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Rôle Titre - femmes de fiction

Leeloo (Le 5e Elément, Besson) ça passe ou ça moultipasse

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20min |18/08/2024
Play
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Description

"Toi pas problèmes. Moi être suprême. Moi protéger toi" Leeloo

Leeloo, le cinquième élément qui concentre touuuuuut le potentiel de l'Humanité incarne la force vitale ultime. Sa quête pour sauver l’univers nous plonge dans un voyage épique, explosif, drôle, où l'amour, l'innocence et le courage se rencontrent au détour d'un astéroïde.

Dans cet épisode qui vous emmène au cœur de la galaxie :

  • la singularité de Leeloo, une création parfaite au-delà de l’humain

  • son hyperindépendance qui ne l'aide pas toujours à comprendre l’humanité

  • ce qu’elle nous enseigne sur notre propre humanité une fois de retour dans notre univers

Bonne écoute 🍗

📢 Rôle Titre c’est aussi :
Une newsletter
: du contenu exclusif sur chaque héroïne en avant-première des épisodes. ⏩⏩S’abonner : https://bit.ly/NLroletitre
Un compte Instagram : pour discuter, apprendre, se marrer, vous connaissez le principe… ⏩⏩Rejoindre la commu : https://www.instagram.com/roletitre/
Un compte Ko-fi : une plateforme qui vous permet de soutenir le podcast par un don du montant de votre choix (CB, Paypal…). ⏩⏩Faire un don : https://ko-fi.com/roletitre 


🔎 Références sources :
Video : Born Sexy Yesterday, Pop Culture Detective, 2017


🎧 Références sonores citées dans l’épisode (extraits) :
Film:  Le 5e Elément, Luc Besson, 1997, avec Bruce Willis et Milla Jovovich en premiers rôles
Musique : The Diva Dance, bande-originale du 5e Elément, Eric Serra, interprétée par Inva Mula Tchako, 1997


©️ Crédits
Rôle Titre est un podcast de Camille Forbes propulsé par Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rôle titre, le podcast des femmes de fiction. Je m'appelle Camille Forbe, je suis comédienne et je vous emmène à la rencontre d'une héroïne. Pour profiter du son binaural, mettez votre casque aux vos écouteurs. Entrez en immersion sonore dans son univers. Cet épisode existe pour faire entendre sa voix. Alors j'espère que vous aussi, vous garderez un fragment d'elle. Les équipes de secours nous ont appelés dans la zone de crash. Il y a des survivants. Un seul. Pour être clair, on ne sait pas ce que c'est. L'être suprême qui a été envoyé sur Terre pour sauver l'univers. Que dit-elle ? Big... Oui, Big Badaboum. Les pierres doivent lui être données. Mais écoute-moi ! si tu fais pas quelque chose on va tous mourir ! Tu comprends ? Elle est plus vulnérable qu'elle n'en a l'air. Vaillante, vulnérable, vraiment très jolie. Lilou, isolée parce qu'elle est une alienne. Message de service. Rôle titre n'est pas une fiche de lecture, mais révèle tout de même l'histoire de ces héroïnes. Alors ça va spoiler. Rôles titres, c'est aussi une newsletter et des réseaux sociaux pour approfondir le podcast. Toutes les sources sont dans les notes de l'épisode. Mais pour l'instant, il est l'heure pour Rôles titres d'entrer en scène. Lilou, une héroïne chère à mon cœur, qui pour une fois ne vient pas du théâtre ni de la littérature, mais du cinéma et de l'imagination de Luc Besson. J'avais envie de reprendre le micro pour un épisode un peu spécial. Un goût de hors-série de l'été. Un épisode qui vient aussi clore cette troisième saison de rôle-titre, Les Isolés. Pour la finir en beauté, quoi de mieux qu'une héroïne surhumaine venue d'une autre galaxie ? Une héroïne bien différente des humains, isolée car extraterrestre, mais surtout extraordinaire. Une super-héroïne. Qu'est-ce qui vous fait vous sentir héroïque dans votre quotidien ? La force brute ? La détermination faire un million de choses dans votre journée ? Sauver le monde ? Attachez vos ceintures, car vous aurez du mal à égaler les performances de Lilou, icône inoubliable du film Le Cinquième Élément. Dans ce film de science-fiction, le personnage principal est Corben Dallas. Mais Lilou est la seule arme capable de repousser le mal absolu venu frapper la planète Terre. Héroïne extrêmement puissante, tout en restant profondément connectée à ses émotions brutes. Lilou dépasse le simple rôle de la femme forte de tout film d'action qui se respecte. Elle incarne à la perfection la super-héroïne dont nous avons besoin pour accomplir nos titanesques missions du quotidien. Vous écoutez Roll Titre, l'épisode Lilou, sa passe ou sa multipasse ? Aux confins de l'univers existe un être parfait sur tous les plans. infiniment supérieure physiquement, mentalement et moralement à tout être humain. On l'appelle l'être suprême. Cet être porte le doux nom de Lilou. Comment se matérialise cette perfection fraîchement débarquée sur Terre ? Difficile de lui donner un âge. Techniquement, Lilou est très âgée puisqu'elle est déjà venue sur Terre il y a plusieurs siècles. Mais à l'heure où nous parlons, en 2263, Le corps de Lilou vient d'être détruit dans le crash de son vaisseau spatial, puis régénéré en laboratoire à partir d'un fragment de son ADN. Lilou a donc seulement quelques heures d'existence dans son nouveau corps et doit réapprendre pas mal de choses. Ça, c'est la théorie. En pratique, Lilou, c'est un corps féminin de 20 ans maximum, des cheveux oranges, une silhouette de top modèle et une énergie éclatante. Elle est tout simplement... Dans sa parfaite perfection, remarquons tout de même que Lilou parle très peu. Pour un rôle majeur, c'est quand même la survie de l'humanité qui repose sur elle, on l'entend quasiment pas. Elle comprend vite que face aux humains, ces cons d'humains que nous sommes, elle va devoir simplifier et pas se répandre en explications. Rien que pour se présenter, Lilou s'appelle en réalité ce qui signifie tout de même précieuse pierre de la terre et honorable défenseuse de la lumière et de la vie La classe. Mais pour le commun des mortels, il faut abréger. Donc ce sera Lilou. La parole de Lilou est rare, mais percutante. Tout ce qu'elle dit, le peu qu'elle dit, devient une punchline. Qu'elle parle façon homme des cavernes, Moi, protégé, toi. ou de titre de transport à valider. Multi-pass, multi-pass. Mon passage préféré du film, que je peux me repasser en boucle dix fois de suite, c'est le moment où Lilou s'enfile des poulets rôtis, prêts en trois millisecondes au micro-ondes. Visiblement ravie de cette technologie, elle s'exclame en anglais Chicken, good ! T'as raison Lilou, les vérités universelles tiennent en peu de mots. Le poulet rôti, c'est la vie. Si la parole est d'argent et que le silence est d'or, les punchlines sont à Lilou. Mmm, chicken ! Avec son titre d'être suprême, Lilou occupe, sans surprise, un rôle très puissant. L'image à laquelle je la rattache est celle d'un bulldozer. Elle est quasiment indestructible et surtout rien ne l'arrête. Elle avance, tout droit, sans jamais perdre son objectif de vue et pas des moindres, sauver le monde. Parmi ses super exploits, on peut compter sauter dans le vide sans parachute, avaler tout le savoir de Wikipédia en deux jours, péter du verre incassable à main nue, guérir spontanément de ses blessures par balles. La liste est longue, c'est très inspirant pour notre côté badass à tous. Au quotidien, Liloum fait penser à ses filles qui se réveillent à 5h un dimanche matin pour construire une bibliothèque dans le salon. chiner une table basse à la brocante et préparer quatre plats de lasagne pour la fête des voisins. Et encore, ça c'est que le week-end, parce qu'en semaine, elles sont occupées à gérer leurs trois entreprises, leur chaîne YouTube et leur association à but non lucratif. Une héroïne badass, je crache jamais dessus, par principe. En plus, dans un film d'action, ça nous évite le cliché de la demoiselle en détresse. Dans le cinquième élément, ce rôle serait d'ailleurs plutôt joué par le personnage de Ruby Road. Non mais t'es fou, pourquoi tu hurles comme ça ! Toutes les cinq minutes, il y a une bombe ou je ne sais pas quoi ! Je me tire ! Oui ! Lilou ne se tire pas face au danger. Lilou, c'est une machine de guerre. Est-ce qu'il y a deux secondes où elle se pose dans le film ? Je ne crois pas. Sauf à la toute fin qui a un grand moment cucul après Aline. Lilou a beau être la figure de la sauveuse absolue, elle aura besoin de l'amour avec un grand A pour être sauvée. De l'amour d'un homme, évidemment. Bon, il y a du sexisme dans cette conclusion. Je vais en reparler. Et en même temps, si Lilou était purement invulnérable, l'histoire serait vite pliée. Elle claque des doigts et paf, l'humanité est sauvée. C'est plus difficile de s'identifier aussi si elle était absolument parfaite. Donc, je trouve ça pas si mal que l'arc narratif nous rappelle qu'être surpuissante, c'est quand même très très fatigant et qu'il faut penser à se reposer de temps en temps. Sinon, elle mourra. Si une part de moi, bien badass, se reconnaît très très fort en Lilou, une autre reste très très terrienne. Flemme, juste flemme d'apprendre le taquendo tous les dimanches matins, il me reste encore ma table basse à repeindre. Très tôt, Lilou a représenté pour moi la super-héroïne par excellence. Mais c'est pas tant ses exploits qui m'ont marquée, que sa capacité à les accomplir seule et son indépendance d'esprit. J'ai vu le cinquième élément à la télé, comme tout enfant des années 90 qui se respecte. Je l'ai vu et revu. J'adorais le personnage de Lilou et je guettais toutes ses apparitions comme le messie. Le personnage masculin de Corben Dallas me laissait de marbre. J'étais donc bien contente que Lilou lui mette le flingue sur la tempe quand il l'embrasse sans sa permission. Ouais, pardon, mais on est là pour sauver la vie sur Terre, pas pour sauver les cons. Et quand j'y pense, c'est pas tant la figure de la sauveuse qui m'a marquée. Je ne suis pas devenue défenseuse de la planète, de la veuve ou de l'orphelin en la regardant. Non, ce qui m'a marquée, ce n'est pas la noblesse de son but, sauver le monde, c'est qu'elle le poursuit seule et qu'elle y arrive. Le même but, atteint en équipe, je pense que j'aurais moins accroché. Je ne suis pas très cliente de la Ligue des justiciers ou des trois mousquetaires. Je plaide coupable, c'est une vision très individualiste. Ce n'est sûrement pas dans l'air du temps des l'union fait la force ou de ensemble on va plus loin Mais c'est comme ça, une super-héroïne qui se la joue en mode solo, ça me laisse baba. Et la petite fille que j'étais a bien imprimé que toute seule, on pouvait soulever des montagnes. Comme une grande, comme une Lilou. Lilou vient donc renforcer très fort à mes yeux la figure de la femme hyper indépendante, autosuffisante. Alors qu'on nous répète à plusieurs reprises dans le film qu'elle est vulnérable, qu'elle a besoin d'aide. Mais ça, mon cerveau ne l'imprime pas. Et dans les faits, je ne suis même pas d'accord en fait. Elle demande de l'aide une fois à Corben quand elle tombe dans son taxi, et puis c'est tout. Jusqu'à la fameuse fin où là, oui, elle s'écroule et seul un baiser du prince chauve et charmant vient la rebooster. Je vais vraiment en reparler de cette fin. J'ai jamais perçu de véritable duo entre Lilou et Corben. C'est lui le rôle principal, mais je trouve pas qu'il fasse équipe. D'ailleurs, c'est ce que je trouve drôle, ils ont aucune stratégie en commun. Ils ont du mal à communiquer, résultat, elle, elle a une idée bien précise de ce qu'elle veut faire, lui aussi, mais lui, il lui court après parce qu'il sait pas où elle est. Après, elle tente un truc, mais elle n'a pas toutes les infos, donc il faut rattraper le coup. Pendant ce temps-là, il est parti régler un autre problème ailleurs. Bref, c'est le film d'action dans tous les sens, mais c'est le plan le moins millimétré de l'espace. En réalité, c'est par hasard que leurs chemins se croisent. Il se trouve qu'ils rament à peu près dans le même sens, donc ça tombe bien pour eux. Mais Lilou, avec ou sans Corben, elle déroule sa procédure, et sa procédure, c'est de sauver le monde, point. Avec ou sans aide. Lilou, c'est l'indépendance fondée sur l'action. Et ça, ça existe dans nos vies. sans avoir besoin d'être un alien ou une machine bien programmée. J'admire le fait que dans un environnement qu'elle ne connaît pas, sa stratégie n'est pas de s'arrêter ou d'hésiter, mais de faire à son idée. S'il y a un obstacle, on verra après, on s'adapte. C'est la stratégie de l'action. Elle ne demande pas d'avis, pas de conseils, elle agit. Franchement, réfléchir avant d'agir, c'est surcoté. En parallèle de ce côté hyper indépendant, Lilou... a un côté enfantin très spontané. C'est dû au fait qu'elle est techniquement née hier, dans un nouveau corps, et qu'elle doit tout réapprendre. Mais ça, c'est un trope récurrent dans la science-fiction qui a pas mal d'aspects problématiques en réalité. Je vous invite à voir la vidéo de Pop Culture Détective dans les notes de l'épisode, qui décrypte très bien ce trope. En anglais, ça s'appelle Born Sexy Yesterday, qui est né sexy hier. Et c'est vrai que c'est pas neutre de créer un personnage avec un esprit complètement naïf dans le corps d'une femme adulte, généralement très sexualisée et désirée. En gros, l'intérêt d'un personnage born sexy yesterday comme Lilou, c'est qu'il n'a aucun code socio. Et ça, ça va valoriser le protagoniste masculin, qui va l'aider à se repérer, qui du coup sert à quelque chose, et qui au passage n'a plus vraiment besoin de travailler sur ses compétences relationnelles puisque sa nouvelle copine n'a aucune exigence. Ah, sûr que ça en arrangerait certains si toutes les femmes puissantes étaient aussi un peu attardées. Il y a une bonne base patriarcale derrière l'écriture de Lilou. Pourtant, je continue d'aimer son côté enfantin, qui, je trouve, est même parfois un atout pour démonter les certitudes du patriarcat. Comme Lilou n'a aucun code, justement, aucun a priori. Elle suit vraiment son instinct, elle voit le monde sans filtre, et sans être influencée par les réactions des hommes. Elle n'agit pas en fonction d'eux, elle s'en tape. C'est quelque chose que je lui emprunte volontiers pour suivre mes envies profondes. Elle aime le poulet rôti, elle y va à fond. Elle est attirée par des objets, certaines choses lui plaisent, d'autres la font rire, d'autres non. Elle essaye tout, c'est tout sauf faible, c'est vivant. Lilou est née hier, mais elle n'est pas du tout un cerveau ou un cœur vide à remplir par un maître à penser. Elle a déjà son petit monde intérieur. Et pour moi, si ça marche dans le cinquième élément, c'est premièrement parce que... personne n'abuse de l'innocence de Lilou, par exemple de sa tendance à se déshabiller n'importe où. Et deuxièmement, parce qu'en suivant Lilou quelques jours seulement, on la voit progresser à une vitesse phénoménale. Elle ne fait pas que suivre sa mission d'être suprême, elle trace sa route aussi, en faisant ses petits pas de côté enfantin. Et ça, ça fait que j'ai juste hâte de la voir croître à une vitesse exponentielle. Lilou, c'est la femme indépendante d'un côté, porté par l'enfant spontané de l'autre. Dans les deux cas, sa puissance est dans l'action. Double effet kiss-cool. Si je considère Lilou comme un rôle féministe, en revanche, le cinquième élément est un film souvent misogyne. Il est régulièrement décrié pour ça, aujourd'hui accusé d'avoir mal vieilli ou qu'un certain nombre de scènes feraient grincer des dents. Déjà, à part Lilou, il n'y a aucun rôle féminin approfondi. Juste des figurantes hyper sexualisées, et on s'enquille moultes stéréotypes qui vont de l'hôtesse de l'air cruche à la vieille mère acariâtre qui crie au téléphone. Bref, c'est un film 100% syndrome de la schtroumpfette. Lilo est l'unique rôle féminin valable et désiré par le rôle principal. Précision intéressante, Luc Besson a écrit la trame du scénario du cinquième élément quand il était au lycée. Il l'a réalisé avec un budget colossal une fois célèbre, mais en fait... C'est son rêve d'ado, réalisé avec de très gros moyens. Et c'est déjà moins étonnant qu'on soit sur une intrigue conventionnelle, hyper bien réalisée, prenante, mais formatée. C'est l'histoire du bien qui doit vaincre le mal, c'est le héros qui embrasse la fille à la fin. On va pas bouleverser les codes avec ça. Personnellement, ça m'empêche pas d'apprécier le film. Je suis même pas remontée contre cette fin où pour activer la puissance du cinquième élément, il faut que Corben Dallas déclare son amour à Lilou et l'embrasse. C'est pas plus stéréotypé que Blanche-Neige ou que La Belle au bois dormant, mais version intergalactique. Au moins, et surtout... Le film a le mérite de ne pas nous promettre un et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants La dernière scène du film, c'est Lilou et Corben qui font l'amour dans le laboratoire. Ok, j'imagine qu'il faut bien nous montrer que cet amour a été consommé pour notre ado intérieur libidineux qui n'attend que ça. C'est le happy end. Mais ça s'arrête là. Et c'est pas plus mal que ça s'arrête là. Parce que je réalise que je me suis jamais dit que Lilou et Corben finiraient le reste de leur vie ensemble. Là, ils s'aiment, tant mieux pour eux. Mais on l'a vu, à la vitesse à laquelle Lilou progresse et retrouve ses capacités, elle va pas tarder à s'ennuyer avec un Corbin Dallas. Donc, ok, aujourd'hui, ils font l'amour, mais après-demain, elle va repartir sauver une autre galaxie, là, c'est sûr. Je me suis toujours dit ça. J'attendais qu'une chose, d'ailleurs, c'était un autre film pour raconter les aventures de Lilou. Mais si justement je projetais cette idée, c'est que je pouvais l'imaginer. Et la fin du film restait suffisamment ouverte pour ça. Alors j'entends. Une des critiques du cinquième élément, c'est de dire que ça véhicule un message problématique. Parce qu'en racontant que l'être suprême conclut avec un mec pas suprême du tout, ça transmet le message que les femmes devraient se contenter d'un homme moyen, alors que l'homme moyen, lui, pourrait tout à fait aspirer à être avec la femme parfaite. Je veux dire, cette jeune femme est le bien le plus précieux de l'humanité. Elle est parfaite. Lilou c'est ce rôle de femme surhumaine, inatteignable. Une partie du public masculin et hétéro l'a sûrement idéalisée comme la femme à conquérir. Mais pour ma part, j'ai jamais perçu Lilou comme étant définitivement liée à Corben. Elle a un potentiel bien plus vaste que ça, qui dépasse largement ce que le film laisse entrevoir. En tout cas, c'est ce que moi j'ai idéalisé, j'ai imaginé, dès notre première rencontre. Mais c'est vrai qu'à 10 ans, on a la tête dans les étoiles. Alors ? On garde Lilou parmi nous ? On la convoque un peu dans notre vie de tous les jours ? Bien sûr, déjà si elle est là, l'humanité est sauvée. Ensuite, être héroïque, parfaite, tout savoir, c'est vrai que ça dépanne. Soyons badass autant que nous le pouvons, mais la puissance ne fait pas tout. Et c'est là que j'embrasse mon imperfection, la mienne, qui vaut bien celle d'un Corben Dallas. Lilou est une figure puissante mais qui manque parfois de complexité. Elle fonce dans le tas. Et elle me sert plutôt comme éclaireuse, pas comme une conseillère. C'est une force intérieure intense. Mais ses émotions semblent cloisonnées, vécues de manière fractionnée l'une après l'autre. Quand elle traverse un moment d'émotion, que ce soit le rire, le désespoir, la colère, Lilou y est totalement absorbée, sans nuance. Elle vit tout à 1000%. Mais ce manque de mixité émotionnelle la place en dehors de la communauté humaine. C'est ça qui l'isole. Grande protectrice de la vie, elle a de la compassion pour les humains, mais elle manque de communion avec eux. Nous, les humains qui ressentons tout et son contraire au même instant, pour véritablement communier, déjà avec moi-même et ensuite avec les autres, il me faut plus d'héroïne imparfaite, capable de naviguer entre des émotions mélangées. Et ça, ça s'apprend pas sur Wikipédia. Lilou incarne une perfection rare. à la fois forte et enfantine, indépendante et instinctive. Ses punchlines percutantes et sa détermination font d'elle un bulldozer qui perd jamais son objectif de vue. C'est un rôle idéalisé, à tel point qu'elle a échappé à son créateur pour devenir un personnage culte de la pop culture. Alors bien sûr, personne ne peut réellement atteindre la perfection de Lilou. Mais il est plaisant de savoir que nous pouvons être vus par quelqu'un d'autre avec ce regard idéalisé. Peut-être que quelqu'un, quelque part, voit en vous une Lilou, une version surhypée de vous-même. Vers l'infini et au delà! Merci d'avoir écouté Roll Titre. Si vous avez apprécié l'épisode, voici trois choses que vous pouvez faire. 1. Vous abonner à Roll Titre sur votre plateforme de podcast préférée et laisser 5 étoiles si c'est Apple Podcasts ou Spotify. 2. Rejoindre la newsletter de Roll Titre ou son compte Instagram pour découvrir encore plus de contenu inspirant. Et troisièmement, me soutenir financièrement par une donation sur la plateforme Ko-fi. Je vous explique tout en détail dans les notes de l'épisode. Une dernière chose, Roll Titre abrite les femmes de fiction qui appartiennent à mon panthéon intérieur. mais leur voix ne peut se propager que grâce à vous. Parler du podcast autour de vous, partager ses épisodes sur les réseaux sociaux, c'est faire entendre la voix de ces héroïnes à des auditeurs toujours plus nombreux. Je vous dis à très vite pour lever le rideau sur une prochaine héroïne. Et si vous avez accueilli en vous un fragment de celle d'aujourd'hui, faites entendre sa voix, faites résonner au titre.

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"Toi pas problèmes. Moi être suprême. Moi protéger toi" Leeloo

Leeloo, le cinquième élément qui concentre touuuuuut le potentiel de l'Humanité incarne la force vitale ultime. Sa quête pour sauver l’univers nous plonge dans un voyage épique, explosif, drôle, où l'amour, l'innocence et le courage se rencontrent au détour d'un astéroïde.

Dans cet épisode qui vous emmène au cœur de la galaxie :

  • la singularité de Leeloo, une création parfaite au-delà de l’humain

  • son hyperindépendance qui ne l'aide pas toujours à comprendre l’humanité

  • ce qu’elle nous enseigne sur notre propre humanité une fois de retour dans notre univers

Bonne écoute 🍗

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🔎 Références sources :
Video : Born Sexy Yesterday, Pop Culture Detective, 2017


🎧 Références sonores citées dans l’épisode (extraits) :
Film:  Le 5e Elément, Luc Besson, 1997, avec Bruce Willis et Milla Jovovich en premiers rôles
Musique : The Diva Dance, bande-originale du 5e Elément, Eric Serra, interprétée par Inva Mula Tchako, 1997


©️ Crédits
Rôle Titre est un podcast de Camille Forbes propulsé par Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rôle titre, le podcast des femmes de fiction. Je m'appelle Camille Forbe, je suis comédienne et je vous emmène à la rencontre d'une héroïne. Pour profiter du son binaural, mettez votre casque aux vos écouteurs. Entrez en immersion sonore dans son univers. Cet épisode existe pour faire entendre sa voix. Alors j'espère que vous aussi, vous garderez un fragment d'elle. Les équipes de secours nous ont appelés dans la zone de crash. Il y a des survivants. Un seul. Pour être clair, on ne sait pas ce que c'est. L'être suprême qui a été envoyé sur Terre pour sauver l'univers. Que dit-elle ? Big... Oui, Big Badaboum. Les pierres doivent lui être données. Mais écoute-moi ! si tu fais pas quelque chose on va tous mourir ! Tu comprends ? Elle est plus vulnérable qu'elle n'en a l'air. Vaillante, vulnérable, vraiment très jolie. Lilou, isolée parce qu'elle est une alienne. Message de service. Rôle titre n'est pas une fiche de lecture, mais révèle tout de même l'histoire de ces héroïnes. Alors ça va spoiler. Rôles titres, c'est aussi une newsletter et des réseaux sociaux pour approfondir le podcast. Toutes les sources sont dans les notes de l'épisode. Mais pour l'instant, il est l'heure pour Rôles titres d'entrer en scène. Lilou, une héroïne chère à mon cœur, qui pour une fois ne vient pas du théâtre ni de la littérature, mais du cinéma et de l'imagination de Luc Besson. J'avais envie de reprendre le micro pour un épisode un peu spécial. Un goût de hors-série de l'été. Un épisode qui vient aussi clore cette troisième saison de rôle-titre, Les Isolés. Pour la finir en beauté, quoi de mieux qu'une héroïne surhumaine venue d'une autre galaxie ? Une héroïne bien différente des humains, isolée car extraterrestre, mais surtout extraordinaire. Une super-héroïne. Qu'est-ce qui vous fait vous sentir héroïque dans votre quotidien ? La force brute ? La détermination faire un million de choses dans votre journée ? Sauver le monde ? Attachez vos ceintures, car vous aurez du mal à égaler les performances de Lilou, icône inoubliable du film Le Cinquième Élément. Dans ce film de science-fiction, le personnage principal est Corben Dallas. Mais Lilou est la seule arme capable de repousser le mal absolu venu frapper la planète Terre. Héroïne extrêmement puissante, tout en restant profondément connectée à ses émotions brutes. Lilou dépasse le simple rôle de la femme forte de tout film d'action qui se respecte. Elle incarne à la perfection la super-héroïne dont nous avons besoin pour accomplir nos titanesques missions du quotidien. Vous écoutez Roll Titre, l'épisode Lilou, sa passe ou sa multipasse ? Aux confins de l'univers existe un être parfait sur tous les plans. infiniment supérieure physiquement, mentalement et moralement à tout être humain. On l'appelle l'être suprême. Cet être porte le doux nom de Lilou. Comment se matérialise cette perfection fraîchement débarquée sur Terre ? Difficile de lui donner un âge. Techniquement, Lilou est très âgée puisqu'elle est déjà venue sur Terre il y a plusieurs siècles. Mais à l'heure où nous parlons, en 2263, Le corps de Lilou vient d'être détruit dans le crash de son vaisseau spatial, puis régénéré en laboratoire à partir d'un fragment de son ADN. Lilou a donc seulement quelques heures d'existence dans son nouveau corps et doit réapprendre pas mal de choses. Ça, c'est la théorie. En pratique, Lilou, c'est un corps féminin de 20 ans maximum, des cheveux oranges, une silhouette de top modèle et une énergie éclatante. Elle est tout simplement... Dans sa parfaite perfection, remarquons tout de même que Lilou parle très peu. Pour un rôle majeur, c'est quand même la survie de l'humanité qui repose sur elle, on l'entend quasiment pas. Elle comprend vite que face aux humains, ces cons d'humains que nous sommes, elle va devoir simplifier et pas se répandre en explications. Rien que pour se présenter, Lilou s'appelle en réalité ce qui signifie tout de même précieuse pierre de la terre et honorable défenseuse de la lumière et de la vie La classe. Mais pour le commun des mortels, il faut abréger. Donc ce sera Lilou. La parole de Lilou est rare, mais percutante. Tout ce qu'elle dit, le peu qu'elle dit, devient une punchline. Qu'elle parle façon homme des cavernes, Moi, protégé, toi. ou de titre de transport à valider. Multi-pass, multi-pass. Mon passage préféré du film, que je peux me repasser en boucle dix fois de suite, c'est le moment où Lilou s'enfile des poulets rôtis, prêts en trois millisecondes au micro-ondes. Visiblement ravie de cette technologie, elle s'exclame en anglais Chicken, good ! T'as raison Lilou, les vérités universelles tiennent en peu de mots. Le poulet rôti, c'est la vie. Si la parole est d'argent et que le silence est d'or, les punchlines sont à Lilou. Mmm, chicken ! Avec son titre d'être suprême, Lilou occupe, sans surprise, un rôle très puissant. L'image à laquelle je la rattache est celle d'un bulldozer. Elle est quasiment indestructible et surtout rien ne l'arrête. Elle avance, tout droit, sans jamais perdre son objectif de vue et pas des moindres, sauver le monde. Parmi ses super exploits, on peut compter sauter dans le vide sans parachute, avaler tout le savoir de Wikipédia en deux jours, péter du verre incassable à main nue, guérir spontanément de ses blessures par balles. La liste est longue, c'est très inspirant pour notre côté badass à tous. Au quotidien, Liloum fait penser à ses filles qui se réveillent à 5h un dimanche matin pour construire une bibliothèque dans le salon. chiner une table basse à la brocante et préparer quatre plats de lasagne pour la fête des voisins. Et encore, ça c'est que le week-end, parce qu'en semaine, elles sont occupées à gérer leurs trois entreprises, leur chaîne YouTube et leur association à but non lucratif. Une héroïne badass, je crache jamais dessus, par principe. En plus, dans un film d'action, ça nous évite le cliché de la demoiselle en détresse. Dans le cinquième élément, ce rôle serait d'ailleurs plutôt joué par le personnage de Ruby Road. Non mais t'es fou, pourquoi tu hurles comme ça ! Toutes les cinq minutes, il y a une bombe ou je ne sais pas quoi ! Je me tire ! Oui ! Lilou ne se tire pas face au danger. Lilou, c'est une machine de guerre. Est-ce qu'il y a deux secondes où elle se pose dans le film ? Je ne crois pas. Sauf à la toute fin qui a un grand moment cucul après Aline. Lilou a beau être la figure de la sauveuse absolue, elle aura besoin de l'amour avec un grand A pour être sauvée. De l'amour d'un homme, évidemment. Bon, il y a du sexisme dans cette conclusion. Je vais en reparler. Et en même temps, si Lilou était purement invulnérable, l'histoire serait vite pliée. Elle claque des doigts et paf, l'humanité est sauvée. C'est plus difficile de s'identifier aussi si elle était absolument parfaite. Donc, je trouve ça pas si mal que l'arc narratif nous rappelle qu'être surpuissante, c'est quand même très très fatigant et qu'il faut penser à se reposer de temps en temps. Sinon, elle mourra. Si une part de moi, bien badass, se reconnaît très très fort en Lilou, une autre reste très très terrienne. Flemme, juste flemme d'apprendre le taquendo tous les dimanches matins, il me reste encore ma table basse à repeindre. Très tôt, Lilou a représenté pour moi la super-héroïne par excellence. Mais c'est pas tant ses exploits qui m'ont marquée, que sa capacité à les accomplir seule et son indépendance d'esprit. J'ai vu le cinquième élément à la télé, comme tout enfant des années 90 qui se respecte. Je l'ai vu et revu. J'adorais le personnage de Lilou et je guettais toutes ses apparitions comme le messie. Le personnage masculin de Corben Dallas me laissait de marbre. J'étais donc bien contente que Lilou lui mette le flingue sur la tempe quand il l'embrasse sans sa permission. Ouais, pardon, mais on est là pour sauver la vie sur Terre, pas pour sauver les cons. Et quand j'y pense, c'est pas tant la figure de la sauveuse qui m'a marquée. Je ne suis pas devenue défenseuse de la planète, de la veuve ou de l'orphelin en la regardant. Non, ce qui m'a marquée, ce n'est pas la noblesse de son but, sauver le monde, c'est qu'elle le poursuit seule et qu'elle y arrive. Le même but, atteint en équipe, je pense que j'aurais moins accroché. Je ne suis pas très cliente de la Ligue des justiciers ou des trois mousquetaires. Je plaide coupable, c'est une vision très individualiste. Ce n'est sûrement pas dans l'air du temps des l'union fait la force ou de ensemble on va plus loin Mais c'est comme ça, une super-héroïne qui se la joue en mode solo, ça me laisse baba. Et la petite fille que j'étais a bien imprimé que toute seule, on pouvait soulever des montagnes. Comme une grande, comme une Lilou. Lilou vient donc renforcer très fort à mes yeux la figure de la femme hyper indépendante, autosuffisante. Alors qu'on nous répète à plusieurs reprises dans le film qu'elle est vulnérable, qu'elle a besoin d'aide. Mais ça, mon cerveau ne l'imprime pas. Et dans les faits, je ne suis même pas d'accord en fait. Elle demande de l'aide une fois à Corben quand elle tombe dans son taxi, et puis c'est tout. Jusqu'à la fameuse fin où là, oui, elle s'écroule et seul un baiser du prince chauve et charmant vient la rebooster. Je vais vraiment en reparler de cette fin. J'ai jamais perçu de véritable duo entre Lilou et Corben. C'est lui le rôle principal, mais je trouve pas qu'il fasse équipe. D'ailleurs, c'est ce que je trouve drôle, ils ont aucune stratégie en commun. Ils ont du mal à communiquer, résultat, elle, elle a une idée bien précise de ce qu'elle veut faire, lui aussi, mais lui, il lui court après parce qu'il sait pas où elle est. Après, elle tente un truc, mais elle n'a pas toutes les infos, donc il faut rattraper le coup. Pendant ce temps-là, il est parti régler un autre problème ailleurs. Bref, c'est le film d'action dans tous les sens, mais c'est le plan le moins millimétré de l'espace. En réalité, c'est par hasard que leurs chemins se croisent. Il se trouve qu'ils rament à peu près dans le même sens, donc ça tombe bien pour eux. Mais Lilou, avec ou sans Corben, elle déroule sa procédure, et sa procédure, c'est de sauver le monde, point. Avec ou sans aide. Lilou, c'est l'indépendance fondée sur l'action. Et ça, ça existe dans nos vies. sans avoir besoin d'être un alien ou une machine bien programmée. J'admire le fait que dans un environnement qu'elle ne connaît pas, sa stratégie n'est pas de s'arrêter ou d'hésiter, mais de faire à son idée. S'il y a un obstacle, on verra après, on s'adapte. C'est la stratégie de l'action. Elle ne demande pas d'avis, pas de conseils, elle agit. Franchement, réfléchir avant d'agir, c'est surcoté. En parallèle de ce côté hyper indépendant, Lilou... a un côté enfantin très spontané. C'est dû au fait qu'elle est techniquement née hier, dans un nouveau corps, et qu'elle doit tout réapprendre. Mais ça, c'est un trope récurrent dans la science-fiction qui a pas mal d'aspects problématiques en réalité. Je vous invite à voir la vidéo de Pop Culture Détective dans les notes de l'épisode, qui décrypte très bien ce trope. En anglais, ça s'appelle Born Sexy Yesterday, qui est né sexy hier. Et c'est vrai que c'est pas neutre de créer un personnage avec un esprit complètement naïf dans le corps d'une femme adulte, généralement très sexualisée et désirée. En gros, l'intérêt d'un personnage born sexy yesterday comme Lilou, c'est qu'il n'a aucun code socio. Et ça, ça va valoriser le protagoniste masculin, qui va l'aider à se repérer, qui du coup sert à quelque chose, et qui au passage n'a plus vraiment besoin de travailler sur ses compétences relationnelles puisque sa nouvelle copine n'a aucune exigence. Ah, sûr que ça en arrangerait certains si toutes les femmes puissantes étaient aussi un peu attardées. Il y a une bonne base patriarcale derrière l'écriture de Lilou. Pourtant, je continue d'aimer son côté enfantin, qui, je trouve, est même parfois un atout pour démonter les certitudes du patriarcat. Comme Lilou n'a aucun code, justement, aucun a priori. Elle suit vraiment son instinct, elle voit le monde sans filtre, et sans être influencée par les réactions des hommes. Elle n'agit pas en fonction d'eux, elle s'en tape. C'est quelque chose que je lui emprunte volontiers pour suivre mes envies profondes. Elle aime le poulet rôti, elle y va à fond. Elle est attirée par des objets, certaines choses lui plaisent, d'autres la font rire, d'autres non. Elle essaye tout, c'est tout sauf faible, c'est vivant. Lilou est née hier, mais elle n'est pas du tout un cerveau ou un cœur vide à remplir par un maître à penser. Elle a déjà son petit monde intérieur. Et pour moi, si ça marche dans le cinquième élément, c'est premièrement parce que... personne n'abuse de l'innocence de Lilou, par exemple de sa tendance à se déshabiller n'importe où. Et deuxièmement, parce qu'en suivant Lilou quelques jours seulement, on la voit progresser à une vitesse phénoménale. Elle ne fait pas que suivre sa mission d'être suprême, elle trace sa route aussi, en faisant ses petits pas de côté enfantin. Et ça, ça fait que j'ai juste hâte de la voir croître à une vitesse exponentielle. Lilou, c'est la femme indépendante d'un côté, porté par l'enfant spontané de l'autre. Dans les deux cas, sa puissance est dans l'action. Double effet kiss-cool. Si je considère Lilou comme un rôle féministe, en revanche, le cinquième élément est un film souvent misogyne. Il est régulièrement décrié pour ça, aujourd'hui accusé d'avoir mal vieilli ou qu'un certain nombre de scènes feraient grincer des dents. Déjà, à part Lilou, il n'y a aucun rôle féminin approfondi. Juste des figurantes hyper sexualisées, et on s'enquille moultes stéréotypes qui vont de l'hôtesse de l'air cruche à la vieille mère acariâtre qui crie au téléphone. Bref, c'est un film 100% syndrome de la schtroumpfette. Lilo est l'unique rôle féminin valable et désiré par le rôle principal. Précision intéressante, Luc Besson a écrit la trame du scénario du cinquième élément quand il était au lycée. Il l'a réalisé avec un budget colossal une fois célèbre, mais en fait... C'est son rêve d'ado, réalisé avec de très gros moyens. Et c'est déjà moins étonnant qu'on soit sur une intrigue conventionnelle, hyper bien réalisée, prenante, mais formatée. C'est l'histoire du bien qui doit vaincre le mal, c'est le héros qui embrasse la fille à la fin. On va pas bouleverser les codes avec ça. Personnellement, ça m'empêche pas d'apprécier le film. Je suis même pas remontée contre cette fin où pour activer la puissance du cinquième élément, il faut que Corben Dallas déclare son amour à Lilou et l'embrasse. C'est pas plus stéréotypé que Blanche-Neige ou que La Belle au bois dormant, mais version intergalactique. Au moins, et surtout... Le film a le mérite de ne pas nous promettre un et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants La dernière scène du film, c'est Lilou et Corben qui font l'amour dans le laboratoire. Ok, j'imagine qu'il faut bien nous montrer que cet amour a été consommé pour notre ado intérieur libidineux qui n'attend que ça. C'est le happy end. Mais ça s'arrête là. Et c'est pas plus mal que ça s'arrête là. Parce que je réalise que je me suis jamais dit que Lilou et Corben finiraient le reste de leur vie ensemble. Là, ils s'aiment, tant mieux pour eux. Mais on l'a vu, à la vitesse à laquelle Lilou progresse et retrouve ses capacités, elle va pas tarder à s'ennuyer avec un Corbin Dallas. Donc, ok, aujourd'hui, ils font l'amour, mais après-demain, elle va repartir sauver une autre galaxie, là, c'est sûr. Je me suis toujours dit ça. J'attendais qu'une chose, d'ailleurs, c'était un autre film pour raconter les aventures de Lilou. Mais si justement je projetais cette idée, c'est que je pouvais l'imaginer. Et la fin du film restait suffisamment ouverte pour ça. Alors j'entends. Une des critiques du cinquième élément, c'est de dire que ça véhicule un message problématique. Parce qu'en racontant que l'être suprême conclut avec un mec pas suprême du tout, ça transmet le message que les femmes devraient se contenter d'un homme moyen, alors que l'homme moyen, lui, pourrait tout à fait aspirer à être avec la femme parfaite. Je veux dire, cette jeune femme est le bien le plus précieux de l'humanité. Elle est parfaite. Lilou c'est ce rôle de femme surhumaine, inatteignable. Une partie du public masculin et hétéro l'a sûrement idéalisée comme la femme à conquérir. Mais pour ma part, j'ai jamais perçu Lilou comme étant définitivement liée à Corben. Elle a un potentiel bien plus vaste que ça, qui dépasse largement ce que le film laisse entrevoir. En tout cas, c'est ce que moi j'ai idéalisé, j'ai imaginé, dès notre première rencontre. Mais c'est vrai qu'à 10 ans, on a la tête dans les étoiles. Alors ? On garde Lilou parmi nous ? On la convoque un peu dans notre vie de tous les jours ? Bien sûr, déjà si elle est là, l'humanité est sauvée. Ensuite, être héroïque, parfaite, tout savoir, c'est vrai que ça dépanne. Soyons badass autant que nous le pouvons, mais la puissance ne fait pas tout. Et c'est là que j'embrasse mon imperfection, la mienne, qui vaut bien celle d'un Corben Dallas. Lilou est une figure puissante mais qui manque parfois de complexité. Elle fonce dans le tas. Et elle me sert plutôt comme éclaireuse, pas comme une conseillère. C'est une force intérieure intense. Mais ses émotions semblent cloisonnées, vécues de manière fractionnée l'une après l'autre. Quand elle traverse un moment d'émotion, que ce soit le rire, le désespoir, la colère, Lilou y est totalement absorbée, sans nuance. Elle vit tout à 1000%. Mais ce manque de mixité émotionnelle la place en dehors de la communauté humaine. C'est ça qui l'isole. Grande protectrice de la vie, elle a de la compassion pour les humains, mais elle manque de communion avec eux. Nous, les humains qui ressentons tout et son contraire au même instant, pour véritablement communier, déjà avec moi-même et ensuite avec les autres, il me faut plus d'héroïne imparfaite, capable de naviguer entre des émotions mélangées. Et ça, ça s'apprend pas sur Wikipédia. Lilou incarne une perfection rare. à la fois forte et enfantine, indépendante et instinctive. Ses punchlines percutantes et sa détermination font d'elle un bulldozer qui perd jamais son objectif de vue. C'est un rôle idéalisé, à tel point qu'elle a échappé à son créateur pour devenir un personnage culte de la pop culture. Alors bien sûr, personne ne peut réellement atteindre la perfection de Lilou. Mais il est plaisant de savoir que nous pouvons être vus par quelqu'un d'autre avec ce regard idéalisé. Peut-être que quelqu'un, quelque part, voit en vous une Lilou, une version surhypée de vous-même. Vers l'infini et au delà! Merci d'avoir écouté Roll Titre. Si vous avez apprécié l'épisode, voici trois choses que vous pouvez faire. 1. Vous abonner à Roll Titre sur votre plateforme de podcast préférée et laisser 5 étoiles si c'est Apple Podcasts ou Spotify. 2. Rejoindre la newsletter de Roll Titre ou son compte Instagram pour découvrir encore plus de contenu inspirant. Et troisièmement, me soutenir financièrement par une donation sur la plateforme Ko-fi. Je vous explique tout en détail dans les notes de l'épisode. Une dernière chose, Roll Titre abrite les femmes de fiction qui appartiennent à mon panthéon intérieur. mais leur voix ne peut se propager que grâce à vous. Parler du podcast autour de vous, partager ses épisodes sur les réseaux sociaux, c'est faire entendre la voix de ces héroïnes à des auditeurs toujours plus nombreux. Je vous dis à très vite pour lever le rideau sur une prochaine héroïne. Et si vous avez accueilli en vous un fragment de celle d'aujourd'hui, faites entendre sa voix, faites résonner au titre.

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Description

"Toi pas problèmes. Moi être suprême. Moi protéger toi" Leeloo

Leeloo, le cinquième élément qui concentre touuuuuut le potentiel de l'Humanité incarne la force vitale ultime. Sa quête pour sauver l’univers nous plonge dans un voyage épique, explosif, drôle, où l'amour, l'innocence et le courage se rencontrent au détour d'un astéroïde.

Dans cet épisode qui vous emmène au cœur de la galaxie :

  • la singularité de Leeloo, une création parfaite au-delà de l’humain

  • son hyperindépendance qui ne l'aide pas toujours à comprendre l’humanité

  • ce qu’elle nous enseigne sur notre propre humanité une fois de retour dans notre univers

Bonne écoute 🍗

📢 Rôle Titre c’est aussi :
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🔎 Références sources :
Video : Born Sexy Yesterday, Pop Culture Detective, 2017


🎧 Références sonores citées dans l’épisode (extraits) :
Film:  Le 5e Elément, Luc Besson, 1997, avec Bruce Willis et Milla Jovovich en premiers rôles
Musique : The Diva Dance, bande-originale du 5e Elément, Eric Serra, interprétée par Inva Mula Tchako, 1997


©️ Crédits
Rôle Titre est un podcast de Camille Forbes propulsé par Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rôle titre, le podcast des femmes de fiction. Je m'appelle Camille Forbe, je suis comédienne et je vous emmène à la rencontre d'une héroïne. Pour profiter du son binaural, mettez votre casque aux vos écouteurs. Entrez en immersion sonore dans son univers. Cet épisode existe pour faire entendre sa voix. Alors j'espère que vous aussi, vous garderez un fragment d'elle. Les équipes de secours nous ont appelés dans la zone de crash. Il y a des survivants. Un seul. Pour être clair, on ne sait pas ce que c'est. L'être suprême qui a été envoyé sur Terre pour sauver l'univers. Que dit-elle ? Big... Oui, Big Badaboum. Les pierres doivent lui être données. Mais écoute-moi ! si tu fais pas quelque chose on va tous mourir ! Tu comprends ? Elle est plus vulnérable qu'elle n'en a l'air. Vaillante, vulnérable, vraiment très jolie. Lilou, isolée parce qu'elle est une alienne. Message de service. Rôle titre n'est pas une fiche de lecture, mais révèle tout de même l'histoire de ces héroïnes. Alors ça va spoiler. Rôles titres, c'est aussi une newsletter et des réseaux sociaux pour approfondir le podcast. Toutes les sources sont dans les notes de l'épisode. Mais pour l'instant, il est l'heure pour Rôles titres d'entrer en scène. Lilou, une héroïne chère à mon cœur, qui pour une fois ne vient pas du théâtre ni de la littérature, mais du cinéma et de l'imagination de Luc Besson. J'avais envie de reprendre le micro pour un épisode un peu spécial. Un goût de hors-série de l'été. Un épisode qui vient aussi clore cette troisième saison de rôle-titre, Les Isolés. Pour la finir en beauté, quoi de mieux qu'une héroïne surhumaine venue d'une autre galaxie ? Une héroïne bien différente des humains, isolée car extraterrestre, mais surtout extraordinaire. Une super-héroïne. Qu'est-ce qui vous fait vous sentir héroïque dans votre quotidien ? La force brute ? La détermination faire un million de choses dans votre journée ? Sauver le monde ? Attachez vos ceintures, car vous aurez du mal à égaler les performances de Lilou, icône inoubliable du film Le Cinquième Élément. Dans ce film de science-fiction, le personnage principal est Corben Dallas. Mais Lilou est la seule arme capable de repousser le mal absolu venu frapper la planète Terre. Héroïne extrêmement puissante, tout en restant profondément connectée à ses émotions brutes. Lilou dépasse le simple rôle de la femme forte de tout film d'action qui se respecte. Elle incarne à la perfection la super-héroïne dont nous avons besoin pour accomplir nos titanesques missions du quotidien. Vous écoutez Roll Titre, l'épisode Lilou, sa passe ou sa multipasse ? Aux confins de l'univers existe un être parfait sur tous les plans. infiniment supérieure physiquement, mentalement et moralement à tout être humain. On l'appelle l'être suprême. Cet être porte le doux nom de Lilou. Comment se matérialise cette perfection fraîchement débarquée sur Terre ? Difficile de lui donner un âge. Techniquement, Lilou est très âgée puisqu'elle est déjà venue sur Terre il y a plusieurs siècles. Mais à l'heure où nous parlons, en 2263, Le corps de Lilou vient d'être détruit dans le crash de son vaisseau spatial, puis régénéré en laboratoire à partir d'un fragment de son ADN. Lilou a donc seulement quelques heures d'existence dans son nouveau corps et doit réapprendre pas mal de choses. Ça, c'est la théorie. En pratique, Lilou, c'est un corps féminin de 20 ans maximum, des cheveux oranges, une silhouette de top modèle et une énergie éclatante. Elle est tout simplement... Dans sa parfaite perfection, remarquons tout de même que Lilou parle très peu. Pour un rôle majeur, c'est quand même la survie de l'humanité qui repose sur elle, on l'entend quasiment pas. Elle comprend vite que face aux humains, ces cons d'humains que nous sommes, elle va devoir simplifier et pas se répandre en explications. Rien que pour se présenter, Lilou s'appelle en réalité ce qui signifie tout de même précieuse pierre de la terre et honorable défenseuse de la lumière et de la vie La classe. Mais pour le commun des mortels, il faut abréger. Donc ce sera Lilou. La parole de Lilou est rare, mais percutante. Tout ce qu'elle dit, le peu qu'elle dit, devient une punchline. Qu'elle parle façon homme des cavernes, Moi, protégé, toi. ou de titre de transport à valider. Multi-pass, multi-pass. Mon passage préféré du film, que je peux me repasser en boucle dix fois de suite, c'est le moment où Lilou s'enfile des poulets rôtis, prêts en trois millisecondes au micro-ondes. Visiblement ravie de cette technologie, elle s'exclame en anglais Chicken, good ! T'as raison Lilou, les vérités universelles tiennent en peu de mots. Le poulet rôti, c'est la vie. Si la parole est d'argent et que le silence est d'or, les punchlines sont à Lilou. Mmm, chicken ! Avec son titre d'être suprême, Lilou occupe, sans surprise, un rôle très puissant. L'image à laquelle je la rattache est celle d'un bulldozer. Elle est quasiment indestructible et surtout rien ne l'arrête. Elle avance, tout droit, sans jamais perdre son objectif de vue et pas des moindres, sauver le monde. Parmi ses super exploits, on peut compter sauter dans le vide sans parachute, avaler tout le savoir de Wikipédia en deux jours, péter du verre incassable à main nue, guérir spontanément de ses blessures par balles. La liste est longue, c'est très inspirant pour notre côté badass à tous. Au quotidien, Liloum fait penser à ses filles qui se réveillent à 5h un dimanche matin pour construire une bibliothèque dans le salon. chiner une table basse à la brocante et préparer quatre plats de lasagne pour la fête des voisins. Et encore, ça c'est que le week-end, parce qu'en semaine, elles sont occupées à gérer leurs trois entreprises, leur chaîne YouTube et leur association à but non lucratif. Une héroïne badass, je crache jamais dessus, par principe. En plus, dans un film d'action, ça nous évite le cliché de la demoiselle en détresse. Dans le cinquième élément, ce rôle serait d'ailleurs plutôt joué par le personnage de Ruby Road. Non mais t'es fou, pourquoi tu hurles comme ça ! Toutes les cinq minutes, il y a une bombe ou je ne sais pas quoi ! Je me tire ! Oui ! Lilou ne se tire pas face au danger. Lilou, c'est une machine de guerre. Est-ce qu'il y a deux secondes où elle se pose dans le film ? Je ne crois pas. Sauf à la toute fin qui a un grand moment cucul après Aline. Lilou a beau être la figure de la sauveuse absolue, elle aura besoin de l'amour avec un grand A pour être sauvée. De l'amour d'un homme, évidemment. Bon, il y a du sexisme dans cette conclusion. Je vais en reparler. Et en même temps, si Lilou était purement invulnérable, l'histoire serait vite pliée. Elle claque des doigts et paf, l'humanité est sauvée. C'est plus difficile de s'identifier aussi si elle était absolument parfaite. Donc, je trouve ça pas si mal que l'arc narratif nous rappelle qu'être surpuissante, c'est quand même très très fatigant et qu'il faut penser à se reposer de temps en temps. Sinon, elle mourra. Si une part de moi, bien badass, se reconnaît très très fort en Lilou, une autre reste très très terrienne. Flemme, juste flemme d'apprendre le taquendo tous les dimanches matins, il me reste encore ma table basse à repeindre. Très tôt, Lilou a représenté pour moi la super-héroïne par excellence. Mais c'est pas tant ses exploits qui m'ont marquée, que sa capacité à les accomplir seule et son indépendance d'esprit. J'ai vu le cinquième élément à la télé, comme tout enfant des années 90 qui se respecte. Je l'ai vu et revu. J'adorais le personnage de Lilou et je guettais toutes ses apparitions comme le messie. Le personnage masculin de Corben Dallas me laissait de marbre. J'étais donc bien contente que Lilou lui mette le flingue sur la tempe quand il l'embrasse sans sa permission. Ouais, pardon, mais on est là pour sauver la vie sur Terre, pas pour sauver les cons. Et quand j'y pense, c'est pas tant la figure de la sauveuse qui m'a marquée. Je ne suis pas devenue défenseuse de la planète, de la veuve ou de l'orphelin en la regardant. Non, ce qui m'a marquée, ce n'est pas la noblesse de son but, sauver le monde, c'est qu'elle le poursuit seule et qu'elle y arrive. Le même but, atteint en équipe, je pense que j'aurais moins accroché. Je ne suis pas très cliente de la Ligue des justiciers ou des trois mousquetaires. Je plaide coupable, c'est une vision très individualiste. Ce n'est sûrement pas dans l'air du temps des l'union fait la force ou de ensemble on va plus loin Mais c'est comme ça, une super-héroïne qui se la joue en mode solo, ça me laisse baba. Et la petite fille que j'étais a bien imprimé que toute seule, on pouvait soulever des montagnes. Comme une grande, comme une Lilou. Lilou vient donc renforcer très fort à mes yeux la figure de la femme hyper indépendante, autosuffisante. Alors qu'on nous répète à plusieurs reprises dans le film qu'elle est vulnérable, qu'elle a besoin d'aide. Mais ça, mon cerveau ne l'imprime pas. Et dans les faits, je ne suis même pas d'accord en fait. Elle demande de l'aide une fois à Corben quand elle tombe dans son taxi, et puis c'est tout. Jusqu'à la fameuse fin où là, oui, elle s'écroule et seul un baiser du prince chauve et charmant vient la rebooster. Je vais vraiment en reparler de cette fin. J'ai jamais perçu de véritable duo entre Lilou et Corben. C'est lui le rôle principal, mais je trouve pas qu'il fasse équipe. D'ailleurs, c'est ce que je trouve drôle, ils ont aucune stratégie en commun. Ils ont du mal à communiquer, résultat, elle, elle a une idée bien précise de ce qu'elle veut faire, lui aussi, mais lui, il lui court après parce qu'il sait pas où elle est. Après, elle tente un truc, mais elle n'a pas toutes les infos, donc il faut rattraper le coup. Pendant ce temps-là, il est parti régler un autre problème ailleurs. Bref, c'est le film d'action dans tous les sens, mais c'est le plan le moins millimétré de l'espace. En réalité, c'est par hasard que leurs chemins se croisent. Il se trouve qu'ils rament à peu près dans le même sens, donc ça tombe bien pour eux. Mais Lilou, avec ou sans Corben, elle déroule sa procédure, et sa procédure, c'est de sauver le monde, point. Avec ou sans aide. Lilou, c'est l'indépendance fondée sur l'action. Et ça, ça existe dans nos vies. sans avoir besoin d'être un alien ou une machine bien programmée. J'admire le fait que dans un environnement qu'elle ne connaît pas, sa stratégie n'est pas de s'arrêter ou d'hésiter, mais de faire à son idée. S'il y a un obstacle, on verra après, on s'adapte. C'est la stratégie de l'action. Elle ne demande pas d'avis, pas de conseils, elle agit. Franchement, réfléchir avant d'agir, c'est surcoté. En parallèle de ce côté hyper indépendant, Lilou... a un côté enfantin très spontané. C'est dû au fait qu'elle est techniquement née hier, dans un nouveau corps, et qu'elle doit tout réapprendre. Mais ça, c'est un trope récurrent dans la science-fiction qui a pas mal d'aspects problématiques en réalité. Je vous invite à voir la vidéo de Pop Culture Détective dans les notes de l'épisode, qui décrypte très bien ce trope. En anglais, ça s'appelle Born Sexy Yesterday, qui est né sexy hier. Et c'est vrai que c'est pas neutre de créer un personnage avec un esprit complètement naïf dans le corps d'une femme adulte, généralement très sexualisée et désirée. En gros, l'intérêt d'un personnage born sexy yesterday comme Lilou, c'est qu'il n'a aucun code socio. Et ça, ça va valoriser le protagoniste masculin, qui va l'aider à se repérer, qui du coup sert à quelque chose, et qui au passage n'a plus vraiment besoin de travailler sur ses compétences relationnelles puisque sa nouvelle copine n'a aucune exigence. Ah, sûr que ça en arrangerait certains si toutes les femmes puissantes étaient aussi un peu attardées. Il y a une bonne base patriarcale derrière l'écriture de Lilou. Pourtant, je continue d'aimer son côté enfantin, qui, je trouve, est même parfois un atout pour démonter les certitudes du patriarcat. Comme Lilou n'a aucun code, justement, aucun a priori. Elle suit vraiment son instinct, elle voit le monde sans filtre, et sans être influencée par les réactions des hommes. Elle n'agit pas en fonction d'eux, elle s'en tape. C'est quelque chose que je lui emprunte volontiers pour suivre mes envies profondes. Elle aime le poulet rôti, elle y va à fond. Elle est attirée par des objets, certaines choses lui plaisent, d'autres la font rire, d'autres non. Elle essaye tout, c'est tout sauf faible, c'est vivant. Lilou est née hier, mais elle n'est pas du tout un cerveau ou un cœur vide à remplir par un maître à penser. Elle a déjà son petit monde intérieur. Et pour moi, si ça marche dans le cinquième élément, c'est premièrement parce que... personne n'abuse de l'innocence de Lilou, par exemple de sa tendance à se déshabiller n'importe où. Et deuxièmement, parce qu'en suivant Lilou quelques jours seulement, on la voit progresser à une vitesse phénoménale. Elle ne fait pas que suivre sa mission d'être suprême, elle trace sa route aussi, en faisant ses petits pas de côté enfantin. Et ça, ça fait que j'ai juste hâte de la voir croître à une vitesse exponentielle. Lilou, c'est la femme indépendante d'un côté, porté par l'enfant spontané de l'autre. Dans les deux cas, sa puissance est dans l'action. Double effet kiss-cool. Si je considère Lilou comme un rôle féministe, en revanche, le cinquième élément est un film souvent misogyne. Il est régulièrement décrié pour ça, aujourd'hui accusé d'avoir mal vieilli ou qu'un certain nombre de scènes feraient grincer des dents. Déjà, à part Lilou, il n'y a aucun rôle féminin approfondi. Juste des figurantes hyper sexualisées, et on s'enquille moultes stéréotypes qui vont de l'hôtesse de l'air cruche à la vieille mère acariâtre qui crie au téléphone. Bref, c'est un film 100% syndrome de la schtroumpfette. Lilo est l'unique rôle féminin valable et désiré par le rôle principal. Précision intéressante, Luc Besson a écrit la trame du scénario du cinquième élément quand il était au lycée. Il l'a réalisé avec un budget colossal une fois célèbre, mais en fait... C'est son rêve d'ado, réalisé avec de très gros moyens. Et c'est déjà moins étonnant qu'on soit sur une intrigue conventionnelle, hyper bien réalisée, prenante, mais formatée. C'est l'histoire du bien qui doit vaincre le mal, c'est le héros qui embrasse la fille à la fin. On va pas bouleverser les codes avec ça. Personnellement, ça m'empêche pas d'apprécier le film. Je suis même pas remontée contre cette fin où pour activer la puissance du cinquième élément, il faut que Corben Dallas déclare son amour à Lilou et l'embrasse. C'est pas plus stéréotypé que Blanche-Neige ou que La Belle au bois dormant, mais version intergalactique. Au moins, et surtout... Le film a le mérite de ne pas nous promettre un et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants La dernière scène du film, c'est Lilou et Corben qui font l'amour dans le laboratoire. Ok, j'imagine qu'il faut bien nous montrer que cet amour a été consommé pour notre ado intérieur libidineux qui n'attend que ça. C'est le happy end. Mais ça s'arrête là. Et c'est pas plus mal que ça s'arrête là. Parce que je réalise que je me suis jamais dit que Lilou et Corben finiraient le reste de leur vie ensemble. Là, ils s'aiment, tant mieux pour eux. Mais on l'a vu, à la vitesse à laquelle Lilou progresse et retrouve ses capacités, elle va pas tarder à s'ennuyer avec un Corbin Dallas. Donc, ok, aujourd'hui, ils font l'amour, mais après-demain, elle va repartir sauver une autre galaxie, là, c'est sûr. Je me suis toujours dit ça. J'attendais qu'une chose, d'ailleurs, c'était un autre film pour raconter les aventures de Lilou. Mais si justement je projetais cette idée, c'est que je pouvais l'imaginer. Et la fin du film restait suffisamment ouverte pour ça. Alors j'entends. Une des critiques du cinquième élément, c'est de dire que ça véhicule un message problématique. Parce qu'en racontant que l'être suprême conclut avec un mec pas suprême du tout, ça transmet le message que les femmes devraient se contenter d'un homme moyen, alors que l'homme moyen, lui, pourrait tout à fait aspirer à être avec la femme parfaite. Je veux dire, cette jeune femme est le bien le plus précieux de l'humanité. Elle est parfaite. Lilou c'est ce rôle de femme surhumaine, inatteignable. Une partie du public masculin et hétéro l'a sûrement idéalisée comme la femme à conquérir. Mais pour ma part, j'ai jamais perçu Lilou comme étant définitivement liée à Corben. Elle a un potentiel bien plus vaste que ça, qui dépasse largement ce que le film laisse entrevoir. En tout cas, c'est ce que moi j'ai idéalisé, j'ai imaginé, dès notre première rencontre. Mais c'est vrai qu'à 10 ans, on a la tête dans les étoiles. Alors ? On garde Lilou parmi nous ? On la convoque un peu dans notre vie de tous les jours ? Bien sûr, déjà si elle est là, l'humanité est sauvée. Ensuite, être héroïque, parfaite, tout savoir, c'est vrai que ça dépanne. Soyons badass autant que nous le pouvons, mais la puissance ne fait pas tout. Et c'est là que j'embrasse mon imperfection, la mienne, qui vaut bien celle d'un Corben Dallas. Lilou est une figure puissante mais qui manque parfois de complexité. Elle fonce dans le tas. Et elle me sert plutôt comme éclaireuse, pas comme une conseillère. C'est une force intérieure intense. Mais ses émotions semblent cloisonnées, vécues de manière fractionnée l'une après l'autre. Quand elle traverse un moment d'émotion, que ce soit le rire, le désespoir, la colère, Lilou y est totalement absorbée, sans nuance. Elle vit tout à 1000%. Mais ce manque de mixité émotionnelle la place en dehors de la communauté humaine. C'est ça qui l'isole. Grande protectrice de la vie, elle a de la compassion pour les humains, mais elle manque de communion avec eux. Nous, les humains qui ressentons tout et son contraire au même instant, pour véritablement communier, déjà avec moi-même et ensuite avec les autres, il me faut plus d'héroïne imparfaite, capable de naviguer entre des émotions mélangées. Et ça, ça s'apprend pas sur Wikipédia. Lilou incarne une perfection rare. à la fois forte et enfantine, indépendante et instinctive. Ses punchlines percutantes et sa détermination font d'elle un bulldozer qui perd jamais son objectif de vue. C'est un rôle idéalisé, à tel point qu'elle a échappé à son créateur pour devenir un personnage culte de la pop culture. Alors bien sûr, personne ne peut réellement atteindre la perfection de Lilou. Mais il est plaisant de savoir que nous pouvons être vus par quelqu'un d'autre avec ce regard idéalisé. Peut-être que quelqu'un, quelque part, voit en vous une Lilou, une version surhypée de vous-même. Vers l'infini et au delà! Merci d'avoir écouté Roll Titre. Si vous avez apprécié l'épisode, voici trois choses que vous pouvez faire. 1. Vous abonner à Roll Titre sur votre plateforme de podcast préférée et laisser 5 étoiles si c'est Apple Podcasts ou Spotify. 2. Rejoindre la newsletter de Roll Titre ou son compte Instagram pour découvrir encore plus de contenu inspirant. Et troisièmement, me soutenir financièrement par une donation sur la plateforme Ko-fi. Je vous explique tout en détail dans les notes de l'épisode. Une dernière chose, Roll Titre abrite les femmes de fiction qui appartiennent à mon panthéon intérieur. mais leur voix ne peut se propager que grâce à vous. Parler du podcast autour de vous, partager ses épisodes sur les réseaux sociaux, c'est faire entendre la voix de ces héroïnes à des auditeurs toujours plus nombreux. Je vous dis à très vite pour lever le rideau sur une prochaine héroïne. Et si vous avez accueilli en vous un fragment de celle d'aujourd'hui, faites entendre sa voix, faites résonner au titre.

Description

"Toi pas problèmes. Moi être suprême. Moi protéger toi" Leeloo

Leeloo, le cinquième élément qui concentre touuuuuut le potentiel de l'Humanité incarne la force vitale ultime. Sa quête pour sauver l’univers nous plonge dans un voyage épique, explosif, drôle, où l'amour, l'innocence et le courage se rencontrent au détour d'un astéroïde.

Dans cet épisode qui vous emmène au cœur de la galaxie :

  • la singularité de Leeloo, une création parfaite au-delà de l’humain

  • son hyperindépendance qui ne l'aide pas toujours à comprendre l’humanité

  • ce qu’elle nous enseigne sur notre propre humanité une fois de retour dans notre univers

Bonne écoute 🍗

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🔎 Références sources :
Video : Born Sexy Yesterday, Pop Culture Detective, 2017


🎧 Références sonores citées dans l’épisode (extraits) :
Film:  Le 5e Elément, Luc Besson, 1997, avec Bruce Willis et Milla Jovovich en premiers rôles
Musique : The Diva Dance, bande-originale du 5e Elément, Eric Serra, interprétée par Inva Mula Tchako, 1997


©️ Crédits
Rôle Titre est un podcast de Camille Forbes propulsé par Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rôle titre, le podcast des femmes de fiction. Je m'appelle Camille Forbe, je suis comédienne et je vous emmène à la rencontre d'une héroïne. Pour profiter du son binaural, mettez votre casque aux vos écouteurs. Entrez en immersion sonore dans son univers. Cet épisode existe pour faire entendre sa voix. Alors j'espère que vous aussi, vous garderez un fragment d'elle. Les équipes de secours nous ont appelés dans la zone de crash. Il y a des survivants. Un seul. Pour être clair, on ne sait pas ce que c'est. L'être suprême qui a été envoyé sur Terre pour sauver l'univers. Que dit-elle ? Big... Oui, Big Badaboum. Les pierres doivent lui être données. Mais écoute-moi ! si tu fais pas quelque chose on va tous mourir ! Tu comprends ? Elle est plus vulnérable qu'elle n'en a l'air. Vaillante, vulnérable, vraiment très jolie. Lilou, isolée parce qu'elle est une alienne. Message de service. Rôle titre n'est pas une fiche de lecture, mais révèle tout de même l'histoire de ces héroïnes. Alors ça va spoiler. Rôles titres, c'est aussi une newsletter et des réseaux sociaux pour approfondir le podcast. Toutes les sources sont dans les notes de l'épisode. Mais pour l'instant, il est l'heure pour Rôles titres d'entrer en scène. Lilou, une héroïne chère à mon cœur, qui pour une fois ne vient pas du théâtre ni de la littérature, mais du cinéma et de l'imagination de Luc Besson. J'avais envie de reprendre le micro pour un épisode un peu spécial. Un goût de hors-série de l'été. Un épisode qui vient aussi clore cette troisième saison de rôle-titre, Les Isolés. Pour la finir en beauté, quoi de mieux qu'une héroïne surhumaine venue d'une autre galaxie ? Une héroïne bien différente des humains, isolée car extraterrestre, mais surtout extraordinaire. Une super-héroïne. Qu'est-ce qui vous fait vous sentir héroïque dans votre quotidien ? La force brute ? La détermination faire un million de choses dans votre journée ? Sauver le monde ? Attachez vos ceintures, car vous aurez du mal à égaler les performances de Lilou, icône inoubliable du film Le Cinquième Élément. Dans ce film de science-fiction, le personnage principal est Corben Dallas. Mais Lilou est la seule arme capable de repousser le mal absolu venu frapper la planète Terre. Héroïne extrêmement puissante, tout en restant profondément connectée à ses émotions brutes. Lilou dépasse le simple rôle de la femme forte de tout film d'action qui se respecte. Elle incarne à la perfection la super-héroïne dont nous avons besoin pour accomplir nos titanesques missions du quotidien. Vous écoutez Roll Titre, l'épisode Lilou, sa passe ou sa multipasse ? Aux confins de l'univers existe un être parfait sur tous les plans. infiniment supérieure physiquement, mentalement et moralement à tout être humain. On l'appelle l'être suprême. Cet être porte le doux nom de Lilou. Comment se matérialise cette perfection fraîchement débarquée sur Terre ? Difficile de lui donner un âge. Techniquement, Lilou est très âgée puisqu'elle est déjà venue sur Terre il y a plusieurs siècles. Mais à l'heure où nous parlons, en 2263, Le corps de Lilou vient d'être détruit dans le crash de son vaisseau spatial, puis régénéré en laboratoire à partir d'un fragment de son ADN. Lilou a donc seulement quelques heures d'existence dans son nouveau corps et doit réapprendre pas mal de choses. Ça, c'est la théorie. En pratique, Lilou, c'est un corps féminin de 20 ans maximum, des cheveux oranges, une silhouette de top modèle et une énergie éclatante. Elle est tout simplement... Dans sa parfaite perfection, remarquons tout de même que Lilou parle très peu. Pour un rôle majeur, c'est quand même la survie de l'humanité qui repose sur elle, on l'entend quasiment pas. Elle comprend vite que face aux humains, ces cons d'humains que nous sommes, elle va devoir simplifier et pas se répandre en explications. Rien que pour se présenter, Lilou s'appelle en réalité ce qui signifie tout de même précieuse pierre de la terre et honorable défenseuse de la lumière et de la vie La classe. Mais pour le commun des mortels, il faut abréger. Donc ce sera Lilou. La parole de Lilou est rare, mais percutante. Tout ce qu'elle dit, le peu qu'elle dit, devient une punchline. Qu'elle parle façon homme des cavernes, Moi, protégé, toi. ou de titre de transport à valider. Multi-pass, multi-pass. Mon passage préféré du film, que je peux me repasser en boucle dix fois de suite, c'est le moment où Lilou s'enfile des poulets rôtis, prêts en trois millisecondes au micro-ondes. Visiblement ravie de cette technologie, elle s'exclame en anglais Chicken, good ! T'as raison Lilou, les vérités universelles tiennent en peu de mots. Le poulet rôti, c'est la vie. Si la parole est d'argent et que le silence est d'or, les punchlines sont à Lilou. Mmm, chicken ! Avec son titre d'être suprême, Lilou occupe, sans surprise, un rôle très puissant. L'image à laquelle je la rattache est celle d'un bulldozer. Elle est quasiment indestructible et surtout rien ne l'arrête. Elle avance, tout droit, sans jamais perdre son objectif de vue et pas des moindres, sauver le monde. Parmi ses super exploits, on peut compter sauter dans le vide sans parachute, avaler tout le savoir de Wikipédia en deux jours, péter du verre incassable à main nue, guérir spontanément de ses blessures par balles. La liste est longue, c'est très inspirant pour notre côté badass à tous. Au quotidien, Liloum fait penser à ses filles qui se réveillent à 5h un dimanche matin pour construire une bibliothèque dans le salon. chiner une table basse à la brocante et préparer quatre plats de lasagne pour la fête des voisins. Et encore, ça c'est que le week-end, parce qu'en semaine, elles sont occupées à gérer leurs trois entreprises, leur chaîne YouTube et leur association à but non lucratif. Une héroïne badass, je crache jamais dessus, par principe. En plus, dans un film d'action, ça nous évite le cliché de la demoiselle en détresse. Dans le cinquième élément, ce rôle serait d'ailleurs plutôt joué par le personnage de Ruby Road. Non mais t'es fou, pourquoi tu hurles comme ça ! Toutes les cinq minutes, il y a une bombe ou je ne sais pas quoi ! Je me tire ! Oui ! Lilou ne se tire pas face au danger. Lilou, c'est une machine de guerre. Est-ce qu'il y a deux secondes où elle se pose dans le film ? Je ne crois pas. Sauf à la toute fin qui a un grand moment cucul après Aline. Lilou a beau être la figure de la sauveuse absolue, elle aura besoin de l'amour avec un grand A pour être sauvée. De l'amour d'un homme, évidemment. Bon, il y a du sexisme dans cette conclusion. Je vais en reparler. Et en même temps, si Lilou était purement invulnérable, l'histoire serait vite pliée. Elle claque des doigts et paf, l'humanité est sauvée. C'est plus difficile de s'identifier aussi si elle était absolument parfaite. Donc, je trouve ça pas si mal que l'arc narratif nous rappelle qu'être surpuissante, c'est quand même très très fatigant et qu'il faut penser à se reposer de temps en temps. Sinon, elle mourra. Si une part de moi, bien badass, se reconnaît très très fort en Lilou, une autre reste très très terrienne. Flemme, juste flemme d'apprendre le taquendo tous les dimanches matins, il me reste encore ma table basse à repeindre. Très tôt, Lilou a représenté pour moi la super-héroïne par excellence. Mais c'est pas tant ses exploits qui m'ont marquée, que sa capacité à les accomplir seule et son indépendance d'esprit. J'ai vu le cinquième élément à la télé, comme tout enfant des années 90 qui se respecte. Je l'ai vu et revu. J'adorais le personnage de Lilou et je guettais toutes ses apparitions comme le messie. Le personnage masculin de Corben Dallas me laissait de marbre. J'étais donc bien contente que Lilou lui mette le flingue sur la tempe quand il l'embrasse sans sa permission. Ouais, pardon, mais on est là pour sauver la vie sur Terre, pas pour sauver les cons. Et quand j'y pense, c'est pas tant la figure de la sauveuse qui m'a marquée. Je ne suis pas devenue défenseuse de la planète, de la veuve ou de l'orphelin en la regardant. Non, ce qui m'a marquée, ce n'est pas la noblesse de son but, sauver le monde, c'est qu'elle le poursuit seule et qu'elle y arrive. Le même but, atteint en équipe, je pense que j'aurais moins accroché. Je ne suis pas très cliente de la Ligue des justiciers ou des trois mousquetaires. Je plaide coupable, c'est une vision très individualiste. Ce n'est sûrement pas dans l'air du temps des l'union fait la force ou de ensemble on va plus loin Mais c'est comme ça, une super-héroïne qui se la joue en mode solo, ça me laisse baba. Et la petite fille que j'étais a bien imprimé que toute seule, on pouvait soulever des montagnes. Comme une grande, comme une Lilou. Lilou vient donc renforcer très fort à mes yeux la figure de la femme hyper indépendante, autosuffisante. Alors qu'on nous répète à plusieurs reprises dans le film qu'elle est vulnérable, qu'elle a besoin d'aide. Mais ça, mon cerveau ne l'imprime pas. Et dans les faits, je ne suis même pas d'accord en fait. Elle demande de l'aide une fois à Corben quand elle tombe dans son taxi, et puis c'est tout. Jusqu'à la fameuse fin où là, oui, elle s'écroule et seul un baiser du prince chauve et charmant vient la rebooster. Je vais vraiment en reparler de cette fin. J'ai jamais perçu de véritable duo entre Lilou et Corben. C'est lui le rôle principal, mais je trouve pas qu'il fasse équipe. D'ailleurs, c'est ce que je trouve drôle, ils ont aucune stratégie en commun. Ils ont du mal à communiquer, résultat, elle, elle a une idée bien précise de ce qu'elle veut faire, lui aussi, mais lui, il lui court après parce qu'il sait pas où elle est. Après, elle tente un truc, mais elle n'a pas toutes les infos, donc il faut rattraper le coup. Pendant ce temps-là, il est parti régler un autre problème ailleurs. Bref, c'est le film d'action dans tous les sens, mais c'est le plan le moins millimétré de l'espace. En réalité, c'est par hasard que leurs chemins se croisent. Il se trouve qu'ils rament à peu près dans le même sens, donc ça tombe bien pour eux. Mais Lilou, avec ou sans Corben, elle déroule sa procédure, et sa procédure, c'est de sauver le monde, point. Avec ou sans aide. Lilou, c'est l'indépendance fondée sur l'action. Et ça, ça existe dans nos vies. sans avoir besoin d'être un alien ou une machine bien programmée. J'admire le fait que dans un environnement qu'elle ne connaît pas, sa stratégie n'est pas de s'arrêter ou d'hésiter, mais de faire à son idée. S'il y a un obstacle, on verra après, on s'adapte. C'est la stratégie de l'action. Elle ne demande pas d'avis, pas de conseils, elle agit. Franchement, réfléchir avant d'agir, c'est surcoté. En parallèle de ce côté hyper indépendant, Lilou... a un côté enfantin très spontané. C'est dû au fait qu'elle est techniquement née hier, dans un nouveau corps, et qu'elle doit tout réapprendre. Mais ça, c'est un trope récurrent dans la science-fiction qui a pas mal d'aspects problématiques en réalité. Je vous invite à voir la vidéo de Pop Culture Détective dans les notes de l'épisode, qui décrypte très bien ce trope. En anglais, ça s'appelle Born Sexy Yesterday, qui est né sexy hier. Et c'est vrai que c'est pas neutre de créer un personnage avec un esprit complètement naïf dans le corps d'une femme adulte, généralement très sexualisée et désirée. En gros, l'intérêt d'un personnage born sexy yesterday comme Lilou, c'est qu'il n'a aucun code socio. Et ça, ça va valoriser le protagoniste masculin, qui va l'aider à se repérer, qui du coup sert à quelque chose, et qui au passage n'a plus vraiment besoin de travailler sur ses compétences relationnelles puisque sa nouvelle copine n'a aucune exigence. Ah, sûr que ça en arrangerait certains si toutes les femmes puissantes étaient aussi un peu attardées. Il y a une bonne base patriarcale derrière l'écriture de Lilou. Pourtant, je continue d'aimer son côté enfantin, qui, je trouve, est même parfois un atout pour démonter les certitudes du patriarcat. Comme Lilou n'a aucun code, justement, aucun a priori. Elle suit vraiment son instinct, elle voit le monde sans filtre, et sans être influencée par les réactions des hommes. Elle n'agit pas en fonction d'eux, elle s'en tape. C'est quelque chose que je lui emprunte volontiers pour suivre mes envies profondes. Elle aime le poulet rôti, elle y va à fond. Elle est attirée par des objets, certaines choses lui plaisent, d'autres la font rire, d'autres non. Elle essaye tout, c'est tout sauf faible, c'est vivant. Lilou est née hier, mais elle n'est pas du tout un cerveau ou un cœur vide à remplir par un maître à penser. Elle a déjà son petit monde intérieur. Et pour moi, si ça marche dans le cinquième élément, c'est premièrement parce que... personne n'abuse de l'innocence de Lilou, par exemple de sa tendance à se déshabiller n'importe où. Et deuxièmement, parce qu'en suivant Lilou quelques jours seulement, on la voit progresser à une vitesse phénoménale. Elle ne fait pas que suivre sa mission d'être suprême, elle trace sa route aussi, en faisant ses petits pas de côté enfantin. Et ça, ça fait que j'ai juste hâte de la voir croître à une vitesse exponentielle. Lilou, c'est la femme indépendante d'un côté, porté par l'enfant spontané de l'autre. Dans les deux cas, sa puissance est dans l'action. Double effet kiss-cool. Si je considère Lilou comme un rôle féministe, en revanche, le cinquième élément est un film souvent misogyne. Il est régulièrement décrié pour ça, aujourd'hui accusé d'avoir mal vieilli ou qu'un certain nombre de scènes feraient grincer des dents. Déjà, à part Lilou, il n'y a aucun rôle féminin approfondi. Juste des figurantes hyper sexualisées, et on s'enquille moultes stéréotypes qui vont de l'hôtesse de l'air cruche à la vieille mère acariâtre qui crie au téléphone. Bref, c'est un film 100% syndrome de la schtroumpfette. Lilo est l'unique rôle féminin valable et désiré par le rôle principal. Précision intéressante, Luc Besson a écrit la trame du scénario du cinquième élément quand il était au lycée. Il l'a réalisé avec un budget colossal une fois célèbre, mais en fait... C'est son rêve d'ado, réalisé avec de très gros moyens. Et c'est déjà moins étonnant qu'on soit sur une intrigue conventionnelle, hyper bien réalisée, prenante, mais formatée. C'est l'histoire du bien qui doit vaincre le mal, c'est le héros qui embrasse la fille à la fin. On va pas bouleverser les codes avec ça. Personnellement, ça m'empêche pas d'apprécier le film. Je suis même pas remontée contre cette fin où pour activer la puissance du cinquième élément, il faut que Corben Dallas déclare son amour à Lilou et l'embrasse. C'est pas plus stéréotypé que Blanche-Neige ou que La Belle au bois dormant, mais version intergalactique. Au moins, et surtout... Le film a le mérite de ne pas nous promettre un et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants La dernière scène du film, c'est Lilou et Corben qui font l'amour dans le laboratoire. Ok, j'imagine qu'il faut bien nous montrer que cet amour a été consommé pour notre ado intérieur libidineux qui n'attend que ça. C'est le happy end. Mais ça s'arrête là. Et c'est pas plus mal que ça s'arrête là. Parce que je réalise que je me suis jamais dit que Lilou et Corben finiraient le reste de leur vie ensemble. Là, ils s'aiment, tant mieux pour eux. Mais on l'a vu, à la vitesse à laquelle Lilou progresse et retrouve ses capacités, elle va pas tarder à s'ennuyer avec un Corbin Dallas. Donc, ok, aujourd'hui, ils font l'amour, mais après-demain, elle va repartir sauver une autre galaxie, là, c'est sûr. Je me suis toujours dit ça. J'attendais qu'une chose, d'ailleurs, c'était un autre film pour raconter les aventures de Lilou. Mais si justement je projetais cette idée, c'est que je pouvais l'imaginer. Et la fin du film restait suffisamment ouverte pour ça. Alors j'entends. Une des critiques du cinquième élément, c'est de dire que ça véhicule un message problématique. Parce qu'en racontant que l'être suprême conclut avec un mec pas suprême du tout, ça transmet le message que les femmes devraient se contenter d'un homme moyen, alors que l'homme moyen, lui, pourrait tout à fait aspirer à être avec la femme parfaite. Je veux dire, cette jeune femme est le bien le plus précieux de l'humanité. Elle est parfaite. Lilou c'est ce rôle de femme surhumaine, inatteignable. Une partie du public masculin et hétéro l'a sûrement idéalisée comme la femme à conquérir. Mais pour ma part, j'ai jamais perçu Lilou comme étant définitivement liée à Corben. Elle a un potentiel bien plus vaste que ça, qui dépasse largement ce que le film laisse entrevoir. En tout cas, c'est ce que moi j'ai idéalisé, j'ai imaginé, dès notre première rencontre. Mais c'est vrai qu'à 10 ans, on a la tête dans les étoiles. Alors ? On garde Lilou parmi nous ? On la convoque un peu dans notre vie de tous les jours ? Bien sûr, déjà si elle est là, l'humanité est sauvée. Ensuite, être héroïque, parfaite, tout savoir, c'est vrai que ça dépanne. Soyons badass autant que nous le pouvons, mais la puissance ne fait pas tout. Et c'est là que j'embrasse mon imperfection, la mienne, qui vaut bien celle d'un Corben Dallas. Lilou est une figure puissante mais qui manque parfois de complexité. Elle fonce dans le tas. Et elle me sert plutôt comme éclaireuse, pas comme une conseillère. C'est une force intérieure intense. Mais ses émotions semblent cloisonnées, vécues de manière fractionnée l'une après l'autre. Quand elle traverse un moment d'émotion, que ce soit le rire, le désespoir, la colère, Lilou y est totalement absorbée, sans nuance. Elle vit tout à 1000%. Mais ce manque de mixité émotionnelle la place en dehors de la communauté humaine. C'est ça qui l'isole. Grande protectrice de la vie, elle a de la compassion pour les humains, mais elle manque de communion avec eux. Nous, les humains qui ressentons tout et son contraire au même instant, pour véritablement communier, déjà avec moi-même et ensuite avec les autres, il me faut plus d'héroïne imparfaite, capable de naviguer entre des émotions mélangées. Et ça, ça s'apprend pas sur Wikipédia. Lilou incarne une perfection rare. à la fois forte et enfantine, indépendante et instinctive. Ses punchlines percutantes et sa détermination font d'elle un bulldozer qui perd jamais son objectif de vue. C'est un rôle idéalisé, à tel point qu'elle a échappé à son créateur pour devenir un personnage culte de la pop culture. Alors bien sûr, personne ne peut réellement atteindre la perfection de Lilou. Mais il est plaisant de savoir que nous pouvons être vus par quelqu'un d'autre avec ce regard idéalisé. Peut-être que quelqu'un, quelque part, voit en vous une Lilou, une version surhypée de vous-même. Vers l'infini et au delà! Merci d'avoir écouté Roll Titre. Si vous avez apprécié l'épisode, voici trois choses que vous pouvez faire. 1. Vous abonner à Roll Titre sur votre plateforme de podcast préférée et laisser 5 étoiles si c'est Apple Podcasts ou Spotify. 2. Rejoindre la newsletter de Roll Titre ou son compte Instagram pour découvrir encore plus de contenu inspirant. Et troisièmement, me soutenir financièrement par une donation sur la plateforme Ko-fi. Je vous explique tout en détail dans les notes de l'épisode. Une dernière chose, Roll Titre abrite les femmes de fiction qui appartiennent à mon panthéon intérieur. mais leur voix ne peut se propager que grâce à vous. Parler du podcast autour de vous, partager ses épisodes sur les réseaux sociaux, c'est faire entendre la voix de ces héroïnes à des auditeurs toujours plus nombreux. Je vous dis à très vite pour lever le rideau sur une prochaine héroïne. Et si vous avez accueilli en vous un fragment de celle d'aujourd'hui, faites entendre sa voix, faites résonner au titre.

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