c'est le fait d'être dans un autre personnage et la différence entre les répétitions et la scène où il ya une sorte de magie qui s'opère j'ai trouvé ça génial à tel point qu'au fond de moi j'ai toujours J'ai voulu être acteur, mais je ne l'ai jamais fait. Et ça, ça a vraiment été une révélation pour moi. Et en même temps, le rap aussi.

  • Speaker #1

    Mais aujourd'hui, vous bégayez presque plus.

  • Speaker #0

    Au moment où vous m'entendez, oui. C'est difficile de...

  • Speaker #1

    Mais il y a quand même eu une marge d'amélioration. J'ai du mal à... L'enfance et le collège, non ?

  • Speaker #0

    Énorme. Il faut savoir qu'aller chercher une baguette le matin en bas des immeubles... pour prendre son petit déjeuner et là je mettais la barre très haut je me disais bon allez j'y vais et je le ferai sans bégayer et il m'arrivait de pas réussir à dire le mot et devant tout le monde et je me sentais mal et je rentrais chez moi je pleurais en fait j'étais à l'université je me sentais très très mal et à l'université il y a vraiment eu il ya des situations qui étaient très très compliqué enfin comme par exemple On était en amphi, en sociologie urbaine, parce que j'ai fait de la sociologie. Et mon sujet c'était le rap, est-ce de l'art pour l'art ou de l'art pour l'action ? Et on était tous descendus pour voir le prof. Devant tout le monde, il a fallu que je donne mon sujet. Et ça ne sortait pas, et tous les élèves étaient là, et ça durait. Donc lui, en fait, il fallait que je donne mon nom. Et je ne réussissais pas. Il m'a dit, on va vous appeler Rap. Voilà. Donc, c'était dur. Ce n'est pas sa réponse qui est dure, mais c'est...

  • Speaker #1

    Oui, il y a eu des grands moments de solitude, quoi. Dans ces moments-là, le cours vous a quand même un peu aidé ?

  • Speaker #0

    Alors, l'humour, ça a été une stratégie quand je suis arrivé à Roubaix, parce qu'il faut savoir que j'ai bougé pas mal, mais je pense que ça a eu de l'importance, tout ce qui s'est passé dans... ma vie avec le bégaiement mais pour dire bref je suis le dernier enfant qui reste avec ma mère et elle avait un petit ami qui avait un restaurant donc elle a déménagé pour aller dans son restaurant donc moi j'ai suivi Et ensuite, j'apprends qu'on s'attendait à ce que je travaille au restaurant, en fait. Et on ne m'avait rien dit. Et moi, je rentrais en seconde. Et puis, le beau-père qui buvait parfois, un jour, il a craché sur ma mère. Et je me suis mis entre les deux. Et je ne pouvais plus rester, en fait. Donc, je suis allé en pension à Turquoise. Mais j'ai supporté deux jours. Je ne supportais pas. Du coup, je suis allé vivre chez ma sœur en Dordogne. Un jeune couple. avec un bébé qui se disputait tout le temps. Et je suis resté six mois, c'est juste pour dire. Et après, je suis revenu à Roubaix. Je suis venu à Roubaix vivre chez le premier mari de ma mère. Enfin bref. Et en plein milieu d'année, j'arrive en classe de seconde. Déjà, ça commence mal. On bloque dans un coin, on pique ma calculatrice et tout. Enfin bref. Là, c'était pour dire que je n'étais pas dans un environnement stable. Donc ça ne m'a pas aidé en fait. Donc j'ai dû redoubler ma seconde. Et là, cette année-là, j'avais décidé de me jouer un personnage cool, avec beaucoup d'humour et tout ça. Mais quelque part, c'était moi en fait. Mais quand même, quand je bégayais, ça faisait un peu le mec un peu bizarre, original. Mais j'avais un peu... J'essayais de parler plus calmement. d'être plus cool, de sortir des blagues et tout. Et ça m'a beaucoup aidé en fait. C'est un peu la... je ne sais pas... C'était une stratégie qui m'a...

  • Speaker #1

    Dans ce état d'esprit ?

  • Speaker #0

    Je me suis joué un rôle et comme un boomerang, c'est un peu revenu vers moi dans le sens positif. Et en plus à cette époque-là, j'ai aussi fait un petit peu de théâtre au lycée. Voilà, et là je me suis fait des amis sympas et tout, et on s'est bien marrés, c'était des bonnes années.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui peut aider, qu'est-ce qui vous a aidé ? C'est un peu soigner le mal par le mal, finalement, c'est-à-dire faire du théâtre, donc pratiquer, pratiquer, pratiquer, faire du rap c'est à nouveau pratiquer, pratiquer, pratiquer, pour banaliser en fait ce moyen d'expression qu'est la parole.

  • Speaker #0

    Alors je dirais changer de... Jouer un autre rôle, changer de personnage pour s'extraire de soi-même. C'est une manière de se découvrir aussi. Le rap, ça m'a fait du bien parce que je pouvais exprimer tout ce que je ne réussissais pas à exprimer dans les textes. Mais je restais quand même, entre guillemets, c'est ce qu'on disait, l'homme de l'ombre, l'eau qui dort. Je dirais donc, il y a le bien-être, c'est basique. Le fait de s'accepter soi-même, d'essayer de s'aimer soi-même.

  • Speaker #1

    D'être bien entouré.

  • Speaker #0

    D'être bien dans sa peau. Le fait de s'exposer, en effet, parce qu'en fait, il faut s'exposer. Parce que si on se retire trop...

  • Speaker #1

    On s'enferme avec tout ça.

  • Speaker #0

    On s'enferme. Et moi, parfois, je me suis enfermé. Mais ça, je crois que ça ne doit pas être courant. C'est-à-dire que je bégayais en pensant. Et ça, c'était un envahissement. C'était vraiment horrible. Je bégayais en pensant. Ah oui, non, mais c'était terrible.

  • Speaker #1

    Je suis désolée, mais j'ai envie de...

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, non, non, mais c'est dingue, en fait. Même, je crois que... J'en ai parlé à une orthophoniste il y a peu de temps, je ne sais pas ce qu'elle en pense, elle ne lui a rien dit, mais je crois que c'est assez particulier. Donc, le bien-être, en règle générale, et puis les interactions orales, il faut qu'il y en ait, il faut s'exposer, que ce soit dans le métro, que ce soit... En fait, ouais, c'est le mal par le mal. Il faut foncer dedans, il faut y aller. Et puis, à un moment donné, il faut accepter tout ce qu'on ressent, toutes nos émotions, juste les accueillir. Alors, on a chaud, on a ceci, cela. Mais bon, et puis, il y a l'humour. Et il y a des stratégies qui sont très connues, comme changer de mot, parce que celui-ci, voilà. Mais ça, pour moi, ce n'est pas une bonne stratégie, parce qu'on se dénature. On ne réussit pas à transmettre ce que l'on veut transmettre. Il y en a qui veulent finir nos phrases. Moi, je trouve que ce n'est pas conseillé. Donc, c'est toi, je vais finir. Voilà, donc...

  • Speaker #1

    Moi, j'ai vu à la télé qu'il existait des stages intensifs pour stopper les bégaiements avec des exercices de respiration et tout ça. Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?

  • Speaker #0

    En fait, oui, j'ai souvenir d'un stage. Oui, j'ai vu les... les reportages où il frappait, il frappait beaucoup, etc. Je crois qu'à un moment donné, les orthophonistes ont porté plainte contre lui. Parce que oui, je crois qu'il y a peut-être une guéguerre, je ne sais pas trop quand, mais j'ai du mal à croire que ce soit une stratégie qui soit suffisante et valable pour tous. À mon avis, ça peut aider, parce que je pense qu'il ne le ferait pas, et lui-même il est aussi passé par là. Mais moi je me vois mal taper pour que les mots sortent. Alors ça m'arrivait parfois, mais je le faisais sous forme d'humour. Je m'en souviens, puisqu'on en parle. Quand il y a un mot qui ne sortait pas, je disais à mon pote, vas-y frappe, frappe, et je le faisais sortir. Mais bon, c'était sous forme d'humour. Mais je trouve aussi que ça donne une drôle d'impression. Je ne sais pas si c'est mieux en fait, en termes d'image, de commencer à frapper.

  • Speaker #1

    Avec le recul finalement, qu'est-ce que vous pensez que le bégaiement vous a apporté ?

  • Speaker #0

    Le bégaiement, il m'a apporté de l'empathie. C'est-à-dire que je... Je peux comprendre ce que vit une personne qui a un handicap. Je peux comprendre, je pense, les effets que peuvent faire le regard des autres portés sur nous. Je ne supporte pas l'injustice. Je ne peux pas être indifférent. Du coup, moi, si je vois une agression au dehors, forcément, je vais me retrouver dedans d'une manière ou d'une autre. Parce que je ne peux pas rentrer chez moi. Vivre avec ma conscience comme ça. Et puis, en ce qui me concerne, il y a une grande sensibilité. Je repère les personnes qui bégayent, même lorsque c'est faible. D'ailleurs, en étant prof, j'ai repéré un enfant qui bégayait. Les parents ne le savaient pas encore. Ils ne voyaient pas ça comme ça. Et comme il faut prendre en charge les enfants jeunes, c'est conseillé avant 9 ans. Ça tombait bien. Donc, ça aura au moins servi à ça. Mais le bégaiement, une certaine poésie peut-être. En tout cas, ça fait vraiment partie de moi. Mais aussi, et ça c'est les côtés plutôt négatifs, je crois. Mais je suis très... J'ai beau faire, j'ai un côté très explosif. C'est pour ça que dans le milieu du rap, dans notre petit milieu, à Lille, le nom qu'on me donnait c'était Locky Door. J'étais sympa et tout, mais quand il y avait une injustice ou je ne sais pas trop quoi, on ne me reconnaissait plus. Ça peut paraître bien comme ça, mais non, parce que c'est super fatigant. Puis l'agressivité, c'est jamais bien. Donc voilà.

  • Speaker #1

    C'est déjà pas mal.

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est déjà pas mal.

  • Speaker #1

    Il y a quelques temps, vous avez participé à un concours d'éloquence. Tout autre sujet. Je ne préviens pas, je change de sujet. J'aimerais savoir qu'est-ce qui a fait, qu'est-ce qui vous a amené à ce concours d'éloquence ?

  • Speaker #0

    Une blessure. Une blessure parce qu'en fait, c'était la deuxième année où je passais le CRPE pour être professeur titularisé dans le public. Et donc la première année, j'ai eu l'écrit, j'ai pas eu l'oral. Bon, dac. Je me suis dit, bon, je me suis pas vraiment préparé, etc. La seconde année, je suis une formation spécifique. Donc je passe des oraux blancs, ça se passe bien, on me dit je vous prendrai les yeux fermés, alors que ce sont des personnes qui font partie de jury dans la réalité. Donc les écrits, j'ai les écrits et le jour des oraux, enfin il y a plusieurs jours, mais un jour en particulier, enfin deux jours en particulier, j'étais fatigué, super fatigué, plus le stress. Et le premier... orale qui était sur la présentation d'un cours en français et en maths se passe pas bien parce que je bégais beaucoup et le jury, ils étaient trois non, ouais trois ou deux, deux, deux elles me disent bon au prochain Zorro il faut que vous vous déstressiez on ne vous juge pas, etc etc etc donc ils mettent tout sur le dos du stress et moi je ne parle pas du pégément mais je pourrais vous expliquer après pourquoi mais j'ai quand même eu 14 donc ils se sont focalisés sur le fond quand même donc ça veut dire que je ne suis pas nul le lendemain je tombe sur un autre jury qui juge les motivations et l'eps ce jury là aux motivations me met 4 sur 10 comment on peut mettre 4 sur 10 à quelqu'un qui avait déjà travaillé huit ans en école primaire 4 sur 10, c'est dire que je ne suis pas motivé. Donc là... Et 4 sur 10 et 10 sur 20 en EPS alors que franchement j'avais bien réussi. Donc moi je pense que sur le coup ils ont voulu me descendre. Alors c'est toujours gênant parce qu'on peut dire qu'il est parano etc. Puis je me suis renseigné auprès d'un syndicaliste qui est dans le milieu, qui s'est renseigné et qui me dit « il faut savoir que pour les euros on ne peut avoir aucun retour » . Et il me dit « non mais lorsqu'ils mettent une note comme ça aux motivations c'est qu'ils ne veulent pas que vous… » réussissiez, c'est pour vous casser. Ça me paraît logique. 3 sur 10. Encore 5. Il dit « Oh, il n'est pas trop motivé. » Mais 3, non. Et j'avais beaucoup bégayé. Et du coup, ça m'a fait mal. Je me suis dit « Mince ! » Alors que je me sentais prêt et je m'étais investi un an, en fait. J'étais vraiment deg, en fait. et du coup après il s'est passé plusieurs choses c'est là où j'ai pris mon vélo pour me vider la tête faire 800 km remonté dans le nord revoir ma mère que j'avais pas vu depuis 15 ans refaire le vide un peu ou voilà essayer de me retrouver et puis de me rapprocher d'une association de begg et c'est là que j'ai su qu'il y avait un concours et là je me suis dit allez J'y vais. Et c'est comme ça en fait que ça s'est passé. Mais c'est souvent comme ça, lorsqu'on descend en bas, lorsqu'il y a une chute, c'est l'occasion de changer des choses et de revenir en force en fait.

  • Speaker #1

    Oui, et de saisir de nouvelles opportunités auxquelles on n'aurait pas pensé. Vous m'avez envoyé les enregistrements audio de ce concours. Alors si j'ai... Bien compris. En tout cas, j'ai écouté trois enregistrements. Il y avait le thème de l'amour, aimé en tout cas, le thème du bégaiement et le thème de l'amnésie. Comment vous avez fait ce choix des thèmes ? Est-ce que c'était imposé ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Alors, le premier thème, il était choisi. Je posais la question, faut-il cacher ou ne pas cacher son bégaiement ? Et je répondais par non, il ne faut pas cacher. Parce que toute ma stratégie a été... jusqu'à 52 ans presque de cacher mon bégaiement et ce qui s'est passé au concours peut-être que si je n'avais pas caché peut-être que si j'avais dit je je suis bègue peut-être que ça m'aurait aidé en fait mais je voulais pas le dire pour ne pas passer pour celui qui essaie d'influencer et aussi parce que c'était très aléatoire et en me rapprochant justement en faisant ce concours j'ai rencontré des orthophonistes et je me suis Je me suis renseigné et tous les professionnels disent que le bégaiement fond au soleil, qu'il faut le dire. Voilà, moi, c'est ce que je n'ai pas fait. Du coup, en même temps, ça, je ne l'avais jamais fait et ça m'aurait bien été utile, je fais à mon âge une demande de reconnaissance à la MDPH, où ce soit écrit noir sur blanc, en fait. Du coup... C'est pour ça que j'avais choisi ce sujet, parce que c'était une révélation pour moi. Donc,

  • Speaker #1

    je n'ai pas compris. Le thème du bégaiement caché ou pas caché, ça, c'était imposé ?

  • Speaker #0

    Non, c'est moi qui l'ai choisi.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    Pour toutes ces raisons-là.

  • Speaker #1

    Et les deux autres thèmes ?

  • Speaker #0

    Les deux autres thèmes, ils ont été imposés. Et on était en binôme. Il y a celui qui est contre et celui qui est pour sur chaque thème. Donc, on nous impose le thème et on nous impose aussi la position.

  • Speaker #1

    Et il y a combien de temps pour préparer le texte ?

  • Speaker #0

    Il y avait maximum 15 jours.

  • Speaker #1

    Et vous travaillez en binôme sur ça ? Non, c'est individuel après.

  • Speaker #0

    C'est individuel ou avec des coachs et les orthophonistes pour l'oralité. Moi, pour l'écriture, c'était individuel, c'est sûr. Et ensuite, il y avait des masterclass. Parce que ça a commencé aux aventures du 13 octobre jusqu'à la finale du 7 décembre. Et donc, oui, oui, entre chaque concours, chaque demi-finale, quart de finale, on avait 15 jours et on se voyait environ 3 à 4 fois.

  • Speaker #1

    Et c'était devant un jury, devant un public ?

  • Speaker #0

    Le concours, c'est une demi-journée. Et ça se passait d'abord à l'université Paul-Saint-Baptier pour ce qu'on peut appeler quart de finale et demi-finale. Et il y avait dans l'amphi, il y avait du monde. Bon, ce n'était pas plein, mais une centaine de personnes, sûr.

  • Speaker #1

    Et qui veut peut y aller. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. Voilà. Et par contre, pour la finale, ça s'est passé une scène universitaire. Donc à Toulouse. Ouais, ouais, ouais. Et là, par contre, il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Je ne sais plus combien, mais on n'était pas loin de 500 personnes, je crois. Si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Bon, et alors, est-ce que vous avez gagné ?

  • Speaker #0

    Alors, de toute façon, j'ai gagné parce qu'en fait, j'ai gagné le prix. Alors, ce n'est pas la finale, mais ce n'est pas le... grand prix, mais j'ai gagné le prix de de la plume et c'est ce que je voulais en fait, moi c'est la meilleure reconnaissance qu'il pouvait me faire et en même temps je me disais qu'au niveau de l'éloquence proprement parlée, je me disais qu'il y en avait d'autres qui en avaient plus besoin pour se revaloriser et reprendre confiance et c'est ça qui était très intéressant, c'est que en fait chacun a obtenu un prix lié à

  • Speaker #1

    À son talent le plus prononcé. Donc la plume, c'est l'écriture.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et même ceux qui n'étaient pas sélectionnés pour la finale ont pu, s'ils étaient volontaires, il y en a deux qui l'ont été, ont pu présenter le même soir leur propre texte.

  • Speaker #1

    Et en étant hors concours.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ils ont présenté... Il y en a un particulièrement qui me touche beaucoup, qui a présenté un texte. Waouh ! C'était la deuxième fois que j'entendais son texte, mais à chaque fois il me faisait pleurer.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que c'est les gens qui participent à ce concours d'éloquence ? Donc c'était un concours d'éloquence dans le cadre d'une association sur le bégaiement. Donc c'était que des personnes qui bégaient ?

  • Speaker #0

    C'est pas opératif ? Non, non, voilà.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé ? Est-ce que ce n'est pas finalement ces personnes qui participent au concours, des personnes qui ont résolu leurs problématiques finalement ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce qu'en fait, parce qu'il y a, voilà, alors moi, et ça c'est peut-être lié au bégaiement, c'est-à-dire que quand j'ai pris contact, j'ai dit, voilà, j'ai 52 ans, je ne bégaie plus trop, est-ce que je peux participer ? J'avais l'impression de ne pas être. À ma place, j'ai même eu l'impression que je trichais, en fait, parce que j'étais le plus âgé et que j'ai une expérience de mon bégaiement qui est propre à moi et que du coup, j'ai une maîtrise, je le maîtrise pas mal. Voilà. Mais c'est très variable et il y a des collègues, des amis, ils le savent, c'est beaucoup plus difficile pour eux. Et ils sont courageux. Ils sont courageux parce qu'il faut beaucoup de courage. Mais c'est beaucoup plus dur pour eux.

  • Speaker #1

    En tout cas, je suis curieuse d'aller voir un concours d'éloquence et d'aller aussi soutenir ces gens qui font preuve d'audace.

  • Speaker #0

    Le prochain concours est en préparation. Ça sera le second sur Toulouse et je vous informerai.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Est-ce qu'il y a un endroit où on peut écouter les enregistrements que vous m'avez envoyés ?

  • Speaker #0

    Alors, déjà moi, mes enregistrements, j'ai pas voulu les revoir parce que je ne supporte pas de me voir et de m'entendre. C'est assez compliqué.

  • Speaker #1

    Je vous rassure, c'est pareil pour tout le monde. Aussi, le podcast, les premiers épisodes, c'est dur de s'écouter. Ça l'est toujours un peu, mais on finit par se lâcher un peu.

  • Speaker #0

    J'ai pas mal progressé. Du coup, c'est des vidéos d'amateurs, donc au niveau des autorisations, je ne sais pas. Moi, personnellement, oui, je peux vous montrer celles qui me concernent, même si souvent, je n'ai pas de chance parce qu'il manque le début. Il y a eu un problème technique, mais c'est des choses qui m'arrivent souvent.

  • Speaker #1

    Sinon, les audios que vous m'avez envoyés, je vous conseille d'en faire un podcast.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est fait chez moi, seul.

  • Speaker #1

    de les mettre en ligne parce que c'est vrai que après l'écoute de ce podcast certaines personnes seront curieuses surtout qu'en effet je ne savais pas que vous avez gagné le prix de la plume mais c'est extrêmement bien écrit et c'est très beau et vous m'avez aussi envoyé un compte qui m'a vraiment beaucoup émue la lune, le soleil, la foule donc franchement je vous conseille de partager ces audios

  • Speaker #0

    Mais ça fait partie de mes projets, en fait. Et donc, je suis venu, c'était pour vous espionner.

  • Speaker #1

    Ben voilà, je peux vous prêter le matériel, il n'y a pas de souci. J'ai une dernière question au sujet du concours d'éloquence. Qu'est-ce que ça vous a fait, finalement, d'être confronté à autant de personnes qui ont la même problématique que vous ?

  • Speaker #0

    Alors, j'avais peur, ça fait référence à la contamination. Moi-même. Et c'est aussi pour ça que je m'y prends si tard. J'avais peur de me retrouver avec des personnes qui béguaient. Comme j'avais peur de retourner dans ma famille, parce que en m'en éloignant, mon bégaiement a diminué aussi. Mais je craignais vraiment ça. Et ce n'est pas du tout ce qui s'est passé, ça a été dans l'autre sens. Et ça m'a permis de me mettre à la place des personnes qui ne béguaient pas, qui se retrouvent face à des personnes qui béguaient. Qu'est-ce qu'on ressent ? Est-ce qu'on est mal à l'aise ? Est-ce qu'on a envie de l'aider ? On le regarde comment ? Avec pitié, avec ceci, cela ? Tout, tout. Et ça, c'est intéressant de le vivre, pour se mettre à la place des autres.

  • Speaker #1

    Et au final, qu'est-ce que cette expérience du concours d'éloquence vous a apporté ?

  • Speaker #0

    Énormément, parce qu'en fait, elle m'a... Déjà en ce qui concerne l'écriture, le message qui passe, c'est « Mais oui, Seb, tu... » Ça fait longtemps. En fait, je n'ai pas écrit du jour au lendemain. J'ai fait du rap, avec beaucoup d'écritures et tout ça. Et donc, j'ai ressenti, et ça c'est très très émouvant, des regards bienveillants vis-à-vis de moi, et de reconnaissance de ce que je faisais, et ça m'a énormément touché. Si bien que quand le concours s'est arrêté, j'ai eu plus d'une semaine de dépression.

  • Speaker #1

    Je comprends, c'est le sentiment de se sentir exactement à sa place et de se rendre compte qu'on a des talents qu'on n'exploite pas assez au quotidien. Et là, pour le coup, le talent était reconnu. On sent qu'on est à l'aise et qu'on a beaucoup de reconnaissance des autres. Et puis d'un coup, on retourne chez soi. Et qu'est-ce qu'on a en fait de tout ça ?

  • Speaker #0

    Ce qui est même plus fort que ça, c'est se sentir aimé, presque. Et du coup, quand je dis se sentir aimé, du coup, ça fait très, très bizarre. Mais c'était comme si une relation amoureuse, c'était comme si je vivais une rupture quand ça a cessé, en fait. Et en même temps, c'était très inspirant quand on veut écrire. Et puis, l'enfant de l'orthophoniste voulait me voir parce qu'elle avait entendu ma voix. Et du coup, ça m'a motivé pour lui écrire ce conte que vous avez lu. sur la lune. Je ne sais même plus le titre. En fait, je me suis rendu compte que je pouvais écrire un compte tous les 15 ou 3 semaines. Du coup, j'étais dans un élan et j'ai un peu continué. J'ai participé à un concours de nouvelles. Ça devait faire 6 pages. Donc j'ai écrit un compte de 6 pages. Et voilà, le fait de me donner des contraintes comme ça, c'est très intéressant aussi.

  • Speaker #1

    On arrive aux questions de la fin. Donc, c'est des questions qui sont toujours les mêmes, mais qui sont, à mon sens, en tout cas, très intéressantes. Est-ce que vous avez un livre, un podcast, un film ou une musique que vous avez envie de nous conseiller ?

  • Speaker #0

    Alors moi, une musique, Prince, Dove's Cry. Voilà, en fait, c'est par rapport à la souffrance de sa mère. Et cette chanson, waouh, elle me bouleverse en fait. Je ne sais pas si vous la connaissez.

  • Speaker #1

    Non, je ne la connais pas,

  • Speaker #0

    mais je l'écouterai. Avec un solo de guitare. Et puis Prince, dans les solos, il était super fort. Super fort. Donc ça, c'est pour la chanson. Mais sinon, j'ai écouté pas mal de Francis Cabrel. C'est un vrai poète. Et au niveau des films, au niveau des films, c'est moins évident. Moi, j'aime beaucoup les vieux films comiques français. Par exemple, avec Bourville, parce que j'ai eu un oncle qui l'imitait formidablement. La voix et tout. Et donc, les vieux films comiques français, je trouve ça génial.

  • Speaker #1

    D'accord, merci. De rien. Est-ce que vous avez... Au revoir. Est-ce que vous avez une citation ou un mantra qui vous motive au quotidien ? Oui.

  • Speaker #0

    La peur de l'objet engendre l'objet de la peur. Ça vient d'un proverbe bouddhiste. Je ne suis pas particulièrement bouddhiste, mais il y a des proverbes qui sont vraiment... Et ça m'a paru tellement vrai.

  • Speaker #1

    Alors, la peur...

  • Speaker #0

    La peur de l'objet engendre l'objet de la peur. Vous avez peur de quelque chose, c'est ce que je disais tout à l'heure. Eh bien, le fait d'avoir peur, ça va faire venir cette chose. En tout cas, ça prépare le terrain pour que malheureusement, elle advienne.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Moi je connaissais la peur n'évite pas le danger.

  • Speaker #0

    Oui, mais je dirais même pire. Elle attire ? Oui,

  • Speaker #1

    c'est cette croyante-là.

  • Speaker #0

    et parce que je l'ai Et éprouver souvent. Et du coup, dans des situations un peu tendues, j'essaie de faire le vide.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un sujet dont on n'a pas parlé et que vous aimeriez aborder ?

  • Speaker #0

    On a parlé du... Enfin, moi, ça ne me dérange pas, mais bon. On a parlé, c'est un sujet très fort dans ma vie, pour bien comprendre, je pense, du traumatisme qui a fait ressortir mon... Bégaiement. Et j'ai su plus tard que dans ma famille, j'avais des personnes qui bégayaient. Donc, l'oncle de... Non, enfin, un arrière-grand-père qui bégayaient. J'ai deux cousins que je ne connais pas trop qui... Non, j'ai un cousin qui bégait aussi. Donc, en fait, c'est... En effet, il y a une...

  • Speaker #1

    Il y a une part génétique.

  • Speaker #0

    Il y a une part génétique. Mais moi, le traumatisme, c'était en fait, ma mère a... tenté de se suicider à plusieurs reprises et ça s'est passé donc je les ai vu inanimés dans les toilettes dans la salle de bain et c'est là que ça s'est déclenché et j'ai développé en même temps des tiques pour la protéger alors des tiques je levais le cou comme ça je faisais des grimaces le soir avant de m'endormir comme elle travaillait aussi de nuit j'essayais de C'était vraiment un rituel de refaire tout le trajet jusqu'à son travail, alors que je ne le connaissais pas en fait, c'était loin, et de me tourner vers elle pour la protéger. En fait, il fallait que je protège ma mère, et c'était trop lourd en fait, c'était trop lourd pour moi. Et ça, ça a beaucoup joué, et mon bégaiement, voilà, moi je...

  • Speaker #1

    Vous l'avez compris quand ça, que le bégaiement était dû, certes. très certainement à ce traumatisme-là ?

  • Speaker #0

    Assez rapidement, au lycée, ça c'est sûr, quand j'ai commencé à écrire des textes de rap, parce que j'ai abordé le sujet aussi. Et c'est là que j'en ai pris conscience. Et alors, ce que je tiens à dire, et pour moi c'est très très important, c'est incroyable la force des enfants face au désastre ou à l'adversité. Et les enfants ont des ressources incroyables. Mais un jour ou l'autre, il le paie. C'est comme un verre d'eau qu'on remplit trop. Et ça, je m'en suis rendu compte. D'où, il y a forcément des séquelles. L'impulsivité, la colère ou d'autres choses. Et voilà. Donc, les enfants, il faut s'en occuper vite. Tôt, quoi.

  • Speaker #1

    Merci pour ce partage. De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je suis fier... de ce que je fais en ce moment, c'est-à-dire que j'ai réussi, en suivant le principe de j'ouvre une porte aussi petite soit-elle, ça en ouvre d'autres, et bien ça s'est concrétisé il y a peu de temps, parce que j'ai été au chômage. J'ai ouvert une porte de 2h30 à 3h par semaine chez les compagnons du devoir, pour enseigner la culture générale, et puis récemment... on m'a proposé en même temps les cours de français les cours d'histoire géo et d'enseignement moral et civique pour les CAP pour les...

  • Speaker #1

    t'as besoin de ce fichu concours là ?

  • Speaker #0

    non et je n'en veux plus je suis en colère en fait ils peuvent s'en mordre les doigts parce qu'en plus on n'est pas régulièrement en pénurie de... donc ça c'est une politique donc ça et la même semaine parce que j'ai un autre emploi où je fais de l'étude scolaire dans une école primaire. La même semaine, on me propose une journée supplémentaire et je réussis à faire mon propre emploi du temps. C'est moi qui le fais. Et maintenant, l'objectif, c'est de garder suffisamment de temps pour développer l'écriture et l'oralité. Le compte, ça m'intéresse beaucoup, mais aussi pour le dire. Et je cherche du côté du coaching parce qu'en fait, l'année prochaine, j'ai envie de coacher les... Ceux qui vont concourir. Mais aussi le coaching pédagogique. Il faut que je fouille de ce côté-là et de la prise de parole. Donc en fait, j'ai plein de projets.

  • Speaker #1

    Mais c'est beau parce que c'est exactement ce que moi je me répète. C'est que quand il y a des portes qui se ferment et qu'on a des illusions, des grosses déceptions. Avec le recul, on se rend compte que c'était tout simplement pour qu'on prenne des chemins qui nous correspondent 100 fois plus. Et je trouve que la vie, c'est ça, d'essayer d'être de plus en plus aligné avec soi-même. Bon, après, ce qui est dur, c'est qu'on change aussi. Peut-être que dans 5 ans, vous aurez totalement d'autres envies. Donc, c'est en perpétuel recommencement. Mais bon, je pense que l'écriture, ça vous suit depuis le début. Et cette envie de vous exprimer aussi.

  • Speaker #0

    J'ai craint d'une dimension artistique pour être en équilibre.

  • Speaker #1

    Et ça apparaît, avec le recul, ça apparaît évident que c'est votre voix. Qu'est-ce que vous avez envie que l'on retienne de votre témoignage ?

  • Speaker #0

    Alors, moi j'ai toujours pas compris comment j'ai fait pour en arriver à beaucoup moins bégayer. Parce qu'en fait j'ai... pratiquement pas vu d'orthophoniste un petit peu au collège et à l'université quand je souffrais pas mal mais vraiment peu au total j'ai moins de dix séances à mon actif et je ça m'intrigue en fait c'est vraiment très intrigant je ne comprends pas comment j'ai fait donc voilà donc il y a de l'espoir il y a de l'espoir alors bien sûr mon cas ça reste mon cas personnel Il ne faut pas baisser les bras. C'est assez basique ce que je veux dire.

  • Speaker #1

    Peut-être qu'aussi, tout au long de votre parcours, vous êtes de plus en plus affranchis du regard des autres. Parce que j'ai l'impression que le bégayement, c'est quand même très lié à la peur de l'image qu'on renvoie, de la peur d'être moqué. Donc moi, je me dis... à partir du moment où on n'a plus peur d'être ridicule où on n'a plus peur d'être moqué et qu'on s'en fiche du regard des autres,

  • Speaker #0

    ça doit libérer un petit peu Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous et dans le cadre de la finale on avait diffusé des phrases de collégiens qui béguaient et il y en avait une qui disait un truc du genre le bégayement ça permet de trier les cons ça permet de faire le ménage en fait voilà Voilà, je trouve ça super.

  • Speaker #1

    Ce serait un bon mot de la fin, mais il reste une dernière question. Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter pour l'avenir ?

  • Speaker #0

    De l'épanouissement, de perdre un petit peu de poids, parce que là, en trois semaines, j'ai pris du poids.

  • Speaker #1

    En trois semaines ?

  • Speaker #0

    Oui, je vais très vite. Donc, l'épanouissement et surtout, que je réussisse. à partager des émotions par l'écriture. Et justement, mais je vais très vite, j'ai un projet, c'est avec les personnes qui ont participé au concours, c'est d'avoir des entretiens très approfondis pour essayer de mettre en spectacle des tranches de vie avec le bégaiement, pour essayer de transmettre ce que l'on ressent lorsqu'on est bègue. Et ça, c'est un projet qui me porte à cœur. Et c'est de mener, on peut me souhaiter de mener à terme ce projet-là, ça sera déjà bien.

  • Speaker #1

    Et tous les autres projets aussi. C'est ça. C'est pas mal. Merci beaucoup Sébastien pour ce temps d'échange. J'étais ravie et puis c'est tout ce que je vous souhaite.

  • Speaker #0

    Merci bien.

  • Speaker #1

    A bientôt. Et voilà, cet épisode est terminé. Merci à Sébastien pour sa confiance et merci à tous pour votre écoute et votre fidélité depuis toutes ces années. N'hésitez pas à aller faire un tour dans les notes de l'épisode si vous souhaitez avoir plus d'informations sur le concours d'éloquence. Vous pouvez suivre mes aventures sur le compte Instagram Pépin Podcast et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes prenez soin de vous et tout ça c'était pour dire quoi ?

  • Speaker #0

    à bête me le demande c'était difficile en fait c'était nul c'était c'était un peu grand c'est horrible c'est horrible comme je vous ai dit ou je t'ai dit, ça dépend

  • Speaker #1

    oui on oscille comme je vous étudie ok et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes prenez soin de vous et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes à bientôt

Description

🍋 Rejoignez la communauté et donnez vos impressions sur le compte Instagram @pépinpodcast. 🍋


Je suis très heureuse de vous retrouver après plusieurs mois d’absence pour un nouvel épisode !

Et oui, c’est décidé en 2025, je fais moins mais mieux !

J’espère que vous serez aussi curieux que moi de découvrir le parcours de Sebastien, bègue depuis l’enfance, il n’arrivait pas à demander une baguette de pain dans une boulangerie à cause de son bégaiement et aujourd’hui il s’est prêté au jeu du podcast pour répondre à toutes mes questions ! Alors vous vous demandez peut être ce qui s’est passé entre temps et bien vous allez le découvrir dans cet épisode où nous avons discuté des causes du bégaiement, de son fonctionnement, des astuces pour essayer de compenser et de sa participation à un concours d’éloquence !

Mais je n’en dis pas plus, je vous laisse découvrir ma conversation avec Sebastien Gonzalez !


Les notes de l'épisode :


Pour suivre les informations sur les concours d'éloquence : https://eqdifference.org

Pour être bénévole au concours d'éloquence : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScLDcy7LP7AhU6ND4eYurlQU-Es54iOsoZea-1e1wCMui1yng/viewform



Si vous souhaitez donner votre avis, poser une question ou me suggérer un invité vous pouvez me contacter sur le compte Instagram pepinpodcast : https://www.instagram.com/pepinpodcast/ ou par mail à pepinpodcast@gmail.com


Musique originale composée par Not The King-Ice Tea : https://soundcloud.com/coreygagne




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue à tous, je suis ravie de vous accueillir sur ce podcast qui a pour mission de mettre en avant des héros ordinaires. Les personnes que vous allez entendre ont décidé de se battre chaque instant dans un quotidien bouleversé par une maladie, un accident, un handicap ou une épreuve qui a chamboulé leur vie. Je m'appelle Pauline, je suis sensible depuis toujours aux histoires et parcours de vie atypiques et j'ai décidé qu'il était temps de mettre à profit mon accent chantant pour faire ce que j'aime le plus au monde. partagez et échangez avec des personnes remarquables et inspirantes. J'espère que ces témoignages vous aideront à mieux vivre vos petits et grands pépins. Je suis très heureuse de vous retrouver après plusieurs mois d'absence pour un nouvel épisode. Et oui, c'est décidé, en 2025 je fais moins mais mieux. J'espère que vous serez aussi curieux que moi de découvrir le parcours de Sébastien. Bègue depuis l'enfance, il n'arrivait pas à demander une baguette de pain dans une boulangerie à cause de son bégaiement. Et aujourd'hui, il s'est prêté au jeu du podcast pour répondre à toutes mes questions. Alors vous vous demandez peut-être ce qui s'est passé entre-temps, et bien vous allez le découvrir dans cet épisode, où nous avons discuté des causes du bégaiement, de son fonctionnement, des astuces pour essayer de compenser, et de sa participation à un concours d'éloquence. Mais je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir ma conversation avec Sébastien Gonzalès. Bonjour Sébastien, merci d'avoir accepté mon invitation sur le podcast, et bienvenue ! Vous êtes ici pour témoigner de votre parcours. En effet, vous êtes un ancien bègue. Est-ce que c'est juste déjà le terme ancien ? Est-ce que l'on peut guérir totalement du bégayement ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, il y a ancien et le mot guérir qui me tiltent. Ancien, je le dis pour me rassurer, mais tout en sachant qu'on ne guérit pas entre guillemets du bégayement, mais on apprend à le gérer, à le maîtriser et à vivre avec. voire à l'accepter. Guérir, personnellement, je ne veux pas le considérer comme une maladie, mais comme un trait particulier de mon identité, parce qu'il est complètement intégré à ma personnalité. Donc si c'est une maladie, ça veut dire que je suis moi-même malade.

  • Speaker #0

    J'ai fait exprès d'employer ces deux mots, ancien et guérir, parce que justement, je me demandais si le bégaiement était considéré comme une maladie ou pas.

  • Speaker #1

    Oui, sinon c'est considéré comme un handicap.

  • Speaker #0

    D'accord, bon, avant de poursuivre, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Sébastien González, j'ai 52 ans. Je suis formateur au compagnon du devoir. Je m'occupe aussi d'études scolaires dans une école primaire. Je suis marié, j'ai une enfant de 15 ans.

  • Speaker #0

    Des passions ?

  • Speaker #1

    Des passions, alors des passions, la musique, l'écriture. la musique c'est en la composant sur ordinateur. L'écriture comme passion. Après, ça m'arrive d'avoir des passions qui sont temporaires, et puis changées aussi.

  • Speaker #0

    J'ai le même problème. Enfin, je ne sais pas si c'est un problème.

  • Speaker #1

    Donc en fait, je peux être passionné assez rapidement, comme par exemple je suis très intéressé par me questionner sur l'apprentissage et la formation en règle générale. C'est déjà bien. Oui, c'est déjà pas mal, oui. Mais parmi ceux qui me passionnent le plus, c'est quand même la composition musicale et l'écriture.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors afin d'encore mieux vous connaître, j'ai préparé quelques questions brise-glace. Est-ce que vous pouvez me donner un chiffre entre 1 et 5 ?

  • Speaker #1

    4.

  • Speaker #0

    4 ? Alors la question 4, c'est quel est l'endroit où vous vous sentez le mieux ?

  • Speaker #1

    Dans un environnement boisé, dans les bois comme les loups en fait. C'est vraiment très spécifique, avec pas mal de feuilles par terre et il y a une espèce d'ambiance sonore. Et voir s'il a plu un petit peu. C'est encore pas mal. C'est un endroit que... Ce type d'endroit, ça me repose beaucoup.

  • Speaker #0

    D'accord, merci. Alors, on va un petit peu, au cours de cette discussion, retracer votre parcours, notamment avec le bégaiement, mais pas que. Est-ce que déjà, vous connaissez... J'ai fait des petites recherches, donc, avant de préparer... Pour préparer cette conversation. Est-ce que vous connaissez l'étymologie du mot « bègue » ? C'est pas une question piège, hein ?

  • Speaker #1

    Non, mais par contre, par rapport aux autres langues, comme par exemple en occitan, on dit kekejairé ou kekejomen, ou d'autres mots similaires.

  • Speaker #0

    Et ça veut dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est bégayer ou bégayement. Et c'est une répétition keke. Donc il y a déjà une répétition. Bébé, bébègue, enfin bégayement, non. Je ne connais pas l'étymologie,

  • Speaker #0

    non. Vous pourrez vérifier mes sources, mais en tapant... Sur un moteur de recherche très connu, le mot « bègue » , ils disent que cela vient de l'ancien français « bégé » , qui vient lui-même du mot « bégaine » , que je dois très mal prononcer, qui est du néerlandais, et qui veut dire « bavarder » . Donc j'ai trouvé ça quand même assez intéressant. Et du coup, je vous propose qu'on bavarde ensemble. Est-ce que vous pouvez nous raconter dans quelles circonstances est apparu votre bégaiement ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais le raconter tel que moi, je l'ai réalisé. C'est-à-dire qu'il faut vraiment faire la différence entre moi et mon entourage. Donc moi, j'ai réalisé que je bégayais, je pense que c'est surtout à l'entrée en sixième, alors que j'ai commencé avant. Parce qu'à l'entrée en sixième, l'image que j'ai, c'est qu'avant la sixième, Je marchais souvent en me prenant les poteaux, c'est-à-dire que je marchais souvent en regardant par terre, j'étais dans mon monde. Et en sixième, je me suis réveillé, je me suis pris un peu toute la violence d'un grand collège et on me faisait remarquer que je bégayais, donc j'étais très mal en fait. Et c'est là que j'ai réalisé que le bégayement était un problème. Par contre, c'est vrai que le réaliser, c'était peut-être au CM1 ou au CM2, enfin c'était vers 9-10 ans, quand dans mon entourage, on me disait de réfléchir avant de parler, de me calmer, voilà.

  • Speaker #0

    Donc, il fait un primaire début collège ?

  • Speaker #1

    Vers 9-10 ans, 11 ans, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'on connaît le fonctionnement du bégaiement ?

  • Speaker #1

    Alors, on a fait beaucoup de progrès. Moi, je ne suis pas assez expert, mais j'aimerais bien le devenir. Et ça m'arrive de lire des articles scientifiques à ce propos. En tout cas, il y a eu beaucoup de progrès qui ont été faits. Alors, sur le fonctionnement, certainement, mais sur les causes, c'est un peu moins évident. Oui, mais maintenant, on est capable de distinguer plusieurs types de bégaiements. On parle aussi de bredouillement. Et on dit aussi que chacun a son bégaiement propre. Voilà, mais je ne suis pas assez expert pour ça, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a déjà des recherches qui ont été faites ?

  • Speaker #1

    Alors moi, les derniers éléments que j'avais lus, et c'est peut-être un éclairage. C'est qu'on a créé un outil, une sorte de casque, qui permet à la personne bègue de s'entendre parler avec un décalage très très fin. Et ça permettrait de réduire le bégayement et voir le corps s'y habituer et pourrait finir par se passer de... de la technique. Donc il y aurait déjà un lien entre le fait de s'écouter, je ne sais pas trop, mais enfin, non. Enfin, non, je ne sais pas dire, d'autant plus qu'il y a différents types de bégaiements et je ne suis vraiment pas assez expert pour ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous savez si c'est génétique ?

  • Speaker #1

    Alors... Et maintenant les orthophonistes qui sont spécialisés sur le bégaiement disent que c'est génétique. Alors il y a des bégaiements qui sont liés à des traumatismes, mais c'est une minorité. D'accord. C'est une minorité. Maintenant ça ne veut pas dire que... Et c'est là qu'il y a... Ça ne veut pas dire que... Donc en fait le bégaiement c'est... Un peu comme le génotype et le phénotype, c'est-à-dire qu'ils ont... On peut être bègue par transmission génétique sans le savoir, sans que ça se manifeste. Et puis, il peut y avoir des situations, des événements, dont des traumatismes, qui vont faire que ça va se manifester.

  • Speaker #0

    D'accord. Et je me posais la question, est-ce que le bégayement, c'est vraiment complètement aléatoire ou il y a des mots systématiquement compliqués à prononcer ou des situations qui le provoquent de façon pareille systématique ? Ou ça tombe un petit peu comme ça, au hasard ?

  • Speaker #1

    C'est difficile, je pense, de faire une généralité. C'est pour ça qu'on dit vraiment qu'il y a plusieurs bégaiements, que chacun a son propre bégaiement. En ce qui me concerne, le plus dur pour moi, c'était de se présenter, de dire son nom et son prénom. Et souvent, une interaction commence par ça. Donc ça commence mal. Le stress c'est un facteur aggravant, ça c'est sûr, c'est un cercle vicieux. La peur de bégayer, souvent ça engendre plus de risques de bégayer. Ça c'est un phénomène qui est propre à plein de choses, quand on craint quelque chose, on prend plus le risque de le provoquer en fait. Alors en ce qui me concerne, je sais que la fatigue pour moi c'est le plus gros facteur, lorsque je suis fatigué. J'ai beaucoup plus de difficultés. Et puis, surtout, le fait de refuser son bégayement et d'être trop exigeant envers soi-même en se disant, par exemple, je vais me lever, je ne vais pas bégayer de toute la journée. De se lancer des défis comme ça qui sont trop hauts, ça conduit à notre perte un peu.

  • Speaker #0

    Mais quand vous bégayez, vous vous en rendez compte systématiquement ?

  • Speaker #1

    Alors moi... Je m'entends bégayer quand d'autres ne se rendent pas compte. Surtout qu'on en parlera, mais que mon bégayement est devenu léger quand même. Mais bon, c'est très aléatoire. Mais en tout cas, il est devenu léger par rapport à ce que c'était quand j'étais plus jeune. Ou il n'y a pas si longtemps que ça encore, même si je ne suis pas tout jeune. Il y a eu une évolution. Je m'en rends compte quand même. Oui,

  • Speaker #0

    Parce que vous êtes à l'affût de un peu du bégaiement, quoi.

  • Speaker #1

    En fait, je me rends compte, sauf si je parle tout seul. Mais en règle générale, quand je parle tout seul, enfin, quoi que, ça, c'est compliqué. En fait, je me rends compte parce que si on part, on est dans des interactions sociales. Donc peut-être que je ne me rends pas compte quand je suis en famille, en petite famille. Mais quand je suis avec des étrangers, entre guillemets. ou à l'extérieur, il y a une forme de vigilance. Il y a une forme de préparation, parce qu'en fait, je dois maîtriser pas mal de facteurs. Et si je me relâche complètement, c'est comme conduire mon vélo sans main peut-être. C'est un peu plus risqué. Ah oui,

  • Speaker #0

    donc vous êtes tout le temps dans le contrôle.

  • Speaker #1

    Quelque part, plus ou moins, oui. alors c'est On peut dire contrôle ou aussi lâcher prise. C'est une forme de... Je dirais plus... Je suis dans des stratégies. Comme lâcher prise, essayer de parler plus doucement, faire un petit peu d'humour. C'est une lutte interne. Enfin, lutte, oui. Je me repositionne tout le temps. Mais c'est ce que tout le monde fait lorsqu'on est en...

  • Speaker #0

    En société, on fait un peu attention à ce qu'on dit, on réfléchit quand même beaucoup avant de parler.

  • Speaker #1

    Oui, ça on me l'a souvent dit, réfléchir avant de parler.

  • Speaker #0

    Oui, ça vous a un petit peu marqué, ça c'est la phrase.

  • Speaker #1

    C'était comme si j'étais un bête, en fait. Mais bon, ça c'est de la maladresse parce qu'à cette époque-là, on en connaissait beaucoup moins sur le bégaiement.

  • Speaker #0

    Et il y a des préjugés, j'imagine, sur le bégayement. Et là, j'en ai un qui me vient en tête. Est-ce que quand une personne est bègue, elle réfléchit plus doucement ?

  • Speaker #1

    Non, je ne pense pas. Moi, je réfléchis vite. Et non, non, non, ça n'a rien à voir. Rien. C'est pas un... A priori, c'est pas un problème neurologique. Donc, non, non. Moi, je n'ai rien à voir.

  • Speaker #0

    Est-ce que toutes les personnes bègues sont très sensibles ?

  • Speaker #1

    Alors... Moi je pense en tout cas que le bégaiement développe une sensibilité parce qu'on passe par des phases où notre moi est confronté à... au regard des autres. On est en... Là c'est vraiment une bataille entre ce que je suis et ce que je donne à apparaître. Et ça, c'est vraiment fort cette dimension-là. Du coup, ça voilà. Et puis on peut avoir des problèmes à se concentrer. Et là, c'est exactement ce qui se passe parce que j'ai déjà oublié votre question. et il n'est... Parce qu'en fait, quand on est focalisé sur ce qu'on dit, sur la forme, on peut se détacher du fond. Et ça m'arrive parfois, lorsque je lis devant d'autres personnes, je peux me rendre compte que je n'ai rien compris. Parce que j'étais concentré sur la forme. Pour bien lire, pour que ce soit fluide. Donc, je ne me souviens plus de votre question. D'accord,

  • Speaker #0

    mais pas de souci. Mais aussi, je les enchaîne, les questions. C'est mon rôle.

  • Speaker #1

    Mais je ne sais plus à quelles questions j'étais en train de répondre.

  • Speaker #0

    Et l'avantage d'un podcast, c'est qu'on peut faire des pauses à tout moment. Donc, s'il y a besoin de souffler, de reprendre ses esprits, on peut le faire.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est bien que ça se fasse d'une traite. Parce que pour comprendre le bégaiement, je trouve ça pas mal.

  • Speaker #0

    Ok. Bon, on continue du coup ? Oui. Alors la question suivante c'est justement vous parliez de l'image qu'on a de soi et l'image qu'on renvoie aux autres, qui est un petit peu une bataille, on aimerait peut-être, j'essaie de me mettre à la place de quelqu'un qui est bègue, mais on veut paraître sûr de soi, exprimer ses idées librement, et hop le bégayement vient nous mettre des bâtons dans les roues et on se sent du coup un peu plus vulnérable j'imagine, enfin je sais pas si c'est le terme.

  • Speaker #1

    On se sent un peu bafoué, on se sent un peu trahi par... C'est comme une trahison, on ne réussit pas à faire passer ce qu'on est.

  • Speaker #0

    Oui, franchement, je m'identifie, je me mets à la place de quand je parle en anglais. J'ai voyagé un petit peu, et il se trouve qu'avec ma langue maternelle, le français, j'aime bien faire de l'humour, je suis assez bavarde. Et en anglais... je suis pas bavarde, je suis pas drôle, je suis complètement inintéressante et je suis toujours un peu frustrée.

  • Speaker #1

    Voilà, et bien moi je trouve que ça c'est une très bonne remarque, parce que quelque part, bégayer c'est une autre langue. C'est comme si on parlait une autre langue. Et donc je pense qu'il y a des points communs. Et d'ailleurs, dans les pires moments, je voulais me couper la langue. pour être muet ou je pense que si je me suis intéressé à l'apprentissage d'autres langues, c'était aussi dans l'espoir de me donner une seconde chance. Et moi, oui, je pense qu'il y a vraiment une proximité et ça m'intéresserait de connaître le rapport des personnes qui bégaient. Je n'ai pas dit des bègues, mais des personnes qui bégaient avec l'apprentissage des langues, en fait.

  • Speaker #0

    Et dans votre cas ? qu'est-ce que ça donne en anglais ou dans une autre langue ?

  • Speaker #1

    Alors pour l'instant c'est que je parle anglais qu'avec Duolingo

  • Speaker #0

    Et ça se passe bien ?

  • Speaker #1

    Oui oui ou bien une fois par semaine avec le café pédagogique qui est organisé par l'université en distanciel non non, soit je donne des cours de français soit j'apprends l'anglais avec des étudiants d'autres pays donc il m'est arrivé de préciser que je bégayais pour être être plus tranquille, pour être plus détendu et qu'on ne regarde pas bizarrement. Mais ça se passe plutôt bien. Par contre, il y a d'autres langues qui sont plus dures. Moi, quand j'étais jeune, mon beau-père qui était marocain nous emmenait au Maroc. Donc, je suis allé environ quatre fois. Et on me demandait de dire certains mots. Je les connaissais, mais je les disais en bégayant. J'avais du mal à les sortir. Et donc, on devait se dire, mais il... pensé que je ne savais pas le dire en fait. Et ça, c'était vraiment frustrant.

  • Speaker #0

    Et en Occitan, qu'est-ce que ça donne ?

  • Speaker #1

    Alors l'Occitan, c'était un défi pour moi. Un gros, gros défi pour expliquer brièvement, c'est qu'en fait, en troisième, au moment de choisir son orientation, je voulais être interprète, traducteur pour voyager, pour découvrir le monde. Et ça s'est fait vraiment, j'y ai pensé moi-même, j'en ai parlé apparemment à aucun adulte. qui... Non. J'ai décidé moi-même de laisser tomber, parce que je me suis dit, si je mets 3 heures pour faire une traduction... Bon, c'est les fameuses... Ça fait penser aux blagues classiques lorsqu'on bégait, il y a quelqu'un qui traverse la rue, il y a une voiture qui arrive, on veut dire attention, attention, et c'est déjà trop tard. Bon, bref. Bon, mais voilà. Pour la traduction, c'était mal barré. Du coup, j'ai laissé tomber. Et puis, plus de dix ans plus tard, je me suis lancé le défi d'apprendre l'occitan. Mais en six mois, tous les jours, dans une formation spécifique où l'oral était super présent. Et j'y suis parvenu. C'était un défi et une revanche.

  • Speaker #0

    Mais le bégaiement est toujours présent ? Oui. Ok. Avec une autre langue. Oui. Et il y a des langues où c'est plus dur.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    D'accord. Pour résumer.

  • Speaker #1

    Ce qui me semble, moi, en marocain, ça me paraît plus dur. Je crois que c'est lié à la chanson, un peu, à l'approche d'audit.

  • Speaker #0

    À la sonorité des mots. Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, les phrases qu'on vous a dites. petit enfant réfléchit avant de parler j'aimerais savoir comment ça s'est passé le regard des autres à ce moment là donc l'enfance et peut-être le début de l'âge adulte et le rapport avec votre entourage oui alors

  • Speaker #1

    donc au sein de la famille entre frères et soeurs on n'était pas tendre mon frère il me disait alors il le il le disait comme ça t'étais télégraphe. Donc non seulement il disait télégraphe, mais en plus il le disait en bégayant. Mais j'ai compris qu'il le faisait, mais lui, il le faisait parce qu'il pensait qu'en banalisant et en plaisantant, ça me rendrait service. Ce qui n'est pas complètement bête. Ou alors parce qu'il était agacé pour moi, en fait. Ça lui faisait mal de voir son petit frère qui avait du mal comme ça. Mais bon, nous, vis-à-vis de lui, on n'était pas tendres. C'était tuer une aînée dans une poubelle avec ma sœur, serpent à lunettes parce qu'elle avait des problèmes aux yeux. Enfin, voilà. Et puis, les adultes, mais je n'avais pas précisé, c'était ma mère qui disait réfléchir avant de parler. Donc, moi, j'ai grandi avec ma mère et j'ai eu plusieurs beaux-pères qui étaient plutôt de passage. Donc, eux, ils ne disaient pas grand-chose. Mais concernant mon père, mes parents sont divorcés quand j'avais 5 ans. Ils ne connaissaient pas. mes problèmes vis-à-vis du bégaiement. Du coup, ça a créé une situation qui m'a vachement blessé. C'est-à-dire que je le voyais tous les week-ends ou tous les 15 jours. Et il y a un week-end où je ne pouvais pas venir. Donc, j'ai laissé un message sur le répondeur téléphonique. Il faut savoir que le téléphone, pour un bègue, c'est ce qu'il y a de pire. Donc, c'est ce qu'il y a de pire parce qu'on est désarmé. On n'a que la voix. Il n'y a plus... plus le reste est dans la communication, la métacommunication, les gestes et tout, c'est hyper important. Et donc j'ai laissé un message et il m'a rappelé, avec son air agacé et très très dur, « Mais qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne sais pas laisser un message sur Répondeur, tu ne sais pas parler. » Et ça m'a vachement blessé, et du coup j'ai fait comme mes frères et sœurs, j'étais le moindre. parce que moi je suis le plus petit, j'ai cessé de le voir en fait. J'ai tellement été blessé de un, que mon père ne sache pas, ne connaisse pas mes difficultés. De deux, qu'il le traite comme ça, non en fait, j'étais vraiment vexé en fait. Donc voilà, mais en même temps nos relations étaient des relations plutôt froides.

  • Speaker #0

    Et du coup je me demande à quel moment Votre béguement... Ah ben c'est juif !

  • Speaker #1

    On vous l'a pas dit !

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on... Non mais ça m'arrive, c'est vrai, régulièrement...

  • Speaker #1

    Alors c'est peut-être du bafouillement.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, mais bon. On va dédramatiser, on se reprend. Donc ma question c'était quand est-ce que... Est-ce qu'à un moment donné vous avez été pris en charge pour le béguement ? Est-ce que à l'école il y a un diagnostic ? Même si c'est pas une maladie qui a été posée ? Est-ce que vous... Vous avez pris des cours d'orthophonie ? Où est-ce qu'on vous a laissé vous débrouiller comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors, il faut savoir, là, on se situe dans les années 80.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Deuxième moitié des années 80 et voire 90. Donc, à cette époque-là, il faut savoir que celui qui bégue, qui bégait, c'est aussi celui qui se tait. Donc, pour beaucoup, j'étais un élève silencieux. ou quand je prenais la parole c'est que j'étais sûr de moi et c'était peut-être d'une manière Comme des flashs, comme en espagnol, pour donner quelques réponses flashs, sans trop prendre mon temps, sans m'étendre, du coup ils ne s'en rendaient pas compte. Donc il n'y a aucun adulte, même ma mère, mes frères et sœurs, qui m'avaient inscrit chez un orthophoniste. C'est de moi-même, et là je ne sais pas, c'est de moi-même, je suis allé voir un orthophoniste de moi-même au collège, mais... Je ne sais plus trop, mais il a bien fallu qu'à un moment donné, ma mère paie. Donc, elle l'a forcément su. Mais c'est moi qui ai fait la démarche. Eh oui, c'est moi qui ai fait la démarche parce que j'en souffrais trop. Alors, je ne l'ai peut-être pas vu longtemps, mais c'était ma première rencontre avec une orthophoniste. Et ça avait commencé comme ça. Sinon, à l'école, je réussissais quand même à être, je me souviens, en sixième, toujours dans les deux premiers en anglais. Ce qui est assez surprenant. Et j'ai revu mes bulletins, là. Et aucune mention... Enfin, on ne dit pas que j'étais quelqu'un de silencieux, rien. Mais ça ne se voit pas sur mes bulletins, en fait. Alors que moi, je l'ai vécu très mal, en fait. Mais sur mes bulletins, c'est invisible. Si on voulait savoir... En faisant une recherche historique à partir de ces documents-là, on ne verrait rien.

  • Speaker #0

    Mais pourtant, il y a des circonstances. Moi, je me souviens de l'angoisse pour réciter les poésies, l'angoisse pour chanter en musique. Il y avait aussi des exercices à l'oral en anglais, en espagnol. Il y a quand même des lieux où on n'a pas le choix.

  • Speaker #1

    Oui, alors... En anglais, c'était un vrai plaisir pour moi. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que la prof, elle me plaisait bien. Elle était sympathique. Il y avait une bonne ambiance. J'étais toujours en concurrence avec un autre camarade. C'était lui le premier ou bien moi. Et à cette époque-là, l'apprentissage des langues était encore beaucoup axé sur l'écrit. Et ça, ça a beaucoup changé quand même. Donc, c'est peut-être pour ça que je m'en sentais pas mal. Ensuite, les situations. Tout ce qui est chant, ça ne pose pas de problème pour un bague. Parce que le bague ne baguait pas en chantant. Ça fait partie des stratégies. Parce que si, par exemple, j'ai des blocages, je peux faire un petit peu comme ça. Ça peut faire bizarre, mais bon, ça aide. Du coup, et puis oui, les situations. Alors, les rentrées des classes. horrible, l'enfer. Je pense que j'ai été traumatisé. Parce qu'il faut se présenter. À chaque cours, il fallait se présenter. Et souvent, on croyait que je m'appelais Bastien. Alors que c'est Sébastien. Mais c'est Bastien. On pensait, c'est plus loin Bastien. Non, c'est Sébastien.

  • Speaker #0

    Ah oui, parce que le prénom ne va pas aider.

  • Speaker #1

    Mais c'était surtout sur mon nom de famille, sur Gonzalès. Et j'ai longtemps cru que, oui, il y a des consonnes en début de mot. qui, pour moi, étaient compliquées. Or, il n'y a pas que ça. Il y a parfois même des voyelles. Enfin, je ne vais pas m'éparpiller. Donc, il y a des situations qui sont difficiles, oui. Et d'ailleurs, je me souviens au collège, en cours de français, j'avais osé, parce qu'il faut quand même dire, quand je regarde cet enfant que j'étais, il était quand même courageux, parce qu'il osait quand même prendre la parole. J'avais osé prendre la parole en français. et un camarade s'était moqué de moi devant tout le monde. J'étais très, très, très vexé. J'ai préparé une gomme dans ma main et à la sortie, j'ai failli le frapper, on nous a séparés. Parce que j'étais vraiment... Je trouvais ça injuste, je trouvais ça horrible.

  • Speaker #0

    Mais à quoi allait servir la gomme ?

  • Speaker #1

    Eh bien, pour...

  • Speaker #0

    L'enfer dessus ? Non,

  • Speaker #1

    la gomme que vous serrez dans le... points, je ne sais pas où vous avez eu ça, mais c'était pour repenser deux points.

  • Speaker #0

    Je ne connaissais pas ce Ausha.

  • Speaker #1

    Donc voilà, je ne sais pas d'où j'ai sorti ça, mais bon, voilà. Il y a des situations qui sont difficiles. La lecture en classe, en effet, c'est compliqué. Moi, je me souviens que j'avais des suées, des mamouettes et tout, et j'attendais mon tour comme si j'allais passer...

  • Speaker #0

    comme si j'allais être pendu. C'était vraiment horrible, avec le cœur qui palpitait. C'était dur.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, vous avez dit que quand on chante, on peut arrêter d'avoir des blocages. Je me demandais les accents. Si là, par exemple, vous imitez l'accent belge ou l'accent québécois...

  • Speaker #0

    Si j'imite l'accent belge une fois ?

  • Speaker #1

    Est-ce que ça aide ou pas ?

  • Speaker #0

    En fait, quand je parlais de la prosodie, tout à l'heure, c'est un petit peu ça. Peut-être qu'un accent un peu plus chantant, ça peut peut-être aider, oui. Mais quelque part...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas naturel.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est-à-dire, c'est comme si quelqu'un... C'est comme si moi qui suis né dans le Nord, je ne vais pas le faire parce que je pense que je suis nul, mais si j'essayais de prendre l'accent marseillais... et que j'en faisais trop, il y a un côté faux en fait. Non, c'est pas top.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des moments, enfin oui forcément, mais est-ce qu'il y a des moments privilégiés où le bégaiement vous laisse tranquille à coup sûr ?

  • Speaker #0

    En chantant, en rappant, parce que j'ai fait du rap jeune, au début du rap en France, donc voilà. Le théâtre, c'est particulier parce que répétition... J'ai vécu, donc j'étais à Roubaix, c'était à M, c'est une ville qui est à côté de Roubaix. J'ai fait du théâtre et vraiment, il y a des profs qui sont super parce qu'il m'a permis, je ne sais pas si je pourrais le faire, parce que je bégayais énormément. On a fait beaucoup de répétitions et ils ont été super patients. Ils m'ont donné beaucoup de textes en plus. Moi, je trouve ça dingue en fait. Et quand j'ai joué deux fois, je pense, j'avais beaucoup de texte et je n'ai pas bégayé une seule fois. C'est-à-dire qu'en me mettant dans un autre rôle, dans un autre personnage, j'avais la possibilité, en jouant un personnage, j'avais la possibilité de ne pas bégayer. Et ce n'est pas parce que je connaissais le texte, parce que pour moi, ce n'est pas le fait de connaître le texte, c'est parce que là, ça rapproche du fait de... savoir ce que l'on va dire ça aide à ne pas bégayer non non parce que même non même J'ai des situations de lecture où je bégayais beaucoup donc non c'est le fait d'être dans un autre personnage et la différence entre les répétitions et la scène où il ya une sorte de magie qui s'opère j'ai trouvé ça génial à tel point qu'au fond de moi j'ai toujours J'ai voulu être acteur, mais je ne l'ai jamais fait. Et ça, ça a vraiment été une révélation pour moi. Et en même temps, le rap aussi.

  • Speaker #1

    Mais aujourd'hui, vous bégayez presque plus.

  • Speaker #0

    Au moment où vous m'entendez, oui. C'est difficile de...

  • Speaker #1

    Mais il y a quand même eu une marge d'amélioration. J'ai du mal à... L'enfance et le collège, non ?

  • Speaker #0

    Énorme. Il faut savoir qu'aller chercher une baguette le matin en bas des immeubles... pour prendre son petit déjeuner et là je mettais la barre très haut je me disais bon allez j'y vais et je le ferai sans bégayer et il m'arrivait de pas réussir à dire le mot et devant tout le monde et je me sentais mal et je rentrais chez moi je pleurais en fait j'étais à l'université je me sentais très très mal et à l'université il y a vraiment eu il ya des situations qui étaient très très compliqué enfin comme par exemple On était en amphi, en sociologie urbaine, parce que j'ai fait de la sociologie. Et mon sujet c'était le rap, est-ce de l'art pour l'art ou de l'art pour l'action ? Et on était tous descendus pour voir le prof. Devant tout le monde, il a fallu que je donne mon sujet. Et ça ne sortait pas, et tous les élèves étaient là, et ça durait. Donc lui, en fait, il fallait que je donne mon nom. Et je ne réussissais pas. Il m'a dit, on va vous appeler Rap. Voilà. Donc, c'était dur. Ce n'est pas sa réponse qui est dure, mais c'est...

  • Speaker #1

    Oui, il y a eu des grands moments de solitude, quoi. Dans ces moments-là, le cours vous a quand même un peu aidé ?

  • Speaker #0

    Alors, l'humour, ça a été une stratégie quand je suis arrivé à Roubaix, parce qu'il faut savoir que j'ai bougé pas mal, mais je pense que ça a eu de l'importance, tout ce qui s'est passé dans... ma vie avec le bégaiement mais pour dire bref je suis le dernier enfant qui reste avec ma mère et elle avait un petit ami qui avait un restaurant donc elle a déménagé pour aller dans son restaurant donc moi j'ai suivi Et ensuite, j'apprends qu'on s'attendait à ce que je travaille au restaurant, en fait. Et on ne m'avait rien dit. Et moi, je rentrais en seconde. Et puis, le beau-père qui buvait parfois, un jour, il a craché sur ma mère. Et je me suis mis entre les deux. Et je ne pouvais plus rester, en fait. Donc, je suis allé en pension à Turquoise. Mais j'ai supporté deux jours. Je ne supportais pas. Du coup, je suis allé vivre chez ma sœur en Dordogne. Un jeune couple. avec un bébé qui se disputait tout le temps. Et je suis resté six mois, c'est juste pour dire. Et après, je suis revenu à Roubaix. Je suis venu à Roubaix vivre chez le premier mari de ma mère. Enfin bref. Et en plein milieu d'année, j'arrive en classe de seconde. Déjà, ça commence mal. On bloque dans un coin, on pique ma calculatrice et tout. Enfin bref. Là, c'était pour dire que je n'étais pas dans un environnement stable. Donc ça ne m'a pas aidé en fait. Donc j'ai dû redoubler ma seconde. Et là, cette année-là, j'avais décidé de me jouer un personnage cool, avec beaucoup d'humour et tout ça. Mais quelque part, c'était moi en fait. Mais quand même, quand je bégayais, ça faisait un peu le mec un peu bizarre, original. Mais j'avais un peu... J'essayais de parler plus calmement. d'être plus cool, de sortir des blagues et tout. Et ça m'a beaucoup aidé en fait. C'est un peu la... je ne sais pas... C'était une stratégie qui m'a...

  • Speaker #1

    Dans ce état d'esprit ?

  • Speaker #0

    Je me suis joué un rôle et comme un boomerang, c'est un peu revenu vers moi dans le sens positif. Et en plus à cette époque-là, j'ai aussi fait un petit peu de théâtre au lycée. Voilà, et là je me suis fait des amis sympas et tout, et on s'est bien marrés, c'était des bonnes années.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui peut aider, qu'est-ce qui vous a aidé ? C'est un peu soigner le mal par le mal, finalement, c'est-à-dire faire du théâtre, donc pratiquer, pratiquer, pratiquer, faire du rap c'est à nouveau pratiquer, pratiquer, pratiquer, pour banaliser en fait ce moyen d'expression qu'est la parole.

  • Speaker #0

    Alors je dirais changer de... Jouer un autre rôle, changer de personnage pour s'extraire de soi-même. C'est une manière de se découvrir aussi. Le rap, ça m'a fait du bien parce que je pouvais exprimer tout ce que je ne réussissais pas à exprimer dans les textes. Mais je restais quand même, entre guillemets, c'est ce qu'on disait, l'homme de l'ombre, l'eau qui dort. Je dirais donc, il y a le bien-être, c'est basique. Le fait de s'accepter soi-même, d'essayer de s'aimer soi-même.

  • Speaker #1

    D'être bien entouré.

  • Speaker #0

    D'être bien dans sa peau. Le fait de s'exposer, en effet, parce qu'en fait, il faut s'exposer. Parce que si on se retire trop...

  • Speaker #1

    On s'enferme avec tout ça.

  • Speaker #0

    On s'enferme. Et moi, parfois, je me suis enfermé. Mais ça, je crois que ça ne doit pas être courant. C'est-à-dire que je bégayais en pensant. Et ça, c'était un envahissement. C'était vraiment horrible. Je bégayais en pensant. Ah oui, non, mais c'était terrible.

  • Speaker #1

    Je suis désolée, mais j'ai envie de...

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, non, non, mais c'est dingue, en fait. Même, je crois que... J'en ai parlé à une orthophoniste il y a peu de temps, je ne sais pas ce qu'elle en pense, elle ne lui a rien dit, mais je crois que c'est assez particulier. Donc, le bien-être, en règle générale, et puis les interactions orales, il faut qu'il y en ait, il faut s'exposer, que ce soit dans le métro, que ce soit... En fait, ouais, c'est le mal par le mal. Il faut foncer dedans, il faut y aller. Et puis, à un moment donné, il faut accepter tout ce qu'on ressent, toutes nos émotions, juste les accueillir. Alors, on a chaud, on a ceci, cela. Mais bon, et puis, il y a l'humour. Et il y a des stratégies qui sont très connues, comme changer de mot, parce que celui-ci, voilà. Mais ça, pour moi, ce n'est pas une bonne stratégie, parce qu'on se dénature. On ne réussit pas à transmettre ce que l'on veut transmettre. Il y en a qui veulent finir nos phrases. Moi, je trouve que ce n'est pas conseillé. Donc, c'est toi, je vais finir. Voilà, donc...

  • Speaker #1

    Moi, j'ai vu à la télé qu'il existait des stages intensifs pour stopper les bégaiements avec des exercices de respiration et tout ça. Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?

  • Speaker #0

    En fait, oui, j'ai souvenir d'un stage. Oui, j'ai vu les... les reportages où il frappait, il frappait beaucoup, etc. Je crois qu'à un moment donné, les orthophonistes ont porté plainte contre lui. Parce que oui, je crois qu'il y a peut-être une guéguerre, je ne sais pas trop quand, mais j'ai du mal à croire que ce soit une stratégie qui soit suffisante et valable pour tous. À mon avis, ça peut aider, parce que je pense qu'il ne le ferait pas, et lui-même il est aussi passé par là. Mais moi je me vois mal taper pour que les mots sortent. Alors ça m'arrivait parfois, mais je le faisais sous forme d'humour. Je m'en souviens, puisqu'on en parle. Quand il y a un mot qui ne sortait pas, je disais à mon pote, vas-y frappe, frappe, et je le faisais sortir. Mais bon, c'était sous forme d'humour. Mais je trouve aussi que ça donne une drôle d'impression. Je ne sais pas si c'est mieux en fait, en termes d'image, de commencer à frapper.

  • Speaker #1

    Avec le recul finalement, qu'est-ce que vous pensez que le bégaiement vous a apporté ?

  • Speaker #0

    Le bégaiement, il m'a apporté de l'empathie. C'est-à-dire que je... Je peux comprendre ce que vit une personne qui a un handicap. Je peux comprendre, je pense, les effets que peuvent faire le regard des autres portés sur nous. Je ne supporte pas l'injustice. Je ne peux pas être indifférent. Du coup, moi, si je vois une agression au dehors, forcément, je vais me retrouver dedans d'une manière ou d'une autre. Parce que je ne peux pas rentrer chez moi. Vivre avec ma conscience comme ça. Et puis, en ce qui me concerne, il y a une grande sensibilité. Je repère les personnes qui bégayent, même lorsque c'est faible. D'ailleurs, en étant prof, j'ai repéré un enfant qui bégayait. Les parents ne le savaient pas encore. Ils ne voyaient pas ça comme ça. Et comme il faut prendre en charge les enfants jeunes, c'est conseillé avant 9 ans. Ça tombait bien. Donc, ça aura au moins servi à ça. Mais le bégaiement, une certaine poésie peut-être. En tout cas, ça fait vraiment partie de moi. Mais aussi, et ça c'est les côtés plutôt négatifs, je crois. Mais je suis très... J'ai beau faire, j'ai un côté très explosif. C'est pour ça que dans le milieu du rap, dans notre petit milieu, à Lille, le nom qu'on me donnait c'était Locky Door. J'étais sympa et tout, mais quand il y avait une injustice ou je ne sais pas trop quoi, on ne me reconnaissait plus. Ça peut paraître bien comme ça, mais non, parce que c'est super fatigant. Puis l'agressivité, c'est jamais bien. Donc voilà.

  • Speaker #1

    C'est déjà pas mal.

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est déjà pas mal.

  • Speaker #1

    Il y a quelques temps, vous avez participé à un concours d'éloquence. Tout autre sujet. Je ne préviens pas, je change de sujet. J'aimerais savoir qu'est-ce qui a fait, qu'est-ce qui vous a amené à ce concours d'éloquence ?

  • Speaker #0

    Une blessure. Une blessure parce qu'en fait, c'était la deuxième année où je passais le CRPE pour être professeur titularisé dans le public. Et donc la première année, j'ai eu l'écrit, j'ai pas eu l'oral. Bon, dac. Je me suis dit, bon, je me suis pas vraiment préparé, etc. La seconde année, je suis une formation spécifique. Donc je passe des oraux blancs, ça se passe bien, on me dit je vous prendrai les yeux fermés, alors que ce sont des personnes qui font partie de jury dans la réalité. Donc les écrits, j'ai les écrits et le jour des oraux, enfin il y a plusieurs jours, mais un jour en particulier, enfin deux jours en particulier, j'étais fatigué, super fatigué, plus le stress. Et le premier... orale qui était sur la présentation d'un cours en français et en maths se passe pas bien parce que je bégais beaucoup et le jury, ils étaient trois non, ouais trois ou deux, deux, deux elles me disent bon au prochain Zorro il faut que vous vous déstressiez on ne vous juge pas, etc etc etc donc ils mettent tout sur le dos du stress et moi je ne parle pas du pégément mais je pourrais vous expliquer après pourquoi mais j'ai quand même eu 14 donc ils se sont focalisés sur le fond quand même donc ça veut dire que je ne suis pas nul le lendemain je tombe sur un autre jury qui juge les motivations et l'eps ce jury là aux motivations me met 4 sur 10 comment on peut mettre 4 sur 10 à quelqu'un qui avait déjà travaillé huit ans en école primaire 4 sur 10, c'est dire que je ne suis pas motivé. Donc là... Et 4 sur 10 et 10 sur 20 en EPS alors que franchement j'avais bien réussi. Donc moi je pense que sur le coup ils ont voulu me descendre. Alors c'est toujours gênant parce qu'on peut dire qu'il est parano etc. Puis je me suis renseigné auprès d'un syndicaliste qui est dans le milieu, qui s'est renseigné et qui me dit « il faut savoir que pour les euros on ne peut avoir aucun retour » . Et il me dit « non mais lorsqu'ils mettent une note comme ça aux motivations c'est qu'ils ne veulent pas que vous… » réussissiez, c'est pour vous casser. Ça me paraît logique. 3 sur 10. Encore 5. Il dit « Oh, il n'est pas trop motivé. » Mais 3, non. Et j'avais beaucoup bégayé. Et du coup, ça m'a fait mal. Je me suis dit « Mince ! » Alors que je me sentais prêt et je m'étais investi un an, en fait. J'étais vraiment deg, en fait. et du coup après il s'est passé plusieurs choses c'est là où j'ai pris mon vélo pour me vider la tête faire 800 km remonté dans le nord revoir ma mère que j'avais pas vu depuis 15 ans refaire le vide un peu ou voilà essayer de me retrouver et puis de me rapprocher d'une association de begg et c'est là que j'ai su qu'il y avait un concours et là je me suis dit allez J'y vais. Et c'est comme ça en fait que ça s'est passé. Mais c'est souvent comme ça, lorsqu'on descend en bas, lorsqu'il y a une chute, c'est l'occasion de changer des choses et de revenir en force en fait.

  • Speaker #1

    Oui, et de saisir de nouvelles opportunités auxquelles on n'aurait pas pensé. Vous m'avez envoyé les enregistrements audio de ce concours. Alors si j'ai... Bien compris. En tout cas, j'ai écouté trois enregistrements. Il y avait le thème de l'amour, aimé en tout cas, le thème du bégaiement et le thème de l'amnésie. Comment vous avez fait ce choix des thèmes ? Est-ce que c'était imposé ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Alors, le premier thème, il était choisi. Je posais la question, faut-il cacher ou ne pas cacher son bégaiement ? Et je répondais par non, il ne faut pas cacher. Parce que toute ma stratégie a été... jusqu'à 52 ans presque de cacher mon bégaiement et ce qui s'est passé au concours peut-être que si je n'avais pas caché peut-être que si j'avais dit je je suis bègue peut-être que ça m'aurait aidé en fait mais je voulais pas le dire pour ne pas passer pour celui qui essaie d'influencer et aussi parce que c'était très aléatoire et en me rapprochant justement en faisant ce concours j'ai rencontré des orthophonistes et je me suis Je me suis renseigné et tous les professionnels disent que le bégaiement fond au soleil, qu'il faut le dire. Voilà, moi, c'est ce que je n'ai pas fait. Du coup, en même temps, ça, je ne l'avais jamais fait et ça m'aurait bien été utile, je fais à mon âge une demande de reconnaissance à la MDPH, où ce soit écrit noir sur blanc, en fait. Du coup... C'est pour ça que j'avais choisi ce sujet, parce que c'était une révélation pour moi. Donc,

  • Speaker #1

    je n'ai pas compris. Le thème du bégaiement caché ou pas caché, ça, c'était imposé ?

  • Speaker #0

    Non, c'est moi qui l'ai choisi.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    Pour toutes ces raisons-là.

  • Speaker #1

    Et les deux autres thèmes ?

  • Speaker #0

    Les deux autres thèmes, ils ont été imposés. Et on était en binôme. Il y a celui qui est contre et celui qui est pour sur chaque thème. Donc, on nous impose le thème et on nous impose aussi la position.

  • Speaker #1

    Et il y a combien de temps pour préparer le texte ?

  • Speaker #0

    Il y avait maximum 15 jours.

  • Speaker #1

    Et vous travaillez en binôme sur ça ? Non, c'est individuel après.

  • Speaker #0

    C'est individuel ou avec des coachs et les orthophonistes pour l'oralité. Moi, pour l'écriture, c'était individuel, c'est sûr. Et ensuite, il y avait des masterclass. Parce que ça a commencé aux aventures du 13 octobre jusqu'à la finale du 7 décembre. Et donc, oui, oui, entre chaque concours, chaque demi-finale, quart de finale, on avait 15 jours et on se voyait environ 3 à 4 fois.

  • Speaker #1

    Et c'était devant un jury, devant un public ?

  • Speaker #0

    Le concours, c'est une demi-journée. Et ça se passait d'abord à l'université Paul-Saint-Baptier pour ce qu'on peut appeler quart de finale et demi-finale. Et il y avait dans l'amphi, il y avait du monde. Bon, ce n'était pas plein, mais une centaine de personnes, sûr.

  • Speaker #1

    Et qui veut peut y aller. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. Voilà. Et par contre, pour la finale, ça s'est passé une scène universitaire. Donc à Toulouse. Ouais, ouais, ouais. Et là, par contre, il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Je ne sais plus combien, mais on n'était pas loin de 500 personnes, je crois. Si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Bon, et alors, est-ce que vous avez gagné ?

  • Speaker #0

    Alors, de toute façon, j'ai gagné parce qu'en fait, j'ai gagné le prix. Alors, ce n'est pas la finale, mais ce n'est pas le... grand prix, mais j'ai gagné le prix de de la plume et c'est ce que je voulais en fait, moi c'est la meilleure reconnaissance qu'il pouvait me faire et en même temps je me disais qu'au niveau de l'éloquence proprement parlée, je me disais qu'il y en avait d'autres qui en avaient plus besoin pour se revaloriser et reprendre confiance et c'est ça qui était très intéressant, c'est que en fait chacun a obtenu un prix lié à

  • Speaker #1

    À son talent le plus prononcé. Donc la plume, c'est l'écriture.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et même ceux qui n'étaient pas sélectionnés pour la finale ont pu, s'ils étaient volontaires, il y en a deux qui l'ont été, ont pu présenter le même soir leur propre texte.

  • Speaker #1

    Et en étant hors concours.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ils ont présenté... Il y en a un particulièrement qui me touche beaucoup, qui a présenté un texte. Waouh ! C'était la deuxième fois que j'entendais son texte, mais à chaque fois il me faisait pleurer.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que c'est les gens qui participent à ce concours d'éloquence ? Donc c'était un concours d'éloquence dans le cadre d'une association sur le bégaiement. Donc c'était que des personnes qui bégaient ?

  • Speaker #0

    C'est pas opératif ? Non, non, voilà.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé ? Est-ce que ce n'est pas finalement ces personnes qui participent au concours, des personnes qui ont résolu leurs problématiques finalement ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce qu'en fait, parce qu'il y a, voilà, alors moi, et ça c'est peut-être lié au bégaiement, c'est-à-dire que quand j'ai pris contact, j'ai dit, voilà, j'ai 52 ans, je ne bégaie plus trop, est-ce que je peux participer ? J'avais l'impression de ne pas être. À ma place, j'ai même eu l'impression que je trichais, en fait, parce que j'étais le plus âgé et que j'ai une expérience de mon bégaiement qui est propre à moi et que du coup, j'ai une maîtrise, je le maîtrise pas mal. Voilà. Mais c'est très variable et il y a des collègues, des amis, ils le savent, c'est beaucoup plus difficile pour eux. Et ils sont courageux. Ils sont courageux parce qu'il faut beaucoup de courage. Mais c'est beaucoup plus dur pour eux.

  • Speaker #1

    En tout cas, je suis curieuse d'aller voir un concours d'éloquence et d'aller aussi soutenir ces gens qui font preuve d'audace.

  • Speaker #0

    Le prochain concours est en préparation. Ça sera le second sur Toulouse et je vous informerai.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Est-ce qu'il y a un endroit où on peut écouter les enregistrements que vous m'avez envoyés ?

  • Speaker #0

    Alors, déjà moi, mes enregistrements, j'ai pas voulu les revoir parce que je ne supporte pas de me voir et de m'entendre. C'est assez compliqué.

  • Speaker #1

    Je vous rassure, c'est pareil pour tout le monde. Aussi, le podcast, les premiers épisodes, c'est dur de s'écouter. Ça l'est toujours un peu, mais on finit par se lâcher un peu.

  • Speaker #0

    J'ai pas mal progressé. Du coup, c'est des vidéos d'amateurs, donc au niveau des autorisations, je ne sais pas. Moi, personnellement, oui, je peux vous montrer celles qui me concernent, même si souvent, je n'ai pas de chance parce qu'il manque le début. Il y a eu un problème technique, mais c'est des choses qui m'arrivent souvent.

  • Speaker #1

    Sinon, les audios que vous m'avez envoyés, je vous conseille d'en faire un podcast.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est fait chez moi, seul.

  • Speaker #1

    de les mettre en ligne parce que c'est vrai que après l'écoute de ce podcast certaines personnes seront curieuses surtout qu'en effet je ne savais pas que vous avez gagné le prix de la plume mais c'est extrêmement bien écrit et c'est très beau et vous m'avez aussi envoyé un compte qui m'a vraiment beaucoup émue la lune, le soleil, la foule donc franchement je vous conseille de partager ces audios

  • Speaker #0

    Mais ça fait partie de mes projets, en fait. Et donc, je suis venu, c'était pour vous espionner.

  • Speaker #1

    Ben voilà, je peux vous prêter le matériel, il n'y a pas de souci. J'ai une dernière question au sujet du concours d'éloquence. Qu'est-ce que ça vous a fait, finalement, d'être confronté à autant de personnes qui ont la même problématique que vous ?

  • Speaker #0

    Alors, j'avais peur, ça fait référence à la contamination. Moi-même. Et c'est aussi pour ça que je m'y prends si tard. J'avais peur de me retrouver avec des personnes qui béguaient. Comme j'avais peur de retourner dans ma famille, parce que en m'en éloignant, mon bégaiement a diminué aussi. Mais je craignais vraiment ça. Et ce n'est pas du tout ce qui s'est passé, ça a été dans l'autre sens. Et ça m'a permis de me mettre à la place des personnes qui ne béguaient pas, qui se retrouvent face à des personnes qui béguaient. Qu'est-ce qu'on ressent ? Est-ce qu'on est mal à l'aise ? Est-ce qu'on a envie de l'aider ? On le regarde comment ? Avec pitié, avec ceci, cela ? Tout, tout. Et ça, c'est intéressant de le vivre, pour se mettre à la place des autres.

  • Speaker #1

    Et au final, qu'est-ce que cette expérience du concours d'éloquence vous a apporté ?

  • Speaker #0

    Énormément, parce qu'en fait, elle m'a... Déjà en ce qui concerne l'écriture, le message qui passe, c'est « Mais oui, Seb, tu... » Ça fait longtemps. En fait, je n'ai pas écrit du jour au lendemain. J'ai fait du rap, avec beaucoup d'écritures et tout ça. Et donc, j'ai ressenti, et ça c'est très très émouvant, des regards bienveillants vis-à-vis de moi, et de reconnaissance de ce que je faisais, et ça m'a énormément touché. Si bien que quand le concours s'est arrêté, j'ai eu plus d'une semaine de dépression.

  • Speaker #1

    Je comprends, c'est le sentiment de se sentir exactement à sa place et de se rendre compte qu'on a des talents qu'on n'exploite pas assez au quotidien. Et là, pour le coup, le talent était reconnu. On sent qu'on est à l'aise et qu'on a beaucoup de reconnaissance des autres. Et puis d'un coup, on retourne chez soi. Et qu'est-ce qu'on a en fait de tout ça ?

  • Speaker #0

    Ce qui est même plus fort que ça, c'est se sentir aimé, presque. Et du coup, quand je dis se sentir aimé, du coup, ça fait très, très bizarre. Mais c'était comme si une relation amoureuse, c'était comme si je vivais une rupture quand ça a cessé, en fait. Et en même temps, c'était très inspirant quand on veut écrire. Et puis, l'enfant de l'orthophoniste voulait me voir parce qu'elle avait entendu ma voix. Et du coup, ça m'a motivé pour lui écrire ce conte que vous avez lu. sur la lune. Je ne sais même plus le titre. En fait, je me suis rendu compte que je pouvais écrire un compte tous les 15 ou 3 semaines. Du coup, j'étais dans un élan et j'ai un peu continué. J'ai participé à un concours de nouvelles. Ça devait faire 6 pages. Donc j'ai écrit un compte de 6 pages. Et voilà, le fait de me donner des contraintes comme ça, c'est très intéressant aussi.

  • Speaker #1

    On arrive aux questions de la fin. Donc, c'est des questions qui sont toujours les mêmes, mais qui sont, à mon sens, en tout cas, très intéressantes. Est-ce que vous avez un livre, un podcast, un film ou une musique que vous avez envie de nous conseiller ?

  • Speaker #0

    Alors moi, une musique, Prince, Dove's Cry. Voilà, en fait, c'est par rapport à la souffrance de sa mère. Et cette chanson, waouh, elle me bouleverse en fait. Je ne sais pas si vous la connaissez.

  • Speaker #1

    Non, je ne la connais pas,

  • Speaker #0

    mais je l'écouterai. Avec un solo de guitare. Et puis Prince, dans les solos, il était super fort. Super fort. Donc ça, c'est pour la chanson. Mais sinon, j'ai écouté pas mal de Francis Cabrel. C'est un vrai poète. Et au niveau des films, au niveau des films, c'est moins évident. Moi, j'aime beaucoup les vieux films comiques français. Par exemple, avec Bourville, parce que j'ai eu un oncle qui l'imitait formidablement. La voix et tout. Et donc, les vieux films comiques français, je trouve ça génial.

  • Speaker #1

    D'accord, merci. De rien. Est-ce que vous avez... Au revoir. Est-ce que vous avez une citation ou un mantra qui vous motive au quotidien ? Oui.

  • Speaker #0

    La peur de l'objet engendre l'objet de la peur. Ça vient d'un proverbe bouddhiste. Je ne suis pas particulièrement bouddhiste, mais il y a des proverbes qui sont vraiment... Et ça m'a paru tellement vrai.

  • Speaker #1

    Alors, la peur...

  • Speaker #0

    La peur de l'objet engendre l'objet de la peur. Vous avez peur de quelque chose, c'est ce que je disais tout à l'heure. Eh bien, le fait d'avoir peur, ça va faire venir cette chose. En tout cas, ça prépare le terrain pour que malheureusement, elle advienne.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Moi je connaissais la peur n'évite pas le danger.

  • Speaker #0

    Oui, mais je dirais même pire. Elle attire ? Oui,

  • Speaker #1

    c'est cette croyante-là.

  • Speaker #0

    et parce que je l'ai Et éprouver souvent. Et du coup, dans des situations un peu tendues, j'essaie de faire le vide.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un sujet dont on n'a pas parlé et que vous aimeriez aborder ?

  • Speaker #0

    On a parlé du... Enfin, moi, ça ne me dérange pas, mais bon. On a parlé, c'est un sujet très fort dans ma vie, pour bien comprendre, je pense, du traumatisme qui a fait ressortir mon... Bégaiement. Et j'ai su plus tard que dans ma famille, j'avais des personnes qui bégayaient. Donc, l'oncle de... Non, enfin, un arrière-grand-père qui bégayaient. J'ai deux cousins que je ne connais pas trop qui... Non, j'ai un cousin qui bégait aussi. Donc, en fait, c'est... En effet, il y a une...

  • Speaker #1

    Il y a une part génétique.

  • Speaker #0

    Il y a une part génétique. Mais moi, le traumatisme, c'était en fait, ma mère a... tenté de se suicider à plusieurs reprises et ça s'est passé donc je les ai vu inanimés dans les toilettes dans la salle de bain et c'est là que ça s'est déclenché et j'ai développé en même temps des tiques pour la protéger alors des tiques je levais le cou comme ça je faisais des grimaces le soir avant de m'endormir comme elle travaillait aussi de nuit j'essayais de C'était vraiment un rituel de refaire tout le trajet jusqu'à son travail, alors que je ne le connaissais pas en fait, c'était loin, et de me tourner vers elle pour la protéger. En fait, il fallait que je protège ma mère, et c'était trop lourd en fait, c'était trop lourd pour moi. Et ça, ça a beaucoup joué, et mon bégaiement, voilà, moi je...

  • Speaker #1

    Vous l'avez compris quand ça, que le bégaiement était dû, certes. très certainement à ce traumatisme-là ?

  • Speaker #0

    Assez rapidement, au lycée, ça c'est sûr, quand j'ai commencé à écrire des textes de rap, parce que j'ai abordé le sujet aussi. Et c'est là que j'en ai pris conscience. Et alors, ce que je tiens à dire, et pour moi c'est très très important, c'est incroyable la force des enfants face au désastre ou à l'adversité. Et les enfants ont des ressources incroyables. Mais un jour ou l'autre, il le paie. C'est comme un verre d'eau qu'on remplit trop. Et ça, je m'en suis rendu compte. D'où, il y a forcément des séquelles. L'impulsivité, la colère ou d'autres choses. Et voilà. Donc, les enfants, il faut s'en occuper vite. Tôt, quoi.

  • Speaker #1

    Merci pour ce partage. De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je suis fier... de ce que je fais en ce moment, c'est-à-dire que j'ai réussi, en suivant le principe de j'ouvre une porte aussi petite soit-elle, ça en ouvre d'autres, et bien ça s'est concrétisé il y a peu de temps, parce que j'ai été au chômage. J'ai ouvert une porte de 2h30 à 3h par semaine chez les compagnons du devoir, pour enseigner la culture générale, et puis récemment... on m'a proposé en même temps les cours de français les cours d'histoire géo et d'enseignement moral et civique pour les CAP pour les...

  • Speaker #1

    t'as besoin de ce fichu concours là ?

  • Speaker #0

    non et je n'en veux plus je suis en colère en fait ils peuvent s'en mordre les doigts parce qu'en plus on n'est pas régulièrement en pénurie de... donc ça c'est une politique donc ça et la même semaine parce que j'ai un autre emploi où je fais de l'étude scolaire dans une école primaire. La même semaine, on me propose une journée supplémentaire et je réussis à faire mon propre emploi du temps. C'est moi qui le fais. Et maintenant, l'objectif, c'est de garder suffisamment de temps pour développer l'écriture et l'oralité. Le compte, ça m'intéresse beaucoup, mais aussi pour le dire. Et je cherche du côté du coaching parce qu'en fait, l'année prochaine, j'ai envie de coacher les... Ceux qui vont concourir. Mais aussi le coaching pédagogique. Il faut que je fouille de ce côté-là et de la prise de parole. Donc en fait, j'ai plein de projets.

  • Speaker #1

    Mais c'est beau parce que c'est exactement ce que moi je me répète. C'est que quand il y a des portes qui se ferment et qu'on a des illusions, des grosses déceptions. Avec le recul, on se rend compte que c'était tout simplement pour qu'on prenne des chemins qui nous correspondent 100 fois plus. Et je trouve que la vie, c'est ça, d'essayer d'être de plus en plus aligné avec soi-même. Bon, après, ce qui est dur, c'est qu'on change aussi. Peut-être que dans 5 ans, vous aurez totalement d'autres envies. Donc, c'est en perpétuel recommencement. Mais bon, je pense que l'écriture, ça vous suit depuis le début. Et cette envie de vous exprimer aussi.

  • Speaker #0

    J'ai craint d'une dimension artistique pour être en équilibre.

  • Speaker #1

    Et ça apparaît, avec le recul, ça apparaît évident que c'est votre voix. Qu'est-ce que vous avez envie que l'on retienne de votre témoignage ?

  • Speaker #0

    Alors, moi j'ai toujours pas compris comment j'ai fait pour en arriver à beaucoup moins bégayer. Parce qu'en fait j'ai... pratiquement pas vu d'orthophoniste un petit peu au collège et à l'université quand je souffrais pas mal mais vraiment peu au total j'ai moins de dix séances à mon actif et je ça m'intrigue en fait c'est vraiment très intrigant je ne comprends pas comment j'ai fait donc voilà donc il y a de l'espoir il y a de l'espoir alors bien sûr mon cas ça reste mon cas personnel Il ne faut pas baisser les bras. C'est assez basique ce que je veux dire.

  • Speaker #1

    Peut-être qu'aussi, tout au long de votre parcours, vous êtes de plus en plus affranchis du regard des autres. Parce que j'ai l'impression que le bégayement, c'est quand même très lié à la peur de l'image qu'on renvoie, de la peur d'être moqué. Donc moi, je me dis... à partir du moment où on n'a plus peur d'être ridicule où on n'a plus peur d'être moqué et qu'on s'en fiche du regard des autres,

  • Speaker #0

    ça doit libérer un petit peu Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous et dans le cadre de la finale on avait diffusé des phrases de collégiens qui béguaient et il y en avait une qui disait un truc du genre le bégayement ça permet de trier les cons ça permet de faire le ménage en fait voilà Voilà, je trouve ça super.

  • Speaker #1

    Ce serait un bon mot de la fin, mais il reste une dernière question. Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter pour l'avenir ?

  • Speaker #0

    De l'épanouissement, de perdre un petit peu de poids, parce que là, en trois semaines, j'ai pris du poids.

  • Speaker #1

    En trois semaines ?

  • Speaker #0

    Oui, je vais très vite. Donc, l'épanouissement et surtout, que je réussisse. à partager des émotions par l'écriture. Et justement, mais je vais très vite, j'ai un projet, c'est avec les personnes qui ont participé au concours, c'est d'avoir des entretiens très approfondis pour essayer de mettre en spectacle des tranches de vie avec le bégaiement, pour essayer de transmettre ce que l'on ressent lorsqu'on est bègue. Et ça, c'est un projet qui me porte à cœur. Et c'est de mener, on peut me souhaiter de mener à terme ce projet-là, ça sera déjà bien.

  • Speaker #1

    Et tous les autres projets aussi. C'est ça. C'est pas mal. Merci beaucoup Sébastien pour ce temps d'échange. J'étais ravie et puis c'est tout ce que je vous souhaite.

  • Speaker #0

    Merci bien.

  • Speaker #1

    A bientôt. Et voilà, cet épisode est terminé. Merci à Sébastien pour sa confiance et merci à tous pour votre écoute et votre fidélité depuis toutes ces années. N'hésitez pas à aller faire un tour dans les notes de l'épisode si vous souhaitez avoir plus d'informations sur le concours d'éloquence. Vous pouvez suivre mes aventures sur le compte Instagram Pépin Podcast et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes prenez soin de vous et tout ça c'était pour dire quoi ?

  • Speaker #0

    à bête me le demande c'était difficile en fait c'était nul c'était c'était un peu grand c'est horrible c'est horrible comme je vous ai dit ou je t'ai dit, ça dépend

  • Speaker #1

    oui on oscille comme je vous étudie ok et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes prenez soin de vous et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes à bientôt

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🍋 Rejoignez la communauté et donnez vos impressions sur le compte Instagram @pépinpodcast. 🍋


Je suis très heureuse de vous retrouver après plusieurs mois d’absence pour un nouvel épisode !

Et oui, c’est décidé en 2025, je fais moins mais mieux !

J’espère que vous serez aussi curieux que moi de découvrir le parcours de Sebastien, bègue depuis l’enfance, il n’arrivait pas à demander une baguette de pain dans une boulangerie à cause de son bégaiement et aujourd’hui il s’est prêté au jeu du podcast pour répondre à toutes mes questions ! Alors vous vous demandez peut être ce qui s’est passé entre temps et bien vous allez le découvrir dans cet épisode où nous avons discuté des causes du bégaiement, de son fonctionnement, des astuces pour essayer de compenser et de sa participation à un concours d’éloquence !

Mais je n’en dis pas plus, je vous laisse découvrir ma conversation avec Sebastien Gonzalez !


Les notes de l'épisode :


Pour suivre les informations sur les concours d'éloquence : https://eqdifference.org

Pour être bénévole au concours d'éloquence : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScLDcy7LP7AhU6ND4eYurlQU-Es54iOsoZea-1e1wCMui1yng/viewform



Si vous souhaitez donner votre avis, poser une question ou me suggérer un invité vous pouvez me contacter sur le compte Instagram pepinpodcast : https://www.instagram.com/pepinpodcast/ ou par mail à pepinpodcast@gmail.com


Musique originale composée par Not The King-Ice Tea : https://soundcloud.com/coreygagne




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue à tous, je suis ravie de vous accueillir sur ce podcast qui a pour mission de mettre en avant des héros ordinaires. Les personnes que vous allez entendre ont décidé de se battre chaque instant dans un quotidien bouleversé par une maladie, un accident, un handicap ou une épreuve qui a chamboulé leur vie. Je m'appelle Pauline, je suis sensible depuis toujours aux histoires et parcours de vie atypiques et j'ai décidé qu'il était temps de mettre à profit mon accent chantant pour faire ce que j'aime le plus au monde. partagez et échangez avec des personnes remarquables et inspirantes. J'espère que ces témoignages vous aideront à mieux vivre vos petits et grands pépins. Je suis très heureuse de vous retrouver après plusieurs mois d'absence pour un nouvel épisode. Et oui, c'est décidé, en 2025 je fais moins mais mieux. J'espère que vous serez aussi curieux que moi de découvrir le parcours de Sébastien. Bègue depuis l'enfance, il n'arrivait pas à demander une baguette de pain dans une boulangerie à cause de son bégaiement. Et aujourd'hui, il s'est prêté au jeu du podcast pour répondre à toutes mes questions. Alors vous vous demandez peut-être ce qui s'est passé entre-temps, et bien vous allez le découvrir dans cet épisode, où nous avons discuté des causes du bégaiement, de son fonctionnement, des astuces pour essayer de compenser, et de sa participation à un concours d'éloquence. Mais je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir ma conversation avec Sébastien Gonzalès. Bonjour Sébastien, merci d'avoir accepté mon invitation sur le podcast, et bienvenue ! Vous êtes ici pour témoigner de votre parcours. En effet, vous êtes un ancien bègue. Est-ce que c'est juste déjà le terme ancien ? Est-ce que l'on peut guérir totalement du bégayement ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, il y a ancien et le mot guérir qui me tiltent. Ancien, je le dis pour me rassurer, mais tout en sachant qu'on ne guérit pas entre guillemets du bégayement, mais on apprend à le gérer, à le maîtriser et à vivre avec. voire à l'accepter. Guérir, personnellement, je ne veux pas le considérer comme une maladie, mais comme un trait particulier de mon identité, parce qu'il est complètement intégré à ma personnalité. Donc si c'est une maladie, ça veut dire que je suis moi-même malade.

  • Speaker #0

    J'ai fait exprès d'employer ces deux mots, ancien et guérir, parce que justement, je me demandais si le bégaiement était considéré comme une maladie ou pas.

  • Speaker #1

    Oui, sinon c'est considéré comme un handicap.

  • Speaker #0

    D'accord, bon, avant de poursuivre, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Sébastien González, j'ai 52 ans. Je suis formateur au compagnon du devoir. Je m'occupe aussi d'études scolaires dans une école primaire. Je suis marié, j'ai une enfant de 15 ans.

  • Speaker #0

    Des passions ?

  • Speaker #1

    Des passions, alors des passions, la musique, l'écriture. la musique c'est en la composant sur ordinateur. L'écriture comme passion. Après, ça m'arrive d'avoir des passions qui sont temporaires, et puis changées aussi.

  • Speaker #0

    J'ai le même problème. Enfin, je ne sais pas si c'est un problème.

  • Speaker #1

    Donc en fait, je peux être passionné assez rapidement, comme par exemple je suis très intéressé par me questionner sur l'apprentissage et la formation en règle générale. C'est déjà bien. Oui, c'est déjà pas mal, oui. Mais parmi ceux qui me passionnent le plus, c'est quand même la composition musicale et l'écriture.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors afin d'encore mieux vous connaître, j'ai préparé quelques questions brise-glace. Est-ce que vous pouvez me donner un chiffre entre 1 et 5 ?

  • Speaker #1

    4.

  • Speaker #0

    4 ? Alors la question 4, c'est quel est l'endroit où vous vous sentez le mieux ?

  • Speaker #1

    Dans un environnement boisé, dans les bois comme les loups en fait. C'est vraiment très spécifique, avec pas mal de feuilles par terre et il y a une espèce d'ambiance sonore. Et voir s'il a plu un petit peu. C'est encore pas mal. C'est un endroit que... Ce type d'endroit, ça me repose beaucoup.

  • Speaker #0

    D'accord, merci. Alors, on va un petit peu, au cours de cette discussion, retracer votre parcours, notamment avec le bégaiement, mais pas que. Est-ce que déjà, vous connaissez... J'ai fait des petites recherches, donc, avant de préparer... Pour préparer cette conversation. Est-ce que vous connaissez l'étymologie du mot « bègue » ? C'est pas une question piège, hein ?

  • Speaker #1

    Non, mais par contre, par rapport aux autres langues, comme par exemple en occitan, on dit kekejairé ou kekejomen, ou d'autres mots similaires.

  • Speaker #0

    Et ça veut dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est bégayer ou bégayement. Et c'est une répétition keke. Donc il y a déjà une répétition. Bébé, bébègue, enfin bégayement, non. Je ne connais pas l'étymologie,

  • Speaker #0

    non. Vous pourrez vérifier mes sources, mais en tapant... Sur un moteur de recherche très connu, le mot « bègue » , ils disent que cela vient de l'ancien français « bégé » , qui vient lui-même du mot « bégaine » , que je dois très mal prononcer, qui est du néerlandais, et qui veut dire « bavarder » . Donc j'ai trouvé ça quand même assez intéressant. Et du coup, je vous propose qu'on bavarde ensemble. Est-ce que vous pouvez nous raconter dans quelles circonstances est apparu votre bégaiement ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais le raconter tel que moi, je l'ai réalisé. C'est-à-dire qu'il faut vraiment faire la différence entre moi et mon entourage. Donc moi, j'ai réalisé que je bégayais, je pense que c'est surtout à l'entrée en sixième, alors que j'ai commencé avant. Parce qu'à l'entrée en sixième, l'image que j'ai, c'est qu'avant la sixième, Je marchais souvent en me prenant les poteaux, c'est-à-dire que je marchais souvent en regardant par terre, j'étais dans mon monde. Et en sixième, je me suis réveillé, je me suis pris un peu toute la violence d'un grand collège et on me faisait remarquer que je bégayais, donc j'étais très mal en fait. Et c'est là que j'ai réalisé que le bégayement était un problème. Par contre, c'est vrai que le réaliser, c'était peut-être au CM1 ou au CM2, enfin c'était vers 9-10 ans, quand dans mon entourage, on me disait de réfléchir avant de parler, de me calmer, voilà.

  • Speaker #0

    Donc, il fait un primaire début collège ?

  • Speaker #1

    Vers 9-10 ans, 11 ans, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'on connaît le fonctionnement du bégaiement ?

  • Speaker #1

    Alors, on a fait beaucoup de progrès. Moi, je ne suis pas assez expert, mais j'aimerais bien le devenir. Et ça m'arrive de lire des articles scientifiques à ce propos. En tout cas, il y a eu beaucoup de progrès qui ont été faits. Alors, sur le fonctionnement, certainement, mais sur les causes, c'est un peu moins évident. Oui, mais maintenant, on est capable de distinguer plusieurs types de bégaiements. On parle aussi de bredouillement. Et on dit aussi que chacun a son bégaiement propre. Voilà, mais je ne suis pas assez expert pour ça, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a déjà des recherches qui ont été faites ?

  • Speaker #1

    Alors moi, les derniers éléments que j'avais lus, et c'est peut-être un éclairage. C'est qu'on a créé un outil, une sorte de casque, qui permet à la personne bègue de s'entendre parler avec un décalage très très fin. Et ça permettrait de réduire le bégayement et voir le corps s'y habituer et pourrait finir par se passer de... de la technique. Donc il y aurait déjà un lien entre le fait de s'écouter, je ne sais pas trop, mais enfin, non. Enfin, non, je ne sais pas dire, d'autant plus qu'il y a différents types de bégaiements et je ne suis vraiment pas assez expert pour ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous savez si c'est génétique ?

  • Speaker #1

    Alors... Et maintenant les orthophonistes qui sont spécialisés sur le bégaiement disent que c'est génétique. Alors il y a des bégaiements qui sont liés à des traumatismes, mais c'est une minorité. D'accord. C'est une minorité. Maintenant ça ne veut pas dire que... Et c'est là qu'il y a... Ça ne veut pas dire que... Donc en fait le bégaiement c'est... Un peu comme le génotype et le phénotype, c'est-à-dire qu'ils ont... On peut être bègue par transmission génétique sans le savoir, sans que ça se manifeste. Et puis, il peut y avoir des situations, des événements, dont des traumatismes, qui vont faire que ça va se manifester.

  • Speaker #0

    D'accord. Et je me posais la question, est-ce que le bégayement, c'est vraiment complètement aléatoire ou il y a des mots systématiquement compliqués à prononcer ou des situations qui le provoquent de façon pareille systématique ? Ou ça tombe un petit peu comme ça, au hasard ?

  • Speaker #1

    C'est difficile, je pense, de faire une généralité. C'est pour ça qu'on dit vraiment qu'il y a plusieurs bégaiements, que chacun a son propre bégaiement. En ce qui me concerne, le plus dur pour moi, c'était de se présenter, de dire son nom et son prénom. Et souvent, une interaction commence par ça. Donc ça commence mal. Le stress c'est un facteur aggravant, ça c'est sûr, c'est un cercle vicieux. La peur de bégayer, souvent ça engendre plus de risques de bégayer. Ça c'est un phénomène qui est propre à plein de choses, quand on craint quelque chose, on prend plus le risque de le provoquer en fait. Alors en ce qui me concerne, je sais que la fatigue pour moi c'est le plus gros facteur, lorsque je suis fatigué. J'ai beaucoup plus de difficultés. Et puis, surtout, le fait de refuser son bégayement et d'être trop exigeant envers soi-même en se disant, par exemple, je vais me lever, je ne vais pas bégayer de toute la journée. De se lancer des défis comme ça qui sont trop hauts, ça conduit à notre perte un peu.

  • Speaker #0

    Mais quand vous bégayez, vous vous en rendez compte systématiquement ?

  • Speaker #1

    Alors moi... Je m'entends bégayer quand d'autres ne se rendent pas compte. Surtout qu'on en parlera, mais que mon bégayement est devenu léger quand même. Mais bon, c'est très aléatoire. Mais en tout cas, il est devenu léger par rapport à ce que c'était quand j'étais plus jeune. Ou il n'y a pas si longtemps que ça encore, même si je ne suis pas tout jeune. Il y a eu une évolution. Je m'en rends compte quand même. Oui,

  • Speaker #0

    Parce que vous êtes à l'affût de un peu du bégaiement, quoi.

  • Speaker #1

    En fait, je me rends compte, sauf si je parle tout seul. Mais en règle générale, quand je parle tout seul, enfin, quoi que, ça, c'est compliqué. En fait, je me rends compte parce que si on part, on est dans des interactions sociales. Donc peut-être que je ne me rends pas compte quand je suis en famille, en petite famille. Mais quand je suis avec des étrangers, entre guillemets. ou à l'extérieur, il y a une forme de vigilance. Il y a une forme de préparation, parce qu'en fait, je dois maîtriser pas mal de facteurs. Et si je me relâche complètement, c'est comme conduire mon vélo sans main peut-être. C'est un peu plus risqué. Ah oui,

  • Speaker #0

    donc vous êtes tout le temps dans le contrôle.

  • Speaker #1

    Quelque part, plus ou moins, oui. alors c'est On peut dire contrôle ou aussi lâcher prise. C'est une forme de... Je dirais plus... Je suis dans des stratégies. Comme lâcher prise, essayer de parler plus doucement, faire un petit peu d'humour. C'est une lutte interne. Enfin, lutte, oui. Je me repositionne tout le temps. Mais c'est ce que tout le monde fait lorsqu'on est en...

  • Speaker #0

    En société, on fait un peu attention à ce qu'on dit, on réfléchit quand même beaucoup avant de parler.

  • Speaker #1

    Oui, ça on me l'a souvent dit, réfléchir avant de parler.

  • Speaker #0

    Oui, ça vous a un petit peu marqué, ça c'est la phrase.

  • Speaker #1

    C'était comme si j'étais un bête, en fait. Mais bon, ça c'est de la maladresse parce qu'à cette époque-là, on en connaissait beaucoup moins sur le bégaiement.

  • Speaker #0

    Et il y a des préjugés, j'imagine, sur le bégayement. Et là, j'en ai un qui me vient en tête. Est-ce que quand une personne est bègue, elle réfléchit plus doucement ?

  • Speaker #1

    Non, je ne pense pas. Moi, je réfléchis vite. Et non, non, non, ça n'a rien à voir. Rien. C'est pas un... A priori, c'est pas un problème neurologique. Donc, non, non. Moi, je n'ai rien à voir.

  • Speaker #0

    Est-ce que toutes les personnes bègues sont très sensibles ?

  • Speaker #1

    Alors... Moi je pense en tout cas que le bégaiement développe une sensibilité parce qu'on passe par des phases où notre moi est confronté à... au regard des autres. On est en... Là c'est vraiment une bataille entre ce que je suis et ce que je donne à apparaître. Et ça, c'est vraiment fort cette dimension-là. Du coup, ça voilà. Et puis on peut avoir des problèmes à se concentrer. Et là, c'est exactement ce qui se passe parce que j'ai déjà oublié votre question. et il n'est... Parce qu'en fait, quand on est focalisé sur ce qu'on dit, sur la forme, on peut se détacher du fond. Et ça m'arrive parfois, lorsque je lis devant d'autres personnes, je peux me rendre compte que je n'ai rien compris. Parce que j'étais concentré sur la forme. Pour bien lire, pour que ce soit fluide. Donc, je ne me souviens plus de votre question. D'accord,

  • Speaker #0

    mais pas de souci. Mais aussi, je les enchaîne, les questions. C'est mon rôle.

  • Speaker #1

    Mais je ne sais plus à quelles questions j'étais en train de répondre.

  • Speaker #0

    Et l'avantage d'un podcast, c'est qu'on peut faire des pauses à tout moment. Donc, s'il y a besoin de souffler, de reprendre ses esprits, on peut le faire.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est bien que ça se fasse d'une traite. Parce que pour comprendre le bégaiement, je trouve ça pas mal.

  • Speaker #0

    Ok. Bon, on continue du coup ? Oui. Alors la question suivante c'est justement vous parliez de l'image qu'on a de soi et l'image qu'on renvoie aux autres, qui est un petit peu une bataille, on aimerait peut-être, j'essaie de me mettre à la place de quelqu'un qui est bègue, mais on veut paraître sûr de soi, exprimer ses idées librement, et hop le bégayement vient nous mettre des bâtons dans les roues et on se sent du coup un peu plus vulnérable j'imagine, enfin je sais pas si c'est le terme.

  • Speaker #1

    On se sent un peu bafoué, on se sent un peu trahi par... C'est comme une trahison, on ne réussit pas à faire passer ce qu'on est.

  • Speaker #0

    Oui, franchement, je m'identifie, je me mets à la place de quand je parle en anglais. J'ai voyagé un petit peu, et il se trouve qu'avec ma langue maternelle, le français, j'aime bien faire de l'humour, je suis assez bavarde. Et en anglais... je suis pas bavarde, je suis pas drôle, je suis complètement inintéressante et je suis toujours un peu frustrée.

  • Speaker #1

    Voilà, et bien moi je trouve que ça c'est une très bonne remarque, parce que quelque part, bégayer c'est une autre langue. C'est comme si on parlait une autre langue. Et donc je pense qu'il y a des points communs. Et d'ailleurs, dans les pires moments, je voulais me couper la langue. pour être muet ou je pense que si je me suis intéressé à l'apprentissage d'autres langues, c'était aussi dans l'espoir de me donner une seconde chance. Et moi, oui, je pense qu'il y a vraiment une proximité et ça m'intéresserait de connaître le rapport des personnes qui bégaient. Je n'ai pas dit des bègues, mais des personnes qui bégaient avec l'apprentissage des langues, en fait.

  • Speaker #0

    Et dans votre cas ? qu'est-ce que ça donne en anglais ou dans une autre langue ?

  • Speaker #1

    Alors pour l'instant c'est que je parle anglais qu'avec Duolingo

  • Speaker #0

    Et ça se passe bien ?

  • Speaker #1

    Oui oui ou bien une fois par semaine avec le café pédagogique qui est organisé par l'université en distanciel non non, soit je donne des cours de français soit j'apprends l'anglais avec des étudiants d'autres pays donc il m'est arrivé de préciser que je bégayais pour être être plus tranquille, pour être plus détendu et qu'on ne regarde pas bizarrement. Mais ça se passe plutôt bien. Par contre, il y a d'autres langues qui sont plus dures. Moi, quand j'étais jeune, mon beau-père qui était marocain nous emmenait au Maroc. Donc, je suis allé environ quatre fois. Et on me demandait de dire certains mots. Je les connaissais, mais je les disais en bégayant. J'avais du mal à les sortir. Et donc, on devait se dire, mais il... pensé que je ne savais pas le dire en fait. Et ça, c'était vraiment frustrant.

  • Speaker #0

    Et en Occitan, qu'est-ce que ça donne ?

  • Speaker #1

    Alors l'Occitan, c'était un défi pour moi. Un gros, gros défi pour expliquer brièvement, c'est qu'en fait, en troisième, au moment de choisir son orientation, je voulais être interprète, traducteur pour voyager, pour découvrir le monde. Et ça s'est fait vraiment, j'y ai pensé moi-même, j'en ai parlé apparemment à aucun adulte. qui... Non. J'ai décidé moi-même de laisser tomber, parce que je me suis dit, si je mets 3 heures pour faire une traduction... Bon, c'est les fameuses... Ça fait penser aux blagues classiques lorsqu'on bégait, il y a quelqu'un qui traverse la rue, il y a une voiture qui arrive, on veut dire attention, attention, et c'est déjà trop tard. Bon, bref. Bon, mais voilà. Pour la traduction, c'était mal barré. Du coup, j'ai laissé tomber. Et puis, plus de dix ans plus tard, je me suis lancé le défi d'apprendre l'occitan. Mais en six mois, tous les jours, dans une formation spécifique où l'oral était super présent. Et j'y suis parvenu. C'était un défi et une revanche.

  • Speaker #0

    Mais le bégaiement est toujours présent ? Oui. Ok. Avec une autre langue. Oui. Et il y a des langues où c'est plus dur.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    D'accord. Pour résumer.

  • Speaker #1

    Ce qui me semble, moi, en marocain, ça me paraît plus dur. Je crois que c'est lié à la chanson, un peu, à l'approche d'audit.

  • Speaker #0

    À la sonorité des mots. Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, les phrases qu'on vous a dites. petit enfant réfléchit avant de parler j'aimerais savoir comment ça s'est passé le regard des autres à ce moment là donc l'enfance et peut-être le début de l'âge adulte et le rapport avec votre entourage oui alors

  • Speaker #1

    donc au sein de la famille entre frères et soeurs on n'était pas tendre mon frère il me disait alors il le il le disait comme ça t'étais télégraphe. Donc non seulement il disait télégraphe, mais en plus il le disait en bégayant. Mais j'ai compris qu'il le faisait, mais lui, il le faisait parce qu'il pensait qu'en banalisant et en plaisantant, ça me rendrait service. Ce qui n'est pas complètement bête. Ou alors parce qu'il était agacé pour moi, en fait. Ça lui faisait mal de voir son petit frère qui avait du mal comme ça. Mais bon, nous, vis-à-vis de lui, on n'était pas tendres. C'était tuer une aînée dans une poubelle avec ma sœur, serpent à lunettes parce qu'elle avait des problèmes aux yeux. Enfin, voilà. Et puis, les adultes, mais je n'avais pas précisé, c'était ma mère qui disait réfléchir avant de parler. Donc, moi, j'ai grandi avec ma mère et j'ai eu plusieurs beaux-pères qui étaient plutôt de passage. Donc, eux, ils ne disaient pas grand-chose. Mais concernant mon père, mes parents sont divorcés quand j'avais 5 ans. Ils ne connaissaient pas. mes problèmes vis-à-vis du bégaiement. Du coup, ça a créé une situation qui m'a vachement blessé. C'est-à-dire que je le voyais tous les week-ends ou tous les 15 jours. Et il y a un week-end où je ne pouvais pas venir. Donc, j'ai laissé un message sur le répondeur téléphonique. Il faut savoir que le téléphone, pour un bègue, c'est ce qu'il y a de pire. Donc, c'est ce qu'il y a de pire parce qu'on est désarmé. On n'a que la voix. Il n'y a plus... plus le reste est dans la communication, la métacommunication, les gestes et tout, c'est hyper important. Et donc j'ai laissé un message et il m'a rappelé, avec son air agacé et très très dur, « Mais qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne sais pas laisser un message sur Répondeur, tu ne sais pas parler. » Et ça m'a vachement blessé, et du coup j'ai fait comme mes frères et sœurs, j'étais le moindre. parce que moi je suis le plus petit, j'ai cessé de le voir en fait. J'ai tellement été blessé de un, que mon père ne sache pas, ne connaisse pas mes difficultés. De deux, qu'il le traite comme ça, non en fait, j'étais vraiment vexé en fait. Donc voilà, mais en même temps nos relations étaient des relations plutôt froides.

  • Speaker #0

    Et du coup je me demande à quel moment Votre béguement... Ah ben c'est juif !

  • Speaker #1

    On vous l'a pas dit !

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on... Non mais ça m'arrive, c'est vrai, régulièrement...

  • Speaker #1

    Alors c'est peut-être du bafouillement.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, mais bon. On va dédramatiser, on se reprend. Donc ma question c'était quand est-ce que... Est-ce qu'à un moment donné vous avez été pris en charge pour le béguement ? Est-ce que à l'école il y a un diagnostic ? Même si c'est pas une maladie qui a été posée ? Est-ce que vous... Vous avez pris des cours d'orthophonie ? Où est-ce qu'on vous a laissé vous débrouiller comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors, il faut savoir, là, on se situe dans les années 80.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Deuxième moitié des années 80 et voire 90. Donc, à cette époque-là, il faut savoir que celui qui bégue, qui bégait, c'est aussi celui qui se tait. Donc, pour beaucoup, j'étais un élève silencieux. ou quand je prenais la parole c'est que j'étais sûr de moi et c'était peut-être d'une manière Comme des flashs, comme en espagnol, pour donner quelques réponses flashs, sans trop prendre mon temps, sans m'étendre, du coup ils ne s'en rendaient pas compte. Donc il n'y a aucun adulte, même ma mère, mes frères et sœurs, qui m'avaient inscrit chez un orthophoniste. C'est de moi-même, et là je ne sais pas, c'est de moi-même, je suis allé voir un orthophoniste de moi-même au collège, mais... Je ne sais plus trop, mais il a bien fallu qu'à un moment donné, ma mère paie. Donc, elle l'a forcément su. Mais c'est moi qui ai fait la démarche. Eh oui, c'est moi qui ai fait la démarche parce que j'en souffrais trop. Alors, je ne l'ai peut-être pas vu longtemps, mais c'était ma première rencontre avec une orthophoniste. Et ça avait commencé comme ça. Sinon, à l'école, je réussissais quand même à être, je me souviens, en sixième, toujours dans les deux premiers en anglais. Ce qui est assez surprenant. Et j'ai revu mes bulletins, là. Et aucune mention... Enfin, on ne dit pas que j'étais quelqu'un de silencieux, rien. Mais ça ne se voit pas sur mes bulletins, en fait. Alors que moi, je l'ai vécu très mal, en fait. Mais sur mes bulletins, c'est invisible. Si on voulait savoir... En faisant une recherche historique à partir de ces documents-là, on ne verrait rien.

  • Speaker #0

    Mais pourtant, il y a des circonstances. Moi, je me souviens de l'angoisse pour réciter les poésies, l'angoisse pour chanter en musique. Il y avait aussi des exercices à l'oral en anglais, en espagnol. Il y a quand même des lieux où on n'a pas le choix.

  • Speaker #1

    Oui, alors... En anglais, c'était un vrai plaisir pour moi. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que la prof, elle me plaisait bien. Elle était sympathique. Il y avait une bonne ambiance. J'étais toujours en concurrence avec un autre camarade. C'était lui le premier ou bien moi. Et à cette époque-là, l'apprentissage des langues était encore beaucoup axé sur l'écrit. Et ça, ça a beaucoup changé quand même. Donc, c'est peut-être pour ça que je m'en sentais pas mal. Ensuite, les situations. Tout ce qui est chant, ça ne pose pas de problème pour un bague. Parce que le bague ne baguait pas en chantant. Ça fait partie des stratégies. Parce que si, par exemple, j'ai des blocages, je peux faire un petit peu comme ça. Ça peut faire bizarre, mais bon, ça aide. Du coup, et puis oui, les situations. Alors, les rentrées des classes. horrible, l'enfer. Je pense que j'ai été traumatisé. Parce qu'il faut se présenter. À chaque cours, il fallait se présenter. Et souvent, on croyait que je m'appelais Bastien. Alors que c'est Sébastien. Mais c'est Bastien. On pensait, c'est plus loin Bastien. Non, c'est Sébastien.

  • Speaker #0

    Ah oui, parce que le prénom ne va pas aider.

  • Speaker #1

    Mais c'était surtout sur mon nom de famille, sur Gonzalès. Et j'ai longtemps cru que, oui, il y a des consonnes en début de mot. qui, pour moi, étaient compliquées. Or, il n'y a pas que ça. Il y a parfois même des voyelles. Enfin, je ne vais pas m'éparpiller. Donc, il y a des situations qui sont difficiles, oui. Et d'ailleurs, je me souviens au collège, en cours de français, j'avais osé, parce qu'il faut quand même dire, quand je regarde cet enfant que j'étais, il était quand même courageux, parce qu'il osait quand même prendre la parole. J'avais osé prendre la parole en français. et un camarade s'était moqué de moi devant tout le monde. J'étais très, très, très vexé. J'ai préparé une gomme dans ma main et à la sortie, j'ai failli le frapper, on nous a séparés. Parce que j'étais vraiment... Je trouvais ça injuste, je trouvais ça horrible.

  • Speaker #0

    Mais à quoi allait servir la gomme ?

  • Speaker #1

    Eh bien, pour...

  • Speaker #0

    L'enfer dessus ? Non,

  • Speaker #1

    la gomme que vous serrez dans le... points, je ne sais pas où vous avez eu ça, mais c'était pour repenser deux points.

  • Speaker #0

    Je ne connaissais pas ce Ausha.

  • Speaker #1

    Donc voilà, je ne sais pas d'où j'ai sorti ça, mais bon, voilà. Il y a des situations qui sont difficiles. La lecture en classe, en effet, c'est compliqué. Moi, je me souviens que j'avais des suées, des mamouettes et tout, et j'attendais mon tour comme si j'allais passer...

  • Speaker #0

    comme si j'allais être pendu. C'était vraiment horrible, avec le cœur qui palpitait. C'était dur.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, vous avez dit que quand on chante, on peut arrêter d'avoir des blocages. Je me demandais les accents. Si là, par exemple, vous imitez l'accent belge ou l'accent québécois...

  • Speaker #0

    Si j'imite l'accent belge une fois ?

  • Speaker #1

    Est-ce que ça aide ou pas ?

  • Speaker #0

    En fait, quand je parlais de la prosodie, tout à l'heure, c'est un petit peu ça. Peut-être qu'un accent un peu plus chantant, ça peut peut-être aider, oui. Mais quelque part...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas naturel.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est-à-dire, c'est comme si quelqu'un... C'est comme si moi qui suis né dans le Nord, je ne vais pas le faire parce que je pense que je suis nul, mais si j'essayais de prendre l'accent marseillais... et que j'en faisais trop, il y a un côté faux en fait. Non, c'est pas top.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des moments, enfin oui forcément, mais est-ce qu'il y a des moments privilégiés où le bégaiement vous laisse tranquille à coup sûr ?

  • Speaker #0

    En chantant, en rappant, parce que j'ai fait du rap jeune, au début du rap en France, donc voilà. Le théâtre, c'est particulier parce que répétition... J'ai vécu, donc j'étais à Roubaix, c'était à M, c'est une ville qui est à côté de Roubaix. J'ai fait du théâtre et vraiment, il y a des profs qui sont super parce qu'il m'a permis, je ne sais pas si je pourrais le faire, parce que je bégayais énormément. On a fait beaucoup de répétitions et ils ont été super patients. Ils m'ont donné beaucoup de textes en plus. Moi, je trouve ça dingue en fait. Et quand j'ai joué deux fois, je pense, j'avais beaucoup de texte et je n'ai pas bégayé une seule fois. C'est-à-dire qu'en me mettant dans un autre rôle, dans un autre personnage, j'avais la possibilité, en jouant un personnage, j'avais la possibilité de ne pas bégayer. Et ce n'est pas parce que je connaissais le texte, parce que pour moi, ce n'est pas le fait de connaître le texte, c'est parce que là, ça rapproche du fait de... savoir ce que l'on va dire ça aide à ne pas bégayer non non parce que même non même J'ai des situations de lecture où je bégayais beaucoup donc non c'est le fait d'être dans un autre personnage et la différence entre les répétitions et la scène où il ya une sorte de magie qui s'opère j'ai trouvé ça génial à tel point qu'au fond de moi j'ai toujours J'ai voulu être acteur, mais je ne l'ai jamais fait. Et ça, ça a vraiment été une révélation pour moi. Et en même temps, le rap aussi.

  • Speaker #1

    Mais aujourd'hui, vous bégayez presque plus.

  • Speaker #0

    Au moment où vous m'entendez, oui. C'est difficile de...

  • Speaker #1

    Mais il y a quand même eu une marge d'amélioration. J'ai du mal à... L'enfance et le collège, non ?

  • Speaker #0

    Énorme. Il faut savoir qu'aller chercher une baguette le matin en bas des immeubles... pour prendre son petit déjeuner et là je mettais la barre très haut je me disais bon allez j'y vais et je le ferai sans bégayer et il m'arrivait de pas réussir à dire le mot et devant tout le monde et je me sentais mal et je rentrais chez moi je pleurais en fait j'étais à l'université je me sentais très très mal et à l'université il y a vraiment eu il ya des situations qui étaient très très compliqué enfin comme par exemple On était en amphi, en sociologie urbaine, parce que j'ai fait de la sociologie. Et mon sujet c'était le rap, est-ce de l'art pour l'art ou de l'art pour l'action ? Et on était tous descendus pour voir le prof. Devant tout le monde, il a fallu que je donne mon sujet. Et ça ne sortait pas, et tous les élèves étaient là, et ça durait. Donc lui, en fait, il fallait que je donne mon nom. Et je ne réussissais pas. Il m'a dit, on va vous appeler Rap. Voilà. Donc, c'était dur. Ce n'est pas sa réponse qui est dure, mais c'est...

  • Speaker #1

    Oui, il y a eu des grands moments de solitude, quoi. Dans ces moments-là, le cours vous a quand même un peu aidé ?

  • Speaker #0

    Alors, l'humour, ça a été une stratégie quand je suis arrivé à Roubaix, parce qu'il faut savoir que j'ai bougé pas mal, mais je pense que ça a eu de l'importance, tout ce qui s'est passé dans... ma vie avec le bégaiement mais pour dire bref je suis le dernier enfant qui reste avec ma mère et elle avait un petit ami qui avait un restaurant donc elle a déménagé pour aller dans son restaurant donc moi j'ai suivi Et ensuite, j'apprends qu'on s'attendait à ce que je travaille au restaurant, en fait. Et on ne m'avait rien dit. Et moi, je rentrais en seconde. Et puis, le beau-père qui buvait parfois, un jour, il a craché sur ma mère. Et je me suis mis entre les deux. Et je ne pouvais plus rester, en fait. Donc, je suis allé en pension à Turquoise. Mais j'ai supporté deux jours. Je ne supportais pas. Du coup, je suis allé vivre chez ma sœur en Dordogne. Un jeune couple. avec un bébé qui se disputait tout le temps. Et je suis resté six mois, c'est juste pour dire. Et après, je suis revenu à Roubaix. Je suis venu à Roubaix vivre chez le premier mari de ma mère. Enfin bref. Et en plein milieu d'année, j'arrive en classe de seconde. Déjà, ça commence mal. On bloque dans un coin, on pique ma calculatrice et tout. Enfin bref. Là, c'était pour dire que je n'étais pas dans un environnement stable. Donc ça ne m'a pas aidé en fait. Donc j'ai dû redoubler ma seconde. Et là, cette année-là, j'avais décidé de me jouer un personnage cool, avec beaucoup d'humour et tout ça. Mais quelque part, c'était moi en fait. Mais quand même, quand je bégayais, ça faisait un peu le mec un peu bizarre, original. Mais j'avais un peu... J'essayais de parler plus calmement. d'être plus cool, de sortir des blagues et tout. Et ça m'a beaucoup aidé en fait. C'est un peu la... je ne sais pas... C'était une stratégie qui m'a...

  • Speaker #1

    Dans ce état d'esprit ?

  • Speaker #0

    Je me suis joué un rôle et comme un boomerang, c'est un peu revenu vers moi dans le sens positif. Et en plus à cette époque-là, j'ai aussi fait un petit peu de théâtre au lycée. Voilà, et là je me suis fait des amis sympas et tout, et on s'est bien marrés, c'était des bonnes années.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui peut aider, qu'est-ce qui vous a aidé ? C'est un peu soigner le mal par le mal, finalement, c'est-à-dire faire du théâtre, donc pratiquer, pratiquer, pratiquer, faire du rap c'est à nouveau pratiquer, pratiquer, pratiquer, pour banaliser en fait ce moyen d'expression qu'est la parole.

  • Speaker #0

    Alors je dirais changer de... Jouer un autre rôle, changer de personnage pour s'extraire de soi-même. C'est une manière de se découvrir aussi. Le rap, ça m'a fait du bien parce que je pouvais exprimer tout ce que je ne réussissais pas à exprimer dans les textes. Mais je restais quand même, entre guillemets, c'est ce qu'on disait, l'homme de l'ombre, l'eau qui dort. Je dirais donc, il y a le bien-être, c'est basique. Le fait de s'accepter soi-même, d'essayer de s'aimer soi-même.

  • Speaker #1

    D'être bien entouré.

  • Speaker #0

    D'être bien dans sa peau. Le fait de s'exposer, en effet, parce qu'en fait, il faut s'exposer. Parce que si on se retire trop...

  • Speaker #1

    On s'enferme avec tout ça.

  • Speaker #0

    On s'enferme. Et moi, parfois, je me suis enfermé. Mais ça, je crois que ça ne doit pas être courant. C'est-à-dire que je bégayais en pensant. Et ça, c'était un envahissement. C'était vraiment horrible. Je bégayais en pensant. Ah oui, non, mais c'était terrible.

  • Speaker #1

    Je suis désolée, mais j'ai envie de...

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, non, non, mais c'est dingue, en fait. Même, je crois que... J'en ai parlé à une orthophoniste il y a peu de temps, je ne sais pas ce qu'elle en pense, elle ne lui a rien dit, mais je crois que c'est assez particulier. Donc, le bien-être, en règle générale, et puis les interactions orales, il faut qu'il y en ait, il faut s'exposer, que ce soit dans le métro, que ce soit... En fait, ouais, c'est le mal par le mal. Il faut foncer dedans, il faut y aller. Et puis, à un moment donné, il faut accepter tout ce qu'on ressent, toutes nos émotions, juste les accueillir. Alors, on a chaud, on a ceci, cela. Mais bon, et puis, il y a l'humour. Et il y a des stratégies qui sont très connues, comme changer de mot, parce que celui-ci, voilà. Mais ça, pour moi, ce n'est pas une bonne stratégie, parce qu'on se dénature. On ne réussit pas à transmettre ce que l'on veut transmettre. Il y en a qui veulent finir nos phrases. Moi, je trouve que ce n'est pas conseillé. Donc, c'est toi, je vais finir. Voilà, donc...

  • Speaker #1

    Moi, j'ai vu à la télé qu'il existait des stages intensifs pour stopper les bégaiements avec des exercices de respiration et tout ça. Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?

  • Speaker #0

    En fait, oui, j'ai souvenir d'un stage. Oui, j'ai vu les... les reportages où il frappait, il frappait beaucoup, etc. Je crois qu'à un moment donné, les orthophonistes ont porté plainte contre lui. Parce que oui, je crois qu'il y a peut-être une guéguerre, je ne sais pas trop quand, mais j'ai du mal à croire que ce soit une stratégie qui soit suffisante et valable pour tous. À mon avis, ça peut aider, parce que je pense qu'il ne le ferait pas, et lui-même il est aussi passé par là. Mais moi je me vois mal taper pour que les mots sortent. Alors ça m'arrivait parfois, mais je le faisais sous forme d'humour. Je m'en souviens, puisqu'on en parle. Quand il y a un mot qui ne sortait pas, je disais à mon pote, vas-y frappe, frappe, et je le faisais sortir. Mais bon, c'était sous forme d'humour. Mais je trouve aussi que ça donne une drôle d'impression. Je ne sais pas si c'est mieux en fait, en termes d'image, de commencer à frapper.

  • Speaker #1

    Avec le recul finalement, qu'est-ce que vous pensez que le bégaiement vous a apporté ?

  • Speaker #0

    Le bégaiement, il m'a apporté de l'empathie. C'est-à-dire que je... Je peux comprendre ce que vit une personne qui a un handicap. Je peux comprendre, je pense, les effets que peuvent faire le regard des autres portés sur nous. Je ne supporte pas l'injustice. Je ne peux pas être indifférent. Du coup, moi, si je vois une agression au dehors, forcément, je vais me retrouver dedans d'une manière ou d'une autre. Parce que je ne peux pas rentrer chez moi. Vivre avec ma conscience comme ça. Et puis, en ce qui me concerne, il y a une grande sensibilité. Je repère les personnes qui bégayent, même lorsque c'est faible. D'ailleurs, en étant prof, j'ai repéré un enfant qui bégayait. Les parents ne le savaient pas encore. Ils ne voyaient pas ça comme ça. Et comme il faut prendre en charge les enfants jeunes, c'est conseillé avant 9 ans. Ça tombait bien. Donc, ça aura au moins servi à ça. Mais le bégaiement, une certaine poésie peut-être. En tout cas, ça fait vraiment partie de moi. Mais aussi, et ça c'est les côtés plutôt négatifs, je crois. Mais je suis très... J'ai beau faire, j'ai un côté très explosif. C'est pour ça que dans le milieu du rap, dans notre petit milieu, à Lille, le nom qu'on me donnait c'était Locky Door. J'étais sympa et tout, mais quand il y avait une injustice ou je ne sais pas trop quoi, on ne me reconnaissait plus. Ça peut paraître bien comme ça, mais non, parce que c'est super fatigant. Puis l'agressivité, c'est jamais bien. Donc voilà.

  • Speaker #1

    C'est déjà pas mal.

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est déjà pas mal.

  • Speaker #1

    Il y a quelques temps, vous avez participé à un concours d'éloquence. Tout autre sujet. Je ne préviens pas, je change de sujet. J'aimerais savoir qu'est-ce qui a fait, qu'est-ce qui vous a amené à ce concours d'éloquence ?

  • Speaker #0

    Une blessure. Une blessure parce qu'en fait, c'était la deuxième année où je passais le CRPE pour être professeur titularisé dans le public. Et donc la première année, j'ai eu l'écrit, j'ai pas eu l'oral. Bon, dac. Je me suis dit, bon, je me suis pas vraiment préparé, etc. La seconde année, je suis une formation spécifique. Donc je passe des oraux blancs, ça se passe bien, on me dit je vous prendrai les yeux fermés, alors que ce sont des personnes qui font partie de jury dans la réalité. Donc les écrits, j'ai les écrits et le jour des oraux, enfin il y a plusieurs jours, mais un jour en particulier, enfin deux jours en particulier, j'étais fatigué, super fatigué, plus le stress. Et le premier... orale qui était sur la présentation d'un cours en français et en maths se passe pas bien parce que je bégais beaucoup et le jury, ils étaient trois non, ouais trois ou deux, deux, deux elles me disent bon au prochain Zorro il faut que vous vous déstressiez on ne vous juge pas, etc etc etc donc ils mettent tout sur le dos du stress et moi je ne parle pas du pégément mais je pourrais vous expliquer après pourquoi mais j'ai quand même eu 14 donc ils se sont focalisés sur le fond quand même donc ça veut dire que je ne suis pas nul le lendemain je tombe sur un autre jury qui juge les motivations et l'eps ce jury là aux motivations me met 4 sur 10 comment on peut mettre 4 sur 10 à quelqu'un qui avait déjà travaillé huit ans en école primaire 4 sur 10, c'est dire que je ne suis pas motivé. Donc là... Et 4 sur 10 et 10 sur 20 en EPS alors que franchement j'avais bien réussi. Donc moi je pense que sur le coup ils ont voulu me descendre. Alors c'est toujours gênant parce qu'on peut dire qu'il est parano etc. Puis je me suis renseigné auprès d'un syndicaliste qui est dans le milieu, qui s'est renseigné et qui me dit « il faut savoir que pour les euros on ne peut avoir aucun retour » . Et il me dit « non mais lorsqu'ils mettent une note comme ça aux motivations c'est qu'ils ne veulent pas que vous… » réussissiez, c'est pour vous casser. Ça me paraît logique. 3 sur 10. Encore 5. Il dit « Oh, il n'est pas trop motivé. » Mais 3, non. Et j'avais beaucoup bégayé. Et du coup, ça m'a fait mal. Je me suis dit « Mince ! » Alors que je me sentais prêt et je m'étais investi un an, en fait. J'étais vraiment deg, en fait. et du coup après il s'est passé plusieurs choses c'est là où j'ai pris mon vélo pour me vider la tête faire 800 km remonté dans le nord revoir ma mère que j'avais pas vu depuis 15 ans refaire le vide un peu ou voilà essayer de me retrouver et puis de me rapprocher d'une association de begg et c'est là que j'ai su qu'il y avait un concours et là je me suis dit allez J'y vais. Et c'est comme ça en fait que ça s'est passé. Mais c'est souvent comme ça, lorsqu'on descend en bas, lorsqu'il y a une chute, c'est l'occasion de changer des choses et de revenir en force en fait.

  • Speaker #1

    Oui, et de saisir de nouvelles opportunités auxquelles on n'aurait pas pensé. Vous m'avez envoyé les enregistrements audio de ce concours. Alors si j'ai... Bien compris. En tout cas, j'ai écouté trois enregistrements. Il y avait le thème de l'amour, aimé en tout cas, le thème du bégaiement et le thème de l'amnésie. Comment vous avez fait ce choix des thèmes ? Est-ce que c'était imposé ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Alors, le premier thème, il était choisi. Je posais la question, faut-il cacher ou ne pas cacher son bégaiement ? Et je répondais par non, il ne faut pas cacher. Parce que toute ma stratégie a été... jusqu'à 52 ans presque de cacher mon bégaiement et ce qui s'est passé au concours peut-être que si je n'avais pas caché peut-être que si j'avais dit je je suis bègue peut-être que ça m'aurait aidé en fait mais je voulais pas le dire pour ne pas passer pour celui qui essaie d'influencer et aussi parce que c'était très aléatoire et en me rapprochant justement en faisant ce concours j'ai rencontré des orthophonistes et je me suis Je me suis renseigné et tous les professionnels disent que le bégaiement fond au soleil, qu'il faut le dire. Voilà, moi, c'est ce que je n'ai pas fait. Du coup, en même temps, ça, je ne l'avais jamais fait et ça m'aurait bien été utile, je fais à mon âge une demande de reconnaissance à la MDPH, où ce soit écrit noir sur blanc, en fait. Du coup... C'est pour ça que j'avais choisi ce sujet, parce que c'était une révélation pour moi. Donc,

  • Speaker #1

    je n'ai pas compris. Le thème du bégaiement caché ou pas caché, ça, c'était imposé ?

  • Speaker #0

    Non, c'est moi qui l'ai choisi.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    Pour toutes ces raisons-là.

  • Speaker #1

    Et les deux autres thèmes ?

  • Speaker #0

    Les deux autres thèmes, ils ont été imposés. Et on était en binôme. Il y a celui qui est contre et celui qui est pour sur chaque thème. Donc, on nous impose le thème et on nous impose aussi la position.

  • Speaker #1

    Et il y a combien de temps pour préparer le texte ?

  • Speaker #0

    Il y avait maximum 15 jours.

  • Speaker #1

    Et vous travaillez en binôme sur ça ? Non, c'est individuel après.

  • Speaker #0

    C'est individuel ou avec des coachs et les orthophonistes pour l'oralité. Moi, pour l'écriture, c'était individuel, c'est sûr. Et ensuite, il y avait des masterclass. Parce que ça a commencé aux aventures du 13 octobre jusqu'à la finale du 7 décembre. Et donc, oui, oui, entre chaque concours, chaque demi-finale, quart de finale, on avait 15 jours et on se voyait environ 3 à 4 fois.

  • Speaker #1

    Et c'était devant un jury, devant un public ?

  • Speaker #0

    Le concours, c'est une demi-journée. Et ça se passait d'abord à l'université Paul-Saint-Baptier pour ce qu'on peut appeler quart de finale et demi-finale. Et il y avait dans l'amphi, il y avait du monde. Bon, ce n'était pas plein, mais une centaine de personnes, sûr.

  • Speaker #1

    Et qui veut peut y aller. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. Voilà. Et par contre, pour la finale, ça s'est passé une scène universitaire. Donc à Toulouse. Ouais, ouais, ouais. Et là, par contre, il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Je ne sais plus combien, mais on n'était pas loin de 500 personnes, je crois. Si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Bon, et alors, est-ce que vous avez gagné ?

  • Speaker #0

    Alors, de toute façon, j'ai gagné parce qu'en fait, j'ai gagné le prix. Alors, ce n'est pas la finale, mais ce n'est pas le... grand prix, mais j'ai gagné le prix de de la plume et c'est ce que je voulais en fait, moi c'est la meilleure reconnaissance qu'il pouvait me faire et en même temps je me disais qu'au niveau de l'éloquence proprement parlée, je me disais qu'il y en avait d'autres qui en avaient plus besoin pour se revaloriser et reprendre confiance et c'est ça qui était très intéressant, c'est que en fait chacun a obtenu un prix lié à

  • Speaker #1

    À son talent le plus prononcé. Donc la plume, c'est l'écriture.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et même ceux qui n'étaient pas sélectionnés pour la finale ont pu, s'ils étaient volontaires, il y en a deux qui l'ont été, ont pu présenter le même soir leur propre texte.

  • Speaker #1

    Et en étant hors concours.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ils ont présenté... Il y en a un particulièrement qui me touche beaucoup, qui a présenté un texte. Waouh ! C'était la deuxième fois que j'entendais son texte, mais à chaque fois il me faisait pleurer.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que c'est les gens qui participent à ce concours d'éloquence ? Donc c'était un concours d'éloquence dans le cadre d'une association sur le bégaiement. Donc c'était que des personnes qui bégaient ?

  • Speaker #0

    C'est pas opératif ? Non, non, voilà.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé ? Est-ce que ce n'est pas finalement ces personnes qui participent au concours, des personnes qui ont résolu leurs problématiques finalement ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce qu'en fait, parce qu'il y a, voilà, alors moi, et ça c'est peut-être lié au bégaiement, c'est-à-dire que quand j'ai pris contact, j'ai dit, voilà, j'ai 52 ans, je ne bégaie plus trop, est-ce que je peux participer ? J'avais l'impression de ne pas être. À ma place, j'ai même eu l'impression que je trichais, en fait, parce que j'étais le plus âgé et que j'ai une expérience de mon bégaiement qui est propre à moi et que du coup, j'ai une maîtrise, je le maîtrise pas mal. Voilà. Mais c'est très variable et il y a des collègues, des amis, ils le savent, c'est beaucoup plus difficile pour eux. Et ils sont courageux. Ils sont courageux parce qu'il faut beaucoup de courage. Mais c'est beaucoup plus dur pour eux.

  • Speaker #1

    En tout cas, je suis curieuse d'aller voir un concours d'éloquence et d'aller aussi soutenir ces gens qui font preuve d'audace.

  • Speaker #0

    Le prochain concours est en préparation. Ça sera le second sur Toulouse et je vous informerai.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Est-ce qu'il y a un endroit où on peut écouter les enregistrements que vous m'avez envoyés ?

  • Speaker #0

    Alors, déjà moi, mes enregistrements, j'ai pas voulu les revoir parce que je ne supporte pas de me voir et de m'entendre. C'est assez compliqué.

  • Speaker #1

    Je vous rassure, c'est pareil pour tout le monde. Aussi, le podcast, les premiers épisodes, c'est dur de s'écouter. Ça l'est toujours un peu, mais on finit par se lâcher un peu.

  • Speaker #0

    J'ai pas mal progressé. Du coup, c'est des vidéos d'amateurs, donc au niveau des autorisations, je ne sais pas. Moi, personnellement, oui, je peux vous montrer celles qui me concernent, même si souvent, je n'ai pas de chance parce qu'il manque le début. Il y a eu un problème technique, mais c'est des choses qui m'arrivent souvent.

  • Speaker #1

    Sinon, les audios que vous m'avez envoyés, je vous conseille d'en faire un podcast.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est fait chez moi, seul.

  • Speaker #1

    de les mettre en ligne parce que c'est vrai que après l'écoute de ce podcast certaines personnes seront curieuses surtout qu'en effet je ne savais pas que vous avez gagné le prix de la plume mais c'est extrêmement bien écrit et c'est très beau et vous m'avez aussi envoyé un compte qui m'a vraiment beaucoup émue la lune, le soleil, la foule donc franchement je vous conseille de partager ces audios

  • Speaker #0

    Mais ça fait partie de mes projets, en fait. Et donc, je suis venu, c'était pour vous espionner.

  • Speaker #1

    Ben voilà, je peux vous prêter le matériel, il n'y a pas de souci. J'ai une dernière question au sujet du concours d'éloquence. Qu'est-ce que ça vous a fait, finalement, d'être confronté à autant de personnes qui ont la même problématique que vous ?

  • Speaker #0

    Alors, j'avais peur, ça fait référence à la contamination. Moi-même. Et c'est aussi pour ça que je m'y prends si tard. J'avais peur de me retrouver avec des personnes qui béguaient. Comme j'avais peur de retourner dans ma famille, parce que en m'en éloignant, mon bégaiement a diminué aussi. Mais je craignais vraiment ça. Et ce n'est pas du tout ce qui s'est passé, ça a été dans l'autre sens. Et ça m'a permis de me mettre à la place des personnes qui ne béguaient pas, qui se retrouvent face à des personnes qui béguaient. Qu'est-ce qu'on ressent ? Est-ce qu'on est mal à l'aise ? Est-ce qu'on a envie de l'aider ? On le regarde comment ? Avec pitié, avec ceci, cela ? Tout, tout. Et ça, c'est intéressant de le vivre, pour se mettre à la place des autres.

  • Speaker #1

    Et au final, qu'est-ce que cette expérience du concours d'éloquence vous a apporté ?

  • Speaker #0

    Énormément, parce qu'en fait, elle m'a... Déjà en ce qui concerne l'écriture, le message qui passe, c'est « Mais oui, Seb, tu... » Ça fait longtemps. En fait, je n'ai pas écrit du jour au lendemain. J'ai fait du rap, avec beaucoup d'écritures et tout ça. Et donc, j'ai ressenti, et ça c'est très très émouvant, des regards bienveillants vis-à-vis de moi, et de reconnaissance de ce que je faisais, et ça m'a énormément touché. Si bien que quand le concours s'est arrêté, j'ai eu plus d'une semaine de dépression.

  • Speaker #1

    Je comprends, c'est le sentiment de se sentir exactement à sa place et de se rendre compte qu'on a des talents qu'on n'exploite pas assez au quotidien. Et là, pour le coup, le talent était reconnu. On sent qu'on est à l'aise et qu'on a beaucoup de reconnaissance des autres. Et puis d'un coup, on retourne chez soi. Et qu'est-ce qu'on a en fait de tout ça ?

  • Speaker #0

    Ce qui est même plus fort que ça, c'est se sentir aimé, presque. Et du coup, quand je dis se sentir aimé, du coup, ça fait très, très bizarre. Mais c'était comme si une relation amoureuse, c'était comme si je vivais une rupture quand ça a cessé, en fait. Et en même temps, c'était très inspirant quand on veut écrire. Et puis, l'enfant de l'orthophoniste voulait me voir parce qu'elle avait entendu ma voix. Et du coup, ça m'a motivé pour lui écrire ce conte que vous avez lu. sur la lune. Je ne sais même plus le titre. En fait, je me suis rendu compte que je pouvais écrire un compte tous les 15 ou 3 semaines. Du coup, j'étais dans un élan et j'ai un peu continué. J'ai participé à un concours de nouvelles. Ça devait faire 6 pages. Donc j'ai écrit un compte de 6 pages. Et voilà, le fait de me donner des contraintes comme ça, c'est très intéressant aussi.

  • Speaker #1

    On arrive aux questions de la fin. Donc, c'est des questions qui sont toujours les mêmes, mais qui sont, à mon sens, en tout cas, très intéressantes. Est-ce que vous avez un livre, un podcast, un film ou une musique que vous avez envie de nous conseiller ?

  • Speaker #0

    Alors moi, une musique, Prince, Dove's Cry. Voilà, en fait, c'est par rapport à la souffrance de sa mère. Et cette chanson, waouh, elle me bouleverse en fait. Je ne sais pas si vous la connaissez.

  • Speaker #1

    Non, je ne la connais pas,

  • Speaker #0

    mais je l'écouterai. Avec un solo de guitare. Et puis Prince, dans les solos, il était super fort. Super fort. Donc ça, c'est pour la chanson. Mais sinon, j'ai écouté pas mal de Francis Cabrel. C'est un vrai poète. Et au niveau des films, au niveau des films, c'est moins évident. Moi, j'aime beaucoup les vieux films comiques français. Par exemple, avec Bourville, parce que j'ai eu un oncle qui l'imitait formidablement. La voix et tout. Et donc, les vieux films comiques français, je trouve ça génial.

  • Speaker #1

    D'accord, merci. De rien. Est-ce que vous avez... Au revoir. Est-ce que vous avez une citation ou un mantra qui vous motive au quotidien ? Oui.

  • Speaker #0

    La peur de l'objet engendre l'objet de la peur. Ça vient d'un proverbe bouddhiste. Je ne suis pas particulièrement bouddhiste, mais il y a des proverbes qui sont vraiment... Et ça m'a paru tellement vrai.

  • Speaker #1

    Alors, la peur...

  • Speaker #0

    La peur de l'objet engendre l'objet de la peur. Vous avez peur de quelque chose, c'est ce que je disais tout à l'heure. Eh bien, le fait d'avoir peur, ça va faire venir cette chose. En tout cas, ça prépare le terrain pour que malheureusement, elle advienne.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Moi je connaissais la peur n'évite pas le danger.

  • Speaker #0

    Oui, mais je dirais même pire. Elle attire ? Oui,

  • Speaker #1

    c'est cette croyante-là.

  • Speaker #0

    et parce que je l'ai Et éprouver souvent. Et du coup, dans des situations un peu tendues, j'essaie de faire le vide.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un sujet dont on n'a pas parlé et que vous aimeriez aborder ?

  • Speaker #0

    On a parlé du... Enfin, moi, ça ne me dérange pas, mais bon. On a parlé, c'est un sujet très fort dans ma vie, pour bien comprendre, je pense, du traumatisme qui a fait ressortir mon... Bégaiement. Et j'ai su plus tard que dans ma famille, j'avais des personnes qui bégayaient. Donc, l'oncle de... Non, enfin, un arrière-grand-père qui bégayaient. J'ai deux cousins que je ne connais pas trop qui... Non, j'ai un cousin qui bégait aussi. Donc, en fait, c'est... En effet, il y a une...

  • Speaker #1

    Il y a une part génétique.

  • Speaker #0

    Il y a une part génétique. Mais moi, le traumatisme, c'était en fait, ma mère a... tenté de se suicider à plusieurs reprises et ça s'est passé donc je les ai vu inanimés dans les toilettes dans la salle de bain et c'est là que ça s'est déclenché et j'ai développé en même temps des tiques pour la protéger alors des tiques je levais le cou comme ça je faisais des grimaces le soir avant de m'endormir comme elle travaillait aussi de nuit j'essayais de C'était vraiment un rituel de refaire tout le trajet jusqu'à son travail, alors que je ne le connaissais pas en fait, c'était loin, et de me tourner vers elle pour la protéger. En fait, il fallait que je protège ma mère, et c'était trop lourd en fait, c'était trop lourd pour moi. Et ça, ça a beaucoup joué, et mon bégaiement, voilà, moi je...

  • Speaker #1

    Vous l'avez compris quand ça, que le bégaiement était dû, certes. très certainement à ce traumatisme-là ?

  • Speaker #0

    Assez rapidement, au lycée, ça c'est sûr, quand j'ai commencé à écrire des textes de rap, parce que j'ai abordé le sujet aussi. Et c'est là que j'en ai pris conscience. Et alors, ce que je tiens à dire, et pour moi c'est très très important, c'est incroyable la force des enfants face au désastre ou à l'adversité. Et les enfants ont des ressources incroyables. Mais un jour ou l'autre, il le paie. C'est comme un verre d'eau qu'on remplit trop. Et ça, je m'en suis rendu compte. D'où, il y a forcément des séquelles. L'impulsivité, la colère ou d'autres choses. Et voilà. Donc, les enfants, il faut s'en occuper vite. Tôt, quoi.

  • Speaker #1

    Merci pour ce partage. De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je suis fier... de ce que je fais en ce moment, c'est-à-dire que j'ai réussi, en suivant le principe de j'ouvre une porte aussi petite soit-elle, ça en ouvre d'autres, et bien ça s'est concrétisé il y a peu de temps, parce que j'ai été au chômage. J'ai ouvert une porte de 2h30 à 3h par semaine chez les compagnons du devoir, pour enseigner la culture générale, et puis récemment... on m'a proposé en même temps les cours de français les cours d'histoire géo et d'enseignement moral et civique pour les CAP pour les...

  • Speaker #1

    t'as besoin de ce fichu concours là ?

  • Speaker #0

    non et je n'en veux plus je suis en colère en fait ils peuvent s'en mordre les doigts parce qu'en plus on n'est pas régulièrement en pénurie de... donc ça c'est une politique donc ça et la même semaine parce que j'ai un autre emploi où je fais de l'étude scolaire dans une école primaire. La même semaine, on me propose une journée supplémentaire et je réussis à faire mon propre emploi du temps. C'est moi qui le fais. Et maintenant, l'objectif, c'est de garder suffisamment de temps pour développer l'écriture et l'oralité. Le compte, ça m'intéresse beaucoup, mais aussi pour le dire. Et je cherche du côté du coaching parce qu'en fait, l'année prochaine, j'ai envie de coacher les... Ceux qui vont concourir. Mais aussi le coaching pédagogique. Il faut que je fouille de ce côté-là et de la prise de parole. Donc en fait, j'ai plein de projets.

  • Speaker #1

    Mais c'est beau parce que c'est exactement ce que moi je me répète. C'est que quand il y a des portes qui se ferment et qu'on a des illusions, des grosses déceptions. Avec le recul, on se rend compte que c'était tout simplement pour qu'on prenne des chemins qui nous correspondent 100 fois plus. Et je trouve que la vie, c'est ça, d'essayer d'être de plus en plus aligné avec soi-même. Bon, après, ce qui est dur, c'est qu'on change aussi. Peut-être que dans 5 ans, vous aurez totalement d'autres envies. Donc, c'est en perpétuel recommencement. Mais bon, je pense que l'écriture, ça vous suit depuis le début. Et cette envie de vous exprimer aussi.

  • Speaker #0

    J'ai craint d'une dimension artistique pour être en équilibre.

  • Speaker #1

    Et ça apparaît, avec le recul, ça apparaît évident que c'est votre voix. Qu'est-ce que vous avez envie que l'on retienne de votre témoignage ?

  • Speaker #0

    Alors, moi j'ai toujours pas compris comment j'ai fait pour en arriver à beaucoup moins bégayer. Parce qu'en fait j'ai... pratiquement pas vu d'orthophoniste un petit peu au collège et à l'université quand je souffrais pas mal mais vraiment peu au total j'ai moins de dix séances à mon actif et je ça m'intrigue en fait c'est vraiment très intrigant je ne comprends pas comment j'ai fait donc voilà donc il y a de l'espoir il y a de l'espoir alors bien sûr mon cas ça reste mon cas personnel Il ne faut pas baisser les bras. C'est assez basique ce que je veux dire.

  • Speaker #1

    Peut-être qu'aussi, tout au long de votre parcours, vous êtes de plus en plus affranchis du regard des autres. Parce que j'ai l'impression que le bégayement, c'est quand même très lié à la peur de l'image qu'on renvoie, de la peur d'être moqué. Donc moi, je me dis... à partir du moment où on n'a plus peur d'être ridicule où on n'a plus peur d'être moqué et qu'on s'en fiche du regard des autres,

  • Speaker #0

    ça doit libérer un petit peu Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous et dans le cadre de la finale on avait diffusé des phrases de collégiens qui béguaient et il y en avait une qui disait un truc du genre le bégayement ça permet de trier les cons ça permet de faire le ménage en fait voilà Voilà, je trouve ça super.

  • Speaker #1

    Ce serait un bon mot de la fin, mais il reste une dernière question. Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter pour l'avenir ?

  • Speaker #0

    De l'épanouissement, de perdre un petit peu de poids, parce que là, en trois semaines, j'ai pris du poids.

  • Speaker #1

    En trois semaines ?

  • Speaker #0

    Oui, je vais très vite. Donc, l'épanouissement et surtout, que je réussisse. à partager des émotions par l'écriture. Et justement, mais je vais très vite, j'ai un projet, c'est avec les personnes qui ont participé au concours, c'est d'avoir des entretiens très approfondis pour essayer de mettre en spectacle des tranches de vie avec le bégaiement, pour essayer de transmettre ce que l'on ressent lorsqu'on est bègue. Et ça, c'est un projet qui me porte à cœur. Et c'est de mener, on peut me souhaiter de mener à terme ce projet-là, ça sera déjà bien.

  • Speaker #1

    Et tous les autres projets aussi. C'est ça. C'est pas mal. Merci beaucoup Sébastien pour ce temps d'échange. J'étais ravie et puis c'est tout ce que je vous souhaite.

  • Speaker #0

    Merci bien.

  • Speaker #1

    A bientôt. Et voilà, cet épisode est terminé. Merci à Sébastien pour sa confiance et merci à tous pour votre écoute et votre fidélité depuis toutes ces années. N'hésitez pas à aller faire un tour dans les notes de l'épisode si vous souhaitez avoir plus d'informations sur le concours d'éloquence. Vous pouvez suivre mes aventures sur le compte Instagram Pépin Podcast et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes prenez soin de vous et tout ça c'était pour dire quoi ?

  • Speaker #0

    à bête me le demande c'était difficile en fait c'était nul c'était c'était un peu grand c'est horrible c'est horrible comme je vous ai dit ou je t'ai dit, ça dépend

  • Speaker #1

    oui on oscille comme je vous étudie ok et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes prenez soin de vous et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes à bientôt

Description

🍋 Rejoignez la communauté et donnez vos impressions sur le compte Instagram @pépinpodcast. 🍋


Je suis très heureuse de vous retrouver après plusieurs mois d’absence pour un nouvel épisode !

Et oui, c’est décidé en 2025, je fais moins mais mieux !

J’espère que vous serez aussi curieux que moi de découvrir le parcours de Sebastien, bègue depuis l’enfance, il n’arrivait pas à demander une baguette de pain dans une boulangerie à cause de son bégaiement et aujourd’hui il s’est prêté au jeu du podcast pour répondre à toutes mes questions ! Alors vous vous demandez peut être ce qui s’est passé entre temps et bien vous allez le découvrir dans cet épisode où nous avons discuté des causes du bégaiement, de son fonctionnement, des astuces pour essayer de compenser et de sa participation à un concours d’éloquence !

Mais je n’en dis pas plus, je vous laisse découvrir ma conversation avec Sebastien Gonzalez !


Les notes de l'épisode :


Pour suivre les informations sur les concours d'éloquence : https://eqdifference.org

Pour être bénévole au concours d'éloquence : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScLDcy7LP7AhU6ND4eYurlQU-Es54iOsoZea-1e1wCMui1yng/viewform



Si vous souhaitez donner votre avis, poser une question ou me suggérer un invité vous pouvez me contacter sur le compte Instagram pepinpodcast : https://www.instagram.com/pepinpodcast/ ou par mail à pepinpodcast@gmail.com


Musique originale composée par Not The King-Ice Tea : https://soundcloud.com/coreygagne




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue à tous, je suis ravie de vous accueillir sur ce podcast qui a pour mission de mettre en avant des héros ordinaires. Les personnes que vous allez entendre ont décidé de se battre chaque instant dans un quotidien bouleversé par une maladie, un accident, un handicap ou une épreuve qui a chamboulé leur vie. Je m'appelle Pauline, je suis sensible depuis toujours aux histoires et parcours de vie atypiques et j'ai décidé qu'il était temps de mettre à profit mon accent chantant pour faire ce que j'aime le plus au monde. partagez et échangez avec des personnes remarquables et inspirantes. J'espère que ces témoignages vous aideront à mieux vivre vos petits et grands pépins. Je suis très heureuse de vous retrouver après plusieurs mois d'absence pour un nouvel épisode. Et oui, c'est décidé, en 2025 je fais moins mais mieux. J'espère que vous serez aussi curieux que moi de découvrir le parcours de Sébastien. Bègue depuis l'enfance, il n'arrivait pas à demander une baguette de pain dans une boulangerie à cause de son bégaiement. Et aujourd'hui, il s'est prêté au jeu du podcast pour répondre à toutes mes questions. Alors vous vous demandez peut-être ce qui s'est passé entre-temps, et bien vous allez le découvrir dans cet épisode, où nous avons discuté des causes du bégaiement, de son fonctionnement, des astuces pour essayer de compenser, et de sa participation à un concours d'éloquence. Mais je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir ma conversation avec Sébastien Gonzalès. Bonjour Sébastien, merci d'avoir accepté mon invitation sur le podcast, et bienvenue ! Vous êtes ici pour témoigner de votre parcours. En effet, vous êtes un ancien bègue. Est-ce que c'est juste déjà le terme ancien ? Est-ce que l'on peut guérir totalement du bégayement ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, il y a ancien et le mot guérir qui me tiltent. Ancien, je le dis pour me rassurer, mais tout en sachant qu'on ne guérit pas entre guillemets du bégayement, mais on apprend à le gérer, à le maîtriser et à vivre avec. voire à l'accepter. Guérir, personnellement, je ne veux pas le considérer comme une maladie, mais comme un trait particulier de mon identité, parce qu'il est complètement intégré à ma personnalité. Donc si c'est une maladie, ça veut dire que je suis moi-même malade.

  • Speaker #0

    J'ai fait exprès d'employer ces deux mots, ancien et guérir, parce que justement, je me demandais si le bégaiement était considéré comme une maladie ou pas.

  • Speaker #1

    Oui, sinon c'est considéré comme un handicap.

  • Speaker #0

    D'accord, bon, avant de poursuivre, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Sébastien González, j'ai 52 ans. Je suis formateur au compagnon du devoir. Je m'occupe aussi d'études scolaires dans une école primaire. Je suis marié, j'ai une enfant de 15 ans.

  • Speaker #0

    Des passions ?

  • Speaker #1

    Des passions, alors des passions, la musique, l'écriture. la musique c'est en la composant sur ordinateur. L'écriture comme passion. Après, ça m'arrive d'avoir des passions qui sont temporaires, et puis changées aussi.

  • Speaker #0

    J'ai le même problème. Enfin, je ne sais pas si c'est un problème.

  • Speaker #1

    Donc en fait, je peux être passionné assez rapidement, comme par exemple je suis très intéressé par me questionner sur l'apprentissage et la formation en règle générale. C'est déjà bien. Oui, c'est déjà pas mal, oui. Mais parmi ceux qui me passionnent le plus, c'est quand même la composition musicale et l'écriture.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors afin d'encore mieux vous connaître, j'ai préparé quelques questions brise-glace. Est-ce que vous pouvez me donner un chiffre entre 1 et 5 ?

  • Speaker #1

    4.

  • Speaker #0

    4 ? Alors la question 4, c'est quel est l'endroit où vous vous sentez le mieux ?

  • Speaker #1

    Dans un environnement boisé, dans les bois comme les loups en fait. C'est vraiment très spécifique, avec pas mal de feuilles par terre et il y a une espèce d'ambiance sonore. Et voir s'il a plu un petit peu. C'est encore pas mal. C'est un endroit que... Ce type d'endroit, ça me repose beaucoup.

  • Speaker #0

    D'accord, merci. Alors, on va un petit peu, au cours de cette discussion, retracer votre parcours, notamment avec le bégaiement, mais pas que. Est-ce que déjà, vous connaissez... J'ai fait des petites recherches, donc, avant de préparer... Pour préparer cette conversation. Est-ce que vous connaissez l'étymologie du mot « bègue » ? C'est pas une question piège, hein ?

  • Speaker #1

    Non, mais par contre, par rapport aux autres langues, comme par exemple en occitan, on dit kekejairé ou kekejomen, ou d'autres mots similaires.

  • Speaker #0

    Et ça veut dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est bégayer ou bégayement. Et c'est une répétition keke. Donc il y a déjà une répétition. Bébé, bébègue, enfin bégayement, non. Je ne connais pas l'étymologie,

  • Speaker #0

    non. Vous pourrez vérifier mes sources, mais en tapant... Sur un moteur de recherche très connu, le mot « bègue » , ils disent que cela vient de l'ancien français « bégé » , qui vient lui-même du mot « bégaine » , que je dois très mal prononcer, qui est du néerlandais, et qui veut dire « bavarder » . Donc j'ai trouvé ça quand même assez intéressant. Et du coup, je vous propose qu'on bavarde ensemble. Est-ce que vous pouvez nous raconter dans quelles circonstances est apparu votre bégaiement ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais le raconter tel que moi, je l'ai réalisé. C'est-à-dire qu'il faut vraiment faire la différence entre moi et mon entourage. Donc moi, j'ai réalisé que je bégayais, je pense que c'est surtout à l'entrée en sixième, alors que j'ai commencé avant. Parce qu'à l'entrée en sixième, l'image que j'ai, c'est qu'avant la sixième, Je marchais souvent en me prenant les poteaux, c'est-à-dire que je marchais souvent en regardant par terre, j'étais dans mon monde. Et en sixième, je me suis réveillé, je me suis pris un peu toute la violence d'un grand collège et on me faisait remarquer que je bégayais, donc j'étais très mal en fait. Et c'est là que j'ai réalisé que le bégayement était un problème. Par contre, c'est vrai que le réaliser, c'était peut-être au CM1 ou au CM2, enfin c'était vers 9-10 ans, quand dans mon entourage, on me disait de réfléchir avant de parler, de me calmer, voilà.

  • Speaker #0

    Donc, il fait un primaire début collège ?

  • Speaker #1

    Vers 9-10 ans, 11 ans, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'on connaît le fonctionnement du bégaiement ?

  • Speaker #1

    Alors, on a fait beaucoup de progrès. Moi, je ne suis pas assez expert, mais j'aimerais bien le devenir. Et ça m'arrive de lire des articles scientifiques à ce propos. En tout cas, il y a eu beaucoup de progrès qui ont été faits. Alors, sur le fonctionnement, certainement, mais sur les causes, c'est un peu moins évident. Oui, mais maintenant, on est capable de distinguer plusieurs types de bégaiements. On parle aussi de bredouillement. Et on dit aussi que chacun a son bégaiement propre. Voilà, mais je ne suis pas assez expert pour ça, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a déjà des recherches qui ont été faites ?

  • Speaker #1

    Alors moi, les derniers éléments que j'avais lus, et c'est peut-être un éclairage. C'est qu'on a créé un outil, une sorte de casque, qui permet à la personne bègue de s'entendre parler avec un décalage très très fin. Et ça permettrait de réduire le bégayement et voir le corps s'y habituer et pourrait finir par se passer de... de la technique. Donc il y aurait déjà un lien entre le fait de s'écouter, je ne sais pas trop, mais enfin, non. Enfin, non, je ne sais pas dire, d'autant plus qu'il y a différents types de bégaiements et je ne suis vraiment pas assez expert pour ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous savez si c'est génétique ?

  • Speaker #1

    Alors... Et maintenant les orthophonistes qui sont spécialisés sur le bégaiement disent que c'est génétique. Alors il y a des bégaiements qui sont liés à des traumatismes, mais c'est une minorité. D'accord. C'est une minorité. Maintenant ça ne veut pas dire que... Et c'est là qu'il y a... Ça ne veut pas dire que... Donc en fait le bégaiement c'est... Un peu comme le génotype et le phénotype, c'est-à-dire qu'ils ont... On peut être bègue par transmission génétique sans le savoir, sans que ça se manifeste. Et puis, il peut y avoir des situations, des événements, dont des traumatismes, qui vont faire que ça va se manifester.

  • Speaker #0

    D'accord. Et je me posais la question, est-ce que le bégayement, c'est vraiment complètement aléatoire ou il y a des mots systématiquement compliqués à prononcer ou des situations qui le provoquent de façon pareille systématique ? Ou ça tombe un petit peu comme ça, au hasard ?

  • Speaker #1

    C'est difficile, je pense, de faire une généralité. C'est pour ça qu'on dit vraiment qu'il y a plusieurs bégaiements, que chacun a son propre bégaiement. En ce qui me concerne, le plus dur pour moi, c'était de se présenter, de dire son nom et son prénom. Et souvent, une interaction commence par ça. Donc ça commence mal. Le stress c'est un facteur aggravant, ça c'est sûr, c'est un cercle vicieux. La peur de bégayer, souvent ça engendre plus de risques de bégayer. Ça c'est un phénomène qui est propre à plein de choses, quand on craint quelque chose, on prend plus le risque de le provoquer en fait. Alors en ce qui me concerne, je sais que la fatigue pour moi c'est le plus gros facteur, lorsque je suis fatigué. J'ai beaucoup plus de difficultés. Et puis, surtout, le fait de refuser son bégayement et d'être trop exigeant envers soi-même en se disant, par exemple, je vais me lever, je ne vais pas bégayer de toute la journée. De se lancer des défis comme ça qui sont trop hauts, ça conduit à notre perte un peu.

  • Speaker #0

    Mais quand vous bégayez, vous vous en rendez compte systématiquement ?

  • Speaker #1

    Alors moi... Je m'entends bégayer quand d'autres ne se rendent pas compte. Surtout qu'on en parlera, mais que mon bégayement est devenu léger quand même. Mais bon, c'est très aléatoire. Mais en tout cas, il est devenu léger par rapport à ce que c'était quand j'étais plus jeune. Ou il n'y a pas si longtemps que ça encore, même si je ne suis pas tout jeune. Il y a eu une évolution. Je m'en rends compte quand même. Oui,

  • Speaker #0

    Parce que vous êtes à l'affût de un peu du bégaiement, quoi.

  • Speaker #1

    En fait, je me rends compte, sauf si je parle tout seul. Mais en règle générale, quand je parle tout seul, enfin, quoi que, ça, c'est compliqué. En fait, je me rends compte parce que si on part, on est dans des interactions sociales. Donc peut-être que je ne me rends pas compte quand je suis en famille, en petite famille. Mais quand je suis avec des étrangers, entre guillemets. ou à l'extérieur, il y a une forme de vigilance. Il y a une forme de préparation, parce qu'en fait, je dois maîtriser pas mal de facteurs. Et si je me relâche complètement, c'est comme conduire mon vélo sans main peut-être. C'est un peu plus risqué. Ah oui,

  • Speaker #0

    donc vous êtes tout le temps dans le contrôle.

  • Speaker #1

    Quelque part, plus ou moins, oui. alors c'est On peut dire contrôle ou aussi lâcher prise. C'est une forme de... Je dirais plus... Je suis dans des stratégies. Comme lâcher prise, essayer de parler plus doucement, faire un petit peu d'humour. C'est une lutte interne. Enfin, lutte, oui. Je me repositionne tout le temps. Mais c'est ce que tout le monde fait lorsqu'on est en...

  • Speaker #0

    En société, on fait un peu attention à ce qu'on dit, on réfléchit quand même beaucoup avant de parler.

  • Speaker #1

    Oui, ça on me l'a souvent dit, réfléchir avant de parler.

  • Speaker #0

    Oui, ça vous a un petit peu marqué, ça c'est la phrase.

  • Speaker #1

    C'était comme si j'étais un bête, en fait. Mais bon, ça c'est de la maladresse parce qu'à cette époque-là, on en connaissait beaucoup moins sur le bégaiement.

  • Speaker #0

    Et il y a des préjugés, j'imagine, sur le bégayement. Et là, j'en ai un qui me vient en tête. Est-ce que quand une personne est bègue, elle réfléchit plus doucement ?

  • Speaker #1

    Non, je ne pense pas. Moi, je réfléchis vite. Et non, non, non, ça n'a rien à voir. Rien. C'est pas un... A priori, c'est pas un problème neurologique. Donc, non, non. Moi, je n'ai rien à voir.

  • Speaker #0

    Est-ce que toutes les personnes bègues sont très sensibles ?

  • Speaker #1

    Alors... Moi je pense en tout cas que le bégaiement développe une sensibilité parce qu'on passe par des phases où notre moi est confronté à... au regard des autres. On est en... Là c'est vraiment une bataille entre ce que je suis et ce que je donne à apparaître. Et ça, c'est vraiment fort cette dimension-là. Du coup, ça voilà. Et puis on peut avoir des problèmes à se concentrer. Et là, c'est exactement ce qui se passe parce que j'ai déjà oublié votre question. et il n'est... Parce qu'en fait, quand on est focalisé sur ce qu'on dit, sur la forme, on peut se détacher du fond. Et ça m'arrive parfois, lorsque je lis devant d'autres personnes, je peux me rendre compte que je n'ai rien compris. Parce que j'étais concentré sur la forme. Pour bien lire, pour que ce soit fluide. Donc, je ne me souviens plus de votre question. D'accord,

  • Speaker #0

    mais pas de souci. Mais aussi, je les enchaîne, les questions. C'est mon rôle.

  • Speaker #1

    Mais je ne sais plus à quelles questions j'étais en train de répondre.

  • Speaker #0

    Et l'avantage d'un podcast, c'est qu'on peut faire des pauses à tout moment. Donc, s'il y a besoin de souffler, de reprendre ses esprits, on peut le faire.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est bien que ça se fasse d'une traite. Parce que pour comprendre le bégaiement, je trouve ça pas mal.

  • Speaker #0

    Ok. Bon, on continue du coup ? Oui. Alors la question suivante c'est justement vous parliez de l'image qu'on a de soi et l'image qu'on renvoie aux autres, qui est un petit peu une bataille, on aimerait peut-être, j'essaie de me mettre à la place de quelqu'un qui est bègue, mais on veut paraître sûr de soi, exprimer ses idées librement, et hop le bégayement vient nous mettre des bâtons dans les roues et on se sent du coup un peu plus vulnérable j'imagine, enfin je sais pas si c'est le terme.

  • Speaker #1

    On se sent un peu bafoué, on se sent un peu trahi par... C'est comme une trahison, on ne réussit pas à faire passer ce qu'on est.

  • Speaker #0

    Oui, franchement, je m'identifie, je me mets à la place de quand je parle en anglais. J'ai voyagé un petit peu, et il se trouve qu'avec ma langue maternelle, le français, j'aime bien faire de l'humour, je suis assez bavarde. Et en anglais... je suis pas bavarde, je suis pas drôle, je suis complètement inintéressante et je suis toujours un peu frustrée.

  • Speaker #1

    Voilà, et bien moi je trouve que ça c'est une très bonne remarque, parce que quelque part, bégayer c'est une autre langue. C'est comme si on parlait une autre langue. Et donc je pense qu'il y a des points communs. Et d'ailleurs, dans les pires moments, je voulais me couper la langue. pour être muet ou je pense que si je me suis intéressé à l'apprentissage d'autres langues, c'était aussi dans l'espoir de me donner une seconde chance. Et moi, oui, je pense qu'il y a vraiment une proximité et ça m'intéresserait de connaître le rapport des personnes qui bégaient. Je n'ai pas dit des bègues, mais des personnes qui bégaient avec l'apprentissage des langues, en fait.

  • Speaker #0

    Et dans votre cas ? qu'est-ce que ça donne en anglais ou dans une autre langue ?

  • Speaker #1

    Alors pour l'instant c'est que je parle anglais qu'avec Duolingo

  • Speaker #0

    Et ça se passe bien ?

  • Speaker #1

    Oui oui ou bien une fois par semaine avec le café pédagogique qui est organisé par l'université en distanciel non non, soit je donne des cours de français soit j'apprends l'anglais avec des étudiants d'autres pays donc il m'est arrivé de préciser que je bégayais pour être être plus tranquille, pour être plus détendu et qu'on ne regarde pas bizarrement. Mais ça se passe plutôt bien. Par contre, il y a d'autres langues qui sont plus dures. Moi, quand j'étais jeune, mon beau-père qui était marocain nous emmenait au Maroc. Donc, je suis allé environ quatre fois. Et on me demandait de dire certains mots. Je les connaissais, mais je les disais en bégayant. J'avais du mal à les sortir. Et donc, on devait se dire, mais il... pensé que je ne savais pas le dire en fait. Et ça, c'était vraiment frustrant.

  • Speaker #0

    Et en Occitan, qu'est-ce que ça donne ?

  • Speaker #1

    Alors l'Occitan, c'était un défi pour moi. Un gros, gros défi pour expliquer brièvement, c'est qu'en fait, en troisième, au moment de choisir son orientation, je voulais être interprète, traducteur pour voyager, pour découvrir le monde. Et ça s'est fait vraiment, j'y ai pensé moi-même, j'en ai parlé apparemment à aucun adulte. qui... Non. J'ai décidé moi-même de laisser tomber, parce que je me suis dit, si je mets 3 heures pour faire une traduction... Bon, c'est les fameuses... Ça fait penser aux blagues classiques lorsqu'on bégait, il y a quelqu'un qui traverse la rue, il y a une voiture qui arrive, on veut dire attention, attention, et c'est déjà trop tard. Bon, bref. Bon, mais voilà. Pour la traduction, c'était mal barré. Du coup, j'ai laissé tomber. Et puis, plus de dix ans plus tard, je me suis lancé le défi d'apprendre l'occitan. Mais en six mois, tous les jours, dans une formation spécifique où l'oral était super présent. Et j'y suis parvenu. C'était un défi et une revanche.

  • Speaker #0

    Mais le bégaiement est toujours présent ? Oui. Ok. Avec une autre langue. Oui. Et il y a des langues où c'est plus dur.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    D'accord. Pour résumer.

  • Speaker #1

    Ce qui me semble, moi, en marocain, ça me paraît plus dur. Je crois que c'est lié à la chanson, un peu, à l'approche d'audit.

  • Speaker #0

    À la sonorité des mots. Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, les phrases qu'on vous a dites. petit enfant réfléchit avant de parler j'aimerais savoir comment ça s'est passé le regard des autres à ce moment là donc l'enfance et peut-être le début de l'âge adulte et le rapport avec votre entourage oui alors

  • Speaker #1

    donc au sein de la famille entre frères et soeurs on n'était pas tendre mon frère il me disait alors il le il le disait comme ça t'étais télégraphe. Donc non seulement il disait télégraphe, mais en plus il le disait en bégayant. Mais j'ai compris qu'il le faisait, mais lui, il le faisait parce qu'il pensait qu'en banalisant et en plaisantant, ça me rendrait service. Ce qui n'est pas complètement bête. Ou alors parce qu'il était agacé pour moi, en fait. Ça lui faisait mal de voir son petit frère qui avait du mal comme ça. Mais bon, nous, vis-à-vis de lui, on n'était pas tendres. C'était tuer une aînée dans une poubelle avec ma sœur, serpent à lunettes parce qu'elle avait des problèmes aux yeux. Enfin, voilà. Et puis, les adultes, mais je n'avais pas précisé, c'était ma mère qui disait réfléchir avant de parler. Donc, moi, j'ai grandi avec ma mère et j'ai eu plusieurs beaux-pères qui étaient plutôt de passage. Donc, eux, ils ne disaient pas grand-chose. Mais concernant mon père, mes parents sont divorcés quand j'avais 5 ans. Ils ne connaissaient pas. mes problèmes vis-à-vis du bégaiement. Du coup, ça a créé une situation qui m'a vachement blessé. C'est-à-dire que je le voyais tous les week-ends ou tous les 15 jours. Et il y a un week-end où je ne pouvais pas venir. Donc, j'ai laissé un message sur le répondeur téléphonique. Il faut savoir que le téléphone, pour un bègue, c'est ce qu'il y a de pire. Donc, c'est ce qu'il y a de pire parce qu'on est désarmé. On n'a que la voix. Il n'y a plus... plus le reste est dans la communication, la métacommunication, les gestes et tout, c'est hyper important. Et donc j'ai laissé un message et il m'a rappelé, avec son air agacé et très très dur, « Mais qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne sais pas laisser un message sur Répondeur, tu ne sais pas parler. » Et ça m'a vachement blessé, et du coup j'ai fait comme mes frères et sœurs, j'étais le moindre. parce que moi je suis le plus petit, j'ai cessé de le voir en fait. J'ai tellement été blessé de un, que mon père ne sache pas, ne connaisse pas mes difficultés. De deux, qu'il le traite comme ça, non en fait, j'étais vraiment vexé en fait. Donc voilà, mais en même temps nos relations étaient des relations plutôt froides.

  • Speaker #0

    Et du coup je me demande à quel moment Votre béguement... Ah ben c'est juif !

  • Speaker #1

    On vous l'a pas dit !

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on... Non mais ça m'arrive, c'est vrai, régulièrement...

  • Speaker #1

    Alors c'est peut-être du bafouillement.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, mais bon. On va dédramatiser, on se reprend. Donc ma question c'était quand est-ce que... Est-ce qu'à un moment donné vous avez été pris en charge pour le béguement ? Est-ce que à l'école il y a un diagnostic ? Même si c'est pas une maladie qui a été posée ? Est-ce que vous... Vous avez pris des cours d'orthophonie ? Où est-ce qu'on vous a laissé vous débrouiller comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors, il faut savoir, là, on se situe dans les années 80.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Deuxième moitié des années 80 et voire 90. Donc, à cette époque-là, il faut savoir que celui qui bégue, qui bégait, c'est aussi celui qui se tait. Donc, pour beaucoup, j'étais un élève silencieux. ou quand je prenais la parole c'est que j'étais sûr de moi et c'était peut-être d'une manière Comme des flashs, comme en espagnol, pour donner quelques réponses flashs, sans trop prendre mon temps, sans m'étendre, du coup ils ne s'en rendaient pas compte. Donc il n'y a aucun adulte, même ma mère, mes frères et sœurs, qui m'avaient inscrit chez un orthophoniste. C'est de moi-même, et là je ne sais pas, c'est de moi-même, je suis allé voir un orthophoniste de moi-même au collège, mais... Je ne sais plus trop, mais il a bien fallu qu'à un moment donné, ma mère paie. Donc, elle l'a forcément su. Mais c'est moi qui ai fait la démarche. Eh oui, c'est moi qui ai fait la démarche parce que j'en souffrais trop. Alors, je ne l'ai peut-être pas vu longtemps, mais c'était ma première rencontre avec une orthophoniste. Et ça avait commencé comme ça. Sinon, à l'école, je réussissais quand même à être, je me souviens, en sixième, toujours dans les deux premiers en anglais. Ce qui est assez surprenant. Et j'ai revu mes bulletins, là. Et aucune mention... Enfin, on ne dit pas que j'étais quelqu'un de silencieux, rien. Mais ça ne se voit pas sur mes bulletins, en fait. Alors que moi, je l'ai vécu très mal, en fait. Mais sur mes bulletins, c'est invisible. Si on voulait savoir... En faisant une recherche historique à partir de ces documents-là, on ne verrait rien.

  • Speaker #0

    Mais pourtant, il y a des circonstances. Moi, je me souviens de l'angoisse pour réciter les poésies, l'angoisse pour chanter en musique. Il y avait aussi des exercices à l'oral en anglais, en espagnol. Il y a quand même des lieux où on n'a pas le choix.

  • Speaker #1

    Oui, alors... En anglais, c'était un vrai plaisir pour moi. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que la prof, elle me plaisait bien. Elle était sympathique. Il y avait une bonne ambiance. J'étais toujours en concurrence avec un autre camarade. C'était lui le premier ou bien moi. Et à cette époque-là, l'apprentissage des langues était encore beaucoup axé sur l'écrit. Et ça, ça a beaucoup changé quand même. Donc, c'est peut-être pour ça que je m'en sentais pas mal. Ensuite, les situations. Tout ce qui est chant, ça ne pose pas de problème pour un bague. Parce que le bague ne baguait pas en chantant. Ça fait partie des stratégies. Parce que si, par exemple, j'ai des blocages, je peux faire un petit peu comme ça. Ça peut faire bizarre, mais bon, ça aide. Du coup, et puis oui, les situations. Alors, les rentrées des classes. horrible, l'enfer. Je pense que j'ai été traumatisé. Parce qu'il faut se présenter. À chaque cours, il fallait se présenter. Et souvent, on croyait que je m'appelais Bastien. Alors que c'est Sébastien. Mais c'est Bastien. On pensait, c'est plus loin Bastien. Non, c'est Sébastien.

  • Speaker #0

    Ah oui, parce que le prénom ne va pas aider.

  • Speaker #1

    Mais c'était surtout sur mon nom de famille, sur Gonzalès. Et j'ai longtemps cru que, oui, il y a des consonnes en début de mot. qui, pour moi, étaient compliquées. Or, il n'y a pas que ça. Il y a parfois même des voyelles. Enfin, je ne vais pas m'éparpiller. Donc, il y a des situations qui sont difficiles, oui. Et d'ailleurs, je me souviens au collège, en cours de français, j'avais osé, parce qu'il faut quand même dire, quand je regarde cet enfant que j'étais, il était quand même courageux, parce qu'il osait quand même prendre la parole. J'avais osé prendre la parole en français. et un camarade s'était moqué de moi devant tout le monde. J'étais très, très, très vexé. J'ai préparé une gomme dans ma main et à la sortie, j'ai failli le frapper, on nous a séparés. Parce que j'étais vraiment... Je trouvais ça injuste, je trouvais ça horrible.

  • Speaker #0

    Mais à quoi allait servir la gomme ?

  • Speaker #1

    Eh bien, pour...

  • Speaker #0

    L'enfer dessus ? Non,

  • Speaker #1

    la gomme que vous serrez dans le... points, je ne sais pas où vous avez eu ça, mais c'était pour repenser deux points.

  • Speaker #0

    Je ne connaissais pas ce Ausha.

  • Speaker #1

    Donc voilà, je ne sais pas d'où j'ai sorti ça, mais bon, voilà. Il y a des situations qui sont difficiles. La lecture en classe, en effet, c'est compliqué. Moi, je me souviens que j'avais des suées, des mamouettes et tout, et j'attendais mon tour comme si j'allais passer...

  • Speaker #0

    comme si j'allais être pendu. C'était vraiment horrible, avec le cœur qui palpitait. C'était dur.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, vous avez dit que quand on chante, on peut arrêter d'avoir des blocages. Je me demandais les accents. Si là, par exemple, vous imitez l'accent belge ou l'accent québécois...

  • Speaker #0

    Si j'imite l'accent belge une fois ?

  • Speaker #1

    Est-ce que ça aide ou pas ?

  • Speaker #0

    En fait, quand je parlais de la prosodie, tout à l'heure, c'est un petit peu ça. Peut-être qu'un accent un peu plus chantant, ça peut peut-être aider, oui. Mais quelque part...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas naturel.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est-à-dire, c'est comme si quelqu'un... C'est comme si moi qui suis né dans le Nord, je ne vais pas le faire parce que je pense que je suis nul, mais si j'essayais de prendre l'accent marseillais... et que j'en faisais trop, il y a un côté faux en fait. Non, c'est pas top.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des moments, enfin oui forcément, mais est-ce qu'il y a des moments privilégiés où le bégaiement vous laisse tranquille à coup sûr ?

  • Speaker #0

    En chantant, en rappant, parce que j'ai fait du rap jeune, au début du rap en France, donc voilà. Le théâtre, c'est particulier parce que répétition... J'ai vécu, donc j'étais à Roubaix, c'était à M, c'est une ville qui est à côté de Roubaix. J'ai fait du théâtre et vraiment, il y a des profs qui sont super parce qu'il m'a permis, je ne sais pas si je pourrais le faire, parce que je bégayais énormément. On a fait beaucoup de répétitions et ils ont été super patients. Ils m'ont donné beaucoup de textes en plus. Moi, je trouve ça dingue en fait. Et quand j'ai joué deux fois, je pense, j'avais beaucoup de texte et je n'ai pas bégayé une seule fois. C'est-à-dire qu'en me mettant dans un autre rôle, dans un autre personnage, j'avais la possibilité, en jouant un personnage, j'avais la possibilité de ne pas bégayer. Et ce n'est pas parce que je connaissais le texte, parce que pour moi, ce n'est pas le fait de connaître le texte, c'est parce que là, ça rapproche du fait de... savoir ce que l'on va dire ça aide à ne pas bégayer non non parce que même non même J'ai des situations de lecture où je bégayais beaucoup donc non c'est le fait d'être dans un autre personnage et la différence entre les répétitions et la scène où il ya une sorte de magie qui s'opère j'ai trouvé ça génial à tel point qu'au fond de moi j'ai toujours J'ai voulu être acteur, mais je ne l'ai jamais fait. Et ça, ça a vraiment été une révélation pour moi. Et en même temps, le rap aussi.

  • Speaker #1

    Mais aujourd'hui, vous bégayez presque plus.

  • Speaker #0

    Au moment où vous m'entendez, oui. C'est difficile de...

  • Speaker #1

    Mais il y a quand même eu une marge d'amélioration. J'ai du mal à... L'enfance et le collège, non ?

  • Speaker #0

    Énorme. Il faut savoir qu'aller chercher une baguette le matin en bas des immeubles... pour prendre son petit déjeuner et là je mettais la barre très haut je me disais bon allez j'y vais et je le ferai sans bégayer et il m'arrivait de pas réussir à dire le mot et devant tout le monde et je me sentais mal et je rentrais chez moi je pleurais en fait j'étais à l'université je me sentais très très mal et à l'université il y a vraiment eu il ya des situations qui étaient très très compliqué enfin comme par exemple On était en amphi, en sociologie urbaine, parce que j'ai fait de la sociologie. Et mon sujet c'était le rap, est-ce de l'art pour l'art ou de l'art pour l'action ? Et on était tous descendus pour voir le prof. Devant tout le monde, il a fallu que je donne mon sujet. Et ça ne sortait pas, et tous les élèves étaient là, et ça durait. Donc lui, en fait, il fallait que je donne mon nom. Et je ne réussissais pas. Il m'a dit, on va vous appeler Rap. Voilà. Donc, c'était dur. Ce n'est pas sa réponse qui est dure, mais c'est...

  • Speaker #1

    Oui, il y a eu des grands moments de solitude, quoi. Dans ces moments-là, le cours vous a quand même un peu aidé ?

  • Speaker #0

    Alors, l'humour, ça a été une stratégie quand je suis arrivé à Roubaix, parce qu'il faut savoir que j'ai bougé pas mal, mais je pense que ça a eu de l'importance, tout ce qui s'est passé dans... ma vie avec le bégaiement mais pour dire bref je suis le dernier enfant qui reste avec ma mère et elle avait un petit ami qui avait un restaurant donc elle a déménagé pour aller dans son restaurant donc moi j'ai suivi Et ensuite, j'apprends qu'on s'attendait à ce que je travaille au restaurant, en fait. Et on ne m'avait rien dit. Et moi, je rentrais en seconde. Et puis, le beau-père qui buvait parfois, un jour, il a craché sur ma mère. Et je me suis mis entre les deux. Et je ne pouvais plus rester, en fait. Donc, je suis allé en pension à Turquoise. Mais j'ai supporté deux jours. Je ne supportais pas. Du coup, je suis allé vivre chez ma sœur en Dordogne. Un jeune couple. avec un bébé qui se disputait tout le temps. Et je suis resté six mois, c'est juste pour dire. Et après, je suis revenu à Roubaix. Je suis venu à Roubaix vivre chez le premier mari de ma mère. Enfin bref. Et en plein milieu d'année, j'arrive en classe de seconde. Déjà, ça commence mal. On bloque dans un coin, on pique ma calculatrice et tout. Enfin bref. Là, c'était pour dire que je n'étais pas dans un environnement stable. Donc ça ne m'a pas aidé en fait. Donc j'ai dû redoubler ma seconde. Et là, cette année-là, j'avais décidé de me jouer un personnage cool, avec beaucoup d'humour et tout ça. Mais quelque part, c'était moi en fait. Mais quand même, quand je bégayais, ça faisait un peu le mec un peu bizarre, original. Mais j'avais un peu... J'essayais de parler plus calmement. d'être plus cool, de sortir des blagues et tout. Et ça m'a beaucoup aidé en fait. C'est un peu la... je ne sais pas... C'était une stratégie qui m'a...

  • Speaker #1

    Dans ce état d'esprit ?

  • Speaker #0

    Je me suis joué un rôle et comme un boomerang, c'est un peu revenu vers moi dans le sens positif. Et en plus à cette époque-là, j'ai aussi fait un petit peu de théâtre au lycée. Voilà, et là je me suis fait des amis sympas et tout, et on s'est bien marrés, c'était des bonnes années.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui peut aider, qu'est-ce qui vous a aidé ? C'est un peu soigner le mal par le mal, finalement, c'est-à-dire faire du théâtre, donc pratiquer, pratiquer, pratiquer, faire du rap c'est à nouveau pratiquer, pratiquer, pratiquer, pour banaliser en fait ce moyen d'expression qu'est la parole.

  • Speaker #0

    Alors je dirais changer de... Jouer un autre rôle, changer de personnage pour s'extraire de soi-même. C'est une manière de se découvrir aussi. Le rap, ça m'a fait du bien parce que je pouvais exprimer tout ce que je ne réussissais pas à exprimer dans les textes. Mais je restais quand même, entre guillemets, c'est ce qu'on disait, l'homme de l'ombre, l'eau qui dort. Je dirais donc, il y a le bien-être, c'est basique. Le fait de s'accepter soi-même, d'essayer de s'aimer soi-même.

  • Speaker #1

    D'être bien entouré.

  • Speaker #0

    D'être bien dans sa peau. Le fait de s'exposer, en effet, parce qu'en fait, il faut s'exposer. Parce que si on se retire trop...

  • Speaker #1

    On s'enferme avec tout ça.

  • Speaker #0

    On s'enferme. Et moi, parfois, je me suis enfermé. Mais ça, je crois que ça ne doit pas être courant. C'est-à-dire que je bégayais en pensant. Et ça, c'était un envahissement. C'était vraiment horrible. Je bégayais en pensant. Ah oui, non, mais c'était terrible.

  • Speaker #1

    Je suis désolée, mais j'ai envie de...

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, non, non, mais c'est dingue, en fait. Même, je crois que... J'en ai parlé à une orthophoniste il y a peu de temps, je ne sais pas ce qu'elle en pense, elle ne lui a rien dit, mais je crois que c'est assez particulier. Donc, le bien-être, en règle générale, et puis les interactions orales, il faut qu'il y en ait, il faut s'exposer, que ce soit dans le métro, que ce soit... En fait, ouais, c'est le mal par le mal. Il faut foncer dedans, il faut y aller. Et puis, à un moment donné, il faut accepter tout ce qu'on ressent, toutes nos émotions, juste les accueillir. Alors, on a chaud, on a ceci, cela. Mais bon, et puis, il y a l'humour. Et il y a des stratégies qui sont très connues, comme changer de mot, parce que celui-ci, voilà. Mais ça, pour moi, ce n'est pas une bonne stratégie, parce qu'on se dénature. On ne réussit pas à transmettre ce que l'on veut transmettre. Il y en a qui veulent finir nos phrases. Moi, je trouve que ce n'est pas conseillé. Donc, c'est toi, je vais finir. Voilà, donc...

  • Speaker #1

    Moi, j'ai vu à la télé qu'il existait des stages intensifs pour stopper les bégaiements avec des exercices de respiration et tout ça. Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?

  • Speaker #0

    En fait, oui, j'ai souvenir d'un stage. Oui, j'ai vu les... les reportages où il frappait, il frappait beaucoup, etc. Je crois qu'à un moment donné, les orthophonistes ont porté plainte contre lui. Parce que oui, je crois qu'il y a peut-être une guéguerre, je ne sais pas trop quand, mais j'ai du mal à croire que ce soit une stratégie qui soit suffisante et valable pour tous. À mon avis, ça peut aider, parce que je pense qu'il ne le ferait pas, et lui-même il est aussi passé par là. Mais moi je me vois mal taper pour que les mots sortent. Alors ça m'arrivait parfois, mais je le faisais sous forme d'humour. Je m'en souviens, puisqu'on en parle. Quand il y a un mot qui ne sortait pas, je disais à mon pote, vas-y frappe, frappe, et je le faisais sortir. Mais bon, c'était sous forme d'humour. Mais je trouve aussi que ça donne une drôle d'impression. Je ne sais pas si c'est mieux en fait, en termes d'image, de commencer à frapper.

  • Speaker #1

    Avec le recul finalement, qu'est-ce que vous pensez que le bégaiement vous a apporté ?

  • Speaker #0

    Le bégaiement, il m'a apporté de l'empathie. C'est-à-dire que je... Je peux comprendre ce que vit une personne qui a un handicap. Je peux comprendre, je pense, les effets que peuvent faire le regard des autres portés sur nous. Je ne supporte pas l'injustice. Je ne peux pas être indifférent. Du coup, moi, si je vois une agression au dehors, forcément, je vais me retrouver dedans d'une manière ou d'une autre. Parce que je ne peux pas rentrer chez moi. Vivre avec ma conscience comme ça. Et puis, en ce qui me concerne, il y a une grande sensibilité. Je repère les personnes qui bégayent, même lorsque c'est faible. D'ailleurs, en étant prof, j'ai repéré un enfant qui bégayait. Les parents ne le savaient pas encore. Ils ne voyaient pas ça comme ça. Et comme il faut prendre en charge les enfants jeunes, c'est conseillé avant 9 ans. Ça tombait bien. Donc, ça aura au moins servi à ça. Mais le bégaiement, une certaine poésie peut-être. En tout cas, ça fait vraiment partie de moi. Mais aussi, et ça c'est les côtés plutôt négatifs, je crois. Mais je suis très... J'ai beau faire, j'ai un côté très explosif. C'est pour ça que dans le milieu du rap, dans notre petit milieu, à Lille, le nom qu'on me donnait c'était Locky Door. J'étais sympa et tout, mais quand il y avait une injustice ou je ne sais pas trop quoi, on ne me reconnaissait plus. Ça peut paraître bien comme ça, mais non, parce que c'est super fatigant. Puis l'agressivité, c'est jamais bien. Donc voilà.

  • Speaker #1

    C'est déjà pas mal.

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est déjà pas mal.

  • Speaker #1

    Il y a quelques temps, vous avez participé à un concours d'éloquence. Tout autre sujet. Je ne préviens pas, je change de sujet. J'aimerais savoir qu'est-ce qui a fait, qu'est-ce qui vous a amené à ce concours d'éloquence ?

  • Speaker #0

    Une blessure. Une blessure parce qu'en fait, c'était la deuxième année où je passais le CRPE pour être professeur titularisé dans le public. Et donc la première année, j'ai eu l'écrit, j'ai pas eu l'oral. Bon, dac. Je me suis dit, bon, je me suis pas vraiment préparé, etc. La seconde année, je suis une formation spécifique. Donc je passe des oraux blancs, ça se passe bien, on me dit je vous prendrai les yeux fermés, alors que ce sont des personnes qui font partie de jury dans la réalité. Donc les écrits, j'ai les écrits et le jour des oraux, enfin il y a plusieurs jours, mais un jour en particulier, enfin deux jours en particulier, j'étais fatigué, super fatigué, plus le stress. Et le premier... orale qui était sur la présentation d'un cours en français et en maths se passe pas bien parce que je bégais beaucoup et le jury, ils étaient trois non, ouais trois ou deux, deux, deux elles me disent bon au prochain Zorro il faut que vous vous déstressiez on ne vous juge pas, etc etc etc donc ils mettent tout sur le dos du stress et moi je ne parle pas du pégément mais je pourrais vous expliquer après pourquoi mais j'ai quand même eu 14 donc ils se sont focalisés sur le fond quand même donc ça veut dire que je ne suis pas nul le lendemain je tombe sur un autre jury qui juge les motivations et l'eps ce jury là aux motivations me met 4 sur 10 comment on peut mettre 4 sur 10 à quelqu'un qui avait déjà travaillé huit ans en école primaire 4 sur 10, c'est dire que je ne suis pas motivé. Donc là... Et 4 sur 10 et 10 sur 20 en EPS alors que franchement j'avais bien réussi. Donc moi je pense que sur le coup ils ont voulu me descendre. Alors c'est toujours gênant parce qu'on peut dire qu'il est parano etc. Puis je me suis renseigné auprès d'un syndicaliste qui est dans le milieu, qui s'est renseigné et qui me dit « il faut savoir que pour les euros on ne peut avoir aucun retour » . Et il me dit « non mais lorsqu'ils mettent une note comme ça aux motivations c'est qu'ils ne veulent pas que vous… » réussissiez, c'est pour vous casser. Ça me paraît logique. 3 sur 10. Encore 5. Il dit « Oh, il n'est pas trop motivé. » Mais 3, non. Et j'avais beaucoup bégayé. Et du coup, ça m'a fait mal. Je me suis dit « Mince ! » Alors que je me sentais prêt et je m'étais investi un an, en fait. J'étais vraiment deg, en fait. et du coup après il s'est passé plusieurs choses c'est là où j'ai pris mon vélo pour me vider la tête faire 800 km remonté dans le nord revoir ma mère que j'avais pas vu depuis 15 ans refaire le vide un peu ou voilà essayer de me retrouver et puis de me rapprocher d'une association de begg et c'est là que j'ai su qu'il y avait un concours et là je me suis dit allez J'y vais. Et c'est comme ça en fait que ça s'est passé. Mais c'est souvent comme ça, lorsqu'on descend en bas, lorsqu'il y a une chute, c'est l'occasion de changer des choses et de revenir en force en fait.

  • Speaker #1

    Oui, et de saisir de nouvelles opportunités auxquelles on n'aurait pas pensé. Vous m'avez envoyé les enregistrements audio de ce concours. Alors si j'ai... Bien compris. En tout cas, j'ai écouté trois enregistrements. Il y avait le thème de l'amour, aimé en tout cas, le thème du bégaiement et le thème de l'amnésie. Comment vous avez fait ce choix des thèmes ? Est-ce que c'était imposé ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Alors, le premier thème, il était choisi. Je posais la question, faut-il cacher ou ne pas cacher son bégaiement ? Et je répondais par non, il ne faut pas cacher. Parce que toute ma stratégie a été... jusqu'à 52 ans presque de cacher mon bégaiement et ce qui s'est passé au concours peut-être que si je n'avais pas caché peut-être que si j'avais dit je je suis bègue peut-être que ça m'aurait aidé en fait mais je voulais pas le dire pour ne pas passer pour celui qui essaie d'influencer et aussi parce que c'était très aléatoire et en me rapprochant justement en faisant ce concours j'ai rencontré des orthophonistes et je me suis Je me suis renseigné et tous les professionnels disent que le bégaiement fond au soleil, qu'il faut le dire. Voilà, moi, c'est ce que je n'ai pas fait. Du coup, en même temps, ça, je ne l'avais jamais fait et ça m'aurait bien été utile, je fais à mon âge une demande de reconnaissance à la MDPH, où ce soit écrit noir sur blanc, en fait. Du coup... C'est pour ça que j'avais choisi ce sujet, parce que c'était une révélation pour moi. Donc,

  • Speaker #1

    je n'ai pas compris. Le thème du bégaiement caché ou pas caché, ça, c'était imposé ?

  • Speaker #0

    Non, c'est moi qui l'ai choisi.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    Pour toutes ces raisons-là.

  • Speaker #1

    Et les deux autres thèmes ?

  • Speaker #0

    Les deux autres thèmes, ils ont été imposés. Et on était en binôme. Il y a celui qui est contre et celui qui est pour sur chaque thème. Donc, on nous impose le thème et on nous impose aussi la position.

  • Speaker #1

    Et il y a combien de temps pour préparer le texte ?

  • Speaker #0

    Il y avait maximum 15 jours.

  • Speaker #1

    Et vous travaillez en binôme sur ça ? Non, c'est individuel après.

  • Speaker #0

    C'est individuel ou avec des coachs et les orthophonistes pour l'oralité. Moi, pour l'écriture, c'était individuel, c'est sûr. Et ensuite, il y avait des masterclass. Parce que ça a commencé aux aventures du 13 octobre jusqu'à la finale du 7 décembre. Et donc, oui, oui, entre chaque concours, chaque demi-finale, quart de finale, on avait 15 jours et on se voyait environ 3 à 4 fois.

  • Speaker #1

    Et c'était devant un jury, devant un public ?

  • Speaker #0

    Le concours, c'est une demi-journée. Et ça se passait d'abord à l'université Paul-Saint-Baptier pour ce qu'on peut appeler quart de finale et demi-finale. Et il y avait dans l'amphi, il y avait du monde. Bon, ce n'était pas plein, mais une centaine de personnes, sûr.

  • Speaker #1

    Et qui veut peut y aller. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. Voilà. Et par contre, pour la finale, ça s'est passé une scène universitaire. Donc à Toulouse. Ouais, ouais, ouais. Et là, par contre, il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Je ne sais plus combien, mais on n'était pas loin de 500 personnes, je crois. Si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Bon, et alors, est-ce que vous avez gagné ?

  • Speaker #0

    Alors, de toute façon, j'ai gagné parce qu'en fait, j'ai gagné le prix. Alors, ce n'est pas la finale, mais ce n'est pas le... grand prix, mais j'ai gagné le prix de de la plume et c'est ce que je voulais en fait, moi c'est la meilleure reconnaissance qu'il pouvait me faire et en même temps je me disais qu'au niveau de l'éloquence proprement parlée, je me disais qu'il y en avait d'autres qui en avaient plus besoin pour se revaloriser et reprendre confiance et c'est ça qui était très intéressant, c'est que en fait chacun a obtenu un prix lié à

  • Speaker #1

    À son talent le plus prononcé. Donc la plume, c'est l'écriture.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et même ceux qui n'étaient pas sélectionnés pour la finale ont pu, s'ils étaient volontaires, il y en a deux qui l'ont été, ont pu présenter le même soir leur propre texte.

  • Speaker #1

    Et en étant hors concours.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ils ont présenté... Il y en a un particulièrement qui me touche beaucoup, qui a présenté un texte. Waouh ! C'était la deuxième fois que j'entendais son texte, mais à chaque fois il me faisait pleurer.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que c'est les gens qui participent à ce concours d'éloquence ? Donc c'était un concours d'éloquence dans le cadre d'une association sur le bégaiement. Donc c'était que des personnes qui bégaient ?

  • Speaker #0

    C'est pas opératif ? Non, non, voilà.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé ? Est-ce que ce n'est pas finalement ces personnes qui participent au concours, des personnes qui ont résolu leurs problématiques finalement ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce qu'en fait, parce qu'il y a, voilà, alors moi, et ça c'est peut-être lié au bégaiement, c'est-à-dire que quand j'ai pris contact, j'ai dit, voilà, j'ai 52 ans, je ne bégaie plus trop, est-ce que je peux participer ? J'avais l'impression de ne pas être. À ma place, j'ai même eu l'impression que je trichais, en fait, parce que j'étais le plus âgé et que j'ai une expérience de mon bégaiement qui est propre à moi et que du coup, j'ai une maîtrise, je le maîtrise pas mal. Voilà. Mais c'est très variable et il y a des collègues, des amis, ils le savent, c'est beaucoup plus difficile pour eux. Et ils sont courageux. Ils sont courageux parce qu'il faut beaucoup de courage. Mais c'est beaucoup plus dur pour eux.

  • Speaker #1

    En tout cas, je suis curieuse d'aller voir un concours d'éloquence et d'aller aussi soutenir ces gens qui font preuve d'audace.

  • Speaker #0

    Le prochain concours est en préparation. Ça sera le second sur Toulouse et je vous informerai.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Est-ce qu'il y a un endroit où on peut écouter les enregistrements que vous m'avez envoyés ?

  • Speaker #0

    Alors, déjà moi, mes enregistrements, j'ai pas voulu les revoir parce que je ne supporte pas de me voir et de m'entendre. C'est assez compliqué.

  • Speaker #1

    Je vous rassure, c'est pareil pour tout le monde. Aussi, le podcast, les premiers épisodes, c'est dur de s'écouter. Ça l'est toujours un peu, mais on finit par se lâcher un peu.

  • Speaker #0

    J'ai pas mal progressé. Du coup, c'est des vidéos d'amateurs, donc au niveau des autorisations, je ne sais pas. Moi, personnellement, oui, je peux vous montrer celles qui me concernent, même si souvent, je n'ai pas de chance parce qu'il manque le début. Il y a eu un problème technique, mais c'est des choses qui m'arrivent souvent.

  • Speaker #1

    Sinon, les audios que vous m'avez envoyés, je vous conseille d'en faire un podcast.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est fait chez moi, seul.

  • Speaker #1

    de les mettre en ligne parce que c'est vrai que après l'écoute de ce podcast certaines personnes seront curieuses surtout qu'en effet je ne savais pas que vous avez gagné le prix de la plume mais c'est extrêmement bien écrit et c'est très beau et vous m'avez aussi envoyé un compte qui m'a vraiment beaucoup émue la lune, le soleil, la foule donc franchement je vous conseille de partager ces audios

  • Speaker #0

    Mais ça fait partie de mes projets, en fait. Et donc, je suis venu, c'était pour vous espionner.

  • Speaker #1

    Ben voilà, je peux vous prêter le matériel, il n'y a pas de souci. J'ai une dernière question au sujet du concours d'éloquence. Qu'est-ce que ça vous a fait, finalement, d'être confronté à autant de personnes qui ont la même problématique que vous ?

  • Speaker #0

    Alors, j'avais peur, ça fait référence à la contamination. Moi-même. Et c'est aussi pour ça que je m'y prends si tard. J'avais peur de me retrouver avec des personnes qui béguaient. Comme j'avais peur de retourner dans ma famille, parce que en m'en éloignant, mon bégaiement a diminué aussi. Mais je craignais vraiment ça. Et ce n'est pas du tout ce qui s'est passé, ça a été dans l'autre sens. Et ça m'a permis de me mettre à la place des personnes qui ne béguaient pas, qui se retrouvent face à des personnes qui béguaient. Qu'est-ce qu'on ressent ? Est-ce qu'on est mal à l'aise ? Est-ce qu'on a envie de l'aider ? On le regarde comment ? Avec pitié, avec ceci, cela ? Tout, tout. Et ça, c'est intéressant de le vivre, pour se mettre à la place des autres.

  • Speaker #1

    Et au final, qu'est-ce que cette expérience du concours d'éloquence vous a apporté ?

  • Speaker #0

    Énormément, parce qu'en fait, elle m'a... Déjà en ce qui concerne l'écriture, le message qui passe, c'est « Mais oui, Seb, tu... » Ça fait longtemps. En fait, je n'ai pas écrit du jour au lendemain. J'ai fait du rap, avec beaucoup d'écritures et tout ça. Et donc, j'ai ressenti, et ça c'est très très émouvant, des regards bienveillants vis-à-vis de moi, et de reconnaissance de ce que je faisais, et ça m'a énormément touché. Si bien que quand le concours s'est arrêté, j'ai eu plus d'une semaine de dépression.

  • Speaker #1

    Je comprends, c'est le sentiment de se sentir exactement à sa place et de se rendre compte qu'on a des talents qu'on n'exploite pas assez au quotidien. Et là, pour le coup, le talent était reconnu. On sent qu'on est à l'aise et qu'on a beaucoup de reconnaissance des autres. Et puis d'un coup, on retourne chez soi. Et qu'est-ce qu'on a en fait de tout ça ?

  • Speaker #0

    Ce qui est même plus fort que ça, c'est se sentir aimé, presque. Et du coup, quand je dis se sentir aimé, du coup, ça fait très, très bizarre. Mais c'était comme si une relation amoureuse, c'était comme si je vivais une rupture quand ça a cessé, en fait. Et en même temps, c'était très inspirant quand on veut écrire. Et puis, l'enfant de l'orthophoniste voulait me voir parce qu'elle avait entendu ma voix. Et du coup, ça m'a motivé pour lui écrire ce conte que vous avez lu. sur la lune. Je ne sais même plus le titre. En fait, je me suis rendu compte que je pouvais écrire un compte tous les 15 ou 3 semaines. Du coup, j'étais dans un élan et j'ai un peu continué. J'ai participé à un concours de nouvelles. Ça devait faire 6 pages. Donc j'ai écrit un compte de 6 pages. Et voilà, le fait de me donner des contraintes comme ça, c'est très intéressant aussi.

  • Speaker #1

    On arrive aux questions de la fin. Donc, c'est des questions qui sont toujours les mêmes, mais qui sont, à mon sens, en tout cas, très intéressantes. Est-ce que vous avez un livre, un podcast, un film ou une musique que vous avez envie de nous conseiller ?

  • Speaker #0

    Alors moi, une musique, Prince, Dove's Cry. Voilà, en fait, c'est par rapport à la souffrance de sa mère. Et cette chanson, waouh, elle me bouleverse en fait. Je ne sais pas si vous la connaissez.

  • Speaker #1

    Non, je ne la connais pas,

  • Speaker #0

    mais je l'écouterai. Avec un solo de guitare. Et puis Prince, dans les solos, il était super fort. Super fort. Donc ça, c'est pour la chanson. Mais sinon, j'ai écouté pas mal de Francis Cabrel. C'est un vrai poète. Et au niveau des films, au niveau des films, c'est moins évident. Moi, j'aime beaucoup les vieux films comiques français. Par exemple, avec Bourville, parce que j'ai eu un oncle qui l'imitait formidablement. La voix et tout. Et donc, les vieux films comiques français, je trouve ça génial.

  • Speaker #1

    D'accord, merci. De rien. Est-ce que vous avez... Au revoir. Est-ce que vous avez une citation ou un mantra qui vous motive au quotidien ? Oui.

  • Speaker #0

    La peur de l'objet engendre l'objet de la peur. Ça vient d'un proverbe bouddhiste. Je ne suis pas particulièrement bouddhiste, mais il y a des proverbes qui sont vraiment... Et ça m'a paru tellement vrai.

  • Speaker #1

    Alors, la peur...

  • Speaker #0

    La peur de l'objet engendre l'objet de la peur. Vous avez peur de quelque chose, c'est ce que je disais tout à l'heure. Eh bien, le fait d'avoir peur, ça va faire venir cette chose. En tout cas, ça prépare le terrain pour que malheureusement, elle advienne.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Moi je connaissais la peur n'évite pas le danger.

  • Speaker #0

    Oui, mais je dirais même pire. Elle attire ? Oui,

  • Speaker #1

    c'est cette croyante-là.

  • Speaker #0

    et parce que je l'ai Et éprouver souvent. Et du coup, dans des situations un peu tendues, j'essaie de faire le vide.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un sujet dont on n'a pas parlé et que vous aimeriez aborder ?

  • Speaker #0

    On a parlé du... Enfin, moi, ça ne me dérange pas, mais bon. On a parlé, c'est un sujet très fort dans ma vie, pour bien comprendre, je pense, du traumatisme qui a fait ressortir mon... Bégaiement. Et j'ai su plus tard que dans ma famille, j'avais des personnes qui bégayaient. Donc, l'oncle de... Non, enfin, un arrière-grand-père qui bégayaient. J'ai deux cousins que je ne connais pas trop qui... Non, j'ai un cousin qui bégait aussi. Donc, en fait, c'est... En effet, il y a une...

  • Speaker #1

    Il y a une part génétique.

  • Speaker #0

    Il y a une part génétique. Mais moi, le traumatisme, c'était en fait, ma mère a... tenté de se suicider à plusieurs reprises et ça s'est passé donc je les ai vu inanimés dans les toilettes dans la salle de bain et c'est là que ça s'est déclenché et j'ai développé en même temps des tiques pour la protéger alors des tiques je levais le cou comme ça je faisais des grimaces le soir avant de m'endormir comme elle travaillait aussi de nuit j'essayais de C'était vraiment un rituel de refaire tout le trajet jusqu'à son travail, alors que je ne le connaissais pas en fait, c'était loin, et de me tourner vers elle pour la protéger. En fait, il fallait que je protège ma mère, et c'était trop lourd en fait, c'était trop lourd pour moi. Et ça, ça a beaucoup joué, et mon bégaiement, voilà, moi je...

  • Speaker #1

    Vous l'avez compris quand ça, que le bégaiement était dû, certes. très certainement à ce traumatisme-là ?

  • Speaker #0

    Assez rapidement, au lycée, ça c'est sûr, quand j'ai commencé à écrire des textes de rap, parce que j'ai abordé le sujet aussi. Et c'est là que j'en ai pris conscience. Et alors, ce que je tiens à dire, et pour moi c'est très très important, c'est incroyable la force des enfants face au désastre ou à l'adversité. Et les enfants ont des ressources incroyables. Mais un jour ou l'autre, il le paie. C'est comme un verre d'eau qu'on remplit trop. Et ça, je m'en suis rendu compte. D'où, il y a forcément des séquelles. L'impulsivité, la colère ou d'autres choses. Et voilà. Donc, les enfants, il faut s'en occuper vite. Tôt, quoi.

  • Speaker #1

    Merci pour ce partage. De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je suis fier... de ce que je fais en ce moment, c'est-à-dire que j'ai réussi, en suivant le principe de j'ouvre une porte aussi petite soit-elle, ça en ouvre d'autres, et bien ça s'est concrétisé il y a peu de temps, parce que j'ai été au chômage. J'ai ouvert une porte de 2h30 à 3h par semaine chez les compagnons du devoir, pour enseigner la culture générale, et puis récemment... on m'a proposé en même temps les cours de français les cours d'histoire géo et d'enseignement moral et civique pour les CAP pour les...

  • Speaker #1

    t'as besoin de ce fichu concours là ?

  • Speaker #0

    non et je n'en veux plus je suis en colère en fait ils peuvent s'en mordre les doigts parce qu'en plus on n'est pas régulièrement en pénurie de... donc ça c'est une politique donc ça et la même semaine parce que j'ai un autre emploi où je fais de l'étude scolaire dans une école primaire. La même semaine, on me propose une journée supplémentaire et je réussis à faire mon propre emploi du temps. C'est moi qui le fais. Et maintenant, l'objectif, c'est de garder suffisamment de temps pour développer l'écriture et l'oralité. Le compte, ça m'intéresse beaucoup, mais aussi pour le dire. Et je cherche du côté du coaching parce qu'en fait, l'année prochaine, j'ai envie de coacher les... Ceux qui vont concourir. Mais aussi le coaching pédagogique. Il faut que je fouille de ce côté-là et de la prise de parole. Donc en fait, j'ai plein de projets.

  • Speaker #1

    Mais c'est beau parce que c'est exactement ce que moi je me répète. C'est que quand il y a des portes qui se ferment et qu'on a des illusions, des grosses déceptions. Avec le recul, on se rend compte que c'était tout simplement pour qu'on prenne des chemins qui nous correspondent 100 fois plus. Et je trouve que la vie, c'est ça, d'essayer d'être de plus en plus aligné avec soi-même. Bon, après, ce qui est dur, c'est qu'on change aussi. Peut-être que dans 5 ans, vous aurez totalement d'autres envies. Donc, c'est en perpétuel recommencement. Mais bon, je pense que l'écriture, ça vous suit depuis le début. Et cette envie de vous exprimer aussi.

  • Speaker #0

    J'ai craint d'une dimension artistique pour être en équilibre.

  • Speaker #1

    Et ça apparaît, avec le recul, ça apparaît évident que c'est votre voix. Qu'est-ce que vous avez envie que l'on retienne de votre témoignage ?

  • Speaker #0

    Alors, moi j'ai toujours pas compris comment j'ai fait pour en arriver à beaucoup moins bégayer. Parce qu'en fait j'ai... pratiquement pas vu d'orthophoniste un petit peu au collège et à l'université quand je souffrais pas mal mais vraiment peu au total j'ai moins de dix séances à mon actif et je ça m'intrigue en fait c'est vraiment très intrigant je ne comprends pas comment j'ai fait donc voilà donc il y a de l'espoir il y a de l'espoir alors bien sûr mon cas ça reste mon cas personnel Il ne faut pas baisser les bras. C'est assez basique ce que je veux dire.

  • Speaker #1

    Peut-être qu'aussi, tout au long de votre parcours, vous êtes de plus en plus affranchis du regard des autres. Parce que j'ai l'impression que le bégayement, c'est quand même très lié à la peur de l'image qu'on renvoie, de la peur d'être moqué. Donc moi, je me dis... à partir du moment où on n'a plus peur d'être ridicule où on n'a plus peur d'être moqué et qu'on s'en fiche du regard des autres,

  • Speaker #0

    ça doit libérer un petit peu Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous et dans le cadre de la finale on avait diffusé des phrases de collégiens qui béguaient et il y en avait une qui disait un truc du genre le bégayement ça permet de trier les cons ça permet de faire le ménage en fait voilà Voilà, je trouve ça super.

  • Speaker #1

    Ce serait un bon mot de la fin, mais il reste une dernière question. Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter pour l'avenir ?

  • Speaker #0

    De l'épanouissement, de perdre un petit peu de poids, parce que là, en trois semaines, j'ai pris du poids.

  • Speaker #1

    En trois semaines ?

  • Speaker #0

    Oui, je vais très vite. Donc, l'épanouissement et surtout, que je réussisse. à partager des émotions par l'écriture. Et justement, mais je vais très vite, j'ai un projet, c'est avec les personnes qui ont participé au concours, c'est d'avoir des entretiens très approfondis pour essayer de mettre en spectacle des tranches de vie avec le bégaiement, pour essayer de transmettre ce que l'on ressent lorsqu'on est bègue. Et ça, c'est un projet qui me porte à cœur. Et c'est de mener, on peut me souhaiter de mener à terme ce projet-là, ça sera déjà bien.

  • Speaker #1

    Et tous les autres projets aussi. C'est ça. C'est pas mal. Merci beaucoup Sébastien pour ce temps d'échange. J'étais ravie et puis c'est tout ce que je vous souhaite.

  • Speaker #0

    Merci bien.

  • Speaker #1

    A bientôt. Et voilà, cet épisode est terminé. Merci à Sébastien pour sa confiance et merci à tous pour votre écoute et votre fidélité depuis toutes ces années. N'hésitez pas à aller faire un tour dans les notes de l'épisode si vous souhaitez avoir plus d'informations sur le concours d'éloquence. Vous pouvez suivre mes aventures sur le compte Instagram Pépin Podcast et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes prenez soin de vous et tout ça c'était pour dire quoi ?

  • Speaker #0

    à bête me le demande c'était difficile en fait c'était nul c'était c'était un peu grand c'est horrible c'est horrible comme je vous ai dit ou je t'ai dit, ça dépend

  • Speaker #1

    oui on oscille comme je vous étudie ok et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes prenez soin de vous et je vous dis à bientôt pour de nouveaux épisodes à bientôt

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