🎙Le discret séjour kinois des militaires rwandais cover
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🎙Po Na GEC

🎙Le discret séjour kinois des militaires rwandais

🎙Le discret séjour kinois des militaires rwandais

04min |02/04/2021
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Le 15 mars, une dĂ©lĂ©gation de militaires Rwandais a discrĂštement dĂ©barquĂ© Ă  l’aĂ©roport de Ndjili, Ă  Kinshasa. Elle Ă©tait conduite par le gĂ©nĂ©ral Jean-Bosco Kazura, chef d’Etat-major gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e rwandaise, pour nĂ©gocier les contours d’une nouvelle coopĂ©ration militaire dans l’Est de la RDC. 

Nous sommes le vendredi 26 mars et vous Ă©coutez le 7e numĂ©ro de Po na GEC, une capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu, et cette semaine nous allons parler de cette nouvelle tentative de passer des accords militaires avec des pays voisins de la RDC.

Ce n’est pas la premiĂšre, depuis l’arrivĂ©e au pouvoir de FĂ©lix Tshisekedi. En septembre 2019, dĂ©jĂ , le prĂ©sident avait voulu mettre en place un Ă©tat-major conjoint des armĂ©es de la rĂ©gion des grands lacs pour planifier des opĂ©rations communes dans l’Est de la RDC. Mais le projet avait Ă©chouĂ© : les relations entre ces pays voisins Ă©taient trop tendues et de nombreux congolais y Ă©taient opposĂ©s. Parmi eux, on trouvait notamment l’ancien prĂ©sident, Joseph Kabila, alors encore influent.

Cela n’a pas empĂȘchĂ© la coopĂ©ration de se poursuivre discrĂštement, notamment avec le Rwanda. A plusieurs reprises, des soldats rwandais sont entrĂ©s secrĂštement en RDC, avec l’autorisation des autoritĂ©s congolaises, pour mener des opĂ©rations ciblĂ©es contre certains groupes rebelles rwandais.

Ces incursions ont Ă©tĂ© relevĂ©es par le BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu et plusieurs mĂ©dias. Mais aussi – et c’est plus important – par le Groupe d’expert des Nations unies pour la RDC dans son rapport de dĂ©cembre dernier. LĂ©galement, les autoritĂ©s rwandaises et congolaises auraient en effet dĂ» dĂ©clarer ces opĂ©rations au conseil de sĂ©curitĂ© des Nations-Unies, ce qui n’a pas Ă©tĂ© fait.

Mais depuis le dĂ©but de cette annĂ©e, les Ă©changes entre les services de sĂ©curitĂ© Congolais et Rwandais semblent s’intensifier : la rencontre de ce mois de mars, Ă  Kinshasa, est dĂ©jĂ  la troisiĂšme. A Kigali, en fĂ©vrier, François Beya, le conseiller spĂ©cial en matiĂšre de sĂ©curitĂ© du prĂ©sident, avait notamment justifiĂ© ce rapprochement ainsi :  « nous sommes venus ici pour dĂ©fier le monde entier, en particulier l’occident, qui ne veut pas que nous parlions et travaillons ensemble ».

Selon certains comptes rendus de la derniĂšre rencontre, Ă  Kinshasa la semaine derniĂšre, il s’agissait d’élaborer un plan opĂ©rationnel pour mener des actions conjointes, notamment contre les FDLR, le CNRD, les RUD et l’ex-M23.

L’inclusion du M23 est intĂ©ressante : elle semble montrer la bonne volontĂ© de Kigali, qui avait, jadis, soutenu cette rĂ©bellion.

Alors, est-ce la solution aux problĂšmes de l’Est de la RDC ? Pour FĂ©lix Tshisekedi, il sera difficile de les rĂ©soudre sans la coopĂ©ration des voisins, c’est certain. Mais la coopĂ©ration avec le Rwanda, telle qu’elle semble se dessiner, prĂ©sente plusieurs risques.

D’abord, celui d’ĂȘtre trĂšs impopulaire en RDC. Cela pourrait inciter les autoritĂ©s Ă  la cacher, et en cacher dans le mĂȘme temps les Ă©ventuels abus, qui resteraient impunis. En 2009, l’opĂ©ration conjointe des armĂ©es congolaises et rwandaises Umoja Wetu avaient certes affaibli certains groupes armĂ©s, mais elle avait aussi provoquĂ© une crise politique Ă  Kinshasa et des violations des droits humains.

Ensuite, elle semble ĂȘtre principalement militaire. Pour y faire face, les groupes armĂ©s pourraient se mobiliser davantage et finir par gĂ©nĂ©rer plus de violences.

Enfin, elle semble exclure les autres voisins de la RDC. L’Ouganda et le Burundi, qui entretiennent des relations tendues avec Kigali, pourraient craindre de perdre le contrĂŽle de leur zone frontaliĂšre, et intervenir Ă©galement, directement ou indirectement, provoquant davantage de violences.

En conclusion, il est possible que la coopĂ©ration militaire entre le Rwanda et la RDC donne des rĂ©sultats Ă  court terme, en affaiblissant certains groupes. Mais aucune solution de long terme ne pourra ĂȘtre trouvĂ©e si l’armĂ©e congolaise n’est pas capable, elle-mĂȘme, de sĂ©curiser son territoire. Cela suppose qu’elle soit bien organisĂ©e, payĂ©e, Ă©quipĂ©e, et aussi qu’elle soit incorruptible, impartiale et redevable devant les citoyens congolais. Le chantier est vaste. Mais il est incontournable pour atteindre une paix durable dans l’Est de la RDC.

Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. À trĂšs vite !

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Le 15 mars, une dĂ©lĂ©gation de militaires Rwandais a discrĂštement dĂ©barquĂ© Ă  l’aĂ©roport de Ndjili, Ă  Kinshasa. Elle Ă©tait conduite par le gĂ©nĂ©ral Jean-Bosco Kazura, chef d’Etat-major gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e rwandaise, pour nĂ©gocier les contours d’une nouvelle coopĂ©ration militaire dans l’Est de la RDC. 

Nous sommes le vendredi 26 mars et vous Ă©coutez le 7e numĂ©ro de Po na GEC, une capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu, et cette semaine nous allons parler de cette nouvelle tentative de passer des accords militaires avec des pays voisins de la RDC.

Ce n’est pas la premiĂšre, depuis l’arrivĂ©e au pouvoir de FĂ©lix Tshisekedi. En septembre 2019, dĂ©jĂ , le prĂ©sident avait voulu mettre en place un Ă©tat-major conjoint des armĂ©es de la rĂ©gion des grands lacs pour planifier des opĂ©rations communes dans l’Est de la RDC. Mais le projet avait Ă©chouĂ© : les relations entre ces pays voisins Ă©taient trop tendues et de nombreux congolais y Ă©taient opposĂ©s. Parmi eux, on trouvait notamment l’ancien prĂ©sident, Joseph Kabila, alors encore influent.

Cela n’a pas empĂȘchĂ© la coopĂ©ration de se poursuivre discrĂštement, notamment avec le Rwanda. A plusieurs reprises, des soldats rwandais sont entrĂ©s secrĂštement en RDC, avec l’autorisation des autoritĂ©s congolaises, pour mener des opĂ©rations ciblĂ©es contre certains groupes rebelles rwandais.

Ces incursions ont Ă©tĂ© relevĂ©es par le BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu et plusieurs mĂ©dias. Mais aussi – et c’est plus important – par le Groupe d’expert des Nations unies pour la RDC dans son rapport de dĂ©cembre dernier. LĂ©galement, les autoritĂ©s rwandaises et congolaises auraient en effet dĂ» dĂ©clarer ces opĂ©rations au conseil de sĂ©curitĂ© des Nations-Unies, ce qui n’a pas Ă©tĂ© fait.

Mais depuis le dĂ©but de cette annĂ©e, les Ă©changes entre les services de sĂ©curitĂ© Congolais et Rwandais semblent s’intensifier : la rencontre de ce mois de mars, Ă  Kinshasa, est dĂ©jĂ  la troisiĂšme. A Kigali, en fĂ©vrier, François Beya, le conseiller spĂ©cial en matiĂšre de sĂ©curitĂ© du prĂ©sident, avait notamment justifiĂ© ce rapprochement ainsi :  « nous sommes venus ici pour dĂ©fier le monde entier, en particulier l’occident, qui ne veut pas que nous parlions et travaillons ensemble ».

Selon certains comptes rendus de la derniĂšre rencontre, Ă  Kinshasa la semaine derniĂšre, il s’agissait d’élaborer un plan opĂ©rationnel pour mener des actions conjointes, notamment contre les FDLR, le CNRD, les RUD et l’ex-M23.

L’inclusion du M23 est intĂ©ressante : elle semble montrer la bonne volontĂ© de Kigali, qui avait, jadis, soutenu cette rĂ©bellion.

Alors, est-ce la solution aux problĂšmes de l’Est de la RDC ? Pour FĂ©lix Tshisekedi, il sera difficile de les rĂ©soudre sans la coopĂ©ration des voisins, c’est certain. Mais la coopĂ©ration avec le Rwanda, telle qu’elle semble se dessiner, prĂ©sente plusieurs risques.

D’abord, celui d’ĂȘtre trĂšs impopulaire en RDC. Cela pourrait inciter les autoritĂ©s Ă  la cacher, et en cacher dans le mĂȘme temps les Ă©ventuels abus, qui resteraient impunis. En 2009, l’opĂ©ration conjointe des armĂ©es congolaises et rwandaises Umoja Wetu avaient certes affaibli certains groupes armĂ©s, mais elle avait aussi provoquĂ© une crise politique Ă  Kinshasa et des violations des droits humains.

Ensuite, elle semble ĂȘtre principalement militaire. Pour y faire face, les groupes armĂ©s pourraient se mobiliser davantage et finir par gĂ©nĂ©rer plus de violences.

Enfin, elle semble exclure les autres voisins de la RDC. L’Ouganda et le Burundi, qui entretiennent des relations tendues avec Kigali, pourraient craindre de perdre le contrĂŽle de leur zone frontaliĂšre, et intervenir Ă©galement, directement ou indirectement, provoquant davantage de violences.

En conclusion, il est possible que la coopĂ©ration militaire entre le Rwanda et la RDC donne des rĂ©sultats Ă  court terme, en affaiblissant certains groupes. Mais aucune solution de long terme ne pourra ĂȘtre trouvĂ©e si l’armĂ©e congolaise n’est pas capable, elle-mĂȘme, de sĂ©curiser son territoire. Cela suppose qu’elle soit bien organisĂ©e, payĂ©e, Ă©quipĂ©e, et aussi qu’elle soit incorruptible, impartiale et redevable devant les citoyens congolais. Le chantier est vaste. Mais il est incontournable pour atteindre une paix durable dans l’Est de la RDC.

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Nous sommes le vendredi 26 mars et vous Ă©coutez le 7e numĂ©ro de Po na GEC, une capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu, et cette semaine nous allons parler de cette nouvelle tentative de passer des accords militaires avec des pays voisins de la RDC.

Ce n’est pas la premiĂšre, depuis l’arrivĂ©e au pouvoir de FĂ©lix Tshisekedi. En septembre 2019, dĂ©jĂ , le prĂ©sident avait voulu mettre en place un Ă©tat-major conjoint des armĂ©es de la rĂ©gion des grands lacs pour planifier des opĂ©rations communes dans l’Est de la RDC. Mais le projet avait Ă©chouĂ© : les relations entre ces pays voisins Ă©taient trop tendues et de nombreux congolais y Ă©taient opposĂ©s. Parmi eux, on trouvait notamment l’ancien prĂ©sident, Joseph Kabila, alors encore influent.

Cela n’a pas empĂȘchĂ© la coopĂ©ration de se poursuivre discrĂštement, notamment avec le Rwanda. A plusieurs reprises, des soldats rwandais sont entrĂ©s secrĂštement en RDC, avec l’autorisation des autoritĂ©s congolaises, pour mener des opĂ©rations ciblĂ©es contre certains groupes rebelles rwandais.

Ces incursions ont Ă©tĂ© relevĂ©es par le BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu et plusieurs mĂ©dias. Mais aussi – et c’est plus important – par le Groupe d’expert des Nations unies pour la RDC dans son rapport de dĂ©cembre dernier. LĂ©galement, les autoritĂ©s rwandaises et congolaises auraient en effet dĂ» dĂ©clarer ces opĂ©rations au conseil de sĂ©curitĂ© des Nations-Unies, ce qui n’a pas Ă©tĂ© fait.

Mais depuis le dĂ©but de cette annĂ©e, les Ă©changes entre les services de sĂ©curitĂ© Congolais et Rwandais semblent s’intensifier : la rencontre de ce mois de mars, Ă  Kinshasa, est dĂ©jĂ  la troisiĂšme. A Kigali, en fĂ©vrier, François Beya, le conseiller spĂ©cial en matiĂšre de sĂ©curitĂ© du prĂ©sident, avait notamment justifiĂ© ce rapprochement ainsi :  « nous sommes venus ici pour dĂ©fier le monde entier, en particulier l’occident, qui ne veut pas que nous parlions et travaillons ensemble ».

Selon certains comptes rendus de la derniĂšre rencontre, Ă  Kinshasa la semaine derniĂšre, il s’agissait d’élaborer un plan opĂ©rationnel pour mener des actions conjointes, notamment contre les FDLR, le CNRD, les RUD et l’ex-M23.

L’inclusion du M23 est intĂ©ressante : elle semble montrer la bonne volontĂ© de Kigali, qui avait, jadis, soutenu cette rĂ©bellion.

Alors, est-ce la solution aux problĂšmes de l’Est de la RDC ? Pour FĂ©lix Tshisekedi, il sera difficile de les rĂ©soudre sans la coopĂ©ration des voisins, c’est certain. Mais la coopĂ©ration avec le Rwanda, telle qu’elle semble se dessiner, prĂ©sente plusieurs risques.

D’abord, celui d’ĂȘtre trĂšs impopulaire en RDC. Cela pourrait inciter les autoritĂ©s Ă  la cacher, et en cacher dans le mĂȘme temps les Ă©ventuels abus, qui resteraient impunis. En 2009, l’opĂ©ration conjointe des armĂ©es congolaises et rwandaises Umoja Wetu avaient certes affaibli certains groupes armĂ©s, mais elle avait aussi provoquĂ© une crise politique Ă  Kinshasa et des violations des droits humains.

Ensuite, elle semble ĂȘtre principalement militaire. Pour y faire face, les groupes armĂ©s pourraient se mobiliser davantage et finir par gĂ©nĂ©rer plus de violences.

Enfin, elle semble exclure les autres voisins de la RDC. L’Ouganda et le Burundi, qui entretiennent des relations tendues avec Kigali, pourraient craindre de perdre le contrĂŽle de leur zone frontaliĂšre, et intervenir Ă©galement, directement ou indirectement, provoquant davantage de violences.

En conclusion, il est possible que la coopĂ©ration militaire entre le Rwanda et la RDC donne des rĂ©sultats Ă  court terme, en affaiblissant certains groupes. Mais aucune solution de long terme ne pourra ĂȘtre trouvĂ©e si l’armĂ©e congolaise n’est pas capable, elle-mĂȘme, de sĂ©curiser son territoire. Cela suppose qu’elle soit bien organisĂ©e, payĂ©e, Ă©quipĂ©e, et aussi qu’elle soit incorruptible, impartiale et redevable devant les citoyens congolais. Le chantier est vaste. Mais il est incontournable pour atteindre une paix durable dans l’Est de la RDC.

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Nous sommes le vendredi 26 mars et vous Ă©coutez le 7e numĂ©ro de Po na GEC, une capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu, et cette semaine nous allons parler de cette nouvelle tentative de passer des accords militaires avec des pays voisins de la RDC.

Ce n’est pas la premiĂšre, depuis l’arrivĂ©e au pouvoir de FĂ©lix Tshisekedi. En septembre 2019, dĂ©jĂ , le prĂ©sident avait voulu mettre en place un Ă©tat-major conjoint des armĂ©es de la rĂ©gion des grands lacs pour planifier des opĂ©rations communes dans l’Est de la RDC. Mais le projet avait Ă©chouĂ© : les relations entre ces pays voisins Ă©taient trop tendues et de nombreux congolais y Ă©taient opposĂ©s. Parmi eux, on trouvait notamment l’ancien prĂ©sident, Joseph Kabila, alors encore influent.

Cela n’a pas empĂȘchĂ© la coopĂ©ration de se poursuivre discrĂštement, notamment avec le Rwanda. A plusieurs reprises, des soldats rwandais sont entrĂ©s secrĂštement en RDC, avec l’autorisation des autoritĂ©s congolaises, pour mener des opĂ©rations ciblĂ©es contre certains groupes rebelles rwandais.

Ces incursions ont Ă©tĂ© relevĂ©es par le BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu et plusieurs mĂ©dias. Mais aussi – et c’est plus important – par le Groupe d’expert des Nations unies pour la RDC dans son rapport de dĂ©cembre dernier. LĂ©galement, les autoritĂ©s rwandaises et congolaises auraient en effet dĂ» dĂ©clarer ces opĂ©rations au conseil de sĂ©curitĂ© des Nations-Unies, ce qui n’a pas Ă©tĂ© fait.

Mais depuis le dĂ©but de cette annĂ©e, les Ă©changes entre les services de sĂ©curitĂ© Congolais et Rwandais semblent s’intensifier : la rencontre de ce mois de mars, Ă  Kinshasa, est dĂ©jĂ  la troisiĂšme. A Kigali, en fĂ©vrier, François Beya, le conseiller spĂ©cial en matiĂšre de sĂ©curitĂ© du prĂ©sident, avait notamment justifiĂ© ce rapprochement ainsi :  « nous sommes venus ici pour dĂ©fier le monde entier, en particulier l’occident, qui ne veut pas que nous parlions et travaillons ensemble ».

Selon certains comptes rendus de la derniĂšre rencontre, Ă  Kinshasa la semaine derniĂšre, il s’agissait d’élaborer un plan opĂ©rationnel pour mener des actions conjointes, notamment contre les FDLR, le CNRD, les RUD et l’ex-M23.

L’inclusion du M23 est intĂ©ressante : elle semble montrer la bonne volontĂ© de Kigali, qui avait, jadis, soutenu cette rĂ©bellion.

Alors, est-ce la solution aux problĂšmes de l’Est de la RDC ? Pour FĂ©lix Tshisekedi, il sera difficile de les rĂ©soudre sans la coopĂ©ration des voisins, c’est certain. Mais la coopĂ©ration avec le Rwanda, telle qu’elle semble se dessiner, prĂ©sente plusieurs risques.

D’abord, celui d’ĂȘtre trĂšs impopulaire en RDC. Cela pourrait inciter les autoritĂ©s Ă  la cacher, et en cacher dans le mĂȘme temps les Ă©ventuels abus, qui resteraient impunis. En 2009, l’opĂ©ration conjointe des armĂ©es congolaises et rwandaises Umoja Wetu avaient certes affaibli certains groupes armĂ©s, mais elle avait aussi provoquĂ© une crise politique Ă  Kinshasa et des violations des droits humains.

Ensuite, elle semble ĂȘtre principalement militaire. Pour y faire face, les groupes armĂ©s pourraient se mobiliser davantage et finir par gĂ©nĂ©rer plus de violences.

Enfin, elle semble exclure les autres voisins de la RDC. L’Ouganda et le Burundi, qui entretiennent des relations tendues avec Kigali, pourraient craindre de perdre le contrĂŽle de leur zone frontaliĂšre, et intervenir Ă©galement, directement ou indirectement, provoquant davantage de violences.

En conclusion, il est possible que la coopĂ©ration militaire entre le Rwanda et la RDC donne des rĂ©sultats Ă  court terme, en affaiblissant certains groupes. Mais aucune solution de long terme ne pourra ĂȘtre trouvĂ©e si l’armĂ©e congolaise n’est pas capable, elle-mĂȘme, de sĂ©curiser son territoire. Cela suppose qu’elle soit bien organisĂ©e, payĂ©e, Ă©quipĂ©e, et aussi qu’elle soit incorruptible, impartiale et redevable devant les citoyens congolais. Le chantier est vaste. Mais il est incontournable pour atteindre une paix durable dans l’Est de la RDC.

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