Je tombe sur le travail de Céline Clanet l’été dernier, à Arles. Dans l’une des nombreuses librairies des Rencontres, le gros livre de sa série Ground Noise, présentée en même temps à Croisière, attire tout de suite mon attention. Avec sa couverture soignée et étrange, son titre énigmatique appelle à une émotion synesthésique, l’idée évocatrice d’un son pour décrire ses photos. Difficile de résister à la tentation d’ouvrir le livre, puis de courir voir l’exposition. Devant les images, je me sens transporté dans un univers à la fois fascinant et dérangeant, où les registres microscopiques et cosmiques se rejoignent dans un noir et blanc intense qui scelle des sensations secrètes, presque mystiques. Intrigué par une telle approche où le documentaire, l’expérimental et le poétique cohabitent, je commence à m’intéresser à ses autres projets. Je découvre ainsi ses longues années d’immersion en Laponie et la rencontre avec le peuple Sámi (Máze, Kola, Pasvik). Puis, ses travaux de commande, toujours sur le fil d’une recherche personnelle et d’une exploration du lointain, du secret, du caché, ou de l’inconnu (Accès réservé, Les Chapieux…). Enfin, Les îlots farouches, le projet avec lequel Céline participe à la grande commande nationale du ministère de la Culture et de la BnF, Radioscopie de la France, qui affirme une fois de plus son intérêt pour des sujets et des histoires liées à la nature, avec une sensibilité véritablement écologique, presque militante.Céline Clanet reviendra dans cet épisode de Vision(s) sur l’ensemble de son parcours, de ses recherches et ses explorations, sur les raisons profondes de ses choix, sur ses intuitions, ses questionnements, ses doutes… Porté par sa voix douce et ferme, nous découvrons une photographe généreuse et bienveillante, dotée d’une extrême lucidité sur le métier de photographe et d’une grande maturité intellectuelle, qui ne cesse de s’interroger sur les méthodes et le sens même de sa démarche.Dans le texte qui accompagne le livre de sa série Kola, la photographe écrit s’être immergée dans l’histoire et le paysage qu’elle souhaitait raconter « comme on enfonce un pied dans une neige dont l’épaisseur reste inconnue ». En effet, cette formule est très évocatrice de la conception qu’a l’artiste de la photographie en général : une photographie comme une aventure, fondée avant tout sur le sentiment d’excitation et sur le plaisir tout personnel de la découverte. Pour elle, cela semble être un moyen de vivre des expériences uniques, un prétexte pour explorer des espaces singuliers, trouver des refuges silencieux dans le chaos du monde et étancher une certaine soif d’absolu. Et en même temps une idée de la photographie qui contient aussi toute la dimension du risque : quand le pied va-t-il toucher le sol sous la neige, et que va-t-il trouver au fond ? Le dialogue avec Céline Clanet est une occasion pour se confronter à ce vertige.🤝 PartenaireMPB (https://www.mpb.com/fr-fr/?utm_source=vision(s)&utm_medium=banner&utm_campaign=mar:fr%7Ccam:change%7Csc:spon), la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.🎙 CréditsUn podcast réalisé et écrit par par Nando Gizzi, produit par Aliocha Boi/Noyau.studio (https://noyau.studio/), monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.✨ Liens Instagram - Vision(s) (https://www.instagram.com/podcastvisions/) Site - Vision(s) (https://www.visions.photo/)
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