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RezéVox

Histoire de fouilles par Marie-Laure

Histoire de fouilles par Marie-Laure

06min |21/11/2024
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Histoire de fouilles par Marie-Laure

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Description

C’est en face de l’Hôtel de Ville, sur le site du futur Carré Daviais, que l’archéologue Marie-Laure Hervé-Monteil et ses équipes mènent des fouilles d’envergure. À cet endroit, ils ont déjà découvert une centaine de sépultures et des vestiges antiques, marquant ainsi une nouvelle étape dans la connaissance du port de Ratiatum. 

"Mon métier, c'est comme ouvrir un cadeau chaque jour", confie-t-elle, évoquant la surprise et l'émotion, toujours intactes, quand elle met au jour des vestiges datant de plusieurs centaines d’années. Rencontre avec une passionnée, férue d’histoire et d’archéologie depuis l’adolescence.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On est en face de la mairie de Rezé, on arrive sur le futur Carré Daviais et on doit rencontrer Marie-Laure, l'archéologue qui travaille sur les fouilles, sur le site. Bonjour, vous êtes Marie-Laure ? Enchanté, Jordi.

  • Speaker #1

    Chaque chantier a ses petits bonheurs. Mais il est vrai que le plus beau chantier que j'ai fait à l'heure actuelle, il se trouve effectivement à Rezé.

  • Speaker #0

    Vous écoutez Rezévox, le podcast de la ville de Rezé. Chaque mois, nous allons à la rencontre de femmes et d'hommes qui agissent, inventent, témoignent sur leur parcours, sur des faits ou sur des façons de faire dans notre territoire.

  • Speaker #1

    Bonjour, moi c'est Marie-Laure Hervé-Monteil et je suis archéologue à l'INRAP.

  • Speaker #0

    Quand vous êtes venue ici, vous saviez déjà, quand vous avez commencé, que vous aviez des choses à trouver ?

  • Speaker #1

    Oui, déjà parce qu'on est à Rezé et puis de toute façon, avant toute opération de fouilles, il y a une opération qui s'appelle "diagnostic" et qui est en fait la première phase pour savoir s'il y a des vestiges ou non archéologiques sur une parcelle qui va être construite, où il va y avoir des travaux. Donc le sous-sol va être détruit. On vient dans un premier temps avec une pelle mécanique pour faire des sondages. On fait des tranchées dans le sol et on regarde s'il y a des vestiges ou s'il n'y a pas de vestiges. Donc dans le cas présent, il y a eu un diagnostic que Nantes Métropole a fait et dans leurs tranchées, ils ont vu qu'il y avait des sépultures, des tombes et également des vestiges antiques.

  • Speaker #0

    Et ce n'est pas une surprise pour vous qu'on trouve tout ça ici ?

  • Speaker #1

    Non, parce qu'on est à Rezé. Et Rezé est une grosse agglomération antique. Dans la ligne qui se trouve le long de l'actuelle 4 voies, on sait qu'on va trouver des vestiges archéologiques, puisque c'était un ancien port antique.

  • Speaker #0

    J'ai un squelette juste devant moi, qui me regarde un peu. Enfin, qui ne me regarde plus. Donc ça, vous en avez découvert plus d'une centaine, des comme ça. Aussi bien préservés ?

  • Speaker #1

    Oui, alors aussi bien préservées, pas forcément, parce que comme on est dans un cimetière qui a duré sur le long temps, en fait, il y a certaines tombes qui sont venues perturber les tombes antérieures, etc. Donc, quelques fois, elles sont un peu perturbées. Là, ici, on a un adulte, il est super bien conservé, on a vraiment tous les ossements en place, mais on a également des bébés... On a vraiment toute la population. On n'a pas pu les dater précisément puisque en fait actuellement on a que le squelette. Ils ne sont pas accompagnés ni de bijoux ni de céramiques qui pourraient les dater. La seule chose que l'on sait c'est qu'ils sont antérieurs aux années 1830, ça c'est sûr, parce que sur le cadastre napoléonien il y avait des maisons à cet emplacement là, donc c'est sûr qu'il n'y avait pas de cimetière. Et comme on a quelques sarcophages, on a quelques indices. Elles pourraient en fait être à partir du VIe siècle et jusqu'au peut-être XVIe siècle. Ceux-là, ils sont du Moyen-Âge, Moyen-Âge au sens large. Alors ce qui est curieux à Rezé, c'est qu'on a les morts, mais on ne sait pas trop où ils vivaient et dans quoi ils vivaient. Donc les données principales qu'on a sur les gens qui vivaient du VIe siècle au XVIe siècle, c'est les sépultures en fait. Et c'est super, oui, parce que les modes d'inhumation, leur état sanitaire, etc. On va apprendre beaucoup de choses sur eux, évidemment. Pour le cas présent, donc là, il est dégagé. Donc on a enlevé toute la terre qui recouvrait ces ossements. Dans un deuxième temps, on va faire toutes les observations sur place, c'est-à-dire qu'il va y avoir couverture photographique, topographique, etc. Et ensuite, on va le prélever en le démontant. proprement, en le mettant dans des petits sacs, bien numérotés, bien identifiés. Et ensuite, on va l'amener en laboratoire à une spécialiste anthropologue, archéo-anthropologue. Ensuite, on va les laver soigneusement et on va regarder dans le détail l'état des ossements pour éventuellement détecter des maladies, voir s'il s'agit d'une femme, d'un homme, etc. Déterminer son âge, son sexe, etc.

  • Speaker #0

    Et du coup, dater précisément aussi ?

  • Speaker #1

    Et dater, après on va prélever une partie des ossements et on va les envoyer en laboratoire. Et c'est ça qui va nous permettre de les dater. Chaque chantier a ses petits bonheurs, mais il est vrai que le plus beau chantier que j'ai fait à l'heure actuelle, il se trouve effectivement à Rezé. Et c'est le dernier que j'ai fait, c'est Avenue De Lattre de Tassigny, donc sous les immeubles nouvellement construits, une partie de la suite du port antique. Et ça c'était exceptionnel parce qu'on avait les poutres en bois conservées et ça c'est extrêmement rare en fait. Dans ma vie d'archéologue, c'était la première fois que j'avais l'occasion de toucher du bois qui avait 2000 ans, d'observer les modes de construction d'il y a 2000 ans, tenons, mortaises, les marques de charpentiers, les marques de haches, etc. Et ça, j'avoue que c'était très très beau et assez impressionnant. Le rêve vraiment ultime ? Alors on me donne une maison à Pompéi, mais une maison de petites gens, je n'ai pas besoin d'une maison vraiment de riches, une petite maison et on me la laisse fouiller du plafond au sol. Ça me plairait vraiment.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Rezévox. On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle rencontre.

Description

C’est en face de l’Hôtel de Ville, sur le site du futur Carré Daviais, que l’archéologue Marie-Laure Hervé-Monteil et ses équipes mènent des fouilles d’envergure. À cet endroit, ils ont déjà découvert une centaine de sépultures et des vestiges antiques, marquant ainsi une nouvelle étape dans la connaissance du port de Ratiatum. 

"Mon métier, c'est comme ouvrir un cadeau chaque jour", confie-t-elle, évoquant la surprise et l'émotion, toujours intactes, quand elle met au jour des vestiges datant de plusieurs centaines d’années. Rencontre avec une passionnée, férue d’histoire et d’archéologie depuis l’adolescence.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On est en face de la mairie de Rezé, on arrive sur le futur Carré Daviais et on doit rencontrer Marie-Laure, l'archéologue qui travaille sur les fouilles, sur le site. Bonjour, vous êtes Marie-Laure ? Enchanté, Jordi.

  • Speaker #1

    Chaque chantier a ses petits bonheurs. Mais il est vrai que le plus beau chantier que j'ai fait à l'heure actuelle, il se trouve effectivement à Rezé.

  • Speaker #0

    Vous écoutez Rezévox, le podcast de la ville de Rezé. Chaque mois, nous allons à la rencontre de femmes et d'hommes qui agissent, inventent, témoignent sur leur parcours, sur des faits ou sur des façons de faire dans notre territoire.

  • Speaker #1

    Bonjour, moi c'est Marie-Laure Hervé-Monteil et je suis archéologue à l'INRAP.

  • Speaker #0

    Quand vous êtes venue ici, vous saviez déjà, quand vous avez commencé, que vous aviez des choses à trouver ?

  • Speaker #1

    Oui, déjà parce qu'on est à Rezé et puis de toute façon, avant toute opération de fouilles, il y a une opération qui s'appelle "diagnostic" et qui est en fait la première phase pour savoir s'il y a des vestiges ou non archéologiques sur une parcelle qui va être construite, où il va y avoir des travaux. Donc le sous-sol va être détruit. On vient dans un premier temps avec une pelle mécanique pour faire des sondages. On fait des tranchées dans le sol et on regarde s'il y a des vestiges ou s'il n'y a pas de vestiges. Donc dans le cas présent, il y a eu un diagnostic que Nantes Métropole a fait et dans leurs tranchées, ils ont vu qu'il y avait des sépultures, des tombes et également des vestiges antiques.

  • Speaker #0

    Et ce n'est pas une surprise pour vous qu'on trouve tout ça ici ?

  • Speaker #1

    Non, parce qu'on est à Rezé. Et Rezé est une grosse agglomération antique. Dans la ligne qui se trouve le long de l'actuelle 4 voies, on sait qu'on va trouver des vestiges archéologiques, puisque c'était un ancien port antique.

  • Speaker #0

    J'ai un squelette juste devant moi, qui me regarde un peu. Enfin, qui ne me regarde plus. Donc ça, vous en avez découvert plus d'une centaine, des comme ça. Aussi bien préservés ?

  • Speaker #1

    Oui, alors aussi bien préservées, pas forcément, parce que comme on est dans un cimetière qui a duré sur le long temps, en fait, il y a certaines tombes qui sont venues perturber les tombes antérieures, etc. Donc, quelques fois, elles sont un peu perturbées. Là, ici, on a un adulte, il est super bien conservé, on a vraiment tous les ossements en place, mais on a également des bébés... On a vraiment toute la population. On n'a pas pu les dater précisément puisque en fait actuellement on a que le squelette. Ils ne sont pas accompagnés ni de bijoux ni de céramiques qui pourraient les dater. La seule chose que l'on sait c'est qu'ils sont antérieurs aux années 1830, ça c'est sûr, parce que sur le cadastre napoléonien il y avait des maisons à cet emplacement là, donc c'est sûr qu'il n'y avait pas de cimetière. Et comme on a quelques sarcophages, on a quelques indices. Elles pourraient en fait être à partir du VIe siècle et jusqu'au peut-être XVIe siècle. Ceux-là, ils sont du Moyen-Âge, Moyen-Âge au sens large. Alors ce qui est curieux à Rezé, c'est qu'on a les morts, mais on ne sait pas trop où ils vivaient et dans quoi ils vivaient. Donc les données principales qu'on a sur les gens qui vivaient du VIe siècle au XVIe siècle, c'est les sépultures en fait. Et c'est super, oui, parce que les modes d'inhumation, leur état sanitaire, etc. On va apprendre beaucoup de choses sur eux, évidemment. Pour le cas présent, donc là, il est dégagé. Donc on a enlevé toute la terre qui recouvrait ces ossements. Dans un deuxième temps, on va faire toutes les observations sur place, c'est-à-dire qu'il va y avoir couverture photographique, topographique, etc. Et ensuite, on va le prélever en le démontant. proprement, en le mettant dans des petits sacs, bien numérotés, bien identifiés. Et ensuite, on va l'amener en laboratoire à une spécialiste anthropologue, archéo-anthropologue. Ensuite, on va les laver soigneusement et on va regarder dans le détail l'état des ossements pour éventuellement détecter des maladies, voir s'il s'agit d'une femme, d'un homme, etc. Déterminer son âge, son sexe, etc.

  • Speaker #0

    Et du coup, dater précisément aussi ?

  • Speaker #1

    Et dater, après on va prélever une partie des ossements et on va les envoyer en laboratoire. Et c'est ça qui va nous permettre de les dater. Chaque chantier a ses petits bonheurs, mais il est vrai que le plus beau chantier que j'ai fait à l'heure actuelle, il se trouve effectivement à Rezé. Et c'est le dernier que j'ai fait, c'est Avenue De Lattre de Tassigny, donc sous les immeubles nouvellement construits, une partie de la suite du port antique. Et ça c'était exceptionnel parce qu'on avait les poutres en bois conservées et ça c'est extrêmement rare en fait. Dans ma vie d'archéologue, c'était la première fois que j'avais l'occasion de toucher du bois qui avait 2000 ans, d'observer les modes de construction d'il y a 2000 ans, tenons, mortaises, les marques de charpentiers, les marques de haches, etc. Et ça, j'avoue que c'était très très beau et assez impressionnant. Le rêve vraiment ultime ? Alors on me donne une maison à Pompéi, mais une maison de petites gens, je n'ai pas besoin d'une maison vraiment de riches, une petite maison et on me la laisse fouiller du plafond au sol. Ça me plairait vraiment.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Rezévox. On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle rencontre.

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Description

C’est en face de l’Hôtel de Ville, sur le site du futur Carré Daviais, que l’archéologue Marie-Laure Hervé-Monteil et ses équipes mènent des fouilles d’envergure. À cet endroit, ils ont déjà découvert une centaine de sépultures et des vestiges antiques, marquant ainsi une nouvelle étape dans la connaissance du port de Ratiatum. 

"Mon métier, c'est comme ouvrir un cadeau chaque jour", confie-t-elle, évoquant la surprise et l'émotion, toujours intactes, quand elle met au jour des vestiges datant de plusieurs centaines d’années. Rencontre avec une passionnée, férue d’histoire et d’archéologie depuis l’adolescence.


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Transcription

  • Speaker #0

    On est en face de la mairie de Rezé, on arrive sur le futur Carré Daviais et on doit rencontrer Marie-Laure, l'archéologue qui travaille sur les fouilles, sur le site. Bonjour, vous êtes Marie-Laure ? Enchanté, Jordi.

  • Speaker #1

    Chaque chantier a ses petits bonheurs. Mais il est vrai que le plus beau chantier que j'ai fait à l'heure actuelle, il se trouve effectivement à Rezé.

  • Speaker #0

    Vous écoutez Rezévox, le podcast de la ville de Rezé. Chaque mois, nous allons à la rencontre de femmes et d'hommes qui agissent, inventent, témoignent sur leur parcours, sur des faits ou sur des façons de faire dans notre territoire.

  • Speaker #1

    Bonjour, moi c'est Marie-Laure Hervé-Monteil et je suis archéologue à l'INRAP.

  • Speaker #0

    Quand vous êtes venue ici, vous saviez déjà, quand vous avez commencé, que vous aviez des choses à trouver ?

  • Speaker #1

    Oui, déjà parce qu'on est à Rezé et puis de toute façon, avant toute opération de fouilles, il y a une opération qui s'appelle "diagnostic" et qui est en fait la première phase pour savoir s'il y a des vestiges ou non archéologiques sur une parcelle qui va être construite, où il va y avoir des travaux. Donc le sous-sol va être détruit. On vient dans un premier temps avec une pelle mécanique pour faire des sondages. On fait des tranchées dans le sol et on regarde s'il y a des vestiges ou s'il n'y a pas de vestiges. Donc dans le cas présent, il y a eu un diagnostic que Nantes Métropole a fait et dans leurs tranchées, ils ont vu qu'il y avait des sépultures, des tombes et également des vestiges antiques.

  • Speaker #0

    Et ce n'est pas une surprise pour vous qu'on trouve tout ça ici ?

  • Speaker #1

    Non, parce qu'on est à Rezé. Et Rezé est une grosse agglomération antique. Dans la ligne qui se trouve le long de l'actuelle 4 voies, on sait qu'on va trouver des vestiges archéologiques, puisque c'était un ancien port antique.

  • Speaker #0

    J'ai un squelette juste devant moi, qui me regarde un peu. Enfin, qui ne me regarde plus. Donc ça, vous en avez découvert plus d'une centaine, des comme ça. Aussi bien préservés ?

  • Speaker #1

    Oui, alors aussi bien préservées, pas forcément, parce que comme on est dans un cimetière qui a duré sur le long temps, en fait, il y a certaines tombes qui sont venues perturber les tombes antérieures, etc. Donc, quelques fois, elles sont un peu perturbées. Là, ici, on a un adulte, il est super bien conservé, on a vraiment tous les ossements en place, mais on a également des bébés... On a vraiment toute la population. On n'a pas pu les dater précisément puisque en fait actuellement on a que le squelette. Ils ne sont pas accompagnés ni de bijoux ni de céramiques qui pourraient les dater. La seule chose que l'on sait c'est qu'ils sont antérieurs aux années 1830, ça c'est sûr, parce que sur le cadastre napoléonien il y avait des maisons à cet emplacement là, donc c'est sûr qu'il n'y avait pas de cimetière. Et comme on a quelques sarcophages, on a quelques indices. Elles pourraient en fait être à partir du VIe siècle et jusqu'au peut-être XVIe siècle. Ceux-là, ils sont du Moyen-Âge, Moyen-Âge au sens large. Alors ce qui est curieux à Rezé, c'est qu'on a les morts, mais on ne sait pas trop où ils vivaient et dans quoi ils vivaient. Donc les données principales qu'on a sur les gens qui vivaient du VIe siècle au XVIe siècle, c'est les sépultures en fait. Et c'est super, oui, parce que les modes d'inhumation, leur état sanitaire, etc. On va apprendre beaucoup de choses sur eux, évidemment. Pour le cas présent, donc là, il est dégagé. Donc on a enlevé toute la terre qui recouvrait ces ossements. Dans un deuxième temps, on va faire toutes les observations sur place, c'est-à-dire qu'il va y avoir couverture photographique, topographique, etc. Et ensuite, on va le prélever en le démontant. proprement, en le mettant dans des petits sacs, bien numérotés, bien identifiés. Et ensuite, on va l'amener en laboratoire à une spécialiste anthropologue, archéo-anthropologue. Ensuite, on va les laver soigneusement et on va regarder dans le détail l'état des ossements pour éventuellement détecter des maladies, voir s'il s'agit d'une femme, d'un homme, etc. Déterminer son âge, son sexe, etc.

  • Speaker #0

    Et du coup, dater précisément aussi ?

  • Speaker #1

    Et dater, après on va prélever une partie des ossements et on va les envoyer en laboratoire. Et c'est ça qui va nous permettre de les dater. Chaque chantier a ses petits bonheurs, mais il est vrai que le plus beau chantier que j'ai fait à l'heure actuelle, il se trouve effectivement à Rezé. Et c'est le dernier que j'ai fait, c'est Avenue De Lattre de Tassigny, donc sous les immeubles nouvellement construits, une partie de la suite du port antique. Et ça c'était exceptionnel parce qu'on avait les poutres en bois conservées et ça c'est extrêmement rare en fait. Dans ma vie d'archéologue, c'était la première fois que j'avais l'occasion de toucher du bois qui avait 2000 ans, d'observer les modes de construction d'il y a 2000 ans, tenons, mortaises, les marques de charpentiers, les marques de haches, etc. Et ça, j'avoue que c'était très très beau et assez impressionnant. Le rêve vraiment ultime ? Alors on me donne une maison à Pompéi, mais une maison de petites gens, je n'ai pas besoin d'une maison vraiment de riches, une petite maison et on me la laisse fouiller du plafond au sol. Ça me plairait vraiment.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Rezévox. On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle rencontre.

Description

C’est en face de l’Hôtel de Ville, sur le site du futur Carré Daviais, que l’archéologue Marie-Laure Hervé-Monteil et ses équipes mènent des fouilles d’envergure. À cet endroit, ils ont déjà découvert une centaine de sépultures et des vestiges antiques, marquant ainsi une nouvelle étape dans la connaissance du port de Ratiatum. 

"Mon métier, c'est comme ouvrir un cadeau chaque jour", confie-t-elle, évoquant la surprise et l'émotion, toujours intactes, quand elle met au jour des vestiges datant de plusieurs centaines d’années. Rencontre avec une passionnée, férue d’histoire et d’archéologie depuis l’adolescence.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    On est en face de la mairie de Rezé, on arrive sur le futur Carré Daviais et on doit rencontrer Marie-Laure, l'archéologue qui travaille sur les fouilles, sur le site. Bonjour, vous êtes Marie-Laure ? Enchanté, Jordi.

  • Speaker #1

    Chaque chantier a ses petits bonheurs. Mais il est vrai que le plus beau chantier que j'ai fait à l'heure actuelle, il se trouve effectivement à Rezé.

  • Speaker #0

    Vous écoutez Rezévox, le podcast de la ville de Rezé. Chaque mois, nous allons à la rencontre de femmes et d'hommes qui agissent, inventent, témoignent sur leur parcours, sur des faits ou sur des façons de faire dans notre territoire.

  • Speaker #1

    Bonjour, moi c'est Marie-Laure Hervé-Monteil et je suis archéologue à l'INRAP.

  • Speaker #0

    Quand vous êtes venue ici, vous saviez déjà, quand vous avez commencé, que vous aviez des choses à trouver ?

  • Speaker #1

    Oui, déjà parce qu'on est à Rezé et puis de toute façon, avant toute opération de fouilles, il y a une opération qui s'appelle "diagnostic" et qui est en fait la première phase pour savoir s'il y a des vestiges ou non archéologiques sur une parcelle qui va être construite, où il va y avoir des travaux. Donc le sous-sol va être détruit. On vient dans un premier temps avec une pelle mécanique pour faire des sondages. On fait des tranchées dans le sol et on regarde s'il y a des vestiges ou s'il n'y a pas de vestiges. Donc dans le cas présent, il y a eu un diagnostic que Nantes Métropole a fait et dans leurs tranchées, ils ont vu qu'il y avait des sépultures, des tombes et également des vestiges antiques.

  • Speaker #0

    Et ce n'est pas une surprise pour vous qu'on trouve tout ça ici ?

  • Speaker #1

    Non, parce qu'on est à Rezé. Et Rezé est une grosse agglomération antique. Dans la ligne qui se trouve le long de l'actuelle 4 voies, on sait qu'on va trouver des vestiges archéologiques, puisque c'était un ancien port antique.

  • Speaker #0

    J'ai un squelette juste devant moi, qui me regarde un peu. Enfin, qui ne me regarde plus. Donc ça, vous en avez découvert plus d'une centaine, des comme ça. Aussi bien préservés ?

  • Speaker #1

    Oui, alors aussi bien préservées, pas forcément, parce que comme on est dans un cimetière qui a duré sur le long temps, en fait, il y a certaines tombes qui sont venues perturber les tombes antérieures, etc. Donc, quelques fois, elles sont un peu perturbées. Là, ici, on a un adulte, il est super bien conservé, on a vraiment tous les ossements en place, mais on a également des bébés... On a vraiment toute la population. On n'a pas pu les dater précisément puisque en fait actuellement on a que le squelette. Ils ne sont pas accompagnés ni de bijoux ni de céramiques qui pourraient les dater. La seule chose que l'on sait c'est qu'ils sont antérieurs aux années 1830, ça c'est sûr, parce que sur le cadastre napoléonien il y avait des maisons à cet emplacement là, donc c'est sûr qu'il n'y avait pas de cimetière. Et comme on a quelques sarcophages, on a quelques indices. Elles pourraient en fait être à partir du VIe siècle et jusqu'au peut-être XVIe siècle. Ceux-là, ils sont du Moyen-Âge, Moyen-Âge au sens large. Alors ce qui est curieux à Rezé, c'est qu'on a les morts, mais on ne sait pas trop où ils vivaient et dans quoi ils vivaient. Donc les données principales qu'on a sur les gens qui vivaient du VIe siècle au XVIe siècle, c'est les sépultures en fait. Et c'est super, oui, parce que les modes d'inhumation, leur état sanitaire, etc. On va apprendre beaucoup de choses sur eux, évidemment. Pour le cas présent, donc là, il est dégagé. Donc on a enlevé toute la terre qui recouvrait ces ossements. Dans un deuxième temps, on va faire toutes les observations sur place, c'est-à-dire qu'il va y avoir couverture photographique, topographique, etc. Et ensuite, on va le prélever en le démontant. proprement, en le mettant dans des petits sacs, bien numérotés, bien identifiés. Et ensuite, on va l'amener en laboratoire à une spécialiste anthropologue, archéo-anthropologue. Ensuite, on va les laver soigneusement et on va regarder dans le détail l'état des ossements pour éventuellement détecter des maladies, voir s'il s'agit d'une femme, d'un homme, etc. Déterminer son âge, son sexe, etc.

  • Speaker #0

    Et du coup, dater précisément aussi ?

  • Speaker #1

    Et dater, après on va prélever une partie des ossements et on va les envoyer en laboratoire. Et c'est ça qui va nous permettre de les dater. Chaque chantier a ses petits bonheurs, mais il est vrai que le plus beau chantier que j'ai fait à l'heure actuelle, il se trouve effectivement à Rezé. Et c'est le dernier que j'ai fait, c'est Avenue De Lattre de Tassigny, donc sous les immeubles nouvellement construits, une partie de la suite du port antique. Et ça c'était exceptionnel parce qu'on avait les poutres en bois conservées et ça c'est extrêmement rare en fait. Dans ma vie d'archéologue, c'était la première fois que j'avais l'occasion de toucher du bois qui avait 2000 ans, d'observer les modes de construction d'il y a 2000 ans, tenons, mortaises, les marques de charpentiers, les marques de haches, etc. Et ça, j'avoue que c'était très très beau et assez impressionnant. Le rêve vraiment ultime ? Alors on me donne une maison à Pompéi, mais une maison de petites gens, je n'ai pas besoin d'une maison vraiment de riches, une petite maison et on me la laisse fouiller du plafond au sol. Ça me plairait vraiment.

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    Merci d'avoir écouté cet épisode de Rezévox. On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle rencontre.

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