- Speaker #0
Bienvenue dans Science NUM, le podcast de Télécom Sud Paris. La Grande École d'ingénieurs du numérique fait partie de l'Institut Polytechnique de Paris. Je suis Annick Dechenet. Dans ce podcast, je reçois des chercheuses et des chercheurs pour qu'ils nous exposent leurs travaux et leurs découvertes. L'idée, c'est de partager avec vous les savoirs qui sont produits dans les laboratoires de recherche. Aujourd'hui, on va parler d'une innovation technologique autour de la cybersécurité du véhicule connecté. et qui a été développée dans le cadre d'une collaboration entre la recherche publique et le monde industriel. Pour ce nouvel épisode, je reçois Badis Ami.
- Speaker #1
Bonjour Annick.
- Speaker #0
Et Mohamed Chérif Raal.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Vous connaissez le principe du podcast, chacun se présente. Badis ?
- Speaker #1
Je suis Badis Ami, je suis maître de conférence en cybersécurité à Télécom Sud Paris et je travaille principalement sur la sécurité des véhicules connectés et autonomes.
- Speaker #0
Ok, et vous Mohamed Chérif ?
- Speaker #2
Alors moi je suis Mohamed Chérif Rahal, je suis directeur d'un domaine d'activité qui est autour du véhicule automatisé connecté au sein de l'Institut VDECOM, qui est une fondation partenariale public-privé qui mène des recherches sur la mobilité au sens large.
- Speaker #0
Alors on aimerait comprendre la genèse de votre collaboration, donc dans un premier temps, qui a contacté qui, qui avait besoin de qui, comment s'est passé votre rencontre Mohamed Chérif ?
- Speaker #2
Nous, au sein de VD.com, on traite, comme je le disais tout à l'heure, des problématiques de mobilité au sens large. Et dans le cadre de nos travaux de recherche dans mon domaine d'activité, qui est autour du véhicule automatisé et connecté, on s'est intéressé aux échanges que pouvait avoir le véhicule avec le monde extérieur, c'est-à-dire avec les autres véhicules et avec l'infrastructure environnante. Et dans ce cadre-là, on a avancé sur un certain nombre de sujets techniques et même scientifiques. et on s'est aperçu... en arrivant au bout de nos recherches, qu'il nous manquait une brique essentielle qui était celle de la cybersécurité, qui protégeait les données des usagers, du véhicule lui-même et en dehors du véhicule, et la fiabilité des données transférées entre le véhicule et l'infrastructure. Donc ça, c'est le besoin autour de la cybersécurité. Et ensuite, en cherchant dans mon réseau, je me suis rappelé que Badis avait fait une thèse sur le sujet. Alors, il adressait un certain nombre d'eux. thématique sur la cybersécurité du cloud et il s'est intéressé petit à petit dans ses travaux de recherche et dans son évolution scientifique et technique sur les aspects véhiculaires. Et c'est là où j'ai contacté Badis pour entamer une collaboration sur le sujet.
- Speaker #0
Et pour vous, Badis, quel était le besoin ?
- Speaker #1
Dans les thématiques de recherche à laquelle je m'intéresse, la problématique de la sécurisation des communications véhiculaires entre véhicules et ou entre véhicules et un et l'une des thématiques clés. Donc là, notre besoin de notre côté, c'est d'avoir l'expérience d'un organisme tel que VD.com. Et ce qui nous intéresse, c'est de savoir ce qui se passe réellement dans le monde industriel. Si on veut proposer des solutions, si on veut implémenter nos solutions et les tester, il faudrait mieux qu'elles soient sur le terrain. Et VD.com, ils ont cette expérience-là. Ils connaissent les standards et ils connaissent tout ce qui se fait au niveau du véhicule connecté. et autonome, et surtout du véhicule autonome, et ça nous intéresse particulièrement.
- Speaker #0
On comprend donc qu'il y avait des besoins des deux côtés. Maintenant, comment s'est fait le montage du projet ? Quelle forme a-t-il pris ? Qu'est-ce que vous avez choisi ?
- Speaker #2
On a choisi, étant donné la problématique et l'étendue du problème, on a choisi de faire une collaboration autour d'une thèse cofinancée. On a identifié le virus technologique et les leviers scientifiques pour le résoudre. Donc le verrou technologique a été identifié par VD.com, les leviers scientifiques et de recherche ont été identifiés par Badis. Et on a décidé de monter un projet de thèse de trois ans afin de résoudre cette problématique.
- Speaker #1
Effectivement, comme disait Mohamed Chérif, le projet c'est un projet de thèse et sur cette thèse il va y avoir deux aspects. Donc l'aspect mobilité. l'aspect intelligence artificielle qui est plus la spécialité de VDCOM et la partie ou la brique cybersécurité qui est plus l'expérience de l'équipe de Télécom Sud Paris.
- Speaker #0
Alors sur quoi porte la thèse ? Quel est le sujet de la collaboration ?
- Speaker #1
Le sujet s'articule autour de la sécurité des SDV. En anglais, ça veut dire Software Defined Vehicles. Les SDV, c'est un nouveau concept, une nouvelle architecture vers laquelle Quasiment tous les véhicules vont aller. Ça correspond à quoi exactement ? Pour l'expliquer, je vais donner un autre exemple. Si vous connaissez Microsoft Word ou Excel, avant, on les installait nous-mêmes, on payait la liste. sur nos propres ordinateurs, mais actuellement avec la version sur le cloud, on n'installe rien, on a un service sur le cloud, on paye pour l'avoir. Pour les véhicules, c'est exactement la même chose. Avant, on avait la pièce, on avait le véhicule, et on avait le firmware qui est installé sur la pièce elle-même, sur l'ordinateur de bord ou autre. Actuellement, ça évolue vers ce qu'on appelle les véhicules basés software, donc les SDV ou les software. Defined Vehicles. Et ce concept, c'est qu'au lieu d'avoir un véhicule rigide, qu'on ne peut pas vraiment faire évoluer, parce que pour faire évoluer un ancien véhicule, il faudrait remplacer la pièce ou bien enlever l'ancienne pièce, flasher un nouveau firmware et la remettre. Actuellement, tout se fait via le cloud. Donc le véhicule va recevoir des sortes de mises à jour et cette mise à jour va modifier le fonctionnement de la pièce. du firmware et ainsi de suite. Ça peut aller sur de nombreux aspects, du fonctionnement même du véhicule, comme la conduite autonome. Il y a eu une nouvelle mise à jour, le véhicule va avoir une meilleure efficacité ou un meilleur algorithme pour décider des routes, décider de la conduite autonome, comme ça peut être juste pour ce qu'on appelle l'infotainment, les usagers, les enfants derrière qui vont avoir des applications, des jeux vidéo et ainsi de suite. Cette nouvelle tendance... Elle va être adoptée parce qu'elle offre énormément d'avantages pour les véhicules, pour les constructeurs automobiles, pour les usagers. Mais en contrepartie, elle ouvre le champ à de nombreux problèmes de sécurité. Le véhicule devient un peu comme un smartphone, on peut télécharger des applications. Et donc, dans cette thèse-là, on s'intéresse principalement à la sécurité de ce type d'architecture.
- Speaker #0
Et vous, côté constructeur, Mohamed Chérif ?
- Speaker #2
Oui. Nous, en termes de mobilité connectée, on a un certain savoir-faire. On a également des prototypes de véhicules expérimentaux. On a même des cœurs de réseau et des clouds ou des edges qui nous sont propres, ce qui nous permet de faire ce type d'expérimentation. Et on a également des composants qu'on flashait. Ces composants-là sont fabriqués par VD.com et mis dans les véhicules. et donc on pourra réaliser toutes les expérimentations nécessaires. pour démontrer la fiabilité et la faisabilité de la méthode qui sera proposée par la doctorante et encadrée par les deux parties, sur un prototype réel. Donc on va faire une preuve de concept, on démontrera et on publiera sous forme scientifique. Il y aura même des démonstrations physiques qui seront autour de ce travail-là, ce qui poussera la recherche vers l'industrie et ce qui montrera un objet industriel. réel, physique, qui tourne avec ces algorithmes-là et ces méthodes-là.
- Speaker #1
Et ça nous permet de pousser à un autre niveau nos résultats, nos expériences, d'avoir des jeux de données réels et ainsi de suite. Ça nous fait sortir un peu de la recherche purement théorique, sans application sur un produit réel.
- Speaker #0
Et il y a un bénéfice aussi pour vous chez VDcom, Mohamed Sherif ?
- Speaker #2
De notre côté ? On a beaucoup de travaux sur la connectivité, sur la connectivité véhicule-véhicule-véhicule-infrastructure, sur la partie software embarquée dans le véhicule. Et on a identifié la brique manquante ou les chaînons manquants pour que ces prototypes-là ou ces outils-là sortent sur la route. C'est comment sécuriser les données qui transitent de ou vers le véhicule et s'assurer que la donnée ne va pas venir mettre en péril le fonctionnement global du véhicule. Cette fonctionnalité-là, c'est la cybersécurité et on ne l'avait pas du tout. On a déjà travaillé auparavant sur la détection d'intrusions, la détection de faux messages, mais aller jusqu'à une typologie de message qui rentre à l'intérieur du véhicule, on ne l'a jamais fait et on ne l'a jamais abordé auparavant. Et donc la collaboration va permettre cela assez rapidement, parce que trois ans, ça paraît lent, mais c'est court dans un processus de recherche. dans un processus de transfert vers une industrialisation à un certain niveau ou vers l'industrie avec un niveau de fiabilité acceptable, se fera au travers de cette thèse-là et au travers de cette collaboration.
- Speaker #0
Et au-delà de ça, il y a le volet communication qui est très important. Comment ça s'organise ?
- Speaker #2
Il y a deux sortes de conférences. Il y a les conférences où on souhaite montrer des résultats de travaux proches de l'industrie. Ça, c'est VDCom, c'est très bien le faire. et on s'appuie bien évidemment sur les compétences de BADIS. Il y a des conférences où on souhaite aller présenter et faire challenger le travail scientifique qui a été réalisé avec des... experts de cybersécurité. Et là, je pense que c'est plus le choix d'un chercheur académique que d'un chercheur industriel ou d'un chercheur chez VDcom.
- Speaker #0
Et c'est quoi votre message aux industriels qui peuvent avoir des problématiques d'innovation ?
- Speaker #1
Il faut bien cibler une équipe de recherche, se rapprocher d'eux et entamer une collaboration. Par exemple, dans notre domaine, la cybersécurité, il y a le campus cyber qui est un excellent lieu. de rencontres et qui permet de pousser les collaborations, de découvrir les partenaires.
- Speaker #0
Vous pouvez rappeler ce que c'est que le campus cyber ?
- Speaker #1
Le campus cyber, c'est le lieu privilégié pour la cybersécurité en France. Alors, il a été créé suite à l'initiative du président de la République. Et le but, c'est d'avoir un lieu où il va y avoir des industriels qui travaillent dans le domaine de la cybersécurité, des chercheurs et des académiques. Donc là, il y a... certaines écoles d'ingénieurs qui travaillent dans le domaine de la cybersécurité, énormément d'entreprises nationales et internationales qui travaillent dans le domaine de la cybersécurité et des chercheurs qui travaillent dans le domaine de la cybersécurité aussi. Et le but, c'est que tous ces acteurs-là travaillent dans un seul endroit et qu'ils profitent les uns des expériences des autres. Donc l'information, elle va véhiculer beaucoup plus facilement entre ces différents acteurs.
- Speaker #0
Finalement, qu'est-ce que vous pourriez dire de la collaboration industrie-laboratoire de recherche publique ?
- Speaker #1
Pour nous, c'est très bénéfique parce que ça donne une autre dimension à la qualité de la recherche. Ça nous permet de faire des implémentations sur le terrain, de faire des tests, des validations. Et ça donne une autre dimension aux résultats, à la recherche qu'on produit.
- Speaker #2
Moi, je dirais que ce type de collaboration apporte le chaînon manquant. entre l'industrie et la recherche fondamentale ou la recherche académique, dans la mesure où on rapproche les chercheurs académiques des réalités du terrain et on essaye d'expliquer les grandes théories scientifiques de la recherche académique à des ingénieurs ou à des chercheurs de l'industrie.
- Speaker #0
Merci à nos deux invités. Badi Samy et Mohamed Chérifraal d'avoir accepté de participer à cet entretien. Vous nous avez expliqué comment deux mondes qui semblent éloignés l'un de l'autre peuvent nouer des relations de partenariat pour faire avancer la recherche et l'innovation. Ce podcast Science Nume que vous venez d'écouter est soutenu depuis maintenant trois ans par le Carnot Télécom et Société Numérique. Vous pouvez retrouver tous les épisodes précédents sur vos plateformes d'écoute préférées. A bientôt pour un prochain épisode.