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#20 - Marie Lorent - Deuil périnatal : Endurer le deuil indicible de devoir dire adieu à son bébé cover
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Rita

#20 - Marie Lorent - Deuil périnatal : Endurer le deuil indicible de devoir dire adieu à son bébé

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56min |20/09/2024
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#20 - Marie Lorent - Deuil périnatal : Endurer le deuil indicible de devoir dire adieu à son bébé

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Description

Quand j’ai reçu Marie pour enregistrer cet épisode, elle était rayonnante et enceinte de 8 mois. Elle s'apprêtait à donner la vie à son quatrième enfant et rien n’aurait pu laisser penser qu’elle avait vécu le pire près de quatre auparavant.

À l’époque, Marie et Charles vivent le parfait amour et dans la continuité de leur histoire, ils décident de fonder une famille. Elle tombe enceinte rapidement et tout va pour le mieux jusqu’à cette deuxième écho où elle pressent que quelque chose ne va pas. Les examens s’enchaînent et le diagnostique tombe : son petit bébé qui grandit en elle présente une malformation cardiaque et le syndrome de Di George, une anomalie génétique, 2eme cause de retard mental après la trisomie 21.

D’un commun accord avec Charles, ils prennent alors la douloureuse décision qu’aucun parent ne devraient prendre, celle de mettre un terme à la grossesse. Augustin est alors né sans vie à 28 semaines de grossesse en décembre 2020. 

Dans cet épisode, Marie revient sur les 2 semaines qui ont précédé la naissance d’Augustin. Elle nous partage les sentiments et les émotions complexes qui l’ont envahie : entre la colère, le chagrin, le manque et le vide immense de laisser s’envoler son enfant. Elle évoque aussi la culpabilité, l’inquiétude, l’amour pour ce bébé tant attendu. Elle nous raconte la période qui a suivi ce drame, où sa seule obsession était de tomber enceinte et le magnifique cadeau que la vie lui a fait en lui offrant des jumeaux. 

🚫L’histoire que vous vous apprêtez à entendre aborde le sujet terrible du deuil périnatal, Il est donc à écouter dans les meilleures conditions possibles. 
 💛

N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !


Vous souhaitez me partager votre histoire ? N'hésitez pas à me contacter sur hello@rita-family.com


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Un podcast original : Rita

Interviews : Anissa Hezzaz

Montage : Anissa Hezzaz

Episode diffusé le : 21 septembre 2024

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Cet épisode de RITA a été réalisé avec le soutien de la Boîte Rose.

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On se retrouve très vite pour un nouvel épisode 🎺



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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue chez Rita. Rita c'est le lieu de rencontre de tous les parents. Si vous êtes ici, c'est que vous-même allez devenir parent ou peut-être l'êtes-vous déjà. Ici on parle de maternité et de parentalité sans fil. Et si vous êtes tombé ici par hasard, j'espère que vous resterez quelques minutes de plus le temps d'écouter cet épisode. Je suis Anissa Isas et vous écoutez la saison 2 de Rita. Marie et Charles sont en couple depuis de nombreuses années quand ils décident il y a 4 ans, dans la continuité de leur histoire, de fonder une famille. Marie tombe enceinte rapidement et tout va pour le mieux, jusqu'à cette deuxième écho où elle pressent que quelque chose ne va pas. Les examens s'enchaînent et le diagnostic tourne. Son petit bébé qui grandit en elle présente une malformation cardiaque et le syndrome de Dijorge, une anomalie génétique, deuxième cause de retard mental après la trisomie 21. D'un commun accord avec Charles, ils prennent alors la douloureuse décision qu'aucun parent ne devrait prendre, celle de mettre un terme à la grossesse. Augustin est alors né sans vie à 28 semaines de grossesse en décembre 2020.

  • Speaker #1

    L'histoire que vous vous apprêtez à entendre aborde le sujet terrible du deuil périnatel. L'épisode est donc à écouter dans les meilleures conditions possibles. Bonjour Marie et bienvenue sur mon podcast. D'abord merci à toi d'avoir accepté de venir parler d'un sujet encore souvent tabou et surtout difficile à aborder. Mais je vais d'abord te demander de te présenter.

  • Speaker #2

    Donc moi je m'appelle Marie, j'ai 31 ans, je suis maman de trois enfants et bientôt quatre. Donc un premier enfant, Augustin, qui est parti à six mois de grossesse, et des jumeaux de deux ans et demi, et là j'attends mon quatrième bébé, une petite fille.

  • Speaker #1

    Et c'est bientôt, là c'est imminent.

  • Speaker #2

    Oui, je suis à huit mois, passé huit mois là. Ça va,

  • Speaker #1

    t'es pas trop fatiguée ?

  • Speaker #2

    Si, épuisée. J'imagine. Mais je pense que c'est la normalité, non ?

  • Speaker #1

    Surtout que tu nous as pas encore dit qu'est-ce que tu fais dans la vie mais donc tu as quand même un boulot prenant.

  • Speaker #2

    Oui je suis assistante ou interne en radiologie. Donc là je termine mon assistana qui dure donc 5 ans et c'est assez fatigant.

  • Speaker #1

    Et tu as des horaires de jours classiques ?

  • Speaker #2

    Donc j'ai fait mes gares jusqu'à 30 semaines et là je fais des jours classiques mais c'est 8-18. Et mon travail n'est pas tout ou près non plus de la maison, donc c'est quand même des horaires où je pars de 7h du matin à 19h. J'ai un très chouette mari.

  • Speaker #1

    Et justement, ton mari, comment s'appelle-t-il ?

  • Speaker #2

    Il s'appelle Charles, il est informaticien. On est ensemble depuis 21 ans, donc ça va faire 10 ans bientôt. On ne s'est rencontrés pas du tout dans le monde médical, ça s'était très bien. Et on s'est rencontré dans le cadre de matchs de handball en fait. Je faisais du handball et son meilleur ami faisait aussi du handball. Et il était présent souvent. Et de fil en aiguille, ça s'est passé comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te souviens le jour où vraiment vous vous mettez ensemble ?

  • Speaker #2

    Apparemment, pendant quelques mois, il était intéressé. Mais je n'avais pas l'air de comprendre.

  • Speaker #1

    Tu n'avais pas grillé les ordres ?

  • Speaker #2

    Pas du tout. Moi, j'étais... pas en relation mais dans quelque chose d'assez compliqué qui durait depuis longtemps et j'étais vraiment inébillée par ça donc j'étais pas du tout réceptive à ses avances et puis un jour il a été un peu plus clair que d'habitude et donc ça a été en soirée il m'a proposé de me ramener chez moi mais voilà et ça faisait longtemps que vous fréquentiez alors ça faisait je dirais qu'on avait fait quatre cinq soirées ensemble vraiment c'était chaque fois mais je le voyais de loin mais c'était pas du tout mon groupe d'amis Et puis un jour, je n'avais pas de lift pour rentrer chez moi. Et donc, il m'a proposé de rentrer chez moi.

  • Speaker #1

    Et alors, les débuts de votre relation, comment ça s'est passé ?

  • Speaker #2

    Très chouette. On était très jeunes. Donc, on sortait beaucoup. On faisait beaucoup la fête. C'était léger, mais en fait, on a très vite su que c'était très sérieux. Moi, j'ai l'impression qu'au bout d'un mois, je savais que je l'aimais et que c'était vraiment quelqu'un qui allait faire partie de ma vie pendant longtemps. Lui m'a dit qu'il avait mis un peu plus longtemps mais il sortait d'une relation de 4 ans donc c'était aussi un peu plus difficile. Mais ça a été assez rapide et au bout de deux ans on a habité ensemble. Et pour lui, en tout cas c'est ce qu'il a dit au mariage, ça a été le moment déterminant dans notre couple où il a su que j'allais être la maman de ses enfants, qu'on allait se marier.

  • Speaker #1

    Vous décidez de vous marier avant de lancer le projet bébé ?

  • Speaker #2

    Moi de base je ne peux pas me marier. Je ne voulais absolument pas me marier. Je n'ai pas du tout un modèle familial où on se mariait. On est plutôt une famille recomposée à chaque fois, ou séparée. J'ai jamais vraiment eu le papa, maman, enfant que tout le monde a, que ce soit dans mes cousins ou pour moi. Donc c'était pas quelque chose qui m'intéressait, ou auquel je croyais en fait. Et pour lui c'était très important, mais j'ai commencé à travailler en 2019. et lui ça faisait déjà deux ans qu'il me parlait d'enfants, qu'il me disait ok moi j'aimerais bien avoir des enfants

  • Speaker #0

    Et comme je savais qu'il voulait se marier, je me suis dit ok on fait les choses bien, on fait d'abord le mariage et puis les enfants. Et puis en fait il ne me demandait plus, il ne faisait pas sa proposition, je me suis dit bon ça ne va pas. Et en fait on est parti pour nos 5 ans en Champagne et je pensais vraiment qu'il allait faire sa demande. Et en fait à la fin de ses jours, pas du tout. Donc je me suis dit bon en fait moi j'ai 27 ans. j'ai envie qu'on passe à l'étape supérieure. Si tu ne me demandes pas de m'épouser, alors on lance le projet bébé. Donc ça, c'était le 1er mars 2020, il y a eu le Covid. On se dit, je retire ma contraception, puis on verra bien, on n'est pas non plus super pressé. On commence le projet bébé en avril, donc juste après le Covid en fait. Et là, directement, il me dit, c'est tellement injuste, pourquoi eux et pas nous ? Alors que ça ne faisait même pas un bout de temps qu'on essayait et que vraiment, on s'était dit, pas du tout de pression. Et lui, ça faisait deux ans qu'il me demandait d'avoir des enfants. Donc moi, je n'étais pas du tout prête. Je n'étais pas du tout dans le milieu médical. Même maintenant, je n'ai pas beaucoup de copines qui sont enceintes ou qui ont des enfants. Donc ça me semblait trop tôt, tout simplement. Et après, à 27 ans, je me suis dit, ma maman m'a eu à 27 ans. J'étais prête, j'avais un salaire. Tout changeait. Et donc, on lance en avril. On se dit ok cool on va attendre, on verra bien quand ça arrivera. Et là un de ses meilleurs amis annonce que sa copine est enceinte un mois après quoi. Donc début mai. Donc c'est vrai que là j'ai commencé à stresser. Pas à raison parce qu'en soi, au bout d'un mois, on n'est pas stressé de ne pas tomber enceinte. Et je pense que deux mois après, je tombe enceinte. Donc tout va bien, on est hyper content. L'annonce, ça ne se passe pas super comme on voulait. Parce que j'ai des cycles assez irréguliers et en fait, j'ai des spottings. Donc en fait, c'est vraiment entre les règles, j'ai quand même du sang. Et en fait, j'ai eu ça, j'ai eu mes règles alors que j'étais enceinte. Donc je ne remarque pas que je suis enceinte. Et un jour, j'ai vraiment fort mal au ventre. J'étais de garde et je me dis, ok, je fais une appendicite. J'ai quelque chose, ce n'est pas possible. Et donc, je regarde à l'écho et là, je vois...

  • Speaker #1

    Tu fais toi-même l'écho ?

  • Speaker #0

    Oui, je fais moi-même l'écho. Et là, je vois qu'en fait, il y a une poche dans l'utérus.

  • Speaker #1

    C'est trop dingue de le découvrir.

  • Speaker #0

    Donc, j'étais déjà cinq semaines et demie, six semaines, je pense. Donc là, un peu le choc, je suis en pleine garde, je me dis... OK, qu'est-ce que je fais ? Je cours à la pharmacie, je prends un test de grossesse. Je fais le test de grossesse, mais évidemment, il était à 22 heures. Test de grossesse négatif. OK, ouais. Je ne comprenais plus rien.

  • Speaker #1

    Et toi, tu étais sûre de ton coup quand tu fais ton écho ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. J'avais vraiment un bébé dans mon ventre. Donc, je me dis OK, il faut que je fasse une prise de sang. J'ai une copine qui est aussi de garde. Je lui dis OK, fais-moi une prise de sang tout de suite. Et là, la prise de sang est bien positive. Je pense que j'étais déjà à 6000 de bêta HCG. Enfin, genre vraiment, vraiment positive. Et à ce moment-là, j'étais à Moucron. Et ce qui était assez drôle, c'est qu'on était trois colocs. Et ma colocataire, en fait, était aussi enceinte. Elle avait appris une semaine avant, mais elle ne m'avait pas dit parce qu'on était en vacances. Donc, voilà, je l'annonce directement à ma coloc. Et quand je reviens de Moucron, ben... Je n'ai pas dormi de la nuit. Je reviens de deux heures de route. Et là, Charles, il ne veut pas se concentrer. Je lui dis, allez, assieds-toi. Il fait n'importe quoi. Et donc, je lui dis, écoute, arrête de faire l'enfant parce que tu vas en avoir un. Et voilà, comment j'ai annoncé à Charles. Ce n'était pas du tout prévu comme ça. Mais il était tellement, je ne sais pas, dispersé que je me suis dit, OK, il faut que je lui dise une façon ou d'une autre. Et c'est comme ça que j'ai...

  • Speaker #1

    Et il a réagi comment ?

  • Speaker #0

    Il était hyper content. Bon, c'était peut-être pas la façon de le dire, mais il était hyper content.

  • Speaker #1

    T'as fait cette première écho avant même de savoir réellement si t'étais enceinte ou quoi. Et puis après, t'as refait une écho.

  • Speaker #0

    Donc, j'ai fait ma gynéco. Oui. Et là, en fait, j'ai directement paniqué parce que je me suis dit, en fait, j'ai 27 ans. J'avais l'impression que c'était hyper jeune. Enfin, vraiment la panique de me dire, OK, je suis enceinte. Mais est-ce que vraiment on est prêt ? Alors que c'est quelque chose qui était réfléchi, qui était voulu. Ma gynécologue m'a tout de suite rassurée, mais c'est vrai qu'on fait des bébés de plus en plus tard, et comme mes amis ne sont pas du tout dans le même mood que moi, j'avais vraiment du mal à accepter cette grossesse, puis c'était vraiment aussi ne pas boire, j'ai des restrictions alimentaires, je suis en telle ou en telle gluten, mais donc je n'étais pas immunisée contre le toxo, donc ce n'était pas manger, pas boire, enfin c'était vraiment un peu difficile et j'étais très malade. très très très malade, je vomissais énormément donc c'est vrai qu'on était hyper contents mais que ça n'avait pas été les douze premiers mois, enfin les douze premières semaines les plus faciles de ma vie non plus parce qu'il y avait plein de questionnements et je pense que ça arrive à beaucoup de monde mais après j'avais pas à me plaindre j'étais tombée enceinte super facilement et vous considérez que vous aviez bien profité aussi de

  • Speaker #1

    justement votre couple avant de vous lancer dans ce projet d'enfant ?

  • Speaker #0

    Oui bien sûr et puis après on était en couple plein à Covid, donc c'est pas comme si la vie extérieure était fascinante et palpitante non plus. Mais je pense aussi que c'est ça qui a fait que j'étais aussi paniquée, c'est que je pouvais partager avec personne cette recette parce qu'on était en confinement, que j'étais juste seule avec moi-même et peut-être beaucoup plus de temps pour réfléchir, pour se dire quelles conséquences ça avait. Et puis c'est vrai que c'est pas toujours forcément facile de... de dire dans quel monde cet enfant va grandir. Ouais, ouais, ouais. Surtout en plein Covid.

  • Speaker #1

    Et comment se sont déroulés, du coup, les premiers temps de la grossesse, une fois que t'as, entre guillemets, accepté d'intégrer la nouvelle ?

  • Speaker #0

    Super bien. On nous a annoncé une petite fille. Donc, on se projette. On a déjà un prénom. On part en vacances avec ma famille. C'est vraiment, vraiment super chouette. La seule chose, c'est que ma maman aussi est médecin. Et donc, elle appelle pour avoir les résultats du NIPT. Et là, en fait, elle me dit, t'es prête ? J'ai eu les résultats du NIPT. Je dis, oui, OK. C'est un garçon. Ma gynécologue était vraiment quasi certaine que c'était une fille. Elle me disait, je suis à 99% sûre que c'est une fille. Et là, on me dit que c'est un garçon. Donc, c'est vrai que j'ai eu... Je voulais un garçon de base. Enfin, je n'avais pas vraiment de grosses préférences. Mais je me dis, pourquoi pas un garçon ? Mais comme on m'avait dit que c'était une fille et qu'au final, c'était un garçon, ça a fait un tel chamboulement dans ma tête que... que je râlais.

  • Speaker #1

    Il y a eu combien de temps entre cet écho où tu as dit que c'était une fille et le moment où tu as les résultats ?

  • Speaker #0

    Dix jours.

  • Speaker #1

    Ouais, donc en dix jours, tu projettes vachement.

  • Speaker #0

    Surtout qu'on était en vacances, donc en fait, on avait que ça. On était hyper excités pour cette grossesse. On se projetait vraiment, vraiment énormément. Donc ça, ça a été un peu... Je pense que j'ai mis deux, trois jours à me dire Ok, c'est un garçon, ça va être très bien. On met un peu plus de temps à trouver le prénom. Puis, la grossesse se passe. sans encombre, je vais beaucoup mieux, je suis beaucoup moins malade, j'ai toujours un rythme qui est assez important, mais ça se passe bien. Et puis vient cette deuxième écho, donc ça c'est la T2, comme on appelle l'écomorpho, et là, en fait, comme je suis dans la radiologie, je comprends quand même assez rapidement les échos. On fait l'écho, et ma gynéco me dit, tout va bien, il y a juste... On ne voit pas très bien le cœur, tu as beaucoup de liquide, il y a un petit rein qui est dilaté, enfin, toutes ces petites choses qui en fait n'ont pas tellement d'importance, mais j'avais l'impression qu'accumuler ça faisait en fait énormément. Mais moi, Charles, il n'a pas du tout perçu cet écho comme moi je l'ai perçu, il était tout à fait rassuré, il était là ok, tout va bien Ma gynécologue m'a dit on se revoit dans trois semaines pour voir un petit peu mieux le cœur mais écho tout à fait correct, quoi.

  • Speaker #1

    Toi,

  • Speaker #0

    ça reste dans un coin de ta tête ? Un petit peu, surtout que ma coloc qui était enceinte aussi m'avait appelée quelques jours plus tôt, parce qu'elle était une semaine plus tôt que moi. Et sa fille avait eu un petit problème à la T2 aussi. Donc, ça me restait un peu en tête et je me disais, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc, moi, je n'arrive pas du tout à me défaire de ce sentiment et je ne sais pas pourquoi. Mais on commence à installer la chambre. En fait, j'avais l'impression que c'était un petit mécanisme de défense. On a commencé à faire la chambre. J'achetais tout ce que je pouvais. On avait acheté des pyjamas, on avait acheté plein de choses. La chambre était prête. Et puis, trois semaines plus tard, on va à l'échographie. Et là, ma gynéco me dit, ok, je ne vois toujours pas son cœur. Il y a un problème à son cœur. Il y a quelque chose qui ne va pas. Mais je n'arrive pas à dire quoi, donc je vais t'envoyer chez un de mes collègues. Là, panique, panique. Et je lui dis directement, je lui dis écoutez, s'il y a vraiment quelque chose de grave, je suis dans le milieu médical. Je sais ce qui se passe quand les enfants ont des problèmes. Nous, on a très fort réfléchi, ça dépendra évidemment de quoi. Mais si c'est vraiment très grave, on peut arrêter la grossesse.

  • Speaker #1

    Vous en aviez déjà parlé ? Oui,

  • Speaker #0

    et puis moi, je travaille beaucoup avec des enfants qui, en radiologie, on voit quand même beaucoup d'enfants malades. je sais ce que c'est et puis après il y a des enfants qui sont très heureux même avec des pathologies très lourdes mais moi moi c'était mon sentiment que j'avais pas envie de ça pour mon enfant, je trouve que la vie est déjà assez dure comme ça que pour imposer ça mais c'est mon choix personnel et je respecte tout à fait les parents qui font un choix différent. Donc là j'appelle ma maman évidemment on pleure et elle me dit écoute moi je connais une gynéco aussi qui fait que des écomorphos et je vais t'envoyer chez elle, je vais l'appeler tout de suite. Et elle me trouve à rendez-vous le lendemain chez cette gynécologue, qui est incroyable, je lui dois énormément. Et entre-temps, ma gynécologue avait envoyé une vidéo de mon échographie à un collègue à elle, et elle me rappelle à 9h du matin, en me disant, écoute Marie... On sait ce qu'il a au cœur. Il a en fait une crosse aortique droite. Donc c'est une malformation du cœur où l'aorte ne passe pas du bon côté. Au lieu d'être à gauche, elle est à droite. Et c'est souvent associé à un syndrome qui s'appelle le syndrome de Dijorge. Et elle me dit, voilà, il va falloir que tu aies une ponction amniotique. Il va falloir que tu fasses d'autres tests pour être sûre qu'il n'est pas le syndrome. Parce que c'est un syndrome qui est assez lourd. Le Dijorges, en fait, il manque une partie d'un chromosome. Donc après la trisomie, c'est le deuxième syndrome de retard mental. Mais ils ont aussi de grosses autres pathologies. Donc ils n'ont pas de système immunitaire. Ils ont des problèmes pour avaler. Parfois, ils ne savent pas marcher du tout. C'est vraiment une grosse, grosse, grosse pathologie.

  • Speaker #1

    Toi, tu la connaissais déjà, cette pathologie ?

  • Speaker #0

    De loin. J'avais déjà entendu parler, mais je n'avais pas... Je n'avais pas vu beaucoup d'enfants avec cette pathologie. Le monde s'effondre, évidemment, mais j'ai cette gynécologue, on va voir, qui me rassure super fort, qui me dit, écoute, ces enfants qui ont ces pathologies-là, souvent, ils n'ont pas ça, ils n'ont pas ça. Toi, ton bébé, par exemple, c'est le thymus, une partie que les enfants ont, qui sert au système immunitaire. Moi, du coup, Augustin avait ça et normalement, ils n'en ont pas.

  • Speaker #1

    C'était un petit point rassurant dans tous les examens ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, vraiment, les gynécologues n'étaient pas du tout inquiets qu'il ait la pathologie parce que la seule et unique chose qu'il avait, c'était cette crosse aortique droite. Après ça, c'est vraiment les dix jours les pires de ma vie, je pense. On fait la ponction amniotique et après, on doit attendre les résultats. Donc là, moi, j'arrête de travailler. Impossible pour moi d'aller travailler dans ces conditions. Et très, très difficile, en fait, de se projeter dans cette grossesse. Je ne mangeais plus. Je pense que j'ai perdu 3 kilos en 10 jours. Parce qu'en fait, chaque fois que je mangeais, il bougeait. Et en fait, j'étais vraiment en déni de cette grossesse où je me disais, je ne peux pas m'attacher à cet enfant qui ne sera peut-être plus là dans quelques temps. C'était vraiment très difficile. Et puis, j'avais Charles à côté qui était très optimiste. Il disait, mais non. Il n'a que ça, ça arrive dans la population générale. En fait, il y a des gens qui ont juste cette malformation, mais sans rien d'autre. Et ça n'implique en rien à leur santé. Ils le font tout à fait normalement. Et même regarder la télé, je n'arrivais pas à me concentrer pour regarder la télé. On était, chaque fois que le téléphone sonnait, on sautait. C'était, je pense, vraiment les dix jours les plus compliqués de toute l'expérience qu'on a eue. On a un premier appel qui nous dit que... Il n'a pas de trisomie. Je pense que c'était le 18 décembre. Le vendredi, la deuxième gynéco que j'ai vue m'appelle et me dit Voilà Marie, j'ai une mauvaise nouvelle. Il a le syndrome de Dijorge. Et à ce moment-là, j'ai dit Ok, on ne continue pas la grossesse. Quand j'entends cette phrase, je me dis juste Ok, qu'est-ce que je dois faire ? Je dois appeler ma gynéco, la prévenir, dire que... Parce que je savais que je devais... accoucher. On était à 27 semaines, donc ils sont viables à cet âge-là. Donc, je devais accoucher de ce bébé. Je devais appeler Charles parce que j'étais chez ma soeur à ce moment-là. Et en fait, vraiment, je comprends ce qui m'arrive, mais je me dis, ok, je dois faire ça, ça, ça, ça d'abord. Donc, j'appelle ma gynéco. Il n'y avait pas de place, malheureusement. Donc, c'était... La deuxième gynéco était à Brugman, mais il n'y avait pas de place à cet endroit-là. Du coup, je vais accoucher à Bren. Mais je dois... voir un peu comment ça va se passer avec ma gynéco. Et comme j'avais déjà dit que s'il avait le syndrome, on arrêtait la grossesse, le processus s'est fait un peu plus rapidement que d'habitude. Normalement, il faut au moins une semaine entre l'annonce et l'accouchement. Et là, tout était prévu le lundi.

  • Speaker #1

    Et avec Charles, vous en aviez reparlé ?

  • Speaker #0

    Pendant les dix jours, on en avait tellement parlé. Vous étiez raccord ? Oui, on était raccord et on savait En fait, moi, j'ai lu énormément et comme je suis dans le milieu médical, je comprends aussi beaucoup plus de choses. Par exemple, pendant deux ans, il n'aurait pas pu avaler, il n'aurait probablement pas pu manger. On ne savait pas s'il allait un jour pouvoir marcher. C'est toutes des choses où j'étais consciente que ça pouvait arriver. Et en fait, c'était vraiment dur de s'épargner de son bébé. Mais je savais que je faisais la meilleure décision pour lui. On passe 48 heures en famille, avec ma maman, ma soeur, Charles. Et là, je remange, j'essaie d'avoir le plus de coups possible, de le sentir le plus possible. Et ce qui se passe en fait à 27 semaines, c'est qu'on doit arrêter le cœur. Parce que s'il naît, il est viable. c'est pas ce qu'on veut dans une interruption de grossesse. Donc ça, le rendez-vous est pris à 13h le lundi. Et ça, c'est des médecins spécialisés qui font. En fait, ils injectent un produit dans le corazon ombilical. Ça endort le bébé, les dos sont dépassés et on fait endormir le bébé. Et donc là, moi, je suis un peu hystérique quand je suis sur la table. Ça se passe comme une ponction amniotique. C'est une grande aiguille qu'ils insèrent dans le cordon. Entre-temps, ils demandent les consentements. C'est comme un hôpital universitaire. Ils demandent si je veux faire partie d'études, si je veux faire avancer la médecine. Bref, voilà. Et moi, je parle, je parle, je parle, je parle, je parle. Comme si rien n'était, en fait. Comme si c'était un jour tout à fait normal et que ce n'était pas du tout grave. Enfin, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    C'est ta manière de te protéger à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Ah oui, vraiment, je fais des blagues, vraiment.

  • Speaker #1

    Et t'es pas sous calmant ou quoi que ce soit à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    À partir du moment où j'ai eu le diagnostic, je faisais des terreurs nocturnes. Je ne sais pas si on peut appeler ça des terreurs nocturnes, mais je me levais à 3h du matin en hurlant. Et ma maman m'oblige à me mettre sous Xanax, donc un calmant. Je n'aime pas du tout les médicaments, je n'aime pas du tout ça. Et j'ai vraiment peur de la dépendance de ces médicaments. Donc je décide d'en prendre pendant une semaine. ce qui m'aide. Et la première chose que je demande à ma gynéco quand je décide d'en prendre, c'est est-ce que ça peut faire du mal à mon bébé en fait ? Alors que plus tard, il ne sera plus là. Mais c'est la première chose que je demande parce que malgré la décision qu'on prend, ça reste... On a envie de le protéger quand même. Donc on est au moment de la piqûre, je parle, je parle, je parle, puis il me dit ok, là maintenant il va falloir que tu arrêtes de parler. Et donc là, je sais qu'ils sont en train d'arrêter le cœur. Et en fait, à un moment, il retire juste tout et on sait que c'est fini, qu'il n'est plus là. Hélas, je pense que ça a été un des moments les plus difficiles. Charles, qui n'avait pas montré énormément ses émotions jusque-là, s'est effondré, en fait. On est resté, je pense, une demi-heure comme ça dans les bras de l'un de l'autre en comprenant ce qui se passait, en fait. C'était vraiment un premier revoir. C'était vraiment, vraiment, vraiment difficile. Et ma maman nous attendait, parce que ma maman a été présente malgré le Covid, en fait ils ont été très humains. Ma maman et ma sœur nous attendaient en fait de l'autre côté de la pièce. On a dû faire une prise de sang pour être sûre que ça venait pas de nos gènes. On a dû faire, enfin c'était vraiment en mode robot. Et puis en fait j'allais à Bral-le-le pour accoucher. Et là on me mettait de l'ocytocine pour provoquer l'accouchement.

  • Speaker #1

    Comment vous vous sentiez à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Mais c'est hyper bizarre parce que j'avais juste l'impression... d'avoir un accouchement pas normal parce que je savais que mon bébé ne crierait pas et qu'il ne serait pas vivant au final. Mais je disais tout le temps à Charles, oui, j'ai vraiment l'impression qu'on va avoir un bébé. C'était vraiment, moralement, en fait, je savais que je devais accoucher et ça allait. Ce n'était pas comme si on ne pleurait pas, on n'était pas en détresse. Après, il faut savoir que Charles avait décidé de ne pas le voir. Moi, j'ai très, très peur de la mort. C'est quelque chose, malgré mon métier, je déteste. Enfin, les personnes adorent ça, mais je n'aime pas du tout voir les... J'appréhende toujours de voir quelqu'un qui est décédé. Mais je savais que je voulais voir mon enfant. Ça, c'était une certitude. Mais Charles ne partageait pas ça. Il disait en fait, je préfère avoir les souvenirs. de lui dans son ventre et je n'ai pas envie d'avoir, chaque fois que je pense à lui, le fait qu'il soit décédé. Et donc, c'était prévu que ma maman et ma soeur viennent une fois que le bébé était né. J'ai eu une énorme chance, c'est qu'une de mes meilleures amies est sage-femme. En fait, quand elle a pris la nouvelle, elle a dit, Ok, ce sera, enfin, genre si Marie est d'accord, je serai là de A à Z pour elle. Et c'est ce qui s'est passé. On est arrivés environ vers 3 heures, on a commencé le travail. Quand j'ai eu les premières contractions, en fait, j'ai directement... voulu avoir la péridurale parce que je me suis dit en fait je souffre déjà assez j'ai pas envie de souffrir et donc ça a été très long ça a été très très long ça j'ai mis je pense que à 20 heures de travail j'étais déjà j'étais encore à 1 puis on a percé la poche des os ça s'est un peu accéléré et au bout de 26 heures il était là donc le travail et la péridurale marche pas super bien comme ça faisait si longtemps que je l'avais c'était quand même assez douloureux et puis en fait justement ma copine qui est sage-femme, qui s'appelle Lorane, est venue et m'a dit Écoute, Marie, t'es en train de chauffer. Donc avec les médicaments, je faisais de la température. Et la chose qu'ils ne veulent surtout pas dans les cas d'interruption médicale de grossesse, c'est faire une césarine. Parce qu'on pourrait penser que c'est plus facile et que c'est moins de douleur pour la maman. Mais en fait, c'est abîmer l'utérus de la maman pour, entre guillemets, rien. Il faut savoir quand même que les césariennes, c'est pas anodin, qu'après il y a quand même plein de choses qu'on peut pas faire. C'est aussi ne pas retomber enceinte pendant un an, donc c'est extrêmement cruel pour les mamans qui perdent un bébé. Et puis après, il y a tout le processus d'accouchement. qui est vraiment important et qui a été très important pour moi. Donc ce travail n'avance pas. Et là, donc, Lauren, ma copine, vient et me dit, écoute Marie, je sais que tu n'as pas envie de le laisser partir, mais là, il va falloir que tu le laisses partir. Parce que si tu continues à chauffer et que ça n'avance pas, il va falloir aller en césarienne. Et ça, on ne veut pas, vraiment pas. Elle m'a dit ça et je pense qu'une heure après, il était là. Donc je pense vraiment que mon esprit... Je voulais vraiment pas le laisser partir, j'avais juste envie de le garder. Je pense qu'il y a eu quelque chose en moi qui s'est débloqué quand elle m'a dit ça. Et puis elle m'a dit aussi, tu vas le rencontrer, ça va être un bon moment. Et elle n'a pas menti parce que malgré le fait qu'il était décédé, c'était un magnifique moment, vraiment. Donc une fois qu'il est sorti... Ma maman, Laura et Anne ont été le préparer. Charles est sorti de la pièce et puis ma maman est venue me l'amener, me le présenter. Et en fait c'était juste un bébé qui dormait. Il était hyper beau. Après il était petit, je pense qu'il faisait 1,3 kg.

  • Speaker #1

    Il n'était pas bleu ou quoi que ce soit ?

  • Speaker #0

    Pas encore, non. En fait c'était vraiment un bébé qui dormait. Il avait l'air apaisé, il avait l'air... Il avait l'air bien, ma soeur est venue, la première chose qu'elle a dit c'est il est magnifique Après c'était un moment suspendu dans le temps et Lorane avait fait appel aussi à une association qui s'appelle Au-delà des nuages C'est une association qui fait des photos à la maternité des enfants décédés pour permettre aux familles d'avoir des souvenirs. Ou par exemple dans mon cas, si un jour Charles veut voir Augustin, on pourra lui montrer des photos. Après... Il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'IMG cette date-là. Donc, ils sont arrivés un petit peu tard. Ils sont arrivés une heure et demie après. Et là, il était un petit peu bleu déjà. Et on voyait qu'il était un peu plus marqué. Mais les photos sont magnifiques. J'ai demandé de faire des photos d'un peu plus loin où on ne le voyait pas forcément. Parce que j'avais envie de pouvoir avoir des photos dans mon salon sans que les gens soient choqués. Parce que je respecte tout à fait le fait qu'on ne veut pas avoir d'enfants décédés. Il y a des photos un peu plus loin. On a fait aussi une carte de naissance avec juste sa main. Comme ça, Charles a vu ça, on a des souvenirs. Et je pense que ça vaut vraiment la peine. Et cette dame qui est venue pour faire les photos, en fait, je ne sais pas c'est quoi leurs histoires, mais j'ai l'impression que c'est des gens qui ont soit passé par là ou qui ont eu... qui ont eu des gens dans leur entourage qui sont passés par là parce qu'elle était tellement humaine. Et la première chose qu'elle m'a dit, et ça, ça m'a énormément touchée, c'est je ne sais pas si ça va être déplacé, mais je voudrais vous féliciter d'être venue maman aujourd'hui Et ça, c'est ce qu'il faut aussi comprendre dans tout ce qui est deuil périnatal, c'est qu'en fait, on est maman. Peut-être pas d'un être tangible qu'on peut toucher, mais en fait, tout le processus d'accouchement a fait que... Quand mes copines parlent de leur accouchement, parce que pour les jumeaux j'ai eu une césarienne, je raconte l'accouchement d'Augustin. J'ai accouché d'un bébé par voix basse. Je pense que c'est quelque chose qu'on ne se rend pas vraiment compte. Mais oui, on est maman à partir du moment où on a ce bébé dans le ventre. C'est parfois difficile pour les gens de s'en rendre compte. C'est vrai que pendant mes stages, j'ai eu des IMG, j'ai eu des bébés qui étaient décédés. Chaque fois, je me disais, pourquoi ils veulent faire des photos de ce bébé décédé ? Je ne sais pas comment j'ai pu penser ça, mais je pense que quand on ne l'a pas vécu, et qu'on est jeune et qu'on ne se rend pas compte de ce que c'est d'être maman, c'est difficile de s'en rendre compte. Ce qui me faisait peur aussi, c'est que c'est un syndrome qui est lié à des malformations du visage. Ils ont des fentes palatines ou des becs de lièvre. Ça peut arriver, nous aussi, ils ne l'avaient pas. J'avais demandé qu'on me dise... que je puisse me préparer si il avait vraiment quelque chose dans son visage qui allait peut-être me choquer même si je pense qu'à ce moment là rien n'aurait pu me choquer. On est resté environ 2-3 heures avec lui mais donc on a été plusieurs fois chez Charles lui demander mais il a vraiment pas voulu, sa maman n'a pas voulu non plus. On est obligé de faire une nuit à l'hôpital. Le gros problème c'est que les salles d'accouchement c'est des salles d'accouchement où il y a des bébés qui naissent. des bébés vivants, qu'on est dans une maternité, donc on est à côté de parents qui ne dorment pas la nuit, mais pas pour les mêmes raisons que nous. Et là, on avait eu une petite chance, et qu'on était plusieurs, du coup, comme je l'avais dit, à donner naissance à des enfants morts-nés. On avait une aile de la maternité rien que pour nous. Si on nous mettait dans une salle complètement à l'autre bout de l'hôpital, on serait plus françaises. ça enlevrait une légitimité d'être parent ancien. Donc je trouve ça pas plus mal, même si c'est... difficile sur le moment même, ça c'est sûr. Et puis en fait on est obligé de voir un psy avant de partir. Là malheureusement en fait on était le 22 décembre, je sais pas, j'ai pas eu du tout une psychologue qui était adaptée au deuil périnatel. Ça n'a pas encouragé mon mari à aller voir une psychologue par la suite. On a eu une kiné aussi qui m'a demandé où était mon bébé, enfin... Je pense qu'en fait on n'est pas du tout confronté souvent à ça, alors que ça arrive très souvent, c'est pas quelque chose de... de rares en fait.

  • Speaker #1

    Quel genre d'annonce, de message vous avez reçu suite à la naissance d'Augustin ?

  • Speaker #0

    Alors nous, dès qu'on a su qu'on arrêtait la grossesse, on a envoyé un message. On a dit qu'il avait eu une malformation et qu'on arrêtait la grossesse et qu'il allait s'appeler Augustin. Puis on n'a plus donné de nouvelles. Quand j'ai accroché, on a juste envoyé un message Augustin est né ce mardi 22 décembre à 17h. Donc ça, on a dit. Et ensuite, moi, pendant mes phases avant la naissance, j'ai écrit un long texte. Chaque fois que je me réveillais la nuit, j'écrivais. Et c'était une déclaration d'amour. Et j'avais envie de lui expliquer que malgré tout, il était aimé, qu'on était ses parents. Et j'ai mis le texte que j'avais fait pour lui sur Facebook. Parce que j'avais justement pas envie d'avoir des messages qui me disaient... coucou comment tu vas, alors que ça n'allait pas. Et en fait, suite à ce message, il y a plein de gens qui sont venus vraiment en me disant mais en fait je connais quelqu'un qui a eu la même chose. Et c'était beaucoup plus facile pour les gens de comprendre aussi pourquoi ça n'allait pas, pourquoi c'était aussi dur, parce qu'à partir de 25 semaines en Belgique, il faut prendre en charge les funérailles du bébé. Je pense qu'avant 25 semaines, on peut décider de le mettre avec les déchets des hôpitaux. Donc c'est l'hôpital qui... qui s'occupe de l'incinération avec les autres déchets médicaux qu'ils nous ont dit. Une semaine après, on l'a enterré. On l'a incinéré. J'ai lu le texte que j'avais fait pour lui. On a juste mis des musiques. On n'a vraiment pas fait grand-chose. Et le texte, je l'ai lu juste avec Charles à la fin, quand tout le monde est sorti.

  • Speaker #1

    Tu as une vague d'amour autour de toi dans les premiers temps. Et après ?

  • Speaker #0

    Après, nous, on a eu la chance. On était extrêmement bien entourés. Mais j'ai l'impression aussi qu'on se dit, ok, ça fait un mois, maintenant il faut passer à autre chose. Pas du tout dans mon entourage, mais à l'extérieur, c'est un peu ça, parce que c'est pas compréhensible. On se dit, c'est bon, elle en fera un autre. Puis aussi, ce qu'on ne rend pas compte, c'est qu'on diabolise aussi tout ce qui est enceinte, tout ce qui est bébé. tout ce qui est... enfin c'est vraiment extrêmement dur de voir des femmes ensemble, c'est extrêmement dur de voir des nouveau-nés. Là moi j'avais trois copines qui, assez proches, qui accouchaient entre janvier et mars. J'arrivais pas à aller les voir, j'arrivais, j'arrivais, j'arrivais juste pas à aller les voir. Je pense que la première que j'ai été voir c'était ma coloc, le bébé de ma coloc. Elle est née en février, j'ai été la voir. fin mars, quelque chose comme ça mais je savais que ça allait être bienveillant je savais qu'on allait pas m'exposer tout le bonheur qu'ils avaient et puis au final c'était pas le début d'un bébé c'est pas non plus hyper opposant c'est pas aussi épanouissant que tout le monde le dit donc franchement ça a été un bonheur je l'ai pris dans les bras et ça allait mais c'est vrai que nous on était très obnubilés par le fait de retourner enceinte très rapidement j'avais que ça en tête J'avais que ça en tête, il faut que je tombe enceinte, il faut que je tombe enceinte, pas pour le remplacer, loin de là. C'est juste qu'on avait préparé tout pour qu'il arrive et en fait on se retrouvait sans rien. Et j'ai eu la chance aussi que ma maman et ma famille se sont mobilisées pour venir enlever la chambre pendant qu'on était à l'hôpital. Comme ça quand on rentrait, on ne devait pas rentrer dans cette chambre, on a dû attendre des tests génétiques. pour être sûre qu'on n'avait pas la même pathologie. On a fait des tests génétiques le jour où on a arrêté le cœur. Ça a pris un mois et demi environ pour être sûre qu'on n'avait pas la maladie de Dijon. Parce qu'en fait, c'est ça qui est difficile aussi avec cette pathologie, c'est que les gens tout à fait normaux peuvent avoir la maladie sans vraiment de gros retards mentaux. Et ça, heureusement, on n'avait pas. Et puis en fait, une fois qu'on a eu les tests génétiques de ça, on nous a dit... Comme vous avez eu un enfant qui a eu une malformation, il faut faire des tests plus poussés et vraiment regarder tous vos gènes, voir s'il n'y a vraiment rien d'autre. Parce qu'on sait que vous n'avez pas le syndrome de Dijorge, mais on ne sait pas si vous avez d'autres choses. Et donc là, ça a pris environ trois mois. Donc j'ai eu les résultats finaux en mai, alors qu'il était né en décembre. Et en fait, quand on a eu les résultats, tout était OK, je suis tombée enceinte le lendemain. Non.

  • Speaker #1

    Donc vous attendiez ces résultats ou alors vous avez remis en route directement ?

  • Speaker #0

    On a attendu les premiers résultats, mais je pense que je n'étais pas sereine. Enfin, tant que je n'avais pas les résultats finaux, je pense que je n'arrivais pas à avoir l'esprit libre et être OK avec retomber enceinte.

  • Speaker #1

    Comment vous apprenez cette nouvelle grossesse ?

  • Speaker #0

    J'ai des cycles super courts, en fait. Au bout de 23, 24 jours, j'ai mes règles. Et là, en fait... Je pense que je dépasse 24-25 jours, je me dis Hum, bizarre Et là, je fais un test de grossesse. Et ce qui est assez drôle, enfin pour l'instant, je vois beaucoup de signes. C'est que j'apprends ça le 27 mai. Et le 27 mai, c'est la cento-gustin. Je vois un bêta HCG à 400. Puis deux jours plus tard, je refais une prise de sang. Et là, j'étais à 1200, je suis là Ok Puis une semaine après, je me fais une écho moi-même et là je vois que c'est des jumeaux.

  • Speaker #1

    Comment vous le preniez, le fait que ce soit des jumeaux ?

  • Speaker #0

    Charles est jumeau, mais ça ne vient pas du tout de lui, ça vient de moi en fait. C'est moi qui l'ai vu plusieurs fois. Donc lui, il sait ce que c'est d'avoir des jumeaux, il était très content. Et moi, j'étais un peu dans le déni, mais aussi contente parce que je me disais, en fait, s'il arrive quelque chose à l'âge, j'en ai quand même un. J'avais vraiment cette phase de me dire, ok, en fait, quoi qu'il arrive, si ça tombe, je vais avoir un bébé. C'est horrible de dire ça comme ça, mais c'est vraiment... comme ça que je le ressentais. Et pendant toute la grossesse, en fait, tu vis en apnée complète. T'es pas du tout présente comme tu dois l'être. Moi, je m'imaginais pas avec des bébés vivants dans mes bras. J'arrivais pas, je me cachais, j'avais pas de ventre alors que j'avais des jumeaux. J'attendais en fait cette deuxième écho pour pouvoir me laisser vraiment me dire, ok, en fait, ils sont là, ils vont bien. Ça a pas été une chouette grossesse, vraiment pas. Je pense que... que c'est difficile d'avoir une grossesse d'après, comme on appelle. C'était vraiment un peu de la torture. En plus, j'étais malade, vraiment, je vomissais. Je pense que j'ai perdu 5 kilos pendant mon premier trimestre. J'avais l'impression, en fait, que ça n'allait jamais aller. Évidemment, mon corps m'avait trahi une fois. Je ne vois pas pourquoi il ne m'aurait pas trahi une autre fois. Et j'étais hyper contente. Mais en fait, le problème aussi, c'est que quand tu es enceinte, les premières choses qu'on va te dire, c'est Alors, c'est ton premier ? Et en fait, ça m'est très... les gens sont très mal à l'aise quand tu dis en fait non mais j'ai perdu mon premier, enfin ou non mais mon premier est décédé. Et en fait je veux pas dire que j'ai pas, que Gusta n'existe pas. Et donc ça rend les conversations très très inconfortables parce qu'à chaque fois on me demande combien j'ai d'enfants, je vais dire ben quatre en fait. Et ils sont là quatre, ça fait beaucoup. Je suis là oui mais enfin... Et parfois, je n'explique même pas. Parfois, je laisse les gens penser que j'ai quatre enfants. Et en fait, après, parfois, je dis oui, j'ai des jumeaux. Et je ne dis rien d'autre parce que je n'ai pas envie ou ce n'est pas le bon jour. Je me sens toujours un peu mal, comme si j'avais trahi.

  • Speaker #1

    Quand tu dépasses cette deuxième écho, on vous rassure avec les jumeaux ?

  • Speaker #0

    Oui, on m'a toujours rassurée. On m'a toujours dit la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit. Mais je pense que c'est tellement... Le traumatisme est tellement ancré en moi que c'est difficile de passer au-dessus. Et je pense aussi que c'est ça qui a été aussi difficile parce que je ne me suis pas rendue compte qu'on allait avoir des jumeaux. Je ne me suis pas dit, ok, on va avoir des jumeaux, ça va être dur. Tout le monde me disait, ça va aller. Je disais, oui, pourquoi ça n'irait pas, je ne comprends pas. Et en fait, je me souviens de cette première nuit à la maternité quand ils étaient là, avec Charles, on s'est regardé, on s'est dit, mais qu'est-ce qui est en train de nous arriver ? Genre, ce n'est pas possible. En plus, moi, j'ai eu une césarienne pour les jumeaux, donc je pouvais pas me lever. Enfin, je pouvais me lever, mais très difficilement. Ouais. Et ils pleuraient chacun à leur tour. On n'a pas dormi une minute de la nuit. En fait, moi, j'ai juste envie de regarder des séries et d'être dans mon canap', genre, qu'est-ce qui m'arrive ? Alors que c'est tout ce que je désirais, c'était des bébés en bonne santé. Et c'est vrai que j'ai eu un gros, gros, gros baby blues après. Où, en fait, je pense que j'ai tellement... était en déni de cette grossesse alors que j'avais un ventre énorme. En fait, quand j'ai eu la réalité qui m'est tombée sur la tête, j'ai eu un moment de panique en me disant, mais deux, ça va être chaud, quoi. Puis c'est passé, je pense que ça a mis, oui, trois, quatre jours.

  • Speaker #1

    Et est-ce que le fait d'avoir dépassé ces semaines symboliques t'a permis après de mieux vivre la grossesse ?

  • Speaker #0

    Oui, genre vraiment tout le monde disait que j'avais l'air hyper épanouie, que... que ça allait, mais j'ai fait ma valise pour les jumeaux à 33 semaines. On n'a pas mis la chambre avant 34 semaines, je pense. J'étais hyper heureuse, je sentais que j'étais beaucoup plus heureuse. Mais même pour cette grossesse-ci, je ne vis pas les grossesses comme tout le monde, je le sais. Je ne suis pas du tout en train de caresser mon ventre. Je ne suis pas dans un état non plus où je suis bien. Je reste toujours sur mes gardes. Et je pense que jamais je vivrai sereinement une grossesse, jamais. Mais je l'accepte, je l'accepte. Et quand il y a eu les jumeaux, le dernier trimestre, j'ai fait des photos de grossesse que je ne pensais pas que j'allais pouvoir faire du tout. Il faut aussi savoir qu'on n'était pas mariés. Donc on a eu plein de problèmes à la commune pour pouvoir le déclarer. Donc en fait, quand il naît, on a un certificat de nez sans vie. Et sur le certificat de nez sans vie, il était marqué le nom de Charles. On n'avait pas fait de déclaration anticipée en fait, parce que... En fait, dans la première grossesse, on a passé le premier trimestre, on se dit, en fait, c'est bon, bingo, on a le bébé à la fin. Et donc, il était marqué Charles, père de l'enfant, non marié à la mère, n'ayant pas reconnu l'enfant. En fait, ça faisait vraiment comme s'il était parti, qu'il n'avait pas demandé son reste et qu'il n'en avait rien à faire. Et ça, ce document-là, on l'a le jour de l'enterrement, en fait. Ça a été très compliqué pour Charles à ce moment-là. Et en fait... Deux, trois mois après, en fait, Charles me fait sa demande. Et là, en fait, c'était super important qu'on se marie avant que les jumeaux arrivent. Donc je me suis mariée enceinte de 20 semaines. On s'est mariées à la commune. Et voilà, je me souviens de ce moment où j'étais enceinte, où c'était vraiment super chouette. Et pourtant, j'étais à 20. 21 semaines, je pense. Je venais d'avoir mon écho de deuxième trimestre. Et je me souviens que c'était un moment incroyable où j'étais épanouie, où ça ne me dérangeait pas qu'on regarde mon ventre, ça ne me dérangeait pas qu'on touche mon ventre, ça ne me dérangeait pas que... Donc il y a eu des super bons moments. Ça, je ne peux pas dire, mais c'est juste que ça n'a pas été facile. Et que c'est vrai qu'avec les hormones et tout ça, je pense que j'ai une tendance à être plus sensible pour plein de choses. Peut-être que je fais juste partie des gens qui n'aiment pas être... Enfin, qui n'adorent.

  • Speaker #1

    pas être enceinte et que ça n'a rien à voir avec mon histoire mais je pense que clairement ça joue quand même Est-ce que vous êtes autorisée quand même à vous projeter tu vois de l'arrivée des jumeaux et même maintenant de votre quatrième enfant ?

  • Speaker #0

    On s'autorise pas beaucoup même avec même maintenant alors que c'est ma troisième grossesse et que on sait que tout va bien et que voilà là je suis à 37 semaines il n'y a pas de raison mais genre on a rien, j'ai pas fait ma valise on a J'ai trouvé le prénom il y a deux ou trois semaines. Non, je pense qu'on n'arrivera jamais à se projeter. On n'arrivera jamais à en parler sereinement. Alors que ce bébé est tout à fait désiré. On est hyper impatients, mais c'est vrai qu'on a toujours cette réserve. Et je pense qu'on l'aura toujours.

  • Speaker #1

    Vous avez été suivi, accompagné psychologiquement ?

  • Speaker #0

    Quand on arrête le cœur, il conseille de faire neuf séances de psy. Donc moi, c'est ce que j'ai fait. Charles ne l'a pas fait. parce qu'il était un peu traumatisé par la psychologue qui nous a vus à l'hôpital. Ça m'a énormément aidée. Après le décès d'Augustin, j'ai en fait pris tout ce que je pouvais prendre. Donc j'ai des amis qui adorent la micro-kiné. Moi, c'est vrai que je suis très rationnelle dans le médical. Après, je sais qu'ils ont fait leur preuve, mais c'est vrai que moi, je vais plus dans le médical. Et en fait, j'ai tout essayé. J'ai été voir des doulas, j'ai été voir une micro-kiné, j'ai été voir une sophrologue, j'ai vraiment essayé tout. Et au final, ce qui m'a aidée le plus, c'est la psychologue. Et ça a vraiment bien aidé. Mais quand j'ai repris le boulot, en fait, je n'avais plus le temps de faire ça. Et là, ça, ça a été très, très dur parce que malgré qu'on soit dans un milieu médical où on pense que les gens sont en fait... Très tournée vers l'humain, ce n'est pas toujours le cas. Et en fait, malgré ce que j'avais vécu, on s'attendait juste que je revienne à 100%. Au final, je n'ai pas pris 14 semaines, j'ai pris 9 semaines après l'accouchement. Et en fait, je n'étais pas du tout prête. Je n'étais pas du tout prête, je n'étais pas mentalement... J'avais juste l'objectif de retourner enceinte. En fait, dans ces métiers-là, tu ne peux pas ne pas être à 100% quand tu travailles. En radiologie, on a énormément... confiné dans un endroit avec plein de gens. On est une vingtaine, en fait, dans un service de radiologie. Et voilà, il y a des gens qui venaient d'être grands-parents à ce moment-là, donc ils mettaient leurs vidéos de bébés à côté de moi. C'était pas forcément facile. Je pense que c'est pas facile pour les gens d'être à côté de quelqu'un qui vient de perdre un bébé. Mais c'est clairement pas facile d'être la personne qui a perdu un bébé parce que ça fait peur. Les gens ne venaient plus me parler. Après, j'ai eu... énormément de gens super bienveillants qui ont été énormément présents pour moi qui m'ont soutenue il y a un de mes collègues qui a eu un bébé deux mois après que je revienne et il a toujours été hyper bienveillant avec moi, il m'en parlait parce que je pouvais pas lui interdire d'en parler, c'est super cruel aussi de ma part de dire non tu peux pas parler de ton bébé à côté de moi non c'est pas possible Mais il l'a fait toujours d'une façon hyper bienveillante. Et ça, c'est quelque chose. Mais c'est vrai qu'au niveau travail, ça n'allait pas. Je pense qu'il faut vraiment prendre le temps nécessaire. Et ce qui est vraiment hyper cruel aussi, c'est qu'avant 25 semaines, tu n'as pas le droit à ton congé maternité. Donc, au bout de deux semaines, tu peux être de nouveau au boulot. Mais je ne sais pas comment on fait. Parce qu'au final, je pense qu'à partir de 17-18 semaines, tu accouches.

  • Speaker #1

    Comment tu as vécu ce postpartum en fait ?

  • Speaker #0

    Quand tu es en postpartum, tu te dis ok, pour l'instant je ne suis pas en top, mon physique n'est pas top, mais ce n'est pas grave. Là en fait, je disais toujours, j'ai grossi, ta poitrine n'est pas la même non plus. Il y a plein de choses et j'étais là tout ça pour rien, tout ça pour rien, tout ça pour rien. Parce que c'est vrai que... qu'au final, quand tu as ton bébé et que tu as encore du ventre ou que tu as encore 5 kilos à perdre, tu te dis, c'est bon, ce n'est pas grave, ça vaut la peine, j'ai ma petite merveille devant moi. Moi, c'est vrai que je n'avais pas ce soutien qui me disait en fait... Tout ça, ce n'était pas pour rien. J'ai eu des montées de lait. Il y a des médicaments qui existent pour enlever la montée de lait. Mais ça, ma gynéco ne voulait pas me le donner parce que ça peut donner des dépressions aussi. Comme j'étais assez fragile à ce moment-là, elle m'a dit écoute, on ne va pas te donner Moi, mon échappatoire, c'est le sport. Et je ne pouvais pas faire de sport parce que j'étais en postpartum. Donc pas très bien. J'étais juste déprimée pour tout. tout ce qui se passait je pense que j'ai vraiment fait à mon avis une dépression pendant en casier un an où j'étais pas moi même ça pas été diagnostiqué ça pas j'ai pas été traité ou quoi mais je pense que j'ai vraiment après la naissance des jumeaux je me suis retrouvé quoi je me suis dit ok là en fait je recommence à vivre et je recommence à vivre bien et je me retrouve et je commence à apprécier qui je suis avant je pense que Que ce soit le postpartum ou pas, c'est juste très difficile parce que tu vas chez la kiné, mais avant toi, c'est une dame qui a un bébé. Après toi, c'est une dame qui a un bébé. Mais voilà, j'ai été très bien entourée et je pense que je me suis entourée pour plein de choses d'une bonne manière. Je faisais quasi 60 ou 70 kilomètres pour aller voir ma kiné, juste parce qu'en fait, ça me faisait perdre trois heures de ma journée. J'essayais de m'occuper comme tu pouvais. C'est le fait d'être légitime, de me dire, ok, en fait, moi aussi, je vais à la kiné post-natale parce qu'en fait, j'ai accouché. Et enfin, c'est tout ça qui rendait aussi les choses plus faciles à vivre, en fait. De me dire, ok, en fait, genre, je suis maman, genre, j'ai peut-être pas de bébé, mais je suis maman. Et à ce moment-là, je disais, j'ai un enfant. Je me dis, bon, ça va, c'est pas trop difficile. Et nuit, et là, je répondais pas. Enfin, je prenais... Pas la peine de dire, ben non, en fait, j'ai pas de bébé, mais...

  • Speaker #1

    Quel est le genre de bonne réaction, selon toi, en fait ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, ce que j'adore pour l'instant avec certains de mes amis, c'est que chaque fois, pour l'anniversaire d'Augustin, ils m'envoient un message. Ils disent, t'es enceinte de ton quatrième enfant, ou c'est ton quatrième enfant, tu vas accueillir ton... En fait, c'est juste de le nommer, juste qu'il soit présent, et que même s'il n'est pas présent sur Terre... qu'il existe en fait. Parce que je me dis, le jour où je partirai, où Charlemont partira, il n'y aura plus personne qui saura qu'il a existé. Et ça, je pense que c'est le plus dur parce qu'on n'a aucun souvenir avec lui. Enfin, si on a les souvenirs de la grossesse, mais on n'a rien de tangible. Il n'a pas vécu sur Terre, entre guillemets. Et c'est ça qui est vraiment difficile et c'est pour ça que j'en parle autant. C'est qu'en fait, j'ai besoin qu'il existe parce qu'il a existé et qu'il a eu un impact énorme sur notre vie. Et ça, je ne veux jamais l'oublier. Il m'a rendue meilleure dans plein de choses. Il m'a fait relativiser tellement de choses. Il fait la maman que je suis aujourd'hui aussi. Et ça, c'est parce qu'il existait. Il m'a construite d'une façon que personne d'autre n'aurait pu le faire. Et évidemment, ça a été traumatisant. Et c'est une des... plus grosse faiblesse que j'ai dans ma vie mais c'est aussi une de mes plus grandes forces et ça je veux vraiment jamais l'oublier en fait ça n'a jamais été un tabou avec tout l'entourage vous jamais ouais mais jamais avec personne et je pense que c'est pour ça que ça rend mal à l'aise des gens c'est que d'habitude on cache tout ça que ce soit les fausses couches que ce soit les essais bébé parfois les gens ne veulent pas dire qu'ils ont qui font des essais bébé parce que c'est à bout de pas réussir à faire un bébé tout de suite ou enfin il ya plein de choses et au final le fait d'en parler J'ai une collègue qui a vécu la même chose que moi, qui en fait on n'était pas très proches et quand elle a appris la nouvelle, elle m'a appelée, elle m'a contactée et je pense que c'est ça aussi que j'ai envie de faire passer, c'est que plus on en parle, plus on aide les gens aussi autour de nous. Et moi c'est ce qui m'a énormément aidée aussi après tout ça, c'est de se sentir écoutée, pas de se sentir seule, c'est d'avoir des plateformes comme... En France, il y a l'association Petite Émilie, c'est un forum avec tous les gens qui ont perdu des bébés, qui ont fait face au deuil périnataux. Ça laisse cours à dire ok, je ne suis pas seule, ok, il se passe ça, ok, il y a les podcasts, il y a les comptes Instagram Il y a plein de choses qui peuvent aider, même si ça rend mal à l'aise les gens, ça fait partie de mon histoire. Et puis là, c'est ce que je disais, on voit des signes un peu partout. J'ai appris ma nouvelle grossesse le jour de la Sainte-Auguste. Auguste, première grossesse Saint-Augustin, là celle-ci Saint-Auguste. Enfin on voit des signes un peu partout et on les crée aussi.

  • Speaker #1

    Quel regard vous portez sur tout ce parcours que vous avez traversé ?

  • Speaker #0

    Parfois je me dis j'aurais aimé ne pas avoir ça, avoir ça, mais quand je regarde aujourd'hui, en fait je suis juste fière de notre famille. Si on n'avait pas vécu tout ça, j'ai l'impression en fait que tout peut nous arriver. qu'on est tellement fort, que mon couple est fort, que mes enfants, même s'ils sont loin d'être parfaits comme je suis loin d'être parfait comme maman, c'est des petites merveilles et que, en fait, je suis vraiment bien dans l'endroit où je suis maintenant. Et je pense que je n'aurais jamais eu cette sensation aussi forte s'il n'était pas arrivé tout ce qui est arrivé. Et je pense que mon parcours, enfin notre parcours en tant que famille est incroyable. Et c'est pour ça que... que jamais je me tairai et jamais je n'en parlerai pas parce que je suis mariée, j'ai quatre enfants et je suis vraiment hyper heureuse aujourd'hui, malgré le fait que j'ai perdu un enfant et ça aussi j'aimerais bien vraiment passer comme message. J'ai vraiment vécu les pires moments de ma vie, je pense qu'il n'y a rien qui a été dans ma vie plus douloureuse que la perte de mon enfant. on s'en sort en fait. Et au final, c'est beaucoup plus une force qu'une faiblesse. Et ça je pense que c'est très important de le savoir aussi, qu'en fait, même si je l'oublie pas, même si les 22 décembre c'est des journées qui sont très difficiles pour moi, c'est chaque fois qu'il y a des événements marquants, je me dis, lui aussi il aurait marché à ce moment-là. Si je suis aujourd'hui aussi épanouie, c'est grâce à lui aussi. Je me suis rendue compte, donc ça fait trois ans. ça fait trois ans et en fait je suis toujours triste je suis vraiment je suis très très date même si je me rends pas compte alors ça je suis vraiment pas bien ces jours là et donc j'ai vraiment envie de tourner ça et de faire ça de célébrer en fait de célébrer sa naissance et de le faire avec les enfants je pense que ce sera beaucoup plus facile aussi qu'on Quand ils se rendront compte qu'en fait, on célèbre leur frère qui n'est peut-être pas là.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous leur parlez d'Augustin ?

  • Speaker #0

    Alors, ils ne réalisent déjà pas qu'ils vont avoir une petite chambre. Donc, c'est Arthur et James. Arthur, il a une peluche qui s'appelle Augustin le Labin. Je l'avais acheté comme ça et en fait, il l'a choisi lui-même. C'est son doudou, quoi. Alors qu'ils ont mille doudous. Je vais en parler, j'en parlerai, j'en parle déjà, mais ils ne comprennent pas. Pour moi, c'est très important qu'ils aient un grand frère. Ça, c'est sûr. Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Marie. Merci d'avoir pris le temps de me partager votre parcours, qui est admirable. Franchement, vous pouvez être super fière de vous et de votre famille. Je vous souhaite plein, plein de belles choses pour la suite et une belle fin de grossesse pour ce quatrième enfant, Clary.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour votre écoute. Alors que vous soyez coparent, tatac, grand-mère, papy ou proche d'un futur parent, N'hésitez pas à partager et liker les épisodes et à en parler autour de vous pour soutenir ce podcast. Vous pouvez aussi mettre un cœur en 5 étoiles sur l'appui d'écoute de votre choix. Parce qu'on ne naît pas par nous mais qu'on le devient. Parce qu'on ne savait pas qu'il fallait un village entier pour élever un enfant. Parce qu'on s'est senti trop souvent dépourvu face aux pleurs de bébé. Parce qu'on ne savait pas que pleurer sans raison était tout à fait normal après un plein chamboulement. Mais aussi parce qu'on ne savait pas qu'il était possible de générer autant d'amour pour de si petits êtres. Peut-être parce qu'il y a milliers de raisons d'écouter Rita, le podcast belge qui compte bien vous aider à mieux vivre ce grand tourbillon de la vie.

Description

Quand j’ai reçu Marie pour enregistrer cet épisode, elle était rayonnante et enceinte de 8 mois. Elle s'apprêtait à donner la vie à son quatrième enfant et rien n’aurait pu laisser penser qu’elle avait vécu le pire près de quatre auparavant.

À l’époque, Marie et Charles vivent le parfait amour et dans la continuité de leur histoire, ils décident de fonder une famille. Elle tombe enceinte rapidement et tout va pour le mieux jusqu’à cette deuxième écho où elle pressent que quelque chose ne va pas. Les examens s’enchaînent et le diagnostique tombe : son petit bébé qui grandit en elle présente une malformation cardiaque et le syndrome de Di George, une anomalie génétique, 2eme cause de retard mental après la trisomie 21.

D’un commun accord avec Charles, ils prennent alors la douloureuse décision qu’aucun parent ne devraient prendre, celle de mettre un terme à la grossesse. Augustin est alors né sans vie à 28 semaines de grossesse en décembre 2020. 

Dans cet épisode, Marie revient sur les 2 semaines qui ont précédé la naissance d’Augustin. Elle nous partage les sentiments et les émotions complexes qui l’ont envahie : entre la colère, le chagrin, le manque et le vide immense de laisser s’envoler son enfant. Elle évoque aussi la culpabilité, l’inquiétude, l’amour pour ce bébé tant attendu. Elle nous raconte la période qui a suivi ce drame, où sa seule obsession était de tomber enceinte et le magnifique cadeau que la vie lui a fait en lui offrant des jumeaux. 

🚫L’histoire que vous vous apprêtez à entendre aborde le sujet terrible du deuil périnatal, Il est donc à écouter dans les meilleures conditions possibles. 
 💛

N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !


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Un podcast original : Rita

Interviews : Anissa Hezzaz

Montage : Anissa Hezzaz

Episode diffusé le : 21 septembre 2024

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Cet épisode de RITA a été réalisé avec le soutien de la Boîte Rose.

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On se retrouve très vite pour un nouvel épisode 🎺



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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue chez Rita. Rita c'est le lieu de rencontre de tous les parents. Si vous êtes ici, c'est que vous-même allez devenir parent ou peut-être l'êtes-vous déjà. Ici on parle de maternité et de parentalité sans fil. Et si vous êtes tombé ici par hasard, j'espère que vous resterez quelques minutes de plus le temps d'écouter cet épisode. Je suis Anissa Isas et vous écoutez la saison 2 de Rita. Marie et Charles sont en couple depuis de nombreuses années quand ils décident il y a 4 ans, dans la continuité de leur histoire, de fonder une famille. Marie tombe enceinte rapidement et tout va pour le mieux, jusqu'à cette deuxième écho où elle pressent que quelque chose ne va pas. Les examens s'enchaînent et le diagnostic tourne. Son petit bébé qui grandit en elle présente une malformation cardiaque et le syndrome de Dijorge, une anomalie génétique, deuxième cause de retard mental après la trisomie 21. D'un commun accord avec Charles, ils prennent alors la douloureuse décision qu'aucun parent ne devrait prendre, celle de mettre un terme à la grossesse. Augustin est alors né sans vie à 28 semaines de grossesse en décembre 2020.

  • Speaker #1

    L'histoire que vous vous apprêtez à entendre aborde le sujet terrible du deuil périnatel. L'épisode est donc à écouter dans les meilleures conditions possibles. Bonjour Marie et bienvenue sur mon podcast. D'abord merci à toi d'avoir accepté de venir parler d'un sujet encore souvent tabou et surtout difficile à aborder. Mais je vais d'abord te demander de te présenter.

  • Speaker #2

    Donc moi je m'appelle Marie, j'ai 31 ans, je suis maman de trois enfants et bientôt quatre. Donc un premier enfant, Augustin, qui est parti à six mois de grossesse, et des jumeaux de deux ans et demi, et là j'attends mon quatrième bébé, une petite fille.

  • Speaker #1

    Et c'est bientôt, là c'est imminent.

  • Speaker #2

    Oui, je suis à huit mois, passé huit mois là. Ça va,

  • Speaker #1

    t'es pas trop fatiguée ?

  • Speaker #2

    Si, épuisée. J'imagine. Mais je pense que c'est la normalité, non ?

  • Speaker #1

    Surtout que tu nous as pas encore dit qu'est-ce que tu fais dans la vie mais donc tu as quand même un boulot prenant.

  • Speaker #2

    Oui je suis assistante ou interne en radiologie. Donc là je termine mon assistana qui dure donc 5 ans et c'est assez fatigant.

  • Speaker #1

    Et tu as des horaires de jours classiques ?

  • Speaker #2

    Donc j'ai fait mes gares jusqu'à 30 semaines et là je fais des jours classiques mais c'est 8-18. Et mon travail n'est pas tout ou près non plus de la maison, donc c'est quand même des horaires où je pars de 7h du matin à 19h. J'ai un très chouette mari.

  • Speaker #1

    Et justement, ton mari, comment s'appelle-t-il ?

  • Speaker #2

    Il s'appelle Charles, il est informaticien. On est ensemble depuis 21 ans, donc ça va faire 10 ans bientôt. On ne s'est rencontrés pas du tout dans le monde médical, ça s'était très bien. Et on s'est rencontré dans le cadre de matchs de handball en fait. Je faisais du handball et son meilleur ami faisait aussi du handball. Et il était présent souvent. Et de fil en aiguille, ça s'est passé comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te souviens le jour où vraiment vous vous mettez ensemble ?

  • Speaker #2

    Apparemment, pendant quelques mois, il était intéressé. Mais je n'avais pas l'air de comprendre.

  • Speaker #1

    Tu n'avais pas grillé les ordres ?

  • Speaker #2

    Pas du tout. Moi, j'étais... pas en relation mais dans quelque chose d'assez compliqué qui durait depuis longtemps et j'étais vraiment inébillée par ça donc j'étais pas du tout réceptive à ses avances et puis un jour il a été un peu plus clair que d'habitude et donc ça a été en soirée il m'a proposé de me ramener chez moi mais voilà et ça faisait longtemps que vous fréquentiez alors ça faisait je dirais qu'on avait fait quatre cinq soirées ensemble vraiment c'était chaque fois mais je le voyais de loin mais c'était pas du tout mon groupe d'amis Et puis un jour, je n'avais pas de lift pour rentrer chez moi. Et donc, il m'a proposé de rentrer chez moi.

  • Speaker #1

    Et alors, les débuts de votre relation, comment ça s'est passé ?

  • Speaker #2

    Très chouette. On était très jeunes. Donc, on sortait beaucoup. On faisait beaucoup la fête. C'était léger, mais en fait, on a très vite su que c'était très sérieux. Moi, j'ai l'impression qu'au bout d'un mois, je savais que je l'aimais et que c'était vraiment quelqu'un qui allait faire partie de ma vie pendant longtemps. Lui m'a dit qu'il avait mis un peu plus longtemps mais il sortait d'une relation de 4 ans donc c'était aussi un peu plus difficile. Mais ça a été assez rapide et au bout de deux ans on a habité ensemble. Et pour lui, en tout cas c'est ce qu'il a dit au mariage, ça a été le moment déterminant dans notre couple où il a su que j'allais être la maman de ses enfants, qu'on allait se marier.

  • Speaker #1

    Vous décidez de vous marier avant de lancer le projet bébé ?

  • Speaker #2

    Moi de base je ne peux pas me marier. Je ne voulais absolument pas me marier. Je n'ai pas du tout un modèle familial où on se mariait. On est plutôt une famille recomposée à chaque fois, ou séparée. J'ai jamais vraiment eu le papa, maman, enfant que tout le monde a, que ce soit dans mes cousins ou pour moi. Donc c'était pas quelque chose qui m'intéressait, ou auquel je croyais en fait. Et pour lui c'était très important, mais j'ai commencé à travailler en 2019. et lui ça faisait déjà deux ans qu'il me parlait d'enfants, qu'il me disait ok moi j'aimerais bien avoir des enfants

  • Speaker #0

    Et comme je savais qu'il voulait se marier, je me suis dit ok on fait les choses bien, on fait d'abord le mariage et puis les enfants. Et puis en fait il ne me demandait plus, il ne faisait pas sa proposition, je me suis dit bon ça ne va pas. Et en fait on est parti pour nos 5 ans en Champagne et je pensais vraiment qu'il allait faire sa demande. Et en fait à la fin de ses jours, pas du tout. Donc je me suis dit bon en fait moi j'ai 27 ans. j'ai envie qu'on passe à l'étape supérieure. Si tu ne me demandes pas de m'épouser, alors on lance le projet bébé. Donc ça, c'était le 1er mars 2020, il y a eu le Covid. On se dit, je retire ma contraception, puis on verra bien, on n'est pas non plus super pressé. On commence le projet bébé en avril, donc juste après le Covid en fait. Et là, directement, il me dit, c'est tellement injuste, pourquoi eux et pas nous ? Alors que ça ne faisait même pas un bout de temps qu'on essayait et que vraiment, on s'était dit, pas du tout de pression. Et lui, ça faisait deux ans qu'il me demandait d'avoir des enfants. Donc moi, je n'étais pas du tout prête. Je n'étais pas du tout dans le milieu médical. Même maintenant, je n'ai pas beaucoup de copines qui sont enceintes ou qui ont des enfants. Donc ça me semblait trop tôt, tout simplement. Et après, à 27 ans, je me suis dit, ma maman m'a eu à 27 ans. J'étais prête, j'avais un salaire. Tout changeait. Et donc, on lance en avril. On se dit ok cool on va attendre, on verra bien quand ça arrivera. Et là un de ses meilleurs amis annonce que sa copine est enceinte un mois après quoi. Donc début mai. Donc c'est vrai que là j'ai commencé à stresser. Pas à raison parce qu'en soi, au bout d'un mois, on n'est pas stressé de ne pas tomber enceinte. Et je pense que deux mois après, je tombe enceinte. Donc tout va bien, on est hyper content. L'annonce, ça ne se passe pas super comme on voulait. Parce que j'ai des cycles assez irréguliers et en fait, j'ai des spottings. Donc en fait, c'est vraiment entre les règles, j'ai quand même du sang. Et en fait, j'ai eu ça, j'ai eu mes règles alors que j'étais enceinte. Donc je ne remarque pas que je suis enceinte. Et un jour, j'ai vraiment fort mal au ventre. J'étais de garde et je me dis, ok, je fais une appendicite. J'ai quelque chose, ce n'est pas possible. Et donc, je regarde à l'écho et là, je vois...

  • Speaker #1

    Tu fais toi-même l'écho ?

  • Speaker #0

    Oui, je fais moi-même l'écho. Et là, je vois qu'en fait, il y a une poche dans l'utérus.

  • Speaker #1

    C'est trop dingue de le découvrir.

  • Speaker #0

    Donc, j'étais déjà cinq semaines et demie, six semaines, je pense. Donc là, un peu le choc, je suis en pleine garde, je me dis... OK, qu'est-ce que je fais ? Je cours à la pharmacie, je prends un test de grossesse. Je fais le test de grossesse, mais évidemment, il était à 22 heures. Test de grossesse négatif. OK, ouais. Je ne comprenais plus rien.

  • Speaker #1

    Et toi, tu étais sûre de ton coup quand tu fais ton écho ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. J'avais vraiment un bébé dans mon ventre. Donc, je me dis OK, il faut que je fasse une prise de sang. J'ai une copine qui est aussi de garde. Je lui dis OK, fais-moi une prise de sang tout de suite. Et là, la prise de sang est bien positive. Je pense que j'étais déjà à 6000 de bêta HCG. Enfin, genre vraiment, vraiment positive. Et à ce moment-là, j'étais à Moucron. Et ce qui était assez drôle, c'est qu'on était trois colocs. Et ma colocataire, en fait, était aussi enceinte. Elle avait appris une semaine avant, mais elle ne m'avait pas dit parce qu'on était en vacances. Donc, voilà, je l'annonce directement à ma coloc. Et quand je reviens de Moucron, ben... Je n'ai pas dormi de la nuit. Je reviens de deux heures de route. Et là, Charles, il ne veut pas se concentrer. Je lui dis, allez, assieds-toi. Il fait n'importe quoi. Et donc, je lui dis, écoute, arrête de faire l'enfant parce que tu vas en avoir un. Et voilà, comment j'ai annoncé à Charles. Ce n'était pas du tout prévu comme ça. Mais il était tellement, je ne sais pas, dispersé que je me suis dit, OK, il faut que je lui dise une façon ou d'une autre. Et c'est comme ça que j'ai...

  • Speaker #1

    Et il a réagi comment ?

  • Speaker #0

    Il était hyper content. Bon, c'était peut-être pas la façon de le dire, mais il était hyper content.

  • Speaker #1

    T'as fait cette première écho avant même de savoir réellement si t'étais enceinte ou quoi. Et puis après, t'as refait une écho.

  • Speaker #0

    Donc, j'ai fait ma gynéco. Oui. Et là, en fait, j'ai directement paniqué parce que je me suis dit, en fait, j'ai 27 ans. J'avais l'impression que c'était hyper jeune. Enfin, vraiment la panique de me dire, OK, je suis enceinte. Mais est-ce que vraiment on est prêt ? Alors que c'est quelque chose qui était réfléchi, qui était voulu. Ma gynécologue m'a tout de suite rassurée, mais c'est vrai qu'on fait des bébés de plus en plus tard, et comme mes amis ne sont pas du tout dans le même mood que moi, j'avais vraiment du mal à accepter cette grossesse, puis c'était vraiment aussi ne pas boire, j'ai des restrictions alimentaires, je suis en telle ou en telle gluten, mais donc je n'étais pas immunisée contre le toxo, donc ce n'était pas manger, pas boire, enfin c'était vraiment un peu difficile et j'étais très malade. très très très malade, je vomissais énormément donc c'est vrai qu'on était hyper contents mais que ça n'avait pas été les douze premiers mois, enfin les douze premières semaines les plus faciles de ma vie non plus parce qu'il y avait plein de questionnements et je pense que ça arrive à beaucoup de monde mais après j'avais pas à me plaindre j'étais tombée enceinte super facilement et vous considérez que vous aviez bien profité aussi de

  • Speaker #1

    justement votre couple avant de vous lancer dans ce projet d'enfant ?

  • Speaker #0

    Oui bien sûr et puis après on était en couple plein à Covid, donc c'est pas comme si la vie extérieure était fascinante et palpitante non plus. Mais je pense aussi que c'est ça qui a fait que j'étais aussi paniquée, c'est que je pouvais partager avec personne cette recette parce qu'on était en confinement, que j'étais juste seule avec moi-même et peut-être beaucoup plus de temps pour réfléchir, pour se dire quelles conséquences ça avait. Et puis c'est vrai que c'est pas toujours forcément facile de... de dire dans quel monde cet enfant va grandir. Ouais, ouais, ouais. Surtout en plein Covid.

  • Speaker #1

    Et comment se sont déroulés, du coup, les premiers temps de la grossesse, une fois que t'as, entre guillemets, accepté d'intégrer la nouvelle ?

  • Speaker #0

    Super bien. On nous a annoncé une petite fille. Donc, on se projette. On a déjà un prénom. On part en vacances avec ma famille. C'est vraiment, vraiment super chouette. La seule chose, c'est que ma maman aussi est médecin. Et donc, elle appelle pour avoir les résultats du NIPT. Et là, en fait, elle me dit, t'es prête ? J'ai eu les résultats du NIPT. Je dis, oui, OK. C'est un garçon. Ma gynécologue était vraiment quasi certaine que c'était une fille. Elle me disait, je suis à 99% sûre que c'est une fille. Et là, on me dit que c'est un garçon. Donc, c'est vrai que j'ai eu... Je voulais un garçon de base. Enfin, je n'avais pas vraiment de grosses préférences. Mais je me dis, pourquoi pas un garçon ? Mais comme on m'avait dit que c'était une fille et qu'au final, c'était un garçon, ça a fait un tel chamboulement dans ma tête que... que je râlais.

  • Speaker #1

    Il y a eu combien de temps entre cet écho où tu as dit que c'était une fille et le moment où tu as les résultats ?

  • Speaker #0

    Dix jours.

  • Speaker #1

    Ouais, donc en dix jours, tu projettes vachement.

  • Speaker #0

    Surtout qu'on était en vacances, donc en fait, on avait que ça. On était hyper excités pour cette grossesse. On se projetait vraiment, vraiment énormément. Donc ça, ça a été un peu... Je pense que j'ai mis deux, trois jours à me dire Ok, c'est un garçon, ça va être très bien. On met un peu plus de temps à trouver le prénom. Puis, la grossesse se passe. sans encombre, je vais beaucoup mieux, je suis beaucoup moins malade, j'ai toujours un rythme qui est assez important, mais ça se passe bien. Et puis vient cette deuxième écho, donc ça c'est la T2, comme on appelle l'écomorpho, et là, en fait, comme je suis dans la radiologie, je comprends quand même assez rapidement les échos. On fait l'écho, et ma gynéco me dit, tout va bien, il y a juste... On ne voit pas très bien le cœur, tu as beaucoup de liquide, il y a un petit rein qui est dilaté, enfin, toutes ces petites choses qui en fait n'ont pas tellement d'importance, mais j'avais l'impression qu'accumuler ça faisait en fait énormément. Mais moi, Charles, il n'a pas du tout perçu cet écho comme moi je l'ai perçu, il était tout à fait rassuré, il était là ok, tout va bien Ma gynécologue m'a dit on se revoit dans trois semaines pour voir un petit peu mieux le cœur mais écho tout à fait correct, quoi.

  • Speaker #1

    Toi,

  • Speaker #0

    ça reste dans un coin de ta tête ? Un petit peu, surtout que ma coloc qui était enceinte aussi m'avait appelée quelques jours plus tôt, parce qu'elle était une semaine plus tôt que moi. Et sa fille avait eu un petit problème à la T2 aussi. Donc, ça me restait un peu en tête et je me disais, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc, moi, je n'arrive pas du tout à me défaire de ce sentiment et je ne sais pas pourquoi. Mais on commence à installer la chambre. En fait, j'avais l'impression que c'était un petit mécanisme de défense. On a commencé à faire la chambre. J'achetais tout ce que je pouvais. On avait acheté des pyjamas, on avait acheté plein de choses. La chambre était prête. Et puis, trois semaines plus tard, on va à l'échographie. Et là, ma gynéco me dit, ok, je ne vois toujours pas son cœur. Il y a un problème à son cœur. Il y a quelque chose qui ne va pas. Mais je n'arrive pas à dire quoi, donc je vais t'envoyer chez un de mes collègues. Là, panique, panique. Et je lui dis directement, je lui dis écoutez, s'il y a vraiment quelque chose de grave, je suis dans le milieu médical. Je sais ce qui se passe quand les enfants ont des problèmes. Nous, on a très fort réfléchi, ça dépendra évidemment de quoi. Mais si c'est vraiment très grave, on peut arrêter la grossesse.

  • Speaker #1

    Vous en aviez déjà parlé ? Oui,

  • Speaker #0

    et puis moi, je travaille beaucoup avec des enfants qui, en radiologie, on voit quand même beaucoup d'enfants malades. je sais ce que c'est et puis après il y a des enfants qui sont très heureux même avec des pathologies très lourdes mais moi moi c'était mon sentiment que j'avais pas envie de ça pour mon enfant, je trouve que la vie est déjà assez dure comme ça que pour imposer ça mais c'est mon choix personnel et je respecte tout à fait les parents qui font un choix différent. Donc là j'appelle ma maman évidemment on pleure et elle me dit écoute moi je connais une gynéco aussi qui fait que des écomorphos et je vais t'envoyer chez elle, je vais l'appeler tout de suite. Et elle me trouve à rendez-vous le lendemain chez cette gynécologue, qui est incroyable, je lui dois énormément. Et entre-temps, ma gynécologue avait envoyé une vidéo de mon échographie à un collègue à elle, et elle me rappelle à 9h du matin, en me disant, écoute Marie... On sait ce qu'il a au cœur. Il a en fait une crosse aortique droite. Donc c'est une malformation du cœur où l'aorte ne passe pas du bon côté. Au lieu d'être à gauche, elle est à droite. Et c'est souvent associé à un syndrome qui s'appelle le syndrome de Dijorge. Et elle me dit, voilà, il va falloir que tu aies une ponction amniotique. Il va falloir que tu fasses d'autres tests pour être sûre qu'il n'est pas le syndrome. Parce que c'est un syndrome qui est assez lourd. Le Dijorges, en fait, il manque une partie d'un chromosome. Donc après la trisomie, c'est le deuxième syndrome de retard mental. Mais ils ont aussi de grosses autres pathologies. Donc ils n'ont pas de système immunitaire. Ils ont des problèmes pour avaler. Parfois, ils ne savent pas marcher du tout. C'est vraiment une grosse, grosse, grosse pathologie.

  • Speaker #1

    Toi, tu la connaissais déjà, cette pathologie ?

  • Speaker #0

    De loin. J'avais déjà entendu parler, mais je n'avais pas... Je n'avais pas vu beaucoup d'enfants avec cette pathologie. Le monde s'effondre, évidemment, mais j'ai cette gynécologue, on va voir, qui me rassure super fort, qui me dit, écoute, ces enfants qui ont ces pathologies-là, souvent, ils n'ont pas ça, ils n'ont pas ça. Toi, ton bébé, par exemple, c'est le thymus, une partie que les enfants ont, qui sert au système immunitaire. Moi, du coup, Augustin avait ça et normalement, ils n'en ont pas.

  • Speaker #1

    C'était un petit point rassurant dans tous les examens ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, vraiment, les gynécologues n'étaient pas du tout inquiets qu'il ait la pathologie parce que la seule et unique chose qu'il avait, c'était cette crosse aortique droite. Après ça, c'est vraiment les dix jours les pires de ma vie, je pense. On fait la ponction amniotique et après, on doit attendre les résultats. Donc là, moi, j'arrête de travailler. Impossible pour moi d'aller travailler dans ces conditions. Et très, très difficile, en fait, de se projeter dans cette grossesse. Je ne mangeais plus. Je pense que j'ai perdu 3 kilos en 10 jours. Parce qu'en fait, chaque fois que je mangeais, il bougeait. Et en fait, j'étais vraiment en déni de cette grossesse où je me disais, je ne peux pas m'attacher à cet enfant qui ne sera peut-être plus là dans quelques temps. C'était vraiment très difficile. Et puis, j'avais Charles à côté qui était très optimiste. Il disait, mais non. Il n'a que ça, ça arrive dans la population générale. En fait, il y a des gens qui ont juste cette malformation, mais sans rien d'autre. Et ça n'implique en rien à leur santé. Ils le font tout à fait normalement. Et même regarder la télé, je n'arrivais pas à me concentrer pour regarder la télé. On était, chaque fois que le téléphone sonnait, on sautait. C'était, je pense, vraiment les dix jours les plus compliqués de toute l'expérience qu'on a eue. On a un premier appel qui nous dit que... Il n'a pas de trisomie. Je pense que c'était le 18 décembre. Le vendredi, la deuxième gynéco que j'ai vue m'appelle et me dit Voilà Marie, j'ai une mauvaise nouvelle. Il a le syndrome de Dijorge. Et à ce moment-là, j'ai dit Ok, on ne continue pas la grossesse. Quand j'entends cette phrase, je me dis juste Ok, qu'est-ce que je dois faire ? Je dois appeler ma gynéco, la prévenir, dire que... Parce que je savais que je devais... accoucher. On était à 27 semaines, donc ils sont viables à cet âge-là. Donc, je devais accoucher de ce bébé. Je devais appeler Charles parce que j'étais chez ma soeur à ce moment-là. Et en fait, vraiment, je comprends ce qui m'arrive, mais je me dis, ok, je dois faire ça, ça, ça, ça d'abord. Donc, j'appelle ma gynéco. Il n'y avait pas de place, malheureusement. Donc, c'était... La deuxième gynéco était à Brugman, mais il n'y avait pas de place à cet endroit-là. Du coup, je vais accoucher à Bren. Mais je dois... voir un peu comment ça va se passer avec ma gynéco. Et comme j'avais déjà dit que s'il avait le syndrome, on arrêtait la grossesse, le processus s'est fait un peu plus rapidement que d'habitude. Normalement, il faut au moins une semaine entre l'annonce et l'accouchement. Et là, tout était prévu le lundi.

  • Speaker #1

    Et avec Charles, vous en aviez reparlé ?

  • Speaker #0

    Pendant les dix jours, on en avait tellement parlé. Vous étiez raccord ? Oui, on était raccord et on savait En fait, moi, j'ai lu énormément et comme je suis dans le milieu médical, je comprends aussi beaucoup plus de choses. Par exemple, pendant deux ans, il n'aurait pas pu avaler, il n'aurait probablement pas pu manger. On ne savait pas s'il allait un jour pouvoir marcher. C'est toutes des choses où j'étais consciente que ça pouvait arriver. Et en fait, c'était vraiment dur de s'épargner de son bébé. Mais je savais que je faisais la meilleure décision pour lui. On passe 48 heures en famille, avec ma maman, ma soeur, Charles. Et là, je remange, j'essaie d'avoir le plus de coups possible, de le sentir le plus possible. Et ce qui se passe en fait à 27 semaines, c'est qu'on doit arrêter le cœur. Parce que s'il naît, il est viable. c'est pas ce qu'on veut dans une interruption de grossesse. Donc ça, le rendez-vous est pris à 13h le lundi. Et ça, c'est des médecins spécialisés qui font. En fait, ils injectent un produit dans le corazon ombilical. Ça endort le bébé, les dos sont dépassés et on fait endormir le bébé. Et donc là, moi, je suis un peu hystérique quand je suis sur la table. Ça se passe comme une ponction amniotique. C'est une grande aiguille qu'ils insèrent dans le cordon. Entre-temps, ils demandent les consentements. C'est comme un hôpital universitaire. Ils demandent si je veux faire partie d'études, si je veux faire avancer la médecine. Bref, voilà. Et moi, je parle, je parle, je parle, je parle, je parle. Comme si rien n'était, en fait. Comme si c'était un jour tout à fait normal et que ce n'était pas du tout grave. Enfin, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    C'est ta manière de te protéger à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Ah oui, vraiment, je fais des blagues, vraiment.

  • Speaker #1

    Et t'es pas sous calmant ou quoi que ce soit à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    À partir du moment où j'ai eu le diagnostic, je faisais des terreurs nocturnes. Je ne sais pas si on peut appeler ça des terreurs nocturnes, mais je me levais à 3h du matin en hurlant. Et ma maman m'oblige à me mettre sous Xanax, donc un calmant. Je n'aime pas du tout les médicaments, je n'aime pas du tout ça. Et j'ai vraiment peur de la dépendance de ces médicaments. Donc je décide d'en prendre pendant une semaine. ce qui m'aide. Et la première chose que je demande à ma gynéco quand je décide d'en prendre, c'est est-ce que ça peut faire du mal à mon bébé en fait ? Alors que plus tard, il ne sera plus là. Mais c'est la première chose que je demande parce que malgré la décision qu'on prend, ça reste... On a envie de le protéger quand même. Donc on est au moment de la piqûre, je parle, je parle, je parle, puis il me dit ok, là maintenant il va falloir que tu arrêtes de parler. Et donc là, je sais qu'ils sont en train d'arrêter le cœur. Et en fait, à un moment, il retire juste tout et on sait que c'est fini, qu'il n'est plus là. Hélas, je pense que ça a été un des moments les plus difficiles. Charles, qui n'avait pas montré énormément ses émotions jusque-là, s'est effondré, en fait. On est resté, je pense, une demi-heure comme ça dans les bras de l'un de l'autre en comprenant ce qui se passait, en fait. C'était vraiment un premier revoir. C'était vraiment, vraiment, vraiment difficile. Et ma maman nous attendait, parce que ma maman a été présente malgré le Covid, en fait ils ont été très humains. Ma maman et ma sœur nous attendaient en fait de l'autre côté de la pièce. On a dû faire une prise de sang pour être sûre que ça venait pas de nos gènes. On a dû faire, enfin c'était vraiment en mode robot. Et puis en fait j'allais à Bral-le-le pour accoucher. Et là on me mettait de l'ocytocine pour provoquer l'accouchement.

  • Speaker #1

    Comment vous vous sentiez à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Mais c'est hyper bizarre parce que j'avais juste l'impression... d'avoir un accouchement pas normal parce que je savais que mon bébé ne crierait pas et qu'il ne serait pas vivant au final. Mais je disais tout le temps à Charles, oui, j'ai vraiment l'impression qu'on va avoir un bébé. C'était vraiment, moralement, en fait, je savais que je devais accoucher et ça allait. Ce n'était pas comme si on ne pleurait pas, on n'était pas en détresse. Après, il faut savoir que Charles avait décidé de ne pas le voir. Moi, j'ai très, très peur de la mort. C'est quelque chose, malgré mon métier, je déteste. Enfin, les personnes adorent ça, mais je n'aime pas du tout voir les... J'appréhende toujours de voir quelqu'un qui est décédé. Mais je savais que je voulais voir mon enfant. Ça, c'était une certitude. Mais Charles ne partageait pas ça. Il disait en fait, je préfère avoir les souvenirs. de lui dans son ventre et je n'ai pas envie d'avoir, chaque fois que je pense à lui, le fait qu'il soit décédé. Et donc, c'était prévu que ma maman et ma soeur viennent une fois que le bébé était né. J'ai eu une énorme chance, c'est qu'une de mes meilleures amies est sage-femme. En fait, quand elle a pris la nouvelle, elle a dit, Ok, ce sera, enfin, genre si Marie est d'accord, je serai là de A à Z pour elle. Et c'est ce qui s'est passé. On est arrivés environ vers 3 heures, on a commencé le travail. Quand j'ai eu les premières contractions, en fait, j'ai directement... voulu avoir la péridurale parce que je me suis dit en fait je souffre déjà assez j'ai pas envie de souffrir et donc ça a été très long ça a été très très long ça j'ai mis je pense que à 20 heures de travail j'étais déjà j'étais encore à 1 puis on a percé la poche des os ça s'est un peu accéléré et au bout de 26 heures il était là donc le travail et la péridurale marche pas super bien comme ça faisait si longtemps que je l'avais c'était quand même assez douloureux et puis en fait justement ma copine qui est sage-femme, qui s'appelle Lorane, est venue et m'a dit Écoute, Marie, t'es en train de chauffer. Donc avec les médicaments, je faisais de la température. Et la chose qu'ils ne veulent surtout pas dans les cas d'interruption médicale de grossesse, c'est faire une césarine. Parce qu'on pourrait penser que c'est plus facile et que c'est moins de douleur pour la maman. Mais en fait, c'est abîmer l'utérus de la maman pour, entre guillemets, rien. Il faut savoir quand même que les césariennes, c'est pas anodin, qu'après il y a quand même plein de choses qu'on peut pas faire. C'est aussi ne pas retomber enceinte pendant un an, donc c'est extrêmement cruel pour les mamans qui perdent un bébé. Et puis après, il y a tout le processus d'accouchement. qui est vraiment important et qui a été très important pour moi. Donc ce travail n'avance pas. Et là, donc, Lauren, ma copine, vient et me dit, écoute Marie, je sais que tu n'as pas envie de le laisser partir, mais là, il va falloir que tu le laisses partir. Parce que si tu continues à chauffer et que ça n'avance pas, il va falloir aller en césarienne. Et ça, on ne veut pas, vraiment pas. Elle m'a dit ça et je pense qu'une heure après, il était là. Donc je pense vraiment que mon esprit... Je voulais vraiment pas le laisser partir, j'avais juste envie de le garder. Je pense qu'il y a eu quelque chose en moi qui s'est débloqué quand elle m'a dit ça. Et puis elle m'a dit aussi, tu vas le rencontrer, ça va être un bon moment. Et elle n'a pas menti parce que malgré le fait qu'il était décédé, c'était un magnifique moment, vraiment. Donc une fois qu'il est sorti... Ma maman, Laura et Anne ont été le préparer. Charles est sorti de la pièce et puis ma maman est venue me l'amener, me le présenter. Et en fait c'était juste un bébé qui dormait. Il était hyper beau. Après il était petit, je pense qu'il faisait 1,3 kg.

  • Speaker #1

    Il n'était pas bleu ou quoi que ce soit ?

  • Speaker #0

    Pas encore, non. En fait c'était vraiment un bébé qui dormait. Il avait l'air apaisé, il avait l'air... Il avait l'air bien, ma soeur est venue, la première chose qu'elle a dit c'est il est magnifique Après c'était un moment suspendu dans le temps et Lorane avait fait appel aussi à une association qui s'appelle Au-delà des nuages C'est une association qui fait des photos à la maternité des enfants décédés pour permettre aux familles d'avoir des souvenirs. Ou par exemple dans mon cas, si un jour Charles veut voir Augustin, on pourra lui montrer des photos. Après... Il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'IMG cette date-là. Donc, ils sont arrivés un petit peu tard. Ils sont arrivés une heure et demie après. Et là, il était un petit peu bleu déjà. Et on voyait qu'il était un peu plus marqué. Mais les photos sont magnifiques. J'ai demandé de faire des photos d'un peu plus loin où on ne le voyait pas forcément. Parce que j'avais envie de pouvoir avoir des photos dans mon salon sans que les gens soient choqués. Parce que je respecte tout à fait le fait qu'on ne veut pas avoir d'enfants décédés. Il y a des photos un peu plus loin. On a fait aussi une carte de naissance avec juste sa main. Comme ça, Charles a vu ça, on a des souvenirs. Et je pense que ça vaut vraiment la peine. Et cette dame qui est venue pour faire les photos, en fait, je ne sais pas c'est quoi leurs histoires, mais j'ai l'impression que c'est des gens qui ont soit passé par là ou qui ont eu... qui ont eu des gens dans leur entourage qui sont passés par là parce qu'elle était tellement humaine. Et la première chose qu'elle m'a dit, et ça, ça m'a énormément touchée, c'est je ne sais pas si ça va être déplacé, mais je voudrais vous féliciter d'être venue maman aujourd'hui Et ça, c'est ce qu'il faut aussi comprendre dans tout ce qui est deuil périnatal, c'est qu'en fait, on est maman. Peut-être pas d'un être tangible qu'on peut toucher, mais en fait, tout le processus d'accouchement a fait que... Quand mes copines parlent de leur accouchement, parce que pour les jumeaux j'ai eu une césarienne, je raconte l'accouchement d'Augustin. J'ai accouché d'un bébé par voix basse. Je pense que c'est quelque chose qu'on ne se rend pas vraiment compte. Mais oui, on est maman à partir du moment où on a ce bébé dans le ventre. C'est parfois difficile pour les gens de s'en rendre compte. C'est vrai que pendant mes stages, j'ai eu des IMG, j'ai eu des bébés qui étaient décédés. Chaque fois, je me disais, pourquoi ils veulent faire des photos de ce bébé décédé ? Je ne sais pas comment j'ai pu penser ça, mais je pense que quand on ne l'a pas vécu, et qu'on est jeune et qu'on ne se rend pas compte de ce que c'est d'être maman, c'est difficile de s'en rendre compte. Ce qui me faisait peur aussi, c'est que c'est un syndrome qui est lié à des malformations du visage. Ils ont des fentes palatines ou des becs de lièvre. Ça peut arriver, nous aussi, ils ne l'avaient pas. J'avais demandé qu'on me dise... que je puisse me préparer si il avait vraiment quelque chose dans son visage qui allait peut-être me choquer même si je pense qu'à ce moment là rien n'aurait pu me choquer. On est resté environ 2-3 heures avec lui mais donc on a été plusieurs fois chez Charles lui demander mais il a vraiment pas voulu, sa maman n'a pas voulu non plus. On est obligé de faire une nuit à l'hôpital. Le gros problème c'est que les salles d'accouchement c'est des salles d'accouchement où il y a des bébés qui naissent. des bébés vivants, qu'on est dans une maternité, donc on est à côté de parents qui ne dorment pas la nuit, mais pas pour les mêmes raisons que nous. Et là, on avait eu une petite chance, et qu'on était plusieurs, du coup, comme je l'avais dit, à donner naissance à des enfants morts-nés. On avait une aile de la maternité rien que pour nous. Si on nous mettait dans une salle complètement à l'autre bout de l'hôpital, on serait plus françaises. ça enlevrait une légitimité d'être parent ancien. Donc je trouve ça pas plus mal, même si c'est... difficile sur le moment même, ça c'est sûr. Et puis en fait on est obligé de voir un psy avant de partir. Là malheureusement en fait on était le 22 décembre, je sais pas, j'ai pas eu du tout une psychologue qui était adaptée au deuil périnatel. Ça n'a pas encouragé mon mari à aller voir une psychologue par la suite. On a eu une kiné aussi qui m'a demandé où était mon bébé, enfin... Je pense qu'en fait on n'est pas du tout confronté souvent à ça, alors que ça arrive très souvent, c'est pas quelque chose de... de rares en fait.

  • Speaker #1

    Quel genre d'annonce, de message vous avez reçu suite à la naissance d'Augustin ?

  • Speaker #0

    Alors nous, dès qu'on a su qu'on arrêtait la grossesse, on a envoyé un message. On a dit qu'il avait eu une malformation et qu'on arrêtait la grossesse et qu'il allait s'appeler Augustin. Puis on n'a plus donné de nouvelles. Quand j'ai accroché, on a juste envoyé un message Augustin est né ce mardi 22 décembre à 17h. Donc ça, on a dit. Et ensuite, moi, pendant mes phases avant la naissance, j'ai écrit un long texte. Chaque fois que je me réveillais la nuit, j'écrivais. Et c'était une déclaration d'amour. Et j'avais envie de lui expliquer que malgré tout, il était aimé, qu'on était ses parents. Et j'ai mis le texte que j'avais fait pour lui sur Facebook. Parce que j'avais justement pas envie d'avoir des messages qui me disaient... coucou comment tu vas, alors que ça n'allait pas. Et en fait, suite à ce message, il y a plein de gens qui sont venus vraiment en me disant mais en fait je connais quelqu'un qui a eu la même chose. Et c'était beaucoup plus facile pour les gens de comprendre aussi pourquoi ça n'allait pas, pourquoi c'était aussi dur, parce qu'à partir de 25 semaines en Belgique, il faut prendre en charge les funérailles du bébé. Je pense qu'avant 25 semaines, on peut décider de le mettre avec les déchets des hôpitaux. Donc c'est l'hôpital qui... qui s'occupe de l'incinération avec les autres déchets médicaux qu'ils nous ont dit. Une semaine après, on l'a enterré. On l'a incinéré. J'ai lu le texte que j'avais fait pour lui. On a juste mis des musiques. On n'a vraiment pas fait grand-chose. Et le texte, je l'ai lu juste avec Charles à la fin, quand tout le monde est sorti.

  • Speaker #1

    Tu as une vague d'amour autour de toi dans les premiers temps. Et après ?

  • Speaker #0

    Après, nous, on a eu la chance. On était extrêmement bien entourés. Mais j'ai l'impression aussi qu'on se dit, ok, ça fait un mois, maintenant il faut passer à autre chose. Pas du tout dans mon entourage, mais à l'extérieur, c'est un peu ça, parce que c'est pas compréhensible. On se dit, c'est bon, elle en fera un autre. Puis aussi, ce qu'on ne rend pas compte, c'est qu'on diabolise aussi tout ce qui est enceinte, tout ce qui est bébé. tout ce qui est... enfin c'est vraiment extrêmement dur de voir des femmes ensemble, c'est extrêmement dur de voir des nouveau-nés. Là moi j'avais trois copines qui, assez proches, qui accouchaient entre janvier et mars. J'arrivais pas à aller les voir, j'arrivais, j'arrivais, j'arrivais juste pas à aller les voir. Je pense que la première que j'ai été voir c'était ma coloc, le bébé de ma coloc. Elle est née en février, j'ai été la voir. fin mars, quelque chose comme ça mais je savais que ça allait être bienveillant je savais qu'on allait pas m'exposer tout le bonheur qu'ils avaient et puis au final c'était pas le début d'un bébé c'est pas non plus hyper opposant c'est pas aussi épanouissant que tout le monde le dit donc franchement ça a été un bonheur je l'ai pris dans les bras et ça allait mais c'est vrai que nous on était très obnubilés par le fait de retourner enceinte très rapidement j'avais que ça en tête J'avais que ça en tête, il faut que je tombe enceinte, il faut que je tombe enceinte, pas pour le remplacer, loin de là. C'est juste qu'on avait préparé tout pour qu'il arrive et en fait on se retrouvait sans rien. Et j'ai eu la chance aussi que ma maman et ma famille se sont mobilisées pour venir enlever la chambre pendant qu'on était à l'hôpital. Comme ça quand on rentrait, on ne devait pas rentrer dans cette chambre, on a dû attendre des tests génétiques. pour être sûre qu'on n'avait pas la même pathologie. On a fait des tests génétiques le jour où on a arrêté le cœur. Ça a pris un mois et demi environ pour être sûre qu'on n'avait pas la maladie de Dijon. Parce qu'en fait, c'est ça qui est difficile aussi avec cette pathologie, c'est que les gens tout à fait normaux peuvent avoir la maladie sans vraiment de gros retards mentaux. Et ça, heureusement, on n'avait pas. Et puis en fait, une fois qu'on a eu les tests génétiques de ça, on nous a dit... Comme vous avez eu un enfant qui a eu une malformation, il faut faire des tests plus poussés et vraiment regarder tous vos gènes, voir s'il n'y a vraiment rien d'autre. Parce qu'on sait que vous n'avez pas le syndrome de Dijorge, mais on ne sait pas si vous avez d'autres choses. Et donc là, ça a pris environ trois mois. Donc j'ai eu les résultats finaux en mai, alors qu'il était né en décembre. Et en fait, quand on a eu les résultats, tout était OK, je suis tombée enceinte le lendemain. Non.

  • Speaker #1

    Donc vous attendiez ces résultats ou alors vous avez remis en route directement ?

  • Speaker #0

    On a attendu les premiers résultats, mais je pense que je n'étais pas sereine. Enfin, tant que je n'avais pas les résultats finaux, je pense que je n'arrivais pas à avoir l'esprit libre et être OK avec retomber enceinte.

  • Speaker #1

    Comment vous apprenez cette nouvelle grossesse ?

  • Speaker #0

    J'ai des cycles super courts, en fait. Au bout de 23, 24 jours, j'ai mes règles. Et là, en fait... Je pense que je dépasse 24-25 jours, je me dis Hum, bizarre Et là, je fais un test de grossesse. Et ce qui est assez drôle, enfin pour l'instant, je vois beaucoup de signes. C'est que j'apprends ça le 27 mai. Et le 27 mai, c'est la cento-gustin. Je vois un bêta HCG à 400. Puis deux jours plus tard, je refais une prise de sang. Et là, j'étais à 1200, je suis là Ok Puis une semaine après, je me fais une écho moi-même et là je vois que c'est des jumeaux.

  • Speaker #1

    Comment vous le preniez, le fait que ce soit des jumeaux ?

  • Speaker #0

    Charles est jumeau, mais ça ne vient pas du tout de lui, ça vient de moi en fait. C'est moi qui l'ai vu plusieurs fois. Donc lui, il sait ce que c'est d'avoir des jumeaux, il était très content. Et moi, j'étais un peu dans le déni, mais aussi contente parce que je me disais, en fait, s'il arrive quelque chose à l'âge, j'en ai quand même un. J'avais vraiment cette phase de me dire, ok, en fait, quoi qu'il arrive, si ça tombe, je vais avoir un bébé. C'est horrible de dire ça comme ça, mais c'est vraiment... comme ça que je le ressentais. Et pendant toute la grossesse, en fait, tu vis en apnée complète. T'es pas du tout présente comme tu dois l'être. Moi, je m'imaginais pas avec des bébés vivants dans mes bras. J'arrivais pas, je me cachais, j'avais pas de ventre alors que j'avais des jumeaux. J'attendais en fait cette deuxième écho pour pouvoir me laisser vraiment me dire, ok, en fait, ils sont là, ils vont bien. Ça a pas été une chouette grossesse, vraiment pas. Je pense que... que c'est difficile d'avoir une grossesse d'après, comme on appelle. C'était vraiment un peu de la torture. En plus, j'étais malade, vraiment, je vomissais. Je pense que j'ai perdu 5 kilos pendant mon premier trimestre. J'avais l'impression, en fait, que ça n'allait jamais aller. Évidemment, mon corps m'avait trahi une fois. Je ne vois pas pourquoi il ne m'aurait pas trahi une autre fois. Et j'étais hyper contente. Mais en fait, le problème aussi, c'est que quand tu es enceinte, les premières choses qu'on va te dire, c'est Alors, c'est ton premier ? Et en fait, ça m'est très... les gens sont très mal à l'aise quand tu dis en fait non mais j'ai perdu mon premier, enfin ou non mais mon premier est décédé. Et en fait je veux pas dire que j'ai pas, que Gusta n'existe pas. Et donc ça rend les conversations très très inconfortables parce qu'à chaque fois on me demande combien j'ai d'enfants, je vais dire ben quatre en fait. Et ils sont là quatre, ça fait beaucoup. Je suis là oui mais enfin... Et parfois, je n'explique même pas. Parfois, je laisse les gens penser que j'ai quatre enfants. Et en fait, après, parfois, je dis oui, j'ai des jumeaux. Et je ne dis rien d'autre parce que je n'ai pas envie ou ce n'est pas le bon jour. Je me sens toujours un peu mal, comme si j'avais trahi.

  • Speaker #1

    Quand tu dépasses cette deuxième écho, on vous rassure avec les jumeaux ?

  • Speaker #0

    Oui, on m'a toujours rassurée. On m'a toujours dit la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit. Mais je pense que c'est tellement... Le traumatisme est tellement ancré en moi que c'est difficile de passer au-dessus. Et je pense aussi que c'est ça qui a été aussi difficile parce que je ne me suis pas rendue compte qu'on allait avoir des jumeaux. Je ne me suis pas dit, ok, on va avoir des jumeaux, ça va être dur. Tout le monde me disait, ça va aller. Je disais, oui, pourquoi ça n'irait pas, je ne comprends pas. Et en fait, je me souviens de cette première nuit à la maternité quand ils étaient là, avec Charles, on s'est regardé, on s'est dit, mais qu'est-ce qui est en train de nous arriver ? Genre, ce n'est pas possible. En plus, moi, j'ai eu une césarienne pour les jumeaux, donc je pouvais pas me lever. Enfin, je pouvais me lever, mais très difficilement. Ouais. Et ils pleuraient chacun à leur tour. On n'a pas dormi une minute de la nuit. En fait, moi, j'ai juste envie de regarder des séries et d'être dans mon canap', genre, qu'est-ce qui m'arrive ? Alors que c'est tout ce que je désirais, c'était des bébés en bonne santé. Et c'est vrai que j'ai eu un gros, gros, gros baby blues après. Où, en fait, je pense que j'ai tellement... était en déni de cette grossesse alors que j'avais un ventre énorme. En fait, quand j'ai eu la réalité qui m'est tombée sur la tête, j'ai eu un moment de panique en me disant, mais deux, ça va être chaud, quoi. Puis c'est passé, je pense que ça a mis, oui, trois, quatre jours.

  • Speaker #1

    Et est-ce que le fait d'avoir dépassé ces semaines symboliques t'a permis après de mieux vivre la grossesse ?

  • Speaker #0

    Oui, genre vraiment tout le monde disait que j'avais l'air hyper épanouie, que... que ça allait, mais j'ai fait ma valise pour les jumeaux à 33 semaines. On n'a pas mis la chambre avant 34 semaines, je pense. J'étais hyper heureuse, je sentais que j'étais beaucoup plus heureuse. Mais même pour cette grossesse-ci, je ne vis pas les grossesses comme tout le monde, je le sais. Je ne suis pas du tout en train de caresser mon ventre. Je ne suis pas dans un état non plus où je suis bien. Je reste toujours sur mes gardes. Et je pense que jamais je vivrai sereinement une grossesse, jamais. Mais je l'accepte, je l'accepte. Et quand il y a eu les jumeaux, le dernier trimestre, j'ai fait des photos de grossesse que je ne pensais pas que j'allais pouvoir faire du tout. Il faut aussi savoir qu'on n'était pas mariés. Donc on a eu plein de problèmes à la commune pour pouvoir le déclarer. Donc en fait, quand il naît, on a un certificat de nez sans vie. Et sur le certificat de nez sans vie, il était marqué le nom de Charles. On n'avait pas fait de déclaration anticipée en fait, parce que... En fait, dans la première grossesse, on a passé le premier trimestre, on se dit, en fait, c'est bon, bingo, on a le bébé à la fin. Et donc, il était marqué Charles, père de l'enfant, non marié à la mère, n'ayant pas reconnu l'enfant. En fait, ça faisait vraiment comme s'il était parti, qu'il n'avait pas demandé son reste et qu'il n'en avait rien à faire. Et ça, ce document-là, on l'a le jour de l'enterrement, en fait. Ça a été très compliqué pour Charles à ce moment-là. Et en fait... Deux, trois mois après, en fait, Charles me fait sa demande. Et là, en fait, c'était super important qu'on se marie avant que les jumeaux arrivent. Donc je me suis mariée enceinte de 20 semaines. On s'est mariées à la commune. Et voilà, je me souviens de ce moment où j'étais enceinte, où c'était vraiment super chouette. Et pourtant, j'étais à 20. 21 semaines, je pense. Je venais d'avoir mon écho de deuxième trimestre. Et je me souviens que c'était un moment incroyable où j'étais épanouie, où ça ne me dérangeait pas qu'on regarde mon ventre, ça ne me dérangeait pas qu'on touche mon ventre, ça ne me dérangeait pas que... Donc il y a eu des super bons moments. Ça, je ne peux pas dire, mais c'est juste que ça n'a pas été facile. Et que c'est vrai qu'avec les hormones et tout ça, je pense que j'ai une tendance à être plus sensible pour plein de choses. Peut-être que je fais juste partie des gens qui n'aiment pas être... Enfin, qui n'adorent.

  • Speaker #1

    pas être enceinte et que ça n'a rien à voir avec mon histoire mais je pense que clairement ça joue quand même Est-ce que vous êtes autorisée quand même à vous projeter tu vois de l'arrivée des jumeaux et même maintenant de votre quatrième enfant ?

  • Speaker #0

    On s'autorise pas beaucoup même avec même maintenant alors que c'est ma troisième grossesse et que on sait que tout va bien et que voilà là je suis à 37 semaines il n'y a pas de raison mais genre on a rien, j'ai pas fait ma valise on a J'ai trouvé le prénom il y a deux ou trois semaines. Non, je pense qu'on n'arrivera jamais à se projeter. On n'arrivera jamais à en parler sereinement. Alors que ce bébé est tout à fait désiré. On est hyper impatients, mais c'est vrai qu'on a toujours cette réserve. Et je pense qu'on l'aura toujours.

  • Speaker #1

    Vous avez été suivi, accompagné psychologiquement ?

  • Speaker #0

    Quand on arrête le cœur, il conseille de faire neuf séances de psy. Donc moi, c'est ce que j'ai fait. Charles ne l'a pas fait. parce qu'il était un peu traumatisé par la psychologue qui nous a vus à l'hôpital. Ça m'a énormément aidée. Après le décès d'Augustin, j'ai en fait pris tout ce que je pouvais prendre. Donc j'ai des amis qui adorent la micro-kiné. Moi, c'est vrai que je suis très rationnelle dans le médical. Après, je sais qu'ils ont fait leur preuve, mais c'est vrai que moi, je vais plus dans le médical. Et en fait, j'ai tout essayé. J'ai été voir des doulas, j'ai été voir une micro-kiné, j'ai été voir une sophrologue, j'ai vraiment essayé tout. Et au final, ce qui m'a aidée le plus, c'est la psychologue. Et ça a vraiment bien aidé. Mais quand j'ai repris le boulot, en fait, je n'avais plus le temps de faire ça. Et là, ça, ça a été très, très dur parce que malgré qu'on soit dans un milieu médical où on pense que les gens sont en fait... Très tournée vers l'humain, ce n'est pas toujours le cas. Et en fait, malgré ce que j'avais vécu, on s'attendait juste que je revienne à 100%. Au final, je n'ai pas pris 14 semaines, j'ai pris 9 semaines après l'accouchement. Et en fait, je n'étais pas du tout prête. Je n'étais pas du tout prête, je n'étais pas mentalement... J'avais juste l'objectif de retourner enceinte. En fait, dans ces métiers-là, tu ne peux pas ne pas être à 100% quand tu travailles. En radiologie, on a énormément... confiné dans un endroit avec plein de gens. On est une vingtaine, en fait, dans un service de radiologie. Et voilà, il y a des gens qui venaient d'être grands-parents à ce moment-là, donc ils mettaient leurs vidéos de bébés à côté de moi. C'était pas forcément facile. Je pense que c'est pas facile pour les gens d'être à côté de quelqu'un qui vient de perdre un bébé. Mais c'est clairement pas facile d'être la personne qui a perdu un bébé parce que ça fait peur. Les gens ne venaient plus me parler. Après, j'ai eu... énormément de gens super bienveillants qui ont été énormément présents pour moi qui m'ont soutenue il y a un de mes collègues qui a eu un bébé deux mois après que je revienne et il a toujours été hyper bienveillant avec moi, il m'en parlait parce que je pouvais pas lui interdire d'en parler, c'est super cruel aussi de ma part de dire non tu peux pas parler de ton bébé à côté de moi non c'est pas possible Mais il l'a fait toujours d'une façon hyper bienveillante. Et ça, c'est quelque chose. Mais c'est vrai qu'au niveau travail, ça n'allait pas. Je pense qu'il faut vraiment prendre le temps nécessaire. Et ce qui est vraiment hyper cruel aussi, c'est qu'avant 25 semaines, tu n'as pas le droit à ton congé maternité. Donc, au bout de deux semaines, tu peux être de nouveau au boulot. Mais je ne sais pas comment on fait. Parce qu'au final, je pense qu'à partir de 17-18 semaines, tu accouches.

  • Speaker #1

    Comment tu as vécu ce postpartum en fait ?

  • Speaker #0

    Quand tu es en postpartum, tu te dis ok, pour l'instant je ne suis pas en top, mon physique n'est pas top, mais ce n'est pas grave. Là en fait, je disais toujours, j'ai grossi, ta poitrine n'est pas la même non plus. Il y a plein de choses et j'étais là tout ça pour rien, tout ça pour rien, tout ça pour rien. Parce que c'est vrai que... qu'au final, quand tu as ton bébé et que tu as encore du ventre ou que tu as encore 5 kilos à perdre, tu te dis, c'est bon, ce n'est pas grave, ça vaut la peine, j'ai ma petite merveille devant moi. Moi, c'est vrai que je n'avais pas ce soutien qui me disait en fait... Tout ça, ce n'était pas pour rien. J'ai eu des montées de lait. Il y a des médicaments qui existent pour enlever la montée de lait. Mais ça, ma gynéco ne voulait pas me le donner parce que ça peut donner des dépressions aussi. Comme j'étais assez fragile à ce moment-là, elle m'a dit écoute, on ne va pas te donner Moi, mon échappatoire, c'est le sport. Et je ne pouvais pas faire de sport parce que j'étais en postpartum. Donc pas très bien. J'étais juste déprimée pour tout. tout ce qui se passait je pense que j'ai vraiment fait à mon avis une dépression pendant en casier un an où j'étais pas moi même ça pas été diagnostiqué ça pas j'ai pas été traité ou quoi mais je pense que j'ai vraiment après la naissance des jumeaux je me suis retrouvé quoi je me suis dit ok là en fait je recommence à vivre et je recommence à vivre bien et je me retrouve et je commence à apprécier qui je suis avant je pense que Que ce soit le postpartum ou pas, c'est juste très difficile parce que tu vas chez la kiné, mais avant toi, c'est une dame qui a un bébé. Après toi, c'est une dame qui a un bébé. Mais voilà, j'ai été très bien entourée et je pense que je me suis entourée pour plein de choses d'une bonne manière. Je faisais quasi 60 ou 70 kilomètres pour aller voir ma kiné, juste parce qu'en fait, ça me faisait perdre trois heures de ma journée. J'essayais de m'occuper comme tu pouvais. C'est le fait d'être légitime, de me dire, ok, en fait, moi aussi, je vais à la kiné post-natale parce qu'en fait, j'ai accouché. Et enfin, c'est tout ça qui rendait aussi les choses plus faciles à vivre, en fait. De me dire, ok, en fait, genre, je suis maman, genre, j'ai peut-être pas de bébé, mais je suis maman. Et à ce moment-là, je disais, j'ai un enfant. Je me dis, bon, ça va, c'est pas trop difficile. Et nuit, et là, je répondais pas. Enfin, je prenais... Pas la peine de dire, ben non, en fait, j'ai pas de bébé, mais...

  • Speaker #1

    Quel est le genre de bonne réaction, selon toi, en fait ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, ce que j'adore pour l'instant avec certains de mes amis, c'est que chaque fois, pour l'anniversaire d'Augustin, ils m'envoient un message. Ils disent, t'es enceinte de ton quatrième enfant, ou c'est ton quatrième enfant, tu vas accueillir ton... En fait, c'est juste de le nommer, juste qu'il soit présent, et que même s'il n'est pas présent sur Terre... qu'il existe en fait. Parce que je me dis, le jour où je partirai, où Charlemont partira, il n'y aura plus personne qui saura qu'il a existé. Et ça, je pense que c'est le plus dur parce qu'on n'a aucun souvenir avec lui. Enfin, si on a les souvenirs de la grossesse, mais on n'a rien de tangible. Il n'a pas vécu sur Terre, entre guillemets. Et c'est ça qui est vraiment difficile et c'est pour ça que j'en parle autant. C'est qu'en fait, j'ai besoin qu'il existe parce qu'il a existé et qu'il a eu un impact énorme sur notre vie. Et ça, je ne veux jamais l'oublier. Il m'a rendue meilleure dans plein de choses. Il m'a fait relativiser tellement de choses. Il fait la maman que je suis aujourd'hui aussi. Et ça, c'est parce qu'il existait. Il m'a construite d'une façon que personne d'autre n'aurait pu le faire. Et évidemment, ça a été traumatisant. Et c'est une des... plus grosse faiblesse que j'ai dans ma vie mais c'est aussi une de mes plus grandes forces et ça je veux vraiment jamais l'oublier en fait ça n'a jamais été un tabou avec tout l'entourage vous jamais ouais mais jamais avec personne et je pense que c'est pour ça que ça rend mal à l'aise des gens c'est que d'habitude on cache tout ça que ce soit les fausses couches que ce soit les essais bébé parfois les gens ne veulent pas dire qu'ils ont qui font des essais bébé parce que c'est à bout de pas réussir à faire un bébé tout de suite ou enfin il ya plein de choses et au final le fait d'en parler J'ai une collègue qui a vécu la même chose que moi, qui en fait on n'était pas très proches et quand elle a appris la nouvelle, elle m'a appelée, elle m'a contactée et je pense que c'est ça aussi que j'ai envie de faire passer, c'est que plus on en parle, plus on aide les gens aussi autour de nous. Et moi c'est ce qui m'a énormément aidée aussi après tout ça, c'est de se sentir écoutée, pas de se sentir seule, c'est d'avoir des plateformes comme... En France, il y a l'association Petite Émilie, c'est un forum avec tous les gens qui ont perdu des bébés, qui ont fait face au deuil périnataux. Ça laisse cours à dire ok, je ne suis pas seule, ok, il se passe ça, ok, il y a les podcasts, il y a les comptes Instagram Il y a plein de choses qui peuvent aider, même si ça rend mal à l'aise les gens, ça fait partie de mon histoire. Et puis là, c'est ce que je disais, on voit des signes un peu partout. J'ai appris ma nouvelle grossesse le jour de la Sainte-Auguste. Auguste, première grossesse Saint-Augustin, là celle-ci Saint-Auguste. Enfin on voit des signes un peu partout et on les crée aussi.

  • Speaker #1

    Quel regard vous portez sur tout ce parcours que vous avez traversé ?

  • Speaker #0

    Parfois je me dis j'aurais aimé ne pas avoir ça, avoir ça, mais quand je regarde aujourd'hui, en fait je suis juste fière de notre famille. Si on n'avait pas vécu tout ça, j'ai l'impression en fait que tout peut nous arriver. qu'on est tellement fort, que mon couple est fort, que mes enfants, même s'ils sont loin d'être parfaits comme je suis loin d'être parfait comme maman, c'est des petites merveilles et que, en fait, je suis vraiment bien dans l'endroit où je suis maintenant. Et je pense que je n'aurais jamais eu cette sensation aussi forte s'il n'était pas arrivé tout ce qui est arrivé. Et je pense que mon parcours, enfin notre parcours en tant que famille est incroyable. Et c'est pour ça que... que jamais je me tairai et jamais je n'en parlerai pas parce que je suis mariée, j'ai quatre enfants et je suis vraiment hyper heureuse aujourd'hui, malgré le fait que j'ai perdu un enfant et ça aussi j'aimerais bien vraiment passer comme message. J'ai vraiment vécu les pires moments de ma vie, je pense qu'il n'y a rien qui a été dans ma vie plus douloureuse que la perte de mon enfant. on s'en sort en fait. Et au final, c'est beaucoup plus une force qu'une faiblesse. Et ça je pense que c'est très important de le savoir aussi, qu'en fait, même si je l'oublie pas, même si les 22 décembre c'est des journées qui sont très difficiles pour moi, c'est chaque fois qu'il y a des événements marquants, je me dis, lui aussi il aurait marché à ce moment-là. Si je suis aujourd'hui aussi épanouie, c'est grâce à lui aussi. Je me suis rendue compte, donc ça fait trois ans. ça fait trois ans et en fait je suis toujours triste je suis vraiment je suis très très date même si je me rends pas compte alors ça je suis vraiment pas bien ces jours là et donc j'ai vraiment envie de tourner ça et de faire ça de célébrer en fait de célébrer sa naissance et de le faire avec les enfants je pense que ce sera beaucoup plus facile aussi qu'on Quand ils se rendront compte qu'en fait, on célèbre leur frère qui n'est peut-être pas là.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous leur parlez d'Augustin ?

  • Speaker #0

    Alors, ils ne réalisent déjà pas qu'ils vont avoir une petite chambre. Donc, c'est Arthur et James. Arthur, il a une peluche qui s'appelle Augustin le Labin. Je l'avais acheté comme ça et en fait, il l'a choisi lui-même. C'est son doudou, quoi. Alors qu'ils ont mille doudous. Je vais en parler, j'en parlerai, j'en parle déjà, mais ils ne comprennent pas. Pour moi, c'est très important qu'ils aient un grand frère. Ça, c'est sûr. Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Marie. Merci d'avoir pris le temps de me partager votre parcours, qui est admirable. Franchement, vous pouvez être super fière de vous et de votre famille. Je vous souhaite plein, plein de belles choses pour la suite et une belle fin de grossesse pour ce quatrième enfant, Clary.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour votre écoute. Alors que vous soyez coparent, tatac, grand-mère, papy ou proche d'un futur parent, N'hésitez pas à partager et liker les épisodes et à en parler autour de vous pour soutenir ce podcast. Vous pouvez aussi mettre un cœur en 5 étoiles sur l'appui d'écoute de votre choix. Parce qu'on ne naît pas par nous mais qu'on le devient. Parce qu'on ne savait pas qu'il fallait un village entier pour élever un enfant. Parce qu'on s'est senti trop souvent dépourvu face aux pleurs de bébé. Parce qu'on ne savait pas que pleurer sans raison était tout à fait normal après un plein chamboulement. Mais aussi parce qu'on ne savait pas qu'il était possible de générer autant d'amour pour de si petits êtres. Peut-être parce qu'il y a milliers de raisons d'écouter Rita, le podcast belge qui compte bien vous aider à mieux vivre ce grand tourbillon de la vie.

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Description

Quand j’ai reçu Marie pour enregistrer cet épisode, elle était rayonnante et enceinte de 8 mois. Elle s'apprêtait à donner la vie à son quatrième enfant et rien n’aurait pu laisser penser qu’elle avait vécu le pire près de quatre auparavant.

À l’époque, Marie et Charles vivent le parfait amour et dans la continuité de leur histoire, ils décident de fonder une famille. Elle tombe enceinte rapidement et tout va pour le mieux jusqu’à cette deuxième écho où elle pressent que quelque chose ne va pas. Les examens s’enchaînent et le diagnostique tombe : son petit bébé qui grandit en elle présente une malformation cardiaque et le syndrome de Di George, une anomalie génétique, 2eme cause de retard mental après la trisomie 21.

D’un commun accord avec Charles, ils prennent alors la douloureuse décision qu’aucun parent ne devraient prendre, celle de mettre un terme à la grossesse. Augustin est alors né sans vie à 28 semaines de grossesse en décembre 2020. 

Dans cet épisode, Marie revient sur les 2 semaines qui ont précédé la naissance d’Augustin. Elle nous partage les sentiments et les émotions complexes qui l’ont envahie : entre la colère, le chagrin, le manque et le vide immense de laisser s’envoler son enfant. Elle évoque aussi la culpabilité, l’inquiétude, l’amour pour ce bébé tant attendu. Elle nous raconte la période qui a suivi ce drame, où sa seule obsession était de tomber enceinte et le magnifique cadeau que la vie lui a fait en lui offrant des jumeaux. 

🚫L’histoire que vous vous apprêtez à entendre aborde le sujet terrible du deuil périnatal, Il est donc à écouter dans les meilleures conditions possibles. 
 💛

N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !


Vous souhaitez me partager votre histoire ? N'hésitez pas à me contacter sur hello@rita-family.com


🎧 Retrouvez les épisodes du Podcast ici et suivez l'actu de RITA sur Instagram.


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Un podcast original : Rita

Interviews : Anissa Hezzaz

Montage : Anissa Hezzaz

Episode diffusé le : 21 septembre 2024

Si vous aimez ce podcast et que vous voulez le soutenir, n'hésitez pas à mettre 5 étoiles.

Pour ne rien rater de l'actualité de Rita, rendez-vous sur le compte instagram de ⁠⁠⁠⁠@rita.podcast⁠⁠⁠⁠ et sur le site ⁠⁠rita-family.com⁠⁠

Cet épisode de RITA a été réalisé avec le soutien de la Boîte Rose.

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podcasting • émission podcast • podcast • podcast maternité • podcast parentalité • parentalité • parents • maternité • grossesse • •jeune maman • maman • enfants • kids • ritafamily • rita • bébé • matrescence • patrescence • devenir mère • devenir père • dépression post partum • accouchement • deuil périnatal • parange • mamange • papange • mort du nourrisson • bébé sans vie • Apple Podcasts • Spotify


Vous aimerez cet épisode si vous aimez : Bliss StoriesLa MatrescenceAurevoir PodcastGénération Do it Yourself Canapé Six places


On se retrouve très vite pour un nouvel épisode 🎺



Hosted by Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue chez Rita. Rita c'est le lieu de rencontre de tous les parents. Si vous êtes ici, c'est que vous-même allez devenir parent ou peut-être l'êtes-vous déjà. Ici on parle de maternité et de parentalité sans fil. Et si vous êtes tombé ici par hasard, j'espère que vous resterez quelques minutes de plus le temps d'écouter cet épisode. Je suis Anissa Isas et vous écoutez la saison 2 de Rita. Marie et Charles sont en couple depuis de nombreuses années quand ils décident il y a 4 ans, dans la continuité de leur histoire, de fonder une famille. Marie tombe enceinte rapidement et tout va pour le mieux, jusqu'à cette deuxième écho où elle pressent que quelque chose ne va pas. Les examens s'enchaînent et le diagnostic tourne. Son petit bébé qui grandit en elle présente une malformation cardiaque et le syndrome de Dijorge, une anomalie génétique, deuxième cause de retard mental après la trisomie 21. D'un commun accord avec Charles, ils prennent alors la douloureuse décision qu'aucun parent ne devrait prendre, celle de mettre un terme à la grossesse. Augustin est alors né sans vie à 28 semaines de grossesse en décembre 2020.

  • Speaker #1

    L'histoire que vous vous apprêtez à entendre aborde le sujet terrible du deuil périnatel. L'épisode est donc à écouter dans les meilleures conditions possibles. Bonjour Marie et bienvenue sur mon podcast. D'abord merci à toi d'avoir accepté de venir parler d'un sujet encore souvent tabou et surtout difficile à aborder. Mais je vais d'abord te demander de te présenter.

  • Speaker #2

    Donc moi je m'appelle Marie, j'ai 31 ans, je suis maman de trois enfants et bientôt quatre. Donc un premier enfant, Augustin, qui est parti à six mois de grossesse, et des jumeaux de deux ans et demi, et là j'attends mon quatrième bébé, une petite fille.

  • Speaker #1

    Et c'est bientôt, là c'est imminent.

  • Speaker #2

    Oui, je suis à huit mois, passé huit mois là. Ça va,

  • Speaker #1

    t'es pas trop fatiguée ?

  • Speaker #2

    Si, épuisée. J'imagine. Mais je pense que c'est la normalité, non ?

  • Speaker #1

    Surtout que tu nous as pas encore dit qu'est-ce que tu fais dans la vie mais donc tu as quand même un boulot prenant.

  • Speaker #2

    Oui je suis assistante ou interne en radiologie. Donc là je termine mon assistana qui dure donc 5 ans et c'est assez fatigant.

  • Speaker #1

    Et tu as des horaires de jours classiques ?

  • Speaker #2

    Donc j'ai fait mes gares jusqu'à 30 semaines et là je fais des jours classiques mais c'est 8-18. Et mon travail n'est pas tout ou près non plus de la maison, donc c'est quand même des horaires où je pars de 7h du matin à 19h. J'ai un très chouette mari.

  • Speaker #1

    Et justement, ton mari, comment s'appelle-t-il ?

  • Speaker #2

    Il s'appelle Charles, il est informaticien. On est ensemble depuis 21 ans, donc ça va faire 10 ans bientôt. On ne s'est rencontrés pas du tout dans le monde médical, ça s'était très bien. Et on s'est rencontré dans le cadre de matchs de handball en fait. Je faisais du handball et son meilleur ami faisait aussi du handball. Et il était présent souvent. Et de fil en aiguille, ça s'est passé comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te souviens le jour où vraiment vous vous mettez ensemble ?

  • Speaker #2

    Apparemment, pendant quelques mois, il était intéressé. Mais je n'avais pas l'air de comprendre.

  • Speaker #1

    Tu n'avais pas grillé les ordres ?

  • Speaker #2

    Pas du tout. Moi, j'étais... pas en relation mais dans quelque chose d'assez compliqué qui durait depuis longtemps et j'étais vraiment inébillée par ça donc j'étais pas du tout réceptive à ses avances et puis un jour il a été un peu plus clair que d'habitude et donc ça a été en soirée il m'a proposé de me ramener chez moi mais voilà et ça faisait longtemps que vous fréquentiez alors ça faisait je dirais qu'on avait fait quatre cinq soirées ensemble vraiment c'était chaque fois mais je le voyais de loin mais c'était pas du tout mon groupe d'amis Et puis un jour, je n'avais pas de lift pour rentrer chez moi. Et donc, il m'a proposé de rentrer chez moi.

  • Speaker #1

    Et alors, les débuts de votre relation, comment ça s'est passé ?

  • Speaker #2

    Très chouette. On était très jeunes. Donc, on sortait beaucoup. On faisait beaucoup la fête. C'était léger, mais en fait, on a très vite su que c'était très sérieux. Moi, j'ai l'impression qu'au bout d'un mois, je savais que je l'aimais et que c'était vraiment quelqu'un qui allait faire partie de ma vie pendant longtemps. Lui m'a dit qu'il avait mis un peu plus longtemps mais il sortait d'une relation de 4 ans donc c'était aussi un peu plus difficile. Mais ça a été assez rapide et au bout de deux ans on a habité ensemble. Et pour lui, en tout cas c'est ce qu'il a dit au mariage, ça a été le moment déterminant dans notre couple où il a su que j'allais être la maman de ses enfants, qu'on allait se marier.

  • Speaker #1

    Vous décidez de vous marier avant de lancer le projet bébé ?

  • Speaker #2

    Moi de base je ne peux pas me marier. Je ne voulais absolument pas me marier. Je n'ai pas du tout un modèle familial où on se mariait. On est plutôt une famille recomposée à chaque fois, ou séparée. J'ai jamais vraiment eu le papa, maman, enfant que tout le monde a, que ce soit dans mes cousins ou pour moi. Donc c'était pas quelque chose qui m'intéressait, ou auquel je croyais en fait. Et pour lui c'était très important, mais j'ai commencé à travailler en 2019. et lui ça faisait déjà deux ans qu'il me parlait d'enfants, qu'il me disait ok moi j'aimerais bien avoir des enfants

  • Speaker #0

    Et comme je savais qu'il voulait se marier, je me suis dit ok on fait les choses bien, on fait d'abord le mariage et puis les enfants. Et puis en fait il ne me demandait plus, il ne faisait pas sa proposition, je me suis dit bon ça ne va pas. Et en fait on est parti pour nos 5 ans en Champagne et je pensais vraiment qu'il allait faire sa demande. Et en fait à la fin de ses jours, pas du tout. Donc je me suis dit bon en fait moi j'ai 27 ans. j'ai envie qu'on passe à l'étape supérieure. Si tu ne me demandes pas de m'épouser, alors on lance le projet bébé. Donc ça, c'était le 1er mars 2020, il y a eu le Covid. On se dit, je retire ma contraception, puis on verra bien, on n'est pas non plus super pressé. On commence le projet bébé en avril, donc juste après le Covid en fait. Et là, directement, il me dit, c'est tellement injuste, pourquoi eux et pas nous ? Alors que ça ne faisait même pas un bout de temps qu'on essayait et que vraiment, on s'était dit, pas du tout de pression. Et lui, ça faisait deux ans qu'il me demandait d'avoir des enfants. Donc moi, je n'étais pas du tout prête. Je n'étais pas du tout dans le milieu médical. Même maintenant, je n'ai pas beaucoup de copines qui sont enceintes ou qui ont des enfants. Donc ça me semblait trop tôt, tout simplement. Et après, à 27 ans, je me suis dit, ma maman m'a eu à 27 ans. J'étais prête, j'avais un salaire. Tout changeait. Et donc, on lance en avril. On se dit ok cool on va attendre, on verra bien quand ça arrivera. Et là un de ses meilleurs amis annonce que sa copine est enceinte un mois après quoi. Donc début mai. Donc c'est vrai que là j'ai commencé à stresser. Pas à raison parce qu'en soi, au bout d'un mois, on n'est pas stressé de ne pas tomber enceinte. Et je pense que deux mois après, je tombe enceinte. Donc tout va bien, on est hyper content. L'annonce, ça ne se passe pas super comme on voulait. Parce que j'ai des cycles assez irréguliers et en fait, j'ai des spottings. Donc en fait, c'est vraiment entre les règles, j'ai quand même du sang. Et en fait, j'ai eu ça, j'ai eu mes règles alors que j'étais enceinte. Donc je ne remarque pas que je suis enceinte. Et un jour, j'ai vraiment fort mal au ventre. J'étais de garde et je me dis, ok, je fais une appendicite. J'ai quelque chose, ce n'est pas possible. Et donc, je regarde à l'écho et là, je vois...

  • Speaker #1

    Tu fais toi-même l'écho ?

  • Speaker #0

    Oui, je fais moi-même l'écho. Et là, je vois qu'en fait, il y a une poche dans l'utérus.

  • Speaker #1

    C'est trop dingue de le découvrir.

  • Speaker #0

    Donc, j'étais déjà cinq semaines et demie, six semaines, je pense. Donc là, un peu le choc, je suis en pleine garde, je me dis... OK, qu'est-ce que je fais ? Je cours à la pharmacie, je prends un test de grossesse. Je fais le test de grossesse, mais évidemment, il était à 22 heures. Test de grossesse négatif. OK, ouais. Je ne comprenais plus rien.

  • Speaker #1

    Et toi, tu étais sûre de ton coup quand tu fais ton écho ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. J'avais vraiment un bébé dans mon ventre. Donc, je me dis OK, il faut que je fasse une prise de sang. J'ai une copine qui est aussi de garde. Je lui dis OK, fais-moi une prise de sang tout de suite. Et là, la prise de sang est bien positive. Je pense que j'étais déjà à 6000 de bêta HCG. Enfin, genre vraiment, vraiment positive. Et à ce moment-là, j'étais à Moucron. Et ce qui était assez drôle, c'est qu'on était trois colocs. Et ma colocataire, en fait, était aussi enceinte. Elle avait appris une semaine avant, mais elle ne m'avait pas dit parce qu'on était en vacances. Donc, voilà, je l'annonce directement à ma coloc. Et quand je reviens de Moucron, ben... Je n'ai pas dormi de la nuit. Je reviens de deux heures de route. Et là, Charles, il ne veut pas se concentrer. Je lui dis, allez, assieds-toi. Il fait n'importe quoi. Et donc, je lui dis, écoute, arrête de faire l'enfant parce que tu vas en avoir un. Et voilà, comment j'ai annoncé à Charles. Ce n'était pas du tout prévu comme ça. Mais il était tellement, je ne sais pas, dispersé que je me suis dit, OK, il faut que je lui dise une façon ou d'une autre. Et c'est comme ça que j'ai...

  • Speaker #1

    Et il a réagi comment ?

  • Speaker #0

    Il était hyper content. Bon, c'était peut-être pas la façon de le dire, mais il était hyper content.

  • Speaker #1

    T'as fait cette première écho avant même de savoir réellement si t'étais enceinte ou quoi. Et puis après, t'as refait une écho.

  • Speaker #0

    Donc, j'ai fait ma gynéco. Oui. Et là, en fait, j'ai directement paniqué parce que je me suis dit, en fait, j'ai 27 ans. J'avais l'impression que c'était hyper jeune. Enfin, vraiment la panique de me dire, OK, je suis enceinte. Mais est-ce que vraiment on est prêt ? Alors que c'est quelque chose qui était réfléchi, qui était voulu. Ma gynécologue m'a tout de suite rassurée, mais c'est vrai qu'on fait des bébés de plus en plus tard, et comme mes amis ne sont pas du tout dans le même mood que moi, j'avais vraiment du mal à accepter cette grossesse, puis c'était vraiment aussi ne pas boire, j'ai des restrictions alimentaires, je suis en telle ou en telle gluten, mais donc je n'étais pas immunisée contre le toxo, donc ce n'était pas manger, pas boire, enfin c'était vraiment un peu difficile et j'étais très malade. très très très malade, je vomissais énormément donc c'est vrai qu'on était hyper contents mais que ça n'avait pas été les douze premiers mois, enfin les douze premières semaines les plus faciles de ma vie non plus parce qu'il y avait plein de questionnements et je pense que ça arrive à beaucoup de monde mais après j'avais pas à me plaindre j'étais tombée enceinte super facilement et vous considérez que vous aviez bien profité aussi de

  • Speaker #1

    justement votre couple avant de vous lancer dans ce projet d'enfant ?

  • Speaker #0

    Oui bien sûr et puis après on était en couple plein à Covid, donc c'est pas comme si la vie extérieure était fascinante et palpitante non plus. Mais je pense aussi que c'est ça qui a fait que j'étais aussi paniquée, c'est que je pouvais partager avec personne cette recette parce qu'on était en confinement, que j'étais juste seule avec moi-même et peut-être beaucoup plus de temps pour réfléchir, pour se dire quelles conséquences ça avait. Et puis c'est vrai que c'est pas toujours forcément facile de... de dire dans quel monde cet enfant va grandir. Ouais, ouais, ouais. Surtout en plein Covid.

  • Speaker #1

    Et comment se sont déroulés, du coup, les premiers temps de la grossesse, une fois que t'as, entre guillemets, accepté d'intégrer la nouvelle ?

  • Speaker #0

    Super bien. On nous a annoncé une petite fille. Donc, on se projette. On a déjà un prénom. On part en vacances avec ma famille. C'est vraiment, vraiment super chouette. La seule chose, c'est que ma maman aussi est médecin. Et donc, elle appelle pour avoir les résultats du NIPT. Et là, en fait, elle me dit, t'es prête ? J'ai eu les résultats du NIPT. Je dis, oui, OK. C'est un garçon. Ma gynécologue était vraiment quasi certaine que c'était une fille. Elle me disait, je suis à 99% sûre que c'est une fille. Et là, on me dit que c'est un garçon. Donc, c'est vrai que j'ai eu... Je voulais un garçon de base. Enfin, je n'avais pas vraiment de grosses préférences. Mais je me dis, pourquoi pas un garçon ? Mais comme on m'avait dit que c'était une fille et qu'au final, c'était un garçon, ça a fait un tel chamboulement dans ma tête que... que je râlais.

  • Speaker #1

    Il y a eu combien de temps entre cet écho où tu as dit que c'était une fille et le moment où tu as les résultats ?

  • Speaker #0

    Dix jours.

  • Speaker #1

    Ouais, donc en dix jours, tu projettes vachement.

  • Speaker #0

    Surtout qu'on était en vacances, donc en fait, on avait que ça. On était hyper excités pour cette grossesse. On se projetait vraiment, vraiment énormément. Donc ça, ça a été un peu... Je pense que j'ai mis deux, trois jours à me dire Ok, c'est un garçon, ça va être très bien. On met un peu plus de temps à trouver le prénom. Puis, la grossesse se passe. sans encombre, je vais beaucoup mieux, je suis beaucoup moins malade, j'ai toujours un rythme qui est assez important, mais ça se passe bien. Et puis vient cette deuxième écho, donc ça c'est la T2, comme on appelle l'écomorpho, et là, en fait, comme je suis dans la radiologie, je comprends quand même assez rapidement les échos. On fait l'écho, et ma gynéco me dit, tout va bien, il y a juste... On ne voit pas très bien le cœur, tu as beaucoup de liquide, il y a un petit rein qui est dilaté, enfin, toutes ces petites choses qui en fait n'ont pas tellement d'importance, mais j'avais l'impression qu'accumuler ça faisait en fait énormément. Mais moi, Charles, il n'a pas du tout perçu cet écho comme moi je l'ai perçu, il était tout à fait rassuré, il était là ok, tout va bien Ma gynécologue m'a dit on se revoit dans trois semaines pour voir un petit peu mieux le cœur mais écho tout à fait correct, quoi.

  • Speaker #1

    Toi,

  • Speaker #0

    ça reste dans un coin de ta tête ? Un petit peu, surtout que ma coloc qui était enceinte aussi m'avait appelée quelques jours plus tôt, parce qu'elle était une semaine plus tôt que moi. Et sa fille avait eu un petit problème à la T2 aussi. Donc, ça me restait un peu en tête et je me disais, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc, moi, je n'arrive pas du tout à me défaire de ce sentiment et je ne sais pas pourquoi. Mais on commence à installer la chambre. En fait, j'avais l'impression que c'était un petit mécanisme de défense. On a commencé à faire la chambre. J'achetais tout ce que je pouvais. On avait acheté des pyjamas, on avait acheté plein de choses. La chambre était prête. Et puis, trois semaines plus tard, on va à l'échographie. Et là, ma gynéco me dit, ok, je ne vois toujours pas son cœur. Il y a un problème à son cœur. Il y a quelque chose qui ne va pas. Mais je n'arrive pas à dire quoi, donc je vais t'envoyer chez un de mes collègues. Là, panique, panique. Et je lui dis directement, je lui dis écoutez, s'il y a vraiment quelque chose de grave, je suis dans le milieu médical. Je sais ce qui se passe quand les enfants ont des problèmes. Nous, on a très fort réfléchi, ça dépendra évidemment de quoi. Mais si c'est vraiment très grave, on peut arrêter la grossesse.

  • Speaker #1

    Vous en aviez déjà parlé ? Oui,

  • Speaker #0

    et puis moi, je travaille beaucoup avec des enfants qui, en radiologie, on voit quand même beaucoup d'enfants malades. je sais ce que c'est et puis après il y a des enfants qui sont très heureux même avec des pathologies très lourdes mais moi moi c'était mon sentiment que j'avais pas envie de ça pour mon enfant, je trouve que la vie est déjà assez dure comme ça que pour imposer ça mais c'est mon choix personnel et je respecte tout à fait les parents qui font un choix différent. Donc là j'appelle ma maman évidemment on pleure et elle me dit écoute moi je connais une gynéco aussi qui fait que des écomorphos et je vais t'envoyer chez elle, je vais l'appeler tout de suite. Et elle me trouve à rendez-vous le lendemain chez cette gynécologue, qui est incroyable, je lui dois énormément. Et entre-temps, ma gynécologue avait envoyé une vidéo de mon échographie à un collègue à elle, et elle me rappelle à 9h du matin, en me disant, écoute Marie... On sait ce qu'il a au cœur. Il a en fait une crosse aortique droite. Donc c'est une malformation du cœur où l'aorte ne passe pas du bon côté. Au lieu d'être à gauche, elle est à droite. Et c'est souvent associé à un syndrome qui s'appelle le syndrome de Dijorge. Et elle me dit, voilà, il va falloir que tu aies une ponction amniotique. Il va falloir que tu fasses d'autres tests pour être sûre qu'il n'est pas le syndrome. Parce que c'est un syndrome qui est assez lourd. Le Dijorges, en fait, il manque une partie d'un chromosome. Donc après la trisomie, c'est le deuxième syndrome de retard mental. Mais ils ont aussi de grosses autres pathologies. Donc ils n'ont pas de système immunitaire. Ils ont des problèmes pour avaler. Parfois, ils ne savent pas marcher du tout. C'est vraiment une grosse, grosse, grosse pathologie.

  • Speaker #1

    Toi, tu la connaissais déjà, cette pathologie ?

  • Speaker #0

    De loin. J'avais déjà entendu parler, mais je n'avais pas... Je n'avais pas vu beaucoup d'enfants avec cette pathologie. Le monde s'effondre, évidemment, mais j'ai cette gynécologue, on va voir, qui me rassure super fort, qui me dit, écoute, ces enfants qui ont ces pathologies-là, souvent, ils n'ont pas ça, ils n'ont pas ça. Toi, ton bébé, par exemple, c'est le thymus, une partie que les enfants ont, qui sert au système immunitaire. Moi, du coup, Augustin avait ça et normalement, ils n'en ont pas.

  • Speaker #1

    C'était un petit point rassurant dans tous les examens ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, vraiment, les gynécologues n'étaient pas du tout inquiets qu'il ait la pathologie parce que la seule et unique chose qu'il avait, c'était cette crosse aortique droite. Après ça, c'est vraiment les dix jours les pires de ma vie, je pense. On fait la ponction amniotique et après, on doit attendre les résultats. Donc là, moi, j'arrête de travailler. Impossible pour moi d'aller travailler dans ces conditions. Et très, très difficile, en fait, de se projeter dans cette grossesse. Je ne mangeais plus. Je pense que j'ai perdu 3 kilos en 10 jours. Parce qu'en fait, chaque fois que je mangeais, il bougeait. Et en fait, j'étais vraiment en déni de cette grossesse où je me disais, je ne peux pas m'attacher à cet enfant qui ne sera peut-être plus là dans quelques temps. C'était vraiment très difficile. Et puis, j'avais Charles à côté qui était très optimiste. Il disait, mais non. Il n'a que ça, ça arrive dans la population générale. En fait, il y a des gens qui ont juste cette malformation, mais sans rien d'autre. Et ça n'implique en rien à leur santé. Ils le font tout à fait normalement. Et même regarder la télé, je n'arrivais pas à me concentrer pour regarder la télé. On était, chaque fois que le téléphone sonnait, on sautait. C'était, je pense, vraiment les dix jours les plus compliqués de toute l'expérience qu'on a eue. On a un premier appel qui nous dit que... Il n'a pas de trisomie. Je pense que c'était le 18 décembre. Le vendredi, la deuxième gynéco que j'ai vue m'appelle et me dit Voilà Marie, j'ai une mauvaise nouvelle. Il a le syndrome de Dijorge. Et à ce moment-là, j'ai dit Ok, on ne continue pas la grossesse. Quand j'entends cette phrase, je me dis juste Ok, qu'est-ce que je dois faire ? Je dois appeler ma gynéco, la prévenir, dire que... Parce que je savais que je devais... accoucher. On était à 27 semaines, donc ils sont viables à cet âge-là. Donc, je devais accoucher de ce bébé. Je devais appeler Charles parce que j'étais chez ma soeur à ce moment-là. Et en fait, vraiment, je comprends ce qui m'arrive, mais je me dis, ok, je dois faire ça, ça, ça, ça d'abord. Donc, j'appelle ma gynéco. Il n'y avait pas de place, malheureusement. Donc, c'était... La deuxième gynéco était à Brugman, mais il n'y avait pas de place à cet endroit-là. Du coup, je vais accoucher à Bren. Mais je dois... voir un peu comment ça va se passer avec ma gynéco. Et comme j'avais déjà dit que s'il avait le syndrome, on arrêtait la grossesse, le processus s'est fait un peu plus rapidement que d'habitude. Normalement, il faut au moins une semaine entre l'annonce et l'accouchement. Et là, tout était prévu le lundi.

  • Speaker #1

    Et avec Charles, vous en aviez reparlé ?

  • Speaker #0

    Pendant les dix jours, on en avait tellement parlé. Vous étiez raccord ? Oui, on était raccord et on savait En fait, moi, j'ai lu énormément et comme je suis dans le milieu médical, je comprends aussi beaucoup plus de choses. Par exemple, pendant deux ans, il n'aurait pas pu avaler, il n'aurait probablement pas pu manger. On ne savait pas s'il allait un jour pouvoir marcher. C'est toutes des choses où j'étais consciente que ça pouvait arriver. Et en fait, c'était vraiment dur de s'épargner de son bébé. Mais je savais que je faisais la meilleure décision pour lui. On passe 48 heures en famille, avec ma maman, ma soeur, Charles. Et là, je remange, j'essaie d'avoir le plus de coups possible, de le sentir le plus possible. Et ce qui se passe en fait à 27 semaines, c'est qu'on doit arrêter le cœur. Parce que s'il naît, il est viable. c'est pas ce qu'on veut dans une interruption de grossesse. Donc ça, le rendez-vous est pris à 13h le lundi. Et ça, c'est des médecins spécialisés qui font. En fait, ils injectent un produit dans le corazon ombilical. Ça endort le bébé, les dos sont dépassés et on fait endormir le bébé. Et donc là, moi, je suis un peu hystérique quand je suis sur la table. Ça se passe comme une ponction amniotique. C'est une grande aiguille qu'ils insèrent dans le cordon. Entre-temps, ils demandent les consentements. C'est comme un hôpital universitaire. Ils demandent si je veux faire partie d'études, si je veux faire avancer la médecine. Bref, voilà. Et moi, je parle, je parle, je parle, je parle, je parle. Comme si rien n'était, en fait. Comme si c'était un jour tout à fait normal et que ce n'était pas du tout grave. Enfin, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    C'est ta manière de te protéger à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Ah oui, vraiment, je fais des blagues, vraiment.

  • Speaker #1

    Et t'es pas sous calmant ou quoi que ce soit à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    À partir du moment où j'ai eu le diagnostic, je faisais des terreurs nocturnes. Je ne sais pas si on peut appeler ça des terreurs nocturnes, mais je me levais à 3h du matin en hurlant. Et ma maman m'oblige à me mettre sous Xanax, donc un calmant. Je n'aime pas du tout les médicaments, je n'aime pas du tout ça. Et j'ai vraiment peur de la dépendance de ces médicaments. Donc je décide d'en prendre pendant une semaine. ce qui m'aide. Et la première chose que je demande à ma gynéco quand je décide d'en prendre, c'est est-ce que ça peut faire du mal à mon bébé en fait ? Alors que plus tard, il ne sera plus là. Mais c'est la première chose que je demande parce que malgré la décision qu'on prend, ça reste... On a envie de le protéger quand même. Donc on est au moment de la piqûre, je parle, je parle, je parle, puis il me dit ok, là maintenant il va falloir que tu arrêtes de parler. Et donc là, je sais qu'ils sont en train d'arrêter le cœur. Et en fait, à un moment, il retire juste tout et on sait que c'est fini, qu'il n'est plus là. Hélas, je pense que ça a été un des moments les plus difficiles. Charles, qui n'avait pas montré énormément ses émotions jusque-là, s'est effondré, en fait. On est resté, je pense, une demi-heure comme ça dans les bras de l'un de l'autre en comprenant ce qui se passait, en fait. C'était vraiment un premier revoir. C'était vraiment, vraiment, vraiment difficile. Et ma maman nous attendait, parce que ma maman a été présente malgré le Covid, en fait ils ont été très humains. Ma maman et ma sœur nous attendaient en fait de l'autre côté de la pièce. On a dû faire une prise de sang pour être sûre que ça venait pas de nos gènes. On a dû faire, enfin c'était vraiment en mode robot. Et puis en fait j'allais à Bral-le-le pour accoucher. Et là on me mettait de l'ocytocine pour provoquer l'accouchement.

  • Speaker #1

    Comment vous vous sentiez à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Mais c'est hyper bizarre parce que j'avais juste l'impression... d'avoir un accouchement pas normal parce que je savais que mon bébé ne crierait pas et qu'il ne serait pas vivant au final. Mais je disais tout le temps à Charles, oui, j'ai vraiment l'impression qu'on va avoir un bébé. C'était vraiment, moralement, en fait, je savais que je devais accoucher et ça allait. Ce n'était pas comme si on ne pleurait pas, on n'était pas en détresse. Après, il faut savoir que Charles avait décidé de ne pas le voir. Moi, j'ai très, très peur de la mort. C'est quelque chose, malgré mon métier, je déteste. Enfin, les personnes adorent ça, mais je n'aime pas du tout voir les... J'appréhende toujours de voir quelqu'un qui est décédé. Mais je savais que je voulais voir mon enfant. Ça, c'était une certitude. Mais Charles ne partageait pas ça. Il disait en fait, je préfère avoir les souvenirs. de lui dans son ventre et je n'ai pas envie d'avoir, chaque fois que je pense à lui, le fait qu'il soit décédé. Et donc, c'était prévu que ma maman et ma soeur viennent une fois que le bébé était né. J'ai eu une énorme chance, c'est qu'une de mes meilleures amies est sage-femme. En fait, quand elle a pris la nouvelle, elle a dit, Ok, ce sera, enfin, genre si Marie est d'accord, je serai là de A à Z pour elle. Et c'est ce qui s'est passé. On est arrivés environ vers 3 heures, on a commencé le travail. Quand j'ai eu les premières contractions, en fait, j'ai directement... voulu avoir la péridurale parce que je me suis dit en fait je souffre déjà assez j'ai pas envie de souffrir et donc ça a été très long ça a été très très long ça j'ai mis je pense que à 20 heures de travail j'étais déjà j'étais encore à 1 puis on a percé la poche des os ça s'est un peu accéléré et au bout de 26 heures il était là donc le travail et la péridurale marche pas super bien comme ça faisait si longtemps que je l'avais c'était quand même assez douloureux et puis en fait justement ma copine qui est sage-femme, qui s'appelle Lorane, est venue et m'a dit Écoute, Marie, t'es en train de chauffer. Donc avec les médicaments, je faisais de la température. Et la chose qu'ils ne veulent surtout pas dans les cas d'interruption médicale de grossesse, c'est faire une césarine. Parce qu'on pourrait penser que c'est plus facile et que c'est moins de douleur pour la maman. Mais en fait, c'est abîmer l'utérus de la maman pour, entre guillemets, rien. Il faut savoir quand même que les césariennes, c'est pas anodin, qu'après il y a quand même plein de choses qu'on peut pas faire. C'est aussi ne pas retomber enceinte pendant un an, donc c'est extrêmement cruel pour les mamans qui perdent un bébé. Et puis après, il y a tout le processus d'accouchement. qui est vraiment important et qui a été très important pour moi. Donc ce travail n'avance pas. Et là, donc, Lauren, ma copine, vient et me dit, écoute Marie, je sais que tu n'as pas envie de le laisser partir, mais là, il va falloir que tu le laisses partir. Parce que si tu continues à chauffer et que ça n'avance pas, il va falloir aller en césarienne. Et ça, on ne veut pas, vraiment pas. Elle m'a dit ça et je pense qu'une heure après, il était là. Donc je pense vraiment que mon esprit... Je voulais vraiment pas le laisser partir, j'avais juste envie de le garder. Je pense qu'il y a eu quelque chose en moi qui s'est débloqué quand elle m'a dit ça. Et puis elle m'a dit aussi, tu vas le rencontrer, ça va être un bon moment. Et elle n'a pas menti parce que malgré le fait qu'il était décédé, c'était un magnifique moment, vraiment. Donc une fois qu'il est sorti... Ma maman, Laura et Anne ont été le préparer. Charles est sorti de la pièce et puis ma maman est venue me l'amener, me le présenter. Et en fait c'était juste un bébé qui dormait. Il était hyper beau. Après il était petit, je pense qu'il faisait 1,3 kg.

  • Speaker #1

    Il n'était pas bleu ou quoi que ce soit ?

  • Speaker #0

    Pas encore, non. En fait c'était vraiment un bébé qui dormait. Il avait l'air apaisé, il avait l'air... Il avait l'air bien, ma soeur est venue, la première chose qu'elle a dit c'est il est magnifique Après c'était un moment suspendu dans le temps et Lorane avait fait appel aussi à une association qui s'appelle Au-delà des nuages C'est une association qui fait des photos à la maternité des enfants décédés pour permettre aux familles d'avoir des souvenirs. Ou par exemple dans mon cas, si un jour Charles veut voir Augustin, on pourra lui montrer des photos. Après... Il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'IMG cette date-là. Donc, ils sont arrivés un petit peu tard. Ils sont arrivés une heure et demie après. Et là, il était un petit peu bleu déjà. Et on voyait qu'il était un peu plus marqué. Mais les photos sont magnifiques. J'ai demandé de faire des photos d'un peu plus loin où on ne le voyait pas forcément. Parce que j'avais envie de pouvoir avoir des photos dans mon salon sans que les gens soient choqués. Parce que je respecte tout à fait le fait qu'on ne veut pas avoir d'enfants décédés. Il y a des photos un peu plus loin. On a fait aussi une carte de naissance avec juste sa main. Comme ça, Charles a vu ça, on a des souvenirs. Et je pense que ça vaut vraiment la peine. Et cette dame qui est venue pour faire les photos, en fait, je ne sais pas c'est quoi leurs histoires, mais j'ai l'impression que c'est des gens qui ont soit passé par là ou qui ont eu... qui ont eu des gens dans leur entourage qui sont passés par là parce qu'elle était tellement humaine. Et la première chose qu'elle m'a dit, et ça, ça m'a énormément touchée, c'est je ne sais pas si ça va être déplacé, mais je voudrais vous féliciter d'être venue maman aujourd'hui Et ça, c'est ce qu'il faut aussi comprendre dans tout ce qui est deuil périnatal, c'est qu'en fait, on est maman. Peut-être pas d'un être tangible qu'on peut toucher, mais en fait, tout le processus d'accouchement a fait que... Quand mes copines parlent de leur accouchement, parce que pour les jumeaux j'ai eu une césarienne, je raconte l'accouchement d'Augustin. J'ai accouché d'un bébé par voix basse. Je pense que c'est quelque chose qu'on ne se rend pas vraiment compte. Mais oui, on est maman à partir du moment où on a ce bébé dans le ventre. C'est parfois difficile pour les gens de s'en rendre compte. C'est vrai que pendant mes stages, j'ai eu des IMG, j'ai eu des bébés qui étaient décédés. Chaque fois, je me disais, pourquoi ils veulent faire des photos de ce bébé décédé ? Je ne sais pas comment j'ai pu penser ça, mais je pense que quand on ne l'a pas vécu, et qu'on est jeune et qu'on ne se rend pas compte de ce que c'est d'être maman, c'est difficile de s'en rendre compte. Ce qui me faisait peur aussi, c'est que c'est un syndrome qui est lié à des malformations du visage. Ils ont des fentes palatines ou des becs de lièvre. Ça peut arriver, nous aussi, ils ne l'avaient pas. J'avais demandé qu'on me dise... que je puisse me préparer si il avait vraiment quelque chose dans son visage qui allait peut-être me choquer même si je pense qu'à ce moment là rien n'aurait pu me choquer. On est resté environ 2-3 heures avec lui mais donc on a été plusieurs fois chez Charles lui demander mais il a vraiment pas voulu, sa maman n'a pas voulu non plus. On est obligé de faire une nuit à l'hôpital. Le gros problème c'est que les salles d'accouchement c'est des salles d'accouchement où il y a des bébés qui naissent. des bébés vivants, qu'on est dans une maternité, donc on est à côté de parents qui ne dorment pas la nuit, mais pas pour les mêmes raisons que nous. Et là, on avait eu une petite chance, et qu'on était plusieurs, du coup, comme je l'avais dit, à donner naissance à des enfants morts-nés. On avait une aile de la maternité rien que pour nous. Si on nous mettait dans une salle complètement à l'autre bout de l'hôpital, on serait plus françaises. ça enlevrait une légitimité d'être parent ancien. Donc je trouve ça pas plus mal, même si c'est... difficile sur le moment même, ça c'est sûr. Et puis en fait on est obligé de voir un psy avant de partir. Là malheureusement en fait on était le 22 décembre, je sais pas, j'ai pas eu du tout une psychologue qui était adaptée au deuil périnatel. Ça n'a pas encouragé mon mari à aller voir une psychologue par la suite. On a eu une kiné aussi qui m'a demandé où était mon bébé, enfin... Je pense qu'en fait on n'est pas du tout confronté souvent à ça, alors que ça arrive très souvent, c'est pas quelque chose de... de rares en fait.

  • Speaker #1

    Quel genre d'annonce, de message vous avez reçu suite à la naissance d'Augustin ?

  • Speaker #0

    Alors nous, dès qu'on a su qu'on arrêtait la grossesse, on a envoyé un message. On a dit qu'il avait eu une malformation et qu'on arrêtait la grossesse et qu'il allait s'appeler Augustin. Puis on n'a plus donné de nouvelles. Quand j'ai accroché, on a juste envoyé un message Augustin est né ce mardi 22 décembre à 17h. Donc ça, on a dit. Et ensuite, moi, pendant mes phases avant la naissance, j'ai écrit un long texte. Chaque fois que je me réveillais la nuit, j'écrivais. Et c'était une déclaration d'amour. Et j'avais envie de lui expliquer que malgré tout, il était aimé, qu'on était ses parents. Et j'ai mis le texte que j'avais fait pour lui sur Facebook. Parce que j'avais justement pas envie d'avoir des messages qui me disaient... coucou comment tu vas, alors que ça n'allait pas. Et en fait, suite à ce message, il y a plein de gens qui sont venus vraiment en me disant mais en fait je connais quelqu'un qui a eu la même chose. Et c'était beaucoup plus facile pour les gens de comprendre aussi pourquoi ça n'allait pas, pourquoi c'était aussi dur, parce qu'à partir de 25 semaines en Belgique, il faut prendre en charge les funérailles du bébé. Je pense qu'avant 25 semaines, on peut décider de le mettre avec les déchets des hôpitaux. Donc c'est l'hôpital qui... qui s'occupe de l'incinération avec les autres déchets médicaux qu'ils nous ont dit. Une semaine après, on l'a enterré. On l'a incinéré. J'ai lu le texte que j'avais fait pour lui. On a juste mis des musiques. On n'a vraiment pas fait grand-chose. Et le texte, je l'ai lu juste avec Charles à la fin, quand tout le monde est sorti.

  • Speaker #1

    Tu as une vague d'amour autour de toi dans les premiers temps. Et après ?

  • Speaker #0

    Après, nous, on a eu la chance. On était extrêmement bien entourés. Mais j'ai l'impression aussi qu'on se dit, ok, ça fait un mois, maintenant il faut passer à autre chose. Pas du tout dans mon entourage, mais à l'extérieur, c'est un peu ça, parce que c'est pas compréhensible. On se dit, c'est bon, elle en fera un autre. Puis aussi, ce qu'on ne rend pas compte, c'est qu'on diabolise aussi tout ce qui est enceinte, tout ce qui est bébé. tout ce qui est... enfin c'est vraiment extrêmement dur de voir des femmes ensemble, c'est extrêmement dur de voir des nouveau-nés. Là moi j'avais trois copines qui, assez proches, qui accouchaient entre janvier et mars. J'arrivais pas à aller les voir, j'arrivais, j'arrivais, j'arrivais juste pas à aller les voir. Je pense que la première que j'ai été voir c'était ma coloc, le bébé de ma coloc. Elle est née en février, j'ai été la voir. fin mars, quelque chose comme ça mais je savais que ça allait être bienveillant je savais qu'on allait pas m'exposer tout le bonheur qu'ils avaient et puis au final c'était pas le début d'un bébé c'est pas non plus hyper opposant c'est pas aussi épanouissant que tout le monde le dit donc franchement ça a été un bonheur je l'ai pris dans les bras et ça allait mais c'est vrai que nous on était très obnubilés par le fait de retourner enceinte très rapidement j'avais que ça en tête J'avais que ça en tête, il faut que je tombe enceinte, il faut que je tombe enceinte, pas pour le remplacer, loin de là. C'est juste qu'on avait préparé tout pour qu'il arrive et en fait on se retrouvait sans rien. Et j'ai eu la chance aussi que ma maman et ma famille se sont mobilisées pour venir enlever la chambre pendant qu'on était à l'hôpital. Comme ça quand on rentrait, on ne devait pas rentrer dans cette chambre, on a dû attendre des tests génétiques. pour être sûre qu'on n'avait pas la même pathologie. On a fait des tests génétiques le jour où on a arrêté le cœur. Ça a pris un mois et demi environ pour être sûre qu'on n'avait pas la maladie de Dijon. Parce qu'en fait, c'est ça qui est difficile aussi avec cette pathologie, c'est que les gens tout à fait normaux peuvent avoir la maladie sans vraiment de gros retards mentaux. Et ça, heureusement, on n'avait pas. Et puis en fait, une fois qu'on a eu les tests génétiques de ça, on nous a dit... Comme vous avez eu un enfant qui a eu une malformation, il faut faire des tests plus poussés et vraiment regarder tous vos gènes, voir s'il n'y a vraiment rien d'autre. Parce qu'on sait que vous n'avez pas le syndrome de Dijorge, mais on ne sait pas si vous avez d'autres choses. Et donc là, ça a pris environ trois mois. Donc j'ai eu les résultats finaux en mai, alors qu'il était né en décembre. Et en fait, quand on a eu les résultats, tout était OK, je suis tombée enceinte le lendemain. Non.

  • Speaker #1

    Donc vous attendiez ces résultats ou alors vous avez remis en route directement ?

  • Speaker #0

    On a attendu les premiers résultats, mais je pense que je n'étais pas sereine. Enfin, tant que je n'avais pas les résultats finaux, je pense que je n'arrivais pas à avoir l'esprit libre et être OK avec retomber enceinte.

  • Speaker #1

    Comment vous apprenez cette nouvelle grossesse ?

  • Speaker #0

    J'ai des cycles super courts, en fait. Au bout de 23, 24 jours, j'ai mes règles. Et là, en fait... Je pense que je dépasse 24-25 jours, je me dis Hum, bizarre Et là, je fais un test de grossesse. Et ce qui est assez drôle, enfin pour l'instant, je vois beaucoup de signes. C'est que j'apprends ça le 27 mai. Et le 27 mai, c'est la cento-gustin. Je vois un bêta HCG à 400. Puis deux jours plus tard, je refais une prise de sang. Et là, j'étais à 1200, je suis là Ok Puis une semaine après, je me fais une écho moi-même et là je vois que c'est des jumeaux.

  • Speaker #1

    Comment vous le preniez, le fait que ce soit des jumeaux ?

  • Speaker #0

    Charles est jumeau, mais ça ne vient pas du tout de lui, ça vient de moi en fait. C'est moi qui l'ai vu plusieurs fois. Donc lui, il sait ce que c'est d'avoir des jumeaux, il était très content. Et moi, j'étais un peu dans le déni, mais aussi contente parce que je me disais, en fait, s'il arrive quelque chose à l'âge, j'en ai quand même un. J'avais vraiment cette phase de me dire, ok, en fait, quoi qu'il arrive, si ça tombe, je vais avoir un bébé. C'est horrible de dire ça comme ça, mais c'est vraiment... comme ça que je le ressentais. Et pendant toute la grossesse, en fait, tu vis en apnée complète. T'es pas du tout présente comme tu dois l'être. Moi, je m'imaginais pas avec des bébés vivants dans mes bras. J'arrivais pas, je me cachais, j'avais pas de ventre alors que j'avais des jumeaux. J'attendais en fait cette deuxième écho pour pouvoir me laisser vraiment me dire, ok, en fait, ils sont là, ils vont bien. Ça a pas été une chouette grossesse, vraiment pas. Je pense que... que c'est difficile d'avoir une grossesse d'après, comme on appelle. C'était vraiment un peu de la torture. En plus, j'étais malade, vraiment, je vomissais. Je pense que j'ai perdu 5 kilos pendant mon premier trimestre. J'avais l'impression, en fait, que ça n'allait jamais aller. Évidemment, mon corps m'avait trahi une fois. Je ne vois pas pourquoi il ne m'aurait pas trahi une autre fois. Et j'étais hyper contente. Mais en fait, le problème aussi, c'est que quand tu es enceinte, les premières choses qu'on va te dire, c'est Alors, c'est ton premier ? Et en fait, ça m'est très... les gens sont très mal à l'aise quand tu dis en fait non mais j'ai perdu mon premier, enfin ou non mais mon premier est décédé. Et en fait je veux pas dire que j'ai pas, que Gusta n'existe pas. Et donc ça rend les conversations très très inconfortables parce qu'à chaque fois on me demande combien j'ai d'enfants, je vais dire ben quatre en fait. Et ils sont là quatre, ça fait beaucoup. Je suis là oui mais enfin... Et parfois, je n'explique même pas. Parfois, je laisse les gens penser que j'ai quatre enfants. Et en fait, après, parfois, je dis oui, j'ai des jumeaux. Et je ne dis rien d'autre parce que je n'ai pas envie ou ce n'est pas le bon jour. Je me sens toujours un peu mal, comme si j'avais trahi.

  • Speaker #1

    Quand tu dépasses cette deuxième écho, on vous rassure avec les jumeaux ?

  • Speaker #0

    Oui, on m'a toujours rassurée. On m'a toujours dit la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit. Mais je pense que c'est tellement... Le traumatisme est tellement ancré en moi que c'est difficile de passer au-dessus. Et je pense aussi que c'est ça qui a été aussi difficile parce que je ne me suis pas rendue compte qu'on allait avoir des jumeaux. Je ne me suis pas dit, ok, on va avoir des jumeaux, ça va être dur. Tout le monde me disait, ça va aller. Je disais, oui, pourquoi ça n'irait pas, je ne comprends pas. Et en fait, je me souviens de cette première nuit à la maternité quand ils étaient là, avec Charles, on s'est regardé, on s'est dit, mais qu'est-ce qui est en train de nous arriver ? Genre, ce n'est pas possible. En plus, moi, j'ai eu une césarienne pour les jumeaux, donc je pouvais pas me lever. Enfin, je pouvais me lever, mais très difficilement. Ouais. Et ils pleuraient chacun à leur tour. On n'a pas dormi une minute de la nuit. En fait, moi, j'ai juste envie de regarder des séries et d'être dans mon canap', genre, qu'est-ce qui m'arrive ? Alors que c'est tout ce que je désirais, c'était des bébés en bonne santé. Et c'est vrai que j'ai eu un gros, gros, gros baby blues après. Où, en fait, je pense que j'ai tellement... était en déni de cette grossesse alors que j'avais un ventre énorme. En fait, quand j'ai eu la réalité qui m'est tombée sur la tête, j'ai eu un moment de panique en me disant, mais deux, ça va être chaud, quoi. Puis c'est passé, je pense que ça a mis, oui, trois, quatre jours.

  • Speaker #1

    Et est-ce que le fait d'avoir dépassé ces semaines symboliques t'a permis après de mieux vivre la grossesse ?

  • Speaker #0

    Oui, genre vraiment tout le monde disait que j'avais l'air hyper épanouie, que... que ça allait, mais j'ai fait ma valise pour les jumeaux à 33 semaines. On n'a pas mis la chambre avant 34 semaines, je pense. J'étais hyper heureuse, je sentais que j'étais beaucoup plus heureuse. Mais même pour cette grossesse-ci, je ne vis pas les grossesses comme tout le monde, je le sais. Je ne suis pas du tout en train de caresser mon ventre. Je ne suis pas dans un état non plus où je suis bien. Je reste toujours sur mes gardes. Et je pense que jamais je vivrai sereinement une grossesse, jamais. Mais je l'accepte, je l'accepte. Et quand il y a eu les jumeaux, le dernier trimestre, j'ai fait des photos de grossesse que je ne pensais pas que j'allais pouvoir faire du tout. Il faut aussi savoir qu'on n'était pas mariés. Donc on a eu plein de problèmes à la commune pour pouvoir le déclarer. Donc en fait, quand il naît, on a un certificat de nez sans vie. Et sur le certificat de nez sans vie, il était marqué le nom de Charles. On n'avait pas fait de déclaration anticipée en fait, parce que... En fait, dans la première grossesse, on a passé le premier trimestre, on se dit, en fait, c'est bon, bingo, on a le bébé à la fin. Et donc, il était marqué Charles, père de l'enfant, non marié à la mère, n'ayant pas reconnu l'enfant. En fait, ça faisait vraiment comme s'il était parti, qu'il n'avait pas demandé son reste et qu'il n'en avait rien à faire. Et ça, ce document-là, on l'a le jour de l'enterrement, en fait. Ça a été très compliqué pour Charles à ce moment-là. Et en fait... Deux, trois mois après, en fait, Charles me fait sa demande. Et là, en fait, c'était super important qu'on se marie avant que les jumeaux arrivent. Donc je me suis mariée enceinte de 20 semaines. On s'est mariées à la commune. Et voilà, je me souviens de ce moment où j'étais enceinte, où c'était vraiment super chouette. Et pourtant, j'étais à 20. 21 semaines, je pense. Je venais d'avoir mon écho de deuxième trimestre. Et je me souviens que c'était un moment incroyable où j'étais épanouie, où ça ne me dérangeait pas qu'on regarde mon ventre, ça ne me dérangeait pas qu'on touche mon ventre, ça ne me dérangeait pas que... Donc il y a eu des super bons moments. Ça, je ne peux pas dire, mais c'est juste que ça n'a pas été facile. Et que c'est vrai qu'avec les hormones et tout ça, je pense que j'ai une tendance à être plus sensible pour plein de choses. Peut-être que je fais juste partie des gens qui n'aiment pas être... Enfin, qui n'adorent.

  • Speaker #1

    pas être enceinte et que ça n'a rien à voir avec mon histoire mais je pense que clairement ça joue quand même Est-ce que vous êtes autorisée quand même à vous projeter tu vois de l'arrivée des jumeaux et même maintenant de votre quatrième enfant ?

  • Speaker #0

    On s'autorise pas beaucoup même avec même maintenant alors que c'est ma troisième grossesse et que on sait que tout va bien et que voilà là je suis à 37 semaines il n'y a pas de raison mais genre on a rien, j'ai pas fait ma valise on a J'ai trouvé le prénom il y a deux ou trois semaines. Non, je pense qu'on n'arrivera jamais à se projeter. On n'arrivera jamais à en parler sereinement. Alors que ce bébé est tout à fait désiré. On est hyper impatients, mais c'est vrai qu'on a toujours cette réserve. Et je pense qu'on l'aura toujours.

  • Speaker #1

    Vous avez été suivi, accompagné psychologiquement ?

  • Speaker #0

    Quand on arrête le cœur, il conseille de faire neuf séances de psy. Donc moi, c'est ce que j'ai fait. Charles ne l'a pas fait. parce qu'il était un peu traumatisé par la psychologue qui nous a vus à l'hôpital. Ça m'a énormément aidée. Après le décès d'Augustin, j'ai en fait pris tout ce que je pouvais prendre. Donc j'ai des amis qui adorent la micro-kiné. Moi, c'est vrai que je suis très rationnelle dans le médical. Après, je sais qu'ils ont fait leur preuve, mais c'est vrai que moi, je vais plus dans le médical. Et en fait, j'ai tout essayé. J'ai été voir des doulas, j'ai été voir une micro-kiné, j'ai été voir une sophrologue, j'ai vraiment essayé tout. Et au final, ce qui m'a aidée le plus, c'est la psychologue. Et ça a vraiment bien aidé. Mais quand j'ai repris le boulot, en fait, je n'avais plus le temps de faire ça. Et là, ça, ça a été très, très dur parce que malgré qu'on soit dans un milieu médical où on pense que les gens sont en fait... Très tournée vers l'humain, ce n'est pas toujours le cas. Et en fait, malgré ce que j'avais vécu, on s'attendait juste que je revienne à 100%. Au final, je n'ai pas pris 14 semaines, j'ai pris 9 semaines après l'accouchement. Et en fait, je n'étais pas du tout prête. Je n'étais pas du tout prête, je n'étais pas mentalement... J'avais juste l'objectif de retourner enceinte. En fait, dans ces métiers-là, tu ne peux pas ne pas être à 100% quand tu travailles. En radiologie, on a énormément... confiné dans un endroit avec plein de gens. On est une vingtaine, en fait, dans un service de radiologie. Et voilà, il y a des gens qui venaient d'être grands-parents à ce moment-là, donc ils mettaient leurs vidéos de bébés à côté de moi. C'était pas forcément facile. Je pense que c'est pas facile pour les gens d'être à côté de quelqu'un qui vient de perdre un bébé. Mais c'est clairement pas facile d'être la personne qui a perdu un bébé parce que ça fait peur. Les gens ne venaient plus me parler. Après, j'ai eu... énormément de gens super bienveillants qui ont été énormément présents pour moi qui m'ont soutenue il y a un de mes collègues qui a eu un bébé deux mois après que je revienne et il a toujours été hyper bienveillant avec moi, il m'en parlait parce que je pouvais pas lui interdire d'en parler, c'est super cruel aussi de ma part de dire non tu peux pas parler de ton bébé à côté de moi non c'est pas possible Mais il l'a fait toujours d'une façon hyper bienveillante. Et ça, c'est quelque chose. Mais c'est vrai qu'au niveau travail, ça n'allait pas. Je pense qu'il faut vraiment prendre le temps nécessaire. Et ce qui est vraiment hyper cruel aussi, c'est qu'avant 25 semaines, tu n'as pas le droit à ton congé maternité. Donc, au bout de deux semaines, tu peux être de nouveau au boulot. Mais je ne sais pas comment on fait. Parce qu'au final, je pense qu'à partir de 17-18 semaines, tu accouches.

  • Speaker #1

    Comment tu as vécu ce postpartum en fait ?

  • Speaker #0

    Quand tu es en postpartum, tu te dis ok, pour l'instant je ne suis pas en top, mon physique n'est pas top, mais ce n'est pas grave. Là en fait, je disais toujours, j'ai grossi, ta poitrine n'est pas la même non plus. Il y a plein de choses et j'étais là tout ça pour rien, tout ça pour rien, tout ça pour rien. Parce que c'est vrai que... qu'au final, quand tu as ton bébé et que tu as encore du ventre ou que tu as encore 5 kilos à perdre, tu te dis, c'est bon, ce n'est pas grave, ça vaut la peine, j'ai ma petite merveille devant moi. Moi, c'est vrai que je n'avais pas ce soutien qui me disait en fait... Tout ça, ce n'était pas pour rien. J'ai eu des montées de lait. Il y a des médicaments qui existent pour enlever la montée de lait. Mais ça, ma gynéco ne voulait pas me le donner parce que ça peut donner des dépressions aussi. Comme j'étais assez fragile à ce moment-là, elle m'a dit écoute, on ne va pas te donner Moi, mon échappatoire, c'est le sport. Et je ne pouvais pas faire de sport parce que j'étais en postpartum. Donc pas très bien. J'étais juste déprimée pour tout. tout ce qui se passait je pense que j'ai vraiment fait à mon avis une dépression pendant en casier un an où j'étais pas moi même ça pas été diagnostiqué ça pas j'ai pas été traité ou quoi mais je pense que j'ai vraiment après la naissance des jumeaux je me suis retrouvé quoi je me suis dit ok là en fait je recommence à vivre et je recommence à vivre bien et je me retrouve et je commence à apprécier qui je suis avant je pense que Que ce soit le postpartum ou pas, c'est juste très difficile parce que tu vas chez la kiné, mais avant toi, c'est une dame qui a un bébé. Après toi, c'est une dame qui a un bébé. Mais voilà, j'ai été très bien entourée et je pense que je me suis entourée pour plein de choses d'une bonne manière. Je faisais quasi 60 ou 70 kilomètres pour aller voir ma kiné, juste parce qu'en fait, ça me faisait perdre trois heures de ma journée. J'essayais de m'occuper comme tu pouvais. C'est le fait d'être légitime, de me dire, ok, en fait, moi aussi, je vais à la kiné post-natale parce qu'en fait, j'ai accouché. Et enfin, c'est tout ça qui rendait aussi les choses plus faciles à vivre, en fait. De me dire, ok, en fait, genre, je suis maman, genre, j'ai peut-être pas de bébé, mais je suis maman. Et à ce moment-là, je disais, j'ai un enfant. Je me dis, bon, ça va, c'est pas trop difficile. Et nuit, et là, je répondais pas. Enfin, je prenais... Pas la peine de dire, ben non, en fait, j'ai pas de bébé, mais...

  • Speaker #1

    Quel est le genre de bonne réaction, selon toi, en fait ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, ce que j'adore pour l'instant avec certains de mes amis, c'est que chaque fois, pour l'anniversaire d'Augustin, ils m'envoient un message. Ils disent, t'es enceinte de ton quatrième enfant, ou c'est ton quatrième enfant, tu vas accueillir ton... En fait, c'est juste de le nommer, juste qu'il soit présent, et que même s'il n'est pas présent sur Terre... qu'il existe en fait. Parce que je me dis, le jour où je partirai, où Charlemont partira, il n'y aura plus personne qui saura qu'il a existé. Et ça, je pense que c'est le plus dur parce qu'on n'a aucun souvenir avec lui. Enfin, si on a les souvenirs de la grossesse, mais on n'a rien de tangible. Il n'a pas vécu sur Terre, entre guillemets. Et c'est ça qui est vraiment difficile et c'est pour ça que j'en parle autant. C'est qu'en fait, j'ai besoin qu'il existe parce qu'il a existé et qu'il a eu un impact énorme sur notre vie. Et ça, je ne veux jamais l'oublier. Il m'a rendue meilleure dans plein de choses. Il m'a fait relativiser tellement de choses. Il fait la maman que je suis aujourd'hui aussi. Et ça, c'est parce qu'il existait. Il m'a construite d'une façon que personne d'autre n'aurait pu le faire. Et évidemment, ça a été traumatisant. Et c'est une des... plus grosse faiblesse que j'ai dans ma vie mais c'est aussi une de mes plus grandes forces et ça je veux vraiment jamais l'oublier en fait ça n'a jamais été un tabou avec tout l'entourage vous jamais ouais mais jamais avec personne et je pense que c'est pour ça que ça rend mal à l'aise des gens c'est que d'habitude on cache tout ça que ce soit les fausses couches que ce soit les essais bébé parfois les gens ne veulent pas dire qu'ils ont qui font des essais bébé parce que c'est à bout de pas réussir à faire un bébé tout de suite ou enfin il ya plein de choses et au final le fait d'en parler J'ai une collègue qui a vécu la même chose que moi, qui en fait on n'était pas très proches et quand elle a appris la nouvelle, elle m'a appelée, elle m'a contactée et je pense que c'est ça aussi que j'ai envie de faire passer, c'est que plus on en parle, plus on aide les gens aussi autour de nous. Et moi c'est ce qui m'a énormément aidée aussi après tout ça, c'est de se sentir écoutée, pas de se sentir seule, c'est d'avoir des plateformes comme... En France, il y a l'association Petite Émilie, c'est un forum avec tous les gens qui ont perdu des bébés, qui ont fait face au deuil périnataux. Ça laisse cours à dire ok, je ne suis pas seule, ok, il se passe ça, ok, il y a les podcasts, il y a les comptes Instagram Il y a plein de choses qui peuvent aider, même si ça rend mal à l'aise les gens, ça fait partie de mon histoire. Et puis là, c'est ce que je disais, on voit des signes un peu partout. J'ai appris ma nouvelle grossesse le jour de la Sainte-Auguste. Auguste, première grossesse Saint-Augustin, là celle-ci Saint-Auguste. Enfin on voit des signes un peu partout et on les crée aussi.

  • Speaker #1

    Quel regard vous portez sur tout ce parcours que vous avez traversé ?

  • Speaker #0

    Parfois je me dis j'aurais aimé ne pas avoir ça, avoir ça, mais quand je regarde aujourd'hui, en fait je suis juste fière de notre famille. Si on n'avait pas vécu tout ça, j'ai l'impression en fait que tout peut nous arriver. qu'on est tellement fort, que mon couple est fort, que mes enfants, même s'ils sont loin d'être parfaits comme je suis loin d'être parfait comme maman, c'est des petites merveilles et que, en fait, je suis vraiment bien dans l'endroit où je suis maintenant. Et je pense que je n'aurais jamais eu cette sensation aussi forte s'il n'était pas arrivé tout ce qui est arrivé. Et je pense que mon parcours, enfin notre parcours en tant que famille est incroyable. Et c'est pour ça que... que jamais je me tairai et jamais je n'en parlerai pas parce que je suis mariée, j'ai quatre enfants et je suis vraiment hyper heureuse aujourd'hui, malgré le fait que j'ai perdu un enfant et ça aussi j'aimerais bien vraiment passer comme message. J'ai vraiment vécu les pires moments de ma vie, je pense qu'il n'y a rien qui a été dans ma vie plus douloureuse que la perte de mon enfant. on s'en sort en fait. Et au final, c'est beaucoup plus une force qu'une faiblesse. Et ça je pense que c'est très important de le savoir aussi, qu'en fait, même si je l'oublie pas, même si les 22 décembre c'est des journées qui sont très difficiles pour moi, c'est chaque fois qu'il y a des événements marquants, je me dis, lui aussi il aurait marché à ce moment-là. Si je suis aujourd'hui aussi épanouie, c'est grâce à lui aussi. Je me suis rendue compte, donc ça fait trois ans. ça fait trois ans et en fait je suis toujours triste je suis vraiment je suis très très date même si je me rends pas compte alors ça je suis vraiment pas bien ces jours là et donc j'ai vraiment envie de tourner ça et de faire ça de célébrer en fait de célébrer sa naissance et de le faire avec les enfants je pense que ce sera beaucoup plus facile aussi qu'on Quand ils se rendront compte qu'en fait, on célèbre leur frère qui n'est peut-être pas là.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous leur parlez d'Augustin ?

  • Speaker #0

    Alors, ils ne réalisent déjà pas qu'ils vont avoir une petite chambre. Donc, c'est Arthur et James. Arthur, il a une peluche qui s'appelle Augustin le Labin. Je l'avais acheté comme ça et en fait, il l'a choisi lui-même. C'est son doudou, quoi. Alors qu'ils ont mille doudous. Je vais en parler, j'en parlerai, j'en parle déjà, mais ils ne comprennent pas. Pour moi, c'est très important qu'ils aient un grand frère. Ça, c'est sûr. Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Marie. Merci d'avoir pris le temps de me partager votre parcours, qui est admirable. Franchement, vous pouvez être super fière de vous et de votre famille. Je vous souhaite plein, plein de belles choses pour la suite et une belle fin de grossesse pour ce quatrième enfant, Clary.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour votre écoute. Alors que vous soyez coparent, tatac, grand-mère, papy ou proche d'un futur parent, N'hésitez pas à partager et liker les épisodes et à en parler autour de vous pour soutenir ce podcast. Vous pouvez aussi mettre un cœur en 5 étoiles sur l'appui d'écoute de votre choix. Parce qu'on ne naît pas par nous mais qu'on le devient. Parce qu'on ne savait pas qu'il fallait un village entier pour élever un enfant. Parce qu'on s'est senti trop souvent dépourvu face aux pleurs de bébé. Parce qu'on ne savait pas que pleurer sans raison était tout à fait normal après un plein chamboulement. Mais aussi parce qu'on ne savait pas qu'il était possible de générer autant d'amour pour de si petits êtres. Peut-être parce qu'il y a milliers de raisons d'écouter Rita, le podcast belge qui compte bien vous aider à mieux vivre ce grand tourbillon de la vie.

Description

Quand j’ai reçu Marie pour enregistrer cet épisode, elle était rayonnante et enceinte de 8 mois. Elle s'apprêtait à donner la vie à son quatrième enfant et rien n’aurait pu laisser penser qu’elle avait vécu le pire près de quatre auparavant.

À l’époque, Marie et Charles vivent le parfait amour et dans la continuité de leur histoire, ils décident de fonder une famille. Elle tombe enceinte rapidement et tout va pour le mieux jusqu’à cette deuxième écho où elle pressent que quelque chose ne va pas. Les examens s’enchaînent et le diagnostique tombe : son petit bébé qui grandit en elle présente une malformation cardiaque et le syndrome de Di George, une anomalie génétique, 2eme cause de retard mental après la trisomie 21.

D’un commun accord avec Charles, ils prennent alors la douloureuse décision qu’aucun parent ne devraient prendre, celle de mettre un terme à la grossesse. Augustin est alors né sans vie à 28 semaines de grossesse en décembre 2020. 

Dans cet épisode, Marie revient sur les 2 semaines qui ont précédé la naissance d’Augustin. Elle nous partage les sentiments et les émotions complexes qui l’ont envahie : entre la colère, le chagrin, le manque et le vide immense de laisser s’envoler son enfant. Elle évoque aussi la culpabilité, l’inquiétude, l’amour pour ce bébé tant attendu. Elle nous raconte la période qui a suivi ce drame, où sa seule obsession était de tomber enceinte et le magnifique cadeau que la vie lui a fait en lui offrant des jumeaux. 

🚫L’histoire que vous vous apprêtez à entendre aborde le sujet terrible du deuil périnatal, Il est donc à écouter dans les meilleures conditions possibles. 
 💛

N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !


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Un podcast original : Rita

Interviews : Anissa Hezzaz

Montage : Anissa Hezzaz

Episode diffusé le : 21 septembre 2024

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Cet épisode de RITA a été réalisé avec le soutien de la Boîte Rose.

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Vous aimerez cet épisode si vous aimez : Bliss StoriesLa MatrescenceAurevoir PodcastGénération Do it Yourself Canapé Six places


On se retrouve très vite pour un nouvel épisode 🎺



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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue chez Rita. Rita c'est le lieu de rencontre de tous les parents. Si vous êtes ici, c'est que vous-même allez devenir parent ou peut-être l'êtes-vous déjà. Ici on parle de maternité et de parentalité sans fil. Et si vous êtes tombé ici par hasard, j'espère que vous resterez quelques minutes de plus le temps d'écouter cet épisode. Je suis Anissa Isas et vous écoutez la saison 2 de Rita. Marie et Charles sont en couple depuis de nombreuses années quand ils décident il y a 4 ans, dans la continuité de leur histoire, de fonder une famille. Marie tombe enceinte rapidement et tout va pour le mieux, jusqu'à cette deuxième écho où elle pressent que quelque chose ne va pas. Les examens s'enchaînent et le diagnostic tourne. Son petit bébé qui grandit en elle présente une malformation cardiaque et le syndrome de Dijorge, une anomalie génétique, deuxième cause de retard mental après la trisomie 21. D'un commun accord avec Charles, ils prennent alors la douloureuse décision qu'aucun parent ne devrait prendre, celle de mettre un terme à la grossesse. Augustin est alors né sans vie à 28 semaines de grossesse en décembre 2020.

  • Speaker #1

    L'histoire que vous vous apprêtez à entendre aborde le sujet terrible du deuil périnatel. L'épisode est donc à écouter dans les meilleures conditions possibles. Bonjour Marie et bienvenue sur mon podcast. D'abord merci à toi d'avoir accepté de venir parler d'un sujet encore souvent tabou et surtout difficile à aborder. Mais je vais d'abord te demander de te présenter.

  • Speaker #2

    Donc moi je m'appelle Marie, j'ai 31 ans, je suis maman de trois enfants et bientôt quatre. Donc un premier enfant, Augustin, qui est parti à six mois de grossesse, et des jumeaux de deux ans et demi, et là j'attends mon quatrième bébé, une petite fille.

  • Speaker #1

    Et c'est bientôt, là c'est imminent.

  • Speaker #2

    Oui, je suis à huit mois, passé huit mois là. Ça va,

  • Speaker #1

    t'es pas trop fatiguée ?

  • Speaker #2

    Si, épuisée. J'imagine. Mais je pense que c'est la normalité, non ?

  • Speaker #1

    Surtout que tu nous as pas encore dit qu'est-ce que tu fais dans la vie mais donc tu as quand même un boulot prenant.

  • Speaker #2

    Oui je suis assistante ou interne en radiologie. Donc là je termine mon assistana qui dure donc 5 ans et c'est assez fatigant.

  • Speaker #1

    Et tu as des horaires de jours classiques ?

  • Speaker #2

    Donc j'ai fait mes gares jusqu'à 30 semaines et là je fais des jours classiques mais c'est 8-18. Et mon travail n'est pas tout ou près non plus de la maison, donc c'est quand même des horaires où je pars de 7h du matin à 19h. J'ai un très chouette mari.

  • Speaker #1

    Et justement, ton mari, comment s'appelle-t-il ?

  • Speaker #2

    Il s'appelle Charles, il est informaticien. On est ensemble depuis 21 ans, donc ça va faire 10 ans bientôt. On ne s'est rencontrés pas du tout dans le monde médical, ça s'était très bien. Et on s'est rencontré dans le cadre de matchs de handball en fait. Je faisais du handball et son meilleur ami faisait aussi du handball. Et il était présent souvent. Et de fil en aiguille, ça s'est passé comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te souviens le jour où vraiment vous vous mettez ensemble ?

  • Speaker #2

    Apparemment, pendant quelques mois, il était intéressé. Mais je n'avais pas l'air de comprendre.

  • Speaker #1

    Tu n'avais pas grillé les ordres ?

  • Speaker #2

    Pas du tout. Moi, j'étais... pas en relation mais dans quelque chose d'assez compliqué qui durait depuis longtemps et j'étais vraiment inébillée par ça donc j'étais pas du tout réceptive à ses avances et puis un jour il a été un peu plus clair que d'habitude et donc ça a été en soirée il m'a proposé de me ramener chez moi mais voilà et ça faisait longtemps que vous fréquentiez alors ça faisait je dirais qu'on avait fait quatre cinq soirées ensemble vraiment c'était chaque fois mais je le voyais de loin mais c'était pas du tout mon groupe d'amis Et puis un jour, je n'avais pas de lift pour rentrer chez moi. Et donc, il m'a proposé de rentrer chez moi.

  • Speaker #1

    Et alors, les débuts de votre relation, comment ça s'est passé ?

  • Speaker #2

    Très chouette. On était très jeunes. Donc, on sortait beaucoup. On faisait beaucoup la fête. C'était léger, mais en fait, on a très vite su que c'était très sérieux. Moi, j'ai l'impression qu'au bout d'un mois, je savais que je l'aimais et que c'était vraiment quelqu'un qui allait faire partie de ma vie pendant longtemps. Lui m'a dit qu'il avait mis un peu plus longtemps mais il sortait d'une relation de 4 ans donc c'était aussi un peu plus difficile. Mais ça a été assez rapide et au bout de deux ans on a habité ensemble. Et pour lui, en tout cas c'est ce qu'il a dit au mariage, ça a été le moment déterminant dans notre couple où il a su que j'allais être la maman de ses enfants, qu'on allait se marier.

  • Speaker #1

    Vous décidez de vous marier avant de lancer le projet bébé ?

  • Speaker #2

    Moi de base je ne peux pas me marier. Je ne voulais absolument pas me marier. Je n'ai pas du tout un modèle familial où on se mariait. On est plutôt une famille recomposée à chaque fois, ou séparée. J'ai jamais vraiment eu le papa, maman, enfant que tout le monde a, que ce soit dans mes cousins ou pour moi. Donc c'était pas quelque chose qui m'intéressait, ou auquel je croyais en fait. Et pour lui c'était très important, mais j'ai commencé à travailler en 2019. et lui ça faisait déjà deux ans qu'il me parlait d'enfants, qu'il me disait ok moi j'aimerais bien avoir des enfants

  • Speaker #0

    Et comme je savais qu'il voulait se marier, je me suis dit ok on fait les choses bien, on fait d'abord le mariage et puis les enfants. Et puis en fait il ne me demandait plus, il ne faisait pas sa proposition, je me suis dit bon ça ne va pas. Et en fait on est parti pour nos 5 ans en Champagne et je pensais vraiment qu'il allait faire sa demande. Et en fait à la fin de ses jours, pas du tout. Donc je me suis dit bon en fait moi j'ai 27 ans. j'ai envie qu'on passe à l'étape supérieure. Si tu ne me demandes pas de m'épouser, alors on lance le projet bébé. Donc ça, c'était le 1er mars 2020, il y a eu le Covid. On se dit, je retire ma contraception, puis on verra bien, on n'est pas non plus super pressé. On commence le projet bébé en avril, donc juste après le Covid en fait. Et là, directement, il me dit, c'est tellement injuste, pourquoi eux et pas nous ? Alors que ça ne faisait même pas un bout de temps qu'on essayait et que vraiment, on s'était dit, pas du tout de pression. Et lui, ça faisait deux ans qu'il me demandait d'avoir des enfants. Donc moi, je n'étais pas du tout prête. Je n'étais pas du tout dans le milieu médical. Même maintenant, je n'ai pas beaucoup de copines qui sont enceintes ou qui ont des enfants. Donc ça me semblait trop tôt, tout simplement. Et après, à 27 ans, je me suis dit, ma maman m'a eu à 27 ans. J'étais prête, j'avais un salaire. Tout changeait. Et donc, on lance en avril. On se dit ok cool on va attendre, on verra bien quand ça arrivera. Et là un de ses meilleurs amis annonce que sa copine est enceinte un mois après quoi. Donc début mai. Donc c'est vrai que là j'ai commencé à stresser. Pas à raison parce qu'en soi, au bout d'un mois, on n'est pas stressé de ne pas tomber enceinte. Et je pense que deux mois après, je tombe enceinte. Donc tout va bien, on est hyper content. L'annonce, ça ne se passe pas super comme on voulait. Parce que j'ai des cycles assez irréguliers et en fait, j'ai des spottings. Donc en fait, c'est vraiment entre les règles, j'ai quand même du sang. Et en fait, j'ai eu ça, j'ai eu mes règles alors que j'étais enceinte. Donc je ne remarque pas que je suis enceinte. Et un jour, j'ai vraiment fort mal au ventre. J'étais de garde et je me dis, ok, je fais une appendicite. J'ai quelque chose, ce n'est pas possible. Et donc, je regarde à l'écho et là, je vois...

  • Speaker #1

    Tu fais toi-même l'écho ?

  • Speaker #0

    Oui, je fais moi-même l'écho. Et là, je vois qu'en fait, il y a une poche dans l'utérus.

  • Speaker #1

    C'est trop dingue de le découvrir.

  • Speaker #0

    Donc, j'étais déjà cinq semaines et demie, six semaines, je pense. Donc là, un peu le choc, je suis en pleine garde, je me dis... OK, qu'est-ce que je fais ? Je cours à la pharmacie, je prends un test de grossesse. Je fais le test de grossesse, mais évidemment, il était à 22 heures. Test de grossesse négatif. OK, ouais. Je ne comprenais plus rien.

  • Speaker #1

    Et toi, tu étais sûre de ton coup quand tu fais ton écho ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. J'avais vraiment un bébé dans mon ventre. Donc, je me dis OK, il faut que je fasse une prise de sang. J'ai une copine qui est aussi de garde. Je lui dis OK, fais-moi une prise de sang tout de suite. Et là, la prise de sang est bien positive. Je pense que j'étais déjà à 6000 de bêta HCG. Enfin, genre vraiment, vraiment positive. Et à ce moment-là, j'étais à Moucron. Et ce qui était assez drôle, c'est qu'on était trois colocs. Et ma colocataire, en fait, était aussi enceinte. Elle avait appris une semaine avant, mais elle ne m'avait pas dit parce qu'on était en vacances. Donc, voilà, je l'annonce directement à ma coloc. Et quand je reviens de Moucron, ben... Je n'ai pas dormi de la nuit. Je reviens de deux heures de route. Et là, Charles, il ne veut pas se concentrer. Je lui dis, allez, assieds-toi. Il fait n'importe quoi. Et donc, je lui dis, écoute, arrête de faire l'enfant parce que tu vas en avoir un. Et voilà, comment j'ai annoncé à Charles. Ce n'était pas du tout prévu comme ça. Mais il était tellement, je ne sais pas, dispersé que je me suis dit, OK, il faut que je lui dise une façon ou d'une autre. Et c'est comme ça que j'ai...

  • Speaker #1

    Et il a réagi comment ?

  • Speaker #0

    Il était hyper content. Bon, c'était peut-être pas la façon de le dire, mais il était hyper content.

  • Speaker #1

    T'as fait cette première écho avant même de savoir réellement si t'étais enceinte ou quoi. Et puis après, t'as refait une écho.

  • Speaker #0

    Donc, j'ai fait ma gynéco. Oui. Et là, en fait, j'ai directement paniqué parce que je me suis dit, en fait, j'ai 27 ans. J'avais l'impression que c'était hyper jeune. Enfin, vraiment la panique de me dire, OK, je suis enceinte. Mais est-ce que vraiment on est prêt ? Alors que c'est quelque chose qui était réfléchi, qui était voulu. Ma gynécologue m'a tout de suite rassurée, mais c'est vrai qu'on fait des bébés de plus en plus tard, et comme mes amis ne sont pas du tout dans le même mood que moi, j'avais vraiment du mal à accepter cette grossesse, puis c'était vraiment aussi ne pas boire, j'ai des restrictions alimentaires, je suis en telle ou en telle gluten, mais donc je n'étais pas immunisée contre le toxo, donc ce n'était pas manger, pas boire, enfin c'était vraiment un peu difficile et j'étais très malade. très très très malade, je vomissais énormément donc c'est vrai qu'on était hyper contents mais que ça n'avait pas été les douze premiers mois, enfin les douze premières semaines les plus faciles de ma vie non plus parce qu'il y avait plein de questionnements et je pense que ça arrive à beaucoup de monde mais après j'avais pas à me plaindre j'étais tombée enceinte super facilement et vous considérez que vous aviez bien profité aussi de

  • Speaker #1

    justement votre couple avant de vous lancer dans ce projet d'enfant ?

  • Speaker #0

    Oui bien sûr et puis après on était en couple plein à Covid, donc c'est pas comme si la vie extérieure était fascinante et palpitante non plus. Mais je pense aussi que c'est ça qui a fait que j'étais aussi paniquée, c'est que je pouvais partager avec personne cette recette parce qu'on était en confinement, que j'étais juste seule avec moi-même et peut-être beaucoup plus de temps pour réfléchir, pour se dire quelles conséquences ça avait. Et puis c'est vrai que c'est pas toujours forcément facile de... de dire dans quel monde cet enfant va grandir. Ouais, ouais, ouais. Surtout en plein Covid.

  • Speaker #1

    Et comment se sont déroulés, du coup, les premiers temps de la grossesse, une fois que t'as, entre guillemets, accepté d'intégrer la nouvelle ?

  • Speaker #0

    Super bien. On nous a annoncé une petite fille. Donc, on se projette. On a déjà un prénom. On part en vacances avec ma famille. C'est vraiment, vraiment super chouette. La seule chose, c'est que ma maman aussi est médecin. Et donc, elle appelle pour avoir les résultats du NIPT. Et là, en fait, elle me dit, t'es prête ? J'ai eu les résultats du NIPT. Je dis, oui, OK. C'est un garçon. Ma gynécologue était vraiment quasi certaine que c'était une fille. Elle me disait, je suis à 99% sûre que c'est une fille. Et là, on me dit que c'est un garçon. Donc, c'est vrai que j'ai eu... Je voulais un garçon de base. Enfin, je n'avais pas vraiment de grosses préférences. Mais je me dis, pourquoi pas un garçon ? Mais comme on m'avait dit que c'était une fille et qu'au final, c'était un garçon, ça a fait un tel chamboulement dans ma tête que... que je râlais.

  • Speaker #1

    Il y a eu combien de temps entre cet écho où tu as dit que c'était une fille et le moment où tu as les résultats ?

  • Speaker #0

    Dix jours.

  • Speaker #1

    Ouais, donc en dix jours, tu projettes vachement.

  • Speaker #0

    Surtout qu'on était en vacances, donc en fait, on avait que ça. On était hyper excités pour cette grossesse. On se projetait vraiment, vraiment énormément. Donc ça, ça a été un peu... Je pense que j'ai mis deux, trois jours à me dire Ok, c'est un garçon, ça va être très bien. On met un peu plus de temps à trouver le prénom. Puis, la grossesse se passe. sans encombre, je vais beaucoup mieux, je suis beaucoup moins malade, j'ai toujours un rythme qui est assez important, mais ça se passe bien. Et puis vient cette deuxième écho, donc ça c'est la T2, comme on appelle l'écomorpho, et là, en fait, comme je suis dans la radiologie, je comprends quand même assez rapidement les échos. On fait l'écho, et ma gynéco me dit, tout va bien, il y a juste... On ne voit pas très bien le cœur, tu as beaucoup de liquide, il y a un petit rein qui est dilaté, enfin, toutes ces petites choses qui en fait n'ont pas tellement d'importance, mais j'avais l'impression qu'accumuler ça faisait en fait énormément. Mais moi, Charles, il n'a pas du tout perçu cet écho comme moi je l'ai perçu, il était tout à fait rassuré, il était là ok, tout va bien Ma gynécologue m'a dit on se revoit dans trois semaines pour voir un petit peu mieux le cœur mais écho tout à fait correct, quoi.

  • Speaker #1

    Toi,

  • Speaker #0

    ça reste dans un coin de ta tête ? Un petit peu, surtout que ma coloc qui était enceinte aussi m'avait appelée quelques jours plus tôt, parce qu'elle était une semaine plus tôt que moi. Et sa fille avait eu un petit problème à la T2 aussi. Donc, ça me restait un peu en tête et je me disais, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc, moi, je n'arrive pas du tout à me défaire de ce sentiment et je ne sais pas pourquoi. Mais on commence à installer la chambre. En fait, j'avais l'impression que c'était un petit mécanisme de défense. On a commencé à faire la chambre. J'achetais tout ce que je pouvais. On avait acheté des pyjamas, on avait acheté plein de choses. La chambre était prête. Et puis, trois semaines plus tard, on va à l'échographie. Et là, ma gynéco me dit, ok, je ne vois toujours pas son cœur. Il y a un problème à son cœur. Il y a quelque chose qui ne va pas. Mais je n'arrive pas à dire quoi, donc je vais t'envoyer chez un de mes collègues. Là, panique, panique. Et je lui dis directement, je lui dis écoutez, s'il y a vraiment quelque chose de grave, je suis dans le milieu médical. Je sais ce qui se passe quand les enfants ont des problèmes. Nous, on a très fort réfléchi, ça dépendra évidemment de quoi. Mais si c'est vraiment très grave, on peut arrêter la grossesse.

  • Speaker #1

    Vous en aviez déjà parlé ? Oui,

  • Speaker #0

    et puis moi, je travaille beaucoup avec des enfants qui, en radiologie, on voit quand même beaucoup d'enfants malades. je sais ce que c'est et puis après il y a des enfants qui sont très heureux même avec des pathologies très lourdes mais moi moi c'était mon sentiment que j'avais pas envie de ça pour mon enfant, je trouve que la vie est déjà assez dure comme ça que pour imposer ça mais c'est mon choix personnel et je respecte tout à fait les parents qui font un choix différent. Donc là j'appelle ma maman évidemment on pleure et elle me dit écoute moi je connais une gynéco aussi qui fait que des écomorphos et je vais t'envoyer chez elle, je vais l'appeler tout de suite. Et elle me trouve à rendez-vous le lendemain chez cette gynécologue, qui est incroyable, je lui dois énormément. Et entre-temps, ma gynécologue avait envoyé une vidéo de mon échographie à un collègue à elle, et elle me rappelle à 9h du matin, en me disant, écoute Marie... On sait ce qu'il a au cœur. Il a en fait une crosse aortique droite. Donc c'est une malformation du cœur où l'aorte ne passe pas du bon côté. Au lieu d'être à gauche, elle est à droite. Et c'est souvent associé à un syndrome qui s'appelle le syndrome de Dijorge. Et elle me dit, voilà, il va falloir que tu aies une ponction amniotique. Il va falloir que tu fasses d'autres tests pour être sûre qu'il n'est pas le syndrome. Parce que c'est un syndrome qui est assez lourd. Le Dijorges, en fait, il manque une partie d'un chromosome. Donc après la trisomie, c'est le deuxième syndrome de retard mental. Mais ils ont aussi de grosses autres pathologies. Donc ils n'ont pas de système immunitaire. Ils ont des problèmes pour avaler. Parfois, ils ne savent pas marcher du tout. C'est vraiment une grosse, grosse, grosse pathologie.

  • Speaker #1

    Toi, tu la connaissais déjà, cette pathologie ?

  • Speaker #0

    De loin. J'avais déjà entendu parler, mais je n'avais pas... Je n'avais pas vu beaucoup d'enfants avec cette pathologie. Le monde s'effondre, évidemment, mais j'ai cette gynécologue, on va voir, qui me rassure super fort, qui me dit, écoute, ces enfants qui ont ces pathologies-là, souvent, ils n'ont pas ça, ils n'ont pas ça. Toi, ton bébé, par exemple, c'est le thymus, une partie que les enfants ont, qui sert au système immunitaire. Moi, du coup, Augustin avait ça et normalement, ils n'en ont pas.

  • Speaker #1

    C'était un petit point rassurant dans tous les examens ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, vraiment, les gynécologues n'étaient pas du tout inquiets qu'il ait la pathologie parce que la seule et unique chose qu'il avait, c'était cette crosse aortique droite. Après ça, c'est vraiment les dix jours les pires de ma vie, je pense. On fait la ponction amniotique et après, on doit attendre les résultats. Donc là, moi, j'arrête de travailler. Impossible pour moi d'aller travailler dans ces conditions. Et très, très difficile, en fait, de se projeter dans cette grossesse. Je ne mangeais plus. Je pense que j'ai perdu 3 kilos en 10 jours. Parce qu'en fait, chaque fois que je mangeais, il bougeait. Et en fait, j'étais vraiment en déni de cette grossesse où je me disais, je ne peux pas m'attacher à cet enfant qui ne sera peut-être plus là dans quelques temps. C'était vraiment très difficile. Et puis, j'avais Charles à côté qui était très optimiste. Il disait, mais non. Il n'a que ça, ça arrive dans la population générale. En fait, il y a des gens qui ont juste cette malformation, mais sans rien d'autre. Et ça n'implique en rien à leur santé. Ils le font tout à fait normalement. Et même regarder la télé, je n'arrivais pas à me concentrer pour regarder la télé. On était, chaque fois que le téléphone sonnait, on sautait. C'était, je pense, vraiment les dix jours les plus compliqués de toute l'expérience qu'on a eue. On a un premier appel qui nous dit que... Il n'a pas de trisomie. Je pense que c'était le 18 décembre. Le vendredi, la deuxième gynéco que j'ai vue m'appelle et me dit Voilà Marie, j'ai une mauvaise nouvelle. Il a le syndrome de Dijorge. Et à ce moment-là, j'ai dit Ok, on ne continue pas la grossesse. Quand j'entends cette phrase, je me dis juste Ok, qu'est-ce que je dois faire ? Je dois appeler ma gynéco, la prévenir, dire que... Parce que je savais que je devais... accoucher. On était à 27 semaines, donc ils sont viables à cet âge-là. Donc, je devais accoucher de ce bébé. Je devais appeler Charles parce que j'étais chez ma soeur à ce moment-là. Et en fait, vraiment, je comprends ce qui m'arrive, mais je me dis, ok, je dois faire ça, ça, ça, ça d'abord. Donc, j'appelle ma gynéco. Il n'y avait pas de place, malheureusement. Donc, c'était... La deuxième gynéco était à Brugman, mais il n'y avait pas de place à cet endroit-là. Du coup, je vais accoucher à Bren. Mais je dois... voir un peu comment ça va se passer avec ma gynéco. Et comme j'avais déjà dit que s'il avait le syndrome, on arrêtait la grossesse, le processus s'est fait un peu plus rapidement que d'habitude. Normalement, il faut au moins une semaine entre l'annonce et l'accouchement. Et là, tout était prévu le lundi.

  • Speaker #1

    Et avec Charles, vous en aviez reparlé ?

  • Speaker #0

    Pendant les dix jours, on en avait tellement parlé. Vous étiez raccord ? Oui, on était raccord et on savait En fait, moi, j'ai lu énormément et comme je suis dans le milieu médical, je comprends aussi beaucoup plus de choses. Par exemple, pendant deux ans, il n'aurait pas pu avaler, il n'aurait probablement pas pu manger. On ne savait pas s'il allait un jour pouvoir marcher. C'est toutes des choses où j'étais consciente que ça pouvait arriver. Et en fait, c'était vraiment dur de s'épargner de son bébé. Mais je savais que je faisais la meilleure décision pour lui. On passe 48 heures en famille, avec ma maman, ma soeur, Charles. Et là, je remange, j'essaie d'avoir le plus de coups possible, de le sentir le plus possible. Et ce qui se passe en fait à 27 semaines, c'est qu'on doit arrêter le cœur. Parce que s'il naît, il est viable. c'est pas ce qu'on veut dans une interruption de grossesse. Donc ça, le rendez-vous est pris à 13h le lundi. Et ça, c'est des médecins spécialisés qui font. En fait, ils injectent un produit dans le corazon ombilical. Ça endort le bébé, les dos sont dépassés et on fait endormir le bébé. Et donc là, moi, je suis un peu hystérique quand je suis sur la table. Ça se passe comme une ponction amniotique. C'est une grande aiguille qu'ils insèrent dans le cordon. Entre-temps, ils demandent les consentements. C'est comme un hôpital universitaire. Ils demandent si je veux faire partie d'études, si je veux faire avancer la médecine. Bref, voilà. Et moi, je parle, je parle, je parle, je parle, je parle. Comme si rien n'était, en fait. Comme si c'était un jour tout à fait normal et que ce n'était pas du tout grave. Enfin, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    C'est ta manière de te protéger à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Ah oui, vraiment, je fais des blagues, vraiment.

  • Speaker #1

    Et t'es pas sous calmant ou quoi que ce soit à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    À partir du moment où j'ai eu le diagnostic, je faisais des terreurs nocturnes. Je ne sais pas si on peut appeler ça des terreurs nocturnes, mais je me levais à 3h du matin en hurlant. Et ma maman m'oblige à me mettre sous Xanax, donc un calmant. Je n'aime pas du tout les médicaments, je n'aime pas du tout ça. Et j'ai vraiment peur de la dépendance de ces médicaments. Donc je décide d'en prendre pendant une semaine. ce qui m'aide. Et la première chose que je demande à ma gynéco quand je décide d'en prendre, c'est est-ce que ça peut faire du mal à mon bébé en fait ? Alors que plus tard, il ne sera plus là. Mais c'est la première chose que je demande parce que malgré la décision qu'on prend, ça reste... On a envie de le protéger quand même. Donc on est au moment de la piqûre, je parle, je parle, je parle, puis il me dit ok, là maintenant il va falloir que tu arrêtes de parler. Et donc là, je sais qu'ils sont en train d'arrêter le cœur. Et en fait, à un moment, il retire juste tout et on sait que c'est fini, qu'il n'est plus là. Hélas, je pense que ça a été un des moments les plus difficiles. Charles, qui n'avait pas montré énormément ses émotions jusque-là, s'est effondré, en fait. On est resté, je pense, une demi-heure comme ça dans les bras de l'un de l'autre en comprenant ce qui se passait, en fait. C'était vraiment un premier revoir. C'était vraiment, vraiment, vraiment difficile. Et ma maman nous attendait, parce que ma maman a été présente malgré le Covid, en fait ils ont été très humains. Ma maman et ma sœur nous attendaient en fait de l'autre côté de la pièce. On a dû faire une prise de sang pour être sûre que ça venait pas de nos gènes. On a dû faire, enfin c'était vraiment en mode robot. Et puis en fait j'allais à Bral-le-le pour accoucher. Et là on me mettait de l'ocytocine pour provoquer l'accouchement.

  • Speaker #1

    Comment vous vous sentiez à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Mais c'est hyper bizarre parce que j'avais juste l'impression... d'avoir un accouchement pas normal parce que je savais que mon bébé ne crierait pas et qu'il ne serait pas vivant au final. Mais je disais tout le temps à Charles, oui, j'ai vraiment l'impression qu'on va avoir un bébé. C'était vraiment, moralement, en fait, je savais que je devais accoucher et ça allait. Ce n'était pas comme si on ne pleurait pas, on n'était pas en détresse. Après, il faut savoir que Charles avait décidé de ne pas le voir. Moi, j'ai très, très peur de la mort. C'est quelque chose, malgré mon métier, je déteste. Enfin, les personnes adorent ça, mais je n'aime pas du tout voir les... J'appréhende toujours de voir quelqu'un qui est décédé. Mais je savais que je voulais voir mon enfant. Ça, c'était une certitude. Mais Charles ne partageait pas ça. Il disait en fait, je préfère avoir les souvenirs. de lui dans son ventre et je n'ai pas envie d'avoir, chaque fois que je pense à lui, le fait qu'il soit décédé. Et donc, c'était prévu que ma maman et ma soeur viennent une fois que le bébé était né. J'ai eu une énorme chance, c'est qu'une de mes meilleures amies est sage-femme. En fait, quand elle a pris la nouvelle, elle a dit, Ok, ce sera, enfin, genre si Marie est d'accord, je serai là de A à Z pour elle. Et c'est ce qui s'est passé. On est arrivés environ vers 3 heures, on a commencé le travail. Quand j'ai eu les premières contractions, en fait, j'ai directement... voulu avoir la péridurale parce que je me suis dit en fait je souffre déjà assez j'ai pas envie de souffrir et donc ça a été très long ça a été très très long ça j'ai mis je pense que à 20 heures de travail j'étais déjà j'étais encore à 1 puis on a percé la poche des os ça s'est un peu accéléré et au bout de 26 heures il était là donc le travail et la péridurale marche pas super bien comme ça faisait si longtemps que je l'avais c'était quand même assez douloureux et puis en fait justement ma copine qui est sage-femme, qui s'appelle Lorane, est venue et m'a dit Écoute, Marie, t'es en train de chauffer. Donc avec les médicaments, je faisais de la température. Et la chose qu'ils ne veulent surtout pas dans les cas d'interruption médicale de grossesse, c'est faire une césarine. Parce qu'on pourrait penser que c'est plus facile et que c'est moins de douleur pour la maman. Mais en fait, c'est abîmer l'utérus de la maman pour, entre guillemets, rien. Il faut savoir quand même que les césariennes, c'est pas anodin, qu'après il y a quand même plein de choses qu'on peut pas faire. C'est aussi ne pas retomber enceinte pendant un an, donc c'est extrêmement cruel pour les mamans qui perdent un bébé. Et puis après, il y a tout le processus d'accouchement. qui est vraiment important et qui a été très important pour moi. Donc ce travail n'avance pas. Et là, donc, Lauren, ma copine, vient et me dit, écoute Marie, je sais que tu n'as pas envie de le laisser partir, mais là, il va falloir que tu le laisses partir. Parce que si tu continues à chauffer et que ça n'avance pas, il va falloir aller en césarienne. Et ça, on ne veut pas, vraiment pas. Elle m'a dit ça et je pense qu'une heure après, il était là. Donc je pense vraiment que mon esprit... Je voulais vraiment pas le laisser partir, j'avais juste envie de le garder. Je pense qu'il y a eu quelque chose en moi qui s'est débloqué quand elle m'a dit ça. Et puis elle m'a dit aussi, tu vas le rencontrer, ça va être un bon moment. Et elle n'a pas menti parce que malgré le fait qu'il était décédé, c'était un magnifique moment, vraiment. Donc une fois qu'il est sorti... Ma maman, Laura et Anne ont été le préparer. Charles est sorti de la pièce et puis ma maman est venue me l'amener, me le présenter. Et en fait c'était juste un bébé qui dormait. Il était hyper beau. Après il était petit, je pense qu'il faisait 1,3 kg.

  • Speaker #1

    Il n'était pas bleu ou quoi que ce soit ?

  • Speaker #0

    Pas encore, non. En fait c'était vraiment un bébé qui dormait. Il avait l'air apaisé, il avait l'air... Il avait l'air bien, ma soeur est venue, la première chose qu'elle a dit c'est il est magnifique Après c'était un moment suspendu dans le temps et Lorane avait fait appel aussi à une association qui s'appelle Au-delà des nuages C'est une association qui fait des photos à la maternité des enfants décédés pour permettre aux familles d'avoir des souvenirs. Ou par exemple dans mon cas, si un jour Charles veut voir Augustin, on pourra lui montrer des photos. Après... Il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'IMG cette date-là. Donc, ils sont arrivés un petit peu tard. Ils sont arrivés une heure et demie après. Et là, il était un petit peu bleu déjà. Et on voyait qu'il était un peu plus marqué. Mais les photos sont magnifiques. J'ai demandé de faire des photos d'un peu plus loin où on ne le voyait pas forcément. Parce que j'avais envie de pouvoir avoir des photos dans mon salon sans que les gens soient choqués. Parce que je respecte tout à fait le fait qu'on ne veut pas avoir d'enfants décédés. Il y a des photos un peu plus loin. On a fait aussi une carte de naissance avec juste sa main. Comme ça, Charles a vu ça, on a des souvenirs. Et je pense que ça vaut vraiment la peine. Et cette dame qui est venue pour faire les photos, en fait, je ne sais pas c'est quoi leurs histoires, mais j'ai l'impression que c'est des gens qui ont soit passé par là ou qui ont eu... qui ont eu des gens dans leur entourage qui sont passés par là parce qu'elle était tellement humaine. Et la première chose qu'elle m'a dit, et ça, ça m'a énormément touchée, c'est je ne sais pas si ça va être déplacé, mais je voudrais vous féliciter d'être venue maman aujourd'hui Et ça, c'est ce qu'il faut aussi comprendre dans tout ce qui est deuil périnatal, c'est qu'en fait, on est maman. Peut-être pas d'un être tangible qu'on peut toucher, mais en fait, tout le processus d'accouchement a fait que... Quand mes copines parlent de leur accouchement, parce que pour les jumeaux j'ai eu une césarienne, je raconte l'accouchement d'Augustin. J'ai accouché d'un bébé par voix basse. Je pense que c'est quelque chose qu'on ne se rend pas vraiment compte. Mais oui, on est maman à partir du moment où on a ce bébé dans le ventre. C'est parfois difficile pour les gens de s'en rendre compte. C'est vrai que pendant mes stages, j'ai eu des IMG, j'ai eu des bébés qui étaient décédés. Chaque fois, je me disais, pourquoi ils veulent faire des photos de ce bébé décédé ? Je ne sais pas comment j'ai pu penser ça, mais je pense que quand on ne l'a pas vécu, et qu'on est jeune et qu'on ne se rend pas compte de ce que c'est d'être maman, c'est difficile de s'en rendre compte. Ce qui me faisait peur aussi, c'est que c'est un syndrome qui est lié à des malformations du visage. Ils ont des fentes palatines ou des becs de lièvre. Ça peut arriver, nous aussi, ils ne l'avaient pas. J'avais demandé qu'on me dise... que je puisse me préparer si il avait vraiment quelque chose dans son visage qui allait peut-être me choquer même si je pense qu'à ce moment là rien n'aurait pu me choquer. On est resté environ 2-3 heures avec lui mais donc on a été plusieurs fois chez Charles lui demander mais il a vraiment pas voulu, sa maman n'a pas voulu non plus. On est obligé de faire une nuit à l'hôpital. Le gros problème c'est que les salles d'accouchement c'est des salles d'accouchement où il y a des bébés qui naissent. des bébés vivants, qu'on est dans une maternité, donc on est à côté de parents qui ne dorment pas la nuit, mais pas pour les mêmes raisons que nous. Et là, on avait eu une petite chance, et qu'on était plusieurs, du coup, comme je l'avais dit, à donner naissance à des enfants morts-nés. On avait une aile de la maternité rien que pour nous. Si on nous mettait dans une salle complètement à l'autre bout de l'hôpital, on serait plus françaises. ça enlevrait une légitimité d'être parent ancien. Donc je trouve ça pas plus mal, même si c'est... difficile sur le moment même, ça c'est sûr. Et puis en fait on est obligé de voir un psy avant de partir. Là malheureusement en fait on était le 22 décembre, je sais pas, j'ai pas eu du tout une psychologue qui était adaptée au deuil périnatel. Ça n'a pas encouragé mon mari à aller voir une psychologue par la suite. On a eu une kiné aussi qui m'a demandé où était mon bébé, enfin... Je pense qu'en fait on n'est pas du tout confronté souvent à ça, alors que ça arrive très souvent, c'est pas quelque chose de... de rares en fait.

  • Speaker #1

    Quel genre d'annonce, de message vous avez reçu suite à la naissance d'Augustin ?

  • Speaker #0

    Alors nous, dès qu'on a su qu'on arrêtait la grossesse, on a envoyé un message. On a dit qu'il avait eu une malformation et qu'on arrêtait la grossesse et qu'il allait s'appeler Augustin. Puis on n'a plus donné de nouvelles. Quand j'ai accroché, on a juste envoyé un message Augustin est né ce mardi 22 décembre à 17h. Donc ça, on a dit. Et ensuite, moi, pendant mes phases avant la naissance, j'ai écrit un long texte. Chaque fois que je me réveillais la nuit, j'écrivais. Et c'était une déclaration d'amour. Et j'avais envie de lui expliquer que malgré tout, il était aimé, qu'on était ses parents. Et j'ai mis le texte que j'avais fait pour lui sur Facebook. Parce que j'avais justement pas envie d'avoir des messages qui me disaient... coucou comment tu vas, alors que ça n'allait pas. Et en fait, suite à ce message, il y a plein de gens qui sont venus vraiment en me disant mais en fait je connais quelqu'un qui a eu la même chose. Et c'était beaucoup plus facile pour les gens de comprendre aussi pourquoi ça n'allait pas, pourquoi c'était aussi dur, parce qu'à partir de 25 semaines en Belgique, il faut prendre en charge les funérailles du bébé. Je pense qu'avant 25 semaines, on peut décider de le mettre avec les déchets des hôpitaux. Donc c'est l'hôpital qui... qui s'occupe de l'incinération avec les autres déchets médicaux qu'ils nous ont dit. Une semaine après, on l'a enterré. On l'a incinéré. J'ai lu le texte que j'avais fait pour lui. On a juste mis des musiques. On n'a vraiment pas fait grand-chose. Et le texte, je l'ai lu juste avec Charles à la fin, quand tout le monde est sorti.

  • Speaker #1

    Tu as une vague d'amour autour de toi dans les premiers temps. Et après ?

  • Speaker #0

    Après, nous, on a eu la chance. On était extrêmement bien entourés. Mais j'ai l'impression aussi qu'on se dit, ok, ça fait un mois, maintenant il faut passer à autre chose. Pas du tout dans mon entourage, mais à l'extérieur, c'est un peu ça, parce que c'est pas compréhensible. On se dit, c'est bon, elle en fera un autre. Puis aussi, ce qu'on ne rend pas compte, c'est qu'on diabolise aussi tout ce qui est enceinte, tout ce qui est bébé. tout ce qui est... enfin c'est vraiment extrêmement dur de voir des femmes ensemble, c'est extrêmement dur de voir des nouveau-nés. Là moi j'avais trois copines qui, assez proches, qui accouchaient entre janvier et mars. J'arrivais pas à aller les voir, j'arrivais, j'arrivais, j'arrivais juste pas à aller les voir. Je pense que la première que j'ai été voir c'était ma coloc, le bébé de ma coloc. Elle est née en février, j'ai été la voir. fin mars, quelque chose comme ça mais je savais que ça allait être bienveillant je savais qu'on allait pas m'exposer tout le bonheur qu'ils avaient et puis au final c'était pas le début d'un bébé c'est pas non plus hyper opposant c'est pas aussi épanouissant que tout le monde le dit donc franchement ça a été un bonheur je l'ai pris dans les bras et ça allait mais c'est vrai que nous on était très obnubilés par le fait de retourner enceinte très rapidement j'avais que ça en tête J'avais que ça en tête, il faut que je tombe enceinte, il faut que je tombe enceinte, pas pour le remplacer, loin de là. C'est juste qu'on avait préparé tout pour qu'il arrive et en fait on se retrouvait sans rien. Et j'ai eu la chance aussi que ma maman et ma famille se sont mobilisées pour venir enlever la chambre pendant qu'on était à l'hôpital. Comme ça quand on rentrait, on ne devait pas rentrer dans cette chambre, on a dû attendre des tests génétiques. pour être sûre qu'on n'avait pas la même pathologie. On a fait des tests génétiques le jour où on a arrêté le cœur. Ça a pris un mois et demi environ pour être sûre qu'on n'avait pas la maladie de Dijon. Parce qu'en fait, c'est ça qui est difficile aussi avec cette pathologie, c'est que les gens tout à fait normaux peuvent avoir la maladie sans vraiment de gros retards mentaux. Et ça, heureusement, on n'avait pas. Et puis en fait, une fois qu'on a eu les tests génétiques de ça, on nous a dit... Comme vous avez eu un enfant qui a eu une malformation, il faut faire des tests plus poussés et vraiment regarder tous vos gènes, voir s'il n'y a vraiment rien d'autre. Parce qu'on sait que vous n'avez pas le syndrome de Dijorge, mais on ne sait pas si vous avez d'autres choses. Et donc là, ça a pris environ trois mois. Donc j'ai eu les résultats finaux en mai, alors qu'il était né en décembre. Et en fait, quand on a eu les résultats, tout était OK, je suis tombée enceinte le lendemain. Non.

  • Speaker #1

    Donc vous attendiez ces résultats ou alors vous avez remis en route directement ?

  • Speaker #0

    On a attendu les premiers résultats, mais je pense que je n'étais pas sereine. Enfin, tant que je n'avais pas les résultats finaux, je pense que je n'arrivais pas à avoir l'esprit libre et être OK avec retomber enceinte.

  • Speaker #1

    Comment vous apprenez cette nouvelle grossesse ?

  • Speaker #0

    J'ai des cycles super courts, en fait. Au bout de 23, 24 jours, j'ai mes règles. Et là, en fait... Je pense que je dépasse 24-25 jours, je me dis Hum, bizarre Et là, je fais un test de grossesse. Et ce qui est assez drôle, enfin pour l'instant, je vois beaucoup de signes. C'est que j'apprends ça le 27 mai. Et le 27 mai, c'est la cento-gustin. Je vois un bêta HCG à 400. Puis deux jours plus tard, je refais une prise de sang. Et là, j'étais à 1200, je suis là Ok Puis une semaine après, je me fais une écho moi-même et là je vois que c'est des jumeaux.

  • Speaker #1

    Comment vous le preniez, le fait que ce soit des jumeaux ?

  • Speaker #0

    Charles est jumeau, mais ça ne vient pas du tout de lui, ça vient de moi en fait. C'est moi qui l'ai vu plusieurs fois. Donc lui, il sait ce que c'est d'avoir des jumeaux, il était très content. Et moi, j'étais un peu dans le déni, mais aussi contente parce que je me disais, en fait, s'il arrive quelque chose à l'âge, j'en ai quand même un. J'avais vraiment cette phase de me dire, ok, en fait, quoi qu'il arrive, si ça tombe, je vais avoir un bébé. C'est horrible de dire ça comme ça, mais c'est vraiment... comme ça que je le ressentais. Et pendant toute la grossesse, en fait, tu vis en apnée complète. T'es pas du tout présente comme tu dois l'être. Moi, je m'imaginais pas avec des bébés vivants dans mes bras. J'arrivais pas, je me cachais, j'avais pas de ventre alors que j'avais des jumeaux. J'attendais en fait cette deuxième écho pour pouvoir me laisser vraiment me dire, ok, en fait, ils sont là, ils vont bien. Ça a pas été une chouette grossesse, vraiment pas. Je pense que... que c'est difficile d'avoir une grossesse d'après, comme on appelle. C'était vraiment un peu de la torture. En plus, j'étais malade, vraiment, je vomissais. Je pense que j'ai perdu 5 kilos pendant mon premier trimestre. J'avais l'impression, en fait, que ça n'allait jamais aller. Évidemment, mon corps m'avait trahi une fois. Je ne vois pas pourquoi il ne m'aurait pas trahi une autre fois. Et j'étais hyper contente. Mais en fait, le problème aussi, c'est que quand tu es enceinte, les premières choses qu'on va te dire, c'est Alors, c'est ton premier ? Et en fait, ça m'est très... les gens sont très mal à l'aise quand tu dis en fait non mais j'ai perdu mon premier, enfin ou non mais mon premier est décédé. Et en fait je veux pas dire que j'ai pas, que Gusta n'existe pas. Et donc ça rend les conversations très très inconfortables parce qu'à chaque fois on me demande combien j'ai d'enfants, je vais dire ben quatre en fait. Et ils sont là quatre, ça fait beaucoup. Je suis là oui mais enfin... Et parfois, je n'explique même pas. Parfois, je laisse les gens penser que j'ai quatre enfants. Et en fait, après, parfois, je dis oui, j'ai des jumeaux. Et je ne dis rien d'autre parce que je n'ai pas envie ou ce n'est pas le bon jour. Je me sens toujours un peu mal, comme si j'avais trahi.

  • Speaker #1

    Quand tu dépasses cette deuxième écho, on vous rassure avec les jumeaux ?

  • Speaker #0

    Oui, on m'a toujours rassurée. On m'a toujours dit la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit. Mais je pense que c'est tellement... Le traumatisme est tellement ancré en moi que c'est difficile de passer au-dessus. Et je pense aussi que c'est ça qui a été aussi difficile parce que je ne me suis pas rendue compte qu'on allait avoir des jumeaux. Je ne me suis pas dit, ok, on va avoir des jumeaux, ça va être dur. Tout le monde me disait, ça va aller. Je disais, oui, pourquoi ça n'irait pas, je ne comprends pas. Et en fait, je me souviens de cette première nuit à la maternité quand ils étaient là, avec Charles, on s'est regardé, on s'est dit, mais qu'est-ce qui est en train de nous arriver ? Genre, ce n'est pas possible. En plus, moi, j'ai eu une césarienne pour les jumeaux, donc je pouvais pas me lever. Enfin, je pouvais me lever, mais très difficilement. Ouais. Et ils pleuraient chacun à leur tour. On n'a pas dormi une minute de la nuit. En fait, moi, j'ai juste envie de regarder des séries et d'être dans mon canap', genre, qu'est-ce qui m'arrive ? Alors que c'est tout ce que je désirais, c'était des bébés en bonne santé. Et c'est vrai que j'ai eu un gros, gros, gros baby blues après. Où, en fait, je pense que j'ai tellement... était en déni de cette grossesse alors que j'avais un ventre énorme. En fait, quand j'ai eu la réalité qui m'est tombée sur la tête, j'ai eu un moment de panique en me disant, mais deux, ça va être chaud, quoi. Puis c'est passé, je pense que ça a mis, oui, trois, quatre jours.

  • Speaker #1

    Et est-ce que le fait d'avoir dépassé ces semaines symboliques t'a permis après de mieux vivre la grossesse ?

  • Speaker #0

    Oui, genre vraiment tout le monde disait que j'avais l'air hyper épanouie, que... que ça allait, mais j'ai fait ma valise pour les jumeaux à 33 semaines. On n'a pas mis la chambre avant 34 semaines, je pense. J'étais hyper heureuse, je sentais que j'étais beaucoup plus heureuse. Mais même pour cette grossesse-ci, je ne vis pas les grossesses comme tout le monde, je le sais. Je ne suis pas du tout en train de caresser mon ventre. Je ne suis pas dans un état non plus où je suis bien. Je reste toujours sur mes gardes. Et je pense que jamais je vivrai sereinement une grossesse, jamais. Mais je l'accepte, je l'accepte. Et quand il y a eu les jumeaux, le dernier trimestre, j'ai fait des photos de grossesse que je ne pensais pas que j'allais pouvoir faire du tout. Il faut aussi savoir qu'on n'était pas mariés. Donc on a eu plein de problèmes à la commune pour pouvoir le déclarer. Donc en fait, quand il naît, on a un certificat de nez sans vie. Et sur le certificat de nez sans vie, il était marqué le nom de Charles. On n'avait pas fait de déclaration anticipée en fait, parce que... En fait, dans la première grossesse, on a passé le premier trimestre, on se dit, en fait, c'est bon, bingo, on a le bébé à la fin. Et donc, il était marqué Charles, père de l'enfant, non marié à la mère, n'ayant pas reconnu l'enfant. En fait, ça faisait vraiment comme s'il était parti, qu'il n'avait pas demandé son reste et qu'il n'en avait rien à faire. Et ça, ce document-là, on l'a le jour de l'enterrement, en fait. Ça a été très compliqué pour Charles à ce moment-là. Et en fait... Deux, trois mois après, en fait, Charles me fait sa demande. Et là, en fait, c'était super important qu'on se marie avant que les jumeaux arrivent. Donc je me suis mariée enceinte de 20 semaines. On s'est mariées à la commune. Et voilà, je me souviens de ce moment où j'étais enceinte, où c'était vraiment super chouette. Et pourtant, j'étais à 20. 21 semaines, je pense. Je venais d'avoir mon écho de deuxième trimestre. Et je me souviens que c'était un moment incroyable où j'étais épanouie, où ça ne me dérangeait pas qu'on regarde mon ventre, ça ne me dérangeait pas qu'on touche mon ventre, ça ne me dérangeait pas que... Donc il y a eu des super bons moments. Ça, je ne peux pas dire, mais c'est juste que ça n'a pas été facile. Et que c'est vrai qu'avec les hormones et tout ça, je pense que j'ai une tendance à être plus sensible pour plein de choses. Peut-être que je fais juste partie des gens qui n'aiment pas être... Enfin, qui n'adorent.

  • Speaker #1

    pas être enceinte et que ça n'a rien à voir avec mon histoire mais je pense que clairement ça joue quand même Est-ce que vous êtes autorisée quand même à vous projeter tu vois de l'arrivée des jumeaux et même maintenant de votre quatrième enfant ?

  • Speaker #0

    On s'autorise pas beaucoup même avec même maintenant alors que c'est ma troisième grossesse et que on sait que tout va bien et que voilà là je suis à 37 semaines il n'y a pas de raison mais genre on a rien, j'ai pas fait ma valise on a J'ai trouvé le prénom il y a deux ou trois semaines. Non, je pense qu'on n'arrivera jamais à se projeter. On n'arrivera jamais à en parler sereinement. Alors que ce bébé est tout à fait désiré. On est hyper impatients, mais c'est vrai qu'on a toujours cette réserve. Et je pense qu'on l'aura toujours.

  • Speaker #1

    Vous avez été suivi, accompagné psychologiquement ?

  • Speaker #0

    Quand on arrête le cœur, il conseille de faire neuf séances de psy. Donc moi, c'est ce que j'ai fait. Charles ne l'a pas fait. parce qu'il était un peu traumatisé par la psychologue qui nous a vus à l'hôpital. Ça m'a énormément aidée. Après le décès d'Augustin, j'ai en fait pris tout ce que je pouvais prendre. Donc j'ai des amis qui adorent la micro-kiné. Moi, c'est vrai que je suis très rationnelle dans le médical. Après, je sais qu'ils ont fait leur preuve, mais c'est vrai que moi, je vais plus dans le médical. Et en fait, j'ai tout essayé. J'ai été voir des doulas, j'ai été voir une micro-kiné, j'ai été voir une sophrologue, j'ai vraiment essayé tout. Et au final, ce qui m'a aidée le plus, c'est la psychologue. Et ça a vraiment bien aidé. Mais quand j'ai repris le boulot, en fait, je n'avais plus le temps de faire ça. Et là, ça, ça a été très, très dur parce que malgré qu'on soit dans un milieu médical où on pense que les gens sont en fait... Très tournée vers l'humain, ce n'est pas toujours le cas. Et en fait, malgré ce que j'avais vécu, on s'attendait juste que je revienne à 100%. Au final, je n'ai pas pris 14 semaines, j'ai pris 9 semaines après l'accouchement. Et en fait, je n'étais pas du tout prête. Je n'étais pas du tout prête, je n'étais pas mentalement... J'avais juste l'objectif de retourner enceinte. En fait, dans ces métiers-là, tu ne peux pas ne pas être à 100% quand tu travailles. En radiologie, on a énormément... confiné dans un endroit avec plein de gens. On est une vingtaine, en fait, dans un service de radiologie. Et voilà, il y a des gens qui venaient d'être grands-parents à ce moment-là, donc ils mettaient leurs vidéos de bébés à côté de moi. C'était pas forcément facile. Je pense que c'est pas facile pour les gens d'être à côté de quelqu'un qui vient de perdre un bébé. Mais c'est clairement pas facile d'être la personne qui a perdu un bébé parce que ça fait peur. Les gens ne venaient plus me parler. Après, j'ai eu... énormément de gens super bienveillants qui ont été énormément présents pour moi qui m'ont soutenue il y a un de mes collègues qui a eu un bébé deux mois après que je revienne et il a toujours été hyper bienveillant avec moi, il m'en parlait parce que je pouvais pas lui interdire d'en parler, c'est super cruel aussi de ma part de dire non tu peux pas parler de ton bébé à côté de moi non c'est pas possible Mais il l'a fait toujours d'une façon hyper bienveillante. Et ça, c'est quelque chose. Mais c'est vrai qu'au niveau travail, ça n'allait pas. Je pense qu'il faut vraiment prendre le temps nécessaire. Et ce qui est vraiment hyper cruel aussi, c'est qu'avant 25 semaines, tu n'as pas le droit à ton congé maternité. Donc, au bout de deux semaines, tu peux être de nouveau au boulot. Mais je ne sais pas comment on fait. Parce qu'au final, je pense qu'à partir de 17-18 semaines, tu accouches.

  • Speaker #1

    Comment tu as vécu ce postpartum en fait ?

  • Speaker #0

    Quand tu es en postpartum, tu te dis ok, pour l'instant je ne suis pas en top, mon physique n'est pas top, mais ce n'est pas grave. Là en fait, je disais toujours, j'ai grossi, ta poitrine n'est pas la même non plus. Il y a plein de choses et j'étais là tout ça pour rien, tout ça pour rien, tout ça pour rien. Parce que c'est vrai que... qu'au final, quand tu as ton bébé et que tu as encore du ventre ou que tu as encore 5 kilos à perdre, tu te dis, c'est bon, ce n'est pas grave, ça vaut la peine, j'ai ma petite merveille devant moi. Moi, c'est vrai que je n'avais pas ce soutien qui me disait en fait... Tout ça, ce n'était pas pour rien. J'ai eu des montées de lait. Il y a des médicaments qui existent pour enlever la montée de lait. Mais ça, ma gynéco ne voulait pas me le donner parce que ça peut donner des dépressions aussi. Comme j'étais assez fragile à ce moment-là, elle m'a dit écoute, on ne va pas te donner Moi, mon échappatoire, c'est le sport. Et je ne pouvais pas faire de sport parce que j'étais en postpartum. Donc pas très bien. J'étais juste déprimée pour tout. tout ce qui se passait je pense que j'ai vraiment fait à mon avis une dépression pendant en casier un an où j'étais pas moi même ça pas été diagnostiqué ça pas j'ai pas été traité ou quoi mais je pense que j'ai vraiment après la naissance des jumeaux je me suis retrouvé quoi je me suis dit ok là en fait je recommence à vivre et je recommence à vivre bien et je me retrouve et je commence à apprécier qui je suis avant je pense que Que ce soit le postpartum ou pas, c'est juste très difficile parce que tu vas chez la kiné, mais avant toi, c'est une dame qui a un bébé. Après toi, c'est une dame qui a un bébé. Mais voilà, j'ai été très bien entourée et je pense que je me suis entourée pour plein de choses d'une bonne manière. Je faisais quasi 60 ou 70 kilomètres pour aller voir ma kiné, juste parce qu'en fait, ça me faisait perdre trois heures de ma journée. J'essayais de m'occuper comme tu pouvais. C'est le fait d'être légitime, de me dire, ok, en fait, moi aussi, je vais à la kiné post-natale parce qu'en fait, j'ai accouché. Et enfin, c'est tout ça qui rendait aussi les choses plus faciles à vivre, en fait. De me dire, ok, en fait, genre, je suis maman, genre, j'ai peut-être pas de bébé, mais je suis maman. Et à ce moment-là, je disais, j'ai un enfant. Je me dis, bon, ça va, c'est pas trop difficile. Et nuit, et là, je répondais pas. Enfin, je prenais... Pas la peine de dire, ben non, en fait, j'ai pas de bébé, mais...

  • Speaker #1

    Quel est le genre de bonne réaction, selon toi, en fait ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, ce que j'adore pour l'instant avec certains de mes amis, c'est que chaque fois, pour l'anniversaire d'Augustin, ils m'envoient un message. Ils disent, t'es enceinte de ton quatrième enfant, ou c'est ton quatrième enfant, tu vas accueillir ton... En fait, c'est juste de le nommer, juste qu'il soit présent, et que même s'il n'est pas présent sur Terre... qu'il existe en fait. Parce que je me dis, le jour où je partirai, où Charlemont partira, il n'y aura plus personne qui saura qu'il a existé. Et ça, je pense que c'est le plus dur parce qu'on n'a aucun souvenir avec lui. Enfin, si on a les souvenirs de la grossesse, mais on n'a rien de tangible. Il n'a pas vécu sur Terre, entre guillemets. Et c'est ça qui est vraiment difficile et c'est pour ça que j'en parle autant. C'est qu'en fait, j'ai besoin qu'il existe parce qu'il a existé et qu'il a eu un impact énorme sur notre vie. Et ça, je ne veux jamais l'oublier. Il m'a rendue meilleure dans plein de choses. Il m'a fait relativiser tellement de choses. Il fait la maman que je suis aujourd'hui aussi. Et ça, c'est parce qu'il existait. Il m'a construite d'une façon que personne d'autre n'aurait pu le faire. Et évidemment, ça a été traumatisant. Et c'est une des... plus grosse faiblesse que j'ai dans ma vie mais c'est aussi une de mes plus grandes forces et ça je veux vraiment jamais l'oublier en fait ça n'a jamais été un tabou avec tout l'entourage vous jamais ouais mais jamais avec personne et je pense que c'est pour ça que ça rend mal à l'aise des gens c'est que d'habitude on cache tout ça que ce soit les fausses couches que ce soit les essais bébé parfois les gens ne veulent pas dire qu'ils ont qui font des essais bébé parce que c'est à bout de pas réussir à faire un bébé tout de suite ou enfin il ya plein de choses et au final le fait d'en parler J'ai une collègue qui a vécu la même chose que moi, qui en fait on n'était pas très proches et quand elle a appris la nouvelle, elle m'a appelée, elle m'a contactée et je pense que c'est ça aussi que j'ai envie de faire passer, c'est que plus on en parle, plus on aide les gens aussi autour de nous. Et moi c'est ce qui m'a énormément aidée aussi après tout ça, c'est de se sentir écoutée, pas de se sentir seule, c'est d'avoir des plateformes comme... En France, il y a l'association Petite Émilie, c'est un forum avec tous les gens qui ont perdu des bébés, qui ont fait face au deuil périnataux. Ça laisse cours à dire ok, je ne suis pas seule, ok, il se passe ça, ok, il y a les podcasts, il y a les comptes Instagram Il y a plein de choses qui peuvent aider, même si ça rend mal à l'aise les gens, ça fait partie de mon histoire. Et puis là, c'est ce que je disais, on voit des signes un peu partout. J'ai appris ma nouvelle grossesse le jour de la Sainte-Auguste. Auguste, première grossesse Saint-Augustin, là celle-ci Saint-Auguste. Enfin on voit des signes un peu partout et on les crée aussi.

  • Speaker #1

    Quel regard vous portez sur tout ce parcours que vous avez traversé ?

  • Speaker #0

    Parfois je me dis j'aurais aimé ne pas avoir ça, avoir ça, mais quand je regarde aujourd'hui, en fait je suis juste fière de notre famille. Si on n'avait pas vécu tout ça, j'ai l'impression en fait que tout peut nous arriver. qu'on est tellement fort, que mon couple est fort, que mes enfants, même s'ils sont loin d'être parfaits comme je suis loin d'être parfait comme maman, c'est des petites merveilles et que, en fait, je suis vraiment bien dans l'endroit où je suis maintenant. Et je pense que je n'aurais jamais eu cette sensation aussi forte s'il n'était pas arrivé tout ce qui est arrivé. Et je pense que mon parcours, enfin notre parcours en tant que famille est incroyable. Et c'est pour ça que... que jamais je me tairai et jamais je n'en parlerai pas parce que je suis mariée, j'ai quatre enfants et je suis vraiment hyper heureuse aujourd'hui, malgré le fait que j'ai perdu un enfant et ça aussi j'aimerais bien vraiment passer comme message. J'ai vraiment vécu les pires moments de ma vie, je pense qu'il n'y a rien qui a été dans ma vie plus douloureuse que la perte de mon enfant. on s'en sort en fait. Et au final, c'est beaucoup plus une force qu'une faiblesse. Et ça je pense que c'est très important de le savoir aussi, qu'en fait, même si je l'oublie pas, même si les 22 décembre c'est des journées qui sont très difficiles pour moi, c'est chaque fois qu'il y a des événements marquants, je me dis, lui aussi il aurait marché à ce moment-là. Si je suis aujourd'hui aussi épanouie, c'est grâce à lui aussi. Je me suis rendue compte, donc ça fait trois ans. ça fait trois ans et en fait je suis toujours triste je suis vraiment je suis très très date même si je me rends pas compte alors ça je suis vraiment pas bien ces jours là et donc j'ai vraiment envie de tourner ça et de faire ça de célébrer en fait de célébrer sa naissance et de le faire avec les enfants je pense que ce sera beaucoup plus facile aussi qu'on Quand ils se rendront compte qu'en fait, on célèbre leur frère qui n'est peut-être pas là.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous leur parlez d'Augustin ?

  • Speaker #0

    Alors, ils ne réalisent déjà pas qu'ils vont avoir une petite chambre. Donc, c'est Arthur et James. Arthur, il a une peluche qui s'appelle Augustin le Labin. Je l'avais acheté comme ça et en fait, il l'a choisi lui-même. C'est son doudou, quoi. Alors qu'ils ont mille doudous. Je vais en parler, j'en parlerai, j'en parle déjà, mais ils ne comprennent pas. Pour moi, c'est très important qu'ils aient un grand frère. Ça, c'est sûr. Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Marie. Merci d'avoir pris le temps de me partager votre parcours, qui est admirable. Franchement, vous pouvez être super fière de vous et de votre famille. Je vous souhaite plein, plein de belles choses pour la suite et une belle fin de grossesse pour ce quatrième enfant, Clary.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour votre écoute. Alors que vous soyez coparent, tatac, grand-mère, papy ou proche d'un futur parent, N'hésitez pas à partager et liker les épisodes et à en parler autour de vous pour soutenir ce podcast. Vous pouvez aussi mettre un cœur en 5 étoiles sur l'appui d'écoute de votre choix. Parce qu'on ne naît pas par nous mais qu'on le devient. Parce qu'on ne savait pas qu'il fallait un village entier pour élever un enfant. Parce qu'on s'est senti trop souvent dépourvu face aux pleurs de bébé. Parce qu'on ne savait pas que pleurer sans raison était tout à fait normal après un plein chamboulement. Mais aussi parce qu'on ne savait pas qu'il était possible de générer autant d'amour pour de si petits êtres. Peut-être parce qu'il y a milliers de raisons d'écouter Rita, le podcast belge qui compte bien vous aider à mieux vivre ce grand tourbillon de la vie.

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