Description
Par Jean-François Muracciole, historien et professeur à l’université Paul Valéry Montpellier 3
Tout au long de l’année 2022, le CHRD propose de revenir sur 1942, tournant du conflit à travers des conférences d’historiens spécialistes de la Seconde Guerre mondiale, de l’histoire du génocide et de la Résistance.
L’année 1942, pour la France libre, est une année riche de paradoxes.
Sur le plan militaire, même si les modestes FNFL prennent leur part dans la bataille de l’Atlantique et que le groupe Normandie commence sa formation au Liban, l’essentiel se produit en Afrique. En février-mars, Leclerc amorce la conquête du Fezzan italien, après son raid sur Koufra l’année précédente, et, en juin, la Brigade Koenig s’illustre à Bir Hakeim, retardant de deux semaines l’avancée de Rommel vers l’Egypte, retard qui sera sans doute fatal au Renaud du désert en juillet. Cependant, ces succès ne peuvent masquer l’extrême faiblesse des FFL et les limites de leur recrutement : de ce point de vue, l’année 1942 est la pire de la guerre. En outre, le « moment Bir Hakeim » correspond aussi à ce que l’historien Henri Michel a appelé la « bissectrice de la guerre », à savoir le sommet des victoires de l’Allemagne et du Japon.
Mêmes contrastes sur le plan politique. Certes, la France libre poursuit sa structuration (par exemple, à travers le BCRA) et, surtout, elle se rapproche de la Résistance intérieure comme le souligne sa transformation en « France combattante » le 14 juillet 1942. Mais les heurts avec les Britanniques ne cessent de se multiplier dans le monde colonial (Madagascar, Réunion, Levant) et, plus encore, en novembre, le débarquement allié en Afrique du Nord (opération Torch), suivi de la formation d’un gouvernement Darlan, puis Giraud, pose à la France libre un défi existentiel.
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