- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans Reliance, l'espace qui reconnecte le monde moderne aux sagesses ancestrales et qui t'invite à te relier à toi, aux autres et au monde qui t'entoure. Ici on partage, on s'inspire, on déculpabilise et on ose sortir du moule pour créer la vie qui nous fait vibrer, en accord avec notre véritable nature. Je suis Audrey, femme médecine et mentor pour entrepreneurs spirituels et engagés. Passionnée de voyages, de rencontres et de cultures autochtones, je suis une âme curieuse et créative. profondément connectés à notre terre-mère. Je suis convaincue que ce relier à la nature et à notre propre nature est le premier pas vers le monde de demain. Alors chaque mois, seul ou accompagné d'invités, plongeons ensemble au cœur des sagesses traditionnelles autochtones et tissons le lien entre ces sagesses, l'entrepreneuriat et la spiritualité afin que tu puisses toi aussi révéler ta médecine et rayonner dans ta vie et dans ton entreprise. Si cela te plaît, je t'invite à laisser une jolie note et un commentaire en dessous de cet épisode et à le partager à tes proches qui en ont besoin. Allô tout le monde, je suis heureuse de vous retrouver pour un nouvel épisode de Reliance. Pour cet épisode, j'ai eu le plaisir de recevoir une invitée très spéciale. Il s'agit d'Aru Sen, fière représentante de la nation Wendat. Aroussen est une artiste danseuse qui œuvre activement en faisant rayonner les danses traditionnelles autochtones au sein de sa communauté et en dehors. Aujourd'hui, elle nous reçoit chez elle pour nous parler des régalias, ces habits traditionnels que portent les danseuses lors de différents rassemblements comme les powwow. C'est parti pour cette rencontre passionnante. Bonne écoute ! Merci Aroussen d'avoir accepté mon invitation dans cet épisode de Reliance. Donc, je suis vraiment hyper honorée déjà que tu aies accepté cette invitation. Pour moi, c'était comme vraiment une évidence de venir à ta rencontre et de te tendre ce micro pour que tu puisses nous parler de ta culture Wendat, puis aussi de ta zone d'expertise, qui est la danse, qui est ton côté artistique. Moi, c'est vraiment cette femme artiste que j'ai vue en toi la première fois que je t'ai vue danser. Et c'est pour ça que je t'ai envoyé l'invitation. Donc, merci beaucoup déjà de l'avoir reçue avec autant de joie. Je suis acceptée tout de suite. Donc, merci beaucoup pour avoir posé.
- Speaker #1
C'est vraiment un plaisir, parce que pour moi, c'est important de transmettre mes connaissances, aussi ma joie de danser, de partager ma culture par cet art-là. Donc, si je peux semer des petites graines puis influencer les futures générations à faire la même chose que moi. Je pense que c'est avec des gens comme toi qui nous ouvrent les portes, qu'on peut le faire le plus facilement, d'aller toucher plus de personnes. Donc c'est moi qui te remercie de me recevoir.
- Speaker #0
La première question que j'avais envie de te poser à Roselyne, c'est, peux-tu nous dire justement qui tu es, ce que signifie aussi ton prénom. Moi je l'ai appris tout à l'heure, je ne le savais pas. Juste nous dire un petit peu qui tu es pour les personnes qui te découvrent là dans l'émission.
- Speaker #1
Oui. Donc je vais faire dans ma langue maternelle. Kwe aweti arusen grulwi hiatsi, wandat indi wandake indare, uske noton hiwayi tsukuta. Donc je me présente, bonjour à tous, mon nom est Arusen Grulwi. Arusen, ça veut dire écureuil. Pourquoi je porte ce nom ? Ça a été... avant je portais un nom québécois en fait, qui était Isabelle. J'étais baptisée... Et quand j'ai commencé à danser à l'âge de 15 ans, je dirais plus professionnellement, on nous demandait d'avoir un nom d'artiste, de choisir un nom Wendat. Et moi, c'était Arusen. Je trouvais ça très féminin. J'habitais sur la rue Arusen aussi, à Wendat. Pour vrai ? Oui. Et Arusen, je dirais écureuil. Et mon grand-père, il l'appelait l'écureuil, mon grand-père Gros-Louis, parce qu'il disait que c'était le meilleur monteur de ligne. Ok. Donc, les curés étaient très présents. Donc, voilà, j'avais choisi ce nom de scène-là. Donc, on me présentait sous le nom d'Arousen. Et sur ce petit territoire de ma nation, qui est de 1 km par 3 km, on est 6 à 7 Isabelle Gros-Louis à l'époque. Oh, wow ! Ok. Donc, ça devient difficile de... Quand tu es au téléphone et que tu parles avec des gens, puis là, il va y avoir des laquelles. Oui,
- Speaker #0
bien oui.
- Speaker #1
Donc là, tu es obligé de remonter beaucoup, très loin dans ton arbre généalogique parce que, bon, ma mère, c'est Diane Gros-Louis. Ah oui, laquelle ?
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a plus qu'une femme de Louis à Mwendake ? Ok,
- Speaker #1
le mot encore, ok. Mon grand-père, c'est Jean-Paul Gros-Louis. Ah oui, Jean-Paul, lui ou l'autre ? Donc, il fallait que je remonte jusqu'à Théophile Gros-Louis, qui est mon arrière-grand-père, qui était grand-chef de la communauté à Mwendake. Wow, ok. Donc là, voilà, je pense que je ne me sentais pas seule. Je ne me sentais pas unique, en fait. Ouais, ouais. Puis j'aimais, j'adorais ce nom-là, Arus. Et c'était très fort en moi. J'avais commencé même les démarches en 2015. J'ai changé mon prénom. Mais je trouvais que c'était tellement lourd, la bureaucratie, c'était tellement beaucoup de choses à compléter, de preuves à émettre, que j'avais lâché. Et là, pendant la pandémie, je me suis dit « Wow, j'ai beaucoup de temps ! »
- Speaker #0
Oui, n'est-ce pas ?
- Speaker #1
J'ai décidé de reprendre la démarche. C'était très fort en moi aussi. de vouloir porter un nom Wendat. Et je me disais aussi que c'est une façon de partager la culture, la langue, d'informer les gens en portant un nom Wendat. Ça m'a pris neuf mois à compléter tout ce qu'il y avait à compléter dans les preuves et tout ça. Et j'ai réussi. Et là, je suis fièrement porteuse d'un nom dans ma langue maternelle. Et j'aime transmettre qu'est-ce que ça veut dire. Et pourquoi l'écureuil aussi ? Pourquoi on porte des noms d'animaux ? Parce qu'on dit qu'on porte la qualité de l'animal.
- Speaker #0
Ok, alors qu'est-ce que ça te fait la qualité de l'écureuil du coup ?
- Speaker #1
Les gens sont comme « Ah l'écureuil, il est... Ah, il est tannant un peu l'écureuil ! » Les gens, je l'ai fait à Québec, ils l'aiment moins. Ah oui ? Parce que bon, il va manger les graines des oiseaux, tu sais, il est un peu... Finalement, quand on connaît la qualité, on le voit autrement l'écureuil. Donc l'écureuil est porteur du courage parce que c'est le seul animal qui descend d'un arbre la tête en bas.
- Speaker #0
C'est vrai ! C'est vrai !
- Speaker #1
Donc voilà, je suis une fière représentante du courage. Oui ! Mais je crois que je suis porteuse quand même du courage. Donc ça me va bien, ça me colle bien à la peau. Ah oui !
- Speaker #0
Ah oui ! Tellement je trouve aussi ! Vraiment, merci pour cette explication ! Est-ce que tu peux nous dire aussi ce que tu fais dans la vie ? Parce qu'on a compris artiste, danseuse. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus, justement ?
- Speaker #1
Oui. Donc, j'ai commencé à danser à l'âge de 5 ans, à l'école primaire de Wendake. OK. Où là, on nous apprenait les danses folkloriques, Wendat et tout ça. Je n'ai jamais arrêté. C'était quelque chose qui me donnait énormément de joie, en fait. Donc... Donc, mon premier emploi, c'était danseuse pour les touristes qui venaient ici au site traditionnel à Wendake, qui suivaient les guides pour en savoir plus sur notre histoire. Il y avait toujours une danse de bienvenue et moi, c'était ça mon travail.
- Speaker #0
D'accord, OK.
- Speaker #1
Donc, il y avait une cinquantaine de bus par jour qui venaient. Donc, je dansais énormément. OK. Mais ça me nourrissait positivement. dans mon rapprochement avec ma culture, de pouvoir transmettre aussi aux gens. Donc, j'ai fait ça pendant cinq ans. Et par la suite, j'ai intégré des troupes de danse de Wendake qui m'ont permis aussi de voyager partout en Europe, aux États-Unis aussi, au Canada, dans les autres communautés autochtones pour partager ces danses folkloriques-là. Ensuite... j'ai fait des gros spectacles à l'amphithéâtre de Wendake. J'ai fait les spectacles de, je vous dirais, 2008 à 2013 sur cette grande scène-là. J'ai fait toutes les productions. Ensuite, je me suis mise la danse de paroi, je suis venue me chercher par le rêve. Moi, je ne pensais pas faire ça parce que je trouvais que c'était un parcours difficile.
- Speaker #0
Pourquoi ça ?
- Speaker #1
Parce qu'il il fallait... Il y avait le volet spirituel, mais il fallait aussi mettre beaucoup d'énergie et d'amour dans la fabrication de ces habits traditionnels-là.
- Speaker #0
Les fameux régalias dont on va parler.
- Speaker #1
Ce qu'on appelle les régalias, qui est un terme anglophone. Donc, les habits traditionnels, c'est vraiment les termes plus francophones.
- Speaker #0
D'accord, OK.
- Speaker #1
Donc, je savais qu'il y avait tout ça, tout ce volet-là, et moi, je me disais, je ne sais même pas coudre un bouton. que je ne peux pas mettre là-dessus, tu sais. C'était comme impossible pour moi. Oui, oui. Puis finalement, même les gens de ma communauté souvent venaient voir les spectacles à grande envergure puis ils me disaient « Mais Arusin, pourquoi tu ne danses pas Pawa ? Me semble que je te verrais dans les Pawa, à Windaké. » Puis moi, c'était comme non, non, non, non. Tu sais, moi... Je me voyais pas prendre ce chemin-là, puis construire mon régalia, puis c'était pas quelque chose qui me donnait de la joie, en fait.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Mais finalement, la vie fait bien les choses, où là, je rêve exactement à la jingle dress, donc la danse de clochette, la régalia clochette. Et c'est très, très clair dans mon rêve. Puis le lendemain matin, j'ai une... pulsions tellement intenses que je m'en vais tout de suite. Je la dessine, en fait. Je dessine ce que j'ai vu. Puis je m'en vais au Fabricville, qui est le magasin de tissus. Et j'achète tout ce qu'il faut. Tout ce que j'ai vu, perçu dans mon rêve. Et je reviens à la maison, puis j'ai aucune idée comment je vais la faire. Ou comment c'est quoi faire. Je ne sais même pas... Toutes sont... son témoignage à cette robe-là, parce que c'est une puissance. Cette robe-là, c'est la guérison, c'est la médecine. Je ne connais même pas tout ça, tout l'aspect spirituel. Mais la pulsion est tellement forte que je le fais. OK. Puis c'est comme si j'ai une grande confiance qu'on va m'amener ce que je dois faire. Et voilà, j'ai eu beaucoup de femmes de mon village, des amis qui sont venues m'aider. qui m'ont appris tout ce qu'elles portaient comme histoire, spiritualité, ce que je devais faire. Et puis j'ai des amies aussi féminines qui m'ont appris à perler, qui m'ont fait du perlage. Donc j'ai eu beaucoup, beaucoup d'aide. Une amie précieuse qui m'a appris, qui a cousu la jupe et le haut. Donc voilà, j'ai eu beaucoup, beaucoup de... d'apprentissage à travers la confection de cette robe-là. Et j'oublie jamais, quand je danse avec elle, qu'elle porte aussi toute l'énergie de ces femmes-là qui viennent supporter et encourager les autres à danser pour la transmission. Donc, c'est des femmes qui ne sont pas en avant, mais qui font un grand travail en arrière-plan.
- Speaker #0
Ben oui, parce que du coup, elles sont accompagnées vraiment à... Créé tout ton régalia parce que tu disais tout à l'heure que tu ne savais même pas coudre un bouton.
- Speaker #1
Voilà, en fait je n'aurais pas pu sans ces femmes-là avoir un beau résultat comme ça.
- Speaker #0
Puis on voit vraiment que la vie t'a mis les bonnes personnes. Toi tu as eu l'information, il faut que je crée mon régalia.
- Speaker #1
Puis ça a déboulé très facilement. Puis c'est aussi à ce moment-là que je suis rentrée dans le chemin rouge.
- Speaker #0
Tu peux nous expliquer un petit peu justement ce que c'est le chemin rouge ? Ça c'est hyper intéressant.
- Speaker #1
Oui. Pour les Premières Nations, c'est vraiment marcher dans les empreintes de tes ancêtres. Donc, sur le territoire ici, il n'y avait pas de drogue, pas d'alcool. Donc, c'est vraiment de suivre ces pas-là, de transmettre aussi la culture aux futures générations et d'être un modèle dans ta communauté. C'est ça, être dans le chemin rouge. Et j'ai commencé à marcher... dans ce chemin-là, et c'est là aussi que les rêves sont arrivés, comme la régalia et tout ça. Donc, à ce moment-là, j'avais la foi et je savais que le Créateur, l'univers, allait m'envoyer ce dont j'avais besoin. J'ai reçu plein de beaux cadeaux, comme des plumes d'aigle, j'ai reçu des loutres, j'ai reçu plein d'objets spirituels qui m'accompagnent lorsque je danse.
- Speaker #0
Super !
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Est-ce que tu dirais du coup que ton chemin rouge à toi, c'est justement de transmettre ces danses traditionnelles aux nouvelles générations ? Oui. Hein ? Clairement,
- Speaker #1
hein ? Ouais. Je dirais que je suis née pour danser. Ouais. Et je suis née pour transmettre ma culture par la danse.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Et de plus en plus aussi avec ma voix.
- Speaker #0
Ah oui, t'as la voix qui commence à s'intégrer aussi.
- Speaker #1
Oui, parce qu'avant, j'étais quelqu'un qui ne parlait pas vraiment, parce que j'étais habituée de transmettre, je dirais, par la gestuelle, par mon corps. Donc, je n'étais pas quelqu'un qui aimait parler en public. J'étais très timide, je pouvais devenir rouge, bégayer. Et j'ai fait beaucoup de tentes de sudation, qui est aussi des cérémonies spirituelles qui sont dans nos coutumes. J'en ai fait beaucoup et je vous dirais que pendant plusieurs années, c'était ma prière que j'apportais dans chaque cérémonie. Donnez-moi le courage d'être capable de verbaliser ce que je ressens ou ce que je pense, parce que j'avais une fermeture à ce niveau-là. Oui, ok. Mais je ne sais pas si c'est intergénérationnel, mais bon, il y avait quelque chose là, un blocage. Et voilà, un bonjour, une bonne amie à moi, très spirituelle, est venue cogner ici à ma porte. Puis elle avait un cadeau pour moi. Puis elle me dit « Aroussène, j'étais en train de faire cuire une tête d'ours. Ça faisait deux ans que je l'avais dans mon congélateur. » Ça peut paraître bizarre, mais pour nous, l'ours, c'est, dans les enseignements sacrés, c'est la guérison.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Beaucoup. Donc, elle, elle nettoyait le crâne de l'ours pour l'apporter à une aînée de la nation qui nous transmet beaucoup... D'accord. ... sur la culture, la spiritualité, tout ça. Donc, on a beaucoup de respect pour elle et c'est un grand cadeau de recevoir une tête d'ours. Wow. Donc, elle la nettoyait pour cette aînée-là. Puis elle dit, tout d'un coup, il y a une partie de la tête qui se détache. Et là, ça me dit, moi, dans mon esprit, tu dois l'apporter à Aroussem. Mais elle dit, moi, j'ai aucune idée pourquoi. Donc elle dit, je te la donne aujourd'hui. Et là, moi, je prends son paquet, puis je rouvre le tissu rouge. Puis là, je vois les ossements. Puis elle me dit, c'est les cordes vocales de l'our.
- Speaker #0
Oh mon Dieu !
- Speaker #1
Wow ! Moi, à ce moment-là, je suis tellement dans mon mental que je me dis « Ah wow, merci, c'est un grand cadeau, je vais me faire peut-être des boucles d'oreilles avec, ou un collier, ou tu sais, je suis là moi. » Ouais, ouais, ouais. Pas dans... pas au niveau. Je suis pas dans la spiritualité à ce moment-là. Donc je remballe ça, je lui donne un gros câlin, elle repart. Et là, je continue de faire mes choses et à un moment donné, je le reçois dans mon esprit, tu sais. L'ours, la guérison. les cordes vocales, la guérison du chakra de la gorge. Et là, je me rappelle que ça fait au moins deux ans et demi, trois ans que je prie à chaque cérémonie, et j'en faisais beaucoup à l'époque, pour avoir la guérison du chakra de la gorge, pour être capable de communiquer. Wow ! Fait que là, j'ai versé une larme, mais une larme de gratitude immense. Tu m'étonnes. Oui. Là, je suis allée voir l'aînée qui a reçu... le crâne. Je lui ai raconté ça. Puis elle m'a donné une pochette de cuir puis elle m'a dit, à chaque fois que tu vas parler en public, porte tes cordes vocales d'os pour t'aider. Voilà. Wow !
- Speaker #0
Magnifique travail de guérison pour le coup.
- Speaker #1
Oui, vraiment, parce qu'aujourd'hui, je fais des interviews, je peux passer à la radio, j'ai fait des conférences. Oui ! Je fais des ateliers culturels devant des gens. J'enseigne la danse à l'école primaire de Wendake maintenant. Ben oui. Donc, j'ai beaucoup besoin d'utiliser ma parole pour transmettre. Et voilà, j'ai eu une belle guérison à ce niveau-là.
- Speaker #0
Oui, vraiment. Et qui t'a aidée à être aujourd'hui cette ambassadrice aussi. Voilà. Pour ta nation, pour ta culture. C'est vraiment comme ça que je te perçois. C'est Arusen, l'ambassadrice. Ah,
- Speaker #1
wow.
- Speaker #0
Pour sa nation, c'est pour ça que j'ai voulu t'interviewer aussi. Donc vraiment le travail de guérison que tu as fait, c'était pour t'aider à être à ta juste place, là où tu devais être.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
C'est génial.
- Speaker #1
Puis ça me touche beaucoup quand j'entends ambassadrice, parce que moi je ne me vois pas comme ça. Je me vois juste comme je suis à la place où je devais être. Je suis sur mon X, tout simplement. Je fais ce que je devais faire dans ma vie.
- Speaker #0
Moi je le vois, tu vois, quand... quand tu danses, il y a vraiment une aura qui émane de toi, t'es captivante quand tu danses tu occupes l'espace, on sent ton énergie et on sent que t'es vraiment dans ton rayonnement sur ton X comme on dit ici t'es vraiment là-dedans, t'as juste place ça pouvait pas être plus parfait quoi ça me touche,
- Speaker #1
merci, vraiment ben moi, quand je danse je suis tellement dans l'amour dans les prières et en harmonie avec moi-même mon âme Dans la joie, c'est ce que je veux transmettre aux gens. Je veux qu'ils ressentent exactement ce que moi je vis à l'intérieur.
- Speaker #0
On le ressent vraiment très bien. Tu y arrives très très bien. C'est vraiment ce qu'on ressent.
- Speaker #1
Donc c'est mission accomplie pour moi.
- Speaker #0
Complètement. Donc justement, est-ce que tu peux nous parler un petit peu plus de cette habit traditionnelle qui est la régalia. Alors moi, je t'avoue, je disais toujours le régalia. et puis au final j'ai appris que c'était un mot féminin. La regalia, comment tu dis, toi ?
- Speaker #1
Ben moi, en fait, c'est un terme anglophone. Ouais. Le regal, donc pour moi, féminin, masculin. Les deux conviennent. Voilà, parce que dans ma langue, c'est habit traditionnel. OK.
- Speaker #0
Alors, est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est justement cet habit traditionnel ?
- Speaker #1
Bien, en fait, c'est des habits où, c'est pour ça, si je fais la... Tu sais, souvent, on entend... Ah, il est beau ton costume ! Ah oui ! Ah oui,
- Speaker #0
et ça, c'est vraiment la chose à...
- Speaker #1
C'est la chose à pas dire, mais en même temps, moi... je suis jamais frustrée ou fâchée par des commentaires comme ça. Je me dis que ces gens-là ont juste besoin d'apprendre. Complètement. Voilà. On ne peut pas leur en vouloir parce que la société ne leur a pas appris. Donc, je suis peut-être justement la bonne personne pour partager ces connaissances-là. Et comment, moi, j'aimerais recevoir des apprentissages dans la douceur. Parce que c'est sûr, des fois, ça nous irrite d'entendre toujours ces choses-là, mais je me dis toujours Elle, c'est la première fois qu'elle me le dit. Donc, je dois la prendre comme quelqu'un qui n'est pas au courant. Donc, je vais lui transmettre. Et dans le fond, le costume, c'est vraiment porter pour se déguiser en quelque chose que tu n'es pas. Oui, oui, oui. Et nous, on ne se costume pas parce que c'est nous. C'est notre identité. Donc, l'habit traditionnel, c'est de mettre ma culture dans des objets et des vêtements. qui sont porteurs de ce que je suis.
- Speaker #0
Oui, c'est vraiment votre identité, en fait,
- Speaker #1
que vous portez.
- Speaker #0
Il y a une forte, de ce que j'ai compris en tout cas, c'est qu'il y a vraiment une forte symbolique, autant identitaire en tant que ta personne, mais aussi de ta nation.
- Speaker #1
Oui, donc c'est vraiment Ausha du danseur. Comme moi, sur Marie-Galia, j'ai mis beaucoup le chevreuil. Parce que c'est mon clan familial, c'est le clan de la communication, du leadership et de la paix.
- Speaker #0
Là aussi, ça fait pas mal écho à ce que tu nous disais tout à l'heure.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Ça me rejoint quand même, ce clan-là. Maintenant, j'ai voulu honorer mon clan sur ma régalia. J'ai mis l'arbre de vie Wendat, qu'on dessine beaucoup avec des cœurs. Le cœur, c'est vraiment ma forme préférée. Les gens qui me connaissent bien le savent, j'ai des cœurs partout. Dans ma maison, j'en ai partout sur mes tattoos. Ah oui, oui. C'est quelque chose qui est l'arbre de vie. Des fois, on ne sait pas pourquoi on est attiré par quelque chose, mais je l'ai deux fois sur mes manches de regalia. OK. Et c'était tellement fort que je devais le porter aussi sur mon corps. Hum, hum. Et pour moi, il représente aussi les sept enseignements sacrés des Premières Nations. OK.
- Speaker #0
Qu'est-ce que c'est, les sept enseignements sacrés ?
- Speaker #1
Donc c'est... toutes des qualités que j'honore à chaque matin lorsque je me purifie. Je demande avec gratitude de me faire marcher sur un chemin d'amour, sur un chemin de courage, de vérité, d'honnêteté, de sagesse. Donc, c'est les enseignements sacrés que les premiers peuples, je dirais du Canada, même des États-Unis, portent. C'est cet enseignement sacré-là. Oui. OK. C'est même visuellement, il y a des animaux qui sont porteurs de ces qualités-là. Donc la sagesse, ça va être le castor. Parce que lui, quand il naît, il sait tout de suite construire sa cabane pour se protéger. La vérité, ça va être la tortue. Parce que la tortue, quand on regarde sa carapace, il y a 13 parties dessinées qui nous indiquent les 13 lunes. Et 28 petites... parties autour qui nous indiquent les 28 jours dans une lune. Donc pour nous, ça représente la vérité. Parce que nos ancêtres, eux, se fiaient à la lune pour faire leurs cérémonies, l'agriculture, donc pour faire plein de choses. Donc voilà, les animaux aussi nous indiquent les enseignements aussi sacrés par ces valeurs-là. Ah ok,
- Speaker #0
d'accord, je comprends. Et tu nous disais tout à l'heure que toi ta régalia tu l'avais reçue en rêve, tu l'avais visualisée dans tes rêves. Oui. Est-ce que ça se passe toujours comme ça ? Est-ce que vous recevez cette image dans vos rêves à chaque fois ?
- Speaker #1
Ben ça doit dépendre de chaque personne.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Voilà. Mais moi je reçois beaucoup dans mes rêves. Oui. Puis parce que moi en fait je voulais même pas danser. Oui. Pourquoi tu dis ça là ? Et si j'avais dansé powwow, c'était même pas le style que je préférais en fait. Moi j'aurais dansé Fancy Charles, qui est le papillon. C'est beaucoup plus énergique, c'est les bras, les jambes, c'est beaucoup de coordination, très cardio. Moi c'était ça qui m'interpellait. Oui, oui. Et finalement, c'est pas ça que j'ai rêvé du tout.
- Speaker #0
Ouais, comme quoi, c'est intéressant.
- Speaker #1
Ouais. Ouais, ouais, ouais. Et j'ai eu une belle transition quand même à faire où ma danse me permet de recevoir beaucoup du public, en fait. Ouais. Donc, c'est beaucoup un échange, un effet miroir où je vous donne de l'amour, mais vous m'en donnez beaucoup aussi avec vos applaudissements et tout ça. Et là, quand j'intègre cette danse-là spirituelle, c'est pas pareil.
- Speaker #0
Oui, tu sens que ce n'est pas la même énergie qui circule,
- Speaker #1
c'est ça ? Ce n'est pas la même énergie. Je ne suis pas là pour être belle. Oui. Je suis là pour prier. Je ne suis pas là pour me faire regarder. Je suis là pour transmettre. Oui. Donc, je vous dirais que la robe a fait sa guérison sur moi.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Avant que je puisse en faire, moi, à mon tour avec elle. OK.
- Speaker #0
On va en reparler un petit peu plus tard dans l'épisode justement des différents types de régalia dhabits traditionnels. Tu nous as parlé du fancy shawl, tu nous as parlé de la jingle dress aussi donc la robe clochette, traduite en français, la robe papillon. Il y a plusieurs styles dhabits en fonction du style de danse aussi.
- Speaker #1
Chaque danse a aussi sa définition, qu'est-ce qu'elle apporte aussi dans notre vie donc ils sont tous messagers de quelque chose.
- Speaker #0
Et quelque chose que j'avais appris aussi, notamment sur les poros, c'est que vous confectionnez. Vos amis, tu nous en as parlé aussi là, juste avant. Donc, c'est vraiment quelque chose de traditionnel. C'est-à-dire que la regalia est faite à la main par la personne qui va le porter, c'est ça ?
- Speaker #1
Amitiéllement. Je voudrais que ça arrive que des fois, c'est la maman qui fait la fée. Oui, la jambeur.
- Speaker #0
Ah
- Speaker #1
Mais voilà, quand tu veux faire le processus plus spirituel, si je devrais dire. Oui. Comme la robe clochette, c'est à chaque jour pendant un an, où tu dois prendre du tabac, tu dois purifier ton tabac, faire une prière avec, le mettre dans une pochette de tissu et l'accrocher dans une clochette sur ta robe. Donc c'est un processus de 15-20 minutes par jour.
- Speaker #0
Par jour.
- Speaker #1
pendant un an. Et c'est vraiment à la fin de cette année-là où là, tu es prête à danser avec la robe et à faire de la guérison. Et on dit que lorsque tu danses, le son de tes clochettes envoie tes prières au Créateur. C'est pour ça que dans les Pahwa, encore en 2025, il y a toujours des gens qui viennent avec du tabac demander des guérisons dans les Pahwa. D'accord. Et à ce moment-là, la personne se met au centre. Elle transmet sa demande de guérison et les danseuses de clochettes sont appelées pour venir danser autour de cette personne-là pour lui apporter de la guérison.
- Speaker #0
On est vraiment sur une danse de guérison.
- Speaker #1
Oui, vraiment. Parce que c'était ça sa mission. Wow.
- Speaker #0
C'est-à-dire que sur vos robes, si je comprends bien, vous avez 365 clochettes.
- Speaker #1
Si on fait la robe de façon traditionnelle, spirituelle. Mais il y en a beaucoup qui ne le font pas, puis ce n'est pas moins bien. C'est vraiment à la discrétion de la personne qui porte.
- Speaker #0
Ok. Et la question que je me demandais, c'est d'où est-ce que ça vient ? Parce que vous avez plusieurs types d'habits traditionnels. Ils appartiennent tous à la nation Wendat ou est-ce que c'est des héritages que vous avez reçus ici et là ?
- Speaker #1
Ce n'est vraiment pas Wendat, en fait. Je vous dirais que ce qui se rapproche plus de Wendat, c'est vraiment la smoke dance. que je danse aussi. Donc, c'est vraiment plus ça, parce que c'était dansé par les Iroquois dans les maisons longues. La smoke dance, c'était... On tourne très rapidement pour faire un sillon. On fait des tout petits pas pour que la fumée qui se dégage dans nos maisons longues puisse monter et sortir par les trappes. Donc, c'est pour ça la smoke dance. Dans les danses de powwow comme la jingle, clochette... Ça vient des Ojibwés, donc c'est vraiment pas d'ici. Mais la transmission de ce savoir-là, c'est encore là, on dit dans la légende ou l'histoire que c'est vraiment une petite fille qui était malade et son grand-père.
- Speaker #0
a reçu dans un rêve qu'il devait fabriquer une robe à clochette comme ça et la faire porter à sa petite fille, la faire danser et c'est ça qui la porterait à la guérison. Voilà. Et ça part de là. D'accord. Et ça se transmet de génération en génération et bien ça fait partout là, aux États-Unis, au Canada et il y a des pow-wops partout et c'est... tout le monde a cette information-là où c'est une robe. transmets la guérison par cette histoire-là qui nous a été transmise de cette communauté-là. D'accord, OK. Voilà. OK.
- Speaker #1
Et est-ce que tu sais si les habits ont comme évolué dans le temps ou on est sensiblement sur la même chose ?
- Speaker #0
Je pense que la base reste la même toujours. Oui. Tu sais. Après, nous, on peut mettre notre personnalité à chacune qui vienne vraiment... nous distinguer chacune de l'autre, les couleurs, les formes, ce qui nous habite en fait, mais la base, c'est la même. Ouais,
- Speaker #1
d'accord, ok. Super intéressant. J'avais regardé aussi un petit peu sur internet, c'est comme les mythes et les réalités. Alors ce que je te propose, c'est de te poser des petites questions, puis tu nous dis, est-ce que c'est un mythe ou est-ce que c'est vrai ? Qu'est-ce qu'il en est par rapport à ça ? La première question que j'avais vue, c'était, voilà, on ne peut pas toucher ou emprunter la régalia de quelqu'un d'autre.
- Speaker #0
Pour moi, c'est vrai. Oui. C'est une réalité. Oui. C'est ma réalité. Ma régalia, elle porte toutes mes prières.
- Speaker #1
C'est très personnel.
- Speaker #0
C'est très personnel. Je ne peux pas, moi, enlever mon régalia, puis la laisser par terre, comme ça, comme si je laissais un pantalon de jogging. Je ne peux pas. C'est précieux pour moi. C'est un objet spirituel. Donc, je ne peux pas laisser les gens. J'ai tellement fait de danse avec elles. J'ai tellement rencontré de gens. Si j'avais laissé tout le monde me toucher à chaque fois, est-ce qu'elles seraient porteuses de mes prières et de mon énergie ? Je ne pense plus. Oui. C'est vraiment dans cet angle-là où c'est important de respecter. que oui, c'est une robe, mais elle est porteuse aussi de guérison, de médecine et de prière. Donc, c'est plus un objet spirituel.
- Speaker #1
Oui, c'est un objet vraiment sacré.
- Speaker #0
C'est sacré. C'est comme la plume d'aigle, en fait.
- Speaker #1
Oui, complètement.
- Speaker #0
Voilà. Il y a des personnes qui sont capables de prêter leur régalia.
- Speaker #1
Oui, OK.
- Speaker #0
Moi, je ne pourrais pas. Je ne sais même pas par égoïsme, je ne pourrais pas. Je sais pas, c'est comme une partie de moi. Ouais, ouais,
- Speaker #1
ouais, je comprends. Ouais, je comprends en effet le côté vraiment très sacré, c'est ton identité, c'est ton énergie que tu as mis dedans. C'est comme, ça fitrait pas en fait. Ouais,
- Speaker #0
je peux te prêter un pantalon, une jupe, une robe, ça me dérange pas, mais pas mes habits traditionnels. Ouais,
- Speaker #1
bien sûr. Justement, est-ce que n'importe qui peut créer son propre régalia, je pensais... Une personne qui n'est pas autochtone, qui n'est pas issue des Premières Nations, est-ce qu'elle peut créer son régalia ?
- Speaker #0
En fait, si ça témoigne de sa culture propre, dans le sens où dans sa culture, est-ce qu'il y a des régalias ? S'il y a un type de danse dans sa culture, et qui ont des habits traditionnels, et que ça respecte son identité et sa culture,
- Speaker #1
elle,
- Speaker #0
bien oui.
- Speaker #1
Oui, c'est peut-être sa culture à elle.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Ben oui, on vient au sujet de l'appropriation culturelle aussi, qui est un gros sujet, ouais.
- Speaker #0
Mais si quelqu'un n'est pas autochtone, mais qui se fait un habit autochtone, tu penses qu'on a la réponse ? Ouais. Carrément. C'est pas son identité, c'est pas sa culture. Ouais. Donc, pourquoi ? Hum. Hum.
- Speaker #1
C'est une vraie question, complètement. Une autre question que j'avais vue, c'était, est-ce qu'on peut intégrer des objets modernes sur son régalia traditionnel ?
- Speaker #0
Oui, c'est vraiment à notre guise. Puis je voudrais qu'il y en ait beaucoup, supposons, qui vont porter un miroir, des petits miroirs. Ce qui veut dire pour nous, si tu portes un jugement sur moi, ça te revient en fait, tu le vois.
- Speaker #1
Ah, j'aime vraiment ça. C'est le fameux effet miroir dont on parle souvent là.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
C'est génial.
- Speaker #0
Oui, on peut porter ce qu'on veut en fait. C'est vraiment à notre guise. En tant qu'on respecte les bases, qui sont toujours les mêmes. Super. Et que le respect. dans tout ça, de la culture. Ouais.
- Speaker #1
Donc là, c'est vrai que tu nous parles principalement des régalias pour les femmes, mais on a pu voir qu'il y en avait aussi pour les hommes, ce sera l'occasion de notre tournage avec une autre personne.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Puis moi, ce que j'adore dans les Porotiers, c'est de voir les petits enfants là, dans leur tenue traditionnelle. C'est tellement cute.
- Speaker #0
C'est magnifique.
- Speaker #1
Puis là, je suppose que c'est maman ou grand-maman qui aide à gagner le régalia.
- Speaker #0
Et c'est ça, moi, j'étais en contact avec eux à chaque semaine. Donc, j'ai le privilège de les rencontrer, puis de leur partager ce volet-là de danse. Oui. Même faire des spectacles avec eux à l'ouverture des matchs des remports, qui soulignent la journée de la réconciliation. Ça fait deux années qu'on va danser, les enfants et moi, pour ça. C'est toujours des moments magnifiques. Même à l'événement Kwe, à la rencontre des peuples autochtones aussi. parce que les gens... aiment voir quelque chose qui se poursuit dans le temps. Les futures générations, ils ont 4, 5, 6, 7 ans. Ces futures générations-là sont porteuses. Elles continuent à perpétuer la culture et les traditions. Donc, c'est touchant pour une nation.
- Speaker #1
Complètement. La transmission aux futures générations, c'est tellement important. Oui. Complètement. Voilà.
- Speaker #0
Oui, ils sont magnifiques à voir avec leur ami traditionnel. confectionnés avec amour par leur mère, leur tante ou des femmes de la communauté.
- Speaker #1
Oui, génial. Et tu nous as parlé de la robe clochette qui est vraiment la régalia de guérison. La fancy.
- Speaker #0
La fancy shawl. On dit que c'est le papillon. Oui. Donc, elle est là pour honorer notre passage dans la vie où on a beaucoup de métamorphose, parce que la chenille qui se transforme en papillon. Donc parfois on a des moments difficiles dans la vie et ces moments difficiles là sont souvent des cadeaux mal emballés et c'est ça que ça vient nous rappeler le papillon que parfois on est chaîné dans notre chemin mais qu'on se transforme en papillon. Tout a sa place dans notre chemin et qu'il faut honorer ces métamorphoses là parce que ça nous aide à évoluer et à cheminer.
- Speaker #1
Donc c'est vraiment la médecine de la métamorphose, de la transformation.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Super. Ce que je te propose, c'est qu'on aille voir d'un peu plus près justement tes régalias. On va te voir te régalier.
- Speaker #0
Oui, mais t'es arrivé trop tard.
- Speaker #1
Donc tu peux justement nous montrer, puis montrer aux personnes qui n'ont pas encore eu l'occasion de venir sur des poros. Est-ce que tu peux nous expliquer très simplement ce qu'est un poro ? Parce que moi je le sais. Oui.
- Speaker #0
Un paroi, pour moi, je dirais que c'est un grand rassemblement où il n'y a pas une plus belle place pour qu'on vous partage notre culture, notre amour de nos traditions. C'est là où on peut entendre nos chants traditionnels, goûter notre nourriture traditionnelle, avoir des milliers d'articles qui ont été faits, fabriqués par nous, qui sont souvent des pièces uniques. Et d'entrer en contact. avec notre spiritualité parce que pour nous, le tambour, c'est le battement du cœur de la terre-mer. Donc, c'est de rencontrer aussi notre médecine à nous qui sont ces objets-là spirituels comme le tambour qui nous a toujours accompagnés dans nos cérémonies, dans nos danses. Donc, c'est de connecter avec nous d'une autre manière que ce que les médias nous racontent à propos de nous. Et c'est de voir, de sentir, de goûter dans... Donc d'activer les cinq sens sur notre culture et de partager aussi des danses avec nous parce qu'on a toujours des intertribaux qu'on appelle. Et là, on invite les gens à venir rejoindre tous les danseurs de Pahwa et à être côte à côte avec eux et de danser avec eux. C'est des moments magiques. Oui,
- Speaker #1
c'est très, très puissant ces interdances-là quand justement toutes les nations se mélangent au centre du cercle de danse autochtone, non autochtone. On y va tous ensemble et on s'amuse ensemble aussi.
- Speaker #0
C'est le mouvement de la réconciliation, ça en est un. Tu viens à notre rencontre et en plus tu essaies de faire nos pas de danse, tu goûtes notre nourriture, tu achètes notre artisanat. C'est vraiment des beaux gestes vers nous pour la réconciliation, l'acceptation de qui on est.
- Speaker #1
Puis toi tu es très engagée aussi dans l'organisation du pot. Je sais que tu as vraiment un rôle aussi Tu fais partie du comité d'organisation.
- Speaker #0
Oui, c'est ma onzième année cette année.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
quand même ! Oui, je m'occupe du volet plus cercle de danse, la compétition de danse. Et aussi, je m'assure de faire respecter des éléments spirituels ou de les mettre sur les lieux. Afin de garder ça vivant, de perpétuer ces traditions où c'est pas une foire de cirque, c'est pas juste pour montrer aux touristes, il y a un volet spirituel à nous propres que je veux qu'on conserve, que je veux qu'on ressente aussi sur le site. Et c'est fait avec un grand respect. Et de garder ces traditions-là, ces cérémonies-là vivantes. Oui,
- Speaker #1
complètement. C'est vrai que ce qu'on n'a pas dit, c'est que dans les poros, c'est la transmission, c'est l'invitation, mais c'est aussi une compétition de danse pour vous les danseurs.
- Speaker #0
Après, ça dépend. Il y a beaucoup, beaucoup de powwow dans la province. Ça commence début mai, ça finit début septembre. Là, à tous les week-ends, dans une nation autochtone, il y a un powwow. On essaie de ne pas se chevaucher, de ne pas faire en même temps, mais parfois ça arrive. Et je pense qu'on est rendu à trois. PAWA seulement dans la province où c'est compétition. Il manque pas beaucoup de PAWA compétition. C'est plus des PAWA spirituels où là, ce qui est mis en avant, c'est vraiment il y a pas de temps. Il y a surtout pas d'argent. On y va avec ce qui vient puis on écoute plus l'univers sur ce qui se place. En fait, on a plus un lâcher-prise. Tandis que les PAWA de compétition, il y a des horaires. très détaillé, c'est sérieux, il y a des juges, il y a des points, donc il y a des choses spécifiques à faire, c'est très différent. Ok,
- Speaker #1
on va voir un petit peu, t'es régaliaque justement là, t'as eu la gentillesse de nous amener là, c'est magnifique, bon ben allez, on y va. Tu aimes la louloute ? Du coup tu nous as ramené plein de petites choses de partout, donc on te suit, présente-nous un petit peu tout ça. Oui !
- Speaker #0
Ça, c'est les robes de la Smoke Dance, en fait. C'est des robes très spéciales où lorsqu'on danse, on tourne très, très vite sur nous-mêmes. Et ça fait que notre robe lève. Ça crie comme une cloche. Donc, c'est magnifique à voir.
- Speaker #1
C'est vrai que ça fait cet effet de cloche. Oui,
- Speaker #0
exactement. Je fais des cloches. Donc, avec ces robes-là, en dessous, j'ai comme une jupe traditionnelle qui ressemble à celle-ci, mais qui a moins de ruban. OK. J'ai aussi cette ceinture-là sur laquelle j'ai fait... broder les courbes wind-up. J'ai les mitasses ici qu'on met sur les jambes.
- Speaker #1
Comment t'appelles ça ? Les mitasses. Les mitasses, OK.
- Speaker #0
C'est ma fleur préférée.
- Speaker #1
C'est magnifique.
- Speaker #0
Et les bleuets, les fraises, c'est les petits fruits qu'on a sur le territoire. On mange avec joie.
- Speaker #1
C'est tout perlé à la main.
- Speaker #0
Oui, c'est tout perlé à la main. C'est pas moi qui ai fait le perlage de ces accessoires-là. Moi, je l'ai fait Merci. sur la collerette. C'est des symboles des courbes ouendattes que mes ancêtres faisaient aussi soit en porcupique ou en poils d'orignal.
- Speaker #1
Moi, je suis fascinée par le perlage. C'est tellement minutieux.
- Speaker #0
C'est très petit.
- Speaker #1
Comment tu appelles ça pour les poils ?
- Speaker #0
Les manchons. Je ne les ferai pas, mais ça va ici, par-dessus la robe. Donc oui, c'est très minuscule. Moi, je dis toujours, nous, on n'a pas de chapelet dans notre culture, mais on a des perles. Donc quand on perd, c'est un moment où je dirais qu'on sort tout de suite dans notre mental et on tombe dans un espace où on est plus dans la prière, l'introspection. C'est un peu un espace intime, spirituel. Oui,
- Speaker #1
complètement. Ça, c'est pareil quand j'étais en Amazonie. Les femmes du village dans lequel j'étais, là, de Pinouya, On faisait beaucoup de perlages aussi, des boucles d'oreilles, des bijoux, des espèces de couvrants en colis, mais qui descendaient vraiment jusqu'aux genoux. Et c'est pareil, elle se mettait vraiment dans un mode méditatif, où tu voyais que c'était vraiment de l'introspection. Chaque perle était mise en conscience. C'est vraiment un travail intérieur qui était fait. C'est pas juste « je perle pour perler » . Ça rejoint vraiment ce qui se passe aussi dans ta nation, dans ta culture. C'est un beau parallèle. Ah oui,
- Speaker #0
je dirais que les premiers peuples du monde entier ont ces... La ressemblance, même se rencontrer, c'est formidable. C'est beau.
- Speaker #1
Totalement. Là, c'est justement la fameuse tenue que tu as eue en rêve. La toute première,
- Speaker #0
celle qui t'a amenée dans le sentier des Ausha.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
oui. C'est celle-là. Ça fait 11 ans que je la porte. C'est beaucoup d'amour, beaucoup de temps. Oui. On dit souvent, entre nous, un régalia, c'est jamais terminé. fait qu'à chaque année on rajoute des éléments où on va le réparer on va mettre plus d'amour ok bon je vais faire le perlage autour ici puis là il y a les
- Speaker #1
Et Mokassin aussi.
- Speaker #0
Oui, c'est une amie qui...
- Speaker #1
C'est vraiment beau.
- Speaker #0
C'est une amie qui a pris un atelier de Mokassin. C'est les premiers Mokassin qu'elle a fait. En tout.
- Speaker #1
Oui. Donc là, on a la clochette. Oui. Là, on a la smoke dance qui va avec... C'est vrai que sur les peaux, je te vois souvent avec la verte et la rouge.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Souvent la rouge, oui.
- Speaker #0
Oui. J'ai commencé avec la rouge, ça a été ma première. Oui. Ensuite, j'ai pris la piqûre de la smoke dance. C'est comme si... J'aime beaucoup... les styles powwow, mais la smoke dance, il y a un lien encore plus particulier où j'ai vraiment le feeling, la sensation forte que mes ancêtres ou endottes le dansaient. Donc, c'est comme si c'était encore plus proche de moi. Et voilà, c'est comme un coup de foudre, en fait. Un coup de foudre avec... Je me suis fait faire la verte, la jaune, et j'en ai une bleue à paillettes que je n'ai pas apportée, mais voilà, j'ai beaucoup de... beaucoup de robes qui m'accompagnent.
- Speaker #1
Puis là, je ne sais pas ce que c'est la
- Speaker #0
Fancy. C'est la Fancy aussi qui est venue aussi dans mon rêve. Ah, c'est vrai aussi ? Oui, parce que là, rendu à 40 ans, quand j'ai rêvé à ça, je ne me voyais plus dans ces Fancy Charles parce que c'est la plus difficile côté cardio.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
C'est très cardio.
- Speaker #1
Je n'aurais pas pensé que c'est la Smoke Dance la plus difficile.
- Speaker #0
Bien, Smoke Dance, c'est quand même difficile. Cependant, c'est... pas long, la danse. C'est 45 secondes, 50 secondes. On peut se remettre. Tandis que Fenty Shaw, je vais la danser lundi prochain. C'est très cardio. C'est des danses de 3 minutes à 5 minutes. C'est sans arrêt. Tes bras sont en l'air. C'est tes jambes, tes bras. Juste le Shaw, c'est très long aussi.
- Speaker #1
C'est vrai ?
- Speaker #0
OK. Moi, je l'ai eu en rêve quand Joyce Echaquan est décédée. Qu'est-ce que c'est ? Joyce Echaquan, c'est la femme qu'on voit ici. C'est la femme atikamekw qui a vécu de la violence dans un hôpital proche de sa nation et qui en est... Elle a vécu de la discrimination, en fait, et de la violence. Donc, elle n'a pas reçu les soins qu'elle devait et elle en est morte.
- Speaker #1
OK. OK, OK.
- Speaker #0
Donc, tu sais, ça a traversé tout le Québec, le Canada. Pour moi, Joyce, c'est une grande âme. C'est une grande âme qui est venue nous délivrer un message qu'on doit regarder et voir toute la discrimination, l'injustice qu'on reçoit quand on est une Première Nation au Canada. Et j'ai rêvé à ça. Je devais danser à Fancy Shawl et que la couleur devait être sa couleur à elle préférée. Et ça m'a pris du temps, vraiment beaucoup de temps. de temps à le concevoir, à demander, à commencer la confection, en fait. Parce que je me sentais tellement imposteur et je me disais, je ne suis pas atycamique. Je trouvais que c'était gros. Puis en fait, j'ai été en paix lorsque j'ai contacté son amoureux, en fait, son défunt. Puis je lui ai parlé de mon rêve. Je lui ai dit ce que j'avais vu. Puis je lui demandais s'il pensait que je devais le faire, danser pour Joyce, en portant ses couleurs. Son visage sur mon régalia, puis il m'a ouvert grand son cœur. Il m'a dit, oui, vas-y, c'est ça qu'il faut que tu fasses. Tu vas être porteuse de ce message-là.
- Speaker #1
Puis il met des frissons encore. Wow !
- Speaker #0
Donc ça, c'est la robe qui va en dessous. Je l'ai fait... Je voulais un tissu qui représentait un peu la chenille. Je trouvais que c'était des couleurs qui faisaient un sec. Des fois, il y a des papillons qui sont assez magnifiques avec leurs couleurs et tout ça. C'est les couleurs qui m'ont attirée. Puis là, on voit tous les beaux perlages que des femmes de ma communauté ont fait.
- Speaker #1
dans les cheveux,
- Speaker #0
sur la peste, les bijoux.
- Speaker #1
Il y a la tenue, puis il y a ensuite tous les accessoires fossiles qui vont avec. C'est vraiment une tenue complète.
- Speaker #0
C'est négligé. Oui, un étiquette complet.
- Speaker #1
C'est tellement délicat.
- Speaker #0
Oui, très délicat. C'est pour ça que même s'habiller, pour moi, c'est une cérémonie. Quand je commence à mettre mon régalia, Parce que je suis très, très proche de ma clochette. Ça fait 11 ans que je la porte. Je l'ai portée dans différents pays à plusieurs occasions. Il y a toujours des choses que je me dis quand je mets mes accessoires, comme ici, les loutres que je vais apposer sur mes tresses. Mais la loutre, elle représente quoi ? Elle représente la joie, le jeu, le plaisir. Parce qu'elles jouent tout le temps, la lutte.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
Ils jouent souvent entre elles. Donc moi, quand je les mets, je me rappelle, je dois être dans un état d'esprit où je suis dans la joie. Oui. Et c'est la vibration la plus haute, la joie.
- Speaker #1
C'est vrai.
- Speaker #0
Donc c'est ce que je dois transmettre par ma danse. OK. Alors, quand je mets des plumes d'aigle sur ma tête, il y a plein, plein d'objets spirituels. qui viennent me rappeler ce que je fais.
- Speaker #1
Je comprends mieux aussi pourquoi quand je te voyais danser, selon la danse que tu faisais, tu n'avais pas la même énergie, tu n'avais pas la même vibration. Et c'est vrai qu'en effet, quand je vois les vidéos de toi où tu danses la danse de clochette, on voit ce côté pétillant, cette joie, ce partage aussi. Quand tu es dans la smoke dance, on voit que tu es beaucoup plus connectée. Là, je connecte avec la terre, je connecte avec mes ancêtres. Et puis la technique aussi. Oui. Vraiment. Et je n'ai pas encore eu l'occasion de te voir dans ça avec la Fancy, alors j'espère bien te voir en jeu.
- Speaker #0
Oui, lundi prochain à Montréal.
- Speaker #1
Je n'ai rien prévu à mon horaire, donc je vais peut-être venir te voir pour discuter en off. Oui, clairement. Avec grand plaisir. Merci beaucoup, Arwitzen.
- Speaker #0
C'est un grand plaisir de vous partager tout ça.
- Speaker #1
C'était tellement riche, tellement enrichissant. Je te remercie pour toute ta générosité. C'était vraiment un super beau moment.
- Speaker #0
Plaisir à moi.
- Speaker #1
Oui. puis on va se retrouver pour un deuxième épisode cette fois-ci vraiment sur les danses pour pouvoir illustrer justement en mouvement, en action ces magnifiques régalias qu'on se retrouvera au Poho cet été c'est un rendez-vous au Poho merci beaucoup merci à toi merci de nous avoir regardé puis à très vite voilà pour cet épisode riche et inspirant j'espère qu'il t'aura permis d'en apprendre plus sur la culture d'Aroussen et des Premières Nations Tu pourras retrouver Arusen lors du prochain Pouro de Wendake qui aura lieu le week-end du 28 et 29 juin à Wendake à côté de Québec-Ville, ainsi que sur ses réseaux sociaux. Je te mets tous les liens en description. Nous serions aussi ravis de savoir ce que tu as pensé de cet épisode et ce que tu as appris, ce que tu as retenu. Alors n'hésite pas à nous laisser un commentaire pour nous le dire. Je t'invite aussi à laisser une note de 5 étoiles. Cela permettra tout simplement à Reliance de gagner en visibilité Merci. et donc de faire connaître les cultures autochtones à un plus grand nombre de personnes. C'est super important. Je te remercie et te dis à tout bientôt. En attendant, n'oublie pas ta vie, ton entreprise, tes règles du jeu.