Speaker #0Bienvenue sur Powerback, le podcast pour les artistes musiciens et musiciennes. Ici on va parler de communication digitale, d'identité visuelle et de développement artistique. Moi c'est June, ex-chargée de production musicale et à mon compte depuis 2019 en tant que photographe et conseillère en images. Ma mission à travers ce podcast est de te donner tous les outils nécessaires au développement de ton projet artistique, afin d'avoir tout d'un pro et de te permettre d'atteindre tes objectifs en tant qu'indé, débutant ou confirmé. Donc si t'as envie de savoir comment faire grandir ta communauté de fans, obtenir des financements ou encore avoir une communication en béton, t'es au bon endroit. Je te donne rendez-vous le mercredi, seul ou avec des invités. Avec Powerback, tu gères ton projet comme tu l'entends, ton son, tes règles. Allez, c'est parti pour l'épisode du jour ! C'est le retour des beaux jours. Et qui dit belle journée dit festival. Ouais, ça rime pas du tout. Mais c'est vrai qu'avec les journées qui se rallongent, le soleil qui est là, la chaleur qui revient, on a envie de faire la teuf dehors et c'est tout à fait normal, je dirais même plus, je recommande. Et aujourd'hui j'avais envie de dédier l'épisode de Power Back à un sujet très particulier qui me tient beaucoup à cœur, la sécurité de tout un chacun en milieu festif. Parce qu'on sait ce que c'est quand on fait la teuf, quand on boit un coup, les esprits se libèrent, parfois ils s'échauffent et ça peut partir un petit peu dans tous les sens. Et à mon avis, je trouve ça dommage de devoir faire une croix sur certaines sorties ou faire une croix sur certains souvenirs, parce qu'ils sont rattachés à des événements vraiment pas cool. Donc aujourd'hui, on va parler du milieu festif et surtout comment être un allié ou une alliée efficace en milieu festif. Comment réagir si on est témoin d'une agression. et comment s'assurer qu'on a tout ce qu'il faut pour passer une teuf tranquille. Depuis la vague de prise de parole qui a eu lieu en 2017 avec le hashtag MeToo, les inégalités en milieu festif sont beaucoup plus visibles et ont enfin droit à des chiffres. On a enfin des études qui se penchent depuis 2017 sur les violences, les VSS, les discriminations dans le milieu de la fête. Quand je parle du milieu de la fête, je veux dire les festivals, les concerts, les bottes de nuit, les bars, tous les endroits où tu es susceptible d'entendre de la musique en buvant un verre en fait. 2017, c'est très récent, c'était il y a juste 7 ans. Mais la première vague d'utilisation de ce terme, hashtag MeToo, on la doit à Tarana Berkey, qui est une travailleuse sociale afro-américaine et qui s'en sert à partir de 2007 pour dénoncer les VSS subies par les minorités visibles. 2017, on rajoute un hashtag à MeToo car la prise de parole commence sur les réseaux sociaux. Très vite, le mouvement se décline en secteurs d'activité. Cinéma, musique, start-up. L'événement prend une ampleur mondiale et en France, la même année, la journaliste Sandra Muller lance le hashtag Balance ton porc Même idée, le hashtag se décline en plusieurs groupes Balance ton boss Balance ton tatoueur Balance ton bar Balance ta scène Donc depuis 2017, vraiment, la parole se libère à propos des VSS mais aussi des discriminations sur les minorités visibles. Les minorités visibles regroupent toutes les personnes qui ne sont pas blanches dans les pays occidentaux. La presse s'en mêle et sort des enquêtes menées sur du long terme avec de longs témoignages, des sources, des preuves sur les événements qui ont pu avoir lieu dans des gros gros festivals. Aujourd'hui, on constate une forte mobilisation de la part des artistes, des orgas, du public. Si ce n'est pas encore fait, je t'invite à lire l'enquête de Mediapart sortie en mai 2021 qui s'intitule Violences sexuelles, les musiques extrêmes face à leurs démons Cet article a littéralement bouleversé le monde des musiques extrêmes en France. L'article énumère plusieurs cas de VSS subis par des victimes qui ont témoigné. Et en gros, ça call out pas mal de festivals et de groupes et de structures et d'orgas et de programmateurs. Bref, est-ce vraiment la fin de l'impunité face aux VSS et aux discriminations en milieu festif ? Malheureusement, on a encore du boulot. Le changement est long à opérer, c'est long de changer les mentalités à échelle sociétale et c'est long de provoquer du changement chez les personnes ou dans les milieux qui n'en voient pas l'utilité. Il y a beaucoup de résistance dans la lutte contre les VSS et contre les discriminations. On connaît la chanson, dans la grande famille du métal, tout le monde est safe et tout le monde se protège. Malheureusement, c'est loin d'être le cas. C'est pas moi qui le dit, c'est les faits. Il y a du taf parce qu'avant de changer les inégalités, déjà il faut admettre. qu'elles existent ces inégalités. Et c'est pas en ayant des propos tels que Grande Famille 2 ou ce festival c'est un endroit hors du temps et de la société, tout le monde fait ce qu'il veut, tout le monde est libre, c'est pas comme ça que ça fonctionne. Donc pour mieux lutter contre les problèmes en milieu festif, que ce soit en festival, en concert, en soirée, il faut savoir identifier ces problèmes. On commence avec quelques chiffres. D'après une étude menée par Consenti en 2019 à propos des VSS en milieu festif, 60% des femmes et 10% des hommes qui ont répondu à cette enquête ont été victimes de VSS en milieu festif. 78% ont déclaré connaître une victime de VSS en milieu festif. Et 57% des femmes, donc plus de la moitié, se sentent en insécurité si elles se retrouvent seules en milieu festif, que ce soit un établissement ou un festival, à cause des risques de VSS. Donc on le sait, les VSS sont présentes partout, et le milieu de la musique n'en est pas exempt. Le sexisme, il est banalisé aujourd'hui, et nombreux sont les orgas qui ne programment que des mecs ou une majorité de mecs. Franchement, je t'invite à aller voir tous les line-up des festivals à venir, et à compter le nombre de meufs qu'il y a par rapport au nombre de mecs, et tu me diras quels festivals ont réellement pris soin d'avoir une parité au sein de leur line-up. Mais c'est pas que sur les événements, puisque c'est absolument... Tous les niveaux où la majorité des gens qui interviennent pour un événement festif sont des hommes. Ça part par exemple des boîtes de production qui font tourner les artistes. Quand j'étais chargée de prod, je ne bossais qu'avec des mecs à tous les niveaux. Que ce soit les artistes, les techniciens, les organisateurs, je travaillais très peu avec des femmes. Et crois-moi, je l'ai bien senti passer. J'ai eu le loisir d'observer des comportements, des attitudes qui changeaient en fonction des personnes, en fonction de si t'étais un gars ou une meuf, et si tu avais le même traitement ou pas, les mêmes remarques ou pas. J'ai déjà entendu je voudrais parler à ton patron à manque de bol mon patron c'était une patronne. J'ai déjà entendu des propos sexistes de la part de tourneurs, j'ai entendu des propos sexistes de la part d'organisateurs, de techniciens. des gars carrément moins compétents que les meufs avec qui je bossais, parce que je bossais quand même avec des meufs, mine de rien, et qui avaient une attitude, des propos, des actes absolument abjectes. Donc quand t'es une meuf dans ce milieu, et que tu veux survivre dans un milieu majoritairement masculin, t'adoptes toi-même une ligne de conduite pour pouvoir avoir la vie la plus tranquille possible quand tu fais ton travail. Ça s'appelle les conduites d'évitement. Les conduites d'évitement. C'est réfléchir à comment agir en société afin d'éviter d'avoir des problèmes. Pas des problèmes que tu cherches parce que tu fais de la merde, mais des problèmes que tu dois subir juste parce que tu es qui tu es. Une femme, un mec ou une meuf trans, un mec ou une meuf racisée. Donc tu dois adopter des techniques et ça s'appelle les conduites d'évitement. Généralement c'est réfléchir à comment tu vas t'habiller parce que tu vas passer dans une rue un peu sombre un peu tard le soir et que tu seras tout seul ou toute seule. Ça va être ne pas tenir la main au ton conjoint, ta conjointe dans la rue parce que tu peux te faire tabasser gratos. Et en milieu festif, par exemple, on va avoir le réflexe de couvrir son gobelet, d'aller systématiquement aux toilettes avec... un ou des potes, de rester toujours en groupe, d'avoir de quoi se défendre sur soi, ou encore de choisir le lieu où on fait la fête en fonction de leurs chartes, de leur implication pour la lutte contre les VSS et les discriminations, afin de pouvoir faire la fête dans l'endroit le plus safe possible, en prenant en considération qu'un endroit qui s'autoproclame safe, c'est un gros red flag. Je t'expliquerai tout à l'heure pourquoi. Donc voilà le principe des conduites d'évitement. C'est d'éviter les problèmes. Bien évidemment, cet épisode de podcast n'est pas là pour t'expliquer comment éviter les problèmes, mais comment lutter contre les problèmes. Les techniques d'évitement, c'est ce qu'on fait au quotidien, sans même se rendre compte quand on est victime de discrimination ou de VSS au quotidien, dans tous les niveaux de notre vie. Taf, perso, transport en commun, milieu festif. Il existe des choses à faire pour lutter contre les VSS et contre les discriminations dans le milieu de la fête et je vais t'en parler. La base de la base, c'est d'être alerté, c'est d'être au courant de ce qui se passe, c'est d'être au jus des problèmes et d'être un allié efficace qui est dans l'action quand on rencontre des problèmes. C'est un peu comme être courant en milieu festif quand les gens sont un petit peu éméchés. Donc, pour pouvoir lutter comme il faut contre les VSS, déjà il faut savoir ce que c'est exactement que les VSS. VSS, ça veut dire violence à caractère sexiste et sexuel. Tu peux aussi croiser le terme VHSS, qui signifie violence et harcèlement à caractère sexiste et sexuel. Ça consiste en plusieurs niveaux de gestes ou de comportements inappropriés. Par exemple, Ça peut consister en des attouchements, des moqueries, des insultes liées au genre et à la sexualité. Ça peut être de l'exhibitionnisme, ça peut être des paroles, des gestes déplacés, de la soumission chimique, de l'incitation à boire ou à prendre des substances dans le but de faire céder aux avances. Et bien entendu, c'est aussi le viol. Les VSS ont aussi une dimension virtuelle, avec la réception de messages à caractère sexiste, la diffusion de photos intimes sans accord. de la personne, ou encore une utilisation d'images ou de représentations dégradantes des personnages féminins ou genrés, et ça peut aller jusqu'à la communication d'un événement qui utilise ce genre d'image, pour promouvoir son événement en faisant des affiches par exemple. Donc sous couvert de sex-drogue rock'n'roll, la grande famille du métal, ou l'absence de convention sociale dans les festivals de France, etc. Quand c'est la teuf, les espaces classifs ne sont pas toujours synonymes. de sécurité, bien au contraire. Non, un festival ne s'en franchit pas des conventions sociales sous prétexte que tout le monde est là pour la même chose, c'est-à-dire passer un bon moment, parce que justement des événements qui rassemblent plus de 60 000 personnes par jour pour la musique sont à l'image de notre société. On n'échappe pas au rapport de pouvoir, d'autorité, de domination et d'exclusion pour les minorités visibles. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui les minorités visibles et genrées subissent autant de violence en milieu festif ? Il y a plein de facteurs. Déjà, il y a l'utilisation de la drogue et de l'alcool, qui ont un effet désinhibant. C'est-à-dire qu'on libère la parole, on lâche prise, on a l'impression que tout est plus facile, on est décontracté, donc forcément, on se lâche. Il y a aussi l'effet de groupe, la proximité physique quand on est dans un concert, le niveau sonore, cette illusion permanente d'égalité entre membres d'une communauté de fans d'un genre musical, en utilisant les termes de famille, qui enlèvent... ce niveau de vigilance collective qu'on a d'habitude dans la société. Tout ça, ça crée un environnement qui n'est pas safe. Parce que dans la société de tous les jours, quand déjà on est victime de discrimination ou de sexisme, il y a moins de lâcher prise de la part des agresseurs. Parce qu'en règle générale, sauf exception qui existe au quotidien, bien entendu, les gens ne sont pas hypés, ils ne sont pas en mode alcool-drogue, et ils ne sont pas sur leur terrain, leur zone de confort, tu vois. Et aussi, il y a un autre prisme qu'il ne faut pas négliger, c'est que les agresseurs, des fois, se trouvent aussi sur scène. Je te passe les exemples, tu sauras les trouver très facilement. Il y a des artistes problématiques qui ont des comportements inappropriés envers leur entourage ou leur public. La notoriété, le pouvoir, tout ça, ça crée une sorte d'autorité sur les personnes qui sont fans de l'artiste. Il y a un mélange entre autorité et côté accessible aussi de l'artiste. Tu vois ton idole, il est proche de toi, il s'intéresse à toi. Il y a un mélange de proximité et d'autorité naturelle qui ajoutait à ça l'impunité. Parce que pour plein de raisons, il y a énormément d'impunité dans le secteur. C'est le cocktail idéal pour pouvoir être un agresseur tranquille. Côté pro, il y a aussi énormément de problèmes avec des line-up qui ne sont pas... pas équilibrées en termes de parité et qui font que les femmes sont victimes de sexisme, très très souvent de la part des professionnels avec qui elles travaillent quand elles sont artistes sur scène. Et souvent, quand tu es une artiste sur scène, pareil, tu dois adopter des techniques d'évitement face à tout ça, parce que tu n'as pas le choix. Tu dois faire avec. Déjà tu as plein de sentiments qui viennent se mélanger et qui font que tu es obligé de t'adapter en fait à l'environnement qui t'entoure. Le premier sentiment généralement c'est celui d'avoir de la chance d'être parmi les grands quand tu fais un gros festival ou une grosse date. Et plus la date est grosse, plus elle a une majorité d'hommes blancs hétérosexuels. Je te laisserai comparer les line-up. des gros gros gros festivals de musique extrême et je pense que quand tu es une nana qui se produit à ce genre d'événement clairement la parité elle y est pas tu es en infériorité numérique et clairement tu dois t'adapter donc on se retrouve dans une situation où on est plus petite quand on est nana qui est sur scène dans un festival énorme à échelle mondiale ok on a la chance d'être là on se dit et on a peur de tout gâcher finalement Et puis c'est pas évident non plus parce que dans les gros événements tout le monde se connaît, tout fait vite le tour, que ce soit des choses négatives ou positives, et souvent les négatives vont vraiment beaucoup plus vite, tout se sait en off. C'est un écosystème très riche, le milieu de la musique, où en termes de pro tout le monde se connaît, tout le monde a une réputation, et souvent c'est ça qui prend le dessus, donc on fait super gaffe. Et quand on est du côté professionnel de la scène... Que ce soit technicien ou artiste, quand on est en minorité en termes de genre ou d'origine sociale ou d'ethnie ou même d'orientation sexuelle, quand on n'est pas un homme blanc cisgenre hétérosexuel sur une scène de musique à échelle nationale ou internationale, t'es obligé de t'adapter. Et il faut être beaucoup pour changer un système qui est solide et qui n'a pas pour vocation de changer. C'est la raison pour laquelle c'est important d'être un allié efficace. quand on va en milieu festif que ce soit en tant que professionnel technicien artiste et même en tant que membre du public Je parle des femmes dans le milieu de la scène et bien évidemment ce ne sont pas les seules personnes, les seules tranches de la société à subir des discriminations au quotidien et plus particulièrement en milieu festif. Je tiens aussi à parler des personnes LGBTQIA+. Et pour celles et ceux qui ne savent pas ce que ça veut dire, c'est très simple, ça veut dire lesbiennes, gays, bi, transgenres, queer, intersexes, asexuels ou aromantiques. Et le plus, ça regroupe les pansexuels ou les personnes non-binaires ou genderfluides. En gros, toutes les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles ou cisgenres. Donc c'est quoi une personne cisgenre ? Souvent j'en parle des hommes blancs cishétérosexuels. La cisidentité, c'est tout simplement quand ton genre qui t'est assigné à ta naissance, masculin, féminin, correspond au genre que tu ressens en toi. Une personne cisgenre est par exemple un bébé qui naît mâle, garçon, parce qu'il a... un appareil génital masculin et qui se sent très bien dans sa tête, dans son esprit, dans son corps, en tant que masculin homme. Et donc toutes les personnes qui sont dans le prisme LGBTQIA+, sont victimes au quotidien de discrimination, et ce même dans les milieux festifs. Les discriminations sont aussi vécues par des personnes non blanches, au quotidien aussi, et aussi en festival, et plus particulièrement dans les festivals où la part belle est faite à l'extrême droite, mais ceci ne fera pas l'objet d'un épisode de podcast. Donc si tu es un homme cisgenre, hétérosexuel, blanc... Bravo, tu es en haut de l'échelle des privilèges. Et ce n'est pas sale. Le privilège, c'est quoi ? C'est ce que la société t'autorise à avoir selon les critères imposés par cette même société. Et le privilège, il est automatique. Donc même si t'en veux pas, même si tu l'as pas choisi, même si t'es pas d'accord, ben t'es privilégié quand t'es un homme blanc cisgenre hétérosexuel. Donc, T'es obligé de faire avec et si tu dois faire avec, autant t'en servir pour être un allié. Tout un chacun, on est à des niveaux différents de l'échelle des privilèges. Et bien entendu, on n'est pas tous égaux en termes de privilèges. C'est-à-dire qu'il peut y avoir plusieurs niveaux de privilèges. C'est pas parce que t'es un homme blanc, cisgenre, hétérosexuel. Que tu as absolument tous les privilèges du monde, que tu es riche, que tu as l'argent... Non, ça ne veut pas dire ça. Ça veut juste dire que tu es moins susceptible de te faire emmerder de façon gratuite et arbitraire dans les lieux publics. Que ce soit au travail, dans les transports en commun, dans ta famille, à votre cercle d'amis, ou dans les milieux festifs dont on parle aujourd'hui. Il existe plusieurs niveaux de privilèges, et moi-même, en tant que femme cisgenre par exemple, dans l'échelle des privilèges, je serai au-dessus... d'une femme transgenre, pourquoi ? Parce que tout simplement, moi, on va me laisser rentrer dans les toilettes pour femmes sans me poser de questions, alors qu'une femme transgenre, on peut carrément lui interdire l'accès à ces toilettes alors qu'elle a parfaitement le droit d'y aller. Par contre, je trouve qu'en tant qu'alliés, on est beaucoup plus forts parce que c'est le nombre qui compte. Donc comment être un ou une alliée efficace ? Parce qu'il n'y a pas que les hommes blancs, cis, hétérosexuels qui peuvent être des alliés. Tout le monde doit être l'allié de toutes les personnes qui sont victimes de violences ou de discriminations. A nous d'utiliser nos privilèges pour pouvoir aider les autres et rendre le milieu festif. beaucoup plus vivables et supportables pour les personnes qui ne rentrent pas dans les cases qu'on leur impose. Donc voici quelques astuces, quelques pistes à explorer pour être un ou une alliée efficace en milieu festif. Déjà, ça commence par choisir les lieux qu'on va fréquenter. On choisit les lieux qu'on fréquente, on choisit les artistes qu'on va soutenir et on se renseigne. Par exemple, pour les festivals, c'est très facile de se renseigner sur le fait qu'ils soient oui ou non. intéressés slash impliqués dans la lutte contre les VSS. De plus en plus, les festivals font appel à des associations pour agir sur place pendant le festival afin de tenir un stand de prévention, de faire des rondes pour s'assurer de la sécurité des festivaliers et évidemment d'être présents pour agir en cas d'agression. On a deux équipes. Même trois équipes, j'ai envie de dire, concernant le festival. Équipe 1, celle qui ne fait rien du tout. L'équipe 2, celle qui a un stand de prévention avec une association vraiment distincte qui a été embauchée pour le festival et qui est spécialisée dans la lutte contre les discriminations. Et enfin, troisième équipe, le festival qui décide d'avoir un stand de prévention avec ses propres bénévoles formés en interne. On ne sait pas trop comment, c'est assez flou. Ce dernier cas, je te cache pas, ainsi que le premier aussi, pour moi c'est Red Flag. Autant quand il y a zéro, c'est assumé, à toi de choisir. Quand c'est une association qui est floue ou qui est inexistante et que les maraudes et les préventions sont faites par des bénévoles qui ne sont peu ou pas formés, gros red flag, on est sur une tentative de pinkwashing. Le pinkwashing, c'est quoi ? C'est la volonté de faire semblant d'être impliqué dans la cause féministe slash lutte contre le sexisme. afin de simuler un espace safe qui en réalité ne l'est pas du tout. Ça fonctionne aussi pour tous les lieux en fait, parce que... Bien que dans un bar tu n'aies pas d'association présente avec un stand, on est bien d'accord que tu peux trouver des bars avec des affichages. Souvent c'est dans les toilettes des meufs, dans les deux toilettes c'est bien aussi, mais tu as des affichages qui disent si vous avez un souci vous pouvez vous référer au barman. Des fois il y a des noms de code secret, tu commandes une boisson pour signaler qu'il y a un gros rouleau avec toi, le barman sait quoi faire pour dégager la personne, etc. Donc l'idée c'est de choisir son lieu. Attention ! Ce n'est pas parce que tu choisis un lieu qui fait attention à la sécurité des usagers, que ce soit le personnel ou le public, que le lieu sera 100% safe. En revanche, ça veut dire que tu te retrouveras face à des organisateurs qui sont sensibilisés à cette cause et qui ont normalement les moyens d'agir en cas de problème. Aussi, on se renseigne sur les artistes. qu'on va voir tout simplement. Les artistes, plus ou moins connus, c'est vraiment à tous les niveaux, c'est beaucoup moins facile de se renseigner sur les artistes moins connus, mais c'est important d'aller voir les gens qui ne sont pas problématiques. Pourquoi ? Déjà soyons clairs, les gens problématiques, ils se produisent sur scène, ils ont bien le droit. Je me passerai de commentaires. Mais clairement, c'est à toi de choisir si oui ou non tu veux encourager un artiste qui a des casseroles derrière lui et qui serait éventuellement un agresseur ou quelqu'un de violent ou quelqu'un qui a abusé de certaines personnes. Clairement, même si tu aimes la musique, faire la différence entre l'homme et l'artiste, Enfin, peut-être même l'humain, l'artiste. Je trouve ça pas ouf, mais ça n'engage que moi. À toi de voir à qui tu veux donner ton argent. Ça marche aussi pour les salles qui font passer des artistes problématiques sans dix longs sur l'importance qu'elles accordent à la sécurité de leur public. Je parle de salles, je parle aussi de festivals, bien entendu. Comment on peut savoir si un artiste est problématique ou pas ? Bon, pour les gros artistes, c'est très facile. Il suffit de faire une recherche internet. Les gros gros artistes qui vont passer dans les gros gros gros festivals, c'est très facile, tu les googles. Souvent, il y a un petit encart dans leur page Wikipédia, dans la catégorie... polémique, mais sinon tu peux checker sur Google Actu, tu as des articles de presse qui sortent à l'international, tu peux regarder sur les forums comme Reddit, sur les discords spécialisés, les pages Facebook, te renseigner, et tu as aussi une ressource qui est très efficace concernant les milieux de la musique, qui s'appelle Balance ta scène. Balance ta scène, ça recueille des témoignages de victimes de VSS, et ça fait aussi des appels à témoins afin de... regrouper un maximum de témoignages concernant un artiste ou une artiste problématique afin de pouvoir faire savoir que cette personne est problématique et éventuellement appelée à l'action. Plus on est nombreux et nombreuses à s'indigner publiquement sur les réseaux sociaux de la présence d'un ou une artiste problématique, plus la salle ou le festival vont vouloir assurer leurs arrières, privilégier leur réputation, leur commerce et donc dégager... l'artiste problématique en question. Je ne veux pas entendre parler de justice, de porter plainte ou de laisser la justice faire son travail. Si jamais cette idée t'est venue à l'esprit en entendant mes propos, je t'invite à aller étudier les chiffres concernant les victimes de viols et les plaintes déposées. Et pour information, quand il y a eu vraiment affaire de justice qui s'est soldée par un non-lieu, Un non-lieu, ça signifie quoi ? Ça signifie que le juge d'instruction a décidé de clôturer une enquête sans poursuite judiciaire parce qu'il n'y avait pas assez de preuves concernant la culpabilité de l'agresseur potentiel. Une absence de preuves n'est pas une absence de faits. Un non-lieu n'est donc pas synonyme de non-coupable. Donc, une fois qu'on a choisi son lieu, ses artistes, qu'on sait que le lieu est engagé à la sécurité de son public, qui est un asso de prévention. C'est de plus en plus courant, honnêtement, c'est vraiment limite systématique dans tous les festivals aujourd'hui, qu'il y ait vraiment des associations de prévention, et encore plus des festivals vraiment dédiés à la lutte contre les VSS, ou toutes sortes de discriminations. Vraiment, c'est pas la mer à boire. Une fois que t'as choisi tout ça, que tu sais où tu veux aller, garde en tête que malgré tout, un lieu ne peut pas se prétendre safe. Parce que autant le lieu, l'organisateur, a le pouvoir de gérer les gens avec qui il travaille, que ce soit les artistes, les bénévoles, les techniciens ou les associations qu'il travaille avec, il ne peut pas choisir le public et il ne peut pas diriger ni avoir contrôle sur les actions du public. Donc ce n'est pas pour autant qu'il faut relâcher sa vigilance et ne pas être attentif, attentive. aux problèmes de discrimination de VSS une fois de plus. Et pour être un allié ou une alliée efficace, il faut avoir des outils, savoir comment réagir quand on est témoin d'un problème lors d'un événement. Ça peut être toutes sortes de problèmes. Ça peut concerner les VSS, ça peut concerner du racisme, ça peut concerner de l'homophobie, la transphobie, de la discrimination contre les personnes handicapées, ça peut être isolé, ça peut être en groupe, ça peut être subtil, ça peut être flagrant, ça peut être dans la foule, ça peut être dans un recoin. Il y a un nombre incalculable d'agressions qui sont possibles de se dérouler sous tes yeux, tout le temps, tous les jours, partout. et encore plus en milieu festif où en général les gens sont sous substance ou alcoolisés. Donc voilà, t'es témoin d'une agression, t'es sensibilisé, tu sais les reconnaître, et tu vois sous tes yeux quelqu'un qui agresse quelqu'un d'autre. Premier réflexe à avoir, c'est de te réfréner dans ton syndrome du super-héros. Le but ici, c'est d'aider la victime et pas de neutraliser l'agresseur. Normalement, le lieu où tu te trouves, il y a des employés ou des agents de sécurité qui sont là. pour s'occuper de l'agresseur. Toi, ton job en tant qu'allié, c'est d'être aidant ou aidante pour la victime. Donc, premier réflexe, c'est vraiment de signaler à l'orga ou à la sécurité qu'il y a un problème et de t'occuper de la victime, de prendre soin de la victime. de recueillir sa parole et surtout de la croire. On croit toujours les victimes, c'est méga important et c'est la base d'un allié efficace, croire les victimes. Selon la situation, ça peut être important de relever des preuves, de prendre des photos, de filmer, d'enregistrer une situation, un cas, une dispute, quelque chose qui peut aider potentiellement la victime à porter plainte si elle le désire. On peut aussi relever les numéros d'éventuels témoins qui ont aidé eux aussi, qui ont assisté à la scène, pour qu'ils soient aidants pour la procédure de la victime si jamais elle décide de porter ça en justice. On laisse la victime s'exprimer, on lui laisse la place de choisir, on lui laisse son libre arbitre. On ne la force pas si elle ne veut pas se faire aider. On ne la force pas. à aller porter plainte si elle ne veut pas, et surtout, on lui laisse un maximum de possibilités, de place à son consentement. On se souvient qu'une personne qui a consommé trop d'alcool ou trop de produits stupéfiants n'est pas en mesure de donner un consentement éclairé. Donc si jamais tu vois un type qui ramène une personne qui est fortement, fortement éméchée, alors que le type à côté, lui, il a l'air plutôt droit dans ses pompes. Alerte rouge. On essaie de s'assurer du consentement de la personne. C'est pas intrusif, tu peux peut-être sauver une vie. C'est faux. En milieu festif, en festival, tout n'est pas permis. C'est pas parce que c'est la teuf, c'est pas parce qu'on a bu, c'est pas parce qu'on s'est fait des nouveaux potes, c'est pas parce qu'on est tous ensemble dans un camping, que ça peut être n'importe quoi. On le sait, on l'a vu, on l'a peut-être vécu. C'est toujours les mêmes qui ont l'avantage sur les autres. Ton rôle en tant qu'allié, donc, c'est d'aider, c'est de soutenir, c'est d'anticiper quelque chose que la victime ne pourrait pas anticiper, comme par exemple relever des preuves, relever des numéros, être réconforté, être à l'écoute, parce que la personne est en état de choc et pas en mesure de réfléchir de façon stratégique sur ce qu'il y a à faire après. Ce qui est important aussi quand on a un allié, c'est de parler. et de call out les gens problématiques, d'autant plus s'ils sont connus, s'ils ont une place importante dans l'événement que tu as fréquenté et dans lequel tu as assisté à ces agressions. C'est important d'en parler parce qu'on sait que tout se sait, que les gens parlent beaucoup entre eux. en off, mais que les choses ne changent vraiment que lorsqu'elles sont publiques. Combien de fois on a pu voir des call-outs de personnes plus ou moins célèbres, ou d'organisations plus ou moins connues, plus ou moins fréquentées, chacun, que ce soit à l'échelle internationale, nationale, même à l'échelle de ta propre ville, si t'as jamais entendu parler d'un bar problématique avec l'employé qui avait un comportement craignos, combien de fois tu vas entendre Ah ouais, mais on le savait, tout se sait, on le savait déjà, on en avait déjà parlé, moi je m'en doutais. Mais pourquoi ça sort que plus tard en fait ? Pourquoi ça sort pas de suite ? C'est important de parler, c'est important de pouvoir s'exprimer sur les problèmes qu'on rencontre, c'est important de pouvoir aussi laisser la place aux personnes concernées, surtout de s'exprimer et de pas prendre la place des personnes concernées. Pour moi, c'est vraiment capital que les choses soient dites clairement, publiquement, parce que c'est l'opinion publique qui va gagner. C'est malheureux, mais ça fait partie du système de l'industrie de la musique. Quand tout se sait en off et que c'est validé parce que la personne a le bras long, parce que la personne a un moyen de te faire tourner, parce que la personne a une certaine influence, et que tout se sait, on a tendance à fermer les yeux pour notre propre tranquillité, pour la propre survie de notre carrière aussi des fois, parce qu'on a peur d'être nous-mêmes blacklistés, parce que si on est tout seul à parler et que la personne a beaucoup d'influence et le bras long, on peut nous se faire blacklister, on peut nous être exclus. Parce qu'on chercherait les problèmes en fait. Sauf que non, c'est pas une histoire de chercher des problèmes, c'est une histoire de vouloir la justice et de vouloir la sécurité pour tous et pour toutes. Et c'est à plusieurs, en s'indignant à plusieurs, c'est en s'indignant sur les réseaux sociaux, c'est en s'indignant en boycottant des dates, en boycottant des lieux, en étant ouvertement vocaux sur certaines situations, et en osant parler, partager notre expérience, ce qu'on a vu, sans prendre la parole de la victime, ou soi-même en tant que victime, en osant parler, en disant les choses, même si on n'a pas porté plainte, même si c'était il y a 15 ans, notre parole elle compte. Peu importe notre position, à partir du moment où on veut lutter contre ces inégalités, où on veut lutter contre le sexisme et les discriminations dans le milieu festif, parce qu'on veut une scène plus safe. Je ne dis pas qu'elle sera safe à 100%, mais on peut arriver à avoir quelque chose de plus propre si on parvient à trouver sa voie et que notre voie entraîne d'autres voies. Et pour ça, on a des recours. Déjà, il existe une application qui s'appelle Safer. C'est une application qui est active. Pendant les festivals. Donc si tu es sur un festo, elle va être active de début jusqu'à la fin du festival, mais pas entre. Tu vas pouvoir signaler des comportements problématiques à Safer qui regroupera dans sa base de données pour réagir et envoyer aux associations ou aux organisateurs des festivals pour leur signaler ce genre de comportement. ...inacceptable. Aussi, notre force, quand on veut parler à plusieurs, ça va être les réseaux sociaux. Je ne peux que recommander l'Instagram Balance ta scène. C'est un collectif qui est indépendant, qui est anonyme, qui est autonome, qui n'a pas de subvention. qui a pas de cagnotte, qui demande pas d'argent, qui organise pas de festival, qui organise pas de tough surprise avec des trucs pour avoir à Paris, des trucs, des showcases, de ceci, non y'a pas ça. Balance ta scène, tu déposes ton témoignage, tu es conseillé en MP pour avoir éventuellement des ressources, pour avoir des actions, des associations qui peuvent t'aider et t'épauler durant ton processus de guérison, de traumatisme que tu aurais pu vivre dans le milieu de la scène, et ça t'aide à retrouver... d'autres victimes, d'un potentiel agresseur qui aurait sévi sur plusieurs personnes, sur plusieurs endroits, sur plusieurs scènes. Et ça c'est super important, parce que c'est un moyen d'avoir une parole anonyme, de pouvoir t'exprimer sur un sujet, une personne, un lieu, un événement, parce que tu as ce bouclier d'anonymat qui t'est offert par le compte Instagram de Balance ta scène, et tu peux dire les choses sans avoir peur d'être... menacée et puis d'avoir des conséquences finalement. Et c'est important parce que ce que tu as à dire, ça peut aider les autres. Ton expérience, elle peut aider des victimes qui n'oseraient pas parler. Et c'est notre parole qui compte. Une fois de plus, en tant que victime, notre parole, elle compte énormément et elle est très importante. Donc il faut pouvoir trouver des moyens de l'exprimer et malheureusement, il y en a... Pas beau. Et enfin une ressource que je juge très importante, si jamais tu as besoin d'avoir un recours juridique, que tu as besoin, que tu as envie, tu as le site qui s'appelle prendreledroit.org qui regroupe des aides juridiques pour les victimes de VSS. Je répète, ça s'appelle prendreledroit.org. Donc voilà, les clés d'un allié en or, c'est agir, l'action. L'action, sans pour autant prendre toute la place, c'est la parole, c'est verbaliser, c'est dire les choses. C'est l'entraide, la solidarité, surtout l'esprit de groupe, pour faire le ménage un petit peu sur la scène des musiques actuelles, qui n'est pas franchement très clean, mais on y travaille. Donc j'espère que cet épisode t'aura permis de tirer ton épingle du jeu. Comme d'habitude, sache faire que tu auras eu des ressources très importantes surtout, pour toi en tant que personne, en tant qu'artiste, pour pouvoir évoluer sur une scène qui te correspond un peu plus à toi et tes valeurs. Si tu estimes que cet épisode mérite d'être entendu par tes proches, n'hésite pas à le partager, à le faire tourner, à lui donner de la visibilité, ça permettra de... d'aider peut-être, de permettre à certaines personnes de pouvoir agir en milieu festif. Donc partage-le autour de toi, c'est pas une question de promotion, là c'est une question d'entraide et de solidarité. Et c'est pour ça que j'ai fait cet épisode, en particulier qui me tenait à cœur. Donc j'ai besoin de ton soutien et de tes partages. Donc n'oublie pas, moi tu me retrouves tous les jours sur Instagram, arrobas powerback underscore podcast. Et n'oublie pas, c'est ton son, c'est tes règles, c'est ta scène. Et je te dis à bientôt. Ciao. Sous-