Deux noms, deux “robes” pour 1 seule espèce. Bébé, le Requin-zèbre, naît rayé de noir et de blanc. En devenant adulte, les stries deviennent des taches de Léopard. Les jeunes sont si différents des adultes que les scientifiques pensaient qu’il s’agissait de 2 espèces différentes.

Le Requin-zèbre peut atteindre les 3,5 mètres de long, bien moins que son cousin le Requin-baleine, qui peut atteindre 18m. Tous deux appartiennent à l’ordre des Orectolobiformes.

Le lobe supérieur de sa queue est disproportionné (on parle de caudale “hétérocerque” par opposition aux caudales symétriques, homocerques). L’absence de lobe inférieur s’explique par son mode de vie de “rase-moquette”. Le requin-zèbre vit posé sur le fond sableux la plus grande partie du temps (benthique).

Le dessous de son corps est plat alors que son dos est “caréné” comme la coque d’un bateau, ce qui permet de se plaquer sur le fond. Il débusque ses proies dans le sable et dans les anfractuosités des rochers grâce à ses ampoules de Lorenzini. Il se nourrit de mollusques et de crustacés. Il les gobe grâce à la puissante force de succion de sa bouche.

Contrairement aux requins de haute mer, le Requin-zèbre peut respirer en restant immobile. Il possède une musculature suffisante pour pomper l’eau en direction de ses branchies et prélever tout le dioxygène nécessaire.

Comme sa bouche est plaquée contre le sable, il respire par l’arrière des yeux… En effet, il possède un orifice (une arrivée d’eau) derrière chaque œil, le spiracle. Ces tubes conduisent l’eau vers les branchies, ce système de dérivation évite de respirer trop de sable.

La chair du Requin-zèbre est consommée fraîche ou séchée et salée. L’huile issue de son foie est consommée comme source de vitamines, un peu comme l’huile de foie de morue en Europe. Les abats servent à fabriquer de la farine de poisson qui alimente… les poissons d'élevage.

Enfin, les nageoires sont prélevées pour être consommées en soupe d’ailerons. Cet aliment est particulièrement prisé en Chine car il est un fort marqueur social de richesse et de prestige mais aussi pour de prétendues vertus thérapeuthiques. La soupe d’aileron est ainsi servie lors des mariages ou du nouvel an chinois.

Même sans être visé par les pêcheurs, le Requin-zèbre est victime des techniques de pêche non sélectives comme la senne démersale.

Des protections partielles sont mises en place dans différents pays. En Malaisie, elle est complète mais les prises ne sont plus déclarées par peur des sanctions. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, la pêche au chalut est fermée une partie de l’année mais les dispositifs de réduction des prises accessoires ne sont pas encore mis en place.

En Australie, le Requin-zèbre profite de la protection d’une partie de son environnement, la Grande Barrière de Corail. Les études montrent aussi un bon taux de survie des individus lorsqu’ils sont relâchés après une prise accidentelle, ce qui peut être lié à sa capacité à respirer en restant immobile.

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📖Marc Mortelmans est l'auteur de Nomen, l'origine des noms des espèces (Ulmer 2024) et En finir avec les idées fausses sur le monde Vivant (Éditions de l'atelier 2024).

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