Speaker #0Bonjour, bienvenue sur Pleurs, tu iras loin. Cette émission a pour ambition de parler d'émotions, tout simplement. Demandez également la résilience que l'expression de ces émotions peut faciliter. Coach, médiatrice et formatrice, j'accompagne individus et groupes à développer leur intelligence émotionnelle et inclusive. L'intelligence inclusive, c'est s'inclure soi-même et inclure les autres. La Luciole est là pour vous faire briller, pour éliminer vos différences, vos différents et ainsi atteindre vos ambitieux objectifs. Quoi de mieux pour cela que d'apprendre, de comprendre l'expérience des différences ? Cette troisième saison est consacrée à l'aidance familiale. Car ces personnes accompagnent la différence au quotidien et font partie, selon moi, de la société des invisibles. Même eux, parfois, ne se reconnaissent pas dans ce statut d'aidant. Appé par le quotidien, par l'adaptation au rythme de l'aider, par les soins qu'ils n'ont pas vraiment appris, ils développent, selon moi, l'intelligence inclusive des autres, mais s'oublient, dans l'autre versant de cette compétence, celle de l'inclusion de soins. L'intelligence inclusive est une compétence difficile à acquérir complètement. Nous sommes dans un monde très individualiste. Notre société est elle-même peu inclusive, donc il y a peu de moments pour rencontrer ou développer l'intelligence inclusive. Il y a peu de formation et peu de reconnaissance à la différence. Les aidants sont face à l'expérience de la différence continuellement, sans formation, sans reconnaissance, sans aide. Parfois, ils sont confrontés aux difficultés de la vie, certes, Mais ils peuvent également vivre cette détermination qui s'impose peut-être, mais qui les entraîne sur ce beau chemin de la résilience. Ah, la résilience, un terme lui aussi qui peut être galvaudé, comme l'inclusion, mais pourtant si magique. La résilience, c'est la capacité à surmonter les expériences difficiles, tout comme en physique le matériau résiste au choc. Reprendre une forme, retrouver du sens, refaire des projets, se reconstruire. Tout ceci demande de la détermination et de l'autodétermination. Avoir le pouvoir de décider pour soi. J'ai rencontré Nathalie Dulon via LinkedIn. J'ai tout de suite apprécié cette femme que je ne connaissais pas. Son intelligence inclusive, émotionnelle, transpirée dans ses écrits. Nous avons sympathisé numériquement parlant. Et c'est tout naturellement que j'ai eu envie de l'inviter sur ce podcast et qu'elle a accepté. Nathalie va vous parler d'autodétermination, de voyage. de différence et d'émotion. Alors pleurons, nous irons loin, et écoutons Nathalie.
Speaker #1Je m'appelle Nathalie Dulon, je suis la maman d'une jeune femme autiste, Anouchka, âgée de 24 ans. Je suis vraiment honorée de participer à ce podcast grâce à toi, Pauline, qui m'y a invitée pour révéler toutes les aspérités de ce long cheminement en tant qu'aidante auprès de ma fille. Pour te parler un peu plus de mon expérience de la différence, Lorsque ma fille a été diagnostiquée autiste à l'âge de 3 ans, toute notre vie s'en est trouvée bouleversée. Mon mari, mes parents et moi, nous sommes partis en long voyage avec elle pour en découvrir tous les mystères entre incertitude, rebondissement et espérance. Cela n'a pas été de soi au départ, mais très vite nous avons pris notre sac à dos, sans boussole ni carte, pour prospecter dans cet univers inconnu. J'aime cette métaphore du voyage, car elle donne à ce parcours une dimension positive. celle de vivre une expérience parentale et familiale hors normes, confins de cette dite normalité, celle qui est supposée codifier nos actes. Ainsi, de l'acceptation à la résilience, notre périple a été traversé d'ombre, mais également de lumière, celle qui nous ont appris à composer avec la différence, sans fatalisme ni misérabilisme. Bousculant les codes, nous nous sommes réinventés autour d'un mode de vie peu ordinaire et en même temps en suivant notre instinct de parent. Parce que nous n'avons pas fait le deuil de notre enfant, comme tant de personnes le penseraient. Bien au contraire, cette expérience a révélé le meilleur de nous, cette capacité à dépasser les préjugés et à générer des alternatives face à un système défaillant ou lacunaire. La personnalité joyeuse d'Anushka a fortement contribué à nous y aider, pour viser toujours plus haut, pour elle, car elle nous a démontré très tôt ses appétences, ses passions et son caractère persévérant. Toutes ces qualités que j'ai cueillies et nourries, au fur et à mesure, pour qu'elle puisse trouver sa place dans cette société. De son enfance à aujourd'hui, la route s'est apesée, au fur et à mesure des transitions qu'elle a vécues. Un combat pour qu'elle puisse bénéficier d'une inclusion scolaire, qui l'a menée jusqu'au lycée. en dispositif ULIS, puis, à présent, devenu adulte, des passerelles pour naviguer dans les flots de notre société avec le soutien de structures et de personnes bienveillantes. Qu'est-ce que représente la notion d'aidant familial pour moi ? Qu'est-ce que signifie ce mot ? En effet, ce terme d'aidant familial est celui couramment utilisé pour traduire le soutien à nos proches. Cette notion évoque pour moi une mission infaillible que nous devons accomplir au bénéfice de la personne accompagnée. Je dirais même plus l'amour porté à ma fille, qui a été le moteur dans cette aventure, comme tant de mamans, de parents ou de proches. Être aidante de ma fille était et demeure quelque chose de naturel et d'instinctif. Rien ne m'a été imposé, c'est dans l'ordre des choses d'assurer le quotidien de sa progéniture, et de faire en sorte que la vie ne lui soit le plus sereine possible. Je dirais même que cette mission m'a hissé très haut dans mes compétences maternelles, pour innover et mettre en place des dispositifs artisanaux. Par exemple, ma petite universita maman, comme j'ai mal appelé, celle que j'ai créée de mes propres mains pour répondre à la quête infinie d'Anushka dans sa soif de connaissances. Cette expérience m'a permis de partager avec elle des moments intenses, dont la complicité et le bonheur de découvrir en même temps qu'elle des choses incroyables comme l'art, la mythologie, l'histoire. En somme, une expérience riche de sens dans nos miroirs respectifs. Alors je dirais aux parents, n'abandonnez jamais, croyez en vous. Faites confiance en votre enfant. Votre destin vous appartient. À vous de le construire, de le magnifier, pour que le bonheur soit à votre portée. Pleure, tu y auras loin. Quelles sont mes émotions ? Qu'est-ce qui me met en joie ? Pourquoi je suis en colère ? De l'importance des émotions pour toute vie et tout cheminement. Pleurer est un bon exutoire, comme écrire d'ailleurs. Le chagrin, les peines, nous les avons traversées également. Mais jamais en rejetant notre fille. Bien au contraire, notre force, c'est elle. Elle nous donne la mesure du temps. Sensible, je le suis. Émotive également. Angoissée, très certainement. Mais toujours réconfortée par cette source de lumière qui est en moi et qui ne m'abandonne jamais. Même dans les moments de tristesse, je suis tombée de nombreuses fois. Mais à chaque fois, je me suis relevée. De nos vulnérabilités, nous apprenons aussi combien nous pouvons déployer une énergie incroyable pour rompre avec les idées noires et le fatalisme ambiant. Ce qui me met en joie, c'est le sourire de ma fille, son entrain, son humour, sa reconnaissance, son empathie, sa grande gentillesse et sa pureté d'esprit. Toutes ces valeurs humaines qu'elle réunit formidablement avec une détermination et un courage exemplaires. Viser la lune et la force est en toi deux expressions qu'elle a mal répétées. Que dirais-je aujourd'hui aux personnes qui vivent cette expérience ? Et bien cette expérience hors normes, je l'ai relatée dans mon livre témoignage sorti en juin dernier. Anoushka, ma fille, mon héroïne. Comme l'aboutissement d'un parcours qui continue d'ailleurs, car écrire 20 ans de vie fut très inspirant pour moi et ma famille, nous sommes heureux d'y être arrivés au cœur de ce club des cinq que j'affectionne tout particulièrement, ma fille, mon mari, mes parents et moi. les cinq doigts de la main. Dans ce livre, je révèle beaucoup de choses sur notre histoire, les acteurs du quotidien, les freins institutionnels, les champs du possible, les enjus sociétaux, et ce fil conducteur qui m'a guidée dans son écriture, l'autodétermination. Ce concept qui doit donner à la personne empêchée toute la place pour qu'elle puisse devenir actrice de sa vie. Parce qu'en les invitant à participer aux fondations de leur vie, ces personnes différentes ont toutes les chances d'avancer pour mettre en avant leurs capacités, au lieu de jouer sur leur déficit. Nous devons les impliquer dans leurs choix et leurs décisions. La confiance en eux est la garantie d'un meilleur avenir, non seulement en termes d'identification, de reconnaissance, mais aussi d'action porteuse de sens. La notion d'intelligence inclusive. Alors que cette société dite inclusive suscite de nombreux débats, j'aime beaucoup cette notion d'intelligence inclusive, qui réveille en nous nos consciences y ouvre un champ de réflexion très constructif et plus respectueux de nos différences. D'une expérience à l'autre, la notion d'inclusion est interprétable et produit des représentations collectives fortes et pas forcément au bénéfice de toutes et tous. Pourquoi inclure des personnes qui ne devraient pas d'emblée être exclues ? Tous les êtres doivent être intégrés dans la société dès leur naissance. Le fait d'exclure est déjà une erreur à la base, d'où l'ambiguïté de l'inclusion, même si elle implique beaucoup d'efforts. La notion d'intelligence est également discutable, puisqu'elle cache une infinie variété de comportements liés à une diversité humaine étonnante et complémentaire. Pour la définir, je me suis toujours éloignée des classifications, des tests et autres investigations. Je préfère de loin la multiplier au regard de nos personnalités, de nos expériences et de nos parcours. Ainsi, accueillir les différences, c'est recueillir un nombre exponentiel de capacités humaines, singulières et interactives. Alors rendre l'intelligence inclusive. Celles lui permettent de dévier les chemins habituels pour mettre en lumière de nombreuses personnes dites atypiques. L'atypisme devrait cohabiter avec la normalité pour orchestrer un mieux vivre ensemble, grâce auquel nous pourrons toutes et tous réussir à nous reconnecter dans un partage apaisé, lucide et transparent. Je terminerai ce podcast par cette citation de Frédéric Lenoir, très évocatrice. Lorsque ton cœur est inquiet, cesse d'imaginer le pire, car tu risques de le provoquer par la force de tes pensées. Songe, au contraire, que tout est pour le mieux. et tu convoqueras le sort en ta faveur, estraite de son livre Cœur de cristal. Merci, chère Pauline, de m'avoir donné l'occasion d'exprimer mes ressentis au cours de ce podcast très intéressant et très inspirant.