Quel est le rôle des académiques dans la standardisation ? cover
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Sciences Num.

Quel est le rôle des académiques dans la standardisation ?

Quel est le rôle des académiques dans la standardisation ?

10min |04/04/2024
Play
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Description

Dans ce 7e et dernier épisode de la saison 4, nous nous intéressons à la standardisation dans les technologies au niveau international avec Marius Preda, professeur au département Advanced Research and Techniques for Multidimensional Imaging Systems de Télécom SudParis.          


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    Sous-titrage Société Radio-Canada Bienvenue sur Science NUM, le podcast de Télécom Sud Paris. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Marius Preda, et on va parler d'un sujet original qui intéresse les entreprises, puisqu'il s'agit de la standardisation. Bonjour Marius.

  • #1

    Bonjour Annick.

  • #0

    Vous connaissez la maison, Marius, et vous savez qu'on démarre par une petite présentation express.

  • #1

    Très bien, donc Marius Preda, conseiller en chercheur à Télécom Sud Paris, qui est une des écoles de l'Institut Mines Télécom. mais aussi de l'Institut Polytechnique de Paris. Je suis également le conveneur d'un groupe de standardisation qui s'appelle MPEG 3D Graphics, de Graphics 3D, un groupe appartenant à l'ISO, c'est un autre acronyme, qui vient de International Standard Organization. Et ce groupe développe des standards pour des technologies pour la représentation et la compréhension des contenus 3D.

  • #0

    Alors Marius, vous avez employé un mot et une fonction, conveneur. Qu'est-ce que c'est exactement ?

  • #1

    Oui, un conveneur c'est principalement le responsable d'un groupe de standardisation. Il a deux rôles. Un rôle opérationnel pour assurer que les experts qui représentent différentes organisations se mettent d'accord sur les technologies à utiliser lors du développement de ce standard. Et pour. la mise en place de standards, mais aussi un rôle plus stratégique pour identifier les domaines pour lesquels des standards sont nécessaires.

  • #0

    Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les experts ont besoin de se mettre d'accord ?

  • #1

    Très bien, ça c'est la question fondamentale, pourquoi on a besoin des standards. La nécessité de disposer des standards et donc de se mettre d'accord sur des technologies, formats de données, interfaces, viennent principalement de la complexité du monde qui nous entoure. Aujourd'hui, tout est connecté. Ce n'est plus une surprise pour personne. Et il est très rare qu'un seul acteur économique puisse contrôler l'intégralité de la chaîne de contenu. Typiquement, prenons un cas simple, le cas des images, mais c'est aussi valable pour d'autres médias, pour la vidéo ou pour la 3D. Il existe une multitude d'appareils qui nous permettent de capturer une image. Il existe aussi de multiples moyens de transmettre cette image, comme de l'autre côté, côté de la réception. Il existe de multiples dispositifs pour afficher cette image. Donc, sans disposer d'un standard qui met d'accord tout le monde, les fabricants des dispositifs, les opérateurs de télécom, de comment traiter cette image, il est impossible d'avoir l'application, la simple application de visualiser cette image.

  • #0

    Ok. Et à quel niveau se fait la standardisation alors ?

  • #1

    Dans notre monde technologique, la standardisation est faite au niveau international. Bien sûr, il existe. des standards nationaux, mais qui sont en général des transcriptions des standards internationaux. Nous avons connu pendant les 30 dernières années, même si on ne les appelle plus les années glorieuses, il s'agit des années glorieuses toutefois pour la technologie et pour la standardisation, parce que nous avons connu une ouverture qui a été amenée par la mondialisation. Donc c'est une période où les standards internationaux dans les technologies se sont largement développés et déployés au niveau international. Juste un petit bémol, même si la partie ouverture internationale est très importante, nous pouvons constater actuellement des tendances pour créer des standards plus régionaux, qui sont des tendances à la lumière de ce qui se passe dans notre monde actuel, où on remarque une certaine polarisation. Toutefois, dans les standards technologiques, on peut imaginer que la puissance d'avoir des standards uniques au niveau mondial va prévaloir sur cette... tendance nocive pour développer des standards régionaux.

  • #0

    Et où en êtes-vous dans la standardisation au niveau international ?

  • #1

    Ok, donc on revient dans mon domaine spécifique, qui est celui de la standardisation des technologies pour la représentation et compression des contenus 3D. Nos derniers projets portent sur le développement des standards pour les applications immersives. On parle de plus en plus de réalité augmentée, de métaverse, de réalité virtuelle. Et juste pour vous donner des exemples, Sur les standards sur lesquels nous travaillons actuellement, on peut citer un standard pour la représentation 3D pour la réalité virtuelle. On imagine avoir des programmes en 3D, des théâtres, des ballets. Ce sont des projets sur lesquels nous travaillons actuellement. Et donc l'idée, c'est de faire une transmission 3D immersive de ce type de contenu. Pour pouvoir créer ce type de service, ce type d'application, il faut aussi se mettre d'accord sur le formalisme qu'on va utiliser pour représenter ces contenus. Comme je donnais l'exemple des images tout à l'heure, il faut que tout le monde puisse se mettre autour de la table pour définir un standard commun pour la capture de ce type de contenu, pour la transmission et pour la visualisation en réalité virtuelle.

  • #0

    Et comment vous fonctionnez tous ensemble pour vous mettre d'accord ?

  • #1

    Oui, c'est une très bonne question. Pour créer un standard, tout part d'un besoin identifié. C'est un mix entre ce que la technologie peut faire et ce que l'utilisateur veut avoir. Si on prend le cas de la transmission d'un programme artistique, par exemple un ballet, qu'on veut visualiser en 3D en réalité virtuelle, quelque part on a identifié qu'il y a le potentiel technologique pour créer ce type d'application et qu'il y a un intérêt économique pour des acteurs industriels à mettre en place ce type d'application parce qu'ils retrouvent des usages du côté utilisateur. Et donc la question c'était comment ? On fonctionne. Une fois que ce besoin est identifié, nous allons le décortiquer dans des nécessités techniques et technologiques, ce qu'on appelle des requirements, qui nous permettent de mettre en place une compétition. C'est une compétition ouverte au niveau international, au niveau mondial, où nous attendons, en réponse à cette compétition, des propositions techniques pour les résoudre. On va... identifier la meilleure solution dans cette compétition. Mais ce n'est pas cette solution qui va devenir le standard, mais ça va être le point de départ pour le développement du standard. Ça nous prend en général 2-3 ans, pendant lesquels, dans différentes conférences qu'on organise plusieurs fois par an, on va améliorer cette solution initiale pour arriver aux performances qu'on avait initialement identifiées comme nécessaires pour que le service ou l'application existe.

  • #0

    Marius, dites-nous, qui assiste à ce type de conférences ?

  • #1

    J'ai envie de dire que tous les acteurs industriels et académiques de la planète qui comptent. Donc tous ceux qui ont quelque chose à dire dans un domaine spécifique, ils sont présents dans ces comités de standardisation. Sans citer des noms, parce que ce n'est peut-être pas le bon cadre, dans le domaine du multimédia, on retrouve... Les constructeurs des dispositifs de capture, les constructeurs des dispositifs de lecture du contenu, les opérateurs téléphoniques, ceux qui créent des applications, mais tous les grands nombres de la planète sont présents. Mais il ne faut pas oublier aussi l'existence très importante des grands laboratoires de recherche.

  • #0

    Et pourquoi un enseignant-chercheur académique participe-t-il à ce processus ?

  • #1

    Pour un enseignant-chercheur en général, pas seulement pour moi ou pour les enseignants-chercheurs de Télécom Sud Paris, Participer à la standardisation peut s'avérer très bénéfique, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, ça nous permet à nous, des enseignants-chercheurs, d'avoir une plateforme pour appliquer vraiment nos recherches, dans des cas réels et concrets. Bien sûr. Dans les laboratoires, il y a beaucoup de progrès de la science, mais mettre cette science dans des cas concrets peut apporter encore d'autres problématiques. Et donc, ça nous donne encore plus des champs d'intérêt sur lesquels on peut travailler. En plus, les activités de standardisation rassemblent des experts de différents domaines. Et ça nous donne, nous, des enseignants-chercheurs, des opportunités de collaborer avec des professionnels qui viennent aussi bien de l'industrie, mais aussi d'autres universitaires. ou des académiques, d'autres participants dans des laboratoires de recherche. Donc d'un point de vue réseau, ça donne un accès privilégié à des groupes qui sont experts dans un domaine spécifique et qui ont des intérêts communs.

  • #0

    D'accord.

  • #1

    Un autre aspect très important, c'est aussi notre capacité de pouvoir influencer ce que ces comités de standardisation font. Et donc, quelque part, on peut... Peut-être pas jusqu'à aligner les activités de standardisation sur notre propre intérêt de recherche, mais quelque part les synchroniser. Et bien sûr, personnellement, en qualité de responsable de ce groupe de standardisation dans MPEG 3D Graphics, je retrouve aussi d'autres types d'avantages, comme cette possibilité de guider la direction. Comme je l'ai dit au début, j'ai aussi un rôle stratégique pour définir les priorités du groupe. Il y a une interaction privilégiée avec tous les meilleurs experts du domaine et un accès à l'information qui est absolument inédit et privilégié.

  • #0

    Dernière question, j'imagine qu'il y a un retour sur l'enseignement dispensé à l'école.

  • #1

    Bien sûr, il ne faut jamais oublier nos étudiants. C'est quelque chose d'encore plus large, parce que les résultats de la recherche sont injectés dans l'offre qu'on prépare pour nos étudiants. Le fait de participer à la standardisation peut apporter quelque chose de plus, peut apporter aussi une analyse des tendances, que ce soit bien des tendances de la recherche, mais aussi des tendances du monde industriel. Ça peut apporter des relations. Il nous arrive... Très souvent de mettre en relation nos étudiants avec nos partenaires dans la standardisation. que ce soit pour leur stage, voire même pour leur début de carrière.

  • #0

    Merci Marius Preda de vous être prêté à l'exercice de l'interview.

  • #1

    Merci à vous.

  • #0

    Et de nous avoir éclairé sur le rôle des académiques dans le processus de standardisation. Pour bien comprendre, les standards les plus utilisés aujourd'hui sont ceux qui ont suivi un processus bien défini. C'était Science Nume, un podcast soutenu par le Carnot Télécom et Société Numérique. Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver l'ensemble des épisodes sur vos plateformes d'écoute préférées. A bientôt !

Description

Dans ce 7e et dernier épisode de la saison 4, nous nous intéressons à la standardisation dans les technologies au niveau international avec Marius Preda, professeur au département Advanced Research and Techniques for Multidimensional Imaging Systems de Télécom SudParis.          


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    Sous-titrage Société Radio-Canada Bienvenue sur Science NUM, le podcast de Télécom Sud Paris. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Marius Preda, et on va parler d'un sujet original qui intéresse les entreprises, puisqu'il s'agit de la standardisation. Bonjour Marius.

  • #1

    Bonjour Annick.

  • #0

    Vous connaissez la maison, Marius, et vous savez qu'on démarre par une petite présentation express.

  • #1

    Très bien, donc Marius Preda, conseiller en chercheur à Télécom Sud Paris, qui est une des écoles de l'Institut Mines Télécom. mais aussi de l'Institut Polytechnique de Paris. Je suis également le conveneur d'un groupe de standardisation qui s'appelle MPEG 3D Graphics, de Graphics 3D, un groupe appartenant à l'ISO, c'est un autre acronyme, qui vient de International Standard Organization. Et ce groupe développe des standards pour des technologies pour la représentation et la compréhension des contenus 3D.

  • #0

    Alors Marius, vous avez employé un mot et une fonction, conveneur. Qu'est-ce que c'est exactement ?

  • #1

    Oui, un conveneur c'est principalement le responsable d'un groupe de standardisation. Il a deux rôles. Un rôle opérationnel pour assurer que les experts qui représentent différentes organisations se mettent d'accord sur les technologies à utiliser lors du développement de ce standard. Et pour. la mise en place de standards, mais aussi un rôle plus stratégique pour identifier les domaines pour lesquels des standards sont nécessaires.

  • #0

    Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les experts ont besoin de se mettre d'accord ?

  • #1

    Très bien, ça c'est la question fondamentale, pourquoi on a besoin des standards. La nécessité de disposer des standards et donc de se mettre d'accord sur des technologies, formats de données, interfaces, viennent principalement de la complexité du monde qui nous entoure. Aujourd'hui, tout est connecté. Ce n'est plus une surprise pour personne. Et il est très rare qu'un seul acteur économique puisse contrôler l'intégralité de la chaîne de contenu. Typiquement, prenons un cas simple, le cas des images, mais c'est aussi valable pour d'autres médias, pour la vidéo ou pour la 3D. Il existe une multitude d'appareils qui nous permettent de capturer une image. Il existe aussi de multiples moyens de transmettre cette image, comme de l'autre côté, côté de la réception. Il existe de multiples dispositifs pour afficher cette image. Donc, sans disposer d'un standard qui met d'accord tout le monde, les fabricants des dispositifs, les opérateurs de télécom, de comment traiter cette image, il est impossible d'avoir l'application, la simple application de visualiser cette image.

  • #0

    Ok. Et à quel niveau se fait la standardisation alors ?

  • #1

    Dans notre monde technologique, la standardisation est faite au niveau international. Bien sûr, il existe. des standards nationaux, mais qui sont en général des transcriptions des standards internationaux. Nous avons connu pendant les 30 dernières années, même si on ne les appelle plus les années glorieuses, il s'agit des années glorieuses toutefois pour la technologie et pour la standardisation, parce que nous avons connu une ouverture qui a été amenée par la mondialisation. Donc c'est une période où les standards internationaux dans les technologies se sont largement développés et déployés au niveau international. Juste un petit bémol, même si la partie ouverture internationale est très importante, nous pouvons constater actuellement des tendances pour créer des standards plus régionaux, qui sont des tendances à la lumière de ce qui se passe dans notre monde actuel, où on remarque une certaine polarisation. Toutefois, dans les standards technologiques, on peut imaginer que la puissance d'avoir des standards uniques au niveau mondial va prévaloir sur cette... tendance nocive pour développer des standards régionaux.

  • #0

    Et où en êtes-vous dans la standardisation au niveau international ?

  • #1

    Ok, donc on revient dans mon domaine spécifique, qui est celui de la standardisation des technologies pour la représentation et compression des contenus 3D. Nos derniers projets portent sur le développement des standards pour les applications immersives. On parle de plus en plus de réalité augmentée, de métaverse, de réalité virtuelle. Et juste pour vous donner des exemples, Sur les standards sur lesquels nous travaillons actuellement, on peut citer un standard pour la représentation 3D pour la réalité virtuelle. On imagine avoir des programmes en 3D, des théâtres, des ballets. Ce sont des projets sur lesquels nous travaillons actuellement. Et donc l'idée, c'est de faire une transmission 3D immersive de ce type de contenu. Pour pouvoir créer ce type de service, ce type d'application, il faut aussi se mettre d'accord sur le formalisme qu'on va utiliser pour représenter ces contenus. Comme je donnais l'exemple des images tout à l'heure, il faut que tout le monde puisse se mettre autour de la table pour définir un standard commun pour la capture de ce type de contenu, pour la transmission et pour la visualisation en réalité virtuelle.

  • #0

    Et comment vous fonctionnez tous ensemble pour vous mettre d'accord ?

  • #1

    Oui, c'est une très bonne question. Pour créer un standard, tout part d'un besoin identifié. C'est un mix entre ce que la technologie peut faire et ce que l'utilisateur veut avoir. Si on prend le cas de la transmission d'un programme artistique, par exemple un ballet, qu'on veut visualiser en 3D en réalité virtuelle, quelque part on a identifié qu'il y a le potentiel technologique pour créer ce type d'application et qu'il y a un intérêt économique pour des acteurs industriels à mettre en place ce type d'application parce qu'ils retrouvent des usages du côté utilisateur. Et donc la question c'était comment ? On fonctionne. Une fois que ce besoin est identifié, nous allons le décortiquer dans des nécessités techniques et technologiques, ce qu'on appelle des requirements, qui nous permettent de mettre en place une compétition. C'est une compétition ouverte au niveau international, au niveau mondial, où nous attendons, en réponse à cette compétition, des propositions techniques pour les résoudre. On va... identifier la meilleure solution dans cette compétition. Mais ce n'est pas cette solution qui va devenir le standard, mais ça va être le point de départ pour le développement du standard. Ça nous prend en général 2-3 ans, pendant lesquels, dans différentes conférences qu'on organise plusieurs fois par an, on va améliorer cette solution initiale pour arriver aux performances qu'on avait initialement identifiées comme nécessaires pour que le service ou l'application existe.

  • #0

    Marius, dites-nous, qui assiste à ce type de conférences ?

  • #1

    J'ai envie de dire que tous les acteurs industriels et académiques de la planète qui comptent. Donc tous ceux qui ont quelque chose à dire dans un domaine spécifique, ils sont présents dans ces comités de standardisation. Sans citer des noms, parce que ce n'est peut-être pas le bon cadre, dans le domaine du multimédia, on retrouve... Les constructeurs des dispositifs de capture, les constructeurs des dispositifs de lecture du contenu, les opérateurs téléphoniques, ceux qui créent des applications, mais tous les grands nombres de la planète sont présents. Mais il ne faut pas oublier aussi l'existence très importante des grands laboratoires de recherche.

  • #0

    Et pourquoi un enseignant-chercheur académique participe-t-il à ce processus ?

  • #1

    Pour un enseignant-chercheur en général, pas seulement pour moi ou pour les enseignants-chercheurs de Télécom Sud Paris, Participer à la standardisation peut s'avérer très bénéfique, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, ça nous permet à nous, des enseignants-chercheurs, d'avoir une plateforme pour appliquer vraiment nos recherches, dans des cas réels et concrets. Bien sûr. Dans les laboratoires, il y a beaucoup de progrès de la science, mais mettre cette science dans des cas concrets peut apporter encore d'autres problématiques. Et donc, ça nous donne encore plus des champs d'intérêt sur lesquels on peut travailler. En plus, les activités de standardisation rassemblent des experts de différents domaines. Et ça nous donne, nous, des enseignants-chercheurs, des opportunités de collaborer avec des professionnels qui viennent aussi bien de l'industrie, mais aussi d'autres universitaires. ou des académiques, d'autres participants dans des laboratoires de recherche. Donc d'un point de vue réseau, ça donne un accès privilégié à des groupes qui sont experts dans un domaine spécifique et qui ont des intérêts communs.

  • #0

    D'accord.

  • #1

    Un autre aspect très important, c'est aussi notre capacité de pouvoir influencer ce que ces comités de standardisation font. Et donc, quelque part, on peut... Peut-être pas jusqu'à aligner les activités de standardisation sur notre propre intérêt de recherche, mais quelque part les synchroniser. Et bien sûr, personnellement, en qualité de responsable de ce groupe de standardisation dans MPEG 3D Graphics, je retrouve aussi d'autres types d'avantages, comme cette possibilité de guider la direction. Comme je l'ai dit au début, j'ai aussi un rôle stratégique pour définir les priorités du groupe. Il y a une interaction privilégiée avec tous les meilleurs experts du domaine et un accès à l'information qui est absolument inédit et privilégié.

  • #0

    Dernière question, j'imagine qu'il y a un retour sur l'enseignement dispensé à l'école.

  • #1

    Bien sûr, il ne faut jamais oublier nos étudiants. C'est quelque chose d'encore plus large, parce que les résultats de la recherche sont injectés dans l'offre qu'on prépare pour nos étudiants. Le fait de participer à la standardisation peut apporter quelque chose de plus, peut apporter aussi une analyse des tendances, que ce soit bien des tendances de la recherche, mais aussi des tendances du monde industriel. Ça peut apporter des relations. Il nous arrive... Très souvent de mettre en relation nos étudiants avec nos partenaires dans la standardisation. que ce soit pour leur stage, voire même pour leur début de carrière.

  • #0

    Merci Marius Preda de vous être prêté à l'exercice de l'interview.

  • #1

    Merci à vous.

  • #0

    Et de nous avoir éclairé sur le rôle des académiques dans le processus de standardisation. Pour bien comprendre, les standards les plus utilisés aujourd'hui sont ceux qui ont suivi un processus bien défini. C'était Science Nume, un podcast soutenu par le Carnot Télécom et Société Numérique. Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver l'ensemble des épisodes sur vos plateformes d'écoute préférées. A bientôt !

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Dans ce 7e et dernier épisode de la saison 4, nous nous intéressons à la standardisation dans les technologies au niveau international avec Marius Preda, professeur au département Advanced Research and Techniques for Multidimensional Imaging Systems de Télécom SudParis.          


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    Sous-titrage Société Radio-Canada Bienvenue sur Science NUM, le podcast de Télécom Sud Paris. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Marius Preda, et on va parler d'un sujet original qui intéresse les entreprises, puisqu'il s'agit de la standardisation. Bonjour Marius.

  • #1

    Bonjour Annick.

  • #0

    Vous connaissez la maison, Marius, et vous savez qu'on démarre par une petite présentation express.

  • #1

    Très bien, donc Marius Preda, conseiller en chercheur à Télécom Sud Paris, qui est une des écoles de l'Institut Mines Télécom. mais aussi de l'Institut Polytechnique de Paris. Je suis également le conveneur d'un groupe de standardisation qui s'appelle MPEG 3D Graphics, de Graphics 3D, un groupe appartenant à l'ISO, c'est un autre acronyme, qui vient de International Standard Organization. Et ce groupe développe des standards pour des technologies pour la représentation et la compréhension des contenus 3D.

  • #0

    Alors Marius, vous avez employé un mot et une fonction, conveneur. Qu'est-ce que c'est exactement ?

  • #1

    Oui, un conveneur c'est principalement le responsable d'un groupe de standardisation. Il a deux rôles. Un rôle opérationnel pour assurer que les experts qui représentent différentes organisations se mettent d'accord sur les technologies à utiliser lors du développement de ce standard. Et pour. la mise en place de standards, mais aussi un rôle plus stratégique pour identifier les domaines pour lesquels des standards sont nécessaires.

  • #0

    Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les experts ont besoin de se mettre d'accord ?

  • #1

    Très bien, ça c'est la question fondamentale, pourquoi on a besoin des standards. La nécessité de disposer des standards et donc de se mettre d'accord sur des technologies, formats de données, interfaces, viennent principalement de la complexité du monde qui nous entoure. Aujourd'hui, tout est connecté. Ce n'est plus une surprise pour personne. Et il est très rare qu'un seul acteur économique puisse contrôler l'intégralité de la chaîne de contenu. Typiquement, prenons un cas simple, le cas des images, mais c'est aussi valable pour d'autres médias, pour la vidéo ou pour la 3D. Il existe une multitude d'appareils qui nous permettent de capturer une image. Il existe aussi de multiples moyens de transmettre cette image, comme de l'autre côté, côté de la réception. Il existe de multiples dispositifs pour afficher cette image. Donc, sans disposer d'un standard qui met d'accord tout le monde, les fabricants des dispositifs, les opérateurs de télécom, de comment traiter cette image, il est impossible d'avoir l'application, la simple application de visualiser cette image.

  • #0

    Ok. Et à quel niveau se fait la standardisation alors ?

  • #1

    Dans notre monde technologique, la standardisation est faite au niveau international. Bien sûr, il existe. des standards nationaux, mais qui sont en général des transcriptions des standards internationaux. Nous avons connu pendant les 30 dernières années, même si on ne les appelle plus les années glorieuses, il s'agit des années glorieuses toutefois pour la technologie et pour la standardisation, parce que nous avons connu une ouverture qui a été amenée par la mondialisation. Donc c'est une période où les standards internationaux dans les technologies se sont largement développés et déployés au niveau international. Juste un petit bémol, même si la partie ouverture internationale est très importante, nous pouvons constater actuellement des tendances pour créer des standards plus régionaux, qui sont des tendances à la lumière de ce qui se passe dans notre monde actuel, où on remarque une certaine polarisation. Toutefois, dans les standards technologiques, on peut imaginer que la puissance d'avoir des standards uniques au niveau mondial va prévaloir sur cette... tendance nocive pour développer des standards régionaux.

  • #0

    Et où en êtes-vous dans la standardisation au niveau international ?

  • #1

    Ok, donc on revient dans mon domaine spécifique, qui est celui de la standardisation des technologies pour la représentation et compression des contenus 3D. Nos derniers projets portent sur le développement des standards pour les applications immersives. On parle de plus en plus de réalité augmentée, de métaverse, de réalité virtuelle. Et juste pour vous donner des exemples, Sur les standards sur lesquels nous travaillons actuellement, on peut citer un standard pour la représentation 3D pour la réalité virtuelle. On imagine avoir des programmes en 3D, des théâtres, des ballets. Ce sont des projets sur lesquels nous travaillons actuellement. Et donc l'idée, c'est de faire une transmission 3D immersive de ce type de contenu. Pour pouvoir créer ce type de service, ce type d'application, il faut aussi se mettre d'accord sur le formalisme qu'on va utiliser pour représenter ces contenus. Comme je donnais l'exemple des images tout à l'heure, il faut que tout le monde puisse se mettre autour de la table pour définir un standard commun pour la capture de ce type de contenu, pour la transmission et pour la visualisation en réalité virtuelle.

  • #0

    Et comment vous fonctionnez tous ensemble pour vous mettre d'accord ?

  • #1

    Oui, c'est une très bonne question. Pour créer un standard, tout part d'un besoin identifié. C'est un mix entre ce que la technologie peut faire et ce que l'utilisateur veut avoir. Si on prend le cas de la transmission d'un programme artistique, par exemple un ballet, qu'on veut visualiser en 3D en réalité virtuelle, quelque part on a identifié qu'il y a le potentiel technologique pour créer ce type d'application et qu'il y a un intérêt économique pour des acteurs industriels à mettre en place ce type d'application parce qu'ils retrouvent des usages du côté utilisateur. Et donc la question c'était comment ? On fonctionne. Une fois que ce besoin est identifié, nous allons le décortiquer dans des nécessités techniques et technologiques, ce qu'on appelle des requirements, qui nous permettent de mettre en place une compétition. C'est une compétition ouverte au niveau international, au niveau mondial, où nous attendons, en réponse à cette compétition, des propositions techniques pour les résoudre. On va... identifier la meilleure solution dans cette compétition. Mais ce n'est pas cette solution qui va devenir le standard, mais ça va être le point de départ pour le développement du standard. Ça nous prend en général 2-3 ans, pendant lesquels, dans différentes conférences qu'on organise plusieurs fois par an, on va améliorer cette solution initiale pour arriver aux performances qu'on avait initialement identifiées comme nécessaires pour que le service ou l'application existe.

  • #0

    Marius, dites-nous, qui assiste à ce type de conférences ?

  • #1

    J'ai envie de dire que tous les acteurs industriels et académiques de la planète qui comptent. Donc tous ceux qui ont quelque chose à dire dans un domaine spécifique, ils sont présents dans ces comités de standardisation. Sans citer des noms, parce que ce n'est peut-être pas le bon cadre, dans le domaine du multimédia, on retrouve... Les constructeurs des dispositifs de capture, les constructeurs des dispositifs de lecture du contenu, les opérateurs téléphoniques, ceux qui créent des applications, mais tous les grands nombres de la planète sont présents. Mais il ne faut pas oublier aussi l'existence très importante des grands laboratoires de recherche.

  • #0

    Et pourquoi un enseignant-chercheur académique participe-t-il à ce processus ?

  • #1

    Pour un enseignant-chercheur en général, pas seulement pour moi ou pour les enseignants-chercheurs de Télécom Sud Paris, Participer à la standardisation peut s'avérer très bénéfique, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, ça nous permet à nous, des enseignants-chercheurs, d'avoir une plateforme pour appliquer vraiment nos recherches, dans des cas réels et concrets. Bien sûr. Dans les laboratoires, il y a beaucoup de progrès de la science, mais mettre cette science dans des cas concrets peut apporter encore d'autres problématiques. Et donc, ça nous donne encore plus des champs d'intérêt sur lesquels on peut travailler. En plus, les activités de standardisation rassemblent des experts de différents domaines. Et ça nous donne, nous, des enseignants-chercheurs, des opportunités de collaborer avec des professionnels qui viennent aussi bien de l'industrie, mais aussi d'autres universitaires. ou des académiques, d'autres participants dans des laboratoires de recherche. Donc d'un point de vue réseau, ça donne un accès privilégié à des groupes qui sont experts dans un domaine spécifique et qui ont des intérêts communs.

  • #0

    D'accord.

  • #1

    Un autre aspect très important, c'est aussi notre capacité de pouvoir influencer ce que ces comités de standardisation font. Et donc, quelque part, on peut... Peut-être pas jusqu'à aligner les activités de standardisation sur notre propre intérêt de recherche, mais quelque part les synchroniser. Et bien sûr, personnellement, en qualité de responsable de ce groupe de standardisation dans MPEG 3D Graphics, je retrouve aussi d'autres types d'avantages, comme cette possibilité de guider la direction. Comme je l'ai dit au début, j'ai aussi un rôle stratégique pour définir les priorités du groupe. Il y a une interaction privilégiée avec tous les meilleurs experts du domaine et un accès à l'information qui est absolument inédit et privilégié.

  • #0

    Dernière question, j'imagine qu'il y a un retour sur l'enseignement dispensé à l'école.

  • #1

    Bien sûr, il ne faut jamais oublier nos étudiants. C'est quelque chose d'encore plus large, parce que les résultats de la recherche sont injectés dans l'offre qu'on prépare pour nos étudiants. Le fait de participer à la standardisation peut apporter quelque chose de plus, peut apporter aussi une analyse des tendances, que ce soit bien des tendances de la recherche, mais aussi des tendances du monde industriel. Ça peut apporter des relations. Il nous arrive... Très souvent de mettre en relation nos étudiants avec nos partenaires dans la standardisation. que ce soit pour leur stage, voire même pour leur début de carrière.

  • #0

    Merci Marius Preda de vous être prêté à l'exercice de l'interview.

  • #1

    Merci à vous.

  • #0

    Et de nous avoir éclairé sur le rôle des académiques dans le processus de standardisation. Pour bien comprendre, les standards les plus utilisés aujourd'hui sont ceux qui ont suivi un processus bien défini. C'était Science Nume, un podcast soutenu par le Carnot Télécom et Société Numérique. Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver l'ensemble des épisodes sur vos plateformes d'écoute préférées. A bientôt !

Description

Dans ce 7e et dernier épisode de la saison 4, nous nous intéressons à la standardisation dans les technologies au niveau international avec Marius Preda, professeur au département Advanced Research and Techniques for Multidimensional Imaging Systems de Télécom SudParis.          


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    Sous-titrage Société Radio-Canada Bienvenue sur Science NUM, le podcast de Télécom Sud Paris. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Marius Preda, et on va parler d'un sujet original qui intéresse les entreprises, puisqu'il s'agit de la standardisation. Bonjour Marius.

  • #1

    Bonjour Annick.

  • #0

    Vous connaissez la maison, Marius, et vous savez qu'on démarre par une petite présentation express.

  • #1

    Très bien, donc Marius Preda, conseiller en chercheur à Télécom Sud Paris, qui est une des écoles de l'Institut Mines Télécom. mais aussi de l'Institut Polytechnique de Paris. Je suis également le conveneur d'un groupe de standardisation qui s'appelle MPEG 3D Graphics, de Graphics 3D, un groupe appartenant à l'ISO, c'est un autre acronyme, qui vient de International Standard Organization. Et ce groupe développe des standards pour des technologies pour la représentation et la compréhension des contenus 3D.

  • #0

    Alors Marius, vous avez employé un mot et une fonction, conveneur. Qu'est-ce que c'est exactement ?

  • #1

    Oui, un conveneur c'est principalement le responsable d'un groupe de standardisation. Il a deux rôles. Un rôle opérationnel pour assurer que les experts qui représentent différentes organisations se mettent d'accord sur les technologies à utiliser lors du développement de ce standard. Et pour. la mise en place de standards, mais aussi un rôle plus stratégique pour identifier les domaines pour lesquels des standards sont nécessaires.

  • #0

    Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les experts ont besoin de se mettre d'accord ?

  • #1

    Très bien, ça c'est la question fondamentale, pourquoi on a besoin des standards. La nécessité de disposer des standards et donc de se mettre d'accord sur des technologies, formats de données, interfaces, viennent principalement de la complexité du monde qui nous entoure. Aujourd'hui, tout est connecté. Ce n'est plus une surprise pour personne. Et il est très rare qu'un seul acteur économique puisse contrôler l'intégralité de la chaîne de contenu. Typiquement, prenons un cas simple, le cas des images, mais c'est aussi valable pour d'autres médias, pour la vidéo ou pour la 3D. Il existe une multitude d'appareils qui nous permettent de capturer une image. Il existe aussi de multiples moyens de transmettre cette image, comme de l'autre côté, côté de la réception. Il existe de multiples dispositifs pour afficher cette image. Donc, sans disposer d'un standard qui met d'accord tout le monde, les fabricants des dispositifs, les opérateurs de télécom, de comment traiter cette image, il est impossible d'avoir l'application, la simple application de visualiser cette image.

  • #0

    Ok. Et à quel niveau se fait la standardisation alors ?

  • #1

    Dans notre monde technologique, la standardisation est faite au niveau international. Bien sûr, il existe. des standards nationaux, mais qui sont en général des transcriptions des standards internationaux. Nous avons connu pendant les 30 dernières années, même si on ne les appelle plus les années glorieuses, il s'agit des années glorieuses toutefois pour la technologie et pour la standardisation, parce que nous avons connu une ouverture qui a été amenée par la mondialisation. Donc c'est une période où les standards internationaux dans les technologies se sont largement développés et déployés au niveau international. Juste un petit bémol, même si la partie ouverture internationale est très importante, nous pouvons constater actuellement des tendances pour créer des standards plus régionaux, qui sont des tendances à la lumière de ce qui se passe dans notre monde actuel, où on remarque une certaine polarisation. Toutefois, dans les standards technologiques, on peut imaginer que la puissance d'avoir des standards uniques au niveau mondial va prévaloir sur cette... tendance nocive pour développer des standards régionaux.

  • #0

    Et où en êtes-vous dans la standardisation au niveau international ?

  • #1

    Ok, donc on revient dans mon domaine spécifique, qui est celui de la standardisation des technologies pour la représentation et compression des contenus 3D. Nos derniers projets portent sur le développement des standards pour les applications immersives. On parle de plus en plus de réalité augmentée, de métaverse, de réalité virtuelle. Et juste pour vous donner des exemples, Sur les standards sur lesquels nous travaillons actuellement, on peut citer un standard pour la représentation 3D pour la réalité virtuelle. On imagine avoir des programmes en 3D, des théâtres, des ballets. Ce sont des projets sur lesquels nous travaillons actuellement. Et donc l'idée, c'est de faire une transmission 3D immersive de ce type de contenu. Pour pouvoir créer ce type de service, ce type d'application, il faut aussi se mettre d'accord sur le formalisme qu'on va utiliser pour représenter ces contenus. Comme je donnais l'exemple des images tout à l'heure, il faut que tout le monde puisse se mettre autour de la table pour définir un standard commun pour la capture de ce type de contenu, pour la transmission et pour la visualisation en réalité virtuelle.

  • #0

    Et comment vous fonctionnez tous ensemble pour vous mettre d'accord ?

  • #1

    Oui, c'est une très bonne question. Pour créer un standard, tout part d'un besoin identifié. C'est un mix entre ce que la technologie peut faire et ce que l'utilisateur veut avoir. Si on prend le cas de la transmission d'un programme artistique, par exemple un ballet, qu'on veut visualiser en 3D en réalité virtuelle, quelque part on a identifié qu'il y a le potentiel technologique pour créer ce type d'application et qu'il y a un intérêt économique pour des acteurs industriels à mettre en place ce type d'application parce qu'ils retrouvent des usages du côté utilisateur. Et donc la question c'était comment ? On fonctionne. Une fois que ce besoin est identifié, nous allons le décortiquer dans des nécessités techniques et technologiques, ce qu'on appelle des requirements, qui nous permettent de mettre en place une compétition. C'est une compétition ouverte au niveau international, au niveau mondial, où nous attendons, en réponse à cette compétition, des propositions techniques pour les résoudre. On va... identifier la meilleure solution dans cette compétition. Mais ce n'est pas cette solution qui va devenir le standard, mais ça va être le point de départ pour le développement du standard. Ça nous prend en général 2-3 ans, pendant lesquels, dans différentes conférences qu'on organise plusieurs fois par an, on va améliorer cette solution initiale pour arriver aux performances qu'on avait initialement identifiées comme nécessaires pour que le service ou l'application existe.

  • #0

    Marius, dites-nous, qui assiste à ce type de conférences ?

  • #1

    J'ai envie de dire que tous les acteurs industriels et académiques de la planète qui comptent. Donc tous ceux qui ont quelque chose à dire dans un domaine spécifique, ils sont présents dans ces comités de standardisation. Sans citer des noms, parce que ce n'est peut-être pas le bon cadre, dans le domaine du multimédia, on retrouve... Les constructeurs des dispositifs de capture, les constructeurs des dispositifs de lecture du contenu, les opérateurs téléphoniques, ceux qui créent des applications, mais tous les grands nombres de la planète sont présents. Mais il ne faut pas oublier aussi l'existence très importante des grands laboratoires de recherche.

  • #0

    Et pourquoi un enseignant-chercheur académique participe-t-il à ce processus ?

  • #1

    Pour un enseignant-chercheur en général, pas seulement pour moi ou pour les enseignants-chercheurs de Télécom Sud Paris, Participer à la standardisation peut s'avérer très bénéfique, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, ça nous permet à nous, des enseignants-chercheurs, d'avoir une plateforme pour appliquer vraiment nos recherches, dans des cas réels et concrets. Bien sûr. Dans les laboratoires, il y a beaucoup de progrès de la science, mais mettre cette science dans des cas concrets peut apporter encore d'autres problématiques. Et donc, ça nous donne encore plus des champs d'intérêt sur lesquels on peut travailler. En plus, les activités de standardisation rassemblent des experts de différents domaines. Et ça nous donne, nous, des enseignants-chercheurs, des opportunités de collaborer avec des professionnels qui viennent aussi bien de l'industrie, mais aussi d'autres universitaires. ou des académiques, d'autres participants dans des laboratoires de recherche. Donc d'un point de vue réseau, ça donne un accès privilégié à des groupes qui sont experts dans un domaine spécifique et qui ont des intérêts communs.

  • #0

    D'accord.

  • #1

    Un autre aspect très important, c'est aussi notre capacité de pouvoir influencer ce que ces comités de standardisation font. Et donc, quelque part, on peut... Peut-être pas jusqu'à aligner les activités de standardisation sur notre propre intérêt de recherche, mais quelque part les synchroniser. Et bien sûr, personnellement, en qualité de responsable de ce groupe de standardisation dans MPEG 3D Graphics, je retrouve aussi d'autres types d'avantages, comme cette possibilité de guider la direction. Comme je l'ai dit au début, j'ai aussi un rôle stratégique pour définir les priorités du groupe. Il y a une interaction privilégiée avec tous les meilleurs experts du domaine et un accès à l'information qui est absolument inédit et privilégié.

  • #0

    Dernière question, j'imagine qu'il y a un retour sur l'enseignement dispensé à l'école.

  • #1

    Bien sûr, il ne faut jamais oublier nos étudiants. C'est quelque chose d'encore plus large, parce que les résultats de la recherche sont injectés dans l'offre qu'on prépare pour nos étudiants. Le fait de participer à la standardisation peut apporter quelque chose de plus, peut apporter aussi une analyse des tendances, que ce soit bien des tendances de la recherche, mais aussi des tendances du monde industriel. Ça peut apporter des relations. Il nous arrive... Très souvent de mettre en relation nos étudiants avec nos partenaires dans la standardisation. que ce soit pour leur stage, voire même pour leur début de carrière.

  • #0

    Merci Marius Preda de vous être prêté à l'exercice de l'interview.

  • #1

    Merci à vous.

  • #0

    Et de nous avoir éclairé sur le rôle des académiques dans le processus de standardisation. Pour bien comprendre, les standards les plus utilisés aujourd'hui sont ceux qui ont suivi un processus bien défini. C'était Science Nume, un podcast soutenu par le Carnot Télécom et Société Numérique. Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver l'ensemble des épisodes sur vos plateformes d'écoute préférées. A bientôt !

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