Speaker #0Je m'appelle Alice Thielin, je suis originaire de la Roche-Rion. Et là je suis actuellement en première année de master programme de grande école à Ausha. Tout a commencé quand on a été admise dans l'association qui s'appelle ESC Sans Frontières, donc l'association humanitaire de Ausha. Et donc on est quatre étudiantes à être parties. Amandine, Julie, Cléophée et moi-même. Et c'est celle de la mission au Népal qui nous a le plus plu. Notre gros coup de cœur, en fait, ça a été tout ce qui est au niveau du droit de la femme. Tout ce qui est l'image de la femme dans le monde, dans les différentes cultures, dans le pays au Népal. Et aussi présenter nous, la France, mes bacs, principalement les pays occidentaux. Et donc il y a aussi ce côté santé, on va dire, avec la sexualité et la puberté. C'était vraiment ce côté social, santé et impact auprès des enfants qui m'a le plus plu. Avant de rentrer en école de commerce, j'ai longtemps hésité avant de faire des études de médecine ou pharmaceutique. Et j'ai toujours gardé ce côté un petit peu santé et social. Je n'ai pas fait médecine parce que c'était la période du Covid. On a trop parlé, je pense, des hôpitaux, de la médecine à ce moment-là. Donc je pense qu'il y a eu un moment où j'ai eu peur de comment ça allait évoluer plus tard. C'est à ce moment-là où j'ai eu énormément de temps de réfléchir. Et on m'a dit que je pouvais faire du commerce et après trouver un travail qui était en lien, par exemple avec le pharmaceutique, le cosmétique. Et donc je me suis dit que c'était quelque chose qui me correspondait plus, de pouvoir allier les deux. C'est pour ça que dès que j'ai passé les entretiens, les oraux pour Neoma, je m'étais renseignée au niveau des associations et USA Sans Frontières, ça m'a toujours plu. Dont la mission Népal où ils étaient déjà partis l'année dernière. Pouvoir apporter mon aide, moi c'était un des piliers et une de mes motivations personnelles. Un mois avant de partir, on a fait plusieurs réunions entre nous et on a été aussi préparés par rapport au sujet de la puberté. Donc là, on a rencontré une professeure d'SVT du collège de Cléaufay parce que c'était important pour nous d'avoir des vraies bases de médecine, santé et pas vraiment raconter que nos expériences personnelles. On a aussi eu un rendez-vous avec l'infirmière de Ausha. C'était plus au niveau psychologique, savoir si on était prêts mentalement parce que c'est quand même une charge mentale de partir deux mois dans notre pays. Mes principales appréhensions, c'est que je n'ai jamais été dans un pays sous-développé. Je ne savais pas si c'était vraiment très très pauvre, comme on pouvait nous en parler. Je ne savais pas les conditions dans lesquelles on allait être. Est-ce qu'il allait pleuvoir à longueur de journée et qu'on n'allait pas pouvoir forcément aller dans les écoles ? Ce qu'on nous a dit qu'au Népal, il faut s'adapter très facilement. Parce que l'organisation, c'est au jour le jour là-bas. Mes autres appréhensions, c'était aussi des personnes qu'on allait rencontrer parce qu'on les a rencontrées qu'au téléphone. Est-ce que les enfants allaient vraiment écouter ce qu'on allait dire ? Est-ce qu'ils allaient aimer ce qu'on allait présenter ? Est-ce que ça allait avoir un réel impact ? Moi, c'est ce que je voulais, c'était vraiment avoir un impact et pas partir juste deux mois faire du babysitting, on va dire. On est partis le 6 mai, sachant que je faisais mon lundi le 3 mai, je l'ai fait très rapidement. Quand je suis arrivée, j'ai ressenti une grosse vague de stress. On arrive à Katandu, bien sûr. On ressent tout de suite que la vie est surpeuplée. Les gens grouillent de partout. Il y a plein d'informations à avoir. Je regardais partout, les voitures, les gens, les bâtiments, tout. Quand on arrivait à l'aéroport, c'est Ausha, le responsable au Népal de l'association Cheikh de Népal, qui nous a accueillis et qui nous a mis directement dans des taxis. Rien d'avantage des taxis français, c'est des très vieilles petites Twingo qui roulent, on ne sait même pas comment elles roulent. Ça se joue aux klaxons, à qui les klaxons sont plus forts, à qui ça impose en premier. Le périph'parisien, ça n'a rien à voir, vraiment, à côté. Et c'est très, très, très, très pollué. Il y a quand même un gros brouillard gris et on le sent. Le soir, quand on essayait de se laver le visage, on enlevait du noir sur nous carrément. Les magasins, il y en a partout. Toujours les mêmes produits, mais vraiment partout. Ça, on ne comprenait pas trop comment ça peut fonctionner. Et en fait, c'est que les gens, on va dire, zonent à longueur de journée. On se demande ce qu'ils font. Soit ils n'ont pas forcément de métier et ils sont juste là, soit c'est dans des magasins, de la vente de fruits et légumes, ou rien du tout en fait, tout court. Notre intervention participale s'appelle Women of the World. Et donc là, c'est sur trois volets, trois projets. Donc on divise par WO1, WO2, WO3. O1, c'était surtout ce qui était les critères de beauté, les stéréotypes dans le monde. On commençait toujours par leur demander en classe, qu'est-ce qui est pour vous la définition de la beauté ? Par exemple, ça va être se faire des tresses le matin, être grande, être sportive, les couleurs de peau. Et après, nous, on leur disait principalement qu'il n'y avait pas de critères. forcément d'un pays à un autre, d'une région du monde à un autre, les gens pensaient différemment, que nous on peut avoir des stéréotypes occidentaux, mais que ça ne voulait surtout rien dire. Il y avait aussi beaucoup la religion qui ressortait. Pour eux c'est très important, c'est-à-dire que si tu as bien fait ta prière le matin, tu es une bonne personne, si tu pries régulièrement, c'est quelque chose qui pour eux est une beauté intérieure. Ensuite, WOD2, c'était pour présenter des femmes inspirantes, que ce soit de leur pays, des femmes népalaises. On a parlé de Najrin Sheikh, qui est une entrepreneuse. Elle était dans une région reculée du Népal. Sa grande-sœur a été mariée forcée. En fait, elle a réussi à s'en sortir en faisant des études. On a aussi présenté une femme népalaise qui a été la première à monter l'Everest et à en être descendue, bien sûr. On a aussi présenté des femmes comme Simone Veil, comme Maï Jeminson, qui est la première femme afro-américaine à aller dans les Stas. On a eu beaucoup beaucoup de réactions par rapport à Frida Kahlo, par rapport à ses sourcils ou par rapport à ses moustaches, encore une fois. Presque à chaque fois on avait cette réflexion-là, que ce soit des filles ou des garçons. Donc là ça nous a rappelé le goût 1, notre volet numéro 1, en leur expliquant que non, ce n'était pas un homme. C'était une femme qui s'acceptait et qui ne voulait pas forcément s'épiler. Et que c'était 100% acceptable et possible et que ce n'était pas la seule. Et donc là, elle voulait que Frida Kahlo combattait ce côté-là dans ses peintures. On essayait de voir ce qu'ils en pensaient, d'enlever ce stéréotype de la femme parfaite. Et donc d'expliquer qu'il n'y a pas que les hommes, parce qu'ils ont souvent l'image de l'homme qui peut avoir des succès et tout ça. Mais qu'il y a différentes échelles pour pouvoir évoluer tout ce qui est au niveau du droit de la femme. Et le dernier volet, ou au 3, c'est au niveau de la puberté et de la sexualité. Moi, c'est le volet que j'ai préféré par rapport à mon côté médecine. Et aussi, c'est là où on avait le plus de questions et là où les enfants étaient le plus intéressés. Et on divisait toujours les garçons et les filles. Et donc là, c'était tout ce qui était les basiques pour la fille, c'était comment l'évolution de son corps. On peut avoir des questions de jeunes filles qui se demandaient est-ce qu'il faut que je porte une protection hygiénique tous les jours ? au cas où j'avais mes menstruations, mais elles ne savaient pas par exemple qu'il fallait les jeter quand elles étaient utilisées pendant plus de 4 heures. Il n'y avait pas du tout de jugement de notre part. Au contraire, plus on avait de questions, plus c'était intéressant et plus on avait l'impression d'avoir de l'impact. On dormait chez l'habitant. C'est l'association Chez Christine Népal qui nous mettait en lien avec une dame habituée à accueillir des bénévoles. Cette dame-là, c'était à Katmandou. On a dormi d'abord une semaine chez elle. Après, quand on est allé dans les régions du Sulukumbu, dans une école différente, on a dormi chez Domi, qui nous a accueillis aussi pareil. Après, quand on est revenus, on a dormi chez Ausha. En fait, à chaque fois, on dormait chez l'habitant. Et ça, c'est quelque chose qu'on a adoré. Parce que tout d'abord, ça nous permet de plonger directement dans la culture. Et c'est vraiment en lien avec notre mission, parce qu'on ne voulait pas du tout faire de tourisme. Donc on payait nos nuits, mais on payait à l'habitant. qui sont dans le besoin, qui nous font un manger, qui ont besoin de payer leur loyer. Forcément, c'est beaucoup plus rudimentaire qu'un hôtel. C'est-à-dire qu'on n'a pas d'eau chaude. Il ne faut surtout pas boire l'eau du robinet, sinon on tombe malade. L'eau peut être jaune. Donc en fait, tu te laves, mais au final, tu n'es pas vraiment lavé, on va dire. On lave nos vêtements à la main et on les étend à l'extérieur, sauf qu'on les étend dans la pollution. On dormait sur des lits, c'était des planches de bois. C'est très mal isolé et on n'a pas de chauffage à la nuit non plus. Donc on dort avec plein d'épaisseurs. Ils sont quand même très zen. Même s'ils s'organisent la veille pour le lendemain, ils sont très posés, ils ne s'énervent jamais. Et en fait, ça m'a quand même apaisée. Et c'est plus quand on est revenu en France que ça nous a chamboulé à l'inverse. Parce que quand on est revenu en France et qu'on est arrivé à l'aéroport Charles de Gaulle, tout de suite on nous a pressé à la douane et tout ça. Et en fait, c'est à ce moment-là qu'on s'est rendu compte que le changement qu'on avait pu avoir au Népal, de tout était zen, on ne s'inquiétait pas. Et là, on nous criait dessus en mode dépêchez-vous, dépêchez-vous, dépêchez-vous. Ce qui ne nous était jamais arrivé au Népal. Cette mission m'a grandi. J'ai énormément mûri sur plein de projets personnels. Je me suis dit que j'aimerais toujours garder ce côté social, ce côté impact, d'avoir un sens dans mon métier. Alors je ne dis pas forcément que je travaillerai dans l'humanitaire plus tard, dans des ONG, mais j'aimerais vraiment donner un sens à mon métier et ça m'a aussi permis de relativiser sur plein de choses. C'est-à-dire qu'en France, moi la première, je me plains sur plein de choses du quotidien un peu bêtes. Par exemple, moi j'habite en Vendée, à la Roche-Orient, donc ça me demande 5 heures pour rentrer chez moi. Alors que là-bas, 5 heures, c'est rien. Par exemple, pour aller de la capitale à l'autre plus grande ville qui est Pokhara, il faut 11 heures de bus. Dans un bus sans climatisation, avec des sièges pas confort, une route où c'est pas du béton à base de terre. Dès qu'il pleut, il y a plein de trous et tout ça. Donc 11 heures dans un transport en commun où on est absolument pas à l'aise, on peut pas s'allonger, mes 5 heures pour rentrer chez moi ça me paraît rien à côté. C'est quand même un pays qui est à 10 heures d'avion. En fait il y a une différence énorme entre les pays développés et en développement. On peut pas forcément les sauver, mais je pense qu'il y a des choses sur lesquelles on peut apporter. Par exemple nous ça n'a pas été forcément de l'argent. Ça a été plus des connaissances et en fait je pense que c'est des choses où on peut tous le faire. Mon avis c'est sûr, moi j'aimerais bien faire un stage en pharmaceutique, donc ce côté un petit peu santé. Mais je m'étais donné l'idée après cette mission Nipal de me poser un ou deux mois et de pouvoir repartir en mission humanitaire. Plus personnel que professionnel. Alors après, si je peux allier les deux, ça serait vraiment parfait.