Comment développer l’esprit d’équipage dans son organisation ?
Amiral et ancien Directeur de l’École de Guerre, Loïc Finaz partage aujourd’hui l’expérience qu’il a acquise dans la marine en matière de leadership et de management.
Une fois n’est pas coutume, commençons cet épisode par un petit cours d’histoire avant d'aborder la notion de leadership. Dans La guerre du Péloponnèse, Thucydide relate l’épisode du Dialogue mélien qui vit Athènes utiliser sa puissance pour soumettre et détruire la petite cité pacifique de Mélos, en affirmant : « La justice n'entre en ligne de compte dans le raisonnement des hommes que si les forces sont égales de part et d'autre ; dans le cas contraire, les forts exercent leur pouvoir et les faibles doivent leur céder. » Pour Loïc Finaz, cet épisode résume la nature des rapports de force à toutes les échelles. « Le monde est régi par l’ordre mélien. »
Pour autant, la force ne peut pas tout, notamment lorsqu’il s’agit de conduire des Hommes au quotidien. La performance passe alors avant tout par une toute autre philosophie : l’esprit d’équipage, utilisé par les marins et qui fonctionne à tous les étages.
L’amiral définit cet esprit de groupe par 7 associations de qualités portées par l’organisation et le chef :
Autonomie et solidarité sont deux valeurs qui rendent possible l’esprit d’initiative. Cela repose en partie sur le droit à l’erreur.
Fonctions et Responsabilité : « Lorsque je commandais un bateau de guerre, au moment de rentrer au port le barreur avait la même responsabilité que moi pour réussir la manoeuvre. Si nous avons tous des fonctions différentes, nous portons tous la même responsabilité », affirme l’amiral.
Hiérarchie et participation. « Nous n’obéissons pas à un ordre parce qu’on nous l’a donné mais parce que l’on a confiance en celui qui nous l’a donné. » La hiérarchie ne peut fonctionner sans confiance, et la confiance s’obtient grâce à la participation.
Exigence et bienveillance. Ces deux qualités qui semblent contradictoires n’en sont pas moins complémentaires. « Si vous n’êtes pas exigent, vous ne bâtirez rien, surtout lorsque c’est difficile. Mais si vous n’êtes pas bienveillant, vous ne construirez rien dans la durée, et même vous détruirez tout. »
Culture et énergie. L’énergie est la première qualité du chef. « C’est à partir de l’énergie du chef que les choses se mettent en place. Le vainqueur n’est pas toujours le plus grand ou le plus fort. C’est le plus endurant. » Cependant, l’énergie seule ne suffit pas pour construire sur du long terme. La culture apporte un cap au capitaine pour savoir où aller et où ne pas aller.
Intelligence et courage sont inséparables. L’érudit comprend les enjeux, le brave relève les défis malgré les enjeux. « Dans la vie généralement, on ne choisit pas la bonne décision, on choisit la moins mauvaise, rappelle l’ancien Directeur de l’Ecole de Guerre. C’est ça, le courage. »
Parole et temps. « La parole est l’acte emblématique du chef. L’énergie se propage par la parole et par l’exemple. »
Pour conclure cet épisode, Loïc Finaz adresse un conseil aux dirigeants : « Être chef c’est l’une des plus belles manière d’aider les autres. Ces hommes et femmes que l’on vous a confiés, le plus important c’est de les aimer. »
Le Micro des Argonautes est un podcast proposé par le MEDEF Lille Métropole et la Caisse d’Épargne Hauts-de-France.
Réalisation : César Defoort | Natif.
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