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De retour de festivals

Pourquoi et comment ramener témoignage de son voyage ?

Pourquoi et comment ramener témoignage de son voyage ?

58min |27/09/2024
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Pourquoi et comment ramener témoignage de son voyage ?

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Description

D’une expérience personnelle intime peut naître un partage à grande échelle, pour le témoignage, les retours attendus des partenaires, un plaisir esthétique ou pour financer son voyage. Les raisons sont multiples et les moyens tout autant !


Avec les interventions de :

  • Willy Menec : aventurier-explorateur français qui réalise des expéditions depuis maintenant 20 ans (traversées de déserts, ascensions en haute montagne, expériences d’isolement en pleine nature, traversées de bush…).

  • Olivier Godin : épris d’aventure et de sports outdoor, il sillonne la planète à vélo depuis 15 ans. Journaliste et auteur, il documente sa passion dans des magazines, sur internet et dans des livres, dont notamment A vélo et A vélo en Europe (Gallimard).


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allô, allô ? Allô ? Allô ? Allô ?

  • Speaker #1

    La planète ?

  • Speaker #2

    Allô la planète, la radio des voyages. Timonier, vous resterez à l'auberge et recueillerez les expériences des autres voyageurs de l'Escale. Cela nous sera fort utile pour la suite de notre voyage. La Blabla Alte de la Joyeuse Escale. Une émission présentée par Bruno Boiron. Enregistré au Colibri, par Alou La Planète.

  • Speaker #3

    Bonjour à tous, bienvenue à cette nouvelle table ronde, presque la dernière, dont le thème pose deux questions, pourquoi et comment ramener témoignages de son voyage ? D'une expérience personnelle intime peut naître un partage à grande échelle. Pour l'exemple et le témoignage, pour les retours attendus des partenaires, pour un plaisir esthétique ou simplement pour financer son voyage. Les raisons sont multiples de ramener témoignages et les moyens tout autant. Pour aborder ce thème, nous accueillons Willy Minek. Bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Et Olivier Gaudin. Bonjour. Bonjour à tous. On a eu le plaisir d'avoir dans les courtes escales. en prélude du festival.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #3

    Je vous laisse vous présenter, chacun votre tour.

  • Speaker #0

    Bien, je vais commencer. Olivier, allons-y, je me lance. Donc, Willy Minec, aventurier conférencier depuis une vingtaine d'années maintenant. Et comme beaucoup de personnes, il y a pas mal d'explorateurs qui sont spécialisés sur un domaine, milieu polaire ou autre. Mais en revanche, comme beaucoup de personnes lambda, c'est-à-dire qu'on est attiré par un pays, puis un autre, etc. Pourquoi ? Parce que le monde est magique. Et donc... J'ai cette approche un peu éclectique du monde, donc je fais des traversées de désert, je peux faire des sommets dans le Caucase russe, des traversées du Bouch australien ou des choses plus poétiques comme la traversée des Highlands écossais pour observer la survivance des légendes celtes. Et en parallèle de tout ça, je fais des formations aventures pour amener tout un chacun à plus d'autonomie et à se lancer dans l'aventure, et des conférences bien entendu, et puis des livres.

  • Speaker #3

    Merci. Olivier ?

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, moi je m'appelle Olivier Gaudin, j'ai 42 ans, je suis journaliste, auteur, de ce détail à son importance, journaliste, auteur et voyageur à vélo maintenant depuis une quinzaine d'années. Alors j'ai eu la chance d'expérimenter le voyage à vélo un peu sous toutes ses formes, en solo, en couple et en famille. Mon tout premier voyage, ça a été un périple longue distance. J'habitais à Paris à l'époque, c'était en 2009. Et avec ma compagne, on s'est lancé un défi, traverser le continent africain à la force des mollets. Avec un vélo un peu particulier, on a utilisé un tandem. Tandem, pourquoi ? Parce que c'était la symbolique de notre volonté commune d'aller de l'avant. On a expérimenté la chose et on s'est rendu compte que le tandem, effectivement, il y avait toute cette symbolique derrière, mais il y avait aussi pas mal de difficultés parce que c'est une aventure absolument humaine, absolument incroyable. Passer 18 mois ensemble à quelques centimètres l'un de l'autre, tout partagé. C'est quelque chose qui est assez dur à éprouver, mais qui nous a énormément fait grandir. Donc notre couple s'est vraiment bâti sur cette base-là, sur cette traversée de l'Afrique. Et arrivé au Cap de Bonne Espérance, à la fin de ce périple, 18 mois après, on s'est fait une promesse. On s'est dit qu'à chaque moment charnière de notre existence, on repartirait à vélo. Parce qu'à vélo, on a du temps pour soi, on a du temps de qualité pour prendre du recul. Et en 2015, quand on a eu notre premier enfant, Axel, on a tenu cette promesse. Et on est parti pour s'inventer une vie à trois, pour découvrir notre... parentalité dans des conditions un peu différentes en amérique du nord et on a traversé les montagnes rocheuses par les pistes de bornes ferne alberta jusqu'à la frontière mexicaine Ensuite on a roulé en Californie, on a fait le tour du Yucatan et du Chiapas et de Cuba, une année de voyage au total. Et puis un peu plus tard, un autre heureux événement, on a eu Julia, une petite fille en 2020. Et à nouveau, fidèle à notre promesse, on est reparti en Scandinavie et on a fait la traversée du nord de l'Allemagne, du Danemark et de la Suède. Donc voilà, ce sont des récits que j'aime partager comme on le fait aujourd'hui à travers des festivals, des conférences. Par le biais d'articles aussi sur les réseaux sociaux et dans des livres également, puisque c'est une partie de mes activités d'être auteur.

  • Speaker #3

    Avant d'aborder le thème, toi Willy, c'est à pied que tu te déplaces principalement ?

  • Speaker #0

    Principalement, j'ai fait aussi de la nage longue distance, un peu comme Rémi Camus. J'ai fait aussi du packraft, des choses comme ça. J'étais kayakiste quand j'étais plus jeune. Donc principalement à pied en tout cas, oui, principalement à pied.

  • Speaker #3

    Pour la lenteur ?

  • Speaker #0

    Pour la lenteur, pour le toucher j'ai envie de dire aussi, notamment quand on fait de la montagne, je suis alpiniste aussi, donc il y a ce côté minéral qu'on aime appréhender. Pareil au niveau du kayak, il y a cette sensation très particulière, il y a un effet karting un peu, on a une sensation de vitesse, d'être à ras de l'eau comme ça, c'est très excitant. Donc oui en tout cas à pied, c'est la relation intimiste avec la nature qui m'intéresse, donc c'est pour ça. Plonger au cœur de milieux hostiles, c'est-à-dire non aménagés, c'est ce qui me passionne.

  • Speaker #3

    Ok. Et alors du coup, pourquoi ramener témoignages ? Parce que quand tu pars, j'ai vu le film du premier événement heureux. Quand on part en famille comme ça, on pourrait dire que c'est un moment privilégié pour soi.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Je pense que la première des choses, on ramène un témoignage pour se faire des souvenirs. Moi, c'est vraiment comme ça que je l'ai vécu. Notre fils, quand on est parti, il avait 10 mois. À cet âge-là, on est encore trop jeune pour vraiment imprimer ce qui se passe et conserver des souvenirs réels de l'expérience. Donc moi j'ai voulu conserver un témoignage, une sorte d'héritage pour transmettre à mon fils. Alors c'est passé par le biais de photos, de vidéos et puis de récits ensuite. Donc la première des choses c'était de lui léguer un petit peu cette histoire et qu'il puisse ensuite en prendre possession. Ce qu'il a fait déjà, puisque maintenant il va avoir 9 ans, donc il a la capacité de comprendre tout ce qu'il a pu vivre. Et puis, après passer le côté vraiment de la sphère familiale, de l'entourage, il y a la volonté de partager avec un public un petit peu plus large. Moi, je suis journaliste à la base, donc j'ai peut-être cette sensibilité d'aller vers l'autre et de transmettre des informations. Donc, c'est un peu dans cet objectif aussi que j'ai réuni des témoignages, donc moi, essentiellement des photos et de la vidéo et des textes, et que j'ai partagé avec un public plus large via les réseaux sociaux et puis via des livres. Et puis... On en parlait un petit peu tout à l'heure, mais c'est aussi une sorte de retour d'ascenseur. C'est que moi, j'ai puisé mon inspiration à la base dans des bouquins. Je ne sais pas si vous avez vécu la même chose, mais il y a tout un tas de lectures qu'on lit avant 15 ans qui vous marquent et qui vous façonnent vraiment, qui nourrissent cette envie de partir. Moi, je me suis nourri des London, des Jules Verne, ça a énormément compté pour moi. Puis après, d'autres récits, d'autres voyageurs aventuriers qui m'ont montré en fait que pas nécessaire d'être un surhomme, quelqu'un d'exceptionnel. pour partir prendre la route, que simplement il faut prendre la décision, que c'est ça le plus compliqué à la base, c'est de dépasser ses propres obstacles, se lancer et une fois qu'on est sur la route, l'aventure elle vous porte et tout devient relativement simple en tout cas.

  • Speaker #3

    Moi j'ai lu London bien sûr, mais moi j'ai lu Willy Minek et ça m'a convaincu de partir en Écosse.

  • Speaker #1

    Je j'en suis persuadé.

  • Speaker #3

    Et toi pourquoi ramener quelque chose ?

  • Speaker #0

    Alors comme tu me dis si bien Olivier, évidemment que c'est cette volonté de transmission. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous, nous partons parce qu'on a su attiser chez nous la curiosité. La curiosité, c'est vraiment la mèche. C'est en se dire, mais c'est plus fort que moi, c'est comment là-bas ? Comment vivent les gens ? C'est comment là-bas ? Etc. Et ça, c'est par soit la vision de documentaire, la lecture de livres, bref, etc. L'écoute de podcast, tout ce qu'on veut. Tous les formats maintenant de transmission qui sont là. Mais en fait, voilà, on a rêvé, nous. Et... Parce que ça nous a accompli, parce qu'on a trouvé cette expérience tellement bouleversante qu'elle nous a changé, qu'on se dit mais si on pouvait créer, allumer cette mèche chez les autres. Il y a notamment ça, je pense que c'est quelque chose qui est vraiment très important et c'est cette transmission là, une de ces transmissions là qui est la plus excitante en même temps.

  • Speaker #3

    C'est une sorte d'altruisme ?

  • Speaker #0

    Oui, oui probablement, oui, oui, oui. Il y a cette envie de... En effet, je pense qu'il y a cette bienveillance de se dire, mais ça nous accomplit tellement nous, ça contribue tellement à notre bonheur. Donc, si on pouvait vous aider justement à avoir ce déclenchement de se dire, mais l'aventure, en fait, c'est facile. C'est facile et en plus, bonne nouvelle, il n'y a pas de petites aventures. Donc voilà,

  • Speaker #3

    on y viendra après à cette définition de ce qu'on fait. Mais du coup, alors, quand toi, tu pars en famille avec un enfant en bas âge, deux fois, donc c'est que ça doit être bien la première, si vous recommencez. Ça a aussi pour toi valeur d'exemple pour les autres, c'est-à-dire de dire, regardez, c'est possible.

  • Speaker #1

    En fait, il y a quelque chose qui m'a énormément marqué. Nous, on est des voyageurs à vélo de longue date. Donc on a... traversé l'Afrique, mais on a effectué énormément de voyages plus courts. Et quand on a eu Axel, notre fils aîné en 2015, dès la maternité, les gens se sont succédés pour nous féliciter et aussi pour nous dire maintenant, les enfants, l'aventure à vélo, c'est terminé. Vous êtes responsables, vous êtes parents, donc c'est fini. Pour eux, c'était complètement impensable qu'on puisse partir ensuite, revivre des expériences telles qu'on les avait vécues avec un enfant qui plus est en bas âge. Alors, il y avait peut-être une forme de... de défis et on est parti un peu en guise de pied de nez à ces gens qui nous disaient que c'était terminé. Mais au-delà de tout ça, on voulait simplement montrer qu'avec un petit peu d'organisation, avec le bon matériel, en ciblant le bon itinéraire, en fin de compte, c'était une histoire d'adaptation et que tout fonctionnait bien. Et que les enfants, en particulier les nourrissons, ils ont une capacité d'adaptation qui est absolument incroyable, même par rapport à un adulte. Et qu'en définitive... Ce qui compte pour un enfant, c'est de sentir ses parents à proximité, sentir ses parents heureux, sentir ses parents en confiance, et que tout le décorum autour, tout l'environnement, finalement, il apporte assez peu.

  • Speaker #3

    Ça fonctionne.

  • Speaker #1

    Et ça fonctionne, oui, complètement.

  • Speaker #3

    Et du coup, toi, ta volonté, quand tu inities des gens dans le... Tu disais tout à l'heure que tu initiais des gens à l'aventure. Ça marche comment, ça, l'initiation à l'aventure ?

  • Speaker #0

    L'initiation à l'aventure, ça marche en général dans le... Tu vas casser toutes les images qu'on se fait. Et souvent, ce sont celles qui freinent le départ. C'est Ah mais oui, j'ai pas d'argent. Ah oui, mais j'ai pas de temps. Ah ben oui mais s'il m'arrive ça, ah ben oui voilà. Et en fait la première des choses c'est d'arriver à casser toutes ces mauvaises images qu'on a sur l'aventure et en même temps c'est ça qui fait rêver mais c'est ce qui nous empêche de le faire et donc il faut les casser parce que et dans la manière dont on transmet d'ailleurs, enfin ça on parlera du comment après c'est vrai mais dans le pourquoi il y a cette volonté là de se dire toute première chose c'est possible. Voilà, c'est possible et il est nécessaire de le faire.

  • Speaker #3

    C'est quoi la définition de l'aventure pour vous ?

  • Speaker #0

    Alors, merci, merci. Tu as déjà réfléchi à la question. C'est ça, bien sûr, renard. J'ai la patate chaude, j'ai la patate chaude.

  • Speaker #1

    Si, mais il m'a l'air d'être prêt pour répondre à la question.

  • Speaker #0

    Il y a, en effet, il y a... Il y en a qui pourraient dire qu'il y a le voyage, il y a l'aventure, il y a l'exploration. Grosso modo, on pourrait partir là-dessus. L'exploration, c'est Alban Michon qui dit que c'est une aventure qu'on prend en sérieux. Pourquoi pas ? En tout cas, l'aventure, dans sa définition, c'est quand on va à l'encontre de la surprise. et de l'inattendu. C'est-à-dire que, certes, par exemple, tu vas prévoir ton voyage. Par exemple, tu dis tiens, je vais aller en vélo jusqu'en Grèce Et donc, tu vas planifier ton itinéraire, tu vas faire ton parcours, on va dormir à peu près là, ça devrait nous coûter tant. Non. Pourquoi ? Parce qu'il faut retenir cette phrase, une expédition, c'est tout anticiper pour finalement improviser. et ça se révèle, c'est toujours pareil.

  • Speaker #3

    C'est dans ton livre que je l'ai lu ça.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Je cite Philippe Jardon, un ami à moi, ancien skieur extrême, qui avant ma première expédition m'avait dit ça et ça s'est tout le temps révélé juste, bien sûr. Donc, en effet, du coup, il faut concevoir son aventure comme un canevas. On a un idéal, on aimerait faire ça, mais il faut accepter d'emblée, c'est extrêmement important, que ça ne se passera pas comme prévu et tant mieux.

  • Speaker #3

    C'est ça ta définition ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait dans l'aventure c'est que je vais aller à l'encontre J'accepte d'aller à l'encontre de l'inconnu, de la surprise, de découvrir quelque chose que je ne connais pas, et de l'accepter. Et c'est ça qui va faire le sel du voyage.

  • Speaker #3

    C'est d'accepter de vivre l'instant présent, point.

  • Speaker #0

    Exactement. D'ailleurs, tu soulignes quelque chose qui est très à la mode, c'est l'état de pleine conscience et l'aventure. Favorise ça, je ne sais pas si tu es d'accord avec moi Olivier, c'est qu'en fait on est vraiment dans la journée, on est dans le réel. On est rarement de ah mais dans trois semaines, ah mais dans quinze jours, mais non mais là aujourd'hui, où est-ce que je vais bivouaquer ce soir, etc. La météo est en train de tourner, c'est tellement, et d'ailleurs c'est tellement apaisant, tellement apaisant. Et donc l'aventure en général, peu importe sa forme, favorise cet état de pleine conscience et c'est ça qui notamment apporte son aspect apaisant et qui contribue au bien-être.

  • Speaker #3

    Et c'est aussi jouissif quand on est en famille ?

  • Speaker #1

    Ouais, complètement. Mais je vois tout à fait ce qu'a dit Willy. Il me semble qu'il y a quelque chose qui est important que tu as prononcé, c'est ancré dans le réel. On pose souvent la question pourquoi parcourir des milliers de kilomètres comme ça à travers un continent ? Pourquoi est-ce qu'elle est une montagne ? Pourquoi faire ceci ? C'est totalement absurde au final. Et moi, je réponds, ben non, c'est profondément ancré dans le réel par rapport à la plupart de nos existences communes. On est vraiment en contact direct, en prise directe avec les choses. Donc voilà. Après, pour moi, la définition de l'aventure... pour revenir sur cette question-là, il y a une histoire de regard. Je pense que c'est changer un peu son regard habituel. C'est verser dans l'extraordinaire. Et ce n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout du monde ou de faire des milliers de kilomètres. C'est simplement emprunter un chemin en le regardant de manière différente, peut-être avec un moyen de locomotion différent. Et là, on va sortir des sentiers battus. Et pour moi, c'est là que naît l'aventure. Alors, on pourra y venir tout à l'heure, mais l'aventure, elle peut même venir en amont à partir du moment où on feuillette un livre, où on plonge le nez dans les cartes. Il y a déjà toute cette dimension liée à l'imaginaire, au rêve.

  • Speaker #0

    La rêverie, oui. La rêverie est déjà une aventure. C'est une forme d'aventure.

  • Speaker #1

    Et pour répondre plus précisément à ta question sur le côté, est-ce que l'aventure, elle existe aussi avec la famille ? Je crois que oui, effectivement, parce qu'on peut changer justement de regard sur la parentalité, sur le fait de faire famille, de faire tribu, quand on est dans ces conditions-là.

  • Speaker #3

    La différence, peut-être, c'est ce que moi j'ai ressenti. au visionnage de ton film en janvier, c'est que quand on part à l'aventure seul, on est responsable de soi. Quand on part à l'aventure avec un enfant de 10 mois, on est responsable aussi de l'enfant de 10 mois. Les aléas du quotidien, c'est peut-être un petit peu plus stressant, je ne sais pas, enfin...

  • Speaker #1

    Là, tu poses la question du risque, et je pense qu'elle est déterminante, en fait, dans le fait de partir. Aujourd'hui, on vit dans une société où on cultive un fantasme, c'est celui du risque zéro. Le risque zéro ça n'existe pas. Quoi qu'on fasse, même ici dans cette pièce, il peut se passer un événement qui va faire que... Alors après les risques... Non ça va bien se passer. Ça va bien se passer pour tout le monde, n'hésitez pas à partir,

  • Speaker #3

    n'hésitez pas à rester avec.

  • Speaker #1

    Mais ce que je veux dire c'est que malheureusement on peut sortir, traverser la route et puis être fauché par un automobiliste. Donc le risque zéro il n'existe pas, il n'existe pas ici, il n'existe pas quand on part. Il faut en finir avec cette idée là. Cela dit... Il ne faut pas non plus être complètement inconscient et il faut travailler pour réduire cette part de risque le plus possible, en sachant qu'on n'arrivera pas à l'éliminer totalement. Donc nous, c'est comme ça qu'on procède, c'est qu'une fois qu'on a défini notre itinéraire, qu'on s'est équipé, on identifie tous les risques et on va essayer de travailler pour les réduire au maximum. Donc par exemple, quand on part avec un enfant, ça va être bien se renseigner en allant voir son médecin de traitance, son pédiatre, sur les pathologies qu'un enfant, par exemple, peut avoir. peut déclarer quand on est à plus de 3000 mètres d'altitude. C'est un exemple parmi d'autres. Mais voilà, il faut essayer de parer à toutes ces éventualités.

  • Speaker #3

    C'est quelque chose que tu fais, toi, que tu pratiques la limitation des risques avant de partir ? Ou ma foi...

  • Speaker #0

    Si, c'est un impondérable, en fait. Comme je disais, une expérience tout anticipée pour finalement en profiter. Donc, il y a l'anticipation. Elle en fait partie. D'une, pour réduire le chandelle inconnu, ce vers quoi on va. Parce que si on ne s'enseigne pas spécifiquement, on peut... Ça peut avorter notre projet parce que se dire c'est tout bête rien que la législation par exemple. T'as un projet puis t'arrives dans un pays et en fait c'est tout bête mais si tu vas les mains dans les poches et qu'on te dit mais non en fait il faut un visa pour rentrer, tu fais comment après ? Rien que ces bases là. Bien sûr. Donc en fait évidemment que ça se prépare, ça c'est certain et j'ai partagé aussi une expérience avec ma femme, on a fait cinq petites expéditions ensemble et j'ai encadré des scientifiques sur le terrain, des amis, bref j'ai fait du solo, du groupe aussi. et de la famille. Et c'est vrai que la famille ça apporte une autre dimension, et notamment il y a cet affect qui est engagé et qui en effet apporte une dimension supplémentaire. Mais quand on parle du pourquoi, tu parles de la transmission vis-à-vis de ton enfant, et c'est quelque chose qui est extrêmement... qui est extrêmement important. Enfin moi je trouve en effet, ne serait-ce que les livres, tout ça, je suis fier d'avoir fait les livres, rien que parce que ma fille va pouvoir s'en accaparer et qu'en fait on livre de nous-mêmes dedans. Encore plus que les discussions, les livres sont vraiment quelque chose qui nous...

  • Speaker #3

    Bien sûr, parce que ça reste...

  • Speaker #0

    Bien sûr, ouais ouais.

  • Speaker #3

    Et avant de parler du comment, la définition du... Lequel de vous deux a dit il n'y a pas de petite aventure ? Quel qualificatif on met à aventure ? C'est quoi une petite, c'est pas une grande ? Qu'est-ce que vous vouliez dire par là ?

  • Speaker #0

    C'est toi qui... Oui, tout à fait. Je m'y colle. Donc, une petite aventure dans le sens où on pourrait se dire, quand on va voir justement, comme dans Joyeuses Escales, des films, des expériences, Ah, ça c'est pas pour moi Ou alors, Mais moi, par exemple, puisqu'on parle de la transmission, et notamment qu'on va parler du comment, c'est-à-dire par exemple les livres ou autres, c'est se dire, mais... Moi, je ne vais pas raconter ma traversée du chemin de Stevenson parce que c'est fait par des milliers de personnes tous les ans et je ne vois pas en quoi ça pourrait intéresser quelqu'un. Et finalement, c'est quelque chose d'extrêmement commun. Et ça, c'est un leurre. Donc, il n'y a pas de petites aventures. C'est qu'en fait, ce n'est pas parce que vous n'êtes pas Mike Horn que ce que vous allez faire n'est pas une aventure. Ça, c'est la première des choses. Et la deuxième des choses, c'est que tout peut se raconter. Vous prenez des fois des pitches de films. Ça vaut rien sur le papier. C'est un homme qui vient de perdre son travail et qui erre dans une rue et rencontre quelqu'un. Bim, hop, pitch. On va se dire, ok. Mais en fait, si vous avez un super réel, un super scénariste et de super acteurs, vous obtenez un film fantastique qui peut obtenir des Césars. Donc, tout peut se raconter, même si vous faites simplement le Stevenson, par exemple, et qu'en fait, il a déjà été fait des milliers de fois, ça n'a rien à voir. Donc, il n'y a pas de petites aventures et tout se raconte.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait d'accord. Et puis, ça reste votre propre expérience, votre propre ressenti, vos émotions. Et ça, c'est capital déjà pour vous-même, pour votre entourage. Donc, évidemment, il ne faut pas se brider. Et il y a effectivement dans le terme petit ou grand quelque chose qui est assez faux. Il y a une notion de distance, une notion de côté lointain. Et je pense qu'il faut en finir un petit peu avec ça. La micro-aventure actuellement est vraiment en plein essor, très à la main, une vraie tendance. Et pour moi, à partir du moment où on quitte... son domicile pendant une nuit quel que soit l'endroit où on aille, même si c'est un endroit qui nous est très familier, on va vivre quelque chose de différent et déjà on touche à l'aventure donc ça peut être simplement un beau samedi matin on ouvre sa porte, on prend son vélo qui dort dans le garage depuis plusieurs semaines, on va pédaler sur une région qu'on connait très bien mais cette fois-ci au lieu de prendre à droite, on va prendre à gauche et puis la nuit on va bivouaquer en pleine nature et on va vivre des sensations qu'on n'a jamais eu l'occasion d'expérimenter... Alors que le matin, au petit jour, on voit encore sa maison au loin. Mais déjà, on a touché à une forme d'aventure. Et après, bien entendu, on peut renouveler l'expérience sur des durées plus longues. Mais la micro-aventure, pour moi, c'est une vraie façon de se mettre le pied à l'étrier, de faire connaissance à cet esprit de la route. Et c'est quelque chose qui est à la portée de n'importe qui.

  • Speaker #3

    Il suffit de faire un pas pour être dans l'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, voilà,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #3

    Alors, revenons-en au comment. Au comment ? L'aboutissement de cette, par les livres, la vidéo, mais aussi sur le terrain, comment ? Est-ce que justement le fait d'avoir cette conscience de ramener quelque chose, et en fonction de ce qu'on va vouloir ramener, est-ce que ça modifie profondément la manière de vivre ce voyage ? Est-ce que le fait d'avoir absolument besoin de ramener des images risque de contraindre à une mise en scène qui n'est plus dans la spontanéité ?

  • Speaker #1

    Alors, je veux bien répondre à cette question parce que je me la suis posée très régulièrement et puis j'en ai fait le constat. Évidemment, bien sûr que ça va agir sur la spontanéité du voyage. Alors, tout dépend effectivement de l'objectif qu'on s'est fixé. Tout dépend aussi qui est à l'origine de cette demande. Est-ce que c'est une démarche vraiment volontaire ? Est-ce qu'on répond à la demande de partenaires, de sponsors ? Tout ça va avoir un rôle déterminant dans la façon dont on va le vivre. Mais ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est qu'à partir du moment où on veut ramener des images, et en particulier de la vidéo, c'est quelque chose qui va avoir des conséquences sur la spontanéité du voyage. Pourquoi ? Tout simplement parce que si on est seul et qu'on veut capter de l'image, qu'on n'a pas une équipe de tournage qui pourrait être autour de vous pour filmer ce que vous êtes en train de faire, il va falloir mettre en scène chacune de vos actions. Et cette mise en scène, elle tue un petit peu la cadence, le rythme du périple. Alors si on est seul, les conséquences sont peut-être un peu moindres. parce qu'on l'a choisi et bon voilà ça fait partie de notre démarche si on est plusieurs, qui plus est en famille, si tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde, ça peut être très très contraignant d'autant que Quand on fait un film, on aime bien ramener des moments qui soient forts, des émotions. Il pleut, on a eu une crevaison, on a eu quelque chose qui sort un petit peu de l'ordinaire. Ils sont des moments où on a déjà d'autres choses à gérer que de sortir la caméra, et puis choisir la bonne lumière, faire un cadre qui soit propre, et surtout d'être confronté au regard de l'autre. J'ai plein d'anecdotes, mais ça m'est arrivé très régulièrement de sortir de la caméra quand on est en pleine tempête de sable. Et puis là, Adeline m'accompagne, elle me regarde et me dit qu'est-ce que tu fais ? Est-ce qu'on n'a pas d'autre chose à gérer que de capter l'image au moment ? Mais en même temps, ensuite, si tu veux raconter l'histoire, ça fait partie de ça. Donc voilà, il faut trouver le bon équilibre, être bien conscient que c'est quelque chose qui est extrêmement chronophage et que sur le moment, ça va avoir un impact sur votre voyage, sur la spontanéité, sur la façon dont vous allez le vivre. Et qu'ensuite, par contre, peut-être, vous aurez au moins une matière pour écrire l'histoire.

  • Speaker #3

    Avant que tu répondes, Willy, est-ce que... Est-ce que, fort de cette prise de conscience qu'en pleine tempête de sable, tu as autre chose à faire que de filmer, est-ce que tu t'autorises de remettre en scène plus tard ? Je ne te parle pas de tricher. Oui,

  • Speaker #1

    dans une certaine mesure. Après, je pense que chacun voit midi à sa porte et ça dépend de ta démarche derrière.

  • Speaker #3

    Oui, mais c'est...

  • Speaker #1

    Dans ma façon de faire, je ne vais pas rejouer une scène. Ce que je peux faire, par exemple, c'est que... je repère un spot qui me paraît plutôt visuellement agréable, que j'ai envie d'avoir dans ma vidéo on passe une première fois, je m'arrête et puis là je vais poser ma caméra et on va repasser plusieurs fois jusqu'à ce que j'ai le plan qui me convienne, par contre on va pas rejouer une tempête de sable, non on va pas rejouer une chute, on va pas rejouer un incident mécanique ça c'est des choses qu'on capte et qui sont intéressantes justement parce qu'on les a sur le vif mais c'est aussi ce qui fait toute la difficulté c'est que voilà, il faut à un moment donné interrompre ton vécu, prendre un petit peu de recul parce que quelque part tu sors de la scène en fait et tu sors ton matériel et là tu vas essayer de recapter les choses mais forcément l'adrénaline du moment sera peut-être un petit peu moins forte que quand tu captes le moment pile-poil sur le moment présent

  • Speaker #3

    Bah les deux mêmes questions pour toi

  • Speaker #0

    Il a tout à fait raison, t'as tout à fait raison c'est exactement ça, la vidéo c'est un support qui a une dimension qui est super intéressante bien entendu puisque on extrait le réel, on vit la chose, on a l'impression d'être à côté de la personne, etc. Et puis même pour nous, au niveau des souvenirs, tu parlais de ton enfant, tout ça, on l'entend, on entend les sons, etc. Donc c'est une dimension qui est tout à fait géniale, mais c'est... Celle qui nous extraite plus de notre aventure, tu as tout à fait raison. Parce que c'est très technique. Quand en plus on commence à vouloir faire quelque chose de propre, l'image il faut qu'elle soit propre, il y a beaucoup de réglages, il faut faire attention au contre-jour, et le son. Donc d'où de suite ça devient très technique. En effet, la phrase c'est, dans l'aventure, il faudrait filmer au moment où on n'en a pas envie. Tu parlais de la tempête de sable, ce sont les meilleures images, ce sont les meilleurs instants. Mais c'est ceux où souvent on ne filme pas parce qu'on est en train de... dans une difficulté totale, ou alors en effet, il y en a qui vont te dire, mais attends, ce n'est pas le moment. Donc c'est celui qui nous extrait le plus de l'aventure. Notamment, ce qu'il faut savoir, c'est que principe d'adaptation de base, et tu vas voir ce problème de la transmission. C'est que pour s'adapter dans un milieu, quel qu'il soit, quand on part à l'aventure, c'est qu'il va falloir observer le milieu pour le comprendre, et du coup, agir en conséquence pour s'adapter. Donc le milieu, ça peut être évidemment des ethnies, ça peut être une population, mais comme la météo ou n'importe quoi. Et... Plus tu es dans ton milieu et plus tu as appris à l'observer, mieux tu le comprends. Et là, tu as une synergie, tu es dans l'intimité avec la nature. Et là, tu as l'impression de faire un avec le milieu, tout hostile qu'il soit. Et du coup, tu te sens un peu chez toi. Et là, tu as un sentiment de bien-être qui est total parce que tu fais partie du milieu. Tu n'es plus le petit Weedy qui est en France et qui vient immerger dans une forêt primaire ou en plein bouche. Mais en fait, tu en fais partie. Et quand tu viens à quelque chose de très technique, là, tout de suite, tu extraites ça. Et ça, c'est très frustrant. Et notamment, tu parlais de partenaires. Il y a des partenaires, par exemple, les équipementiers, des fois, dans ton accord, tu dois mettre, par exemple, tant de plans de vie quotidienne, ce qu'on appelle. C'est-à-dire que tu es en train d'allumer ta popote et puis, ah bah tiens, tu te baisses et puis en fait, tu as ta veste avec ton logo qu'on va voir en gros juste derrière ta popote. Et ça, c'est construit. Pourquoi ? Parce que ton partenaire, lui, c'est normal aussi. Il veut quelque chose. Il te donne de l'argent. Il faut bien lui rendre quelque chose. Et ça, c'est... Notamment, ça c'est contraignant et du coup moi je sais que je change mon fusil d'épaule au fur et à mesure. C'est-à-dire que dans ton choix de partenaire ou en tout cas dans tes accords, il y a des choses que maintenant je ne veux plus parce que non pas à défaut du partenaire, je comprends la démarche, mais parce que tu as envie de dire non mais en fait je n'ai pas envie non plus de me gâcher. Donc il faut savoir que la vidéo c'est ce qui nous coupe le plus de l'aventure, mais en revanche ça porte une dimension qui est top.

  • Speaker #1

    Une dimension de transmission ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est un superbe outil de transmission.

  • Speaker #1

    Plus que la photo, le carnet de voyage ou le livre ?

  • Speaker #0

    Je trouve que tout est ultra complémentaire. C'est ça qui est génialissime. Comme je te disais, l'avantage du comment, c'est que ça exprime la part la plus artistique de notre aventure. Parce que par exemple, l'usine Malander, qui a fait les voies de la liberté, qui part en moto et qui va au devant des femmes pour leur parler de liberté, il y a une pièce de théâtre qui a été issue. de ces expéditions. Et pareil avec Lionel Daudet, alpiniste, il y a une pièce de théâtre. Donc en fait, les formes, on pense aux livres, évidemment, on pense aux films, mais il y a les podcasts, il y a des CD maintenant, tu peux te mettre du coup en immersion juste sonore, qui d'ailleurs est un superbe outil aussi, et en fait tout est différent et t'apporte une toute autre dimension dans les podcasts. Tu vas pouvoir chuchoter. t'es à voir les petits bruits comme ça tout à coup en fait tu as l'impression tu rentres dans la vie de la personne les dimensions sont totalement différentes le livre je trouve que c'est celui qui est le plus intime, qui est le plus complet tu peux tout dire avec toute ta poésie t'en fais ce que tu veux, c'est formidable voilà je vais m'arrêter là non non, vas-y on t'écoute voilà, il ne faut pas hésiter à explorer toutes les formes d'expression artistique tout est possible il y a les classiques Mais encore une fois, il y a les CD, il y a les pièces de théâtre, ça peut être de la danse. C'est magique en fait. Ça, c'est passionnant.

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est aussi au retour parce qu'il faut quand même aussi que ça soit prévu pendant le moment. Tout à fait. Mais du coup, comment on choisit avant de partir, en amont de partir, comment on choisit le vecteur qui va nous servir à la transmission ? Est-ce qu'on ne le choisit pas ? Est-ce qu'il s'impose de lui-même ?

  • Speaker #2

    Je crois que ça dépend à la fois de sa propre sensibilité, de ses compétences aussi, parce que tout le monde ne peut pas s'improviser vidéaste, même si maintenant on a tous un smartphone dans la main qui permet de faire des films de grande qualité. Mais ça dépend avant tout de sa sensibilité, de ses compétences et du temps qu'on veut bien accorder à cette activité-là. Une fois qu'on a réfléchi à ces questions, ensuite on va pouvoir choisir. C'est vrai que c'est beaucoup plus simple et moins chronophage de tenir un petit carnet de bord le soir, de prendre quelques notes. Ou au fur et à mesure de la journée, par exemple, je sais que maintenant avec le smartphone, moi j'utilise beaucoup l'enregistreur audio qui va retranscrire mes paroles parce que j'ai cette angoisse permanente d'oublier ce que je vis sur le moment. Il m'arrive parfois de parler à mon propre téléphone pour conserver une trace de ce que je suis en train de vivre. Et le soir, je vais noter tout ça sur un petit carnet et ça sera une base ensuite pour en faire quelque chose, partager par le biais d'un livre ou écrire un post sur les réseaux sociaux. Après, je pense qu'il faut... Faire vraiment très attention et ne pas tomber dans une forme de surenchère ou en tout cas d'essayer de suivre la norme. Et aujourd'hui, les réseaux sociaux sont très normés. On a des exigences visuelles qui sont presque toutes les mêmes. L'algorithme fait qu'il faut tel type de contenu paramétrer de telle sorte et on a tendance à tomber dans ces pièges-là. C'est pour ça que je trouve très intéressant ce que tu dis par rapport à la diversité des supports médiatiques qu'on peut utiliser pour ensuite transmettre le message. Essayer de casser un petit peu les codes et de se distinguer aussi, de ne pas faire ce que tout le monde fait déjà en fait. On s'aperçoit sur Instagram notamment, on va avoir énormément, et sans doute moi le premier, j'obéis à une certaine forme de codification du message. On vit dans une société de l'image, mais toutes les images se ressemblent quelque part. Donc essayer de faire ce pacte coté pour aborder les choses un peu différemment et être un petit peu plus original. Mais encore une fois, c'est vraiment une démarche très très personnelle. Donc à partir du moment où on est parti sur le principe qu'on allait raconter quelque chose, Il faut être conscient que ça va prendre du temps. Et puis, si on veut s'y tenir sur la durée, ça va être quelque chose qui va impacter un petit peu son voyage.

  • Speaker #1

    Mais il y a quand même deux dimensions dans la transmission. Il y a la dimension, tu parles des réseaux sociaux, la dimension presque heure par heure. Enfin, j'exagère, mais on en est là.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    on en est là. Et puis la dimension de ramener. plus tard. C'est quand même pas tout à fait la même implication au quotidien pendant le voyage, ça.

  • Speaker #2

    La temporalité, oui, va jouer énormément sur la façon dont on va ensuite restituer les choses. Chacun a sa propre approche, mais personnellement, effectivement, je pense qu'il y a une nécessité de prise de recul, peut-être de digestion de toute cette information-là, et qui va faire qu'ensuite on va pouvoir le restituer de manière plus réfléchie, plus intéressante. que de partager ce qu'on vit sur le moment. Ça peut être intéressant aussi, pourquoi pas. Mais encore une fois, on va jouer sur l'émotion de l'instant, et puis, quitte à perdre nous en intensité du moment. Et il y a un piège à tout ça, c'est qu'on finit, en fait, par scénariser son voyage pour pouvoir le diffuser, et pas l'inverse. C'est qu'on va penser son voyage pour pouvoir le diffuser en fonction du format qui est attendu sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    C'est quoi ta position, toi, Willy Parab ? rapport à ça.

  • Speaker #0

    Alors c'est vrai ça soulève notamment la question de l'amateurisme et du professionnalisme c'est à dire c'est tout bête ok très bien je vais faire un petit documentaire notamment voilà il y a le format 52 qui est classique etc on est par tranche de 13, 13-26-52 ou long métrage et donc voilà des fois on pourrait dire mais non mais moi il tiendra en 47 ou alors etc Et pareil, maintenant, dans les festivals d'aventure, on voit beaucoup de boîtes de production qui sont derrière. Évidemment, ça apporte une autre dimension, parce qu'il y a plus de moyens. Mais j'ai eu, pareil, un ami qui me disait, je suis allé faire une descente de ski sur un volcan dans les Andes, un truc, et au moment où on fait la descente technique, il y a une petite éruption, et en fait, il y a des pierres qui tombaient à droite, à gauche, etc. Et donc, ils n'ont pas filmé à ce moment-là. Mais du coup, la boîte de production et le réalisateur, ils ont dit non, non, mais ça, c'est génial. On va refaire la scène. Et donc, du coup, il y avait des gauchos qui étaient là. Ils avaient des caillasses. Ils étaient derrière la caméra. Et ils lançaient des pierres. Donc, why not ? Why not ? Parce que finalement, c'est reconstituer quelque chose qui a existé. D'accord. Mais moi, ce n'est pas mon avis. D'ailleurs, sur ma prochaine aventure, il y a un réalisateur. Mais en l'occurrence, je produis parce que je préfère garder cette authenticité. ma ligne de conduite. Mais du coup, lui aussi me dit, oui, des fois, est-ce que ce sera peut-être tout compliqué à chaque fois de faire le réel ? Il dit, moi, il faut que je sois tout le temps prêt. On va rater des choses. Est-ce qu'on peut reconstituer ? Donc, il connaît ma réponse. En tout cas, ce qu'il y a, c'est qu'il y a beaucoup de noblesse dans l'amateurisme, notamment parce qu'il y a cette part d'authentique. Et ça, il ne faut pas travestir cette idée-là. C'est-à-dire qu'il faut être prêt, des fois, à la conserver. Parce que c'est vraiment très beau. D'ailleurs, il ne faut pas se leurrer dans des festivals d'aventure. Des fois, il y a des films qui marquent les gens parce qu'ils sont juste 100% authentiques, naturels, sincères. Et qu'en fait, ça touche au cœur des gens. Alors qu'il va y avoir une boîte de prod, pas toute bien entendu. Mais il y en a où des fois, justement, c'est très codifié. Quand vous commencez à vouloir démarcher un diffuseur, une chaîne télé, vous vous rendez compte que c'est ultra cadenassé. Par exemple, pour la prochaine aventure, j'avais contacté Arte. Et il m'a répondu... Votre documentaire est intéressant tout ça, mais nous ne pensons pas qu'il puisse correspondre à la chaîne du mardi soir entre 18 et 19 heures. Pourquoi ? Parce que là, sur cette chaîne, ce secteur-là, c'est ultra cadenassé. Et en fait, c'est un peu souvent comme ça. Donc voilà, il ne faut pas hésiter à faire. On en revient à ce qu'on disait, on part à l'aventure parce que c'est dans nos tripes, le projet qu'on va vouloir faire, qu'on veut initier. Il faut qu'il soit passionnel parce qu'à un moment donné, quand c'est difficile, c'est ça qui va vous faire tenir. C'est ça le principe de la motivation, ça va être la passion. le cœur, les tripes que vous allez y mettre. Et c'est ça qu'il va falloir retranscrire, et retranscrivez-le comme vous le désirez vous.

  • Speaker #1

    Ma question c'était aussi, par rapport aux réseaux sociaux, est-ce que toi tu fonctionnes comme ça dans l'immédiateté du quotidien, ou est-ce que tu dis je fais et je transmets après ?

  • Speaker #0

    Moi c'est plus cette deuxième version, parce que pour l'instant je suis encore un petit peu allergique aux réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Pour quelle raison ? Allergique ? Oui,

  • Speaker #0

    oui. Oui, c'est parce que je... En revanche, au niveau stratégie communicationnelle, c'est dément. Et même, au contraire, c'est une forme que moi, je n'arrive pas à m'accaparer. Mais dans la transmission de quelque chose, justement, on parle de l'instantanéité, il peut y avoir quelque chose de très frais. Donc ça peut être super. Moi, j'ai encore du mal. Je ne me retrouve pas dans ce mode-là. Donc pour l'instant, c'est quelque chose que je fais peu.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que cette obligation, parce que quand on part et qu'on... On va ramener quelque chose, donc ça nous crée une obligation de résultat.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça,

  • Speaker #1

    c'est pas quelque chose qui peut nuire aussi au plaisir du voyage, ou au plaisir de la spontanéité du voyage ? On a quand même en tête qu'il faut ramener des images, qu'il faut ramener... Est-ce que ça, c'est pas quelque chose de...

  • Speaker #0

    Moi je disais à ma femme que, je lui disais, j'aimerais tellement qu'en fait, à la prochaine aventure par exemple, je ne filme pas. Je trouve que c'est vraiment le plus contraignant, j'y reviens, mais le livre c'est plus, je trouve que c'est assez gérable, qu'est-ce que t'en penses ? Olivier, c'est assez gérable le livre, je trouve que c'est quelque chose que vraiment tu contrôles, t'es pas obligé d'écrire beaucoup le soir, tout ça. La vidéo c'est complexe.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu le fais alors ? Pourquoi tu ne le fais pas alors ? Ne pas filmer ?

  • Speaker #0

    Mais parce que... en même temps ça apporte une dimension supplémentaire notamment qui peut être aussi pédagogique, qui peut être toi tu peux avoir une intention qui est beaucoup plus large encore une fois tes supports de transmission ils ont ils touchent différentes personnes, ils ont différentes vertus ils ont, c'est différent qu'à nous ils sont assez complémentaires et donc en fonction de toi tes aspirations, je suis un ancien prof, c'est quelque chose qui m'est cher et donc j'aime ces supports là donc moi je vais faire des livrets pédagogiques en plus de ce que tu vois sur la... aventure. C'est encore un autre support. C'est encore différent. Mais parce que ça m'est cher.

  • Speaker #2

    J'ai suffisamment la chance de partir régulièrement pour m'aménager des voyages durant lesquels je vais... On va l'assumer comme ça. Pour profiter vraiment de l'instant présent. Je fais toujours de la photo parce que pour moi, le voyage et le vélo en particulier sont deux choses qui s'allient, qui se marient vraiment à merveille. Donc c'est un plaisir de le faire et je le vis absolument pas comme une contrainte.

  • Speaker #1

    Le vélo et la photo ?

  • Speaker #2

    Le vélo et la photo.

  • Speaker #1

    Oui, pas le voyage et le vélo.

  • Speaker #2

    Le vélo et la photo, pardon, excuse-moi. Et donc je le vis pas du tout comme une contrainte. Donc en permanence, je prends de la photo quel que soit mon objectif de voyage. Mais par contre, il m'arrive fréquemment de partir sans avoir tout le matériel. Parce que ça nécessite, on n'en a pas parlé aussi. Oui,

  • Speaker #1

    on a dit d'aller y venir. Voilà,

  • Speaker #2

    un tas de matériel à partir du moment où on veut prendre de la vidéo. Donc de... d'aller à l'essentiel et puis de me départir de cette charge à la fois matérielle et puis un peu mentale aussi d'avoir à rapporter quelque chose. Mais par contre, quand je m'implique dans un projet et que j'ai pris la décision de faire de la vidéo, j'essaye de m'y tenir sur la durée du voyage pour que ça soit cohérent et que je puisse raconter une histoire de A à Z en ayant capté au fur et à mesure des images qui me plaisent.

  • Speaker #1

    Et du coup, effectivement, tu parles du... Tu parles du matériel, bon c'est bon art en vélo, une remorque et puis ça roule,

  • Speaker #2

    j'exagère.

  • Speaker #1

    Mais à pied ça doit être une autre galère quand même.

  • Speaker #0

    Oui, comme tu le disais Olivier, maintenant on a la chance d'avoir une miniaturisation des équipements audiovisuels et en même temps d'un accès à une certaine qualité, des tarifs qui sont honnêtes. Donc on peut sortir de belles choses. Un tarif qui est pas mal et avec une certaine compacité, une bonne tenue de batterie. Mais oui, de toute manière, c'est compliqué. Enfin, ça alourdit vraiment ton sac à dos si tu es en sac à dos, mais même au niveau de tes sacoches. Enfin, c'est ça qui occupe de la place à de la nourriture. Enfin, ça te fait perdre de l'autonomie.

  • Speaker #1

    Mais quand tu regardes aujourd'hui le standard des films qui sont même présentés ici, l'usage du drone est omniprésent.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une valeur ajoutée, c'est certain.

  • Speaker #1

    Mais qui a un poids. Oui,

  • Speaker #0

    qui a un poids. Alors, il y a des modèles qui sont maintenant très compacts, qui tiennent dans la main. Mais oui, ça a un poids, notamment les batteries. C'est toujours pareil parce que tu n'en prends pas qu'une. Donc non, non, c'est certain qu'encore une fois, quand tu cherches à gagner un peu en qualité, tu as ton micro aussi. Il ne faut pas l'oublier. Et puis donc, voilà, son, image, batterie, drone, tout de suite, ça commence à faire.

  • Speaker #1

    Et où est-ce que se situe le compromis entre la qualité qu'on veut ramener et ce qu'on est en capacité d'assumer ? en poids, en difficultés techniques d'utilisation dues à ses compétences ou dues à l'environnement dans lequel on évolue ?

  • Speaker #0

    Ouf, ça c'est la vaste question.

  • Speaker #2

    Il faut que chacun place vraiment l'impurseur là où il le souhaite. C'est vrai qu'à partir du moment où on veut ramener un film de qualité, on aura tendance à penser qu'il faut du matériel de qualité, ce qui peut être vrai effectivement, mais il faut aussi partir du principe que, alors déjà il faut pouvoir le transporter. Et puis, il faut oser le sortir. J'ai constaté que moi, plus j'emmène de matériel, plus il reste au fond des sacoches. Et que parfois, la simplicité fait que je sors plus facilement mon smartphone pour capter une image sur le vif. L'image est peut-être un petit peu moins bonne que si j'avais sorti mon appareil photo, mais au moins, elle existe. Alors que l'appareil photo, ça demande une logistique un petit peu plus complexe pour la sortir. Donc, je pense que si on raisonne pour la très large majorité des gens, si on veut ramener... porter des souvenirs pour soi, pour éventuellement alimenter un petit peu les réseaux sociaux, ou même pour faire un petit film, quel que soit le support de diffusion, que ce soit dans le cadre d'un festival, ou sur YouTube ou autre, avec un smartphone et un peu de créativité, on peut arriver à faire des choses assez formidables aujourd'hui. Éventuellement avec une GoPro pour avoir des plans un peu immersifs et tout ça, mais la créativité peut largement remplacer une part de la qualité du matériel. À moins, effectivement, d'avoir des exigences techniques qui voudraient qu'on soit diffusé en télé, par exemple.

  • Speaker #1

    Non, mais là, on reste dans le cadre du voyage amateur et ce n'est pas péjoratif du tout.

  • Speaker #2

    Complètement,

  • Speaker #0

    oui. C'est vrai que ce qui est très important, c'est de pouvoir dégainer. Sur le terrain, c'est quelque chose qu'en fait... Dégainer. Oui, dégainer pour choper l'instantanéité. Être réactif. Voilà, notamment, tu parles de ton enfant ou même les animaux, tu vois. Ou la population. Tu rencontres des enfants qui jouent dans la rue. Tu vois quelque chose des fois de... qui sort de l'ordinaire quand tu traverses un village, etc. Et en plus, plus ton matériel est petit, et plus les gens l'acceptent. Si tu commences à sortir un attirail, les gens sont tout de suite, ça met un peu en recul. Donc la petitesse de ton matériel fait que du coup tu dégaines plus vite, tu le ranges plus facilement, il t'encombre moins, t'es plus mobile et ça met moins de distance avec les gens. Et t'as moins, c'est tout bête, mais t'as moins de réglages à faire. Alors certes, voilà, ton image a une moins bonne qualité, mais tu perds moins de temps. Du coup, toi, t'es moins extrait de ta réalité. Enfin, il y a un bel avantage à quelque chose qui se manie. Comme tu dis, le smartphone maintenant, en plus, ils sont imperméables. Tu peux faire de très belles choses. Tu as même des micro-déportés que tu mets dessus pour avoir une qualité de son un peu meilleure. Donc non, c'est un chouette outil, c'est certain.

  • Speaker #1

    Bon, on est bavard. Est-ce que vous avez des questions ? Donc toi, Willy, j'ai bien compris que les réseaux sociaux, tu ne partageais pas du tout durant tes voyages ou très peu.

  • Speaker #0

    Peu, ouais.

  • Speaker #1

    Toi, Olivier, un peu plus. Est-ce que... Le fait de partager sur les réseaux sociaux et ce système de récompenses que l'on sait qu'il existe sur les réseaux sociaux,

  • Speaker #0

    toutes les réactions des gens, j'aime, j'aime pas,

  • Speaker #2

    etc. Est-ce que ce genre de réaction peut modifier votre voyage ? Ou la modifier ?

  • Speaker #1

    Ou vous comporter différemment ?

  • Speaker #2

    Ou des choses comme ça ? Moi je pense qu'inconsciemment, la recherche de validation sociale doit jouer un rôle. Je veux pas me situer au-dessus de ces choses-là. Je pense qu'on est tous humains et que ça doit forcément avoir un impact. Après, j'essaye de départir de cette chose-là et de produire du contenu quand j'en ai envie. Mais je pense qu'effectivement, il y a peut-être une recherche de validation sociale. Après les réseaux sociaux, moi je suis à la fois critique et en même temps, je vois des aspects positifs aussi parce que ça permet de toucher une audience assez large. Ça permet de toucher aussi beaucoup de gens qui ont les mêmes centres d'intérêt que vous. Ça permet aussi de faire communauté quelque part. Moi, je sais que j'ai rencontré plein de monde ensuite dans la vie réelle par le biais des réseaux sociaux. Petite anecdote, par exemple, quelqu'un l'année dernière a organisé une sortie en famille et a contacté tous les voyageurs à vélo en famille. Tous, c'est beaucoup dire, mais en tout cas, ceux qui sont les plus actifs sur les réseaux sociaux. Et on s'est retrouvé à 40 à partir faire un trip dans la nature, à faire un bivouac géant avec tous les enfants au coin du feu. Des chamallows grillés et tout ça. Et ça, c'était par la magie des réseaux sociaux. Donc cette dimension, elle existe aussi, évidemment. Et il y a tout un tas d'effets peut-être un peu plus négatifs et qui vont faire qu'on va transformer son périple en une sorte d'égotrip à mettre en avant, une sorte de vitrine de moi-je. Oui, sans doute, effectivement, ça a sans doute un impact.

  • Speaker #1

    Mais tu y fais attention ?

  • Speaker #2

    J'essaie d'y faire attention dans la mesure du possible. Dans ce que je prends en conscience, peut-être qu'il y a plein de choses qui m'échappent et qu'effectivement, parfois je... Je formate mon message pour essayer de générer le plus de likes possible.

  • Speaker #1

    Justement, on voulait t'en parler. Et toi,

  • Speaker #0

    Willy ? Alors, ça soulève une question qui est... Enfin, un élément très important, c'est au moment où tu vas vouloir, peu importe la forme, faire un partage. C'est que l'œuvre que tu vas produire, que ce soit sur les réseaux, un livre, un film, tout ce que tu veux, ça va devenir quelque chose de public, et ça, il va falloir que tu acceptes les conséquences. C'est-à-dire que tu vas avoir des critiques bonnes, mauvaises, tu ne plais pas à tout le monde. Et ça, c'est quelque chose d'extrêmement important, notamment quand, je ne sais pas si toi, ça te l'a fait, quand tu écris ton premier livre, ce que tu as dedans, après, c'est écrit, c'est marqué dans la pierre, et on peut venir te chercher en disant, attention, tu as dit ça, je ne suis pas du tout d'accord avec toi, tu vois ce que je veux dire. Et ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment avoir à l'esprit. C'est que ce que vous allez produire, si vous le diffusez, ça devient quelque chose de public, les gens peuvent se l'accaparer. Et voilà. Donc, acceptez aussi le fait d'emblée que ça ne vous plaira pas à tout le monde, et vous allez voir. après ça passe crème.

  • Speaker #1

    Une autre question ? Oui bonjour, vous avez parlé d'écrire des histoires et d'anticiper et de se laisser surprendre alors moi je me pose la question quand vous écrivez l'histoire que sera le film comment ça se forme ? Est-ce que vous l'avez anticipé avant ? Est-ce que c'est au cours du voyage que vous vous dites mon film va aller plutôt dans cette direction ou alors j'aurais plutôt cet angle là ou est-ce qu'il y a aussi beaucoup une part d'invention de l'histoire au moment du montage ?

  • Speaker #2

    Alors, très très bonne question. Effectivement, est-ce qu'on peut anticiper, est-ce qu'on peut écrire une sorte de scénario en avance tout en sachant qu'on ne connaît pas le voyage, on ne sait pas ce qui va se passer. On peut effectivement à la base avoir une sorte de trame en fonction de ce qu'on a prévu tout en sachant que l'incertitude du voyage, tous les changements qui vont s'opérer au cours de route vont complètement modifier cette trame-là. Mais pour moi, ça se dessine plutôt pendant le voyage. Et ensuite, au cours du montage, une fois de retour à la maison, je fais le point sur l'ensemble des rushs que j'ai pu récupérer. J'essaye de trier un petit peu les différents types de scènes que j'ai, les sonores, les interviews, les moments où il se passe réellement quelque chose à vélo, les ennuis mécaniques. J'essaye de faire ce tri-là. Ensuite, en restant fidèle à ce qui s'est passé, bien entendu, pendant le voyage, je vais essayer de trouver un processus narratif. pour raconter tout ça. Mais c'est pas facile du tout parce que, contrairement à quelqu'un qui tourne un film de cinéma, avec un scénario clairement établi, où on fait ça c'est la scène 1, elle va se placer à tel endroit et bien ensuite on va avoir une sorte de puzzle qui est déjà préétabli. Là, il va falloir faire un travail de narration pour arriver à lier toutes ces images-là tout en restant fidèle à la réalité. Donc voilà, il faut y mettre beaucoup de soie, je pense.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on est... Est-ce qu'on reste réellement fidèle à la réalité de ce qu'on a vécu ? Ou est-ce qu'au retour, il n'y a pas le risque de l'idéaliser quand même en essayant de... de montrer la part la plus belle et pas...

  • Speaker #2

    Oui, oui, alors ça, bien entendu, effectivement. C'est vrai qu'après, on reste le maître de son film et on peut forcément... Je pense qu'on a déjà forcément un biais par rapport à ce qu'on a vécu. Et moi, il y a une expérience qui m'a marqué, c'est qu'avec Adeline, ma compagne, on prend chacun, on a ce petit rituel quotidien, on prend des notes chaque soir. Et on a vécu la même journée. En particulier quand on était en Afrique, on était sur le même tandem, séparés de quelques centimètres. Et on voit pas du tout la même chose. On n'a pas du tout les mêmes souvenirs. Et même sur des scènes qui, a priori, ne pourraient pas prêter à discussion. On n'a pas vu exactement les choses de la même couleur, on n'a pas entendu les mêmes choses, on n'a pas ressenti les mêmes émotions. Et ça c'est normal, on a chacun sa propre sensibilité. Donc je pense qu'après, dans la façon de restituer les choses, sans forcément s'éloigner de la réalité, en fonction de tous les biais... cognitifs qu'on peut avoir en fonction d'altération de ses souvenirs, en fonction de la façon dont le cerveau va avoir classé tous ces instants-là, on va restituer la chose d'une certaine façon. Si quelqu'un qui vous avait accompagné avait fait son propre film, je pense que la réalité aurait été un peu différente.

  • Speaker #1

    Enfin, en même temps, en tandem, il y en a un qui voit quand même beaucoup le dos de l'autre.

  • Speaker #2

    Exactement, surtout que lors de ce périple, j'avais deux t-shirts, un bleu et un gris, et pour seul horizon pendant 18 mois, effectivement, c'était assez limité.

  • Speaker #0

    Alors, Tout à fait. Ce qui est certain, c'est que, parce que c'est tout bête, mais vous quand vous regardez un documentaire, si le documentaire n'a pas une structure narrative, vous allez vous ennuyer. Ça, c'est une certitude en fait. D'accord ? Donc, il en faut une. Donc, tout réalisateur, producteur, documentariste vous dira, mais en fait, un documentaire, ça, c'est écrit. Et on voit la différence entre un documentaire qui n'est pas écrit et un documentaire qui est écrit. Ça, c'est une réalité. Maintenant, donc oui, moi, je vous invite. Normalement, il faut écrire son documentaire parce que notamment, on a un message. Qu'est-ce qu'on veut dire ? dans notre documentaire, qu'est-ce qu'on veut partager au champ, qu'est-ce qu'on veut qu'il retienne. Et donc ce message, il faut le raconter. C'est-à-dire qu'il y a un début, il y a quelque chose qui se forme avec l'aventure et ce qui fait qu'on arrive à notre message. Donc ça, il faut qu'il soit écrit. Toutefois, l'aventure n'est plus une aventure si en fait, vous voulez figer votre aventure à votre histoire. Ça reste l'aventure avant tout. C'est un documentaire d'aventure. Donc ce qui est compliqué, c'est qu'à la fois il va falloir qu'on raconte quelque chose, qu'on arrive à notre message, mais c'est l'aventure qui prime. Et donc si l'aventure doit changer la narration, il faut l'accepter. Et à un moment donné, il faut changer son fusil d'épaule et on s'adapte. Mais en fait, c'est l'aventure avant tout.

  • Speaker #1

    Et c'est toujours vous qui faites le montage parce que c'est un énorme travail de montage. Ou est-ce que vous le confiez parfois ?

  • Speaker #2

    Oui, alors moi, ça reste vraiment très artisanal. Donc je fais l'accapitation, la prise de vue et le montage. Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est bien fait. C'est artisanal,

  • Speaker #2

    mais bien fait. Si tu as ressenti ces émotions et si j'ai pu que...

  • Speaker #0

    transmettre tout ça effectivement j'ai atteint mon objectif et toi willy tu le fais tu fais tout toi pareil je fais beaucoup aussi pour des raisons financières premièrement deuxièmement c'est vrai qu'il ya aussi dans non mais en fait j'ai envie de raconter ça et mais il ya mais pas toujours et parce qu'en fait il ya un intérêt aussi à ce que des fois ce soit d'autres personnes qui montent pour éviter justement les biais cognitifs dont on parle et en fait ne serait-ce que d'échanger en tout cas de se faire conseiller c'est qu'en fait tu dis ah oui par exemple lui va te dire mais attends tu parles de l'aventure d'accord mais Mais ce qui est intéressant, je ne comprends pas pourquoi est-ce que tu as eu, des fois on a des sujets entre guillemets très particuliers. Par exemple, je reprends Mélusine Malander, je vais aller voir les femmes dans le monde, je vais leur demander pour elles c'est quoi la définition de la liberté. Comment t'es venue cette idée ? Et des fois c'est l'émergence de l'idée aussi qui est intéressante. Et nous on se dit, ah bah oui tiens, j'avais pas vu ça comme ça. Et donc il y a une multitude de richesses dans notre aventure et le regard extérieur permet des fois de les extraire. Et donc c'est intéressant en tout cas de confronter notre aventure au regard des autres. Avant d'écrire, avant de produire, pour se dire en effet, il y a peut-être quelque chose d'intéressant que je n'avais pas vu. Oui. Sinon, très brièvement, je pense qu'on peut aborder un point qui est un peu intéressant. Je vais le faire très bref. Tu as parlé évidemment des réseaux sociaux, tout ça. Et en ce moment, c'est d'actualité. Il y a un problème qui surgit, c'est la fameuse photo Instagramable. C'est-à-dire, je suis quelque part, je la poste. Si j'ai un grand compte, c'est génial, je veux y aller. Et en fait, du coup… certains endroits du monde maintenant, il y a une surfréquentation touristique qui s'est développée avec ces fameux photos instagrammables et dans le milieu de l'aventure, tu me confirmes ou pas, mais on est en train des fois de se poser la question, est-ce que je partage le lieu sur lequel je prends ma photo ? C'est tout bête, mais par exemple, il y a eu l'expérience des gorges du Todra dans le Maroc, c'était complètement perdu, et puis il y a un grimpeur de haut niveau qui est arrivé et qui a fait quelque chose de fantastique et en fait tout le monde s'est dit waouh, mais c'est juste dingue cette vallée ! Et au début, ça a été les experts qui sont venus, puis les moins experts. Mais en fait, ce qu'il y a, c'est que l'afflux de touristes est plus rapide que l'aménagement. Et la population le veut-elle ? Et en fait, c'est ce problème de surfréquentation, de rapidité de la fréquentation touristique qui, des fois, peut un peu tuer, casser cet espace-là. Donc, il y a aussi, selon notre degré de médiatisation, j'en suis pas là, mais en tout cas, il faut des fois savoir garder la mesure.

  • Speaker #1

    Du coup, comme nous approchons de la fin, j'aurais aimé que vous puissiez présenter chacun les ouvrages que vous nous avez emmenés là, rapidement, Olivier.

  • Speaker #0

    Alors oui, moi j'en ai deux. Alors j'ai le récit de notre aventure en Amérique du Nord en famille qui s'appelle Promaru, donc qui relate notre expérience à travers les montagnes rocheuses, 4700 kilomètres sur un itinéraire de montagne, on est tout le temps entre 2000 et 3600 mètres, 90% de pistes, et ensuite le reste de notre aventure donc en Californie autour du Yucatan et du Chiapas, et puis pour finir à Cuba, un an de voyage en famille au total. Puis j'ai un deuxième ouvrage...

  • Speaker #1

    Donc, excuse-moi, tech... texte, photo exactement,

  • Speaker #0

    je l'ai voulu un petit peu sous la forme d'un magazine donc il y a des récits très personnels des photos et puis un aspect un petit peu plus pratique avec des informations sur comment s'équiper pour partir avec un bébé des questions comment choisir son itinéraire quel type de sacoche, quel matériel c'est un complément au film et le second qui s'appelle A Vélo en Europe Là, c'est une sélection d'itinéraires, 30 itinéraires en Europe. Alors, il vient après un premier volume qui s'appelait À vélo, tout court qui était une sélection de 50 itinéraires uniquement en France, publié chez Gallimard. Et celui-ci, c'est le même concept, mais à l'échelle de l'Europe entière. On est plusieurs co-auteurs parce que, autant en France, j'avais l'expérience suffisante pour traiter l'ensemble du territoire, à l'échelle de l'Europe, j'ai dû faire appel à des petits camarades. Et ça se présente toujours de la même façon. Il y a une partie récit, inspiration. Donc l'idée, c'est de vous... vous donner vraiment envie de partir. Et puis après, encore une partie pratique avec une carte, avec un QR code pour retrouver la carte GPX et pouvoir passer du bouquin au terrain.

  • Speaker #1

    Un itinéraire au long cours.

  • Speaker #0

    Ce sont des itinéraires qui peuvent être réalisables entre une semaine et à peu près un mois et demi, deux mois environ.

  • Speaker #1

    D'accord. Et toi, Willy ?

  • Speaker #2

    Et donc, moi, je suis venu avec Anecdotes aventureuses, qui donc n'est pas un récit d'aventure jour 1, jour 2, jour 3. mais qui sont des extraits choisis, des anecdotes de voyages qui, évidemment, sont regroupés par thématique, par voyage, et qui peuvent se lire, évidemment, comme une histoire complète. Donc, ça relate mes expéditions entre 2003 et 2015. Donc, on voyage à travers ma traversée en solitaire dans le désert d'Atacama, le plus arrêté du monde. Il y a aussi la traversée de l'Écosse en hivernale.

  • Speaker #1

    C'était ta première, la traversée de l'Écosse ?

  • Speaker #2

    C'était ça, en 2003, tout à fait.

  • Speaker #1

    Avec pas mal de questions.

  • Speaker #2

    C'était l'initiatique, exactement.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas ça que tu étais parti faire au départ ?

  • Speaker #2

    Non, pas du tout. Parce qu'une aventure, c'est tout en six pieds pour finalement improviser. Exactement.

  • Speaker #1

    Non, mais dis-le.

  • Speaker #2

    Ce n'était pas du tout passé comme ça. Alors, au départ, c'était 700 kilomètres à travers le désert en autonomie avec deux lamas. Et puis, je suis arrivé sur place, évidemment, pour la faire très courte. Les lamas n'étaient pas domestiqués. Ils étaient semi-sauvages. J'ai pris cinq jours pour les dresser, etc. Et puis, j'ai eu le bonheur d'avoir la bénédiction de la Pachamama la veille par les habitants du village. On a fait une énorme fête.

  • Speaker #1

    C'est ça qui a réussi.

  • Speaker #2

    Et ça, c'était fantastique. Mais du coup, moi qui ne bois jamais, j'ai été complètement plié. Et en fait, on a été déconné avec les lamas. On a mal fermé. Et puis, les lamas se sont échappés pendant la nuit. Et du coup, je me suis retrouvé à faire un peu plus de 300 kilomètres avec 45 kilos sur le dos. Voilà.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas pour ramener des images. Je rigole.

  • Speaker #2

    Même pas. En plus, tout ça pour ramener en tout cas un livre. Et donc, il y a cette traversée du Chili, du désert d'Atacama. Puis, il y a la traversée des Highlands écossais en hivernale pour observer la... La survivance des légendes celtes.

  • Speaker #1

    Je le conseille vraiment ça.

  • Speaker #2

    Et il y a la traversée de la Nouvelle-Zélande. Voilà. Donc ça pareil sur plusieurs mois. Notamment toute la partie sud à travers la forêt primaire ou là complètement en dehors des sentiers. Et qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Les toits de l'Europe. Les toits de l'Europe. Il y a un documentaire qui avait été dessus. Tout à fait. Donc on avait été faire un documentaire pour observer la différence entre la voie normale du Mont Blanc et la voie normale de l'Elbrousse qui est le vrai toit de l'Europe qui se trouve du coup... en Russie, dans le Caucase russe. Au niveau des plaques continentales, c'est le vrai doigt de l'Europe et au niveau géopolitique, c'est évidemment le Mont-Blanc. Donc voilà, on a été faire un documentaire là-dessus, il y a le récit. Et puis il y a aussi des tribulations françaises. Des anecdotes de ce qui se passe en France parce que, évidemment, comme on le disait, la micro-aventure est derrière la porte de chez Sevoir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Donc ces trois livres sont consultables et on peut discuter avec les auteurs sur... place du 14 juillet sur le Salon des auteurs. Il ne me reste qu'à vous remercier beaucoup d'être venu, puis d'avoir partagé votre expérience.

  • Speaker #2

    Merci à toi, bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, merci à tous.

  • Speaker #1

    Peut-être que ça va donner envie de faire des images.

  • Speaker #2

    On espère, c'est clair.

  • Speaker #1

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #3

    C'était la Blabla Halt de la Joyeuse Escale. Retrouvez ce programme tous les jours sur Allo la planète à 11h et à 16h jusqu'au 21 mai.

Description

D’une expérience personnelle intime peut naître un partage à grande échelle, pour le témoignage, les retours attendus des partenaires, un plaisir esthétique ou pour financer son voyage. Les raisons sont multiples et les moyens tout autant !


Avec les interventions de :

  • Willy Menec : aventurier-explorateur français qui réalise des expéditions depuis maintenant 20 ans (traversées de déserts, ascensions en haute montagne, expériences d’isolement en pleine nature, traversées de bush…).

  • Olivier Godin : épris d’aventure et de sports outdoor, il sillonne la planète à vélo depuis 15 ans. Journaliste et auteur, il documente sa passion dans des magazines, sur internet et dans des livres, dont notamment A vélo et A vélo en Europe (Gallimard).


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allô, allô ? Allô ? Allô ? Allô ?

  • Speaker #1

    La planète ?

  • Speaker #2

    Allô la planète, la radio des voyages. Timonier, vous resterez à l'auberge et recueillerez les expériences des autres voyageurs de l'Escale. Cela nous sera fort utile pour la suite de notre voyage. La Blabla Alte de la Joyeuse Escale. Une émission présentée par Bruno Boiron. Enregistré au Colibri, par Alou La Planète.

  • Speaker #3

    Bonjour à tous, bienvenue à cette nouvelle table ronde, presque la dernière, dont le thème pose deux questions, pourquoi et comment ramener témoignages de son voyage ? D'une expérience personnelle intime peut naître un partage à grande échelle. Pour l'exemple et le témoignage, pour les retours attendus des partenaires, pour un plaisir esthétique ou simplement pour financer son voyage. Les raisons sont multiples de ramener témoignages et les moyens tout autant. Pour aborder ce thème, nous accueillons Willy Minek. Bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Et Olivier Gaudin. Bonjour. Bonjour à tous. On a eu le plaisir d'avoir dans les courtes escales. en prélude du festival.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #3

    Je vous laisse vous présenter, chacun votre tour.

  • Speaker #0

    Bien, je vais commencer. Olivier, allons-y, je me lance. Donc, Willy Minec, aventurier conférencier depuis une vingtaine d'années maintenant. Et comme beaucoup de personnes, il y a pas mal d'explorateurs qui sont spécialisés sur un domaine, milieu polaire ou autre. Mais en revanche, comme beaucoup de personnes lambda, c'est-à-dire qu'on est attiré par un pays, puis un autre, etc. Pourquoi ? Parce que le monde est magique. Et donc... J'ai cette approche un peu éclectique du monde, donc je fais des traversées de désert, je peux faire des sommets dans le Caucase russe, des traversées du Bouch australien ou des choses plus poétiques comme la traversée des Highlands écossais pour observer la survivance des légendes celtes. Et en parallèle de tout ça, je fais des formations aventures pour amener tout un chacun à plus d'autonomie et à se lancer dans l'aventure, et des conférences bien entendu, et puis des livres.

  • Speaker #3

    Merci. Olivier ?

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, moi je m'appelle Olivier Gaudin, j'ai 42 ans, je suis journaliste, auteur, de ce détail à son importance, journaliste, auteur et voyageur à vélo maintenant depuis une quinzaine d'années. Alors j'ai eu la chance d'expérimenter le voyage à vélo un peu sous toutes ses formes, en solo, en couple et en famille. Mon tout premier voyage, ça a été un périple longue distance. J'habitais à Paris à l'époque, c'était en 2009. Et avec ma compagne, on s'est lancé un défi, traverser le continent africain à la force des mollets. Avec un vélo un peu particulier, on a utilisé un tandem. Tandem, pourquoi ? Parce que c'était la symbolique de notre volonté commune d'aller de l'avant. On a expérimenté la chose et on s'est rendu compte que le tandem, effectivement, il y avait toute cette symbolique derrière, mais il y avait aussi pas mal de difficultés parce que c'est une aventure absolument humaine, absolument incroyable. Passer 18 mois ensemble à quelques centimètres l'un de l'autre, tout partagé. C'est quelque chose qui est assez dur à éprouver, mais qui nous a énormément fait grandir. Donc notre couple s'est vraiment bâti sur cette base-là, sur cette traversée de l'Afrique. Et arrivé au Cap de Bonne Espérance, à la fin de ce périple, 18 mois après, on s'est fait une promesse. On s'est dit qu'à chaque moment charnière de notre existence, on repartirait à vélo. Parce qu'à vélo, on a du temps pour soi, on a du temps de qualité pour prendre du recul. Et en 2015, quand on a eu notre premier enfant, Axel, on a tenu cette promesse. Et on est parti pour s'inventer une vie à trois, pour découvrir notre... parentalité dans des conditions un peu différentes en amérique du nord et on a traversé les montagnes rocheuses par les pistes de bornes ferne alberta jusqu'à la frontière mexicaine Ensuite on a roulé en Californie, on a fait le tour du Yucatan et du Chiapas et de Cuba, une année de voyage au total. Et puis un peu plus tard, un autre heureux événement, on a eu Julia, une petite fille en 2020. Et à nouveau, fidèle à notre promesse, on est reparti en Scandinavie et on a fait la traversée du nord de l'Allemagne, du Danemark et de la Suède. Donc voilà, ce sont des récits que j'aime partager comme on le fait aujourd'hui à travers des festivals, des conférences. Par le biais d'articles aussi sur les réseaux sociaux et dans des livres également, puisque c'est une partie de mes activités d'être auteur.

  • Speaker #3

    Avant d'aborder le thème, toi Willy, c'est à pied que tu te déplaces principalement ?

  • Speaker #0

    Principalement, j'ai fait aussi de la nage longue distance, un peu comme Rémi Camus. J'ai fait aussi du packraft, des choses comme ça. J'étais kayakiste quand j'étais plus jeune. Donc principalement à pied en tout cas, oui, principalement à pied.

  • Speaker #3

    Pour la lenteur ?

  • Speaker #0

    Pour la lenteur, pour le toucher j'ai envie de dire aussi, notamment quand on fait de la montagne, je suis alpiniste aussi, donc il y a ce côté minéral qu'on aime appréhender. Pareil au niveau du kayak, il y a cette sensation très particulière, il y a un effet karting un peu, on a une sensation de vitesse, d'être à ras de l'eau comme ça, c'est très excitant. Donc oui en tout cas à pied, c'est la relation intimiste avec la nature qui m'intéresse, donc c'est pour ça. Plonger au cœur de milieux hostiles, c'est-à-dire non aménagés, c'est ce qui me passionne.

  • Speaker #3

    Ok. Et alors du coup, pourquoi ramener témoignages ? Parce que quand tu pars, j'ai vu le film du premier événement heureux. Quand on part en famille comme ça, on pourrait dire que c'est un moment privilégié pour soi.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Je pense que la première des choses, on ramène un témoignage pour se faire des souvenirs. Moi, c'est vraiment comme ça que je l'ai vécu. Notre fils, quand on est parti, il avait 10 mois. À cet âge-là, on est encore trop jeune pour vraiment imprimer ce qui se passe et conserver des souvenirs réels de l'expérience. Donc moi j'ai voulu conserver un témoignage, une sorte d'héritage pour transmettre à mon fils. Alors c'est passé par le biais de photos, de vidéos et puis de récits ensuite. Donc la première des choses c'était de lui léguer un petit peu cette histoire et qu'il puisse ensuite en prendre possession. Ce qu'il a fait déjà, puisque maintenant il va avoir 9 ans, donc il a la capacité de comprendre tout ce qu'il a pu vivre. Et puis, après passer le côté vraiment de la sphère familiale, de l'entourage, il y a la volonté de partager avec un public un petit peu plus large. Moi, je suis journaliste à la base, donc j'ai peut-être cette sensibilité d'aller vers l'autre et de transmettre des informations. Donc, c'est un peu dans cet objectif aussi que j'ai réuni des témoignages, donc moi, essentiellement des photos et de la vidéo et des textes, et que j'ai partagé avec un public plus large via les réseaux sociaux et puis via des livres. Et puis... On en parlait un petit peu tout à l'heure, mais c'est aussi une sorte de retour d'ascenseur. C'est que moi, j'ai puisé mon inspiration à la base dans des bouquins. Je ne sais pas si vous avez vécu la même chose, mais il y a tout un tas de lectures qu'on lit avant 15 ans qui vous marquent et qui vous façonnent vraiment, qui nourrissent cette envie de partir. Moi, je me suis nourri des London, des Jules Verne, ça a énormément compté pour moi. Puis après, d'autres récits, d'autres voyageurs aventuriers qui m'ont montré en fait que pas nécessaire d'être un surhomme, quelqu'un d'exceptionnel. pour partir prendre la route, que simplement il faut prendre la décision, que c'est ça le plus compliqué à la base, c'est de dépasser ses propres obstacles, se lancer et une fois qu'on est sur la route, l'aventure elle vous porte et tout devient relativement simple en tout cas.

  • Speaker #3

    Moi j'ai lu London bien sûr, mais moi j'ai lu Willy Minek et ça m'a convaincu de partir en Écosse.

  • Speaker #1

    Je j'en suis persuadé.

  • Speaker #3

    Et toi pourquoi ramener quelque chose ?

  • Speaker #0

    Alors comme tu me dis si bien Olivier, évidemment que c'est cette volonté de transmission. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous, nous partons parce qu'on a su attiser chez nous la curiosité. La curiosité, c'est vraiment la mèche. C'est en se dire, mais c'est plus fort que moi, c'est comment là-bas ? Comment vivent les gens ? C'est comment là-bas ? Etc. Et ça, c'est par soit la vision de documentaire, la lecture de livres, bref, etc. L'écoute de podcast, tout ce qu'on veut. Tous les formats maintenant de transmission qui sont là. Mais en fait, voilà, on a rêvé, nous. Et... Parce que ça nous a accompli, parce qu'on a trouvé cette expérience tellement bouleversante qu'elle nous a changé, qu'on se dit mais si on pouvait créer, allumer cette mèche chez les autres. Il y a notamment ça, je pense que c'est quelque chose qui est vraiment très important et c'est cette transmission là, une de ces transmissions là qui est la plus excitante en même temps.

  • Speaker #3

    C'est une sorte d'altruisme ?

  • Speaker #0

    Oui, oui probablement, oui, oui, oui. Il y a cette envie de... En effet, je pense qu'il y a cette bienveillance de se dire, mais ça nous accomplit tellement nous, ça contribue tellement à notre bonheur. Donc, si on pouvait vous aider justement à avoir ce déclenchement de se dire, mais l'aventure, en fait, c'est facile. C'est facile et en plus, bonne nouvelle, il n'y a pas de petites aventures. Donc voilà,

  • Speaker #3

    on y viendra après à cette définition de ce qu'on fait. Mais du coup, alors, quand toi, tu pars en famille avec un enfant en bas âge, deux fois, donc c'est que ça doit être bien la première, si vous recommencez. Ça a aussi pour toi valeur d'exemple pour les autres, c'est-à-dire de dire, regardez, c'est possible.

  • Speaker #1

    En fait, il y a quelque chose qui m'a énormément marqué. Nous, on est des voyageurs à vélo de longue date. Donc on a... traversé l'Afrique, mais on a effectué énormément de voyages plus courts. Et quand on a eu Axel, notre fils aîné en 2015, dès la maternité, les gens se sont succédés pour nous féliciter et aussi pour nous dire maintenant, les enfants, l'aventure à vélo, c'est terminé. Vous êtes responsables, vous êtes parents, donc c'est fini. Pour eux, c'était complètement impensable qu'on puisse partir ensuite, revivre des expériences telles qu'on les avait vécues avec un enfant qui plus est en bas âge. Alors, il y avait peut-être une forme de... de défis et on est parti un peu en guise de pied de nez à ces gens qui nous disaient que c'était terminé. Mais au-delà de tout ça, on voulait simplement montrer qu'avec un petit peu d'organisation, avec le bon matériel, en ciblant le bon itinéraire, en fin de compte, c'était une histoire d'adaptation et que tout fonctionnait bien. Et que les enfants, en particulier les nourrissons, ils ont une capacité d'adaptation qui est absolument incroyable, même par rapport à un adulte. Et qu'en définitive... Ce qui compte pour un enfant, c'est de sentir ses parents à proximité, sentir ses parents heureux, sentir ses parents en confiance, et que tout le décorum autour, tout l'environnement, finalement, il apporte assez peu.

  • Speaker #3

    Ça fonctionne.

  • Speaker #1

    Et ça fonctionne, oui, complètement.

  • Speaker #3

    Et du coup, toi, ta volonté, quand tu inities des gens dans le... Tu disais tout à l'heure que tu initiais des gens à l'aventure. Ça marche comment, ça, l'initiation à l'aventure ?

  • Speaker #0

    L'initiation à l'aventure, ça marche en général dans le... Tu vas casser toutes les images qu'on se fait. Et souvent, ce sont celles qui freinent le départ. C'est Ah mais oui, j'ai pas d'argent. Ah oui, mais j'ai pas de temps. Ah ben oui mais s'il m'arrive ça, ah ben oui voilà. Et en fait la première des choses c'est d'arriver à casser toutes ces mauvaises images qu'on a sur l'aventure et en même temps c'est ça qui fait rêver mais c'est ce qui nous empêche de le faire et donc il faut les casser parce que et dans la manière dont on transmet d'ailleurs, enfin ça on parlera du comment après c'est vrai mais dans le pourquoi il y a cette volonté là de se dire toute première chose c'est possible. Voilà, c'est possible et il est nécessaire de le faire.

  • Speaker #3

    C'est quoi la définition de l'aventure pour vous ?

  • Speaker #0

    Alors, merci, merci. Tu as déjà réfléchi à la question. C'est ça, bien sûr, renard. J'ai la patate chaude, j'ai la patate chaude.

  • Speaker #1

    Si, mais il m'a l'air d'être prêt pour répondre à la question.

  • Speaker #0

    Il y a, en effet, il y a... Il y en a qui pourraient dire qu'il y a le voyage, il y a l'aventure, il y a l'exploration. Grosso modo, on pourrait partir là-dessus. L'exploration, c'est Alban Michon qui dit que c'est une aventure qu'on prend en sérieux. Pourquoi pas ? En tout cas, l'aventure, dans sa définition, c'est quand on va à l'encontre de la surprise. et de l'inattendu. C'est-à-dire que, certes, par exemple, tu vas prévoir ton voyage. Par exemple, tu dis tiens, je vais aller en vélo jusqu'en Grèce Et donc, tu vas planifier ton itinéraire, tu vas faire ton parcours, on va dormir à peu près là, ça devrait nous coûter tant. Non. Pourquoi ? Parce qu'il faut retenir cette phrase, une expédition, c'est tout anticiper pour finalement improviser. et ça se révèle, c'est toujours pareil.

  • Speaker #3

    C'est dans ton livre que je l'ai lu ça.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Je cite Philippe Jardon, un ami à moi, ancien skieur extrême, qui avant ma première expédition m'avait dit ça et ça s'est tout le temps révélé juste, bien sûr. Donc, en effet, du coup, il faut concevoir son aventure comme un canevas. On a un idéal, on aimerait faire ça, mais il faut accepter d'emblée, c'est extrêmement important, que ça ne se passera pas comme prévu et tant mieux.

  • Speaker #3

    C'est ça ta définition ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait dans l'aventure c'est que je vais aller à l'encontre J'accepte d'aller à l'encontre de l'inconnu, de la surprise, de découvrir quelque chose que je ne connais pas, et de l'accepter. Et c'est ça qui va faire le sel du voyage.

  • Speaker #3

    C'est d'accepter de vivre l'instant présent, point.

  • Speaker #0

    Exactement. D'ailleurs, tu soulignes quelque chose qui est très à la mode, c'est l'état de pleine conscience et l'aventure. Favorise ça, je ne sais pas si tu es d'accord avec moi Olivier, c'est qu'en fait on est vraiment dans la journée, on est dans le réel. On est rarement de ah mais dans trois semaines, ah mais dans quinze jours, mais non mais là aujourd'hui, où est-ce que je vais bivouaquer ce soir, etc. La météo est en train de tourner, c'est tellement, et d'ailleurs c'est tellement apaisant, tellement apaisant. Et donc l'aventure en général, peu importe sa forme, favorise cet état de pleine conscience et c'est ça qui notamment apporte son aspect apaisant et qui contribue au bien-être.

  • Speaker #3

    Et c'est aussi jouissif quand on est en famille ?

  • Speaker #1

    Ouais, complètement. Mais je vois tout à fait ce qu'a dit Willy. Il me semble qu'il y a quelque chose qui est important que tu as prononcé, c'est ancré dans le réel. On pose souvent la question pourquoi parcourir des milliers de kilomètres comme ça à travers un continent ? Pourquoi est-ce qu'elle est une montagne ? Pourquoi faire ceci ? C'est totalement absurde au final. Et moi, je réponds, ben non, c'est profondément ancré dans le réel par rapport à la plupart de nos existences communes. On est vraiment en contact direct, en prise directe avec les choses. Donc voilà. Après, pour moi, la définition de l'aventure... pour revenir sur cette question-là, il y a une histoire de regard. Je pense que c'est changer un peu son regard habituel. C'est verser dans l'extraordinaire. Et ce n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout du monde ou de faire des milliers de kilomètres. C'est simplement emprunter un chemin en le regardant de manière différente, peut-être avec un moyen de locomotion différent. Et là, on va sortir des sentiers battus. Et pour moi, c'est là que naît l'aventure. Alors, on pourra y venir tout à l'heure, mais l'aventure, elle peut même venir en amont à partir du moment où on feuillette un livre, où on plonge le nez dans les cartes. Il y a déjà toute cette dimension liée à l'imaginaire, au rêve.

  • Speaker #0

    La rêverie, oui. La rêverie est déjà une aventure. C'est une forme d'aventure.

  • Speaker #1

    Et pour répondre plus précisément à ta question sur le côté, est-ce que l'aventure, elle existe aussi avec la famille ? Je crois que oui, effectivement, parce qu'on peut changer justement de regard sur la parentalité, sur le fait de faire famille, de faire tribu, quand on est dans ces conditions-là.

  • Speaker #3

    La différence, peut-être, c'est ce que moi j'ai ressenti. au visionnage de ton film en janvier, c'est que quand on part à l'aventure seul, on est responsable de soi. Quand on part à l'aventure avec un enfant de 10 mois, on est responsable aussi de l'enfant de 10 mois. Les aléas du quotidien, c'est peut-être un petit peu plus stressant, je ne sais pas, enfin...

  • Speaker #1

    Là, tu poses la question du risque, et je pense qu'elle est déterminante, en fait, dans le fait de partir. Aujourd'hui, on vit dans une société où on cultive un fantasme, c'est celui du risque zéro. Le risque zéro ça n'existe pas. Quoi qu'on fasse, même ici dans cette pièce, il peut se passer un événement qui va faire que... Alors après les risques... Non ça va bien se passer. Ça va bien se passer pour tout le monde, n'hésitez pas à partir,

  • Speaker #3

    n'hésitez pas à rester avec.

  • Speaker #1

    Mais ce que je veux dire c'est que malheureusement on peut sortir, traverser la route et puis être fauché par un automobiliste. Donc le risque zéro il n'existe pas, il n'existe pas ici, il n'existe pas quand on part. Il faut en finir avec cette idée là. Cela dit... Il ne faut pas non plus être complètement inconscient et il faut travailler pour réduire cette part de risque le plus possible, en sachant qu'on n'arrivera pas à l'éliminer totalement. Donc nous, c'est comme ça qu'on procède, c'est qu'une fois qu'on a défini notre itinéraire, qu'on s'est équipé, on identifie tous les risques et on va essayer de travailler pour les réduire au maximum. Donc par exemple, quand on part avec un enfant, ça va être bien se renseigner en allant voir son médecin de traitance, son pédiatre, sur les pathologies qu'un enfant, par exemple, peut avoir. peut déclarer quand on est à plus de 3000 mètres d'altitude. C'est un exemple parmi d'autres. Mais voilà, il faut essayer de parer à toutes ces éventualités.

  • Speaker #3

    C'est quelque chose que tu fais, toi, que tu pratiques la limitation des risques avant de partir ? Ou ma foi...

  • Speaker #0

    Si, c'est un impondérable, en fait. Comme je disais, une expérience tout anticipée pour finalement en profiter. Donc, il y a l'anticipation. Elle en fait partie. D'une, pour réduire le chandelle inconnu, ce vers quoi on va. Parce que si on ne s'enseigne pas spécifiquement, on peut... Ça peut avorter notre projet parce que se dire c'est tout bête rien que la législation par exemple. T'as un projet puis t'arrives dans un pays et en fait c'est tout bête mais si tu vas les mains dans les poches et qu'on te dit mais non en fait il faut un visa pour rentrer, tu fais comment après ? Rien que ces bases là. Bien sûr. Donc en fait évidemment que ça se prépare, ça c'est certain et j'ai partagé aussi une expérience avec ma femme, on a fait cinq petites expéditions ensemble et j'ai encadré des scientifiques sur le terrain, des amis, bref j'ai fait du solo, du groupe aussi. et de la famille. Et c'est vrai que la famille ça apporte une autre dimension, et notamment il y a cet affect qui est engagé et qui en effet apporte une dimension supplémentaire. Mais quand on parle du pourquoi, tu parles de la transmission vis-à-vis de ton enfant, et c'est quelque chose qui est extrêmement... qui est extrêmement important. Enfin moi je trouve en effet, ne serait-ce que les livres, tout ça, je suis fier d'avoir fait les livres, rien que parce que ma fille va pouvoir s'en accaparer et qu'en fait on livre de nous-mêmes dedans. Encore plus que les discussions, les livres sont vraiment quelque chose qui nous...

  • Speaker #3

    Bien sûr, parce que ça reste...

  • Speaker #0

    Bien sûr, ouais ouais.

  • Speaker #3

    Et avant de parler du comment, la définition du... Lequel de vous deux a dit il n'y a pas de petite aventure ? Quel qualificatif on met à aventure ? C'est quoi une petite, c'est pas une grande ? Qu'est-ce que vous vouliez dire par là ?

  • Speaker #0

    C'est toi qui... Oui, tout à fait. Je m'y colle. Donc, une petite aventure dans le sens où on pourrait se dire, quand on va voir justement, comme dans Joyeuses Escales, des films, des expériences, Ah, ça c'est pas pour moi Ou alors, Mais moi, par exemple, puisqu'on parle de la transmission, et notamment qu'on va parler du comment, c'est-à-dire par exemple les livres ou autres, c'est se dire, mais... Moi, je ne vais pas raconter ma traversée du chemin de Stevenson parce que c'est fait par des milliers de personnes tous les ans et je ne vois pas en quoi ça pourrait intéresser quelqu'un. Et finalement, c'est quelque chose d'extrêmement commun. Et ça, c'est un leurre. Donc, il n'y a pas de petites aventures. C'est qu'en fait, ce n'est pas parce que vous n'êtes pas Mike Horn que ce que vous allez faire n'est pas une aventure. Ça, c'est la première des choses. Et la deuxième des choses, c'est que tout peut se raconter. Vous prenez des fois des pitches de films. Ça vaut rien sur le papier. C'est un homme qui vient de perdre son travail et qui erre dans une rue et rencontre quelqu'un. Bim, hop, pitch. On va se dire, ok. Mais en fait, si vous avez un super réel, un super scénariste et de super acteurs, vous obtenez un film fantastique qui peut obtenir des Césars. Donc, tout peut se raconter, même si vous faites simplement le Stevenson, par exemple, et qu'en fait, il a déjà été fait des milliers de fois, ça n'a rien à voir. Donc, il n'y a pas de petites aventures et tout se raconte.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait d'accord. Et puis, ça reste votre propre expérience, votre propre ressenti, vos émotions. Et ça, c'est capital déjà pour vous-même, pour votre entourage. Donc, évidemment, il ne faut pas se brider. Et il y a effectivement dans le terme petit ou grand quelque chose qui est assez faux. Il y a une notion de distance, une notion de côté lointain. Et je pense qu'il faut en finir un petit peu avec ça. La micro-aventure actuellement est vraiment en plein essor, très à la main, une vraie tendance. Et pour moi, à partir du moment où on quitte... son domicile pendant une nuit quel que soit l'endroit où on aille, même si c'est un endroit qui nous est très familier, on va vivre quelque chose de différent et déjà on touche à l'aventure donc ça peut être simplement un beau samedi matin on ouvre sa porte, on prend son vélo qui dort dans le garage depuis plusieurs semaines, on va pédaler sur une région qu'on connait très bien mais cette fois-ci au lieu de prendre à droite, on va prendre à gauche et puis la nuit on va bivouaquer en pleine nature et on va vivre des sensations qu'on n'a jamais eu l'occasion d'expérimenter... Alors que le matin, au petit jour, on voit encore sa maison au loin. Mais déjà, on a touché à une forme d'aventure. Et après, bien entendu, on peut renouveler l'expérience sur des durées plus longues. Mais la micro-aventure, pour moi, c'est une vraie façon de se mettre le pied à l'étrier, de faire connaissance à cet esprit de la route. Et c'est quelque chose qui est à la portée de n'importe qui.

  • Speaker #3

    Il suffit de faire un pas pour être dans l'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, voilà,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #3

    Alors, revenons-en au comment. Au comment ? L'aboutissement de cette, par les livres, la vidéo, mais aussi sur le terrain, comment ? Est-ce que justement le fait d'avoir cette conscience de ramener quelque chose, et en fonction de ce qu'on va vouloir ramener, est-ce que ça modifie profondément la manière de vivre ce voyage ? Est-ce que le fait d'avoir absolument besoin de ramener des images risque de contraindre à une mise en scène qui n'est plus dans la spontanéité ?

  • Speaker #1

    Alors, je veux bien répondre à cette question parce que je me la suis posée très régulièrement et puis j'en ai fait le constat. Évidemment, bien sûr que ça va agir sur la spontanéité du voyage. Alors, tout dépend effectivement de l'objectif qu'on s'est fixé. Tout dépend aussi qui est à l'origine de cette demande. Est-ce que c'est une démarche vraiment volontaire ? Est-ce qu'on répond à la demande de partenaires, de sponsors ? Tout ça va avoir un rôle déterminant dans la façon dont on va le vivre. Mais ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est qu'à partir du moment où on veut ramener des images, et en particulier de la vidéo, c'est quelque chose qui va avoir des conséquences sur la spontanéité du voyage. Pourquoi ? Tout simplement parce que si on est seul et qu'on veut capter de l'image, qu'on n'a pas une équipe de tournage qui pourrait être autour de vous pour filmer ce que vous êtes en train de faire, il va falloir mettre en scène chacune de vos actions. Et cette mise en scène, elle tue un petit peu la cadence, le rythme du périple. Alors si on est seul, les conséquences sont peut-être un peu moindres. parce qu'on l'a choisi et bon voilà ça fait partie de notre démarche si on est plusieurs, qui plus est en famille, si tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde, ça peut être très très contraignant d'autant que Quand on fait un film, on aime bien ramener des moments qui soient forts, des émotions. Il pleut, on a eu une crevaison, on a eu quelque chose qui sort un petit peu de l'ordinaire. Ils sont des moments où on a déjà d'autres choses à gérer que de sortir la caméra, et puis choisir la bonne lumière, faire un cadre qui soit propre, et surtout d'être confronté au regard de l'autre. J'ai plein d'anecdotes, mais ça m'est arrivé très régulièrement de sortir de la caméra quand on est en pleine tempête de sable. Et puis là, Adeline m'accompagne, elle me regarde et me dit qu'est-ce que tu fais ? Est-ce qu'on n'a pas d'autre chose à gérer que de capter l'image au moment ? Mais en même temps, ensuite, si tu veux raconter l'histoire, ça fait partie de ça. Donc voilà, il faut trouver le bon équilibre, être bien conscient que c'est quelque chose qui est extrêmement chronophage et que sur le moment, ça va avoir un impact sur votre voyage, sur la spontanéité, sur la façon dont vous allez le vivre. Et qu'ensuite, par contre, peut-être, vous aurez au moins une matière pour écrire l'histoire.

  • Speaker #3

    Avant que tu répondes, Willy, est-ce que... Est-ce que, fort de cette prise de conscience qu'en pleine tempête de sable, tu as autre chose à faire que de filmer, est-ce que tu t'autorises de remettre en scène plus tard ? Je ne te parle pas de tricher. Oui,

  • Speaker #1

    dans une certaine mesure. Après, je pense que chacun voit midi à sa porte et ça dépend de ta démarche derrière.

  • Speaker #3

    Oui, mais c'est...

  • Speaker #1

    Dans ma façon de faire, je ne vais pas rejouer une scène. Ce que je peux faire, par exemple, c'est que... je repère un spot qui me paraît plutôt visuellement agréable, que j'ai envie d'avoir dans ma vidéo on passe une première fois, je m'arrête et puis là je vais poser ma caméra et on va repasser plusieurs fois jusqu'à ce que j'ai le plan qui me convienne, par contre on va pas rejouer une tempête de sable, non on va pas rejouer une chute, on va pas rejouer un incident mécanique ça c'est des choses qu'on capte et qui sont intéressantes justement parce qu'on les a sur le vif mais c'est aussi ce qui fait toute la difficulté c'est que voilà, il faut à un moment donné interrompre ton vécu, prendre un petit peu de recul parce que quelque part tu sors de la scène en fait et tu sors ton matériel et là tu vas essayer de recapter les choses mais forcément l'adrénaline du moment sera peut-être un petit peu moins forte que quand tu captes le moment pile-poil sur le moment présent

  • Speaker #3

    Bah les deux mêmes questions pour toi

  • Speaker #0

    Il a tout à fait raison, t'as tout à fait raison c'est exactement ça, la vidéo c'est un support qui a une dimension qui est super intéressante bien entendu puisque on extrait le réel, on vit la chose, on a l'impression d'être à côté de la personne, etc. Et puis même pour nous, au niveau des souvenirs, tu parlais de ton enfant, tout ça, on l'entend, on entend les sons, etc. Donc c'est une dimension qui est tout à fait géniale, mais c'est... Celle qui nous extraite plus de notre aventure, tu as tout à fait raison. Parce que c'est très technique. Quand en plus on commence à vouloir faire quelque chose de propre, l'image il faut qu'elle soit propre, il y a beaucoup de réglages, il faut faire attention au contre-jour, et le son. Donc d'où de suite ça devient très technique. En effet, la phrase c'est, dans l'aventure, il faudrait filmer au moment où on n'en a pas envie. Tu parlais de la tempête de sable, ce sont les meilleures images, ce sont les meilleurs instants. Mais c'est ceux où souvent on ne filme pas parce qu'on est en train de... dans une difficulté totale, ou alors en effet, il y en a qui vont te dire, mais attends, ce n'est pas le moment. Donc c'est celui qui nous extrait le plus de l'aventure. Notamment, ce qu'il faut savoir, c'est que principe d'adaptation de base, et tu vas voir ce problème de la transmission. C'est que pour s'adapter dans un milieu, quel qu'il soit, quand on part à l'aventure, c'est qu'il va falloir observer le milieu pour le comprendre, et du coup, agir en conséquence pour s'adapter. Donc le milieu, ça peut être évidemment des ethnies, ça peut être une population, mais comme la météo ou n'importe quoi. Et... Plus tu es dans ton milieu et plus tu as appris à l'observer, mieux tu le comprends. Et là, tu as une synergie, tu es dans l'intimité avec la nature. Et là, tu as l'impression de faire un avec le milieu, tout hostile qu'il soit. Et du coup, tu te sens un peu chez toi. Et là, tu as un sentiment de bien-être qui est total parce que tu fais partie du milieu. Tu n'es plus le petit Weedy qui est en France et qui vient immerger dans une forêt primaire ou en plein bouche. Mais en fait, tu en fais partie. Et quand tu viens à quelque chose de très technique, là, tout de suite, tu extraites ça. Et ça, c'est très frustrant. Et notamment, tu parlais de partenaires. Il y a des partenaires, par exemple, les équipementiers, des fois, dans ton accord, tu dois mettre, par exemple, tant de plans de vie quotidienne, ce qu'on appelle. C'est-à-dire que tu es en train d'allumer ta popote et puis, ah bah tiens, tu te baisses et puis en fait, tu as ta veste avec ton logo qu'on va voir en gros juste derrière ta popote. Et ça, c'est construit. Pourquoi ? Parce que ton partenaire, lui, c'est normal aussi. Il veut quelque chose. Il te donne de l'argent. Il faut bien lui rendre quelque chose. Et ça, c'est... Notamment, ça c'est contraignant et du coup moi je sais que je change mon fusil d'épaule au fur et à mesure. C'est-à-dire que dans ton choix de partenaire ou en tout cas dans tes accords, il y a des choses que maintenant je ne veux plus parce que non pas à défaut du partenaire, je comprends la démarche, mais parce que tu as envie de dire non mais en fait je n'ai pas envie non plus de me gâcher. Donc il faut savoir que la vidéo c'est ce qui nous coupe le plus de l'aventure, mais en revanche ça porte une dimension qui est top.

  • Speaker #1

    Une dimension de transmission ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est un superbe outil de transmission.

  • Speaker #1

    Plus que la photo, le carnet de voyage ou le livre ?

  • Speaker #0

    Je trouve que tout est ultra complémentaire. C'est ça qui est génialissime. Comme je te disais, l'avantage du comment, c'est que ça exprime la part la plus artistique de notre aventure. Parce que par exemple, l'usine Malander, qui a fait les voies de la liberté, qui part en moto et qui va au devant des femmes pour leur parler de liberté, il y a une pièce de théâtre qui a été issue. de ces expéditions. Et pareil avec Lionel Daudet, alpiniste, il y a une pièce de théâtre. Donc en fait, les formes, on pense aux livres, évidemment, on pense aux films, mais il y a les podcasts, il y a des CD maintenant, tu peux te mettre du coup en immersion juste sonore, qui d'ailleurs est un superbe outil aussi, et en fait tout est différent et t'apporte une toute autre dimension dans les podcasts. Tu vas pouvoir chuchoter. t'es à voir les petits bruits comme ça tout à coup en fait tu as l'impression tu rentres dans la vie de la personne les dimensions sont totalement différentes le livre je trouve que c'est celui qui est le plus intime, qui est le plus complet tu peux tout dire avec toute ta poésie t'en fais ce que tu veux, c'est formidable voilà je vais m'arrêter là non non, vas-y on t'écoute voilà, il ne faut pas hésiter à explorer toutes les formes d'expression artistique tout est possible il y a les classiques Mais encore une fois, il y a les CD, il y a les pièces de théâtre, ça peut être de la danse. C'est magique en fait. Ça, c'est passionnant.

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est aussi au retour parce qu'il faut quand même aussi que ça soit prévu pendant le moment. Tout à fait. Mais du coup, comment on choisit avant de partir, en amont de partir, comment on choisit le vecteur qui va nous servir à la transmission ? Est-ce qu'on ne le choisit pas ? Est-ce qu'il s'impose de lui-même ?

  • Speaker #2

    Je crois que ça dépend à la fois de sa propre sensibilité, de ses compétences aussi, parce que tout le monde ne peut pas s'improviser vidéaste, même si maintenant on a tous un smartphone dans la main qui permet de faire des films de grande qualité. Mais ça dépend avant tout de sa sensibilité, de ses compétences et du temps qu'on veut bien accorder à cette activité-là. Une fois qu'on a réfléchi à ces questions, ensuite on va pouvoir choisir. C'est vrai que c'est beaucoup plus simple et moins chronophage de tenir un petit carnet de bord le soir, de prendre quelques notes. Ou au fur et à mesure de la journée, par exemple, je sais que maintenant avec le smartphone, moi j'utilise beaucoup l'enregistreur audio qui va retranscrire mes paroles parce que j'ai cette angoisse permanente d'oublier ce que je vis sur le moment. Il m'arrive parfois de parler à mon propre téléphone pour conserver une trace de ce que je suis en train de vivre. Et le soir, je vais noter tout ça sur un petit carnet et ça sera une base ensuite pour en faire quelque chose, partager par le biais d'un livre ou écrire un post sur les réseaux sociaux. Après, je pense qu'il faut... Faire vraiment très attention et ne pas tomber dans une forme de surenchère ou en tout cas d'essayer de suivre la norme. Et aujourd'hui, les réseaux sociaux sont très normés. On a des exigences visuelles qui sont presque toutes les mêmes. L'algorithme fait qu'il faut tel type de contenu paramétrer de telle sorte et on a tendance à tomber dans ces pièges-là. C'est pour ça que je trouve très intéressant ce que tu dis par rapport à la diversité des supports médiatiques qu'on peut utiliser pour ensuite transmettre le message. Essayer de casser un petit peu les codes et de se distinguer aussi, de ne pas faire ce que tout le monde fait déjà en fait. On s'aperçoit sur Instagram notamment, on va avoir énormément, et sans doute moi le premier, j'obéis à une certaine forme de codification du message. On vit dans une société de l'image, mais toutes les images se ressemblent quelque part. Donc essayer de faire ce pacte coté pour aborder les choses un peu différemment et être un petit peu plus original. Mais encore une fois, c'est vraiment une démarche très très personnelle. Donc à partir du moment où on est parti sur le principe qu'on allait raconter quelque chose, Il faut être conscient que ça va prendre du temps. Et puis, si on veut s'y tenir sur la durée, ça va être quelque chose qui va impacter un petit peu son voyage.

  • Speaker #1

    Mais il y a quand même deux dimensions dans la transmission. Il y a la dimension, tu parles des réseaux sociaux, la dimension presque heure par heure. Enfin, j'exagère, mais on en est là.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    on en est là. Et puis la dimension de ramener. plus tard. C'est quand même pas tout à fait la même implication au quotidien pendant le voyage, ça.

  • Speaker #2

    La temporalité, oui, va jouer énormément sur la façon dont on va ensuite restituer les choses. Chacun a sa propre approche, mais personnellement, effectivement, je pense qu'il y a une nécessité de prise de recul, peut-être de digestion de toute cette information-là, et qui va faire qu'ensuite on va pouvoir le restituer de manière plus réfléchie, plus intéressante. que de partager ce qu'on vit sur le moment. Ça peut être intéressant aussi, pourquoi pas. Mais encore une fois, on va jouer sur l'émotion de l'instant, et puis, quitte à perdre nous en intensité du moment. Et il y a un piège à tout ça, c'est qu'on finit, en fait, par scénariser son voyage pour pouvoir le diffuser, et pas l'inverse. C'est qu'on va penser son voyage pour pouvoir le diffuser en fonction du format qui est attendu sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    C'est quoi ta position, toi, Willy Parab ? rapport à ça.

  • Speaker #0

    Alors c'est vrai ça soulève notamment la question de l'amateurisme et du professionnalisme c'est à dire c'est tout bête ok très bien je vais faire un petit documentaire notamment voilà il y a le format 52 qui est classique etc on est par tranche de 13, 13-26-52 ou long métrage et donc voilà des fois on pourrait dire mais non mais moi il tiendra en 47 ou alors etc Et pareil, maintenant, dans les festivals d'aventure, on voit beaucoup de boîtes de production qui sont derrière. Évidemment, ça apporte une autre dimension, parce qu'il y a plus de moyens. Mais j'ai eu, pareil, un ami qui me disait, je suis allé faire une descente de ski sur un volcan dans les Andes, un truc, et au moment où on fait la descente technique, il y a une petite éruption, et en fait, il y a des pierres qui tombaient à droite, à gauche, etc. Et donc, ils n'ont pas filmé à ce moment-là. Mais du coup, la boîte de production et le réalisateur, ils ont dit non, non, mais ça, c'est génial. On va refaire la scène. Et donc, du coup, il y avait des gauchos qui étaient là. Ils avaient des caillasses. Ils étaient derrière la caméra. Et ils lançaient des pierres. Donc, why not ? Why not ? Parce que finalement, c'est reconstituer quelque chose qui a existé. D'accord. Mais moi, ce n'est pas mon avis. D'ailleurs, sur ma prochaine aventure, il y a un réalisateur. Mais en l'occurrence, je produis parce que je préfère garder cette authenticité. ma ligne de conduite. Mais du coup, lui aussi me dit, oui, des fois, est-ce que ce sera peut-être tout compliqué à chaque fois de faire le réel ? Il dit, moi, il faut que je sois tout le temps prêt. On va rater des choses. Est-ce qu'on peut reconstituer ? Donc, il connaît ma réponse. En tout cas, ce qu'il y a, c'est qu'il y a beaucoup de noblesse dans l'amateurisme, notamment parce qu'il y a cette part d'authentique. Et ça, il ne faut pas travestir cette idée-là. C'est-à-dire qu'il faut être prêt, des fois, à la conserver. Parce que c'est vraiment très beau. D'ailleurs, il ne faut pas se leurrer dans des festivals d'aventure. Des fois, il y a des films qui marquent les gens parce qu'ils sont juste 100% authentiques, naturels, sincères. Et qu'en fait, ça touche au cœur des gens. Alors qu'il va y avoir une boîte de prod, pas toute bien entendu. Mais il y en a où des fois, justement, c'est très codifié. Quand vous commencez à vouloir démarcher un diffuseur, une chaîne télé, vous vous rendez compte que c'est ultra cadenassé. Par exemple, pour la prochaine aventure, j'avais contacté Arte. Et il m'a répondu... Votre documentaire est intéressant tout ça, mais nous ne pensons pas qu'il puisse correspondre à la chaîne du mardi soir entre 18 et 19 heures. Pourquoi ? Parce que là, sur cette chaîne, ce secteur-là, c'est ultra cadenassé. Et en fait, c'est un peu souvent comme ça. Donc voilà, il ne faut pas hésiter à faire. On en revient à ce qu'on disait, on part à l'aventure parce que c'est dans nos tripes, le projet qu'on va vouloir faire, qu'on veut initier. Il faut qu'il soit passionnel parce qu'à un moment donné, quand c'est difficile, c'est ça qui va vous faire tenir. C'est ça le principe de la motivation, ça va être la passion. le cœur, les tripes que vous allez y mettre. Et c'est ça qu'il va falloir retranscrire, et retranscrivez-le comme vous le désirez vous.

  • Speaker #1

    Ma question c'était aussi, par rapport aux réseaux sociaux, est-ce que toi tu fonctionnes comme ça dans l'immédiateté du quotidien, ou est-ce que tu dis je fais et je transmets après ?

  • Speaker #0

    Moi c'est plus cette deuxième version, parce que pour l'instant je suis encore un petit peu allergique aux réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Pour quelle raison ? Allergique ? Oui,

  • Speaker #0

    oui. Oui, c'est parce que je... En revanche, au niveau stratégie communicationnelle, c'est dément. Et même, au contraire, c'est une forme que moi, je n'arrive pas à m'accaparer. Mais dans la transmission de quelque chose, justement, on parle de l'instantanéité, il peut y avoir quelque chose de très frais. Donc ça peut être super. Moi, j'ai encore du mal. Je ne me retrouve pas dans ce mode-là. Donc pour l'instant, c'est quelque chose que je fais peu.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que cette obligation, parce que quand on part et qu'on... On va ramener quelque chose, donc ça nous crée une obligation de résultat.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça,

  • Speaker #1

    c'est pas quelque chose qui peut nuire aussi au plaisir du voyage, ou au plaisir de la spontanéité du voyage ? On a quand même en tête qu'il faut ramener des images, qu'il faut ramener... Est-ce que ça, c'est pas quelque chose de...

  • Speaker #0

    Moi je disais à ma femme que, je lui disais, j'aimerais tellement qu'en fait, à la prochaine aventure par exemple, je ne filme pas. Je trouve que c'est vraiment le plus contraignant, j'y reviens, mais le livre c'est plus, je trouve que c'est assez gérable, qu'est-ce que t'en penses ? Olivier, c'est assez gérable le livre, je trouve que c'est quelque chose que vraiment tu contrôles, t'es pas obligé d'écrire beaucoup le soir, tout ça. La vidéo c'est complexe.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu le fais alors ? Pourquoi tu ne le fais pas alors ? Ne pas filmer ?

  • Speaker #0

    Mais parce que... en même temps ça apporte une dimension supplémentaire notamment qui peut être aussi pédagogique, qui peut être toi tu peux avoir une intention qui est beaucoup plus large encore une fois tes supports de transmission ils ont ils touchent différentes personnes, ils ont différentes vertus ils ont, c'est différent qu'à nous ils sont assez complémentaires et donc en fonction de toi tes aspirations, je suis un ancien prof, c'est quelque chose qui m'est cher et donc j'aime ces supports là donc moi je vais faire des livrets pédagogiques en plus de ce que tu vois sur la... aventure. C'est encore un autre support. C'est encore différent. Mais parce que ça m'est cher.

  • Speaker #2

    J'ai suffisamment la chance de partir régulièrement pour m'aménager des voyages durant lesquels je vais... On va l'assumer comme ça. Pour profiter vraiment de l'instant présent. Je fais toujours de la photo parce que pour moi, le voyage et le vélo en particulier sont deux choses qui s'allient, qui se marient vraiment à merveille. Donc c'est un plaisir de le faire et je le vis absolument pas comme une contrainte.

  • Speaker #1

    Le vélo et la photo ?

  • Speaker #2

    Le vélo et la photo.

  • Speaker #1

    Oui, pas le voyage et le vélo.

  • Speaker #2

    Le vélo et la photo, pardon, excuse-moi. Et donc je le vis pas du tout comme une contrainte. Donc en permanence, je prends de la photo quel que soit mon objectif de voyage. Mais par contre, il m'arrive fréquemment de partir sans avoir tout le matériel. Parce que ça nécessite, on n'en a pas parlé aussi. Oui,

  • Speaker #1

    on a dit d'aller y venir. Voilà,

  • Speaker #2

    un tas de matériel à partir du moment où on veut prendre de la vidéo. Donc de... d'aller à l'essentiel et puis de me départir de cette charge à la fois matérielle et puis un peu mentale aussi d'avoir à rapporter quelque chose. Mais par contre, quand je m'implique dans un projet et que j'ai pris la décision de faire de la vidéo, j'essaye de m'y tenir sur la durée du voyage pour que ça soit cohérent et que je puisse raconter une histoire de A à Z en ayant capté au fur et à mesure des images qui me plaisent.

  • Speaker #1

    Et du coup, effectivement, tu parles du... Tu parles du matériel, bon c'est bon art en vélo, une remorque et puis ça roule,

  • Speaker #2

    j'exagère.

  • Speaker #1

    Mais à pied ça doit être une autre galère quand même.

  • Speaker #0

    Oui, comme tu le disais Olivier, maintenant on a la chance d'avoir une miniaturisation des équipements audiovisuels et en même temps d'un accès à une certaine qualité, des tarifs qui sont honnêtes. Donc on peut sortir de belles choses. Un tarif qui est pas mal et avec une certaine compacité, une bonne tenue de batterie. Mais oui, de toute manière, c'est compliqué. Enfin, ça alourdit vraiment ton sac à dos si tu es en sac à dos, mais même au niveau de tes sacoches. Enfin, c'est ça qui occupe de la place à de la nourriture. Enfin, ça te fait perdre de l'autonomie.

  • Speaker #1

    Mais quand tu regardes aujourd'hui le standard des films qui sont même présentés ici, l'usage du drone est omniprésent.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une valeur ajoutée, c'est certain.

  • Speaker #1

    Mais qui a un poids. Oui,

  • Speaker #0

    qui a un poids. Alors, il y a des modèles qui sont maintenant très compacts, qui tiennent dans la main. Mais oui, ça a un poids, notamment les batteries. C'est toujours pareil parce que tu n'en prends pas qu'une. Donc non, non, c'est certain qu'encore une fois, quand tu cherches à gagner un peu en qualité, tu as ton micro aussi. Il ne faut pas l'oublier. Et puis donc, voilà, son, image, batterie, drone, tout de suite, ça commence à faire.

  • Speaker #1

    Et où est-ce que se situe le compromis entre la qualité qu'on veut ramener et ce qu'on est en capacité d'assumer ? en poids, en difficultés techniques d'utilisation dues à ses compétences ou dues à l'environnement dans lequel on évolue ?

  • Speaker #0

    Ouf, ça c'est la vaste question.

  • Speaker #2

    Il faut que chacun place vraiment l'impurseur là où il le souhaite. C'est vrai qu'à partir du moment où on veut ramener un film de qualité, on aura tendance à penser qu'il faut du matériel de qualité, ce qui peut être vrai effectivement, mais il faut aussi partir du principe que, alors déjà il faut pouvoir le transporter. Et puis, il faut oser le sortir. J'ai constaté que moi, plus j'emmène de matériel, plus il reste au fond des sacoches. Et que parfois, la simplicité fait que je sors plus facilement mon smartphone pour capter une image sur le vif. L'image est peut-être un petit peu moins bonne que si j'avais sorti mon appareil photo, mais au moins, elle existe. Alors que l'appareil photo, ça demande une logistique un petit peu plus complexe pour la sortir. Donc, je pense que si on raisonne pour la très large majorité des gens, si on veut ramener... porter des souvenirs pour soi, pour éventuellement alimenter un petit peu les réseaux sociaux, ou même pour faire un petit film, quel que soit le support de diffusion, que ce soit dans le cadre d'un festival, ou sur YouTube ou autre, avec un smartphone et un peu de créativité, on peut arriver à faire des choses assez formidables aujourd'hui. Éventuellement avec une GoPro pour avoir des plans un peu immersifs et tout ça, mais la créativité peut largement remplacer une part de la qualité du matériel. À moins, effectivement, d'avoir des exigences techniques qui voudraient qu'on soit diffusé en télé, par exemple.

  • Speaker #1

    Non, mais là, on reste dans le cadre du voyage amateur et ce n'est pas péjoratif du tout.

  • Speaker #2

    Complètement,

  • Speaker #0

    oui. C'est vrai que ce qui est très important, c'est de pouvoir dégainer. Sur le terrain, c'est quelque chose qu'en fait... Dégainer. Oui, dégainer pour choper l'instantanéité. Être réactif. Voilà, notamment, tu parles de ton enfant ou même les animaux, tu vois. Ou la population. Tu rencontres des enfants qui jouent dans la rue. Tu vois quelque chose des fois de... qui sort de l'ordinaire quand tu traverses un village, etc. Et en plus, plus ton matériel est petit, et plus les gens l'acceptent. Si tu commences à sortir un attirail, les gens sont tout de suite, ça met un peu en recul. Donc la petitesse de ton matériel fait que du coup tu dégaines plus vite, tu le ranges plus facilement, il t'encombre moins, t'es plus mobile et ça met moins de distance avec les gens. Et t'as moins, c'est tout bête, mais t'as moins de réglages à faire. Alors certes, voilà, ton image a une moins bonne qualité, mais tu perds moins de temps. Du coup, toi, t'es moins extrait de ta réalité. Enfin, il y a un bel avantage à quelque chose qui se manie. Comme tu dis, le smartphone maintenant, en plus, ils sont imperméables. Tu peux faire de très belles choses. Tu as même des micro-déportés que tu mets dessus pour avoir une qualité de son un peu meilleure. Donc non, c'est un chouette outil, c'est certain.

  • Speaker #1

    Bon, on est bavard. Est-ce que vous avez des questions ? Donc toi, Willy, j'ai bien compris que les réseaux sociaux, tu ne partageais pas du tout durant tes voyages ou très peu.

  • Speaker #0

    Peu, ouais.

  • Speaker #1

    Toi, Olivier, un peu plus. Est-ce que... Le fait de partager sur les réseaux sociaux et ce système de récompenses que l'on sait qu'il existe sur les réseaux sociaux,

  • Speaker #0

    toutes les réactions des gens, j'aime, j'aime pas,

  • Speaker #2

    etc. Est-ce que ce genre de réaction peut modifier votre voyage ? Ou la modifier ?

  • Speaker #1

    Ou vous comporter différemment ?

  • Speaker #2

    Ou des choses comme ça ? Moi je pense qu'inconsciemment, la recherche de validation sociale doit jouer un rôle. Je veux pas me situer au-dessus de ces choses-là. Je pense qu'on est tous humains et que ça doit forcément avoir un impact. Après, j'essaye de départir de cette chose-là et de produire du contenu quand j'en ai envie. Mais je pense qu'effectivement, il y a peut-être une recherche de validation sociale. Après les réseaux sociaux, moi je suis à la fois critique et en même temps, je vois des aspects positifs aussi parce que ça permet de toucher une audience assez large. Ça permet de toucher aussi beaucoup de gens qui ont les mêmes centres d'intérêt que vous. Ça permet aussi de faire communauté quelque part. Moi, je sais que j'ai rencontré plein de monde ensuite dans la vie réelle par le biais des réseaux sociaux. Petite anecdote, par exemple, quelqu'un l'année dernière a organisé une sortie en famille et a contacté tous les voyageurs à vélo en famille. Tous, c'est beaucoup dire, mais en tout cas, ceux qui sont les plus actifs sur les réseaux sociaux. Et on s'est retrouvé à 40 à partir faire un trip dans la nature, à faire un bivouac géant avec tous les enfants au coin du feu. Des chamallows grillés et tout ça. Et ça, c'était par la magie des réseaux sociaux. Donc cette dimension, elle existe aussi, évidemment. Et il y a tout un tas d'effets peut-être un peu plus négatifs et qui vont faire qu'on va transformer son périple en une sorte d'égotrip à mettre en avant, une sorte de vitrine de moi-je. Oui, sans doute, effectivement, ça a sans doute un impact.

  • Speaker #1

    Mais tu y fais attention ?

  • Speaker #2

    J'essaie d'y faire attention dans la mesure du possible. Dans ce que je prends en conscience, peut-être qu'il y a plein de choses qui m'échappent et qu'effectivement, parfois je... Je formate mon message pour essayer de générer le plus de likes possible.

  • Speaker #1

    Justement, on voulait t'en parler. Et toi,

  • Speaker #0

    Willy ? Alors, ça soulève une question qui est... Enfin, un élément très important, c'est au moment où tu vas vouloir, peu importe la forme, faire un partage. C'est que l'œuvre que tu vas produire, que ce soit sur les réseaux, un livre, un film, tout ce que tu veux, ça va devenir quelque chose de public, et ça, il va falloir que tu acceptes les conséquences. C'est-à-dire que tu vas avoir des critiques bonnes, mauvaises, tu ne plais pas à tout le monde. Et ça, c'est quelque chose d'extrêmement important, notamment quand, je ne sais pas si toi, ça te l'a fait, quand tu écris ton premier livre, ce que tu as dedans, après, c'est écrit, c'est marqué dans la pierre, et on peut venir te chercher en disant, attention, tu as dit ça, je ne suis pas du tout d'accord avec toi, tu vois ce que je veux dire. Et ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment avoir à l'esprit. C'est que ce que vous allez produire, si vous le diffusez, ça devient quelque chose de public, les gens peuvent se l'accaparer. Et voilà. Donc, acceptez aussi le fait d'emblée que ça ne vous plaira pas à tout le monde, et vous allez voir. après ça passe crème.

  • Speaker #1

    Une autre question ? Oui bonjour, vous avez parlé d'écrire des histoires et d'anticiper et de se laisser surprendre alors moi je me pose la question quand vous écrivez l'histoire que sera le film comment ça se forme ? Est-ce que vous l'avez anticipé avant ? Est-ce que c'est au cours du voyage que vous vous dites mon film va aller plutôt dans cette direction ou alors j'aurais plutôt cet angle là ou est-ce qu'il y a aussi beaucoup une part d'invention de l'histoire au moment du montage ?

  • Speaker #2

    Alors, très très bonne question. Effectivement, est-ce qu'on peut anticiper, est-ce qu'on peut écrire une sorte de scénario en avance tout en sachant qu'on ne connaît pas le voyage, on ne sait pas ce qui va se passer. On peut effectivement à la base avoir une sorte de trame en fonction de ce qu'on a prévu tout en sachant que l'incertitude du voyage, tous les changements qui vont s'opérer au cours de route vont complètement modifier cette trame-là. Mais pour moi, ça se dessine plutôt pendant le voyage. Et ensuite, au cours du montage, une fois de retour à la maison, je fais le point sur l'ensemble des rushs que j'ai pu récupérer. J'essaye de trier un petit peu les différents types de scènes que j'ai, les sonores, les interviews, les moments où il se passe réellement quelque chose à vélo, les ennuis mécaniques. J'essaye de faire ce tri-là. Ensuite, en restant fidèle à ce qui s'est passé, bien entendu, pendant le voyage, je vais essayer de trouver un processus narratif. pour raconter tout ça. Mais c'est pas facile du tout parce que, contrairement à quelqu'un qui tourne un film de cinéma, avec un scénario clairement établi, où on fait ça c'est la scène 1, elle va se placer à tel endroit et bien ensuite on va avoir une sorte de puzzle qui est déjà préétabli. Là, il va falloir faire un travail de narration pour arriver à lier toutes ces images-là tout en restant fidèle à la réalité. Donc voilà, il faut y mettre beaucoup de soie, je pense.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on est... Est-ce qu'on reste réellement fidèle à la réalité de ce qu'on a vécu ? Ou est-ce qu'au retour, il n'y a pas le risque de l'idéaliser quand même en essayant de... de montrer la part la plus belle et pas...

  • Speaker #2

    Oui, oui, alors ça, bien entendu, effectivement. C'est vrai qu'après, on reste le maître de son film et on peut forcément... Je pense qu'on a déjà forcément un biais par rapport à ce qu'on a vécu. Et moi, il y a une expérience qui m'a marqué, c'est qu'avec Adeline, ma compagne, on prend chacun, on a ce petit rituel quotidien, on prend des notes chaque soir. Et on a vécu la même journée. En particulier quand on était en Afrique, on était sur le même tandem, séparés de quelques centimètres. Et on voit pas du tout la même chose. On n'a pas du tout les mêmes souvenirs. Et même sur des scènes qui, a priori, ne pourraient pas prêter à discussion. On n'a pas vu exactement les choses de la même couleur, on n'a pas entendu les mêmes choses, on n'a pas ressenti les mêmes émotions. Et ça c'est normal, on a chacun sa propre sensibilité. Donc je pense qu'après, dans la façon de restituer les choses, sans forcément s'éloigner de la réalité, en fonction de tous les biais... cognitifs qu'on peut avoir en fonction d'altération de ses souvenirs, en fonction de la façon dont le cerveau va avoir classé tous ces instants-là, on va restituer la chose d'une certaine façon. Si quelqu'un qui vous avait accompagné avait fait son propre film, je pense que la réalité aurait été un peu différente.

  • Speaker #1

    Enfin, en même temps, en tandem, il y en a un qui voit quand même beaucoup le dos de l'autre.

  • Speaker #2

    Exactement, surtout que lors de ce périple, j'avais deux t-shirts, un bleu et un gris, et pour seul horizon pendant 18 mois, effectivement, c'était assez limité.

  • Speaker #0

    Alors, Tout à fait. Ce qui est certain, c'est que, parce que c'est tout bête, mais vous quand vous regardez un documentaire, si le documentaire n'a pas une structure narrative, vous allez vous ennuyer. Ça, c'est une certitude en fait. D'accord ? Donc, il en faut une. Donc, tout réalisateur, producteur, documentariste vous dira, mais en fait, un documentaire, ça, c'est écrit. Et on voit la différence entre un documentaire qui n'est pas écrit et un documentaire qui est écrit. Ça, c'est une réalité. Maintenant, donc oui, moi, je vous invite. Normalement, il faut écrire son documentaire parce que notamment, on a un message. Qu'est-ce qu'on veut dire ? dans notre documentaire, qu'est-ce qu'on veut partager au champ, qu'est-ce qu'on veut qu'il retienne. Et donc ce message, il faut le raconter. C'est-à-dire qu'il y a un début, il y a quelque chose qui se forme avec l'aventure et ce qui fait qu'on arrive à notre message. Donc ça, il faut qu'il soit écrit. Toutefois, l'aventure n'est plus une aventure si en fait, vous voulez figer votre aventure à votre histoire. Ça reste l'aventure avant tout. C'est un documentaire d'aventure. Donc ce qui est compliqué, c'est qu'à la fois il va falloir qu'on raconte quelque chose, qu'on arrive à notre message, mais c'est l'aventure qui prime. Et donc si l'aventure doit changer la narration, il faut l'accepter. Et à un moment donné, il faut changer son fusil d'épaule et on s'adapte. Mais en fait, c'est l'aventure avant tout.

  • Speaker #1

    Et c'est toujours vous qui faites le montage parce que c'est un énorme travail de montage. Ou est-ce que vous le confiez parfois ?

  • Speaker #2

    Oui, alors moi, ça reste vraiment très artisanal. Donc je fais l'accapitation, la prise de vue et le montage. Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est bien fait. C'est artisanal,

  • Speaker #2

    mais bien fait. Si tu as ressenti ces émotions et si j'ai pu que...

  • Speaker #0

    transmettre tout ça effectivement j'ai atteint mon objectif et toi willy tu le fais tu fais tout toi pareil je fais beaucoup aussi pour des raisons financières premièrement deuxièmement c'est vrai qu'il ya aussi dans non mais en fait j'ai envie de raconter ça et mais il ya mais pas toujours et parce qu'en fait il ya un intérêt aussi à ce que des fois ce soit d'autres personnes qui montent pour éviter justement les biais cognitifs dont on parle et en fait ne serait-ce que d'échanger en tout cas de se faire conseiller c'est qu'en fait tu dis ah oui par exemple lui va te dire mais attends tu parles de l'aventure d'accord mais Mais ce qui est intéressant, je ne comprends pas pourquoi est-ce que tu as eu, des fois on a des sujets entre guillemets très particuliers. Par exemple, je reprends Mélusine Malander, je vais aller voir les femmes dans le monde, je vais leur demander pour elles c'est quoi la définition de la liberté. Comment t'es venue cette idée ? Et des fois c'est l'émergence de l'idée aussi qui est intéressante. Et nous on se dit, ah bah oui tiens, j'avais pas vu ça comme ça. Et donc il y a une multitude de richesses dans notre aventure et le regard extérieur permet des fois de les extraire. Et donc c'est intéressant en tout cas de confronter notre aventure au regard des autres. Avant d'écrire, avant de produire, pour se dire en effet, il y a peut-être quelque chose d'intéressant que je n'avais pas vu. Oui. Sinon, très brièvement, je pense qu'on peut aborder un point qui est un peu intéressant. Je vais le faire très bref. Tu as parlé évidemment des réseaux sociaux, tout ça. Et en ce moment, c'est d'actualité. Il y a un problème qui surgit, c'est la fameuse photo Instagramable. C'est-à-dire, je suis quelque part, je la poste. Si j'ai un grand compte, c'est génial, je veux y aller. Et en fait, du coup… certains endroits du monde maintenant, il y a une surfréquentation touristique qui s'est développée avec ces fameux photos instagrammables et dans le milieu de l'aventure, tu me confirmes ou pas, mais on est en train des fois de se poser la question, est-ce que je partage le lieu sur lequel je prends ma photo ? C'est tout bête, mais par exemple, il y a eu l'expérience des gorges du Todra dans le Maroc, c'était complètement perdu, et puis il y a un grimpeur de haut niveau qui est arrivé et qui a fait quelque chose de fantastique et en fait tout le monde s'est dit waouh, mais c'est juste dingue cette vallée ! Et au début, ça a été les experts qui sont venus, puis les moins experts. Mais en fait, ce qu'il y a, c'est que l'afflux de touristes est plus rapide que l'aménagement. Et la population le veut-elle ? Et en fait, c'est ce problème de surfréquentation, de rapidité de la fréquentation touristique qui, des fois, peut un peu tuer, casser cet espace-là. Donc, il y a aussi, selon notre degré de médiatisation, j'en suis pas là, mais en tout cas, il faut des fois savoir garder la mesure.

  • Speaker #1

    Du coup, comme nous approchons de la fin, j'aurais aimé que vous puissiez présenter chacun les ouvrages que vous nous avez emmenés là, rapidement, Olivier.

  • Speaker #0

    Alors oui, moi j'en ai deux. Alors j'ai le récit de notre aventure en Amérique du Nord en famille qui s'appelle Promaru, donc qui relate notre expérience à travers les montagnes rocheuses, 4700 kilomètres sur un itinéraire de montagne, on est tout le temps entre 2000 et 3600 mètres, 90% de pistes, et ensuite le reste de notre aventure donc en Californie autour du Yucatan et du Chiapas, et puis pour finir à Cuba, un an de voyage en famille au total. Puis j'ai un deuxième ouvrage...

  • Speaker #1

    Donc, excuse-moi, tech... texte, photo exactement,

  • Speaker #0

    je l'ai voulu un petit peu sous la forme d'un magazine donc il y a des récits très personnels des photos et puis un aspect un petit peu plus pratique avec des informations sur comment s'équiper pour partir avec un bébé des questions comment choisir son itinéraire quel type de sacoche, quel matériel c'est un complément au film et le second qui s'appelle A Vélo en Europe Là, c'est une sélection d'itinéraires, 30 itinéraires en Europe. Alors, il vient après un premier volume qui s'appelait À vélo, tout court qui était une sélection de 50 itinéraires uniquement en France, publié chez Gallimard. Et celui-ci, c'est le même concept, mais à l'échelle de l'Europe entière. On est plusieurs co-auteurs parce que, autant en France, j'avais l'expérience suffisante pour traiter l'ensemble du territoire, à l'échelle de l'Europe, j'ai dû faire appel à des petits camarades. Et ça se présente toujours de la même façon. Il y a une partie récit, inspiration. Donc l'idée, c'est de vous... vous donner vraiment envie de partir. Et puis après, encore une partie pratique avec une carte, avec un QR code pour retrouver la carte GPX et pouvoir passer du bouquin au terrain.

  • Speaker #1

    Un itinéraire au long cours.

  • Speaker #0

    Ce sont des itinéraires qui peuvent être réalisables entre une semaine et à peu près un mois et demi, deux mois environ.

  • Speaker #1

    D'accord. Et toi, Willy ?

  • Speaker #2

    Et donc, moi, je suis venu avec Anecdotes aventureuses, qui donc n'est pas un récit d'aventure jour 1, jour 2, jour 3. mais qui sont des extraits choisis, des anecdotes de voyages qui, évidemment, sont regroupés par thématique, par voyage, et qui peuvent se lire, évidemment, comme une histoire complète. Donc, ça relate mes expéditions entre 2003 et 2015. Donc, on voyage à travers ma traversée en solitaire dans le désert d'Atacama, le plus arrêté du monde. Il y a aussi la traversée de l'Écosse en hivernale.

  • Speaker #1

    C'était ta première, la traversée de l'Écosse ?

  • Speaker #2

    C'était ça, en 2003, tout à fait.

  • Speaker #1

    Avec pas mal de questions.

  • Speaker #2

    C'était l'initiatique, exactement.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas ça que tu étais parti faire au départ ?

  • Speaker #2

    Non, pas du tout. Parce qu'une aventure, c'est tout en six pieds pour finalement improviser. Exactement.

  • Speaker #1

    Non, mais dis-le.

  • Speaker #2

    Ce n'était pas du tout passé comme ça. Alors, au départ, c'était 700 kilomètres à travers le désert en autonomie avec deux lamas. Et puis, je suis arrivé sur place, évidemment, pour la faire très courte. Les lamas n'étaient pas domestiqués. Ils étaient semi-sauvages. J'ai pris cinq jours pour les dresser, etc. Et puis, j'ai eu le bonheur d'avoir la bénédiction de la Pachamama la veille par les habitants du village. On a fait une énorme fête.

  • Speaker #1

    C'est ça qui a réussi.

  • Speaker #2

    Et ça, c'était fantastique. Mais du coup, moi qui ne bois jamais, j'ai été complètement plié. Et en fait, on a été déconné avec les lamas. On a mal fermé. Et puis, les lamas se sont échappés pendant la nuit. Et du coup, je me suis retrouvé à faire un peu plus de 300 kilomètres avec 45 kilos sur le dos. Voilà.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas pour ramener des images. Je rigole.

  • Speaker #2

    Même pas. En plus, tout ça pour ramener en tout cas un livre. Et donc, il y a cette traversée du Chili, du désert d'Atacama. Puis, il y a la traversée des Highlands écossais en hivernale pour observer la... La survivance des légendes celtes.

  • Speaker #1

    Je le conseille vraiment ça.

  • Speaker #2

    Et il y a la traversée de la Nouvelle-Zélande. Voilà. Donc ça pareil sur plusieurs mois. Notamment toute la partie sud à travers la forêt primaire ou là complètement en dehors des sentiers. Et qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Les toits de l'Europe. Les toits de l'Europe. Il y a un documentaire qui avait été dessus. Tout à fait. Donc on avait été faire un documentaire pour observer la différence entre la voie normale du Mont Blanc et la voie normale de l'Elbrousse qui est le vrai toit de l'Europe qui se trouve du coup... en Russie, dans le Caucase russe. Au niveau des plaques continentales, c'est le vrai doigt de l'Europe et au niveau géopolitique, c'est évidemment le Mont-Blanc. Donc voilà, on a été faire un documentaire là-dessus, il y a le récit. Et puis il y a aussi des tribulations françaises. Des anecdotes de ce qui se passe en France parce que, évidemment, comme on le disait, la micro-aventure est derrière la porte de chez Sevoir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Donc ces trois livres sont consultables et on peut discuter avec les auteurs sur... place du 14 juillet sur le Salon des auteurs. Il ne me reste qu'à vous remercier beaucoup d'être venu, puis d'avoir partagé votre expérience.

  • Speaker #2

    Merci à toi, bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, merci à tous.

  • Speaker #1

    Peut-être que ça va donner envie de faire des images.

  • Speaker #2

    On espère, c'est clair.

  • Speaker #1

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #3

    C'était la Blabla Halt de la Joyeuse Escale. Retrouvez ce programme tous les jours sur Allo la planète à 11h et à 16h jusqu'au 21 mai.

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Description

D’une expérience personnelle intime peut naître un partage à grande échelle, pour le témoignage, les retours attendus des partenaires, un plaisir esthétique ou pour financer son voyage. Les raisons sont multiples et les moyens tout autant !


Avec les interventions de :

  • Willy Menec : aventurier-explorateur français qui réalise des expéditions depuis maintenant 20 ans (traversées de déserts, ascensions en haute montagne, expériences d’isolement en pleine nature, traversées de bush…).

  • Olivier Godin : épris d’aventure et de sports outdoor, il sillonne la planète à vélo depuis 15 ans. Journaliste et auteur, il documente sa passion dans des magazines, sur internet et dans des livres, dont notamment A vélo et A vélo en Europe (Gallimard).


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allô, allô ? Allô ? Allô ? Allô ?

  • Speaker #1

    La planète ?

  • Speaker #2

    Allô la planète, la radio des voyages. Timonier, vous resterez à l'auberge et recueillerez les expériences des autres voyageurs de l'Escale. Cela nous sera fort utile pour la suite de notre voyage. La Blabla Alte de la Joyeuse Escale. Une émission présentée par Bruno Boiron. Enregistré au Colibri, par Alou La Planète.

  • Speaker #3

    Bonjour à tous, bienvenue à cette nouvelle table ronde, presque la dernière, dont le thème pose deux questions, pourquoi et comment ramener témoignages de son voyage ? D'une expérience personnelle intime peut naître un partage à grande échelle. Pour l'exemple et le témoignage, pour les retours attendus des partenaires, pour un plaisir esthétique ou simplement pour financer son voyage. Les raisons sont multiples de ramener témoignages et les moyens tout autant. Pour aborder ce thème, nous accueillons Willy Minek. Bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Et Olivier Gaudin. Bonjour. Bonjour à tous. On a eu le plaisir d'avoir dans les courtes escales. en prélude du festival.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #3

    Je vous laisse vous présenter, chacun votre tour.

  • Speaker #0

    Bien, je vais commencer. Olivier, allons-y, je me lance. Donc, Willy Minec, aventurier conférencier depuis une vingtaine d'années maintenant. Et comme beaucoup de personnes, il y a pas mal d'explorateurs qui sont spécialisés sur un domaine, milieu polaire ou autre. Mais en revanche, comme beaucoup de personnes lambda, c'est-à-dire qu'on est attiré par un pays, puis un autre, etc. Pourquoi ? Parce que le monde est magique. Et donc... J'ai cette approche un peu éclectique du monde, donc je fais des traversées de désert, je peux faire des sommets dans le Caucase russe, des traversées du Bouch australien ou des choses plus poétiques comme la traversée des Highlands écossais pour observer la survivance des légendes celtes. Et en parallèle de tout ça, je fais des formations aventures pour amener tout un chacun à plus d'autonomie et à se lancer dans l'aventure, et des conférences bien entendu, et puis des livres.

  • Speaker #3

    Merci. Olivier ?

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, moi je m'appelle Olivier Gaudin, j'ai 42 ans, je suis journaliste, auteur, de ce détail à son importance, journaliste, auteur et voyageur à vélo maintenant depuis une quinzaine d'années. Alors j'ai eu la chance d'expérimenter le voyage à vélo un peu sous toutes ses formes, en solo, en couple et en famille. Mon tout premier voyage, ça a été un périple longue distance. J'habitais à Paris à l'époque, c'était en 2009. Et avec ma compagne, on s'est lancé un défi, traverser le continent africain à la force des mollets. Avec un vélo un peu particulier, on a utilisé un tandem. Tandem, pourquoi ? Parce que c'était la symbolique de notre volonté commune d'aller de l'avant. On a expérimenté la chose et on s'est rendu compte que le tandem, effectivement, il y avait toute cette symbolique derrière, mais il y avait aussi pas mal de difficultés parce que c'est une aventure absolument humaine, absolument incroyable. Passer 18 mois ensemble à quelques centimètres l'un de l'autre, tout partagé. C'est quelque chose qui est assez dur à éprouver, mais qui nous a énormément fait grandir. Donc notre couple s'est vraiment bâti sur cette base-là, sur cette traversée de l'Afrique. Et arrivé au Cap de Bonne Espérance, à la fin de ce périple, 18 mois après, on s'est fait une promesse. On s'est dit qu'à chaque moment charnière de notre existence, on repartirait à vélo. Parce qu'à vélo, on a du temps pour soi, on a du temps de qualité pour prendre du recul. Et en 2015, quand on a eu notre premier enfant, Axel, on a tenu cette promesse. Et on est parti pour s'inventer une vie à trois, pour découvrir notre... parentalité dans des conditions un peu différentes en amérique du nord et on a traversé les montagnes rocheuses par les pistes de bornes ferne alberta jusqu'à la frontière mexicaine Ensuite on a roulé en Californie, on a fait le tour du Yucatan et du Chiapas et de Cuba, une année de voyage au total. Et puis un peu plus tard, un autre heureux événement, on a eu Julia, une petite fille en 2020. Et à nouveau, fidèle à notre promesse, on est reparti en Scandinavie et on a fait la traversée du nord de l'Allemagne, du Danemark et de la Suède. Donc voilà, ce sont des récits que j'aime partager comme on le fait aujourd'hui à travers des festivals, des conférences. Par le biais d'articles aussi sur les réseaux sociaux et dans des livres également, puisque c'est une partie de mes activités d'être auteur.

  • Speaker #3

    Avant d'aborder le thème, toi Willy, c'est à pied que tu te déplaces principalement ?

  • Speaker #0

    Principalement, j'ai fait aussi de la nage longue distance, un peu comme Rémi Camus. J'ai fait aussi du packraft, des choses comme ça. J'étais kayakiste quand j'étais plus jeune. Donc principalement à pied en tout cas, oui, principalement à pied.

  • Speaker #3

    Pour la lenteur ?

  • Speaker #0

    Pour la lenteur, pour le toucher j'ai envie de dire aussi, notamment quand on fait de la montagne, je suis alpiniste aussi, donc il y a ce côté minéral qu'on aime appréhender. Pareil au niveau du kayak, il y a cette sensation très particulière, il y a un effet karting un peu, on a une sensation de vitesse, d'être à ras de l'eau comme ça, c'est très excitant. Donc oui en tout cas à pied, c'est la relation intimiste avec la nature qui m'intéresse, donc c'est pour ça. Plonger au cœur de milieux hostiles, c'est-à-dire non aménagés, c'est ce qui me passionne.

  • Speaker #3

    Ok. Et alors du coup, pourquoi ramener témoignages ? Parce que quand tu pars, j'ai vu le film du premier événement heureux. Quand on part en famille comme ça, on pourrait dire que c'est un moment privilégié pour soi.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Je pense que la première des choses, on ramène un témoignage pour se faire des souvenirs. Moi, c'est vraiment comme ça que je l'ai vécu. Notre fils, quand on est parti, il avait 10 mois. À cet âge-là, on est encore trop jeune pour vraiment imprimer ce qui se passe et conserver des souvenirs réels de l'expérience. Donc moi j'ai voulu conserver un témoignage, une sorte d'héritage pour transmettre à mon fils. Alors c'est passé par le biais de photos, de vidéos et puis de récits ensuite. Donc la première des choses c'était de lui léguer un petit peu cette histoire et qu'il puisse ensuite en prendre possession. Ce qu'il a fait déjà, puisque maintenant il va avoir 9 ans, donc il a la capacité de comprendre tout ce qu'il a pu vivre. Et puis, après passer le côté vraiment de la sphère familiale, de l'entourage, il y a la volonté de partager avec un public un petit peu plus large. Moi, je suis journaliste à la base, donc j'ai peut-être cette sensibilité d'aller vers l'autre et de transmettre des informations. Donc, c'est un peu dans cet objectif aussi que j'ai réuni des témoignages, donc moi, essentiellement des photos et de la vidéo et des textes, et que j'ai partagé avec un public plus large via les réseaux sociaux et puis via des livres. Et puis... On en parlait un petit peu tout à l'heure, mais c'est aussi une sorte de retour d'ascenseur. C'est que moi, j'ai puisé mon inspiration à la base dans des bouquins. Je ne sais pas si vous avez vécu la même chose, mais il y a tout un tas de lectures qu'on lit avant 15 ans qui vous marquent et qui vous façonnent vraiment, qui nourrissent cette envie de partir. Moi, je me suis nourri des London, des Jules Verne, ça a énormément compté pour moi. Puis après, d'autres récits, d'autres voyageurs aventuriers qui m'ont montré en fait que pas nécessaire d'être un surhomme, quelqu'un d'exceptionnel. pour partir prendre la route, que simplement il faut prendre la décision, que c'est ça le plus compliqué à la base, c'est de dépasser ses propres obstacles, se lancer et une fois qu'on est sur la route, l'aventure elle vous porte et tout devient relativement simple en tout cas.

  • Speaker #3

    Moi j'ai lu London bien sûr, mais moi j'ai lu Willy Minek et ça m'a convaincu de partir en Écosse.

  • Speaker #1

    Je j'en suis persuadé.

  • Speaker #3

    Et toi pourquoi ramener quelque chose ?

  • Speaker #0

    Alors comme tu me dis si bien Olivier, évidemment que c'est cette volonté de transmission. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous, nous partons parce qu'on a su attiser chez nous la curiosité. La curiosité, c'est vraiment la mèche. C'est en se dire, mais c'est plus fort que moi, c'est comment là-bas ? Comment vivent les gens ? C'est comment là-bas ? Etc. Et ça, c'est par soit la vision de documentaire, la lecture de livres, bref, etc. L'écoute de podcast, tout ce qu'on veut. Tous les formats maintenant de transmission qui sont là. Mais en fait, voilà, on a rêvé, nous. Et... Parce que ça nous a accompli, parce qu'on a trouvé cette expérience tellement bouleversante qu'elle nous a changé, qu'on se dit mais si on pouvait créer, allumer cette mèche chez les autres. Il y a notamment ça, je pense que c'est quelque chose qui est vraiment très important et c'est cette transmission là, une de ces transmissions là qui est la plus excitante en même temps.

  • Speaker #3

    C'est une sorte d'altruisme ?

  • Speaker #0

    Oui, oui probablement, oui, oui, oui. Il y a cette envie de... En effet, je pense qu'il y a cette bienveillance de se dire, mais ça nous accomplit tellement nous, ça contribue tellement à notre bonheur. Donc, si on pouvait vous aider justement à avoir ce déclenchement de se dire, mais l'aventure, en fait, c'est facile. C'est facile et en plus, bonne nouvelle, il n'y a pas de petites aventures. Donc voilà,

  • Speaker #3

    on y viendra après à cette définition de ce qu'on fait. Mais du coup, alors, quand toi, tu pars en famille avec un enfant en bas âge, deux fois, donc c'est que ça doit être bien la première, si vous recommencez. Ça a aussi pour toi valeur d'exemple pour les autres, c'est-à-dire de dire, regardez, c'est possible.

  • Speaker #1

    En fait, il y a quelque chose qui m'a énormément marqué. Nous, on est des voyageurs à vélo de longue date. Donc on a... traversé l'Afrique, mais on a effectué énormément de voyages plus courts. Et quand on a eu Axel, notre fils aîné en 2015, dès la maternité, les gens se sont succédés pour nous féliciter et aussi pour nous dire maintenant, les enfants, l'aventure à vélo, c'est terminé. Vous êtes responsables, vous êtes parents, donc c'est fini. Pour eux, c'était complètement impensable qu'on puisse partir ensuite, revivre des expériences telles qu'on les avait vécues avec un enfant qui plus est en bas âge. Alors, il y avait peut-être une forme de... de défis et on est parti un peu en guise de pied de nez à ces gens qui nous disaient que c'était terminé. Mais au-delà de tout ça, on voulait simplement montrer qu'avec un petit peu d'organisation, avec le bon matériel, en ciblant le bon itinéraire, en fin de compte, c'était une histoire d'adaptation et que tout fonctionnait bien. Et que les enfants, en particulier les nourrissons, ils ont une capacité d'adaptation qui est absolument incroyable, même par rapport à un adulte. Et qu'en définitive... Ce qui compte pour un enfant, c'est de sentir ses parents à proximité, sentir ses parents heureux, sentir ses parents en confiance, et que tout le décorum autour, tout l'environnement, finalement, il apporte assez peu.

  • Speaker #3

    Ça fonctionne.

  • Speaker #1

    Et ça fonctionne, oui, complètement.

  • Speaker #3

    Et du coup, toi, ta volonté, quand tu inities des gens dans le... Tu disais tout à l'heure que tu initiais des gens à l'aventure. Ça marche comment, ça, l'initiation à l'aventure ?

  • Speaker #0

    L'initiation à l'aventure, ça marche en général dans le... Tu vas casser toutes les images qu'on se fait. Et souvent, ce sont celles qui freinent le départ. C'est Ah mais oui, j'ai pas d'argent. Ah oui, mais j'ai pas de temps. Ah ben oui mais s'il m'arrive ça, ah ben oui voilà. Et en fait la première des choses c'est d'arriver à casser toutes ces mauvaises images qu'on a sur l'aventure et en même temps c'est ça qui fait rêver mais c'est ce qui nous empêche de le faire et donc il faut les casser parce que et dans la manière dont on transmet d'ailleurs, enfin ça on parlera du comment après c'est vrai mais dans le pourquoi il y a cette volonté là de se dire toute première chose c'est possible. Voilà, c'est possible et il est nécessaire de le faire.

  • Speaker #3

    C'est quoi la définition de l'aventure pour vous ?

  • Speaker #0

    Alors, merci, merci. Tu as déjà réfléchi à la question. C'est ça, bien sûr, renard. J'ai la patate chaude, j'ai la patate chaude.

  • Speaker #1

    Si, mais il m'a l'air d'être prêt pour répondre à la question.

  • Speaker #0

    Il y a, en effet, il y a... Il y en a qui pourraient dire qu'il y a le voyage, il y a l'aventure, il y a l'exploration. Grosso modo, on pourrait partir là-dessus. L'exploration, c'est Alban Michon qui dit que c'est une aventure qu'on prend en sérieux. Pourquoi pas ? En tout cas, l'aventure, dans sa définition, c'est quand on va à l'encontre de la surprise. et de l'inattendu. C'est-à-dire que, certes, par exemple, tu vas prévoir ton voyage. Par exemple, tu dis tiens, je vais aller en vélo jusqu'en Grèce Et donc, tu vas planifier ton itinéraire, tu vas faire ton parcours, on va dormir à peu près là, ça devrait nous coûter tant. Non. Pourquoi ? Parce qu'il faut retenir cette phrase, une expédition, c'est tout anticiper pour finalement improviser. et ça se révèle, c'est toujours pareil.

  • Speaker #3

    C'est dans ton livre que je l'ai lu ça.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Je cite Philippe Jardon, un ami à moi, ancien skieur extrême, qui avant ma première expédition m'avait dit ça et ça s'est tout le temps révélé juste, bien sûr. Donc, en effet, du coup, il faut concevoir son aventure comme un canevas. On a un idéal, on aimerait faire ça, mais il faut accepter d'emblée, c'est extrêmement important, que ça ne se passera pas comme prévu et tant mieux.

  • Speaker #3

    C'est ça ta définition ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait dans l'aventure c'est que je vais aller à l'encontre J'accepte d'aller à l'encontre de l'inconnu, de la surprise, de découvrir quelque chose que je ne connais pas, et de l'accepter. Et c'est ça qui va faire le sel du voyage.

  • Speaker #3

    C'est d'accepter de vivre l'instant présent, point.

  • Speaker #0

    Exactement. D'ailleurs, tu soulignes quelque chose qui est très à la mode, c'est l'état de pleine conscience et l'aventure. Favorise ça, je ne sais pas si tu es d'accord avec moi Olivier, c'est qu'en fait on est vraiment dans la journée, on est dans le réel. On est rarement de ah mais dans trois semaines, ah mais dans quinze jours, mais non mais là aujourd'hui, où est-ce que je vais bivouaquer ce soir, etc. La météo est en train de tourner, c'est tellement, et d'ailleurs c'est tellement apaisant, tellement apaisant. Et donc l'aventure en général, peu importe sa forme, favorise cet état de pleine conscience et c'est ça qui notamment apporte son aspect apaisant et qui contribue au bien-être.

  • Speaker #3

    Et c'est aussi jouissif quand on est en famille ?

  • Speaker #1

    Ouais, complètement. Mais je vois tout à fait ce qu'a dit Willy. Il me semble qu'il y a quelque chose qui est important que tu as prononcé, c'est ancré dans le réel. On pose souvent la question pourquoi parcourir des milliers de kilomètres comme ça à travers un continent ? Pourquoi est-ce qu'elle est une montagne ? Pourquoi faire ceci ? C'est totalement absurde au final. Et moi, je réponds, ben non, c'est profondément ancré dans le réel par rapport à la plupart de nos existences communes. On est vraiment en contact direct, en prise directe avec les choses. Donc voilà. Après, pour moi, la définition de l'aventure... pour revenir sur cette question-là, il y a une histoire de regard. Je pense que c'est changer un peu son regard habituel. C'est verser dans l'extraordinaire. Et ce n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout du monde ou de faire des milliers de kilomètres. C'est simplement emprunter un chemin en le regardant de manière différente, peut-être avec un moyen de locomotion différent. Et là, on va sortir des sentiers battus. Et pour moi, c'est là que naît l'aventure. Alors, on pourra y venir tout à l'heure, mais l'aventure, elle peut même venir en amont à partir du moment où on feuillette un livre, où on plonge le nez dans les cartes. Il y a déjà toute cette dimension liée à l'imaginaire, au rêve.

  • Speaker #0

    La rêverie, oui. La rêverie est déjà une aventure. C'est une forme d'aventure.

  • Speaker #1

    Et pour répondre plus précisément à ta question sur le côté, est-ce que l'aventure, elle existe aussi avec la famille ? Je crois que oui, effectivement, parce qu'on peut changer justement de regard sur la parentalité, sur le fait de faire famille, de faire tribu, quand on est dans ces conditions-là.

  • Speaker #3

    La différence, peut-être, c'est ce que moi j'ai ressenti. au visionnage de ton film en janvier, c'est que quand on part à l'aventure seul, on est responsable de soi. Quand on part à l'aventure avec un enfant de 10 mois, on est responsable aussi de l'enfant de 10 mois. Les aléas du quotidien, c'est peut-être un petit peu plus stressant, je ne sais pas, enfin...

  • Speaker #1

    Là, tu poses la question du risque, et je pense qu'elle est déterminante, en fait, dans le fait de partir. Aujourd'hui, on vit dans une société où on cultive un fantasme, c'est celui du risque zéro. Le risque zéro ça n'existe pas. Quoi qu'on fasse, même ici dans cette pièce, il peut se passer un événement qui va faire que... Alors après les risques... Non ça va bien se passer. Ça va bien se passer pour tout le monde, n'hésitez pas à partir,

  • Speaker #3

    n'hésitez pas à rester avec.

  • Speaker #1

    Mais ce que je veux dire c'est que malheureusement on peut sortir, traverser la route et puis être fauché par un automobiliste. Donc le risque zéro il n'existe pas, il n'existe pas ici, il n'existe pas quand on part. Il faut en finir avec cette idée là. Cela dit... Il ne faut pas non plus être complètement inconscient et il faut travailler pour réduire cette part de risque le plus possible, en sachant qu'on n'arrivera pas à l'éliminer totalement. Donc nous, c'est comme ça qu'on procède, c'est qu'une fois qu'on a défini notre itinéraire, qu'on s'est équipé, on identifie tous les risques et on va essayer de travailler pour les réduire au maximum. Donc par exemple, quand on part avec un enfant, ça va être bien se renseigner en allant voir son médecin de traitance, son pédiatre, sur les pathologies qu'un enfant, par exemple, peut avoir. peut déclarer quand on est à plus de 3000 mètres d'altitude. C'est un exemple parmi d'autres. Mais voilà, il faut essayer de parer à toutes ces éventualités.

  • Speaker #3

    C'est quelque chose que tu fais, toi, que tu pratiques la limitation des risques avant de partir ? Ou ma foi...

  • Speaker #0

    Si, c'est un impondérable, en fait. Comme je disais, une expérience tout anticipée pour finalement en profiter. Donc, il y a l'anticipation. Elle en fait partie. D'une, pour réduire le chandelle inconnu, ce vers quoi on va. Parce que si on ne s'enseigne pas spécifiquement, on peut... Ça peut avorter notre projet parce que se dire c'est tout bête rien que la législation par exemple. T'as un projet puis t'arrives dans un pays et en fait c'est tout bête mais si tu vas les mains dans les poches et qu'on te dit mais non en fait il faut un visa pour rentrer, tu fais comment après ? Rien que ces bases là. Bien sûr. Donc en fait évidemment que ça se prépare, ça c'est certain et j'ai partagé aussi une expérience avec ma femme, on a fait cinq petites expéditions ensemble et j'ai encadré des scientifiques sur le terrain, des amis, bref j'ai fait du solo, du groupe aussi. et de la famille. Et c'est vrai que la famille ça apporte une autre dimension, et notamment il y a cet affect qui est engagé et qui en effet apporte une dimension supplémentaire. Mais quand on parle du pourquoi, tu parles de la transmission vis-à-vis de ton enfant, et c'est quelque chose qui est extrêmement... qui est extrêmement important. Enfin moi je trouve en effet, ne serait-ce que les livres, tout ça, je suis fier d'avoir fait les livres, rien que parce que ma fille va pouvoir s'en accaparer et qu'en fait on livre de nous-mêmes dedans. Encore plus que les discussions, les livres sont vraiment quelque chose qui nous...

  • Speaker #3

    Bien sûr, parce que ça reste...

  • Speaker #0

    Bien sûr, ouais ouais.

  • Speaker #3

    Et avant de parler du comment, la définition du... Lequel de vous deux a dit il n'y a pas de petite aventure ? Quel qualificatif on met à aventure ? C'est quoi une petite, c'est pas une grande ? Qu'est-ce que vous vouliez dire par là ?

  • Speaker #0

    C'est toi qui... Oui, tout à fait. Je m'y colle. Donc, une petite aventure dans le sens où on pourrait se dire, quand on va voir justement, comme dans Joyeuses Escales, des films, des expériences, Ah, ça c'est pas pour moi Ou alors, Mais moi, par exemple, puisqu'on parle de la transmission, et notamment qu'on va parler du comment, c'est-à-dire par exemple les livres ou autres, c'est se dire, mais... Moi, je ne vais pas raconter ma traversée du chemin de Stevenson parce que c'est fait par des milliers de personnes tous les ans et je ne vois pas en quoi ça pourrait intéresser quelqu'un. Et finalement, c'est quelque chose d'extrêmement commun. Et ça, c'est un leurre. Donc, il n'y a pas de petites aventures. C'est qu'en fait, ce n'est pas parce que vous n'êtes pas Mike Horn que ce que vous allez faire n'est pas une aventure. Ça, c'est la première des choses. Et la deuxième des choses, c'est que tout peut se raconter. Vous prenez des fois des pitches de films. Ça vaut rien sur le papier. C'est un homme qui vient de perdre son travail et qui erre dans une rue et rencontre quelqu'un. Bim, hop, pitch. On va se dire, ok. Mais en fait, si vous avez un super réel, un super scénariste et de super acteurs, vous obtenez un film fantastique qui peut obtenir des Césars. Donc, tout peut se raconter, même si vous faites simplement le Stevenson, par exemple, et qu'en fait, il a déjà été fait des milliers de fois, ça n'a rien à voir. Donc, il n'y a pas de petites aventures et tout se raconte.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait d'accord. Et puis, ça reste votre propre expérience, votre propre ressenti, vos émotions. Et ça, c'est capital déjà pour vous-même, pour votre entourage. Donc, évidemment, il ne faut pas se brider. Et il y a effectivement dans le terme petit ou grand quelque chose qui est assez faux. Il y a une notion de distance, une notion de côté lointain. Et je pense qu'il faut en finir un petit peu avec ça. La micro-aventure actuellement est vraiment en plein essor, très à la main, une vraie tendance. Et pour moi, à partir du moment où on quitte... son domicile pendant une nuit quel que soit l'endroit où on aille, même si c'est un endroit qui nous est très familier, on va vivre quelque chose de différent et déjà on touche à l'aventure donc ça peut être simplement un beau samedi matin on ouvre sa porte, on prend son vélo qui dort dans le garage depuis plusieurs semaines, on va pédaler sur une région qu'on connait très bien mais cette fois-ci au lieu de prendre à droite, on va prendre à gauche et puis la nuit on va bivouaquer en pleine nature et on va vivre des sensations qu'on n'a jamais eu l'occasion d'expérimenter... Alors que le matin, au petit jour, on voit encore sa maison au loin. Mais déjà, on a touché à une forme d'aventure. Et après, bien entendu, on peut renouveler l'expérience sur des durées plus longues. Mais la micro-aventure, pour moi, c'est une vraie façon de se mettre le pied à l'étrier, de faire connaissance à cet esprit de la route. Et c'est quelque chose qui est à la portée de n'importe qui.

  • Speaker #3

    Il suffit de faire un pas pour être dans l'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, voilà,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #3

    Alors, revenons-en au comment. Au comment ? L'aboutissement de cette, par les livres, la vidéo, mais aussi sur le terrain, comment ? Est-ce que justement le fait d'avoir cette conscience de ramener quelque chose, et en fonction de ce qu'on va vouloir ramener, est-ce que ça modifie profondément la manière de vivre ce voyage ? Est-ce que le fait d'avoir absolument besoin de ramener des images risque de contraindre à une mise en scène qui n'est plus dans la spontanéité ?

  • Speaker #1

    Alors, je veux bien répondre à cette question parce que je me la suis posée très régulièrement et puis j'en ai fait le constat. Évidemment, bien sûr que ça va agir sur la spontanéité du voyage. Alors, tout dépend effectivement de l'objectif qu'on s'est fixé. Tout dépend aussi qui est à l'origine de cette demande. Est-ce que c'est une démarche vraiment volontaire ? Est-ce qu'on répond à la demande de partenaires, de sponsors ? Tout ça va avoir un rôle déterminant dans la façon dont on va le vivre. Mais ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est qu'à partir du moment où on veut ramener des images, et en particulier de la vidéo, c'est quelque chose qui va avoir des conséquences sur la spontanéité du voyage. Pourquoi ? Tout simplement parce que si on est seul et qu'on veut capter de l'image, qu'on n'a pas une équipe de tournage qui pourrait être autour de vous pour filmer ce que vous êtes en train de faire, il va falloir mettre en scène chacune de vos actions. Et cette mise en scène, elle tue un petit peu la cadence, le rythme du périple. Alors si on est seul, les conséquences sont peut-être un peu moindres. parce qu'on l'a choisi et bon voilà ça fait partie de notre démarche si on est plusieurs, qui plus est en famille, si tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde, ça peut être très très contraignant d'autant que Quand on fait un film, on aime bien ramener des moments qui soient forts, des émotions. Il pleut, on a eu une crevaison, on a eu quelque chose qui sort un petit peu de l'ordinaire. Ils sont des moments où on a déjà d'autres choses à gérer que de sortir la caméra, et puis choisir la bonne lumière, faire un cadre qui soit propre, et surtout d'être confronté au regard de l'autre. J'ai plein d'anecdotes, mais ça m'est arrivé très régulièrement de sortir de la caméra quand on est en pleine tempête de sable. Et puis là, Adeline m'accompagne, elle me regarde et me dit qu'est-ce que tu fais ? Est-ce qu'on n'a pas d'autre chose à gérer que de capter l'image au moment ? Mais en même temps, ensuite, si tu veux raconter l'histoire, ça fait partie de ça. Donc voilà, il faut trouver le bon équilibre, être bien conscient que c'est quelque chose qui est extrêmement chronophage et que sur le moment, ça va avoir un impact sur votre voyage, sur la spontanéité, sur la façon dont vous allez le vivre. Et qu'ensuite, par contre, peut-être, vous aurez au moins une matière pour écrire l'histoire.

  • Speaker #3

    Avant que tu répondes, Willy, est-ce que... Est-ce que, fort de cette prise de conscience qu'en pleine tempête de sable, tu as autre chose à faire que de filmer, est-ce que tu t'autorises de remettre en scène plus tard ? Je ne te parle pas de tricher. Oui,

  • Speaker #1

    dans une certaine mesure. Après, je pense que chacun voit midi à sa porte et ça dépend de ta démarche derrière.

  • Speaker #3

    Oui, mais c'est...

  • Speaker #1

    Dans ma façon de faire, je ne vais pas rejouer une scène. Ce que je peux faire, par exemple, c'est que... je repère un spot qui me paraît plutôt visuellement agréable, que j'ai envie d'avoir dans ma vidéo on passe une première fois, je m'arrête et puis là je vais poser ma caméra et on va repasser plusieurs fois jusqu'à ce que j'ai le plan qui me convienne, par contre on va pas rejouer une tempête de sable, non on va pas rejouer une chute, on va pas rejouer un incident mécanique ça c'est des choses qu'on capte et qui sont intéressantes justement parce qu'on les a sur le vif mais c'est aussi ce qui fait toute la difficulté c'est que voilà, il faut à un moment donné interrompre ton vécu, prendre un petit peu de recul parce que quelque part tu sors de la scène en fait et tu sors ton matériel et là tu vas essayer de recapter les choses mais forcément l'adrénaline du moment sera peut-être un petit peu moins forte que quand tu captes le moment pile-poil sur le moment présent

  • Speaker #3

    Bah les deux mêmes questions pour toi

  • Speaker #0

    Il a tout à fait raison, t'as tout à fait raison c'est exactement ça, la vidéo c'est un support qui a une dimension qui est super intéressante bien entendu puisque on extrait le réel, on vit la chose, on a l'impression d'être à côté de la personne, etc. Et puis même pour nous, au niveau des souvenirs, tu parlais de ton enfant, tout ça, on l'entend, on entend les sons, etc. Donc c'est une dimension qui est tout à fait géniale, mais c'est... Celle qui nous extraite plus de notre aventure, tu as tout à fait raison. Parce que c'est très technique. Quand en plus on commence à vouloir faire quelque chose de propre, l'image il faut qu'elle soit propre, il y a beaucoup de réglages, il faut faire attention au contre-jour, et le son. Donc d'où de suite ça devient très technique. En effet, la phrase c'est, dans l'aventure, il faudrait filmer au moment où on n'en a pas envie. Tu parlais de la tempête de sable, ce sont les meilleures images, ce sont les meilleurs instants. Mais c'est ceux où souvent on ne filme pas parce qu'on est en train de... dans une difficulté totale, ou alors en effet, il y en a qui vont te dire, mais attends, ce n'est pas le moment. Donc c'est celui qui nous extrait le plus de l'aventure. Notamment, ce qu'il faut savoir, c'est que principe d'adaptation de base, et tu vas voir ce problème de la transmission. C'est que pour s'adapter dans un milieu, quel qu'il soit, quand on part à l'aventure, c'est qu'il va falloir observer le milieu pour le comprendre, et du coup, agir en conséquence pour s'adapter. Donc le milieu, ça peut être évidemment des ethnies, ça peut être une population, mais comme la météo ou n'importe quoi. Et... Plus tu es dans ton milieu et plus tu as appris à l'observer, mieux tu le comprends. Et là, tu as une synergie, tu es dans l'intimité avec la nature. Et là, tu as l'impression de faire un avec le milieu, tout hostile qu'il soit. Et du coup, tu te sens un peu chez toi. Et là, tu as un sentiment de bien-être qui est total parce que tu fais partie du milieu. Tu n'es plus le petit Weedy qui est en France et qui vient immerger dans une forêt primaire ou en plein bouche. Mais en fait, tu en fais partie. Et quand tu viens à quelque chose de très technique, là, tout de suite, tu extraites ça. Et ça, c'est très frustrant. Et notamment, tu parlais de partenaires. Il y a des partenaires, par exemple, les équipementiers, des fois, dans ton accord, tu dois mettre, par exemple, tant de plans de vie quotidienne, ce qu'on appelle. C'est-à-dire que tu es en train d'allumer ta popote et puis, ah bah tiens, tu te baisses et puis en fait, tu as ta veste avec ton logo qu'on va voir en gros juste derrière ta popote. Et ça, c'est construit. Pourquoi ? Parce que ton partenaire, lui, c'est normal aussi. Il veut quelque chose. Il te donne de l'argent. Il faut bien lui rendre quelque chose. Et ça, c'est... Notamment, ça c'est contraignant et du coup moi je sais que je change mon fusil d'épaule au fur et à mesure. C'est-à-dire que dans ton choix de partenaire ou en tout cas dans tes accords, il y a des choses que maintenant je ne veux plus parce que non pas à défaut du partenaire, je comprends la démarche, mais parce que tu as envie de dire non mais en fait je n'ai pas envie non plus de me gâcher. Donc il faut savoir que la vidéo c'est ce qui nous coupe le plus de l'aventure, mais en revanche ça porte une dimension qui est top.

  • Speaker #1

    Une dimension de transmission ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est un superbe outil de transmission.

  • Speaker #1

    Plus que la photo, le carnet de voyage ou le livre ?

  • Speaker #0

    Je trouve que tout est ultra complémentaire. C'est ça qui est génialissime. Comme je te disais, l'avantage du comment, c'est que ça exprime la part la plus artistique de notre aventure. Parce que par exemple, l'usine Malander, qui a fait les voies de la liberté, qui part en moto et qui va au devant des femmes pour leur parler de liberté, il y a une pièce de théâtre qui a été issue. de ces expéditions. Et pareil avec Lionel Daudet, alpiniste, il y a une pièce de théâtre. Donc en fait, les formes, on pense aux livres, évidemment, on pense aux films, mais il y a les podcasts, il y a des CD maintenant, tu peux te mettre du coup en immersion juste sonore, qui d'ailleurs est un superbe outil aussi, et en fait tout est différent et t'apporte une toute autre dimension dans les podcasts. Tu vas pouvoir chuchoter. t'es à voir les petits bruits comme ça tout à coup en fait tu as l'impression tu rentres dans la vie de la personne les dimensions sont totalement différentes le livre je trouve que c'est celui qui est le plus intime, qui est le plus complet tu peux tout dire avec toute ta poésie t'en fais ce que tu veux, c'est formidable voilà je vais m'arrêter là non non, vas-y on t'écoute voilà, il ne faut pas hésiter à explorer toutes les formes d'expression artistique tout est possible il y a les classiques Mais encore une fois, il y a les CD, il y a les pièces de théâtre, ça peut être de la danse. C'est magique en fait. Ça, c'est passionnant.

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est aussi au retour parce qu'il faut quand même aussi que ça soit prévu pendant le moment. Tout à fait. Mais du coup, comment on choisit avant de partir, en amont de partir, comment on choisit le vecteur qui va nous servir à la transmission ? Est-ce qu'on ne le choisit pas ? Est-ce qu'il s'impose de lui-même ?

  • Speaker #2

    Je crois que ça dépend à la fois de sa propre sensibilité, de ses compétences aussi, parce que tout le monde ne peut pas s'improviser vidéaste, même si maintenant on a tous un smartphone dans la main qui permet de faire des films de grande qualité. Mais ça dépend avant tout de sa sensibilité, de ses compétences et du temps qu'on veut bien accorder à cette activité-là. Une fois qu'on a réfléchi à ces questions, ensuite on va pouvoir choisir. C'est vrai que c'est beaucoup plus simple et moins chronophage de tenir un petit carnet de bord le soir, de prendre quelques notes. Ou au fur et à mesure de la journée, par exemple, je sais que maintenant avec le smartphone, moi j'utilise beaucoup l'enregistreur audio qui va retranscrire mes paroles parce que j'ai cette angoisse permanente d'oublier ce que je vis sur le moment. Il m'arrive parfois de parler à mon propre téléphone pour conserver une trace de ce que je suis en train de vivre. Et le soir, je vais noter tout ça sur un petit carnet et ça sera une base ensuite pour en faire quelque chose, partager par le biais d'un livre ou écrire un post sur les réseaux sociaux. Après, je pense qu'il faut... Faire vraiment très attention et ne pas tomber dans une forme de surenchère ou en tout cas d'essayer de suivre la norme. Et aujourd'hui, les réseaux sociaux sont très normés. On a des exigences visuelles qui sont presque toutes les mêmes. L'algorithme fait qu'il faut tel type de contenu paramétrer de telle sorte et on a tendance à tomber dans ces pièges-là. C'est pour ça que je trouve très intéressant ce que tu dis par rapport à la diversité des supports médiatiques qu'on peut utiliser pour ensuite transmettre le message. Essayer de casser un petit peu les codes et de se distinguer aussi, de ne pas faire ce que tout le monde fait déjà en fait. On s'aperçoit sur Instagram notamment, on va avoir énormément, et sans doute moi le premier, j'obéis à une certaine forme de codification du message. On vit dans une société de l'image, mais toutes les images se ressemblent quelque part. Donc essayer de faire ce pacte coté pour aborder les choses un peu différemment et être un petit peu plus original. Mais encore une fois, c'est vraiment une démarche très très personnelle. Donc à partir du moment où on est parti sur le principe qu'on allait raconter quelque chose, Il faut être conscient que ça va prendre du temps. Et puis, si on veut s'y tenir sur la durée, ça va être quelque chose qui va impacter un petit peu son voyage.

  • Speaker #1

    Mais il y a quand même deux dimensions dans la transmission. Il y a la dimension, tu parles des réseaux sociaux, la dimension presque heure par heure. Enfin, j'exagère, mais on en est là.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    on en est là. Et puis la dimension de ramener. plus tard. C'est quand même pas tout à fait la même implication au quotidien pendant le voyage, ça.

  • Speaker #2

    La temporalité, oui, va jouer énormément sur la façon dont on va ensuite restituer les choses. Chacun a sa propre approche, mais personnellement, effectivement, je pense qu'il y a une nécessité de prise de recul, peut-être de digestion de toute cette information-là, et qui va faire qu'ensuite on va pouvoir le restituer de manière plus réfléchie, plus intéressante. que de partager ce qu'on vit sur le moment. Ça peut être intéressant aussi, pourquoi pas. Mais encore une fois, on va jouer sur l'émotion de l'instant, et puis, quitte à perdre nous en intensité du moment. Et il y a un piège à tout ça, c'est qu'on finit, en fait, par scénariser son voyage pour pouvoir le diffuser, et pas l'inverse. C'est qu'on va penser son voyage pour pouvoir le diffuser en fonction du format qui est attendu sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    C'est quoi ta position, toi, Willy Parab ? rapport à ça.

  • Speaker #0

    Alors c'est vrai ça soulève notamment la question de l'amateurisme et du professionnalisme c'est à dire c'est tout bête ok très bien je vais faire un petit documentaire notamment voilà il y a le format 52 qui est classique etc on est par tranche de 13, 13-26-52 ou long métrage et donc voilà des fois on pourrait dire mais non mais moi il tiendra en 47 ou alors etc Et pareil, maintenant, dans les festivals d'aventure, on voit beaucoup de boîtes de production qui sont derrière. Évidemment, ça apporte une autre dimension, parce qu'il y a plus de moyens. Mais j'ai eu, pareil, un ami qui me disait, je suis allé faire une descente de ski sur un volcan dans les Andes, un truc, et au moment où on fait la descente technique, il y a une petite éruption, et en fait, il y a des pierres qui tombaient à droite, à gauche, etc. Et donc, ils n'ont pas filmé à ce moment-là. Mais du coup, la boîte de production et le réalisateur, ils ont dit non, non, mais ça, c'est génial. On va refaire la scène. Et donc, du coup, il y avait des gauchos qui étaient là. Ils avaient des caillasses. Ils étaient derrière la caméra. Et ils lançaient des pierres. Donc, why not ? Why not ? Parce que finalement, c'est reconstituer quelque chose qui a existé. D'accord. Mais moi, ce n'est pas mon avis. D'ailleurs, sur ma prochaine aventure, il y a un réalisateur. Mais en l'occurrence, je produis parce que je préfère garder cette authenticité. ma ligne de conduite. Mais du coup, lui aussi me dit, oui, des fois, est-ce que ce sera peut-être tout compliqué à chaque fois de faire le réel ? Il dit, moi, il faut que je sois tout le temps prêt. On va rater des choses. Est-ce qu'on peut reconstituer ? Donc, il connaît ma réponse. En tout cas, ce qu'il y a, c'est qu'il y a beaucoup de noblesse dans l'amateurisme, notamment parce qu'il y a cette part d'authentique. Et ça, il ne faut pas travestir cette idée-là. C'est-à-dire qu'il faut être prêt, des fois, à la conserver. Parce que c'est vraiment très beau. D'ailleurs, il ne faut pas se leurrer dans des festivals d'aventure. Des fois, il y a des films qui marquent les gens parce qu'ils sont juste 100% authentiques, naturels, sincères. Et qu'en fait, ça touche au cœur des gens. Alors qu'il va y avoir une boîte de prod, pas toute bien entendu. Mais il y en a où des fois, justement, c'est très codifié. Quand vous commencez à vouloir démarcher un diffuseur, une chaîne télé, vous vous rendez compte que c'est ultra cadenassé. Par exemple, pour la prochaine aventure, j'avais contacté Arte. Et il m'a répondu... Votre documentaire est intéressant tout ça, mais nous ne pensons pas qu'il puisse correspondre à la chaîne du mardi soir entre 18 et 19 heures. Pourquoi ? Parce que là, sur cette chaîne, ce secteur-là, c'est ultra cadenassé. Et en fait, c'est un peu souvent comme ça. Donc voilà, il ne faut pas hésiter à faire. On en revient à ce qu'on disait, on part à l'aventure parce que c'est dans nos tripes, le projet qu'on va vouloir faire, qu'on veut initier. Il faut qu'il soit passionnel parce qu'à un moment donné, quand c'est difficile, c'est ça qui va vous faire tenir. C'est ça le principe de la motivation, ça va être la passion. le cœur, les tripes que vous allez y mettre. Et c'est ça qu'il va falloir retranscrire, et retranscrivez-le comme vous le désirez vous.

  • Speaker #1

    Ma question c'était aussi, par rapport aux réseaux sociaux, est-ce que toi tu fonctionnes comme ça dans l'immédiateté du quotidien, ou est-ce que tu dis je fais et je transmets après ?

  • Speaker #0

    Moi c'est plus cette deuxième version, parce que pour l'instant je suis encore un petit peu allergique aux réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Pour quelle raison ? Allergique ? Oui,

  • Speaker #0

    oui. Oui, c'est parce que je... En revanche, au niveau stratégie communicationnelle, c'est dément. Et même, au contraire, c'est une forme que moi, je n'arrive pas à m'accaparer. Mais dans la transmission de quelque chose, justement, on parle de l'instantanéité, il peut y avoir quelque chose de très frais. Donc ça peut être super. Moi, j'ai encore du mal. Je ne me retrouve pas dans ce mode-là. Donc pour l'instant, c'est quelque chose que je fais peu.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que cette obligation, parce que quand on part et qu'on... On va ramener quelque chose, donc ça nous crée une obligation de résultat.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça,

  • Speaker #1

    c'est pas quelque chose qui peut nuire aussi au plaisir du voyage, ou au plaisir de la spontanéité du voyage ? On a quand même en tête qu'il faut ramener des images, qu'il faut ramener... Est-ce que ça, c'est pas quelque chose de...

  • Speaker #0

    Moi je disais à ma femme que, je lui disais, j'aimerais tellement qu'en fait, à la prochaine aventure par exemple, je ne filme pas. Je trouve que c'est vraiment le plus contraignant, j'y reviens, mais le livre c'est plus, je trouve que c'est assez gérable, qu'est-ce que t'en penses ? Olivier, c'est assez gérable le livre, je trouve que c'est quelque chose que vraiment tu contrôles, t'es pas obligé d'écrire beaucoup le soir, tout ça. La vidéo c'est complexe.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu le fais alors ? Pourquoi tu ne le fais pas alors ? Ne pas filmer ?

  • Speaker #0

    Mais parce que... en même temps ça apporte une dimension supplémentaire notamment qui peut être aussi pédagogique, qui peut être toi tu peux avoir une intention qui est beaucoup plus large encore une fois tes supports de transmission ils ont ils touchent différentes personnes, ils ont différentes vertus ils ont, c'est différent qu'à nous ils sont assez complémentaires et donc en fonction de toi tes aspirations, je suis un ancien prof, c'est quelque chose qui m'est cher et donc j'aime ces supports là donc moi je vais faire des livrets pédagogiques en plus de ce que tu vois sur la... aventure. C'est encore un autre support. C'est encore différent. Mais parce que ça m'est cher.

  • Speaker #2

    J'ai suffisamment la chance de partir régulièrement pour m'aménager des voyages durant lesquels je vais... On va l'assumer comme ça. Pour profiter vraiment de l'instant présent. Je fais toujours de la photo parce que pour moi, le voyage et le vélo en particulier sont deux choses qui s'allient, qui se marient vraiment à merveille. Donc c'est un plaisir de le faire et je le vis absolument pas comme une contrainte.

  • Speaker #1

    Le vélo et la photo ?

  • Speaker #2

    Le vélo et la photo.

  • Speaker #1

    Oui, pas le voyage et le vélo.

  • Speaker #2

    Le vélo et la photo, pardon, excuse-moi. Et donc je le vis pas du tout comme une contrainte. Donc en permanence, je prends de la photo quel que soit mon objectif de voyage. Mais par contre, il m'arrive fréquemment de partir sans avoir tout le matériel. Parce que ça nécessite, on n'en a pas parlé aussi. Oui,

  • Speaker #1

    on a dit d'aller y venir. Voilà,

  • Speaker #2

    un tas de matériel à partir du moment où on veut prendre de la vidéo. Donc de... d'aller à l'essentiel et puis de me départir de cette charge à la fois matérielle et puis un peu mentale aussi d'avoir à rapporter quelque chose. Mais par contre, quand je m'implique dans un projet et que j'ai pris la décision de faire de la vidéo, j'essaye de m'y tenir sur la durée du voyage pour que ça soit cohérent et que je puisse raconter une histoire de A à Z en ayant capté au fur et à mesure des images qui me plaisent.

  • Speaker #1

    Et du coup, effectivement, tu parles du... Tu parles du matériel, bon c'est bon art en vélo, une remorque et puis ça roule,

  • Speaker #2

    j'exagère.

  • Speaker #1

    Mais à pied ça doit être une autre galère quand même.

  • Speaker #0

    Oui, comme tu le disais Olivier, maintenant on a la chance d'avoir une miniaturisation des équipements audiovisuels et en même temps d'un accès à une certaine qualité, des tarifs qui sont honnêtes. Donc on peut sortir de belles choses. Un tarif qui est pas mal et avec une certaine compacité, une bonne tenue de batterie. Mais oui, de toute manière, c'est compliqué. Enfin, ça alourdit vraiment ton sac à dos si tu es en sac à dos, mais même au niveau de tes sacoches. Enfin, c'est ça qui occupe de la place à de la nourriture. Enfin, ça te fait perdre de l'autonomie.

  • Speaker #1

    Mais quand tu regardes aujourd'hui le standard des films qui sont même présentés ici, l'usage du drone est omniprésent.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une valeur ajoutée, c'est certain.

  • Speaker #1

    Mais qui a un poids. Oui,

  • Speaker #0

    qui a un poids. Alors, il y a des modèles qui sont maintenant très compacts, qui tiennent dans la main. Mais oui, ça a un poids, notamment les batteries. C'est toujours pareil parce que tu n'en prends pas qu'une. Donc non, non, c'est certain qu'encore une fois, quand tu cherches à gagner un peu en qualité, tu as ton micro aussi. Il ne faut pas l'oublier. Et puis donc, voilà, son, image, batterie, drone, tout de suite, ça commence à faire.

  • Speaker #1

    Et où est-ce que se situe le compromis entre la qualité qu'on veut ramener et ce qu'on est en capacité d'assumer ? en poids, en difficultés techniques d'utilisation dues à ses compétences ou dues à l'environnement dans lequel on évolue ?

  • Speaker #0

    Ouf, ça c'est la vaste question.

  • Speaker #2

    Il faut que chacun place vraiment l'impurseur là où il le souhaite. C'est vrai qu'à partir du moment où on veut ramener un film de qualité, on aura tendance à penser qu'il faut du matériel de qualité, ce qui peut être vrai effectivement, mais il faut aussi partir du principe que, alors déjà il faut pouvoir le transporter. Et puis, il faut oser le sortir. J'ai constaté que moi, plus j'emmène de matériel, plus il reste au fond des sacoches. Et que parfois, la simplicité fait que je sors plus facilement mon smartphone pour capter une image sur le vif. L'image est peut-être un petit peu moins bonne que si j'avais sorti mon appareil photo, mais au moins, elle existe. Alors que l'appareil photo, ça demande une logistique un petit peu plus complexe pour la sortir. Donc, je pense que si on raisonne pour la très large majorité des gens, si on veut ramener... porter des souvenirs pour soi, pour éventuellement alimenter un petit peu les réseaux sociaux, ou même pour faire un petit film, quel que soit le support de diffusion, que ce soit dans le cadre d'un festival, ou sur YouTube ou autre, avec un smartphone et un peu de créativité, on peut arriver à faire des choses assez formidables aujourd'hui. Éventuellement avec une GoPro pour avoir des plans un peu immersifs et tout ça, mais la créativité peut largement remplacer une part de la qualité du matériel. À moins, effectivement, d'avoir des exigences techniques qui voudraient qu'on soit diffusé en télé, par exemple.

  • Speaker #1

    Non, mais là, on reste dans le cadre du voyage amateur et ce n'est pas péjoratif du tout.

  • Speaker #2

    Complètement,

  • Speaker #0

    oui. C'est vrai que ce qui est très important, c'est de pouvoir dégainer. Sur le terrain, c'est quelque chose qu'en fait... Dégainer. Oui, dégainer pour choper l'instantanéité. Être réactif. Voilà, notamment, tu parles de ton enfant ou même les animaux, tu vois. Ou la population. Tu rencontres des enfants qui jouent dans la rue. Tu vois quelque chose des fois de... qui sort de l'ordinaire quand tu traverses un village, etc. Et en plus, plus ton matériel est petit, et plus les gens l'acceptent. Si tu commences à sortir un attirail, les gens sont tout de suite, ça met un peu en recul. Donc la petitesse de ton matériel fait que du coup tu dégaines plus vite, tu le ranges plus facilement, il t'encombre moins, t'es plus mobile et ça met moins de distance avec les gens. Et t'as moins, c'est tout bête, mais t'as moins de réglages à faire. Alors certes, voilà, ton image a une moins bonne qualité, mais tu perds moins de temps. Du coup, toi, t'es moins extrait de ta réalité. Enfin, il y a un bel avantage à quelque chose qui se manie. Comme tu dis, le smartphone maintenant, en plus, ils sont imperméables. Tu peux faire de très belles choses. Tu as même des micro-déportés que tu mets dessus pour avoir une qualité de son un peu meilleure. Donc non, c'est un chouette outil, c'est certain.

  • Speaker #1

    Bon, on est bavard. Est-ce que vous avez des questions ? Donc toi, Willy, j'ai bien compris que les réseaux sociaux, tu ne partageais pas du tout durant tes voyages ou très peu.

  • Speaker #0

    Peu, ouais.

  • Speaker #1

    Toi, Olivier, un peu plus. Est-ce que... Le fait de partager sur les réseaux sociaux et ce système de récompenses que l'on sait qu'il existe sur les réseaux sociaux,

  • Speaker #0

    toutes les réactions des gens, j'aime, j'aime pas,

  • Speaker #2

    etc. Est-ce que ce genre de réaction peut modifier votre voyage ? Ou la modifier ?

  • Speaker #1

    Ou vous comporter différemment ?

  • Speaker #2

    Ou des choses comme ça ? Moi je pense qu'inconsciemment, la recherche de validation sociale doit jouer un rôle. Je veux pas me situer au-dessus de ces choses-là. Je pense qu'on est tous humains et que ça doit forcément avoir un impact. Après, j'essaye de départir de cette chose-là et de produire du contenu quand j'en ai envie. Mais je pense qu'effectivement, il y a peut-être une recherche de validation sociale. Après les réseaux sociaux, moi je suis à la fois critique et en même temps, je vois des aspects positifs aussi parce que ça permet de toucher une audience assez large. Ça permet de toucher aussi beaucoup de gens qui ont les mêmes centres d'intérêt que vous. Ça permet aussi de faire communauté quelque part. Moi, je sais que j'ai rencontré plein de monde ensuite dans la vie réelle par le biais des réseaux sociaux. Petite anecdote, par exemple, quelqu'un l'année dernière a organisé une sortie en famille et a contacté tous les voyageurs à vélo en famille. Tous, c'est beaucoup dire, mais en tout cas, ceux qui sont les plus actifs sur les réseaux sociaux. Et on s'est retrouvé à 40 à partir faire un trip dans la nature, à faire un bivouac géant avec tous les enfants au coin du feu. Des chamallows grillés et tout ça. Et ça, c'était par la magie des réseaux sociaux. Donc cette dimension, elle existe aussi, évidemment. Et il y a tout un tas d'effets peut-être un peu plus négatifs et qui vont faire qu'on va transformer son périple en une sorte d'égotrip à mettre en avant, une sorte de vitrine de moi-je. Oui, sans doute, effectivement, ça a sans doute un impact.

  • Speaker #1

    Mais tu y fais attention ?

  • Speaker #2

    J'essaie d'y faire attention dans la mesure du possible. Dans ce que je prends en conscience, peut-être qu'il y a plein de choses qui m'échappent et qu'effectivement, parfois je... Je formate mon message pour essayer de générer le plus de likes possible.

  • Speaker #1

    Justement, on voulait t'en parler. Et toi,

  • Speaker #0

    Willy ? Alors, ça soulève une question qui est... Enfin, un élément très important, c'est au moment où tu vas vouloir, peu importe la forme, faire un partage. C'est que l'œuvre que tu vas produire, que ce soit sur les réseaux, un livre, un film, tout ce que tu veux, ça va devenir quelque chose de public, et ça, il va falloir que tu acceptes les conséquences. C'est-à-dire que tu vas avoir des critiques bonnes, mauvaises, tu ne plais pas à tout le monde. Et ça, c'est quelque chose d'extrêmement important, notamment quand, je ne sais pas si toi, ça te l'a fait, quand tu écris ton premier livre, ce que tu as dedans, après, c'est écrit, c'est marqué dans la pierre, et on peut venir te chercher en disant, attention, tu as dit ça, je ne suis pas du tout d'accord avec toi, tu vois ce que je veux dire. Et ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment avoir à l'esprit. C'est que ce que vous allez produire, si vous le diffusez, ça devient quelque chose de public, les gens peuvent se l'accaparer. Et voilà. Donc, acceptez aussi le fait d'emblée que ça ne vous plaira pas à tout le monde, et vous allez voir. après ça passe crème.

  • Speaker #1

    Une autre question ? Oui bonjour, vous avez parlé d'écrire des histoires et d'anticiper et de se laisser surprendre alors moi je me pose la question quand vous écrivez l'histoire que sera le film comment ça se forme ? Est-ce que vous l'avez anticipé avant ? Est-ce que c'est au cours du voyage que vous vous dites mon film va aller plutôt dans cette direction ou alors j'aurais plutôt cet angle là ou est-ce qu'il y a aussi beaucoup une part d'invention de l'histoire au moment du montage ?

  • Speaker #2

    Alors, très très bonne question. Effectivement, est-ce qu'on peut anticiper, est-ce qu'on peut écrire une sorte de scénario en avance tout en sachant qu'on ne connaît pas le voyage, on ne sait pas ce qui va se passer. On peut effectivement à la base avoir une sorte de trame en fonction de ce qu'on a prévu tout en sachant que l'incertitude du voyage, tous les changements qui vont s'opérer au cours de route vont complètement modifier cette trame-là. Mais pour moi, ça se dessine plutôt pendant le voyage. Et ensuite, au cours du montage, une fois de retour à la maison, je fais le point sur l'ensemble des rushs que j'ai pu récupérer. J'essaye de trier un petit peu les différents types de scènes que j'ai, les sonores, les interviews, les moments où il se passe réellement quelque chose à vélo, les ennuis mécaniques. J'essaye de faire ce tri-là. Ensuite, en restant fidèle à ce qui s'est passé, bien entendu, pendant le voyage, je vais essayer de trouver un processus narratif. pour raconter tout ça. Mais c'est pas facile du tout parce que, contrairement à quelqu'un qui tourne un film de cinéma, avec un scénario clairement établi, où on fait ça c'est la scène 1, elle va se placer à tel endroit et bien ensuite on va avoir une sorte de puzzle qui est déjà préétabli. Là, il va falloir faire un travail de narration pour arriver à lier toutes ces images-là tout en restant fidèle à la réalité. Donc voilà, il faut y mettre beaucoup de soie, je pense.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on est... Est-ce qu'on reste réellement fidèle à la réalité de ce qu'on a vécu ? Ou est-ce qu'au retour, il n'y a pas le risque de l'idéaliser quand même en essayant de... de montrer la part la plus belle et pas...

  • Speaker #2

    Oui, oui, alors ça, bien entendu, effectivement. C'est vrai qu'après, on reste le maître de son film et on peut forcément... Je pense qu'on a déjà forcément un biais par rapport à ce qu'on a vécu. Et moi, il y a une expérience qui m'a marqué, c'est qu'avec Adeline, ma compagne, on prend chacun, on a ce petit rituel quotidien, on prend des notes chaque soir. Et on a vécu la même journée. En particulier quand on était en Afrique, on était sur le même tandem, séparés de quelques centimètres. Et on voit pas du tout la même chose. On n'a pas du tout les mêmes souvenirs. Et même sur des scènes qui, a priori, ne pourraient pas prêter à discussion. On n'a pas vu exactement les choses de la même couleur, on n'a pas entendu les mêmes choses, on n'a pas ressenti les mêmes émotions. Et ça c'est normal, on a chacun sa propre sensibilité. Donc je pense qu'après, dans la façon de restituer les choses, sans forcément s'éloigner de la réalité, en fonction de tous les biais... cognitifs qu'on peut avoir en fonction d'altération de ses souvenirs, en fonction de la façon dont le cerveau va avoir classé tous ces instants-là, on va restituer la chose d'une certaine façon. Si quelqu'un qui vous avait accompagné avait fait son propre film, je pense que la réalité aurait été un peu différente.

  • Speaker #1

    Enfin, en même temps, en tandem, il y en a un qui voit quand même beaucoup le dos de l'autre.

  • Speaker #2

    Exactement, surtout que lors de ce périple, j'avais deux t-shirts, un bleu et un gris, et pour seul horizon pendant 18 mois, effectivement, c'était assez limité.

  • Speaker #0

    Alors, Tout à fait. Ce qui est certain, c'est que, parce que c'est tout bête, mais vous quand vous regardez un documentaire, si le documentaire n'a pas une structure narrative, vous allez vous ennuyer. Ça, c'est une certitude en fait. D'accord ? Donc, il en faut une. Donc, tout réalisateur, producteur, documentariste vous dira, mais en fait, un documentaire, ça, c'est écrit. Et on voit la différence entre un documentaire qui n'est pas écrit et un documentaire qui est écrit. Ça, c'est une réalité. Maintenant, donc oui, moi, je vous invite. Normalement, il faut écrire son documentaire parce que notamment, on a un message. Qu'est-ce qu'on veut dire ? dans notre documentaire, qu'est-ce qu'on veut partager au champ, qu'est-ce qu'on veut qu'il retienne. Et donc ce message, il faut le raconter. C'est-à-dire qu'il y a un début, il y a quelque chose qui se forme avec l'aventure et ce qui fait qu'on arrive à notre message. Donc ça, il faut qu'il soit écrit. Toutefois, l'aventure n'est plus une aventure si en fait, vous voulez figer votre aventure à votre histoire. Ça reste l'aventure avant tout. C'est un documentaire d'aventure. Donc ce qui est compliqué, c'est qu'à la fois il va falloir qu'on raconte quelque chose, qu'on arrive à notre message, mais c'est l'aventure qui prime. Et donc si l'aventure doit changer la narration, il faut l'accepter. Et à un moment donné, il faut changer son fusil d'épaule et on s'adapte. Mais en fait, c'est l'aventure avant tout.

  • Speaker #1

    Et c'est toujours vous qui faites le montage parce que c'est un énorme travail de montage. Ou est-ce que vous le confiez parfois ?

  • Speaker #2

    Oui, alors moi, ça reste vraiment très artisanal. Donc je fais l'accapitation, la prise de vue et le montage. Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est bien fait. C'est artisanal,

  • Speaker #2

    mais bien fait. Si tu as ressenti ces émotions et si j'ai pu que...

  • Speaker #0

    transmettre tout ça effectivement j'ai atteint mon objectif et toi willy tu le fais tu fais tout toi pareil je fais beaucoup aussi pour des raisons financières premièrement deuxièmement c'est vrai qu'il ya aussi dans non mais en fait j'ai envie de raconter ça et mais il ya mais pas toujours et parce qu'en fait il ya un intérêt aussi à ce que des fois ce soit d'autres personnes qui montent pour éviter justement les biais cognitifs dont on parle et en fait ne serait-ce que d'échanger en tout cas de se faire conseiller c'est qu'en fait tu dis ah oui par exemple lui va te dire mais attends tu parles de l'aventure d'accord mais Mais ce qui est intéressant, je ne comprends pas pourquoi est-ce que tu as eu, des fois on a des sujets entre guillemets très particuliers. Par exemple, je reprends Mélusine Malander, je vais aller voir les femmes dans le monde, je vais leur demander pour elles c'est quoi la définition de la liberté. Comment t'es venue cette idée ? Et des fois c'est l'émergence de l'idée aussi qui est intéressante. Et nous on se dit, ah bah oui tiens, j'avais pas vu ça comme ça. Et donc il y a une multitude de richesses dans notre aventure et le regard extérieur permet des fois de les extraire. Et donc c'est intéressant en tout cas de confronter notre aventure au regard des autres. Avant d'écrire, avant de produire, pour se dire en effet, il y a peut-être quelque chose d'intéressant que je n'avais pas vu. Oui. Sinon, très brièvement, je pense qu'on peut aborder un point qui est un peu intéressant. Je vais le faire très bref. Tu as parlé évidemment des réseaux sociaux, tout ça. Et en ce moment, c'est d'actualité. Il y a un problème qui surgit, c'est la fameuse photo Instagramable. C'est-à-dire, je suis quelque part, je la poste. Si j'ai un grand compte, c'est génial, je veux y aller. Et en fait, du coup… certains endroits du monde maintenant, il y a une surfréquentation touristique qui s'est développée avec ces fameux photos instagrammables et dans le milieu de l'aventure, tu me confirmes ou pas, mais on est en train des fois de se poser la question, est-ce que je partage le lieu sur lequel je prends ma photo ? C'est tout bête, mais par exemple, il y a eu l'expérience des gorges du Todra dans le Maroc, c'était complètement perdu, et puis il y a un grimpeur de haut niveau qui est arrivé et qui a fait quelque chose de fantastique et en fait tout le monde s'est dit waouh, mais c'est juste dingue cette vallée ! Et au début, ça a été les experts qui sont venus, puis les moins experts. Mais en fait, ce qu'il y a, c'est que l'afflux de touristes est plus rapide que l'aménagement. Et la population le veut-elle ? Et en fait, c'est ce problème de surfréquentation, de rapidité de la fréquentation touristique qui, des fois, peut un peu tuer, casser cet espace-là. Donc, il y a aussi, selon notre degré de médiatisation, j'en suis pas là, mais en tout cas, il faut des fois savoir garder la mesure.

  • Speaker #1

    Du coup, comme nous approchons de la fin, j'aurais aimé que vous puissiez présenter chacun les ouvrages que vous nous avez emmenés là, rapidement, Olivier.

  • Speaker #0

    Alors oui, moi j'en ai deux. Alors j'ai le récit de notre aventure en Amérique du Nord en famille qui s'appelle Promaru, donc qui relate notre expérience à travers les montagnes rocheuses, 4700 kilomètres sur un itinéraire de montagne, on est tout le temps entre 2000 et 3600 mètres, 90% de pistes, et ensuite le reste de notre aventure donc en Californie autour du Yucatan et du Chiapas, et puis pour finir à Cuba, un an de voyage en famille au total. Puis j'ai un deuxième ouvrage...

  • Speaker #1

    Donc, excuse-moi, tech... texte, photo exactement,

  • Speaker #0

    je l'ai voulu un petit peu sous la forme d'un magazine donc il y a des récits très personnels des photos et puis un aspect un petit peu plus pratique avec des informations sur comment s'équiper pour partir avec un bébé des questions comment choisir son itinéraire quel type de sacoche, quel matériel c'est un complément au film et le second qui s'appelle A Vélo en Europe Là, c'est une sélection d'itinéraires, 30 itinéraires en Europe. Alors, il vient après un premier volume qui s'appelait À vélo, tout court qui était une sélection de 50 itinéraires uniquement en France, publié chez Gallimard. Et celui-ci, c'est le même concept, mais à l'échelle de l'Europe entière. On est plusieurs co-auteurs parce que, autant en France, j'avais l'expérience suffisante pour traiter l'ensemble du territoire, à l'échelle de l'Europe, j'ai dû faire appel à des petits camarades. Et ça se présente toujours de la même façon. Il y a une partie récit, inspiration. Donc l'idée, c'est de vous... vous donner vraiment envie de partir. Et puis après, encore une partie pratique avec une carte, avec un QR code pour retrouver la carte GPX et pouvoir passer du bouquin au terrain.

  • Speaker #1

    Un itinéraire au long cours.

  • Speaker #0

    Ce sont des itinéraires qui peuvent être réalisables entre une semaine et à peu près un mois et demi, deux mois environ.

  • Speaker #1

    D'accord. Et toi, Willy ?

  • Speaker #2

    Et donc, moi, je suis venu avec Anecdotes aventureuses, qui donc n'est pas un récit d'aventure jour 1, jour 2, jour 3. mais qui sont des extraits choisis, des anecdotes de voyages qui, évidemment, sont regroupés par thématique, par voyage, et qui peuvent se lire, évidemment, comme une histoire complète. Donc, ça relate mes expéditions entre 2003 et 2015. Donc, on voyage à travers ma traversée en solitaire dans le désert d'Atacama, le plus arrêté du monde. Il y a aussi la traversée de l'Écosse en hivernale.

  • Speaker #1

    C'était ta première, la traversée de l'Écosse ?

  • Speaker #2

    C'était ça, en 2003, tout à fait.

  • Speaker #1

    Avec pas mal de questions.

  • Speaker #2

    C'était l'initiatique, exactement.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas ça que tu étais parti faire au départ ?

  • Speaker #2

    Non, pas du tout. Parce qu'une aventure, c'est tout en six pieds pour finalement improviser. Exactement.

  • Speaker #1

    Non, mais dis-le.

  • Speaker #2

    Ce n'était pas du tout passé comme ça. Alors, au départ, c'était 700 kilomètres à travers le désert en autonomie avec deux lamas. Et puis, je suis arrivé sur place, évidemment, pour la faire très courte. Les lamas n'étaient pas domestiqués. Ils étaient semi-sauvages. J'ai pris cinq jours pour les dresser, etc. Et puis, j'ai eu le bonheur d'avoir la bénédiction de la Pachamama la veille par les habitants du village. On a fait une énorme fête.

  • Speaker #1

    C'est ça qui a réussi.

  • Speaker #2

    Et ça, c'était fantastique. Mais du coup, moi qui ne bois jamais, j'ai été complètement plié. Et en fait, on a été déconné avec les lamas. On a mal fermé. Et puis, les lamas se sont échappés pendant la nuit. Et du coup, je me suis retrouvé à faire un peu plus de 300 kilomètres avec 45 kilos sur le dos. Voilà.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas pour ramener des images. Je rigole.

  • Speaker #2

    Même pas. En plus, tout ça pour ramener en tout cas un livre. Et donc, il y a cette traversée du Chili, du désert d'Atacama. Puis, il y a la traversée des Highlands écossais en hivernale pour observer la... La survivance des légendes celtes.

  • Speaker #1

    Je le conseille vraiment ça.

  • Speaker #2

    Et il y a la traversée de la Nouvelle-Zélande. Voilà. Donc ça pareil sur plusieurs mois. Notamment toute la partie sud à travers la forêt primaire ou là complètement en dehors des sentiers. Et qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Les toits de l'Europe. Les toits de l'Europe. Il y a un documentaire qui avait été dessus. Tout à fait. Donc on avait été faire un documentaire pour observer la différence entre la voie normale du Mont Blanc et la voie normale de l'Elbrousse qui est le vrai toit de l'Europe qui se trouve du coup... en Russie, dans le Caucase russe. Au niveau des plaques continentales, c'est le vrai doigt de l'Europe et au niveau géopolitique, c'est évidemment le Mont-Blanc. Donc voilà, on a été faire un documentaire là-dessus, il y a le récit. Et puis il y a aussi des tribulations françaises. Des anecdotes de ce qui se passe en France parce que, évidemment, comme on le disait, la micro-aventure est derrière la porte de chez Sevoir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Donc ces trois livres sont consultables et on peut discuter avec les auteurs sur... place du 14 juillet sur le Salon des auteurs. Il ne me reste qu'à vous remercier beaucoup d'être venu, puis d'avoir partagé votre expérience.

  • Speaker #2

    Merci à toi, bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, merci à tous.

  • Speaker #1

    Peut-être que ça va donner envie de faire des images.

  • Speaker #2

    On espère, c'est clair.

  • Speaker #1

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #3

    C'était la Blabla Halt de la Joyeuse Escale. Retrouvez ce programme tous les jours sur Allo la planète à 11h et à 16h jusqu'au 21 mai.

Description

D’une expérience personnelle intime peut naître un partage à grande échelle, pour le témoignage, les retours attendus des partenaires, un plaisir esthétique ou pour financer son voyage. Les raisons sont multiples et les moyens tout autant !


Avec les interventions de :

  • Willy Menec : aventurier-explorateur français qui réalise des expéditions depuis maintenant 20 ans (traversées de déserts, ascensions en haute montagne, expériences d’isolement en pleine nature, traversées de bush…).

  • Olivier Godin : épris d’aventure et de sports outdoor, il sillonne la planète à vélo depuis 15 ans. Journaliste et auteur, il documente sa passion dans des magazines, sur internet et dans des livres, dont notamment A vélo et A vélo en Europe (Gallimard).


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allô, allô ? Allô ? Allô ? Allô ?

  • Speaker #1

    La planète ?

  • Speaker #2

    Allô la planète, la radio des voyages. Timonier, vous resterez à l'auberge et recueillerez les expériences des autres voyageurs de l'Escale. Cela nous sera fort utile pour la suite de notre voyage. La Blabla Alte de la Joyeuse Escale. Une émission présentée par Bruno Boiron. Enregistré au Colibri, par Alou La Planète.

  • Speaker #3

    Bonjour à tous, bienvenue à cette nouvelle table ronde, presque la dernière, dont le thème pose deux questions, pourquoi et comment ramener témoignages de son voyage ? D'une expérience personnelle intime peut naître un partage à grande échelle. Pour l'exemple et le témoignage, pour les retours attendus des partenaires, pour un plaisir esthétique ou simplement pour financer son voyage. Les raisons sont multiples de ramener témoignages et les moyens tout autant. Pour aborder ce thème, nous accueillons Willy Minek. Bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Et Olivier Gaudin. Bonjour. Bonjour à tous. On a eu le plaisir d'avoir dans les courtes escales. en prélude du festival.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #3

    Je vous laisse vous présenter, chacun votre tour.

  • Speaker #0

    Bien, je vais commencer. Olivier, allons-y, je me lance. Donc, Willy Minec, aventurier conférencier depuis une vingtaine d'années maintenant. Et comme beaucoup de personnes, il y a pas mal d'explorateurs qui sont spécialisés sur un domaine, milieu polaire ou autre. Mais en revanche, comme beaucoup de personnes lambda, c'est-à-dire qu'on est attiré par un pays, puis un autre, etc. Pourquoi ? Parce que le monde est magique. Et donc... J'ai cette approche un peu éclectique du monde, donc je fais des traversées de désert, je peux faire des sommets dans le Caucase russe, des traversées du Bouch australien ou des choses plus poétiques comme la traversée des Highlands écossais pour observer la survivance des légendes celtes. Et en parallèle de tout ça, je fais des formations aventures pour amener tout un chacun à plus d'autonomie et à se lancer dans l'aventure, et des conférences bien entendu, et puis des livres.

  • Speaker #3

    Merci. Olivier ?

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, moi je m'appelle Olivier Gaudin, j'ai 42 ans, je suis journaliste, auteur, de ce détail à son importance, journaliste, auteur et voyageur à vélo maintenant depuis une quinzaine d'années. Alors j'ai eu la chance d'expérimenter le voyage à vélo un peu sous toutes ses formes, en solo, en couple et en famille. Mon tout premier voyage, ça a été un périple longue distance. J'habitais à Paris à l'époque, c'était en 2009. Et avec ma compagne, on s'est lancé un défi, traverser le continent africain à la force des mollets. Avec un vélo un peu particulier, on a utilisé un tandem. Tandem, pourquoi ? Parce que c'était la symbolique de notre volonté commune d'aller de l'avant. On a expérimenté la chose et on s'est rendu compte que le tandem, effectivement, il y avait toute cette symbolique derrière, mais il y avait aussi pas mal de difficultés parce que c'est une aventure absolument humaine, absolument incroyable. Passer 18 mois ensemble à quelques centimètres l'un de l'autre, tout partagé. C'est quelque chose qui est assez dur à éprouver, mais qui nous a énormément fait grandir. Donc notre couple s'est vraiment bâti sur cette base-là, sur cette traversée de l'Afrique. Et arrivé au Cap de Bonne Espérance, à la fin de ce périple, 18 mois après, on s'est fait une promesse. On s'est dit qu'à chaque moment charnière de notre existence, on repartirait à vélo. Parce qu'à vélo, on a du temps pour soi, on a du temps de qualité pour prendre du recul. Et en 2015, quand on a eu notre premier enfant, Axel, on a tenu cette promesse. Et on est parti pour s'inventer une vie à trois, pour découvrir notre... parentalité dans des conditions un peu différentes en amérique du nord et on a traversé les montagnes rocheuses par les pistes de bornes ferne alberta jusqu'à la frontière mexicaine Ensuite on a roulé en Californie, on a fait le tour du Yucatan et du Chiapas et de Cuba, une année de voyage au total. Et puis un peu plus tard, un autre heureux événement, on a eu Julia, une petite fille en 2020. Et à nouveau, fidèle à notre promesse, on est reparti en Scandinavie et on a fait la traversée du nord de l'Allemagne, du Danemark et de la Suède. Donc voilà, ce sont des récits que j'aime partager comme on le fait aujourd'hui à travers des festivals, des conférences. Par le biais d'articles aussi sur les réseaux sociaux et dans des livres également, puisque c'est une partie de mes activités d'être auteur.

  • Speaker #3

    Avant d'aborder le thème, toi Willy, c'est à pied que tu te déplaces principalement ?

  • Speaker #0

    Principalement, j'ai fait aussi de la nage longue distance, un peu comme Rémi Camus. J'ai fait aussi du packraft, des choses comme ça. J'étais kayakiste quand j'étais plus jeune. Donc principalement à pied en tout cas, oui, principalement à pied.

  • Speaker #3

    Pour la lenteur ?

  • Speaker #0

    Pour la lenteur, pour le toucher j'ai envie de dire aussi, notamment quand on fait de la montagne, je suis alpiniste aussi, donc il y a ce côté minéral qu'on aime appréhender. Pareil au niveau du kayak, il y a cette sensation très particulière, il y a un effet karting un peu, on a une sensation de vitesse, d'être à ras de l'eau comme ça, c'est très excitant. Donc oui en tout cas à pied, c'est la relation intimiste avec la nature qui m'intéresse, donc c'est pour ça. Plonger au cœur de milieux hostiles, c'est-à-dire non aménagés, c'est ce qui me passionne.

  • Speaker #3

    Ok. Et alors du coup, pourquoi ramener témoignages ? Parce que quand tu pars, j'ai vu le film du premier événement heureux. Quand on part en famille comme ça, on pourrait dire que c'est un moment privilégié pour soi.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Je pense que la première des choses, on ramène un témoignage pour se faire des souvenirs. Moi, c'est vraiment comme ça que je l'ai vécu. Notre fils, quand on est parti, il avait 10 mois. À cet âge-là, on est encore trop jeune pour vraiment imprimer ce qui se passe et conserver des souvenirs réels de l'expérience. Donc moi j'ai voulu conserver un témoignage, une sorte d'héritage pour transmettre à mon fils. Alors c'est passé par le biais de photos, de vidéos et puis de récits ensuite. Donc la première des choses c'était de lui léguer un petit peu cette histoire et qu'il puisse ensuite en prendre possession. Ce qu'il a fait déjà, puisque maintenant il va avoir 9 ans, donc il a la capacité de comprendre tout ce qu'il a pu vivre. Et puis, après passer le côté vraiment de la sphère familiale, de l'entourage, il y a la volonté de partager avec un public un petit peu plus large. Moi, je suis journaliste à la base, donc j'ai peut-être cette sensibilité d'aller vers l'autre et de transmettre des informations. Donc, c'est un peu dans cet objectif aussi que j'ai réuni des témoignages, donc moi, essentiellement des photos et de la vidéo et des textes, et que j'ai partagé avec un public plus large via les réseaux sociaux et puis via des livres. Et puis... On en parlait un petit peu tout à l'heure, mais c'est aussi une sorte de retour d'ascenseur. C'est que moi, j'ai puisé mon inspiration à la base dans des bouquins. Je ne sais pas si vous avez vécu la même chose, mais il y a tout un tas de lectures qu'on lit avant 15 ans qui vous marquent et qui vous façonnent vraiment, qui nourrissent cette envie de partir. Moi, je me suis nourri des London, des Jules Verne, ça a énormément compté pour moi. Puis après, d'autres récits, d'autres voyageurs aventuriers qui m'ont montré en fait que pas nécessaire d'être un surhomme, quelqu'un d'exceptionnel. pour partir prendre la route, que simplement il faut prendre la décision, que c'est ça le plus compliqué à la base, c'est de dépasser ses propres obstacles, se lancer et une fois qu'on est sur la route, l'aventure elle vous porte et tout devient relativement simple en tout cas.

  • Speaker #3

    Moi j'ai lu London bien sûr, mais moi j'ai lu Willy Minek et ça m'a convaincu de partir en Écosse.

  • Speaker #1

    Je j'en suis persuadé.

  • Speaker #3

    Et toi pourquoi ramener quelque chose ?

  • Speaker #0

    Alors comme tu me dis si bien Olivier, évidemment que c'est cette volonté de transmission. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous, nous partons parce qu'on a su attiser chez nous la curiosité. La curiosité, c'est vraiment la mèche. C'est en se dire, mais c'est plus fort que moi, c'est comment là-bas ? Comment vivent les gens ? C'est comment là-bas ? Etc. Et ça, c'est par soit la vision de documentaire, la lecture de livres, bref, etc. L'écoute de podcast, tout ce qu'on veut. Tous les formats maintenant de transmission qui sont là. Mais en fait, voilà, on a rêvé, nous. Et... Parce que ça nous a accompli, parce qu'on a trouvé cette expérience tellement bouleversante qu'elle nous a changé, qu'on se dit mais si on pouvait créer, allumer cette mèche chez les autres. Il y a notamment ça, je pense que c'est quelque chose qui est vraiment très important et c'est cette transmission là, une de ces transmissions là qui est la plus excitante en même temps.

  • Speaker #3

    C'est une sorte d'altruisme ?

  • Speaker #0

    Oui, oui probablement, oui, oui, oui. Il y a cette envie de... En effet, je pense qu'il y a cette bienveillance de se dire, mais ça nous accomplit tellement nous, ça contribue tellement à notre bonheur. Donc, si on pouvait vous aider justement à avoir ce déclenchement de se dire, mais l'aventure, en fait, c'est facile. C'est facile et en plus, bonne nouvelle, il n'y a pas de petites aventures. Donc voilà,

  • Speaker #3

    on y viendra après à cette définition de ce qu'on fait. Mais du coup, alors, quand toi, tu pars en famille avec un enfant en bas âge, deux fois, donc c'est que ça doit être bien la première, si vous recommencez. Ça a aussi pour toi valeur d'exemple pour les autres, c'est-à-dire de dire, regardez, c'est possible.

  • Speaker #1

    En fait, il y a quelque chose qui m'a énormément marqué. Nous, on est des voyageurs à vélo de longue date. Donc on a... traversé l'Afrique, mais on a effectué énormément de voyages plus courts. Et quand on a eu Axel, notre fils aîné en 2015, dès la maternité, les gens se sont succédés pour nous féliciter et aussi pour nous dire maintenant, les enfants, l'aventure à vélo, c'est terminé. Vous êtes responsables, vous êtes parents, donc c'est fini. Pour eux, c'était complètement impensable qu'on puisse partir ensuite, revivre des expériences telles qu'on les avait vécues avec un enfant qui plus est en bas âge. Alors, il y avait peut-être une forme de... de défis et on est parti un peu en guise de pied de nez à ces gens qui nous disaient que c'était terminé. Mais au-delà de tout ça, on voulait simplement montrer qu'avec un petit peu d'organisation, avec le bon matériel, en ciblant le bon itinéraire, en fin de compte, c'était une histoire d'adaptation et que tout fonctionnait bien. Et que les enfants, en particulier les nourrissons, ils ont une capacité d'adaptation qui est absolument incroyable, même par rapport à un adulte. Et qu'en définitive... Ce qui compte pour un enfant, c'est de sentir ses parents à proximité, sentir ses parents heureux, sentir ses parents en confiance, et que tout le décorum autour, tout l'environnement, finalement, il apporte assez peu.

  • Speaker #3

    Ça fonctionne.

  • Speaker #1

    Et ça fonctionne, oui, complètement.

  • Speaker #3

    Et du coup, toi, ta volonté, quand tu inities des gens dans le... Tu disais tout à l'heure que tu initiais des gens à l'aventure. Ça marche comment, ça, l'initiation à l'aventure ?

  • Speaker #0

    L'initiation à l'aventure, ça marche en général dans le... Tu vas casser toutes les images qu'on se fait. Et souvent, ce sont celles qui freinent le départ. C'est Ah mais oui, j'ai pas d'argent. Ah oui, mais j'ai pas de temps. Ah ben oui mais s'il m'arrive ça, ah ben oui voilà. Et en fait la première des choses c'est d'arriver à casser toutes ces mauvaises images qu'on a sur l'aventure et en même temps c'est ça qui fait rêver mais c'est ce qui nous empêche de le faire et donc il faut les casser parce que et dans la manière dont on transmet d'ailleurs, enfin ça on parlera du comment après c'est vrai mais dans le pourquoi il y a cette volonté là de se dire toute première chose c'est possible. Voilà, c'est possible et il est nécessaire de le faire.

  • Speaker #3

    C'est quoi la définition de l'aventure pour vous ?

  • Speaker #0

    Alors, merci, merci. Tu as déjà réfléchi à la question. C'est ça, bien sûr, renard. J'ai la patate chaude, j'ai la patate chaude.

  • Speaker #1

    Si, mais il m'a l'air d'être prêt pour répondre à la question.

  • Speaker #0

    Il y a, en effet, il y a... Il y en a qui pourraient dire qu'il y a le voyage, il y a l'aventure, il y a l'exploration. Grosso modo, on pourrait partir là-dessus. L'exploration, c'est Alban Michon qui dit que c'est une aventure qu'on prend en sérieux. Pourquoi pas ? En tout cas, l'aventure, dans sa définition, c'est quand on va à l'encontre de la surprise. et de l'inattendu. C'est-à-dire que, certes, par exemple, tu vas prévoir ton voyage. Par exemple, tu dis tiens, je vais aller en vélo jusqu'en Grèce Et donc, tu vas planifier ton itinéraire, tu vas faire ton parcours, on va dormir à peu près là, ça devrait nous coûter tant. Non. Pourquoi ? Parce qu'il faut retenir cette phrase, une expédition, c'est tout anticiper pour finalement improviser. et ça se révèle, c'est toujours pareil.

  • Speaker #3

    C'est dans ton livre que je l'ai lu ça.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Je cite Philippe Jardon, un ami à moi, ancien skieur extrême, qui avant ma première expédition m'avait dit ça et ça s'est tout le temps révélé juste, bien sûr. Donc, en effet, du coup, il faut concevoir son aventure comme un canevas. On a un idéal, on aimerait faire ça, mais il faut accepter d'emblée, c'est extrêmement important, que ça ne se passera pas comme prévu et tant mieux.

  • Speaker #3

    C'est ça ta définition ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait dans l'aventure c'est que je vais aller à l'encontre J'accepte d'aller à l'encontre de l'inconnu, de la surprise, de découvrir quelque chose que je ne connais pas, et de l'accepter. Et c'est ça qui va faire le sel du voyage.

  • Speaker #3

    C'est d'accepter de vivre l'instant présent, point.

  • Speaker #0

    Exactement. D'ailleurs, tu soulignes quelque chose qui est très à la mode, c'est l'état de pleine conscience et l'aventure. Favorise ça, je ne sais pas si tu es d'accord avec moi Olivier, c'est qu'en fait on est vraiment dans la journée, on est dans le réel. On est rarement de ah mais dans trois semaines, ah mais dans quinze jours, mais non mais là aujourd'hui, où est-ce que je vais bivouaquer ce soir, etc. La météo est en train de tourner, c'est tellement, et d'ailleurs c'est tellement apaisant, tellement apaisant. Et donc l'aventure en général, peu importe sa forme, favorise cet état de pleine conscience et c'est ça qui notamment apporte son aspect apaisant et qui contribue au bien-être.

  • Speaker #3

    Et c'est aussi jouissif quand on est en famille ?

  • Speaker #1

    Ouais, complètement. Mais je vois tout à fait ce qu'a dit Willy. Il me semble qu'il y a quelque chose qui est important que tu as prononcé, c'est ancré dans le réel. On pose souvent la question pourquoi parcourir des milliers de kilomètres comme ça à travers un continent ? Pourquoi est-ce qu'elle est une montagne ? Pourquoi faire ceci ? C'est totalement absurde au final. Et moi, je réponds, ben non, c'est profondément ancré dans le réel par rapport à la plupart de nos existences communes. On est vraiment en contact direct, en prise directe avec les choses. Donc voilà. Après, pour moi, la définition de l'aventure... pour revenir sur cette question-là, il y a une histoire de regard. Je pense que c'est changer un peu son regard habituel. C'est verser dans l'extraordinaire. Et ce n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout du monde ou de faire des milliers de kilomètres. C'est simplement emprunter un chemin en le regardant de manière différente, peut-être avec un moyen de locomotion différent. Et là, on va sortir des sentiers battus. Et pour moi, c'est là que naît l'aventure. Alors, on pourra y venir tout à l'heure, mais l'aventure, elle peut même venir en amont à partir du moment où on feuillette un livre, où on plonge le nez dans les cartes. Il y a déjà toute cette dimension liée à l'imaginaire, au rêve.

  • Speaker #0

    La rêverie, oui. La rêverie est déjà une aventure. C'est une forme d'aventure.

  • Speaker #1

    Et pour répondre plus précisément à ta question sur le côté, est-ce que l'aventure, elle existe aussi avec la famille ? Je crois que oui, effectivement, parce qu'on peut changer justement de regard sur la parentalité, sur le fait de faire famille, de faire tribu, quand on est dans ces conditions-là.

  • Speaker #3

    La différence, peut-être, c'est ce que moi j'ai ressenti. au visionnage de ton film en janvier, c'est que quand on part à l'aventure seul, on est responsable de soi. Quand on part à l'aventure avec un enfant de 10 mois, on est responsable aussi de l'enfant de 10 mois. Les aléas du quotidien, c'est peut-être un petit peu plus stressant, je ne sais pas, enfin...

  • Speaker #1

    Là, tu poses la question du risque, et je pense qu'elle est déterminante, en fait, dans le fait de partir. Aujourd'hui, on vit dans une société où on cultive un fantasme, c'est celui du risque zéro. Le risque zéro ça n'existe pas. Quoi qu'on fasse, même ici dans cette pièce, il peut se passer un événement qui va faire que... Alors après les risques... Non ça va bien se passer. Ça va bien se passer pour tout le monde, n'hésitez pas à partir,

  • Speaker #3

    n'hésitez pas à rester avec.

  • Speaker #1

    Mais ce que je veux dire c'est que malheureusement on peut sortir, traverser la route et puis être fauché par un automobiliste. Donc le risque zéro il n'existe pas, il n'existe pas ici, il n'existe pas quand on part. Il faut en finir avec cette idée là. Cela dit... Il ne faut pas non plus être complètement inconscient et il faut travailler pour réduire cette part de risque le plus possible, en sachant qu'on n'arrivera pas à l'éliminer totalement. Donc nous, c'est comme ça qu'on procède, c'est qu'une fois qu'on a défini notre itinéraire, qu'on s'est équipé, on identifie tous les risques et on va essayer de travailler pour les réduire au maximum. Donc par exemple, quand on part avec un enfant, ça va être bien se renseigner en allant voir son médecin de traitance, son pédiatre, sur les pathologies qu'un enfant, par exemple, peut avoir. peut déclarer quand on est à plus de 3000 mètres d'altitude. C'est un exemple parmi d'autres. Mais voilà, il faut essayer de parer à toutes ces éventualités.

  • Speaker #3

    C'est quelque chose que tu fais, toi, que tu pratiques la limitation des risques avant de partir ? Ou ma foi...

  • Speaker #0

    Si, c'est un impondérable, en fait. Comme je disais, une expérience tout anticipée pour finalement en profiter. Donc, il y a l'anticipation. Elle en fait partie. D'une, pour réduire le chandelle inconnu, ce vers quoi on va. Parce que si on ne s'enseigne pas spécifiquement, on peut... Ça peut avorter notre projet parce que se dire c'est tout bête rien que la législation par exemple. T'as un projet puis t'arrives dans un pays et en fait c'est tout bête mais si tu vas les mains dans les poches et qu'on te dit mais non en fait il faut un visa pour rentrer, tu fais comment après ? Rien que ces bases là. Bien sûr. Donc en fait évidemment que ça se prépare, ça c'est certain et j'ai partagé aussi une expérience avec ma femme, on a fait cinq petites expéditions ensemble et j'ai encadré des scientifiques sur le terrain, des amis, bref j'ai fait du solo, du groupe aussi. et de la famille. Et c'est vrai que la famille ça apporte une autre dimension, et notamment il y a cet affect qui est engagé et qui en effet apporte une dimension supplémentaire. Mais quand on parle du pourquoi, tu parles de la transmission vis-à-vis de ton enfant, et c'est quelque chose qui est extrêmement... qui est extrêmement important. Enfin moi je trouve en effet, ne serait-ce que les livres, tout ça, je suis fier d'avoir fait les livres, rien que parce que ma fille va pouvoir s'en accaparer et qu'en fait on livre de nous-mêmes dedans. Encore plus que les discussions, les livres sont vraiment quelque chose qui nous...

  • Speaker #3

    Bien sûr, parce que ça reste...

  • Speaker #0

    Bien sûr, ouais ouais.

  • Speaker #3

    Et avant de parler du comment, la définition du... Lequel de vous deux a dit il n'y a pas de petite aventure ? Quel qualificatif on met à aventure ? C'est quoi une petite, c'est pas une grande ? Qu'est-ce que vous vouliez dire par là ?

  • Speaker #0

    C'est toi qui... Oui, tout à fait. Je m'y colle. Donc, une petite aventure dans le sens où on pourrait se dire, quand on va voir justement, comme dans Joyeuses Escales, des films, des expériences, Ah, ça c'est pas pour moi Ou alors, Mais moi, par exemple, puisqu'on parle de la transmission, et notamment qu'on va parler du comment, c'est-à-dire par exemple les livres ou autres, c'est se dire, mais... Moi, je ne vais pas raconter ma traversée du chemin de Stevenson parce que c'est fait par des milliers de personnes tous les ans et je ne vois pas en quoi ça pourrait intéresser quelqu'un. Et finalement, c'est quelque chose d'extrêmement commun. Et ça, c'est un leurre. Donc, il n'y a pas de petites aventures. C'est qu'en fait, ce n'est pas parce que vous n'êtes pas Mike Horn que ce que vous allez faire n'est pas une aventure. Ça, c'est la première des choses. Et la deuxième des choses, c'est que tout peut se raconter. Vous prenez des fois des pitches de films. Ça vaut rien sur le papier. C'est un homme qui vient de perdre son travail et qui erre dans une rue et rencontre quelqu'un. Bim, hop, pitch. On va se dire, ok. Mais en fait, si vous avez un super réel, un super scénariste et de super acteurs, vous obtenez un film fantastique qui peut obtenir des Césars. Donc, tout peut se raconter, même si vous faites simplement le Stevenson, par exemple, et qu'en fait, il a déjà été fait des milliers de fois, ça n'a rien à voir. Donc, il n'y a pas de petites aventures et tout se raconte.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait d'accord. Et puis, ça reste votre propre expérience, votre propre ressenti, vos émotions. Et ça, c'est capital déjà pour vous-même, pour votre entourage. Donc, évidemment, il ne faut pas se brider. Et il y a effectivement dans le terme petit ou grand quelque chose qui est assez faux. Il y a une notion de distance, une notion de côté lointain. Et je pense qu'il faut en finir un petit peu avec ça. La micro-aventure actuellement est vraiment en plein essor, très à la main, une vraie tendance. Et pour moi, à partir du moment où on quitte... son domicile pendant une nuit quel que soit l'endroit où on aille, même si c'est un endroit qui nous est très familier, on va vivre quelque chose de différent et déjà on touche à l'aventure donc ça peut être simplement un beau samedi matin on ouvre sa porte, on prend son vélo qui dort dans le garage depuis plusieurs semaines, on va pédaler sur une région qu'on connait très bien mais cette fois-ci au lieu de prendre à droite, on va prendre à gauche et puis la nuit on va bivouaquer en pleine nature et on va vivre des sensations qu'on n'a jamais eu l'occasion d'expérimenter... Alors que le matin, au petit jour, on voit encore sa maison au loin. Mais déjà, on a touché à une forme d'aventure. Et après, bien entendu, on peut renouveler l'expérience sur des durées plus longues. Mais la micro-aventure, pour moi, c'est une vraie façon de se mettre le pied à l'étrier, de faire connaissance à cet esprit de la route. Et c'est quelque chose qui est à la portée de n'importe qui.

  • Speaker #3

    Il suffit de faire un pas pour être dans l'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, voilà,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #3

    Alors, revenons-en au comment. Au comment ? L'aboutissement de cette, par les livres, la vidéo, mais aussi sur le terrain, comment ? Est-ce que justement le fait d'avoir cette conscience de ramener quelque chose, et en fonction de ce qu'on va vouloir ramener, est-ce que ça modifie profondément la manière de vivre ce voyage ? Est-ce que le fait d'avoir absolument besoin de ramener des images risque de contraindre à une mise en scène qui n'est plus dans la spontanéité ?

  • Speaker #1

    Alors, je veux bien répondre à cette question parce que je me la suis posée très régulièrement et puis j'en ai fait le constat. Évidemment, bien sûr que ça va agir sur la spontanéité du voyage. Alors, tout dépend effectivement de l'objectif qu'on s'est fixé. Tout dépend aussi qui est à l'origine de cette demande. Est-ce que c'est une démarche vraiment volontaire ? Est-ce qu'on répond à la demande de partenaires, de sponsors ? Tout ça va avoir un rôle déterminant dans la façon dont on va le vivre. Mais ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est qu'à partir du moment où on veut ramener des images, et en particulier de la vidéo, c'est quelque chose qui va avoir des conséquences sur la spontanéité du voyage. Pourquoi ? Tout simplement parce que si on est seul et qu'on veut capter de l'image, qu'on n'a pas une équipe de tournage qui pourrait être autour de vous pour filmer ce que vous êtes en train de faire, il va falloir mettre en scène chacune de vos actions. Et cette mise en scène, elle tue un petit peu la cadence, le rythme du périple. Alors si on est seul, les conséquences sont peut-être un peu moindres. parce qu'on l'a choisi et bon voilà ça fait partie de notre démarche si on est plusieurs, qui plus est en famille, si tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde, ça peut être très très contraignant d'autant que Quand on fait un film, on aime bien ramener des moments qui soient forts, des émotions. Il pleut, on a eu une crevaison, on a eu quelque chose qui sort un petit peu de l'ordinaire. Ils sont des moments où on a déjà d'autres choses à gérer que de sortir la caméra, et puis choisir la bonne lumière, faire un cadre qui soit propre, et surtout d'être confronté au regard de l'autre. J'ai plein d'anecdotes, mais ça m'est arrivé très régulièrement de sortir de la caméra quand on est en pleine tempête de sable. Et puis là, Adeline m'accompagne, elle me regarde et me dit qu'est-ce que tu fais ? Est-ce qu'on n'a pas d'autre chose à gérer que de capter l'image au moment ? Mais en même temps, ensuite, si tu veux raconter l'histoire, ça fait partie de ça. Donc voilà, il faut trouver le bon équilibre, être bien conscient que c'est quelque chose qui est extrêmement chronophage et que sur le moment, ça va avoir un impact sur votre voyage, sur la spontanéité, sur la façon dont vous allez le vivre. Et qu'ensuite, par contre, peut-être, vous aurez au moins une matière pour écrire l'histoire.

  • Speaker #3

    Avant que tu répondes, Willy, est-ce que... Est-ce que, fort de cette prise de conscience qu'en pleine tempête de sable, tu as autre chose à faire que de filmer, est-ce que tu t'autorises de remettre en scène plus tard ? Je ne te parle pas de tricher. Oui,

  • Speaker #1

    dans une certaine mesure. Après, je pense que chacun voit midi à sa porte et ça dépend de ta démarche derrière.

  • Speaker #3

    Oui, mais c'est...

  • Speaker #1

    Dans ma façon de faire, je ne vais pas rejouer une scène. Ce que je peux faire, par exemple, c'est que... je repère un spot qui me paraît plutôt visuellement agréable, que j'ai envie d'avoir dans ma vidéo on passe une première fois, je m'arrête et puis là je vais poser ma caméra et on va repasser plusieurs fois jusqu'à ce que j'ai le plan qui me convienne, par contre on va pas rejouer une tempête de sable, non on va pas rejouer une chute, on va pas rejouer un incident mécanique ça c'est des choses qu'on capte et qui sont intéressantes justement parce qu'on les a sur le vif mais c'est aussi ce qui fait toute la difficulté c'est que voilà, il faut à un moment donné interrompre ton vécu, prendre un petit peu de recul parce que quelque part tu sors de la scène en fait et tu sors ton matériel et là tu vas essayer de recapter les choses mais forcément l'adrénaline du moment sera peut-être un petit peu moins forte que quand tu captes le moment pile-poil sur le moment présent

  • Speaker #3

    Bah les deux mêmes questions pour toi

  • Speaker #0

    Il a tout à fait raison, t'as tout à fait raison c'est exactement ça, la vidéo c'est un support qui a une dimension qui est super intéressante bien entendu puisque on extrait le réel, on vit la chose, on a l'impression d'être à côté de la personne, etc. Et puis même pour nous, au niveau des souvenirs, tu parlais de ton enfant, tout ça, on l'entend, on entend les sons, etc. Donc c'est une dimension qui est tout à fait géniale, mais c'est... Celle qui nous extraite plus de notre aventure, tu as tout à fait raison. Parce que c'est très technique. Quand en plus on commence à vouloir faire quelque chose de propre, l'image il faut qu'elle soit propre, il y a beaucoup de réglages, il faut faire attention au contre-jour, et le son. Donc d'où de suite ça devient très technique. En effet, la phrase c'est, dans l'aventure, il faudrait filmer au moment où on n'en a pas envie. Tu parlais de la tempête de sable, ce sont les meilleures images, ce sont les meilleurs instants. Mais c'est ceux où souvent on ne filme pas parce qu'on est en train de... dans une difficulté totale, ou alors en effet, il y en a qui vont te dire, mais attends, ce n'est pas le moment. Donc c'est celui qui nous extrait le plus de l'aventure. Notamment, ce qu'il faut savoir, c'est que principe d'adaptation de base, et tu vas voir ce problème de la transmission. C'est que pour s'adapter dans un milieu, quel qu'il soit, quand on part à l'aventure, c'est qu'il va falloir observer le milieu pour le comprendre, et du coup, agir en conséquence pour s'adapter. Donc le milieu, ça peut être évidemment des ethnies, ça peut être une population, mais comme la météo ou n'importe quoi. Et... Plus tu es dans ton milieu et plus tu as appris à l'observer, mieux tu le comprends. Et là, tu as une synergie, tu es dans l'intimité avec la nature. Et là, tu as l'impression de faire un avec le milieu, tout hostile qu'il soit. Et du coup, tu te sens un peu chez toi. Et là, tu as un sentiment de bien-être qui est total parce que tu fais partie du milieu. Tu n'es plus le petit Weedy qui est en France et qui vient immerger dans une forêt primaire ou en plein bouche. Mais en fait, tu en fais partie. Et quand tu viens à quelque chose de très technique, là, tout de suite, tu extraites ça. Et ça, c'est très frustrant. Et notamment, tu parlais de partenaires. Il y a des partenaires, par exemple, les équipementiers, des fois, dans ton accord, tu dois mettre, par exemple, tant de plans de vie quotidienne, ce qu'on appelle. C'est-à-dire que tu es en train d'allumer ta popote et puis, ah bah tiens, tu te baisses et puis en fait, tu as ta veste avec ton logo qu'on va voir en gros juste derrière ta popote. Et ça, c'est construit. Pourquoi ? Parce que ton partenaire, lui, c'est normal aussi. Il veut quelque chose. Il te donne de l'argent. Il faut bien lui rendre quelque chose. Et ça, c'est... Notamment, ça c'est contraignant et du coup moi je sais que je change mon fusil d'épaule au fur et à mesure. C'est-à-dire que dans ton choix de partenaire ou en tout cas dans tes accords, il y a des choses que maintenant je ne veux plus parce que non pas à défaut du partenaire, je comprends la démarche, mais parce que tu as envie de dire non mais en fait je n'ai pas envie non plus de me gâcher. Donc il faut savoir que la vidéo c'est ce qui nous coupe le plus de l'aventure, mais en revanche ça porte une dimension qui est top.

  • Speaker #1

    Une dimension de transmission ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est un superbe outil de transmission.

  • Speaker #1

    Plus que la photo, le carnet de voyage ou le livre ?

  • Speaker #0

    Je trouve que tout est ultra complémentaire. C'est ça qui est génialissime. Comme je te disais, l'avantage du comment, c'est que ça exprime la part la plus artistique de notre aventure. Parce que par exemple, l'usine Malander, qui a fait les voies de la liberté, qui part en moto et qui va au devant des femmes pour leur parler de liberté, il y a une pièce de théâtre qui a été issue. de ces expéditions. Et pareil avec Lionel Daudet, alpiniste, il y a une pièce de théâtre. Donc en fait, les formes, on pense aux livres, évidemment, on pense aux films, mais il y a les podcasts, il y a des CD maintenant, tu peux te mettre du coup en immersion juste sonore, qui d'ailleurs est un superbe outil aussi, et en fait tout est différent et t'apporte une toute autre dimension dans les podcasts. Tu vas pouvoir chuchoter. t'es à voir les petits bruits comme ça tout à coup en fait tu as l'impression tu rentres dans la vie de la personne les dimensions sont totalement différentes le livre je trouve que c'est celui qui est le plus intime, qui est le plus complet tu peux tout dire avec toute ta poésie t'en fais ce que tu veux, c'est formidable voilà je vais m'arrêter là non non, vas-y on t'écoute voilà, il ne faut pas hésiter à explorer toutes les formes d'expression artistique tout est possible il y a les classiques Mais encore une fois, il y a les CD, il y a les pièces de théâtre, ça peut être de la danse. C'est magique en fait. Ça, c'est passionnant.

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est aussi au retour parce qu'il faut quand même aussi que ça soit prévu pendant le moment. Tout à fait. Mais du coup, comment on choisit avant de partir, en amont de partir, comment on choisit le vecteur qui va nous servir à la transmission ? Est-ce qu'on ne le choisit pas ? Est-ce qu'il s'impose de lui-même ?

  • Speaker #2

    Je crois que ça dépend à la fois de sa propre sensibilité, de ses compétences aussi, parce que tout le monde ne peut pas s'improviser vidéaste, même si maintenant on a tous un smartphone dans la main qui permet de faire des films de grande qualité. Mais ça dépend avant tout de sa sensibilité, de ses compétences et du temps qu'on veut bien accorder à cette activité-là. Une fois qu'on a réfléchi à ces questions, ensuite on va pouvoir choisir. C'est vrai que c'est beaucoup plus simple et moins chronophage de tenir un petit carnet de bord le soir, de prendre quelques notes. Ou au fur et à mesure de la journée, par exemple, je sais que maintenant avec le smartphone, moi j'utilise beaucoup l'enregistreur audio qui va retranscrire mes paroles parce que j'ai cette angoisse permanente d'oublier ce que je vis sur le moment. Il m'arrive parfois de parler à mon propre téléphone pour conserver une trace de ce que je suis en train de vivre. Et le soir, je vais noter tout ça sur un petit carnet et ça sera une base ensuite pour en faire quelque chose, partager par le biais d'un livre ou écrire un post sur les réseaux sociaux. Après, je pense qu'il faut... Faire vraiment très attention et ne pas tomber dans une forme de surenchère ou en tout cas d'essayer de suivre la norme. Et aujourd'hui, les réseaux sociaux sont très normés. On a des exigences visuelles qui sont presque toutes les mêmes. L'algorithme fait qu'il faut tel type de contenu paramétrer de telle sorte et on a tendance à tomber dans ces pièges-là. C'est pour ça que je trouve très intéressant ce que tu dis par rapport à la diversité des supports médiatiques qu'on peut utiliser pour ensuite transmettre le message. Essayer de casser un petit peu les codes et de se distinguer aussi, de ne pas faire ce que tout le monde fait déjà en fait. On s'aperçoit sur Instagram notamment, on va avoir énormément, et sans doute moi le premier, j'obéis à une certaine forme de codification du message. On vit dans une société de l'image, mais toutes les images se ressemblent quelque part. Donc essayer de faire ce pacte coté pour aborder les choses un peu différemment et être un petit peu plus original. Mais encore une fois, c'est vraiment une démarche très très personnelle. Donc à partir du moment où on est parti sur le principe qu'on allait raconter quelque chose, Il faut être conscient que ça va prendre du temps. Et puis, si on veut s'y tenir sur la durée, ça va être quelque chose qui va impacter un petit peu son voyage.

  • Speaker #1

    Mais il y a quand même deux dimensions dans la transmission. Il y a la dimension, tu parles des réseaux sociaux, la dimension presque heure par heure. Enfin, j'exagère, mais on en est là.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    on en est là. Et puis la dimension de ramener. plus tard. C'est quand même pas tout à fait la même implication au quotidien pendant le voyage, ça.

  • Speaker #2

    La temporalité, oui, va jouer énormément sur la façon dont on va ensuite restituer les choses. Chacun a sa propre approche, mais personnellement, effectivement, je pense qu'il y a une nécessité de prise de recul, peut-être de digestion de toute cette information-là, et qui va faire qu'ensuite on va pouvoir le restituer de manière plus réfléchie, plus intéressante. que de partager ce qu'on vit sur le moment. Ça peut être intéressant aussi, pourquoi pas. Mais encore une fois, on va jouer sur l'émotion de l'instant, et puis, quitte à perdre nous en intensité du moment. Et il y a un piège à tout ça, c'est qu'on finit, en fait, par scénariser son voyage pour pouvoir le diffuser, et pas l'inverse. C'est qu'on va penser son voyage pour pouvoir le diffuser en fonction du format qui est attendu sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    C'est quoi ta position, toi, Willy Parab ? rapport à ça.

  • Speaker #0

    Alors c'est vrai ça soulève notamment la question de l'amateurisme et du professionnalisme c'est à dire c'est tout bête ok très bien je vais faire un petit documentaire notamment voilà il y a le format 52 qui est classique etc on est par tranche de 13, 13-26-52 ou long métrage et donc voilà des fois on pourrait dire mais non mais moi il tiendra en 47 ou alors etc Et pareil, maintenant, dans les festivals d'aventure, on voit beaucoup de boîtes de production qui sont derrière. Évidemment, ça apporte une autre dimension, parce qu'il y a plus de moyens. Mais j'ai eu, pareil, un ami qui me disait, je suis allé faire une descente de ski sur un volcan dans les Andes, un truc, et au moment où on fait la descente technique, il y a une petite éruption, et en fait, il y a des pierres qui tombaient à droite, à gauche, etc. Et donc, ils n'ont pas filmé à ce moment-là. Mais du coup, la boîte de production et le réalisateur, ils ont dit non, non, mais ça, c'est génial. On va refaire la scène. Et donc, du coup, il y avait des gauchos qui étaient là. Ils avaient des caillasses. Ils étaient derrière la caméra. Et ils lançaient des pierres. Donc, why not ? Why not ? Parce que finalement, c'est reconstituer quelque chose qui a existé. D'accord. Mais moi, ce n'est pas mon avis. D'ailleurs, sur ma prochaine aventure, il y a un réalisateur. Mais en l'occurrence, je produis parce que je préfère garder cette authenticité. ma ligne de conduite. Mais du coup, lui aussi me dit, oui, des fois, est-ce que ce sera peut-être tout compliqué à chaque fois de faire le réel ? Il dit, moi, il faut que je sois tout le temps prêt. On va rater des choses. Est-ce qu'on peut reconstituer ? Donc, il connaît ma réponse. En tout cas, ce qu'il y a, c'est qu'il y a beaucoup de noblesse dans l'amateurisme, notamment parce qu'il y a cette part d'authentique. Et ça, il ne faut pas travestir cette idée-là. C'est-à-dire qu'il faut être prêt, des fois, à la conserver. Parce que c'est vraiment très beau. D'ailleurs, il ne faut pas se leurrer dans des festivals d'aventure. Des fois, il y a des films qui marquent les gens parce qu'ils sont juste 100% authentiques, naturels, sincères. Et qu'en fait, ça touche au cœur des gens. Alors qu'il va y avoir une boîte de prod, pas toute bien entendu. Mais il y en a où des fois, justement, c'est très codifié. Quand vous commencez à vouloir démarcher un diffuseur, une chaîne télé, vous vous rendez compte que c'est ultra cadenassé. Par exemple, pour la prochaine aventure, j'avais contacté Arte. Et il m'a répondu... Votre documentaire est intéressant tout ça, mais nous ne pensons pas qu'il puisse correspondre à la chaîne du mardi soir entre 18 et 19 heures. Pourquoi ? Parce que là, sur cette chaîne, ce secteur-là, c'est ultra cadenassé. Et en fait, c'est un peu souvent comme ça. Donc voilà, il ne faut pas hésiter à faire. On en revient à ce qu'on disait, on part à l'aventure parce que c'est dans nos tripes, le projet qu'on va vouloir faire, qu'on veut initier. Il faut qu'il soit passionnel parce qu'à un moment donné, quand c'est difficile, c'est ça qui va vous faire tenir. C'est ça le principe de la motivation, ça va être la passion. le cœur, les tripes que vous allez y mettre. Et c'est ça qu'il va falloir retranscrire, et retranscrivez-le comme vous le désirez vous.

  • Speaker #1

    Ma question c'était aussi, par rapport aux réseaux sociaux, est-ce que toi tu fonctionnes comme ça dans l'immédiateté du quotidien, ou est-ce que tu dis je fais et je transmets après ?

  • Speaker #0

    Moi c'est plus cette deuxième version, parce que pour l'instant je suis encore un petit peu allergique aux réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Pour quelle raison ? Allergique ? Oui,

  • Speaker #0

    oui. Oui, c'est parce que je... En revanche, au niveau stratégie communicationnelle, c'est dément. Et même, au contraire, c'est une forme que moi, je n'arrive pas à m'accaparer. Mais dans la transmission de quelque chose, justement, on parle de l'instantanéité, il peut y avoir quelque chose de très frais. Donc ça peut être super. Moi, j'ai encore du mal. Je ne me retrouve pas dans ce mode-là. Donc pour l'instant, c'est quelque chose que je fais peu.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que cette obligation, parce que quand on part et qu'on... On va ramener quelque chose, donc ça nous crée une obligation de résultat.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça,

  • Speaker #1

    c'est pas quelque chose qui peut nuire aussi au plaisir du voyage, ou au plaisir de la spontanéité du voyage ? On a quand même en tête qu'il faut ramener des images, qu'il faut ramener... Est-ce que ça, c'est pas quelque chose de...

  • Speaker #0

    Moi je disais à ma femme que, je lui disais, j'aimerais tellement qu'en fait, à la prochaine aventure par exemple, je ne filme pas. Je trouve que c'est vraiment le plus contraignant, j'y reviens, mais le livre c'est plus, je trouve que c'est assez gérable, qu'est-ce que t'en penses ? Olivier, c'est assez gérable le livre, je trouve que c'est quelque chose que vraiment tu contrôles, t'es pas obligé d'écrire beaucoup le soir, tout ça. La vidéo c'est complexe.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu le fais alors ? Pourquoi tu ne le fais pas alors ? Ne pas filmer ?

  • Speaker #0

    Mais parce que... en même temps ça apporte une dimension supplémentaire notamment qui peut être aussi pédagogique, qui peut être toi tu peux avoir une intention qui est beaucoup plus large encore une fois tes supports de transmission ils ont ils touchent différentes personnes, ils ont différentes vertus ils ont, c'est différent qu'à nous ils sont assez complémentaires et donc en fonction de toi tes aspirations, je suis un ancien prof, c'est quelque chose qui m'est cher et donc j'aime ces supports là donc moi je vais faire des livrets pédagogiques en plus de ce que tu vois sur la... aventure. C'est encore un autre support. C'est encore différent. Mais parce que ça m'est cher.

  • Speaker #2

    J'ai suffisamment la chance de partir régulièrement pour m'aménager des voyages durant lesquels je vais... On va l'assumer comme ça. Pour profiter vraiment de l'instant présent. Je fais toujours de la photo parce que pour moi, le voyage et le vélo en particulier sont deux choses qui s'allient, qui se marient vraiment à merveille. Donc c'est un plaisir de le faire et je le vis absolument pas comme une contrainte.

  • Speaker #1

    Le vélo et la photo ?

  • Speaker #2

    Le vélo et la photo.

  • Speaker #1

    Oui, pas le voyage et le vélo.

  • Speaker #2

    Le vélo et la photo, pardon, excuse-moi. Et donc je le vis pas du tout comme une contrainte. Donc en permanence, je prends de la photo quel que soit mon objectif de voyage. Mais par contre, il m'arrive fréquemment de partir sans avoir tout le matériel. Parce que ça nécessite, on n'en a pas parlé aussi. Oui,

  • Speaker #1

    on a dit d'aller y venir. Voilà,

  • Speaker #2

    un tas de matériel à partir du moment où on veut prendre de la vidéo. Donc de... d'aller à l'essentiel et puis de me départir de cette charge à la fois matérielle et puis un peu mentale aussi d'avoir à rapporter quelque chose. Mais par contre, quand je m'implique dans un projet et que j'ai pris la décision de faire de la vidéo, j'essaye de m'y tenir sur la durée du voyage pour que ça soit cohérent et que je puisse raconter une histoire de A à Z en ayant capté au fur et à mesure des images qui me plaisent.

  • Speaker #1

    Et du coup, effectivement, tu parles du... Tu parles du matériel, bon c'est bon art en vélo, une remorque et puis ça roule,

  • Speaker #2

    j'exagère.

  • Speaker #1

    Mais à pied ça doit être une autre galère quand même.

  • Speaker #0

    Oui, comme tu le disais Olivier, maintenant on a la chance d'avoir une miniaturisation des équipements audiovisuels et en même temps d'un accès à une certaine qualité, des tarifs qui sont honnêtes. Donc on peut sortir de belles choses. Un tarif qui est pas mal et avec une certaine compacité, une bonne tenue de batterie. Mais oui, de toute manière, c'est compliqué. Enfin, ça alourdit vraiment ton sac à dos si tu es en sac à dos, mais même au niveau de tes sacoches. Enfin, c'est ça qui occupe de la place à de la nourriture. Enfin, ça te fait perdre de l'autonomie.

  • Speaker #1

    Mais quand tu regardes aujourd'hui le standard des films qui sont même présentés ici, l'usage du drone est omniprésent.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une valeur ajoutée, c'est certain.

  • Speaker #1

    Mais qui a un poids. Oui,

  • Speaker #0

    qui a un poids. Alors, il y a des modèles qui sont maintenant très compacts, qui tiennent dans la main. Mais oui, ça a un poids, notamment les batteries. C'est toujours pareil parce que tu n'en prends pas qu'une. Donc non, non, c'est certain qu'encore une fois, quand tu cherches à gagner un peu en qualité, tu as ton micro aussi. Il ne faut pas l'oublier. Et puis donc, voilà, son, image, batterie, drone, tout de suite, ça commence à faire.

  • Speaker #1

    Et où est-ce que se situe le compromis entre la qualité qu'on veut ramener et ce qu'on est en capacité d'assumer ? en poids, en difficultés techniques d'utilisation dues à ses compétences ou dues à l'environnement dans lequel on évolue ?

  • Speaker #0

    Ouf, ça c'est la vaste question.

  • Speaker #2

    Il faut que chacun place vraiment l'impurseur là où il le souhaite. C'est vrai qu'à partir du moment où on veut ramener un film de qualité, on aura tendance à penser qu'il faut du matériel de qualité, ce qui peut être vrai effectivement, mais il faut aussi partir du principe que, alors déjà il faut pouvoir le transporter. Et puis, il faut oser le sortir. J'ai constaté que moi, plus j'emmène de matériel, plus il reste au fond des sacoches. Et que parfois, la simplicité fait que je sors plus facilement mon smartphone pour capter une image sur le vif. L'image est peut-être un petit peu moins bonne que si j'avais sorti mon appareil photo, mais au moins, elle existe. Alors que l'appareil photo, ça demande une logistique un petit peu plus complexe pour la sortir. Donc, je pense que si on raisonne pour la très large majorité des gens, si on veut ramener... porter des souvenirs pour soi, pour éventuellement alimenter un petit peu les réseaux sociaux, ou même pour faire un petit film, quel que soit le support de diffusion, que ce soit dans le cadre d'un festival, ou sur YouTube ou autre, avec un smartphone et un peu de créativité, on peut arriver à faire des choses assez formidables aujourd'hui. Éventuellement avec une GoPro pour avoir des plans un peu immersifs et tout ça, mais la créativité peut largement remplacer une part de la qualité du matériel. À moins, effectivement, d'avoir des exigences techniques qui voudraient qu'on soit diffusé en télé, par exemple.

  • Speaker #1

    Non, mais là, on reste dans le cadre du voyage amateur et ce n'est pas péjoratif du tout.

  • Speaker #2

    Complètement,

  • Speaker #0

    oui. C'est vrai que ce qui est très important, c'est de pouvoir dégainer. Sur le terrain, c'est quelque chose qu'en fait... Dégainer. Oui, dégainer pour choper l'instantanéité. Être réactif. Voilà, notamment, tu parles de ton enfant ou même les animaux, tu vois. Ou la population. Tu rencontres des enfants qui jouent dans la rue. Tu vois quelque chose des fois de... qui sort de l'ordinaire quand tu traverses un village, etc. Et en plus, plus ton matériel est petit, et plus les gens l'acceptent. Si tu commences à sortir un attirail, les gens sont tout de suite, ça met un peu en recul. Donc la petitesse de ton matériel fait que du coup tu dégaines plus vite, tu le ranges plus facilement, il t'encombre moins, t'es plus mobile et ça met moins de distance avec les gens. Et t'as moins, c'est tout bête, mais t'as moins de réglages à faire. Alors certes, voilà, ton image a une moins bonne qualité, mais tu perds moins de temps. Du coup, toi, t'es moins extrait de ta réalité. Enfin, il y a un bel avantage à quelque chose qui se manie. Comme tu dis, le smartphone maintenant, en plus, ils sont imperméables. Tu peux faire de très belles choses. Tu as même des micro-déportés que tu mets dessus pour avoir une qualité de son un peu meilleure. Donc non, c'est un chouette outil, c'est certain.

  • Speaker #1

    Bon, on est bavard. Est-ce que vous avez des questions ? Donc toi, Willy, j'ai bien compris que les réseaux sociaux, tu ne partageais pas du tout durant tes voyages ou très peu.

  • Speaker #0

    Peu, ouais.

  • Speaker #1

    Toi, Olivier, un peu plus. Est-ce que... Le fait de partager sur les réseaux sociaux et ce système de récompenses que l'on sait qu'il existe sur les réseaux sociaux,

  • Speaker #0

    toutes les réactions des gens, j'aime, j'aime pas,

  • Speaker #2

    etc. Est-ce que ce genre de réaction peut modifier votre voyage ? Ou la modifier ?

  • Speaker #1

    Ou vous comporter différemment ?

  • Speaker #2

    Ou des choses comme ça ? Moi je pense qu'inconsciemment, la recherche de validation sociale doit jouer un rôle. Je veux pas me situer au-dessus de ces choses-là. Je pense qu'on est tous humains et que ça doit forcément avoir un impact. Après, j'essaye de départir de cette chose-là et de produire du contenu quand j'en ai envie. Mais je pense qu'effectivement, il y a peut-être une recherche de validation sociale. Après les réseaux sociaux, moi je suis à la fois critique et en même temps, je vois des aspects positifs aussi parce que ça permet de toucher une audience assez large. Ça permet de toucher aussi beaucoup de gens qui ont les mêmes centres d'intérêt que vous. Ça permet aussi de faire communauté quelque part. Moi, je sais que j'ai rencontré plein de monde ensuite dans la vie réelle par le biais des réseaux sociaux. Petite anecdote, par exemple, quelqu'un l'année dernière a organisé une sortie en famille et a contacté tous les voyageurs à vélo en famille. Tous, c'est beaucoup dire, mais en tout cas, ceux qui sont les plus actifs sur les réseaux sociaux. Et on s'est retrouvé à 40 à partir faire un trip dans la nature, à faire un bivouac géant avec tous les enfants au coin du feu. Des chamallows grillés et tout ça. Et ça, c'était par la magie des réseaux sociaux. Donc cette dimension, elle existe aussi, évidemment. Et il y a tout un tas d'effets peut-être un peu plus négatifs et qui vont faire qu'on va transformer son périple en une sorte d'égotrip à mettre en avant, une sorte de vitrine de moi-je. Oui, sans doute, effectivement, ça a sans doute un impact.

  • Speaker #1

    Mais tu y fais attention ?

  • Speaker #2

    J'essaie d'y faire attention dans la mesure du possible. Dans ce que je prends en conscience, peut-être qu'il y a plein de choses qui m'échappent et qu'effectivement, parfois je... Je formate mon message pour essayer de générer le plus de likes possible.

  • Speaker #1

    Justement, on voulait t'en parler. Et toi,

  • Speaker #0

    Willy ? Alors, ça soulève une question qui est... Enfin, un élément très important, c'est au moment où tu vas vouloir, peu importe la forme, faire un partage. C'est que l'œuvre que tu vas produire, que ce soit sur les réseaux, un livre, un film, tout ce que tu veux, ça va devenir quelque chose de public, et ça, il va falloir que tu acceptes les conséquences. C'est-à-dire que tu vas avoir des critiques bonnes, mauvaises, tu ne plais pas à tout le monde. Et ça, c'est quelque chose d'extrêmement important, notamment quand, je ne sais pas si toi, ça te l'a fait, quand tu écris ton premier livre, ce que tu as dedans, après, c'est écrit, c'est marqué dans la pierre, et on peut venir te chercher en disant, attention, tu as dit ça, je ne suis pas du tout d'accord avec toi, tu vois ce que je veux dire. Et ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment avoir à l'esprit. C'est que ce que vous allez produire, si vous le diffusez, ça devient quelque chose de public, les gens peuvent se l'accaparer. Et voilà. Donc, acceptez aussi le fait d'emblée que ça ne vous plaira pas à tout le monde, et vous allez voir. après ça passe crème.

  • Speaker #1

    Une autre question ? Oui bonjour, vous avez parlé d'écrire des histoires et d'anticiper et de se laisser surprendre alors moi je me pose la question quand vous écrivez l'histoire que sera le film comment ça se forme ? Est-ce que vous l'avez anticipé avant ? Est-ce que c'est au cours du voyage que vous vous dites mon film va aller plutôt dans cette direction ou alors j'aurais plutôt cet angle là ou est-ce qu'il y a aussi beaucoup une part d'invention de l'histoire au moment du montage ?

  • Speaker #2

    Alors, très très bonne question. Effectivement, est-ce qu'on peut anticiper, est-ce qu'on peut écrire une sorte de scénario en avance tout en sachant qu'on ne connaît pas le voyage, on ne sait pas ce qui va se passer. On peut effectivement à la base avoir une sorte de trame en fonction de ce qu'on a prévu tout en sachant que l'incertitude du voyage, tous les changements qui vont s'opérer au cours de route vont complètement modifier cette trame-là. Mais pour moi, ça se dessine plutôt pendant le voyage. Et ensuite, au cours du montage, une fois de retour à la maison, je fais le point sur l'ensemble des rushs que j'ai pu récupérer. J'essaye de trier un petit peu les différents types de scènes que j'ai, les sonores, les interviews, les moments où il se passe réellement quelque chose à vélo, les ennuis mécaniques. J'essaye de faire ce tri-là. Ensuite, en restant fidèle à ce qui s'est passé, bien entendu, pendant le voyage, je vais essayer de trouver un processus narratif. pour raconter tout ça. Mais c'est pas facile du tout parce que, contrairement à quelqu'un qui tourne un film de cinéma, avec un scénario clairement établi, où on fait ça c'est la scène 1, elle va se placer à tel endroit et bien ensuite on va avoir une sorte de puzzle qui est déjà préétabli. Là, il va falloir faire un travail de narration pour arriver à lier toutes ces images-là tout en restant fidèle à la réalité. Donc voilà, il faut y mettre beaucoup de soie, je pense.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on est... Est-ce qu'on reste réellement fidèle à la réalité de ce qu'on a vécu ? Ou est-ce qu'au retour, il n'y a pas le risque de l'idéaliser quand même en essayant de... de montrer la part la plus belle et pas...

  • Speaker #2

    Oui, oui, alors ça, bien entendu, effectivement. C'est vrai qu'après, on reste le maître de son film et on peut forcément... Je pense qu'on a déjà forcément un biais par rapport à ce qu'on a vécu. Et moi, il y a une expérience qui m'a marqué, c'est qu'avec Adeline, ma compagne, on prend chacun, on a ce petit rituel quotidien, on prend des notes chaque soir. Et on a vécu la même journée. En particulier quand on était en Afrique, on était sur le même tandem, séparés de quelques centimètres. Et on voit pas du tout la même chose. On n'a pas du tout les mêmes souvenirs. Et même sur des scènes qui, a priori, ne pourraient pas prêter à discussion. On n'a pas vu exactement les choses de la même couleur, on n'a pas entendu les mêmes choses, on n'a pas ressenti les mêmes émotions. Et ça c'est normal, on a chacun sa propre sensibilité. Donc je pense qu'après, dans la façon de restituer les choses, sans forcément s'éloigner de la réalité, en fonction de tous les biais... cognitifs qu'on peut avoir en fonction d'altération de ses souvenirs, en fonction de la façon dont le cerveau va avoir classé tous ces instants-là, on va restituer la chose d'une certaine façon. Si quelqu'un qui vous avait accompagné avait fait son propre film, je pense que la réalité aurait été un peu différente.

  • Speaker #1

    Enfin, en même temps, en tandem, il y en a un qui voit quand même beaucoup le dos de l'autre.

  • Speaker #2

    Exactement, surtout que lors de ce périple, j'avais deux t-shirts, un bleu et un gris, et pour seul horizon pendant 18 mois, effectivement, c'était assez limité.

  • Speaker #0

    Alors, Tout à fait. Ce qui est certain, c'est que, parce que c'est tout bête, mais vous quand vous regardez un documentaire, si le documentaire n'a pas une structure narrative, vous allez vous ennuyer. Ça, c'est une certitude en fait. D'accord ? Donc, il en faut une. Donc, tout réalisateur, producteur, documentariste vous dira, mais en fait, un documentaire, ça, c'est écrit. Et on voit la différence entre un documentaire qui n'est pas écrit et un documentaire qui est écrit. Ça, c'est une réalité. Maintenant, donc oui, moi, je vous invite. Normalement, il faut écrire son documentaire parce que notamment, on a un message. Qu'est-ce qu'on veut dire ? dans notre documentaire, qu'est-ce qu'on veut partager au champ, qu'est-ce qu'on veut qu'il retienne. Et donc ce message, il faut le raconter. C'est-à-dire qu'il y a un début, il y a quelque chose qui se forme avec l'aventure et ce qui fait qu'on arrive à notre message. Donc ça, il faut qu'il soit écrit. Toutefois, l'aventure n'est plus une aventure si en fait, vous voulez figer votre aventure à votre histoire. Ça reste l'aventure avant tout. C'est un documentaire d'aventure. Donc ce qui est compliqué, c'est qu'à la fois il va falloir qu'on raconte quelque chose, qu'on arrive à notre message, mais c'est l'aventure qui prime. Et donc si l'aventure doit changer la narration, il faut l'accepter. Et à un moment donné, il faut changer son fusil d'épaule et on s'adapte. Mais en fait, c'est l'aventure avant tout.

  • Speaker #1

    Et c'est toujours vous qui faites le montage parce que c'est un énorme travail de montage. Ou est-ce que vous le confiez parfois ?

  • Speaker #2

    Oui, alors moi, ça reste vraiment très artisanal. Donc je fais l'accapitation, la prise de vue et le montage. Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est bien fait. C'est artisanal,

  • Speaker #2

    mais bien fait. Si tu as ressenti ces émotions et si j'ai pu que...

  • Speaker #0

    transmettre tout ça effectivement j'ai atteint mon objectif et toi willy tu le fais tu fais tout toi pareil je fais beaucoup aussi pour des raisons financières premièrement deuxièmement c'est vrai qu'il ya aussi dans non mais en fait j'ai envie de raconter ça et mais il ya mais pas toujours et parce qu'en fait il ya un intérêt aussi à ce que des fois ce soit d'autres personnes qui montent pour éviter justement les biais cognitifs dont on parle et en fait ne serait-ce que d'échanger en tout cas de se faire conseiller c'est qu'en fait tu dis ah oui par exemple lui va te dire mais attends tu parles de l'aventure d'accord mais Mais ce qui est intéressant, je ne comprends pas pourquoi est-ce que tu as eu, des fois on a des sujets entre guillemets très particuliers. Par exemple, je reprends Mélusine Malander, je vais aller voir les femmes dans le monde, je vais leur demander pour elles c'est quoi la définition de la liberté. Comment t'es venue cette idée ? Et des fois c'est l'émergence de l'idée aussi qui est intéressante. Et nous on se dit, ah bah oui tiens, j'avais pas vu ça comme ça. Et donc il y a une multitude de richesses dans notre aventure et le regard extérieur permet des fois de les extraire. Et donc c'est intéressant en tout cas de confronter notre aventure au regard des autres. Avant d'écrire, avant de produire, pour se dire en effet, il y a peut-être quelque chose d'intéressant que je n'avais pas vu. Oui. Sinon, très brièvement, je pense qu'on peut aborder un point qui est un peu intéressant. Je vais le faire très bref. Tu as parlé évidemment des réseaux sociaux, tout ça. Et en ce moment, c'est d'actualité. Il y a un problème qui surgit, c'est la fameuse photo Instagramable. C'est-à-dire, je suis quelque part, je la poste. Si j'ai un grand compte, c'est génial, je veux y aller. Et en fait, du coup… certains endroits du monde maintenant, il y a une surfréquentation touristique qui s'est développée avec ces fameux photos instagrammables et dans le milieu de l'aventure, tu me confirmes ou pas, mais on est en train des fois de se poser la question, est-ce que je partage le lieu sur lequel je prends ma photo ? C'est tout bête, mais par exemple, il y a eu l'expérience des gorges du Todra dans le Maroc, c'était complètement perdu, et puis il y a un grimpeur de haut niveau qui est arrivé et qui a fait quelque chose de fantastique et en fait tout le monde s'est dit waouh, mais c'est juste dingue cette vallée ! Et au début, ça a été les experts qui sont venus, puis les moins experts. Mais en fait, ce qu'il y a, c'est que l'afflux de touristes est plus rapide que l'aménagement. Et la population le veut-elle ? Et en fait, c'est ce problème de surfréquentation, de rapidité de la fréquentation touristique qui, des fois, peut un peu tuer, casser cet espace-là. Donc, il y a aussi, selon notre degré de médiatisation, j'en suis pas là, mais en tout cas, il faut des fois savoir garder la mesure.

  • Speaker #1

    Du coup, comme nous approchons de la fin, j'aurais aimé que vous puissiez présenter chacun les ouvrages que vous nous avez emmenés là, rapidement, Olivier.

  • Speaker #0

    Alors oui, moi j'en ai deux. Alors j'ai le récit de notre aventure en Amérique du Nord en famille qui s'appelle Promaru, donc qui relate notre expérience à travers les montagnes rocheuses, 4700 kilomètres sur un itinéraire de montagne, on est tout le temps entre 2000 et 3600 mètres, 90% de pistes, et ensuite le reste de notre aventure donc en Californie autour du Yucatan et du Chiapas, et puis pour finir à Cuba, un an de voyage en famille au total. Puis j'ai un deuxième ouvrage...

  • Speaker #1

    Donc, excuse-moi, tech... texte, photo exactement,

  • Speaker #0

    je l'ai voulu un petit peu sous la forme d'un magazine donc il y a des récits très personnels des photos et puis un aspect un petit peu plus pratique avec des informations sur comment s'équiper pour partir avec un bébé des questions comment choisir son itinéraire quel type de sacoche, quel matériel c'est un complément au film et le second qui s'appelle A Vélo en Europe Là, c'est une sélection d'itinéraires, 30 itinéraires en Europe. Alors, il vient après un premier volume qui s'appelait À vélo, tout court qui était une sélection de 50 itinéraires uniquement en France, publié chez Gallimard. Et celui-ci, c'est le même concept, mais à l'échelle de l'Europe entière. On est plusieurs co-auteurs parce que, autant en France, j'avais l'expérience suffisante pour traiter l'ensemble du territoire, à l'échelle de l'Europe, j'ai dû faire appel à des petits camarades. Et ça se présente toujours de la même façon. Il y a une partie récit, inspiration. Donc l'idée, c'est de vous... vous donner vraiment envie de partir. Et puis après, encore une partie pratique avec une carte, avec un QR code pour retrouver la carte GPX et pouvoir passer du bouquin au terrain.

  • Speaker #1

    Un itinéraire au long cours.

  • Speaker #0

    Ce sont des itinéraires qui peuvent être réalisables entre une semaine et à peu près un mois et demi, deux mois environ.

  • Speaker #1

    D'accord. Et toi, Willy ?

  • Speaker #2

    Et donc, moi, je suis venu avec Anecdotes aventureuses, qui donc n'est pas un récit d'aventure jour 1, jour 2, jour 3. mais qui sont des extraits choisis, des anecdotes de voyages qui, évidemment, sont regroupés par thématique, par voyage, et qui peuvent se lire, évidemment, comme une histoire complète. Donc, ça relate mes expéditions entre 2003 et 2015. Donc, on voyage à travers ma traversée en solitaire dans le désert d'Atacama, le plus arrêté du monde. Il y a aussi la traversée de l'Écosse en hivernale.

  • Speaker #1

    C'était ta première, la traversée de l'Écosse ?

  • Speaker #2

    C'était ça, en 2003, tout à fait.

  • Speaker #1

    Avec pas mal de questions.

  • Speaker #2

    C'était l'initiatique, exactement.

  • Speaker #1

    Et ce n'était pas ça que tu étais parti faire au départ ?

  • Speaker #2

    Non, pas du tout. Parce qu'une aventure, c'est tout en six pieds pour finalement improviser. Exactement.

  • Speaker #1

    Non, mais dis-le.

  • Speaker #2

    Ce n'était pas du tout passé comme ça. Alors, au départ, c'était 700 kilomètres à travers le désert en autonomie avec deux lamas. Et puis, je suis arrivé sur place, évidemment, pour la faire très courte. Les lamas n'étaient pas domestiqués. Ils étaient semi-sauvages. J'ai pris cinq jours pour les dresser, etc. Et puis, j'ai eu le bonheur d'avoir la bénédiction de la Pachamama la veille par les habitants du village. On a fait une énorme fête.

  • Speaker #1

    C'est ça qui a réussi.

  • Speaker #2

    Et ça, c'était fantastique. Mais du coup, moi qui ne bois jamais, j'ai été complètement plié. Et en fait, on a été déconné avec les lamas. On a mal fermé. Et puis, les lamas se sont échappés pendant la nuit. Et du coup, je me suis retrouvé à faire un peu plus de 300 kilomètres avec 45 kilos sur le dos. Voilà.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas pour ramener des images. Je rigole.

  • Speaker #2

    Même pas. En plus, tout ça pour ramener en tout cas un livre. Et donc, il y a cette traversée du Chili, du désert d'Atacama. Puis, il y a la traversée des Highlands écossais en hivernale pour observer la... La survivance des légendes celtes.

  • Speaker #1

    Je le conseille vraiment ça.

  • Speaker #2

    Et il y a la traversée de la Nouvelle-Zélande. Voilà. Donc ça pareil sur plusieurs mois. Notamment toute la partie sud à travers la forêt primaire ou là complètement en dehors des sentiers. Et qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Les toits de l'Europe. Les toits de l'Europe. Il y a un documentaire qui avait été dessus. Tout à fait. Donc on avait été faire un documentaire pour observer la différence entre la voie normale du Mont Blanc et la voie normale de l'Elbrousse qui est le vrai toit de l'Europe qui se trouve du coup... en Russie, dans le Caucase russe. Au niveau des plaques continentales, c'est le vrai doigt de l'Europe et au niveau géopolitique, c'est évidemment le Mont-Blanc. Donc voilà, on a été faire un documentaire là-dessus, il y a le récit. Et puis il y a aussi des tribulations françaises. Des anecdotes de ce qui se passe en France parce que, évidemment, comme on le disait, la micro-aventure est derrière la porte de chez Sevoir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Donc ces trois livres sont consultables et on peut discuter avec les auteurs sur... place du 14 juillet sur le Salon des auteurs. Il ne me reste qu'à vous remercier beaucoup d'être venu, puis d'avoir partagé votre expérience.

  • Speaker #2

    Merci à toi, bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, merci à tous.

  • Speaker #1

    Peut-être que ça va donner envie de faire des images.

  • Speaker #2

    On espère, c'est clair.

  • Speaker #1

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #3

    C'était la Blabla Halt de la Joyeuse Escale. Retrouvez ce programme tous les jours sur Allo la planète à 11h et à 16h jusqu'au 21 mai.

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