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SENS

#1 - Piroo - Il construit le plus grand centre pour enfants handicapé du Sénégal !

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57min |16/01/2025
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57min |16/01/2025
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Description

Il est passé de cuisinier dans un fast-food à constructeur du plus grand centre pour enfants atteints d’IMC du Sénégal.


Dans cet épisode, je te présente Piroo, fondateur de l’association Grands Frères et Sœurs. En 2019, il s’est lancé dans un challenge aussi fou qu’inspirant : construire un centre de 1000 m² au Sénégal pour des enfants atteints d’un handicap très lourd, l’infirmité motrice cérébrale (IMC).


🎙️ Ce que tu découvriras dans cet épisode :

  • Comment tout a commencé : sa première rencontre avec ces enfants et le déclic qui a changé sa vie.

  • Les défis incroyables pour financer le projet, du porte-à-porte aux voyages à vélo.

  • Les moments de doute, les réussites et l’impact immense sur la vie de ces enfants.

  • Les défis actuels : entre autonomie financière et développement d’une vision à long terme pour le centre.


Cet épisode, c’est une plongée au cœur de l’humanité, un récit d’engagement et de résilience. Ensemble, on explore ce qui donne du sens à la vie et comment chacun peut contribuer à transformer le monde à son échelle.


💡 Vous voulez donner de la force à ce projet ? Suivez Piroo et son association :

📲 Instagram - KBY La Maison des Rois

📲 Instagram - Grands Frères et Sœurs



🎙️ SENS – Le podcast qui explore les histoires inspirantes et les projets qui changent des vies.

Je suis Adrien Scat, photographe et réalisateur à impact. À travers chaque épisode, je mets en lumière des femmes et des hommes qui, en donnant du sens à leur vie, transforment le monde autour d’eux. Découvre leurs parcours, leurs défis, et leurs conseils pour te lancer dans le projet de tes rêves.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Piroo

    Franchement, au début, on nous a ri au nez. Quand je suis parti voir mes potes et je leurs ai dit Ouais les gars, il faut qu'on construise un centre médical pour des enfants atteints d'handicap. En plus, ce n'est pas un dispensaire ou tu vois... Oui,

  • Adrien

    en plus, ce n'est pas un petit handicap.

  • Piroo

    Voilà. Quand je finis ça, je vais vivre là-bas avec eux. Ça y est, c'est le projet d'une vie en fait. Ce n'est pas moi qui va le finir, c'est mes enfants. J'ai enfin trouvé le sens à ma vie.

  • Adrien

    Mais tu as une histoire avec le médical, tu as une histoire avec les enfants. Non,

  • Piroo

    pas du tout. Moi, de base, je suis un peu peureux. Moi, je ne vais pas au médecin.

  • Adrien

    C'est quoi la plus grosse erreur que tu as fait ?

  • Piroo

    Alors nous on a tout fait à l'envers. Moi au début quand j'avais dit je vais construire un hôpital, ils m'ont dit autant de nata cuisine à couper des tomates. Il y a des enfants, ils se sont levés pour la première fois de leur vie ici.

  • Adrien

    Le sens n'est pas une destination, c'est un chemin qu'on construit petit à petit. Moi, c'est Adrien Scatte, photographe et réalisateur à impact. À travers Sens, je t'emmène au cœur de projets qui transforment des vies et redonnent un vrai sens à l'action humaine. Ces histoires sont celles de femmes et d'hommes qui, en cherchant un sens à leur vie, ont trouvé la force de changer le monde autour d'eux. Avec Sens, on explore ces récits inspirants, on apprend, on s'émerveille et surtout, on découvre comment toi aussi, tu peux faire bouger les choses. Parce que oui, chacun mérite d'avoir un impact. Rejoins-moi dans cette aventure et laisse-toi inspirer par des projets qui prouvent qu'ensemble, tout devient possible. Bon, bienvenue dans le podcast Sens, c'est une première, première, première, première pour moi. de faire un podcast, etc. Et c'est pour ça que je suis trop content d'avoir mon frérot Piro avec moi. On est en direct du Sénégal et du coup, grande fierté d'être avec toi mon frérot Piro.

  • Piroo

    Merci, merci. On est où Piro ? Alors là, on est à Pout, on est dans le plus grand centre médical pour enfants atteints d'IMC du Sénégal. Ok, donc ce centre, il a été inauguré le 13 juillet, donc après quatre longues années de combat et de bataille de levée de fonds. Mais aujourd'hui, c'est là et on accueille plus de 54 enfants dans le centre. C'est un truc de ouf le spot.

  • Adrien

    Le spot est juste ouf, c'est pour ça que je voulais le faire absolument ici. Parce qu'en fait, l'endroit, c'est rare de voir des trucs aussi ouf au Sénégal.

  • Piroo

    Frérot,

  • Adrien

    moi je me rappelle la première fois qu'on s'est rencontrés. Tu te rappelles ou pas ?

  • Piroo

    Bien sûr. Ça a été...

  • Adrien

    On était dans les bureaux de Smile Mouvement à Webedia.

  • Piroo

    C'est ça.

  • Adrien

    Et t'étais avec ton frérot.

  • Piroo

    Avec Walid.

  • Adrien

    Et tu m'as parlé de ce projet là.

  • Piroo

    C'était un truc de ouf. On était arrivé à la moitié du projet et c'était un moment où... On commençait à s'essouffler.

  • Adrien

    C'était quand ? 2022 ?

  • Piroo

    2022. Ouais, c'est ça, 2022, c'est début 2022, je crois. C'est ça ?

  • Adrien

    Ouais, ça devait être ça.

  • Piroo

    Donc, c'était un moment où on avait commencé à récolter depuis un petit moment, mais on arrivait à un moment où les gens commençaient à être épuisés. Donc, de donner de l'argent à chaque fois, à chaque fois.

  • Adrien

    Un projet qui coûte... Juste combien ? C'était quoi le...

  • Piroo

    Il nous a coûté 300 000 De toute façon, il est là, ok. En mode cagnotte. En mode cagnotte, en mode démarche, on est parti démarcher les sociétés, on a fait plusieurs événements, on a fait du vélo jusqu'à Perpignan, on a fait… Du coup,

  • Adrien

    c'était là-dessus qu'on s'est… Exactement. Je ne sais pas, tu en revenais ou un truc comme ça ?

  • Piroo

    Ouais, on venait de revenir de Perpignan. Et moi,

  • Adrien

    je partais au Sénégal, genre deux semaines après, je crois.

  • Piroo

    Ouais, ouais, ouais.

  • Adrien

    Je partais deux semaines après au Sénégal et tu m'as dit, ouais, il y a un projet. Moi, je me suis dit, ou c'est du mytho, en vrai, ou c'est du mytho, ou c'est complètement fou ce qui se passe, il faut que j'aille voir.

  • Piroo

    C'est ça que j'allais voir.

  • Adrien

    Et du coup, j'étais allé. Ouais, j'étais allé. Et donc, à la base de base, pour que les gens se rendent compte. En vrai, il faut que tu m'explique comment. En fait, je veux que tu m'expliques la première fois, parce que moi, c'est quand tu as décrit, quand on était dans ce bureau là, quand tu as décrit ce que tu as vu. Je me rappelle, j'ai vu tes yeux et je me suis dit Attends, il faut que j'aille voir parce que le gars là, il a été quechaud.

  • Piroo

    Raconte moi juste là,

  • Adrien

    quand tu es arrivé au Sénégal, comment tu as découvert ce projet là, etc. C'était quoi déjà ? Pourquoi tu étais au Sénégal ?

  • Piroo

    Alors nous on était là pour faire un forage, on était accompagné d'une autre association. Donc on les a accompagnés. Et la personne qui me servait de guide pendant ce voyage tenait absolument à qu'on voit des enfants. Donc il nous l'a répété plusieurs fois. Il faut qu'avant que vous partez, vous allez voir des enfants, il faut que je vous ramène voir des enfants. Donc on s'est dit quoi ? On s'est dit qu'on était obligé d'y aller avant de partir. Et puis voilà, on est tombé sur cette case où on a trouvé plus de 25 enfants au sol. sur des matelas gonflables. Je me rappelle, c'était la période de pluie. Et donc le toit était en zinc, il y avait des infiltrations. On arrivait au moment du bain. Les enfants prenaient leur bain dans des bassines. En plus d'être vraiment immobile et tout, ils étaient vraiment dans tous les sens, dans ces...

  • Adrien

    C'est des gamins atteints d'IMC, IMCC.

  • Piroo

    C'est ça, IMC, autisme et trisomie 21. Mais en majorité, majorité, c'est de l'IMC qu'on traite.

  • Adrien

    Immunité. motrice cérébrale.

  • Piroo

    C'est ça, infirmité motrice cérébrale.

  • Adrien

    Et ça correspond à quoi ?

  • Piroo

    Alors, c'est à la naissance, c'est une infirmité qui vient dès la naissance. Donc, soit elle atteint les cellules du cerveau ou les cellules du cerveau et les membres que l'on a, donc les jambes, les bras, même les cordes vocales. Il y en a, ils sont paralysés au niveau des cordes vocales. Donc vraiment, c'est un handicap très lourd. C'est un handicap très lourd. Nous, je me rappelle ce jour-là, comme je te dis, on est arrivé au moment du bain et on a vu ça. Donc on était trois de mon association. On est tous sortis un par un pour aller pleurer, tout simplement, je ne rougis pas de le dire. Et en fait, on a tous choisi la même cachette. Donc on s'est retrouvés dans la même cachette en train de pleurer. Et on s'est dit, en fait les gars, on n'a pas pu venir ici par hasard et on ne peut pas en rester là. Ou simplement mettre un pansement, rentrer en France et envoyer 100 euros tous les mois, se dire que voilà, on a fait notre part du travail. On tenait vraiment à changer radicalement la vie de ces enfants. Et ça passait par un nouveau lieu. Un lieu qui pouvait vraiment accueillir ces enfants dans des conditions convenables, avec un suivi médical, avec des personnes compétentes pour les suivre. Et puis voilà, aujourd'hui on en est là. Mais ça a été très très compliqué. C'était très très dur durant ces quatre années de bagarre.

  • Adrien

    Juste on va revenir au tout début, pourquoi toi tu fais de l'associatif ? Tu viens d'où ? C'est quoi ton parcours en vrai ? Pourquoi tu fais de l'asso en vrai ?

  • Piroo

    Bah tout simplement parce que je kiffe. Toi tu viens d'où ? Moi je viens de Sarkrouville, je suis de banlieue parisienne, je suis d'origine tunisienne et aujourd'hui je me retrouve au Sénégal parce que je suis tombé amoureux de ce pays et puis surtout de ses enfants. Donc... Dès le jour où je les ai vus, je me suis dit qu'il n'y avait pas d'hasard. Donc il fallait que je m'implique et que je donne tout ce qu'il y avait en moi et de mon possible pour pouvoir aider ces enfants. Et donc voilà.

  • Adrien

    C'est l'image que tu peux expliquer ou qui t'a vraiment marqué ce jour-là ?

  • Piroo

    L'image qui m'a marqué, franchement, c'est les enfants dans les bassines. Des enfants qui sont immobiles. qui sont dans tous les sens, qui bavent, qui coulent. Et de les voir en fait dans ces positions, dans ces trucs, ça a été choquant. Je le dis, c'est le mot, ça nous a choqués. Même une fois qu'on est rentré en France, j'en rêvais la nuit, j'en parlais tous les jours. Mes amis, ils en avaient marre parce que chaque chose dont ils me parlaient, ça tournait. Chaque chose dont moi je parlais. ça tournait autour des enfants et du centre et des choses qu'on avait vues.

  • Adrien

    Comme un espèce de traumatisme, genre t'es tout droit, on va dans ça.

  • Piroo

    Je te jure, c'était un traumatisme pour nous. On voit nos enfants en France, même si l'handicap, il y a aussi des problèmes en France avec les enfants atteints d'handicap. Mais ici, d'autant plus. Donc voilà, avec Hawa qui nous a raconté l'histoire de chaque enfant, des enfants qui étaient abandonnés par leurs parents. des enfants qui perdaient leur maman à l'accouchement et puis qu'ensuite le papa ou la famille du papa abandonnaient, clairement. Ils ne voulaient pas s'en occuper parce qu'ils disaient que c'est une malédiction, c'est des enfants maudits. Dans le quartier, on ne les invitait plus au baptême ni au mariage. Vraiment, ce n'est pas facile pour ces enfants qu'on avait vus. Et puis on a été vraiment touchés. On s'est dit que... Il fallait absolument qu'on fasse de l'autre possible pour améliorer ça.

  • Adrien

    Donc ça a été quoi les étapes ? Vous avez commencé comment ? Vous avez fait quoi ?

  • Piroo

    Alors déjà on a commencé par rentrer et parler à nos proches, à notre petit cercle. Donc franchement au début on nous a ri au nez.

  • Adrien

    Je te dirais que tu as voulu faire un centre. Tu savais que c'était un centre qui pouvait le faire.

  • Piroo

    Parce qu'en fait on a demandé à Awa, on lui a dit Awa qu'est-ce qui pourrait changer radicalement la vie de ses enfants ? En gros, elle ne nous a pas dit de la nourriture, elle ne nous a pas dit des soins, mais elle nous a dit un nouveau centre avec de l'espace. Et ensuite, dans ce centre, on ramènera la nourriture et les compétences qu'il faut. Mais il faut déjà un cadre qui est adéquat avec ces enfants. Donc on s'est dit directement, il faut qu'on construise un centre. Donc on est arrivé en France, moi je suis ici de la restauration. Donc moi c'est ketchup, mayo, salade, tomate. Mais venir et dire à mes amis, je veux construire un centre. C'est ça. Quand je suis parti voir mes potes, j'aurais dit ouais les gars, il y a un truc à faire, faut qu'on construise un centre médical pour des enfants atteints d'handicap, en plus c'est pas un dispensaire ou tu vois… Oui,

  • Adrien

    en plus c'est pas un petit handicap. Voilà. Pour les gens qui savent pas c'est quoi IMC, c'est pas un petit handicap.

  • Piroo

    Ouais, c'est un handicap très très lourd, vraiment. Et puis on nous a réunis, on nous a dit qu'est-ce que tu me racontes toi, tes histoires, t'es tunisien, t'habites en France, ta journée tu l'as passée derrière le clame à faire des hamburgers. Et là t'es là, t'es en train de me parler de construire un hôpital au Sénégal. On y a cru, on y a cru parce qu'on voulait le faire et on s'est dit qu'il n'y avait pas de marche arrière après avoir vu ce qu'on avait vu. Et puis on a foncé, on a foncé, on a foncé avec nos petits moyens au début. Donc on est parti au début démarcher nos amis avec des tire-vires. Au début, ça a commencé tout simplement.

  • Adrien

    Tu avais une idée du prix du projet à la base ou pas ?

  • Piroo

    Alors nous, on a tout fait à l'envers. Ok. C'est bien, au moins tu es clair. Oui, vraiment, on n'a aucune expérience dans ça. On s'est regardé, on s'est dit bon, au bled avec 50 000 on peut construire quelque chose quand même. Et on s'est dit ça va nous coûter 50 000 On était persuadé qu'avec 50 000 on s'est dit au bled 50 000 ça fait le coup. Et on s'est dit 50 000 allez, on y va. Il nous faut 50 000 avec 50 000 là, on va faire ça. Donc on a commencé, c'était très compliqué au début, parce que comme je te dis, personne n'y croyait. Donc on a été au début avec des tirelires. Heureusement, je suis issu de la restauration, donc j'ai beaucoup d'amis qui ont des restaurants. Donc on a commencé à placer des tirelires dans leur resto. Et puis je marchais avec ma tirelire dans le quartier. Donc je disais aux gars, allez 10 euros, 5 euros, 2 euros, n'importe quoi, mettez-les dans la petite tirelire. Et on a atteint, je crois, les 30 000 euros en un an.

  • Adrien

    Ah ouais ? En faisant comme ça ?

  • Piroo

    Voilà, en faisant comme ça. C'est énorme. Donc on a eu des petits coups de pouce de personnes qui avaient des sociétés aussi, donc qui nous ont donné de leurs bénéfices. Et on a organisé, pour la fin de ces 50 000 euros, un tournoi de foot dans lequel on avait invité des sociétés. Et puis on leur proposait d'être déductibles de leurs impôts avec les SERFA. Donc on leur demandait de donner 1000€ pour l'inscription. On avait 16 équipes et donc ce jour-là... Vous avez fait où ce truc-là ? C'était à Beson, c'était au 5 de Beson. Donc les sociétés avaient joué le jeu. Et puis on a réussi à avoir 16 sociétés qui nous ont donné 1000€. Plus un peu avec la buvette et la tombola qu'on avait organisée. On est arrivé aux 20 000€. Voilà, on est arrivé aux 20 000€. Du coup 50 000€. 50 000€. Un an d'avocat effectif. Voilà. On se rend compte que 50 000 euros, on va rien faire avec.

  • Adrien

    Vous avez déjà trouvé le terrain ou pas à ce moment-là ?

  • Piroo

    Dès qu'on a eu les premiers, ça nous a coûté 12 000 euros le terrain. Donc dès qu'on a eu les 12 000 euros, on a acheté le terrain. Et on pensait qu'avec 38 000 euros, on allait construire. Et puis en fait, quand on arrive à la fin de la récolte des 50 000 euros, On se dit qu'il serait temps quand même d'aller démarcher les sociétés pour voir combien ça allait nous coûter réellement. Puis là, on arrive avec des devis à 300 000 euros, 320 000 euros, 340 000 euros. Et on tombe sur une société qui décide de nous le faire à 200 000 euros, le centre. Pourquoi ? Parce que c'est un Sénégalais qui vivait en France, qui est venu aujourd'hui s'installer au Sénégal, qui a monté sa boîte qui s'appelle SA2R Expertise, et puis qui a décidé en fait que son bénéfice, il allait le donner, il allait travailler gratuitement, en payant les salariés, en payant la marchandise, mais qu'il n'allait pas se dégager de bénéfice, parce que c'était un rêve pour lui de construire un orphelinat. Et que nous, en fait, on lui a apporté le projet, comme ça, il ne pouvait pas refuser. Donc vraiment, ça nous a vraiment aidé parce que voilà, comme je disais, on était sur des plus chers de base, des beaucoup plus chers. Et puis 200 000 euros qu'il a accepté de prendre en plusieurs parties. Il nous a aidé vraiment, il nous a vraiment facilité sur ce coup. Et donc voilà, mais on se rend compte que nos petits 38 000 euros.

  • Adrien

    Quand tu vois ce prix là, c'est quoi la réaction ?

  • Piroo

    Ça y est, c'est le projet d'une vie en fait. C'est pas moi qui va le finir, c'est mes enfants. Je vais pas... On ne veut pas pouvoir, moi, récolter 200 000 euros. Déjà, comment j'ai fait pour récolter 50 000 euros, je ne savais pas. Je me disais, mais qu'est-ce qui s'est passé ? Par où c'est venu ? Je ne savais pas du tout comment on avait fait. Mais de là à dire, il nous faut 200 000 euros maintenant. 4 fois 100. C'était... Voilà, on allait le faire, on allait y aller, on allait foncer.

  • Adrien

    Tu n'as pas perdu... Genre, tu ne t'es pas dit,

  • Piroo

    ah, vas-y. Non, non, pas du tout. Mais on s'est dit que ça n'allait pas être... C'est pas nous qui allons finir ce projet. C'est dit que ça allait être soit nos enfants, soit la relève des petits frères qui allaient venir par la suite, continuer le projet. Mais à force de persévérer, d'y croire et de prôner nos valeurs qui sont l'entrée de la solidarité, on a réussi à le faire au bout de 4 ans. Franchement...

  • Adrien

    T'as fait quoi là au moment des 200 ? C'est là où t'es parti à Perpignan ?

  • Piroo

    Ouais c'est ça. C'est à ce moment là où les derniers 50 000 euros, on se dit qu'il nous faut 50 000 euros, mais vraiment, on n'a plus d'idées, on a court d'idées.

  • Adrien

    Entre 50 et les derniers 50 000 de 300 000 ?

  • Piroo

    Oui, des 300 000 euros.

  • Adrien

    Mais du coup, il s'est passé quoi avec les 200 000 entre les deux ?

  • Piroo

    Ça a été du porte à porte, devant les gares, au feu rouge, beaucoup de sociétés, des influenceurs aussi qui nous ont partagé. On a eu pas mal de coups de poing. plus de réunions se rencontrer chez smile mouvement et je pense que c'était un peu ce qu'on essaie de prôner c'était que dans le social les influenceurs pouvaient avoir un acteur de ouf de fait ils ont ce projet en est le exemple entre les premiers 50 milles et les derniers 50 milles il ya eu nous le démarchage tout ça il ya eu pas mal aussi les anciens les joueurs de foot les personnes qui ont un aura et qui sont qui sont visibles visibilité Donc voilà, ça a été une bagarre acharnée. Il y a des moments où on a eu des coups de mou, on a eu des moments de doute, mais on y a cru et voilà, on a foncé. C'est notre devise de toute façon, foncer. On sait même la tête blessée, mais foncer. Et voilà, aujourd'hui,

  • Adrien

    on va tirer ses 50 000.

  • Piroo

    50 000 cours d'IT, on ne sait plus quoi faire. On se dit mais qu'est ce qu'on peut faire ? Je sais pas c'est qui qui me souffle l'idée de faire du vélo, mais pas avec une cagnotte et tout. Ils me disent ouais les gars, on galérait au quartier, donc ils nous disent ouais les gars pourquoi on prend pas les vélos, on va en Espagne et tout. Je dis mais t'es sérieux toi, qu'est-ce que je vais faire en Espagne à vélo, pourquoi tu veux me faire souffrir comme ça ? Ils me disent bah je sais pas, au lieu de galérer au quartier, venez on essaye de faire une sortie quoi ensemble. Je me dis mais attends deux secondes, je sais pas c'est quoi qui est venu dans ma tête. Je suis parti m'asseoir, je leur ai dit attendez deux secondes les gars, j'ai une idée, il faut juste qu'ils y réfléchissent. Je me suis assis, 30 minutes, et je suis revenu les voir les gars, vous êtes sérieux, vous voulez vraiment faire du vélo pour aller en Espagne ? Ils m'ont dit ouais. Je leur ai dit bah les gars on va mettre une cagnotte en place, on va essayer de faire intervenir des influenceurs sur chaque étape, et puis on va essayer de récolter, nous on avait mis pour objectif 20 000 euros, donc il allait nous rester encore les 30 000 euros. Mais voilà, on a fait du vélo, on a eu pas mal de personnes sur le chemin qui ont joué le jeu, qui nous ont accueillis.

  • Adrien

    Frère, juste, t'es parti en vélo, t'es parti en bitwin normal, t'es pas parti en vélo... Non,

  • Piroo

    non, non, ouais.

  • Adrien

    Tour de France, vélo électrique...

  • Piroo

    On est parti chercher le vélo qu'il y avait dans la cave. Classique ! Ouais, ouais. On était cinq, donc chacun est parti gratter un vélo à son voisin, à son pote, à son truc. On partait ouvrir les caves du quartier, chercher les vélos qui étaient là, changer les chambres arrière, les roues. Et puis on a pris la route, mais vraiment sans organisation, sans...

  • Adrien

    Il y avait une voiture qui vous suivait ?

  • Piroo

    Oui, mais par exemple, la voiture, c'est deux jours avant le départ qu'un mec nous a dit mais les gars, moi, je peux vous suivre en voiture. Je lui ai dit vas-y, viens. Mais vraiment, ça s'est fait à la dernière minute. Après,

  • Adrien

    vous étiez combien ?

  • Piroo

    On était cinq vélos et cinq en voiture. Il y avait une voiture et une ambulance. L'ambulance, c'est au moment du départ où un mec nous dit Attends, mon pote a une société d'ambulance, on va voir si son ambulance ne peut pas nous en prêter une. Et puis on l'appelle, il nous dit Ah oui, il n'y a pas de problème, j'arrive tout de suite au quartier, je vous la laisse. Je vous mets le plein et j'arrive. Il arrive, il nous laisse une ambulance comme ça. C'est dinguerie, vraiment dinguerie. Et donc voilà, on prend la route. On avait plusieurs étapes. On avait dans le 9-1 le RIMA qui nous a accueillis, Auxerre, Hamza Saki qui nous accueille. A Lyon, c'est le Mabacha qui nous accueille. Et puis à Perpignan, Nasdaq. Là où vraiment la cagnotte a rien compris. Elle a explosé. Donc on arrive à Montpellier en fait. On est à 12 000 euros. On est dépité de notre vie. Parce qu'on a vraiment, on a pédalé, on était folle, on a été épuisé. Et on n'a pas atteint nos 20 000 euros. Donc on se dit mais comment on va faire ? Et Nasdaq en fait, il n'était pas dans notre planning. Il n'était pas dans les plans. Donc on arrive à Montpellier, on est lessivé et on n'est qu'à 12 000 euros. On se dit purée comment on va faire, on va pas remonter à Paris et l'objectif il est pas atteint, ce serait pas bien Donc on n'arrivait pas à accepter ça. Et puis de là on appelle Narbé, Impulstar, qui appelle Gallo, Smile. Et Gallo il nous dit allez à Perpignan les gars, j'ai appelé Nasdaq, il va vous accueillir Il vous attend. Il vous attend. Nasdaq il nous attend là. Il vous attend. On promenait sur nos vélos, Montpellier-Perpignan, vélo, ta ta ta ta, toute la journée. On arrive à Perpignan. Et là, waouh, waouh, waouh, waouh. Vraiment, j'ai des frissons. On arrive, donc Nasdaq, bienvenue, il nous accueille comme des rois. Vraiment.

  • Adrien

    Votre comité d'accueil.

  • Piroo

    Votre comité d'accueil. Il nous fait vraiment un accueil de malade mental. On dirait qu'on était dans notre quartier. Tout le monde vient, tout le monde nous parle. Tout le monde nous dit Vous êtes venu de Paris, pourquoi ? Alors on explique pourquoi on vient, pourquoi on ne fait pas ça. C'est pas un challenge sportif ou quoi. Il y a vraiment une cause sociale derrière. Et de là, tout le monde, voilà. Ah ouais, magnifique, c'est bien, bravo pour ce que vous faites. Nasdaq, il nous dit Bon, les gars, je vais vous faire une pub. Et nous, on connaît la puissance de Nasdaq. Donc on se dit, wow, qu'est-ce que ça va donner ? On fait la pub, en une heure on arrive aux 20 000 Deux heures après, on est aux 30 000 Mais ça y est, nous on est dans le quartier, on ne veut plus bouger du quartier. C'est des stories, frérot ! On ne veut plus bouger, on s'assoit, on sort les tentes, les chaises, on se pose avec lui, avec toute la team Nasdaq. Donc voilà, on est là, 40 000 Je suis en train de réaliser que ça y est, on arrive aux 50 000 et que ça y est, les 300 000 vont être récoltés. Du coup, je me dis, mais non, mais qu'est-ce qui se passe là ? Donc voilà, moi, je m'écroule, pleure comme un petit bébé. Et puis voilà, le lendemain, on rentre sur Montpellier.

  • Adrien

    Pendant ce temps-là, la construction a déjà commencé ou pas ?

  • Piroo

    Oui, oui, la construction a commencé.

  • Adrien

    C'était pas en cours en fait, c'était pendant le temps que vous récupérez de l'argent, pendant ce temps-là, c'était en train de se faire.

  • Piroo

    On avait toujours la pression. parce que la société qui était ici elle avait besoin d'argent pour pouvoir continuer donc il nous appelait, il nous disait ça y est c'est l'étape supérieure les fondations sont faites, c'est l'étape supérieure, c'est les finitions et là c'est vraiment un moment où la société ça faisait peut-être un mois on lui avait pas envoyé d'argent qu'il nous sollicitait et parce qu'on était à court d'idées on avait plus d'argent on savait pas comment faire et là, mais lui il suivait l'aventure donc quand il a vu aussi les 50 000 euros il s'est dit ça y est même lui il était content tu vois et on s'est dit ça y est enfin on a la totalité de la somme qu'il fallait. Et 300 000 qu'on pensait que ça allait être nos enfants qui allaient finir. Ça y est. Et moi, franchement, j'étais sonné ce jour là. J'étais dans les vapes un peu, tu vois. Parce que je réalisais sans réaliser. Je croyais que j'étais dans un rêve. Je me pincais, je me disais mais allo, ça y est, t'as pris 300 000 là, c'est fini. Et ouais, donc on rentre. Donc là, on est à 40 000 quand on quitte chez Nasdaq. On rentre à la maison, on se réveille le matin, on est à 50 000 Putain,

  • Adrien

    incroyable.

  • Piroo

    Incroyable, incroyable, incroyable. Vraiment, c'est un... Il n'y a pas de mots en fait. Faut le vivre. Faut le vivre, c'est un truc de fou.

  • Adrien

    Ça te paraît une montagne impossible à monter.

  • Piroo

    Impossible. Pour nous, c'est comme je te disais, c'est vraiment un projet. Ouais. On s'est dit...

  • Adrien

    C'est trois générations.

  • Piroo

    Il n'y a pas moi qui voudrais faire 300 000 Je n'ai jamais eu dans mes mains 300 000 tu vois. Ne serait-ce que 50 000 je n'ai jamais eu dans mes mains. Moi, je touche 1200 1300 Je fais, je fais mon loyer, je fais mes trucs, il me reste 400 euros dans mes poches. Donc là, pour monter à tout ça,

  • Adrien

    d'ouf,

  • Piroo

    voilà. Comme quoi,

  • Adrien

    quand on veut vraiment,

  • Piroo

    c'est ça, il faut y croire. En fait, moi, c'est la leçon que j'ai tiré de ça. C'est d'y croire parce que si toi tu y crois pas, personne n'y croira.

  • Adrien

    Et toi, quand tu es arrivé devant ce projet là, tu as vu ces enfants. Moi, je les ai vus quand je suis arrivé. Bah du coup, après, et ça a été un choc aussi pour moi. Tu savais que ça allait changer ta vie ?

  • Piroo

    Non.

  • Adrien

    Non, non, non. T'avais pas encore capté ?

  • Piroo

    Non, j'avais pas capté. Non, non, c'est en fait, au fur et à mesure, dans le projet, je me disais, en fait, je faisais tellement de sacrifices, tellement de... C'était tellement de combats, tellement de batailles. Je me disais quand je finis ça, je vais vivre là bas avec eux. Quand je finis ça, je vais vivre là bas avec eux. Ah ouais ? Ah oui, oui,

  • Adrien

    c'était ça. Mais bien que t'aies capté ça.

  • Piroo

    Ah ouais, c'était en mode... T'as commencé à lutter là ? Ah ouais, ouais, quand c'était la bagarre, c'était dur. J'ai dit... La récompense. Ma récompense, c'est d'être avec eux. Aujourd'hui, je suis là, je suis avec eux. Et chaque jour, on dirait que c'est le premier jour. Chaque jour, je suis là, je me dis mais purée, on l'a fait en fait ! Ça y est, là je suis au milieu de mes petits loulous.

  • Adrien

    Mais du coup, est-ce que c'était fini à 300 000 ? Ah non ! Non, c'est capté quand t'étais à 300 000. Et du coup, le bâtiment, il allait être fini. Il était pas allé finissement,

  • Piroo

    il était pas fini,

  • Adrien

    etc.

  • Piroo

    Alors on a eu

  • Adrien

    300 000. On sent comme ça, on se rend pas compte. Mais le truc est énorme. Ça fait combien de mètres carrés ?

  • Piroo

    900 m².

  • Adrien

    900 m². Il faut l'aménager, il faut du personnel.

  • Piroo

    C'est ça.

  • Adrien

    Il faut nourrir les enfants, déplacer les enfants ici. Il faut faire les finitions, il faut ceci, il faut cela. Il faut beaucoup de matériel. Des enfants qui ne tiennent pas debout.

  • Piroo

    Exactement.

  • Adrien

    Du matériel très,

  • Piroo

    très lourd. Très, très lourd. Donc, du matériel qu'on a acheté, du matériel qu'on nous a donné. Mais tout ce matériel là, il a fallu aller le récupérer. Donc louer des camions, louer des box. C'était des frais que nous on n'avait pas calculé mais qui venaient s'accumuler au fur et à mesure. On était toujours dans la récolte mais c'était plus pour la logistique. Aujourd'hui le centre nous a coûté 300 000 euros. Mais il y a au moins 50 000 euros qui sont partis dans ça, dans ces frais-là. La location de camions, l'essence. Savoir que le matériel qui est là, nous on habite à Paris, il y a du matériel, on est parti le chercher à Toulouse. Il y a du matériel qu'on est parti chercher à Marseille, à Lyon. Ensuite, la cheminée sur Paris. Puis, payer les conteneurs pour la cheminée ici au Sénégal. Donc vraiment, ça a été... Un combat de tous les jours. Jusqu'à aujourd'hui, de toute façon, on est encore en train de combattre, en train de se battre tous les jours parce que c'est des frais. Aujourd'hui, le centre, il nous coûte à peu près 4000 euros tous les mois.

  • Adrien

    Le centre-là, il a ouvert quand ?

  • Piroo

    Le 13 juillet.

  • Adrien

    Le 13 juillet, il a ouvert.

  • Piroo

    Le 13 juillet, ouverture. J'ai raté l'ouverture. Tu as pu la suivre sur les réseaux. J'ai su.

  • Adrien

    Le 13 juillet, il a ouvert. Là, on est en novembre. Du coup, c'est quoi la vie maintenant ? Il y a combien d'enfants ? C'est quoi l'impact de tout ça ?

  • Piroo

    Ah ouais, il y a des enfants, ils sont levés pour la première fois de leur vie ici. Ouais.

  • Adrien

    Voilà. Moi, je viens d'arriver, j'ai vu des gamins marcher. Moi, j'ai vu que des corps par terre dans l'autre centre. J'avais jamais vu quelqu'un de debout. Et je suis arrivé, j'ai vu tout de suite des enfants marcher.

  • Piroo

    L'impact, il est là. Aujourd'hui, il y a... Il y a combien d'enfants ? Il y en a 54.

  • Adrien

    54.

  • Piroo

    Au lieu de... Elle en avait 25, t'as voir. Donc là l'objectif c'est 70, on attend d'avoir les financements franchement. En fait on veut pas juste avoir un centre où on dit ouais on a 70 enfants, en réalité quand ils sont là et personne ne les suit quoi.

  • Adrien

    En fait c'est ça aujourd'hui un bâtiment c'est bien etc, mais aujourd'hui c'est vraiment un niveau presque hôpital, il faut des employés qualifiés, il faut des employés, parce qu'en vrai c'est ça qui coûte cher aussi, parce que du coup c'est des lamas salariales c'est incroyable. Aujourd'hui il y a combien d'employés ?

  • Piroo

    On est 26.

  • Adrien

    26 employés et c'est encore en sous-effectif ?

  • Piroo

    Oui, on est en sous-effectif. De ouf !

  • Adrien

    Parce qu'ici, il faut que ce soit nettoyé, la bouffe...

  • Piroo

    La bouffe, les gardiens... C'est plus que ça, parce que c'est un centre comme ça...

  • Adrien

    Les chauffeurs,

  • Piroo

    parce que du coup,

  • Adrien

    ils accompagnent les enfants, parce qu'il n'y a pas tous les enfants qui dorment ici sur place.

  • Piroo

    C'est ça. Alors, notre objectif final, c'est que ça devienne un internat pour tous les enfants.

  • Adrien

    D'accord, qu'ils soient ici

  • Piroo

    100% du temps. 100% du temps et qu'ils puissent rentrer que le week-end chez leur famille. pour qu'ils dorment ici et dès le matin, on commence à travailler directement avec eux sur les séances de rééducation et tout. Qu'on ne perde pas ce temps à les amener, à les ramener et puis ainsi de suite. Et qu'ils s'alimentent convenablement, parce qu'aujourd'hui, on ne sait pas comment ils s'alimentent chez eux, mais on sait comment ils s'alimentent ici. Donc c'est pour ça qu'on veut les garder, pour qu'ils puissent bien manger, bien dormir et puis surtout bien être soignés et avoir les soins vraiment qu'il faut, au moment où il faut, parce que c'est tout un système en fait. Moi, j'apprends au fur et à mesure.

  • Adrien

    Toi t'es arrivé quand là ? T'es arrivé depuis l'ouverture en fait ?

  • Piroo

    Ouais c'est ça, j'ai arrivé à l'ouverture. Ouais ça y est, et je pars plus. J'ai avec mes enfants, ça y est.

  • Adrien

    Et c'est comment le mec qui faisait les hamburgers et qui se retrouve presque directeur du plus grand hôpital, en tout cas du plus grand centre pour IMC du Sénégal ?

  • Piroo

    Franchement, j'apprends sur le tas. Là, je fais des réunions avec des ergothérapeutes, je ne savais même pas que ça existait. Des kinésithérapeutes, ça, on connaît. Mais voilà, il y a plusieurs métiers que clairement, j'ai appris ici. Psychomotricienne, je ne savais pas c'était quoi, moi. Toutes ces personnes-là, j'apprends sur le tas. Et on essaie de donner notre meilleur, comme on a fait pour construire ce bâtiment. Pour aujourd'hui, justement, qu'il y ait un impact. et concret sur les enfants. Aujourd'hui, on commence à voir les fruits de notre travail. Je te dis, aujourd'hui, il y a des enfants, ils se sont levés pour la première fois, il y en a, ils ont fait leur pas pour la première fois. C'est un truc de ouf pour moi, tu vois, c'est un truc de malade mental. Que moi, issu de Sartrouville, là-bas, dans le trou de la France, de la banlieue, qui arrive dans le... Pas à Dakar, pas à Thiès, à Poutre, dans un village aussi perdu du Sénégal.

  • Adrien

    Et qui dit qu'il y a un projet qui est qui a été entendu partout au Sénégal. De France, ça, ça, ça, ça, ça, ça, c'est incroyable.

  • Piroo

    C'est incroyable.

  • Adrien

    Un truc unique au Sénégal.

  • Piroo

    Vraiment.

  • Adrien

    Et tu parlais de tu parlais de 4000 à peu près par mois de ma salariale. C'est quoi aujourd'hui ? Comment vous êtes financé ? Comment ça ? Comment ça se finance un centre comme ça ? En fait, parce que En France, on a les hôpitaux, ou c'est des trucs privés, ou alors c'est l'État qui paye. Que ce soit bon ou mauvais, dans tous les cas, l'État est quand même assez présent sur ces questions-là. Ici, ça se passe comment ? L'État vous aide ? La mairie ?

  • Piroo

    J'en sais rien. Ici, on n'a pas eu d'aide jusqu'à présent, ni de l'État, ni de personne d'autre. On fonctionne sur des fonds privés, comme depuis le début. On n'a jamais eu de municipalité, ni de commune, ni de région qui se sont impliquées dans ce projet. On a vraiment fait ça avec... Notre slogan c'est pour le peuple, par le peuple. Et voilà, vraiment, ça a été fait par le peuple, pour le peuple, vraiment. Et aujourd'hui, un centre comme ça, comme tu dis, ça nous coûte 4000 euros. Donc c'est pas que la masse salariale, mais on compte dedans les soins des enfants et puis l'alimentation des enfants. Ces 4000 euros, on va les chercher tous les jours, au téléphone, par les réseaux sociaux, avec des cagnottes qui sont mises en place. Mais c'est une bagarre acharnée. Des fois, le 27, on est à 2500 euros et on ne sait pas comment faire. Mais jusqu'à présent, chaque fin de mois, on a réussi à tenir. Mais on sent et on sait que ce n'est pas quelque chose qui va fonctionner comme ça sur le long terme. Ce n'est pas viable. Ça ne peut pas. Nous-mêmes, psychologiquement, on ne va pas tenir, même si on le veut. Même si on le veut, on ne pourra pas parce qu'il y a cette pression qu'il y a sur nos épaules et ce poids qu'il y a, qu'on ne pourra pas...

  • Adrien

    Et puis en fait, quand tu te concentres sur chercher de l'argent, tu ne peux pas te concentrer sur les gamins.

  • Piroo

    C'est exactement ça.

  • Adrien

    Tu diverses pour essayer de les aider eux, mais finalement, du coup, tu ne les aides plus eux.

  • Piroo

    C'est ça. Et en fait,

  • Adrien

    c'est ça le problème. C'est ça.

  • Piroo

    Et aujourd'hui...

  • Adrien

    Vous avez mis quoi en place par rapport à ça ?

  • Piroo

    Alors voilà, nous, là, aujourd'hui, ce qu'on est en train de mettre en place, on a déjà commencé, c'est un potager. Donc un potager qui va nous servir, nous, à être indépendant déjà en nourriture. On est déjà indépendant à 70% en électricité et indépendant en eau. Donc ça, ça y est.

  • Adrien

    Vous avez un forage à vous du coup.

  • Piroo

    Voilà.

  • Adrien

    Et vous avez les panneaux.

  • Piroo

    Voilà, on a 16 panneaux. Il faut en rajouter 8 encore.

  • Adrien

    OK.

  • Piroo

    Donc logiquement,

  • Adrien

    vous êtes presque à 100%.

  • Piroo

    Normalement,

  • Adrien

    on va être accordé au cas où,

  • Piroo

    mais exactement, exactement.

  • Adrien

    Mais pareil, l'électricité, c'est des frais,

  • Piroo

    mais c'est hyper cher. L'électricité est incroyable. Là, on est à peu près 300 euros d'électricité par mois.

  • Adrien

    300 euros d'électricité par mois. Alors avec cette panneau,

  • Piroo

    voilà, voilà, avec ces panneaux. Donc voilà, on vous donne un peu comment ça se passe. Mais aujourd'hui, voilà, on a mis en place ce potager pour déjà être indépendant, nous, en légumes et en fruits. Mais au delà de ça, pouvoir vendre de cette production pour couvrir les frais du centre. Donc une partie des frais parce que voilà un potager. Nous voilà aujourd'hui on a un fruitier potager,

  • Adrien

    c'est ça ?

  • Piroo

    C'est ça, maraîcher. Et puis on va faire aussi des arbres fruitiers pour surtout de la papaye. Donc on s'est focalisé sur la papaye parce que c'est c'est un arbre qui est rentable, qui pousse au max et puis qui est cher. Donc voilà, c'est assez rentable. On s'est focalisé sur ça pour l'instant, un potager. On a d'autres idées en fait, c'est de faire un poulailler. Donc voilà, c'est le futur projet qu'on veut mettre en place pour être indépendant en viande et puis aussi vendre de ces poulets pour couvrir une partie des frais du centre. Donc aujourd'hui...

  • Adrien

    Le but c'est l'autonomie. Voilà,

  • Piroo

    c'est ma mission là pour laquelle je suis focalisé parce que je sais que je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps.

  • Adrien

    À un moment tu n'as plus le réseau pour.

  • Piroo

    Exactement, il est fatigué. Donc comme je te dis, voilà... On ne travaille pas avec de grosses sociétés, on ne travaille pas avec des municipalités, on est avec le peuple. Donc franchement pour te donner une idée des personnes qui nous donnent, c'est des personnes qui sont au RSA, c'est des personnes qui sont à la retraite, c'est des personnes qui font le petit don quoi. Qui font le petit don et voilà, petite pierre plus petite pierre, ça fait ça.

  • Adrien

    Tu as un système de parrainage aussi non ?

  • Piroo

    Voilà, là on est aussi en train de mettre un système de parrainage en place. Donc voilà, c'est 25 euros le parrainage.

  • Adrien

    25 euros par mois. Et du coup ça couvre quoi par rapport à un enfant à peu près ?

  • Piroo

    Alors sur un enfant, ça couvre son alimentation, ses soins, et puis les personnes qui vont travailler autour de ses enfants. Donc voilà, aujourd'hui quand on va avoir 70 enfants, ça va nous faire 25 euros par enfant, et ça va nous alléger en fait. Plus le potager, plus le poulailler, avec le système de parrainage, normalement on s'en tirera bien.

  • Adrien

    Et après vous trouvez des partenaires.

  • Piroo

    Et ça c'est la grande mission. Ça c'est la grande mission. Les partenaires qui veulent, qui voudraient bien financer une partie, prendre en charge certaines choses du centre, soit l'alimentation, soit les soins.

  • Adrien

    La partie médicale, ouais.

  • Piroo

    La partie médicale, parce que la partie médicale, aujourd'hui, on fait les soins qui sont urgents, mais il y a pas mal d'enfants par exemple qui doivent être opérés et qu'on ne peut pas aujourd'hui. On ne peut pas parce que les opérations, c'est très coûteux et on ne peut pas gérer ça encore. Donc voilà, il faudrait bien avoir des partenaires qui prennent en charge ce type d'opérations. Puis voilà, comme ça, pour... En fait, notre objectif aujourd'hui, c'est que vraiment tout se passe bien sans qu'on soit trop dans la course.

  • Adrien

    Pour pouvoir être focus vraiment dans ce que tu veux faire, dans l'impact. C'est quoi les grosses galères du moment ?

  • Piroo

    Alors les galères du moment, des fois comme je te dis, c'est l'argent. L'argent clairement, parce que voilà aujourd'hui, tu n'as pas d'argent, tu ne payes pas les personnes. La nourriture c'est différent parce que les associations qui passent, les personnes qui passent, elles viennent avec des sachets de riz, elles viennent avec de l'huile, elles viennent avec des choses comme ça. Donc généralement, la cantine est toujours pleine. Enfin, on a ce qu'il faut, à part les dépenses journalières, les légumes qu'il faut acheter au jour le jour et tout. Donc ça, c'est de l'argent. Mais sinon, le gros, on a réussi à l'avoir par le biais d'associations. Mais vraiment, c'est la masse salariale et les soins. Les soins, il faut savoir qu'un enfant qui va à l'hôpital, déjà, ils ne le prennent pas s'il n'y a pas d'argent.

  • Adrien

    Ouais, il faut payer avant même que tu rentres.

  • Piroo

    Ils meurent devant eux, au sol, et ils ne vont pas te prendre. Ça, c'est niette et c'est clair. Donc aujourd'hui, voilà, il faut payer l'entrée, il faut payer la consultation. Il faut payer la radio, il faut payer l'éco, s'il y a la radio ça ne suffit pas. Il faut payer les médicaments que le médecin va te prescrire. Et puis le transport, parce qu'aujourd'hui on n'a pas de voiture encore dans le centre. Ne serait-ce que d'aller sur Dakar, de Pout à Dakar, ça te coûte de l'argent. Donc il faut compter à peu près entre 200 et 250 euros pour un enfant.

  • Adrien

    Pour un gamin.

  • Piroo

    Pour un gamin. Et il faut se dire que les enfants tombent très souvent malades. Très très souvent malades. C'est des enfants.

  • Adrien

    Quand on a une cinquantaine, de toute façon, ça reste toujours un game. Mal être. Voilà,

  • Piroo

    voilà exactement. Donc voilà, on se retrouve toujours dans le rush. Et puis voilà, il faut sortir de l'argent pour les soins. La fin du mois, elle arrive là pour payer le personnel et ainsi de suite. Donc tu vois, tu es toujours dans la course, quoi. Toujours dans la course. Et là,

  • Adrien

    tu me parlais de bref. Aujourd'hui, on a une petite surprise apparemment. Et je voulais qu'on parle de ça parce que parce que c'est ouf en fait. Quand tu fais les choses bien et je pense que tu les as fait bien de ouf et je pense que tu as tout donné de ouf. Un moment, les gens, je ne sais pas pourquoi, mais la vie, elle te, elle te, elle te, elle te le rend. Et là, c'est un peu ce qui est en train de se passer ici dans tous les cas, parce qu'en vrai, ça fonctionne. Il y a plein de problèmes, il y a plein de choses. Mais du coup, vous avez eu un cadeau. Il y a combien de temps ?

  • Piroo

    Il y a un mois.

  • Adrien

    Il y a un mois ? Raconte juste, c'est juste ouf.

  • Piroo

    Alors il y a un mois, il y a un monsieur qui s'appelle Awa, Awa c'est la directrice du centre, qui s'occupe de ses enfants, qui lui dit Awa, je t'ai construit un centre Donc Awa m'appelle, elle me dit il y a quelqu'un qui a dû me voir avec toi au village, ils sont en train de se foutre de moi, et ils ont dit qu'il y a un centre qui a été construit juste derrière le village à 500 mètres pour nous et qu'il finit la construction, là il nous donne les clés. Moi je lui dis ouais c'est impossible, qui va construire un centre ? En fait je sais moi par où je suis passé donc je me dis c'est pas possible que quelqu'un ait fait ça et qu'il n'en ait pas parlé et qu'Awa n'est pas au courant, qu'il ait fait ça dans son coin quoi. Et si si, ça existe. Donc elle lui donne rendez-vous à 11h du matin ici, elle lui dit voilà il y a quelqu'un là-bas qui t'attend, va lui en parler et fais-le visiter. Aux 14h du matin, il y a quelqu'un qui arrive, boum boum, tout ça, voiture. Il me dit C'est toi Pierrot ? Je dis Ouais et il me dit Ah bah c'est Awa qui m'a dit de passer te voir, faut qu'on aille visiter le deuxième centre. Je dis Mais je vais me kidnapper, c'est quoi le délire lui ? C'est qui ? C'est quoi ? Comment ça existe ça, quelqu'un qui conspire ?

  • Adrien

    Je vais te donner un centre.

  • Piroo

    On arrive là-bas, grand centre de 500, 600 mètres carrés. T'as vu, fait avec amour, ça se voit sur les finitions, sur les trucs. T'as vu, c'est pas quelqu'un qui a construit un centre pour dire Ouais,

  • Adrien

    j'ai construit... Il a mis quatre grands murs et il a dit J'espère que...

  • Piroo

    Voilà, il a vraiment réfléchi à tout. Toilettes dans les chambres. Je me dis Mais c'est pas impossible ! Il me dit Ouais, voilà, moi, j'ai vu Awa galérer et tout. Et puis, j'ai lancé une récolte de mon côté. Et j'ai construit ça, c'est pour Awa. Donc, à la fin, on vous donne les clés, c'est vous qui gérez ce centre.

  • Adrien

    A qui ça arrive ça ?

  • Piroo

    Franchement... A moi ! A qui ça arrive ça ? Franchement...

  • Adrien

    Parce que ça c'est un bâtiment au même prix qu'ici. Ouais ouais ouais !

  • Piroo

    Ouais clairement. Clairement. Et t'es là...

  • Adrien

    Et en plus juste derrière. Juste là ! C'est pas il te l'a mis je sais pas où, c'est genre à 500m d'ici.

  • Piroo

    Et tu te dis mais... Je sais pas... J'ai même plus les mots. En fait tu te dis mais vraiment y'a quelqu'un, pendant que je me battais, pendant que moi j'étais en train de batailler... Il y avait quelqu'un qui bataillait comme moi de son côté pour faire ça.

  • Adrien

    Pour la même cause.

  • Piroo

    Pour des enfants. Ouais. C'est un truc de fou.

  • Adrien

    Et du coup, c'est pas le projet là-bas ?

  • Piroo

    Donc là-bas, on veut plus en faire un centre culturel et éducatif. Donc on veut plus faire une salle de classe là-bas, une salle informatique, une salle d'art plastique, une salle de musique. On veut vraiment que là-bas, les enfants s'épanouissent parce que voilà, t'as pu voir aussi dans ce centre, il y a des enfants. Ils sont IMC, mais ils n'ont pas besoin de massage toute la journée. Et ils vagabondent. Donc moi aujourd'hui, vraiment, je veux leur donner un sens. à leur venue au centre, tu vois. Et on veut les mettre à l'école. Pour certains, on a quelques jeunes qui sont là, qui ont à peu près 16, 17, 18 ans et qui sont dans des lits qui ne peuvent pas bouger par des malformations. On veut leur offrir un avenir, même si ce n'est pas nous qui offrons. Mais en fait, on veut leur donner les outils pour qu'ils puissent avoir un avenir.

  • Adrien

    Une fois qu'on a réglé la santé, après c'est l'éducation.

  • Piroo

    C'est ça. Parce que ces enfants, ils vont grandir. Et ces enfants-là, on ne veut pas qu'ils soient exclus de la société. On veut qu'ils aient leur place parce qu'ils l'ont. Ils ont leur place et ils peuvent le faire. Si demain tu leur donnes les outils, tu leur apprends comme ils le font. En fait, il faut juste les considérer et les prendre au sérieux. Donc aujourd'hui, nous, notre objectif, c'est que... Je ne dis pas qu'on veut sortir les ingénieurs de demain,

  • Adrien

    mais on veut que demain,

  • Piroo

    on ne veut pas retrouver nos enfants demain sur le bord de la route à faire la manche, user de leur handicap pour faire de la peine. Non, on veut leur faire comprendre qu'ils ont les moyens et qu'ils peuvent le faire et qu'ils peuvent aller chercher leur argent. On va leur apprendre, il y a l'informatique, il y a l'école, il y a l'art plastique, demain tu peux finir graffeur, tu peux finir... On veut faire une salle de musique, ils peuvent finir musiciens, ils peuvent finir... Tu vois, il y a pas mal d'opportunités qui peuvent s'ouvrir à eux. Et nous, on va essayer, on va tout faire en tout cas pour leur donner les moyens de le devenir.

  • Adrien

    Ne serait-ce que pour les éveiller dans tous les cas, c'est hyper important. Tu as parlé de Sens pour eux. Toi, le podcast s'appelle Sens. Ça a été quoi le chamboulement entre Anxpétavie de Pyro, Sartreville, F5 ? qui prend des burgers et qui se retrouve à Pout au Sénégal dans un centre avec 54 enfants.

  • Piroo

    En fait, j'ai trouvé, j'ai trouvé, j'ai enfin trouvé le sens à ma vie.

  • Adrien

    Mais tu as une histoire avec le médical, tu as une histoire avec les enfants.

  • Piroo

    Moi, de base, je suis un peu heureux. Moi, je ne vais pas au médecin. J'ai peur du médecin. J'ai très, très peur du médecin. Oui, je n'aime pas le médecin, je n'aime pas les hôpitaux. Vraiment, vraiment, je n'arrive pas. Voilà, je n'arrive pas. Mais moi vraiment, je suis un jeune de quartier simple qui avait une vie de banlieusard. Donc voilà, on a fait nos bêtises, on a roulé notre boss, on a fait pas mal de choses. Et puis ensuite on s'est calmé, on est rentré dans le monde du travail très tard, à 25 ans. Mais voilà, au fur et à mesure, on s'est mis dedans. Et puis ensuite voilà on a commencé par des actions dans notre quartier au début parce que voilà Sartreville c'est très droite, pour pas dire extrême droite. Donc le tissu associatif il est quasi inexistant. Nos petits étaient complètement abandonnés, délaissés. Les quelques associations qu'il y avait c'était plus des vitrines dans la ville et il n'y avait pas réellement d'action concrète sur le terrain. En tout cas nous on ne les voyait pas. Et puis voilà, on a commencé déjà par notre quartier, qu'on a appris aux jeunes déjà à nettoyer le quartier, à que le sens de l'écologie, vivre dans un endroit propre et de ne pas attendre que les éboueurs viennent nettoyer chez eux, que c'était à eux déjà de mettre les papiers dans la poubelle. On a commencé par la base, en fait, par la base. Et puis ensuite, on a continué pour... C'est de leur faire plaisir par des fêtes de quartier. On ramenait des chevaux parce qu'on savait que certaines choses, certains enfants ne pouvaient pas avoir accès à l'équitation. Des choses simples, mais qui paraissent pour les gens banales. Mais en fait, dans nos quartiers, c'est limite un rêve pour un enfant. Il y a des enfants, moi je me rappelle, j'ai un enfant, quand il a vu le cheval, il m'a dit Mais c'est mon rêve de monter sur un cheval ! Et quand il était dessus, c'était... On dirait qu'il était sur un tapis volant.

  • Adrien

    Toi, en vrai, tu as toujours été quand même en quête de sens à travers ces petites accords que tu as fait dans ce quartier-là, non ?

  • Piroo

    C'est ça, c'est ça. J'ai toujours voulu servir. J'ai toujours voulu servir. Parce que moi aussi, dû à mon histoire depuis jeune, heureusement qu'on m'a aidé. Heureusement qu'on m'a aidé parce que sinon, je n'en serais pas là aujourd'hui. Et aujourd'hui, je veux rendre la monnaie de cette pièce. Donc en aidant tout simplement.

  • Adrien

    Et l'aboutissement.

  • Piroo

    Et là c'est clairement la cerise sur le gâteau. Donc voilà aujourd'hui on a une autre vision. On veut que ce centre-là puisse être dans les 14 autres régions du Sénégal. Parce que le besoin, il est là, il est réel, il est sérieux et urgent. Parce qu'on reçoit des appels de toutes les régions du Sénégal.

  • Adrien

    Pour qu'ils envoient leurs gamins ici ?

  • Piroo

    Pour envoyer leurs gamins ici. Donc nous, on n'a pas la capacité aujourd'hui de pouvoir les accueillir. On n'a pas les moyens de les accueillir. Mais si demain, on peut faire quelque chose, c'est d'aller directement dans ces endroits, dans chaque région. d'essayer de faire des centres comme celui-là. C'est ce qu'on... Sur le long terme, c'est ce qu'on veut faire. C'est pour ça qu'ici, on essaie vraiment de stabiliser, de trouver le bon business plan, le bon truc pour que là-bas, ça soit plus facile pour nous.

  • Adrien

    C'est le projet test, enfin de toute façon, c'est le premier. C'est là où tu fais les erreurs.

  • Piroo

    Exactement. C'est ici, voilà, on se casse un peu la gueule. On voit si ça marche là, si ça marche pas, on recommence, on change, on modifie, on peaufine. Et puis, en fait, dans le seul objectif de reproduire ça dans une autre région.

  • Adrien

    C'est quoi la plus grosse erreur que tu as fait dans le projet ?

  • Piroo

    La plus grosse erreur que j'ai faite dans le projet ? Franchement, j'en ai fait tellement. J'en ai fait tellement. Tu as une heure de retour. J'en ai fait, j'en ai fait.

  • Adrien

    Déjà, de prendre le projet à l'envers, c'est déjà pas mal.

  • Piroo

    Voilà, voilà, déjà, tu vois, demain, par exemple, j'irai plus jamais, en fait, commencer un projet si j'ai pas les fonds. Parce qu'il y a une pression, en fait.

  • Adrien

    Est-ce que finalement, c'est pas la clé du succès aussi de ce projet-là ? Te dire, en fait, t'as le couteau sous la gorge et du coup, t'as plus d'argent.

  • Piroo

    Et tu y vas, mais je te jure, tu dors pas le soir. Ouais. T'es là, tu te grattes le crâne. Ouais. Ah, tu te grattes le crâne quand, en fait, tu sais qu'on compte sur toi de l'autre côté et que, moi, t'as pas les fonds. que t'as pas d'imprimante à la maison pour imprimer les billets et que les partenaires que tu appelles disent ce mois ci, je peux pas parce que c'est dur. Moi aussi, ce mois ci, j'ai une galère, je peux pas. Ouais,

  • Adrien

    c'est bien de dormir aussi. Voilà,

  • Piroo

    voilà. Et tu vois, franchement, c'est quelque chose que je recommencerai pas. Je pense du coup,

  • Adrien

    si tu devais donner un conseil à quelqu'un qui veut monter un projet comme ça, construire un truc avec des fonds,

  • Piroo

    une pareille, foncer,

  • Adrien

    foncer,

  • Piroo

    foncer, croyez y. C'est ça, ça se dit comme ça. Voyons votre projet, foncez et n'écoutez personne. Moi au début quand j'ai dit je vais construire un hôpital, ils m'ont dit retourne dans ta cuisine à couper des tomates. Tu vois ?

  • Adrien

    De nous casser la tête.

  • Piroo

    Voilà, exactement.

  • Adrien

    Des rêves là.

  • Piroo

    Qu'est-ce que tu me racontes, hôpital, pyro, pyro, hôpital au Sénégal. Arrête tes conneries là. Et puis non, j'y ai cru.

  • Adrien

    La détermination pour récupérer. Quand tu vois ce que vous avez récolté.

  • Piroo

    Ouais, faut en avoir.

  • Adrien

    La détermination quoi.

  • Piroo

    Voilà, et la constance. La constance. Pas se dire 6 mois, 1 an, votre projet il va peut-être durer 6 ans, 10 ans. Mais croyez-y parce que à la fin vous allez être fiers.

  • Adrien

    C'est important la constance, on n'en parle pas assez. Moi je me rends compte même dans tout en fait. En fait, mieux vaut être costaud. Les gens ils veulent toujours des pics comme ça là, et après ils lâchent.

  • Piroo

    Voilà, non.

  • Adrien

    Juste faut partir, la vie c'est un marathon.

  • Piroo

    Exactement, lâchez pas, lâchez pas, lâchez pas. Et soyez... autant déterminer au début qu'à la fin. C'est la clé. Moi, en tout cas, c'est le conseil que j'ai à donner à toutes les associations ou les particuliers aussi, qui ont des projets sociaux ou autres, de business ou quoi.

  • Adrien

    Cool. Du coup, aujourd'hui, les besoins, c'est quoi ? Trouver de l'autonomie ?

  • Piroo

    Trouver de l'autonomie. C'est ça.

  • Adrien

    Trouver de l'économie, des partenariats qui sont solides,

  • Piroo

    solides,

  • Adrien

    qui sont là et qui sont présents. Et j'ai vu que vous parliez avec des associations pour des partenariats, un peu pour vous envoyer des stagiaires, envoyer des gens un peu de la France ou d'ailleurs, en tout cas d'Europe, de partout,

  • Piroo

    de partout, de partout. En fait, juste qu'ils aient des compétences que nous n'avons pas ici et qu'il y a un transfert de compétences qu'ils peuvent faire. Parce qu'aujourd'hui, on parle beaucoup d'argent, on parle beaucoup de fonds, de tout ça. Mais il y a aussi ses compétences. Non. Donc voilà, aujourd'hui, les personnes qui travaillent ici, il y en a cinq qui sont diplômés du diplôme de Ausha. Donc c'est des Belges qui sont venus au Sénégal pour pouvoir les former. Mais voilà, ils ont toujours besoin de mise à niveau. Et puis d'autres personnes qui vont être recrutées, donc qui seront aussi obligées d'être formées. Tout simplement. avec ça et ça passera simplement avec du transfert de compétences. C'est pour ça qu'on cherche aussi des partenaires qui ont une expertise sur le médical, qui ont ces compétences et ces capacités et ce grand cœur, qui veulent venir et nous donner de ça.

  • Adrien

    Du coup parrainage, transfert de compétences, on va dire partenariat compétences, partenariat, autonomie avec les jardins etc. Parrainage je crois que je l'ai dit. Là il y a le deuxième centre. Et après c'est un centre dans tous les départements,

  • Piroo

    dans toutes les régions. Ça c'est vraiment mon rêve pour le moment. Et ensuite quand on fera ça, il y aura un autre rêve qui viendra. Ce sera peut-être dans chaque pays d'Afrique. Mais voilà, en tout cas, là, on est focus sur ça. Stabiliser ici, reproduire ça ici au Sénégal.

  • Adrien

    Bordeaux ouf. Bon, en tout cas, du coup, la maison, c'est la maison des rois.

  • Piroo

    Ici, c'est la maison des rois. C'est leur maison.

  • Adrien

    La maison des rois. C'est leur maison. On a Pout. Ok, bah cool. Créos, moi ça me fait plaisir de ouf. On a les gens qui arrivent et tout, carrément.

  • Piroo

    Et... Kumba, kumba, kumba. Attends, ferme, ferme. Merci.

  • Adrien

    On a les gens qui arrivent. Moi, je voulais juste finir là dessus. On va mettre tous les liens en description pour les parrainages, pour l'Instagram. Du coup, on va lancer l'Instagram derrière la maison des rois. Grand frérisseur à suivre quand même.

  • Piroo

    C'est l'association. Bien sûr,

  • Adrien

    et voilà, j'ai oublié quelque chose.

  • Piroo

    Non, franchement, c'est carré. Moi, je tenais quand même toi aussi à te remercier parce que tu donnes de ton temps, tu donnes de tes compétences quand on parle de compétences médicales. Mais. Moi aussi, on a besoin de communication. Si il n'y a pas de communication, ça va être très, très compliqué pour nous. Et moi, j'ai le souvenir de ta première vidéo que tu as fait. Frérot, tu nous as fait prendre un virage. Ça a été la vidéo qui nous a donné du crédit. Donc ce n'était plus les jeunes de banlieue qui essayent de faire un hôpital. C'était vraiment un truc. Ils se disaient c'est une association, c'est du lourd. Et c'est grâce à ton montage, à tes compétences, à toi. Et moi, en tout cas, je te serai éternellement reconnaissant parce que, comme je te dis, ça nous a fait prendre un virage à un moment où tout le monde nous regardait un peu de haut. Et puis merci à des gens. Ils ont passé. Ouais, non, personne n'y a.

  • Adrien

    Moi, dans ce bureau, le jour où tu m'as présenté le projet, comme je te dis, je me suis dit ou c'est des mythos ou c'est vraiment des psychopathes. Ils sont en train de faire un truc. D'où ils vont sortir cet argent ? D'où ils vont faire ça ? Et je crois que c'était vraiment deux semaines après. Donc j'étais encore dans le truc où j'avais encore notre rencontre, notre rencontre dans la tête. Je me suis dit non, il faut que j'aille à Poutres. Donc je vais aller à Poutres. En plus, je ne connais pas du coup, j'y vais sur la journée et je fais cette vidéo. Et en plus, comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai fait la vidéo en 2-2, téléphone machin. Je crois que j'avais sorti le drone, j'avais quand même le drone et tout. J'avais fait avec le téléphone drone. J'ai monté la vidéo en 2-2 sur le retour.

  • Piroo

    Sur le retour,

  • Adrien

    j'ai fait la voix off dedans et tout. qu'est ce que je suis en train de faire ? En fait, je n'avais jamais fait vraiment de vidéo purement comme ça. Et ça m'a donné aussi. En fait, je me suis rendu compte à travers cette vidéo que en fait, ça avait un impact pour de vrai. Et moi, en vrai, je me bats là dessus. Je me bats sur ça depuis des années, mais à des moments, j'en étais pas conscient non plus. Et en fait, avec cette vidéo là, je me suis vraiment rendu compte. Je me suis dit en fait, on a vraiment de l'impact. Regarde, j'ai pris une demi journée. Je suis resté deux heures, trois heures sur place. J'ai juste filmé machin. Je crois que j'ai mangé avec eux. J'ai sorti le drone, j'ai monté la vidéo, je suis rentré, ça m'a pris la journée. Et on a un impact de ouf. La vidéo, elle a 50 000 vues. Vous, ça vous a rapporté des fonds, ça vous a créé de la crédibilité parce que souvent, les gens, ils parlent que de d'argent. Non, mais la crédibilité, c'est important aussi. Et c'est aussi dans l'inconscient. Les gens, ils voient en fait, ils voient parce que tu pourras pas ramener toute la France à poutre. Les gens qui t'ont donné. Il n'y a pas tout le monde qui va venir au Sénégal. Il n'y a pas tout le monde qui va voir ça. Et du coup, il faut réussir à trouver un outil qui va leur qui va leur retransmettre un peu ces émotions que toi tu as eu le jour où tu es rentré, que tu as envie de chialer, que moi je suis rentré j'ai envie de chialer et qu'on a même tout chialé en vrai. Et dernièrement quand j'ai ramené Adama dans Enfant Soleil, tu me rappelles, je lui ai dit vas-y viens on va à Poudre, je vais te montrer un projet etc. On y va. Et quand on arrivait devant, je me suis dit mais attends je lui ai même pas dit ce qu'elle va voir. Et je l'ai regardé, je lui ai dit Adama t'es prête parce que ça va être dur en fait ce que tu vas voir. Et elle me dit Adrien c'est bon. Elle est rentrée, elle m'a dit Adrien heureusement que tu m'avais dit ça. Parce que si tu ne l'avais pas dit je n'aurais pas entendu. Et c'était vraiment dur, dur, dur visuellement. Et même pour moi, filmer, c'était dur. Tu dis non, tu peux pas montrer ça, c'est trop dur. Ça fait trop la com de la pitié. Ça fait trop parce que c'est trop violent. Mais en même temps, c'est réel,

  • Piroo

    c'est réel. Et si en fait, si tu montres pas les gens, ils vont pas l'accepter. Ils comprendront pas et ils minimiseront toujours.

  • Adrien

    Et aujourd'hui, on va le voir. Et là, j'ai filmé un petit peu aujourd'hui et on le voit. Il y a beaucoup plus de dignité. Tu vois qu'on leur a retrouvé une dignité.

  • Piroo

    Ils savent que c'est notre travail aujourd'hui, c'est de leur redonner cette.

  • Adrien

    Et de sourire. Il n'y avait pas un sourire. Quand c'était l'autre centre, j'ai pas eu une vidéo avec un sourire. Là, j'ai eu des sourires toute la journée.

  • Piroo

    Parce que ça y est, ils sont épanouis. Ils sont là, ils rigolent, ils jouent, ils mangent bien. Ils ont du jus, ils ont des bonbons, ils ont droit à des gâteaux. Tu vois, ils ont fait des journées crêpes. Ils ont fait des crêpes.

  • Adrien

    Ils ont jamais mangé des enfants normaux.

  • Piroo

    C'est de nos enfants. C'est des enfants qu'il faut prendre au sérieux. Et considérés comme des enfants, tout simplement. Porteurs d'handicap, oui, certes, mais c'est des enfants.

  • Adrien

    Il faut les remettre au cœur de la société, c'est important. Et ici, comme tu l'as dit au début, au Sénégal, il y a quand même encore beaucoup de croyances sur le mystique, sur toutes ces choses-là. Et je pense que c'est le travail aussi de ça, c'est de leur rendre l'aide de leur dignité pour que les parents aussi, ils se disent Non, attends, je suis fier de mon fils, regarde ce qu'il a réussi à faire. Et que les oncles, les tantes et que la société, en vrai, les acceptent.

  • Piroo

    C'est ça, exactement.

  • Adrien

    Parce que c'est le grand combat, et c'est là où c'est le plus dur ici. C'est des combats qu'on a moins en France. Ici, il y a encore beaucoup de boulot.

  • Piroo

    Énormément de boulot. On va se battre en tout cas. Ça y est, c'est ma vie ça. C'est ma vie maintenant. J'ai choisi de me battre pour eux. Et puis voilà, on lâchera pas en tout cas. Ça, c'est sûr.

  • Adrien

    Bon.

  • Piroo

    Ça, c'est sûr.

  • Adrien

    J'ai une dernière question. Est-ce que tu peux me donner un mot par rapport à tout ça ? Et ce sera le mot de la fin.

  • Piroo

    Fierté.

  • Adrien

    Fierté ?

  • Piroo

    Ouais, fierté. Merci mon frère

  • Adrien

    Les amis, si vous voulez donner du sens à votre vie Il faut suivre les gens comme ça

  • Piroo

    Merci, on est ensemble

  • Adrien

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Sens jusqu'au bout Si ces histoires t'ont inspiré ou touché Partage-les autour de toi Donne une note ou laisse un commentaire Pour aider à amplifier leur impact C'était Sens et je te donne rendez-vous très bientôt Pour un nouvel épisode avec encore plus d'histoires Inspirantes et de projets qui changent le monde

Description

Il est passé de cuisinier dans un fast-food à constructeur du plus grand centre pour enfants atteints d’IMC du Sénégal.


Dans cet épisode, je te présente Piroo, fondateur de l’association Grands Frères et Sœurs. En 2019, il s’est lancé dans un challenge aussi fou qu’inspirant : construire un centre de 1000 m² au Sénégal pour des enfants atteints d’un handicap très lourd, l’infirmité motrice cérébrale (IMC).


🎙️ Ce que tu découvriras dans cet épisode :

  • Comment tout a commencé : sa première rencontre avec ces enfants et le déclic qui a changé sa vie.

  • Les défis incroyables pour financer le projet, du porte-à-porte aux voyages à vélo.

  • Les moments de doute, les réussites et l’impact immense sur la vie de ces enfants.

  • Les défis actuels : entre autonomie financière et développement d’une vision à long terme pour le centre.


Cet épisode, c’est une plongée au cœur de l’humanité, un récit d’engagement et de résilience. Ensemble, on explore ce qui donne du sens à la vie et comment chacun peut contribuer à transformer le monde à son échelle.


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🎙️ SENS – Le podcast qui explore les histoires inspirantes et les projets qui changent des vies.

Je suis Adrien Scat, photographe et réalisateur à impact. À travers chaque épisode, je mets en lumière des femmes et des hommes qui, en donnant du sens à leur vie, transforment le monde autour d’eux. Découvre leurs parcours, leurs défis, et leurs conseils pour te lancer dans le projet de tes rêves.


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Transcription

  • Piroo

    Franchement, au début, on nous a ri au nez. Quand je suis parti voir mes potes et je leurs ai dit Ouais les gars, il faut qu'on construise un centre médical pour des enfants atteints d'handicap. En plus, ce n'est pas un dispensaire ou tu vois... Oui,

  • Adrien

    en plus, ce n'est pas un petit handicap.

  • Piroo

    Voilà. Quand je finis ça, je vais vivre là-bas avec eux. Ça y est, c'est le projet d'une vie en fait. Ce n'est pas moi qui va le finir, c'est mes enfants. J'ai enfin trouvé le sens à ma vie.

  • Adrien

    Mais tu as une histoire avec le médical, tu as une histoire avec les enfants. Non,

  • Piroo

    pas du tout. Moi, de base, je suis un peu peureux. Moi, je ne vais pas au médecin.

  • Adrien

    C'est quoi la plus grosse erreur que tu as fait ?

  • Piroo

    Alors nous on a tout fait à l'envers. Moi au début quand j'avais dit je vais construire un hôpital, ils m'ont dit autant de nata cuisine à couper des tomates. Il y a des enfants, ils se sont levés pour la première fois de leur vie ici.

  • Adrien

    Le sens n'est pas une destination, c'est un chemin qu'on construit petit à petit. Moi, c'est Adrien Scatte, photographe et réalisateur à impact. À travers Sens, je t'emmène au cœur de projets qui transforment des vies et redonnent un vrai sens à l'action humaine. Ces histoires sont celles de femmes et d'hommes qui, en cherchant un sens à leur vie, ont trouvé la force de changer le monde autour d'eux. Avec Sens, on explore ces récits inspirants, on apprend, on s'émerveille et surtout, on découvre comment toi aussi, tu peux faire bouger les choses. Parce que oui, chacun mérite d'avoir un impact. Rejoins-moi dans cette aventure et laisse-toi inspirer par des projets qui prouvent qu'ensemble, tout devient possible. Bon, bienvenue dans le podcast Sens, c'est une première, première, première, première pour moi. de faire un podcast, etc. Et c'est pour ça que je suis trop content d'avoir mon frérot Piro avec moi. On est en direct du Sénégal et du coup, grande fierté d'être avec toi mon frérot Piro.

  • Piroo

    Merci, merci. On est où Piro ? Alors là, on est à Pout, on est dans le plus grand centre médical pour enfants atteints d'IMC du Sénégal. Ok, donc ce centre, il a été inauguré le 13 juillet, donc après quatre longues années de combat et de bataille de levée de fonds. Mais aujourd'hui, c'est là et on accueille plus de 54 enfants dans le centre. C'est un truc de ouf le spot.

  • Adrien

    Le spot est juste ouf, c'est pour ça que je voulais le faire absolument ici. Parce qu'en fait, l'endroit, c'est rare de voir des trucs aussi ouf au Sénégal.

  • Piroo

    Frérot,

  • Adrien

    moi je me rappelle la première fois qu'on s'est rencontrés. Tu te rappelles ou pas ?

  • Piroo

    Bien sûr. Ça a été...

  • Adrien

    On était dans les bureaux de Smile Mouvement à Webedia.

  • Piroo

    C'est ça.

  • Adrien

    Et t'étais avec ton frérot.

  • Piroo

    Avec Walid.

  • Adrien

    Et tu m'as parlé de ce projet là.

  • Piroo

    C'était un truc de ouf. On était arrivé à la moitié du projet et c'était un moment où... On commençait à s'essouffler.

  • Adrien

    C'était quand ? 2022 ?

  • Piroo

    2022. Ouais, c'est ça, 2022, c'est début 2022, je crois. C'est ça ?

  • Adrien

    Ouais, ça devait être ça.

  • Piroo

    Donc, c'était un moment où on avait commencé à récolter depuis un petit moment, mais on arrivait à un moment où les gens commençaient à être épuisés. Donc, de donner de l'argent à chaque fois, à chaque fois.

  • Adrien

    Un projet qui coûte... Juste combien ? C'était quoi le...

  • Piroo

    Il nous a coûté 300 000 De toute façon, il est là, ok. En mode cagnotte. En mode cagnotte, en mode démarche, on est parti démarcher les sociétés, on a fait plusieurs événements, on a fait du vélo jusqu'à Perpignan, on a fait… Du coup,

  • Adrien

    c'était là-dessus qu'on s'est… Exactement. Je ne sais pas, tu en revenais ou un truc comme ça ?

  • Piroo

    Ouais, on venait de revenir de Perpignan. Et moi,

  • Adrien

    je partais au Sénégal, genre deux semaines après, je crois.

  • Piroo

    Ouais, ouais, ouais.

  • Adrien

    Je partais deux semaines après au Sénégal et tu m'as dit, ouais, il y a un projet. Moi, je me suis dit, ou c'est du mytho, en vrai, ou c'est du mytho, ou c'est complètement fou ce qui se passe, il faut que j'aille voir.

  • Piroo

    C'est ça que j'allais voir.

  • Adrien

    Et du coup, j'étais allé. Ouais, j'étais allé. Et donc, à la base de base, pour que les gens se rendent compte. En vrai, il faut que tu m'explique comment. En fait, je veux que tu m'expliques la première fois, parce que moi, c'est quand tu as décrit, quand on était dans ce bureau là, quand tu as décrit ce que tu as vu. Je me rappelle, j'ai vu tes yeux et je me suis dit Attends, il faut que j'aille voir parce que le gars là, il a été quechaud.

  • Piroo

    Raconte moi juste là,

  • Adrien

    quand tu es arrivé au Sénégal, comment tu as découvert ce projet là, etc. C'était quoi déjà ? Pourquoi tu étais au Sénégal ?

  • Piroo

    Alors nous on était là pour faire un forage, on était accompagné d'une autre association. Donc on les a accompagnés. Et la personne qui me servait de guide pendant ce voyage tenait absolument à qu'on voit des enfants. Donc il nous l'a répété plusieurs fois. Il faut qu'avant que vous partez, vous allez voir des enfants, il faut que je vous ramène voir des enfants. Donc on s'est dit quoi ? On s'est dit qu'on était obligé d'y aller avant de partir. Et puis voilà, on est tombé sur cette case où on a trouvé plus de 25 enfants au sol. sur des matelas gonflables. Je me rappelle, c'était la période de pluie. Et donc le toit était en zinc, il y avait des infiltrations. On arrivait au moment du bain. Les enfants prenaient leur bain dans des bassines. En plus d'être vraiment immobile et tout, ils étaient vraiment dans tous les sens, dans ces...

  • Adrien

    C'est des gamins atteints d'IMC, IMCC.

  • Piroo

    C'est ça, IMC, autisme et trisomie 21. Mais en majorité, majorité, c'est de l'IMC qu'on traite.

  • Adrien

    Immunité. motrice cérébrale.

  • Piroo

    C'est ça, infirmité motrice cérébrale.

  • Adrien

    Et ça correspond à quoi ?

  • Piroo

    Alors, c'est à la naissance, c'est une infirmité qui vient dès la naissance. Donc, soit elle atteint les cellules du cerveau ou les cellules du cerveau et les membres que l'on a, donc les jambes, les bras, même les cordes vocales. Il y en a, ils sont paralysés au niveau des cordes vocales. Donc vraiment, c'est un handicap très lourd. C'est un handicap très lourd. Nous, je me rappelle ce jour-là, comme je te dis, on est arrivé au moment du bain et on a vu ça. Donc on était trois de mon association. On est tous sortis un par un pour aller pleurer, tout simplement, je ne rougis pas de le dire. Et en fait, on a tous choisi la même cachette. Donc on s'est retrouvés dans la même cachette en train de pleurer. Et on s'est dit, en fait les gars, on n'a pas pu venir ici par hasard et on ne peut pas en rester là. Ou simplement mettre un pansement, rentrer en France et envoyer 100 euros tous les mois, se dire que voilà, on a fait notre part du travail. On tenait vraiment à changer radicalement la vie de ces enfants. Et ça passait par un nouveau lieu. Un lieu qui pouvait vraiment accueillir ces enfants dans des conditions convenables, avec un suivi médical, avec des personnes compétentes pour les suivre. Et puis voilà, aujourd'hui on en est là. Mais ça a été très très compliqué. C'était très très dur durant ces quatre années de bagarre.

  • Adrien

    Juste on va revenir au tout début, pourquoi toi tu fais de l'associatif ? Tu viens d'où ? C'est quoi ton parcours en vrai ? Pourquoi tu fais de l'asso en vrai ?

  • Piroo

    Bah tout simplement parce que je kiffe. Toi tu viens d'où ? Moi je viens de Sarkrouville, je suis de banlieue parisienne, je suis d'origine tunisienne et aujourd'hui je me retrouve au Sénégal parce que je suis tombé amoureux de ce pays et puis surtout de ses enfants. Donc... Dès le jour où je les ai vus, je me suis dit qu'il n'y avait pas d'hasard. Donc il fallait que je m'implique et que je donne tout ce qu'il y avait en moi et de mon possible pour pouvoir aider ces enfants. Et donc voilà.

  • Adrien

    C'est l'image que tu peux expliquer ou qui t'a vraiment marqué ce jour-là ?

  • Piroo

    L'image qui m'a marqué, franchement, c'est les enfants dans les bassines. Des enfants qui sont immobiles. qui sont dans tous les sens, qui bavent, qui coulent. Et de les voir en fait dans ces positions, dans ces trucs, ça a été choquant. Je le dis, c'est le mot, ça nous a choqués. Même une fois qu'on est rentré en France, j'en rêvais la nuit, j'en parlais tous les jours. Mes amis, ils en avaient marre parce que chaque chose dont ils me parlaient, ça tournait. Chaque chose dont moi je parlais. ça tournait autour des enfants et du centre et des choses qu'on avait vues.

  • Adrien

    Comme un espèce de traumatisme, genre t'es tout droit, on va dans ça.

  • Piroo

    Je te jure, c'était un traumatisme pour nous. On voit nos enfants en France, même si l'handicap, il y a aussi des problèmes en France avec les enfants atteints d'handicap. Mais ici, d'autant plus. Donc voilà, avec Hawa qui nous a raconté l'histoire de chaque enfant, des enfants qui étaient abandonnés par leurs parents. des enfants qui perdaient leur maman à l'accouchement et puis qu'ensuite le papa ou la famille du papa abandonnaient, clairement. Ils ne voulaient pas s'en occuper parce qu'ils disaient que c'est une malédiction, c'est des enfants maudits. Dans le quartier, on ne les invitait plus au baptême ni au mariage. Vraiment, ce n'est pas facile pour ces enfants qu'on avait vus. Et puis on a été vraiment touchés. On s'est dit que... Il fallait absolument qu'on fasse de l'autre possible pour améliorer ça.

  • Adrien

    Donc ça a été quoi les étapes ? Vous avez commencé comment ? Vous avez fait quoi ?

  • Piroo

    Alors déjà on a commencé par rentrer et parler à nos proches, à notre petit cercle. Donc franchement au début on nous a ri au nez.

  • Adrien

    Je te dirais que tu as voulu faire un centre. Tu savais que c'était un centre qui pouvait le faire.

  • Piroo

    Parce qu'en fait on a demandé à Awa, on lui a dit Awa qu'est-ce qui pourrait changer radicalement la vie de ses enfants ? En gros, elle ne nous a pas dit de la nourriture, elle ne nous a pas dit des soins, mais elle nous a dit un nouveau centre avec de l'espace. Et ensuite, dans ce centre, on ramènera la nourriture et les compétences qu'il faut. Mais il faut déjà un cadre qui est adéquat avec ces enfants. Donc on s'est dit directement, il faut qu'on construise un centre. Donc on est arrivé en France, moi je suis ici de la restauration. Donc moi c'est ketchup, mayo, salade, tomate. Mais venir et dire à mes amis, je veux construire un centre. C'est ça. Quand je suis parti voir mes potes, j'aurais dit ouais les gars, il y a un truc à faire, faut qu'on construise un centre médical pour des enfants atteints d'handicap, en plus c'est pas un dispensaire ou tu vois… Oui,

  • Adrien

    en plus c'est pas un petit handicap. Voilà. Pour les gens qui savent pas c'est quoi IMC, c'est pas un petit handicap.

  • Piroo

    Ouais, c'est un handicap très très lourd, vraiment. Et puis on nous a réunis, on nous a dit qu'est-ce que tu me racontes toi, tes histoires, t'es tunisien, t'habites en France, ta journée tu l'as passée derrière le clame à faire des hamburgers. Et là t'es là, t'es en train de me parler de construire un hôpital au Sénégal. On y a cru, on y a cru parce qu'on voulait le faire et on s'est dit qu'il n'y avait pas de marche arrière après avoir vu ce qu'on avait vu. Et puis on a foncé, on a foncé, on a foncé avec nos petits moyens au début. Donc on est parti au début démarcher nos amis avec des tire-vires. Au début, ça a commencé tout simplement.

  • Adrien

    Tu avais une idée du prix du projet à la base ou pas ?

  • Piroo

    Alors nous, on a tout fait à l'envers. Ok. C'est bien, au moins tu es clair. Oui, vraiment, on n'a aucune expérience dans ça. On s'est regardé, on s'est dit bon, au bled avec 50 000 on peut construire quelque chose quand même. Et on s'est dit ça va nous coûter 50 000 On était persuadé qu'avec 50 000 on s'est dit au bled 50 000 ça fait le coup. Et on s'est dit 50 000 allez, on y va. Il nous faut 50 000 avec 50 000 là, on va faire ça. Donc on a commencé, c'était très compliqué au début, parce que comme je te dis, personne n'y croyait. Donc on a été au début avec des tirelires. Heureusement, je suis issu de la restauration, donc j'ai beaucoup d'amis qui ont des restaurants. Donc on a commencé à placer des tirelires dans leur resto. Et puis je marchais avec ma tirelire dans le quartier. Donc je disais aux gars, allez 10 euros, 5 euros, 2 euros, n'importe quoi, mettez-les dans la petite tirelire. Et on a atteint, je crois, les 30 000 euros en un an.

  • Adrien

    Ah ouais ? En faisant comme ça ?

  • Piroo

    Voilà, en faisant comme ça. C'est énorme. Donc on a eu des petits coups de pouce de personnes qui avaient des sociétés aussi, donc qui nous ont donné de leurs bénéfices. Et on a organisé, pour la fin de ces 50 000 euros, un tournoi de foot dans lequel on avait invité des sociétés. Et puis on leur proposait d'être déductibles de leurs impôts avec les SERFA. Donc on leur demandait de donner 1000€ pour l'inscription. On avait 16 équipes et donc ce jour-là... Vous avez fait où ce truc-là ? C'était à Beson, c'était au 5 de Beson. Donc les sociétés avaient joué le jeu. Et puis on a réussi à avoir 16 sociétés qui nous ont donné 1000€. Plus un peu avec la buvette et la tombola qu'on avait organisée. On est arrivé aux 20 000€. Voilà, on est arrivé aux 20 000€. Du coup 50 000€. 50 000€. Un an d'avocat effectif. Voilà. On se rend compte que 50 000 euros, on va rien faire avec.

  • Adrien

    Vous avez déjà trouvé le terrain ou pas à ce moment-là ?

  • Piroo

    Dès qu'on a eu les premiers, ça nous a coûté 12 000 euros le terrain. Donc dès qu'on a eu les 12 000 euros, on a acheté le terrain. Et on pensait qu'avec 38 000 euros, on allait construire. Et puis en fait, quand on arrive à la fin de la récolte des 50 000 euros, On se dit qu'il serait temps quand même d'aller démarcher les sociétés pour voir combien ça allait nous coûter réellement. Puis là, on arrive avec des devis à 300 000 euros, 320 000 euros, 340 000 euros. Et on tombe sur une société qui décide de nous le faire à 200 000 euros, le centre. Pourquoi ? Parce que c'est un Sénégalais qui vivait en France, qui est venu aujourd'hui s'installer au Sénégal, qui a monté sa boîte qui s'appelle SA2R Expertise, et puis qui a décidé en fait que son bénéfice, il allait le donner, il allait travailler gratuitement, en payant les salariés, en payant la marchandise, mais qu'il n'allait pas se dégager de bénéfice, parce que c'était un rêve pour lui de construire un orphelinat. Et que nous, en fait, on lui a apporté le projet, comme ça, il ne pouvait pas refuser. Donc vraiment, ça nous a vraiment aidé parce que voilà, comme je disais, on était sur des plus chers de base, des beaucoup plus chers. Et puis 200 000 euros qu'il a accepté de prendre en plusieurs parties. Il nous a aidé vraiment, il nous a vraiment facilité sur ce coup. Et donc voilà, mais on se rend compte que nos petits 38 000 euros.

  • Adrien

    Quand tu vois ce prix là, c'est quoi la réaction ?

  • Piroo

    Ça y est, c'est le projet d'une vie en fait. C'est pas moi qui va le finir, c'est mes enfants. Je vais pas... On ne veut pas pouvoir, moi, récolter 200 000 euros. Déjà, comment j'ai fait pour récolter 50 000 euros, je ne savais pas. Je me disais, mais qu'est-ce qui s'est passé ? Par où c'est venu ? Je ne savais pas du tout comment on avait fait. Mais de là à dire, il nous faut 200 000 euros maintenant. 4 fois 100. C'était... Voilà, on allait le faire, on allait y aller, on allait foncer.

  • Adrien

    Tu n'as pas perdu... Genre, tu ne t'es pas dit,

  • Piroo

    ah, vas-y. Non, non, pas du tout. Mais on s'est dit que ça n'allait pas être... C'est pas nous qui allons finir ce projet. C'est dit que ça allait être soit nos enfants, soit la relève des petits frères qui allaient venir par la suite, continuer le projet. Mais à force de persévérer, d'y croire et de prôner nos valeurs qui sont l'entrée de la solidarité, on a réussi à le faire au bout de 4 ans. Franchement...

  • Adrien

    T'as fait quoi là au moment des 200 ? C'est là où t'es parti à Perpignan ?

  • Piroo

    Ouais c'est ça. C'est à ce moment là où les derniers 50 000 euros, on se dit qu'il nous faut 50 000 euros, mais vraiment, on n'a plus d'idées, on a court d'idées.

  • Adrien

    Entre 50 et les derniers 50 000 de 300 000 ?

  • Piroo

    Oui, des 300 000 euros.

  • Adrien

    Mais du coup, il s'est passé quoi avec les 200 000 entre les deux ?

  • Piroo

    Ça a été du porte à porte, devant les gares, au feu rouge, beaucoup de sociétés, des influenceurs aussi qui nous ont partagé. On a eu pas mal de coups de poing. plus de réunions se rencontrer chez smile mouvement et je pense que c'était un peu ce qu'on essaie de prôner c'était que dans le social les influenceurs pouvaient avoir un acteur de ouf de fait ils ont ce projet en est le exemple entre les premiers 50 milles et les derniers 50 milles il ya eu nous le démarchage tout ça il ya eu pas mal aussi les anciens les joueurs de foot les personnes qui ont un aura et qui sont qui sont visibles visibilité Donc voilà, ça a été une bagarre acharnée. Il y a des moments où on a eu des coups de mou, on a eu des moments de doute, mais on y a cru et voilà, on a foncé. C'est notre devise de toute façon, foncer. On sait même la tête blessée, mais foncer. Et voilà, aujourd'hui,

  • Adrien

    on va tirer ses 50 000.

  • Piroo

    50 000 cours d'IT, on ne sait plus quoi faire. On se dit mais qu'est ce qu'on peut faire ? Je sais pas c'est qui qui me souffle l'idée de faire du vélo, mais pas avec une cagnotte et tout. Ils me disent ouais les gars, on galérait au quartier, donc ils nous disent ouais les gars pourquoi on prend pas les vélos, on va en Espagne et tout. Je dis mais t'es sérieux toi, qu'est-ce que je vais faire en Espagne à vélo, pourquoi tu veux me faire souffrir comme ça ? Ils me disent bah je sais pas, au lieu de galérer au quartier, venez on essaye de faire une sortie quoi ensemble. Je me dis mais attends deux secondes, je sais pas c'est quoi qui est venu dans ma tête. Je suis parti m'asseoir, je leur ai dit attendez deux secondes les gars, j'ai une idée, il faut juste qu'ils y réfléchissent. Je me suis assis, 30 minutes, et je suis revenu les voir les gars, vous êtes sérieux, vous voulez vraiment faire du vélo pour aller en Espagne ? Ils m'ont dit ouais. Je leur ai dit bah les gars on va mettre une cagnotte en place, on va essayer de faire intervenir des influenceurs sur chaque étape, et puis on va essayer de récolter, nous on avait mis pour objectif 20 000 euros, donc il allait nous rester encore les 30 000 euros. Mais voilà, on a fait du vélo, on a eu pas mal de personnes sur le chemin qui ont joué le jeu, qui nous ont accueillis.

  • Adrien

    Frère, juste, t'es parti en vélo, t'es parti en bitwin normal, t'es pas parti en vélo... Non,

  • Piroo

    non, non, ouais.

  • Adrien

    Tour de France, vélo électrique...

  • Piroo

    On est parti chercher le vélo qu'il y avait dans la cave. Classique ! Ouais, ouais. On était cinq, donc chacun est parti gratter un vélo à son voisin, à son pote, à son truc. On partait ouvrir les caves du quartier, chercher les vélos qui étaient là, changer les chambres arrière, les roues. Et puis on a pris la route, mais vraiment sans organisation, sans...

  • Adrien

    Il y avait une voiture qui vous suivait ?

  • Piroo

    Oui, mais par exemple, la voiture, c'est deux jours avant le départ qu'un mec nous a dit mais les gars, moi, je peux vous suivre en voiture. Je lui ai dit vas-y, viens. Mais vraiment, ça s'est fait à la dernière minute. Après,

  • Adrien

    vous étiez combien ?

  • Piroo

    On était cinq vélos et cinq en voiture. Il y avait une voiture et une ambulance. L'ambulance, c'est au moment du départ où un mec nous dit Attends, mon pote a une société d'ambulance, on va voir si son ambulance ne peut pas nous en prêter une. Et puis on l'appelle, il nous dit Ah oui, il n'y a pas de problème, j'arrive tout de suite au quartier, je vous la laisse. Je vous mets le plein et j'arrive. Il arrive, il nous laisse une ambulance comme ça. C'est dinguerie, vraiment dinguerie. Et donc voilà, on prend la route. On avait plusieurs étapes. On avait dans le 9-1 le RIMA qui nous a accueillis, Auxerre, Hamza Saki qui nous accueille. A Lyon, c'est le Mabacha qui nous accueille. Et puis à Perpignan, Nasdaq. Là où vraiment la cagnotte a rien compris. Elle a explosé. Donc on arrive à Montpellier en fait. On est à 12 000 euros. On est dépité de notre vie. Parce qu'on a vraiment, on a pédalé, on était folle, on a été épuisé. Et on n'a pas atteint nos 20 000 euros. Donc on se dit mais comment on va faire ? Et Nasdaq en fait, il n'était pas dans notre planning. Il n'était pas dans les plans. Donc on arrive à Montpellier, on est lessivé et on n'est qu'à 12 000 euros. On se dit purée comment on va faire, on va pas remonter à Paris et l'objectif il est pas atteint, ce serait pas bien Donc on n'arrivait pas à accepter ça. Et puis de là on appelle Narbé, Impulstar, qui appelle Gallo, Smile. Et Gallo il nous dit allez à Perpignan les gars, j'ai appelé Nasdaq, il va vous accueillir Il vous attend. Il vous attend. Nasdaq il nous attend là. Il vous attend. On promenait sur nos vélos, Montpellier-Perpignan, vélo, ta ta ta ta, toute la journée. On arrive à Perpignan. Et là, waouh, waouh, waouh, waouh. Vraiment, j'ai des frissons. On arrive, donc Nasdaq, bienvenue, il nous accueille comme des rois. Vraiment.

  • Adrien

    Votre comité d'accueil.

  • Piroo

    Votre comité d'accueil. Il nous fait vraiment un accueil de malade mental. On dirait qu'on était dans notre quartier. Tout le monde vient, tout le monde nous parle. Tout le monde nous dit Vous êtes venu de Paris, pourquoi ? Alors on explique pourquoi on vient, pourquoi on ne fait pas ça. C'est pas un challenge sportif ou quoi. Il y a vraiment une cause sociale derrière. Et de là, tout le monde, voilà. Ah ouais, magnifique, c'est bien, bravo pour ce que vous faites. Nasdaq, il nous dit Bon, les gars, je vais vous faire une pub. Et nous, on connaît la puissance de Nasdaq. Donc on se dit, wow, qu'est-ce que ça va donner ? On fait la pub, en une heure on arrive aux 20 000 Deux heures après, on est aux 30 000 Mais ça y est, nous on est dans le quartier, on ne veut plus bouger du quartier. C'est des stories, frérot ! On ne veut plus bouger, on s'assoit, on sort les tentes, les chaises, on se pose avec lui, avec toute la team Nasdaq. Donc voilà, on est là, 40 000 Je suis en train de réaliser que ça y est, on arrive aux 50 000 et que ça y est, les 300 000 vont être récoltés. Du coup, je me dis, mais non, mais qu'est-ce qui se passe là ? Donc voilà, moi, je m'écroule, pleure comme un petit bébé. Et puis voilà, le lendemain, on rentre sur Montpellier.

  • Adrien

    Pendant ce temps-là, la construction a déjà commencé ou pas ?

  • Piroo

    Oui, oui, la construction a commencé.

  • Adrien

    C'était pas en cours en fait, c'était pendant le temps que vous récupérez de l'argent, pendant ce temps-là, c'était en train de se faire.

  • Piroo

    On avait toujours la pression. parce que la société qui était ici elle avait besoin d'argent pour pouvoir continuer donc il nous appelait, il nous disait ça y est c'est l'étape supérieure les fondations sont faites, c'est l'étape supérieure, c'est les finitions et là c'est vraiment un moment où la société ça faisait peut-être un mois on lui avait pas envoyé d'argent qu'il nous sollicitait et parce qu'on était à court d'idées on avait plus d'argent on savait pas comment faire et là, mais lui il suivait l'aventure donc quand il a vu aussi les 50 000 euros il s'est dit ça y est même lui il était content tu vois et on s'est dit ça y est enfin on a la totalité de la somme qu'il fallait. Et 300 000 qu'on pensait que ça allait être nos enfants qui allaient finir. Ça y est. Et moi, franchement, j'étais sonné ce jour là. J'étais dans les vapes un peu, tu vois. Parce que je réalisais sans réaliser. Je croyais que j'étais dans un rêve. Je me pincais, je me disais mais allo, ça y est, t'as pris 300 000 là, c'est fini. Et ouais, donc on rentre. Donc là, on est à 40 000 quand on quitte chez Nasdaq. On rentre à la maison, on se réveille le matin, on est à 50 000 Putain,

  • Adrien

    incroyable.

  • Piroo

    Incroyable, incroyable, incroyable. Vraiment, c'est un... Il n'y a pas de mots en fait. Faut le vivre. Faut le vivre, c'est un truc de fou.

  • Adrien

    Ça te paraît une montagne impossible à monter.

  • Piroo

    Impossible. Pour nous, c'est comme je te disais, c'est vraiment un projet. Ouais. On s'est dit...

  • Adrien

    C'est trois générations.

  • Piroo

    Il n'y a pas moi qui voudrais faire 300 000 Je n'ai jamais eu dans mes mains 300 000 tu vois. Ne serait-ce que 50 000 je n'ai jamais eu dans mes mains. Moi, je touche 1200 1300 Je fais, je fais mon loyer, je fais mes trucs, il me reste 400 euros dans mes poches. Donc là, pour monter à tout ça,

  • Adrien

    d'ouf,

  • Piroo

    voilà. Comme quoi,

  • Adrien

    quand on veut vraiment,

  • Piroo

    c'est ça, il faut y croire. En fait, moi, c'est la leçon que j'ai tiré de ça. C'est d'y croire parce que si toi tu y crois pas, personne n'y croira.

  • Adrien

    Et toi, quand tu es arrivé devant ce projet là, tu as vu ces enfants. Moi, je les ai vus quand je suis arrivé. Bah du coup, après, et ça a été un choc aussi pour moi. Tu savais que ça allait changer ta vie ?

  • Piroo

    Non.

  • Adrien

    Non, non, non. T'avais pas encore capté ?

  • Piroo

    Non, j'avais pas capté. Non, non, c'est en fait, au fur et à mesure, dans le projet, je me disais, en fait, je faisais tellement de sacrifices, tellement de... C'était tellement de combats, tellement de batailles. Je me disais quand je finis ça, je vais vivre là bas avec eux. Quand je finis ça, je vais vivre là bas avec eux. Ah ouais ? Ah oui, oui,

  • Adrien

    c'était ça. Mais bien que t'aies capté ça.

  • Piroo

    Ah ouais, c'était en mode... T'as commencé à lutter là ? Ah ouais, ouais, quand c'était la bagarre, c'était dur. J'ai dit... La récompense. Ma récompense, c'est d'être avec eux. Aujourd'hui, je suis là, je suis avec eux. Et chaque jour, on dirait que c'est le premier jour. Chaque jour, je suis là, je me dis mais purée, on l'a fait en fait ! Ça y est, là je suis au milieu de mes petits loulous.

  • Adrien

    Mais du coup, est-ce que c'était fini à 300 000 ? Ah non ! Non, c'est capté quand t'étais à 300 000. Et du coup, le bâtiment, il allait être fini. Il était pas allé finissement,

  • Piroo

    il était pas fini,

  • Adrien

    etc.

  • Piroo

    Alors on a eu

  • Adrien

    300 000. On sent comme ça, on se rend pas compte. Mais le truc est énorme. Ça fait combien de mètres carrés ?

  • Piroo

    900 m².

  • Adrien

    900 m². Il faut l'aménager, il faut du personnel.

  • Piroo

    C'est ça.

  • Adrien

    Il faut nourrir les enfants, déplacer les enfants ici. Il faut faire les finitions, il faut ceci, il faut cela. Il faut beaucoup de matériel. Des enfants qui ne tiennent pas debout.

  • Piroo

    Exactement.

  • Adrien

    Du matériel très,

  • Piroo

    très lourd. Très, très lourd. Donc, du matériel qu'on a acheté, du matériel qu'on nous a donné. Mais tout ce matériel là, il a fallu aller le récupérer. Donc louer des camions, louer des box. C'était des frais que nous on n'avait pas calculé mais qui venaient s'accumuler au fur et à mesure. On était toujours dans la récolte mais c'était plus pour la logistique. Aujourd'hui le centre nous a coûté 300 000 euros. Mais il y a au moins 50 000 euros qui sont partis dans ça, dans ces frais-là. La location de camions, l'essence. Savoir que le matériel qui est là, nous on habite à Paris, il y a du matériel, on est parti le chercher à Toulouse. Il y a du matériel qu'on est parti chercher à Marseille, à Lyon. Ensuite, la cheminée sur Paris. Puis, payer les conteneurs pour la cheminée ici au Sénégal. Donc vraiment, ça a été... Un combat de tous les jours. Jusqu'à aujourd'hui, de toute façon, on est encore en train de combattre, en train de se battre tous les jours parce que c'est des frais. Aujourd'hui, le centre, il nous coûte à peu près 4000 euros tous les mois.

  • Adrien

    Le centre-là, il a ouvert quand ?

  • Piroo

    Le 13 juillet.

  • Adrien

    Le 13 juillet, il a ouvert.

  • Piroo

    Le 13 juillet, ouverture. J'ai raté l'ouverture. Tu as pu la suivre sur les réseaux. J'ai su.

  • Adrien

    Le 13 juillet, il a ouvert. Là, on est en novembre. Du coup, c'est quoi la vie maintenant ? Il y a combien d'enfants ? C'est quoi l'impact de tout ça ?

  • Piroo

    Ah ouais, il y a des enfants, ils sont levés pour la première fois de leur vie ici. Ouais.

  • Adrien

    Voilà. Moi, je viens d'arriver, j'ai vu des gamins marcher. Moi, j'ai vu que des corps par terre dans l'autre centre. J'avais jamais vu quelqu'un de debout. Et je suis arrivé, j'ai vu tout de suite des enfants marcher.

  • Piroo

    L'impact, il est là. Aujourd'hui, il y a... Il y a combien d'enfants ? Il y en a 54.

  • Adrien

    54.

  • Piroo

    Au lieu de... Elle en avait 25, t'as voir. Donc là l'objectif c'est 70, on attend d'avoir les financements franchement. En fait on veut pas juste avoir un centre où on dit ouais on a 70 enfants, en réalité quand ils sont là et personne ne les suit quoi.

  • Adrien

    En fait c'est ça aujourd'hui un bâtiment c'est bien etc, mais aujourd'hui c'est vraiment un niveau presque hôpital, il faut des employés qualifiés, il faut des employés, parce qu'en vrai c'est ça qui coûte cher aussi, parce que du coup c'est des lamas salariales c'est incroyable. Aujourd'hui il y a combien d'employés ?

  • Piroo

    On est 26.

  • Adrien

    26 employés et c'est encore en sous-effectif ?

  • Piroo

    Oui, on est en sous-effectif. De ouf !

  • Adrien

    Parce qu'ici, il faut que ce soit nettoyé, la bouffe...

  • Piroo

    La bouffe, les gardiens... C'est plus que ça, parce que c'est un centre comme ça...

  • Adrien

    Les chauffeurs,

  • Piroo

    parce que du coup,

  • Adrien

    ils accompagnent les enfants, parce qu'il n'y a pas tous les enfants qui dorment ici sur place.

  • Piroo

    C'est ça. Alors, notre objectif final, c'est que ça devienne un internat pour tous les enfants.

  • Adrien

    D'accord, qu'ils soient ici

  • Piroo

    100% du temps. 100% du temps et qu'ils puissent rentrer que le week-end chez leur famille. pour qu'ils dorment ici et dès le matin, on commence à travailler directement avec eux sur les séances de rééducation et tout. Qu'on ne perde pas ce temps à les amener, à les ramener et puis ainsi de suite. Et qu'ils s'alimentent convenablement, parce qu'aujourd'hui, on ne sait pas comment ils s'alimentent chez eux, mais on sait comment ils s'alimentent ici. Donc c'est pour ça qu'on veut les garder, pour qu'ils puissent bien manger, bien dormir et puis surtout bien être soignés et avoir les soins vraiment qu'il faut, au moment où il faut, parce que c'est tout un système en fait. Moi, j'apprends au fur et à mesure.

  • Adrien

    Toi t'es arrivé quand là ? T'es arrivé depuis l'ouverture en fait ?

  • Piroo

    Ouais c'est ça, j'ai arrivé à l'ouverture. Ouais ça y est, et je pars plus. J'ai avec mes enfants, ça y est.

  • Adrien

    Et c'est comment le mec qui faisait les hamburgers et qui se retrouve presque directeur du plus grand hôpital, en tout cas du plus grand centre pour IMC du Sénégal ?

  • Piroo

    Franchement, j'apprends sur le tas. Là, je fais des réunions avec des ergothérapeutes, je ne savais même pas que ça existait. Des kinésithérapeutes, ça, on connaît. Mais voilà, il y a plusieurs métiers que clairement, j'ai appris ici. Psychomotricienne, je ne savais pas c'était quoi, moi. Toutes ces personnes-là, j'apprends sur le tas. Et on essaie de donner notre meilleur, comme on a fait pour construire ce bâtiment. Pour aujourd'hui, justement, qu'il y ait un impact. et concret sur les enfants. Aujourd'hui, on commence à voir les fruits de notre travail. Je te dis, aujourd'hui, il y a des enfants, ils se sont levés pour la première fois, il y en a, ils ont fait leur pas pour la première fois. C'est un truc de ouf pour moi, tu vois, c'est un truc de malade mental. Que moi, issu de Sartrouville, là-bas, dans le trou de la France, de la banlieue, qui arrive dans le... Pas à Dakar, pas à Thiès, à Poutre, dans un village aussi perdu du Sénégal.

  • Adrien

    Et qui dit qu'il y a un projet qui est qui a été entendu partout au Sénégal. De France, ça, ça, ça, ça, ça, ça, c'est incroyable.

  • Piroo

    C'est incroyable.

  • Adrien

    Un truc unique au Sénégal.

  • Piroo

    Vraiment.

  • Adrien

    Et tu parlais de tu parlais de 4000 à peu près par mois de ma salariale. C'est quoi aujourd'hui ? Comment vous êtes financé ? Comment ça ? Comment ça se finance un centre comme ça ? En fait, parce que En France, on a les hôpitaux, ou c'est des trucs privés, ou alors c'est l'État qui paye. Que ce soit bon ou mauvais, dans tous les cas, l'État est quand même assez présent sur ces questions-là. Ici, ça se passe comment ? L'État vous aide ? La mairie ?

  • Piroo

    J'en sais rien. Ici, on n'a pas eu d'aide jusqu'à présent, ni de l'État, ni de personne d'autre. On fonctionne sur des fonds privés, comme depuis le début. On n'a jamais eu de municipalité, ni de commune, ni de région qui se sont impliquées dans ce projet. On a vraiment fait ça avec... Notre slogan c'est pour le peuple, par le peuple. Et voilà, vraiment, ça a été fait par le peuple, pour le peuple, vraiment. Et aujourd'hui, un centre comme ça, comme tu dis, ça nous coûte 4000 euros. Donc c'est pas que la masse salariale, mais on compte dedans les soins des enfants et puis l'alimentation des enfants. Ces 4000 euros, on va les chercher tous les jours, au téléphone, par les réseaux sociaux, avec des cagnottes qui sont mises en place. Mais c'est une bagarre acharnée. Des fois, le 27, on est à 2500 euros et on ne sait pas comment faire. Mais jusqu'à présent, chaque fin de mois, on a réussi à tenir. Mais on sent et on sait que ce n'est pas quelque chose qui va fonctionner comme ça sur le long terme. Ce n'est pas viable. Ça ne peut pas. Nous-mêmes, psychologiquement, on ne va pas tenir, même si on le veut. Même si on le veut, on ne pourra pas parce qu'il y a cette pression qu'il y a sur nos épaules et ce poids qu'il y a, qu'on ne pourra pas...

  • Adrien

    Et puis en fait, quand tu te concentres sur chercher de l'argent, tu ne peux pas te concentrer sur les gamins.

  • Piroo

    C'est exactement ça.

  • Adrien

    Tu diverses pour essayer de les aider eux, mais finalement, du coup, tu ne les aides plus eux.

  • Piroo

    C'est ça. Et en fait,

  • Adrien

    c'est ça le problème. C'est ça.

  • Piroo

    Et aujourd'hui...

  • Adrien

    Vous avez mis quoi en place par rapport à ça ?

  • Piroo

    Alors voilà, nous, là, aujourd'hui, ce qu'on est en train de mettre en place, on a déjà commencé, c'est un potager. Donc un potager qui va nous servir, nous, à être indépendant déjà en nourriture. On est déjà indépendant à 70% en électricité et indépendant en eau. Donc ça, ça y est.

  • Adrien

    Vous avez un forage à vous du coup.

  • Piroo

    Voilà.

  • Adrien

    Et vous avez les panneaux.

  • Piroo

    Voilà, on a 16 panneaux. Il faut en rajouter 8 encore.

  • Adrien

    OK.

  • Piroo

    Donc logiquement,

  • Adrien

    vous êtes presque à 100%.

  • Piroo

    Normalement,

  • Adrien

    on va être accordé au cas où,

  • Piroo

    mais exactement, exactement.

  • Adrien

    Mais pareil, l'électricité, c'est des frais,

  • Piroo

    mais c'est hyper cher. L'électricité est incroyable. Là, on est à peu près 300 euros d'électricité par mois.

  • Adrien

    300 euros d'électricité par mois. Alors avec cette panneau,

  • Piroo

    voilà, voilà, avec ces panneaux. Donc voilà, on vous donne un peu comment ça se passe. Mais aujourd'hui, voilà, on a mis en place ce potager pour déjà être indépendant, nous, en légumes et en fruits. Mais au delà de ça, pouvoir vendre de cette production pour couvrir les frais du centre. Donc une partie des frais parce que voilà un potager. Nous voilà aujourd'hui on a un fruitier potager,

  • Adrien

    c'est ça ?

  • Piroo

    C'est ça, maraîcher. Et puis on va faire aussi des arbres fruitiers pour surtout de la papaye. Donc on s'est focalisé sur la papaye parce que c'est c'est un arbre qui est rentable, qui pousse au max et puis qui est cher. Donc voilà, c'est assez rentable. On s'est focalisé sur ça pour l'instant, un potager. On a d'autres idées en fait, c'est de faire un poulailler. Donc voilà, c'est le futur projet qu'on veut mettre en place pour être indépendant en viande et puis aussi vendre de ces poulets pour couvrir une partie des frais du centre. Donc aujourd'hui...

  • Adrien

    Le but c'est l'autonomie. Voilà,

  • Piroo

    c'est ma mission là pour laquelle je suis focalisé parce que je sais que je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps.

  • Adrien

    À un moment tu n'as plus le réseau pour.

  • Piroo

    Exactement, il est fatigué. Donc comme je te dis, voilà... On ne travaille pas avec de grosses sociétés, on ne travaille pas avec des municipalités, on est avec le peuple. Donc franchement pour te donner une idée des personnes qui nous donnent, c'est des personnes qui sont au RSA, c'est des personnes qui sont à la retraite, c'est des personnes qui font le petit don quoi. Qui font le petit don et voilà, petite pierre plus petite pierre, ça fait ça.

  • Adrien

    Tu as un système de parrainage aussi non ?

  • Piroo

    Voilà, là on est aussi en train de mettre un système de parrainage en place. Donc voilà, c'est 25 euros le parrainage.

  • Adrien

    25 euros par mois. Et du coup ça couvre quoi par rapport à un enfant à peu près ?

  • Piroo

    Alors sur un enfant, ça couvre son alimentation, ses soins, et puis les personnes qui vont travailler autour de ses enfants. Donc voilà, aujourd'hui quand on va avoir 70 enfants, ça va nous faire 25 euros par enfant, et ça va nous alléger en fait. Plus le potager, plus le poulailler, avec le système de parrainage, normalement on s'en tirera bien.

  • Adrien

    Et après vous trouvez des partenaires.

  • Piroo

    Et ça c'est la grande mission. Ça c'est la grande mission. Les partenaires qui veulent, qui voudraient bien financer une partie, prendre en charge certaines choses du centre, soit l'alimentation, soit les soins.

  • Adrien

    La partie médicale, ouais.

  • Piroo

    La partie médicale, parce que la partie médicale, aujourd'hui, on fait les soins qui sont urgents, mais il y a pas mal d'enfants par exemple qui doivent être opérés et qu'on ne peut pas aujourd'hui. On ne peut pas parce que les opérations, c'est très coûteux et on ne peut pas gérer ça encore. Donc voilà, il faudrait bien avoir des partenaires qui prennent en charge ce type d'opérations. Puis voilà, comme ça, pour... En fait, notre objectif aujourd'hui, c'est que vraiment tout se passe bien sans qu'on soit trop dans la course.

  • Adrien

    Pour pouvoir être focus vraiment dans ce que tu veux faire, dans l'impact. C'est quoi les grosses galères du moment ?

  • Piroo

    Alors les galères du moment, des fois comme je te dis, c'est l'argent. L'argent clairement, parce que voilà aujourd'hui, tu n'as pas d'argent, tu ne payes pas les personnes. La nourriture c'est différent parce que les associations qui passent, les personnes qui passent, elles viennent avec des sachets de riz, elles viennent avec de l'huile, elles viennent avec des choses comme ça. Donc généralement, la cantine est toujours pleine. Enfin, on a ce qu'il faut, à part les dépenses journalières, les légumes qu'il faut acheter au jour le jour et tout. Donc ça, c'est de l'argent. Mais sinon, le gros, on a réussi à l'avoir par le biais d'associations. Mais vraiment, c'est la masse salariale et les soins. Les soins, il faut savoir qu'un enfant qui va à l'hôpital, déjà, ils ne le prennent pas s'il n'y a pas d'argent.

  • Adrien

    Ouais, il faut payer avant même que tu rentres.

  • Piroo

    Ils meurent devant eux, au sol, et ils ne vont pas te prendre. Ça, c'est niette et c'est clair. Donc aujourd'hui, voilà, il faut payer l'entrée, il faut payer la consultation. Il faut payer la radio, il faut payer l'éco, s'il y a la radio ça ne suffit pas. Il faut payer les médicaments que le médecin va te prescrire. Et puis le transport, parce qu'aujourd'hui on n'a pas de voiture encore dans le centre. Ne serait-ce que d'aller sur Dakar, de Pout à Dakar, ça te coûte de l'argent. Donc il faut compter à peu près entre 200 et 250 euros pour un enfant.

  • Adrien

    Pour un gamin.

  • Piroo

    Pour un gamin. Et il faut se dire que les enfants tombent très souvent malades. Très très souvent malades. C'est des enfants.

  • Adrien

    Quand on a une cinquantaine, de toute façon, ça reste toujours un game. Mal être. Voilà,

  • Piroo

    voilà exactement. Donc voilà, on se retrouve toujours dans le rush. Et puis voilà, il faut sortir de l'argent pour les soins. La fin du mois, elle arrive là pour payer le personnel et ainsi de suite. Donc tu vois, tu es toujours dans la course, quoi. Toujours dans la course. Et là,

  • Adrien

    tu me parlais de bref. Aujourd'hui, on a une petite surprise apparemment. Et je voulais qu'on parle de ça parce que parce que c'est ouf en fait. Quand tu fais les choses bien et je pense que tu les as fait bien de ouf et je pense que tu as tout donné de ouf. Un moment, les gens, je ne sais pas pourquoi, mais la vie, elle te, elle te, elle te, elle te le rend. Et là, c'est un peu ce qui est en train de se passer ici dans tous les cas, parce qu'en vrai, ça fonctionne. Il y a plein de problèmes, il y a plein de choses. Mais du coup, vous avez eu un cadeau. Il y a combien de temps ?

  • Piroo

    Il y a un mois.

  • Adrien

    Il y a un mois ? Raconte juste, c'est juste ouf.

  • Piroo

    Alors il y a un mois, il y a un monsieur qui s'appelle Awa, Awa c'est la directrice du centre, qui s'occupe de ses enfants, qui lui dit Awa, je t'ai construit un centre Donc Awa m'appelle, elle me dit il y a quelqu'un qui a dû me voir avec toi au village, ils sont en train de se foutre de moi, et ils ont dit qu'il y a un centre qui a été construit juste derrière le village à 500 mètres pour nous et qu'il finit la construction, là il nous donne les clés. Moi je lui dis ouais c'est impossible, qui va construire un centre ? En fait je sais moi par où je suis passé donc je me dis c'est pas possible que quelqu'un ait fait ça et qu'il n'en ait pas parlé et qu'Awa n'est pas au courant, qu'il ait fait ça dans son coin quoi. Et si si, ça existe. Donc elle lui donne rendez-vous à 11h du matin ici, elle lui dit voilà il y a quelqu'un là-bas qui t'attend, va lui en parler et fais-le visiter. Aux 14h du matin, il y a quelqu'un qui arrive, boum boum, tout ça, voiture. Il me dit C'est toi Pierrot ? Je dis Ouais et il me dit Ah bah c'est Awa qui m'a dit de passer te voir, faut qu'on aille visiter le deuxième centre. Je dis Mais je vais me kidnapper, c'est quoi le délire lui ? C'est qui ? C'est quoi ? Comment ça existe ça, quelqu'un qui conspire ?

  • Adrien

    Je vais te donner un centre.

  • Piroo

    On arrive là-bas, grand centre de 500, 600 mètres carrés. T'as vu, fait avec amour, ça se voit sur les finitions, sur les trucs. T'as vu, c'est pas quelqu'un qui a construit un centre pour dire Ouais,

  • Adrien

    j'ai construit... Il a mis quatre grands murs et il a dit J'espère que...

  • Piroo

    Voilà, il a vraiment réfléchi à tout. Toilettes dans les chambres. Je me dis Mais c'est pas impossible ! Il me dit Ouais, voilà, moi, j'ai vu Awa galérer et tout. Et puis, j'ai lancé une récolte de mon côté. Et j'ai construit ça, c'est pour Awa. Donc, à la fin, on vous donne les clés, c'est vous qui gérez ce centre.

  • Adrien

    A qui ça arrive ça ?

  • Piroo

    Franchement... A moi ! A qui ça arrive ça ? Franchement...

  • Adrien

    Parce que ça c'est un bâtiment au même prix qu'ici. Ouais ouais ouais !

  • Piroo

    Ouais clairement. Clairement. Et t'es là...

  • Adrien

    Et en plus juste derrière. Juste là ! C'est pas il te l'a mis je sais pas où, c'est genre à 500m d'ici.

  • Piroo

    Et tu te dis mais... Je sais pas... J'ai même plus les mots. En fait tu te dis mais vraiment y'a quelqu'un, pendant que je me battais, pendant que moi j'étais en train de batailler... Il y avait quelqu'un qui bataillait comme moi de son côté pour faire ça.

  • Adrien

    Pour la même cause.

  • Piroo

    Pour des enfants. Ouais. C'est un truc de fou.

  • Adrien

    Et du coup, c'est pas le projet là-bas ?

  • Piroo

    Donc là-bas, on veut plus en faire un centre culturel et éducatif. Donc on veut plus faire une salle de classe là-bas, une salle informatique, une salle d'art plastique, une salle de musique. On veut vraiment que là-bas, les enfants s'épanouissent parce que voilà, t'as pu voir aussi dans ce centre, il y a des enfants. Ils sont IMC, mais ils n'ont pas besoin de massage toute la journée. Et ils vagabondent. Donc moi aujourd'hui, vraiment, je veux leur donner un sens. à leur venue au centre, tu vois. Et on veut les mettre à l'école. Pour certains, on a quelques jeunes qui sont là, qui ont à peu près 16, 17, 18 ans et qui sont dans des lits qui ne peuvent pas bouger par des malformations. On veut leur offrir un avenir, même si ce n'est pas nous qui offrons. Mais en fait, on veut leur donner les outils pour qu'ils puissent avoir un avenir.

  • Adrien

    Une fois qu'on a réglé la santé, après c'est l'éducation.

  • Piroo

    C'est ça. Parce que ces enfants, ils vont grandir. Et ces enfants-là, on ne veut pas qu'ils soient exclus de la société. On veut qu'ils aient leur place parce qu'ils l'ont. Ils ont leur place et ils peuvent le faire. Si demain tu leur donnes les outils, tu leur apprends comme ils le font. En fait, il faut juste les considérer et les prendre au sérieux. Donc aujourd'hui, nous, notre objectif, c'est que... Je ne dis pas qu'on veut sortir les ingénieurs de demain,

  • Adrien

    mais on veut que demain,

  • Piroo

    on ne veut pas retrouver nos enfants demain sur le bord de la route à faire la manche, user de leur handicap pour faire de la peine. Non, on veut leur faire comprendre qu'ils ont les moyens et qu'ils peuvent le faire et qu'ils peuvent aller chercher leur argent. On va leur apprendre, il y a l'informatique, il y a l'école, il y a l'art plastique, demain tu peux finir graffeur, tu peux finir... On veut faire une salle de musique, ils peuvent finir musiciens, ils peuvent finir... Tu vois, il y a pas mal d'opportunités qui peuvent s'ouvrir à eux. Et nous, on va essayer, on va tout faire en tout cas pour leur donner les moyens de le devenir.

  • Adrien

    Ne serait-ce que pour les éveiller dans tous les cas, c'est hyper important. Tu as parlé de Sens pour eux. Toi, le podcast s'appelle Sens. Ça a été quoi le chamboulement entre Anxpétavie de Pyro, Sartreville, F5 ? qui prend des burgers et qui se retrouve à Pout au Sénégal dans un centre avec 54 enfants.

  • Piroo

    En fait, j'ai trouvé, j'ai trouvé, j'ai enfin trouvé le sens à ma vie.

  • Adrien

    Mais tu as une histoire avec le médical, tu as une histoire avec les enfants.

  • Piroo

    Moi, de base, je suis un peu heureux. Moi, je ne vais pas au médecin. J'ai peur du médecin. J'ai très, très peur du médecin. Oui, je n'aime pas le médecin, je n'aime pas les hôpitaux. Vraiment, vraiment, je n'arrive pas. Voilà, je n'arrive pas. Mais moi vraiment, je suis un jeune de quartier simple qui avait une vie de banlieusard. Donc voilà, on a fait nos bêtises, on a roulé notre boss, on a fait pas mal de choses. Et puis ensuite on s'est calmé, on est rentré dans le monde du travail très tard, à 25 ans. Mais voilà, au fur et à mesure, on s'est mis dedans. Et puis ensuite voilà on a commencé par des actions dans notre quartier au début parce que voilà Sartreville c'est très droite, pour pas dire extrême droite. Donc le tissu associatif il est quasi inexistant. Nos petits étaient complètement abandonnés, délaissés. Les quelques associations qu'il y avait c'était plus des vitrines dans la ville et il n'y avait pas réellement d'action concrète sur le terrain. En tout cas nous on ne les voyait pas. Et puis voilà, on a commencé déjà par notre quartier, qu'on a appris aux jeunes déjà à nettoyer le quartier, à que le sens de l'écologie, vivre dans un endroit propre et de ne pas attendre que les éboueurs viennent nettoyer chez eux, que c'était à eux déjà de mettre les papiers dans la poubelle. On a commencé par la base, en fait, par la base. Et puis ensuite, on a continué pour... C'est de leur faire plaisir par des fêtes de quartier. On ramenait des chevaux parce qu'on savait que certaines choses, certains enfants ne pouvaient pas avoir accès à l'équitation. Des choses simples, mais qui paraissent pour les gens banales. Mais en fait, dans nos quartiers, c'est limite un rêve pour un enfant. Il y a des enfants, moi je me rappelle, j'ai un enfant, quand il a vu le cheval, il m'a dit Mais c'est mon rêve de monter sur un cheval ! Et quand il était dessus, c'était... On dirait qu'il était sur un tapis volant.

  • Adrien

    Toi, en vrai, tu as toujours été quand même en quête de sens à travers ces petites accords que tu as fait dans ce quartier-là, non ?

  • Piroo

    C'est ça, c'est ça. J'ai toujours voulu servir. J'ai toujours voulu servir. Parce que moi aussi, dû à mon histoire depuis jeune, heureusement qu'on m'a aidé. Heureusement qu'on m'a aidé parce que sinon, je n'en serais pas là aujourd'hui. Et aujourd'hui, je veux rendre la monnaie de cette pièce. Donc en aidant tout simplement.

  • Adrien

    Et l'aboutissement.

  • Piroo

    Et là c'est clairement la cerise sur le gâteau. Donc voilà aujourd'hui on a une autre vision. On veut que ce centre-là puisse être dans les 14 autres régions du Sénégal. Parce que le besoin, il est là, il est réel, il est sérieux et urgent. Parce qu'on reçoit des appels de toutes les régions du Sénégal.

  • Adrien

    Pour qu'ils envoient leurs gamins ici ?

  • Piroo

    Pour envoyer leurs gamins ici. Donc nous, on n'a pas la capacité aujourd'hui de pouvoir les accueillir. On n'a pas les moyens de les accueillir. Mais si demain, on peut faire quelque chose, c'est d'aller directement dans ces endroits, dans chaque région. d'essayer de faire des centres comme celui-là. C'est ce qu'on... Sur le long terme, c'est ce qu'on veut faire. C'est pour ça qu'ici, on essaie vraiment de stabiliser, de trouver le bon business plan, le bon truc pour que là-bas, ça soit plus facile pour nous.

  • Adrien

    C'est le projet test, enfin de toute façon, c'est le premier. C'est là où tu fais les erreurs.

  • Piroo

    Exactement. C'est ici, voilà, on se casse un peu la gueule. On voit si ça marche là, si ça marche pas, on recommence, on change, on modifie, on peaufine. Et puis, en fait, dans le seul objectif de reproduire ça dans une autre région.

  • Adrien

    C'est quoi la plus grosse erreur que tu as fait dans le projet ?

  • Piroo

    La plus grosse erreur que j'ai faite dans le projet ? Franchement, j'en ai fait tellement. J'en ai fait tellement. Tu as une heure de retour. J'en ai fait, j'en ai fait.

  • Adrien

    Déjà, de prendre le projet à l'envers, c'est déjà pas mal.

  • Piroo

    Voilà, voilà, déjà, tu vois, demain, par exemple, j'irai plus jamais, en fait, commencer un projet si j'ai pas les fonds. Parce qu'il y a une pression, en fait.

  • Adrien

    Est-ce que finalement, c'est pas la clé du succès aussi de ce projet-là ? Te dire, en fait, t'as le couteau sous la gorge et du coup, t'as plus d'argent.

  • Piroo

    Et tu y vas, mais je te jure, tu dors pas le soir. Ouais. T'es là, tu te grattes le crâne. Ouais. Ah, tu te grattes le crâne quand, en fait, tu sais qu'on compte sur toi de l'autre côté et que, moi, t'as pas les fonds. que t'as pas d'imprimante à la maison pour imprimer les billets et que les partenaires que tu appelles disent ce mois ci, je peux pas parce que c'est dur. Moi aussi, ce mois ci, j'ai une galère, je peux pas. Ouais,

  • Adrien

    c'est bien de dormir aussi. Voilà,

  • Piroo

    voilà. Et tu vois, franchement, c'est quelque chose que je recommencerai pas. Je pense du coup,

  • Adrien

    si tu devais donner un conseil à quelqu'un qui veut monter un projet comme ça, construire un truc avec des fonds,

  • Piroo

    une pareille, foncer,

  • Adrien

    foncer,

  • Piroo

    foncer, croyez y. C'est ça, ça se dit comme ça. Voyons votre projet, foncez et n'écoutez personne. Moi au début quand j'ai dit je vais construire un hôpital, ils m'ont dit retourne dans ta cuisine à couper des tomates. Tu vois ?

  • Adrien

    De nous casser la tête.

  • Piroo

    Voilà, exactement.

  • Adrien

    Des rêves là.

  • Piroo

    Qu'est-ce que tu me racontes, hôpital, pyro, pyro, hôpital au Sénégal. Arrête tes conneries là. Et puis non, j'y ai cru.

  • Adrien

    La détermination pour récupérer. Quand tu vois ce que vous avez récolté.

  • Piroo

    Ouais, faut en avoir.

  • Adrien

    La détermination quoi.

  • Piroo

    Voilà, et la constance. La constance. Pas se dire 6 mois, 1 an, votre projet il va peut-être durer 6 ans, 10 ans. Mais croyez-y parce que à la fin vous allez être fiers.

  • Adrien

    C'est important la constance, on n'en parle pas assez. Moi je me rends compte même dans tout en fait. En fait, mieux vaut être costaud. Les gens ils veulent toujours des pics comme ça là, et après ils lâchent.

  • Piroo

    Voilà, non.

  • Adrien

    Juste faut partir, la vie c'est un marathon.

  • Piroo

    Exactement, lâchez pas, lâchez pas, lâchez pas. Et soyez... autant déterminer au début qu'à la fin. C'est la clé. Moi, en tout cas, c'est le conseil que j'ai à donner à toutes les associations ou les particuliers aussi, qui ont des projets sociaux ou autres, de business ou quoi.

  • Adrien

    Cool. Du coup, aujourd'hui, les besoins, c'est quoi ? Trouver de l'autonomie ?

  • Piroo

    Trouver de l'autonomie. C'est ça.

  • Adrien

    Trouver de l'économie, des partenariats qui sont solides,

  • Piroo

    solides,

  • Adrien

    qui sont là et qui sont présents. Et j'ai vu que vous parliez avec des associations pour des partenariats, un peu pour vous envoyer des stagiaires, envoyer des gens un peu de la France ou d'ailleurs, en tout cas d'Europe, de partout,

  • Piroo

    de partout, de partout. En fait, juste qu'ils aient des compétences que nous n'avons pas ici et qu'il y a un transfert de compétences qu'ils peuvent faire. Parce qu'aujourd'hui, on parle beaucoup d'argent, on parle beaucoup de fonds, de tout ça. Mais il y a aussi ses compétences. Non. Donc voilà, aujourd'hui, les personnes qui travaillent ici, il y en a cinq qui sont diplômés du diplôme de Ausha. Donc c'est des Belges qui sont venus au Sénégal pour pouvoir les former. Mais voilà, ils ont toujours besoin de mise à niveau. Et puis d'autres personnes qui vont être recrutées, donc qui seront aussi obligées d'être formées. Tout simplement. avec ça et ça passera simplement avec du transfert de compétences. C'est pour ça qu'on cherche aussi des partenaires qui ont une expertise sur le médical, qui ont ces compétences et ces capacités et ce grand cœur, qui veulent venir et nous donner de ça.

  • Adrien

    Du coup parrainage, transfert de compétences, on va dire partenariat compétences, partenariat, autonomie avec les jardins etc. Parrainage je crois que je l'ai dit. Là il y a le deuxième centre. Et après c'est un centre dans tous les départements,

  • Piroo

    dans toutes les régions. Ça c'est vraiment mon rêve pour le moment. Et ensuite quand on fera ça, il y aura un autre rêve qui viendra. Ce sera peut-être dans chaque pays d'Afrique. Mais voilà, en tout cas, là, on est focus sur ça. Stabiliser ici, reproduire ça ici au Sénégal.

  • Adrien

    Bordeaux ouf. Bon, en tout cas, du coup, la maison, c'est la maison des rois.

  • Piroo

    Ici, c'est la maison des rois. C'est leur maison.

  • Adrien

    La maison des rois. C'est leur maison. On a Pout. Ok, bah cool. Créos, moi ça me fait plaisir de ouf. On a les gens qui arrivent et tout, carrément.

  • Piroo

    Et... Kumba, kumba, kumba. Attends, ferme, ferme. Merci.

  • Adrien

    On a les gens qui arrivent. Moi, je voulais juste finir là dessus. On va mettre tous les liens en description pour les parrainages, pour l'Instagram. Du coup, on va lancer l'Instagram derrière la maison des rois. Grand frérisseur à suivre quand même.

  • Piroo

    C'est l'association. Bien sûr,

  • Adrien

    et voilà, j'ai oublié quelque chose.

  • Piroo

    Non, franchement, c'est carré. Moi, je tenais quand même toi aussi à te remercier parce que tu donnes de ton temps, tu donnes de tes compétences quand on parle de compétences médicales. Mais. Moi aussi, on a besoin de communication. Si il n'y a pas de communication, ça va être très, très compliqué pour nous. Et moi, j'ai le souvenir de ta première vidéo que tu as fait. Frérot, tu nous as fait prendre un virage. Ça a été la vidéo qui nous a donné du crédit. Donc ce n'était plus les jeunes de banlieue qui essayent de faire un hôpital. C'était vraiment un truc. Ils se disaient c'est une association, c'est du lourd. Et c'est grâce à ton montage, à tes compétences, à toi. Et moi, en tout cas, je te serai éternellement reconnaissant parce que, comme je te dis, ça nous a fait prendre un virage à un moment où tout le monde nous regardait un peu de haut. Et puis merci à des gens. Ils ont passé. Ouais, non, personne n'y a.

  • Adrien

    Moi, dans ce bureau, le jour où tu m'as présenté le projet, comme je te dis, je me suis dit ou c'est des mythos ou c'est vraiment des psychopathes. Ils sont en train de faire un truc. D'où ils vont sortir cet argent ? D'où ils vont faire ça ? Et je crois que c'était vraiment deux semaines après. Donc j'étais encore dans le truc où j'avais encore notre rencontre, notre rencontre dans la tête. Je me suis dit non, il faut que j'aille à Poutres. Donc je vais aller à Poutres. En plus, je ne connais pas du coup, j'y vais sur la journée et je fais cette vidéo. Et en plus, comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai fait la vidéo en 2-2, téléphone machin. Je crois que j'avais sorti le drone, j'avais quand même le drone et tout. J'avais fait avec le téléphone drone. J'ai monté la vidéo en 2-2 sur le retour.

  • Piroo

    Sur le retour,

  • Adrien

    j'ai fait la voix off dedans et tout. qu'est ce que je suis en train de faire ? En fait, je n'avais jamais fait vraiment de vidéo purement comme ça. Et ça m'a donné aussi. En fait, je me suis rendu compte à travers cette vidéo que en fait, ça avait un impact pour de vrai. Et moi, en vrai, je me bats là dessus. Je me bats sur ça depuis des années, mais à des moments, j'en étais pas conscient non plus. Et en fait, avec cette vidéo là, je me suis vraiment rendu compte. Je me suis dit en fait, on a vraiment de l'impact. Regarde, j'ai pris une demi journée. Je suis resté deux heures, trois heures sur place. J'ai juste filmé machin. Je crois que j'ai mangé avec eux. J'ai sorti le drone, j'ai monté la vidéo, je suis rentré, ça m'a pris la journée. Et on a un impact de ouf. La vidéo, elle a 50 000 vues. Vous, ça vous a rapporté des fonds, ça vous a créé de la crédibilité parce que souvent, les gens, ils parlent que de d'argent. Non, mais la crédibilité, c'est important aussi. Et c'est aussi dans l'inconscient. Les gens, ils voient en fait, ils voient parce que tu pourras pas ramener toute la France à poutre. Les gens qui t'ont donné. Il n'y a pas tout le monde qui va venir au Sénégal. Il n'y a pas tout le monde qui va voir ça. Et du coup, il faut réussir à trouver un outil qui va leur qui va leur retransmettre un peu ces émotions que toi tu as eu le jour où tu es rentré, que tu as envie de chialer, que moi je suis rentré j'ai envie de chialer et qu'on a même tout chialé en vrai. Et dernièrement quand j'ai ramené Adama dans Enfant Soleil, tu me rappelles, je lui ai dit vas-y viens on va à Poudre, je vais te montrer un projet etc. On y va. Et quand on arrivait devant, je me suis dit mais attends je lui ai même pas dit ce qu'elle va voir. Et je l'ai regardé, je lui ai dit Adama t'es prête parce que ça va être dur en fait ce que tu vas voir. Et elle me dit Adrien c'est bon. Elle est rentrée, elle m'a dit Adrien heureusement que tu m'avais dit ça. Parce que si tu ne l'avais pas dit je n'aurais pas entendu. Et c'était vraiment dur, dur, dur visuellement. Et même pour moi, filmer, c'était dur. Tu dis non, tu peux pas montrer ça, c'est trop dur. Ça fait trop la com de la pitié. Ça fait trop parce que c'est trop violent. Mais en même temps, c'est réel,

  • Piroo

    c'est réel. Et si en fait, si tu montres pas les gens, ils vont pas l'accepter. Ils comprendront pas et ils minimiseront toujours.

  • Adrien

    Et aujourd'hui, on va le voir. Et là, j'ai filmé un petit peu aujourd'hui et on le voit. Il y a beaucoup plus de dignité. Tu vois qu'on leur a retrouvé une dignité.

  • Piroo

    Ils savent que c'est notre travail aujourd'hui, c'est de leur redonner cette.

  • Adrien

    Et de sourire. Il n'y avait pas un sourire. Quand c'était l'autre centre, j'ai pas eu une vidéo avec un sourire. Là, j'ai eu des sourires toute la journée.

  • Piroo

    Parce que ça y est, ils sont épanouis. Ils sont là, ils rigolent, ils jouent, ils mangent bien. Ils ont du jus, ils ont des bonbons, ils ont droit à des gâteaux. Tu vois, ils ont fait des journées crêpes. Ils ont fait des crêpes.

  • Adrien

    Ils ont jamais mangé des enfants normaux.

  • Piroo

    C'est de nos enfants. C'est des enfants qu'il faut prendre au sérieux. Et considérés comme des enfants, tout simplement. Porteurs d'handicap, oui, certes, mais c'est des enfants.

  • Adrien

    Il faut les remettre au cœur de la société, c'est important. Et ici, comme tu l'as dit au début, au Sénégal, il y a quand même encore beaucoup de croyances sur le mystique, sur toutes ces choses-là. Et je pense que c'est le travail aussi de ça, c'est de leur rendre l'aide de leur dignité pour que les parents aussi, ils se disent Non, attends, je suis fier de mon fils, regarde ce qu'il a réussi à faire. Et que les oncles, les tantes et que la société, en vrai, les acceptent.

  • Piroo

    C'est ça, exactement.

  • Adrien

    Parce que c'est le grand combat, et c'est là où c'est le plus dur ici. C'est des combats qu'on a moins en France. Ici, il y a encore beaucoup de boulot.

  • Piroo

    Énormément de boulot. On va se battre en tout cas. Ça y est, c'est ma vie ça. C'est ma vie maintenant. J'ai choisi de me battre pour eux. Et puis voilà, on lâchera pas en tout cas. Ça, c'est sûr.

  • Adrien

    Bon.

  • Piroo

    Ça, c'est sûr.

  • Adrien

    J'ai une dernière question. Est-ce que tu peux me donner un mot par rapport à tout ça ? Et ce sera le mot de la fin.

  • Piroo

    Fierté.

  • Adrien

    Fierté ?

  • Piroo

    Ouais, fierté. Merci mon frère

  • Adrien

    Les amis, si vous voulez donner du sens à votre vie Il faut suivre les gens comme ça

  • Piroo

    Merci, on est ensemble

  • Adrien

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Sens jusqu'au bout Si ces histoires t'ont inspiré ou touché Partage-les autour de toi Donne une note ou laisse un commentaire Pour aider à amplifier leur impact C'était Sens et je te donne rendez-vous très bientôt Pour un nouvel épisode avec encore plus d'histoires Inspirantes et de projets qui changent le monde

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Description

Il est passé de cuisinier dans un fast-food à constructeur du plus grand centre pour enfants atteints d’IMC du Sénégal.


Dans cet épisode, je te présente Piroo, fondateur de l’association Grands Frères et Sœurs. En 2019, il s’est lancé dans un challenge aussi fou qu’inspirant : construire un centre de 1000 m² au Sénégal pour des enfants atteints d’un handicap très lourd, l’infirmité motrice cérébrale (IMC).


🎙️ Ce que tu découvriras dans cet épisode :

  • Comment tout a commencé : sa première rencontre avec ces enfants et le déclic qui a changé sa vie.

  • Les défis incroyables pour financer le projet, du porte-à-porte aux voyages à vélo.

  • Les moments de doute, les réussites et l’impact immense sur la vie de ces enfants.

  • Les défis actuels : entre autonomie financière et développement d’une vision à long terme pour le centre.


Cet épisode, c’est une plongée au cœur de l’humanité, un récit d’engagement et de résilience. Ensemble, on explore ce qui donne du sens à la vie et comment chacun peut contribuer à transformer le monde à son échelle.


💡 Vous voulez donner de la force à ce projet ? Suivez Piroo et son association :

📲 Instagram - KBY La Maison des Rois

📲 Instagram - Grands Frères et Sœurs



🎙️ SENS – Le podcast qui explore les histoires inspirantes et les projets qui changent des vies.

Je suis Adrien Scat, photographe et réalisateur à impact. À travers chaque épisode, je mets en lumière des femmes et des hommes qui, en donnant du sens à leur vie, transforment le monde autour d’eux. Découvre leurs parcours, leurs défis, et leurs conseils pour te lancer dans le projet de tes rêves.


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Transcription

  • Piroo

    Franchement, au début, on nous a ri au nez. Quand je suis parti voir mes potes et je leurs ai dit Ouais les gars, il faut qu'on construise un centre médical pour des enfants atteints d'handicap. En plus, ce n'est pas un dispensaire ou tu vois... Oui,

  • Adrien

    en plus, ce n'est pas un petit handicap.

  • Piroo

    Voilà. Quand je finis ça, je vais vivre là-bas avec eux. Ça y est, c'est le projet d'une vie en fait. Ce n'est pas moi qui va le finir, c'est mes enfants. J'ai enfin trouvé le sens à ma vie.

  • Adrien

    Mais tu as une histoire avec le médical, tu as une histoire avec les enfants. Non,

  • Piroo

    pas du tout. Moi, de base, je suis un peu peureux. Moi, je ne vais pas au médecin.

  • Adrien

    C'est quoi la plus grosse erreur que tu as fait ?

  • Piroo

    Alors nous on a tout fait à l'envers. Moi au début quand j'avais dit je vais construire un hôpital, ils m'ont dit autant de nata cuisine à couper des tomates. Il y a des enfants, ils se sont levés pour la première fois de leur vie ici.

  • Adrien

    Le sens n'est pas une destination, c'est un chemin qu'on construit petit à petit. Moi, c'est Adrien Scatte, photographe et réalisateur à impact. À travers Sens, je t'emmène au cœur de projets qui transforment des vies et redonnent un vrai sens à l'action humaine. Ces histoires sont celles de femmes et d'hommes qui, en cherchant un sens à leur vie, ont trouvé la force de changer le monde autour d'eux. Avec Sens, on explore ces récits inspirants, on apprend, on s'émerveille et surtout, on découvre comment toi aussi, tu peux faire bouger les choses. Parce que oui, chacun mérite d'avoir un impact. Rejoins-moi dans cette aventure et laisse-toi inspirer par des projets qui prouvent qu'ensemble, tout devient possible. Bon, bienvenue dans le podcast Sens, c'est une première, première, première, première pour moi. de faire un podcast, etc. Et c'est pour ça que je suis trop content d'avoir mon frérot Piro avec moi. On est en direct du Sénégal et du coup, grande fierté d'être avec toi mon frérot Piro.

  • Piroo

    Merci, merci. On est où Piro ? Alors là, on est à Pout, on est dans le plus grand centre médical pour enfants atteints d'IMC du Sénégal. Ok, donc ce centre, il a été inauguré le 13 juillet, donc après quatre longues années de combat et de bataille de levée de fonds. Mais aujourd'hui, c'est là et on accueille plus de 54 enfants dans le centre. C'est un truc de ouf le spot.

  • Adrien

    Le spot est juste ouf, c'est pour ça que je voulais le faire absolument ici. Parce qu'en fait, l'endroit, c'est rare de voir des trucs aussi ouf au Sénégal.

  • Piroo

    Frérot,

  • Adrien

    moi je me rappelle la première fois qu'on s'est rencontrés. Tu te rappelles ou pas ?

  • Piroo

    Bien sûr. Ça a été...

  • Adrien

    On était dans les bureaux de Smile Mouvement à Webedia.

  • Piroo

    C'est ça.

  • Adrien

    Et t'étais avec ton frérot.

  • Piroo

    Avec Walid.

  • Adrien

    Et tu m'as parlé de ce projet là.

  • Piroo

    C'était un truc de ouf. On était arrivé à la moitié du projet et c'était un moment où... On commençait à s'essouffler.

  • Adrien

    C'était quand ? 2022 ?

  • Piroo

    2022. Ouais, c'est ça, 2022, c'est début 2022, je crois. C'est ça ?

  • Adrien

    Ouais, ça devait être ça.

  • Piroo

    Donc, c'était un moment où on avait commencé à récolter depuis un petit moment, mais on arrivait à un moment où les gens commençaient à être épuisés. Donc, de donner de l'argent à chaque fois, à chaque fois.

  • Adrien

    Un projet qui coûte... Juste combien ? C'était quoi le...

  • Piroo

    Il nous a coûté 300 000 De toute façon, il est là, ok. En mode cagnotte. En mode cagnotte, en mode démarche, on est parti démarcher les sociétés, on a fait plusieurs événements, on a fait du vélo jusqu'à Perpignan, on a fait… Du coup,

  • Adrien

    c'était là-dessus qu'on s'est… Exactement. Je ne sais pas, tu en revenais ou un truc comme ça ?

  • Piroo

    Ouais, on venait de revenir de Perpignan. Et moi,

  • Adrien

    je partais au Sénégal, genre deux semaines après, je crois.

  • Piroo

    Ouais, ouais, ouais.

  • Adrien

    Je partais deux semaines après au Sénégal et tu m'as dit, ouais, il y a un projet. Moi, je me suis dit, ou c'est du mytho, en vrai, ou c'est du mytho, ou c'est complètement fou ce qui se passe, il faut que j'aille voir.

  • Piroo

    C'est ça que j'allais voir.

  • Adrien

    Et du coup, j'étais allé. Ouais, j'étais allé. Et donc, à la base de base, pour que les gens se rendent compte. En vrai, il faut que tu m'explique comment. En fait, je veux que tu m'expliques la première fois, parce que moi, c'est quand tu as décrit, quand on était dans ce bureau là, quand tu as décrit ce que tu as vu. Je me rappelle, j'ai vu tes yeux et je me suis dit Attends, il faut que j'aille voir parce que le gars là, il a été quechaud.

  • Piroo

    Raconte moi juste là,

  • Adrien

    quand tu es arrivé au Sénégal, comment tu as découvert ce projet là, etc. C'était quoi déjà ? Pourquoi tu étais au Sénégal ?

  • Piroo

    Alors nous on était là pour faire un forage, on était accompagné d'une autre association. Donc on les a accompagnés. Et la personne qui me servait de guide pendant ce voyage tenait absolument à qu'on voit des enfants. Donc il nous l'a répété plusieurs fois. Il faut qu'avant que vous partez, vous allez voir des enfants, il faut que je vous ramène voir des enfants. Donc on s'est dit quoi ? On s'est dit qu'on était obligé d'y aller avant de partir. Et puis voilà, on est tombé sur cette case où on a trouvé plus de 25 enfants au sol. sur des matelas gonflables. Je me rappelle, c'était la période de pluie. Et donc le toit était en zinc, il y avait des infiltrations. On arrivait au moment du bain. Les enfants prenaient leur bain dans des bassines. En plus d'être vraiment immobile et tout, ils étaient vraiment dans tous les sens, dans ces...

  • Adrien

    C'est des gamins atteints d'IMC, IMCC.

  • Piroo

    C'est ça, IMC, autisme et trisomie 21. Mais en majorité, majorité, c'est de l'IMC qu'on traite.

  • Adrien

    Immunité. motrice cérébrale.

  • Piroo

    C'est ça, infirmité motrice cérébrale.

  • Adrien

    Et ça correspond à quoi ?

  • Piroo

    Alors, c'est à la naissance, c'est une infirmité qui vient dès la naissance. Donc, soit elle atteint les cellules du cerveau ou les cellules du cerveau et les membres que l'on a, donc les jambes, les bras, même les cordes vocales. Il y en a, ils sont paralysés au niveau des cordes vocales. Donc vraiment, c'est un handicap très lourd. C'est un handicap très lourd. Nous, je me rappelle ce jour-là, comme je te dis, on est arrivé au moment du bain et on a vu ça. Donc on était trois de mon association. On est tous sortis un par un pour aller pleurer, tout simplement, je ne rougis pas de le dire. Et en fait, on a tous choisi la même cachette. Donc on s'est retrouvés dans la même cachette en train de pleurer. Et on s'est dit, en fait les gars, on n'a pas pu venir ici par hasard et on ne peut pas en rester là. Ou simplement mettre un pansement, rentrer en France et envoyer 100 euros tous les mois, se dire que voilà, on a fait notre part du travail. On tenait vraiment à changer radicalement la vie de ces enfants. Et ça passait par un nouveau lieu. Un lieu qui pouvait vraiment accueillir ces enfants dans des conditions convenables, avec un suivi médical, avec des personnes compétentes pour les suivre. Et puis voilà, aujourd'hui on en est là. Mais ça a été très très compliqué. C'était très très dur durant ces quatre années de bagarre.

  • Adrien

    Juste on va revenir au tout début, pourquoi toi tu fais de l'associatif ? Tu viens d'où ? C'est quoi ton parcours en vrai ? Pourquoi tu fais de l'asso en vrai ?

  • Piroo

    Bah tout simplement parce que je kiffe. Toi tu viens d'où ? Moi je viens de Sarkrouville, je suis de banlieue parisienne, je suis d'origine tunisienne et aujourd'hui je me retrouve au Sénégal parce que je suis tombé amoureux de ce pays et puis surtout de ses enfants. Donc... Dès le jour où je les ai vus, je me suis dit qu'il n'y avait pas d'hasard. Donc il fallait que je m'implique et que je donne tout ce qu'il y avait en moi et de mon possible pour pouvoir aider ces enfants. Et donc voilà.

  • Adrien

    C'est l'image que tu peux expliquer ou qui t'a vraiment marqué ce jour-là ?

  • Piroo

    L'image qui m'a marqué, franchement, c'est les enfants dans les bassines. Des enfants qui sont immobiles. qui sont dans tous les sens, qui bavent, qui coulent. Et de les voir en fait dans ces positions, dans ces trucs, ça a été choquant. Je le dis, c'est le mot, ça nous a choqués. Même une fois qu'on est rentré en France, j'en rêvais la nuit, j'en parlais tous les jours. Mes amis, ils en avaient marre parce que chaque chose dont ils me parlaient, ça tournait. Chaque chose dont moi je parlais. ça tournait autour des enfants et du centre et des choses qu'on avait vues.

  • Adrien

    Comme un espèce de traumatisme, genre t'es tout droit, on va dans ça.

  • Piroo

    Je te jure, c'était un traumatisme pour nous. On voit nos enfants en France, même si l'handicap, il y a aussi des problèmes en France avec les enfants atteints d'handicap. Mais ici, d'autant plus. Donc voilà, avec Hawa qui nous a raconté l'histoire de chaque enfant, des enfants qui étaient abandonnés par leurs parents. des enfants qui perdaient leur maman à l'accouchement et puis qu'ensuite le papa ou la famille du papa abandonnaient, clairement. Ils ne voulaient pas s'en occuper parce qu'ils disaient que c'est une malédiction, c'est des enfants maudits. Dans le quartier, on ne les invitait plus au baptême ni au mariage. Vraiment, ce n'est pas facile pour ces enfants qu'on avait vus. Et puis on a été vraiment touchés. On s'est dit que... Il fallait absolument qu'on fasse de l'autre possible pour améliorer ça.

  • Adrien

    Donc ça a été quoi les étapes ? Vous avez commencé comment ? Vous avez fait quoi ?

  • Piroo

    Alors déjà on a commencé par rentrer et parler à nos proches, à notre petit cercle. Donc franchement au début on nous a ri au nez.

  • Adrien

    Je te dirais que tu as voulu faire un centre. Tu savais que c'était un centre qui pouvait le faire.

  • Piroo

    Parce qu'en fait on a demandé à Awa, on lui a dit Awa qu'est-ce qui pourrait changer radicalement la vie de ses enfants ? En gros, elle ne nous a pas dit de la nourriture, elle ne nous a pas dit des soins, mais elle nous a dit un nouveau centre avec de l'espace. Et ensuite, dans ce centre, on ramènera la nourriture et les compétences qu'il faut. Mais il faut déjà un cadre qui est adéquat avec ces enfants. Donc on s'est dit directement, il faut qu'on construise un centre. Donc on est arrivé en France, moi je suis ici de la restauration. Donc moi c'est ketchup, mayo, salade, tomate. Mais venir et dire à mes amis, je veux construire un centre. C'est ça. Quand je suis parti voir mes potes, j'aurais dit ouais les gars, il y a un truc à faire, faut qu'on construise un centre médical pour des enfants atteints d'handicap, en plus c'est pas un dispensaire ou tu vois… Oui,

  • Adrien

    en plus c'est pas un petit handicap. Voilà. Pour les gens qui savent pas c'est quoi IMC, c'est pas un petit handicap.

  • Piroo

    Ouais, c'est un handicap très très lourd, vraiment. Et puis on nous a réunis, on nous a dit qu'est-ce que tu me racontes toi, tes histoires, t'es tunisien, t'habites en France, ta journée tu l'as passée derrière le clame à faire des hamburgers. Et là t'es là, t'es en train de me parler de construire un hôpital au Sénégal. On y a cru, on y a cru parce qu'on voulait le faire et on s'est dit qu'il n'y avait pas de marche arrière après avoir vu ce qu'on avait vu. Et puis on a foncé, on a foncé, on a foncé avec nos petits moyens au début. Donc on est parti au début démarcher nos amis avec des tire-vires. Au début, ça a commencé tout simplement.

  • Adrien

    Tu avais une idée du prix du projet à la base ou pas ?

  • Piroo

    Alors nous, on a tout fait à l'envers. Ok. C'est bien, au moins tu es clair. Oui, vraiment, on n'a aucune expérience dans ça. On s'est regardé, on s'est dit bon, au bled avec 50 000 on peut construire quelque chose quand même. Et on s'est dit ça va nous coûter 50 000 On était persuadé qu'avec 50 000 on s'est dit au bled 50 000 ça fait le coup. Et on s'est dit 50 000 allez, on y va. Il nous faut 50 000 avec 50 000 là, on va faire ça. Donc on a commencé, c'était très compliqué au début, parce que comme je te dis, personne n'y croyait. Donc on a été au début avec des tirelires. Heureusement, je suis issu de la restauration, donc j'ai beaucoup d'amis qui ont des restaurants. Donc on a commencé à placer des tirelires dans leur resto. Et puis je marchais avec ma tirelire dans le quartier. Donc je disais aux gars, allez 10 euros, 5 euros, 2 euros, n'importe quoi, mettez-les dans la petite tirelire. Et on a atteint, je crois, les 30 000 euros en un an.

  • Adrien

    Ah ouais ? En faisant comme ça ?

  • Piroo

    Voilà, en faisant comme ça. C'est énorme. Donc on a eu des petits coups de pouce de personnes qui avaient des sociétés aussi, donc qui nous ont donné de leurs bénéfices. Et on a organisé, pour la fin de ces 50 000 euros, un tournoi de foot dans lequel on avait invité des sociétés. Et puis on leur proposait d'être déductibles de leurs impôts avec les SERFA. Donc on leur demandait de donner 1000€ pour l'inscription. On avait 16 équipes et donc ce jour-là... Vous avez fait où ce truc-là ? C'était à Beson, c'était au 5 de Beson. Donc les sociétés avaient joué le jeu. Et puis on a réussi à avoir 16 sociétés qui nous ont donné 1000€. Plus un peu avec la buvette et la tombola qu'on avait organisée. On est arrivé aux 20 000€. Voilà, on est arrivé aux 20 000€. Du coup 50 000€. 50 000€. Un an d'avocat effectif. Voilà. On se rend compte que 50 000 euros, on va rien faire avec.

  • Adrien

    Vous avez déjà trouvé le terrain ou pas à ce moment-là ?

  • Piroo

    Dès qu'on a eu les premiers, ça nous a coûté 12 000 euros le terrain. Donc dès qu'on a eu les 12 000 euros, on a acheté le terrain. Et on pensait qu'avec 38 000 euros, on allait construire. Et puis en fait, quand on arrive à la fin de la récolte des 50 000 euros, On se dit qu'il serait temps quand même d'aller démarcher les sociétés pour voir combien ça allait nous coûter réellement. Puis là, on arrive avec des devis à 300 000 euros, 320 000 euros, 340 000 euros. Et on tombe sur une société qui décide de nous le faire à 200 000 euros, le centre. Pourquoi ? Parce que c'est un Sénégalais qui vivait en France, qui est venu aujourd'hui s'installer au Sénégal, qui a monté sa boîte qui s'appelle SA2R Expertise, et puis qui a décidé en fait que son bénéfice, il allait le donner, il allait travailler gratuitement, en payant les salariés, en payant la marchandise, mais qu'il n'allait pas se dégager de bénéfice, parce que c'était un rêve pour lui de construire un orphelinat. Et que nous, en fait, on lui a apporté le projet, comme ça, il ne pouvait pas refuser. Donc vraiment, ça nous a vraiment aidé parce que voilà, comme je disais, on était sur des plus chers de base, des beaucoup plus chers. Et puis 200 000 euros qu'il a accepté de prendre en plusieurs parties. Il nous a aidé vraiment, il nous a vraiment facilité sur ce coup. Et donc voilà, mais on se rend compte que nos petits 38 000 euros.

  • Adrien

    Quand tu vois ce prix là, c'est quoi la réaction ?

  • Piroo

    Ça y est, c'est le projet d'une vie en fait. C'est pas moi qui va le finir, c'est mes enfants. Je vais pas... On ne veut pas pouvoir, moi, récolter 200 000 euros. Déjà, comment j'ai fait pour récolter 50 000 euros, je ne savais pas. Je me disais, mais qu'est-ce qui s'est passé ? Par où c'est venu ? Je ne savais pas du tout comment on avait fait. Mais de là à dire, il nous faut 200 000 euros maintenant. 4 fois 100. C'était... Voilà, on allait le faire, on allait y aller, on allait foncer.

  • Adrien

    Tu n'as pas perdu... Genre, tu ne t'es pas dit,

  • Piroo

    ah, vas-y. Non, non, pas du tout. Mais on s'est dit que ça n'allait pas être... C'est pas nous qui allons finir ce projet. C'est dit que ça allait être soit nos enfants, soit la relève des petits frères qui allaient venir par la suite, continuer le projet. Mais à force de persévérer, d'y croire et de prôner nos valeurs qui sont l'entrée de la solidarité, on a réussi à le faire au bout de 4 ans. Franchement...

  • Adrien

    T'as fait quoi là au moment des 200 ? C'est là où t'es parti à Perpignan ?

  • Piroo

    Ouais c'est ça. C'est à ce moment là où les derniers 50 000 euros, on se dit qu'il nous faut 50 000 euros, mais vraiment, on n'a plus d'idées, on a court d'idées.

  • Adrien

    Entre 50 et les derniers 50 000 de 300 000 ?

  • Piroo

    Oui, des 300 000 euros.

  • Adrien

    Mais du coup, il s'est passé quoi avec les 200 000 entre les deux ?

  • Piroo

    Ça a été du porte à porte, devant les gares, au feu rouge, beaucoup de sociétés, des influenceurs aussi qui nous ont partagé. On a eu pas mal de coups de poing. plus de réunions se rencontrer chez smile mouvement et je pense que c'était un peu ce qu'on essaie de prôner c'était que dans le social les influenceurs pouvaient avoir un acteur de ouf de fait ils ont ce projet en est le exemple entre les premiers 50 milles et les derniers 50 milles il ya eu nous le démarchage tout ça il ya eu pas mal aussi les anciens les joueurs de foot les personnes qui ont un aura et qui sont qui sont visibles visibilité Donc voilà, ça a été une bagarre acharnée. Il y a des moments où on a eu des coups de mou, on a eu des moments de doute, mais on y a cru et voilà, on a foncé. C'est notre devise de toute façon, foncer. On sait même la tête blessée, mais foncer. Et voilà, aujourd'hui,

  • Adrien

    on va tirer ses 50 000.

  • Piroo

    50 000 cours d'IT, on ne sait plus quoi faire. On se dit mais qu'est ce qu'on peut faire ? Je sais pas c'est qui qui me souffle l'idée de faire du vélo, mais pas avec une cagnotte et tout. Ils me disent ouais les gars, on galérait au quartier, donc ils nous disent ouais les gars pourquoi on prend pas les vélos, on va en Espagne et tout. Je dis mais t'es sérieux toi, qu'est-ce que je vais faire en Espagne à vélo, pourquoi tu veux me faire souffrir comme ça ? Ils me disent bah je sais pas, au lieu de galérer au quartier, venez on essaye de faire une sortie quoi ensemble. Je me dis mais attends deux secondes, je sais pas c'est quoi qui est venu dans ma tête. Je suis parti m'asseoir, je leur ai dit attendez deux secondes les gars, j'ai une idée, il faut juste qu'ils y réfléchissent. Je me suis assis, 30 minutes, et je suis revenu les voir les gars, vous êtes sérieux, vous voulez vraiment faire du vélo pour aller en Espagne ? Ils m'ont dit ouais. Je leur ai dit bah les gars on va mettre une cagnotte en place, on va essayer de faire intervenir des influenceurs sur chaque étape, et puis on va essayer de récolter, nous on avait mis pour objectif 20 000 euros, donc il allait nous rester encore les 30 000 euros. Mais voilà, on a fait du vélo, on a eu pas mal de personnes sur le chemin qui ont joué le jeu, qui nous ont accueillis.

  • Adrien

    Frère, juste, t'es parti en vélo, t'es parti en bitwin normal, t'es pas parti en vélo... Non,

  • Piroo

    non, non, ouais.

  • Adrien

    Tour de France, vélo électrique...

  • Piroo

    On est parti chercher le vélo qu'il y avait dans la cave. Classique ! Ouais, ouais. On était cinq, donc chacun est parti gratter un vélo à son voisin, à son pote, à son truc. On partait ouvrir les caves du quartier, chercher les vélos qui étaient là, changer les chambres arrière, les roues. Et puis on a pris la route, mais vraiment sans organisation, sans...

  • Adrien

    Il y avait une voiture qui vous suivait ?

  • Piroo

    Oui, mais par exemple, la voiture, c'est deux jours avant le départ qu'un mec nous a dit mais les gars, moi, je peux vous suivre en voiture. Je lui ai dit vas-y, viens. Mais vraiment, ça s'est fait à la dernière minute. Après,

  • Adrien

    vous étiez combien ?

  • Piroo

    On était cinq vélos et cinq en voiture. Il y avait une voiture et une ambulance. L'ambulance, c'est au moment du départ où un mec nous dit Attends, mon pote a une société d'ambulance, on va voir si son ambulance ne peut pas nous en prêter une. Et puis on l'appelle, il nous dit Ah oui, il n'y a pas de problème, j'arrive tout de suite au quartier, je vous la laisse. Je vous mets le plein et j'arrive. Il arrive, il nous laisse une ambulance comme ça. C'est dinguerie, vraiment dinguerie. Et donc voilà, on prend la route. On avait plusieurs étapes. On avait dans le 9-1 le RIMA qui nous a accueillis, Auxerre, Hamza Saki qui nous accueille. A Lyon, c'est le Mabacha qui nous accueille. Et puis à Perpignan, Nasdaq. Là où vraiment la cagnotte a rien compris. Elle a explosé. Donc on arrive à Montpellier en fait. On est à 12 000 euros. On est dépité de notre vie. Parce qu'on a vraiment, on a pédalé, on était folle, on a été épuisé. Et on n'a pas atteint nos 20 000 euros. Donc on se dit mais comment on va faire ? Et Nasdaq en fait, il n'était pas dans notre planning. Il n'était pas dans les plans. Donc on arrive à Montpellier, on est lessivé et on n'est qu'à 12 000 euros. On se dit purée comment on va faire, on va pas remonter à Paris et l'objectif il est pas atteint, ce serait pas bien Donc on n'arrivait pas à accepter ça. Et puis de là on appelle Narbé, Impulstar, qui appelle Gallo, Smile. Et Gallo il nous dit allez à Perpignan les gars, j'ai appelé Nasdaq, il va vous accueillir Il vous attend. Il vous attend. Nasdaq il nous attend là. Il vous attend. On promenait sur nos vélos, Montpellier-Perpignan, vélo, ta ta ta ta, toute la journée. On arrive à Perpignan. Et là, waouh, waouh, waouh, waouh. Vraiment, j'ai des frissons. On arrive, donc Nasdaq, bienvenue, il nous accueille comme des rois. Vraiment.

  • Adrien

    Votre comité d'accueil.

  • Piroo

    Votre comité d'accueil. Il nous fait vraiment un accueil de malade mental. On dirait qu'on était dans notre quartier. Tout le monde vient, tout le monde nous parle. Tout le monde nous dit Vous êtes venu de Paris, pourquoi ? Alors on explique pourquoi on vient, pourquoi on ne fait pas ça. C'est pas un challenge sportif ou quoi. Il y a vraiment une cause sociale derrière. Et de là, tout le monde, voilà. Ah ouais, magnifique, c'est bien, bravo pour ce que vous faites. Nasdaq, il nous dit Bon, les gars, je vais vous faire une pub. Et nous, on connaît la puissance de Nasdaq. Donc on se dit, wow, qu'est-ce que ça va donner ? On fait la pub, en une heure on arrive aux 20 000 Deux heures après, on est aux 30 000 Mais ça y est, nous on est dans le quartier, on ne veut plus bouger du quartier. C'est des stories, frérot ! On ne veut plus bouger, on s'assoit, on sort les tentes, les chaises, on se pose avec lui, avec toute la team Nasdaq. Donc voilà, on est là, 40 000 Je suis en train de réaliser que ça y est, on arrive aux 50 000 et que ça y est, les 300 000 vont être récoltés. Du coup, je me dis, mais non, mais qu'est-ce qui se passe là ? Donc voilà, moi, je m'écroule, pleure comme un petit bébé. Et puis voilà, le lendemain, on rentre sur Montpellier.

  • Adrien

    Pendant ce temps-là, la construction a déjà commencé ou pas ?

  • Piroo

    Oui, oui, la construction a commencé.

  • Adrien

    C'était pas en cours en fait, c'était pendant le temps que vous récupérez de l'argent, pendant ce temps-là, c'était en train de se faire.

  • Piroo

    On avait toujours la pression. parce que la société qui était ici elle avait besoin d'argent pour pouvoir continuer donc il nous appelait, il nous disait ça y est c'est l'étape supérieure les fondations sont faites, c'est l'étape supérieure, c'est les finitions et là c'est vraiment un moment où la société ça faisait peut-être un mois on lui avait pas envoyé d'argent qu'il nous sollicitait et parce qu'on était à court d'idées on avait plus d'argent on savait pas comment faire et là, mais lui il suivait l'aventure donc quand il a vu aussi les 50 000 euros il s'est dit ça y est même lui il était content tu vois et on s'est dit ça y est enfin on a la totalité de la somme qu'il fallait. Et 300 000 qu'on pensait que ça allait être nos enfants qui allaient finir. Ça y est. Et moi, franchement, j'étais sonné ce jour là. J'étais dans les vapes un peu, tu vois. Parce que je réalisais sans réaliser. Je croyais que j'étais dans un rêve. Je me pincais, je me disais mais allo, ça y est, t'as pris 300 000 là, c'est fini. Et ouais, donc on rentre. Donc là, on est à 40 000 quand on quitte chez Nasdaq. On rentre à la maison, on se réveille le matin, on est à 50 000 Putain,

  • Adrien

    incroyable.

  • Piroo

    Incroyable, incroyable, incroyable. Vraiment, c'est un... Il n'y a pas de mots en fait. Faut le vivre. Faut le vivre, c'est un truc de fou.

  • Adrien

    Ça te paraît une montagne impossible à monter.

  • Piroo

    Impossible. Pour nous, c'est comme je te disais, c'est vraiment un projet. Ouais. On s'est dit...

  • Adrien

    C'est trois générations.

  • Piroo

    Il n'y a pas moi qui voudrais faire 300 000 Je n'ai jamais eu dans mes mains 300 000 tu vois. Ne serait-ce que 50 000 je n'ai jamais eu dans mes mains. Moi, je touche 1200 1300 Je fais, je fais mon loyer, je fais mes trucs, il me reste 400 euros dans mes poches. Donc là, pour monter à tout ça,

  • Adrien

    d'ouf,

  • Piroo

    voilà. Comme quoi,

  • Adrien

    quand on veut vraiment,

  • Piroo

    c'est ça, il faut y croire. En fait, moi, c'est la leçon que j'ai tiré de ça. C'est d'y croire parce que si toi tu y crois pas, personne n'y croira.

  • Adrien

    Et toi, quand tu es arrivé devant ce projet là, tu as vu ces enfants. Moi, je les ai vus quand je suis arrivé. Bah du coup, après, et ça a été un choc aussi pour moi. Tu savais que ça allait changer ta vie ?

  • Piroo

    Non.

  • Adrien

    Non, non, non. T'avais pas encore capté ?

  • Piroo

    Non, j'avais pas capté. Non, non, c'est en fait, au fur et à mesure, dans le projet, je me disais, en fait, je faisais tellement de sacrifices, tellement de... C'était tellement de combats, tellement de batailles. Je me disais quand je finis ça, je vais vivre là bas avec eux. Quand je finis ça, je vais vivre là bas avec eux. Ah ouais ? Ah oui, oui,

  • Adrien

    c'était ça. Mais bien que t'aies capté ça.

  • Piroo

    Ah ouais, c'était en mode... T'as commencé à lutter là ? Ah ouais, ouais, quand c'était la bagarre, c'était dur. J'ai dit... La récompense. Ma récompense, c'est d'être avec eux. Aujourd'hui, je suis là, je suis avec eux. Et chaque jour, on dirait que c'est le premier jour. Chaque jour, je suis là, je me dis mais purée, on l'a fait en fait ! Ça y est, là je suis au milieu de mes petits loulous.

  • Adrien

    Mais du coup, est-ce que c'était fini à 300 000 ? Ah non ! Non, c'est capté quand t'étais à 300 000. Et du coup, le bâtiment, il allait être fini. Il était pas allé finissement,

  • Piroo

    il était pas fini,

  • Adrien

    etc.

  • Piroo

    Alors on a eu

  • Adrien

    300 000. On sent comme ça, on se rend pas compte. Mais le truc est énorme. Ça fait combien de mètres carrés ?

  • Piroo

    900 m².

  • Adrien

    900 m². Il faut l'aménager, il faut du personnel.

  • Piroo

    C'est ça.

  • Adrien

    Il faut nourrir les enfants, déplacer les enfants ici. Il faut faire les finitions, il faut ceci, il faut cela. Il faut beaucoup de matériel. Des enfants qui ne tiennent pas debout.

  • Piroo

    Exactement.

  • Adrien

    Du matériel très,

  • Piroo

    très lourd. Très, très lourd. Donc, du matériel qu'on a acheté, du matériel qu'on nous a donné. Mais tout ce matériel là, il a fallu aller le récupérer. Donc louer des camions, louer des box. C'était des frais que nous on n'avait pas calculé mais qui venaient s'accumuler au fur et à mesure. On était toujours dans la récolte mais c'était plus pour la logistique. Aujourd'hui le centre nous a coûté 300 000 euros. Mais il y a au moins 50 000 euros qui sont partis dans ça, dans ces frais-là. La location de camions, l'essence. Savoir que le matériel qui est là, nous on habite à Paris, il y a du matériel, on est parti le chercher à Toulouse. Il y a du matériel qu'on est parti chercher à Marseille, à Lyon. Ensuite, la cheminée sur Paris. Puis, payer les conteneurs pour la cheminée ici au Sénégal. Donc vraiment, ça a été... Un combat de tous les jours. Jusqu'à aujourd'hui, de toute façon, on est encore en train de combattre, en train de se battre tous les jours parce que c'est des frais. Aujourd'hui, le centre, il nous coûte à peu près 4000 euros tous les mois.

  • Adrien

    Le centre-là, il a ouvert quand ?

  • Piroo

    Le 13 juillet.

  • Adrien

    Le 13 juillet, il a ouvert.

  • Piroo

    Le 13 juillet, ouverture. J'ai raté l'ouverture. Tu as pu la suivre sur les réseaux. J'ai su.

  • Adrien

    Le 13 juillet, il a ouvert. Là, on est en novembre. Du coup, c'est quoi la vie maintenant ? Il y a combien d'enfants ? C'est quoi l'impact de tout ça ?

  • Piroo

    Ah ouais, il y a des enfants, ils sont levés pour la première fois de leur vie ici. Ouais.

  • Adrien

    Voilà. Moi, je viens d'arriver, j'ai vu des gamins marcher. Moi, j'ai vu que des corps par terre dans l'autre centre. J'avais jamais vu quelqu'un de debout. Et je suis arrivé, j'ai vu tout de suite des enfants marcher.

  • Piroo

    L'impact, il est là. Aujourd'hui, il y a... Il y a combien d'enfants ? Il y en a 54.

  • Adrien

    54.

  • Piroo

    Au lieu de... Elle en avait 25, t'as voir. Donc là l'objectif c'est 70, on attend d'avoir les financements franchement. En fait on veut pas juste avoir un centre où on dit ouais on a 70 enfants, en réalité quand ils sont là et personne ne les suit quoi.

  • Adrien

    En fait c'est ça aujourd'hui un bâtiment c'est bien etc, mais aujourd'hui c'est vraiment un niveau presque hôpital, il faut des employés qualifiés, il faut des employés, parce qu'en vrai c'est ça qui coûte cher aussi, parce que du coup c'est des lamas salariales c'est incroyable. Aujourd'hui il y a combien d'employés ?

  • Piroo

    On est 26.

  • Adrien

    26 employés et c'est encore en sous-effectif ?

  • Piroo

    Oui, on est en sous-effectif. De ouf !

  • Adrien

    Parce qu'ici, il faut que ce soit nettoyé, la bouffe...

  • Piroo

    La bouffe, les gardiens... C'est plus que ça, parce que c'est un centre comme ça...

  • Adrien

    Les chauffeurs,

  • Piroo

    parce que du coup,

  • Adrien

    ils accompagnent les enfants, parce qu'il n'y a pas tous les enfants qui dorment ici sur place.

  • Piroo

    C'est ça. Alors, notre objectif final, c'est que ça devienne un internat pour tous les enfants.

  • Adrien

    D'accord, qu'ils soient ici

  • Piroo

    100% du temps. 100% du temps et qu'ils puissent rentrer que le week-end chez leur famille. pour qu'ils dorment ici et dès le matin, on commence à travailler directement avec eux sur les séances de rééducation et tout. Qu'on ne perde pas ce temps à les amener, à les ramener et puis ainsi de suite. Et qu'ils s'alimentent convenablement, parce qu'aujourd'hui, on ne sait pas comment ils s'alimentent chez eux, mais on sait comment ils s'alimentent ici. Donc c'est pour ça qu'on veut les garder, pour qu'ils puissent bien manger, bien dormir et puis surtout bien être soignés et avoir les soins vraiment qu'il faut, au moment où il faut, parce que c'est tout un système en fait. Moi, j'apprends au fur et à mesure.

  • Adrien

    Toi t'es arrivé quand là ? T'es arrivé depuis l'ouverture en fait ?

  • Piroo

    Ouais c'est ça, j'ai arrivé à l'ouverture. Ouais ça y est, et je pars plus. J'ai avec mes enfants, ça y est.

  • Adrien

    Et c'est comment le mec qui faisait les hamburgers et qui se retrouve presque directeur du plus grand hôpital, en tout cas du plus grand centre pour IMC du Sénégal ?

  • Piroo

    Franchement, j'apprends sur le tas. Là, je fais des réunions avec des ergothérapeutes, je ne savais même pas que ça existait. Des kinésithérapeutes, ça, on connaît. Mais voilà, il y a plusieurs métiers que clairement, j'ai appris ici. Psychomotricienne, je ne savais pas c'était quoi, moi. Toutes ces personnes-là, j'apprends sur le tas. Et on essaie de donner notre meilleur, comme on a fait pour construire ce bâtiment. Pour aujourd'hui, justement, qu'il y ait un impact. et concret sur les enfants. Aujourd'hui, on commence à voir les fruits de notre travail. Je te dis, aujourd'hui, il y a des enfants, ils se sont levés pour la première fois, il y en a, ils ont fait leur pas pour la première fois. C'est un truc de ouf pour moi, tu vois, c'est un truc de malade mental. Que moi, issu de Sartrouville, là-bas, dans le trou de la France, de la banlieue, qui arrive dans le... Pas à Dakar, pas à Thiès, à Poutre, dans un village aussi perdu du Sénégal.

  • Adrien

    Et qui dit qu'il y a un projet qui est qui a été entendu partout au Sénégal. De France, ça, ça, ça, ça, ça, ça, c'est incroyable.

  • Piroo

    C'est incroyable.

  • Adrien

    Un truc unique au Sénégal.

  • Piroo

    Vraiment.

  • Adrien

    Et tu parlais de tu parlais de 4000 à peu près par mois de ma salariale. C'est quoi aujourd'hui ? Comment vous êtes financé ? Comment ça ? Comment ça se finance un centre comme ça ? En fait, parce que En France, on a les hôpitaux, ou c'est des trucs privés, ou alors c'est l'État qui paye. Que ce soit bon ou mauvais, dans tous les cas, l'État est quand même assez présent sur ces questions-là. Ici, ça se passe comment ? L'État vous aide ? La mairie ?

  • Piroo

    J'en sais rien. Ici, on n'a pas eu d'aide jusqu'à présent, ni de l'État, ni de personne d'autre. On fonctionne sur des fonds privés, comme depuis le début. On n'a jamais eu de municipalité, ni de commune, ni de région qui se sont impliquées dans ce projet. On a vraiment fait ça avec... Notre slogan c'est pour le peuple, par le peuple. Et voilà, vraiment, ça a été fait par le peuple, pour le peuple, vraiment. Et aujourd'hui, un centre comme ça, comme tu dis, ça nous coûte 4000 euros. Donc c'est pas que la masse salariale, mais on compte dedans les soins des enfants et puis l'alimentation des enfants. Ces 4000 euros, on va les chercher tous les jours, au téléphone, par les réseaux sociaux, avec des cagnottes qui sont mises en place. Mais c'est une bagarre acharnée. Des fois, le 27, on est à 2500 euros et on ne sait pas comment faire. Mais jusqu'à présent, chaque fin de mois, on a réussi à tenir. Mais on sent et on sait que ce n'est pas quelque chose qui va fonctionner comme ça sur le long terme. Ce n'est pas viable. Ça ne peut pas. Nous-mêmes, psychologiquement, on ne va pas tenir, même si on le veut. Même si on le veut, on ne pourra pas parce qu'il y a cette pression qu'il y a sur nos épaules et ce poids qu'il y a, qu'on ne pourra pas...

  • Adrien

    Et puis en fait, quand tu te concentres sur chercher de l'argent, tu ne peux pas te concentrer sur les gamins.

  • Piroo

    C'est exactement ça.

  • Adrien

    Tu diverses pour essayer de les aider eux, mais finalement, du coup, tu ne les aides plus eux.

  • Piroo

    C'est ça. Et en fait,

  • Adrien

    c'est ça le problème. C'est ça.

  • Piroo

    Et aujourd'hui...

  • Adrien

    Vous avez mis quoi en place par rapport à ça ?

  • Piroo

    Alors voilà, nous, là, aujourd'hui, ce qu'on est en train de mettre en place, on a déjà commencé, c'est un potager. Donc un potager qui va nous servir, nous, à être indépendant déjà en nourriture. On est déjà indépendant à 70% en électricité et indépendant en eau. Donc ça, ça y est.

  • Adrien

    Vous avez un forage à vous du coup.

  • Piroo

    Voilà.

  • Adrien

    Et vous avez les panneaux.

  • Piroo

    Voilà, on a 16 panneaux. Il faut en rajouter 8 encore.

  • Adrien

    OK.

  • Piroo

    Donc logiquement,

  • Adrien

    vous êtes presque à 100%.

  • Piroo

    Normalement,

  • Adrien

    on va être accordé au cas où,

  • Piroo

    mais exactement, exactement.

  • Adrien

    Mais pareil, l'électricité, c'est des frais,

  • Piroo

    mais c'est hyper cher. L'électricité est incroyable. Là, on est à peu près 300 euros d'électricité par mois.

  • Adrien

    300 euros d'électricité par mois. Alors avec cette panneau,

  • Piroo

    voilà, voilà, avec ces panneaux. Donc voilà, on vous donne un peu comment ça se passe. Mais aujourd'hui, voilà, on a mis en place ce potager pour déjà être indépendant, nous, en légumes et en fruits. Mais au delà de ça, pouvoir vendre de cette production pour couvrir les frais du centre. Donc une partie des frais parce que voilà un potager. Nous voilà aujourd'hui on a un fruitier potager,

  • Adrien

    c'est ça ?

  • Piroo

    C'est ça, maraîcher. Et puis on va faire aussi des arbres fruitiers pour surtout de la papaye. Donc on s'est focalisé sur la papaye parce que c'est c'est un arbre qui est rentable, qui pousse au max et puis qui est cher. Donc voilà, c'est assez rentable. On s'est focalisé sur ça pour l'instant, un potager. On a d'autres idées en fait, c'est de faire un poulailler. Donc voilà, c'est le futur projet qu'on veut mettre en place pour être indépendant en viande et puis aussi vendre de ces poulets pour couvrir une partie des frais du centre. Donc aujourd'hui...

  • Adrien

    Le but c'est l'autonomie. Voilà,

  • Piroo

    c'est ma mission là pour laquelle je suis focalisé parce que je sais que je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps.

  • Adrien

    À un moment tu n'as plus le réseau pour.

  • Piroo

    Exactement, il est fatigué. Donc comme je te dis, voilà... On ne travaille pas avec de grosses sociétés, on ne travaille pas avec des municipalités, on est avec le peuple. Donc franchement pour te donner une idée des personnes qui nous donnent, c'est des personnes qui sont au RSA, c'est des personnes qui sont à la retraite, c'est des personnes qui font le petit don quoi. Qui font le petit don et voilà, petite pierre plus petite pierre, ça fait ça.

  • Adrien

    Tu as un système de parrainage aussi non ?

  • Piroo

    Voilà, là on est aussi en train de mettre un système de parrainage en place. Donc voilà, c'est 25 euros le parrainage.

  • Adrien

    25 euros par mois. Et du coup ça couvre quoi par rapport à un enfant à peu près ?

  • Piroo

    Alors sur un enfant, ça couvre son alimentation, ses soins, et puis les personnes qui vont travailler autour de ses enfants. Donc voilà, aujourd'hui quand on va avoir 70 enfants, ça va nous faire 25 euros par enfant, et ça va nous alléger en fait. Plus le potager, plus le poulailler, avec le système de parrainage, normalement on s'en tirera bien.

  • Adrien

    Et après vous trouvez des partenaires.

  • Piroo

    Et ça c'est la grande mission. Ça c'est la grande mission. Les partenaires qui veulent, qui voudraient bien financer une partie, prendre en charge certaines choses du centre, soit l'alimentation, soit les soins.

  • Adrien

    La partie médicale, ouais.

  • Piroo

    La partie médicale, parce que la partie médicale, aujourd'hui, on fait les soins qui sont urgents, mais il y a pas mal d'enfants par exemple qui doivent être opérés et qu'on ne peut pas aujourd'hui. On ne peut pas parce que les opérations, c'est très coûteux et on ne peut pas gérer ça encore. Donc voilà, il faudrait bien avoir des partenaires qui prennent en charge ce type d'opérations. Puis voilà, comme ça, pour... En fait, notre objectif aujourd'hui, c'est que vraiment tout se passe bien sans qu'on soit trop dans la course.

  • Adrien

    Pour pouvoir être focus vraiment dans ce que tu veux faire, dans l'impact. C'est quoi les grosses galères du moment ?

  • Piroo

    Alors les galères du moment, des fois comme je te dis, c'est l'argent. L'argent clairement, parce que voilà aujourd'hui, tu n'as pas d'argent, tu ne payes pas les personnes. La nourriture c'est différent parce que les associations qui passent, les personnes qui passent, elles viennent avec des sachets de riz, elles viennent avec de l'huile, elles viennent avec des choses comme ça. Donc généralement, la cantine est toujours pleine. Enfin, on a ce qu'il faut, à part les dépenses journalières, les légumes qu'il faut acheter au jour le jour et tout. Donc ça, c'est de l'argent. Mais sinon, le gros, on a réussi à l'avoir par le biais d'associations. Mais vraiment, c'est la masse salariale et les soins. Les soins, il faut savoir qu'un enfant qui va à l'hôpital, déjà, ils ne le prennent pas s'il n'y a pas d'argent.

  • Adrien

    Ouais, il faut payer avant même que tu rentres.

  • Piroo

    Ils meurent devant eux, au sol, et ils ne vont pas te prendre. Ça, c'est niette et c'est clair. Donc aujourd'hui, voilà, il faut payer l'entrée, il faut payer la consultation. Il faut payer la radio, il faut payer l'éco, s'il y a la radio ça ne suffit pas. Il faut payer les médicaments que le médecin va te prescrire. Et puis le transport, parce qu'aujourd'hui on n'a pas de voiture encore dans le centre. Ne serait-ce que d'aller sur Dakar, de Pout à Dakar, ça te coûte de l'argent. Donc il faut compter à peu près entre 200 et 250 euros pour un enfant.

  • Adrien

    Pour un gamin.

  • Piroo

    Pour un gamin. Et il faut se dire que les enfants tombent très souvent malades. Très très souvent malades. C'est des enfants.

  • Adrien

    Quand on a une cinquantaine, de toute façon, ça reste toujours un game. Mal être. Voilà,

  • Piroo

    voilà exactement. Donc voilà, on se retrouve toujours dans le rush. Et puis voilà, il faut sortir de l'argent pour les soins. La fin du mois, elle arrive là pour payer le personnel et ainsi de suite. Donc tu vois, tu es toujours dans la course, quoi. Toujours dans la course. Et là,

  • Adrien

    tu me parlais de bref. Aujourd'hui, on a une petite surprise apparemment. Et je voulais qu'on parle de ça parce que parce que c'est ouf en fait. Quand tu fais les choses bien et je pense que tu les as fait bien de ouf et je pense que tu as tout donné de ouf. Un moment, les gens, je ne sais pas pourquoi, mais la vie, elle te, elle te, elle te, elle te le rend. Et là, c'est un peu ce qui est en train de se passer ici dans tous les cas, parce qu'en vrai, ça fonctionne. Il y a plein de problèmes, il y a plein de choses. Mais du coup, vous avez eu un cadeau. Il y a combien de temps ?

  • Piroo

    Il y a un mois.

  • Adrien

    Il y a un mois ? Raconte juste, c'est juste ouf.

  • Piroo

    Alors il y a un mois, il y a un monsieur qui s'appelle Awa, Awa c'est la directrice du centre, qui s'occupe de ses enfants, qui lui dit Awa, je t'ai construit un centre Donc Awa m'appelle, elle me dit il y a quelqu'un qui a dû me voir avec toi au village, ils sont en train de se foutre de moi, et ils ont dit qu'il y a un centre qui a été construit juste derrière le village à 500 mètres pour nous et qu'il finit la construction, là il nous donne les clés. Moi je lui dis ouais c'est impossible, qui va construire un centre ? En fait je sais moi par où je suis passé donc je me dis c'est pas possible que quelqu'un ait fait ça et qu'il n'en ait pas parlé et qu'Awa n'est pas au courant, qu'il ait fait ça dans son coin quoi. Et si si, ça existe. Donc elle lui donne rendez-vous à 11h du matin ici, elle lui dit voilà il y a quelqu'un là-bas qui t'attend, va lui en parler et fais-le visiter. Aux 14h du matin, il y a quelqu'un qui arrive, boum boum, tout ça, voiture. Il me dit C'est toi Pierrot ? Je dis Ouais et il me dit Ah bah c'est Awa qui m'a dit de passer te voir, faut qu'on aille visiter le deuxième centre. Je dis Mais je vais me kidnapper, c'est quoi le délire lui ? C'est qui ? C'est quoi ? Comment ça existe ça, quelqu'un qui conspire ?

  • Adrien

    Je vais te donner un centre.

  • Piroo

    On arrive là-bas, grand centre de 500, 600 mètres carrés. T'as vu, fait avec amour, ça se voit sur les finitions, sur les trucs. T'as vu, c'est pas quelqu'un qui a construit un centre pour dire Ouais,

  • Adrien

    j'ai construit... Il a mis quatre grands murs et il a dit J'espère que...

  • Piroo

    Voilà, il a vraiment réfléchi à tout. Toilettes dans les chambres. Je me dis Mais c'est pas impossible ! Il me dit Ouais, voilà, moi, j'ai vu Awa galérer et tout. Et puis, j'ai lancé une récolte de mon côté. Et j'ai construit ça, c'est pour Awa. Donc, à la fin, on vous donne les clés, c'est vous qui gérez ce centre.

  • Adrien

    A qui ça arrive ça ?

  • Piroo

    Franchement... A moi ! A qui ça arrive ça ? Franchement...

  • Adrien

    Parce que ça c'est un bâtiment au même prix qu'ici. Ouais ouais ouais !

  • Piroo

    Ouais clairement. Clairement. Et t'es là...

  • Adrien

    Et en plus juste derrière. Juste là ! C'est pas il te l'a mis je sais pas où, c'est genre à 500m d'ici.

  • Piroo

    Et tu te dis mais... Je sais pas... J'ai même plus les mots. En fait tu te dis mais vraiment y'a quelqu'un, pendant que je me battais, pendant que moi j'étais en train de batailler... Il y avait quelqu'un qui bataillait comme moi de son côté pour faire ça.

  • Adrien

    Pour la même cause.

  • Piroo

    Pour des enfants. Ouais. C'est un truc de fou.

  • Adrien

    Et du coup, c'est pas le projet là-bas ?

  • Piroo

    Donc là-bas, on veut plus en faire un centre culturel et éducatif. Donc on veut plus faire une salle de classe là-bas, une salle informatique, une salle d'art plastique, une salle de musique. On veut vraiment que là-bas, les enfants s'épanouissent parce que voilà, t'as pu voir aussi dans ce centre, il y a des enfants. Ils sont IMC, mais ils n'ont pas besoin de massage toute la journée. Et ils vagabondent. Donc moi aujourd'hui, vraiment, je veux leur donner un sens. à leur venue au centre, tu vois. Et on veut les mettre à l'école. Pour certains, on a quelques jeunes qui sont là, qui ont à peu près 16, 17, 18 ans et qui sont dans des lits qui ne peuvent pas bouger par des malformations. On veut leur offrir un avenir, même si ce n'est pas nous qui offrons. Mais en fait, on veut leur donner les outils pour qu'ils puissent avoir un avenir.

  • Adrien

    Une fois qu'on a réglé la santé, après c'est l'éducation.

  • Piroo

    C'est ça. Parce que ces enfants, ils vont grandir. Et ces enfants-là, on ne veut pas qu'ils soient exclus de la société. On veut qu'ils aient leur place parce qu'ils l'ont. Ils ont leur place et ils peuvent le faire. Si demain tu leur donnes les outils, tu leur apprends comme ils le font. En fait, il faut juste les considérer et les prendre au sérieux. Donc aujourd'hui, nous, notre objectif, c'est que... Je ne dis pas qu'on veut sortir les ingénieurs de demain,

  • Adrien

    mais on veut que demain,

  • Piroo

    on ne veut pas retrouver nos enfants demain sur le bord de la route à faire la manche, user de leur handicap pour faire de la peine. Non, on veut leur faire comprendre qu'ils ont les moyens et qu'ils peuvent le faire et qu'ils peuvent aller chercher leur argent. On va leur apprendre, il y a l'informatique, il y a l'école, il y a l'art plastique, demain tu peux finir graffeur, tu peux finir... On veut faire une salle de musique, ils peuvent finir musiciens, ils peuvent finir... Tu vois, il y a pas mal d'opportunités qui peuvent s'ouvrir à eux. Et nous, on va essayer, on va tout faire en tout cas pour leur donner les moyens de le devenir.

  • Adrien

    Ne serait-ce que pour les éveiller dans tous les cas, c'est hyper important. Tu as parlé de Sens pour eux. Toi, le podcast s'appelle Sens. Ça a été quoi le chamboulement entre Anxpétavie de Pyro, Sartreville, F5 ? qui prend des burgers et qui se retrouve à Pout au Sénégal dans un centre avec 54 enfants.

  • Piroo

    En fait, j'ai trouvé, j'ai trouvé, j'ai enfin trouvé le sens à ma vie.

  • Adrien

    Mais tu as une histoire avec le médical, tu as une histoire avec les enfants.

  • Piroo

    Moi, de base, je suis un peu heureux. Moi, je ne vais pas au médecin. J'ai peur du médecin. J'ai très, très peur du médecin. Oui, je n'aime pas le médecin, je n'aime pas les hôpitaux. Vraiment, vraiment, je n'arrive pas. Voilà, je n'arrive pas. Mais moi vraiment, je suis un jeune de quartier simple qui avait une vie de banlieusard. Donc voilà, on a fait nos bêtises, on a roulé notre boss, on a fait pas mal de choses. Et puis ensuite on s'est calmé, on est rentré dans le monde du travail très tard, à 25 ans. Mais voilà, au fur et à mesure, on s'est mis dedans. Et puis ensuite voilà on a commencé par des actions dans notre quartier au début parce que voilà Sartreville c'est très droite, pour pas dire extrême droite. Donc le tissu associatif il est quasi inexistant. Nos petits étaient complètement abandonnés, délaissés. Les quelques associations qu'il y avait c'était plus des vitrines dans la ville et il n'y avait pas réellement d'action concrète sur le terrain. En tout cas nous on ne les voyait pas. Et puis voilà, on a commencé déjà par notre quartier, qu'on a appris aux jeunes déjà à nettoyer le quartier, à que le sens de l'écologie, vivre dans un endroit propre et de ne pas attendre que les éboueurs viennent nettoyer chez eux, que c'était à eux déjà de mettre les papiers dans la poubelle. On a commencé par la base, en fait, par la base. Et puis ensuite, on a continué pour... C'est de leur faire plaisir par des fêtes de quartier. On ramenait des chevaux parce qu'on savait que certaines choses, certains enfants ne pouvaient pas avoir accès à l'équitation. Des choses simples, mais qui paraissent pour les gens banales. Mais en fait, dans nos quartiers, c'est limite un rêve pour un enfant. Il y a des enfants, moi je me rappelle, j'ai un enfant, quand il a vu le cheval, il m'a dit Mais c'est mon rêve de monter sur un cheval ! Et quand il était dessus, c'était... On dirait qu'il était sur un tapis volant.

  • Adrien

    Toi, en vrai, tu as toujours été quand même en quête de sens à travers ces petites accords que tu as fait dans ce quartier-là, non ?

  • Piroo

    C'est ça, c'est ça. J'ai toujours voulu servir. J'ai toujours voulu servir. Parce que moi aussi, dû à mon histoire depuis jeune, heureusement qu'on m'a aidé. Heureusement qu'on m'a aidé parce que sinon, je n'en serais pas là aujourd'hui. Et aujourd'hui, je veux rendre la monnaie de cette pièce. Donc en aidant tout simplement.

  • Adrien

    Et l'aboutissement.

  • Piroo

    Et là c'est clairement la cerise sur le gâteau. Donc voilà aujourd'hui on a une autre vision. On veut que ce centre-là puisse être dans les 14 autres régions du Sénégal. Parce que le besoin, il est là, il est réel, il est sérieux et urgent. Parce qu'on reçoit des appels de toutes les régions du Sénégal.

  • Adrien

    Pour qu'ils envoient leurs gamins ici ?

  • Piroo

    Pour envoyer leurs gamins ici. Donc nous, on n'a pas la capacité aujourd'hui de pouvoir les accueillir. On n'a pas les moyens de les accueillir. Mais si demain, on peut faire quelque chose, c'est d'aller directement dans ces endroits, dans chaque région. d'essayer de faire des centres comme celui-là. C'est ce qu'on... Sur le long terme, c'est ce qu'on veut faire. C'est pour ça qu'ici, on essaie vraiment de stabiliser, de trouver le bon business plan, le bon truc pour que là-bas, ça soit plus facile pour nous.

  • Adrien

    C'est le projet test, enfin de toute façon, c'est le premier. C'est là où tu fais les erreurs.

  • Piroo

    Exactement. C'est ici, voilà, on se casse un peu la gueule. On voit si ça marche là, si ça marche pas, on recommence, on change, on modifie, on peaufine. Et puis, en fait, dans le seul objectif de reproduire ça dans une autre région.

  • Adrien

    C'est quoi la plus grosse erreur que tu as fait dans le projet ?

  • Piroo

    La plus grosse erreur que j'ai faite dans le projet ? Franchement, j'en ai fait tellement. J'en ai fait tellement. Tu as une heure de retour. J'en ai fait, j'en ai fait.

  • Adrien

    Déjà, de prendre le projet à l'envers, c'est déjà pas mal.

  • Piroo

    Voilà, voilà, déjà, tu vois, demain, par exemple, j'irai plus jamais, en fait, commencer un projet si j'ai pas les fonds. Parce qu'il y a une pression, en fait.

  • Adrien

    Est-ce que finalement, c'est pas la clé du succès aussi de ce projet-là ? Te dire, en fait, t'as le couteau sous la gorge et du coup, t'as plus d'argent.

  • Piroo

    Et tu y vas, mais je te jure, tu dors pas le soir. Ouais. T'es là, tu te grattes le crâne. Ouais. Ah, tu te grattes le crâne quand, en fait, tu sais qu'on compte sur toi de l'autre côté et que, moi, t'as pas les fonds. que t'as pas d'imprimante à la maison pour imprimer les billets et que les partenaires que tu appelles disent ce mois ci, je peux pas parce que c'est dur. Moi aussi, ce mois ci, j'ai une galère, je peux pas. Ouais,

  • Adrien

    c'est bien de dormir aussi. Voilà,

  • Piroo

    voilà. Et tu vois, franchement, c'est quelque chose que je recommencerai pas. Je pense du coup,

  • Adrien

    si tu devais donner un conseil à quelqu'un qui veut monter un projet comme ça, construire un truc avec des fonds,

  • Piroo

    une pareille, foncer,

  • Adrien

    foncer,

  • Piroo

    foncer, croyez y. C'est ça, ça se dit comme ça. Voyons votre projet, foncez et n'écoutez personne. Moi au début quand j'ai dit je vais construire un hôpital, ils m'ont dit retourne dans ta cuisine à couper des tomates. Tu vois ?

  • Adrien

    De nous casser la tête.

  • Piroo

    Voilà, exactement.

  • Adrien

    Des rêves là.

  • Piroo

    Qu'est-ce que tu me racontes, hôpital, pyro, pyro, hôpital au Sénégal. Arrête tes conneries là. Et puis non, j'y ai cru.

  • Adrien

    La détermination pour récupérer. Quand tu vois ce que vous avez récolté.

  • Piroo

    Ouais, faut en avoir.

  • Adrien

    La détermination quoi.

  • Piroo

    Voilà, et la constance. La constance. Pas se dire 6 mois, 1 an, votre projet il va peut-être durer 6 ans, 10 ans. Mais croyez-y parce que à la fin vous allez être fiers.

  • Adrien

    C'est important la constance, on n'en parle pas assez. Moi je me rends compte même dans tout en fait. En fait, mieux vaut être costaud. Les gens ils veulent toujours des pics comme ça là, et après ils lâchent.

  • Piroo

    Voilà, non.

  • Adrien

    Juste faut partir, la vie c'est un marathon.

  • Piroo

    Exactement, lâchez pas, lâchez pas, lâchez pas. Et soyez... autant déterminer au début qu'à la fin. C'est la clé. Moi, en tout cas, c'est le conseil que j'ai à donner à toutes les associations ou les particuliers aussi, qui ont des projets sociaux ou autres, de business ou quoi.

  • Adrien

    Cool. Du coup, aujourd'hui, les besoins, c'est quoi ? Trouver de l'autonomie ?

  • Piroo

    Trouver de l'autonomie. C'est ça.

  • Adrien

    Trouver de l'économie, des partenariats qui sont solides,

  • Piroo

    solides,

  • Adrien

    qui sont là et qui sont présents. Et j'ai vu que vous parliez avec des associations pour des partenariats, un peu pour vous envoyer des stagiaires, envoyer des gens un peu de la France ou d'ailleurs, en tout cas d'Europe, de partout,

  • Piroo

    de partout, de partout. En fait, juste qu'ils aient des compétences que nous n'avons pas ici et qu'il y a un transfert de compétences qu'ils peuvent faire. Parce qu'aujourd'hui, on parle beaucoup d'argent, on parle beaucoup de fonds, de tout ça. Mais il y a aussi ses compétences. Non. Donc voilà, aujourd'hui, les personnes qui travaillent ici, il y en a cinq qui sont diplômés du diplôme de Ausha. Donc c'est des Belges qui sont venus au Sénégal pour pouvoir les former. Mais voilà, ils ont toujours besoin de mise à niveau. Et puis d'autres personnes qui vont être recrutées, donc qui seront aussi obligées d'être formées. Tout simplement. avec ça et ça passera simplement avec du transfert de compétences. C'est pour ça qu'on cherche aussi des partenaires qui ont une expertise sur le médical, qui ont ces compétences et ces capacités et ce grand cœur, qui veulent venir et nous donner de ça.

  • Adrien

    Du coup parrainage, transfert de compétences, on va dire partenariat compétences, partenariat, autonomie avec les jardins etc. Parrainage je crois que je l'ai dit. Là il y a le deuxième centre. Et après c'est un centre dans tous les départements,

  • Piroo

    dans toutes les régions. Ça c'est vraiment mon rêve pour le moment. Et ensuite quand on fera ça, il y aura un autre rêve qui viendra. Ce sera peut-être dans chaque pays d'Afrique. Mais voilà, en tout cas, là, on est focus sur ça. Stabiliser ici, reproduire ça ici au Sénégal.

  • Adrien

    Bordeaux ouf. Bon, en tout cas, du coup, la maison, c'est la maison des rois.

  • Piroo

    Ici, c'est la maison des rois. C'est leur maison.

  • Adrien

    La maison des rois. C'est leur maison. On a Pout. Ok, bah cool. Créos, moi ça me fait plaisir de ouf. On a les gens qui arrivent et tout, carrément.

  • Piroo

    Et... Kumba, kumba, kumba. Attends, ferme, ferme. Merci.

  • Adrien

    On a les gens qui arrivent. Moi, je voulais juste finir là dessus. On va mettre tous les liens en description pour les parrainages, pour l'Instagram. Du coup, on va lancer l'Instagram derrière la maison des rois. Grand frérisseur à suivre quand même.

  • Piroo

    C'est l'association. Bien sûr,

  • Adrien

    et voilà, j'ai oublié quelque chose.

  • Piroo

    Non, franchement, c'est carré. Moi, je tenais quand même toi aussi à te remercier parce que tu donnes de ton temps, tu donnes de tes compétences quand on parle de compétences médicales. Mais. Moi aussi, on a besoin de communication. Si il n'y a pas de communication, ça va être très, très compliqué pour nous. Et moi, j'ai le souvenir de ta première vidéo que tu as fait. Frérot, tu nous as fait prendre un virage. Ça a été la vidéo qui nous a donné du crédit. Donc ce n'était plus les jeunes de banlieue qui essayent de faire un hôpital. C'était vraiment un truc. Ils se disaient c'est une association, c'est du lourd. Et c'est grâce à ton montage, à tes compétences, à toi. Et moi, en tout cas, je te serai éternellement reconnaissant parce que, comme je te dis, ça nous a fait prendre un virage à un moment où tout le monde nous regardait un peu de haut. Et puis merci à des gens. Ils ont passé. Ouais, non, personne n'y a.

  • Adrien

    Moi, dans ce bureau, le jour où tu m'as présenté le projet, comme je te dis, je me suis dit ou c'est des mythos ou c'est vraiment des psychopathes. Ils sont en train de faire un truc. D'où ils vont sortir cet argent ? D'où ils vont faire ça ? Et je crois que c'était vraiment deux semaines après. Donc j'étais encore dans le truc où j'avais encore notre rencontre, notre rencontre dans la tête. Je me suis dit non, il faut que j'aille à Poutres. Donc je vais aller à Poutres. En plus, je ne connais pas du coup, j'y vais sur la journée et je fais cette vidéo. Et en plus, comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai fait la vidéo en 2-2, téléphone machin. Je crois que j'avais sorti le drone, j'avais quand même le drone et tout. J'avais fait avec le téléphone drone. J'ai monté la vidéo en 2-2 sur le retour.

  • Piroo

    Sur le retour,

  • Adrien

    j'ai fait la voix off dedans et tout. qu'est ce que je suis en train de faire ? En fait, je n'avais jamais fait vraiment de vidéo purement comme ça. Et ça m'a donné aussi. En fait, je me suis rendu compte à travers cette vidéo que en fait, ça avait un impact pour de vrai. Et moi, en vrai, je me bats là dessus. Je me bats sur ça depuis des années, mais à des moments, j'en étais pas conscient non plus. Et en fait, avec cette vidéo là, je me suis vraiment rendu compte. Je me suis dit en fait, on a vraiment de l'impact. Regarde, j'ai pris une demi journée. Je suis resté deux heures, trois heures sur place. J'ai juste filmé machin. Je crois que j'ai mangé avec eux. J'ai sorti le drone, j'ai monté la vidéo, je suis rentré, ça m'a pris la journée. Et on a un impact de ouf. La vidéo, elle a 50 000 vues. Vous, ça vous a rapporté des fonds, ça vous a créé de la crédibilité parce que souvent, les gens, ils parlent que de d'argent. Non, mais la crédibilité, c'est important aussi. Et c'est aussi dans l'inconscient. Les gens, ils voient en fait, ils voient parce que tu pourras pas ramener toute la France à poutre. Les gens qui t'ont donné. Il n'y a pas tout le monde qui va venir au Sénégal. Il n'y a pas tout le monde qui va voir ça. Et du coup, il faut réussir à trouver un outil qui va leur qui va leur retransmettre un peu ces émotions que toi tu as eu le jour où tu es rentré, que tu as envie de chialer, que moi je suis rentré j'ai envie de chialer et qu'on a même tout chialé en vrai. Et dernièrement quand j'ai ramené Adama dans Enfant Soleil, tu me rappelles, je lui ai dit vas-y viens on va à Poudre, je vais te montrer un projet etc. On y va. Et quand on arrivait devant, je me suis dit mais attends je lui ai même pas dit ce qu'elle va voir. Et je l'ai regardé, je lui ai dit Adama t'es prête parce que ça va être dur en fait ce que tu vas voir. Et elle me dit Adrien c'est bon. Elle est rentrée, elle m'a dit Adrien heureusement que tu m'avais dit ça. Parce que si tu ne l'avais pas dit je n'aurais pas entendu. Et c'était vraiment dur, dur, dur visuellement. Et même pour moi, filmer, c'était dur. Tu dis non, tu peux pas montrer ça, c'est trop dur. Ça fait trop la com de la pitié. Ça fait trop parce que c'est trop violent. Mais en même temps, c'est réel,

  • Piroo

    c'est réel. Et si en fait, si tu montres pas les gens, ils vont pas l'accepter. Ils comprendront pas et ils minimiseront toujours.

  • Adrien

    Et aujourd'hui, on va le voir. Et là, j'ai filmé un petit peu aujourd'hui et on le voit. Il y a beaucoup plus de dignité. Tu vois qu'on leur a retrouvé une dignité.

  • Piroo

    Ils savent que c'est notre travail aujourd'hui, c'est de leur redonner cette.

  • Adrien

    Et de sourire. Il n'y avait pas un sourire. Quand c'était l'autre centre, j'ai pas eu une vidéo avec un sourire. Là, j'ai eu des sourires toute la journée.

  • Piroo

    Parce que ça y est, ils sont épanouis. Ils sont là, ils rigolent, ils jouent, ils mangent bien. Ils ont du jus, ils ont des bonbons, ils ont droit à des gâteaux. Tu vois, ils ont fait des journées crêpes. Ils ont fait des crêpes.

  • Adrien

    Ils ont jamais mangé des enfants normaux.

  • Piroo

    C'est de nos enfants. C'est des enfants qu'il faut prendre au sérieux. Et considérés comme des enfants, tout simplement. Porteurs d'handicap, oui, certes, mais c'est des enfants.

  • Adrien

    Il faut les remettre au cœur de la société, c'est important. Et ici, comme tu l'as dit au début, au Sénégal, il y a quand même encore beaucoup de croyances sur le mystique, sur toutes ces choses-là. Et je pense que c'est le travail aussi de ça, c'est de leur rendre l'aide de leur dignité pour que les parents aussi, ils se disent Non, attends, je suis fier de mon fils, regarde ce qu'il a réussi à faire. Et que les oncles, les tantes et que la société, en vrai, les acceptent.

  • Piroo

    C'est ça, exactement.

  • Adrien

    Parce que c'est le grand combat, et c'est là où c'est le plus dur ici. C'est des combats qu'on a moins en France. Ici, il y a encore beaucoup de boulot.

  • Piroo

    Énormément de boulot. On va se battre en tout cas. Ça y est, c'est ma vie ça. C'est ma vie maintenant. J'ai choisi de me battre pour eux. Et puis voilà, on lâchera pas en tout cas. Ça, c'est sûr.

  • Adrien

    Bon.

  • Piroo

    Ça, c'est sûr.

  • Adrien

    J'ai une dernière question. Est-ce que tu peux me donner un mot par rapport à tout ça ? Et ce sera le mot de la fin.

  • Piroo

    Fierté.

  • Adrien

    Fierté ?

  • Piroo

    Ouais, fierté. Merci mon frère

  • Adrien

    Les amis, si vous voulez donner du sens à votre vie Il faut suivre les gens comme ça

  • Piroo

    Merci, on est ensemble

  • Adrien

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Sens jusqu'au bout Si ces histoires t'ont inspiré ou touché Partage-les autour de toi Donne une note ou laisse un commentaire Pour aider à amplifier leur impact C'était Sens et je te donne rendez-vous très bientôt Pour un nouvel épisode avec encore plus d'histoires Inspirantes et de projets qui changent le monde

Description

Il est passé de cuisinier dans un fast-food à constructeur du plus grand centre pour enfants atteints d’IMC du Sénégal.


Dans cet épisode, je te présente Piroo, fondateur de l’association Grands Frères et Sœurs. En 2019, il s’est lancé dans un challenge aussi fou qu’inspirant : construire un centre de 1000 m² au Sénégal pour des enfants atteints d’un handicap très lourd, l’infirmité motrice cérébrale (IMC).


🎙️ Ce que tu découvriras dans cet épisode :

  • Comment tout a commencé : sa première rencontre avec ces enfants et le déclic qui a changé sa vie.

  • Les défis incroyables pour financer le projet, du porte-à-porte aux voyages à vélo.

  • Les moments de doute, les réussites et l’impact immense sur la vie de ces enfants.

  • Les défis actuels : entre autonomie financière et développement d’une vision à long terme pour le centre.


Cet épisode, c’est une plongée au cœur de l’humanité, un récit d’engagement et de résilience. Ensemble, on explore ce qui donne du sens à la vie et comment chacun peut contribuer à transformer le monde à son échelle.


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🎙️ SENS – Le podcast qui explore les histoires inspirantes et les projets qui changent des vies.

Je suis Adrien Scat, photographe et réalisateur à impact. À travers chaque épisode, je mets en lumière des femmes et des hommes qui, en donnant du sens à leur vie, transforment le monde autour d’eux. Découvre leurs parcours, leurs défis, et leurs conseils pour te lancer dans le projet de tes rêves.


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Transcription

  • Piroo

    Franchement, au début, on nous a ri au nez. Quand je suis parti voir mes potes et je leurs ai dit Ouais les gars, il faut qu'on construise un centre médical pour des enfants atteints d'handicap. En plus, ce n'est pas un dispensaire ou tu vois... Oui,

  • Adrien

    en plus, ce n'est pas un petit handicap.

  • Piroo

    Voilà. Quand je finis ça, je vais vivre là-bas avec eux. Ça y est, c'est le projet d'une vie en fait. Ce n'est pas moi qui va le finir, c'est mes enfants. J'ai enfin trouvé le sens à ma vie.

  • Adrien

    Mais tu as une histoire avec le médical, tu as une histoire avec les enfants. Non,

  • Piroo

    pas du tout. Moi, de base, je suis un peu peureux. Moi, je ne vais pas au médecin.

  • Adrien

    C'est quoi la plus grosse erreur que tu as fait ?

  • Piroo

    Alors nous on a tout fait à l'envers. Moi au début quand j'avais dit je vais construire un hôpital, ils m'ont dit autant de nata cuisine à couper des tomates. Il y a des enfants, ils se sont levés pour la première fois de leur vie ici.

  • Adrien

    Le sens n'est pas une destination, c'est un chemin qu'on construit petit à petit. Moi, c'est Adrien Scatte, photographe et réalisateur à impact. À travers Sens, je t'emmène au cœur de projets qui transforment des vies et redonnent un vrai sens à l'action humaine. Ces histoires sont celles de femmes et d'hommes qui, en cherchant un sens à leur vie, ont trouvé la force de changer le monde autour d'eux. Avec Sens, on explore ces récits inspirants, on apprend, on s'émerveille et surtout, on découvre comment toi aussi, tu peux faire bouger les choses. Parce que oui, chacun mérite d'avoir un impact. Rejoins-moi dans cette aventure et laisse-toi inspirer par des projets qui prouvent qu'ensemble, tout devient possible. Bon, bienvenue dans le podcast Sens, c'est une première, première, première, première pour moi. de faire un podcast, etc. Et c'est pour ça que je suis trop content d'avoir mon frérot Piro avec moi. On est en direct du Sénégal et du coup, grande fierté d'être avec toi mon frérot Piro.

  • Piroo

    Merci, merci. On est où Piro ? Alors là, on est à Pout, on est dans le plus grand centre médical pour enfants atteints d'IMC du Sénégal. Ok, donc ce centre, il a été inauguré le 13 juillet, donc après quatre longues années de combat et de bataille de levée de fonds. Mais aujourd'hui, c'est là et on accueille plus de 54 enfants dans le centre. C'est un truc de ouf le spot.

  • Adrien

    Le spot est juste ouf, c'est pour ça que je voulais le faire absolument ici. Parce qu'en fait, l'endroit, c'est rare de voir des trucs aussi ouf au Sénégal.

  • Piroo

    Frérot,

  • Adrien

    moi je me rappelle la première fois qu'on s'est rencontrés. Tu te rappelles ou pas ?

  • Piroo

    Bien sûr. Ça a été...

  • Adrien

    On était dans les bureaux de Smile Mouvement à Webedia.

  • Piroo

    C'est ça.

  • Adrien

    Et t'étais avec ton frérot.

  • Piroo

    Avec Walid.

  • Adrien

    Et tu m'as parlé de ce projet là.

  • Piroo

    C'était un truc de ouf. On était arrivé à la moitié du projet et c'était un moment où... On commençait à s'essouffler.

  • Adrien

    C'était quand ? 2022 ?

  • Piroo

    2022. Ouais, c'est ça, 2022, c'est début 2022, je crois. C'est ça ?

  • Adrien

    Ouais, ça devait être ça.

  • Piroo

    Donc, c'était un moment où on avait commencé à récolter depuis un petit moment, mais on arrivait à un moment où les gens commençaient à être épuisés. Donc, de donner de l'argent à chaque fois, à chaque fois.

  • Adrien

    Un projet qui coûte... Juste combien ? C'était quoi le...

  • Piroo

    Il nous a coûté 300 000 De toute façon, il est là, ok. En mode cagnotte. En mode cagnotte, en mode démarche, on est parti démarcher les sociétés, on a fait plusieurs événements, on a fait du vélo jusqu'à Perpignan, on a fait… Du coup,

  • Adrien

    c'était là-dessus qu'on s'est… Exactement. Je ne sais pas, tu en revenais ou un truc comme ça ?

  • Piroo

    Ouais, on venait de revenir de Perpignan. Et moi,

  • Adrien

    je partais au Sénégal, genre deux semaines après, je crois.

  • Piroo

    Ouais, ouais, ouais.

  • Adrien

    Je partais deux semaines après au Sénégal et tu m'as dit, ouais, il y a un projet. Moi, je me suis dit, ou c'est du mytho, en vrai, ou c'est du mytho, ou c'est complètement fou ce qui se passe, il faut que j'aille voir.

  • Piroo

    C'est ça que j'allais voir.

  • Adrien

    Et du coup, j'étais allé. Ouais, j'étais allé. Et donc, à la base de base, pour que les gens se rendent compte. En vrai, il faut que tu m'explique comment. En fait, je veux que tu m'expliques la première fois, parce que moi, c'est quand tu as décrit, quand on était dans ce bureau là, quand tu as décrit ce que tu as vu. Je me rappelle, j'ai vu tes yeux et je me suis dit Attends, il faut que j'aille voir parce que le gars là, il a été quechaud.

  • Piroo

    Raconte moi juste là,

  • Adrien

    quand tu es arrivé au Sénégal, comment tu as découvert ce projet là, etc. C'était quoi déjà ? Pourquoi tu étais au Sénégal ?

  • Piroo

    Alors nous on était là pour faire un forage, on était accompagné d'une autre association. Donc on les a accompagnés. Et la personne qui me servait de guide pendant ce voyage tenait absolument à qu'on voit des enfants. Donc il nous l'a répété plusieurs fois. Il faut qu'avant que vous partez, vous allez voir des enfants, il faut que je vous ramène voir des enfants. Donc on s'est dit quoi ? On s'est dit qu'on était obligé d'y aller avant de partir. Et puis voilà, on est tombé sur cette case où on a trouvé plus de 25 enfants au sol. sur des matelas gonflables. Je me rappelle, c'était la période de pluie. Et donc le toit était en zinc, il y avait des infiltrations. On arrivait au moment du bain. Les enfants prenaient leur bain dans des bassines. En plus d'être vraiment immobile et tout, ils étaient vraiment dans tous les sens, dans ces...

  • Adrien

    C'est des gamins atteints d'IMC, IMCC.

  • Piroo

    C'est ça, IMC, autisme et trisomie 21. Mais en majorité, majorité, c'est de l'IMC qu'on traite.

  • Adrien

    Immunité. motrice cérébrale.

  • Piroo

    C'est ça, infirmité motrice cérébrale.

  • Adrien

    Et ça correspond à quoi ?

  • Piroo

    Alors, c'est à la naissance, c'est une infirmité qui vient dès la naissance. Donc, soit elle atteint les cellules du cerveau ou les cellules du cerveau et les membres que l'on a, donc les jambes, les bras, même les cordes vocales. Il y en a, ils sont paralysés au niveau des cordes vocales. Donc vraiment, c'est un handicap très lourd. C'est un handicap très lourd. Nous, je me rappelle ce jour-là, comme je te dis, on est arrivé au moment du bain et on a vu ça. Donc on était trois de mon association. On est tous sortis un par un pour aller pleurer, tout simplement, je ne rougis pas de le dire. Et en fait, on a tous choisi la même cachette. Donc on s'est retrouvés dans la même cachette en train de pleurer. Et on s'est dit, en fait les gars, on n'a pas pu venir ici par hasard et on ne peut pas en rester là. Ou simplement mettre un pansement, rentrer en France et envoyer 100 euros tous les mois, se dire que voilà, on a fait notre part du travail. On tenait vraiment à changer radicalement la vie de ces enfants. Et ça passait par un nouveau lieu. Un lieu qui pouvait vraiment accueillir ces enfants dans des conditions convenables, avec un suivi médical, avec des personnes compétentes pour les suivre. Et puis voilà, aujourd'hui on en est là. Mais ça a été très très compliqué. C'était très très dur durant ces quatre années de bagarre.

  • Adrien

    Juste on va revenir au tout début, pourquoi toi tu fais de l'associatif ? Tu viens d'où ? C'est quoi ton parcours en vrai ? Pourquoi tu fais de l'asso en vrai ?

  • Piroo

    Bah tout simplement parce que je kiffe. Toi tu viens d'où ? Moi je viens de Sarkrouville, je suis de banlieue parisienne, je suis d'origine tunisienne et aujourd'hui je me retrouve au Sénégal parce que je suis tombé amoureux de ce pays et puis surtout de ses enfants. Donc... Dès le jour où je les ai vus, je me suis dit qu'il n'y avait pas d'hasard. Donc il fallait que je m'implique et que je donne tout ce qu'il y avait en moi et de mon possible pour pouvoir aider ces enfants. Et donc voilà.

  • Adrien

    C'est l'image que tu peux expliquer ou qui t'a vraiment marqué ce jour-là ?

  • Piroo

    L'image qui m'a marqué, franchement, c'est les enfants dans les bassines. Des enfants qui sont immobiles. qui sont dans tous les sens, qui bavent, qui coulent. Et de les voir en fait dans ces positions, dans ces trucs, ça a été choquant. Je le dis, c'est le mot, ça nous a choqués. Même une fois qu'on est rentré en France, j'en rêvais la nuit, j'en parlais tous les jours. Mes amis, ils en avaient marre parce que chaque chose dont ils me parlaient, ça tournait. Chaque chose dont moi je parlais. ça tournait autour des enfants et du centre et des choses qu'on avait vues.

  • Adrien

    Comme un espèce de traumatisme, genre t'es tout droit, on va dans ça.

  • Piroo

    Je te jure, c'était un traumatisme pour nous. On voit nos enfants en France, même si l'handicap, il y a aussi des problèmes en France avec les enfants atteints d'handicap. Mais ici, d'autant plus. Donc voilà, avec Hawa qui nous a raconté l'histoire de chaque enfant, des enfants qui étaient abandonnés par leurs parents. des enfants qui perdaient leur maman à l'accouchement et puis qu'ensuite le papa ou la famille du papa abandonnaient, clairement. Ils ne voulaient pas s'en occuper parce qu'ils disaient que c'est une malédiction, c'est des enfants maudits. Dans le quartier, on ne les invitait plus au baptême ni au mariage. Vraiment, ce n'est pas facile pour ces enfants qu'on avait vus. Et puis on a été vraiment touchés. On s'est dit que... Il fallait absolument qu'on fasse de l'autre possible pour améliorer ça.

  • Adrien

    Donc ça a été quoi les étapes ? Vous avez commencé comment ? Vous avez fait quoi ?

  • Piroo

    Alors déjà on a commencé par rentrer et parler à nos proches, à notre petit cercle. Donc franchement au début on nous a ri au nez.

  • Adrien

    Je te dirais que tu as voulu faire un centre. Tu savais que c'était un centre qui pouvait le faire.

  • Piroo

    Parce qu'en fait on a demandé à Awa, on lui a dit Awa qu'est-ce qui pourrait changer radicalement la vie de ses enfants ? En gros, elle ne nous a pas dit de la nourriture, elle ne nous a pas dit des soins, mais elle nous a dit un nouveau centre avec de l'espace. Et ensuite, dans ce centre, on ramènera la nourriture et les compétences qu'il faut. Mais il faut déjà un cadre qui est adéquat avec ces enfants. Donc on s'est dit directement, il faut qu'on construise un centre. Donc on est arrivé en France, moi je suis ici de la restauration. Donc moi c'est ketchup, mayo, salade, tomate. Mais venir et dire à mes amis, je veux construire un centre. C'est ça. Quand je suis parti voir mes potes, j'aurais dit ouais les gars, il y a un truc à faire, faut qu'on construise un centre médical pour des enfants atteints d'handicap, en plus c'est pas un dispensaire ou tu vois… Oui,

  • Adrien

    en plus c'est pas un petit handicap. Voilà. Pour les gens qui savent pas c'est quoi IMC, c'est pas un petit handicap.

  • Piroo

    Ouais, c'est un handicap très très lourd, vraiment. Et puis on nous a réunis, on nous a dit qu'est-ce que tu me racontes toi, tes histoires, t'es tunisien, t'habites en France, ta journée tu l'as passée derrière le clame à faire des hamburgers. Et là t'es là, t'es en train de me parler de construire un hôpital au Sénégal. On y a cru, on y a cru parce qu'on voulait le faire et on s'est dit qu'il n'y avait pas de marche arrière après avoir vu ce qu'on avait vu. Et puis on a foncé, on a foncé, on a foncé avec nos petits moyens au début. Donc on est parti au début démarcher nos amis avec des tire-vires. Au début, ça a commencé tout simplement.

  • Adrien

    Tu avais une idée du prix du projet à la base ou pas ?

  • Piroo

    Alors nous, on a tout fait à l'envers. Ok. C'est bien, au moins tu es clair. Oui, vraiment, on n'a aucune expérience dans ça. On s'est regardé, on s'est dit bon, au bled avec 50 000 on peut construire quelque chose quand même. Et on s'est dit ça va nous coûter 50 000 On était persuadé qu'avec 50 000 on s'est dit au bled 50 000 ça fait le coup. Et on s'est dit 50 000 allez, on y va. Il nous faut 50 000 avec 50 000 là, on va faire ça. Donc on a commencé, c'était très compliqué au début, parce que comme je te dis, personne n'y croyait. Donc on a été au début avec des tirelires. Heureusement, je suis issu de la restauration, donc j'ai beaucoup d'amis qui ont des restaurants. Donc on a commencé à placer des tirelires dans leur resto. Et puis je marchais avec ma tirelire dans le quartier. Donc je disais aux gars, allez 10 euros, 5 euros, 2 euros, n'importe quoi, mettez-les dans la petite tirelire. Et on a atteint, je crois, les 30 000 euros en un an.

  • Adrien

    Ah ouais ? En faisant comme ça ?

  • Piroo

    Voilà, en faisant comme ça. C'est énorme. Donc on a eu des petits coups de pouce de personnes qui avaient des sociétés aussi, donc qui nous ont donné de leurs bénéfices. Et on a organisé, pour la fin de ces 50 000 euros, un tournoi de foot dans lequel on avait invité des sociétés. Et puis on leur proposait d'être déductibles de leurs impôts avec les SERFA. Donc on leur demandait de donner 1000€ pour l'inscription. On avait 16 équipes et donc ce jour-là... Vous avez fait où ce truc-là ? C'était à Beson, c'était au 5 de Beson. Donc les sociétés avaient joué le jeu. Et puis on a réussi à avoir 16 sociétés qui nous ont donné 1000€. Plus un peu avec la buvette et la tombola qu'on avait organisée. On est arrivé aux 20 000€. Voilà, on est arrivé aux 20 000€. Du coup 50 000€. 50 000€. Un an d'avocat effectif. Voilà. On se rend compte que 50 000 euros, on va rien faire avec.

  • Adrien

    Vous avez déjà trouvé le terrain ou pas à ce moment-là ?

  • Piroo

    Dès qu'on a eu les premiers, ça nous a coûté 12 000 euros le terrain. Donc dès qu'on a eu les 12 000 euros, on a acheté le terrain. Et on pensait qu'avec 38 000 euros, on allait construire. Et puis en fait, quand on arrive à la fin de la récolte des 50 000 euros, On se dit qu'il serait temps quand même d'aller démarcher les sociétés pour voir combien ça allait nous coûter réellement. Puis là, on arrive avec des devis à 300 000 euros, 320 000 euros, 340 000 euros. Et on tombe sur une société qui décide de nous le faire à 200 000 euros, le centre. Pourquoi ? Parce que c'est un Sénégalais qui vivait en France, qui est venu aujourd'hui s'installer au Sénégal, qui a monté sa boîte qui s'appelle SA2R Expertise, et puis qui a décidé en fait que son bénéfice, il allait le donner, il allait travailler gratuitement, en payant les salariés, en payant la marchandise, mais qu'il n'allait pas se dégager de bénéfice, parce que c'était un rêve pour lui de construire un orphelinat. Et que nous, en fait, on lui a apporté le projet, comme ça, il ne pouvait pas refuser. Donc vraiment, ça nous a vraiment aidé parce que voilà, comme je disais, on était sur des plus chers de base, des beaucoup plus chers. Et puis 200 000 euros qu'il a accepté de prendre en plusieurs parties. Il nous a aidé vraiment, il nous a vraiment facilité sur ce coup. Et donc voilà, mais on se rend compte que nos petits 38 000 euros.

  • Adrien

    Quand tu vois ce prix là, c'est quoi la réaction ?

  • Piroo

    Ça y est, c'est le projet d'une vie en fait. C'est pas moi qui va le finir, c'est mes enfants. Je vais pas... On ne veut pas pouvoir, moi, récolter 200 000 euros. Déjà, comment j'ai fait pour récolter 50 000 euros, je ne savais pas. Je me disais, mais qu'est-ce qui s'est passé ? Par où c'est venu ? Je ne savais pas du tout comment on avait fait. Mais de là à dire, il nous faut 200 000 euros maintenant. 4 fois 100. C'était... Voilà, on allait le faire, on allait y aller, on allait foncer.

  • Adrien

    Tu n'as pas perdu... Genre, tu ne t'es pas dit,

  • Piroo

    ah, vas-y. Non, non, pas du tout. Mais on s'est dit que ça n'allait pas être... C'est pas nous qui allons finir ce projet. C'est dit que ça allait être soit nos enfants, soit la relève des petits frères qui allaient venir par la suite, continuer le projet. Mais à force de persévérer, d'y croire et de prôner nos valeurs qui sont l'entrée de la solidarité, on a réussi à le faire au bout de 4 ans. Franchement...

  • Adrien

    T'as fait quoi là au moment des 200 ? C'est là où t'es parti à Perpignan ?

  • Piroo

    Ouais c'est ça. C'est à ce moment là où les derniers 50 000 euros, on se dit qu'il nous faut 50 000 euros, mais vraiment, on n'a plus d'idées, on a court d'idées.

  • Adrien

    Entre 50 et les derniers 50 000 de 300 000 ?

  • Piroo

    Oui, des 300 000 euros.

  • Adrien

    Mais du coup, il s'est passé quoi avec les 200 000 entre les deux ?

  • Piroo

    Ça a été du porte à porte, devant les gares, au feu rouge, beaucoup de sociétés, des influenceurs aussi qui nous ont partagé. On a eu pas mal de coups de poing. plus de réunions se rencontrer chez smile mouvement et je pense que c'était un peu ce qu'on essaie de prôner c'était que dans le social les influenceurs pouvaient avoir un acteur de ouf de fait ils ont ce projet en est le exemple entre les premiers 50 milles et les derniers 50 milles il ya eu nous le démarchage tout ça il ya eu pas mal aussi les anciens les joueurs de foot les personnes qui ont un aura et qui sont qui sont visibles visibilité Donc voilà, ça a été une bagarre acharnée. Il y a des moments où on a eu des coups de mou, on a eu des moments de doute, mais on y a cru et voilà, on a foncé. C'est notre devise de toute façon, foncer. On sait même la tête blessée, mais foncer. Et voilà, aujourd'hui,

  • Adrien

    on va tirer ses 50 000.

  • Piroo

    50 000 cours d'IT, on ne sait plus quoi faire. On se dit mais qu'est ce qu'on peut faire ? Je sais pas c'est qui qui me souffle l'idée de faire du vélo, mais pas avec une cagnotte et tout. Ils me disent ouais les gars, on galérait au quartier, donc ils nous disent ouais les gars pourquoi on prend pas les vélos, on va en Espagne et tout. Je dis mais t'es sérieux toi, qu'est-ce que je vais faire en Espagne à vélo, pourquoi tu veux me faire souffrir comme ça ? Ils me disent bah je sais pas, au lieu de galérer au quartier, venez on essaye de faire une sortie quoi ensemble. Je me dis mais attends deux secondes, je sais pas c'est quoi qui est venu dans ma tête. Je suis parti m'asseoir, je leur ai dit attendez deux secondes les gars, j'ai une idée, il faut juste qu'ils y réfléchissent. Je me suis assis, 30 minutes, et je suis revenu les voir les gars, vous êtes sérieux, vous voulez vraiment faire du vélo pour aller en Espagne ? Ils m'ont dit ouais. Je leur ai dit bah les gars on va mettre une cagnotte en place, on va essayer de faire intervenir des influenceurs sur chaque étape, et puis on va essayer de récolter, nous on avait mis pour objectif 20 000 euros, donc il allait nous rester encore les 30 000 euros. Mais voilà, on a fait du vélo, on a eu pas mal de personnes sur le chemin qui ont joué le jeu, qui nous ont accueillis.

  • Adrien

    Frère, juste, t'es parti en vélo, t'es parti en bitwin normal, t'es pas parti en vélo... Non,

  • Piroo

    non, non, ouais.

  • Adrien

    Tour de France, vélo électrique...

  • Piroo

    On est parti chercher le vélo qu'il y avait dans la cave. Classique ! Ouais, ouais. On était cinq, donc chacun est parti gratter un vélo à son voisin, à son pote, à son truc. On partait ouvrir les caves du quartier, chercher les vélos qui étaient là, changer les chambres arrière, les roues. Et puis on a pris la route, mais vraiment sans organisation, sans...

  • Adrien

    Il y avait une voiture qui vous suivait ?

  • Piroo

    Oui, mais par exemple, la voiture, c'est deux jours avant le départ qu'un mec nous a dit mais les gars, moi, je peux vous suivre en voiture. Je lui ai dit vas-y, viens. Mais vraiment, ça s'est fait à la dernière minute. Après,

  • Adrien

    vous étiez combien ?

  • Piroo

    On était cinq vélos et cinq en voiture. Il y avait une voiture et une ambulance. L'ambulance, c'est au moment du départ où un mec nous dit Attends, mon pote a une société d'ambulance, on va voir si son ambulance ne peut pas nous en prêter une. Et puis on l'appelle, il nous dit Ah oui, il n'y a pas de problème, j'arrive tout de suite au quartier, je vous la laisse. Je vous mets le plein et j'arrive. Il arrive, il nous laisse une ambulance comme ça. C'est dinguerie, vraiment dinguerie. Et donc voilà, on prend la route. On avait plusieurs étapes. On avait dans le 9-1 le RIMA qui nous a accueillis, Auxerre, Hamza Saki qui nous accueille. A Lyon, c'est le Mabacha qui nous accueille. Et puis à Perpignan, Nasdaq. Là où vraiment la cagnotte a rien compris. Elle a explosé. Donc on arrive à Montpellier en fait. On est à 12 000 euros. On est dépité de notre vie. Parce qu'on a vraiment, on a pédalé, on était folle, on a été épuisé. Et on n'a pas atteint nos 20 000 euros. Donc on se dit mais comment on va faire ? Et Nasdaq en fait, il n'était pas dans notre planning. Il n'était pas dans les plans. Donc on arrive à Montpellier, on est lessivé et on n'est qu'à 12 000 euros. On se dit purée comment on va faire, on va pas remonter à Paris et l'objectif il est pas atteint, ce serait pas bien Donc on n'arrivait pas à accepter ça. Et puis de là on appelle Narbé, Impulstar, qui appelle Gallo, Smile. Et Gallo il nous dit allez à Perpignan les gars, j'ai appelé Nasdaq, il va vous accueillir Il vous attend. Il vous attend. Nasdaq il nous attend là. Il vous attend. On promenait sur nos vélos, Montpellier-Perpignan, vélo, ta ta ta ta, toute la journée. On arrive à Perpignan. Et là, waouh, waouh, waouh, waouh. Vraiment, j'ai des frissons. On arrive, donc Nasdaq, bienvenue, il nous accueille comme des rois. Vraiment.

  • Adrien

    Votre comité d'accueil.

  • Piroo

    Votre comité d'accueil. Il nous fait vraiment un accueil de malade mental. On dirait qu'on était dans notre quartier. Tout le monde vient, tout le monde nous parle. Tout le monde nous dit Vous êtes venu de Paris, pourquoi ? Alors on explique pourquoi on vient, pourquoi on ne fait pas ça. C'est pas un challenge sportif ou quoi. Il y a vraiment une cause sociale derrière. Et de là, tout le monde, voilà. Ah ouais, magnifique, c'est bien, bravo pour ce que vous faites. Nasdaq, il nous dit Bon, les gars, je vais vous faire une pub. Et nous, on connaît la puissance de Nasdaq. Donc on se dit, wow, qu'est-ce que ça va donner ? On fait la pub, en une heure on arrive aux 20 000 Deux heures après, on est aux 30 000 Mais ça y est, nous on est dans le quartier, on ne veut plus bouger du quartier. C'est des stories, frérot ! On ne veut plus bouger, on s'assoit, on sort les tentes, les chaises, on se pose avec lui, avec toute la team Nasdaq. Donc voilà, on est là, 40 000 Je suis en train de réaliser que ça y est, on arrive aux 50 000 et que ça y est, les 300 000 vont être récoltés. Du coup, je me dis, mais non, mais qu'est-ce qui se passe là ? Donc voilà, moi, je m'écroule, pleure comme un petit bébé. Et puis voilà, le lendemain, on rentre sur Montpellier.

  • Adrien

    Pendant ce temps-là, la construction a déjà commencé ou pas ?

  • Piroo

    Oui, oui, la construction a commencé.

  • Adrien

    C'était pas en cours en fait, c'était pendant le temps que vous récupérez de l'argent, pendant ce temps-là, c'était en train de se faire.

  • Piroo

    On avait toujours la pression. parce que la société qui était ici elle avait besoin d'argent pour pouvoir continuer donc il nous appelait, il nous disait ça y est c'est l'étape supérieure les fondations sont faites, c'est l'étape supérieure, c'est les finitions et là c'est vraiment un moment où la société ça faisait peut-être un mois on lui avait pas envoyé d'argent qu'il nous sollicitait et parce qu'on était à court d'idées on avait plus d'argent on savait pas comment faire et là, mais lui il suivait l'aventure donc quand il a vu aussi les 50 000 euros il s'est dit ça y est même lui il était content tu vois et on s'est dit ça y est enfin on a la totalité de la somme qu'il fallait. Et 300 000 qu'on pensait que ça allait être nos enfants qui allaient finir. Ça y est. Et moi, franchement, j'étais sonné ce jour là. J'étais dans les vapes un peu, tu vois. Parce que je réalisais sans réaliser. Je croyais que j'étais dans un rêve. Je me pincais, je me disais mais allo, ça y est, t'as pris 300 000 là, c'est fini. Et ouais, donc on rentre. Donc là, on est à 40 000 quand on quitte chez Nasdaq. On rentre à la maison, on se réveille le matin, on est à 50 000 Putain,

  • Adrien

    incroyable.

  • Piroo

    Incroyable, incroyable, incroyable. Vraiment, c'est un... Il n'y a pas de mots en fait. Faut le vivre. Faut le vivre, c'est un truc de fou.

  • Adrien

    Ça te paraît une montagne impossible à monter.

  • Piroo

    Impossible. Pour nous, c'est comme je te disais, c'est vraiment un projet. Ouais. On s'est dit...

  • Adrien

    C'est trois générations.

  • Piroo

    Il n'y a pas moi qui voudrais faire 300 000 Je n'ai jamais eu dans mes mains 300 000 tu vois. Ne serait-ce que 50 000 je n'ai jamais eu dans mes mains. Moi, je touche 1200 1300 Je fais, je fais mon loyer, je fais mes trucs, il me reste 400 euros dans mes poches. Donc là, pour monter à tout ça,

  • Adrien

    d'ouf,

  • Piroo

    voilà. Comme quoi,

  • Adrien

    quand on veut vraiment,

  • Piroo

    c'est ça, il faut y croire. En fait, moi, c'est la leçon que j'ai tiré de ça. C'est d'y croire parce que si toi tu y crois pas, personne n'y croira.

  • Adrien

    Et toi, quand tu es arrivé devant ce projet là, tu as vu ces enfants. Moi, je les ai vus quand je suis arrivé. Bah du coup, après, et ça a été un choc aussi pour moi. Tu savais que ça allait changer ta vie ?

  • Piroo

    Non.

  • Adrien

    Non, non, non. T'avais pas encore capté ?

  • Piroo

    Non, j'avais pas capté. Non, non, c'est en fait, au fur et à mesure, dans le projet, je me disais, en fait, je faisais tellement de sacrifices, tellement de... C'était tellement de combats, tellement de batailles. Je me disais quand je finis ça, je vais vivre là bas avec eux. Quand je finis ça, je vais vivre là bas avec eux. Ah ouais ? Ah oui, oui,

  • Adrien

    c'était ça. Mais bien que t'aies capté ça.

  • Piroo

    Ah ouais, c'était en mode... T'as commencé à lutter là ? Ah ouais, ouais, quand c'était la bagarre, c'était dur. J'ai dit... La récompense. Ma récompense, c'est d'être avec eux. Aujourd'hui, je suis là, je suis avec eux. Et chaque jour, on dirait que c'est le premier jour. Chaque jour, je suis là, je me dis mais purée, on l'a fait en fait ! Ça y est, là je suis au milieu de mes petits loulous.

  • Adrien

    Mais du coup, est-ce que c'était fini à 300 000 ? Ah non ! Non, c'est capté quand t'étais à 300 000. Et du coup, le bâtiment, il allait être fini. Il était pas allé finissement,

  • Piroo

    il était pas fini,

  • Adrien

    etc.

  • Piroo

    Alors on a eu

  • Adrien

    300 000. On sent comme ça, on se rend pas compte. Mais le truc est énorme. Ça fait combien de mètres carrés ?

  • Piroo

    900 m².

  • Adrien

    900 m². Il faut l'aménager, il faut du personnel.

  • Piroo

    C'est ça.

  • Adrien

    Il faut nourrir les enfants, déplacer les enfants ici. Il faut faire les finitions, il faut ceci, il faut cela. Il faut beaucoup de matériel. Des enfants qui ne tiennent pas debout.

  • Piroo

    Exactement.

  • Adrien

    Du matériel très,

  • Piroo

    très lourd. Très, très lourd. Donc, du matériel qu'on a acheté, du matériel qu'on nous a donné. Mais tout ce matériel là, il a fallu aller le récupérer. Donc louer des camions, louer des box. C'était des frais que nous on n'avait pas calculé mais qui venaient s'accumuler au fur et à mesure. On était toujours dans la récolte mais c'était plus pour la logistique. Aujourd'hui le centre nous a coûté 300 000 euros. Mais il y a au moins 50 000 euros qui sont partis dans ça, dans ces frais-là. La location de camions, l'essence. Savoir que le matériel qui est là, nous on habite à Paris, il y a du matériel, on est parti le chercher à Toulouse. Il y a du matériel qu'on est parti chercher à Marseille, à Lyon. Ensuite, la cheminée sur Paris. Puis, payer les conteneurs pour la cheminée ici au Sénégal. Donc vraiment, ça a été... Un combat de tous les jours. Jusqu'à aujourd'hui, de toute façon, on est encore en train de combattre, en train de se battre tous les jours parce que c'est des frais. Aujourd'hui, le centre, il nous coûte à peu près 4000 euros tous les mois.

  • Adrien

    Le centre-là, il a ouvert quand ?

  • Piroo

    Le 13 juillet.

  • Adrien

    Le 13 juillet, il a ouvert.

  • Piroo

    Le 13 juillet, ouverture. J'ai raté l'ouverture. Tu as pu la suivre sur les réseaux. J'ai su.

  • Adrien

    Le 13 juillet, il a ouvert. Là, on est en novembre. Du coup, c'est quoi la vie maintenant ? Il y a combien d'enfants ? C'est quoi l'impact de tout ça ?

  • Piroo

    Ah ouais, il y a des enfants, ils sont levés pour la première fois de leur vie ici. Ouais.

  • Adrien

    Voilà. Moi, je viens d'arriver, j'ai vu des gamins marcher. Moi, j'ai vu que des corps par terre dans l'autre centre. J'avais jamais vu quelqu'un de debout. Et je suis arrivé, j'ai vu tout de suite des enfants marcher.

  • Piroo

    L'impact, il est là. Aujourd'hui, il y a... Il y a combien d'enfants ? Il y en a 54.

  • Adrien

    54.

  • Piroo

    Au lieu de... Elle en avait 25, t'as voir. Donc là l'objectif c'est 70, on attend d'avoir les financements franchement. En fait on veut pas juste avoir un centre où on dit ouais on a 70 enfants, en réalité quand ils sont là et personne ne les suit quoi.

  • Adrien

    En fait c'est ça aujourd'hui un bâtiment c'est bien etc, mais aujourd'hui c'est vraiment un niveau presque hôpital, il faut des employés qualifiés, il faut des employés, parce qu'en vrai c'est ça qui coûte cher aussi, parce que du coup c'est des lamas salariales c'est incroyable. Aujourd'hui il y a combien d'employés ?

  • Piroo

    On est 26.

  • Adrien

    26 employés et c'est encore en sous-effectif ?

  • Piroo

    Oui, on est en sous-effectif. De ouf !

  • Adrien

    Parce qu'ici, il faut que ce soit nettoyé, la bouffe...

  • Piroo

    La bouffe, les gardiens... C'est plus que ça, parce que c'est un centre comme ça...

  • Adrien

    Les chauffeurs,

  • Piroo

    parce que du coup,

  • Adrien

    ils accompagnent les enfants, parce qu'il n'y a pas tous les enfants qui dorment ici sur place.

  • Piroo

    C'est ça. Alors, notre objectif final, c'est que ça devienne un internat pour tous les enfants.

  • Adrien

    D'accord, qu'ils soient ici

  • Piroo

    100% du temps. 100% du temps et qu'ils puissent rentrer que le week-end chez leur famille. pour qu'ils dorment ici et dès le matin, on commence à travailler directement avec eux sur les séances de rééducation et tout. Qu'on ne perde pas ce temps à les amener, à les ramener et puis ainsi de suite. Et qu'ils s'alimentent convenablement, parce qu'aujourd'hui, on ne sait pas comment ils s'alimentent chez eux, mais on sait comment ils s'alimentent ici. Donc c'est pour ça qu'on veut les garder, pour qu'ils puissent bien manger, bien dormir et puis surtout bien être soignés et avoir les soins vraiment qu'il faut, au moment où il faut, parce que c'est tout un système en fait. Moi, j'apprends au fur et à mesure.

  • Adrien

    Toi t'es arrivé quand là ? T'es arrivé depuis l'ouverture en fait ?

  • Piroo

    Ouais c'est ça, j'ai arrivé à l'ouverture. Ouais ça y est, et je pars plus. J'ai avec mes enfants, ça y est.

  • Adrien

    Et c'est comment le mec qui faisait les hamburgers et qui se retrouve presque directeur du plus grand hôpital, en tout cas du plus grand centre pour IMC du Sénégal ?

  • Piroo

    Franchement, j'apprends sur le tas. Là, je fais des réunions avec des ergothérapeutes, je ne savais même pas que ça existait. Des kinésithérapeutes, ça, on connaît. Mais voilà, il y a plusieurs métiers que clairement, j'ai appris ici. Psychomotricienne, je ne savais pas c'était quoi, moi. Toutes ces personnes-là, j'apprends sur le tas. Et on essaie de donner notre meilleur, comme on a fait pour construire ce bâtiment. Pour aujourd'hui, justement, qu'il y ait un impact. et concret sur les enfants. Aujourd'hui, on commence à voir les fruits de notre travail. Je te dis, aujourd'hui, il y a des enfants, ils se sont levés pour la première fois, il y en a, ils ont fait leur pas pour la première fois. C'est un truc de ouf pour moi, tu vois, c'est un truc de malade mental. Que moi, issu de Sartrouville, là-bas, dans le trou de la France, de la banlieue, qui arrive dans le... Pas à Dakar, pas à Thiès, à Poutre, dans un village aussi perdu du Sénégal.

  • Adrien

    Et qui dit qu'il y a un projet qui est qui a été entendu partout au Sénégal. De France, ça, ça, ça, ça, ça, ça, c'est incroyable.

  • Piroo

    C'est incroyable.

  • Adrien

    Un truc unique au Sénégal.

  • Piroo

    Vraiment.

  • Adrien

    Et tu parlais de tu parlais de 4000 à peu près par mois de ma salariale. C'est quoi aujourd'hui ? Comment vous êtes financé ? Comment ça ? Comment ça se finance un centre comme ça ? En fait, parce que En France, on a les hôpitaux, ou c'est des trucs privés, ou alors c'est l'État qui paye. Que ce soit bon ou mauvais, dans tous les cas, l'État est quand même assez présent sur ces questions-là. Ici, ça se passe comment ? L'État vous aide ? La mairie ?

  • Piroo

    J'en sais rien. Ici, on n'a pas eu d'aide jusqu'à présent, ni de l'État, ni de personne d'autre. On fonctionne sur des fonds privés, comme depuis le début. On n'a jamais eu de municipalité, ni de commune, ni de région qui se sont impliquées dans ce projet. On a vraiment fait ça avec... Notre slogan c'est pour le peuple, par le peuple. Et voilà, vraiment, ça a été fait par le peuple, pour le peuple, vraiment. Et aujourd'hui, un centre comme ça, comme tu dis, ça nous coûte 4000 euros. Donc c'est pas que la masse salariale, mais on compte dedans les soins des enfants et puis l'alimentation des enfants. Ces 4000 euros, on va les chercher tous les jours, au téléphone, par les réseaux sociaux, avec des cagnottes qui sont mises en place. Mais c'est une bagarre acharnée. Des fois, le 27, on est à 2500 euros et on ne sait pas comment faire. Mais jusqu'à présent, chaque fin de mois, on a réussi à tenir. Mais on sent et on sait que ce n'est pas quelque chose qui va fonctionner comme ça sur le long terme. Ce n'est pas viable. Ça ne peut pas. Nous-mêmes, psychologiquement, on ne va pas tenir, même si on le veut. Même si on le veut, on ne pourra pas parce qu'il y a cette pression qu'il y a sur nos épaules et ce poids qu'il y a, qu'on ne pourra pas...

  • Adrien

    Et puis en fait, quand tu te concentres sur chercher de l'argent, tu ne peux pas te concentrer sur les gamins.

  • Piroo

    C'est exactement ça.

  • Adrien

    Tu diverses pour essayer de les aider eux, mais finalement, du coup, tu ne les aides plus eux.

  • Piroo

    C'est ça. Et en fait,

  • Adrien

    c'est ça le problème. C'est ça.

  • Piroo

    Et aujourd'hui...

  • Adrien

    Vous avez mis quoi en place par rapport à ça ?

  • Piroo

    Alors voilà, nous, là, aujourd'hui, ce qu'on est en train de mettre en place, on a déjà commencé, c'est un potager. Donc un potager qui va nous servir, nous, à être indépendant déjà en nourriture. On est déjà indépendant à 70% en électricité et indépendant en eau. Donc ça, ça y est.

  • Adrien

    Vous avez un forage à vous du coup.

  • Piroo

    Voilà.

  • Adrien

    Et vous avez les panneaux.

  • Piroo

    Voilà, on a 16 panneaux. Il faut en rajouter 8 encore.

  • Adrien

    OK.

  • Piroo

    Donc logiquement,

  • Adrien

    vous êtes presque à 100%.

  • Piroo

    Normalement,

  • Adrien

    on va être accordé au cas où,

  • Piroo

    mais exactement, exactement.

  • Adrien

    Mais pareil, l'électricité, c'est des frais,

  • Piroo

    mais c'est hyper cher. L'électricité est incroyable. Là, on est à peu près 300 euros d'électricité par mois.

  • Adrien

    300 euros d'électricité par mois. Alors avec cette panneau,

  • Piroo

    voilà, voilà, avec ces panneaux. Donc voilà, on vous donne un peu comment ça se passe. Mais aujourd'hui, voilà, on a mis en place ce potager pour déjà être indépendant, nous, en légumes et en fruits. Mais au delà de ça, pouvoir vendre de cette production pour couvrir les frais du centre. Donc une partie des frais parce que voilà un potager. Nous voilà aujourd'hui on a un fruitier potager,

  • Adrien

    c'est ça ?

  • Piroo

    C'est ça, maraîcher. Et puis on va faire aussi des arbres fruitiers pour surtout de la papaye. Donc on s'est focalisé sur la papaye parce que c'est c'est un arbre qui est rentable, qui pousse au max et puis qui est cher. Donc voilà, c'est assez rentable. On s'est focalisé sur ça pour l'instant, un potager. On a d'autres idées en fait, c'est de faire un poulailler. Donc voilà, c'est le futur projet qu'on veut mettre en place pour être indépendant en viande et puis aussi vendre de ces poulets pour couvrir une partie des frais du centre. Donc aujourd'hui...

  • Adrien

    Le but c'est l'autonomie. Voilà,

  • Piroo

    c'est ma mission là pour laquelle je suis focalisé parce que je sais que je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps.

  • Adrien

    À un moment tu n'as plus le réseau pour.

  • Piroo

    Exactement, il est fatigué. Donc comme je te dis, voilà... On ne travaille pas avec de grosses sociétés, on ne travaille pas avec des municipalités, on est avec le peuple. Donc franchement pour te donner une idée des personnes qui nous donnent, c'est des personnes qui sont au RSA, c'est des personnes qui sont à la retraite, c'est des personnes qui font le petit don quoi. Qui font le petit don et voilà, petite pierre plus petite pierre, ça fait ça.

  • Adrien

    Tu as un système de parrainage aussi non ?

  • Piroo

    Voilà, là on est aussi en train de mettre un système de parrainage en place. Donc voilà, c'est 25 euros le parrainage.

  • Adrien

    25 euros par mois. Et du coup ça couvre quoi par rapport à un enfant à peu près ?

  • Piroo

    Alors sur un enfant, ça couvre son alimentation, ses soins, et puis les personnes qui vont travailler autour de ses enfants. Donc voilà, aujourd'hui quand on va avoir 70 enfants, ça va nous faire 25 euros par enfant, et ça va nous alléger en fait. Plus le potager, plus le poulailler, avec le système de parrainage, normalement on s'en tirera bien.

  • Adrien

    Et après vous trouvez des partenaires.

  • Piroo

    Et ça c'est la grande mission. Ça c'est la grande mission. Les partenaires qui veulent, qui voudraient bien financer une partie, prendre en charge certaines choses du centre, soit l'alimentation, soit les soins.

  • Adrien

    La partie médicale, ouais.

  • Piroo

    La partie médicale, parce que la partie médicale, aujourd'hui, on fait les soins qui sont urgents, mais il y a pas mal d'enfants par exemple qui doivent être opérés et qu'on ne peut pas aujourd'hui. On ne peut pas parce que les opérations, c'est très coûteux et on ne peut pas gérer ça encore. Donc voilà, il faudrait bien avoir des partenaires qui prennent en charge ce type d'opérations. Puis voilà, comme ça, pour... En fait, notre objectif aujourd'hui, c'est que vraiment tout se passe bien sans qu'on soit trop dans la course.

  • Adrien

    Pour pouvoir être focus vraiment dans ce que tu veux faire, dans l'impact. C'est quoi les grosses galères du moment ?

  • Piroo

    Alors les galères du moment, des fois comme je te dis, c'est l'argent. L'argent clairement, parce que voilà aujourd'hui, tu n'as pas d'argent, tu ne payes pas les personnes. La nourriture c'est différent parce que les associations qui passent, les personnes qui passent, elles viennent avec des sachets de riz, elles viennent avec de l'huile, elles viennent avec des choses comme ça. Donc généralement, la cantine est toujours pleine. Enfin, on a ce qu'il faut, à part les dépenses journalières, les légumes qu'il faut acheter au jour le jour et tout. Donc ça, c'est de l'argent. Mais sinon, le gros, on a réussi à l'avoir par le biais d'associations. Mais vraiment, c'est la masse salariale et les soins. Les soins, il faut savoir qu'un enfant qui va à l'hôpital, déjà, ils ne le prennent pas s'il n'y a pas d'argent.

  • Adrien

    Ouais, il faut payer avant même que tu rentres.

  • Piroo

    Ils meurent devant eux, au sol, et ils ne vont pas te prendre. Ça, c'est niette et c'est clair. Donc aujourd'hui, voilà, il faut payer l'entrée, il faut payer la consultation. Il faut payer la radio, il faut payer l'éco, s'il y a la radio ça ne suffit pas. Il faut payer les médicaments que le médecin va te prescrire. Et puis le transport, parce qu'aujourd'hui on n'a pas de voiture encore dans le centre. Ne serait-ce que d'aller sur Dakar, de Pout à Dakar, ça te coûte de l'argent. Donc il faut compter à peu près entre 200 et 250 euros pour un enfant.

  • Adrien

    Pour un gamin.

  • Piroo

    Pour un gamin. Et il faut se dire que les enfants tombent très souvent malades. Très très souvent malades. C'est des enfants.

  • Adrien

    Quand on a une cinquantaine, de toute façon, ça reste toujours un game. Mal être. Voilà,

  • Piroo

    voilà exactement. Donc voilà, on se retrouve toujours dans le rush. Et puis voilà, il faut sortir de l'argent pour les soins. La fin du mois, elle arrive là pour payer le personnel et ainsi de suite. Donc tu vois, tu es toujours dans la course, quoi. Toujours dans la course. Et là,

  • Adrien

    tu me parlais de bref. Aujourd'hui, on a une petite surprise apparemment. Et je voulais qu'on parle de ça parce que parce que c'est ouf en fait. Quand tu fais les choses bien et je pense que tu les as fait bien de ouf et je pense que tu as tout donné de ouf. Un moment, les gens, je ne sais pas pourquoi, mais la vie, elle te, elle te, elle te, elle te le rend. Et là, c'est un peu ce qui est en train de se passer ici dans tous les cas, parce qu'en vrai, ça fonctionne. Il y a plein de problèmes, il y a plein de choses. Mais du coup, vous avez eu un cadeau. Il y a combien de temps ?

  • Piroo

    Il y a un mois.

  • Adrien

    Il y a un mois ? Raconte juste, c'est juste ouf.

  • Piroo

    Alors il y a un mois, il y a un monsieur qui s'appelle Awa, Awa c'est la directrice du centre, qui s'occupe de ses enfants, qui lui dit Awa, je t'ai construit un centre Donc Awa m'appelle, elle me dit il y a quelqu'un qui a dû me voir avec toi au village, ils sont en train de se foutre de moi, et ils ont dit qu'il y a un centre qui a été construit juste derrière le village à 500 mètres pour nous et qu'il finit la construction, là il nous donne les clés. Moi je lui dis ouais c'est impossible, qui va construire un centre ? En fait je sais moi par où je suis passé donc je me dis c'est pas possible que quelqu'un ait fait ça et qu'il n'en ait pas parlé et qu'Awa n'est pas au courant, qu'il ait fait ça dans son coin quoi. Et si si, ça existe. Donc elle lui donne rendez-vous à 11h du matin ici, elle lui dit voilà il y a quelqu'un là-bas qui t'attend, va lui en parler et fais-le visiter. Aux 14h du matin, il y a quelqu'un qui arrive, boum boum, tout ça, voiture. Il me dit C'est toi Pierrot ? Je dis Ouais et il me dit Ah bah c'est Awa qui m'a dit de passer te voir, faut qu'on aille visiter le deuxième centre. Je dis Mais je vais me kidnapper, c'est quoi le délire lui ? C'est qui ? C'est quoi ? Comment ça existe ça, quelqu'un qui conspire ?

  • Adrien

    Je vais te donner un centre.

  • Piroo

    On arrive là-bas, grand centre de 500, 600 mètres carrés. T'as vu, fait avec amour, ça se voit sur les finitions, sur les trucs. T'as vu, c'est pas quelqu'un qui a construit un centre pour dire Ouais,

  • Adrien

    j'ai construit... Il a mis quatre grands murs et il a dit J'espère que...

  • Piroo

    Voilà, il a vraiment réfléchi à tout. Toilettes dans les chambres. Je me dis Mais c'est pas impossible ! Il me dit Ouais, voilà, moi, j'ai vu Awa galérer et tout. Et puis, j'ai lancé une récolte de mon côté. Et j'ai construit ça, c'est pour Awa. Donc, à la fin, on vous donne les clés, c'est vous qui gérez ce centre.

  • Adrien

    A qui ça arrive ça ?

  • Piroo

    Franchement... A moi ! A qui ça arrive ça ? Franchement...

  • Adrien

    Parce que ça c'est un bâtiment au même prix qu'ici. Ouais ouais ouais !

  • Piroo

    Ouais clairement. Clairement. Et t'es là...

  • Adrien

    Et en plus juste derrière. Juste là ! C'est pas il te l'a mis je sais pas où, c'est genre à 500m d'ici.

  • Piroo

    Et tu te dis mais... Je sais pas... J'ai même plus les mots. En fait tu te dis mais vraiment y'a quelqu'un, pendant que je me battais, pendant que moi j'étais en train de batailler... Il y avait quelqu'un qui bataillait comme moi de son côté pour faire ça.

  • Adrien

    Pour la même cause.

  • Piroo

    Pour des enfants. Ouais. C'est un truc de fou.

  • Adrien

    Et du coup, c'est pas le projet là-bas ?

  • Piroo

    Donc là-bas, on veut plus en faire un centre culturel et éducatif. Donc on veut plus faire une salle de classe là-bas, une salle informatique, une salle d'art plastique, une salle de musique. On veut vraiment que là-bas, les enfants s'épanouissent parce que voilà, t'as pu voir aussi dans ce centre, il y a des enfants. Ils sont IMC, mais ils n'ont pas besoin de massage toute la journée. Et ils vagabondent. Donc moi aujourd'hui, vraiment, je veux leur donner un sens. à leur venue au centre, tu vois. Et on veut les mettre à l'école. Pour certains, on a quelques jeunes qui sont là, qui ont à peu près 16, 17, 18 ans et qui sont dans des lits qui ne peuvent pas bouger par des malformations. On veut leur offrir un avenir, même si ce n'est pas nous qui offrons. Mais en fait, on veut leur donner les outils pour qu'ils puissent avoir un avenir.

  • Adrien

    Une fois qu'on a réglé la santé, après c'est l'éducation.

  • Piroo

    C'est ça. Parce que ces enfants, ils vont grandir. Et ces enfants-là, on ne veut pas qu'ils soient exclus de la société. On veut qu'ils aient leur place parce qu'ils l'ont. Ils ont leur place et ils peuvent le faire. Si demain tu leur donnes les outils, tu leur apprends comme ils le font. En fait, il faut juste les considérer et les prendre au sérieux. Donc aujourd'hui, nous, notre objectif, c'est que... Je ne dis pas qu'on veut sortir les ingénieurs de demain,

  • Adrien

    mais on veut que demain,

  • Piroo

    on ne veut pas retrouver nos enfants demain sur le bord de la route à faire la manche, user de leur handicap pour faire de la peine. Non, on veut leur faire comprendre qu'ils ont les moyens et qu'ils peuvent le faire et qu'ils peuvent aller chercher leur argent. On va leur apprendre, il y a l'informatique, il y a l'école, il y a l'art plastique, demain tu peux finir graffeur, tu peux finir... On veut faire une salle de musique, ils peuvent finir musiciens, ils peuvent finir... Tu vois, il y a pas mal d'opportunités qui peuvent s'ouvrir à eux. Et nous, on va essayer, on va tout faire en tout cas pour leur donner les moyens de le devenir.

  • Adrien

    Ne serait-ce que pour les éveiller dans tous les cas, c'est hyper important. Tu as parlé de Sens pour eux. Toi, le podcast s'appelle Sens. Ça a été quoi le chamboulement entre Anxpétavie de Pyro, Sartreville, F5 ? qui prend des burgers et qui se retrouve à Pout au Sénégal dans un centre avec 54 enfants.

  • Piroo

    En fait, j'ai trouvé, j'ai trouvé, j'ai enfin trouvé le sens à ma vie.

  • Adrien

    Mais tu as une histoire avec le médical, tu as une histoire avec les enfants.

  • Piroo

    Moi, de base, je suis un peu heureux. Moi, je ne vais pas au médecin. J'ai peur du médecin. J'ai très, très peur du médecin. Oui, je n'aime pas le médecin, je n'aime pas les hôpitaux. Vraiment, vraiment, je n'arrive pas. Voilà, je n'arrive pas. Mais moi vraiment, je suis un jeune de quartier simple qui avait une vie de banlieusard. Donc voilà, on a fait nos bêtises, on a roulé notre boss, on a fait pas mal de choses. Et puis ensuite on s'est calmé, on est rentré dans le monde du travail très tard, à 25 ans. Mais voilà, au fur et à mesure, on s'est mis dedans. Et puis ensuite voilà on a commencé par des actions dans notre quartier au début parce que voilà Sartreville c'est très droite, pour pas dire extrême droite. Donc le tissu associatif il est quasi inexistant. Nos petits étaient complètement abandonnés, délaissés. Les quelques associations qu'il y avait c'était plus des vitrines dans la ville et il n'y avait pas réellement d'action concrète sur le terrain. En tout cas nous on ne les voyait pas. Et puis voilà, on a commencé déjà par notre quartier, qu'on a appris aux jeunes déjà à nettoyer le quartier, à que le sens de l'écologie, vivre dans un endroit propre et de ne pas attendre que les éboueurs viennent nettoyer chez eux, que c'était à eux déjà de mettre les papiers dans la poubelle. On a commencé par la base, en fait, par la base. Et puis ensuite, on a continué pour... C'est de leur faire plaisir par des fêtes de quartier. On ramenait des chevaux parce qu'on savait que certaines choses, certains enfants ne pouvaient pas avoir accès à l'équitation. Des choses simples, mais qui paraissent pour les gens banales. Mais en fait, dans nos quartiers, c'est limite un rêve pour un enfant. Il y a des enfants, moi je me rappelle, j'ai un enfant, quand il a vu le cheval, il m'a dit Mais c'est mon rêve de monter sur un cheval ! Et quand il était dessus, c'était... On dirait qu'il était sur un tapis volant.

  • Adrien

    Toi, en vrai, tu as toujours été quand même en quête de sens à travers ces petites accords que tu as fait dans ce quartier-là, non ?

  • Piroo

    C'est ça, c'est ça. J'ai toujours voulu servir. J'ai toujours voulu servir. Parce que moi aussi, dû à mon histoire depuis jeune, heureusement qu'on m'a aidé. Heureusement qu'on m'a aidé parce que sinon, je n'en serais pas là aujourd'hui. Et aujourd'hui, je veux rendre la monnaie de cette pièce. Donc en aidant tout simplement.

  • Adrien

    Et l'aboutissement.

  • Piroo

    Et là c'est clairement la cerise sur le gâteau. Donc voilà aujourd'hui on a une autre vision. On veut que ce centre-là puisse être dans les 14 autres régions du Sénégal. Parce que le besoin, il est là, il est réel, il est sérieux et urgent. Parce qu'on reçoit des appels de toutes les régions du Sénégal.

  • Adrien

    Pour qu'ils envoient leurs gamins ici ?

  • Piroo

    Pour envoyer leurs gamins ici. Donc nous, on n'a pas la capacité aujourd'hui de pouvoir les accueillir. On n'a pas les moyens de les accueillir. Mais si demain, on peut faire quelque chose, c'est d'aller directement dans ces endroits, dans chaque région. d'essayer de faire des centres comme celui-là. C'est ce qu'on... Sur le long terme, c'est ce qu'on veut faire. C'est pour ça qu'ici, on essaie vraiment de stabiliser, de trouver le bon business plan, le bon truc pour que là-bas, ça soit plus facile pour nous.

  • Adrien

    C'est le projet test, enfin de toute façon, c'est le premier. C'est là où tu fais les erreurs.

  • Piroo

    Exactement. C'est ici, voilà, on se casse un peu la gueule. On voit si ça marche là, si ça marche pas, on recommence, on change, on modifie, on peaufine. Et puis, en fait, dans le seul objectif de reproduire ça dans une autre région.

  • Adrien

    C'est quoi la plus grosse erreur que tu as fait dans le projet ?

  • Piroo

    La plus grosse erreur que j'ai faite dans le projet ? Franchement, j'en ai fait tellement. J'en ai fait tellement. Tu as une heure de retour. J'en ai fait, j'en ai fait.

  • Adrien

    Déjà, de prendre le projet à l'envers, c'est déjà pas mal.

  • Piroo

    Voilà, voilà, déjà, tu vois, demain, par exemple, j'irai plus jamais, en fait, commencer un projet si j'ai pas les fonds. Parce qu'il y a une pression, en fait.

  • Adrien

    Est-ce que finalement, c'est pas la clé du succès aussi de ce projet-là ? Te dire, en fait, t'as le couteau sous la gorge et du coup, t'as plus d'argent.

  • Piroo

    Et tu y vas, mais je te jure, tu dors pas le soir. Ouais. T'es là, tu te grattes le crâne. Ouais. Ah, tu te grattes le crâne quand, en fait, tu sais qu'on compte sur toi de l'autre côté et que, moi, t'as pas les fonds. que t'as pas d'imprimante à la maison pour imprimer les billets et que les partenaires que tu appelles disent ce mois ci, je peux pas parce que c'est dur. Moi aussi, ce mois ci, j'ai une galère, je peux pas. Ouais,

  • Adrien

    c'est bien de dormir aussi. Voilà,

  • Piroo

    voilà. Et tu vois, franchement, c'est quelque chose que je recommencerai pas. Je pense du coup,

  • Adrien

    si tu devais donner un conseil à quelqu'un qui veut monter un projet comme ça, construire un truc avec des fonds,

  • Piroo

    une pareille, foncer,

  • Adrien

    foncer,

  • Piroo

    foncer, croyez y. C'est ça, ça se dit comme ça. Voyons votre projet, foncez et n'écoutez personne. Moi au début quand j'ai dit je vais construire un hôpital, ils m'ont dit retourne dans ta cuisine à couper des tomates. Tu vois ?

  • Adrien

    De nous casser la tête.

  • Piroo

    Voilà, exactement.

  • Adrien

    Des rêves là.

  • Piroo

    Qu'est-ce que tu me racontes, hôpital, pyro, pyro, hôpital au Sénégal. Arrête tes conneries là. Et puis non, j'y ai cru.

  • Adrien

    La détermination pour récupérer. Quand tu vois ce que vous avez récolté.

  • Piroo

    Ouais, faut en avoir.

  • Adrien

    La détermination quoi.

  • Piroo

    Voilà, et la constance. La constance. Pas se dire 6 mois, 1 an, votre projet il va peut-être durer 6 ans, 10 ans. Mais croyez-y parce que à la fin vous allez être fiers.

  • Adrien

    C'est important la constance, on n'en parle pas assez. Moi je me rends compte même dans tout en fait. En fait, mieux vaut être costaud. Les gens ils veulent toujours des pics comme ça là, et après ils lâchent.

  • Piroo

    Voilà, non.

  • Adrien

    Juste faut partir, la vie c'est un marathon.

  • Piroo

    Exactement, lâchez pas, lâchez pas, lâchez pas. Et soyez... autant déterminer au début qu'à la fin. C'est la clé. Moi, en tout cas, c'est le conseil que j'ai à donner à toutes les associations ou les particuliers aussi, qui ont des projets sociaux ou autres, de business ou quoi.

  • Adrien

    Cool. Du coup, aujourd'hui, les besoins, c'est quoi ? Trouver de l'autonomie ?

  • Piroo

    Trouver de l'autonomie. C'est ça.

  • Adrien

    Trouver de l'économie, des partenariats qui sont solides,

  • Piroo

    solides,

  • Adrien

    qui sont là et qui sont présents. Et j'ai vu que vous parliez avec des associations pour des partenariats, un peu pour vous envoyer des stagiaires, envoyer des gens un peu de la France ou d'ailleurs, en tout cas d'Europe, de partout,

  • Piroo

    de partout, de partout. En fait, juste qu'ils aient des compétences que nous n'avons pas ici et qu'il y a un transfert de compétences qu'ils peuvent faire. Parce qu'aujourd'hui, on parle beaucoup d'argent, on parle beaucoup de fonds, de tout ça. Mais il y a aussi ses compétences. Non. Donc voilà, aujourd'hui, les personnes qui travaillent ici, il y en a cinq qui sont diplômés du diplôme de Ausha. Donc c'est des Belges qui sont venus au Sénégal pour pouvoir les former. Mais voilà, ils ont toujours besoin de mise à niveau. Et puis d'autres personnes qui vont être recrutées, donc qui seront aussi obligées d'être formées. Tout simplement. avec ça et ça passera simplement avec du transfert de compétences. C'est pour ça qu'on cherche aussi des partenaires qui ont une expertise sur le médical, qui ont ces compétences et ces capacités et ce grand cœur, qui veulent venir et nous donner de ça.

  • Adrien

    Du coup parrainage, transfert de compétences, on va dire partenariat compétences, partenariat, autonomie avec les jardins etc. Parrainage je crois que je l'ai dit. Là il y a le deuxième centre. Et après c'est un centre dans tous les départements,

  • Piroo

    dans toutes les régions. Ça c'est vraiment mon rêve pour le moment. Et ensuite quand on fera ça, il y aura un autre rêve qui viendra. Ce sera peut-être dans chaque pays d'Afrique. Mais voilà, en tout cas, là, on est focus sur ça. Stabiliser ici, reproduire ça ici au Sénégal.

  • Adrien

    Bordeaux ouf. Bon, en tout cas, du coup, la maison, c'est la maison des rois.

  • Piroo

    Ici, c'est la maison des rois. C'est leur maison.

  • Adrien

    La maison des rois. C'est leur maison. On a Pout. Ok, bah cool. Créos, moi ça me fait plaisir de ouf. On a les gens qui arrivent et tout, carrément.

  • Piroo

    Et... Kumba, kumba, kumba. Attends, ferme, ferme. Merci.

  • Adrien

    On a les gens qui arrivent. Moi, je voulais juste finir là dessus. On va mettre tous les liens en description pour les parrainages, pour l'Instagram. Du coup, on va lancer l'Instagram derrière la maison des rois. Grand frérisseur à suivre quand même.

  • Piroo

    C'est l'association. Bien sûr,

  • Adrien

    et voilà, j'ai oublié quelque chose.

  • Piroo

    Non, franchement, c'est carré. Moi, je tenais quand même toi aussi à te remercier parce que tu donnes de ton temps, tu donnes de tes compétences quand on parle de compétences médicales. Mais. Moi aussi, on a besoin de communication. Si il n'y a pas de communication, ça va être très, très compliqué pour nous. Et moi, j'ai le souvenir de ta première vidéo que tu as fait. Frérot, tu nous as fait prendre un virage. Ça a été la vidéo qui nous a donné du crédit. Donc ce n'était plus les jeunes de banlieue qui essayent de faire un hôpital. C'était vraiment un truc. Ils se disaient c'est une association, c'est du lourd. Et c'est grâce à ton montage, à tes compétences, à toi. Et moi, en tout cas, je te serai éternellement reconnaissant parce que, comme je te dis, ça nous a fait prendre un virage à un moment où tout le monde nous regardait un peu de haut. Et puis merci à des gens. Ils ont passé. Ouais, non, personne n'y a.

  • Adrien

    Moi, dans ce bureau, le jour où tu m'as présenté le projet, comme je te dis, je me suis dit ou c'est des mythos ou c'est vraiment des psychopathes. Ils sont en train de faire un truc. D'où ils vont sortir cet argent ? D'où ils vont faire ça ? Et je crois que c'était vraiment deux semaines après. Donc j'étais encore dans le truc où j'avais encore notre rencontre, notre rencontre dans la tête. Je me suis dit non, il faut que j'aille à Poutres. Donc je vais aller à Poutres. En plus, je ne connais pas du coup, j'y vais sur la journée et je fais cette vidéo. Et en plus, comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai fait la vidéo en 2-2, téléphone machin. Je crois que j'avais sorti le drone, j'avais quand même le drone et tout. J'avais fait avec le téléphone drone. J'ai monté la vidéo en 2-2 sur le retour.

  • Piroo

    Sur le retour,

  • Adrien

    j'ai fait la voix off dedans et tout. qu'est ce que je suis en train de faire ? En fait, je n'avais jamais fait vraiment de vidéo purement comme ça. Et ça m'a donné aussi. En fait, je me suis rendu compte à travers cette vidéo que en fait, ça avait un impact pour de vrai. Et moi, en vrai, je me bats là dessus. Je me bats sur ça depuis des années, mais à des moments, j'en étais pas conscient non plus. Et en fait, avec cette vidéo là, je me suis vraiment rendu compte. Je me suis dit en fait, on a vraiment de l'impact. Regarde, j'ai pris une demi journée. Je suis resté deux heures, trois heures sur place. J'ai juste filmé machin. Je crois que j'ai mangé avec eux. J'ai sorti le drone, j'ai monté la vidéo, je suis rentré, ça m'a pris la journée. Et on a un impact de ouf. La vidéo, elle a 50 000 vues. Vous, ça vous a rapporté des fonds, ça vous a créé de la crédibilité parce que souvent, les gens, ils parlent que de d'argent. Non, mais la crédibilité, c'est important aussi. Et c'est aussi dans l'inconscient. Les gens, ils voient en fait, ils voient parce que tu pourras pas ramener toute la France à poutre. Les gens qui t'ont donné. Il n'y a pas tout le monde qui va venir au Sénégal. Il n'y a pas tout le monde qui va voir ça. Et du coup, il faut réussir à trouver un outil qui va leur qui va leur retransmettre un peu ces émotions que toi tu as eu le jour où tu es rentré, que tu as envie de chialer, que moi je suis rentré j'ai envie de chialer et qu'on a même tout chialé en vrai. Et dernièrement quand j'ai ramené Adama dans Enfant Soleil, tu me rappelles, je lui ai dit vas-y viens on va à Poudre, je vais te montrer un projet etc. On y va. Et quand on arrivait devant, je me suis dit mais attends je lui ai même pas dit ce qu'elle va voir. Et je l'ai regardé, je lui ai dit Adama t'es prête parce que ça va être dur en fait ce que tu vas voir. Et elle me dit Adrien c'est bon. Elle est rentrée, elle m'a dit Adrien heureusement que tu m'avais dit ça. Parce que si tu ne l'avais pas dit je n'aurais pas entendu. Et c'était vraiment dur, dur, dur visuellement. Et même pour moi, filmer, c'était dur. Tu dis non, tu peux pas montrer ça, c'est trop dur. Ça fait trop la com de la pitié. Ça fait trop parce que c'est trop violent. Mais en même temps, c'est réel,

  • Piroo

    c'est réel. Et si en fait, si tu montres pas les gens, ils vont pas l'accepter. Ils comprendront pas et ils minimiseront toujours.

  • Adrien

    Et aujourd'hui, on va le voir. Et là, j'ai filmé un petit peu aujourd'hui et on le voit. Il y a beaucoup plus de dignité. Tu vois qu'on leur a retrouvé une dignité.

  • Piroo

    Ils savent que c'est notre travail aujourd'hui, c'est de leur redonner cette.

  • Adrien

    Et de sourire. Il n'y avait pas un sourire. Quand c'était l'autre centre, j'ai pas eu une vidéo avec un sourire. Là, j'ai eu des sourires toute la journée.

  • Piroo

    Parce que ça y est, ils sont épanouis. Ils sont là, ils rigolent, ils jouent, ils mangent bien. Ils ont du jus, ils ont des bonbons, ils ont droit à des gâteaux. Tu vois, ils ont fait des journées crêpes. Ils ont fait des crêpes.

  • Adrien

    Ils ont jamais mangé des enfants normaux.

  • Piroo

    C'est de nos enfants. C'est des enfants qu'il faut prendre au sérieux. Et considérés comme des enfants, tout simplement. Porteurs d'handicap, oui, certes, mais c'est des enfants.

  • Adrien

    Il faut les remettre au cœur de la société, c'est important. Et ici, comme tu l'as dit au début, au Sénégal, il y a quand même encore beaucoup de croyances sur le mystique, sur toutes ces choses-là. Et je pense que c'est le travail aussi de ça, c'est de leur rendre l'aide de leur dignité pour que les parents aussi, ils se disent Non, attends, je suis fier de mon fils, regarde ce qu'il a réussi à faire. Et que les oncles, les tantes et que la société, en vrai, les acceptent.

  • Piroo

    C'est ça, exactement.

  • Adrien

    Parce que c'est le grand combat, et c'est là où c'est le plus dur ici. C'est des combats qu'on a moins en France. Ici, il y a encore beaucoup de boulot.

  • Piroo

    Énormément de boulot. On va se battre en tout cas. Ça y est, c'est ma vie ça. C'est ma vie maintenant. J'ai choisi de me battre pour eux. Et puis voilà, on lâchera pas en tout cas. Ça, c'est sûr.

  • Adrien

    Bon.

  • Piroo

    Ça, c'est sûr.

  • Adrien

    J'ai une dernière question. Est-ce que tu peux me donner un mot par rapport à tout ça ? Et ce sera le mot de la fin.

  • Piroo

    Fierté.

  • Adrien

    Fierté ?

  • Piroo

    Ouais, fierté. Merci mon frère

  • Adrien

    Les amis, si vous voulez donner du sens à votre vie Il faut suivre les gens comme ça

  • Piroo

    Merci, on est ensemble

  • Adrien

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Sens jusqu'au bout Si ces histoires t'ont inspiré ou touché Partage-les autour de toi Donne une note ou laisse un commentaire Pour aider à amplifier leur impact C'était Sens et je te donne rendez-vous très bientôt Pour un nouvel épisode avec encore plus d'histoires Inspirantes et de projets qui changent le monde

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